dossier_zweig
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1. Enfin M B est arr t juste avant l Anschluss le 13 mars 1938 S ensuit un an d incarc ration un an de terrorisme psychologique n ud de toute l intrigue Nous somme la veille de la seconde guerre mondiale NOTE D INTENTION Il y a dans Le joueur d checs une atmosph re angoissante qui impr gne progressivement l intrigue et ce jusqu un certain paroxysme Deux h ros antith tiques vont incarner dans leur corps et leur esprit l enfermement L angoisse na t de cet enfermement La structure m me du r cit par ench ssement forme comme les maillons d une cha ne qui illustre pour moi la rencontre des deux h ros encha n s Je me pose la question comment deux tres aussi diam tralement oppos s peuvent ils se laisser enfermer dans un m me syst me Pour l un il s agit d un enfermement mental repr sent par une monomanie dont on ne conna t pas l origine Pour l autre d un enfermement physique d une privation r elle de libert d un n ant vertigineux esp ce de strat gie plus subtile que toute autre torture corporelle qui le m nera lui aussi dans un 3 enfermement mental et le poussera vers la m me monomanie celle du joueur d checs passionn l extr me passion qui se manifestera chez chacun d une fa on totalement diff rente Dans la traduction du titre de la nouvelle nous ne savons d ailleurs pas qui est le joueur d checs Par la neutralit du titre all2. 1 2007 et Jardin d hiver 2 2008 Editions Editinter Pour ces deux premi res cr ations l envie de porter au plateau un jeu diff rent emprunt de singularit a pouss la compagnie travailler avec un com dien handicap pour aborder la notion m me de jeu au th tre Pour sa troisi me cr ation Anne Marie Storme a choisi d adapter sc niquement la derni re nouvelle de Stefan Zweig Le joueur d checs 3X2010 Aujourd hui elle souhaite mettre en sc ne son nouveau texte in dit A bout de silence un seul en sc ne pour com dienne avec ANNE CONTI Pour une femme j ai crit Pour une m re Comprendre La comprendre J ai r v qu bout de silence elle se raconte Elle nous raconte Juste un hommage A elle Comme ceux qui portent encore d autres blessures de guerre Je r ve que l homme se souvienne qu il n est pas n bourreau Ni victime Dossier t l charger sur http theatredelinstant free fr Production Th tre de l Instant Co production En recherche et en construction N h sitez pas contacter la Cie Contact Anne Marie Storme Les cr ations de la compagnie interrogent notre soci t Du fait de leurs th mes de la mani re de les traiter elle invite le public s interroger d battre notamment sur l enfermement au sens le plus large qu il soit La compagnie a re u les soutiens suivants _ Conseil G n ral du Nord aide
3. la diffusion 1 et 2 Conseil R gional Nord Pas de Calais 3 La Fondation de France cr ation laur ate pour le prix Bourse D clic jeunes 2008 2 _ L Acs Agence nationale pour la Coh sion Sociale et l Egalit des chances 1 La ville de Tourcoing Forum Projets 2008 prix cat gorie culture et aide la cr ation par l Hospice d Havr 2 L universit de Lille 2 droit et sant d bat anim par le Professeur Delion 2 La ville de Marcq en Baroeul aide la cr ation 1 et 2 Le Mouvement du nid 1 _ Handimat 1 Entreprise Lesaffre 3 FICHE TECHNIQUE Plateau minimum Z mx6 m D cor o Un fauteuil o une barre fixe o accessoires un livre une bouteille en verre Lumi re 20 PC 9 D coupes Types 614SX 5 Par 64 6 Par 36 JEU D ORGUE A MEMOIRE 48 circuits Son 6 enceintes 3 amplis Pas besoin de table de mixage r gie faite par ordinateur Temps de montage D cor 1 heure Lumi re son montage la veille Dur e du spectacle 1h Tout Public partir de 14 ans Bande annonce de 6mn50 sur le site Informations contrat de cession Contact Anne Marie Storme 06 20 13 46 03 theatredelinstant gmail com 13 LA VOIX DU NORD MARDI 10 JANVIER 2012 THEATRE la Rianderie Marcq une adaptation tr s physique du Joueur d checs L il exalt le corps disloqu l acteur Fabrice Gaillard inter pr te avec une finesse et un
4. un instinct de survie et non d un acte de pure libert Une derni re interrogation peut tre la plus importante concerne l existence de Mirko Czentovic celui qui appara t le premier dans le r cit et qui a le dernier mot dans l histoire Comment cette machine jouer ou plut t cette machine tuer repr sent e par un tre ignorant jusqu la plus petite valeur qui fonde la dignit humaine peut elle vaincre une intelligence sup rieure Le plus insensible est il toujours le plus fort Et au del de cette question le manque de savoir vivre et toute forme d inculture seraient ils en partie responsable de l existence d une barbarie humaine ADAPTATION THEATRALE et NOTE de MISE EN SCENE Le joueur d checs est un r cit la premi re personne que ce soit celle du narrateur de M B et parfois m me celle des autres personnages Cette construction laisse place finalement une succession de monologues le plus clairement d fini tant celui de M B monologue ininterrompu de 37 pages Czentovic dans le r cit est d crit par lami du narrateur comme un personnage pratiquement muet j aimerai ici qu il se pr sente lui m me sans d naturer cependant sa personnalit obtuse le laisser libre de s exprimer pourra encore accentuer la complexit du personnage Je tiens garder cette construction ce je s adressant un suppos vous lecteur dans le r cit public ici au th tre Le com dien
5. Ester Mollo Le th tre de l opprim compagnie En Vie Thierry Moral Sophie Bourdon Will Bond cours Florent Elle a suivi des cours d Art Dramatique au conservatoire de Tournai Form e par la Ligue de l Enseignement l animation m diation de th tre en amateur elle intervient aujourd hui en tant qu auteur metteur en sc ne En 2007 elle cr e sa compagnie le Th tre de l instant et met en sc ne Un corps en offrande Jardin d hiver puis elle adapte la sc ne Le joueur d checs de Stefan Zweig Elle est membre des Ecrivains Associ s du Th tre du Nord Pas de Calais Elle a publi 4 textes dramatiques aux ditions Editinter Lettre au temps perdu mis en sc ne par Thierry Moral 2003 On prendra tout notre temps pour marcher deux mis en voix avec F lix Verhaverbeke la librairie Dialogue th tre Lille 2004 Un corps en offrande jou lors de 11 repr sentations 2006 Jardin d hiver monologues jou s 13 reprises 2007 Elle continue son travail d auteure avec notamment Des graines dans ma f te para tre aux Editions Kirographaires fin 2011 en collaboration avec Nicolas Brimeux Des petits trous dans un chapeau texte in dit 2009 et prochainement A bout de silence texte in dit 2010 qui a b n fici d une premi re lecture interpr t e par Anne Conti en mai 2011 au festival de Riad la Piscine Dunkerque FABRI
6. double sa schizophr nie artificielle ce moi la fois blanc et noir Je pense sa fureur fr n tique cet effet boomerang qui fait que son d sir de perp tuelle revanche se retourne contre lui jusqu ce qu il se jette lui m me contre une vitre contre sa propre image L id e de reflet se retrouve aussi dans le myst re de chacun des deux h ros M me si M B se d voile dans l intimit de sa captivit on ne sait pas ce qu il devient Son apparition myst rieuse s ach ve sur un d part tout aussi sans devenir Quant Czentovic Stefan Zweig nous donne voir l image d un personnage vident par son comportement physique et pourtant totalement nigmatique quant au fonctionnement de son esprit Il y a cette phrase trange qui pique notre curiosit Plus un esprit se limite plus il touche par ailleurs l infini Qu est ce que cet infini Et Stefan Zweig renforce le myst re avec sa comparaison Ces solitaires construisent avec leurs mat riaux particuliers la mani re des termites des mondes en raccourci d un caract re tout fait remarquable M B se retrouve dans une toute autre situation de l esprit et pourtant l infini le concerne aussi dans le sens o baignant dans le n ant ses pens es tournent l infini dans son cerveau sans jamais trouver le repos comme ces insectes qui jamais ne s arr tent De m me quand il joue virtuellement aux checs dans sa cellule il y a cet
7. pourra parfois s adresser au public le faisant exister part enti re exigeant une constante coute de sa part de l ordre de l urgence dire et de la n cessit d une compr hension imm diate de ce qui est dit comme une sorte de confession m ritant en retour une intime coute et ceci jusqu aux silences qui devront tre entendus comme des paroles peut tre parfois comme des cris touff s Ceci concerne particuli rement le monologue de M B L adresse directe au public prend tout son sens parce qu elle devient presque vitale ou plut t th rapeutique comme s il s agissait pour lui de livrer le passage d une vie qu il lui faut vacuer de sa m moire Une vie mais pas seulement la sienne M B passe souvent du je au nous o au on tant bien conscient qu il n est pas le seul subir le supplice de l enfermement Stefan Zweig profond ment humaniste nous montre ici encore l importance de l Autre notre besoin de communiquer pour survivre Pourquoi un seul com dien pour interpr ter la fois le narrateur Czentovic et l inconnu M B Peut tre pour viter de tomber dans une sorte de manich isme qui n a pas sa place dans le r cit Malgr l ventuelle r pugnance que l on pourrait porter l encontre de Czentovic personnage totalement antipathique Stefan Zweig a peut tre trouv des raisons ce comportement asocial Czentovic est un tre priv d amour filial 12 ans mort du p re abse
8. CE GAILLARD Form au Conservatoire de Tours puis l Ecole du Centre Dramatique National de Saint Etienne il a travaill avec Serge Tranvouez Jean Claude Berutti Daniel Girard Cedric Veschambre Anatoli Vassiliev Michel Tallaron Andr Tardy Paul Tison Louis Bonnet Eric Mass Christian Colin Franck Esn e Marie Mellier Anna Nozi re Il joue dans de tr s nombreuses cr ations du r pertoire classique citons par exemple Le songe d une nuit d t La cantatrice chauve L ours et 10 une demande en mariage Les trois soeurs o contemporain Les Fid les de Anna Nozi re R publique de Pierre Fran ois Pommier Max et Lola de Daniel Girard Le fils de Jon Fosse Trjptyque des figures de Franck Esn e aux CDN de Saint Etienne Lille Bordeaux Aubervilliers Lyon Besan on Belfort Caen Reims Sartrouville Il fait partie du Collectif souffleur de verre pour lequel il met en sc ne et joue La vase d apr s Eug ne lonesco et P P P d apr s P Pasolini On le retrouve galement dans divers court m trages t l films documentaires Arrangement musical JOHANN CHAUVEAU F Il poursuit ses tudes de musique au Conservatoire de Lille depuis son plus jeune ge explorant et se formant dans diverses disciplines fl te bec piano clavecin musique d ensemble criture analyse musicale chant Participant aux activit s concerts et auditions du Conservatoire il est galement t
9. Th tre de l instant LE JOUEUR D ECHECS D apr s la nouvelle de STEFAN ZWEIG Mise en sc ne Anne Marie Storme Dossier de Presse EQUIPE ARTISTIQUE LE JOUEUR D ECHECS d apr s la nouvelle de STEFAN ZWEIG Adaptation mise en sc ne sc nographie Anne Marie Storme Interpr tation Fabrice Gaillard Composition musicale Johann Chauveau Cr ation son et lumi re Marie Jo Dupr Traduction des r pliques en allemand Ursula Lohrmann Tout public partir de 14 ans PRODUCTION SOUTIENS Le joueur d checs a re u le soutien du Conseil R gional Nord Pas de Calais et la ville de Marcq en Bar ul Production du Th tre de l Instant Entre New York et Buenos Aires dans le confinement d un fumoir de paquebot une rencontre improbable se produit autour d un chiquier en effet rien ne pr disposait le grand Mirko Czentovic champion du monde accepter l affrontement avec un inconnu Le jeu qui aurait pu n tre qu un simple divertissement va se transformer en un myst rieux combat entre deux forces que tout oppose Stefan Zweig nous embarque en quelques jours de travers e vers un t moignage effroyable qui retrace historiquement les faits de son poque Ecrite en 1941 Le joueur d checs est sa derni re nouvelle Parmi toute son oeuvre elle est la seule qui ait un rapport direct avec l actualit politique de son temps LE CONTEXTE HISTORIQUE Si l action se situ
10. e puissance remarquables l ensem ble des personnages du texte de Ste fan Zweig Le Joueur d checs Dans l espace noir d un ailleurs ind fini il se m tamorphose au gr du r cit et des dialogues Il lui a suffi d voquer un coin de paquebot de se planter de guin gois l paule tordue vers le ciel pour que jaillisse l trange cham pion Czentovic sorte d animal sur dou de l chiquier d autiste g nial D s lors la tension et le ma laise habitent la sc ne de la Riande rie Marcq o l adaptation du Th tre de l Instant a t donn e ce week end Le myst re le suspense naissent des mots mais l effroi nous envahit progressivement gr ce aux trou vailles de mise en sc ne d Anne Marie Storme transformation d une chaise en si ge de torture utilisation d une barre pour dire l enfermement et l angoisse scan sion du r cit par une musique orga nique et des frappes lumineuses chirurgicales mais aussi gr ce la fi vre communicative que dif Fabrice Gaillard sur la sc ne du th tre de la Rianderie o il a jou trois fois l adaptation du Joueur d checs de Zweig fuse Fabrice Gaillard Le face face de M B avec lui m me son combat hallucinant pour r sister ses bourreaux nazis et ne pas c der la folie sont transcrits avec intelli gence et force Ainsi que tout le texte de Zweig traduit de mani re extr mement physique La chute est p
11. e sur un navire lieu politiquement neutre loin de toute appartenance ethnique ou territoriale l histoire se r f re totalement l actualit de l Europe juste avant la seconde guerre mondiale On l a dit Le joueur d checs est la derni re nouvelle de Stefan Zweig mais aussi la premi re n avoir aucune distance face l actualit politique de cette poque Chaque v nement du r cit a sa r f rence l Histoire Nous sommes en 1938 et effectuons avec le monologue de M B un recule dans le temps jusqu en 1933 L Europe ne se remet pas de la premi re guerre mondiale pertes en hommes en richesse en pouvoir dislocation de l empire austro hongrois La situation est id ale pour une infiltration progressive du national socialisme allemand A travers l histoire de M B travers ses origines sa profession Stefan Zweig fait allusion au pass traditionaliste de l Autriche Gr ce son v cu nous entrons directement dans les faits historiques 1933 l tude familiale de M B se voit dans l obligation de transf rer les biens de ses clients de l autre c t de la fronti re fait qui signale l av nement d Hitler Mirko Czentovic personnage priori grotesque et ridicule entre de mani re fulgurante dans le monde des checs en 1933 et devient champion du monde en 1938 ce qui correspond l ascension d Hitler au pouvoir on sait que les gens cultiv s le prirent aussi pour un abruti jusqu en 1933
12. emand Schachnovelle nouvelle des checs Stefan Zweig ne cherche pas d signer le joueur d checs J aimerais travailler autour de la th matique explicite de cette nouvelle l enfermement parce que je pense qu aujourd hui et demain encore et toujours nous risquons notre me et notre raison chaque fois qu un syst me de pens e annihile notre libert individuelle Hier le nazisme et sa folie meurtri re contaminaient bourreaux et victimes Aujourd hui il en reste des r sidus Et puis d autres folies de tous ordres et dans une moindre mesure d autres syst mes de conditionnement et de manipulation sont toujours l uvre Stefan Zweig parle pour M B l inconnu d intoxication par le jeu d checs comme une all gorie de l enfermement mental Comme s il s agissait d un poison particuli rement toxique ou d une certaine forme d addiction Mais est ce le jeu en lui m me qui pose question N est il pas pr texte ou illustration d un propos bas sur la d nonciation d un totalitarisme brutal et triomphant Chacun sait que les pi ces du jeu s organisent sur le mod le d une arm e que le plateau de l chiquier est le terrain d une v ritable guerre virtuelle Stefan Zweig lui m me joueur amateur a bien conscience de l ambigu t du jeu la fois royal et d risoire Maintes fois il ne se lasse pas de le ridiculiser de montrer son absurdit comment concevoir la vie d une intelli
13. ent par des projets ext rieurs Il cr e notamment la musique de Couple ouvert deux battants dans Alice et cetera mise en sc ne Stuart Seide Th tre du Nord les arrangements la composition et l interpr tation de la musique de Jardin d hiver Il travaille aussi pour les compagnies Corps Ouverts Haute surveillance BABA YAGA loup y es tu ou pour la com die musicale La Momie C est en 2006 qu il rencontre la com dienne et chanteuse Anne Fr ches avec laquelle il fonde le duo de Baroque ind pendant JoAnne jouant de la rencontre des genres Le groupe a sorti un CD maxi 6 titres en 2009 Cr ation son et lumi re MARIE JO DUPRE Cr atrice lumi re et sons pour la cie La D couverte depuis 1978 elle fut galement r gisseuse lumi re au Th tre de la Salamandre CDN pendant plusieurs ann es ains que Directrice technique du festival de la C te d Opale pendant deux ans Elle cr e galement le son et les lumi res pour diverses compagnies r gionales Th tre Diagonale Cie des Mers du Nord Cie Mano Labo Cie Agathe dans le vent Th tre de l instant etc Charg e de cours Lille 3 en approches techniques du spectacle vivant elle est aussi responsable de formation au sein de la ligue de l enseignement en lumi re et son 11 Le Th tre de l instant Le Th tre de l instant voit le jour en 2006 emmen par Anne Marie Storme Elle a crit et mis en sc ne Un corps en offrande
14. eut tre brutale mais le m lange de distance ironique et de plong e charnelle porte ses fruits M CHRISTIAN FURLING 14 Th tre de l instant 6 rue du brabant 59700 Marcq en Baroeul Contact Anne Marie Storme 06 20 13 46 03 theatredelinstant gmail com http theatredelinstant free fr Licence d entrepreneur de spectacles N 2 1009746 15
15. gence tout enti re r duite cet troit parcours uniquement occup e faire avancer et reculer 32 pi ces sur des carreaux noirs et blancs engageant dans ce va et vient toute la gloire de sa vie Comment s imaginer un homme dou d intelligence tendre de toute la force de sa pens e vers ce but ridicule acculer un roi de bois dans l angle d une planchette Ce n est donc pas le jeu en lui m me mais le comportement induit sur les joueurs qui le captive Il porte son int r t sa passion sur l humain et ce qui le fait agir C est cette tension dramatique entre les joueurs qui l inspire J aimerais chercher cette tension dans l adaptation th trale Militant pacifiste Stefan Zweig n a jamais cess de croire en l homme et un id al de libert jusqu peut tre son dernier acte son suicide Il y a cette phrase qui r sonne la fin du r cit J tais seul savoir pourquoi cet homme ne toucherait plus jamais un chiquier tandis que les autres demeuraient l vaguement conscients d avoir chapp je ne sais quel d sagr ment ou m me un danger Au del de l histoire de M B du risque d un nouvel acc s de folie face l chiquier Stefan Zweig avec ses facult s d historien d analyste d crivain se retrouve encore plus seul dans la prise de conscience de l effondrement d un monde un monde qui avait tait le sien Malgr son exil cause de son exil i
16. i ne servent rien si ce n est l esprit de s y appuyer Stefan Zweig accorde une importance d mesur e aux d tails le papier peint la goutte le calendrier etc comme une cam ra qui vient zoomer ou une loupe qui agrandit l image l oppos du r tr cissement mental pr sent aussi dans l enfermement Cette n cessit pour l esprit de pouvoir se raccrocher un point d appui visuel j aimerai pouvoir la traduire corporellement Ce point d appui au premier degr pourra tre cette barre Le com dien s y appuiera pour effectuer une sorte de gymnastique corporelle l image d une gymnastique mentale de plus en plus r duite Je pense la course folle des pens es toujours les m mes obs dantes qui tournent et tournent dans la t te en cercle d une fa on totalement m canique r p titive absurde Une barre aussi comme une barri re quelque chose qui stoppe qui retient la chute o l on peut se pencher par dessus bord valuer le vide sous les pieds qui interdit tout passage d un lieu un autre qui limite d limite qui place le d tenu devant ses juges un frein un obstacle absurde qui tient loign comme M B qui ne gu rit pas de sa monomanie mais s en tient juste loign qui permet de s exercer s valuer transpirer souffrir s autod truire Pour en revenir l id e de reflet celui d une rampe face un miroir imaginaire je pense l esprit de M B qui se d
17. ire son cerveau se pr sente M B trouve l nergie malgr son immense d ception face cet objet ridicule qu est le manuel d utilisation du jeu d checs d en tirer profit Pourrait on parler d une certaine forme d invuln rabilit aujourd hui nomm e r silience On sait que B Cyrulnik a cr ce terme apr s avoir tudi le comportement des survivants lors de leur captivit dans les camps de concentration Rien dans le r cit avant sa captivit ne laisse penser que M B est un surhomme Son pass ses activit s son travail d avocat dans une petite tude ne pr sente rien d extraordinaire Son p re et lui ne d fendaient pas de causes clatantes nous nous bornions tre des conseillers juridiques et administrer les biens des grands couvents Alors je m interroge sur l origine de cette force de r sistance D autant que celle ci fait r ellement surface partir de l acquisition ou plut t du vol acte qui renforce encore l aspect tonnement r sistant chez un homme tout ce qu il y a de plus moral d un tout petit objet apparemment quelconque La puissance de l imaginaire l esprit de cr ativit serait t ils une des r ponses cette force C est cet loge la cr ativit que j aimerais faire transpara tre sur le plateau m me si et surtout si nous savons par l histoire de M B qu elle risque de mener la d mence quand elle est maltrait e quand elle est au service d
18. l ne survivra pas Je reviens sur la question de l enfermement D s la premi re lecture le comportement de M B m a totalement subjugu Je veux parler de sa r sistance face au traumatisme de l enfermement Stefan Zweig parle d une torture d exception compar e celle des camps de concentration puisque M B se retrouve confin dans une chambre d h tel confortable mais livr lui m me au silence au n ant une totale vacuit du corps de l esprit et des sens coup de tout lien avec l ext rieur et de toute esp ce de distraction Pas un instant sur un an de captivit M B ne s est laiss envahir par la passivit le d sespoir la fatalit Etrangement l inactivit forc e a provoqu chez lui une sorte de suractivit mentale Avec rien si ce n est son intelligence et sa m moire il tente de remplir le vide inexorable cet oc an de silence En guise d occupation je r citais ou reconstituais tant bien que mal tout ce que j avais appris par c ur autrefois chants populaires ou rimes enfantines passages d Hom re appris au lyc e paragraphes du Code civile Puis j essayais de faire des calculs d additionner de diviser des nombres quelconques Mais force de ressassements de pens es tournant et retournant dans ce vide M B prend conscience que son cerveau se d traque Sa force ne r siderait elle pas aussi dans cette lucidit l Et quand l ultime occasion de distra
19. n art qui se sert de l oc an des sons c est la musique De toute vidence il en est de m me pour la pens e La logique est l tude des lois de la r flexion et les checs refl tent en tant qu art le c t logique de la r flexion sous la forme d images artistiques Mikhail Botvinnik champion d checs Ils entendront des sonorit s particuli res des musicalit s des rythmes des tempos des compositions musicales ils seront impr gn s de multiples ambiances lumineuses ils seront baign s dans diff rentes couleurs et noy s jusqu au noir Cette excitation sensorielle qui manque au cerveau de M B et m me celui de Czentovic se retirant lui m me du contact avec les humains sera justement le reflet des sensations que provoque le vide Le plein qui remplit le vide qui remplit son tour le plein Le cercle qui ne s arr te plus de tourner Un travail qui nous conduit vers l attente L attente comme une strat gie pour certains Pour d autres v cu comme un enfermement Une attente qui m nera Stefan Zweig au d sespoir L EQUIPE ARTISTIQUE ANNE MARIE STORME N e Lille en 1963 elle se tourne vers le th tre le jour o elle d couvre la magie du jeu et des histoires mises en vie Elle participe alors de nombreux ateliers et stages avec notamment St phane Boucherie Dominique Sarrazin David Conti Thierry Poquet St phane Titelein Johannes Theron Roy Hart Th tre G rald Dumont
20. nce de la m re enfant abandonn recueilli par un cur Et ce cur lui m me le prend sa charge plus par devoir ou charit que par affection C est aussi un tre sans racine En continuelle p r grination vers de nouvelles destinations pour participer de nouveaux tournois on ne trouve chez lui aucune attache aucune nostalgie d un pays natal Son identit reste d ailleurs impr cise fils d un batelier slave du Danube petit paysan du Banat r gion ballot e d une domination une autre Ne pourrait on pas aussi trouver une justification son inculture Malgr les efforts d ducation de la part du cur son gard je parle bien d effort et non de d sir peut on croire une r elle envie de transmission de savoir comme on pourrait l imaginer d un p re son fils Un autre point qui a retenu mon attention et qui confirme encore l anti manich isme de Stefan Zweig je veux parler de l attitude des gardiens Comment se fait il que le premier gardien indiff rent et muet par ordre de ses sup rieurs n a pas entendu le d sir de M B de tout trahir de tout r v ler Cette trange surdit face aux cris de M B n est elle pas un acte volontaire M me simple gardien n appartient il pas la classe des nazis dont le but ultime dans les interrogatoires est d extorquer des r v lations De m me l attitude du deuxi me gardien surveillant M B dans le couloir juste avant l interrogatoi
21. ndiff rence au monde ext rieur Et malgr une carri re r ussie ne se retrouve t il pas lui aussi en train d errer de pays en pays la recherche de toujours plus de victoires Un seul com dien sur un plateau nu Un espace vide ou presque vide Tout en restant tr s sobre les descriptions des sc nes de Stefan Zweig sont d une telle pr cision d une telle clart qu on a l impression d y tre les l ments visuels sont une vidence Toute illustration naturaliste s av rerait inutile Je ne d sire pas focaliser l attention du public par un d cor sp cifique mais plut t l emmener vers le sujet essentiel du r cit une interrogation sur l homme et ses d sirs l homme et ses passions Celle cine pourrait se traduire par quelque chose de fig J imagine juste un fauteuil qui tour tour accueillera les trois personnalit s et qui au fur et mesure du r cit prendra une toute autre dimension J imagine aussi dans l espace une ligne qui en elle m me ne repr sente rien plac e cour jusqu mi jardin l g rement en diagonale une rampe Comme celle que l on trouve dans une salle de danse fix e au mur le long d un miroir Ici pas de miroir mais l id e d un reflet Jy reviendrai Cette rampe sera amarr e solidement au sol Un objet qui n aura rien de fonctionnel si ce n est un point d appui pour le corps Tout comme les id es fixes pr sentes dans l enfermement mental celles c
22. re est aussi assez tonnante N ayant qu un seul d tenu surveiller et malgr toute la discr tion de M B comment ne s aper oit il pas d une telle man uvre d une telle manipulation gestuelle Concernant M B malgr toute la sympathie que l on prouve naturellement vers ce genre de personnage Stefan Zweig n en fait pas un surhomme On l a vu c est un tre capable de trahison De plus malgr sa politesse et ses mani res extr mement avenantes et sociables rien n indique ni dans son pass il ne travaille qu avec son p re ni ici sur le paquebot la travers e dure 12 jours si c est un tre capable de cr er des liens intimes et amicaux la confession au narrateur restant comme un besoin de se d charger et non d changer Le narrateur lui m me qui nous pousse aussi la sympathie se r v le tre un homme d une certaine fa on calculateur soucieux de conserver ses privil ges s engageant moiti lorsqu il pousse finalement Mac Connor agir sa place Un seul com dien donc pour plusieurs personnages Un seul com dien aussi parce que M B et Czentovic malgr leur totale opposition se ressemblent trangement prisonniers de la m me monomanie chacun victime d une perte Pour M B perte de la libert par incarc ration effective Et plus tard pourtant lib r on le voit condamn la fuite l errance Pour Czentovic perte du p re qui entra ne un retrait sur lui m me une i
23. te remarque qui rejoint la notion d infini On concentre toutes ses nergies intellectuelles dans un champ tr s troit Le travail sur l enfermement r sidera enti rement dans ce corps reflet de son fonctionnement psychique libre de toute expression corporelle et pourtant priv de libert comme une contradiction entre le vide et le plein de l espace Comment th tralement exprimer le vide le n ant les cons quences du temps qui passe inexorablement et qui semble pourtant ne plus exister Comme hors du temps Comment r agit un corps priv de toute stimulation sensorielle Comment faire exister cette folie qui lentement tisse sa toile dans le cerveau de M B au point de lui provoquer des visions des hallucinations et jusqu un acc s de d mence Paradoxalement je pense faire appel aux sens m me des spectateurs Acoustiquement le travail de composition autour du Joueur d checs mettra en r sonance l volution d une partie sur soixante quatre cases et le d veloppement de th mes sur les dix lignes de la port e Des m lodies et motifs en apparence antagonistes se recouperont se combineront et formeront petit petit une entit musicale complexe Puis ainsi qu en fin de partie l cheveau se d nouera laissant place un d pouillement et une simplicit tranchante jusqu la mort du roi Il existe une science dont le but est l tude de l acoustique et des sons Mais il y a aussi u
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