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L`égalité dans la mire, l`inégalité dans la peau

1. En effet il semble que le chemin parcourir soit parsem d emb ches pour ceux et celles qui tentent de mettre en place une organisation conjugale bas e sur un partage des t ches domestiques et parentales galitaire Plus encore des r sultats d tudes empiriques t moignent de l utopie que constitue ce mod le Ainsi on peut se demander quel r le joue cette norme dans la soci t qu b coise contemporaine et quoi peuvent effectivement aspirer les hommes et les femmes qui en sont inspir s au quotidien C est ces questions que la deuxi me moiti du pr sent chapitre tente de r pondre Les pages qui suivent portent donc plus sp cifiquement sur les changements issus de la transformation des r les f minin et masculin dans la sph re domestique La premi re partie a pour objectif de circonscrire le r le r el que joue la norme galitaire dans le quotidien des individus La deuxi me partie vise d crire les nouveaux mod les d arrangement conjugal n s de la volont de vivre ensemble autrement La troisi me partie est l occasion de poser la question de recherche qui constitue l objet de la pr sente tude et de formuler les hypoth ses qui peuvent en d couler 2 1 L galit comme aiguillon Avec cette volont marqu e des hommes et des femmes de se distancier des mod les traditionnels qu incarnaient leurs parents apparaissent les id aux galitaires En effet dans les derni res d ce
2. Il semble premi re vue que les t ches traditionnellement masculines sont les seules qui ne soient pas soumises l imp ratif du partage et plus encore l id al d galit qui r gle la mani re dont les couples abordent leur organisation conjugale En effet tout ce qui a trait aux r parations l entretien ext rieur tondre la pelouse d neiger entretenir la piscine ou le spa etc et aux voitures est presque exclusivement pris en charge par les hommes qu ils soient comp tents ou non en la mati re et qu ils y prennent ou non plaisir Bien entendu les repr sentations traditionnelles jouent pour beaucoup dans le fait que ce soit toujours les hommes qui s acquittent de ces t ches C est d ailleurs le type d activit s pour lequel les r pondants ont le moins de mal exprimer les st r otypes int gr s a a tout le temps t comme a pis je pense que dans sa conception c est une job de gars pis dans ma conception c est une job de gars l Chez nous c est mon p re qui faisait a pis tu sais la poubelle des fois c est vrai que c est pesant l quand c est plein pis a jute pis pis des fois elle elle oubliait aussi C est arriv que moi je parte ou que je n tais pas l Elle elle oubliait Tu sais c est comme quand je suis parti en Asie Elle s est rendu compte qu il fallait les sortir Pis le recyclage Je ne sais pas a a t comme a l Je consid
3. Jessica Si les femmes essaient aussi de s loigner du mod le traditionnel dans leur discours on remarque que celles ci sont soumises une double injonction qui guide leur discours Comme le souligne Serfaty Garzon on s attend encore des femmes qu elles sachent tenir maison et prendre soin des enfants Serfaty Garzon 2008 Coupl e la norme galitaire cette injonction faite aux femmes fait en sorte que celles ci ne doivent sembler ni trop pr occup es par la propret et l ordre ni trop absorb es par leur emploi Dans leur discours cette contradiction appara t avec force Ainsi bon nombre de celles interview es qui ont par ailleurs toutes compl t des tudes universitaires tentent de montrer que leurs aspirations en ce qui a trait au travail ne sont pas un frein leurs comp tences maternelles Lorsqu interrog e sur la mani re dont elle envisageait son r le de m re avant de mettre au monde son premier enfant Mireille r pond Oui affectueuse pr sente Je ne suis pas rong e par la carri re ou une ambition d mesur e Oui je me vois un jour avoir une bonne job J ai quand m me fait un doctorat Je me dis que c est quand m me pour aboutir quelque part d int ressant mais je savais que ma priorit ce serait les enfants Quand tu vois les affaires de bonnes femmes la t l qui demandent de mettre leurs priorit s je pense que la priorit pour moi en ce moment surtout quand les enfants
4. Les femmes sont jalouses et fi res d une royaut qu elles veulent incontest e Serfaty Garzon 2008 94 Nombre de femmes souhaitent donc encore aujourd hui correspondre au mod le d autrefois celui de f e du logis malgr le fait qu elles soient galement appel es jouer de nouveaux r les dans la soci t notamment sur le march du travail C est ainsi qu elles se trouvent prises entre les 39 40 sentiments de surpuissance et d puisement qu elles ressentent la fois une fiert tenir de nombreux r les et une amertume devoir les assumer seules Serfaty Garzon 2008 Cette volont de garder la mainmise sur l univers domestique est associ e au maternal gatekeeping concept labor par Allen et Hawkins Ces derniers le d finissent comme suit Briefly maternal gatekeeping is a collection of beliefs and behaviors that ultimately inhibit a collaborative effort between men and women in family work by limiting men s opportunities for learning and growing through caring for home and children Allen et Hawkins 1999 200 Ce concept englobe trois dimensions sp cifiques D abord il fait r f rence a la r ticence des m res a renoncer a la responsabilit des affaires familiales en tablissant des crit res rigides ce qui peut prendre plusieurs formes la prise en charge de l organisation familiale en planifiant en d l guant en choisissant l horaire des activi
5. d abord mat rielle main d uvre b ton de vieillesse puis plus immat rielle sa promotion sociale comblera ses parents et rejaillira sur la famille une vis e plus expressive avoir un enfant prouve aux parents et aux autres qu ils s aiment que l enfant est un puits d amour Tahon 1995 124 On est donc pass du besoin d enfants au d sir d enfant Ce qui n est pas sans cons quences sur la mani re dont sont lev s les jeunes aujourd hui L accent est dor navant mis sur l aspect relationnel de la famille Ainsi se multiplient les discours qui pr nent une augmentation et une 25 26 intensification du temps qui devrait tre pass par les parents avec leurs enfants Dans le m me sens les experts soulignent l importance de la communication au sein de la famille avec pour but de favoriser l panouissement des jeunes Il n est donc pas surprenant que le taux de f condit diminue la hausse du temps passer avec sa prog niture ajout au fait que les deux parents travaillent dans bien des cas ne permettant pas de vivre une relation privil gi e avec un nombre lev d enfants Tahon 1995 Dagenais remarque galement qu avec le passage de la famille moderne la famille contemporaine il s effectue un d placement la relation de couple est devenue prioritaire sur le rapport l enfant et son ducation C est en m me temps que se modifie le sens que
6. C est ce qui rend l apprentissage particuli rement difficile n cessitant parfois une d construction reconstruction identitaire ce qui explique la force des r sistances Kaufmann 1992 224 L int riorisation de la norme galitaire dans un contexte o subsiste un cart entre le capital de mani res des femmes et des hommes a un double effet D une part ces derniers en viennent plus souvent qu autrement occuper une position subalterne dans l univers domestique ce qui les m ne se sentir coupables de ne pas tre la hauteur des attentes personnelles et sociales entretenues leur endroit D autre part les femmes se trouvent pi g es puisqu elles se sentent incapables de ne pas r pondre l injonction int rieure faisant en sorte qu elles contribuent cr er et perp tuer l in galit au sein de leur couple malgr une volont contraire Kaufmann r sume ainsi la contradiction inh rente leur situation La notion de pi ge renvoie au m canisme dans son fonctionnement quand la femme renforce elle m me un syst me de pratiques qu elle critique par ailleurs quand une partie de sa personne fait le contraire de ce que pense l autre partie quand la vie devient difficile cause de cette incoh rence interne Le pi ge se rep re par la distance existant entre la r alit des gestes et la repr sentation rendant certaines activit s p nibles Il est fond sur les diff rences conjugales
7. a s est plac mais a faisait que des fois je craquais Pis pour l endormir a prenait tellement de temps Je finissais par m nerver pis pleurer pis crier crier me dire Ahhh Je n en peux plus Comment je vais faire Sarah 75 76 Ce n tait pas facile au d but parce qu on tait deux avoir Tu sais on avait besoin de deux parents pour s occuper d un enfant Au d but on tait tu sais on tait vraiment maladroits On ne savait pas comment Toutes les choses taient un peu stressantes C tait la premi re fois qu on faisait a changer une couche ou donner le bain Il fallait tre les deux pour donner un bain tu sais a fait que c tait On apprenait l l dedans Anais Si tel que d crit plus haut les hommes et les femmes rencontr s sont d avis que ce sont les m res qui ont une habilet inn e pour prendre soin des enfants il semble que la parentalit ne soit v cue ni par les uns ni par les autres comme tant instinctive Pourtant c est cette repr sentation traditionnelle des r les qui guide les couples dans le partage du cong parental Alors que ces semaines passer avec l enfant suivant les cong s de maternit et de paternit peuvent tre divis es comme bon leur semble la majeure partie des individus interrog s consid rent qu elles reviennent d embl e la m re C tait pr vu que c tait Caroline qui prenait u
8. cart en termes de capital de mani res peut contribuer pi ger certaines femmes qui se sentent incapables de faire autrement que de garder la mainmise sur une partie du travail requis de l univers domestique Je dirais qu une des choses qu il a que moi je mai pas justement c est ca la capacit d arr ter Tu sais il va il va s arr ter jouer un peu au PlayStation mettons quand quand Florence est couch e Comme mettons la fin de semaine il va s arr ter pour faire tu sais un passe temps l Ok Profiter d un moment libre C est a Tu sais je veux dire lui il s en fout que la balayeuse ne soit pas pass e a fait que a c est un c t que que j appr cie Ben que j appr cie Tu sais que que j aimerais a moi aussi tre tu sais que j essaie d tre capable de faire moi aussi l a fait que je travaille l dessus Jessica Je me dis Ben j ai une mani re de faire Je m assume l Tu sais un moment donn si je veux en faire plus un petit peu plus de m nage ben je vais le faire mais en m me temps des fois j ai l impression que le poids me p se un peu sur les paules pour a mais la pression vient de qui Je ne pense pas qu elle vient de lui Elle vient de moi Tu sais je me mets une pression pour que a soit clean que a soit propre mais des fois ce que je ne comprends pas c est pourquoi il ne ressent pas cette m me pressi
9. d finie comme tant La justice naturelle dans l appr ciation de ce qui est d chacun vertu qui consiste r gler sa conduite sur le sentiment naturel du juste et de l injuste Le Petit Robert 2013 Ce concept est donc synonyme de justice et en ce qui a trait au partage des t ches renvoie au jugement individuel dans l attribution des t ches Contrairement l galit qui stipule une r partition du travail en deux ensembles de t ches identiques l quit permet un partage bas sur les comp tences les pr f rences et la disponibilit tant et aussi longtemps qu un sentiment de justice en mane A priori ce qui est gal est donc susceptible de nous appara tre comme quitable alors que l inverse n est pas n cessairement vrai Ainsi j mets l hypoth se que le qualificatif galitaire que choisissent les individus pour identifier le type de rapports auxquels ils aspirent n est pas repr sentatif du partage des t ches qu ils souhaitent r ellement vivre lequel correspond plut t un partage quitable ce qui contribue expliquer pourquoi l id al socialement partag n est jamais atteint La volont de transposer la norme galitaire dans le quotidien conjugal et le rejet du mod le traditionnel exprim s par une majorit d hommes et de femmes tendent faire croire que les r f rents des g n rations pass es n ont plus de place dans l imaginaire collectif pr
10. tude plus approfondie de la question persuade que les diff rences entre le masculin et le f minin sont largement le produit de la culture Le genre comme prolongement du sexe perd donc son caract re naturel ce qui implique que les traits associ s aux hommes et aux femmes n ont pas de raison d tre Il n en demeure pas moins que ces mod les traditionnels transmis au fil des g n rations conservent une influence consid rable Il semble en effet que la socialisation des tres en deux groupes distincts et compl mentaires fait en sorte que l un et l autre vivent l univers domestique comme un lieu de fabrication identitaire et que le poids des habitudes est souvent trop lourd pour que la simple volont permette d en changer C est la mani re dont se fa onnent les identit s de genre et leur impact dans la sph re domestique que la premi re moiti du pr sent chapitre tente d clairer Les pages qui suivent ont donc pour objectif de discuter le caract re construit du genre et l in galit qu il perp tue en ce qui a trait au partage des t ches La premi re partie permet de d construire le lien implicite existant entre le sexe et le genre de m me qu entre ces deux variables et les traits qui leurs sont associ s La deuxi me partie illustre comment se vit le genre au quotidien et l impact qu il peut avoir dans la vie d un individu Les deux 31 32 parties suivantes visent pr senter la mani
11. C est comme je disais Nicolas Si je ne le savais pas a ne me d rangerait pas Tu pourrais le faire comme tu veux mais du moment que je le sais ce n est pas bon donc l je me retrouve faire a mais je me dis que c est un peu de ma faute aussi parce que des fois je me dis que mes crit res sont peut tre trop lev s parce qu a chaque fois il me dit Mimi si tu veux que j en fasse je vais le faire pis je suis comme Oui mais l a je ne veux pas Mireille Des fois j essaie de lui en de lui en faire faire quelques unes l parce qu un moment donn je deviens comme tann e de faire toujours des commissions l mais tu sais le mieux quand m me Mettons picerie La pharmacie ce n est pas si pire l mais l picerie j aime mieux La il arrive des fois avec des affaires que ce n est pas exactement qu est ce que je lui avais demand pis a fait que l picerie j aime mieux quand m me quand c est moi qui la fais la mais je vais l envoyer mettons faire des commissions Je vais l envoyer Je vais lui demander mettons d aller chercher des choses des fois la semaine ou a la pharmacie Tu sais j essaie de lui en d l guer un peu l parce que je trouve que a fait beaucoup quand m me l tout a Je suis un peu du genre aimer a le faire par moi m me l mais tu sais je me rends compte qu il faut que que je
12. ex cuter eux m mes les t ches qu critiquer leur conjointe quand les mod les int rioris s ne sont pas reproduits En effet s ils ont des id es g n rales concernant les activit s m nag res celles ci sont peu appuy es par des m thodes de travail ce qui fait en sorte qu elles ne produisent que tr s peu d injonctions agir Les hommes sont donc d savantag s sur le terrain domestique et parental Si le capital de mani res masculin est moins bas sur l exp rience tangible que ne l est celui des femmes c est surtout la faiblesse de l injonction agir incorpor e qui est en cause Il s av re effectivement difficile de d velopper un sentiment d urgence face des t ches que l on ne ressent pas le besoin d accomplir malgr la meilleure des intentions l inverse si cette impulsion non consciente n est pas pr sente il est peu probable que l on apprenne les techniques propres l univers domestique Comme le pr cise Kaufmann Les injonctions sont parfois si profond ment s diment es dans le syst me d habitudes qu il s av re impossible de les d placer De l le nombre d hommes qui savent mais n y pensent pas Une technique sans injonction s oublie une injonction trouve rapidement ses techniques d application Y compris lorsqu en apparence il apprend une technique l homme l ve essaie surtout d int rioriser une conception du propre et du rang
13. galement les activit s que sont aider les enfants avec leurs devoirs 29 des cas les habiller ou v rifier s ils sont habill s 25 5 des cas et rester la maison avec eux lorsqu ils sont malades 24 9 des cas Minist re de la Famille et des A n s 201 1a C est ce contexte d in galit s persistantes entre les hommes et les femmes qui a donn naissance ma r flexion sur le partage des t ches domestiques et parentales Je souhaite comprendre pourquoi alors que le mot galit est sur toutes les l vres et qu il s est m me hiss au rang des valeurs communes de la soci t qu b coise un cart important s pare les uns des autres lorsqu il s agit de la prise en charge des activit s de la maison Je me suis donc donn pour objectif de cerner ce sur quoi reposent les sentiments de satisfaction et d insatisfaction conjugale en regard de la r partition du travail dans le couple de fa on saisir quel type d organisation conjugale souhaitent vivre les hommes et les femmes aujourd hui Ainsi par une d marche qualitative d enqu te par entretiens je me suis int ress e au discours de 16 individus huit hommes et huit femmes sur leurs pratiques parentales et leurs repr sentations des r les parentaux Les deux premiers chapitres de ce m moire de recherche prennent pour objet la litt rature sociologique pertinente au sujet l tude Sont abord s des th mes tels que le contexte so
14. implique un petit peu quand m me eee La planification des repas tu as dit que vous la faites un peu ensemble Mais c est plus moi quand m me feel Je ne peux pas dire qu il m aide tant que a la Dans le sens que pour la planification surtout l c est plus moi mettons qui Je regarde qu est ce qu il y a en sp cial pis je me dis Ah On pourrait manger a on pourrait manger a pis En fait c est pas mal moi l Jessica Un allait les reconduire le matin pis l autre allait les chercher le soir pour que a soit deux t ches diff rentes dans le fond mais l ce qu on fait c est qu on prend une seule auto L autre on la laisse dans la cour pis on covoiture a fait qu on arrive la garderie a prend Un prend un enfant l autre prend l autre On a sauv comme un genre de dix quinze minutes l dessus pis en plus tu sais on ne sent pas qu on est tout seul dans la t che la corv e d aller les reconduire ou d aller les chercher L Le soir ben je pars du bureau Je vais chercher Je monte la garderie Je commence prendre un des enfants Lui il vient pied nous rejoindre ou encore on s appelle pour voir s il a besoin de travailler un quinze vingt minutes de plus L je pr pare les deux pis je vais le chercher apr s pis on retourne chez nous Ok Vous retournez ensemble Est ce que c est toujours toi qui vas les chercher le soi
15. organisent les pratiques domestiques et parentales cette tude a pour objectif de r pondre la question suivante Sur quoi reposent les sentiments de satisfaction et d insatisfaction des parents qu b cois En cernant plus sp cifiquement les attentes des hommes et des femmes en mati re d organisation domestique et parentale je souhaite comprendre ce qui freine l atteinte de cette norme collectivement partag e A priori le sens commun nous porte croire que les hommes et les femmes sont frein s dans l atteinte de leurs id aux galitaires par des diff rences en termes de disponibilit s de comp tences ou de finances personnelles Au del des facteurs qui expliquent l incapacit des couples atteindre l id al galitaire on peut se demander dans quelle mesure cette situation donne lieu et pour qui de l insatisfaction J avance que la mesure de la satisfaction des individus en regard du partage des t ches n est peut tre pas tant l galit entre les femmes et les hommes au sens d une interchangeabilit des r les mais plut t une in galit acceptable bas e sur la compl mentarit suppos e naturelle des deux groupes en question c est dire un partage qui ne fait pas abstraction des caract ristiques li es au genre de chacun mais dans lequel chacun doit apporter sa contribution Cette mani re de concevoir les aspirations individuelles correspond davantage la notion d quit
16. qui tra ne l comme si je ne sais pas Au d tour d une 81 82 conversation vient le temps d aborder le partage des t ches pis l ben c est comme s il y avait la notion que peut tre qu elle en fait plus dans le fond Peut tre du fait qu elle est consciente pis qu elle le fait pis qu elle a de la mis re le demander ou d l guer a fait que l ben moi a me fait sentir mal un peu parce que je me dis Ben dans le fond j aurais pu le faire l tu sais Je n avais pas l impression tant que a que j en faisais moins que toi Henri Bien que dans une majorit de couples les t ches domestiques soient partag es on remarque qu elles ne sont pas r parties al atoirement En effet certaines t ches sont accomplies majoritairement par les femmes notamment pousseter nettoyer les salles de bain laver le linge et cuisiner alors que d autres le sont davantage par les hommes particuli rement passer l aspirateur laver les planchers faire la vaisselle et effectuer les courses Si dans une faible proportion de couples ce sont les femmes qui ex cutent l ensemble des t ches domestiques il en existe une proportion semblable o ce sont les hommes qui prennent une partie importante de ce travail sur leurs paules en vertu d un fort capital de mani res et plus particuli rement d une injonction agir qui survient plus t t En ce qui a trait faire le m nage comm
17. 1 4 La construction sociale du JEMINUN unter entire area Masse 38 1 5 Les diff rentes mani res de concevoir la propret et l ordre selon le genre 40 1 6 L in galit construite des hommes et des femmes face lunivers domestique 41 2 D galit comme nouvel id al SOLE rs has aider 44 2 1 L galit comme aiguillon ae Sh ONS Coats san ue ete dc ne rte 45 2 2 Les nouveaux mod les d arrangement conjugal ccccccceeceeeeeeeeneeeeeteteseneeetstees 46 2 3 Question et hypoth ses de recherche ss 48 Chapitre III M thodologie eesseeesooesooesssesssesssoossoossoossssesssesssoossoossoossssesssesssoessoosssssssse 51 1 Les crit res d chantilonnase ris nes min St cn le en ee sel 51 Ze SE MCG E Ee VU asc crassa ee Oa T AA 55 2 1 L histoire parentale ae Rd Sn 55 2 2 Les pratiques parentales ER nr a E E nes ne 56 2 3 Les repr sentations des r les PATENLAUNS csvecscccsvocincssduisiesssnciicededesierrsbiniersboronbness 37 3 Le d roulement des entretien Sissi i ii i nn E E E E a See 58 4 Leportrait des r pondants ina casa te 59 5 La m thode d analyses ea a E L A a 60 6 Les limites et biais de lendu te se en a nn ets 6l Chapitre IV L cart entre les attentes et la r alit le besoin de r duire la dissonance COMMITIVE seen nn ete covscssuusvarcnvessoasgnecacctouateeensecceuee 63 1 L omnipr sence de la norme galitaire 0 0 0 ec ee eecceceseceeeceeeceeseeceeeeeseeeteeenseeensee
18. C est a car pour tout le reste ce n est pas une question que je ne veux pas le faire C est une question que moi actuellement a ne me tente pas de le faire pis je le ferai quand a va me d ranger tandis que la salle de bain je peux il peut y avoir des choses qui me d rangent pis que ou quand on a des invit s il faut le faire mais je vais comme toujours me tourner vers elle pour Je ne prendrai pas moi m me l initiative de le faire Emmanuel 83 84 Si des hommes refusent de se voir attribuer les t ches domestiques on trouve parmi les participants bon nombre de femmes qui ont de la difficult laisser leur conjoint accomplir certaines t ches domestiques Elles sont pourtant conscientes qu en choisissant de prendre elles m mes la responsabilit de celles ci sous pr texte que leur conjoint ne les effectuerait pas selon le standard qu elles ont int gr elles contribuent augmenter leur propre charge de travail et du coup perp tuer l in galit au sein de leur couple Le lavage je le j aime je veux le faire moi m me parce que je le je trouve que tu sais je le fais mieux Je s pare les couleurs pis il y a des affaires que je ne m lange pas ensemble Lui il est comme Bon on met tout a boung boung Je suis comme Ben l non Fais attention donc l quelque part c est une mani re de faire C est s r que si je me fermais les yeux pis que je
19. Genevi ve 2004 De l id al galitaire aux pratiques in galitaires quelles r organisations Dans KNIBIEHLER Yvonne et G rard NEYRAND dirs Maternit et parentalit Rennes Editions de l cole nationale de la sant publique pp 117 125 DAGENAIS Daniel 2000 La fin de la famille moderne la signification des transformations contemporaines de la famille Qu bec Presses de l Universit Laval 267 p DALLAIRE Louise 2007 D gale gal Un portrait statistique des femmes et des hommes Qu bec Gouvernement du Qu bec 260 p DALY Kerry 2004 L volution de la culture parentale Ottawa Institut Vanier de la famille 22 p DOUCET Andrea 2001 You See the Need Perhaps More Clearly Than I Have Exploring Gendered Processes of Domestic Responsability Journal of Family Issues 22 3 pp 328 357 DOUCET Andrea 2009 Dad and Baby in the First Year Gendered Responsibilities and Embodiment The ANNALS of the American Academy of Political and Social Science 624 1 pp 78 98 GAUTHIER Beno t 2009 Recherche sociale de la probl matique la collecte des donn es Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 767 p GIDDENS Anthony 1993 The Transformation of Intimacy Sexuality Love and Eroticism in Modern Societies Palo Alto Stanford University Press 216 p GIRARD Chantal 2012 Les naissances au Qu bec en 2011 situation stable Coup d il s
20. capacit s adapter aux nouvelles t ches qui naitront avec l enfant la d cision de ne pas agrandir la famille tant plus souvent qu autrement coupl e avec l id e d une organisation maximale atteinte qui ne survivrait pas l ajout d un membre la famille Bien que l on puisse pointer du doigt la na vet laquelle tous font r f rence pour d crire le contexte dans lequel ils ont d cid d entamer leur vie de parents il semble que la volont de faire abstraction de la question du partage des t ches dans le choix de faire des enfants soit plus largement li e la connotation n gative avec laquelle la discussion 65 66 entourant ce sujet est abord Ainsi lorsque questionn savoir si la mani re dont seraient divis es les activit s dans l univers domestique suivant la naissance de leur enfant a eu une incidence sur leur d cision de fonder famille Emmanuel r pond Je ne le sais pas de son c t elle mais je ne pense pas non plus qu elle ait comme capot avec a l C est qu il semble que la discussion conjugale a plus souvent lieu dans les moments de conflit ce qui explique la perception n gative que peuvent en avoir les participants Ce n est en effet que lorsqu une situation pose probl me que la goutte d eau fait d border le vase que les conjoints se voient forc s d affronter les d saccords inh rents leur vie commune Ne prenant pas la forme d une longue
21. changer C est l ensemble de ces mutations de l institution familiale que cherche circonscrire et expliciter la deuxi me moiti du pr sent chapitre Les pages qui suivent ont pour but d expliquer comment du mod le de la famille moderne on est pass celui de la famille contemporaine La premi re partie vise pr senter les facteurs ayant contribu cette rupture et montrer de quelle fa on ils ont pr cipit l clatement de la famille moderne La deuxi me partie permet de faire ressortir 19 20 les nouvelles formes familiales issues de cette rupture La troisi me partie prend pour objet la mani re dont se sont modifi es la relation conjugale et la relation l enfant au sein de la famille La derni re partie porte plus particuli rement sur l impact de ces changements sur les identit s masculine et f minine 2 1 Du mod le de famille unique la multiplication des formes familiales Pour Marie Blanche Tahon c est dans le contexte social du XIX si cle qui voit na tre les id aux de libert et d galit que se met en place le processus d individuation La popularisation de l importance du sentiment amoureux dans le choix de l poux ou de l pouse de m me que le d but de la salarisation des femmes sont galement des facteurs qui sont propices son closion Si les hommes vivent aussi ce processus son acc l ration a lieu pour les femmes la suite de la Deuxi m
22. faire En effet les r sultats de cette enqu te font ressortir l cart important qui subsiste entre la contribution des uns et des autres tant en ce qui a trait au temps pass effectuer des t ches qu la responsabilit dans la gestion du travail accomplir ou la nature des activit s prises en charge De plus la plupart des femmes rencontr es ont le sentiment de faire plus que leur juste part que ce soit en mati re de t ches domestiques ou parentales et ce sans gard aux explications qu elles donnent cette in quit Dans le m me sens un certain nombre d hommes ayant particip l tude admettent ne pas en faire suffisamment pour tre m me de dire que le partage des t ches au sein de leur couple est juste On peut supposer que la conception traditionnelle des genres laquelle adh rent une majorit de r pondants particuli rement en ce qui a trait aux r les parentaux constitue un frein l atteinte non seulement de l galit mais galement de l quit d sir e Alors que la compl mentarit des r les assigne aux femmes l enti ret du travail domestique et parental l exception de la fonction autoritaire r serv e aux p res l quit suppose un certain partage des t ches Si plusieurs tentent d allier ces deux id es les r sultats montrent quel point elles sont inconciliables En effet comment est ce que l avis largement partag selon lequel les femmes sont natu
23. l puisement que vivent nombre de femmes devoir assumer seules une majeure partie du travail requis de l univers domestique Cet puisement est en partie attribuable la double charge de travail des femmes qui doivent aujourd hui concilier travail salari et travail familial et l l vation des standards au sein du foyer Cependant cette fatigue est aussi n e du fait de savoir que ce poids elles n ont plus le porter S il revient aux femmes de pr server l harmonie au sein du couple et de la famille en vertu du r le traditionnel qui leur a t assign et ce en d pit du surmenage que nombre d entre elles ressentent les droits qu elles ont acquis dans les derni res d cennies font en sorte qu elles ne sont plus contraintes de continuer exercer ce r le n importe quelles conditions D une part elles s attendent ce que leur conjoint b tisse une relation de proximit avec leurs enfants La norme galitaire a pour effet qu on consid re aujourd hui que la paternit comme la maternit impliquent un attachement motionnel ses enfants et plus largement sa famille Et c est ce constat que l investissement affectif des deux parents est identique qui donne l illusion d galit au sein du couple Le travail domestique est donc secondaire par rapport au travail parental qui lui est limit la portion motive et non aux t ches m mes du moins quand il s agit d appr cier
24. non Je te dirais c est Il n y a pas eu de On n en a pas vraiment discut au niveau des gt 2 t ches On avait un peu chacun nos t ches par rapport bon la maison videmment pas pas Par rapport aux enfants on n en avait pas mais pis on avait un peu une id e de dans quoi on voulait a mais a n a pas t un a n a pas t une discussion genre Toi tu vas faire a Moi je vais faire a a a t vraiment une transition par rapport a Gabriel Ed Les participants sont plut t concern s par la mani re dont ils vont parvenir r organiser leur vie avec cette nouvelle charge de travail que repr sente l enfant Ainsi au c ur de leurs pr occupations on trouve notamment la crainte de ne plus avoir de temps pour soi et pour les femmes la conciliation travail famille Cependant la volont de faire des enfants ne semble pas relever de l ordre du pratique et du rationnel mais beaucoup plus de l ordre de l id el et de motionnel ce qui fait en sorte que le couple s imagine moins les aspects concrets de la vie avec ce petit tre avec des besoins dont ils seront responsables que l individu autonome et mancip qu ils auront form Pourtant il ressort de l enqu te que le retour la r alit qu entraine la vie au quotidien avec l enfant am ne les couples r fl chir la possibilit d un deuxi me ou d un troisi me beaucoup plus en termes de leur
25. on peut construire son identit concr te et tre reconnu pour ce que l on est ce qui implique 21 22 que le genre ne peut s accomplir que dans ce rapport Comme l illustre Dagenais Une femme qui accomplirait sans destinataire subjectif masculin des activit s de femme aurait simplement un job qui lui convient Quand ces activit s de femmes sont assum es pour l amour d un homme elles prennent alors leur caract re g n rique R ciproquement c est quand l homme remet son salaire sa femme qu il r alise sa masculinit l usine il n est pas un homme mais un individu abstrait Dagenais 2000 28 C est donc en choisissant de r aliser des activit s f minines pour un homme dans le cadre de la relation conjugale que les actions et la mani re d tre d une femme sont d cod es comme tant f minines l ext rieur de ce rapport la femme n est envisag e que comme ayant des pr f rences individuelles La m me chose vaut pour les hommes et les activit s qui leur sont traditionnellement d volues Ce qui est caract ristique du passage de la soci t moderne la soci t post moderne et qui marque selon Dagenais le passage de la famille moderne mod le unique celui de la famille contemporaine aux formes multiples c est l estompage de la fronti re tanche entre espace public et espace priv entra n justement par le refus des individus d entrer en relation
26. partenaire dans le futur Section 4 Informations sociod mographiques R pondant A Age Sexe Niveau de scolarit compl t Occupation Nombre d enfants Partenaire du r pondant A Age Sexe Niveau de scolarit compl t Occupation 125 Annexe II FORMULAIRE DE CONSENTEMENT Pr sentation de la chercheure Cette recherche est r alis e dans le cadre du projet de ma trise de Julie Garon dirig e par Madeleine Pastinelli du d partement de sociologie de l Universit Laval Avant d accepter de participer ce projet de recherche veuillez prendre le temps de lire et de comprendre les renseignements qui suivent Ce document vous explique le but de ce projet de recherche ses proc dures ses avantages ses risques et ses inconv nients Nous vous invitons poser toutes les questions que vous jugerez utiles la personne qui vous pr sente ce document Nature de l tude Cette recherche a pour but d tudier les repr sentations que se font les parents des r les parentaux Elle vise galement mieux comprendre comment s organise le partage des t ches domestiques et parentales au quotidien D roulement de la participation La participation cette recherche consiste prendre part une entrevue individuelle d une dur e d environ une heure et demie portant sur les pratiques parentales et les repr sentations des r les parent
27. qui impliquent qu ils aient par moment assumer seul l ensemble des t ches D ailleurs c est peut tre paradoxalement au moment de la rupture et dans les ann es de garde partag e qui s ensuivent que l on s approche le plus de l galit Outre ces cas de figure qui m nent particuli rement les p res jouer un r le assez in dit on peut galement supposer que les familles homoparentales seront de plus en plus pr sentes et visibles dans l avenir Elles aussi vont pour beaucoup contribuer au d veloppement de nouveaux mod les et de nouveaux r f rents Ce n est donc par uniquement les institutions qu b coises qui en proposant des politiques sociales en faveur de leur plus grande participation dans le domaine donneront aux femmes la possibilit d exiger davantage de la part de leur conjoint en prenant conscience que ce travail ne leur revient plus en exclusivit ni m me en priorit Ce sont galement les mod les familiaux en marge du couple h t rosexuel traditionnel issus de la rupture ou de l homosexualit qui en fournissant des exemples n cessaires d hommes endossant pleinement un r le qu on leur croit encore aujourd hui moins m me que les femmes d accomplir ouvriront la porte de nouveaux possibles Mais il sera aussi n cessaire pour les femmes d accepter les mani res de faire de ces derniers comme galement acceptables puisque ne leur sera plus conf r le r le d imposer l
28. re que c est ma job Paul C est comme pelleter la neige Maude ne pelletterait pas la neige C est C est toujours toi qui le fais Oui c est moi qui le fais Je crois qu elle pense que c est un travail de gars mais si je ne suis pas l pendant une semaine de temps en hiver pis il y a un petit peu de neige elle va le faire mais si c est trop gros trop difficile Maude va plut t laisser faire ou elle va en faire un minimum pour s assurer de passer Gabriel 93 94 Il est apparent travers ces extraits que les femmes se d chargent enti rement de la responsabilit pour le travail traditionnellement masculin commentaire d ailleurs r current dans l ensemble des entrevues M me lorsque leur conjoint n est pas disponible pour l effectuer elles ne font que le strict n cessaire voire ne font rien bien que la r alisation de ces activit s soit essentielle au fonctionnement de l univers domestique Si elles sont majoritairement responsables de la gestion des t ches au sein de la maisonn e elles ne ressentent aucune difficult d laisser compl tement ce secteur d activit au profit de leur conjoint Alors que le partage de la majorit des t ches domestiques et parentales est sujet conflit il semble que ce soit l un des seuls domaines sur lequel s entendent harmonieusement les hommes et les femmes En effet tous s accordent implicitement pour dire que les t ches traditio
29. s de devenir des doublets de leur conjointe des deuxi mes m res Ce n est donc pas comme le d crit Dagenais un choix pleinement assum d tre la figure parentale totale mais plut t une contrainte qui s exerce sur les hommes Les transformations au sein de la famille ont donc non pas tant pour effet de 27 28 modifier le partage des t ches dans le concret conjugal mais plut t de bouleverser profond ment l identit masculine Si le r le de l homme au sein de la famille est appel changer il existe encore aujourd hui une s paration des fonctions parentales qui fait en sorte que ce sont les femmes qui demeurent les principales responsables des soins aux enfants Cette division des r les attribue galement les aspects relationnel et communicationnel aux femmes Ainsi Tahon s oppose une fois de plus la th se de Dagenais selon laquelle chacun des parents veut assumer seul les r les de p re et de m re Par contre elle sp cifie que la diff rence r side pour les femmes dans le fait que ces domaines sont aujourd hui socialement valoris s ce qui n tait pas n cessairement le cas d autres poques Ce d placement des valeurs a pour cons quence que les femmes elles m mes assign es les g rer dans le priv auraient tendance insister moins sur le surcro t de charge que sur les gratifications que cette assignation des r les implique sur l aspect qualitatif valorisant qu ell
30. soir e L Le soir quand je travaille le bain c est Moi je m occupe de donner le le bain pis de de le cr mer pis de le mettre en pyjama mais Par contre Audrey elle elle essuie le bain apr s oui pis des fois elle commence la vaisselle foal Les soirs o je travaille c est moi qui donne le biberon le dernier biberon parce que je ne lui ai pas je ne lui ai pas donn de biberon de la journ e Henri La vaisselle c est rest pas mal elle mais la Oui parce que les enfants le soir ils veulent jouer Moi je suis plus associ au jeu pis de toute fa on elle aime mieux elle aime mieux je pense tre tranquille faire la vaisselle qu avoir a a jouer pis a faire des trucs pis quand elle tait la maison c tait la m me chose Comme je ne les avais pas vus de la journ e tu sais c est elle qui disait Je vais m occuper de ramasser Passe du temps avec les enfants Tu ne les as pas vus Paul Les extraits qui pr c dent illustrent la fa on dont les acteurs r partissent ces activit s qu Henri qualifie d agr ables en faveur de celui ou celle qui a pass le moins de temps aupr s des enfants durant la journ e g n ralement les hommes Cette organisation permet de favoriser le d veloppement d une proximit affective du p re l enfant un aspect aujourd hui consid r comme partie int grante de la parentalit sans pour autant que les c
31. sont en bas ge c est la famille Et le travail viendra en deuxi me Mireille Pourtant lorsque questionn e savoir si les priorit s de son conjoint qui a lui aussi compl t un doctorat sont les m mes elle avoue Je dirais que lui sa Ben oui tu sais Au niveau des enfants c est la priorit Si nos enfants il fallait qu ils tombent malades je pense que a serait la priorit a serait les petits Par contre Nicolas n oublie jamais ses obligations professionnelles je pense que sa priorit si je lui demandais si je lui posais la question il me dirait que la priorit c est ses enfants la famille etc Par contre dans le quotidien je me dis que s il y a un enfant qui a le rhume je risque plus d tre celle qui va l amener chez le docteur le jour ou m en occuper le jour Mireille Cette distinction entre la pr occupation quotidienne principale de Mireille et celle de son conjoint illustre bien le double standard que repr sentent les attentes sociales vis vis des hommes et des femmes Alors que la plupart des femmes expriment la volont que leur travail n empi te pas sur leur vie familiale cette consid ration n est pas pr sente chez les r pondants masculins Pour revenir la double injonction faite aux femmes celles dont les exigences m nag res sont plus lev es tentent de les minimiser ou de les justifier par la raison Moi je voudrais qu il en fasse plus mais
32. Cependant vivre dans une situation d injustice est aujourd hui une concession qui est faite en fonction de motivations qui d passent la simple question du partage des t ches Plus encore on ne l accepte pas n importe quel prix Encore faut il que la relation conjugale vaille la peine d tre v cue Ce sont ces id es qu explore le pr sent chapitre Les pages qui suivent proposent donc une interpr tation des r sultats obtenus en fonction des objectifs poursuivis au cours de cette enqu te La premi re partie aborde l id al auquel aspirent les hommes et les femmes rencontr s de m me que certaines pistes qui permettent de comprendre les raisons pour lesquelles ils ne parviennent pas l atteindre La deuxi me partie s int resse aux motifs qui expliquent pourquoi et comment ils se satisfont d une situation d in quit ainsi qu aux conditions de cette acceptation 105 106 1 L inaccessible toile Si l galit juridique des hommes et des femmes est un principe largement admis qu on n aurait pas l id e de remettre en cause il ne faut pas oublier que certains des droits les plus importants des femmes ont au Qu bec t acquis au cours des cinquante derni res ann es que l on pense a l abolition de l inf riorit l gale de la femme 1964 au remplacement du concept de puissance paternelle par celui d autorit parentale qui a permis de reconna tre cette m me autorit aux femme
33. Tahon On assiste une op ration qui d une part tend refouler les femmes de l industrie et d autre part les riger en m res de famille en commen ant donner un contenu ce r le Tahon 1995 65 Dans un contexte o les conditions sanitaires sont peu propices la sant des travailleurs et contribuent un taux lev de mortalit infantile ce nouveau r le attribu aux femmes permet d assurer non seulement qu un membre de la famille en particulier soit responsable des conditions sanitaires dans lesquelles les autres travailleurs voluent mais galement de d gager le temps n cessaire pour permettre aux autres membres de la famille de travailler en les d lestant des t ches domestiques et parentales qui autrement diminueraient leur disponibilit pour le travail salari Par une main d uvre disponible physiquement apte au travail et repos e apr s une longue journ e de travail donc plus productive venue la journ e suivante la bourgeoisie assure un meilleur rendement ses industries Tahon 1995 Dans les mots du Collectif Clio la place des femmes dans la soci t a t transform e faisant en sorte que ne leur soit r serv e qu une toute petite place o elles sont reines prisonni res la sph re domestique Collectif Clio 1992 246 Ce nouveau r le attribu aux femmes a pour cons quence de les placer dans une relation de d pendance vis vis de leur mari et de leurs e
34. aurais souhait rencontrer les deux individus formant chaque couple mais par souci thique j ai choisi de ne pas proc der de cette fa on Comme certains travaux ont permis de montrer que lorsqu interview s ensemble les deux individus d un m me couple tentent de pr senter une fa ade conjugale unie allant m me jusqu remettre en cause leurs perceptions personnelles pour les faire correspondre celles de leur partenaire Kaufmann 1992 J aurais pr f r rencontrer chacun individuellement Si j avais interrog les deux conjoints il m aurait t difficile dans la mise en forme de mon analyse et de mon m moire de les rendre non identifiables l un pour l autre J aurais t contrainte de retirer de l analyse trop de d tails pertinents leur situation pour qu ils ne soient pas reconnaissables Du coup j aurais perdu l essentiel de ce qui permet d expliquer leurs pratiques parentales et leurs repr sentations des r les parentaux J ai donc choisi d abandonner cette voie et pr f r interviewer des individus de couples diff rents des hommes et des femmes en nombre gal ce qui m a permis je crois d avoir un portrait assez juste de la vari t de situations que l on trouve aujourd hui 2 Le sch ma d entrevue Le sch ma d entrevue utilis est divis en trois parties principales savoir l histoire parentale les pratiques parentales et les repr sentations des r les parenta
35. autre des th mes Par ailleurs je me suis galement efforc e d y inclure ce qui ne cadre pas tout fait avec la majorit des cas de figure afin de m assurer de bien repr senter l ensemble des participants ma recherche J ai ensuite relu toutes mes entrevues avec pour objectif de v rifier que je n avais pas laiss tomber des l ments d information pertinents et ce faisant que je n avais pas introduit un biais en faveur d une piste interpr tative 6 Les limites et biais de l enqu te Le fait d tudier le partage des t ches domestiques et parentales tout en tant une femme introduit n cessairement un biais dans l enqu te C est comme si sans le vouloir je repr sentais moi m me l un des deux camps dans le populaire d bat entourant l galit 62 hommes femmes Vu le genre auquel j appartiens on s est sans doute fait une id e avant m me de me rencontrer pour l entrevue de ma position au sujet de l galit de mes repr sentations entourant les r les f minin et masculin et plus concr tement des hypoth ses que j ai pu avoir formul es en lien avec ma recherche Par crainte du jugement que je porterais sur leur situation sp cifique on a peut tre tent de me camoufler certaines pratiques ou repr sentations afin de ne pas mal para tre Puisque la norme galitaire joue particuli rement en contexte d interaction avec autrui comme nous le verrons plus loin il est fort
36. conna tre une relative ind pendance Les deux derni res parties retracent les droits relatifs la famille acquis par les femmes et les cons quences de ces derniers sur la structure familiale dans son ensemble statistiques l appui 1 1 De l interd pendance intrafamiliale la d pendance des femmes Jusqu en 1866 les droits civils de ceux et celles tablis en Nouvelle France et au Bas Canada sont r gis par la Coutume de Paris qui tablit la primaut juridique de l poux chef de famille et de ce fait limite les droits des individus particuli rement ceux des femmes au nom de l institution familiale Rempla ant la Coutume de Paris partir de 1866 le Code civil ne modifie pas de mani re significative la place des femmes au sein de la soci t En effet ces derni res demeurent r gies par le principe de l incapacit juridique pendant leur mariage cette poque la vie de chacun est soumise aux imp ratifs de la famille laquelle il est quasi impossible de se soustraire sous peine pour les femmes de vivre en situation de marginalit et de pauvret pour les hommes de se voir incapable d accomplir le travail productif exig pour survivre n tant pas d gag s des obligations domestiques par une pr sence f minine La n cessaire compl mentarit des r les et l impossibilit presque totale de rompre une union maritale font en sorte qu il est impensable de vivre sans l autre L agricult
37. conversation ce sont plut t quelques paroles lanc es pour signifier l insatisfaction ressentie qui forment le sc nario le plus fr quent Comme le souligne Kaufmann Tr s souvent la petite phrase a lib r celui ou celle qui l a prononc e de l agacement qui gangrenait le don elle a t prononc e davantage pour soi pour reconstituer la capacit d action que pour le conjoint L attente se limitant g n ralement ce que le dernier entende et prenne un instant conscience de sa dette Kaufmann 1992 159 Si la plupart des participants tentent de minimiser la fr quence et l importance de leurs m sententes conjugales pour pr senter leur relation sous le jour le plus harmonieux c est dans les diff rends qu ils disent ne pas avoir que l on peut comprendre la forme qu ils prennent Ainsi Paul dit Il n y a jamais de discussions l dessus vraiment Tu sais Ben l tu devrais a serait toi de faire le lavage a fait trois les trois derni res fois c est moi qui l a fait Il n y a jamais personne qui a Je n ai pas le souvenir qu on se soit dit a l a fait qu on n a pas de discussions l dessus C est comme des choses implicites Attardons nous davantage au caract re implicite de la division des t ches que mentionne Paul car c est un commentaire r current dans l ensemble des entrevues Il semble que l emploi fr quent de l expression a s est fai
38. d une tude men e en France en 1993 Welzer Lang et Filiod constatent que les hommes et les femmes ont deux mani res diff rentes de comprendre l espace domestique D une part la d finition de l ordre et du d sordre qui est li e la fois la d signation de celui ci et au savoir faire des individus diff re selon le genre L ordre f minin est un ordre de fa ade lisse d o rien ne d passe o seuls certains objets sont laiss s voir les autres tant camoufl s derri re des portes closes Au contraire l ordre masculin est un ordre instable irr gulier dynamique o chaque chose est sa place et peut tre retrouv e au besoin D autre part les actions pos es face la salet et au d sordre portent la marque distinctive du genre Il appara t en effet que les femmes ont des actions pr ventives de sorte qu elles pr f rent nettoyer et ranger intervalle r gulier avant que n apparaissent la salet et le d sordre tandis que les hommes ont des actions curatives choisissant de faire le m nage lorsque la malpropret est visible que les odeurs se sont install es et qu ils n arrivent plus trouver ce dont ils ont besoin Bien s r certains individus s loignent de ce mod le qui varie d ailleurs selon le milieu d appartenance Par ailleurs ces normes diff renci es de propret et d ordre sont employ es par les individus pour d finir des espaces et s approprier des territoi
39. de Mireille rend compte avec plus de force encore de la faiblesse de cet argument Les r parations jouer du marteau du tournevis a va tre plus lui pis il aime a beaucoup Les travaux qui demandent de sortir les perceuses tout a a va tre lui Ok Il aime a Il est manuel Oui oui C est a Il aime vraiment a pis il se d couvre l dedans Je ne pense pas qu il savait il y a une couple d ann es qu il l tait mais il en fait de plus en plus pis il aime a tu sais Mireille Comme elle dit que son conjoint a appris aimer faire des r parations dans la maison on peut en d duire qu il a commenc en faire avant de se d couvrir un int r t pour cette t che Cette justification apr s coup ne permet donc pas d expliquer la raison pour laquelle le conjoint de Mireille a d s le d part pris la responsabilit de cette t che Ces trois arguments invoqu s l origine culturelle la disponibilit et le plaisir permettent aux individus de l gitimer une organisation conjugale in galitaire sans pour autant remettre en cause leur ventuelle adh sion l id al d une r partition galitaire du travail au sein de leur 89 90 couple Cette mani re de pointer du doigt des l ments ext rieurs pour expliquer les carts la norme t moigne du fait que les acteurs ne souhaitent plus assumer la charge des t ches sur la base de leur genre Cependant certains r pondants f
40. de l organisation conjugale dans son ensemble Par ailleurs il semble que toutes les t ches et activit s n ont pas la m me valeur aux yeux des individus Si la norme galitaire n a pas modifi en profondeur le r le des hommes et des femmes dans la sph re priv e il semble qu elle ait particip d mocratiser l id e aujourd hui socialement partag e selon laquelle l investissement motionnel aupr s des enfants devrait tre l affaire des deux parents En effet le poids des habitudes contribue maintenir l cart qui existe entre les hommes et les femmes dans la prise en charge des t ches domestiques et les repr sentations traditionnelles font en sorte qu ils s entendent pour dire que le r le parental revient en premi re instance ces derni res Toutefois il y a aujourd hui consensus autour de l id e voulant que la part affective du r le parental doive tre partag e Il n incombe donc plus uniquement aux femmes de cajoler de consoler d embrasser et de jouer avec les enfants Bien qu elles accomplissent une plus grande partie des t ches directement li es leurs enfants ce qui les am ne tre plus pr sentes aupr s d eux et donc sans doute leur t moigner plus souvent des marques d amour les uns comme les autres voient le domaine affectif comme tant l un des aspects centraux de leur r le Cons quemment il est int ressant de voir comment les hommes con oivent leur pater
41. de la colonie les hommes vendent occasionnellement leur production sur le march que l on pense au bois ou la fourrure alors que celle des femmes sert directement la famille et n est vendue qu en de tr s rares circonstances Ainsi lorsque la marchandisation des produits de l agriculture se g n ralise les hommes et les femmes se sp cialisent dans des voies distinctes les hommes se mettent vendre leur production pour le march urbain r coltant ainsi des sommes pouvant tre r investies afin de grossir leur production tandis que les femmes continuent effectuer un travail servant l autosubsistance et la reproduction de leur famille En ville le processus s op re avec plus de rapidit encore puisque les femmes n ont pas les moyens de produire ce qui sert la survie du groupe l espace tant trop restreint pour leur permettre de cultiver m me un jardin Comme l explique le Collectif Clio D sormais les familles regroupent des membres qui ont des fonctions conomiques diff rentes les anciens rapports d interd pendance se transforment en rapports de d pendance entre ceux qui ont des revenus et ceux qui n en ont pas Collectif Clio 1992 201 la fin du XIX si cle la population urbaine est proportionnellement deux fois plus importante qu elle ne l tait en 1850 et le mouvement d industrialisation qui a commenc prendre forme au milieu du si cle s enclenche v ritabl
42. de ses concepts cl s le capital de mani res et l injonction agir Le capital de mani res c est la fois une fa on de concevoir l univers domestique des crit res de propret et d ordre une d finition de la salet et du d sordre et des m thodes concr tes pour faire en sorte d atteindre ses objectifs en la mati re mi chemin entre les repr sentations et les pratiques au sujet de l organisation m nag re il y a ce que Kaufmann appelle les injonctions agir Difficilement cernables par l acteur lui m me ces sch mes d action int rioris s au fil du temps et des apprentissages le poussent agir parfois m me malgr lui Plus pr cis ment l automatisme et au silence se m le en effet ou bien le d plaisir de la p nibilit naissante ou bien le sentiment diffus d un vague plaisir Le plaisir diffus et composite renfor ant l injonction est essentiel pour comprendre la force de ce qui incite faire ce que l on souhaiterait par ailleurs ne pas faire Kaufmann 1992 152 Le capital de mani res est fonction du contexte social et culturel propre une poque donn e et ce bagage varie largement suivant les classes sociales De la m me fa on il n est pas le m me pour les hommes et les femmes Les hommes selon Kaufmann ont davantage une conception abstraite du travail domestique apprise dans l enfance mais non par la pratique ce qui explique pourquoi ils sont moins port s
43. demeurent qui sont rest es Moi je trouve a important une fois par semaine de faire un bon m nage dans la maison M me si je suis aid e par mon conjoint c est moi qui des fois va insister davantage pour que a se fasse ou mais on va se mais des fois je me dis s il n est pas la Ah Moi je vais en faire un peu parce que moi a me fait du bien de le faire aussi C est aussi c est comme si des fois on avait plus de pr occupations tu sais J ai l impression des fois du moins dans mon couple je vais parler pour moi je me C est comme s il faut que je planifie Je vais planifier des commissions ce qu il manque l avance je vais planifier des r serves tu sais Je suis moins au jour le jour pour a Je ne sais pas si c est un trait f minin mais dans ma mani re de voir a dans le couple c est souvent moi qui va dire Ah Ok Il faut que j aille acheter telle telle telle affaire pour ne pas qu on manque de rien C est comme planifier l avance les besoins des enfants pis tout a Je pense que mon conjoint va plus y aller s il a besoin de quelque chose Il va plus y aller le jour m me dans le sens qu il va Tu sais il a besoin de Tempra disons ben il va y aller la journ e m me Moi je vais avoir fait des r serves de deux ou trois bouteilles Mireille L exemple de Mireille illustre certaines diff rences entre les hommes et les femmes issues de la socia
44. des couples La premi re partie permet d illustrer de quelles fa ons les repr sentations traditionnelles affectent les pratiques des individus alors que la deuxi me partie vise expliquer de quelles mani res le capital de mani res diff renci des hommes et des femmes influence les pratiques des acteurs 2 1 L influence des repr sentations traditionnelles sur les pratiques Bien que l on pourrait croire l inverse l attachement aux mod les traditionnels perdure et ce tant chez les hommes que chez les femmes C est plus particuli rement en ce qui a trait la parentalit que la compl mentarit naturelle des identit s masculine et f minine est le plus souvent invoqu e pour expliquer la division des t ches parentales au sein de lunivers domestique Il semble en effet que les participants adh rent fortement la croyance selon laquelle la maternit rel ve de l inn alors que la paternit n cessiterait un apprentissage Ben tu sais c est s r que c tait plus inn pour moi tout ce qui a rapport au b b pis tout a Lui il a vraiment fallu qu il apprenne pis que je lui montre a fait qu en g n ral il se fie vraiment 100 mon jugement pour tout ce qui tout ce qui concerne Laure Delphine Ma conjointe tait l aise avec a Je pense que les premiers mois je me suis beaucoup fi un peu a elle l dessus parce que peut tre c est peut tre plus maternel un enfant u
45. en m me temps peut tre que je suis un peu trop exigeante Ca fait que lui ben des fois il en fait il en fait il en fait plus aussi parce que pour m aider plus pis en m me temps il me il m aide arr ter un petit peu l tu sais a fait que je pense que c est ces c t s l Lui ben en tout cas s il veut que j en fasse plus je ne le sais pas la Je pense qu la limite il pr f re que j arr te un peu l que que je prenne le Tu sais je ne suis pas je ne suis pas si pire que a l Je te mets a a l extr me l Jessica Avant que le m nage se fasse je vis un stress l Je suis comme Arghhh Pis l il le sait pis le seul conflit qu on a c est tout le temps li au m nage tu sais a fait que mais a ce n est pas dr le Ok Parce que tu es tann e que tu veux que a se fasse ou parce que Je suis tann e pis je ne suis pas bien dans cet environnement l tu sais un moment donn a m nerve de d avoir une maison sur laquelle on a tu sais on a investi on a travaill fort pis tout a pis je la vois dans tous ses tats tu sais pis l je suis comme j ai besoin qu on range les choses Anais Les acteurs ressentent la n cessit de se distancier des r les traditionnels marqu s par la compl mentarit homme femme que jouaient les g n rations pass es C est dans ce contexte qu entre en jeu le concept d interchangeabi
46. en pr venir la chercheure dont les coordonn es sont incluses dans ce document Tous les renseignements personnels vous concernant seront alors d truits 127 128 Confidentialit et gestion des donn es Toutes les informations obtenues dans le cadre de cette recherche demeureront confidentielles et anonymes Les noms et pr noms des participants de m me que les titres ou fonctions qui les rendraient ais ment identifiables ne paraitront dans aucun rapport Les divers documents de la recherche seront codifi s et seule la chercheure aura acc s la liste des noms et des codes Les r sultats individuels des participants ne seront jamais communiqu s Si des extraits d entrevue devaient tre cit s dans le m moire de recherche ou si la recherche fait l objet de publications dans des revues scientifiques ceux ci seront pr sent s de fa on prot ger l anonymat des participants Les mat riaux de la recherche incluant les donn es et les enregistrements seront conserv s dans un classeur sous cl et dans un ordinateur prot g par un mot de passe Ils seront d truits lors du d p t final du m moire de recherche pr vu pour ao t 2012 Diffusion des r sultats Un court r sum des r sultats de la recherche sera exp di aux participants qui en feront la demande en indiquant l adresse courriel o ils aimeraient recevoir le document juste apr s l espace pr vu pour leur signature Les r sultats de la recherche pourr
47. enfants et qu en retour ils ont gagn en confiance et en comp tences ce qui n est pas sans avoir de r percussions sur la perception de leur conjointe leur endroit Cette politique sociale a donc permis certains couples de se partager autrement le travail domestique et parental dans les premiers temps suivant la naissance de leur enfant ce qui a sans doute eu et continuera avoir des effets sur leur organisation conjugale Ce mod le diff rent ne sera pas non plus sans impact sur les repr sentations des r les de leur entourage et de leurs enfants Ce sont ces repr sentations nouvelles qui contribueront modifier les pratiques des g n rations futures Ainsi le mod le de la diff rence qui nous a t impos et auquel on a fini par croire doit tre battu en br che coups d exemples concrets du contraire Jusqu maintenant la soci t a entretenu tr s peu d attentes envers les hommes et les p res et a plac tr s peu de confiance en leurs capacit s en ce qui concerne les t ches domestiques et parentales Pourtant le contexte actuel de la transformation de la famille nous donne voir des hommes comp tents dans leur r le de p re Plus encore il nous permet d observer des hommes mais aussi des femmes capables de prendre en charge le travail traditionnellement d volu au genre oppos Car de plus en plus d individus sont amen s vivre des pisodes de monoparentalit et surtout de garde partag e
48. est diff rent aussi entre moi pis lui pis Je ne sais pas souvent c est entre les filles pis les gars aussi r gle g n rale Tu sais les filles vont voir ben plus longtemps d avance pis vont planifier pis tout a tandis que les gar ons c est plus en fonction d un moment pr cis d une t che accomplir pis a fait que moi je savais que la garderie c tait un probl me pour tout le monde a fait que j avais anticip d avance tu sais quand j avais quatre ou cing mois de grossesse Je savais qu il fallait que je trouve que je m inscrive pour une place a fait que je l avais fait Ana s La n cessit de chercher une place en garderie est une t che ponctuelle qui ne revient qu une fois en principe pour chaque enfant S il faut effectivement anticiper ce besoin il aurait t possible pour elle de d l guer cette t che son conjoint qui aurait t m me de la r aliser Il semble donc que d autres raisonnements auraient pu tre invoqu s qui permettent de comprendre davantage cette r partition des t ches Toujours est il que par une diversit de moyens les r pondants interrog s tentent de diminuer la responsabilit des deux conjoints dans la non atteinte de l galit En blamant des l ments ext rieurs ils tentent de dire qu ils n auraient pas pu faire autrement qu ils ne sont pas responsables de la situation S ils n ont pas tout fait tort en ce sens q
49. ici cette date vous tes invit e informer la chercheure de la nouvelle adresse o vous souhaitez recevoir ce document L adresse courriel laquelle je souhaite recevoir un court r sum des r sultats de la recherche est la suivante J ai expliqu le but la nature les avantages les risques et les inconv nients du projet de recherche au participant J ai r pondu au meilleur de ma connaissance aux questions pos es et j ai v rifi la compr hension du participant Signature de la chercheure Date Plaintes ou critiques Toute plainte ou critique sur ce projet de recherche pourra tre adress e au Bureau de l Ombudsman de l Universit Laval Pavillon Alphonse Desjardins bureau 3320 2325 rue de l Universit Universit Laval Qu bec Qu bec G1V 0A6 Renseignements Secr tariat 418 656 3081 Ligne sans frais 1 866 323 2271 Courriel info ombudsman ulaval ca Chercheure Julie Garon T l phone 418 656 2131 poste 5614 Courriel julie garon 4 ulaval ca 129 Annexe III AVIS DE RECRUTEMENT ES LAVAL Objet Etude sur le partage des t ches domestiques et parentales chez les parents qu b cois Novembre 2011 Bonjour Dans le cadre de mon projet de ma trise en sociologie l Universit Laval j effectue pr sentement une tude sur le partage des t ches domestiques et parentales chez les parents qu b cois Cette recherche a pour but d tudier les repr sentati
50. je posais des des tablettes ou des affaires de m me mais 1a j ai pas mal d l gu ce c t l je vais te dire L Je ne le sais pas l pourquoi On dirait que je me dis dans le fond C est comme toi a l Moi je fais d autres choses a c est toi Jessica Comme Jessica qui donne l impression de se rendre compte en m me temps qu elle le dit de la raison pour laquelle elle ne pose plus de tablettes chez elle ce n est pas toujours un effort conscient fourni par les femmes pour compenser les in galit s au sein de leur couple Cependant travers leur discours on s aper oit qu elles se r f rent au mod le traditionnel du r le masculin quand vient le temps d attribuer leur conjoint la responsabilit de certaines t ches sachant qu en proc dant de cette fa on les hommes ne peuvent refuser de les prendre en charge Il n y a par ailleurs aucun malaise chez elles justifier ainsi l assignation de ces t ches puisque ce n est qu en vertu des t ches traditionnellement f minines et du r le de la femme dans l univers domestique que la question de l galit a t formul e Puisque ce sont les femmes qui ont la responsabilit des affaires familiales ce sont elles qui doivent tel que mentionn pr c demment attribuer les t ches dans la maison C est alors qu elles d l guent l ensemble de celles qui incombent traditionnellement au genre oppos mai
51. l C tait pas Toi tu fais a pis moi je ne touche pas la vaisselle ou Tu sais c tait vraiment un bon partage l je pense Jessica Si ces exemples attestent de l importance que prend l interchangeabilit pour les r pondants il semble que celle ci soit peu souvent appliqu e en pratique Ceux qui y font r f rence ont plus pour objectif de montrer que le partage est effectivement ad quat qu ils participent toutes les t ches et qu ils ne sont pas la copie du mod le traditionnel incarn par leurs parents et leurs grands parents C est dans ce sens que l on peut comprendre la r ponse de Renaud lorsqu interrog sur la personne responsable de plier le linge et celle de Gabriel au sujet des rendez vous m dicaux des enfants C est beaucoup elle qui le fait mais disons que quand je peux quand je peux le plus souvent possible je quand j y pense l si tu veux Renaud J ai impression que si Maude si Maude veut prendre le lead je vais la laisser prendre le lead l dessus Ce n est pas que je ne veux pas le faire mais pour moi c est plus Ben coute ok Si tu veux Sicomme m re tu veux t en occuper a ne me d range pas donc je vais Est ce que je vais je vais me porter volontaire non mais si je dois le faire je vais le faire Je ne sais pas si tu comprends un peu la nuance Gabriel Quoiqu en disent les acteurs peu nombreuses sont les
52. obstacles qui emp chent les hommes et les femmes de vivre des rapports moins traditionnels Ainsi d un c t j ai choisi de rencontrer des individus qui ont des enfants puisque cela n est pas favorable la mise en place de pratiques galitaires alors que de l autre j ai tent d interroger des r pondants qui seraient plus susceptibles d aspirer un partage galitaire des t ches Les traits qui distinguent ces individus sont l ge Kaufmann 1992 et le statut socio conomique mesur par des crit res relevant du niveau de scolarit de la situation d emploi et du revenu M da 2001 Serfaty Garzon 2008 Outre le fait que les personnes plus jeunes plus scolaris es et ayant plus de revenus soient plus susceptibles d aspirer l galit on peut supposer qu elles ont davantage r fl chi aux questions d galit d quit et de justice dans la mise en place de leur organisation familiale que celles ne pr sentant pas ces m mes caract ristiques Bien qu il aurait t souhaitable de s lectionner des individus en tenant compte de l ensemble de ces variables des raisons pratiques m ont conduite ne retenir que le niveau de scolarit Ainsi les participants rencontr s ont tous minimalement compl t un premier cycle d tudes universitaires que ce soit un certificat ou un baccalaur at Bien que je n ai pas retenu l ge des r pondants comme crit re d chantillonnage comme je n
53. probable que mon genre ait influenc la mani re dont les participants se sont pr sent s moi Il faut par ailleurs prendre note que cette tude ne pr tend pas tre repr sentative de la population vis e En effet l chantillon tudi est beaucoup trop restreint pour me permettre d anticiper sur les pratiques et les repr sentations qui ont lieu dans la m me population grande chelle Par ailleurs le profil social des r pondants jeunes parents d au moins un enfant d age pr scolaire scolaris s occup s temps plein avec un conjoint ou une conjointe dans la m me situation est beaucoup trop homog ne pour que l on puisse consid rer cet chantillon comme repr sentatif de l ensemble de la soci t qu b coise Cependant il faut rappeler que ce travail vise non pas quantifier le partage des t ches ou les in galit s mais bien plut t d gager des pistes pour comprendre pourquoi l galit hommes femmes dont on parle tant n a pas encore franchi les murs des foyers qu b cois En outre la recherche n a pas pour but de faire tat de tous les cas de figure existants ni non plus d valuer l ensemble des avanc es en mati re d galit hommes femmes Au contraire les crit res d chantillonnage ont t choisis en vue de faire ressortir tous les facteurs qui freinent l atteinte de l id al galitaire En rencontrant des individus qui sont susceptibles la fois d avoir des aspira
54. que leur conjointe prenne en charge les t ches de la maison et dans certains cas ce qu elle le fasse en se conformant des crit res stricts J en exigeais peut tre encore davantage au d but Je m attendais peut tre encore plus bon la conjointe que dans la maison ses affaires sont comme a comme a comme a plus de m me Alexis a la fait chier ce c t l que je ne fasse pas beaucoup la salle de bain Comme je te dis c est le plus gros l ment qui la fait chier car elle ne comprend pas pourquoi je ne la fais pas Pourquoi a la fait chier tu dis Pourquoi Ben cause qu elle ne comprend pas pourquoi je ne la fais pas Si on n a pas de visite je ne lui parlerai jamais de la salle de bain Regarde je m en fous car je ne vois pas ces d tails l mais peut tre que je vais dire Heille Le bain il devient un peu magan Il faudrait peut tre le laver mais elle va me dire Ben fais le pis je me dis Bof mais comme l c tait quelque chose cause que je voulais absolument le faire mais elle m a dit Fais le pis j ai dis Non Je veux que ce soit toi alors a l a fait chier Elle m a dit Tu peux le faire pis cause que moi dans ma t te je ne veux pas faire la salle de bain Ok je comprends ok C est a Pour tout le reste C est a C est le fait qu elle sait que tu ne veux pas la faire
55. qui fait en sorte que les t ches qu ils identifient comme devant tre ex cut es leur reviennent d embl e Henri exprime avec candeur ce double standard Ben moi j ai l impression d apporter ma contribution a comme 4a faire les les choses qu il y a besoin de faire quand il y a besoin de les faire c est dire que justement l elle est des fois elle sait elle sait ce qu il faut faire pis quand il faut le faire mais mais il y a une partie de a qui me revient donc j ai j ai l impression qu en fait C est a j ai l impression qu il y a des t ches qu elle va faire des fois sans se poser la question Est ce que j en fais trop pis Est ce que je n aurais pas pu lui demander lui de le faire pis moi je pense avoir comme la la bonne volont qui fait en sorte que si elle me l avait demand je l aurais fait sans broncher l a fait qu il y a comme un peu cette attitude ouverte l envers le fait de faire des t ches qui qui demanderait peut tre des fois tre plus exploit e On dirait que justement moi je ne lui je ne lui demande pas On dirait que comme elle il faudrait qu elle me demande des trucs ben la contrepartie c est que moi je ne lui demande pas vraiment de faire des choses C est comme si j estime ne pas avoir besoin de lui demander de faire des choses Peut tre qu elle elle pourrait dire qu ell
56. rapport au bonheur conjugal et familial dans son ensemble Ce qui explique pourquoi peu nombreux sont ceux qui admettent l importance que rev t la question du partage des t ches domestiques et parentales Accepter de faire un peu plus de m nage pour rendre le foyer plus agr able pour ceux qui l habitent cuisiner davantage pour assurer la sant des membres de la famille prendre les rendez vous familiaux pour assurer la bonne marche de la vie quotidienne ne sont que quelques exemples de sacrifices consentis au profit du bien tre collectif des membres de la famille Cependant il semble que la satisfaction l gard de la relation de couple y soit pour beaucoup dans la mani re d entrevoir le partage des t ches et plus encore qu elle soit une condition pr alable ce don de soi Lorsque le couple va bien les efforts sont fournis pour faire fi d un effort moindre de la part de l autre dans le domaine domestique ou parental pour excuser ses manquements et pour faire en sorte de voir les bons c t s de l organisation conjugale L insatisfaction face au partage des t ches est indissociable de la relation et les strat gies employ es sont nombreuses pour composer avec elle et ainsi enfouir les contradictions inh rentes l impossible ad quation entre repr sentations et pratiques c est dire entre le mod le que l on souhaite reproduire et celui que l on cr e dans la r p tition du quotidien Ce n est que lorsque le
57. re de ces observations comment comprendre ce qu il en est des rapports hommes femmes dans la sph re domestique Sur quoi reposent les sentiments de satisfaction et d insatisfaction des parents qu b cois Quelles sont les attentes des hommes et des femmes en mati re d organisation domestique et parentale Ces questions donnent lieu a une r flexion sur les diff rences qui existent entre les conceptions de l galit qui sont adopt es par les acteurs en pratique et la mani re dont on d finit l galit juridiquement Alors que l galit entre les hommes et les femmes fait partie des droits reconnus au Qu bec il semble qu elle n ait pas encore franchi le seuil des foyers ni celui des mentalit s Si tous s en r clament t moignant bien du caract re normatif et contraignant que cette valeur a acquise dans les derni res d cennies peu se sont d faits des repr sentations traditionnelles qui postulent la diff rence irr ductible des hommes et des femmes L adh sion cette conception des r les de genre a cependant pour effet de limiter l atteinte de l galit puisque celle ci n admet pas de diff rences entre les genres qu elle consid re comme identiques Plus encore la croyance aux id es re ues de la tradition freine l atteinte m me de l quit que veulent r ellement les participants cette enqu te puisqu elles exigent l assignation toute enti re des femmes la sph re domestique
58. sent Or les travaux th oriques et empiriques sur le genre recens s pr c demment nous apprennent qu il n en est rien la lumi re de ces crits je soutiens d une part que les imaginaires masculin et f minin projettent sur le couple l id e d une unit bas e sur la compl mentarit des caract res des comp tences et donc des r les que cherchent reproduire l un et l autre des conjoints d autre part qu ayant le d sir de r pondre aux attentes entretenues leur endroit dans le but d tre valoris s socialement ni hommes ni femmes ne souhaitent se d lester des avantages que conf rent leurs r les respectifs Si l quit permet des variantes dans le contenu de ce que chacun peut faire en vertu de pr f rences dites individuelles l galit n inclut pas une telle flexibilit Elle suppose plut t un rapport 50 50 pour chacune des activit s domestiques et parentales Il n y a donc aucune ad quation possible entre le concept d galit et un partage des t ches bas sur la compl mentarit des hommes et des femmes Cependant je postule que m me lorsque l on vise atteindre une organisation conjugale jug e quitable les r les traditionnels de genre qui assignent la sph re priv e aux femmes et la sph re publique aux hommes ne peuvent que freiner l atteinte de cet objectif J mets donc l hypoth se que le contenu des cat gories normatives de genre auquel adh rent fortement le
59. sentiment amoureux ou les motivations que l on avait tre en couple basculent que le partage des t ches prend toute son importance C est peut on croire dans cette situation que le fardeau d une r partition in quitable devient trop lourd 113 114 porter que les conflits son propos jaillissent et que cette question se met compter dans la balance conjugale C est lorsqu on ne tient plus l autre qu un partage des t ches insatisfaisant peut contribuer la rupture Bien que le mot galit soit aujourd hui sur toutes les l vres ce n est pas cette valeur qu aspirent concr tement les individus qui pr f rent une r partition des t ches quitable en fonction des qualit s attribuables au genre de chacun L galit au sens de la loi qui n admet pas une diff rence de nature entre les hommes et les femmes et qui du coup fait en sorte que les uns et les autres se voient attribuer les m mes droits et contraints de respecter les m mes obligations ne fait donc pas sentir ses effets dans la vie priv e et plus particuli rement dans le partage des t ches domestiques et parentales Elle ne se mat rialise pas dans la r alit quotidienne de la vie conjugale puisque les responsabilit s des individus diff rent selon le genre auquel ils appartiennent Qui plus est l galit est encore aujourd hui inconcevable pour ceux m mes qui disent y adh rer la repr sentation des genres
60. t En effet il serait le reflet de l importance accord e l galit entre les hommes et les femmes l autonomie des individus ainsi qu au droit au bonheur Tahon 1995 Le concept de la relation pure labor par Giddens d crit la transformation de sens qu a connu l intimit faisant en sorte que la vie de couple implique aujourd hui une ouverture mutuelle une appr ciation des qualit s uniques chacun et un entretien de la confiance r ciproque des partenaires travers la confidence Suivant cette id e la popularit de l union libre comme mode de vie deux et la popularit du divorce seraient le reflet de la valeur nouvellement accord e la satisfaction personnelle tirer de la vie conjugale ce qui ferait en sorte qu il n y aurait raison de poursuivre la relation que dans la mesure o le d sir d en faire partie est mutuel Giddens 1993 Ce qui ne veut pas dire qu il y a remise en cause de la vie de couple dans son enti ret Les statistiques sur le remariage en constituent la preuve Tahon 1995 Comme le pr cise Tahon il le divorce refl te une modification des m urs de pratiques et des opinions L ampleur que prend aujourd hui le divorce indique une mutation qualitative l acceptation que d sormais la pr carit conjugale fait partie de la notion contemporaine de la famille Tahon 1995 130 Ainsi au del de la transformation des valeurs que repr sente le divorce et
61. t il davantage les femmes Peut tre les hommes se sentent ils moins l aise de participer une recherche au sujet du partage des t ches domestiques et parentales puisque ce sont eux qui sont plus souvent point s du doigt lorsqu il s agit de trouver qui est responsable de l in gale r partition des t ches dans la maison Dans le m me sens ce peut il que les hommes qui ont accept de participer cette tude pr sentent un profil particulier Plus pr cis ment on peut supposer que s ils ont consenti prendre part une entrevue sur le partage des t ches c est peut tre parce qu ils ressentent moins que d autres la culpabilit masculine qui vient du sentiment de ne pas en faire assez dans l univers domestique 5 La m thode d analyse Les entrevues ont d abord t enregistr es puis transcrites afin d avoir acc s aux paroles m mes des r pondants interrog s Les verbatim ont t r alis s au fur et mesure que la collecte des donn es suivait son cours Tout au long de ce processus j ai tenu un carnet qui m a servi noter mes r flexions la suite de chacune des entrevues que ce soit l atmosph re qui s est d gag au cours de la rencontre les impressions g n rales qui me sont venues la suite de celle ci les contradictions marquantes qui sont ressorties du discours du r pondant ou encore les l ments qui m ont surprise Je me suis galement arr t e en cours de tra
62. taches qui sont r ellement prises en charge en alternance par les deux parents S ils souhaitent montrer que chacun est capable d accomplir les t ches la place de l autre on comprend rapidement que ceci est l exception plut t que la r gle En effet au del de la volont des individus de r pondre haut et fort par l affirmative pour dire qu ils adh rent l id al d galit socialement proclam des forces contraires r sultant de leur socialisation les poussent agir autrement Si une partie d eux m mes est tent e de rejoindre les rangs des courants qui postulent qu hommes et femmes doivent se s parer les t ches sans gard leur genre il n en demeure pas moins que leurs pratiques restent fortement ancr es dans une conception des r les comme tant compl mentaires et que leurs mani res souvent oppos es les loignent de la possibilit de faire front commun dans la poursuite de l id al int rioris Ces deux aspects h rit s des mod les traditionnels ne sont pas sans incidence sur les pratiques des acteurs comme nous allons le voir dans la section qui suit 2 Le poids des mod les traditionnels Malgr le poids qu ont aujourd hui les valeurs galitaires dans les repr sentations que se font les individus de ce que doivent tre les rapports hommes femmes les mod les traditionnels ont toujours une influence consid rable Pris entre la volont d tre en concordance avec la nor
63. temps en tant que parents Moi j tais stress de me ramasser tout seul avec l tu sais tout jeune Veux veux pas je Au d but elle allaitait pis les premi res fois qu elle partait ben moi je je ne peux pas allaiter l Il fallait que je le nourrisse au petit cup pis pis le le lait a augmente vite l la quantit de lait qu il boit dans les premi res journ es a fait qu il en avait besoin du double Ca fait qu il y avait des journ es il faisait des grosses crises mais je ne lui donnais pas assez de lait Pis l je m en suis rendu compte apr s en lisant des livres Tu sais on avait un petit livre qui aidait mais moi j avais Moi je vivais un gros stress quand j tais tout seul avec au d but chaque fois que ma blonde partait l Moi je me pr parais des couches quand je faisais la nuit tout de suite pr tes changer Commencer ouvrir la couche tu sais je trouvais que je perdais du temps Je me pr parais tout a les biberons a fait que comme a je je m enlevais du stress Paul Thomas quand il est n il tait assez demandant en fait C tait un b b tr s demandant pis il tait tr s petit la naissance donc il fallait l allaiter aux heures pendant deux mois deux mois et demi trois mois Il fallait l allaiter aux heures jour et nuit donc c tait super fatiguant donc j ai pris ca Au d but c tait tr s dur pis apr s ben tu sais
64. tous un emploi temps plein en lien avec leur formation universitaire l exception d une seule qui compl te un doctorat tout en occupant un emploi dans son domaine En ce qui concerne les conjoints es des r pondants la tr s grande majorit d entre eux a comme leur conjoint e compl t des tudes universitaires De ceux dont ce n est pas le cas l un a termin sa scolarit secondaire ainsi qu une ann e d un programme technique au C gep alors que l autre a compl t un 3 Voir Annexe III 59 60 programme technique au C gep Tous les partenaires des participants sont sur le march du travail l exception de deux qui taient toujours aux tudes au moment de l entretien Il aurait t int ressant de pr senter ici un tableau synth se du portrait sociod mographique des r pondants Cependant comme ces derniers ont t recrut s par le biais d individus formant mon r seau personnel et que certains d entre eux risquent de lire ce m moire je veux m assurer qu en aucun cas les participants cette recherche ne puissent tre identifi s par ceux et celles qui les connaissent Je m abstiens donc de pr senter les r pondants de mani re plus d taill e Le recrutement des participants l enqu te n a pas pos de probl me majeur Il m a par contre t plus facile de trouver des femmes int ress es participer cette tude que des hommes Peut tre le sujet int resse
65. 9 Cet enfermement des femmes dans le domestique va de pair avec un certain nombre de devoirs dont ceux de la maternit et de l ducation des enfants Apparait galement l id e suivant laquelle l int rieur domestique prot gerait les femmes la fois d elles m mes et du monde ext rieur Comme le pr cise Serfaty Garzon L un des modes prescrits de cette protection des femmes contre elles m mes est leur activit incessante d s l enfance dans la maison et pour le foyer L occupation est une vertu f minine et la femme perp tuellement active et conome est un mod le id al qui d passe les imp ratifs de l conomie domestique Le temps des femmes doit tre satur de t ches Serfaty Garzon 2008 31 Avec cette nouvelle image de f e du logis na t aussi un nouveau rapport au temps pour les femmes celui de la pr occupation constante qui va de pair avec l id e suivant laquelle les femmes devraient faire inlassablement preuve de don de soi Encore aujourd hui malgr le fait que les femmes soient majoritairement sur le march du travail on apprend aux jeunes filles l envie et l ambition de prendre soin un jour d une maison et de veiller au bien tre d une famille Si parfois ces jeunes filles devenues femmes tentent de se d faire du mod le int rioris les injonctions int rieures semblent plus fortes que le d sir de ne pas reproduire les mod les que sont pour elles leur m re et leur
66. Je ne me disais pas Je veux agir pareil comme elle mais tu sais je pense que je voulais tre tre pr sente pis tre Oui tre pr sente En tout cas c est s r que l elle va la garderie l mais bon tu sais je veux dire tre quand m me 1a pr sente quand elle est Quand je suis l de de m en occuper Jessica Bien que les hommes ne disent pas ressentir ce conflit int rieur ils souhaitent tous tre des p res pr sents Cependant cette pr sence ne se traduit pas toujours de la m me mani re que celle des femmes Si certains p res prennent soin au quotidien de leurs enfants en accomplissant une vari t de t ches qui leurs sont directement li es d autres ne participent qu des activit s qui ont pour but de favoriser l tablissement d un meilleur lien avec eux comme nous le verrons plus loin Ceci n emp che pas qu une repr sentation traditionnelle des r les peut contribuer limiter celui que jouent les p res aupr s de leurs enfants Chez certains couples il semble que l adh sion partag e l id e suivant laquelle ce sont les femmes qui sont naturellement faites pour s occuper des b b s fait en sorte que l homme c de sa place sa conjointe dans ce qu il croit tre le meilleur int r t de l enfant J ai h te qu elle parle pis que tu sais elle soit plus que ce soit plus mon mon show qui commence l parce que c est certain qu elle e
67. M UNIVERSIT LAVAL M kad kici ERTS tpt L galit dans la mire l in galit dans la peau Comprendre l cart entre les attentes et la r alit des parents dans le partage des t ches M moire Julie Garon Ma trise en sociologie Maitre s arts M A Qu bec Canada Julie Garon 2013 R sum Le pr sent m moire s int resse l cart qui existe entre la volont admise des individus de partager les t ches domestiques et parentales de mani re galitaire et les donn es d enqu te qui font tat de l in galit qui subsiste tant dans le temps allou que dans le type d activit s ex cut es par les hommes et les femmes En se penchant sur la mani re dont s organisent les pratiques domestiques et parentales cette tude a pour objectif de cerner sur quoi reposent les sentiments de satisfaction et d insatisfaction des parents qu b cois Les r sultats tir s d une d marche qualitative d enqu te par entretiens men e aupr s de huit hommes et huit femmes montrent que les individus con oivent toujours les deux genres comme fondamentalement diff rents et leurs r les comme compl mentaires Ce faisant bien qu ils disent adh rer fortement l galit ils aspirent plut t des rapports quitables ce qui contribue expliquer pourquoi l galit n est jamais atteinte iii Table des mati res R SUM is cscvacssscouosiesucsausosesleslacecasaceouspossessuae
68. Oui entre ce qui est essentiel pis ce qui peut tre laiss aller C est a tu sais Il y a des affaires que Bah Tu sais un gars c est un gars aussi Des fois ils font des niaiseries Delphine Le dernier exemple est int ressant en ce qu il illustre la lutte interne que vivent les femmes qui savent qu elles doivent apprendre l cher prise sujet d ailleurs abondamment trait lors des entrevues Le danger et la gravit d une situation auxquels fait r f rence Delphine loin d tre le reflet de la r alit puisqu il est peu probable que son conjoint mette leur enfant en p ril t moignent du risque qu elle per oit laisser un autre qu elle s occuper de sa fille et par le fait m me son sentiment de sup riorit en la mati re Car si de l ext rieur on pourrait tre port croire qu il est ais de partager le r le parental plusieurs femmes parfois appuy es par leur conjoint dans leurs convictions croient tre naturellement plus m me que quiconque de savoir ce qui est le mieux pour leurs enfants 2 2 L influence du capital de mani res sur les pratiques Ce n est pas uniquement dans les repr sentations que se font les individus des r les hommes femmes que l on constate le poids des id es traditionnelles re ues mais galement dans leurs mani res de faire h rit es des g n rations pass es Si la croyance en la compl mentarit naturelle des r les parentaux est encore vi
69. WELZER LANG Daniel Pierre DUTEY et Michel DORAIS dirs La peur de l autre en soi du sexisme l homophobie Montr al VLB pp 13 91 WELZER LANG Daniel 2007 Utopies conjugales Paris Payot 224 p WELZER LANG Daniel 2008 Les hommes et le masculin Paris Payot amp Rivages 347 p WELZER LANG Daniel et Jean Paul FILIOD 1993 Les hommes a la conqu te de l espace domestique du propre et du rang Montr al VLB 355 p 122 Annexe I SCHEMA D ENTREVUE Pr sentation de l intervieweure Pr sentation du projet de recherche D roulement de l entrevue Avantages risques ou inconv nients possibles li s la participation Confidentialit enregistrement gestions des donn es droit de retrait Diffusion des r sultats Questions du r pondant Signature du formulaire de consentement Section 1 Histoire parentale 1 Pouvez vous me raconter le contexte dans lequel vous avez d cid d avoir un enfant 2 De quelle mani re le partage des t ches a t il influenc votre d cision d avoir un enfant 3 Est ce que le partage des t ches la suite de l arriv e de votre enfant vous pr occupait vous inqui tait Si oui pourquoi 4 Comment imaginiez vous le partage des t ches apr s l arriv e de votre enfant 5 Que souhaitiez vous retrouver chez votre partenaire comme caract ristiques parentales 6 De quelle mani re envisagiez vous votre futur r le au sein de la fam
70. ag On est en train d essayer d adapter a pis de s parer plus les t ches au niveau de la discipline C est un sujet nouveau je te dirais depuis peut tre un mois et demi L C est nouveau a fait que je peux difficilement te dire le r sultat de a parce qu on est en train de le faire mais je le vois mon chum qu il essaye plus Il essaye de mettre dans notre coin retrait qui est dans le coin de la cuisine par l bas donc il essaye plus de faire a pis de dire Non a fonctionne pas ou a fait qu on est en train de le travailler a mais je le vois qu il essaye plus Bianca C est de la m me fa on que l on peut comprendre l importance du coup de main dans les repr sentations que s en font les acteurs tant donn que c est elle qui veut faire la cuisine elle veut faire l picerie pour savoir un peu quoi faire dans la cuisine mais encore l si elle me fait une liste qu elle dit coute je n ai pas le temps a ne me tente pas ou Je suis fatigu e je vais y aller pis je vais suivre la liste pis je vais faire l picerie Gabriel Moi j organisais pis lui il m aidait effectuer a fait que je m occupais de la liste d picerie On allait faire l picerie ensemble pis je cuisinais Je partais a pis un moment donn il venait me rejoindre pis on finalisait durant la sieste ou a fait qu il finalisait Il ve
71. ai interrog que des personnes dont le premier enfant est g de cinq ans ou moins les participants sont 53 54 pour la plupart relativement jeunes Cet aspect de l chantillon pr sente plusieurs avantages Outre le fait que les hommes et les femmes rencontr s aient t plus m me de se rappeler de la mani re dont l arriv e de leur premier enfant a affect le partage des t ches au sein de leur couple cela m a galement permis de rencontrer des individus qui sont tous contraints par des t ches semblables Comme la disponibilit est un argument qui revient fr quemment pour justifier la r partition des t ches domestiques et parentales j ai voulu m assurer que la disponibilit des conjoints au sein de chaque couple soit relativement semblable de sorte que cette variable intervienne le moins possible non pas dans le discours des participants puisque cela est hors de mon contr le mais dans leur vie quotidienne C est ainsi que j ai exclus de mon chantillon tous les couples dont l un ou l autre des conjoints est en cong parental tous ceux qui n ont pas d emploi r mun r ainsi que ceux et celles qui sont au travail ou aux tudes temps partiel J ai choisi de ne rencontrer que des personnes qui font partie de la population active occup e ou qui sont aux tudes temps plein et dont le la conjoint e est dans la m me situation Une question qui s est rapidement pos e lors de la pha
72. ainsi un lieu de pouvoir par lequel l tre humain est produit Butler 2004 1 3 La construction sociale du masculin En s int ressant plus sp cifiquement aux hommes Daniel Welzer Lang fait ressortir le r le que joue l homophobie dans la construction sociale du genre masculin Suivant les r sultats de son travail d enqu te aupr s des hommes l homophobie n est pas seulement une attitude n gative et discriminante l endroit des personnes homosexuelles L homophobie est galement et de fa on plus importante ce qui structure les relations entre les genres autant au sein du groupe des hommes que de celui des femmes de m me qu entre ces deux groupes C est donc ce qui structure les relations entre les dominants et les domin s c est dire entre les vrais hommes et ceux qui n en sont pas soit les femmes et leurs quivalents symboliques les enfants les handicap s et les homosexuels Elle constitue la fronti re tanche qui permet de distinguer ces deux groupes de m me que la norme qui contraint les individus adopter les traits physiques les attitudes et les comportements du genre auquel ils appartiennent Welzer Lang la d finit comme l int riorisation du sexisme dans ses rapports aux autres L homophobie est la discrimination envers les personnes qui montrent ou qui l on pr te certaines qualit s ou d fauts attribu es l autre genre Welzer Lang 1994 17 Les rapports e
73. ait il suffit de tr s peu pour que la satisfaction c de la place l insatisfaction sentiments qu prouvent tour tour les individus au quotidien On le con oit ais ment la lecture des entretiens men s selon ce quoi on s int resse dans le moment que ce soit une t che pr cise une p riode de sa vie un effort fait par l autre une situation d sagr able ou un conflit on passe rapidement d une motion l autre Les sentiments de justice et d injustice ne se posent jamais de mani re abstraite ou g n rique Ils sont plut t li s des situations concr tes et des domaines d activit s pr cis de telle sorte qu ils ne sont ressentis de mani re ni constante ni univoque titre d illustration voici quelques extraits tir s de l entrevue de Sarah Dans les d buts de l entretien elle aborde la confiance qu elle avait en son conjoint face son nouveau r le de p re Il s est toujours vu tr s impliqu dans la vie familiale a fait que ce n tait pas une angoisse pour moi l vraiment pas Je savais qu il allait tre tr s pr sent et puis qu on allait le faire deux Sarah Par contre lorsque l on s int resse la mani re dont ils se sont partag s le cong parental son optimisme vire la d ception Il y a un truc int ressant entre ce quoi on s attendait avant d avoir un enfant et ce qu on et finalement ce qui a t apr s C est qu avan
74. alement ce que c est que d tre homme ou femme S il faut bien entendu travailler ces deux fronts en m me temps ce dernier choix me semble le plus rapide et le plus s r moyen pour en arriver ce que la r partition du travail au sein des foyers soit empreinte d galit valeur au c ur des pr occupations individuelles actuelles Prenons l exemple du R gime qu b cois d assurance parentale entr en vigueur en janvier 2006 115 116 qui a favoris une plus grande pr sence des hommes la maison en offrant des semaines de cong l usage exclusif des p res Bien qu il faille nuancer les r sultats de ce programme puisque ce n est qu en de rares occasions que ces cong s sont employ s pour permettre au p re de remplacer la m re en tant que donneur de soins principal ce programme n en demeure pas moins tr s int ressant sur le plan du partage des t ches domestiques et parentales D une part on peut supposer que cette prise de position du gouvernement qu b cois a confirm l id e selon laquelle les hommes ont une place dans la famille ce qui est historiquement nouveau et pas peu important De ce fait cette mesure r affirme la capacit gale des hommes prendre soin des enfants et prendre en charge les t ches de la maison D autre part on peut mettre l hypoth se que ce programme a contribu ce qu un plus grand nombre de p res jouent un r le significatif la maison et aupr s de leurs
75. arce que l il trouve que j ai l air ben trop d une m re poule devant nos autres amis pis l lui Moi je lui dis Ben non Tu as l air tellement de t en foutre justement Tu sais les autres filles sont elles ont l air de voir que dans le fond tes enfants c est moi qui s en occupe L l inverse est ce qu il y a des choses que tu as l impression que lui te reproche ou des frustrations que lui il a ou des choses qu il aimerait qui se fassent diff remment Ben le m me sujet parce que tu sais on en a parl aussi le c t trop m re poule justement l peut tre Ok Devant les amis uniquement ou en g n ral Devant les amis oui devant les gens tu sais Pas en contexte familial parce que a a Des fois a fait m me son affaire Il peut faire des choses dans son coin Non c est plus dans le contexte Anais C est lorsque soumis ce que l on croit tre l examen attentif des autres que l on est confront la r alit de l cart existant entre la norme et les pratiques adopt es La pression sociale pousse se conformer l exigence d galit m me s il est peu probable que les gestes rejoignent les intentions La situation d entretien t moigne d ailleurs tr s bien de ce processus Tel qu illustr plus haut ce contexte particulier qui demande aux participants de d voiler une partie de leur intimit qui n est pas souvent expos e les in
76. aux Des th mes tels que le contexte dans lequel a t prise la d cision d avoir un enfant les t ches effectu es par chacun des parents les repr sentations des r les de l homme et de la femme au sein de la famille et les conflits conjugaux au sujet du partage des t ches seront abord s Le participant n est pas tenu de r pondre toutes les questions qui lui sont adress es Les entrevues seront enregistr es sur support num rique Avantages risques ou inconv nients possibles li s votre participation Le fait de participer cette recherche vous offre une occasion de r fl chir et de discuter en toute confidentialit de vos repr sentations des r les parentaux et de vos pratiques parentales Vous pourrez ainsi mettre votre vision du partage des t ches domestiques et parentales au sein du couple Il est possible que le fait de raconter votre exp rience suscite des r flexions ou des souvenirs mouvants ou d sagr ables Si cela se produit n h sitez pas en parler avec la personne qui m ne l entrevue Celle ci pourra vous mentionner le nom d une ressource en mesure de vous aider au besoin Participation volontaire et droit de retrait Vous tes libre de participer ce projet de recherche Vous pouvez aussi mettre fin votre participation sans cons quence n gative ou pr judice et sans avoir justifier votre d cision Si vous d cidez de mettre fin votre participation il est important d
77. ce of improvisation within a scene of constraint Butler 2004 1 Il est r alis dans la r p tition constante des codes socialement d finis comme tant f minins ou masculins dans le contexte social et culturel propre une poque donn e Si le respect des normes constitue ce par quoi les individus peuvent assurer leur survie sociale d fier celles ci entra ne souvent de la violence l endroit de celui ou celle qui en vient ne plus tre consid r comme humain The viability of our individual personhood is fundamentally dependent on these social norms The terms by which we are recognized as humans are socially articulated and changeable And sometimes the very terms that confer humanness on some individuals are those that deprive certain other individuals of the possibility of achieving that status producing a differential between the human and the less than human Butler 2004 2 Cette violence contre celui qui d vie de la norme est perp tr e dans le but de r tablir l ordre suppos ment menac par ce dernier suivant la croyance selon laquelle le monde ne serait plus s curitaire sans la fondation qu est le syst me binaire de genre Butler pour sa part r fute la th se de l h t ronormativit selon laquelle il y aurait un alignement naturel entre le sexe le genre et l orientation sexuelle L orientation sexuelle ne d coule donc pas plus du genre que le genre est le prolongement natur
78. ciohistorique dans lequel est n e la revendication pour une plus grande galit entre les hommes et les femmes la crise qu a v cue l institution familiale avec pour effet la transformation en profondeur des r les f minin et masculin la mani re dont se fabriquent et s accomplissent les identit s de genre et finalement la valeur de l galit en tant que mod le ce qui m am ne formuler la question de recherche qui sert de ligne directrice ce travail Le troisi me chapitre pr sente la m thodologie qui a t mise en uvre pour cette enqu te empirique C est ici que sont pr sent s avec pr cision le choix des crit res d chantillonnage le contenu du sch ma d entrevue la mani re dont les entretiens ont t men s le portrait des r pondants la m thode adopt e pour l analyse des donn es ainsi que les limites et les biais de l enqu te Le quatri me chapitre fait tat des principaux r sultats de cette recherche Dans la premi re partie de l analyse je fais ressortir l omnipr sence de l galit dans le discours des hommes et des femmes et ce malgr un contexte d in galit apparente Si le discours sur l galit prend tout son sens dans la pr sentation de soi des participants il semble que l id al galitaire n est pas pour autant d terminant de l organisation des pratiques conjugales Dans la deuxi me partie de l analyse je mets en lumi re l influence des mod les tra
79. cite vouloir faire bonne impression l enqu teur tant per u comme le juge de la bonne conduite La fiert lorsqu on a l impression d avoir atteint son objectif est palpable comme en t moigne cet extrait J en parlais avec lui l autre fois J tais comme Tu sais coute Olivier Avec notre premier gar on ben notre premier enfant Il a eu la chance d tre l durant toute la premi re ann e d Olivier Olivier a commenc la garderie seulement un an quand on est arriv L vis Pendant ce temps l le temps de garde tait comme partag entre sa m re et son p re Je lui disais coute tu as comme eu Tu as une relation de proximit que pas grand je ne pense pas qu il y a grand homme qui a avec son avec son petit gar on tu sais Mireille Le malaise du participant est tout aussi tangible lorsque ce dernier se sait d vier de l id al galitaire C est ainsi qu il tente d excuser la distance qui le s pare des attentes normatives entretenues son endroit la situation la plus fr quente tant de r pondre bri vement la question pos e pour passer un sujet qui lui est plus favorable Dans le passage qui suit Paul cherche exprimer l tendue de ses responsabilit s pour compenser le fait qu il soit moins prompt aux t ches strictement m nag res et montrer de ce fait que le partage au sein de son couple n est pas in galitaire C est pl
80. clarifier ce projet d s ses pr mices puis pousser plus loin ma r flexion au fur et mesure de son avancement Je n aurais pas pu imaginer un meilleur soutien pour mener bien ce travail Je voudrais galement exprimer ma reconnaissance G rard Duhaime pour la confiance qu il m a t moign e Les occasions de recherche et de d couverte extraordinaires qu il m a donn es m ont permis d entamer mon apprentissage du m tier de sociologue et ce faisant de profiter de ses connaissances et de son exp rience qu il a partag es avec g n rosit Il a fait de ma ma trise une exp rience extr mement enrichissante Je souhaite aussi souligner la contribution essentielle de Mathieu Lecl re qui a nourri ma r flexion d s nos premi res conversations teneur sociologique autour de frites pic es Son int r t pour mes id es sa confiance et son d vouement me donnent l impression qu aucun r ve n est hors de port e Merci de ta volont sans cesse renouvel e de marcher toujours plus longtemps sur la corde raide de l utopie qu est l galit Je veux enfin t moigner ma gratitude tous ceux et celles qui ont contribu faire de ce projet une r alit en acceptant de prendre de leur temps pr cieux pour me rencontrer malgr des horaires que je sais tr s charg s Vous m avez ouvert les portes de votre univers domestique et je vous en suis extr mement reconnaissante Merci aussi mes amis et ma petit
81. comme Ok ben tu peux retourner travailler Apr s deux semaines il tait temps qu il retourne travailler parce que tu sais nous on est super actifs En fait c est dr le parce qu on n avait jamais pass autant de temps la maison Delphine Cette derni re juge qu il est temps pour le p re de sa fille de retourner travailler alors que ni l un ni l autre n est habitu passer de longues heures la maison Aucune explication n est donn e qui permette de comprendre en quoi il serait plus facile pour elle que pour lui de s adapter cette nouvelle r alit Si chaque participant dispose d arguments rationnels pour expliquer la division du cong parental il n en demeure pas moins que ce sont majoritairement les femmes qui restent aupr s des enfants durant leur premi re ann e de vie Ce choix a toutefois des cons quences importantes sur la prise en charge du travail domestique puisque l ensemble des r pondants consid re que la personne en cong est par le fait m me disponible pour effectuer la quasi totalit des t ches m nag res Comme je disais tant t a a t comme naturel a a t Le fait qu elle tait l la maison elle a comme tout pris en charge l tous les repas le m nage s occuper du linge aller magasiner les choses aller la pharmacie les Elle tait l donc elle s occupait de tout a C tait comme Ben l elle elle ne trava
82. compli par les femmes Envisag autrement on s aper oit que les femmes consacrent 44 de leurs heures productives au travail professionnel et 56 au travail domestique alors que ces proportions sont invers es chez les hommes qui eux consacrent 66 de leur temps productif aux activit s professionnelles et 34 aux activit s domestiques Dallaire 2007 Toujours en 2005 96 des femmes contre 83 4 des hommes d clarent consacrer du temps aux t ches domestiques Cependant une disparit importante subsiste dans le nombre d heures qu ils y d dient Alors que les hommes affirment consacrer 3 heures par jour aux t ches domestiques les femmes elles disent s y adonner pour l quivalent de 4 7 heures par jour En ce qui concerne plus pr cis ment les travaux m nagers cette m me tude montre que les femmes sont deux fois plus nombreuses 42 6 contre 21 5 que les hommes investir 15 heures ou plus par semaine dans ce type d activit s Lorsque l on s int resse plus particuli rement aux couples avec enfants ce taux s l ve 53 7 pour les femmes comparativement 24 5 pour les hommes Si l on ne consid re que les hommes et les femmes en couple avec enfants qui consacrent 30 heures ou plus aux travaux m nagers ces proportions baissent 22 3 et 6 4 respectivement Globalement chez les familles biparentales avec au moins un enfant mineur il arrive pr s de neuf fois plus souvent que la femme
83. consacre plus de temps aux travaux m nagers que la situation inverse se produit En ce qui concerne les soins aux enfants le tiers des p res en couple avec enfants soit 33 4 d clarent y consacrer 15 heures ou plus par semaine alors que chez les m res dans la m me situation ce taux s l ve 51 1 Lorsque l on ne s int resse qu ceux et celles qui investissent 30 heures ou plus par semaine dans les soins aux enfants les proportions passent 16 6 pour les p res et 33 5 pour les m res Globalement il semble qu au Qu bec en 2006 peu importe la situation familiale l investissement des femmes est toujours plus important que celui des hommes lorsqu il est question des heures d di es aux travaux m nagers et aux soins des enfants Minist re de la Famille et des A n s 201 1b Mais au dela de ce que nous apprennent ces donn es qui ne traitent que des diff rences entre les hommes et les femmes dans le partage des taches en termes de temps plusieurs tudes empiriques montrent que le r le parental des femmes et des hommes demeure fortement ancr dans des r f rents traditionnels de genre Doucet 2001 En effet certaines t ches domestiques sont prises en charge quasi exclusivement par les femmes notamment tout ce qui concerne le linge lavage repassage r paration et le nettoyage de la salle de bain d autres sont effectu es tr s majoritairement par les hommes essentiellement ce qui a trait l ent
84. ctives sur la fa on qu on va faire Eve Parmi les r pondants interrog s quatre font affaires avec une personne charg e de l entretien m nager Il semble que c est lorsque les hommes accordent une importance marqu e la propret et l ordre et que cette valeur se traduit par une participation accrue aux t ches qui y sont associ es que cette situation soit la plus fr quente En effet des couples qui sous traitent une partie du travail m nager trois comprennent un homme qui se d crit ou est d crit par sa conjointe comme ayant des standards particuli rement lev s en la mati re et tant prompt prendre en charge les corv es qui y sont associ es De m me certaines femmes interrog es dont le fort capital de mani res est marqu par une injonction agir importante ont partag leur d sir d embaucher quelqu un pour les d gager des t ches m nag res Leurs conjoints ne sont cependant pas int ress s puisqu ils n accordent pas la m me importance la propret et l ordre et qu ils ne sont pas eux m mes d rang s par la charge de travail occasionn e Par ailleurs on retrouve parmi les r pondants et les conjoints des r pondantes un certain nombre d hommes qui ont int gr une repr sentation traditionnelle des r les qui s tend aux t ches domestiques ce qui fait en sorte qu ils ne se con oivent pas eux m mes comme responsables du travail m nager Du coup ils s attendent ce
85. d importantes transformations ont lieu dans la composition des m nages qu b cois Si le divorce est autrefois une pratique peu courante puisque n cessitant une d cision de la part du Parlement f d ral la loi sur le divorce de 15 16 1968 ouvre la porte de nombreux couples insatisfaits En effet alors qu en 1969 on compte au Qu bec 8 7 divorces pour 100 mariages cette proportion grimpe 44 8 divorces pour 100 mariages en 1987 Collectif Clio 1992 et 63 divorces pour 100 mariages en 2008 Institut de la statistique du Qu bec 2012 Cette croissance fulgurante a pour effet de faire appara tre clairement les in galit s conomiques entre les hommes et les femmes puisque le divorce entra ne bon nombre de ces derni res dans une situation de pauvret avec leurs enfants Collectif Clio 1992 Comme le d crit le Collectif Clio La rupture des mariages a r v l la pauvret des femmes qui ne peuvent concilier un travail r mun r faible salaire avec le soin des enfants pour reprendre l expression de l conomiste Anne Gauthier des milliers de femmes sont pass es de la d pendance conomique vis vis du mari la d pendance vis vis de l tat mari Si la pauvret individuelle des femmes pouvait se camoufler derri re le salaire d un mari celui ci parti elle clate au grand jour L effritement des solidarit s familiales et communautaires traditionnelles la mont e des divorces et la crois
86. d rale C 187 adopt e le 1 juillet 1968 que le divorce devient l gal Ceci implique qu partir de cette date il n est plus n cessaire d obtenir une d cision sp ciale de la part du S nat canadien afin de divorcer De plus cette loi fait en sorte d largir les motifs pouvant constituer des causes valables de divorce L ann e suivante la loi f d rale C 150 est adopt e l galisant la contraception et permettant l avortement en certaines circonstances d exception Les femmes doivent toutefois obtenir le consentement d un comit de m decins charg du jugement pour mettre fin une grossesse non d sir e ce qui conf re aux m decins un certain droit de regard sur la reproduction f minine Ce n est qu en 1988 que l avortement est d criminalis par la Cour supr me du Canada qui juge inconstitutionnel l article 251 du 13 14 Code criminel la suite du proc s du Docteur Henry Morgentaler confirmant l autonomie reproductive des femmes Entre temps l ann e 1964 marque une autre victoire importante pour les femmes qu b coises Par la loi 16 l inf riorit l gale de la femme est abolie Les femmes sont maintenant reconnues comme des personnes autonomes l int rieur de la soci t conjugale Plus pr cis ment cette loi fait en sorte qu elles ne se voient plus contraintes de pr senter la signature de leur poux pour effectuer des transactions courantes et qu elles peuvent d
87. de mani res qui poussent agir malgr soi offrant au partenaire la possibilit de ne pas reconna tre les efforts fournis Kaufmann 1992 203 Parce que le capital de mani res peut devenir n gatif pour celui qui en d tient davantage Ainsi celui qui a les exigences les plus lev es et qui a int gr des techniques m nag res sp cifiques est pouss faire davantage de travail domestique alors que l autre jugeant ce qui a t fait selon ses propres crit res ne reconna t pas l effort accompli Comme Kaufmann le sp cifie le capital de mani res est g n ralement plus important chez les femmes ce qui fait en sorte que ce sont g n ralement ces derni res pour qui le capital devient n gatif tendant vers le pi ge qui les enferme La culpabilit masculine et le pi ge f minin sont donc les deux versions d une inad quation entre repr sentations et pratiques faisant ainsi ressortir la puissance de la norme galitaire Kaufmann 1992 43 44 Si l on est appel plus que jamais red finir pour soi m me la place que l on veut occuper dans l univers domestique et aupr s des enfants plus particuli rement il semble qu il ne soit pas si facile de se d faire des normes et conceptions h rit es du pass Le genre bien qu il ne soit pas bas sur une nature propre aux tres est fondateur de l identit des individus que ce soit dans leur mani re de se pr senter aux autres ou de vivre leur qu
88. des t ches domestiques les femmes se d lestent d une partie du travail qui consiste d l guer et du coup de la culpabilit qu elles ressentent alourdir la charge masculine Elles tentent ainsi de r quilibrer la r partition des t ches au sein de leur couple ce qui leur permet de diminuer l insatisfaction ressentie tout en pr servant l harmonie conjugale 3 3 Les mots et les gestes qui permettent d accepter l in galit Il y a galement dans le quotidien des acteurs une volont de passer outre les agacements qu ils ressentent vis vis de l autre pour se concentrer sur les aspects plus positifs du partage De la sorte ils arrivent mettre en balance certains points faibles avec des points forts pour en arriver un tat d quilibre Ce sont g n ralement les femmes qui nous l avons vu se trouvent prendre la responsabilit pour une part plus importante du travail au sein de l univers domestique ce qui contribue cr er l insatisfaction qu elles vivent Si la r partition des t ches ne correspond pas tout fait l id al auquel elles aspirent elles arrivent l accepter en vertu de l am lioration qu elles per oivent chez leur conjoint On apprend aussi tu sais Je me dis que dans quinze ans dans vingt ans je pense qu il va y avoir des choses qui vont tre encore mieux ajust es peut tre Si je vois la progression qu il y a eue entre nos d buts et en ce mo
89. ditionnels En effet il semble que les repr sentations et les pratiques h rit es des g n rations pass es font encore sentir leurs effets aujourd hui Dans la troisi me et derni re partie de l analyse je d voile une panoplie de strat gies employ es par les individus pour minimiser pour eux m mes et devant les autres les manquements aux r gles auxquelles ils adh rent par ailleurs et ainsi faire avec la situation qui est la leur Finalement le cinqui me chapitre de ce m moire vise r pondre la question de recherche labor e en d but de travail C est ici que je propose une interpr tation des r sultats obtenus afin de mieux comprendre ce qu il en est du partage des t ches domestiques et parentales aujourd hui Chapitre I LA REMISE EN QUESTION DES R LES SOCIAUX ET FAMILIAUX 1 Les transformations de la place des femmes dans la soci t qu b coise Le partage des t ches domestiques et parentales entre les hommes et les femmes est aujourd hui une question d un grand int r t au Qu bec si l on en croit le nombre de d bats publics de revues populaires et de scientifiques qui prennent pour objet ce th me de la vie quotidienne Pourtant il f t une poque o la division des activit s li es la maison n tait pas remise en question puisque consid r e comme allant de soi De nombreux changements sociohistoriques sont venus modifier en profondeur la structure de la soci t et du m me cou
90. e tentant de montrer que leur organisation conjugale r pond aux exigences de la soci t Ainsi Bianca pr cise d entr e de jeu Je ne pense pas qu on est typique dans nos dans comment on fonctionne comme couple En tout cas pas de ce que je pouvais penser avant Je ne pense pas qu on repr sente la famille type au niveau du partage des t ches Je n ai jamais t inqui te de a et je n ai jamais t inqui te de comment il allait s occuper des enfants de la responsabilit qu il allait prendre Mon chum a pris du cong parental Moi j ai pris huit mois au premier Il a pris les quatre derniers mois Il avait pris ses cinq semaines au d part Bianca C est galement dans la mani re dont les participants font tat de chiffres pour valuer leur r partition des t ches en rapport la norme que l importance de l galit ressort La n cessit de se montrer en accord avec cette valeur est d autant plus apparente que tous les participants m me ceux dont la division est la plus d s quilibr e disent faire moiti moiti Ainsi lorsqu ils sont interrog s sur leur organisation domestique ou en regard d une t che plus sp cifique la r ponse la plus fr quente est la suivante Ben il y a peut tre eu un certain moment o Genevi ve faisait un peu plus de m nage mais je ne peux pas dire que a a dur tr s tr s longtemps l Disons le le gros ben en plus oui Je di
91. e Guerre mondiale Cette p riode marqu e par la perte de l influence de la religion le d veloppement de l tat providence avec notamment la cr ation des pensions de retraite et la d mocratisation de l enseignement l av nement de la soci t de consommation ainsi que la diffusion massive de la pilule permet l entr e et le maintien des femmes sur le march du travail Tout cela transforme fortement le statut de la femme qui se voit enfin reconna tre le droit de contr ler sa f condit marquant l accession des femmes au statut d individu ce qui n est pas confondre avec la diffusion massive sur le march de la pilule anticonceptionnelle la preuve tant que la baisse de la natalit a t amorc e avant que les anovulants envahissent les tablettes C est cette l vation de la femme galit de l homme qui a donn lieu la diversification des formes familiales actuelles ce qui repr senterait selon Tahon une transformation sociale radicale qui rend les r gles de l alliance et de la filiation incoh rentes aux yeux des individus Tahon 1995 Pour sa part Daniel Dagenais qualifie les transformations auxquelles on assiste aujourd hui de crise de l institution familiale v cue par chaque membre de la famille comme une crise d identit individuelle qui se traduit par l clatement de la famille moderne en une pluralit de mod les familiaux S il s entend avec Tahon pour dire que l ab
92. e avec lui Henri Disons qu il a un cours de natation Aller dans l eau avec ben c est s r que c est moi qui vais y aller C est plus parce que lui dans le fond il n est pas Encore l c est diff rent notre background les deux Moi j tais habitu e que mes parents Tu sais on tait inscrits dans plein d affaires pis on avait toujours plein de cours tandis que lui il n a pas eu vraiment de cours comme a quand il tait jeune Moi j ai beau dire Ben tu sais a serait le fun qu ils fassent a il essaie tout le temps de repousser un peu ce moment l pour que pour qu il ait plus de temps pour lui un peu C est a son Pour lui m me Ton chum Ok C est sa grosse hantise l ces temps ci qu il n a pas de temps pour lui Anais Moi je sors plus qu elle Elle elle aime plus Elle est plus casani re Elle aime mieux rester la maison Moi j ai besoin de mes activit s tu sais Faire du sport j en ai besoin l Il faut que je sorte pis j ai besoin de faire autre chose tu sais que de rester la maison Paul Revenons aux concepts labor s par Kaufmann pr sent s plus haut Le fort capital de mani res des femmes et plus pr cis ment leur injonction agir qui survient plus t t les poussent accomplir une plus grande part du travail dans la sph re domestique tout en amenant les hommes ne pas reconna tre l effort qu elles fournis
93. e contient Tahon 1995 186 De plus certains analystes constatent selon elle que l on assiste actuellement un processus de f minisation de la soci t d une part par l arriv e massive des femmes dans tous les domaines d emploi autrefois r serv s aux hommes d autre part et de fa on plus significative encore par le passage d une soci t teint e de valeurs masculines une soci t color e de valeurs f minines Ainsi des cons quences tr s positives sur l identit f minine d coulent des transformations de la famille et ce malgr le fait que les femmes ne soient pas d gag es de leur responsabilit des domaines domestique et parental Tahon 1995 Un regard approfondi sur la famille contemporaine et les traits qu elle a abandonn s de son pass permet de constater de quelle mani re tous les aspects de cette institution ont t profond ment transform s ce qui am ne chacun de ses membres red finir son r le vis vis des autres et questionner son identit profonde Si autrefois notre place dans la soci t et la famille nous tait dict e les multiples mani res de vivre en famille et parfois m me les diff rents types de familles desquels un individu peut faire partie au cours de sa vie am nent une instabilit sociale et individuelle importante Le partage des t ches domestiques et parentales autrefois clairement circonscrit se trouve aujourd hui en proie des d bats
94. e de l galit dans le rapport aux autres La norme galitaire si elle n influence pas directement les pratiques prend tout son sens dans le rapport aux autres Lorsque l individu aper oit la r alit de sa vie conjugale sous l angle du regard ext rieur il ressent le besoin de modifier ses agissements m me si ce n est que pour un court instant et ce dans un contexte pr cis qui n est pas celui de l intimit conjugale L exemple d Anais est r v lateur Alors que son conjoint participe peu 67 aux t ches parentales dans la maison et qu elle a de son propre aveu le lien enfants un peu plus d velopp c est lorsqu ils sont en pr sence d amis que leur organisation pose probl me C est s r que quand on va aller disons dans une activit avec les amis qui sont des amis d avant qu on ait des enfants ben l c est s r que moi je vais focusser plus sur qu est ce qui se passe avec les enfants pendant cette activit la Est ce qu ils sont corrects Y a t il je ne le sais pas moi un escalier dangereux ou n importe quoi Je vais tre plus focus enfants pis lui il va comme pas oublier qu il a des enfants mais il ne les prendra pas n cessairement en compte Il va aller les voir une couple de fois de m me a va tre a l tu sais Ok Il est dans son activit d adultes plus Il est dans son activit d adultes a fait que a cause des conflits p
95. e m ne un peu l dedans en quelque sorte pis moi a me d range pas de de de me laisser mener Henri Malgr cette bonne volont que dit manifester Henri et que d autres manifestent peut tre galement plusieurs femmes h sitent d l guer les t ches Si tel que nous l avons vu cela est parfois parce qu elles craignent que le travail ne soit pas r alis selon leurs crit res une autre explication doit tre consid r e travers le regard que portent les femmes sur leur conjoint et le discours m me des hommes il est vident que pour ces derniers la perte de temps libre occasionn e par l arriv e des enfants est ressentie avec intensit et que leur mani re de prendre en charge le travail domestique est associ e la volont qu ils ont de se r server des moments pour eux Mon r flexe en fait c tait Au d but c tait un peu l inverse de celui d Audrey c est dire que moi je voulais faire les les t ches comme je ne sais pas moi si c tait partir un lavage ou faire une petite vaisselle des trucs comme a mon r flexe tait de faire les t ches quand le b b tait r veill L Pour moi ce que ce que a faisait c est que quand il dormait ben a me donnait du du temps libre tandis qu au d but Audrey elle tait plus pour comme faire les t ches pendant pendant que le b b dormait pour que quand il soit r veill ben l on on puisse tr
96. e s ur qui m ont g n reusement ouvert leurs r seaux respectifs durant la phase de recrutement afin de m aider dans la progression de cette recherche Je ne peux passer sous silence l appui sur lequel j ai pu compter de la part du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada CRSH et de l Association des femmes dipl m es des universit s de Qu bec AFDU Qu bec Leur soutien financier a contribu au succ s de ce projet vil Introduction Le mod le de la famille double revenu tant aujourd hui le plus r pandu peu peu de nouvelles demandes sont adress es aux hommes et aux p res pour qu ils prennent davantage part aux t ches domestiques et parentales et qu ils partagent les responsabilit s familiales avec leur conjointe Les r les de p re et de m re sont donc en constante volution depuis les derni res d cennies se transformant l un par rapport l autre Cependant malgr la volont marqu e des individus de transposer la norme galitaire int rioris e dans le quotidien conjugal les derni res tudes r alis es sur les m nages au Qu bec r v lent qu un cart important subsiste dans le temps allou quotidiennement par les hommes et les femmes au travail domestique et parental D abord il semble que les priorit s des uns et des autres soient diff rentes En 2005 60 du temps professionnel est r alis par les hommes alors que 62 du temps de travail domestique est ac
97. e suis pench e tant sur les pratiques parentales quotidiennes des individus que sur leurs repr sentations des r les parentaux Qui plus est j ai choisi de rencontrer des individus susceptibles d aspirer ou d avoir aspir r partir les t ches de mani re galitaire au sein de leur couple et d tre r flexifs sur leur exp rience J ai opt pour la m thode qualitative qui tait mieux adapt e aux objectifs de la recherche Je me suis int ress e au discours d hommes et de femmes pour comprendre le sens qu ils donnent leurs actions Cons quemment j ai choisi l entretien comme mode de collecte des donn es vu la richesse et la vari t de l information que l on peut en tirer Ce chapitre a pour but de pr senter la m thodologie employ e et d expliciter les choix qui ont jou un r le d terminant dans l obtention des r sultats La premi re partie d crit et justifie les crit res d chantillonnage La deuxi me partie porte sur le contenu du sch ma d entrevue La troisi me partie pr sente le d roulement des entretiens La quatri me partie permet de dresser le portrait des participants alors que la cinqui me partie vise d crire la m thode d analyse employ e Finalement la derni re partie prend pour objet les limites et les biais de l enqu te afin de relativiser les r sultats obtenus 1 Les crit res d chantillonnage Ma r flexion entourant les crit res d chantillonna
98. el du sexe Selon elle trop de groupes enfreignent cette norme les homosexuels les lesbiennes les travestis les transsexuels prouvant de ce fait qu elle n est qu une construction sociale Son caract re r ducteur a plut t pour effet de mettre mal les individus qui ne se sentent pas l aise avec le genre ou l orientation sexuelle qui leur est assign Selon Butler les normes de genre sont intimement li es aux concepts de savoir et de pouvoir tudi s par Foucault Selon ce dernier le pouvoir se forme dans la production du discours sur la sexualit non sur la r pression de cette sexualit En incitant les individus confesser leurs d sirs et leurs pratiques sexuels se forme un savoir sp cifique notamment sur ce que constitue tre un vrai homme et une vraie femme Le pouvoir contraignant des normes de genre op re en dissimulant le caract re construit des qualit s masculines et f minines les faisant appara tre comme relevant de la nature c est dire directement li es au sexe biologique des individus The question of who and what is considered real and true is apparently a question of knowledge But it is also as Foucault makes plain a question of power Having or bearing truth and reality is an enormously powerful prerogative within the social world one way in which power dissimulates as ontology Butler 2004 215 C est ainsi que se r alise le processus de normalisation qu
99. ement Si la difficult des familles ouvri res Joindre les deux bouts contribue encourager de nombreuses femmes travailler en usine pour apporter un salaire d appoint celui de leur mari salaire qui ne repr sente que la moiti du salaire masculin plusieurs pr f rent travailler contre r mun ration domicile afin d tre plus m me de concilier travail r mun r travail domestique et soin des enfants D j cette poque on voit appara tre la double journ e de travail et un mod le de participation caract ris par la n cessit de combiner travail familial et travail salari pour les femmes puisque les hommes ne participent pas aux t ches domestiques et parentales faisant en sorte que les femmes doivent adapter leur horaire aux contraintes g n r es par ces deux types d occupation En 1891 le cinqui me de la main d uvre manufacturi re est f minin et cette fraction s l ve un tiers lorsque l on ne consid re que les milieux urbains de Qu bec et de Montr al Pourtant la r probation sociale face au travail des femmes particuli rement celui des femmes mari es consid r quasi ill gitime et potentiellement immoral est virulente Collectif Clio 1992 C est qu 10 cette poque la bourgeoisie lance des campagnes visant introniser les femmes de familles prol taires en reines du foyer ce qui l inverse cantonne les hommes dans le r le de pourvoyeur Selon
100. ent dire l chaque jour ou chaque semaine ben Si si par exemple on a passer l aspirateur c est moi qui vais le faire entre entre les visites de la femme de m nage Je suis plus maniaque que Maude par rapport la propret donc si je vois quelque chose ben qui ne me pla t pas je suis beaucoup plus maniaque par rapport a donc c est je vais prendre je vais prendre moi le balai pis ou moi l aspirateur moi pousseter parce que a me Gabriel On n a pas le m nage faire en g n ral mais ramasser c est Francis C est s r et certain Il va ramasser plus vite que moi Il n aime pas a quand a tra ne donc il va Moi je suis un peu tra neuse a fait que je ne les vois pas pis je vis bien avec a donc il va ramasser Il va passer en arri re pour ramasser ee Quelles sont tu dirais les forces de ton chum Ben c est c est le domestique dans le sens qu il voit les t ches que je ne vois pas parce que moi je vivrais bien si a trainait quand m me J ai je peux Jaime a quand j ai une maison propre mais si les choses tra nent je peux les laisser l un petit bout Lui il va organiser a pour que a C est un gars d op rations a fait qu il faut que a roule Il faut que a soit efficace On ne fait pas des pas pour rien a fait que si on veut que le m nage soit fait il faut que lui il lead pis qu il donne les dire
101. ent jusqu atteindre 19 4 en 2006 alors que dans la m me ann e on compte 37 5 des couples qu b cois qui sont l galement mari s non s par s Institut de la statistique du Qu bec 2012 La croissance fulgurante du taux de naissances hors mariage qui passe de 4 en 1963 35 6 en 1989 Collectif Clio 1992 et qui atteint 63 en 2011 Girard 2012 constitue la preuve que l union libre est devenue une solution de rechange au mariage Suivant l importance de ce ph nom ne les lois s largissent afin de permettre aux individus choisissant ce type d union de conclure entre eux des ententes de vie commune bien qu elles ne leur permettent pas d inclure toutes les clauses comprises dans le contrat de mariage En r duisant l cart qui existe l galement entre les droits des individus mari s et vivant en union libre ces lois contribuent la popularit de l union libre comme mode de vie conjugal ainsi qu l augmentation des naissances hors mariage Si le taux de naissances connait une augmentation importante au cours de la p riode d apr s guerre cela est d au fait que le nombre de femmes qui ont des enfants augmente alors que le nombre de femmes qui ont des familles nombreuses lui diminue Ce ph nom ne surnomm le baby boom ne doit pas camoufler le fait que le nombre de naissances diminue graduellement depuis le XIX si cle et que cette baisse s est g n ralis e au cours de la premi
102. er ue comme l occasion pour celui qui y est le plus souvent de prendre en charge une part plus importante du travail effectuer Ainsi plusieurs r pondants disent faire certaines t ches ou une plus grande proportion de celles ci en vertu de leur disponibilit En ce moment moi je prends mes vendredis pis comme a a me permet de justement d aborder le week end plus sereinement ps Comme je prends mes vendredis je fais tout ce genre de choses l les t ches domestiques Je m implique un peu plus la maison Sarah C est Genevi ve toujours ben pratiquement toujours Genevi ve qui va les porter la garderie et c est pas mal toujours elle qui va les chercher aussi Ok Y a t il une raison pour a Elle travaille moins d heures elle travaille de plus proche Charles Pourtant la disponibilit des participants est toujours choisie en ce sens qu il y a un effort qui est fourni particuli rement chez les femmes pour courter les journ es de travail afin de s assurer que leurs enfants ne passent pas de trop longues journ es la garderie ainsi que pour se pr valoir lorsque possible des semaines de travail de quatre jours La disponibilit des parents est donc fonction de leurs priorit s Ceci tant dit les priorit s d pendent de la mani re dont on con oit son r le dans la famille et les responsabilit s qui y sont associ es Autrement dit les femmes font le n cessaire pou
103. es points On passe des patrons Simplicity aux patrons Butterick en attendant d acc der aux prestigieuses coupes de Vogue Le nettoyage se raffine et le savon devient un produit qui se pr sente d guis en canettes et en bouteilles Faire le m nage repr sente une v ritable entreprise L ducation des enfants se transforme en redoutable occupation L cole des parents n en finit plus de prodiguer ses conseils Les dilemmes se multiplient Faut il permettre ou interdire Quel jouet ducatif faut il acheter Comment devenir l amie de ses enfants Faut il duquer la propret un an ou deux ans quel ge peut on autoriser les sorties mixtes La maison doit tre bien d cor e et de pr f rence il faut tout faire soi m me les tentures les couvre lits le papier peint la d coration florale Il faut tre jolie bien coiff e et bien maquill e surtout six heures quand monsieur revient du travail Il faut savoir recevoir pr parer les buffets organiser les parties en laissant monsieur le soin de m langer les cocktails Et dans ses moments de loisir il faut aller aux r unions d coles s occuper de la biblioth que municipale de la campagne de souscription des scouts fr quenter les associations d action catholique et aider son mari tenir la comptabilit Collectif Clio 1992 414 415 Si de nombreuses femmes qu b coises demeurent la maison pour r pondre ces nouvelles normes la n c
104. es standards au sein de la maisonn e Pour les hommes ce sera l occasion de prendre part activement aux d cisions familiales quotidiennes en faisant valoir leurs id es pour endosser leur r le de chef de famille dans son enti ret En s investissant pleinement dans le foyer ils pourront jouir d une relation bas e tant sur la cr ation d un lien affectif que sur la prise en charge concr te du travail domestique et parental que requiert l ducation des enfants Et pour ces derniers ceci signifiera la chance extraordinaire d avoir deux mod les ayant quelque chose d unique leur apporter tout en tant unis dans leur investissement leur endroit N est ce pas apr s tout ce que les g n rations futures ont le plus gagner d une soci t o le r le parental est pleinement partag 117 Bibliographie ALLEN Sarah M et Alan J HAWKINS 1999 Maternal Gatekeeping Mothers Beliefs and Behaviors That Inhibit Greater Father Involvement in Family Work Journal of Marriage and Family 61 1 pp 199 212 BENO T Am lie 2006 tude des liens entre le rapport la paternit et le rapport au temps dans la conciliation entre la vie professionnelle et la vie priv e M moire de ma trise Montr al Universit du Qu bec Montr al 179 p BIANCHI Suzanne M Melissa A MILKIE Liana C SAYER et John P ROBINSON 2000 Is Anyone Doing the Housework Trends in the Gender Division of Househo
105. essit financi re d occuper un emploi r mun r combin e au besoin social de main d uvre f minine dans une majorit des sph res de la vie conomique fait en sorte qu une partie croissante de la population f minine choisit d int grer le march de l emploi Si bien que les vingt ann es comprises entre 1950 et 1970 peuvent tre d finies comme un intervalle durant lequel la participation des femmes sur le march du travail se g n ralise et constitue un passage vers l acceptation sociale du travail des femmes l ext rieur et ce malgr le fait que les femmes taient pr sentes dans le monde du travail depuis le d but de la r volution industrielle Collectif Clio 1992 1 3 Les acquis des femmes C est en 1954 que l abolition officielle du double standard en mati re de s paration conjugale permet aux femmes de demander la s paration de corps en cas d adult re de la part de leur conjoint Auparavant seuls les hommes d tenaient ce privil ge moins qu ils n aient tabli leur concubine sous le toit conjugal dans quel cas une femme pouvait faire la demande de s paration C est partir du moment o ce droit est accord aux femmes qu b coises que les demandes de s paration se mettent abonder Le divorce pour sa part reste une proc dure rare puisque n cessitant une d cision du Parlement f d ral en plus d tre une d cision particuli rement on reuse Ce n est qu avec la loi f
106. et des questionnements puisque la d structuration des r les et la remise en question des identit s masculine et f minine ont rendu les normes floues en la mati re Chacun est appel inventer pour lui m me sa ligne de conduite Pourtant il semble que l arch type des genres a encore une influence sur la r partition des activit s du quotidien conjugal et que les mod les traditionnels conservent malgr tout une place importante dans les repr sentations que l on se fait de l homme et de la femme Voyons voir ce qu il en est dans le prochain chapitre 29 Chapitre II LE GENRE ET L EGALITE DEUX REALITES INCONCILIABLES 1 La construction du sexe et du genre Le rapport l espace domestique et aux r les parentaux ne peut tre examin en faisant fi de l influence du cadre normatif qu est la dichotomie de genre Car l individu marqu par la socialisation qui l a fa onn est lui m me forc de penser sa place dans la famille en fonction des contraintes et des prescriptions qui l ont guid dans la construction de son identit Plus encore ses gestes sont le reflet de ces marqueurs culturels enfouis au plus profond d une m moire dont il n a bien souvent pas conscience Si encore aujourd hui le sexe appara t comme tant la fois le support et l objet d une classification des tres en deux groupes bien que la majorit s entende sur l aspect arbitraire de leur contenu l
107. et les femmes n est pas appliqu long terme par les couples contemporains D abord il conduit les couples une comptabilit complexe des t ches pour que chaque partenaire en fasse autant que l autre peu importe ce que sont les pr f rences individuelles Ce qui nous ram ne la question du double standard asym trique comment g rer deux l ensemble des t ches partir de deux perceptions diff rentes du propre et du rang Si de nombreux conflits d coulent de cette organisation menant plusieurs couples la rupture ceux qui tentent de pers v rer dans cette direction voient g n ralement l homme se plier aux mani res de faire de sa conjointe Welzer Lang et Filiod stipulent que les hommes qui souhaitent investir la sph re domestique manquent de mod les sur lesquels s appuyer pour le faire Ils d crivent donc pour les hommes la difficult d assumer le passage d un mod le masculin dominant celui que repr sente notamment le p re la construction d un autre possible Welzer Lang et Filiod 1993 307 Cette organisation est galement caract ris e par la fusion des deux partenaires dans l espace domestique Ainsi les territoires se partagent les portes s ouvrent et les lieux deviennent majoritairement communs nulle possibilit de revendiquer un territoire uniquement soi Cuisine garage bureau salle de bain sont des lieux que peuvent s approprier tour tour les hommes et les
108. femmes Le mod le galitariste est donc un mod le bas sur la fusion l un et l autre partenaires doivent tre interchangeables lire une norme commune pour d finir le propre et le rang ainsi que partager tous les espaces de la maison L impossible application long terme de ce mod le ax sur la recherche de perfection dans l galit entre les hommes et les femmes conduit les couples qui y survivent passer au mod le autonomies concert es Avec le mod le autonomies concert es on voit r appara tre les diff rences entre les conceptions les mani res de faire et les espaces de l homme et de la femme Welzer Lang et Filiod pr cisent tout comme le fait remarquer Dagenais que ces mani res de faire ne sont pas assum es sur la base du genre mais bien sur celle des pr f rences personnelles C est dans cette acceptation des diff rences hommes femmes comme relevant de singularit s individuelles que s inscrit la nouveaut de ce mod le On passe donc d une logique organisationnelle qui repose sur une division entre les genres celle d une division entre des individus Si ce mod le donne lieu autant une compl mentarit plus traditionnelle des r les entre un pourvoyeur et une m nag re qu celui de la double charge mentale associ e la gestion des t ches l essentiel est que le fonctionnement domestique est bas sur un partage de l espace et des responsabilit s m nag res On ne comp
109. feuille qui est un r le qui est quand m me tr s masculin Tu sais je me dis Bon ce niveau l euh je trouve que je ne suis pas tr s moderne peut tre si j ai faire mon autocritique mais en m me temps a s est fait de m me aussi pis je ne me sens pas mal tu sais Oui Vous tes bien l dedans C est a On est bien l dedans pis je ne me sens pas mal l dedans Je ne passe pas de commentaires je ne suis pas frustr e de a Est ce qu il y aurait l espace un changement radical drastique dans ces je ne suis pas s re Par contre en termes d int r ts aussi peut tre qu on pourrait essayer mais en m me temps je ne pense pas que j ai le go t de commencer m embarquer dans les finances pis euh a ne me tente pas Mireille Bien que Mireille fasse tat d une volont de mettre en place un partage sur des bases moins traditionnelles et donc plus galitaires pour r pondre des attentes qu elle a elle m me int rioris es la mani re dont sont partag es les t ches avec son conjoint lui convient suffisamment pour ne pas remettre en cause l organisation d velopp e avec le temps M me ceux et celles qui sont moins satisfaits de la r partition des activit s au sein de leur foyer trouvent peu de motivation modifier leurs fa ons de faire Trop de facteurs enjoignent effectivement les acteurs au statu quo tel que nous le verrons plus loin 1 2 L importanc
110. ge a t guid e par la volont de donner mon chantillon une certaine homog n it En effet la taille d un chantillon qualitatif ne permet pas d atteindre une repr sentativit de type statistique mais elle doit en revanche permettre d clairer certains des m canismes et des processus l uvre dans le 51 52 ph nom ne tudi c est dire le partage des t ches J ai donc tent de circonscrire une population de recherche assez troitement de fa on ce que les exp riences et discours des r pondants puissent tre compar s les uns aux autres l int rieur des limites ainsi fix es J ai cependant tent de constituer l chantillon le plus vari possible L op rationnalisation de mon objet d tude s est galement av r e d licate a priori et d terminante des crit res d chantillonnage adopt s En effet j ai d d cider des t ches auxquelles j allais m int resser dans le cadre de la recherche J aurais pu ne me pr occuper que des t ches domestiques Or je souhaitais rencontrer des individus chez lesquels les circonstances de vie font qu un partage des t ches non traditionnel est plus difficile mettre en pratique voire improbable La transition la parentalit est un de ces moments Comme le souligne Kaufmann La naissance du premier enfant marque la fin de la p riode des d buts de l improvisation et de la l g ret L arriv e de l enfa
111. he d une place en garderie et d un m decin de famille pour les enfants courses etc Si l objet essentiel de cette section est de dresser un portrait de l ensemble des t ches domestiques et parentales la question visant savoir pourquoi il en est ainsi donne lieu parfois des consid rations d ordre pratique mais laisse galement entrevoir des repr sentations des r les de l homme et de la femme au sein de l univers domestique ce qui am ne la troisi me section de l entrevue 2 3 Les repr sentations des r les parentaux La troisi me section de l entretien vise faire ressortir les repr sentations des r les de l homme et de la femme dans le cadre domestique et parental Si tout au long de l entrevue les repr sentations manent du discours que ce soit travers les attentes entretenues avant l arriv e de l enfant ou encore les raisons voqu es pour expliquer le partage actuel des t ches la derni re section de l entrevue est exclusivement d di e ce sujet et permet de creuser plus loin les perceptions pr alablement mentionn es Dans un premier temps des questions cherchant circonscrire les forces et faiblesses de chacun qu elles soient li es directement ou indirectement aux enfants et cerner les attentes formul es vis vis du partenaire sont pos es Dans un deuxi me temps ce sont les 57 58 insatisfactions les probl mes et les conflits li s au partage des
112. hodes alternatives Il se fie 100 mon jugement pis c est comme c est pas mal ma responsabilit Delphine Il va me dire Tu ne trouves pas que tu exag res un peu mais en m me temps moi je fais mes trucs Je n achale personne Je fais mes affaires pis je suis contente au bout du compte mais des fois c est s r que a peut m agacer un peu Tu sais tu te fais dire un commentaire de m me surtout si tu viens de finir de faire du m nage pis Des fois je vais avoir des commentaires oui Beau m nage Ok oui c est le fun Des fois un autre jour tu te fais dire Tu ne trouves pas que tu exag res L J aimerais juste des fois que ce que je fais tu sais dans la maison qu on me le qu on m en enl ve un petit peu plus tu sais de de sur les paules ou que qu on m encense Non mais tu sais vraiment Je ne sais pas avoir une m daille Mireille Bien qu elle le dise en riant on comprend qu il est important pour Mireille de ressentir l appr ciation de son conjoint pour le travail qu elle accomplit pour sa famille Car si les femmes consentent mettre autant d effort dans l univers domestique c est d abord et avant tout pour le bien tre de ceux et celles qui l habitent Ce faisant les marques de reconnaissance qu elles soient accord es sous forme de paroles ou de gestes contribuent la satisfaction que les femmes ressentent en regard
113. i d abandonner leur famille d encourager la d linquance juv nile et de sacrifier les int r ts de la nation canadienne fran aise en tant sur le march du travail Selon le nationalisme traditionnel une des composantes de l identit collective est la vie familiale selon le mod le habituel m re au foyer chef de famille masculin et de nombreux enfants Les pouses travaillant l ext rieur risquent de bouleverser cet ordre Collectif Clio 1992 388 C est au cours de la m me p riode que le premier Ministre Mackenzie King annonce que seront vers es des allocations familiales aussi appel es baby bonus aux m res La guerre de 1939 1945 a permis aux instances gouvernementales de r aliser l importance des m nag res principales 11 12 responsables des achats de consommation dans la famille ainsi que de l pargne familiale Ces allocations puisque vers es aux m res sont fortement critiqu es notamment par le clerg et par l administration de Maurice Duplessis puisque consid r es comme constituant une entrave importante l autorit du p re chef de famille Malgr tout ces gains du c t des femmes ne modifient pas leur place dans la soci t ce qui fait en sorte qu une fois la guerre termin e tous les efforts sont d ploy s afin de les faire rentrer au foyer Le gouvernement appr hendant l augmentation du taux de ch mage comme dans les ann es 1930 va m me jusqu m
114. i r gle la fa on dont agissent et se pr sentent les individus de m me que la mani re dont ils interagissent entre eux tendant vers un id al de masculinit et de f minit 35 36 Le sujet est donc projet l ext rieur de lui m me dans un monde r gi par des normes qu il ne choisit pas mais travers lesquelles il doit b tir son identit Suivant le postulat d Hegel selon lequel le d sir est toujours un d sir de reconnaissance Butler avance que le genre anim par le d sir de l autre vise tre reconnu par autrui Le sujet est donc vuln rable car il est d pendant de l autre dans son d sir de reconnaissance cet autre ayant la possibilit d admettre ou de nier son humanit Il est aussi d pendant des institutions qui le prot gent ou non des menaces de violence auxquelles il pourrait devoir faire face ce qui leur conf re le pouvoir de tracer la limite de ce qui est l gitime en mati re de comportements de genre et de pratiques sexuelles excluant n cessairement certains individus The demand to be recognized which is a very powerful political demand can lead to new and invidious forms of social hierarchy to a precipitous foreclosure of the sexual field and to new ways of supporting and extending state power if it does not institute a critical challenge to the very norms of recognition supplied and required by the state legitimation Butler 2004 115 La performance du genre devient
115. i a trait au partage des taches domestiques et parentales Presque tous les participants qui le peuvent justifient par l origine culturelle trang re leurs conduites ou celles de l autre C est le cas notamment de Bianca qui tente d expliquer les motifs pour lesquels le p re de ses enfants ne serait pas en mesure de prendre en charge la gestion familiale Lui l espace temps c est comme moins important Il a le beat s n galais vraiment J appelle a comme a l mais tu sais il est plus smooth C est comme pas grave On le fera plus tard Bianca Mon conjoint lui il vient d un milieu tr s traditionnel russe Ses deux parents sont d origine russe pis ils ont immigr au Qu bec donc sa m re est rest e la maison Son p re allait travailler Quand il revenait du travail ben tu sais il se reposait Tu sais tout tait pr t pour lui dans le fond Il s occupait un peu des enfants pour jouer un peu pis c tait a Ca fait que tout le reste des t ches li es aux enfants eux m mes c tait la la femme finalement donc on n a pas les m mes r f rences de base ce qui fait qu actuellement des fois moi Quelque chose qui est comme instinctif pour moi qu il faut que a soit pareil pareil lui a ne peut pas tre pareil Il faut qu on en discute chaque fois parce que tu sais je dis J ai l impression que j en fais plus que toi pis l il va me dire Ben
116. i suit permet de mieux comprendre les changements structurels qu a connus cette institution ainsi que la mani re dont les r les de chacun ont t appel s se red finir l un en fonction de l autre 2 La crise de l institution familiale Bien que la famille apparaisse comme une institution mill naire immuable l histoire nous apprend qu il n en est rien La famille emprunte des traits particuliers selon le contexte conomique politique et symbolique dans laquelle elle se situe Certains disent m me qu elle est la forme du social la plus multiforme la moins univoque Tahon 1995 7 Elle est le reflet de la soci t laquelle elle appartient Plus concr tement les formes familiales contemporaines n es des changements qui ont eu cours dans les cinquante derni res ann es sont en rupture radicale avec la famille mod le unique qui existait pr c demment Les certitudes que l on connaissait jadis sont branl es par l infinie vari t de mani res de vivre en famille qui constitue notre paysage actuel Car cette transformation de l institution familiale a apport avec elle une volont de red finir nos rapports au sein m me de cette institution et de ne plus jouer vis vis de nos proches les m mes r les qui nous taient autrefois impos s Ce sont les identit s m mes des individus qui sont remises en question et la mani re d incarner la f minit et la masculinit qui est appel e
117. ieux Alexis M me chez les couples qui s accordent dire que c est la m re que revient en priorit la charge des enfants en vertu de ses comp tences naturelles en la mati re les hommes empruntent l id al galitaire cette facette de la responsabilit parentale L introduction de l aspect affectif dans la paternit a pour effet un effort conjoint pour que l un et l autre aient des temps de qualit avec les enfants dans le but de b tir avec eux une relation de proximit C est alors que le couple se partage les temps de jeu les activit s ludiques de fin de semaine la lecture d une histoire avant le coucher et ou le bain Avant c tait lui qui donnait le bain vu que je passais la journ e avec elle Lui a lui faisait son petit temps mais l lui il va plus commencer ramasser la vaisselle a fait que moi je prends mon bain avec elle parce que lui il va s en occuper pendant que je pr pare le souper c est lui qui va la tenir occup e Il va jouer avec elle a fait que l c est moi qui lui donne son bain pis je prends mon bain avec elle a fait qu on joue dans le bain Delphine Quand j arrive c est souvent l heure que le b b mange donc souvent j ai la chance que le souper soit pr t pis apr s a ben mon mon implication c est de donner le bain et ou de de jouer avec lui donc j ai quand m me une partie assez agr able des t ches l je dirais faire en
118. ifier leurs pratiques en concordance avec la norme lorsqu ils se savent en d vier Ainsi comment cette valeur peut elle avoir une influence au quotidien sinon que dans la pr sentation de soi aux autres C est cette question qui est examin e dans la premi re section du pr sent chapitre Les pages qui suivent prennent donc pour objet la place de l galit dans le quotidien des acteurs de m me que celle qu elle a prise dans le contexte des entrevues La premi re partie vise exposer le peu d influence qu a la norme int rioris e sur les pratiques individuelles malgr l importance du discours entourant l galit alors que la deuxi me partie permet de rendre compte de l imp ratif que ressentent tant les hommes que les femmes se montrer en concordance avec cette valeur 63 64 1 1 La port e limit e de l galit Il est int ressant de constater la force avec laquelle l galit comme norme structure le discours des individus lorsque questionn s sur leurs pratiques et leurs repr sentations en mati re de partage des t ches domestiques et parentales Alors que le concept m me d galit et tous ceux qui lui sont apparent s quit interchangeabilit justice etc ne figurent nulle part dans la pr sentation de la recherche ou dans le sch ma d entrevue tous sans exception en font mention Plus souvent qu autrement les participants cherchent se situer par rapport cette norm
119. ille avec l arriv e de votre enfant 7 Racontez moi comment a s est pass la suite de la naissance de votre enfant 8 Quels ont t les probl mes r gler au d part Pourquoi Section 2 Pratiques parentales 9 D habitude dans votre couple pouvez vous me d crire comment sont partag es les t ches et les responsabilit s 10 Y a t il des situations exceptionnelles lors desquelles les t ches sont divis es autrement 11 Quels changements ont eu lieu dans cette organisation avec le temps 12 Pouvez vous me dire qui fait quoi en termes de t ches li es au m nage et au lavage Pourquoi 125 124 13 Pouvez vous me d crire comment le travail est divis dans la cuisine Pourquoi 14 Pouvez vous me raconter comment vous partagez les t ches li es aux r parations de votre demeure l entretien de l ext rieur de votre habitation ainsi qu l entretien et la r paration de la des voiture s s il y a lieu Pourquoi 15 Pouvez vous m expliquer de quelle mani re vous vous r partissez les t ches li es directement votre vos enfant s l habillement le bain le coucher le changement de couches l hygi ne Pourquoi 16 Pouvez vous me d crire qui accompagne votre vos enfant s dans ses leurs diff rentes activit s transport garderie m decin dentiste autres rendez vous Pourquoi 17 Pouvez vous me raconter comment se partagent le
120. ille pas Elle le fait Et ainsi de suite Non il n y a pas eu d ajustements C est comme par la force des choses a se fait Alexis La fille tant la maison un an ben tu sais tu as plus de temps pour faire ces t ches l m me si tu as le b b a t occuper parce que donc l toutes les t ches m nag res c tait pas mal moi qui les faisais 4 ce moment la Anais La mani re dont Henri qui a lui m me pass plusieurs mois prendre soin de son enfant temps complet per oit le cong parental illustre tout ce qu il y a faire durant la journ e pour celui ou celle qui est la maison Tu sais c est comme si le fait d tre au travail je ne doute pas que a puisse tre per u par certains comme un un comme une sorte de break de de parce que tu sais au travail tu as toutes sortes de trucs que tu n as pas a Henri Alors que pour d aucuns cet alourdissement des t ches est temporaire il faut T1 78 savoir que pour d autres ce n est que le d but d une r organisation conjugale En effet certains participants disent qu une division traditionnelle des t ches s est instaur e suivant l arriv e du premier enfant et le d but des cong s parentaux et que cette r partition est demeur e relativement stable la suite du retour au travail de la femme Plus largement il semble que l id ologie traditionnelle qui postule la compl mentarit des r les ma
121. iminuer de 10 entre 1956 et 1966 et le taux de f condit des Qu b coises 17 18 passer de 3 77 en 1961 1 91 en 1971 Collectif Clio 1992 Aujourd hui on constate qu au Qu bec le fait d avoir des enfants n est plus une caract ristique inh rente la vie conjugale En effet 48 3 des couples sont sans enfants en 2006 Au cours de la m me ann e les familles biparentales se r partissent comme suit 41 2 ne comptent qu un seul enfant 41 8 en incluent deux alors que dans 17 des cas on en d nombre trois ou plus Dans le cas des familles monoparentales ces pourcentages sont respectivement de 62 7 27 9 et 8 5 Institut de la statistique du Qu bec 2012 Quant au taux de f condit des Qu b coises s il diminue de 3 77 en 1961 1 91 en 1971 tel que mentionn plus haut Collectif Clio 1992 il passe a 1 69 en 2011 Girard 2012 L ge des femmes la naissance de leur premier enfant est galement plus lev Si en 1962 comme on l a vu l ge moyen pour vivre cette exp rience est de 26 ans Collectif Clio 1992 il est dor navant de 28 3 ans en 2011 Girard 2012 Qui plus est en 2010 2011 47 5 des femmes arrivent la trentaine sans avoir connu la maternit alors que ce taux est de 42 6 en 1990 1991 et de 29 8 en 1980 1981 Finalement il semble que le mod le de la famille double revenu se soit v ritablement install au Qu bec En 2010 68 4 des familles bipare
122. is a ne me d rangeait pas Tu sais je n avais pas une carence parce que de toute fa on j arrivais la maison ben je reprenais je reprenais le r le de de de de parent l parce qu on s entend pour dire que des fois passer vingt quatre heures sur vingt quatre avec un enfant tu as envie de parler avec des adultes Charles Quand les participants tentent d expliquer ce qui a justifi leur choix en faveur de la m re lorsqu il est question de la s paration du cong parental on voit fr quemment appara tre la logique du deux poids deux mesures Si Charles a chang deux fois d emploi depuis la premi re grossesse de sa conjointe on peut penser qu il n avait pas lui non plus de coll gues dont il aurait trouv difficile de se s parer ou d employeur qui aurait pu lui nuire dans le futur De la m me fa on sa conjointe qui a fait des tudes universitaires et qui occupe un emploi en lien avec sa formation n avait s rement pas avantage au niveau professionnel faire une pause dans sa carri re On peut galement supposer que tout comme la majorit des r pondants qui sont rest s la maison pour prendre soin d un enfant la compagnie d adultes a pu lui manquer On retrouve le m me double standard dans le discours de Delphine Je me rappelle que pendant le cong de maternit on tait dans le salon pis on se regardait pis le b b dormait On tournait un peu en rond C est
123. jourd hui aujourd hui euh ben j ai de la frustration de le sentir frustr Sarah L entrevue se termine sur une note plus positive lorsqu elle aborde la relation entre son conjoint et son fils tiss e travers certaines activit s ludiques partag es C est lui qui l am ne la piscine le dimanche pour ses cours de natation Ils ont du fun ensemble a c est cool a les a rapproch s aussi Sarah la lecture de ces extraits on ne peut dire si globalement Sarah est satisfaite du partage des t ches au sein de son couple Elle ne saurait sans doute pas le dire elle m me Mais on peut se prononcer en regard d activit s sp cifiques et de moments pr cis bien que les sentiments qu elle prouve cet gard soient susceptibles de changer tout moment Cet exemple illustre quel point l valuation de la justice est mouvante ce qui fait en sorte qu on ne peut jamais v ritablement dire avoir atteint un tat de parfait quilibre D autant plus que les instants de satisfaction prennent moins de place dans le discours et peut tre aussi dans la vie des participants On le remarque ais ment la lecture des extraits qui pr c dent ce qui rend heureux prend peu de mots a d crire alors que les frustrations et les d ceptions suscitent la r flexion sont longuement d crites et permettent par leur r cit d tre rev cues On peut donc supposer que ce ne sont que les moments d insatisfactio
124. l investissement des p res dans le r le parental Nul besoin pour les hommes de prodiguer des soins aux enfants pour que cette impression subsiste ce qui explique pourquoi une majorit de r pondants insistent sur l importance de la pr sence du p re lorsque questionn s au sujet du r le parental de l homme En effet la pr sence n est jamais invoqu e lorsqu il s agit de d crire le r le parental de la femme elle est implicite Celle du p re est historiquement nouvelle Elle est le symbole de sa volont de partager le r le parental mais elle est sans contenu d pourvue qu elle est maintenant de la fonction autoritaire qui lui tait autrefois conf r e La satisfaction l gard du partage des t ches est donc mesur e l aulne de l investissement motif paternel repr sent par sa pr sence la maison et sa proximit des enfants ce qui permet de croire que la charge parentale est partag e et donc de mieux accepter la r alit de l in quit v cue pour continuer de vivre deux D autre part la question de la satisfaction en regard du partage des t ches ne peut faire abstraction de la relation conjugale dans son ensemble et plus sp cifiquement du sentiment amoureux d o elle tire sa raison d tre Si les femmes sacrifient le d sir d quit au sein de leur couple au profit de l harmonie conjugale c est aussi parce que la fiert d un partage des t ches juste appara t secondaire par
125. ld Labor Social Forces 79 1 pp 191 228 BIHR Alain et Roland PFEFFERKORN 2000 Hommes femmes l introuvable galit La place contradictoire des femmes dans la soci t frangaise Recherches et pr visions 61 pp 19 33 BOUISSOU Christine et Genevi ve BERGONNIER DUPUY 2004 Une approche de l exp rience et de l identit parentales par l tude des sp cificit s des discours des hommes et des discours des femmes Connexions 2 82 pp 185 201 BOURDIEU Pierre 1998 La domination masculine Paris Seuil 177 p B HLMANN Felix Guy ELCHEROTH et Manuel TETTAMANTI 2010 The Division of Labour Among European Couples The Effects of Life Course and Welfare Policy on Value Practice Configurations European Sociological Review 26 1 pp 49 66 BUTLER Judith 2004 Undoing Gender New York Routledge 273 p COLLECTIF 2012 Le Petit Robert 2013 Paris Le Robert 2880 p COLLECTIF CLIO 1992 L Histoire des femmes au Qu bec depuis quatre si cles Montr al Le Jour 646 p CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME 2010 Portrait statistique galit femmes hommes O en sommes nous au Qu bec Qu bec Gouvernement du Qu bec 91 p CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME 2011 La constante progression des femmes Qu bec Gouvernement du Qu bec 38 p CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME 2012 Portrait des Qu b coises en 8 temps Qu bec Gouvernement du Qu bec 25 p 119 120 CRESSON
126. le d but des mesures de conciliation travail famille En effet c est au cours de l ann e 1990 que le gouvernement f d ral apporte des modifications la Loi sur l assurance ch mage afin de permettre aux p res et aux m res de recevoir des prestations de 10 semaines Puis l ann e suivante la Loi sur les normes du travail est ajust e afin que les parents qui le d sirent puissent jouir d un cong parental sans solde de 34 semaines lors de la naissance ou de l adoption d un enfant cong qui est prolong 52 semaines en 1997 Apr s de nombreuses d lib rations avec le gouvernement f d ral entam es au cours de la m me ann e les gouvernements du Qu bec et d Ottawa signent en 2005 une entente sur le financement et la mise en uvre du R gime qu b cois d assurance parentale qui permet l entr e en vigueur du programme le 1 janvier 2006 Conseil du statut de la femme 2011 Le RQAP est un plan qui non seulement offre une p riode de cong lors de la naissance ou de l adoption d un enfant mais qui garantit galement un revenu durant cet intervalle ainsi qu une protection de l emploi tous les travailleurs admissibles qu ils soient salari s ou autonomes Il comprend un cong r serv exclusivement l usage de la m re un cong r serv exclusivement l usage du p re ainsi qu un cong qui peut tre partag entre les deux parents comme bon leur semble En r servant un cong no
127. les changements pratiques qui en d coulent Tahon s entend avec Dagenais pour dire que ce ph nom ne est une preuve de l instabilit des unions actuelles et de l acceptation de celle ci 2 3 La transformation du sens de la relation conjugale et de l enfant Avec la recherche d un partenaire sur la base de go ts et d int r ts communs vient non seulement une pr carit de la relation conjugale mais galement une nouvelle relation conjugale qui n est plus intimement li e une finalit procr atrice Si dans la famille moderne il y a une claire intention de limiter la taille de la famille un moment donn dans la famille contemporaine c est la parentalit elle m me qui devient optionnelle En comparaison des r gimes traditionnel et moderne le r gime de f condit postmoderne se caract rise par la pr cision chirurgicale de son intention procr atrice Ce qui appara t l ce n est plus la taille d une famille mais la d cision de vivre l exp rience de la parentalit une fois ou deux quand on le d cide Dagenais 2000 218 La parentalit autrefois partie int grante de la vie de couple voire le but ultime de cette mise en relation devient comparable un projet de vie tel le voyage ou l achat d une maison Qui plus est la relation parentale est envisag e par plusieurs comme une entrave la relation conjugale les parents tant aujourd hui constamment surpris de la place que pren
128. lisation diff renci e a laquelle ils sont soumis Elle dit faire preuve de pr vention dans sa fa on de prendre en charge les t ches m nag res et les achats de la maison ce qui a notamment pour cons quence qu elle doit insister aupr s de son conjoint pour qu il accomplisse certaines t ches bien que celles ci soient souvent effectu es deux C est cette diff rence de mani res qui fait en sorte que nombre de femmes pr f rent accomplir seules le travail domestique plut t que de devoir solliciter l aide de leur conjoint Lorsque les activit s sont partag es au sein du couple comme c est le plus souvent le cas le capital de mani res diff renci des hommes et des femmes fait en sorte que ce sont elles qui doivent d l guer les t ches Lorsque l organisation est plus rigide c est dire lorsque la fr quence laquelle celles ci sont effectu es est fixe et que leur r partition est stable certains hommes g rent seul le travail qui leur a t attribu Chez les couples o l organisation est plus souple il semble parfois difficile pour les hommes de prendre en charge leur juste part de travail et ce malgr les meilleures intentions Ce sont les crit res moins lev s de propret et d ordre et la faiblesse de l injonction incorpor e qui contribuent cr er l in galit Au fil d une discussion c est comme une une sorte de de de l g re insatisfaction propos qui tu sais qui
129. lit Si celui ci est compris par les r pondants comme tant un synonyme d galit son utilisation r p t e durant les entretiens constitue une preuve suppl mentaire de la volont des individus de satisfaire aux exigences sociales formul es leur endroit Car il n y a pas d interchangeabilit proprement parler dans les exemples qu en donnent les participants L emploi de cette expression t moigne cependant du d sir partag qu il y ait une souplesse dans l organisation conjugale reflet de 71 12 la d termination ce que les t ches domestiques et parentales ne prennent pas trop de place et qu elles n en viennent pas qu cr er des discussions et des conflits C est plut t la possibilit d interchanger les t ches qui pr domine non l interchangeabilit r elle Comme l illustrent Alexis et Jessica On est capable l S il fallait le faire l c est On est on est polyvalent je pense l un et l autre l Si un moment donn il se passe de quoi ben l autre prend la rel ve l Ce n est pas on arrive devant la laveuse Comment a marche Comment a marche a Comment le le Faire un repas c est quoi C est ce n est pas On est pas mal On r ussit Alexis Mettons que j tais mettons que j tais sortie ou peu importe ou on tait les deux ici pis il fallait lui donner un biberon ben tu sais c tait l un ou l autre
130. lui en donne un peu 1a sinon je passe mon temps dans les dans les dans les piceries pis dans les Jessica Il y a galement certaines femmes qui se sentent incapables d abandonner une portion de la gestion des affaires familiales et donc de partager la prise de d cisions qui y est li e Je trouve a lourd d avoir organiser tout a sauf qu en m me temps il y a un bout o est ce que a me rassure d avoir le faire J ai le contr le sur qu est ce qui se passe dans ma semaine dans mon mois a fait que c est c est comme un double standard J aimerais a qu il le fasse mais en m me temps je ne suis pas s re que je lui laisse la place pour le faire parce que j aurais peur qu il oublie quelque chose qu il oublie un rendez vous qu il Tu sais qu il oublie quelque chose pis que l on soit pris devant l impr vu Bianca La contradiction inh rente la situation de Bianca est vidente Alors qu elle aimerait pouvoir se d lester d une part de la gestion familiale elle s en sait incapable Elle doit garder la mainmise sur l univers domestique pour apaiser son anxi t Elle ne laisse donc pas l opportunit son conjoint de se montrer apte prendre la responsabilit pour les affaires courantes de la famille ou de d velopper cette comp tence selon le cas Cette incapacit partager l organisation peut mener au pi ge que d crit Kaufmann De la m me fa on l
131. me int rioris e qui suppose l galit des conjoints et les mod les vus et appris dans l enfance les acteurs ne peuvent que s appuyer sur ce qu ils connaissent D autant plus qu ils y adh rent malgr eux Si bien peu d entre eux se disent en accord avec une repr sentation des r les bas e sur la compl mentarit des genres une majorit des participants cette recherche partagent pourtant cette conception des rapports hommes femmes sans compter que la force des gestes les pousse reproduire cette norme qu incarnent les g n rations pass es D une part il semble que l influence des repr sentations traditionnelles avec notamment l adh sion la th orie selon laquelle la maternit rel ve de l instinct contribue expliquer pourquoi les t ches parentales continuent d occuper davantage les femmes que les hommes D autre part le capital de mani res diff renci selon le genre permet de mieux comprendre pourquoi en ce qui a trait au travail domestique le clivage perdure dans le temps consacr et la nature des t ches effectu es par les uns et les autres C est donc 13 74 l influence des mod les traditionnels sur les pratiques domestiques et parentales que la deuxi me section du pr sent chapitre s int resse Les pages qui suivent ont pour but de d voiler la mani re dont l adh sion au mod le de la compl mentarit des r les de genre affecte le partage des t ches au sein
132. ment en tout cas c est fulgurant comme c est mieux Oui c est a pis tu sais on apprend se conna tre davantage aussi pis on apprend a Je pense qu on s est toujours respect s mais peut tre qu on se respecte mieux encore tu sais dans nos limites dans nos int r ts dans notre mani re de faire Mireille C est comme si c est graduel l Je le sais que c est graduel parce que c est c est le profil qu il tait la base l pis je En tout cas je l accepte l c est Pis je le sais qu il y a eu tellement d am lioration entre le jour un pis maintenant que tu sais je le sais qu il y a de l espoir Anais Le progr s dont font tat les r pondantes a surtout pour effet de semer l espoir chez elles d un jour arriver l organisation conjugale d sir e Il permet aux femmes de mettre l accent sur la diminution de l cart qui les s pare de l atteinte de l id al galitaire au lieu de s attarder sur la distance qu il reste parcourir dans la poursuite de cet objectif Dans le m me sens il semble que les efforts consentis par l autre jouent un r le important dans le discours des femmes En effet lorsqu elles sollicitent l appui de leur conjoint dans la r alisation d activit s particuli res le sentiment que ces derniers font preuve de bonne volont leur endroit peut lui seul contribuer donner l impression que le fardeau de la t che est part
133. n l enfant Cette nouvelle mani re de socialiser les enfants en tant qu individus entra ne le besoin d une diff renciation des sexes soit l identification un genre et aux qualit s qui en d coulent dans le cadre de l intimit familiale afin de reproduire la diff rence entre famille et soci t La r alisation des caract ristiques consid r es naturelles de l existence tel le genre secondaires par rapport l universalit du sujet sont donc rel gu es tant pour les hommes que pour les femmes la sph re domestique contribuant cr er la fronti re entre les espaces public et priv C est que dans la sph re publique n entrent en jeu que des sujets de droit des gaux alors que dans la sph re domestique ce sont des individus qui ont des identit s particuli res qui entrent en relation Les singularit s des individus ne se manifestent donc que dans le rapport plus intime de la vie familiale Ainsi l homme ne peut par exemple user de l autorit que lui conf re son r le de p re dans le domaine public du travail Mais les deux figures socialisatrices maternelle et paternelle diff renci es sur la base du sexe n ont de sens que lorsque r unies puisque dans une soci t o l on a affaire qu des individus la r alisation d une activit associ e un genre ou l autre est envisag e comme une pr f rence personnelle Ce n est que dans le cadre de la relation amoureuse que l
134. n an pis dans le but ben je ne le sais pas C tait comme psychologique un peu On dirait que c est toujours de m me Je sais que de plus en plus des fois des p res restent plus mais on n en a jamais vraiment discut tr s profond ment C tait comme automatique on dirait l Emmanuel C tait un peu naturel que ce soit Genevi ve qui le prenne parce que je suis un gars assez carri riste donc je n avais pas l int r t de mettre un un stop sur ma carri re pendant trois ou quatre mois pis Genevi ve ben a se pr tait plus sa situation Pis a s est fait naturellement Quand on en reparlait c tait c tait c tait m me au niveau logique c tait c tait c tait plus a l Ok Pis les deux vous tiez contents avec la mani re dont vous avez organis a Ah oui oui oui Ben comme je disais au d but Genevi ve elle tait un poste temporaire donc elle elle n avait pas d attachement elle n avait pas de coll gues de travail r guliers avec qui avec qui a aurait t dur de couper les liens Il n y avait pas d employeur qui de longue date ou que qui qui viendrait lui nuire a long terme de de de prendre un cong donc Pis moi ben depuis ce temps l j ai chang deux fois de travail donc tu sais a a t c tait beaucoup plus naturel pour elle de le prendre pis non a la a ne la d rangeait pas p
135. n b b mais on ne le sait pas Peut tre qu en tant que p re souvent ce n est pas On ne sait pas trop l comment a fonctionne Alexis En fait cet instinct maternel auquel font r f rence les acteurs aurait pour point de d part la grossesse m me de la femme qui selon eux la porte anticiper les besoins futurs de l enfant et les comportements adopter en sa pr sence Elle prenait beaucoup d initiative se mettre sur la liste d attente pour les garderies aller voir pour commencer acheter des d barbouillettes des biberons C est elle qui regardait tout a tu sais Elle trippait Moi je ne pensais pas a pantoute l a fait qu elle m arrivait avec des affaires On pourrait acheter des couches jetables On pourrait a fait qu elle prenait des initiatives pis moi je disais Ah ben oui Bonne id e Moi je ne pensais pas a l Moi j tais l ex cutant dans le fond pis c est elle c est elle qui tait le cerveau pis tu sais elle tait ben Pis c est a Ben quand tu es enceinte elle pensait plus Tu sais c est elle qui le vivait de l int rieur l dans le fond Je suppose que a change Tu sens ton b b tu dois penser plus de choses l Moi je me moi je la suivais l Je l accompagnais pis c est tout mais je n avais pas de vision Je ne savais pas quoi m attendre vraiment tu sais Pour moi j allais con
136. n identit propre La diversit des types d union possibles et la multiplication du nombre de celles ci au cours de la vie d un individu t moignent de cette nouveaut Autrefois stable la vie de couple est aujourd hui profond ment pr caire Dagenais 2000 2 2 Les nouvelles formes familiales Comme le souligne Tahon cette instabilit de l union conjugale donne lieu depuis le d but des ann es 1970 une augmentation du nombre de familles monoparentales qui ne r sultent pas du veuvage recompos es et en garde partag e Les chercheurs constatent galement certaines transformations sociales li es la famille notamment une diminution des mariages y compris des remariages une hausse de l union libre une augmentation du nombre de divorces y compris lorsqu il s agit de deuxi mes mariages une baisse de la natalit ainsi que le passage du mod le de la famille centr e autour d un p re pourvoyeur et d une m re m nag re celui de la famille deux revenus 23 24 La hausse de la divorcialit est au nombre des transformations sociales significatives qui ont eu lieu au sein de la famille depuis les derni res d cennies Non seulement cet accroissement du nombre de divorces a une incidence sur celui du nombre de familles monoparentales de familles recompos es et de familles en garde partag e mais il est galement selon Tahon le symbole d une mutation des valeurs largement partag es dans la soci
137. n qui sont ressass s prenant ainsi une valeur exponentielle alors que les moments de satisfaction qui ont moins de poids dans la vie des individus ont peu de valeur long terme puisqu ils ne sont pas accumul s Les manquements a la norme galitaire sont donc accept s et peut tre surtout ceux l id al d quit auquel adh rent r ellement les hommes et les femmes interrog s puisqu ils continuent vivre ensemble malgr leur incapacit atteindre cet id al C est en attribuant des l ments ext rieurs les rat s de leur couple cet gard en tentant de r quilibrer les charges comme ils le peuvent et en se concentrant sur les aspects plus positifs de leur 109 110 partage qu ils arrivent consid rer leur situation comme acceptable Cette acceptation est cependant v cue comme une s rie de petits checs personnels particuli rement chez les femmes Celles ci sont nombreuses se bl mer de prendre trop de place au sein de la famille d avoir des crit res trop lev s ou d en faire trop ce qui explique selon elles pourquoi leur conjoint ne prend pas une plus grande part du travail sur leurs paules Elles s accusent de n avoir pas cr les conditions d un partage galitaire du travail au sein de leur couple Cependant tout comme le sentiment d injustice qui n est pas ressenti en fonction du partage des t ches dans son ensemble les checs sont ponctuels et sp cifiques des ac
138. n transf rable aux p res le RQAP vise une plus grande participation des p res aux soins et l ducation des enfants de m me qu un meilleur partage des responsabilit s familiales entre les parents Afin de permettre une plus grande souplesse dans son utilisation le programme offre galement deux options ses usagers le r gime de base ou le r gime particulier qui diff rent en termes de la dur e du cong et du taux de remplacement du revenu offert Conseil du statut de la femme 2010 Parall lement la mise en place de ce programme des efforts sont faits pour mettre sur pied des services de garde accessibles aux parents qu b cois Ainsi le plan Bacon tabli en 1974 constitue la premi re politique gouvernementale en mati re de garderies Il m ne en 1979 la cr ation par la Loi sur les services de garde l enfance de l Office des services de garde dont le mandat est de mettre sur pied et de financer des garderies de qualit en milieux familial et scolaire Collectif Clio 1992 Ce n est pourtant qu en 1997 que naissent les centres de la petite enfance que l on connait aujourd hui et que sont mis sur pied les services de garde a cing dollars par jour pour les enfants de moins de cinq ans services dont le cotit est index en 2004 pour monter a sept dollars par jour Conseil du statut de la femme 2011 1 4 La modification de la composition des m nages qu b cois Durant cette m me p riode
139. nait m aider faire finir la vaisselle ou d pendant dans quoi je m tais embarqu e l parce que des fois tu fais des listes d picerie pis tu es capable de faire tous tes repas en une heure mais d autres fois a peut en prendre trois parce que tu y vas un peu plus exag r l c est plus long mais en g n ral a ressemblait a a fait que a a a t vraiment la clef du succ s ve Toi est ce qu il y a des choses que tu aimerais qu il fasse diff remment ou qu il prenne plus en charge moins en charge 99 100 En ce moment c est super difficile pour moi le retour au travail Je trouve a tough C est dur au travail a fait que tu sais il fait vraiment des efforts pour comme m aider le plus possible pis tu sais il va essayer de me faciliter la t che pis On va commander au resto si tu ne veux pas cuisiner tu sais Il essaye vraiment de m en enlever pour pour me pour faciliter mon retour pour ne pas que a soit trop difficile a fait que non je ne pense pas Je pense qu on a un bel quilibre Delphine La notion de coup de main ne doit pas tre assimil e l interchangeabilit des r les ou l alternance dans le partage des t ches comme le font souvent les r pondants qui veulent croire que la r partition des t ches est plus galitaire qu elle ne l est r ellement Car ce dernier n est pas de valeur gale la prise en charge
140. ncevoir la femme en relation l homme Comme il le souligne The whole science of difference is misconceived It is true that there is and was considerable and often overtly misogynist bias in much biological research on women clearly science has historically worked to rationalize and legitimize distinctions not only of sex but also of race and class to the disadvantage of the powerless But it does not follow that a more objective richer progressive or even more feminist science would produce a truer picture of sexual difference in any culturally meaningful sense Laqueur 1990 21 22 Tout discours sur le sexe d pend du contexte dans lequel il se situe mais quel qu il soit il porte d ja en lui une affirmation sur le genre Partant il implique une interpr tation de l ordre social dans son ensemble et se situe donc sur le terrain politique de la lutte pour le pouvoir Laqueur 1990 Toutefois il ne s ensuit pas que ces cat gories soient moins r elles pour les individus qui doivent composer quotidiennement avec elles 1 2 Le genre comme performance Judith Butler qui s attaque au concept de genre tel qu il est v cu concr tement ne le con oit pas comme tant donn une fois pour toutes il est plut t performatif Ainsi le genre est construit partiellement inconsciemment et involontairement travers sa mise en sc ne la fois pour soi et pour d autres Comme elle le dit It is a practi
141. nent les enfants dans leur vie Cela a pour cons quences d une part la diminution de la taille de la famille contemporaine d autre part l h sitation de la part des parents s occuper pleinement de leurs enfants dans la mesure o le p re n est plus pr t repr senter l autorit vis a vis de l enfant pas plus que la m re ne souhaite s y consacrer enti rement Dagenais 2000 Si Tahon met galement en cause la popularisation de l union libre au d triment du mariage la diffusion massive des m thodes contraceptives l augmentation du taux de scolarisation des femmes et leur plus grande pr sence sur le march du travail elle pr cise que la baisse de la natalit est aussi le reflet d une transformation profonde des mentalit s l uvre dans la soci t la modification du sens que rev t le fait d avoir un enfant Alors que dans la soci t traditionnelle l enfant est envisag comme le b ton de vieillesse des parents il vient qu incarner dans la soci t moderne l espoir des parents Selon Tahon et dans le m me sens que Dagenais le passage la soci t post moderne marquerait une fois de plus la transformation du sens de l enfant qui deviendrait l tre qui prouve aux parents et au monde ext rieur qu ils s aiment Plus pr cis ment selon Tahon En Occident en moins de deux si cles et moins encore dans certaines soci t s on est pass d une vision utilitariste
142. nes 63 1 1 La port e limit e de l galit mnt nn bles estas 64 1 2 L importance de l galit dans le rapport aux autres 67 2 Le poids des mod les traditionnels sas n ant ns cet ne nina 73 2 1 L influence des repr sentations traditionnelles sur les pratiques 00c0000cc0 74 2 2 L influence du capital de mani res sur les pratiques cccccccceeseeeteeeteeeseeeeseeees 80 3 La gestion des INSAMS ACHONS ER Re a de ne A A 86 3 1 La responsabilit renvoy e hors du couple ss 87 3 2 La volont de r quilibrer les charges 93 3 3 Les mots et les gestes qui permettent d accepter l in galit 98 Chapitre V L in vitable in quit seoesseee 105 i BoM ACCESSIDIC Clone Se Re ee ee ete A tel ES 106 2 LEP de Vani pls tC eee ch tac EAST es ne dik Ta ne nt da 111 CONCIUMON Et RS A 115 IDO SEAN NGS lt c sasvssecssvnrscesncsnessvesebutedices sense tendre tese se poassedususeancessuonnaehuaedecenssaaienecs 119 Annexe Sch ma d entrevue Enr rennes hein ns ne Sin 123 Annexe I Formulaire de consentement sssssssssssseeeesnse 127 Annexe IIT Avis de recrutement cccccsssssssssccccccceccesscsccccccceccesesescsccsccscessesescscosees 131 Remerciements Je tiens d abord et avant tout remercier Madeleine Pastinelli qui a dirig ce m moire de recherche pour tout le temps qu elle m a consacr durant sa r alisation Ses conseils toujours justes et avis s m ont aid e
143. nfants puisqu elles ne produisent plus les ressources et ne gagnent pas un revenu leur permettant d assurer elles m mes leur survie Par ailleurs dans une soci t de plus en plus fond e sur la production de biens de consommation destin s au march le travail domestique qui lui ne rapporte pas de profits perd progressivement de la valeur Collectif Clio 1992 1 2 Les allers retours des femmes entre travail domestique et travail salari La Premi re Guerre mondiale est l occasion pour les jeunes femmes c libataires d int grer plus nombreuses le march du travail poursuivant la tendance d j en marche depuis la fin du si cle pr c dent Cependant une fois la guerre termin e les hommes reprennent la place en emploi qu ils occupaient avant d tre remplac s par les femmes ce qui exige de ces derni res qu elles retournent leur fourneau le secteur de l emploi n tant pas en mesure d absorber autant de travailleuses Envisag es sous l angle de la trilogie pouse m re m nag re les femmes taient dans les mots de Thivierge consid r es comme n accomplissant qu accidentellement une t che r mun r e leur vocation premi re tant domestique Selon les croyances populaires les jeunes filles sont en perdition sur le march du travail les enfants souffrent de la n gligence de leur m re lorsque celle ci est en emploi et les femmes en p riode de r cession prennent les postes des
144. nfiance avec l enqu teur ainsi qu une meilleure compr hension de sa situation pour la suite de l entretien Aborder cette p riode de transition la parentalit v cue par le r pondant permet galement de mieux comprendre la mani re dont il s est projet dans l avenir l id al auquel il a r v et les craintes qui l ont gard veill permettant d avoir une base sur laquelle contraster la r alit v cue la suite de la naissance de l enfant et donc de relever les contradictions entre attentes et r alit Au terme de cette section viennent ensuite certaines questions relatives l arriv e de l enfant comment a s est pass globalement Comment les diff rents cong s parentaux ont ils t partag s Combien de temps l allaitement le cas ch ant a t il dur Quels probl mes sont survenus au d part ces derni res visant amener le r pondant dans le vif du sujet et mieux cerner ce moment charni re qu est le passage la parentalit avec tous les changements qu il g n re 2 2 Les pratiques parentales Le dernier sujet abord dans la section pr c dente sert de transition entre deux blocs de questions aux th mes diff rents puisqu en abordant le quotidien relatif l arriv e de l enfant d j on entre dans le concret de la vie familiale qui entra ne avec elle toute la question du partage des t ches domestiques et parentales Ainsi les espoirs et les appr hen
145. nit Je veux tre un p re pr sent Je veux tre un p re investi motionnellement pis je te dirais la mani re dont je le vois c est vraiment Je suis l pour prendre soin de ma famille mais prendre soin tous les niveaux que a soit au niveau financier que a soit au niveau mat riel que a soit au niveau motionnel que a soit au niveau de l amour que que je porte ma famille tout a donc c est vraiment tous ces niveaux l Moi si si j ai d finir mon r le dans la famille c est Moi je suis l pour prendre soin de ma famille Gabriel Je trouve a tr s important de passer du temps pis pas du temps juste d tre d tre c t pis de cogner des clous pis de monter une charpente pis dire Ben l je suis pr sent je suis l mais je ne suis pas l pour toi La petite Moi je pr f re me rouler terre pis jouer avec elle 101 102 plus que de monter des madriers pis tu sais a d pend des personnes Moi j aime a beaucoup la me me baigner avec elle l t Comme l l hiver ce matin c tait une belle temp te ce matin donc sept heures moins vingt les deux on tait dehors pis on pelletait pis on est rest l trois quarts d heure pelleter pis jouer avec le tra neau pis pourtant c tait un matin de semaine o il fallait aller travailler quand m me pis tout mais moi prendre ce temps l pour moi c est pr c
146. nnellement masculines doivent le rester Il y a cependant une distinction importante dans les motivations des uns et des autres Si les hommes croient d abord et avant tout effectuer ce travail en vertu de la compl mentarit naturelle des genres les femmes pour leur part s en d lestent avec pour objectif de r quilibrer le partage des charges au sein de leur couple Vous avez une auto deux si j ai bien compris Oui Pis c est qui qui s en occupe En fait c est la mienne mais je lui pr te Il n aime pas a quand je dis a mais elle est mon nom C est de m me pareil Tout l entretien les changements d huile les changements de pneus les rendez vous si vous en avez Je ne m occupe pas de a Je ne souhaite pas m occuper de a J ai a on a eu une discussion l dessus pis j ai dit Moi dans la vie je m occupe des rendez vous chez le p diatre chez le dentiste chez l ORL pour les allergies Je m occupe de faire a Le char je ne veux rien savoir Tu ne m en parles m me pas Tu mets a sur la Visa on le paiera deux Je veux a ne m int resse pas Je ne veux pas encombrer mon cerveau de a Bianca De plus en plus je l envoie au garage L je lui ai dit que c tait une t che de gars a fait que c tait lui de s en occuper Delphine Je pense que depuis que je suis avec lui je me suis un peu Tu sais avant mettons chez mes parents
147. nnies l galit est devenue une r f rence morale et sociale largement partag e elle s est impos e dans le monde des id es Kaufmann 1992 Milkie Bianchi et al 2002 Cresson 2004 Pourtant il existerait chez les individus une incapacit d finir le principe m me d galit Doucet 2001 Kaufmann 1992 qu ils disent majoritairement vouloir reproduire dans leur quotidien conjugal Kaufmann 1992 Arr tons nous ici un moment afin de clarifier ce concept L galit r f re au caract re de ce qui est de m me quantit dimension nature qualit ou valeur Le Petit Robert 2013 et est synonyme du mot identique En ce qui a trait au partage des t ches l galit renvoie une r partition du travail en deux ensembles de t ches identiques et s apparente l interchangeabilit puisque chacun effectue les m mes t ches la m me fr quence et pour le m me laps de temps que l autre Plusieurs chercheurs s int ressant au partage des t ches ont constat la puissance de l id e galitaire m me lorsque l galit n est pas appliqu e les individus se positionnent par rapport ce principe comme s ils taient soumis un imp ratif social qui les oblige justifier leurs actions Plusieurs travaux de recherche sur le partage des t ches domestiques permettent de supposer que le discours des individus sur l galit n est pas tant l admission d une volont d instaurer des
148. non on en fait pareil ou tu sais C est correct comment on fait J en fais beaucoup parce que lui sa r f rence c est toujours la r f rence de son p re Ana s Si effectivement les normes et mod les int rioris s dans la famille d origine ont une place importante dans le d veloppement des r les que chacun est appel jouer dans le futur 87 88 d autres arguments auraient pu tre invoqu s par Ana s pour expliquer la division des activit s au sein de son couple De la m me mani re que son conjoint bien des adultes aujourd hui en ge de procr er ont eu pour mod le des parents d origine qu b coise chez lesquels le partage des t ches tait tr s traditionnel Celui qu il a connu n est donc peut tre pas si particulier Finalement ayant lui m me v cu toute sa vie dans le contexte qu b cois le conjoint d Anais aurait pu lui aussi tre impr gn des valeurs galitaires et se r f rer a des individus tentant de les mettre en uvre au quotidien pour jouer son r le de p re Il y a galement chez les acteurs la volont de faire appel la disponibilit de la conjointe pour expliquer l cart la norme Comme nous l avons vu la pr sence la maison lors du cong parental est envisag e comme un temps libre permettant d ex cuter l ensemble des t ches Dans le m me sens il semble que toute diff rence entre le temps pass par les deux conjoints la maison est p
149. nscription pour noter les r currences et les divergences entre les participants mesure que la collecte des donn es progressait Ce carnet m a permis d entamer ma r flexion et de d velopper les pr misses de mon analyse d s mes premi res entrevues Je n ai cependant commenc l analyse proprement dite de mon corpus qu une fois toutes mes entrevues transcrites C est ce moment que je me suis mise lire et relire maintes reprises mes verbatim d entretien tout en les annotant Sans avoir en t te la forme que prendrait mon analyse j ai d abord tent de d gager les normes int rioris es qui structurent le discours et qui guident l action de chacun des r pondants J ai tent du m me coup de saisir les logiques qui organisent la dynamique interne propre leur couple C est alors que me sont apparues plus nettement les contradictions et les incoh rences dans les propos des participants Puis au fil de l analyse je me suis mise creuser les r currences et les divergences remarqu es d un r pondant l autre pour tenter de comprendre ce qui explique de telles similitudes ou de tels contrastes entre eux C est partir de tout ce travail de lecture de relecture et d annotation que trois th mes se sont impos s moi Avec ce plan en t te j ai relu avec attention mon corpus en entier en prenant soin d extirper le maximum d information qui pourrait servir clairer l un ou l
150. nsid r es comme des tres auxquels il manque une certaine chaleur vitale C est cette carence qui explique la r tention l int rieur du corps de leurs organes sexuels Elles sont donc des hommes invers s vu leurs organes reproducteurs situ s au mauvais endroit La froideur propre aux femmes fait en sorte qu elles sont consid r es comme tant instables et trompeuses alors que la chaleur des hommes est associ e la bravoure et l honneur Pourtant le corps lui m me en tant qu objet n est pas d terminant des qualit s conf r es aux hommes et aux femmes Il sert plut t de marqueur auquel on peut imposer des qualit s selon l ordre social que l on souhaite l gitimer Mind and body are so intimately bound that conception can be understood as having an idea and the body is like an actor on stage ready to take on the roles assigned it by culture In my account sex too and not only gender is understood to be staged Laqueur 1990 61 Des paires d oppositions telles chaud froid nature culture actif passif fort faible sont donc simplement plaqu es sur les corps afin de justifier une vision politique du monde En effet ces caract ristiques ne sont pas consid r es comme relevant du biologique puisqu il n y a pas deux esp ces de nature diff rente desquelles tirer des constats empiriques tant donn que seul le sexe m le est reconnu et consid r Il n y a donc pas de limites aux caract ris
151. nt Dagenais pr cise que cette nouvelle volont cr e une incapacit chez l enfant concevoir ses parents comme formant un tout comme partageant un objectif commun dans leur rapport son endroit Si la famille contemporaine est caract ris e par la d construction des genres elle l est galement par la d construction du rapport qui unit les genres pour former une totalit on assiste donc aujourd hui ce que Dagenais qualifie de divorce de la figure parentale Dagenais 2000 2 4 L impact de ces transformations sur les identit s masculine et f minine Si Dagenais s attarde davantage la transformation du rapport l enfant Tahon s int resse surtout aux nouvelles conditions dans lesquelles se jouent les r les des hommes et des femmes au sein de la famille bien qu elle pr cise que le partage des t ches domestiques entre eux reste traditionnel Selon elle les p res sont perdants dans la nouvelle donne familiale puisqu ils ne peuvent plus tirer leur fiert du fait d tre seul pourvoyeur de la famille mais qu ils ont en plus contribuer de fa on gratuite aux t ches domestiques et parentales sur lesquelles les femmes ont une nette longueur d avance N ayant aucun mod le sur lequel se baser afin d endosser leur nouveau r le dans la famille sauf celui de leur m re et de leur pouse les hommes qui souhaitent prendre en charge une plus large part des soins donner aux enfants sont forc
152. nt bouleverse le fonctionnement domestique n cessitant mobilisation et perfectionnement des m thodes cet aspect fonctionnel s ajoute une augmentation des exigences d ordre Kaufmann 1992 54 Comme je m int resse plus particuli rement la mani re dont les couples sont amen s mettre en uvre un partage in galitaire j ai choisi de rencontrer des hommes et des femmes qui ont des enfants De plus j ai choisi de rencontrer uniquement des parents qui ont v cu le changement qu est l arriv e de leur premier enfant relativement r cemment D une part parce que cela me donne acc s un portrait plus clair puisque plus frais la m moire de l cart qui existe entre les attentes des individus avant l arriv e de l enfant que ce soit vis vis d eux m mes de leur partenaire ou de leur nouvelle situation et la r alit construite dans la r p tition du quotidien la suite de sa naissance tout en me permettant de mieux comprendre la mani re dont ces divergences sont v cues et interpr t es par les nouveaux parents D autre part cela me permet de mieux comprendre les pratiques et les repr sentations d individus qui sont une p riode de leur vie au cours de laquelle ils d veloppent leur r le parental et qui sont de ce fait plus m me de poser un regard et une r flexion sur ce qu ils vivent et la mani re dont ils le vivent Si je me suis int ress e la parentalit pourquoi al
153. ntales avec des enfants de moins de 6 ans comptent deux parents sur le march du travail Si l on ne s attarde qu aux femmes il s av re qu en 2008 73 6 des meres d enfants d ge pr scolaire vivant avec un conjoint exercent un emploi alors que ce pourcentage s l ve 83 9 pour les m res d enfants de 6 ans ou plus vivant avec un conjoint Conseil du statut de la femme 2012 Si ce sont encore majoritairement les femmes qui profitent de la majeure partie du R gime qu b cois d assurance parentale offert au Qu bec Conseil du statut de la femme 2010 on voit ici qu elles retournent nombreuses sur le march du travail la suite de ce cong particuli rement lorsque les enfants sont en ge d aller l cole Ce survol des changements sociohistoriques qui se sont produits au cours des deux derniers si cles permet d illustrer la consid rable transformation qu a connue le paysage qu b cois Si les femmes sont au premier plan de ce r cit c est qu elles ont plus que tout autre groupe b n fici de ces changements Progressivement elles se sont vues attribuer les m mes droits que les hommes et un statut gal ces derniers Elles ont profit d un largissement important de leurs droits et de leurs possibilit s tant sur le plan personnel que professionnel Mais ces bouleversements sociaux et historiques ont eu de profonds impacts sur la famille en tant qu institution La section qu
154. nterpr tation qu ils font de ce concept pourquoi accepter moins que l id al auquel ils aspirent Plus pr cis ment on peut se demander pourquoi les femmes puisque se sont elles qui disent en souffrir se contentent d une situation d in quit Plus encore pourquoi ne mettent elles pas au jour l injustice qu elles vivent devoir prendre en charge une part plus importante tant de la responsabilit que de la r alisation des t ches domestiques et parentales et n exigent elles pas davantage de leur conjoint On peut supposer que les femmes sacrifient le droit qu elles ont obtenu l galit dans le partage des charges du m nage au profit de l harmonie conjugale et familiale En abordant de front le terrain min qu est la discussion entourant la r partition du travail au sein du couple elles courent le risque de g n rer des conflits ce qui aurait n cessairement un impact sur l atmosph re dans le foyer Qui plus est d voiler au grand jour les probl mes inh rents la relation conjugale pourrait mener sa remise en question et du m me coup la rupture Dans un contexte o chaque femme est port e comparer sa situation celle des autres on peut supposer que nombre d entre elles jugent que si elles pourraient trouver mieux ailleurs elles pourraient aussi trouver pire Bref on peut croire que beaucoup de femmes consid rent peut tre que cette injustice est tout fait in vitable du moins tant q
155. ntre hommes sont ainsi construits de la m me fa on que les rapports entre hommes et femmes Au sein m me du premier groupe certains individus ne correspondant pas aux normes de la virilit sont diminu s en tant consid r s comme des femmes ce qui confirme l inf riorit de ces derni res et par le fait m me la domination des hommes sur les femmes L homophobie est galement le produit de la pens e h t ronormative qui stipule que le sexe le genre et l orientation sexuelle devraient tre align s suivant l ordre naturel des choses L homophobie nie donc le caract re construit du masculin et du f minin et cons quemment la hi rarchie qui structure le rapport entre ces deux ordres Selon Welzer Lang chaque tape de la vie des jeunes hommes correspond un endroit diff rent dans lequel ils apprennent par mim tisme tre des hommes Ils sont ainsi la fois initiateurs de ceux qui n ont pas encore franchi les tapes par lesquelles ils sont pass s et initi s par ceux qui ont acc d aux stades sup rieurs avant eux Tout au long de ce parcours o ils apprennent la virilit et la fa on d y acc der les gar ons doivent canaliser dans la violence tout ce qui en eux rappelle le genre oppos Ils doivent cacher aux autres leur sensibilit leurs motions leur vuln rabilit Le risque d tre d couverts est omnipr sent ce qui fait en sorte que les jeunes hommes vivent dans la peur constante d t
156. ociod mographique 16 pp 1 5 GLAUDE Michel et Fran ois de SINGLY 1986 L organisation domestique pouvoir et n gociation Economie et statistique 187 pp 3 30 GREENSTEIN Theodore N 1996 Gender Ideology and Perceptions of the Fairness of the Division of Household Labor Effects on Marital Quality Social Forces 74 3 pp 1029 1042 HAICAULT Monique 1984 La gestion ordinaire de la vie en deux Sociologie du travail 26 3 pp 268 277 INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QU BEC 2008 Portrait des principaux indicateurs des conditions et de la dynamique du travail Annuaire qu b cois des statistiques du travail 4 2 Qu bec Gouvernement du Qu bec 245 p INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QU BEC 2012 Le Qu bec chiffres en main Qu bec Gouvernement du Qu bec 71 p KAUFMANN Jean Claude 1992 La trame conjugale analyse du couple par son linge Paris Nathan 259 p LAQUEUR Thomas 1990 Making Sex Body and Gender from the Greeks to Freud Cambridge Harvard University Press 313 p MATHIEU Nicole Claude 1989 Identit sexuelle sexu e de sexe Trois modes de conceptualisation du rapport entre sexe et genre Dans DAUNE RICHARD Anne Marie Marie Claude HURTIG et Marie France PICHEVIN dirs Cat gorisation de sexe et constructions scientifiques Aix en Provence Universit de Provence pp 109 147 MEDA Dominique 2001 Le temps des femmes pour un nou
157. odifier les lois fiscales faisant en sorte de p naliser les hommes dont l pouse travaille et fermer les garderies mises sur pied durant la guerre Toujours dans le but d encourager le retour des femmes au foyer une propagande visant rappeler les plaisirs de l univers domestique et de la f minit dans tous leurs aspects les plus conservateurs se met circuler On assiste au retour un Qu bec plus traditionnel accroissement du nombre de mariages et diminution de l ge moyen des femmes au moment de celui ci hausse du taux des naissances justement surnomm le baby boom augmentation du nombre d enfants par famille retour de nombreuses femmes au foyer diminution du nombre de celles aux tudes d placement de millions de familles vers les banlieues hibernation des mouvements f ministes C est l poque de la mystique f minine id ologie qui valorise chez la femme le r le de la m nag re tout en sophistiquant celui ci en prescrivant via une foule de m dias une mani re plus labor e de le remplir Faire la cuisine ne suffit plus Il faut varier les menus suivre les principes d une alimentation saine utiliser au maximum les ressources du cong lateur du blender du presto du Corningware etc Il faut courir les endroits les plus conomiques pour faire son march Savoir coudre est devenu un imp ratif Les machines coudre font maintenant les pliss s les boutonni res les piq res et mille autr
158. on l que moi Tu sais pourquoi Dans le sens que je me dis Pourquoi il ne veut pas que a soit parfait comme moi j aimerais que a le soit Mireille Alors que Jessica voudrait apprendre profiter d un temps libre comme le fait sans h siter son conjoint Mireille n arrive pas saisir pourquoi elle est seule avoir des exigences qui par ailleurs la contraignent assumer la majeure partie du poids que repr sentent les charges de l univers domestique La r ponse est trouver dans cette impulsion faire transmise de m re en fille travers les g n rations pour r pondre des attentes sociales qu elles ont malgr elles int gr es Les repr sentations traditionnelles qui postulent la compl mentarit des r les parentaux et l cart qui s pare les hommes et les femmes dans le rapport qu ils 85 86 entretiennent avec le travail domestique sont les deux faces de ce qui les conduit reproduire malgr eux un mod le qui ne correspond pas l id e qu ils se sont faite du partage des t ches dans l univers domestique Cette distance entre l id al et la r alit confirme la position d licate dans laquelle se trouvent les couples contemporains cheval entre un mod le traditionnel et un id al d galit il est difficile de comprendre pourquoi on reproduit une mani re de faire qui va l encontre m me de ce que l on reconna t comme les valeurs de l poque dans la
159. ons que se font les parents des r les parentaux Elle vise galement mieux comprendre comment s organise le partage des t ches domestiques et parentales au quotidien Je sollicite donc votre participation si vous tes g s de 18 ans ou plus vivez en couple dont l enfant le plus g a cinq ans ou moins avez personnellement compl t au minimum un premier cycle d tudes universitaires et que vous et votre conjoint e avez un emploi temps plein ou tes aux tudes temps plein pour une entrevue individuelle d environ une heure et demie sur votre exp rience parentale Des th mes tels que le contexte dans lequel a t prise votre d cision d avoir un enfant les t ches effectu es par chacun des parents de votre couple vos repr sentations des r les de l homme et de la femme au sein de la famille et les conflits conjugaux au sujet du partage des t ches seront abord s lors de la rencontre La confidentialit des r sultats est assur e et je m engage respecter l anonymat des r pondants N h sitez pas me contacter pour plus d informations Au plaisir de vous rencontrer Julie Garon tudiante la ma trise au d partement de sociologie Universit Laval T l phone 418 656 2131 poste 5614 Courriel julie garon 4 ulaval ca 131
160. ont tre ult rieurement l objet de publications dans des revues des conf rences ou d autres formes de diffusion Renseignements suppl mentaires Si vous avez des questions sur la recherche ou sur les implications de votre participation veuillez communiquer avec Julie Garon tudiante au d partement de sociologie de l Universit Laval au num ro de t l phone suivant 418 656 2131 poste 5614 ou l adresse courriel suivante julie garon 4 laval ca Remerciements Votre collaboration est pr cieuse pour nous permettre de r aliser cette tude et nous vous remercions d y participer Signatures Je soussign e consens librement participer la recherche intitul e Pour une red finition des attentes en mati re de partage des t ches domestiques et parentales chez les parents qu b cois J ai pris connaissance du formulaire et J ai compris le but la nature les avantages les risques et les inconv nients du projet de recherche Je suis satisfait e des explications pr cisions et r ponses que la chercheure m a fournies le cas ch ant quant ma participation ce projet Signature du participant de la participante Date Un court r sum des r sultats de la recherche sera exp di aux participants qui en feront la demande en indiquant l adresse courriel o ils aimeraient recevoir le document Les r sultats ne seront pas disponibles avant ao t 2012 Si cette adresse changeait d
161. ont directement r f rence aux mod les traditionnels pour l gitimer leur partage ce qui t moigne une fois de plus de l influence qu ont encore aujourd hui les g n rations pass es sur les acteurs contemporains En mettant le bl me sur leur nature d homme ou de femme ils tentent de se justifier d avoir enfreint la norme qu ils ont int rioris e Elle a une drive si tu veux pour faire le m nage pis pour Elle a beaucoup plus les impulsions de le faire que moi Comme encore une fois c est une fille pis je suis un gars la C est aussi niaiseux que a Renaud Si c est de jour le m decin le dentiste a va tre Genevi ve beaucoup Elle va prendre elle va prendre du temps cumul pour y aller souvent parce que a fait plus plaisir l enfant d tre avec sa maman pendant ces temps l Tu sais a a a un aspect un petit peu plus r confortant la Charles Ces justifications tout comme celles qui pr c dent peuvent ais ment tre remises en cause Bien que les croyances balisant les r les traditionnels postulent que le r confort et l affection reviennent la m re rien ne nous permet de croire comme l exprime Charles qu il est effectivement plus apaisant de se retrouver avec celle ci pour l enfant malade Poursuivons avec l exemple d Anais Parce que je voyais qu il y avait besoin pis je savais qu il fallait anticiper Tu sais en termes de notions temporelles c
162. or navant exercer des responsabilit s l gales telles qu intenter un proc s ou tre ex cuteur testamentaire En 1977 une autre victoire est remport e par les femmes du Qu bec le concept de puissance paternelle est retir du Code civil pour tre remplac par celui d autorit parentale qui permet de reconna tre cette m me autorit aux femmes En 1980 une r vision importante est apport e au Code civil qui entra ne l galit juridique des conjoints au sein du mariage D s lors chacun est responsable de la direction morale et mat rielle de la famille chacun collabore aux charges du m nage selon ses capacit s respectives et tous deux sont solidaires des dettes encourues au sein de ce dernier Ce n est pourtant qu en 1989 que les conjoints deviennent des gaux au sein du couple et de la famille par l adoption de la Loi favorisant l galit conomique des poux Celle ci stipule que peu importe le r gime matrimonial choisi la rupture de l union doit entra ner le partage parts gales du patrimoine soit les r sidences principale et secondaire les v hicules et les meubles de la famille ainsi que les gains accumul s dans un r gime de retraite public ou priv au cours du mariage Ainsi une femme mari e qui est demeur e a la maison pour prendre soin des enfants a dor navant droit la moiti des biens accumul s par son mari au cours de leur union Collectif Clio 1992 La d cennie suivante marque
163. ors m int resser au travail domestique J aurais bien pu ne m int resser qu aux t ches li es directement l enfant Je suis cependant d avis qu on ne peut s parer ces activit s en deux cat gories mutuellement exclusives Tout le travail qui permet le bon fonctionnement de l unit familiale que l on pense au m nage aux r parations dans et autour de la maison l entretien ext rieur au lavage la cuisine et la vaisselle au paiement des comptes et la prise de rendez vous est essentiel au bien tre de l enfant De plus comme les t ches sont traditionnellement associ es un genre ou l autre j ai pens que le fait d exclure plus de t ches g n ralement effectu es par les hommes que les femmes ou l inverse risquerait d entra ner un biais J ai donc tent de dresser une liste que je souhaitais exhaustive dans le but d inclure l ensemble des t ches domestiques et parentales L objectif de cette recherche est de comprendre pourquoi en termes de partage des t ches les individus n arrivent pas mettre en place le mod le qu ils disent cependant vouloir reproduire dans leur quotidien conjugal Ainsi j ai voulu rencontrer des individus qui vivent dans une situation de contraintes faisant en sorte qu ils doivent lutter pour parvenir mettre en pratique l organisation conjugale laquelle ils aspirent L objectif de cette strat gie est d arriver clairer les
164. ose une plus grande partie du travail a ex cuter les hommes ont tendance a priori surestimer le travail qu ils font Pi a 9 Le lavage c est plus ma blonde qui l a fait dans le cong parental mais je dirais que dans les deux trois derniers mois a a t plus gal l L Le lavage c est plus elle en g n ral qui en fait Elle en fait plus que moi mais Pis c est a Quand elle tait dans son cong parental elle lavait m me mon linge l ben souvent l Paul Moi je fais plus comme comme laver les planchers etc pis elle c est vraiment la bouffe pis des fois la vaisselle c est partag Ben justement par rapport la vaisselle tu me disais que tu as tendance la faire plus tard Est ce que a arrive que tu ne la fasses pas pis qu elle la fasse ta place Ben non Elle la fait tout le temps cause qu elle elle fait a tout de suite apr s Emmanuel 91 92 Les femmes pour leur part tendent faire comme si la majorit des activit s tait partag e au sein de leur couple En int grant leur conjoint aux t ches qu elles accomplissent elles donnent l impression que celles ci sont r alis es deux alors que le d roulement de l entrevue permet de constater que ce n est pas le cas On planifie souvent quand m me les repas ensemble l Ben c est plus moi quand m me l C est moi qui vais faire la liste d picerie pis mais tu sais il s
165. otidien conjugal Hommes et femmes habit s par des limites traditionnelles qui guident leurs actions sont forc s de confronter celles ci aux id aux galitaires qui orientent la soci t qu b coise dans son ensemble C est la crois e de ces deux chemins que les acteurs doivent reconstruire leurs repr sentations des r les et leurs pratiques les entra nant du coup dans une lutte contre eux m mes Car si les normes de genre nous apparaissent d une force insoup onn e la norme galitaire a elle aussi un pouvoir contraignant sur l individu qui se manifeste avec force dans les discours C est ce sujet que la section qui suit est consacr e 2 L galit comme nouvel id al social Loin d tre contraints adopter les attitudes et les comportements domestiques et parentaux des g n rations pass es les acteurs contemporains peuvent tenter de cr er pour eux m mes de nouveaux arrangements conjugaux Comme le dit Kaufmann Les r les sont aujourd hui moins impos s de l ext rieur moins construits l avance moins pr ts vivre m me s il s agit en partie d une illusion ils se donnent inventer Kaufmann 1992 206 207 C est dans ce contexte qu entrent en jeu les id aux galitaires qui se posent en norme supr me auxquels tous disent adh rer Cependant les donn es d enqu te montrent que l galit demeure jusqu aujourd hui un r ve auquel ne correspond pas la r alit
166. ouples ne renoncent au mod le traditionnel de s paration des t ches parentales Les acteurs contemporains sont partag s entre deux mani res d aborder le partage des t ches domestiques et parentales l un r f rant aux mod les traditionnels l autre aux id aux galitaires Devant l impossibilit de vivre en concordance avec la norme laquelle ils adh rent en principe les hommes et les femmes emploient une panoplie de strat gies visant faire sens de leurs pratiques et rendre l cart entre celles ci plus acceptable pour consentir pers v rer dans la voie trac e Il semble pourtant qu au dela des repr sentations qu ils se font de ce quoi devrait ressembler leur organisation conjugale il y ait un accord implicite pour que les r les demeurent conformes aux mod les traditionnels Si la norme galitaire joue davantage au niveau des id es et dans le rapport l autre celle ci ne se traduit dans le concret que par la volont des individus de se conformer la norme de la proximit affective des deux parents avec l enfant A nsi moyennant un investissement motionnel de la part des p res dans la relation aux enfants et leur consentement fournir des efforts sous forme de coups de main dans la sph re domestique ils ont la libert d incarner leur paternit la pleine mesure des limites qu hommes et femmes tracent ce r le 103 Chapitre V L INEVITABLE INEQUITE A la lumi
167. our eux m mes et devant les autres les manquements aux r gles auxquelles ils adh rent par ailleurs et ainsi faire avec la situation qui est leur C est celles ci que la troisi me section du pr sent chapitre est consacr e Les pages qui suivent ont donc pour but de faire ressortir les multiples fa ons qu ont les acteurs de composer avec la r alit du partage des t ches domestiques et parentales tel que v cu dans leur couple La premi re partie traite de la mani re dont les individus s expliquent leurs manquements la norme galitaire La deuxi me partie vise d crire certaines strat gies qu ils emploient pour tenter de contrer les in galit s qui existent au sein de leur couple Finalement la derni re partie porte sur ce qui a le plus de poids dans l valuation de la satisfaction quant l organisation conjugale ces mots et ces gestes qui permettent d accepter l in galit de fait qui perdure dans les couples 3 1 La responsabilit renvoy e hors du couple D une part il semble qu hommes et femmes ne peuvent vivre deux en acceptant pleinement de se reconna tre comme responsables de l in galit du partage des t ches perp tu e au sein de leur couple D autre part ces derni res doivent minimalement pour demeurer en relation croire aux bonnes intentions de leur conjoint Ainsi les participants tendent a attribuer a des causes ext rieures leurs rat s vis a vis de la norme en ce qu
168. outissement du processus d individuation est la cause de cet clatement il pr cise que ceci vaut autant pour les hommes que pour les femmes Ce n est donc pas le simple fait pour ces derni res de pouvoir d cider ou non d avoir un enfant qui a transform en profondeur la famille ces deux ph nom nes n tant pour lui qu une co ncidence historique L accession au statut d individu donnerait plut t lieu au refus de part et d autre d entrer dans une relation sur la base de son genre avec pour objectif de le r aliser aupr s de l autre Selon lui la soci t moderne s oppose la soci t traditionnelle par l mergence d une fronti re nette entre espace public et espace priv r sultat de l apparition d un tre universel dans le monde Alors que dans la soci t traditionnelle la naissance dicte une place dans la soci t dont on ne peut se d faire appara t dans la soci t moderne la possibilit d entrer en soci t en tant que sujet ind fini c est dire d nu des caract ristiques que conf re la naissance ce qui implique un rapport personnalis au monde soit de se pr senter autrui selon des go ts et des pr f rences qui ne rel vent en th orie que de soi m me Il y a donc du coup n cessit d duquer l enfant en tant qu tre universel et non simplement de transmettre le m tier et les comportements propres la condition sociale et au genre dans lesquels est
169. p les r les que chacun est appel jouer au sein de celle ci Une fois nos certitudes quant la r partition des t ches familiales branl es est apparue la n cessit de repenser nos pratiques en mati re de partage des t ches et nos repr sentations des r les parentaux Ceci tant dit avant de s int resser plus pr cis ment la vie quotidienne telle que v cue aujourd hui il semble pertinent de reculer un peu dans le temps afin de mieux comprendre les changements sociaux qui ont fortement contribu modifier la place des femmes au sein de la soci t qu b coise Au fil des d cennies parfois malgr des reculs importants quoique transitoires les femmes ont graduellement vu leurs possibilit s s largir et leur place dans la sph re publique s agrandir ce qui n a pas t sans r percussions sur les hommes qui ont progressivement t appel s red finir leur r le dans la famille Ce sont les transformations sociohistoriques qui ont entra n la n cessit de r inventer les r les que la premi re moiti du pr sent chapitre cherche tablir Les pages qui suivent servent donc de mise en contexte sociohistorique la transformation des rapports unissant les hommes et les femmes dans le contexte familial Les deux premi res parties abordent les raisons pour lesquelles les femmes sont pass es d une situation d interd pendance familiale une situation de d pendance envers leur mari avant de
170. place dans l organisation conjugale des parents d ici elle se doit aussi de proposer des pistes aussi risqu soit il de le faire pour y arriver Deux mani res d appr hender la situation s offrent nous La premi re consiste s attaquer aux repr sentations sociales largement partag es qui postulent des natures propres aux hommes et aux femmes ce qui les cantonne dans des r les distincts et oppos s avec pour objectif d acc der aux pratiques pour les modifier en profondeur Car si les hommes les mieux intentionn s sont d savantag s sur le terrain domestique et parental c est d abord et avant tout car on n a pas cru bon de le leur apprendre dans l enfance sans doute en vertu du fait que l n tait pas leur place dans la maison En favorisant une conception moins diff renci e des genres chez les g n rations futures il y a fort parier que progressivement une plus grande interchangeabilit s instaurerait au sein des couples Il n est cependant ni ais ni rapide de modifier les mentalit s surtout lorsque les jeunes sont justement socialis s par des individus qui ont eux m mes int gr une repr sentation traditionnelle des r les au sein de l univers domestique C est ici qu entre en jeu une deuxi me option s attaquer aux pratiques jusqu ici in galitaires des hommes et des femmes pour favoriser une interchangeabilit concr te et par l exemple g n r modifier la mani re dont on con oit soci
171. que l on connait aujourd hui Dagenais formule ainsi la r serve qu il a pour la th se de Tahon Ce qu elle dit vaut pour les deux sexes En cons quence je ne vois pas la raison d insister sur le fait que les femmes deviendraient des individus abstraits seulement lorsqu elles acqui rent le contr le de leur corps Si on doit admettre que les femmes ont port un large pan de la socialit moderne globale il faut admettre galement que les poux contemporains sont tomb s d accord en m me temps pour ne plus s engager l un en l autre Ou pour tre l un pour l autre de purs individus Dagenais 2000 242 243 L origine de la transformation de la structure familiale ne r sulterait donc pas comme le conclut Tahon de la lutte f ministe et de l l vation de la femme galit de l homme qui ont permis la femme de devenir un individu et donc de s individualiser son tour Ce serait plut t selon Dagenais le processus d individuation qui ayant atteint tant les hommes que les femmes les aurait tous deux pouss s ne plus vouloir tre pour l autre que la moiti d un tout modifiant les identit s de genre et les r les qui y sont associ s ce qui aurait du m me coup transform les rapports de couple Cela implique qu avec l av nement de la famille contemporaine la relation conjugale devient une exp rience existentielle facultative puisque l autre n est plus n cessaire pour compl ter so
172. quelle on vit C est dans cette contradiction que l on aper oit la force structurante de la socialisation qui pousse dans ce cas incarner le r le dont on tente de s loigner Fa onn s par les mod les traditionnels incarn s par les membres de leur famille d origine contre lesquels se bute l id al galitaire int rioris comment font les couples contemporains pour faire sens de leurs pratiques C est cette question que tente de r pondre la section qui suit 3 La gestion des insatisfactions Les repr sentations traditionnelles et le capital de mani res des acteurs limitent l atteinte de l galit des degr s variables puisqu ils sont int rioris s diff remment par chacun Ceci tant dit le sentiment de s loigner de la norme qu il soit continuel p riodique ou ponctuel entra ne des insatisfactions avec lesquelles doivent composer les individus Le partage des t ches est donc ins parable des contrari t s qu il g n re au sein du couple bien que celles ci soient plus souvent le lot des femmes Comme la force de l id al galitaire se joue plus particuli rement dans le rapport aux autres c est l aussi que le discours servant justifier et dissimuler les carts la norme prend le plus d importance La situation d entretien tant au nombre de celles ci il est int ressant de s y attarder Une diversit de strat gies sont employ es par les participants pour minimiser p
173. qui a trait au genre f minin les tudes men es par Serfaty Garzon aupr s de femmes de tous ges et de diff rents milieux r v lent que malgr l importance que celles ci accordent leur vie personnelle et professionnelle elles conservent encore aujourd hui un profond attachement motif pour la maison ainsi que pour les activit s domestiques et maternelles qui y sont li es Pourtant cette association entre la femme et l int rieur est relativement r cente dans l histoire de l humanit En effet dans la p riode qui se situe entre la Renaissance et les Lumi res les femmes travaillent en grand nombre pour subvenir aux besoins de leur famille majoritairement pauvres Si elles ont quand m me la charge du domestique cette derni re ne r sume pas leur vie enti re Ce n est qu partir de la seconde moiti du XIX si cle et jusqu la Premi re Guerre mondiale que s labore le mod le de la ma tresse de maison qui par l endoctrinement de toutes les classes sociales a contribu modeler l identit f minine en propageant la norme qui attribue encore aujourd hui aux femmes la responsabilit de l espace domestique On se met alors associer au foyer des valeurs nouvelles Ce dernier est alors aur ol des connotations chaleureuses du repli sur la famille et de la s curit qui sont v hicul es par les concepts aux connotations maternelles de logis et de nid Serfaty Garzon 2008 2
174. r ce moment l De fa on syst matique c est toujours oui toujours moi oui Ana s Dans le dernier extrait Ana s semble confort e l id e de partager la responsabilit d aller reconduire et chercher les enfants la garderie avec son conjoint Alors qu elle n tait auparavant en charge que de l un de ces deux voyages on s aper oit rapidement que c est toujours elle qui s occupe d aller r cup rer les enfants la fin de la journ e en plus de partager la t che d aller les porter le matin avec leur p re Il semble donc que le fait d accomplir conjointement ce travail au moins la moiti du temps lui permette d occulter l in galit qui subsiste en regard de cette activit pr cise C est dans ce sens que l on peut comprendre l importance qu accordent les acteurs la possibilit d interchangeabilit mentionn e plus haut S ils insistent pour faire valoir qu il y a une alternance dans la prise en charge de chaque t che alors que c est g n ralement toujours la m me personne qui en prend la responsabilit c est sans doute parce qu ils veulent croire que le partage est plus important qu il ne l est dans les faits Du coup on peut croire que ce discours leur permet de se penser en concordance avec la norme int rioris e et de ne pas ressentir l insatisfaction qui est propre la situation d in galit 3 2 La volont de r quilibrer les charges
175. r elle de la t che en question Lorsque Gabriel propose la m re de ses enfants de faire les courses sans toutefois d cider des achats effectuer quand le conjoint d Eve l aide finaliser le travail qu elle a entrepris ou que celui de Delphine passe une commande dans un restaurant pour la lib rer ils ne prennent pas la place de leur conjointe l instant d un moment Ils assurent plut t que le travail n cessaire au bon fonctionnement de l unit familiale soit r alis sans pour autant effectuer la t che qui revient jour apr s jour leur conjointe C est dans la reconnaissance du travail qu elles accomplissent et de la charge qu il repr sente que l on peut comprendre l importance du geste pos Si le coup de main est une mani re pour les hommes d admettre l obligation qu ils ont l endroit de leur conjointe il semble qu une simple marque d appr ciation peut galement donner aux femmes le go t de continuer effectuer la part de travail qu elles accomplissent g n ralement seules C est s r qu un b b a ne vient pas avec un manuel d instructions a fait que lire des livres faire des recherches trouver des m thodes tu sais de C est comme lui il va suivre ce que je vais lui dire mais ce n est pas lui qui va faire des recherches sur l ducation ou sur A prime abord il se fie mon jugement pis il aime Tu sais il adore le fait que j am ne plein de m t
176. r entourage qu ils consid raient comme susceptibles d tre int ress s m accorder un entretien Si j ai galement plac des avis de recrutement dans deux centres de la petite enfance un dans la r gion de Montr al et un dans la r gion de Qu bec cette m thode de recrutement n a pas port fruit Malgr le fait que la tr s grande majorit des parents rencontr s est li e d une fa on ou d une autre aux individus formant mon cercle personnel l chantillon constitu demeure extr mement vari l int rieur des limites fix es Afin d avoir une meilleure compr hension de l exp rience parentale tant des hommes que des femmes les entrevues ont t partag es galement entre ces deux groupes Les r pondants proviennent en nombre gal des r gions de Qu bec et de Montr al Des huit hommes qui ont r pondu l enqu te cinq habitent les environs de la capitale nationale alors que trois habitent ceux de la m tropole Ce rapport est invers chez les femmes De plus ils habitent peu pr s en parts gales le centre ville et la banlieue Leur ge est assez vari la plus jeune participante tant g e de 26 ans et la plus g e ayant 45 ans au moment de l entrevue pour une moyenne d ge de 33 ans Des 16 personnes interview es 10 ont un enfant alors que six en ont deux Une seule d entre elles a un enfant en garde partag e n de l union pass e de son partenaire Les r pondants ont
177. r que les enfants soient le plus possible la maison que cette derni re soit propre et rang e et que les courses soient faites pour tre m me de passer du temps de qualit durant la fin de semaine parce qu elles consid rent que ces t ches leur reviennent Ensuite le plaisir qu on prend ou non faire une t che est un autre argument r guli rement cit pour justifier la r partition des t ches C est ainsi que presque toutes les femmes qui ont la charge de nettoyer la salle de bain expliquent qu elles en sont responsables car leur conjoint n aime pas cette activit Ben je pense que lui il n aime pas faire les salles de bain Oui c est vrai que dans le fond peut tre que a s est tabli de m me parce que lui il disait qu il n aimait pas faire les salles de bain Jessica En g n ral moi je fais plus l aspirateur En fait l aspirateur on dirait que depuis qu on est ensemble l moi c est l aspirateur donc m me Ben Audrey elle n aime pas a vraiment passer l aspirateur pis moi ben ce n est pas je je ne trippe pas non plus Henri Si on peut douter du fait que Jessica prenne plus de plaisir que son conjoint a laver la salle de bain Henri affirme sans h sitation qu il n appr cie gu re passer l aspirateur Il semble pourtant que le d plaisir que ressent sa conjointe pour cette t che a plus de poids que le sien Nous verrons plus tard pourquoi L exemple
178. rais le gros de notre vie de couple a a t un cinquante cinquante l pis Oui c est pas mal a la Charles Si l id al galitaire a une influence sur l ensemble des r pondants il semble que peu d entre eux soient r ellement pr occup s par l atteinte de cet objectif au quotidien Au contraire il y a chez eux une volont manifeste de minimiser la place que prennent les t ches dans leur quotidien ce qui les conduit ne pas aborder la question m me de leur r partition encore moins celle de l galit Consid rant la surcharge de Le nom des participants de m me que ceux de leur entourage ont t remplac s par des pseudonymes Les noms de lieux qu ils mentionnent ont galement t substitu s par d autres lieux comparables travail qu entra ne n cessairement le nouveau n et plus souvent qu autrement l l vation des standards m nagers qui vient de pair avec la fondation d une famille il aurait sembl juste de supposer que le travail que les nouveaux parents auraient accomplir et la mani re dont celui ci serait partag aurait t pris en consid ration dans la d cision d avoir un enfant ou aurait t du moins l objet d une conversation Pourtant il semble qu l exception de quelques aspects logistiques ce ne soit pas le cas Gabriel exprime ainsi la place qu a prise la division du travail domestique et parental dans ce tournant majeur de sa vie Non
179. rapports galitaires au sein 45 46 du couple au sens d une interchangeabilit des r les mais plut t une preuve de la puissance qu a acquise l id e galitaire dans les derni res d cennies Serfaty Garzon 2008 Kaufmann 1992 En effet nombre d tudes ont montr travers les ann es que l interchangeabilit des r les demeure une abstraction qui ne peut tre traduite dans le concret conjugal long terme Welzer Lang et Filiod 1993 Kaufmann 1992 D abord le temps pass effectuer des t ches est impossible valuer puisque les t ches sont constitu es en habitudes Kaufmann 1992 Ensuite il est impossible de mesurer la p nibilit de chaque t che puisqu elle varie selon la perception de la personne qui l effectue Finalement l interchangeabilit force les deux conjoints trouver une norme commune du propre et du rang alors que celle ci diff re selon les individus Welzer Lang et Filiod 1993 En fait ce choix id ologique complique tel point les choses les plus simples qu il est rarement appliqu de fa on syst matique Il marque plut t les d buts de la vie de couple Kaufmann 1992 et r siste rarement l arriv e des enfants Glaude et de Singly 1986 2 2 Les nouveaux mod les d arrangement conjugal Selon Welzer Lang et Filiod le mod le galitariste qui privil gie une interchangeabilit des r les en tentant de masquer les diff rences entre les hommes
180. re stigmatis s et trait s par les autres comme n appartenant pas au groupe des vrais hommes C est ainsi que p tit homme apprend le rapport de forces permanent Quiconque oublie cette r gle devient victime d sign e Tout cart d la sensiblerie est per u comme une survivance du monde de l enfance une r miniscence ou une r apparition chez l homme du monde des femmes Toute sensiblerie doit donc tre combattue voire punie Welzer Lang 1994 30 Voil donc comment appara t la violence entre hommes qui fait suite la violence dont les jeunes hommes doivent faire preuve leur propre endroit En agressant l autre en montrant leur domination sur les autres hommes en devenir ils diminuent les chances d tre les prochaines victimes de leurs pairs Les apprentissages des jeunes hommes se vivent donc dans la peur la souffrance et la violence Par contre et ce n est pas peu important avec la virilit les hommes acc dent certaines r compenses Les femmes qui sont le pivot central du discours des hommes servent la fois de mesure de la virilit signant l appartenance des jeunes au groupe des vrais hommes et de r compenses 37 38 attribu es aux vainqueurs dans la lutte pour devenir des dominants L honneur qui va de pair avec l acc s la virilit est galement au nombre des privil ges accord s aux vrais hommes Welzer Lang 1994 1 4 La construction sociale du f minin En ce
181. re dont sont fabriqu s les genres masculin et f minin respectivement Finalement la derni re partie permet d illustrer l influence de la socialisation de genre sur les comp tences futures dans l univers domestique 1 1 Le sexe et le genre comme lieux de pouvoir Rompant avec le savoir scientifique commun ment tabli Thomas Laqueur nous apprend que si le genre appara t clairement comme une construction sociale le sexe est lui aussi avant tout construit en tant que cat gorie malgr la naturalit que cette derni re semble receler travers les poques notre mani re de la concevoir et les caract res qu on lui a associ s ont servi b tir et l gitimer un ordre social et politique Ainsi la cat gorie m me de sexe a t envisag e de mani res compl tement oppos es selon les p riodes auxquelles on s attarde Jusqu au XVIIT si cle les savants consid rent qu il n existe qu un sexe dont le degr de perfection est variable le sexe m le ce seul et unique sexe correspondent deux genres dont les droits et les obligations sont radicalement diff rents C est plus pr cis ment le degr de chaleur plus ou moins grand des tres qui permet de les positionner tout au long de l chelle verticale et donc hi rarchique du genre l extr mit sup rieure de laquelle on trouve le genre masculin et l extr mit inf rieure de laquelle se situe le genre f minin Ainsi les femmes sont co
182. re moiti du XX si cle Selon la d mographe Madeleine Rochon parmi la g n ration de femmes qu b coises n es entre 1911 et 1916 26 des femmes n ont pas eu d enfants alors que dans la g n ration de celles n es en 1944 1945 ce taux est de 12 seulement Il semble donc que l exp rience de la maternit soit devenue cette p riode un imp ratif social auquel il est difficile de se soustraire Quant la taille des familles seulement 7 6 des femmes n es entre 1916 et 1921 qui vont se marier auront plus de 10 enfants alors que ce taux baisse 3 5 chez celles n es entre 1922 et 1926 cette poque c est 40 des femmes mari es qui ont un ou deux enfants ou encore aucun enfant Dans un contexte urbain o l instruction est devenue obligatoire et le travail des enfants interdit il est de moins en moins int ressant d avoir une prog niture nombreuse qui ne contribue plus aux charges du m nage si bien qu en 1940 les Qu b coises n ont plus en moyenne que trois enfants par famille L ge des femmes la naissance de leur premier enfant est galement variable selon les g n rations alors que celles n es imm diatement apr s la guerre connaissent l exp rience de la maternit en moyenne vers l ge de 21 ou 22 ans celles n es vers 1962 retardent cette exp rience pour ne la conna tre que vers l ge moyen de 26 ans Dans l ensemble on voit plut t le taux de natalit des Qu b coises d
183. rellement plus dou es pour prendre soin des enfants particuli rement en bas ge peut aller de pair avec une r partition des t ches li es aux soins Il y a une contradiction inh rente qui n est pas r solue par les individus qui veulent la fois une division juste du travail au sein de leur couple et tre fid les leurs repr sentations traditionnelles des r les de l homme et de la femme et n arrivent pas comprendre pour quelles raisons ils ne parviennent pas obtenir les deux C est que la conception traditionnelle des r les laisse peu de place l homme au sein de la vie familiale puisqu elle suppose d une part que ce n est pas lui de s en charger et d autre part qu il 107 108 est naturellement moins comp tent en la mati re que sa conjointe Dans ce contexte on comprend qu il est difficile pour les hommes de prendre la place qui leur revient en vertu de la norme galitaire et d acqu rir les comp tences n cessaires pour se montrer aptes le faire Le sentiment d in quit qui entra ne l insatisfaction vient donc de cet cart entre la participation de chacun lui m me attribuable une repr sentation des r les diff renci e de l homme et de la femme M me lorsque les couples se rapprochent de l organisation qu ils souhaitent mettre en place il semble que le sentiment de justice soit une corde raide sur laquelle on ne peut marcher tr s longtemps sans tr bucher En f
184. relles qui peuvent tre faites partir de la diff rence sexuelle et l histoire que nous pr sente Laqueur montre les omissions volontaires de faits scientifiques reconnus qui ont t commises travers le temps pour privil gier une vision du monde au d triment d une autre Le sexe biologique consid r comme la base solide sur laquelle s enracine le genre menace au contraire constamment de le subvertir Prenons l exemple du clitoris dont fait tat Laqueur Bien qu sa d couverte en 1559 le clitoris est consid r comme l homologue f minin du p nis et que la preuve a t faite avant 1850 qu il y a une origine embryologique commune entre ces deux organes il est int ressant de constater que les scientifiques continuent affirmer pendant des d cennies que l quivalent du p nis chez 33 34 la femme est le vagin pr servant la croyance de l poque dans le mod le du sexe unique Les faits semblent donc secondaires ce que l on veut faire dire aux corps Les diff rentes significations qu ont prises les corps travers le temps illustrent bien qu il n y en a aucune qui lui soit inh rente Ni le sexe ni le genre ne porte en soi une n cessaire distinction des tres sur la base d une essence qui leur serait propre ou dans les mots de Laqueur Sex and sexual difference are not simply there any more than gender is Laqueur 1990 222 Il n y a donc pas de bonne mani re de co
185. res Plus pr cis ment Dans l ensemble des espaces quelles que soient les pr sences masculines ou f minines les seuils de territoires sont donn s par les normes de d sordre qui constituent des seuils mat riels et symboliques respecter Welzer Lang et Filiod 1993 247 Le d sordre peut alors signifier la revendication d un lieu pour soi mais galement la r volte contre l ordre f minin que Welzer Lang et Filiod nomment le d sordre d insoumission Car les standards qui pr valent dans la maison sont g n ralement ceux de la personne qui effectue tout ou en partie le nettoyage et le rangement Ce sont donc majoritairement les femmes qui imposent leurs crit res de propret et d ordre au sein du couple Si vingt ans se sont coul s depuis ces travaux on peut supposer qu encore aujourd hui nombreux sont les hommes et les femmes souhaitant partager davantage les t ches qui voient leurs interpr tations contradictoires des normes m nag res constituer un frein majeur la mise en place d une nouvelle organisation conjugale Welzer Lang et Filiod 1993 1 6 L in galit construite des hommes et des femmes face lunivers domestique Kaufmann dans une tude r alis e en 1992 sur le partage des t ches li es au linge en contexte fran ais nous apprend que la socialisation diff renci e des hommes et des 41 42 femmes les rend in gaux face l univers domestique D abord reprenons deux
186. retien de la voiture lavage r paration et aux r parations dans la maison bien que les femmes s acquittent plus souvent des t ches masculines que les hommes n accomplissent les t ches f minines et certaines t ches sont interchangeables m me si elles continuent tre ex cut es par une majorit de femmes parmi celles ci on compte notamment les courses la cuisine la vaisselle et le m nage Les femmes continuent galement assumer la plus grande part de la dimension responsabilit en ce qui concerne la planification l tablissement du calendrier l orchestration et la coordination des activit s familiales Daly 2004 Il semble qu il en soit de m me pour ce qui concerne les t ches parentales bien que l cart entre le temps consacr par les hommes et les femmes soit moins important qu en ce qui a trait aux t ches domestiques D abord il faut noter que peu de p res ont la charge exclusive de t ches li es aux soins des enfants Cependant cette situation est plus fr quente lorsqu il s agit de jouer avec les enfants ou de participer des activit s avec eux 18 5 des cas et de les conduire l cole ou la garderie 13 2 des cas C est exclusivement ou habituellement les p res qui dans un tr s faible pourcentage de cas prennent en charge les t ches que sont aider les enfants avec leurs devoirs 6 9 contre 62 9 des m res les mettre au lit ou v rifier qu ils se couchen
187. rev t la mise au monde d un enfant Le narcissisme des parents contemporains qui d une mani re infantile ont besoin d enfants pour leur quilibre motif autant que les enfants ont besoin de parents n a rien voir avec le rapport moderne qui suppose et appelle des adultes mancip s Dagenais 2000 204 Le rapport s est donc invers Autrefois le but premier de la formation du couple tait de mettre au monde et de socialiser l enfant les adultes taient au service des enfants Aujourd hui le but premier de la mise au monde de l enfant est de se prouver soi m me et de montrer aux autres que l on s aime et de compl menter sa propre vie les enfants sont donc au service des adultes Ce nouveau rapport narcissique l enfant est marqu par la d responsabilisation parentale qui a pour cons quence d une part l abandon parental et d autre part l l vation de l enfant une position d galit avec l adulte Plus pr cis ment cette d responsabilisation correspond un refus de la part des parents de jouer les r les traditionnels de p re et de m re ainsi que de se voir attribuer les qualit s qui y taient autrefois associ es soit l autorit ducative du p re et le souci ducatif de la m re Cette r sistance assumer la position de parent depuis un r le pr cis est plus globalement li e une volont de d construction des genres Tout comme les individus ne cherchent plu
188. s galement et plus globalement celles pour lesquelles elles ressentent une aversion Le privil ge qui vient de pair avec la gestion courante du travail domestique et parental est donc celui de garder pour soi le travail que l on pr f re et d assigner aux autres celui que l on ne souhaite pas effectuer Non a trouver la garderie j ai l gu a l homme C est Ok C est toi qui lui as dit dans le fond J aimerais a que tu le fasses Oui J ai dit Moi je n aime pas beaucoup appeler Je ne suis pas quelqu un qui aime appeler a fait que j ai dit a a va tre p nible pour moi Pourrais tu s il te plait t en occuper de les inscrire sur les listes de garderies Bianca C est rare rare rare qu elle va faire l aspirateur Elle n aime pas a Emmanuel A l inverse il semble que les hommes qui d sirent tablir un partage en concordance avec les valeurs galitaires int rioris es tendent accepter toute t che qui leur est donn e faire par leur conjointe Comme ils se sentent en d ficit vis vis de celle ci vu la faiblesse de leur capital de mani res c est de cette fa on qu ils tentent de r quilibrer la division du 95 96 travail S ils ne peuvent faire autrement que d acquiescer aux demandes qui leur sont soumises ils ne se sentent pas non plus l aise de demander leur conjointe de faire plus qu elles n en font d j ce
189. s 1977 la r vision du Code civil entra nant l galit juridique des conjoints au sein du mariage 1980 et l adoption de la Loi favorisant l galit conomique des poux pour faire des conjoints des gaux au sein du couple et de la famille 1989 Bien que le concept d galit hommes femmes fasse maintenant partie int grante des lois au Qu bec il semble que cette id e ait pris plus de temps faire sa place dans la culture que dans le Code civil et qu elle n y soit pas encore tout fait parvenu Ainsi les lois ont t superpos es aux mentalit s existantes qui bien que souhaitant que les femmes et les hommes aient les m mes droits concevaient et con oivent toujours les deux genres comme fondamentalement diff rents et leurs r les comme compl mentaires Si l galit fait abondamment partie du discours tant des uns que des autres il y a un cart important entre l galit telle que d finie au sens de la loi et l galit telle que con ue par les individus Pour les participants cette enqu te c est d abord et avant tout la possibilit pour les hommes et les femmes de faire les m mes choses s ils le d sirent qui prime Ces derniers veulent donc vivre dans un monde o l on reconna t l galit en principe mais sans pour autant vouloir la mettre en pratique En ce qui a trait au partage des t ches plus sp cifiquement ils adh rent la croyance selon laquelle les tres se dis
190. s grands m res D autant plus qu on attend encore des femmes bien qu implicitement qu elles soient disciplin es et ordonn es et que ces caract ristiques se traduisent dans le concret de la vie domestique Le mod le f minin socialement construit au XIX si cle est donc encore bien vivant et continue guider les femmes dans leur d finition d elles m mes et dans leurs actions Pourtant si les femmes ont toujours le go t de la maison celui ci est aujourd hui moins fort voire tourment partag es qu elles sont entre leur vie domestique et familiale leur vie personnelle et leur vie professionnelle Nombreuses sont les obligations qui viennent avec le titre de reine du foyer Serfaty Garzon met toutefois davantage l accent sur les vertus associ es aux femmes qui savent tenir maison et sur les avantages qu elles trouvent conserver leur r le traditionnel dans la maisonn e que l on pense au plaisir trouver les t ches faites leur fa on l aura de g n rosit associ e celles qui savent bien recevoir en passant par le contr le de la l gende familiale racont e aux membres de la famille et leur entourage la ma trise de la vie mat rielle et l obligation des autres leur endroit La volont de se voir conf rer ces vertus et la gloire qui les accompagne fait en sorte que nombre de femmes continuent vouloir assumer seules la mainmise sur l univers domestique Comme le dit Serfaty Garzon
191. s hommes comme les femmes constitue une barri re importante la transformation des pratiques en mati re de partage des t ches domestiques et parentales que les acteurs adh rent ou non l galit en son sens propre 49 50 Alors que l galit rev t une importance significative dans le discours des individus il semble que son r le soit limit celui d id al orientant la conduite sans pour autant que les acteurs ne parviennent calquer leur organisation conjugale sur celui ci La litt rature nous apprend plut t quel point la volont de partager les t ches conform ment ce mod le complique les choses les plus simples n est pr sente g n ralement qu aux d buts de la vie de couple et long terme s av re tre une utopie Mes hypoth ses me portent donc croire que l tendue et la limite des possibles quant au partage des t ches domestiques et parentales sont fonction de la place r elle que prend la norme galitaire dans le quotidien des individus C est dans le prochain chapitre qu est expos e la m thodologie qui permet de v rifier ce postulat Chapitre M METHODOLOGIE L objet de la pr sente tude est de comprendre pourquoi il subsiste un cart important entre la participation des hommes et des femmes au sein de lunivers domestique et ce malgr l adh sion socialement partag e un id al d galit Afin d apporter un clairage nouveau sur cette question je m
192. s t ches li es au jeu la discipline et au r confort de votre vos enfant s dans votre famille Pourquoi 18 Pouvez vous me dire qui s occupe de quelles activit s li es la gestion familiale payer les comptes prendre les rendez vous trouver une place en garderie trouver un m decin de famille faire les courses Pourquoi Section 3 Repr sentations des r les parentaux 19 En g n ral de quelle mani re percevez vous les r les de l homme et de la femme dans une famille Quels sont leurs forces et leurs faiblesses respectives 20 Quelles attentes entretenez vous envers votre partenaire dans son r le de p re m re et dans la prise en charge du travail domestique et parental 21 Ressentez vous de la pression de la part de votre partenaire pour jouer votre r le ou effectuer vos t ches dans la maison diff remment Racontez moi 22 prouvez vous de la frustration et ou de la culpabilit vis vis votre partenaire dans le partage des t ches domestiques et parentales Pourquoi 23 Pensez vous que votre conjoint e ressent de la frustration et ou de la culpabilit votre endroit Pourquoi 24 Sur quels aspects du partage des t ches domestiques et parentales vos m sententes conjugales portent elles g n ralement 25 Racontez moi votre derni re chicane de couple ce sujet Sur quoi portait elle 26 Quel s aspect s du partage des t ches aimeriez vous le plus am liorer avec votre
193. s un partenaire dans le but de r aliser leur genre et leur identit dans le couple ils ne souhaitent pas non plus r aliser leur genre dans leur rapport l enfant Chacun des parents homme et femme d sire non pas repr senter la moiti de la figure parentale mais bien l enti ret de celle ci Le dualisme p re m re a toujours comport un consentement r ciproque conc der l autre la n cessit d tre ce qu il est Or la remise en question des genres est d une part refus de consid rer sa mani re d tre comme f minine ou masculine elle est totale et d autre part refus de consid rer la l gitimit du r le de l autre sauf bien s r pour le partage des t ches Refusant de consid rer la double n cessit de leurs r les respectifs le p re et la m re s affrontent sur le terrain du rapport l enfant chacun tentant d universaliser en quelque sorte sa propre idiosyncrasie Dagenais 2000 226 227 Revenons sur le partage des t ches Dagenais pr cise que ce que celui ci a de particulier dans la famille contemporaine c est que bien qu il soit souvent effectu selon les r les dits traditionnels aucun des deux partenaires n accepte une division sur la base de l assomption de son genre La r partition des activit s domestiques et parentales n est admise que comme une affaire de go ts personnels Quant au fait que chacun des individus souhaite universaliser sa propre mani re d tre pare
194. sais o il est rendu pis a volue graduellement pis il augmente ses t ches pis c est pas pire a fait que tu sais je me dis dans le fond Si je commence lui dire Tu oublies a pis il faut faire a en plus pis faire a tu sais l a devient Lui dans sa t te il ne le voit m me pas a va devenir comme astronomique pis J y vais petites doses Je suis un peu tra tre l mais Ana s L h sitation des femmes augmenter la charge des hommes dans la maison en vertu de la lourdeur que ces derniers ressentent a devoir accomplir les taches est cependant 97 98 indissociable des repr sentations traditionnelles int gr es Au fond d elles m mes elles ont le sentiment qu elles sont davantage en mesure d absorber le poids que repr sente le travail domestique et parental et que cette place centrale dans la famille leur revient naturellement Sans compter qu elles ont l impression d exiger de leur conjoint le maximum qu elles peuvent se permettre sans miner la bonne entente conjugale et ainsi risquer de mettre en p ril leur couple Si elles ne se voyaient pas comme les principales responsables de cet univers peut tre se sentiraient elles plus justifi es d exiger de leur conjoint qu il en fasse davantage C est dans ce contexte que l on peut comprendre la volont des femmes d embaucher une personne responsable de l entretien m nager En sous traitant cette partie
195. sance de la monoparentalit sont autant de ph nom nes qui rendent visible cette pauvret Collectif Clio 1992 534 Cette situation est d autant plus importante que la monoparentalit est aujourd hui un ph nom ne tr s r pandu En effet en 2006 c est 27 8 des familles qu b coises qui sont monoparentales Qui plus est c est encore les femmes qui dans une proportion de 77 9 en 2006 sont principalement la t te de ces m nages bien que cette proportion tende diminuer Le nombre de familles recompos es est galement la hausse atteignant en 2006 les 14 2 parmi les familles biparentales Institut de la statistique du Qu bec 2012 La popularit du divorce a aussi des r percussions importantes sur le mariage en tant que tel En effet de plus en plus d individus passent outre ce rite de passage en choisissant l union libre comme mode de vie deux Trop peu fr quent avant 1981 le ph nom ne de l union libre n tait pas mesur de mani re syst matique Si cette pratique a cours dans les ann es 1970 elle est v cue comme un refus de se conformer aux normes de l poque ou encore comme une p riode d essai avant de faire le grand saut Ce n est qu partir des ann es 1980 que l union libre devient pratique courante Ainsi entre 1981 et 1986 le pourcentage de couples qu b cois vivant en union libre monte de 8 6 12 6 Collectif Clio 1992 Ce taux continue augmenter progressivem
196. sculin et f minin en attribuant le soin des enfants aux femmes a une influence consid rable sur l organisation parentale Nombreuses sont celles qui ont la responsabilit quasi exclusive de voir aux besoins des enfants et de prendre soin au quotidien de ceux ci C est d ailleurs presque toujours aux m res que revient la gestion des affaires courantes de l enfant que l on pense trouver une place en garderie et un m decin de famille prendre les rendez vous m dicaux et dentaires et l y accompagner s assurer qu il ait tout le mat riel n cessaire v tements quipement etc et voir ses besoins ponctuels D ailleurs certaines femmes rencontr es sont partag es entre une repr sentation traditionnelle de leur r le et la volont d occuper un emploi r mun r Ben je voulais faire un peu ce que ma m re faisait mais c est un peu impossible parce que ma mere elle tait la maison donc j avais le conflit de dire Qu est ce que j offre mon enfant Une femme qui travaille avec oui l argent qui rentre en plus grande quantit donc on fait plus d activit s pis tout a et le r le de la maman la maison que oui tu es toujours l avec ton enfant mais tu es plus limit financi rement a fait que j avais toujours cette confrontation l Eve Je voulais avec mon ducation tre tre un petit peu comme comme ma m re dans le fond l peut tre inconsciemment l
197. se de recrutement a consist savoir si je souhaitais interroger des individus vivant en famille recompos e Je dois avouer que je n y avais pas r fl chi au pr alable Cependant le grand nombre de questions ce sujet venant de participants potentiels m a fait r aliser que ce cas de figure est tr s r pandu Ne voyant pas pourquoi leur situation diff rerait de celle des couples de parents en premi re union du moins dans la mesure o des enfants sont n s de l union actuelle j ai choisi de les inclure en cours de recrutement Cependant une fois mon recrutement termin je n avais rencontr qu un seul individu vivant dans une famille recompos e en garde partag e J ai finalement d cid d exclure ce participant de l tude vu les diff rences que pr sente sa situation qui tait difficilement comparable celle des autres r pondants J ai galement choisi de retirer un deuxi me participant pour d autres consid rations vu des probl mes avec l enregistrement il me manquait une part trop importante de l entrevue pour tre m me d en faire l analyse Je n aurais en effet pas pu d gager les normes structurants son discours et son action ni comparer celles ci avec celles des autres participants Ne voulant pas risquer d analyser mes perceptions de sa situation plut t que ses propos j ai pr f r l exclure de l analyse En ce qui concerne le d roulement des entretiens a priori j
198. sent puisqu ils le jugent selon leurs propres crit res Du coup ils ne r alisent pas l tendue des t ches qu elles entreprennent intervalle r gulier et donc ils ne prennent pas conscience de tout l ouvrage que n cessite la vie familiale Comme ce sont les femmes qui sont g n ralement responsables de la gestion au sein de la maisonn e la charge de r partir les t ches leur incombe Cependant comme elles savent que leur conjoint n a pas pleinement conscience de tout le travail qu il y a effectuer et que de surcro t ces derniers vivent d j avec l impression de manquer de temps libre pour eux m mes les femmes trouvent souvent plus facile de faire par elles m mes que de demander leur conjoint de partager le fardeau des t ches accomplir Comme l exprime Anais Disons qu il y a une femme de m nage qui rentre chez nous je vais tre hyper contente parce que tu sais des choses que lui il ne voit pas que c est faire comme pousseter les les plinthes ces affaires la ben je sais qu elle elle va le voir tu sais ou en tout cas je vais lui dire qu elle le fasse tandis que 1a je n ose pas trop parce que je me dis Ben tu sais dans le fond d j qu il le fait c est pas pire pis l si lui il ne voit pas que c est une Je suis je suis peut tre je suis peut tre trop conciliante des fois mais en m me temps je me dis Regarde je je sais d o il part Je
199. sentiment d inconfort comme c est le cas dans l extrait suivant Ok Pis la salle de bain c est qui qui s occupe de la faire C est plus elle Ok Le bain la toilette l vier tout a C est une mauvaise question celle l Pis pourquoi c est elle qui la fait 69 70 Pourquoi cause que Je ne sais pas C est a a toujours J ai jamais eu l habitude de faire les salles de bain pis je ne sais pas J ai Emmanuel Tout comme Mireille l exprime plus haut on peut pr sumer qu Emmanuel ne souhaite pas devenir responsable de nettoyer les salles de bain de sa maison C est plut t dans le cadre plus formel de l entrevue qu il ressent un malaise se montrer jouant un r le traditionnel que la norme galitaire prend son sens C est de la m me fa on que Jessica tente d expliquer tant bien que mal ce que fait son conjoint depuis qu elle a repris le travail ne voulant pas qu il soit per u comme un homme des g n rations pass es L depuis son retour au travail la suite du cong parental c est s r qu il en fait plus que mais tu sais je te dis qu il faisait rien Il ne faisait pas je veux dire il me regardait pas tu sais En tout cas je le sais pas comment l exprimer l mais tu sais mettons il faisait de la vaisselle ou tu sais il ne s assoyait pas dans le divan pendant que moi je faisais la vaisselle pis que Tu sais tu comprends l
200. sions c dent la place la question toute concr te consistant savoir qui fait quoi Cette deuxi me section de l entrevue a pour but de d terminer les t ches accomplies par chacun et de conna tre les raisons voqu es pour expliquer cette division du travail Cette partie de l entrevue commence avec une premi re question visant savoir quels sont les facteurs qui selon le r pondant permettent d expliquer la r partition globale des t ches au sein de son couple s il y voit une logique organisationnelle ou une ligne directrice sous jacente Ensuite viennent des questions visant savoir si certains changements dans l organisation ont eu lieu avec le temps ou encore si certaines situations am nent le couple modifier la division du travail l objectif tant d avoir un portrait exhaustif des t ches accomplies par chacun dans toutes les situations Puis toutes les activit s permettant un bon fonctionnement de l unit familiale sont pass es examen que l on pense au m nage au lavage la cuisine aux r parations l entretien ext rieur l entretien et la r paration des voitures la prise en charge des enfants hygi ne habillement coucher etc au transport et l accompagnement des enfants dans leurs diff rentes activit s au jeu au r confort et la discipline des enfants ainsi qu la gestion familiale paiement des comptes et budget prise de rendez vous recherc
201. st tr s tr s proche d Isabelle a fait que le plus possible j essaie tu sais de d avoir du temps seul avec elle pour essayer de de se cr er le lien si tu veux pis l c est l c est l c est vraiment le fun C est s r que de z ro a six mois ben c tait c tait c tait difficile pour moi de cr er un lien avec elle aussi mais c est normal aussi Tu sais c est tout le temps d y aller personne par personne Ca fait que c tait Isabelle en premier Apr s a a t moi pis l il y a eu les grands parents eel C est stir que Coralie a un lien avec Isabelle qui est tr s particulier parce que bon tout le temps qu elles ont pass ensemble Bon c est sa maman aussi l Il y a comme un un lien ind niable l comme a mais a se d veloppe de plus en plus avec moi pis l je suis vraiment content parce qu elle est vraiment rendue plus plus papa un peu l mais c est s r que l elle a elle a beaucoup plus de de temps o c est maman En fait elle n a pas eu vraiment de temps papa mais mais de nous elle aura elle recevra toujours tout l amour qu on peut donner l c est certain Renaud Ce faisant le r le du p re se limite d velopper une proximit affective avec l enfant sans qu une r elle prise en charge du travail qui pourrait y tre li n ait lieu Le cas de figure le plus fr quent est cependan
202. suoaunesubaisuesusoansGeas tases culsouoabetnesuastubatecsusseonasaverscases iii Remerciements si2atssucacisnadecvadescenveseuvausspaud cabbusscenandendceesuusassvsaecaseussnuccceshadcanesessesecseutecteauesse vii Introductio Se ns LR cscs Sse ST it nn Band GS 1 Chapitre I La remise en question des r les sociaux et familiaux ss 7 1 Les transformations de la place des femmes dans la soci t qu b coise 7 1 1 De l interd pendance intrafamiliale la d pendance des femmes 6ccc0cce 8 1 2 Les allers retours des femmes entre travail domestique et travail salari 10 1 3 Le acquis ACS of CIN INES oes es Set ee RRR dde ek Rob EN nette 13 1 4 La modification de la composition des m nages qu b cois ccccccececeesteesteeeteeees 15 2 La crise de l institution familiale ee A een 19 2 1 Du mod le de famille unique la multiplication des formes familiales 20 2 2 Les nouvelles formes familiales israel Sleds ee OA 23 2 3 La transformation du sens de la relation conjugale et de l enfant 24 2 4 L impact de ces transformations sur les identit s masculine et f minine 27 Chapitre II Le genre et l galit deux r alit s inconciliables s 31 1 La construction du sexe et ENTRE ne ue LR ee tee 31 1 1 Le sexe et le genre comme lieux de pouvoir 32 1 2 Le genre comme PCO ONIN ONCE sent AR Rent ta care 34 1 3 La construction sociale du Masculin ete ARE 36
203. sur la base du genre et donc la volont d universalisation du sujet dans toutes les sph res de l existence En effet un nouveau mod le familial appara t dans les ann es 1980 qui donne voir des hommes et des femmes qui ne souhaitent plus avoir une relation avec un individu via lequel ils peuvent r aliser leur genre et construire leur identit subjective Ces derniers recherchent plut t un partenaire poss dant certaines qualit s objectives concr tes avec lequel partager un moment dans une vie Quelles que soient les exigences il en r sultera un accord dans lequel l identit de chacun est construite en dehors de la relation Il y a ici une d subjectivation de l engagement Mais cette recherche de l me s ur proc de de la reconnaissance l mentaire que l homme n est pas fait pour vivre seul Sur cette base pourquoi n importe qui ne ferait il pas l affaire moyennant go ts et int r ts communs Dagenais 2000 233 234 Si le choix d un partenaire se fait de plus en plus par la recherche de caract ristiques objectives accumul es pi ce par pi ce il va de soi que celles ci deviennent toutes fonction des go ts personnels de chacun La volont des hommes et des femmes d entrer en relation sur la base de leur individualit propre et de ne pas s investir l un dans l autre pour fa onner leur identit entra ne donc une pr carit des unions ce qui m ne la multiplication des types de famille
204. t 5 3 contre 44 des m res les habiller ou v rifier s ils sont habill s 2 5 contre 71 2 des m res et rester la maison avec eux lorsqu ils sont malades 3 4 contre 68 7 des m res Minist re de la Famille et des A n s 2011a Cette derni re statistique vient confirmer les r sultats d une tude qui compare le nombre d heures annuelles d absence pour obligations personnelles ou familiales chez les employ s temps plein ou partiel au Qu bec en 2007 Alors que pour les hommes ce nombre d heures est de 19 5 il est 4 1 fois plus lev chez les femmes soit de 80 6 Institut de la statistique du Qu bec 2008 Ce sont ces t ches traditionnellement f minines qui demeurent donc exclusivement ou habituellement prises en charge par les m res dans des proportions plus importantes bien que dans une moindre mesure en ce qui concerne le fait de mettre les enfants au lit ou de v rifier qu ils se couchent Quant aux t ches qui sont aujourd hui plus souvent partag es peu pr s galement par les hommes et les femmes il s agit de jouer avec les enfants ou de participer des activit s avec eux 70 5 des cas et de les mettre au lit ou de v rifier qu ils se couchent 50 7 des cas Conduire les enfants l cole ou la garderie est dans une moindre mesure une activit partag e galement entre les hommes et les femmes 39 7 des cas alors qu une minorit de couples se r partissent peu pr s
205. t ches qui sont abord s Plus pr cis ment il s agit de d couvrir si le r pondant ou son partenaire ressent de la frustration ou de la culpabilit l endroit de l autre ainsi que les raisons de ces sentiments s il y a de la pression exerc e pour que le r pondant joue son r le diff remment ou qu il prenne une place plus ou moins grande dans le partage des t ches et les sujets de m sententes les plus fr quents li s bien entendu au partage des t ches domestiques et parentales Dans un troisi me et dernier temps le participant est interrog sur les aspects de la division des t ches qu il souhaite le plus am liorer dans le futur ainsi que sur la possibilit ventuelle d tendre la famille Ces derni res questions portant sur l avenir visent clore l entrevue sur une note plus positive d une part en ramenant le r pondant la possibilit d am liorer le futur en travaillant pour un partage plus satisfaisant des t ches au sein de son couple d autre part en le laissant parler de ses projets familiaux Cependant le discours sur l avenir permet d clairer le pr sent bien plus qu il ne permet de pr dire ce que feront les individus a posteriori En effet les aspirations les attentes et les esp rances en disent long sur la mani re dont le r pondant voit sa situation sur ce qui compte pour lui ou sur ce qu il entrevoit comme tant dans le domaine du r aliste ou du possible En ce sens les q
206. t s en effectuant elles m mes les t ches en refaisant ce qui a t pr alablement fait par leur conjoint ou en critiquant sa mani re de faire Ensuite il recouvre la validation externe de l identit maternelle c est dire le fait pour une femme de se sentir valoris e par son r le dans la maison au point de se sentir menac e identitairement parlant par une plus grande implication paternelle Finalement il renvoie une conception diff renci e des r les familiaux soit une repr sentation traditionnelle de l homme et de la femme bas e sur la compl mentarit des r les qu ils ont jouer au sein de l univers domestique Ensemble ces trois facteurs contribuent expliquer selon les travaux d Allen et Hawkins pourquoi certaines femmes prennent en charge une plus grande part des t ches domestiques et parentales que leur conjoint Allen et Hawkins 1999 Cela explique aussi pourquoi beaucoup de femmes continuent pr f rer un simple coup de main une r partition fond e sur l id e d galit Serfaty Garzon 2008 1 5 Les diff rentes mani res de concevoir la propret et l ordre selon le genre Chaque soci t une poque donn e d finit ses normes de propret et d ordre qui permettent de classer les lieux et les personnes de fa on dichotomique Construits sociaux les interdits associ s ces normes ne peuvent tre expliqu s de fa on rationnelle et objective Ainsi la suite
207. t celui des femmes qui ayant l impression d tre naturellement plus dou es pour satisfaire les besoins de leurs enfants ont de la difficult laisser leur conjoint en prendre soin On a norm ment discut de a et a a t une source de conflits c est s r et et de frustrations parce que c est vrai C est s r que si tu lui demandais lui il te dirait que j tais tr s tr s tr s protectrice pis que je ne le lui donnais pas souvent L Il y a eu des mises au point l o Tu sais nous les m res on est toujours un peu dire quoi faire donc lui un bon moment il me disait L che moi l Je sais m en occuper de mon fils pis surtout il me disait souvent Il faut que tu acceptes que je m en occupe diff remment que quand c est moi qui m occupe de lui ben que je ne fais pas les choses comme toi pis c est ben correct Sarah Si je le laisse faire tu sais il d veloppe sa relation avec notre fille pis c est diff rent mais encore aujourd hui c est tough Il la brasse pis l j ai juste envie de dire Arr te Ne fais pas a mais c est pas grave Oui il a une mani re diff rente de faire 80 Oui C est Oui c est a Vraiment Tu sais il faut faire la part des choses entre ce qui est vraiment grave et ou dangereux pis ce qui est juste Moi je le fais de m me pis lui il peut ben le faire comme il veut Ok ok
208. t d avoir un enfant Patrick m avait dit Moi J aimerais partager le cong Tu vois C est pour a C est l o il voulait vraiment partager les t ches et puis il voulait m me partager le cong L Moi j aurais aim a Tu sais un moment donn je lui disais Tu ne peux pas prendre un mois en plus a pourrait tre le fun la fin du cong tu sais Moi je peux bien te donner un mois pour que tu en profites mais il n a pas voulu parce qu il se sentait trop de responsabilit s Sarah Le bonheur revient pourtant lorsqu il est question de la vaisselle Patrick fait tout le temps la vaisselle a c est merveilleux Sarah mais ce sentiment est temporaire puisqu il c de sa place la frustration et au ressentiment un peu plus loin Ben moi je suis un peu frustr e que De la culpabilit un moment donn j en ai pas mal ressentie quand il me disait qu il trouvait que je prenais trop de place que je ne lui laissais pas assez de place et tout a En m me temps moi je ne voyais pas comment je pouvais faire si tu veux En allaitant c tait difficile de lui laisser de la place donc euh Oui tu sais un moment donn j tais frustr e et je culpabilisais mais en m me temps je lui disais Ben regarde c est a pour l instant tu sais a ne va pas durer a ne va pas durer donc a a cr e beaucoup de frustrations et puis au
209. t de soi pour d crire cette r partition t moigne du fait que les forces sociales qui fa onnent l organisation conjugale sont majoritairement invisibles pour les r pondants Du coup ces derniers ne voient pas leur responsabilit pour l cart qui existe entre leurs actions et la norme qu ils ont int rioris e Il est alors peu probable que l galit soit m me de jouer r ellement un r le pr pond rant dans l instauration de leurs pratiques en mati re de partage des t ches domestiques et parentales En effet la majorit des r pondants ne fait pas preuve d efforts significatifs ni m me d une volont de modifier la mani re dont est s par le travail domestique et parental effectuer au quotidien Tel que mentionn plus haut tous font r f rence au concept d galit maintes reprises au cours de l entretien Pourtant lorsque l in galit du partage est d voil e au grand jour la plupart tentent de la dissimuler ou de concentrer leurs efforts sur d autres aspects de la s paration des t ches Quelques participants abordent cependant cette question de front comme le fait Mireille dans l extrait suivant Le partage des t ches ce moment l je le trouve un peu traditionnel dans nos r les l Tu sais il y a quelque chose de je vois une diff rence entre je suis encore je reproduis un r le je trouve f minin quand je me vois l dedans pis que je vois que lui il g re le porte
210. te donc plus les t ches mais on consid re que l un et l autre doivent participer aux t ches domestiques chacun selon ses disponibilit s ses comp tences et ses pr f rences C est alors que les espaces se s parent chacun revendiquant par l utilisation des seuils symboliques du propre et du rang ses territoires propres les lieux communs demeurant r gul s par la norme f minine Welzer Lang et Filiod 1993 Le mod le autonomies concert es est donc celui form par un couple du double double autonomie double d sir double trajectoire professionnelle double prise en charge du travail domestique double charge mentale Welzer Lang et Filiod 1993 319 320 47 48 2 3 Question et hypoth ses de recherche Bien que la notion d galit fasse aujourd hui partie int grante du discours entourant les relations entre les hommes et les femmes un cart important subsiste entre la volont admise d instaurer des rapports galitaires de genre et les r alisations concr tes dans ce domaine notamment en ce qui a trait au partage des t ches domestiques et parentales La pr sente tude vise donc comprendre pourquoi dans le contexte qu b cois contemporain ce sont les femmes qui demeurent les principales responsables de l univers domestique et ce malgr une adh sion toujours plus prononc e des hommes et des femmes un id al d galit Plus pr cis ment en se penchant sur la mani re dont s
211. tinguent selon leur sexe en deux cat gories de genre dou es pour des r les fonci rement diff rents ce qui fait en sorte qu ils poursuivent d abord et avant tout un id al d quit ou de justice S ils ne souhaitent pas se faire contraindre jouer des r les pr d finis en fonction de leur genre ils acceptent que chacun occupe une place diff rente dans la sph re domestique puisqu ils sont d avis qu hommes et femmes n ont pas les m mes comp tences ou les m mes int r ts Or l galit hommes femmes suppose des tres humains indiff renci s et en ce qui a trait au partage des t ches domestiques et parentales renvoie une r partition du travail en deux ensembles de t ches identiques sans gard au genre Elle s apparente l interchangeabilit puisque chacun doit effectuer les m mes t ches la m me fr quence et pour le m me laps de temps que l autre Elle n admet un partage bas ni sur les r les traditionnels de genre ni sur les comp tences les pr f rences ou la disponibilit propres chacun bien que ces trois derni res explications soient fr quemment invoqu es par les individus pour justifier leur organisation conjugale Force est cependant de constater que les hommes et les femmes interrog s ne parviennent pas mettre en place une division des t ches quitable telle qu ils le souhaitent encore moins une r partition du travail galitaire telle qu ils disent vouloir le
212. tinuent de croire que ces deux groupes sont fonci rement diff rents Ils ne reconnaissent donc pas comme le fait le cadre l gal une nature unique propre aux hommes comme aux femmes ce qui contribue cantonner ces deux groupes dans des r les diff rents L galit n est donc pas acquise pas plus qu elle ne l tait au moment o les lois ont t adopt es Les structures sociales n ont pas suffisamment chang pour faire en sorte de rendre r elle cette galit de droit Les mentalit s non plus La loi a pourtant pour effet de donner l illusion que chaque homme et chaque femme est responsable de cette in galit v cue quotidiennement Si avant on pouvait se dire que le cadre l gal manquait pour faire de nous des gaux la fiction donn e est que l galit est une pr misse de d part qu il suffit de conserver Or il n en est rien L in galit et l in quit sont donc d autant plus difficiles accepter pour ceux qui la vivent puisqu elles sont v cues comme une d faite personnelle 2 Le prix de l injustice Bien que la litt rature fasse tat de l utopie que constitue le mod le galitariste on peut supposer que bien peu d individus qui disent tenter d atteindre cet objectif au quotidien se doutent qu il s agit d un objectif inatteignable Comme ils s imaginent tre m me de mettre en place une organisation conjugale bas e sur l galit ou plut t sur l quit vu l i
213. tinuer faire la bouffe pis elle allait continuer faire la vaisselle pis Paul Je me rappelle durant ma grossesse que j ai dit Ah L il faut qu on fasse a comme a pis tout a pis je trouvais qu il n avait pas de d coute ou tu sais mais pour lui c tait tellement intangible le fait que j tais enceinte pis il ne voyait pas mon b b a fait qu il comprenait ben mon b b notre b b mais il ne comprenait pas ce qui se passait a fait que j tais un peu inqui te parce que je voyais pas de de r ponse Eve Consid rant que toutes les grossesses des r pondants taient d sir es et planifi es de part et d autre donc qu hommes et femmes taient conscients de l ch ance de neuf mois qu ils avaient devant eux pour pr parer l arriv e de l enfant na tre 1l appara t improbable que le seul fait de porter l enfant fasse en sorte qu il soit plus ais pour les femmes de penser aux t ches effectuer ou de poser les gestes n cessaires pour pr parer sa venue Cependant cet exemple est coh rent avec la mani re g n rale dont les individus interrog s con oivent les aptitudes naturelles propres chaque genre Il faut pourtant souligner que la majorit de ceux et celles qui sont demeur s pour une p riode prolong e la maison pour prendre soin d un enfant ont lors de l entrevue r v l les difficult s qu ils ont prouv es durant leurs premiers
214. tions galitaires et d tre confront s l cart entre leurs attentes et la r alit de leurs pratiques cette tude prend pour objet la mani re dont ce conflit int rieur se conjugue avec les sentiments de satisfaction et d insatisfaction ressentis Seule une d marche de type qualitative permet de produire ce genre de connaissances Chapitre IV L CART ENTRE LES ATTENTES ET LA REALITE LE BESOIN DE REDUIRE LA DISSONANCE COGNITIVE 1 L omnipr sence de la norme galitaire Le concept d galit joue un r le pr pond rant dans le discours des hommes et des femmes lorsqu interrog s sur leurs pratiques et leurs repr sentations en mati re de partage des taches domestiques et parentales On ne peut faire autrement que de s y attarder un moment Il semble que les attentes normatives en faveur de l galit exercent davantage leur influence dans le rapport aux autres que dans le rapport soi m me et son couple En effet rares sont ceux qui souhaitent r fl chir la mani re dont les t ches domestiques et parentales sont partag es l int rieur de leur foyer Plus rares encore sont ceux qui veulent entamer une discussion conjugale ce propos Du coup l pineuse question de l galit est esquiv e Comme on s aper oit que l galit n est peut tre pas tant ce que les hommes et les femmes d sirent bien qu ils s en r clament ils ne manifestent pas non plus la volont de mod
215. tiques que l on peut faire porter aux corps En d autres mots la science exprime les pr jug s de son poque Vers la fin du XVIII si cle un nouveau mod le appara t qui vient radicalement distinguer les corps les classant en deux cat gories telles que nous les connaissons aujourd hui Cette fois sur la base de divergences biologiques per ues comme incommensurables le sexe est envisag comme le fondement naturel qui distingue les r les sociaux des hommes et des femmes tant sur les plans politique culturel qu conomique Progressivement les organes reproducteurs f minins sont nomm s marquant ainsi leur distance des organes sexuels masculins dont ils taient dans le mod le du sexe unique l quivalent Ce qui tait consid r comme un p nis ou des testicules invers s par exemple devient respectivement un vagin et des ovaires Cette nouvelle mani re de voir les corps n est pourtant pas li e des d couvertes scientifiques C est plut t une question politique qui motive cette nouvelle lecture du biologique The history of the representation of the anatomical differences between man and woman is thus extraordinarily independent of the actual structures of these organs or of what was known about them Ideology not accuracy of observation determined how they were seen and which differences would matter Laqueur 1990 p 88 Car nombreuses et bien souvent contradictoires sont les interpr tations cultu
216. tivit s pr cises C est ainsi que Jessica se dit trop exigeante sur le m nage pour expliquer qu elle en fasse la majeure partie que Mireille s accuse de ne pas accepter les mani res de son conjoint pour justifier qu il ne fait pas de lavage et que Bianca explique par son incapacit laisser quelqu un d autre g rer son calendrier le fait qu elle prenne en charge l organisation familiale dans son enti ret Les lois donnent les conditions d existence de l galit en conf rant aux uns et aux autres les m mes droits et obligations sur la base de la reconnaissance du fait qu il n y a pas de diff rence de nature entre les hommes et les femmes qui justifierait la domination des uns par les autres Cette reconnaissance donne cependant l illusion que l galit est chose faite ce qui permet de se donner collectivement bonne conscience La perception aujourd hui partag e est que la loi est simplement venue corriger une anomalie en donnant aux hommes et aux femmes la place gale dans la loi qu ils auraient toujours d avoir Ce n est pourtant pas parce que les lois ont d cr t que les hommes et les femmes sont gaux en droits qu ils le sont devenus dans les faits En effet il n est pas suffisant de dire les choses pour qu elles se mat rialisent La croyance largement partag e par les participants cette enqu te est que les hommes et les femmes devraient avoir les m mes possibilit s bien qu ils con
217. traditionnelle tant encore la norme Cette fiction cr e par le droit n a pas non plus permis ceux l m me qu elle int resse de se donner les moyens de l atteindre Elle a pourtant donn l illusion que l on est responsable de l chec de sa mise en uvre Et cette in galit se perp tue comme un cercle vicieux Parce que les femmes se consid rent gardiennes de l harmonie familiale suivant leur r le traditionnel elles se trouvent contraintes d accepter l in galit Seulement maintenant celles ci disposent du droit de ne pas faire avec une situation d injustice Et c est ce rapport de pouvoir des genres qui est historiquement nouveau Conclusion Malgr les nombreux acquis en mati re d galit hommes femmes dont les Qu b cois sont fiers et avec raison d importants pas restent franchir pour qu il y ait galit ou m me justice tel que revendiqu par les participants cette recherche au sein des foyers Selon plusieurs chercheurs c est dans la sph re priv e que les changements tardent le plus se faire sentir Car c est ici que se cristallisent les r les de genre traditionnels auxquels adh rent les hommes et les femmes interrog s sans tre conscients que ceux ci sont incompatibles avec une r partition quitable du travail au sein de l univers domestique Si cette tude a permis de proposer des pistes pour comprendre pourquoi l galit dont on parle tant n arrive pas trouver sa
218. travailleurs masculins On comprend que l image collective que l on a des femmes cette poque justifie le cantonnement de ces derni res dans des secteurs d emploi qui constituent le prolongement de leurs fonctions maternelles suppos es naturelles leurs salaires inf rieurs ceux des hommes et les pi tres conditions de travail dans lesquelles on les fait travailler La Deuxi me Guerre mondiale voit le retour massif des femmes sur le march du travail Par contre la forte demande de main d ceuvre dans l industrie de guerre g n re un manque de personnel dans l industrie des services que ce soit dans les coles les h pitaux les transports ou les communications Ainsi pour combler ce manque le gouvernement f d ral met en place une campagne visant recruter des employ es temps partiel parmi les m nag res Dans ce but il met sur pied des garderies pour lib rer les m res de famille afin qu elles puissent disposer du temps n cessaire pour occuper un emploi l ext rieur de la maison Il reste que le travail des femmes n est pas bien vu de tous Une partie du clerg de m me que certains des intellectuels et des politiciens les plus nationalistes s opposent la participation qu b coise la guerre et ciblent le travail des femmes et leur pr sence dans l arm e afin de justifier leur position Ils accusent les femmes traditionnellement consid r es comme les gardiennes de la langue et de la fo
219. u elles ne renoncent pas la vie de couple et l h t rosexualit Il faut par ailleurs pr ciser que veiller au bien tre de chacun des membres de la famille fait partie du r le traditionnel f minin Il va sans dire que le meilleur moyen d assurer cette harmonie est la d f rence l homme mari et p re longtemps aussi consid r e comme partie int grante du r le assign 111 112 aux femmes vu leur inf riorit pr tendument naturelle Si dans bien des situations ce respect pour l homme sans gard sa conduite en l unique raison de vertus associ es son genre est d un autre ge des vestiges de cet assujettissement subsistent encore Car il faut le dire certains hommes en ne se battant pas contre eux m mes pour en faire davantage comme doivent le faire les femmes pour en faire moins imposent leur volont laquelle se plient nombre de femmes S ils refusent de prendre une partie du travail sur leurs paules ce dernier tombe sur celles des femmes moins qu elles ne le refusent Cette situation m ne cependant une impasse que les femmes cherchent manifestement viter sous peine de voir s effriter le plaisir d tre en famille ou la famille dans son enti ret Le r le f minin traditionnel est donc perp tu par ce d sir de passer outre les in quit s li es au partage des t ches domestiques et parentales pour assurer la bonne entente Cela a pourtant une cons quence bien r elle
220. u ils sont effectivement pouss s par des forces dont ils n ont bien souvent pas conscience les explications qu ils apportent refl tent surtout leur volont de faire sens de leurs manquements la r gle et de renvoyer au del des fronti res de leur couple les causes de leurs insatisfactions Plusieurs l ments permettent par ailleurs de croire que dans le contexte de l entrevue les r pondants tentent de minimiser la disparit qui existe au sein du couple entre le temps consacr par chacun aux activit s de la maison Cela permet sans doute de masquer l ampleur de l in galit concr te tant pour les autres que pour soi En ne confrontant pas la r alit de leurs propres carts la norme int rioris e les acteurs parviennent peut tre envisager leur partage comme tant plus galitaire qu il ne l est dans les faits ce qui leur permet d en tirer satisfaction En effet plus souvent qu autrement les r pondants d butent l entretien en donnant comprendre que leur couple est relativement conforme a l id al contemporain d un partage galitaire des t ches entre les conjoints puis au fur et mesure de la discussion et au fil des allers retours successifs sur des taches pr cises ils finissent par reconnaitre les in galit s dans la r partition des taches ce qui explique le d couragement ressenti par certains en fin de rencontre Ainsi comme ce sont g n ralement les femmes sur lesquelles rep
221. uestions sur le futur permettent d clairer ce que sont les ressorts des logiques d action tel que les con oit le participant 3 Le d roulement des entretiens J ai laiss aux participants le choix du lieu de l entretien Ainsi plusieurs entrevues se sont d roul es au domicile ou sur le lieu de travail du r pondant alors que d autres ont t r alis es dans un caf La premi re tape consistait leur pr senter le formulaire de consentement et le leur faire signer ce qui m a permis de leur expliquer mon projet de recherche et le d roulement de l entrevue ainsi que de r pondre leurs questions le cas ch ant Une fois cette tape termin e avec leur consentement je commen ais l entretien et l enregistrement de celui ci du m me coup 2 Voir Annexe II 4 Le portrait des r pondants La collecte des donn es s est chelonn e du 4 novembre 2011 au 16 mars 2012 Au total j ai rencontr 16 personnes pour un entretien d une dur e variant entre une heure et une heure quarante cinq J ai recrut les participants par le biais de mon r seau familial et social qui m a fourni les adresses courriel d individus correspondants aux crit res de mon chantillon et int ress s prendre part ma recherche afin que je les contacte Aucun des r pondants n est toutefois reli mon entourage imm diat quelques occasions des participants m ont r f r d autres individus de leu
222. ure d autosuffisance constitue l activit principale de l ensemble de cette population jusqu aux environs de la moiti du XIX si cle Les t ches sont sp cialis es selon l ge et le sexe Ainsi autant les enfants que les personnes g es les hommes que les femmes participent au travail de production des l ments essentiels la survie du groupe Que ce soit dans la vie domestique ou dans la vie conomique et sociale toute l activit s articule autour du groupe familial ce qui conf re aux femmes un r le de premier plan L in galit des sexes n est pas remise en question mais la compl mentarit des r les est indispensable la survie ou au mieux tre de la communaut familiale La vie sociale conomique politique et culturelle se d finit pour les hommes comme pour les femmes non pas tant en fonction de leur promotion individuelle mais en fonction de la promotion du groupe familial Collectif Clio 1992 80 Il y a donc une interd pendance entre les individus et chacun occupe une place diff rente mais essentielle Si cette p riode la vie personnelle et sociale des individus est fortement li e au groupe familial la commercialisation de l agriculture et la nouvelle fonction de consommation acquise par les m nages qui prennent forme parall lement vers la moiti du XIX si cle transforment de mani re importante les relations au sein de ce dernier Depuis les d buts
223. us ma blonde mais j en fais aussi mais c est plus elle qui va tre mais on s change a l tu sais Des fois c est moi qui fais la salle de bain des fois c est elle Moi le balai ben j essaie de le passer pas mal tous les matins Les enfants mangent a fait que Le soir c est plus ma blonde qui va le faire parce que l a se ramasse partout autour de la table pis on a quasiment pas le choix de le passer deux fois par jour mais c est plus ma blonde qui fait du m nage Ben tu sais on a une pi ce au sous sol C est un peu le d barras Les pneus d hiver de l auto rentrer le barbecue sortir a au printemps Ben tout a c est moi qui g re a tu sais C est quand m me long faire Les poubelles le recyclage a fait que sans se parler moi je fais d autres affaires mais ma blonde elle fait plus de m nage que moi Paul Cependant ce n est pas uniquement par rapport la norme galitaire que les individus veulent faire bonne figure Ils cherchent galement et plus pr cis ment encore se distancier des r les traditionnels qui vont l encontre de l id al d galit dans les repr sentations qu ils s en font Ainsi malgr un partage qui pourrait tre jug satisfaisant puisque chacun effectue une part du travail domestique et parental le fait de le savoir r parti suivant la compl mentarit des r les masculin et f minin entra ne chez les acteurs un
224. ux auxquelles j ai ajout une section servant recueillir certaines informations pour conna tre le portrait sociod mographique des participants 2 1 L histoire parentale Cette premi re section de l entrevue est une mise en contexte de l histoire parentale du r pondant Elle vise apprendre comment le participant est devenu parent la grossesse l Voir Annexe I 55 56 tait elle d sir e voire planifi e le contexte dans lequel cela s est produit depuis combien de temps le couple tait il form Avaient ils termin leurs tudes taient ils en emploi S taient ils mari s Avaient ils fait l acquisition d une maison ou d un condo la place du partage des t ches dans le choix d avoir un enfant cette question avait elle fait l objet d une r flexion individuelle voire d une discussion conjugale tait elle l objet de pr occupations Avait elle contribu devancer le projet d enfants ou au contraire retarder le moment de la conception Comment tait imagin le partage des t ches la suite de la naissance de l enfant ainsi que les attentes entretenues envers soi m me et son partenaire dans la tenue des r les parentaux que souhaitait il retrouver chez son conjoint comme caract ristiques parentales Quel type de parent lui m me voulait il tre Cette partie de l entrevue permet au participant de se raconter assez librement favorisant un climat de co
225. vante chez la presque totalit des r pondants peu d entre eux postulent que les t ches domestiques rel vent naturellement du domaine f minin C est plut t l cart entre le capital de mani res des hommes et des femmes notamment les carts relatifs la conception du propre et du rang et l injonction agir des acteurs qui contribue cr er l in galit que l on observe dans cet univers Ainsi les femmes demeurent dans une proportion importante responsables de la gestion des t ches domestiques Plus pr cis ment ce sont elles qui choisissent quel moment doivent tre effectu es les t ches m nag res qui r fl chissent aux besoins mat riels de la maison qui planifient les achats qui doivent tre faits et le moment de les faire qui coordonnent les activit s et g rent le calendrier pour toute la famille Tout ce qui est organisation c est moi qui vais le faire et je pars de les soupers la liste d picerie o est ce qu on va acheter tel ou tel produit qu est ce qu on va manger qu est ce qu on va manger tel quel soir on va le manger Tout a c est moi qui vais le faire toute l organisation Je m occupe aussi de toute la coordination rendez vous travail famille garderie Bianca Moi je regarde ma m re mes grands m res toutes des femmes qui vraiment ont appris tenir maison M me si je me vois un peu moins l dedans ben veux veux pas il y a des choses qui
226. veau partage des r les Paris Flammarion 199 p MILKIE Melissa A Suzanne M BIANCHI Marybeth J MATTINGLY et John P ROBINSON 2002 Gendered Division of Childrearing Ideals Realities and the Relationship to Parental Well Being Sex Roles 47 1 2 pp 21 38 MINIST RE DE LA FAMILLE ET DES AINES 201 1a Les p res du Qu bec Les soins et l ducation de leurs jeunes enfants volution et donn es r centes Qu bec Gouvernement du Qu bec 40 p MINIST RE DE LA FAMILLE ET DES A N S 2011b Un portrait statistique des familles au Qu bec Qu bec Gouvernement du Qu bec 635 p QUENIART Anne 2002 La paternit sous observation des changements des r sistances mais aussi des incertitudes Dans DESCARRIES Francine et Christine CORBEIL dirs Espaces et temps de la maternit Montr al Remue m nage pp 501 522 QUIVY Raymond et Luc VAN CAMPENHOUDT 2006 Manuel de recherche en sciences sociales Paris Dunod 256 p SERFATY GARZON Perla 2008 Marre d tre la f e du logis paradoxes de la femme d aujourd hui Paris Armand Colin 198 p SURPRENANT Marie Eve 2009 Jeunes couples en qu te d galit Montr al Sisyphe 128 p TAHON Marie Blanche 1995 La famille d sinstitu e introduction la sociologie de la famille Ottawa Presses de l Universit d Ottawa 230 p 121 WELZER LANG Daniel 1994 L homophobie la face cach e du masculin Dans

L`égalité dans la mire, l`inégalité dans la peau

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