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Marie Denis If

1. If d montre que l apparition ou non d esp ces v g tales sur notre site d pend de diff rents facteurs le vent les pr cipitations l humidit la temp ratur t l ensoleillement ce qui explique la pr senc d certaines essences et pas d autres Vassivi re En cela l exp rimentation de Marie Denis se rapproche de la notion de Tiers paysage de Gilles Cl ment et de la question du renouvellement des esp ces 11 s agit bien plus que d une sculpture car malgr son aspect fig le processus devient nomade gr ce aux visiteurs invit s emporter le pollen ou bien leur insu en entrant dans son champ d activit R f rences et l ments biographiques Marie Denis N e en 1972 Bourg Saint And ol en Ard che vit et travaille Paris France Expositions personnelles s lection 2009 Alexandra ou le papier amoureux Cairn Digne les bains France I giardini di marzo Maison Rouge Paris France 2008 Mus e Denys Puech Rodez France La Galerie d O Montpellier France 2007 Inclinaison III Centre international d art et du paysage de l le de Vassivi re France 2006 La sir ne du Mississippi CCC Tours France Vitamine C Orangerie du Domaine d partemental de Chamarande France 2005 La porte ouverte toutes les fen tres Centre culturel fran ais Phnom Penh Cambodge Parcours promenade R sidence Mixar Orl ans France 2
2. Les buis qui ne sont plus sur la place d Armes pour cau se d hiver rigoureux ont trou v refuge au mus e plant s dans des d mes de silos Une belle plante aux feuilles de cuivre per ue comme un v ritable coup de foudre par l artiste Photo Y E grains Une mise l abri dans la grande tradition des orange ries On trouve aussi quelque cinq cents plumes de paon dans une roue qui tournera forc ment mais qui pour l ins tant correspondrait un vola tile particuli rement amou reux Ou singuli rement agres sif Marie Denis a fich ces plumes dans un disque de mousse la mani re des fleu ristes lorsqu elles traitent cer taines plantes L uvre s inti tule Dolores du pr nom de la dame qui vendait les plumes Le Midi Libre Rodez le 18 12 2008 dans la rue Pour rester dans un bestiai re plus ow moins fabuleux on peut encore s arr ter sur cette chim re de la cath drale No tre Dame reproduite en mor ceaux de sucre cassonade Citons encore et p le m le le rideau constitu de mille barres de cimaise en inox nu une sorte de red couverte de la fresque de Viala gr ce la reconstruction d une cimaise g ante Sanseveria aux feuilles de cuivre pos e sur un billot de peuplier kar ch ris et enfin un bel hom mage la piscine Tournesol Quatre vingts hubl ts de plexi glas ont t r cup r s puis as sembl s sur une tige en inox Tout cela est plut t r
3. lavoir L artiste choisit souvent d intervenir dans des espaces fr missant d histoires et de partage d intimit s porteurs de temps et de destin es individuelles Elle y agit en contrepoint en continuit en r sonance Au fond d un lavoir par la dissolution de pav s de savons de Marseille m thodiquement align s sur toute la surface elle cr e un carrelage teintes nuanc es Celui ci comme inscrit en n gatif porte en lui un temps incompressible Le lavoir 1996 lavoir savons de Marseille pav s Au sein de l uniformit la plus industrielle apparaissent toujours des particularit s qui y feront surgir la singularit Marie Denis se livre ainsi des comparaisons m thodiques d objets et d appareils manufactur s Juxtaposant quatre projecteurs diapos chacun projetant un cache vide elle cr e gr ce aux variations infimes de ces appareils un monochrome de lumi re aux quatre nuances sensiblement diff rentes Parpaings de lumi re 2001 2008 pav s monochromes presque ready made D un lot d ponges de m nage blanches et vertes qu elle range soigneusement dans un carton elle rend un hommage ludique l artiste minimaliste Carl Andre Cher Carl 2006 Celui ci a d velopp son travail selon des axes que Marie Denis reprend son compte par le rectangle vert d ponges parfaitement align es qui sort de son carton la platitude la sculpture comme lieu la composition modulaire et l emploi de mat riaux
4. son terme Le paysage bascule et les joueurs avec perdant progressivement tout rapport avec la pesanteur affrontement sport acrobatie Entra nant volontiers le spectateur plus avant dans son travail Marie Denis le rend facilement complice de situations in dites Sur la place du Village des Arcs elle installe un studio photographique temporaire en utilisant un container de verre usag comme d cor d guisement et masque pour le corps de ceux qui viennent s y faire portraiturer Portraits containers 2003 Les photographies qui en r sultent prises de part et d autre du container troublent notre perception de ces figures humaines se d tachant d un fond vert qui dessine leur silhouette en ombres chinoises tir es grotesques et fantastiques acrobatie posture masque Les Muscadins incroyables et merveilleuses repr sentent un courant de mode de la France du Directoire caract ris par sa dissipation et ses extravagances vestimentaires Leurs tenues les fait appara tre bossus myopes ou difformes dans des habits triqu s des cravates engon antes des cheveux poudr s flottants Les incroyables pour leur part suppriment volontairement les r de leur langage et les merveilleuses se v tent en s inspirant de la mode antique Ces modifications du corps qui en font un moyen d expression au sein du corps social sont explor es par Marie Denis avec deux grandes feuilles de palmiers Washingtonia Muscadins 2005 L
5. dos deux chevaux maroufl s de cuir que traverse de part en part une grosse aiguille d acier Les deux quid s pingl s forment une chim re innocente une trouvaille de choix pour amateur de cabinet de curiosit s or la suggestion d un contr le violent de l homme sur l animal en font une sculpture grin ante The Watcher celui qui regarde est une statue de feuilles immobile comme de la pierre qui a forme et taille humaine Cette poup e de chiffon h riss e de foug res de feuilles de ch nes d eucalyptus sagement assise sur son banc inqui te Son statut d objet inanim est confus est ce un homme en tenue de camouflage ou une v g tation aux formes humaines Les v g taux stabilis s qui le constituent voquent une vie suspendue momifi e Homme il ne peut bouger plante bip de elle poss de en puissance la capacit du mouvement La transgression des ordres renvoie des craintes irrationnelles r sidus animistes que notre pens e cart sienne n envisage pas sereinement les monstres sont toujours cach s sous le lit Les uvres de Marie Denis montrent les limites de notre connaissance du vivant ce que la pens e scientifique explique notre inconscient le rejette Dolores est une autre chim re une sculpture monumentale la forme ostentatoire et solaire un pais disque de mousse anthracite piqu d un plumage de paon S duisante avec des plumes color es repoussante par la vulgarit de la mousse artificielle
6. jouis sant et finalement parfaite ment en symbiose avec la vil le L artiste a ainsi parfaite ment r ussi son pari de fusion ner Marie Denis Denys Puech Et le mus e et la mairie ont eu raison de lui octroyer une bourse de r sidence H M Texte catalogue r sidence amp exposition Denys Denis Mus e Denys Puech Rodez 2009 Marie DENIS Fortes amplitudes thermiques Cette r sidence sculpture au Mus e Denys Puech est l occasion de travailler de la mani re que j aime le plus le temps vite comme dit Marcel Duchamp filtrer mais aussi t lescoper des impressions laisser agir reprendre acc l rer faire confiance au hasard c est dire la disponibilit d esprit qui aide la mise en uvre du travail En arrivant Rodez je projetais en rafales diff rents projets un arbre Tancarville un mobile monnaie des papes g ant un herbier composite mais l exp rience que je touche du doigt chaque fois c est justement ce temps de r sidence celui d tre g ographiquement pleinement ailleurs dans ce d placement qui implique une attitude de travail ouverte stimul e intense et r ceptive O la question des pr suppos s n a pas de valeur il est bon de se laisser gagner par les impromptus autant que par la difficult d tre ailleurs de cette d stabilisation na t de la nouveaut et de ce doute du d fi comment quand pourquoi par quelle voie se pr sente un nouveau corpus d
7. riel de projection marche arr t lumi re ombre Avec ce m me proc d de d chlorophyllisation elle agence des parois amovibles l aide de portes KZ aux lattes coulissant verticalement pour composer des formes abstraites dont l empreinte se d tache nettement de la pelouse environnante tel un sismographe d ombres et de lumi res Chlo d chlorophyllisante 2005 lumi re ombre ouvert ferm empreinte sur le sol Un peu plus loin dans cette m me ville d Orl ans o elle tait en r sidence elle mobilise l quipe municipale des espaces verts pour participer une uvre en hommage Asphalt Rundown Rome 1969 d un artiste du Land Art Robert Smithson Coul e de farine 2005 Plusieurs tonnes de farine usag e sont vers es dans l h micycle engazonn qui jouxte la cath drale Quelques semaines apr s cette action performative la coul e blanche se mue en t che particuli rement verte l herbe ayant b n fici sur le trac de la farine de son action fertilisante Cette forme abstraite semble trouer le paysage polic o pas une herbe ne doit habituellement d passer empreinte sur le sol espaces verts fertilisation Perturber l appr hension des espaces y installer selon les mots de Robert Smithson une catastrophe tranquille est un travail minutieux qui peut consister en de petites l g res et r currentes modifications de notre environnement Pour la galerie d O Montpellier Marie Den
8. Choura 2005 Ce nouvel objet anoblit une mati re pauvre provoquant d sormais l merveillement par son gigantisme et sa pr sence majestueuse tout gonfl qu il est par les ventilateurs du plafond de l espace d exposition Le regard sculptural qui est l uvre prend racine dans l attention port e la pollution po tique du spectacle urbain ici magnifi e dans un objet signifiant mancip de sa fonction et devenu sculpture de vent d chet recyclage plastique Dans l abondance des objets qui nous entourent Marie Denis identifie des symboles des objets vocateurs qui condensent une id e En r sidence dans le Tri ves elle se lance vaillamment l ascension du Mont Aiguille emportant avec elle des feuilles de papier format A3 sur lesquelles elle a photocopi une paire de tongs Tonga 1998 Sous une pierre du sommet elle glisse ce paquet de tongs destination des randonneurs qui pourront emporter ce souvenir mat rialisant le but atteint Car ces chaussures particuli res incitant d tente et au soulagement sont ici synonymes d un repos bien m rit et de la contemplation permise Marie Denis y distribue des dipl mes en forme de clin d il la d tente suivant l effort sur ce site objet de la premi re exp dition d alpinisme d s le Moyen ge plastique papier trace La distribution d un souvenir aller chercher au sommet d une montagne cr e une communaut d initi s Dans un mouvement inverse
9. La tol rance et la bienveillance concernent galement le corps Dans le hall du centre culturel fran ais du Cambodge elle mat rialise une sculpture d accueil Annie 2005 Le grand anneau ouvert obtenu par des bancs granito moul s en arc et plac s bout bout constitue une tape bienvenue et progressivement un lieu de rendez vous pour les usagers du lieu au sein m me de l exposition de l artiste tradition usages r ception L art de recevoir est en effet un subtil dosage de diff rents param tres Pour mettre en jeu le moment de l ap ritif sous forme d all gorie ludique Marie Denis fixent quatre cent kilos d aimants sur une armoire m tallique couch e sur le sol et entour e de quatre fauteuils de salon Ap ritif 2000 Picorant d pla ant s amusant de cette mati re la fois compacte et morcel e ses h tes n ont d autres choix que d inventer eux m mes leurs propres ap ritifs r ception ap ritif salon Mais le spectateur peut aussi tre mis contribution malgr lui Un canap et un fauteuil en cuir sont totalement enduits de rouge l vres Fire Lips 2000 Le rouge de cette sculpture cosm tique se transporte gr ce l aide involontaire de ceux qui s y frottent salon salon de beaut coloration Le principe de la contamination cette fois r ciproque se joue entre des v los sans vernis ni peinture et l eau remise par l artiste dans la citerne byzantine de la Villa M dicis Hollan
10. U O Peux tu me parler de la piscine de Mens AND LET S DO AN INTERVIEW WITHIN THE INTERVIEW YOU ASK SOMEONE ELSE A QUESTION HERE AND WE INTRODUCE THEM SO THIS IS LIKE A RUSSIAN MATRIOSHKA IT CAN ALSO BE A PSEUDONYM UYOU SHOULD CHOOSE THE PERSON TO WHOM YOU ASK QUESTION TIME LIMITS HAVE TO BE CONSIDERED M D Peut tre que comme le comique de situation il y a une sculpture de situation Ca rejoint Duplicature et ce recouvrement complet du grand bassin vide de la piscine par des bandes de papier journal L occupation est fragilis e compl tement assujettie la m t o cette pluie providentielle qui a plaqu le papier aux parois Lorsqu il s che et s effondre il anime la structure immuable et d finitive du bassin La gravit tire ces grandes feuilles vers le fond Et ce n est pas qu une loi physique Ce travail d composait la piscine la d solait plus que son propre vise Elle devenait un r ceptacle du temps Parler de ce travail renvoie ta suggestion de faire des vases communicants dans notre change J ai appel la piscine de Mens Bien s r avec le hors saison le t l phone sonnait sans r ponse mais il a retenti longtemps dans son espace lui a donn ce signe audible de pr sence L arc en ciel tait une version estivale de sa beaut Les pompiers sont arriv s avec des lances incendie jectant des gerbes d eau dont la d portation brumisait les alentours Avertis par la Poste les habitants de
11. bruts presque ready made d tournement d placement Si d ponges elle fait une sculpture hautement r f renc e d l ments v g taux elle produit des estampes graciles gr ce un t l copieur de bureau Feuilles en fax 2005 2007 Glissant des feuilles de plantes vari es dans son bac elle en dirige manuellement la duplication cr ant des lignes et des surfaces in dites par les diff rents mouvements faits de laisser aller et de retenue qu elle leur imprime d placement observation gros plan L attention port e aux qualit s plastiques des l ments et objets qui l environnent conduit Marie Denis a produire des tableaux par son simple regard Enserrant directement dans un cache diapo vide des feuilles et autres l ments v g taux bruts elle en r v le en gros plan et en lumi re les richesses infinies Chambre verte 2005 gros plan tableaux inattendus mat riel de projection Marie Denis utilise le mat riel de projection de diverses mani res Collectant des crans de projection en rouleaux dont la surface blanche paillet e est si particuli re elle les agence horizontalement sur une pelouse pour jouer la fois de leur r verb ration de leur opacit et de leur amovibilit Solarium 2005 Pouvant les d rouler et les rouler loisir elle fait appara tre sur la pelouse d couverte ou obtur e des carr s de teintes diff rentes plus ou moins claires selon leur b n fice de lumi re mat
12. d j lanc e la conqu te du ciel pour d ployer dans des dimensions atmosph riques une expression du langage courant Rubis sur l ongle 1997 Orchestrant un saut de parachute rouge rubis sur l aire d h licopt re de Ch teau Siran elle laisse cette toffe soyeuse d border l g rement du toit en une m taphore de l expression faire rubis sur l ongle Dans son Dictionnaire comique publi en 1718 Philibert Joseph Le Roux indique qu au cours des soir es alcoolis es lors des toasts port s un absent estim il tait coutumier de garder au fond du verre une toute petite goutte de la verser sur l ongle du pouce puis de la boire pour marquer l estime dans laquelle on tenait cette personne Cette expression s est g n ralis e pour signifier vider son verre totalement jusqu ce que la derni re goutte soit si petite qu elle tienne sur un ongle sans d border y dessinant un petit rubis Cette sculpture a rienne compose avec les al as des courants et des trajectoires pour assimiler le parachute cette goutte de vin en quilibre et voquer peut tre l ami absent en l honneur de qui cette goutte de vin restera en suspension espace tendue trajectoire Souhaitant approcher et peut tre apprivoiser la dynamique du vivant dans un geste ludique Marie Denis tente de jouer aux dominos avec des coccinelles Domino 1995 Mais elles ont invariablement 7 points et s chappent sans cesse rendant toute tentati
13. des uvres uniques vintage Marie Denis a toujours t passionn e par les transformations in dites des mat riaux parfois le fruit du hasard parfois provoqu es par elle Ainsi L hu tre r alis e en 1999 ce pull over qui laiss en machi ne s est d compos recompos lci cest le temps qui fait son uvre de mani re al atoire comme dans Pruine ou Dix ans Mais le r emploi peut tre plus volontaire jouant sur les formes les textures les couleurs Ainsi Marble et Turtle ou comment r em ployer des l gumes bien quotidiens pour en faire des pi ces uniques et apparemment pr cieuses Cette technique cette pratique ch re Marie Denis est pour le spectateur l occasion de voir vraiment les objets ses rep res tant boulevers s par cette mani re de jongler de montrer de mystifier pour offrir autre chose Nombreuses sont les pi ces qui participent de cette d marche Dress avec le poing feuilles de lotus qui deviennent champignons ou Sex machine ce grain de raisin soudainement bien rotique Et puis il y a les uvres qui se r emploient toutes seules si l on peut dire Estate qui si on le laisse dehors l t attire les insectes et deviendra une autre pi ce activable loisir Mais si Marie Denis parle de r ve son travail parle aussi de la r alit D une n cessit dict e par le quotidien d un artiste qui ranime les braises mais ici le feu est neuf Car elle propose ici un r emploi de
14. l art concret Mouans Sartoux Pla ant des feuilles de plastiques color s sur les fen tres de chaque tage elle compose avec du simple scotch des tendues color s impalpables Vitrail 2007 Ce travail est un hommage en forme d aller retour au Viseur un jeu de composition de tableaux sans toile ni pinceau destination des enfants con u par Gottfried Honegger cr ateur l Espace de l art concret et d fenseur de la consid ration de l art comme change lumi re filtr e ext rieur int rieur surface translucide Pour produire une surface translucide et color e Marie Denis rassemble aussi trois cent bouteilles de Coca Cola perc es d un clou pr tes tres secou es A rographie Villa M dicis 1999 Le liquide qui jaillit recouvre les murs d un vernis caram lis la mat rialit trouble Cet enduit s inscrit sur le mur comme les traces d une catastrophe la fois visible et l g re surface translucide vernis ph nom nes optiques Dans un registre plus volatile encore Marie Denis organise un arc en ciel Arc en ciel 1998 Donnant rendez vous aux habitants d un village qui veulent voir un arc en ciel autour d une piscine d saffect e elle mobilise l quipe des pompiers pour qu ils croisent l heure dite les jets de leur lance sous les rayons du soleil et l aident honorer ainsi son rendez vous de magicienne ph nom nes optiques arc en ciel ph nom ne m t orologique Dans u
15. propri taires transfigur es la serre r alis e devient une sorte de reproduction miniature et chlorophyllis e du village lui m me la terre du remblais un belv d re incarnant en l vation la m moire stratigraphique de la Villa rest e jusque l enfouie et offrant sur la ville un nouveau point de vue Son attention amus e fantaisiste port e la transformation si possible inopin e des mati res on le voit bien dans son matelas de mousse d vor par la neige fondante apr s le Tri ves ou bien dans ce pull over abandonn 48 heures en machine et qui est restitu intact ou presque avec en plus des centaines de petites boules arrach es sa propre mati re Ou encore dans ces chewing gums devenus plaques de marbre polychromes qu on peut regretter de ne pas voir dans cette publication La conjonction de ces deux proc d s appellons les ainsi m me s ils n ont rien de syst matique qu elle avait d j souvent exp riment s par le pass a trouv lors de son passage la Villa un espace plus vaste et plus ambitieux et lui a permis d apprivoiser Rome au sens o elle n a pas t cras e par cette ville o pour elle tout le monde y trouve son compte A mon sens deux uvres sont embl matiques de cette d marche achev e la citerne Holland arrach e aux sous sols de la Villa remise en eau et alt r e par le passage des bicyclettes qui inexorablement rougissent l eau o la r
16. sociaux Dans les mots de Douglas Gordon les uvres d clenchent des dialogues en fait les uvres sont pr textes dialogue Qu est ce que signifie pour toi le faire d intervenir en dehors des mus es dans les villages ou des paysages comme tu as pu le faire en Tri ves et ailleurs dans des contextes o l art est le moins attendu M D Les rencontres ont souvent engendr une proposition qui pouvait encore fructifier sous le regard du public Il n y a plus seulement de lieu appropri mais un encha nement de situations H U O Ton tout premier projet en Tri ves a t r alis avec les plantes des habitants de Mens Apr s la pr sentation les plantes sont retourn es chez leurs propri taires les ready mades sont retourn s dans le contexte d o ils taient venus Comment as tu v cu cette exp rience M D La serre est une r v lation par cet accord si g n ral des habitants de Mens faire voyager leurs plantes instaurer ce mouvement de visite et de pr t Tu vois c tait la plaque sensible de l arriv e qui a pris la tournure b n fique d un den communautaire H U O Tu travailles souvent avec d autres artistes mais pas vraiment dans un contexte de groupe ferm les fronti res sont poreuses les collaborations changent Peux tu parler de ces collaborations fluctuantes M D Il y a le travail aim comme il y a l tre aim C est en la faveur de a que je travaille H
17. trans h ros ceux dont l exp rience peut contenir le monde H U O J ai toujours vu dans tes premi res uvres un lien Lucius Buckhardt qui a crit sur le design invisible et qui est le fondateur de la science et de la promenade Est ce que tu vis entre les g ographies ou est ce que tu sens que tu appartiens une g ographie M D Il est plut t question de g ographies r alis es H U O Quelle est la signification de ces photos par rapport au c t transformatif des sculptures Deviennent elles un substitut de l uvre Quelle importance attribues tu aux titres de tes photos M D Pour moi les photographies sont une des manifestations du travail elles sont des relais qui jalonnent la fa on de tenir compte de l imperceptible et du pr pond rant Elles d veloppent la tournure des v nements Lorsque les photos sont titr es c est qu elles sont sous l action de ce titre qui agit comme un second r v lateur H U O Dans tes interventions le temps para t aussi important que l espace Time based art dans les paroles de John Latham M D C est vrai le temps comme condition implicite de travail Je voudrais d ailleurs t en parler plus loin par certains projets r alis s l haut H U O Similaires ces uvres du d but tes interventions en Tri ves sont moins orient es sur l occupation de territoires mais elles sont plut t entre territoires d clenchant des espaces
18. 002 Toujours en forme i Cit Internationale des Arts Paris France 1997 Migrateurs ARC Mus e d Art moderne de la Ville de Paris France Expositions collectives s lection 2008 Saperlipopette Domaine d O Montpellier France 2007 Dans ces eaux l Domaine du ch teau d Avignon France 2005 Laissez parler les fleurs Galerie des Multiples Paris France 2004 Sportivement v tre Domaine d partemental de Chamarande France Nature Paysage Environnement IESA Paris France Nuit Blanche 2004 Paris France 2003 IMPARK Parc Olympique Munich Allemagne Nouvelles acquisitions Les Abattoirs Toulouse France 2002 La Folie de la Villa M dicis Acad mie de France Rome Italie PAC amp CO CCC Tours France 2000 BIG Torino Biennale de Turin Italie Prodige Fondation Paul Ricard Paris France 1999 La M moire Villa M dicis Rome Italie Biennale dei giovani artisti dell Europa e del Mediterraneo Rome Italie 1998 Jeux de genres Espace Electra Paris France 1997 Histoires de voir Fondation Cartier t M c nat Aquitaine Ch teau Siran Margaux France Centre international d art et du paysage Ile de Vassivi re F 87120 www ciapiledevassiviere com Ouvert du mardi au vendredi 14h 18h le week end 11h 13h et 14h 18h Le Centre international d art et du paysage est financ par le Minist re de la
19. Marie Denis s lections de textes Marie Denis s lections de textes ON THE EDGE OF THE IN VISIBLE UN ENTRETIEN AVEC MARIE DENIS 1998 Hans Ulrich Obrist Commen ons par le commencement Peux tu me parler de tes quelques uns de tes projets non r alis s des projets utopiques des projets r v s des utopies concr tes des projets partiellement r alis s des projets censur s des projets trop ambitieux trop petits pour tre r alis s des projets oubli s des commandes publiques perdues des projets de tiroirs Marie Denis Les utopies concr tes ou r ves exp riment s En ce moment Rome les migrations d tourneaux battent leur plein Des sortes de jets de gravier qui fendent l air et palpitent en vols psych d liques aux dessous des coupoles Tu t arr tes sur place le nez en l air et a fixe un rendez vous d observation En trois minutes dix personnes regardent leur tour Il y a aussi la mousse synth tique qui poss de une fascinante capacit de m moire de son quivalent liquide Et encore les natures de sols d blay s les travaux de terrassement de surgissement dans la masse une proposition pour un jardin dans le nord de la France H U O Qui sont tes h ros ou mieux dans les mots de Gherasim Luca qui sont tes h ros limites ou dans les mots de Helio Oiticica qui sont tes h ros marginaux M D Tu parlais de Helio Oiticica de H ros marginaux oui j ajouterais
20. Marie Denis a d j r alis une production cons quente Avec ces quelques lignes je me lance dans le pari audacieux d en produire une r trospective suspendue suspendue car tant d uvres sont encore venir Il ne s agit pas d crire un catalogue raisonn bien que l exercice soit tentant L ambition est plut t de dresser un panorama Ce mot m int resse plus d un titre car il voque tout la fois un paysage une vue circulaire un centre et nous place sur un certain terrain physique Mais le panorama de Marie Denis comporte forc ment plusieurs terrains Il faut avancer avec m thode pour retrouver son chemin accepter de se perdre pour peut tre deviner les prochaines tapes de son imagination fertile Pour construire ce panorama abandonnons volontairement la logique du temps pour trouver une autre logique autrement plus po tique celle de l association d id es subjectives Laissons les mots rebondir pour construire par petites touches un panorama ouvert sur le mod le des sch mas heuristiques Ceux ci sont des outils d exploration plus que de constatation car l hypoth se heuristique sert justement la d couverte En p dagogie la m thode heuristique consiste faire d couvrir l l ve ce qu on veut lui enseigner J esp re vous laisser en cours de route le plaisir de votre propre d couverte pour que vous plongiez plus avant dans l univers de Marie Denis dont les uvres peuvent tre des sculptures des photographies
21. Marie Denis sollicite tout un village pour qu ils mat rialisent leurs communaut s par le rassemblement de leurs plants de salon d ment tiquet es de leurs noms au Magasin centre d art de Grenoble La Serre Mens 1998 La serre ainsi cr e forme une nouvelle communaut v g tale personnifi e Elle offre aussi un cadre in dit pour des rassemblements festifs o les habitants peuvent se sentir comme chez eux L artiste d ailleurs y organise une grande f te o chacun parlant de ses plantes en vient parler un peu de soi trace inscription identit l chelle d un service administratif Marie Denis propose un remake une r initialisation de cette serre ph m re au sein de son exposition la Galerie d O Green Office 2008 Issues des locaux du Conseil g n ral et de diff rentes structures voisines du domaine d O quatre vingt plantes sont pr t es par leurs propri taires pour tre install es dans un univers de bureau blanchi Pr sent s dans un trieur de bureau le portrait photographique de chaque pr teur est accompagn des commentaires informations et anecdotes qui les lient leurs plantes identit collectivit rassemblement La profusion de plantes se retrouve dans un objet qui se transforme par cette invasion en un grand bac fleur Riviera dont la forme caract ristique cache une r serve d eau Rivera 2005 Tirant partie de la forme initiale du comptoir d accueil du Centre Culturel Fr
22. Mens pouvaient voir un arc en ciel 17 heures le nez dans cette bruine H U O Peux tu me parler de ton projet Migrateurs au Mus e d Art Moderne de la Ville de Paris en 1997 qui a pris place dans les interstices du livret des visiteurs du mus e l accueil ainsi que dans le parapluie qui tait plac c t Le parapluie est devenu un espace dans l espace M D Le projet Migrateurs avait un mode d emploi sa propre r gle puisqu il s int ressait aux objets habituellement centralis s sans redistribution Mais l le retrait tait permis par leur description donn e dans un r pertoire laiss en vidence sur le bureau d accueil Le propri taire devenait celui qui r clamait un objet dont il avait la description Il pouvait incit par la circonstance pluie froid soleil repartir avec ce qu il voulait sous le bras Le parapluie retourn contenant les tickets num rot s des objets trouv s avait la m me valeur que ceux utilis s par les vendeurs la tire il contenait l offre Et puis des photos sans rapport taient cal es dans les pages du cahier de dol ances au milieu des escaliers hors d acc s pour les poussettes ou de quelle beaut ou quel scandale ce mus e H U O Last but no least je suis tr s curieux d en savoir plus sur cette ascension au sommet du Mont Aiguille o les tracts ont t distribu s M D En fait il est le sommet caract ristique du Tri v
23. an ais Marie Denis y multiplie les palmiers pour composer un paysage de carte postale o les h tesses d accueil mergent comme du c ur de la Riviera r gion c ti re ponyme de la M diterran e au climat si r put rassemblement profusion invasion T lescoper deux objets pour hybrider leurs r f rences et en cr er une nouvelle est une pratique r currente de l artiste r currente mais infinie tant dans les l ments mis en pr sence signifiante que dans les combinaisons produites Avec l aide d un informaticien elle produit une vid o o la neige cathodique souvenir d un temps t l visuel pas si lointain se met recouvrir une infrastructure r elle L a rotrain 2006 Cette infrastructure l a rotrain visible aux environs de la ville d Orl ans est le grand projet de l ing nieur Bertin qui cherchait a acc l rer les d placements en train dans les ann es soixante Son architecture futuriste a t d pass e ses vestiges sont ceux d un chec devant le d veloppement du train grande vitesse et autres innovations technologiques La neige trame l cran recouvre toutes les surfaces du tron on de la rampe de lancement pour la faire dispara tre peu peu fig e sous un paysage de neige invasion recouvrement saupoudrage Sous le sucre saupoudr sur toute sa surface le trampoline pr sent la Garie d O Montpellier acquiert une certaine irr alit presque spectrale tranchant avec l attraction pou
24. ats 1996 Accueillant une plante quatoriale tropicale ou temp r e ces espaces privil gi s au sein de l espace public conjuguent toutes leurs caract ristiques d l ments la fois s par s ouverts cellulaires et accessibles pour pr ner un nouvel urbanise v g tal r action environnement d placement Par un d placement d un autre genre Marie Denis suspend au plafond des arbres pri res cambodgiens r interpr t s en aluminium Suspendues 2005 Mobiles bruissant au moindre souffle ils fr missent dans l air portant en eux les sons du vent d placement oscillation souffle La chaleur et le souffle sont galement pr sents dans une installation qui associe un radiateur l espace humide de la citerne byzantine de la Villa M dicis Zone d ass chement 1999 La radiateur simplement pos sur le sol ass che peu peu les parois qui l environnent pour dessiner une zone s che informant de ses contours presque organiques le trajet de l air chaud souffle ass chement positif n gatif Mettre en eau ass cher l humide inverser le bas et le haut parmi les uvres de Marie Denis reposant sur une inversion initiale l une des plus spectaculaires est n e d une opportunit que l artiste a saisie au vol R cup rant la terre excav e des fouilles arch ologiques du Piazzale de la Villa M dicis elle fait construire un belv d re provisoire dans les jardins de l Acad mie de France Rome Terre pl
25. copage des situations cette fa on qu elle a de renouer avec l artisanat traditionnel auquel elle insuffle un nouvel imaginaire technique et formel Cette mani re d associer les dext rit s surann es aux usages contemporains nature morte art floral mais aussi bijouterie ferronnerie couture osi risterie origami g n rent autant de sculptures d objets micro ou macro qui r exhaussent le quotidien avec une simplicit saisissante C est dans cet esprit avec une attention particuli re aux qualit s des lieux l architecture de la ville l artisanat local la pr sence d une maison des compagnons du devoir que Marie Denis a con u sa r sidence et son exposition au Mus e Denys Puech de Rodez Denys Denis clin d il homonymique Denys Puech fondateur du mus e et la prochaine exposition consacr e Maurice Denis est donc une exposition qui revisite de fa on d cal e les particularismes locaux tout en prenant au s rieux ou en assumant un peu plus que d ordinaire le sujet sculpture auquel sa r sidence l assujettie Il n est donc pas anodin que la premi re uvre que l on aper oive en p n trant l exposition soit r f renc e au lexique formel de l art minimal Une haute cimaise blanche surface irr ductible et pr existante a t d plac e par l artiste pour exhumer une des reliques du mus e la peinture d un artiste local jusque l escamot e En r f rence galement l histoire de l art un
26. culture et de la Communication Drac Limousin et le Conseil r gional du Limousin L exposition If est r alis e avec le partenariat de Naturalia beaut bio et l Education Nationale P le Art et Paysage L art curieux de Marie Denis Nous sentons en nous des forces inconscientes qui veulent tout le contraire de ce que notre intelligence r clame Maeterlinck Nous ne craignons rien nous poss dons la ma trise de l anim et de l inanim c est sans danger A priori Marie Denis uvre d un art joyeux l autre lui est proche le naturel galement Son art s apparente un d rangement d bonnaire de l ordre tabli Cauchemar du jardinier elle renverse 400 kilos de farine sur une pelouse Dompteuse de fauves elle dresse des coccinelles pour leur apprendre la ligne droite et l angle 90 Elle miniaturise le monde dans un grain de raisin plante des bonsa s g ants dans les parcs versaillais faxe des plantes design des bijoux pr cieux pour fruits d confits Les fronti res qui maintiennent l ordre des hommes ou celui de la nature elle les franchit avec all gresse ses uvres sont les d positaires d une mythologie baroque avec laquelle elle r organise ce que par paresse de pens e nous avions assign une place fixe et d finitive A priori seulement Les uvres de Marie Denis font appara tre dans l appr hension du vivant un malaise intime et ancien La petite sculpture Entomologie montre coll s dos
27. d 1999 Au fur et mesure de leurs passages les v los rouill s progressivement par l eau colorent celle ci en retour dans un cycle la fois d g n rant et r g n rateur coloration transformation mouvement La diss mination est le principe de prolif ration des esp ces v g tales Souha itant acc l rer ce processus Marie Denis saupoudre de pollen une voiture la transformant en agent actif de la reproduction v g tale Agent de pollinisation 1997 mouvement diss mination moyen de locomotion Ailleurs c est un bouquet de voitures qui se compose sous nos yeux gr ce l orchestration de leur rangement par affinit s color es sur la place d un village Couleur locale 2003 moyen de locomotion parking circulation Sans que leur capacit de d placement leurs formes ou leurs couleurs ne soient utilis s Marie Denis inscrit des automobiles dans l enceinte m me de son lieu de travail Pensionnaire de la Villa M dicis elle fait d monter pour l exposition Ville m moire jardin toutes les fen tres et vitres de son atelier pour y accueillir la rumeur qui s l ve du p riph rique romain Op ra 1999 Face au jardin Borgh se paysage immuable le vacarme urbain devient la bande son d une retraite hors du monde qui ne peut que se laisser rattraper par lui circulation p riph rique vacarme Lors d un voyage effectu un 14 juillet au d part de la Gare de l Est sur la ligne 261 l artis
28. des films des environnements des objets R alisant des sculptures renouvelables des sculptures atmosph riques des sculptures d accueil des sculptures a riennes elle met aussi en uvre la r sistance et la dur e qui prennent corps dans des objets en d empathie avec l espace et en r miniscence avec le temps R alisons donc ensemble cet exercice aventureux et commen ons par un commencement qui pourrait tre une fin le monde dans un grain de raisin Mappemonde 1995 Marie Denis trace l aide d une petite pique en bois les contours des continents dans la bu e fragile d un grain de raisin Cette plan te ph m re tenant entre deux doigts est saisie par l instantan photographique mappemonde grain de raisin fruit D un fruit l autre avec l aide d une amie couturi re Marie Denis r alise des robes sur mesure pour des pommes de diff rentes vari t s qui se trouvent ainsi serties dans des fourreaux dor es de perles ou de points au crochet Bijoux Pommes 2008 Ces apparats luxueux semblent vouloir prolonger la dur e de vie de ces organismes v g taux et leur donner la long vit de ces autres bijoux vivants que sont les perles fruit sculptures organiques perles Le vivant et l al atoire sont des ph nom nes approch s r guli rement par Marie Denis qui les apprivoise patiemment Pour cela elle est tr s attentive aux perfections cr es par accident Comme celle produites de l oubli d un p
29. dominos dessiner une carte du monde dans la bu e d un grain de raisin ou encore tracer sur la pente d une colline les contours d un terrain de foot devenu impraticable du fait de sa forte inclinaison r v le chez Marie Denis un certain go t pour l exp rimentation extrapol e Pour autant ses uvres qui empruntent principalement aux vocabulaires de la nature et du paysage mais galement l univers de l enfance ou du sport ne rel vent pas moins d une certaine gageure Transformer en effet un arbre centenaire en Bonza en le cerclant d un cache pot de 7 m tres de haut ou inviter le spectateur contempler au moyen d un miroir rotatif g ant le ballet a rien que livre quotidiennement le passage des avions dans le ciel de Roissy participe autant du d fi technique que d un d sir de sublimation de notre monde On l aura donc compris cette production h doniste et humoristique loin de s appesantir sur l adoration b ate et nostalgique du paysage ou du monde de l enfance uvre autant dans le r enchantement du quotidien que dans l effort b tisseur ceci sans rien en laisser para tre Et c est pr cis ment l heure o la cr ation actuelle s exprime de plus en plus par le biais des nouvelles technologies que Marie Denis revendique elle des gestes et savoirs faires d un autre temps Que ses objets soient hand made ou non n a pas d importance Ce qui se joue dans son univers c est l anachronisme et le t les
30. e uvre tautologique s impose l oppos Un millier des tiges cimaises dont on se sert pour accrocher les tableaux dans les lieux patrimoniaux sont agenc es tel un enc phalogramme pour finir par produire elles m me leur propre motif Cette installation a priori auto r f r e la peinture prend ici le chemin de la sculpture Vient ensuite un corpus d uvres qui fonctionne comme des morceaux de paysage local Trois buis sont mont s fa on bijoux sur d insolites d mes silo agricoles et ajoutent un peu plus encore l artificialit de l art topiaire qui orne la moindre de nos places publiques ici celle de la cath drale Et au sol la r plique d une chim re en sucre roux assembl e morceaux par morceaux avec l aide d un compagnon du devoir fonctionne tel le prolongement pix lis de la statuaire religieuse locale Il y a galement Tribute cet hommage la tr s belle piscine postmoderne ruth noise r cemment d mantel e sur laquelle Marie Denis a pr lev une centaine de hublots plexi les fen tres pour les d ployer selon une composition florale h lico dale autour d un axe g ant Blancs opaques ou caramel mont s en pantone type French Manucure ils sont un clin d il au double escalier vis de la cath drale Enfin des sculptures aux formes d tourn es aux t lescopages intr pides forment dans l exposition un v ritable petit cabinet de curiosit Dolor s est une sculpture constitu e de
31. e casque chapeau ainsi tress semble extr mement offensif tandis qu il prot ge derri re ses feuilles ac r es le visage qui voudra bien s y cacher masque casque protection D une feuille suavement roul e sur elle m me Marie Denis forme un cigare vert et g ant Cigare 2008 Le velout de la couleur sa texture onctueuse son clat brillant tout concoure faire de cette sculpture ph m re un hommage la mat rialit v g tale protection enroulement pliage Associant plus explicitement les longues feuilles effil es de la Cortaderia selloana herbe de la pampa Marie Denis sollicite une coiffeuse afro pour discipliner l pi rebelle de ce massif Schmilblick 2001 Deux polaro ds pr sentent l avant et l apr s de cette sculpture renouvelable Cette Topiaire afro la structure ornement de longues tresses remet au go t du jour les topiaires taill es g om triquement des jardins la fran aise pliage tressage coiffure afro Prolongeant ce geste Marie Denis invite la m me coiffeuse r aliser des prototypes de massifs portatifs sur des boules de fourrure blanche Schmilblick 2 2004 Ces sph res donnent lieu de inventions in puisables de tressages savants commuant leur surface en ornementations vari es au rythme des doigts de couleur noir qui donnent forme ces longs poils blancs coiffure afro pis massifs Pour son exposition la Galerie d O de Montpell
32. e projets Comment appara t une nouvelle exposition J aime cette confrontation dans un contraste d tats qui m ne la concr tisation des uvres Faire l exp rience de l adaptation du caract re positif des contraintes li es un contexte est ma mani re de travailler D fi de rencontres comme celles tr s belles avec les compagnons du devoir le temps de se conna tre de se d couvrir dans un apprivoisement mutuel qui nous permet de travailler ensemble vers un projet qui au del de la technique met en jeu des mat riaux des r sistances des solutions in dites o nous nous trouvons compl tement en chemin A Rodez on parle de fortes amplitudes thermiques j adore cette r flexion m t o qui voque le relief du temps qui est aussi pour moi le relief des tats de travail Rodez c est aussi la force de frappe de la cath drale la po tique de la piscine Tournesol Piscine d architecture Pompidolienne en demi sph re qu vient d tre d truite qui op rent leurs effets et rejaillissent dans mes projets Je revendique un travail collabor car si jaime uvrer de ma main comme avec mes herbiers ou des r alisations v g tales je n ai jamais autant de plaisir partager le savoir faire d un artisan son point de vue Il ne faut pas que le projet ne soit qu une id e au contraire c est par les discussions de mise en uvre de technicit que le projet se nourrit le mieux sa fo
33. ein 1999 En montant sur le terre plein de terre aras e jusqu la hauteur des haies la vue plongeante sur la ville ternelle se trouve soudain port e de regard lui permettant de s lever au del des murs d enceintes v g taux positif n gatif fouilles arch ologiques pr l vements Les uvres de Marie Denis peuvent porter en elles m mes leurs propres traces restes et l ments pr lever et r agencer partir d un des arbres pri res qu elle avait r alis au Cambodge elle confectionne un mille feuilles d aluminium Mille feuille aluminium cambodgien 2008 Les feuilles bien serr es les unes contre les autres et l g rement d ploy es autour de leur axe central semblent contenir une transformation ult rieure qui y serait inscrite l tat latent pr l vements rangement reconstitution Avec quelques pambpilles ces pendeloques de verre taill qui ornent habituellement les lustres plant es dans un bloc de mousse extrud e Marie Denis pose un paysage miniature de for t aux arbres de cristal Paysage de cristal 2008 Cette uvre pr sent e au sein d un cabinet de curiosit l atmosph re proche d un cabinet de travail figure une sc ne achev e malgr sa petite taille un croquis en trois dimensions attendant peut tre sa mat rialisation grandeur nature reconstitution sc ne espace Car si l artiste apprivoise des l ments vaporeux vanescents et transparents elle s est
34. einte cerceaux L utilisation des cerceaux par l artiste renvoie tout autant la modularit sculpturale d un l ment si simple si rond et au dynamique jeu du hulahup o chacun agitant les hanches s emploie transformer son corps en centre de gravit Dans le cadre de l exposition pelouses autoris es au Parc de la Villette Marie Denis ceint les arbres de cerceaux amovibles la disposition des spectateurs Bambino 2006 Les arbres habill s et d shabill s de cerceaux deviennent les partenaires de jeux part enti re de cet atelier sportif en plein air cerceaux jeux manipulation Au Cambodge Marie Denis r alise un camouflage de circonstance en utilisant le tronc d une plante Licuala comme support Total Look 2005 La Licuala en pot se trouve par e d une b che plastique rivet pliss d un cache pot jupe dont les plis prolongent graphiquement ses nervures pliss es La plante semble avoir deux bouquets de feuillage sym triquement dispos s de bas en haut manipulation pliage sym trie Dans la vitrine du Centre de Cr ation Contemporaine de Tours Marie Denis fait appara tre de part et d autre de la surface vitr e un oignon par la torsion de lattes lectriques L oignon 2002 Les reflets d multiplient chaque quartier dessin par le vide entre les lattes l image de et oignon g ant traversant la vitre pour se recomposer sym trie rayons quartiers Pour son exposition Vitamine C a
35. eption pour les mouvements du ciel Les miroirs du lasso 2005 Au c ur de ville et pourtant l abandon ce site appara t ainsi doublement interstitiel dans l urbanisation qui l enserre plong e inversion du haut et du bas miroir l instar des miroirs portatifs de la Scuola Grande di San Rocco Venise qui refl tent les Tintoret des plafonds Marie Denis agrandit un miroir de salle de bains pour refl ter le ciel et son animation perp tuelle La Psych g ante 2006 Le choix de l inclinaison de la surface r fl chissante pivotant autour de son axe horizontal est entre les mains des visiteurs Ils fixent eux m mes les points de basculement des images de la terre et du ciel et leur possible confusion miroir points de vue confusion Pour faire na tre un l ment nouveau de la fusion de deux entit s Marie Denis peut choisir de s allier le temps et sa lente transformation Par le recouvrement patient et obstin de mousse elle dessine un canap semblant surgir de la pleine nature o elle l a plac Le Divan 1995 confusion m lange mixit Elle joue galement du choc des cultures pour mieux r v ler la compl mentarit de deux symboles a priori oppos s l toile de David et la main de Fatima Full Contact 2003 Iimbriquant ces deux bijoux dans un cache de diapositive en or elle les am ne se prolonger l un l autre et projeter ensemble leur ombre commune mixit culture tradition
36. ers une explosion sensible Chaque uvre est une montagne gravir une n gociation entreprendre ainsi que chaque d couverte g ographique v ritable d fi d adaptation m am ne poser de nouvelles pierres la construction de ma pratique Et bien s r dans la r ciprocit et l change comme avec Marie Duarte que j invite exposer ses arbres et dialoguer avec un de mes herbier o Huguette qui m aide r aliser des sculptures capillaires Echange autour des id es re ues sur les artistes 2009 avec Isabelle de Maison Rouge Historienne de l art commissaire d exposition et professeur New York University France Marie Denis Face tous les lieux communs sur les artistes maudit marginal g nial ou t te dans les nuages etc je pense au contraire que l artiste est quelqu un qui se situe de plein pied dans et de son temps C est bel et bien un tre sismographe qui capte capture et transforme ce que l poque produit sans distinction L artiste lui filtre et distingue Il est un saltimbanque revendiqu au sens du nomadisme de la pens e et de l attitude qui se traduit en formes par une pratique artistique Il n est pas le gardien du phare au sens moral mais donne un clairage du monde Il propose par ses visions ses formes clectiques un entendement de l acceptation de l empathie ou au contraire de la r sistance et de la contestation dans ce que le monde a de per
37. es l embl me chaque r gion p riph rique se l attribue Le gravir faisait partie du p lerinage C est une sorte de dent une le en falaise Et puis l haut la r mission l harmonie la pl nitude d une prairie d altitude J avais emmen des feuilles A3 photocopies de tongues avec la date de l ascension pour les laisser sous les cairns et les distribuer aux passants Autant de possibilit s pour eux de faire de ce format un moment d chapp e suppl mentaire du sommet puisqu ils leur donnaient la forme que ces instants de d tente permettent Hans Ulrich OBRIST TRANSMUTATIONS 1999 Le travail de Marie Denis a ceci de remarquable qu il a r sist Rome S il fallait r sumer son modus operandi on pourrait parler d un travail pr dateur et g n reux en m me temps doubl d une attention minutieuse presque de chimiste port e la transformation des l ments des lieux des mati res Et c est ce proc d chimique qui pr cis ment lui permet de restituer ce qu elle a pris mais transform m tamorphos Pr dation et g n rosit caract risent bien l ancrage de cette artiste dans son environnement Que ce soit dans un village du Tri ves ou dans le site surcharg de la Villa Medici elle prend tout ce qui est bon prendre c est dire qu elle prend ce qui a du sens les plantes des habitants d un village ou la terre extraite des fouilles du Piazzale qu elle restitue leurs l gitimes
38. es li es l change lors de collaborations avec diff rents corps de m tier jardinier ferronnier coiffeur couturier brodeuse entrent galement dans la composition de mon travail P G Quelle sont les rencontres artistiques qui ont jou un r le dans la construction de votre d marche M D Marcel Duchamp c est un peu la tarte la cr me mais Marcel d s 4 ans car mon p re est un grand Duchampien de toujours mais aussi parce que j aime l id e d un regard qui s immisce dans l interstice o l uvre chappe l artiste l a devient int ressant la marge d interpr tation la prolif ration de perceptions Et puis il y a les artistes que j ai eu comme professeurs l ENBA de Lyon tous importants pour moi Bernard Frize Patrick Tosani et Jacques Vieille qui m ont accompagn et aid d velopper mon temp rament d artiste J ai une grande admiration depuis toujours pour le Facteur Cheval son nergie de lion battre la campagne et l adversit pour aller au bout de son uvre P G Comment le contexte dans lequel vous r alisez vos projets agit il sur votre travail M D Chaque lieu est comme une nouvelle recette Tous les ingr dients sont l et un peu comme une mayonnaise o la temp rature des oeufs et la m t o comptent tout comme l humeur de la cuisini re et bien pour moi c est la m me chose un quilibre humain en m me temps qu une stimulation d nergie qui confluent v
39. et de son cerclage elle est anim e de forces contraires l g re et massive accueillante et mena ante Les couleurs bronzes verts de gris les reflets cuivr s du plumage du paon les asp rit s anthracites de la mousse convoquent un univers min ral Hybride tot mique animal et min ral elle inspire adoration et crainte Dolores est un soleil opaque un dieu sans culte un totem sans adorateurs Ce que la raison nous donne la croyance religieuse nous l enl ve et Dolores nous place devant cette ambivalence Nous croyons l incroyable Cette construction mythologique Marie Denis la poursuit dans son travail de l image avec la photographie et le dessin Les photographies The Shepard The Lone et Waiting placent dans une for t touffue des enfants recouverts de feuillages Ce sont de belles images bien compos es l quilibre des couleurs est harmonieux cette douceur de l image ne laisse pas voir imm diatement l ambigu t de la proposition Ces silhouettes sont des apparitions un surgissement humain en milieu naturel tout autant que des disparitions une absorption par le v g tal S agit il de tr s heureux enfants des bois ou bien est ce l l enfance d un nouvel tre qui aurait litt ralement acc d un tat de nature Les noms all goriques The Shepard le berger et The Lone le solitaire ouvrent une autre voie l interpr tation une r conciliation entre les r gnes de la nature Avec The Village The Hill et Ne veille pa
40. ette de la Villa M dicis L architecture dans l architecture se voit doubl e d une sur architecture la cachant partiellement aux regards pour mieux en r v ler la puissance de fascination Ch teau en cartes jouer 2000 maquette fragilit difice Architecture voil e et architecture transparente se compl tent dans l opposition L arch type de ch teau r alis avec des plaques de verre pour la galerie d O r percute dans sa structure simple les reflets environnants Sans titre ch teau de carte en verre 2008 Telle une architecture paysage elle s anime du moindre passage elle est clabouss e de la moindre lumi re pour reconstituer dans ses murs m mes un panorama imaginaire difice quilibre le ciel pour toit D ouvrir les murs a enlever le toit il n y a qu un pas Dans le box qui l accueille pour une exposition collective en plein air Marie Denis choisit d exposer ciel ouvert le toit de t le qui recouvrait cet espace Le cadeau 2006 Pli et enrubann ce qu il offre est avant tout l chapp e du regard vers les monuments alentours le ciel pour toit chapp e plong e Mais il n est pas toujours n cessaire de lever les yeux pour percevoir la beaut des cieux Marie Denis cr e des miroirs d un peu d eau vers e dans des boucles de fils de silicone La simplicit de ce dispositif qui prend place sur la chape en b ton brut d un b timent disparu la transforme imm diatement en r ceptacle d exc
41. eur non un d veloppement de pens e lin aire qui irait de A vers Z Objets inanim s avez vous donc une me Je r ponds oui MD LE DE VASSIVI RE Communiqu de presse LC Marie Den LC Commissaire Chiara Parisi Ouverture au public du 9 au 28 juin 2009 Poursuivant l exp rience men e par le Centre international d art et du paysage de l le de Vassivi re avec Ce qui s expose te ressemble de Olivier Bardin en 2007 2008 Marie Denis r alis un xposition If durant les phases de d montage et montage des expositions temporaires en 2009 2010 avec un groupe de spectateurs durant seulement quelques jours et r p t e durant un an Le travail de la jeune artiste Marie Denis permet aux objets comme aux paysages d tr r invent s comme neufs Elle transcend les lieux coute leurs r miniscences et ce qui les d finit pour leur donner un xistence amplifi e Son attention pointe avec pr dilection les architectures disparues les situations absurdes t d entre deux Elle se pla t d tourner les r gles rep res et savoir faire pour les po tiser Ses installations sculptures et objets sont souvent con ues partir de mat riaux bruts et s ancrent sur les pratiques culturelles Son travail se situe harmonieusement entre l universel et le quotidien Ce que l artiste observe elle le transforme Le quotidien devient le m trono
42. ier Marie Denis r actualise ces projets de massifs en s inspirant directement de la statuaire corbeille du XVIII me du parc d O Topiaires tress es 2008 Cette nouvelle version est pr sent e avec d autres uvres qui composent un ensemble prisme r vant le parc d O travers le ch teau de carte en verre et une vid o Acqua per favore 2008 remettant virtuellement en eau le bassin de l Ev que massifs ornementations particularit s v g tales L interpr tation picturale de la plante expos e c t de pots de peinture ferm s est elle aussi en projection Julie Monstera Deliciosa 2008 Le panachage de cette plante appelle une prolongation dans l espace mais laquelle particularit s v g tales esp ces adaptation Pour l arbre majestueux Marie Denis fa onne un pot sur mesure de quatre m tres cinquante de haut et de cinq m tres cinquante de diam tre avec trois kilom tres de tuyaux d arrosage orange tress s directement autour du tronc au point crocane la mani re de l osier Le Bonza 2008 Le tuyau orange devient enceinte vibrante de couleur dans le paysage et propulse l arbre gigantesque dans une autre dimension tel un bonza g ant adaptation sur mesure protection Pour un h tre de deux cent ans Marie Denis avait d j confectionn un pot de cerceaux color s blancs et verts qui bouleversait galement sa perception alentour Le Bonsa 2006 protection enc
43. if du pollen l ment f condant des v g taux et n cessaire pour la fertilisation des plantes et la continuit des esp ces L artiste prend le paysage comme atelier sa fascination le conduit laisser sa pens e s accomplir dans des mat riaux naturels fragiles l image du monde et mener une r flexion sur le temps et l ph m r Et au c ur du b timent de Aldo Rossi elle dispose une grande table en bois brut sur laquelle un tas de pollen en poussi re empli l espace vide du Centre d art Devenu plate forme de pollinisation le Centre d art accueille tout l ment mobile visiteurs v hicules animaux pour d poser sur eux le pollen Le public invit a tre pollinis dans sa chevelure devient acteur vecteur anim d une M pollinisation impressionniste telles les temp tes sahariennes qui laissent partout leurs traces au del des thers Un projet atmosph rique o l an mogamie mode de f condation des plantes dans lequel le pollen est port par le vent est l uvre par l activit humaine quand l abeill st responsable plus de 80 de toute pollinisation vitale Par cette pollinisation du site l artiste pose la question de la place du monde dans 1 renouvellement des esp ces ici celles de l le et des alentours Comment celui ci en aidant la flore peut la transformer la faire voluer l influencer la bousculer
44. ine campagne des panneaux de signalisation la r alit qu ils sont sens s signaler Maubelane la G ode 2006 Sur l immense g ode form de panneaux de bois peint les vaches peuvent admirer les motifs de leurs cong n res r p t s sur toutes les surfaces L animal et son symbole cohabitent et sur signalisent la pr sence des vaches dans le paysage rural mobilier urbains panneaux de signalisation symboles Pour l exposition sportivement v tre Marie Denis ench sse deux tendues engazonn es aux destinations tr s diff rentes un terrain de foot forme le canevas et les limites ext rieures d un jardin la fran aise aux parterres sages et sym triques French Touch 2004 Dans le parc du domaine de Chamarande et plus particuli rement vus du ciel ces surfaces imbriqu s s affrontent en nous laissant imaginer tout le sel d un jeu aussi raffin symboles sens affrontement Un terrain de foot professionnel mesure cent dix m tres sur soixante quinze m tres Ces proportions tonnantes pour qui n est pas joueur n cessitent une tendue immense impossible d embrasser d un coup d il moins de s en trouver une distance suffisante et en hauteur Marie Denis nous offre l opportunit tonnante de pouvoir le voir d en bas en tra ant sur la pente du Parc Olympique de Munich Inclinaison 2003 De plan cette surface devient sculpture inclin e anim e des efforts d sesp r s des joueurs pour y mener un match
45. is confectionne des post it g ants o des photos imprim es pleine page forment un inventaire sous forme d instantan s des projets envisag s par l artiste pour transformer durablement le parc du domaine Projets r v s 2008 Ces simulations photographiques se rappellent au bon souvenir de leurs r alisations ventuelles et nous font r ver au puzzle et an pantone de bois qui se jouent de l exposition de la pelouse au soleil afin d y inscrire leur motifs mobiles aux arbres dont les cimes immenses se rejoignent pour former une tonnelle aux arbustes plant s en huit pour m ler leur croissance en une spirale infinie au pot g ant de l arbre compos de centaines de cerceaux color s fertilisation r ves urbanisme Le r ve se partage Pour mieux r ver une ville Marie Denis organise un atelier origami base de feuilles cigarettes et mobilise les volontaires pour re cr er la ville la mesure de l agilit de leurs doigts La Maquette 2005 urbanisme collectivit maquette Mais les villes en chantier ne se r vent elles pas elles m mes Dans ces moments d entre deux n incitent elles leurs usagers s y projeter et se les approprier Invit e pour une exposition la Villa M dicis Acad mie de France Rome Marie Denis se souvient de l emballage des monuments romains pour les pr paratifs du Jubil e Dans la serre du Bosco elle construit un chafaudage de cartes jouer entourant de toute part la superbe maqu
46. isin o le collectif peut devenir aussi intime et chelle rationalit merveilleux sensible qu une pression de nos doigts l un contre l autre Marie Denis a r uni une documentation cons quente visible sur son site Internet sur la plupart de ses travaux Nous ne pouvons que vous conseiller l issue de ce tour d horizon d explorer son arborescence RODEZ Sandra MONET octobre 2008 Mus e Denys Puech La pens e fraiche de Marie Denis Marie Denis a la main verte C est normal elle a recouvert ses doigts d une peinture si gnal tique routi re du meilleur effet de couleur ver te donc histoire d imprimer sa marque la fois sur le dos sier de presse et surtout sur l exposition qu elle vient de donner au mus e Denys Puech En un peu plus de quatre mois de r sidence la jeune ar tiste volubile et ondoyante aura su se couler dans la vie ruth noise et en retirer quel ques belles r alisations qui font la part belle aussi bien au v g tal qu aux plumes d oiseau D ailleurs pour rester dans la m taphore picturale alors qu elle ne peint pas Marie pr cise volontiers qu une exposi tion qui r sulte d une r siden ce sent la pens e fra che La sienne en tout cas est joli ment virevoltante et elle est all e se nourrir de quelques rencontres dans les rues de la ville ainsi que de l apport c t technique des compagnons ma ons ou de quelques arti sans
47. me pulsatif comme un flux sanguin d id es Une id e arrive d un ensemble d cha nons d impressions qui alimente un courant qui va se cristalliser et devenir l uvre c est l histoire du mille feuille qui de par sa stratification prend toute sa saveur Son travail porte entre autres sur des principes biologiques Elle aime que le v g tal ou les l ments naturels se d ploient dans leur propri t et leurs caract ristiques telle ou telle vari t de plantes qui par sa particularit permet un prolongement qui renforce et extrapole son existence sa r alit comme la Licuala aux feuilles cannel es qu elle habille d un cache pot g ant en affinit avec le pliss de ses feuilles ou encore l Aucuba Japonica dont le feuillage panach de jaune semble prolif rer aux alentours par de la peinture qu elle r pand Le spectateur se trouve alors face une proposition qui donne un point de vue particulier et qui est propos d largir sa perception Ainsi elle exploite le principe de fertilisation avec de la farine qui est un engrais naturel qu elle inscrit dans l espace public le paysage ou bien des pochoirs qu elle installe dans des jardins qui en obstruant la photosynth se cr aient des zones de blanchiment de l herb Sur l le de Vassivi re Marie Denis con oit If pollinisation sculpture exposition bas e sur le principe act
48. mpagn e Et l il faut trouver les bonnes personnes pour pouvoir donner corps ses id es L artiste Bertrand Lavier dit mon atelier ce sont les pages jaunes c est un bon constat les artistes sont tr s d brouillards comme certaines plantes c est une vari t r sistante il y a toujours un moyen d y parvenir l artiste est adaptable et fonctionne aussi par r seaux Je fais galement beaucoup confiance au hasard par exemple quand je d busque un objet ou des l ments qui m int ressent je peux parfois les acheter compulsivement en pensant qu un jour ou l autre ils feront uvre au moment ad hoc Et je rebondis selon ce principe de ricochet tel mat riau renvoie tel autre je discute beaucoup avec les artisans avec qui j ai d j r alis des projets tel corps de m tier me parle de tel sp cialiste et fournisseur etc Il faut bien s r galement beaucoup monter au cr neau convaincre de l impossible par t l phone Ce qui m int resse dans ces rencontres c est une forme de dialectique le fond donne de la forme mais il peut y avoir des changements en cours de route La pratique de l art aujourd hui c est se d mener tout le temps R D Que raconte votre art MD D s l instant qu une uvre existe elle donne si ce n est une r ponse au monde elle en propose en tout cas un tat sensible La forme artistique participe d un positionnement dans la soci t toujours E
49. n lieu clos elle cr e par un truchement plus technique un orage artificiel pour la serre amazonienne de Montpellier Orage artificiel 2008 La vid o qui en r sulte montre un environnement prot g devenir la cible d un cataclysme trangement domestiqu ph nom ne m t orologique orage ph nom ne physique Dans le tumulte de la ville une cabine t l phonique petite architecture de verre au format individuel peut s av rer tre une halte pour des amoureux passionn s Sous un titre ponyme la c l bre sculpture de Rodin montrant un couple enlac Marie Denis photographie une cabine t l phonique la bu e suggestive Le Baiser 1997 La condensation sur les vitres est la seule trace des effusions du couple qui y s journait quelques instants plus t t ph nom ne physique bu e trouble C est aux souffles non de la chaleur mais du froid que r agissent les parterres de plantes install s par Marie Denis dans une serre lumineuse Mimosa Pudica 1996 Le Mimosa Pudica referme instantan ment ses p tales pour se prot ger des souffles d air froids faisant du m me coup baisser rapidement la luminosit ambiante Ces parterres sensibles forment des tapis anim s leur pudeur baignant l atmosph re du lieu d une lumi re tamis trouble pudeur r action Marie Denis utilise galement trois cabines t l phoniques comme serre individuelle pour mailler la ville de plantes de climats vari s Microclim
50. oir fertilisant de la farine Cette grande t che projetait en plein c ur d Orl ans la terreur de tout jardinier celle d une herbe mal entretenue Marie Denis a exploit plus violemment encore cette atteinte une nature polic e sur une pelouse parfaitement entretenue du jardin de l Ev ch bord e de parterres fleuris Elle y a d ploy et ferm en alternance et sur quinze jours des crans fonctionnant comme des pare soleils Des zones plus ou moins d chlorophyllis es et donc jaunes sont apparues renvoyant une herbe attaqu e par la s cheresse priv e d eau Acceptable dans les jardins publics qui par leur perfection doivent t moigner de la qualit de la collectivit qui les g res une poque o le propre l ordonn et le surveill tiennent lieu de politique d am nagement urbain et social ce geste prend une toute autre dimension Pour faire vivre la ville ne vaudrait il pas mieux laisser les herbes folles prendre du large et r exploiter sans les d truire les zones d laiss es comme cette dalle de b ton dans un terrain abandonn sur laquelle Marie Denis a dessin un lasso en colle synth tique et vers dans ses m andres de l eau miroir du ciel Camille de SINGLY Texte pour la revue Multiprise Midi Pyr n es parue en d cembre 2008 Pour l Exposition Denys Denis Marie Denis au Mus e Denys Puech Rodez d cembre gt mars 2009 Dresser une colonie de coccinelles vivantes pour jouer aux
51. ouille se d pose afin d tre restitu e ludiquement ceux qui n y voyaient jusque l qu une architecture vestige Son atelier aussi Opera dont les fen tres d mont es et ouvertes sur le Muro Torto transforment radicalement la perception de la beaut fig e du paysage en un enfer moderne urbain et bruyant l essence du dilemne romain en quelque sorte Que ce soit donc pour magnifier ce qu elle a emprunt son environnement direct ou pour en d signer les contradictions ou les tares le travail de Marie Denis est vigoureusement pr dateur mais elle restitue toujours un quotidien que l on n avait pas su voir apr s l avoir pass au filtre de son travail elle lui donne un sens Et l r side sa g n rosit Catherine BRICE CASCADE DE FARINE 2006 Quelle que soit l interpr tation de chacun relativement au devenir de nos villes ville compacte ville r seau l art contemporain peut aider se rep rer dans les dynamiques en jeu ainsi que dans les volutions en cours En s attachant moins la production d objets ou de formes qu aux relations des citoyennes et des citoyens entre eux il refonde la position du spectateur qui est amen s interroger notamment sur sa possibilit d intervention dans les d cisions des affaires le concernant Le spectateur n est plus concentr sur ce qu il voit sur ce qu il ressent sur ce dont on lui demande d tre la complice mais sur son r le dans le fonctionnemen
52. p tuel Nous allons tous vers quelque chose Par del sa propre vie l artiste hors de lui met des formes et des messages qui a mes yeux civilisent la vie Interview impromptue 2009 avec la fille de Isabelle de Maison Rouge Rapha lle Delplanque autour de l id e des r sidences d artistes quel en est le principe comment les vivez vous Marie Denis j aime ces programmes qui me semblent une forme d cosyst me humain et de production d terminant pour les artistes Dans ce cadre l artiste est en pleine possession de ses moyens tout en tant contraint par de l organisationnel et de la gestion administrative Car sa vie ne se situe pas que dans la sph re cr ative elle est de plein pied dans la r alit celles de la concr tisation de ses projets et celle de leurs visibilit s Qu est ce qu une bonne id e La bonne id e ne suffit pas C est pour moi un ricochet psychique une chose qui vous am ne une autre Ce sont des images qui se t lescopent et de ce r bus surgit l id e et la forme Pour que cela arrive point il faut se d gager du temps et donc avoir une t te disponible L artiste est souvent sur plusieurs r alisations en m me temps c est plut t schizophr ne mais riche Ce sont ces convergences de recherches qui alimentent chaque projet R D Comment travaillez vous MD Chaque projet est diff rent dans son processus Je travaille soit seule soit tr s acco
53. pour moi comme l hu tre fait sa perle un accident qui produit un enchantement C est cette alchimie que je cherche chaque fois Avec une pr dilection particuli re pour l univers v g tal j uvre dans un processus d observation de la nature sous sa forme culturelle c est dire revisit e par la main de l homme Et j aime aussi l id e que la nature n ait pas de morale qu elle ne soit ni bonne ni mauvaise mais juste in luctable Il y a plusieurs ann es que je d veloppe une ph nom nologie v g tale collecte de plantes domestiques que je pr sente en serre collective comme autant de portraits des pr teurs de plantes d tournements de ph nom nes de diff rentes vari t s hybrides et panach es des herbiers in dits via le fax ou le support diapo P G Quels sont les moteurs de votre travail M D Le plaisir la r ciprocit les lectures et aussi les magazines de d tente les courses les gondoles de supermarch s la rue les parcs la nature les regards les wagons de train et de m tro les trajets avec le d filement des paysages qui donnent des id es les souvenirs et strates d enfances l Ard che la gourmandise l introspection les r miniscences Cela donne souvent lieu des sculptures et des objets qui prennent des formes et des techniques tr s vari es comme des installations photographies et vid os emprunt es au sport au quotidien et l art des jardins Des pratiqu
54. quelques 600 plumes de paon un masque primitif qui emprunte au mim tisme animal et joue d une double ambivalence A l image de la parade du paon en effet l uvre est aussi s duisante qu intimidante Ou encore cette Sansevieria g ante une plante aux feuilles cierge r alis e en cuivre par un m tallier compagnon du devoir que l artiste ram ne par un proc d d oxydation acc l r vers l aspect panach du v g tal original Vient enfin Abscisse un standard une de ces uvres que l artiste r active continuellement dans sa forme sa mati re et sa commodit Ce meuble pr sentoir fa on porte bouteille de Marcel Duchamp orthonorm supporte 4 projecteurs diapos qui n ont rien d autre projeter que leur propre luminescence Avec cette exposition Marie Denis op re un virage 180 Se r partissant une fois n est pas coutume de l vitement de l instabilit et du transitoire auxquels ses uvres nous avaient habitu es l artiste incarne tout ce qu il y a d artifice et de g nie en pays ruth nois comme interroge les fondamentaux d une certaine forme de sculpture contemporaine post pop d tournement de l objet t lescopage des mat riaux rapports d complex s l artisanat prolongement culturel des uvres dans leur relation au contexte de cr ation tissent un lien captivant entre fiction et r alit Magali GENTET Un panorama du travail de Marie Denis une association d id es en 78 uvres
55. r l envol que suscite initialement la surface rebondissante Double Landscape en sucre 2008 Objet impraticable le trampoline ainsi cristallis propose un autre type d envol dessinant en creux un paysage de sucre qui appara t lentement sur le sol tamis par sa toile et ses ressors Saupoudrage sucre morceaux de sucre Pr levant dans la ville d Orl ans quelques baliroad ces balises modulables qui r gulent la circulation autour des chantiers Marie Denis les recouvre d une couche homog ne de sucre et les agence en quilibre spontan Cristal Baliroad 2005 Devenus morceaux de sucre g ants ces balises la surface poudreuse et granuleuse nous ram nent la table de cuisine sur laquelle les enfants lancent des chantiers imaginaires avec quelques morceaux de sucre pour briques morceaux de sucre assemblages chantier C est pour former cette fois un paysage l chelle de la salle d exposition que Marie Denis loue quarante quatre bancs moul s en Granito qu elle ajuste dos dos et c te c te en une gigantesque lame de fond aux multiples cr tes Les Vagues Granito 2005 Ces l ments de mobilier quotidiens au Cambodge pr sents dans l espace public et dans les jardins priv s font merger une sculpture ondulante monobloc et accueillante espace de jeu ou de repos chantier bancs publics mobilier urbain Hors de la salle d exposition hors de la ville Marie Denis confronte dans un pr en ple
56. rme donne du fond au projet et a se voit C est ce qui fait qu une uvre est habit e La sculpture est pour moi affaire de d veloppements C est une qu te attentive habit e empathique et humaine de formes d tourn es de t lescopages intr pides qui kal idoscopent la r alit des fins de prises d espaces fortes par l apparition d assemblages in dits en dialogue privil gi avec des corps de m tiers sp cifiques m tallier osi riste compagnons du devoirs entreprises de fournitures agricoles Cette revisitation des savoir faire est aussi un recyclage des cultures populaires comme l art de la fleuristerie l osier la sculpture avec des mat riaux d tourn s et ph m res comme le sucre les buis ornementaux d une place de ville etc Mes formes op rent par le truchement de collages de d tournements de d rives et vont acqu rir une vie propre comme par exemple ici avec une interpr tation extrapol e de la roue de Paon Ou les buis du parvis de la cath drale qui sont pr sent s en crin king size ou les plexi hublots d mont s de l ancienne piscine Tournesol qui deviennent un pantone nacr une l vation h lico dale r miniscence de cette belle piscine disparue J aime l id e que l inconscient impulse des signes qui prennent formes que tout ne soit pas jou que ce soit une extrapolation psychique et technique qui produise une mat rialisation qui fait uvre pour le spectat
57. s trop tard Marie Denis confronte le vivant l architecture The Village The Hill sont deux petites maquettes faites de diapositives coll es et agenc es en cubes la lumi re vient du sol et r v le la nature de leurs murs un herbier La proposition a force de manifeste un plaidoyer pour la pr sence de l immat riel et du vivant dans l architecture dans l organisation sociale de la vie mat rielle Ne veille pas trop tard est la maquette d un sol elle synth tise le programme de l artiste la fonction des ouvertures et du sol est invers e la lumi re entre par le sol et les ouvertures portent les traces du vivant Pour sa premi re exposition personnelle la galerie Kernotart Marie Denis a choisi le titre de Curiosit s Curiosit comme objet tonnant indiscr tion et d sir de connaissance elle pose le m lange des r gnes comme une alternative leur connaissance leur rencontre Juliette Cortes Paris 2010 Pa Kapab l mor san avoir s y pas capable est mort sans avoir essay proverbe cr ole r unionnais Met ton c ur l aise proverbe Carolor giens Charleroi Autres extrait d changes 2008 gt 2009 Extrait de l change avec Pascale GROSSETI dans le cadre de la r sidence la Galerie d O Montpellier 2008 P G Parlez nous de votre travail artistique M D Ma pratique se nourrit de toutes les stimulations les impressions vives irrationnelles et concr tes de la vie qui sont
58. ses propres uvres comme dans un catalogue exhaustif et pour tant volutif fond sur un corpus initial Azul qui recompose ces plumes de paon qui avaient t pr sent es ailleurs et diff remment la base masque de l uvre initiale est devenu un ensemble de socles banquettes car la possibilit de s asseoir dans les expositions lui est ch re Ast rix spirit o ne restent d une uvre pr c dente que deux ailes d ange ou encore Diapositive massive objet qui a migr du symbolique au pratique et qu il faudrait rapprocher de La main de Fatma pour recomposer la pi ce initiale Ici prise dans les lamelles de verres au format diapo nous sommes c est l ironie de la chose face la maquette d un monument en devenir mais qui tient dans la main Ces objets ces sculptures que Marie Denis nous propose sont dot es d une forme de vie qui leur est propre Une inqui tante tranget souffle aussi sur cette exposition Les uvres nous sont famili res et pourtant nos rep res sont troubl s Car ces pi ces sans cesse r g n r es ont un impact in dit et irr sistible Ce travail met en vidence le geste de l artiste inventer proposer puis d construire pour r inventer Il y a l un vertige des possibles fix un temps dans cette exposition Catherine Brice
59. ss es la main Mireille 2005 Celui ci offre une corolle g ante aux feuilles qui s panchent en bouquet modifiant la structure m me de la plante qui semble s agrandir et s lancer plus haut camouflage mim tisme point de vue Marie Denis sait que tout est souvent une question de point de vue et de contexte Elle installe dans la salle d un ch teau des cerceaux blancs retenus ensemble par des attaches polymiroir sculpture g om trique qui voque un bracelet g ant Le bracelet de la Sir ne 2006 Cet accessoire f minin se destine par son titre une sir ne de passage dont l ambiance de contes de f es est rehauss e par les cerceaux issus du monde de l enfance point de vue perspective chelle Cette m me sir ne peut se parer d un collier Le collier de la Sir ne 2006 Utilisant une nouvelle fois des mat riaux bruts Marie Denis enfile comme des perles g antes des boules de polystyr ne destin es aux compositions florales sur un filin m tallique Cette sculpture d rive au gr s des courants se suspend aux arbres ou se pose dans la nef d un temple dans le cadre d un programme d exposition itin rantes avec le Centre de Cr ation Contemporaine de Tours La Sir ne du Mississippi chaque installation elle convoque du merveilleux dans son abandon nous faisant imaginer le geste nonchalant de la sir ne qui l aurait oubli l Finissons par une fin qui est aussi le d but le monde dans un grain de ra
60. t de la ville et de son urbanit Christian Ruby a demand Camille de Singly de nous rapporter l exp rience entreprise par l artiste Marie Denis Orl ans Au printemps 2005 Marie Denis a travaill pendant trois mois Orl ans dans le cadre de la r sidence Mixar Cr e en 2003 par deux associations orl anaises Labom dia et Mixar cette r sidence offre un artiste les moyens de produire une uvre dans l espace urbain Avec son installation sonore Lignes d air 2003 Dominique Leroy avait investi un n ud de circulation bruyant et sans attrait situ en p riph rique Invit e dans la deuxi me dition Marie Denis s est int ress e aux zones vertes d Orl ans La nature dompt e des parcs et des jardins et les folles herbes et r sistantes des terrains vagues ont ainsi accueilli les performances sculptures de la jeune artiste n e en 1972 questionnant les oppositions entre nature et culture libert et contrainte campagne et ville Pour Cascade de farine Marie Denis a investi un pan de gazon situ en plein centre ville au pied de la cath drale dot d un statut mixte entre le champ d herbe libre auquel il emprunte l absence de barri re et l ouverture au pique nique et le gazon d un parc comme lui il b n ficie d un entretien par les services techniques de la ville L artiste y a d vers 400 kg de farine dessinant une cascade blanche qui est devenue vert fonc au bout d une semaine gr ce au pouv
61. t je crois en une forme d hell nisme en une vertu de la beaut une id e du beau des mat riaux et des formes Par mes propositions de d placement et de d tournements des mat riaux de leur usage j apporte une mani re de r g n rer le regard de celui qui d couvre l uvre Il lui faut plusieurs regards J aime aussi l effet de surprise et le plaisir qui en d coule C est important aussi cette id e de plaisir dans l uvre Ce que je propose c est une mise en d route du spectateur mais aussi une mise en lumi re quand il se dit ah mais oui Je comprends ce r bus Je cherche po tiser le r el C est une nourriture Mes formes sont des propositions de ma perception de la r alit C est un ferment pour le spectateur mes propositions structure son regard culturel Je vis l art comme un change perceptif R D J ai vu que vous aviez affich une photo d un d fil de Martin Margiela qu est ce que vous en pensez Et de la mode en g n ral MD Margiela et Victor amp Rolf et bien s r Gaultier j adore pour moi ce sont des plasticiens et des sculpteurs du v tement ce sont de g niaux d tourneurs cette mani re d autopsier le v tement de le d couper de d faire les points d utiliser si sensiblement le recto du verso le verso du recto r inventer les mati res a m int resse beaucoup a nourrit l artiste qui a besoin de vecteurs clectiques C est important de sortir de sa se
62. te assiste un concert de feux d artifices Elle r it re ce voyage cam ra au poing pour enregistrer en un long travelling les d tonations secousses et d flagrations explosives d une ligne de temps remodel e par cette g ographie pyrotechnique 261 2004 Vacarme train en marche d placement dans le paysage Bien install s sur un tourniquet ing nieusement fix derri re la fen tre ouverte qui embrasse le paysage de Mont limar nous pouvons progressivement perdre la t te en tournant au rythme chevel de Contrappunto dialetico alla mente de Luigi Nono Contrappunto 2000 Le travelling lie cette fois le dedans et le dehors la course de notre tourdissement et celle des notes d placement dans le paysage tourniquet panorama Sans que nous ayons nous mouvoir l espace clos d un lieu d exposition peut procurer l impression d un mouvement arr t en pleine fuite Marie Denis fait entrer une nouvelle fois en relation l int rieur et l ext rieur en recouvrant totalement un mur de bandes de scotch horizontales de mani re ce qu elles semblent un prolongement des raies de lumi re qui s chappent des persiennes semi ferm es Tape 1995 Discr tement la diffraction de la lumi re mat rialis e nous entoure alors de toutes parts panorama persiennes lumi re filtr e l issue d une conf rence donn e sur son travail Marie Denis intervient directement et en direct sur les fen tres de l espace de
63. u rir plusieurs l univers v g tal on a pu voir son uvres qu il affichera sa guise travail entre autres la Maison sur le e paper A suivre B G rouge aux Jardins de Chaumont au 1 14 rue Saint Claude 3 4306 587 3 parc de la Villette ou au CIAP de l le er wwwgaleriealt berceau om Feuilles de Marie Denis avec la collaboration de Galarno et Tebaido T l Obs 19 Les yeux derri re la t te exposition personnelle Galerie Alberta Pane Paris printemps 2011 Texte de l exposition En art depuis des si cles les uvres sont l objet de r emplois constants Les marbres des temples romains finissent dans les palais aristocratiques les colonnes antiques dans les glises le Temple de la Grande Arm e devient l glise de la Madeleine Cette d marche qui pouvait aussi bien tre utilitaire prenait parfois des aspects symboliques ainsi r employer des bas reliefs romains permettait la famille florentine des M dicis de rentrer dans la romanit si l on peut dire de se l approprier et d en tirer une nouvelle dignit Le r em ploi tient de la n cessit tout autant qu il participe du symbolique Pour Marie Denis le r emploi est une pratique mais aussi une n cessit rig e en pratique Une pratique inscrite dans le temps Le r emploi c est tout la fois d tourner la valeur d usage d un objet volontairement ou non retravailler des uvres existantes en les r inventant ou enfin reproposer
64. u domaine d partemental de Chamarande Marie Denis utilise une nouvelle fois des cerceaux pour chafauder une structure auto port e Issimo 2006 Ces quatre vingt neuf cerceaux se d ploient sur plus de trois m tres d envergure fleurissant comme une orange vid e dans l espace d exposition quartiers orange vitamine Non loin de l semblant y superposer sa chair juteuse une vid o psych d lique nous entra ne dans des effluves effervescents Vitamine C 2006 Le zest d orange film en gros plan palpite dans le cadre et contamine les murs de ses clats orang s vitamine effervescence effusions La contamination de l espace se fait discr te mais terriblement perturbante autour de l arbuste d Aucuba Valentine 2005 Avec cette plante sont livr s cinq centilitres de peinture Dulux Valentine et un pinceau pour recouvrir le sol d clat quivalent au panachage des feuilles La plante semble avoir contamin le sol ou avoir t absorb dans les t ches environnantes effusions d bordements peinture hors cadre Avec l arbuste d Aucuba cambodgien aux feuilles beaucoup plus longilignes les t ches de spectrol semblent avoir t tamis es au dessus de la plante Spectrol 2005 Les t ches artificielles et naturelles se confondent indiscernables peinture hors cadre continuit camouflage Un mim tisme formel lie les feuilles pliss es de la plante Licuala a son cache pot en feuilles de calques pli
65. ule diaspora et d tre en mulation d poque de g n ration se nourrir en voyant bon nombre de regards diff rents L objet de la semaine par Bernard G ni s Les visiteurs du dernier salon Drawing Now qui s est tenu au Carrousel du Louvre la fin du mois dernier ont eu la surprise de d couvrir sur le stand de la galerie Alberta Pane 1 une uvre pas comme les autres Pr sent e l int rieur d un cadre de bois clair elle donne voir des feuilles de v g taux sur fond gris comme s il s agissait d un dessin Mais pass es quelques secondes les feuilles disparaissent avant que le support se recharge nouveau comme une de Vassivi re a pass des feuilles de plantes dans un fax L preuve obtenue a t ensuite scann e et le fichier num rique obtenu t transf r sur un support contenant des microcapsules l int rieur desquelles des particules mobiles remplacent les traditionnels pigments imprim s Cette uvre unique qui pour le moment est un prototype est propos e par la galerie Alberta Pane au prix de 1 800 euros Rien n interdit de penser que dans les page d internet pour les faire mois ou ann es venir cette r appara tre Comment a marche technologie d j utilis e sur les Au d part il s agit d une pi ce liseuses se d veloppe r alis e par Marie Denis L artiste permettant par exemple un dont on conna t la pr dilection pour amateur d acq
66. ull en acrylique pendant trois jours dans sa machine laver L hu ftre 1999 L eau qui l a remu en tous sens a petit petit s par les mati res textiles qui le constituaient faisant na tre de petites perles blanches et parfaitement rondes que l artiste a collect comme autant de bijoux spontan s perles accident production aquatique Pour tre un agent de la transformation aquatique l artiste plonge elle m me dans les eaux troubles du Rh ne pour broder et tresser fugitivement les algues affleurant la surface ondulant sans cesse La brodeuse d eau 1995 2006 Cette performance photographi e par son amie Nathalie Prally nous immerge dans un monde en suspension o les gestes se font et se d font sans cesse Les textiles volatiles s vaporent tout la fois cr s et emport s par les mouvements de l eau production aquatique algues mouvement de l eau Attentive aux environnements et aux strates d histoires qui impr gnent les lieux Marie Denis recr e m taphoriquement l onde agitant la surface d un lavoir en comblant son vide de sable aras agenc en volutes color s My Mandala 2007 Le mot mandala d signe toute figure g om trique apparent e au cercle mais galement une structure et une forme d organisation L atmosph re particuli re du lavoir lieu de rassemblement et de travail domestique semble suspendu dans ce mouvement d eau fig aux courbes d sormais muettes mouvement de l eau sable
67. ve de discipline impossible La patience d ploy e pour finalement r ussir les aligner selon un ordre ph m re est manifeste dans la premi re photographie et ce qui appara t dans la seconde o les coccinelles s enfuient en tous sens est la consid ration de leur r bellion et de l ordre autrement plus al atoire qu elles cr ent de leur propre chef trajectoire ordre dispersion Cet parpillement naturel se retrouve dans une vid o qui filme de dessous deux cigarettes qui se consument jusqu ce que leurs corps de cendre semblent fleurir Floralies 2003 La musique puissante qui accompagne leur transformation voque l croulement la chute mais aussi la beaut d un drame qui fait surgir des fleurs volatiles la constitution fragile dispersion croulement d chet Au Cambodge l artiste a observ et photographi l omnipr sence des sacs plastiques qui utilis s de fa on permanente se diss minent dans le paysage qu ils envahissent litt ralement l tat de d chet L image d un d tritus emport par le vent offre l image d une vanit contemporaine rebut de la soci t de consommation la parasitant insidieusement Rassemblant un kilo de sacs de diff rents formats et couleurs Marie Denis confie une jeune couturi re Mademoiselle Choura le patron d un cas g ant qui jouant plein l id e du recyclage serait constitu de cette multitude de sacs plastiques color s scotch s ensemble Mademoiselle

Marie Denis If

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