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Belleau, Jacques (13,1)

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1. Une approche p dagogique alternative au coll gial la p dagogie Freinet On observe depuis plusieurs ann es qu un certain nombre de courants p dagogiques interpellent le milieu coll gial C est ainsi que tour tour le Mastery Learning l enseignement stra t gique et plus r cemment l approche coop rative ont attir l attention cela s ajoutent nos pr occupations sur l ensei gnement des attitudes le soutien la r ussite scolaire et lap proche interculturelle Cette qu te laquelle nous assistons est symptomatique d une insatisfaction quant nos pratiques p dagogiques Ce qui est fascinant c est que ces courants p dagogiques ont en commun de faire une place plus grande l l ve Or au del de la curiosit et de quelques activit s de formation il y a eu bien peu de retomb es dans les pratiques p dagogiques L explication r side en partie dans la difficult de remettre en question des fa ons de faire bien enracin es La r vision des programmes compte tenu des exigences qu elle impose fournit une occasion de proc der ces changements Il est aussi int ressant de remarquer que ce sont l des cou rants nord am ricains qui ont leur pendant en Europe Ce texte veut pr senter la p dagogie Freinet qui au m me titre que les autres courants nomm s ci haut est susceptible de nous ame ner proc der certains changements dans nos salles de classe La rencontre C
2. modifier notre perception de l enseigne ment faire de l l ve l acteur principal de ses apprentissages Les questionnements que cette approche p dagogique nous impose en mati re d valuation des apprentissages sont tout aussi fondamentaux Sommes nous dispos s changer notre mode de pens e travailler en quipe sacrifier un peu de cette pr cieuse libert acad mique On me dira que j ai l enthousiasme de ma jeunesse la ferveur du croyant la foi du missionnaire On n aura pas tort et je ne me fais pas d illusion sur l impact de ma r flexion L engage ment requis et la modification des habitudes sont tellement consid rables que si seulement quelques personnes s engageaient sur cette voie d action au coll gial j aurai atteint mon but Je crois qu il est possible de vivre la p dagogie Freinet au coll gial Nous avons un cadre la fois rigide la session et souple le programme nous avons d j recours plusieurs des outillages Freinet il nous reste syst matiser le tout 4 jacques belleau clevislauzon qc ca BIBLIOGRAPHIE Institut coop ratif de l cole moderne ICEM fond par C lestin Freinet est le carrefour des ducateurs Freinet et il propose diverses illustrations de l expression contemporaine de la p dagogie Freinet On trouvera de nombreux sites Web qui fournissent de multiples indications et illustrations de la p dagogie Freinet en particulier la page de PICE
3. l ve pourra expliquer et mettre en uvre non pas m caniquement mais consciemment la comp tence acquise Les d fis dune mise en uvre au coll gial de la p dagogie Freinet Les conditions d mergence sont favorables on revoit les pro grammes par comp tences les activit s d apprentissage sont d finir localement la formation g n rale veut se rapprocher de la formation sp cifique le R glement sur le r gime des tudes coll giales impose des pratiques de travail en programme de m me que de nouveaux modes d valuation l int gration des appren tissages devient une n cessit autant l chelle d une comp tence que du programme alors que nous sommes l aube d une nouvelle r volution du savoir Somme toute nous sommes invi t s faire autrement et l occasion de le faire nous est propos e Les l ves eux m mes sont diff rents comme apprenants On s tonnera de voir les jeunes abandonner les sciences qu on s en t te enseigner Or ce n est pas tant d enseignement dont les l ves ont besoin mais d un accompagnement sur les routes de la science du savoir Tant qu on maintiendra les fronti res entre nos disciplines tant que nous ne formerons pas des quipes de formation nous serons dans l impossibilit d aider nos l ves apprendre int grer apprendre apprendre La p dagogie Freinet a l avantage de nous inviter nous centrer sur l l ve
4. ni l enfant ni l adulte n aime le contr le et la sanction qui sont toujours consid r s comme une atteinte sa dignit surtout lorsqu ils s exercent en public 19 Les notes et les classements sont toujours une erreur 20 Parlez le moins possible 21 L enfant n aime pas le travail de troupeau auquel Pindi vidu doit se plier Il aime le travail individuel ou le tra vail d quipe au sein d une communaut coop rative 22 L ordre et la discipline sont n cessaires en classe 23 Les punitions sont toujours une erreur Elles sont hu miliantes pour tous et aboutissent jamais au but re cherch Elles sont tout au plus un pis aller 24 La vie nouvelle de l cole suppose la coop ration sco laire c est dire la gestion par les usagers l ducateur compris de la vie et du travail scolaires 25 La surcharge des classes est toujours une erreur p da gogique 11 On ne r f re pas ici l aspect philosophique du concept mais plut t une conception dogmatique de l cole 26 La conception actuelle des grands ensembles scolaires aboutit l anonymat des ma tres et des l ves elle est de ce fait toujours une erreur et une entrave 27 On pr pare la d mocratie de demain par la d mocratie de l cole Un r gime autoritaire l cole ne saurait tre formateur de citoyens d mocrates 28 On ne peut duquer que dans la dignit Respecter les enfants ceux ci devant respecter leur
5. on n glige de hi rarchiser dans le cadre des cours les apprentissages comme si ces derniers avaient tous la m me importance Dans le cadre des travaux d valuation de programme j observe des situations qui rendent difficiles voire impossibles l acquisition des comp tences et l int gra tion des apprentissages Je constate aussi que les programmes sont plus souvent qu autrement une somme de cours peu ou pas li s que les composantes des formations g n rale et sp cifique sont deux solitudes qui s ignorent Je note galement que notre conception des programmes fait en sorte de vider de son sens le concept d approche programme Cela tant dit que faire Ma qu te de solution a d abord t instrumentale Puis il ma fallu me rendre compte que cela n tait pas suffi sant C est donc une approche syst mique plus englobante qu il me fallait trouver De l voir la p dagogie Freinet comme porteuse d avenir il n y a qu un pas 30 e P dagogie coll giale Vol 13 n 1 Octobre 1999 Les d ments d un cadre p dagogique Freinet au coll gial Des apprentissages significatifs Une formation int gr e au quotidien pour que les appren tissages aient un sens c est l un principe p dagogique fonda mental un premier niveau cela signifie qu on devrait illus trer les concepts l aide du quotidien c est dire des exem ples concrets charg s de sens Ce faisant on donne aux l
6. l acquisition des savoirs sur des cycles de deux ans acquisition et approfon dissement Le multi niveau favorise ce mode d apprentissage 10 On trouvera un commentaire de chacun de ces invariants dans l ouvrage de Freinet Pour l cole du Peuple Guide pratique pour l organisation mat rielle technique et p dagogique de l cole popu laire Paris Maspero Petite collection Maspero n 51 1969 p 137 et suivantes 2 3 Etre plus grand ne signifie pas forc ment tre au dessus des autres Le comportement scolaire d un enfant est fonction de son tat physiologique organique et constitutionnel Les r actions de l enfant 4 Nul l enfant pas plus que l adulte n aime tre com mand d autorit Nul n aime s aligner parce que s aligner c est ob ir pas sivement un ordre ext rieur Nul n aime se voir contraint faire un certain travail m me si ce travail ne lui d pla t pas particuli rement C est la contrainte qui est paralysante Chacun aime choisir son travail m me si ce choix n est pas avantageux Nul n aime tourner vide agir en robot c est dire faire des actes se plier des pens es qui sont inscrites dans des m caniques auxquelles il ne participe pas Il nous faut motiver le travail Octobre 1999 Vol 13 n 1 P dagogie coll giale e 29 Le travail qui illumine 10 Plus au sens de pas de sc
7. rieux et au fil des r flexions que j ai r alis es il mest apparu vident qu il y avait l une piste de travail int ressante tr s int ressante m me Ce texte est une synth se de ma r flexion Des l ments de compr hension de la p dagogie Freinet L uvre d un homme est souvent indissociable de son v cu C est le cas de C lestin Freinet N en France en 1896 dans un milieu rural il dut partager sa vie d enfant entre le travail aux champs et l cole une cole aux m thodes abstraites loi gn es de la vie concr te Pour lui l cole tait une parenth se insignifiante dans sa journ e Gaz au cours de la Premi re Guerre mondiale il souffre d un handicap qui affecte sa voix Il est alors dans l obligation d adapter son m tier d instituteur cette limitation Influenc par la pens e sociale de Marx Engels et L nine il imagine une cole plus proche des r alit s de son temps Pour lui l enseignement doit sans cesse s adapter son milieu L cole de son poque a trop tendance n gliger les apports techno logiques pour favoriser l approche magistrale la r citation la m morisation et le manuel C est une cole centr e sur les programmes et les mati res enseigner par un ma tre tout puissant L l ve ma qu se soumettre Freinet propose une cole int gr e au quotidien pour que les apprentissages aient un sens Il s appuie sur l lan cr ateur de l l v
8. v cus pr sente ment sera maintenue tout cela sera une belle r verie Mais lorsqu on s arr te y penser s rieusement lorsqu on prend le temps d imaginer une int gration des comp tences dans un cycle de formation donn lorsqu on accepte que l apprentis sage passe par l laboration de situations probl mes plac es sous la responsabilit d une quipe de professeurs lorsqu on croit qu il est possible de faire autrement tout en atteignant les m mes objectifs cela devient r alisable Les outillages Freinet au coll gial un bref survol L expression libre Parmi les outils du groupe de l expression libre les plus adap t s au coll gial sont le d bat le texte libre et les diff rentes formes de cr ation Le d bat est d j un outil que nous ex ploitons dans le cadre de plusieurs cours Il nous reste cepen dant en faire un instrument propre tous les cours ce qu un effort d imagination rendrait possible Le texte libre est plus difficile adapter l ensemble des disciplines Le journal per sonnel pourrait tre une illustration du texte libre mais il nous faudrait alors limiter les contraintes que nous lui donnons afin de favoriser chez l l ve une r flexion sur ses apprentissages Il serait cependant possible dans certains cours par exemple dans le cadre des cours de la formation g n rale ou dans les cours de langues modernes d adopter le texte libre C est ce pendant la cr atio
9. M http freinet org Voici une liste non exhaustive des publications de C lestin Frei net pour qui voudra poursuivre plus avant la r flexion FREINET C lestin Essai de psychologie sensible 1 Acquisition des tech niques de vie constructives Neuch tel Delachaux et Niestl 1971 FREINET C lestin Essai de psychologie sensible 2 R ducation des techniques de vie ersatz Neuch tel Delachaux et Niestl 1971 FREINET C lestin La m thode naturelle 1 l apprentissage de la langue Neuch tel Delachaux et Niestl 1969 FREINET C lestin La m thode naturelle 2 l apprentissage du dessin Neuch tel Delachaux et Niestl 1969 FREINET C lestin Les dits de Mathieu Neuch tel Delachaux et Niestl 1978 FREINET C lestin uvres p dagogiques 1 Paris Seuil 1996 FREINET C lestin uvres p dagogiques 2 Paris Seuil 1996 FREINET C lestin Pour l cole du peuple Paris Maspero 1969 Ce dernier ouvrage constitue une synth se et une excellente intro duction la p dagogie Freinet 12 Il faut bien comprendre que ce n est pas de la libert acad mi que comme garante de l expression d une pluralit d id es dont il est ici question Mais plut t de cette pr tention qui isole cha cun des individus qui fait en sorte de limiter ses interactions et son imputabilit au sein de son d partement de son programme Octobre 1999 Vol 13 n 1 P dagogie coll giale 33
10. e son d sir de d couvrir d apprendre de communiquer de s exprimer Il 4 L cole d aujourd hui n est pas tellement diff rente C est sans doute la seule institution avec les jeux questionnaires t l vis s o ce sont les d tenteurs du savoir qui posent les questions Octobre 1999 Vol 13 n 1 P dagogie coll giale e 27 introduit en classe les techniques modernes l imprimerie par exemple afin de favoriser l adaptation au milieu Il red finit la place du ma tre qui se trouve physiquement au milieu de son groupe comme un aidant un guide La classe devient une soci t qui s organise Les nouveaux rapports qui s tablissent dans la dynamique triangulaire caract risant la relation p dagogique s appuient sur la responsabilisation de l l ve en regard de ses apprentis sages et du groupe sur l autonomie dans la gestion de ses acti vit s d apprentissage et de son temps sur une approche natu relle le t tonnement exp rimental et personnalis e de Pap prentissage sur louverture la vie qui donne du sens aux apprentissages L erreur dans un tel contexte devient non pas une pathologie mais plut t un moyen de progresser L erreur est normale c est lorsqu on p nalise l erreur qu on introduit un biais dans l apprentissage l ins curit La pens e p dagogique de Freinet fait une place importante la mani re d apprendre Le t tonnement exp rimental est ce qui se rapproch
11. e Expression th trale La pens e p dagogique de Freinet s incarne dans des outillages vari s Les techniques utilis es de nos jours sont les suivantes LIBRE Cr ation technique Cr ation audiovisuelle Cr ation math matique Informatique COMMUNICATION Correspondance interscolaire Composition et impression Expos d l ves Journal scolaire Techniques de radio Voyage change TECHNIQUES POUR L ANALYSE DU MILIEU Culture et levage l cole tude critique des journaux Exp rimentation scientifique tude des ph nom nes conomiques TECHNIQUES POUR L INDIVIDUALISATION DU TRAVAIL Documentation TECHNIQUES POUR L ORGANISATION ET LA VIE COOP RATIVE Plan de travail individuel valuation brevets Structure de la vie coop rative Quelques ann es avant son d c s survenu en 1966 Freinet formule des principes qui r sument sa pens e et constituent une sorte de Code p dagogique Ces invariants p dagogiques sont les suivants La nature de l enfant 1 L enfant est de la m me nature que nous 9 L cole optionnelle Yves Pr vost a introduit la classe multi niveau comme l un des outils de la vie coop rative Fruit de la n cessit l origine ce mode d organisation est devenu l un des l ments importants de la mise en uvre de l approche Freinet On notera que les nouveaux programmes du primaire qui seront implant s graduellement compter de lan 2000 structurent
12. e le plus de l apprentissage naturel Avant l invention de l cole on apprenait par observation par r p tition l enfant apprend ainsi D s l entr e dans le monde scolaire on met de c t cette forme d apprentissage Freinet 5 On notera que Freinet parle de soci t plut t que de com munaut Une soci t r unit des personnes qui doivent travailler ensemble se respecter Contrairement la communaut laquelle on choisit d adh rer ce qui facilite la cr ation de liens affectifs entre les membres Une classe r unit des personnes sur une base plus ou moins arbitraire et ce pour un temps pr d termin C est pourquoi il est ici question d une soci t 6 Apprendre implique un engagement personnel qui ne saurait tol rer cette ins curit limitant la prise de risques On apprend g n ralement ce qu on ignore et cela implique l erreur le t ton nement Or l valuation est devenue un mode de gestion de la classe une fa on de motiver au lieu d tre d abord un accompa gnement puis un mode de certification 7 J ai souvent observ que lorsqu une personne fait l acquisition d un bien de consommation il est rare qu elle prenne le temps de lire le manuel d instructions Elle le branchera mettra le contact puis s il y a un probl me elle consultera le manuel C est l un exemple du t tonnement exp rimental L cole a trop tendance nous faire lire le manue
13. es de ce groupe trouvent cho au coll gial Certains sont plus r pandus que d autres La bo te questions est cependant un outillage n glig On en conviendra plu sieurs l ves h sitent poser des questions en classe par peur du jugement ou du ridicule La bo te questions est une alter native exploiter Elle n impose pas au professeur une r ponse faire en classe On pourrait demander aux l ves indivi duellement ou id alement en quipe d y r pondre dans le cadre d une activit d apprentissage et r unir ces r ponses dans un cahier qui deviendrait un journal de classe publi une fois par mois soit trois num ros par session Quand on y pense on a l un puissant outil de r vision de la mati re tant au plan individuel que collectif La r ponse aux questions requiert non seulement un crit intelligible qui fasse r f rence des con cepts ou des connaissances de divers ordres mais aussi et surtout qui apporte une r ponse la question pos e Qui plus est il y a l une piste de travail afin de diminuer le fardeau de la correction dont sont afflig s plusieurs professeurs Les techniques pour l individualisation du travail L approche Freinet propose une individualisation du travail de chaque l ve puisque tous n ont pas les m mes rythmes d ap prentissage les m mes acquis pr alables les m mes forces et les m mes faiblesses En prenant pour acquis lhomog n it des groupe
14. esoins fondamen taux Il est facile voire flatteur d taler sa science Cela vite d avoir concocter des situations d apprentissage qui fassent en sorte que l l ve devienne actif acteur et non plus specta teur du processus d apprentissage Ce renversement de situa tion est n cessaire et dans le contexte de l approche par com p tences d terminant pour la r ussite des l ves D couvrir pour apprendre c est s appuyer sur le questionne ment des l ves c est favoriser le t tonnement exp rimental Communiquer et s exprimer c est apprendre poser des ques tions c est changer de l information c est transmettre des r sultats En fait il est ici question de l apprentissage d une d marche scientifique qui s appuie sur l exp rience personnelle Les techniques modernes L introduction en classe des techniques modernes afin de favori ser l adaptation au milieu est devenue une r alit incontournable On peut tre hostile une trop grande proximit du milieu scolaire et du march du travail Mais il n en demeure pas moins que la formation offerte au coll gial doit permettre aux l ves de se familiariser avec des outils qui seront ceux qu ils auront utiliser Les ordinateurs les machines outils et autres instruments de communication et de production sont pr sents dans nos laboratoires C est l l une des r ussites du col l gial dont nous pouvons tre fiers Toutefoi
15. l d instructions nous apprendre ap puyer sur un bouton lire un cadran sans que ces actions soient signifiantes Quand vient le temps de r aliser l action l int r t n y est plus 8 Lorsque l l ve apprend progressivement et intuitivement par tir du savoir d un autre l ve il r alise un apprentissage vicariant Ainsi par exemple lorsqu on propose la copie d un autre l ve en mod le on met en place les l ments de ce processus Mais lorsque c est l l ve qui recherche lui m me des indices lui maintient et adapte cette fa on de faire Il estime que l l ve apprend travers la recherche de r ponses ses questions et la solution de probl mes r soudre Dans un tel contexte les connaissances et les savoirs sont des r ponses des pr occupa tions de la personne une source de motivation intrins que puissante Les connaissances deviennent des outils qu on ap prend identifier et utiliser lorsque requis Le ma tre con serve la responsabilit des programmes mais il lui appartient de les introduire aux moments opportuns Les savoirs ne sau raient tre segment s artificiellement Ils s interp n trent et favorisent une r elle int gration qui permet de r pondre aux questions toujours plus complexes que l l ve se pose Le d veloppement d un citoyen autonome et libre est la fi nalit de la p dagogie Freinet La libert se manifeste par la capacit de r soudre le
16. lestin Freinet est entr dans ma vie au hasard d un petit feuillet publicitaire d une cole primaire publique qui vit cette approche p dagogique depuis maintenant dix sept ans Au fil des ans par le biais de mon implication l cole j ai appro fondi ma connaissance de cette dynamique p dagogique dont le point d aboutissement est la mise en uvre au secondaire de la p dagogie Freinet Il s agit l d une premi re au Qu bec et sans doute l une des premi res applications connues cet 1 L auteur est aussi pr sident du Conseil d tablissement de l cole optionnelle Yves Pr vost et coordonnateur des activit s du Co mit de l option Freinet au secondaire 2 Il est ici question d une p dagogie parce que Freinet nous pro pose un syst me de valeurs duquel d coule un syst me structur et des outillages qui accompagnent l l ve 3 L cole optionnelle Yves Pr vost appartient la Commission sco laire des Premi res Seigneuries Elle est sise Beauport et ac cueille plus de trois cents l ves r partis dans les diff rents ni veaux Jacques Belleau Conseiller p dagogique C gep de L vis Lauzon ordre d enseignement Dans le cours des travaux qui ont men la conception du projet au secondaire il m est arriv de lan cer la blague aux membres de l quipe que je coordonnais qu un jour nous aurions notre c gep Freinet Cette boutade j ai fini par la prendre au s
17. n qui pr sente les plus belles possibilit s l ordre coll gial Une cr ation est un objet un objet r el ou illustr ayant une certaine signification pour son auteur Cet objet r unit des l ments homog nes ou h t rog nes voire h t roclites C est le travail d analyse de l objet cr qui est riche C est l occasion de nommer les composantes de revoir leur utilit de les mettre en relation d identifier des l ments similaires ou de substitution de s arr ter des aspects concep tuels etc Somme toute l objet cr devient un instrument d int gration hors du commun Les techniques de communication Les expos s sont suffisamment r pandus pour viter d en discuter ici La correspondance scolaire pourrait avoir un cer tain int r t mais c est le journal scolaire qu on aurait avan tage d velopper Dans tous les cours ce serait l un instru ment int ressant qui permettrait un groupe d l ves d un programme donn de mettre en vidence leurs productions qui pourquoi pas pourraient tre diffus es aupr s du milieu universitaire du march du travail des coles secondaires voire des parents qui ont souvent soif de conna tre ce que leurs jeu nes font au coll ge Le voyage change demeure un outil tr s int ressant mais requiert dans le contexte coll gial des res sources d organisation que l on ne poss de pas Les techniques d analyse du milieu Tous les outillag
18. nte Cette r volution du savoir modifie le r le du professeur qui n est plus et surtout ne peut plus tre la source du savoir Il doit avoir l humilit d avouer ses limites de s inscrire lui aussi dans un processus d appren tissage permanent Ce faisant il se rapproche des l ves d couvrir apprendre communiquer s exprimer et il illustre formellement une exigence incontournable du march de lem ploi qui implique une mise jour constante des connaissances des divers ordres La classe devient une soci t qui s organise pour atteindre ses buts Le professeur n est plus le ma tre omniscient Il ap partient au groupe et l instar des autres membres de celui ci il a des obligations respecter des objectifs atteindre L l ve devient membre d une soci t qui a ses r gles et ses obligations qui sont comprises et partag es par tous La faisabilit Individualiser des apprentissages quand on a rencontrer plus de cent l ves chaque session respecter le rythme de chacun offrir des activit s d apprentissage significatives modifier le r le du professeur cela peut para tre relever d une douce utopie Octobre 1999 Vol 13 n 1 P dagogie coll giale 31 Or tel n est pas le cas Il faut bien comprendre que ce que Freinet nous propose correspond une modification fonda mentale de la conception des programmes Tant que la vision des sp cialit s ou des cours comme ils sont
19. olastique Tout indi vidu veut r ussir L chec est inhibiteur destructeur de Pallant et de l enthousiasme Ce n est pas le jeu qui est naturel l enfant mais le travail Les techniques ducatives 11 La voie normale de l acquisition n est nullement lob servation l explication et la d monstration processus essentiels de l cole mais le t tonnement exp rimen tal d marche naturelle et universelle 12 La m moire dont l cole fait tant de cas n est valable et pr cieuse que lorsqu elle est int gr e au t tonnement ex p rimental lorsqu elle est vraiment au service de la vie 13 Les acquisitions ne se font pas comme l on croit par fois par l tude des r gles et des lois mais par l exp rience tudier d abord ces r gles et ces lois en fran ais en arts en math matiques en sciences c est pla cer la charrue devant les b ufs 14 L intelligence mest pas comme l enseigne la scolasti que une facult sp cifique fonctionnant comme en cir cuit ferm ind pendamment des autres l ments vi taux de l individu 15 L cole ne cultive qu une forme abstraite d intelligence qui agit hors de la r alit vivante par le truchement de mots et d id es fix es par la m moire 16 L enfant naime pas couter une le on ex cathedra 17 L enfant ne se fatigue pas faire un travail qui est dans la ligne de sa vie qui lui est pour ainsi dire fonctionnel 18 Personne
20. s c est l utilisa tion de ces instruments qu on doit questionner Au del de l apprentissage de base propre une utilisation s curitaire et correcte on a trop tendance faire de nos sessions de labora toire une extension des le ons th oriques Or tout comme dans ces derni res nous avons l des occasions exceptionnel les d apprentissage dont on ne tire pas toujours profit Ainsi on aurait avantage proposer aux l ves des apprentissages significatifs et signifiants On pourrait aussi s interroger sur la s quence d apprentissage qui fait en sorte que les activit s de laboratoire suivent g n ralement les sessions th oriques Le contraire ne serait il pas plus int ressant pour l l ve qui pour rait ainsi mieux comprendre La place du professeur Le ma tre se trouve physiquement au milieu de son groupe comme un aidant un guide La signification du geste est claire le ma tre s int gre au groupe est disponible pour r pondre aux questions aux changes Le professeur se met la port e de ses l ves mais il ne s abaisse pas il ne nivelle pas par le bas Il maintient ses exigences Au del des avantages de cette dynamique il y a lieu de souligner que cela devient une n ces sit qui d coule de la r volution des savoirs qu Internet nous impose En effet l acc s aux savoirs ne se limite plus aux rayons des biblioth ques elle devient plus tentaculaire plus dynami que en construction consta
21. s au plan cognitif nous faisons fausse route De prime abord une telle dynamique semble impliquer un accroissement de la charge de travail du professeur Or tel mest pas le cas L individualisation ne signifie pas absence de travail en collectif lorsque cela est requis par exemple pour pr senter une notion ou un concept L individualisation signifie plut t que chaque l ve a son propre plan de travail d coulant d un diagnostic Il chemine seul ou en quipe vers l atteinte de la comp tence pres crite par le cours Il chemine seul afin de r aliser des apprentis sages qui correspondent ses acquis et son rythme et en quipe dans une perspective d int gration L quipe prend alors son sens r el Elle n est plus un exutoire p dagogique afin de diminuer la charge de travail du professeur Elle est aussi il ne faut pas n gliger cet aspect une r alit incontournable du march du tra vail Dans ce contexte il y a l un apprentissage r aliser apprendre travailler en quipe Le recours des exercices autocorrectifs est d j pratiqu dans plusieurs disciplines C est la syst matisation et le d ve loppement de cette technique qui sont requis Au coll gial on aurait avantage d velopper et exploiter l apprentissage par la r solution de probl mes simples ou plus complexes Ce faisant on ferait reposer sur l l ve la responsabilit de ses ap prentissages libre lui d utiliser la documen
22. s ma tres est une des premi res conditions de la r novation de l cole 29 L opposition de la r action p dagogique l ment de la r action sociale et politique est aussi un invariant avec lequel nous aurons h las compter sans que nous puissions nous m mes l viter ou le corriger 30 Enfin un invariant qui justifie tous nos t tonnements et authentifie notre action c est l optimiste espoir en la vie Ce qui pr c de tente de donner une vue d ensemble des fondements des l ments constitutifs de m me que des l ments de la pens e p dagogique de C lestin Freinet Tout cela m riterait plus d explication que ne le permettent l espace et le propos de ce texte Toutefois ces l ments devaient tre nonc s afin de bien circonscrire le p rim tre de la r flexion autour de la p dagogie Freinet au coll gial Freinet au coll gial Freinet au coll gial pourquoi pas Quy a t il l qu on ne puisse mettre en uvre Il faudra adapter revoir le sens mais sans perdre de vue l esprit Mais avant d aller plus loin il pa ra t n cessaire de pr ciser pourquoi il faudrait prendre un tel virage p dagogique titre de conseiller p dagogique dans un tablissement col l gial de taille moyenne je suis interpell afin de soutenir des enseignantes et des enseignants qui veulent rejoindre leurs l ves et qui ny arrivent pas toujours L obsession des program mes fait en sorte qu
23. s probl mes qui se posent de m me que dans la capacit de communiquer L autonomie est plut t un mode de vie qu un but qui peut se targuer d tre auto nome Le d veloppement de l autonomie passe par l acqui sition graduelle du sens des responsabilit s Les responsabili t s d volues l l ve s accroissent en fonction des manifesta tions de sa capacit les assumer La libert se manifeste par la capacit de r soudre les probl mes qui se posent de m me que dans la capacit de communiquer permettant de d nouer une situation et de progresser on l accuse de plagiat Pourtant c est la m me situation la diff rence tant que dans un cas le ma tre l autorise et pas dans l autre On oublie cependant que l l ve est dans un processus d apprentissage et que la forme la plus naturelle de l apprentissage est justement cette observation Ce qui fausse la r alit ici c est cette omnipr sence de l valuation qui intervient avant m me que l apprentis sage ne soit compl t ce sujet voir les travaux de Maurice Reuchlin 28 e P dagogie coll giale Vol 13 n 1 Octobre 1999 TECHNIQUES DE La bo te questions Visite de la classe Enqu te personnelle Outil autocorrectif Organisation de diff rents coins de travail Planification du travail EXPRESSION Dessin libre Cr ation musicale D bat Expression corporelle Texte libr
24. tation disponible au coll ge dans son milieu ou par le biais d Internet Les techniques pour l organisation et la vie coop rative L organisation de la classe passe par des r gles de comporte ment auxquelles tous adh rent On impose trop souvent des 32 e P dagogie coll giale Vol 13 n 1 Octobre 1999 param tres en n gligeant le fait qu on fait face de jeunes adultes qui pour qu ils y adh rent doivent les comprendre La frustration chez les professeurs d coulant de l absence du respect des r gles de vie est un l ment n gatif dont la rela tion d apprentissage pourrait se passer Ainsi lorsqu on prend le temps en d but de session de discuter du plan de cours de m me que des r gles de participation aux cours on gagne un temps pr cieux en clarifiant les attentes de chacun L individualisation du travail passe par l laboration d un plan de travail individuel conjointement par le professeur et l l ve Le plan devient en quelque sorte le contrat et il per met la planification du travail sur une dur e donn e Tout au long du processus et au terme de l apprentissage il y aura va luation Attention il faut bien comprendre que l valuation nest pas une fin mais un outil On r f re ici l valuation formative qui prend alors tout son sens en accompagnant l l ve dans sa d marche En termes d valuation sommative un ap prentissage ne sera r ussi que lorsqu il sera int gr que l
25. ves des pistes de transfert des l ments qui les raccrochent un projet personnel un second niveau il importe pour rejoin dre les l ves de donner aux apprentissages une signification r elle en les raccrochant aux pr occupations qui leur sont pro pres Il faut donc mettre de c t les exemples th oriques in variants parfaits Ces derniers sont trop souvent d connect s du quotidien qui lui doit tenir compte de facteurs venant rendre plus complexe une situation ou une quation simple Personne n est dupe de ces exemples parfaits et cela contribue la d saffection des apprenants qui ont l impression de per dre leur temps Cela ne signifie pas que de tels exemples n aient pas leur place comme en toute chose c est labus qui rend indigeste ce type d illustrations Une approche trop d sincarn e d structur e fragment e ne favorise pas l int gration parce qu elle s loigne du quoti dien ne lui ressemble pas et d s lors ne para t pas pertinente aux yeux de ceux qui y participent L une des conditions d un apprentissage r ussi est l attraction Lorsqu on attire latten tion qu on d stabilise qu on captive l l ve on met en place le terreau dans lequel les apprentissages prendront racine Les besoins fondamentaux Tout l ve a le d sir de d couvrir d apprendre de commu niquer et de s exprimer Il appartient au professeur de favori ser et de laisser place l expression de ces b

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