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1. volutions Mais je crois qu il est d j dans sa forme actuelle un reflet fid le de la richesse de la d marche propos e par la compagnie Gravitation Hors Champ Miroir de nos plaies et de nos bosses En cho aux souvenirs collect s l an dernier Gravitation a qu t le r ve chez les habitants de Palente Et met en sc ne ces utopies r tr cies qui heurtent de plein fouet la r alit La m moire de Palente tait joyeuse Le quartier f tait ses 50 ans et se souvenait des champs devenus villes des maisons castors de l cole populaire du travail l usine Le quartier valsait sous les flonflons et Gravitations avec d lice et fantaisie s tait d lect e de tous ces possibles Mais la vie se joue en deux sets Alors au fils des aspirat heures quatre veill es organis es par les com diens de la compagnie Gravitation furent qu t s les r ves les envies les utopies survivantes Pour de nouveau les mettre en sc ne brutes ou r crites avec la complicit d Yves Reynaud Parti pris Hors champ indique le titre du spectacle indi cation g ographique et sociologique Cette fois on parle des Orchamps et de ceux qui restent un peu la marge un peu en dehors de ce monde qui tourne trop vite Toujours ce m me parti pris de chanter les d cors et les personnages Toujours ce regard tendre mais sans concession sur la vie qui tourne et marche sur les pieds de ceux qui ne tiennent pas le rythme La motivation b
2. ces allers retours entre la r alit des t moignages recueillis et la fiction de l criture une r alit de plateau La finalit n tait pas de faire une tude sociologique et objective d un quartier ce n tait pas non plus de retransmettre telle quelle la parole des gens mais bien de filtrer la r alit de la reconstruire la densifier lui donner une r sonance motionnelle et actuelle Une r sidence un espace d inspiration Pour notre compagnie ce type de projet a un caract re d experimentation de d couverte Cette aventure est pass e par une ouverture et un questionnement de nos pratiques Elle a t l occasion d ouvrir notre d marche de cr ation aux habitants d un quartier de cr er un dialogue privil gi avec un public de stimuler notre cr ativit en allant la recherche d autres fa ons de voir de faire de vivre notre monde elle nous a permis de d fricher des territoires artistiques nouveaux HORS CHAMP Un conte m taphysique Le p re de famille La vraie richesse c est la famille Il faut en prendre soin de sa descendance Jai lair de rien je ne suis qu un petit bout d homme j suis pas devenu un pacha Mais j ai eu six enfant tous vigoureux et mes six enfant ont eu chacun six enfants rien que de la bonne graine aujourd hui on est 42 mais dans vingt ans on sera 2568 et dans le tas y aura un peu de tout des m decins des avocats et des pachas je suis donc l a eul d un pacha Mo
3. Hors Champs Texte de Yves REYNAUD Compagnie Gravitation Hors Champs Hors champs c est d abord un immeuble un immeuble la Perec un immeuble dont on rechercherait le mode d emploi Hors champs c est une galerie de personnages touchants tour tour militants largu s ou franchement utopistes confront s des logiques conomiques et comptables qui s insinuent jusque dans leurs r alit s humaines et sociales Hors champs ce sont ces gens la porte Hors champs c est l aboutissement d une r sidence de deux ans sur un quartier de Besan on Ce sont des fragments d humanites recueillis aux cours de rencontres avec les habitants d un quartier et de soir es pass es essayer de r ver nouveau ensemble C est une d marche de creation qui prend le temps de s impregner de paroles glan es aupr s de gens qui n ont pas l habitude d tre cout s C est le refus d une culture de r sultat C est une rencontre avec un auteur Yves Reynaud qui a bien voulu confronter son criture la d marche d une compagnie sa volont d interroger la r alit sociale C est le choix d un th tre d pouill o l accent est mis sur le sens la relation avec le spectateur C est un th tre de proximit C est l affirmation que la recherche de nouveaux publics s entend avec ceux qui sont le plus loign s de la culture n est pas une d marche vaine C est un th tre hors mode un th tre populaire G
4. at de l aile Un cargot immeuble et au fil de l eau les habitants qui habitent co habitent en tentant d exister Ils viennent chacun leur tour dire leurs envies rikikites mais essentielles C est du boulot c est l amour c est une place dans la normalit rassurante de la soci t Il y a l la palpitante Marie Lucas touff par la maladie d Alzheimer de sa m re Rosa 1 m tre 70 58 kg de passion Sabine l assistante sociale M Louba ses douze enfants ces petits enfants ces etc Et puis au pied de l immeuble les jeunes ex marlous ex loulous ex y y aujourd hui sauvageons Et leur histoire qui s tale comme une tartine de pain Tout y passe le besoin de thunes la seule carte jouer C est la carte bleue Et la retraite c est pas mieux c est m me terrible on est hors contact et la cuisine quand c est pas partag elle n a plus le m me go t Des jeunes aux vieux le parcours hors balise bringuebale Se d barrasser des enjeux professionnels c est pire encore Vieillir ah vieillir d multipli e par la maladie d Alzheimer la m re de Lucas confie r p titions ses envies d amour de chair L amour d borde des cases du formulaire que le Rmiste refuse de signer Et pourquoi se d carcasser on demande de formuler un projet votre port e et tu vois dans les yeux de l autre que les possibilit s c est tout petit Alors forc ment la motivation en prend un coup dans l aile Mais a viendra M me si
5. i vous voyez je ne suis qu un petit jardinier qui prend soin de son jardin je fais attention aux mauvaises herbes je le bichonne mon patrimoine J en prends soin de ma g n alogie Et si tout continue comme il faut dans 40 ans on sera 1554 une petite ville dans 60 ans 9002 dans 100 ans 324000 dans deux si cles une nation tel que vous me voyez je suis le pere d une nation l ancetre d un roi A quoi a sert de se d mener de s exciter Ce spectacle traite d une r alit sociale la mani re d un conte philosophique Il raconte le p riple de Sabine de Paul dans un labyrinthe fait de galeries vestibules de portes derri re lesquels vivent des personnages loufoques pris entre r alit et fantasme Ils se hissent au sommet des escaliers de cette tour de Babel o r gne le ch mage et l isolement Paul est VRP Sabine une jeune assistante sociale nouvellement parachut e dans la cit ils sont les deux messagers d institutions les interm diaires d un syst me social et d une logique marchande qui se confronte au fil des tages aux logiques individuelles des habitants Ils forment eux deux les deux extr mit s d un syst me o un seul id al semble r gner sans partage l id al marchand Les sir nes de l avoir Plus tu as plus tu es plus tu seras honor pr ne le formateur des repr sentants de commerce Mais lorsque que tu n as plus tu n es plus tu d rives Marie n a pas pay sa facture d lectrici
6. ient repr sentant en baisers Cette histoire empreinte d un r alisme po tique met en jeu cet ab me qui se creuse de plus en plus entre les r alit s individuelles et la r alit sociale M me si parfois de petites passerelles se bricolent encore d un monde l autre Un jeu de construction Les com diens sont tour tour r citant partie int grante d un ch ur et personnages de l immeuble Ils passent de la narration l incarnation d un personnage un autre Le ch ur proc de la fa on d une enqu te polici re il tisse des fils suit des pistes d pouille les habitants de leur intimit diss que les lieux et les choses reconstitue les faits Nous sommes dans un th tre volontairement d pouill afin de permettre cette ronde des lieux et des personnages Un accessoire une bascule lumi re ou un l ment du d cor suffit et nous sommes dans l escalier dans le hall chez Mme Sage Il suffit que Marguerite parle de J r me et le voil Un acteur se saisit d un chapeau et il devient Mr Louba De la m me fa on que les acteurs passent de la narration l incarnation ils passent du parler au chanter Chanter est simplement un tat une fa on d tre des personnages particuliers Ce que nous voulions c est cr er une relation privil gi e et ludique avec le spectateur nous avons cr un jeu de code qui le rend complice de ce qui se passe sur le plateau la chose devient possible parce que le spectateur accepte joue
7. la cohorte des licenci s tout appliqu s rentrer dans le moule se contorsionnent tout azimut pour faire valoir un sa voir faire un savoir tre sans d bordement sans extravagance C est qu il filerait presque le blues ce spectacle L humour l en emp che grin ant ravageur lib rateur Et toujours chantant En cho la m moire la r alit para t abrupte r che Lourde comme un ciel d orage Quand on ne sait pas de quel c t va tomber le ciel Se fracassera t il sur la terre s che et aride Ou va t il enfin s claircir et illuminer enfin le paysage Hors champ m le humour et chansons et nous emp che de d sesp rer Catherine CHAILLET Est r publicain du 12 05 2004 Compagnie gravitation 26 C rue Fontaine cu 25000 Besan on Contact Jean Charles THOMAS t l 03 81 88 62 20 Mail izabella thomas 9online fr
8. le jeu Yves REYNAUD Pour moi ce texte est le r sultat d une confrontation entre la parole recueillie sur le terrain dans l univers social du quartier Orchamps de Besan on par la compagnie Gravitation et mon criture solitaire et parfois intempestive Le mod le de d part La vie mode d emploi de Georges Perec nous entra nait vers une compilation de fragments de sc nes br ves de r cits de chansns tir s du quotidien mais aussi de mon imaginaire et qu il fallait tenter de fondre en une seule mati re plus pique que naturaliste racontant de mani re subjective quelques pans de la vie d une cit entre le temps pr sent et la m moire Le texte devait tre porteur aussi d une ouverture sur l avenir d utopie pour ne pas dire d espoir A l arriv e je crois qu il contient un peu de tout cela Autour du fil rouge du personnage de Paul en qu te d un travail mais aussi d une femme ne r ussissant pas couper le cordon avec une m re possessive s organisent les parcours de Sabine l assistante sociale pleine d illusions de G r me le rmiste par vocation d Ulysse le d poss d de lui m me de Marie la surendett e mystique de Monsieur Louba le th oricien du bonheur familial et de quelques autres J ai crit bien sur beaucoup plus de fragments qu il n en figure dans le texte final J ai nous avons tent de ne conserver que l incontournable le jubilatoire l exemplaire Le texte est donc encore susceptible d
9. llucin e mais chez moi c est comme un vertige Et puis il y a aussi autre chose Je sais pas exactement comment l expliquer mais c est comme si ces minuscules ampoules me donnaient de la force Surtout la nuit Quand je fixe longtemps ces petites lampes il se produit un truc que je n arrive pas comprendre Les murs de ma chambre s Ecartent elle devient incroyablement grande et apr s le ciel appara t Et l je sens que je m envole Je me prom ne au c ur de la galaxie et je me sens moins conne Moins seul J ai enfin l impression d tre vivante vous comprenez Mais l perdue dans le schwartz sans mes petites lampes je crois que je vais faire une connerie Entre ombre et lumi re Ce spectacle ressemble une valse burlesque sur laquelle un petit peuple pi tine et tournoie jusqu perdre ses contours Ulysse accuse son voisin de lui voler ses r ves avec un petit tuyau pendant son sommeil Marie est aval e par un ascenseur qui n en finit plus de descendre Des Djeuns divaguent et philosophent sur leur avenir et un d part sans cesse repouss De toutes fa ons quand tu cherches quelque chose tu ne trouves pas C est pas toi qui trouve la solution c est la solution qui te trouve C est un monde sans pass au pr sent pi g l avenir incertain qui se d plie progressivement Une soci t l image de Madame Sage atteinte de la maladie d Alzheimer qui tourne en rond ressasse les m me phra
10. ravitation une thique Nous sommes convaincus que l art ne niche pas dans un lieu abstrait et romantique mais s enracine profond ment dans notre r alit dans notre quotidien nos pr occupations nos aspirations d hommes et de femmes Nous voulons promouvoir un th tre perm able ouvert aux diff rentes r alit s qui nous entourent Pour nous le th tre n est pas clos sur lui m me Il est un formidable outil de rencontres et d changes de prise de conscience un lieu de plaisir et de convivialit un lieu ouvert sur le monde qui l entoure Le th tre prend vraiment tout son sens quand viennent s y frotter des publics diff rents quand il s adresse au plus grand nombre parle plusieurs langues nous rassemble au del de nos diff rences S adresser au plus grand nombre ce n est pas nier son art son int grit d artiste c est s ouvrir des champs de cr ation bien plus vastes se donner des contraintes et des enjeux suppl mentaires pousser la cr ation dans ses moindres recoins Une d marche Cette creation s est nourrie d une r alit de terrain un projet d action culturelle que nous avons men sur un quartier de Besan on pendant deux ann es La premi re ann e de cette r sidence nous avons travaill partir de t moignages de document d archives sur le th me de la m moire Nous avons abouti un spectacle Le Grand D ballage qui retrace la m moire des luttes les prise de conscience successives dans un q
11. se imperturbablement son fils Paul qui pour la m nager s invente une profession aur ol e de r ussite Pourtant dans cet immeuble o s accumulent des individus comme autant de paires de chaussettes d pareill es il y a des rencontres des moments lumineux Au cinqui me il y a Marguerite retrait e et veuve elle ne rencontre plus personne par peur de d ranger elle ne sort pas non plus elle n a pas les moyens Alors sa vie c est Julien Lepers et les enfants qui sortent de l cole et puis un jour elle entend de la musique a vient d en bas au bout de quelques semaines elle descend avec ses beignets elle rencontre J r me le ch meur heureux disciple de Lafargue Il lui chante des po mes sur les bienfaits de la paresse et elle lui fait la cuisine parce que la cuisine c est meilleur quand c est partag Un voyage initiatique Au bout du voyage Sabine s est arrondie elle a appris concilier la commande institutionnelle et sa part humaine et affective Seduite et troubl e par J r me le ch meur heureux elle redevient une femme elle n est plus uniquement la courroie de transmission de son administration Dans la case projet de retour au travail J r me a r pondu l amour au risque de ne pas reconduire son RMI Sabine met recherche dans les relation humaines De son c t Paul le super dipl m super paum devenu VRP par n cessit est la recherche d une femme la fin il fusionne sa fonction et son d sir il dev
12. t elle est seule dans le noir Suspendue au t l phone elle chante sa d tresse au nouveau service Social Tout Proche Elle n a plus les petites lumi res de toutes ses machines son peuple de choses s est teint Elle est seule face sa peur face au vide qui prend tout Chaque homme est la recherche de quelque chose et nous nous sommes l pour le trouver Notre r le c est d aider les gens trouver ce dont ils ont besoin Nous sommes l pour remplir le vide de l existence pour lui redonner un sens sans nous le monde sombrerait dans le chaos et dans la peur Ne l oubliez jamais Le monde entier repose sur nos paules Mais lorsque Paul le stagiaire VRP sonne la porte de Mr Louba cet id al est battu en br che Mr Louba est habit d une vision fantasmatique presque proph tique il se voit le p re d une nation Au pouvoir des choses il substitue le pouvoir de l humain l ou gouverne l imm diat du d sir il parie sur l oeuvre du temps A la logique de l accumulation il oppose la comptabilit d lirante de sa descendance Lui n est qu un petit jardinier qui prend soin de sa g n alogie mais un jour si tout se passe comme il faut il sera l a eul d un roi Marie Tout ce qui sort il faut que je me le commande sur Internet Je ne peux pas m en emp cher Tout mon fric est englouti par les cr dits mais j ai la panoplie compl te des bidules puces les plus branch s Vous allez penser que je suis ha
13. uartier ouvrier le groupe Medvedkine les gr ves de la Rodhia LIP Hors Champs s est construit au cours de la deuxi me ann e partir de collectes de t moignages qui portaient sur le pr sent l avenir et les aspirations des habitants Cette cr ation s est construite en troite collaboration avec un auteur Yves Reynaud qui au fur et mesure des t moignages recueillis et des rencontres laborait des sc nes filtrait la r alit afin de lui donner une dimension th trale Un lieu d change Tout au long de cette residence nous avons mis en place des veill es Les Aspirat heures Elles nous ont servi recueillir aspirer des temoignages des points de vues des anecdotes les aspirations des habitants Ces soirees s articulaient autour de lectures de chansons d esquisses de scenes qui avaient pour sujet des th mes vari s le voisinage le travail la modernit la solitude Ces divers mat riaux taient des r actifs le pr lude des changes Ils taient des d clencheurs de paroles Les t moignages recueillis lors de ces soir es venaient leur tour inspirer nourrir les rencontres suivantes donnaient lieu de nouvelles esquisses Ces Aspirat heures ont permis au public d appr hender de comprendre le processus de cr ation le frottement entre r alit et fiction de s inscrire dans une d marche artistique De la r alit d un quartier la fiction d une criture Le spectacle est n de

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