Une présence incarnée. Patricia Bosquin
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1. des moments de passe Pourtant il y e t un acte d cisif de l analyste qui marqua un avant et un apr s La fin de l analyse releva d s lors d une d cision de m emparer du savoir du savoir y faire afin de m en servir Dans ce fil la passe constitue pour moi la v rification et ensuite la mise l preuve du passage de l tre du d sir qui ne sait pas l tre qui sait la singularit de la cause de son d sir Aujourd hui je me propose d hystoriser ce qu il en f t pour moi des mergences du d sir de l analyste jusqu l acte dont il est finalement issu Ma cure analytique m a conduite tr s rapidement pratiquer dans une institution psychanalytique On y trouvait au c ur de ce qui la fonde le d sir d cid d un psychanalyste lui m me orient par le d sir de Freud de Lacan et de Jacques Alain Miller D un autre c t je faisais la rencontre avec la psychose infantile en institution Je m attelais dans le cadre d une pratique plusieurs un travail de secr taire actif aupr s d enfants t moins d un rapport l immanence d un Autre fonci rement f roce Je recueillais traits disparates gribouillis mots isol s Autant de traces infimes susceptibles de trouer le silence de l Autre et donner corps ces enfants morts la parole La discipline d asc se qui consistait effacer le trop de pr sence du corps de l intervenante que j tais alors n impliquait p2. analyste laquelle conduit l amour de transfert et l objet petit a Consentir cette op ration de s paration qui se d duit de l acte analytique c est consentir au constat d un je suis a La jouissance gourmande qui s emparait de la douleur d exister avait fait support l id al du sauveur qui m avait anim e Elle avait pris ses racines dans l histoire contingente de mon enfance o aspir e par le drame des femmes laiss es pour compte de la lign e maternelle j avais tent un appel incessant au p re L analyste par sa pr sence et l instauration de l amour de transfert avait r pondu cet appel que l Autre r ponde me parle Mais c est dans ce moment inoubliable o dupe de l amour que je lui portais que se manifesta pour moi le d sir de l analyste dans ce qu il a de plus radical et o sans frein sans dosage ni m nagement je fus pingl e mon mode de jouir singulier j tais cette petite fille gourmande du rien amoureuse d un p re fascin et impuissant Il me fallut un certain temps pour consentir cette interpr tation qui venait de d ranger le point d o je m tais vue et crue aim e Ce consentement me permit de d gager ma pratique d une jouissance moi m me ignor e L analyse prit encore un long temps avant de s achever Mais je savais dor navant form e par mon exp rience analysante ce qu il en tait du d sir de l analyste qui a
3. tenir une distance entre l Id al et l objet a cause du d sir Que reste t il de ce moment apr s l analyse Quel autre usage s offre t 1l ensuite au mode de jouir ainsi d busqu C est l que l analyse du maniement du sympt me commence Et c est ce maniement qui s est cl t sur une satisfaction d un savoir y faire Dans ce moment de la fin il n tait plus question de travers e mais plut t de serrage et de r duction C est comme si je tenais la fa on d un casse t te chinois le noeud en main et le mode d emploi pour le d nouer quand il coince Aujourd hui de la bouffeuse d motions il me reste comme un tampon un cachet un made in Germany venu tamponner pingler une jouissance qui chappait mes dits analysants jouissance qui ne se n gativait pas force de parler mais au contraire se positivait s isolait s entendait mon insu Cette nomination in dite inscrit aujourd hui comme un bord un littoral entre les mots de mon histoire et cette part opaque de la jouissance du ravage La bouffeuse d motions par le geste que l analyste a su joindre la parole est devenu la fa on d un trait calligraphique une lettre qui s pare et d partage les eaux Getuigenis gebracht op de studiedagen van de Ecole de la Cause freudienne te Rennes Au d but du XXIe si cle comment na t le d sir de l analyste 10 11 juli 2010 Nog niet verschenen
4. Une pr sence incarn e Patricia Bosquin Caroz Le d sir de l analyste est n de la rencontre avec le d sir de celui qui a su me conduire ce point d incomparable d absolue tranget moi m me que Lacan va jusqu qualifier du terme de saloperie Il n y a pas de d sir de l analyste qui puisse op rer dans une pratique sans que l analyste n ait lucid son rapport son inconscient discours de l Autre et appareil jouir Comment pourrait il ensuite s y soustraire pour faire place un Qu est ce que a veut dire ou un Qu est ce que a satisfait pour un autre si lui m me n a pas rep r isol les signifiants fondamentaux au principe de son existence et le mode de jouir qui lui est singulier Le passage de l analysant l analyste implique cette bascule du SSS o l analysant passe du manque savoir son tre de jouissance celui qui sait pour n avoir pas recul devant l horreur de savoir Ce gain de savoir mais aussi de savoir y faire avec la jouissance obtenu au terme de mon analyse me permet aujourd hui de m effacer et tenir distance ce qui dans la rencontre avec un autre sujet pourrait faire vibrer mon inconscient Ce passage de l analysant l analyste dans le changement de statut du savoir qu il comporte ne s est pas produit d un seul coup sous la forme d un blouissement mais plusieurs reprises Ces passages l analyste quivalent
5. as pour autant de laisser ces enfants seuls leur ritournelle infinie Nous tentions dans un doux for age nous introduire entre leurs S1 d sarticul s afin de produire une br che propice l mergence d un indice du vivant Mais qu est ce que je leur voulais ses enfants C est une question qu un coll gue m adressa interpell par l enthousiasme qui m habitait d j mon tour interloqu e par sa question comme prise en flagrant d lit d un d sir moi m me m connu j en fis part mon analyste qui du tac au tac me r pondit le d sir de l analyste Cette intervention e t une double port e celle d abord de sceller le d sir du travailleur d cid selon l expression de Lacan Ensuite elle e t l effet d carter toute tentation la pente identificatoire l analyste et d indexer un d sir celui de l analyste d obtenir la diff rence absolue Ma position aupr s de ces enfants participait d j de celle du scribe qui accueille le trait distinctif faisant que l un n est nul autre pareil Ce d sir n tait pas n ex nihilo Il avait merg de mon analyse qui me mettait l preuve de parler et de lier les signifiants particuliers mon histoire Il se noua rapidement celui de ma formation et du contr le Il m amenait aussi rendre compte lucider pour moi m me et pour la communaut analytique ce qu il en tait de cette discipline de l e
6. ffacement de soi qui produisait des effets sujet in dits Le d sir de savoir la v rit de mon tre s articulait dor navant celui requis de l analyste qui comme le souligne Lacan a savoir dans le proc s o il conduit son patient autour de quoi le mouvement tourne Il s agissait pour moi dans ce travail avec la psychose en institution d un premier coup d acc l rateur port ce d sir de savoir Mais ce que j ignorais alors c tait la cause intime qui m attachait cette pratique Ce d sir se fit plus d cid encore lorsque je fus d sign e passeur Cette fois ce fut sur l aper u d un mode de jouir qu il fit fond apr s qu une interpr tation ait d jou l impact mortif re d une identification sacrificielle Ce premier consentement au vacillement d une identification phallique me permit de consentir occuper pour un autre une place d analyste Je m y autorisai Mais surtout je fis une d couverte C est dans l exercice m me de ma fonction de passeur o il s agissait de se d prendre du manque tre pour faire passer les dits d un autre qui sait qu mergeait un d sir in dit celui de savoir la vis e d une exp rience analytique men e son terme partir de ce moment la cure analytique devenait le lieu m me de ma formation Il y avait l pour moi un nouage in dit qui liait l intime de l exp rience au savoir requis de l analyste Le d sir d cole nai
7. ge me permettait d j une certaine d prise mais est ce que cela satisfaisait au d sir de l analyste Certainement pas Si j ai choisi ce titre Une pr sence incarn e au regard de celui des Journ es c est parce qu il m est venu d embl e avant m me que mon intervention ne soit crite ou m me pens e Je me souvenais en effet d une interpr tation majeure qui impliquait la mise en jeu du corps de l analyste Elle voquait pour moi ce que comporte d intraitable ce d sir de l analyste d obtenir la singularit absolue D s notre premi re rencontre l analyste proc da une destitution subjective Il fit vaciller la construction qui manait d une premi re exp rience de la passe Il s agissait cette fois d aller au del du p re Donnant tout son poids l nonc Mais bien s r vous tes ce jeune homme mis mort il fit appara tre la vanit de la brillance phallique que je tirais de mon identification christique et d nudait du m me coup l objet qu elle voilait la jouissance sacrificielle de l corch e vive partir de ce moment de vacillation des semblants phalliques une autre partie allait se tramer celle de la r p tition infernale d un mode de jouir C est l qu allait surgir la fa on d une inqui tante tranget la puissance de ce que serait pour l analysante une interpr tation d terminante Une interpr tation qui me laisse encore aujourd
8. hui comme une marque ind l bile une image jamais grav e celle du visage grima ant de l analyste mimant la chauve souris s emparant de tout ce qu elle pouvait grignoter Celle aussi d une nomination in dite qui fusait alors Vous tes la premi re bouffeuse d motions rencontr e dans la clinique L analyste par son acte venait de donner corps ce qui se faufilait entre les mots dans l espace vide des signifiants de ma parole analysante les larmes L prouv en fut alors comme une op ration vif qui m arrachait violemment mon sommeil au principe de plaisir de la satisfaction que me procurait le sentiment d tre aim e de l analyste Je r vais d un amour r ciproque un amour id al suppl ant au non rapport sexuel qui avait pour moi les couleurs du ravage amoureux Je vivais ce leurre de l amour transf rentiel satisfait quand l analyste frappa par surprise Il creusa alors le trou que j avais tent de remplir par mes larmes vide de l objet dont la pulsion orale faisait le tour sans r pit Lors de mon premier t moignage je nommai cette op ration analytique d busquer la jouissance orale gourmande L v nement de corps qui y r pondait tait comme une sorte d extraction de trou creus dans ce plein de jouissance L analyste en faisant sauter le bouchon de la castration avait fait appara tre un vide un creux Il avait su par son acte tenir cart l identification l
9. ssait Il anima ma cure jusqu au bout et sans rel che Jusqu au jour o de tour en tour commen aient s isoler se d tacher les identifications singuli res qui avaient fait la trame de mon existence Elles se resserr rent autour de la figure christique qui avait donn corps d homme ma f minit et qui avait habill mon amour increvable pour le p re mort le p re id alis jamais gal J avais v n r la passion du christ mis mort celle ensuite de la passion amoureuse qui me ravageait La jouissance sacrificielle avait trouv l le lit de sa satisfaction D une certaine fa on je savais que la poursuite de mon analyse la r fr nerait Est ce que je le voulais vraiment Ce qui m aimantait faisait la fois ma douleur et ma satisfaction et a voulais je vraiment le savoir Je mis fin mon premier parcours analytique qui laissait pourtant inentam e la jouissance que je retenais encore Je fis une premi re fois la passe et j entrai dans l cole J aurai voulu que le cartel me laisse en paix et ne pointe pas cet inentam qui se cachait derri re mon rempart identificatoire Pourrions nous dire que le cartel tait mu par le d sir de l analyste celui de ne pas reculer devant l horreur de savoir Il fut contagieux Je repris non sans affres le b ton du p lerin Il ne m tait pas permis d asseoir ma pratique sur la seule assurance prise de l aper u de mon fantasme Certes ce rep ra
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