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ARTICULER L`ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE À L
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1. L enseignant effectue ensuite un rappel des connaissances sur les caract ristiques de la narration du dialogue de la description La classe s entend sur le fait que la s quence narrative consiste en une histoire c est dire une suite d v nements au cours desquels des personnages tentent de r ussir quelque chose La s quence narrative a une structure prototypique qu on peut normalement reconstruire partir de n importe quelle histoire le sch ma narratif une situation initiale voit son quilibre bris par un v nement qui perturbe le cours des choses les personnages sont alors impliqu s dans une s rie d actions 83 Entr e en mati re sugg r e par Doucey 1995 121 ou d v nements qui se solderont par un d nouement heureux ou malheureux et ventuellement un nouvel tat d quilibre situation finale La classe s entend aussi sur le fait qu un dialogue est un change de paroles entre personnages dont le discours est rapport directement Quant la s quence descriptive elle consiste en la pr sentation du quoi ou du comment d une chose on fait voir cette r alit en pr sentant ses caract ristiques le sujet de la description peut tre divis en parties ou aspects Les l ves du premier cycle n tudient pas syst matiquement l argumentation Ils sont toutefois capables de dire qu argumenter consiste tenter de convaincre quelqu un d adopter la m me position
2. la notion d absurde 173 14 1 La lucidit devant le monde le nihilisme de Meursault 174 14 2 L authenticit devant le th tre social ss 175 14 3 Imaginer Sisioheheureux sss ne anna in ne niet 179 EN PLUS sssrserrsessesenutnineraiessenreeseneneniraeeisrennnenes nier 181 La question complexe de la valeur des temps le pass compos dans L Etranger 181 CONCLUSION DE LA S QUENCE kea nn de ea denses 187 CONCLUSION rss sr ne nn ed nn set are ie rie de eos tait sta 188 R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES sesssssesssssoosssesoessssoosesssooosssseessssooossseoss 191 ANNEXES niea ai ana RU AN Re nn sd 205 PUR Sp CA A NE OT NT A 206 ATOS es ER Re ie SENS An fe us SL 212 INTRODUCTION Le pr sent m moire est le r sultat d une r flexion qui tait en germe depuis plusieurs ann es Si je suis entr e la maitrise c est parce qu une r flexion plus approfondie me semblait devenue n cessaire puisque j prouvais d sormais une insatisfaction personnelle et professionnelle profonde dont la br ve r trospective qui suit retrace les origines J ai entre autres t amen e l enseignement du fran ais au secondaire apr s avoir fait au secondaire l exp rience d un enseignement litt raire marquant prodigu par un enseignant qui le f t tout autant Depuis l enfance j prouvais un amour pour les arts en g n ral et pou
3. BIEN ENTENDU IL PREND LE NUM RO DE LA CIGALE FUT UN SUCC S ET UNE BELLE LA CIGALE PUT ACHE 50 C EST NORMAL MOI PRODIGIEUR se o R USSITE FINANCI RE TER LN CIGARE QU ELLE QUI NE SUIS QUE TON MA an FUMA EN SONGEANT AU NAGER JE ME CONTENTE X TZ nE TA PART MODESTEMENT DE 40 SNA EH o J en W MAIS TIENS TOI BIEN dr IX AI BIEN BAV TOUT LE RESTE EST I jr POLR TOI TENS X C EST TROP BEAU SIGNE LA POUR TRE VRAI PAS TOUJOURS T CHICS AVEC MOI mm J EN SAIS QUELQUE CHOSE JE SUIS LE PRODUCTEUR DE TON SPECTACLE ALORS LA CIGALE A A L AIR D ALLER PARFAITEMENT QUE A VA ET C EST PAS DEMAIN LA VEILLE QUE JE RE VIENDRAI CRIER FAMINE ALPR S DE VOUS PARCE QUE J AIME MIEUX VOUS DIRE QUE J AI TROLV DES VRAIS AMIS OUI UN MANAGER QUI 5 0C CUPE DE MOI ONI ET UN CHIC PRODUCTEUR QUI TENEX QUAND JE JE MWEN VAIS LUI MONTRER REPENSE CETE MOI QU ON PEUT S ACHETER FOURMI QUI NE MA UN CIGRRE M ME AVEC UN M ME PAS PR T LN TRAVAIL D ARTISTE JE VAIS 801 QUAND J TAIS LA FAIRE BISQUER TIENS DANS L EMBARRAS 3 Source Gotlib 1970 Rubrique braque pp 70 71 212 ANNEXE II DEUX SOURCES DE LA FONTAINE SOPE ET PH DRE LE CORBEAU ET LE RENARD sope Un corbeau ayant vol un morceau de viande s tait perch sur un arbre Un renard laper ut et voulant se rendre ma tre de la viande
4. et de r sumer l essentiel de ces informations en 150 mots les d tails sont inutiles puisqu apr s tout c est La Fontaine qui int resse la classe Par exemple Esope est un abiliste grec d origine orientale gui aurait v cu audottr dec VI si cle wart T C On le consid re corme le p re de la fable Pora on sait gtt y avait des fables en Gr ce avan lei Cnotanmment chez W siode Sa vie est l gendaire On di ge VZ aurait t un esclare laid Leossu citeux et gete PIAS Tr s irel liger Son relligence LLE attrait perrrs de Se faire afftanchir et de vivre aupr s d hommes puissants C est souvent en racontant des fables et des nigmes g YZ Se Serait Sorli des MANAS PAS ALi COUS de Sa vie pigeee WE Serat mort Delphes THUE par les citoyens L origine des ables ge l on attribue Esope Ss chelonne sur dix si cles elles n ont donc Pas put re Tleoutes crites par Ce Selil atuitettr Tous les fh slistes g l ont suivi Se Sont tont de m me r clam s de deii Ph dre est un fabreiliste datin d origine dArace gui aurait Aussi ELE esclave C Kome PS affranchi Cpar l empereur Auguste I v cu entre i5 et bO aprreximativement LI crit i23 ables envers lains partir des fables secpiques en prose Soup eonn d lavoir inclus des critiques politiques dans certaines de ses fables il t exil pendant plusiestrs ann es ZI n a pas conne la renomm e Son pegue et
5. notre avis travailler sur une s lection de nouvelles tir es d un recueil sur un sous recueil ou un livre tir d une uvre po tique voire sur un po me ou une chanson qui forment en eux m mes des touts relativement autonomes ne contrevient pas au principe L id e est de ne pas centrer le travail sur des extraits d contextualis s extraits d un roman d une pi ce de th tre d une nouvelle etc Cela dit les extraits litt raires ne doivent pas pour autant tre bannis de la classe de fran ais Ils peuvent par exemple figurer dans un r seau de textes construit par l enseignant autour d une uvre pour l clairer 80 tendance identifier enseignement litt raire et enseignement de l histoire litt raire Rosier 2002 La langue et la litt rature en tant que composantes de la discipline fran ais prennent donc pour nous une certaine extension et le portrait que nous en faisons n est pas sans rappeler les deux zones la fois ind pendantes et interd pendantes que d limitait Simard 1997a dans un texte intitul Dynamique du rapport entre didactique de la langue et didactique de la litt rature Pour ce dernier la zone de la langue inclut les savoirs et les savoir faire qui concernent le d veloppement d un rapport conscient au langage et des capacit s langagi res et donc la connaissance et la maitrise en situation de r ception ou de production de discours du fonctionnem
6. tel point qu elle est par certains consid r e comme une des marques de cette po sie et comme la principale de toutes les licences po tiques Martinon cit dans Aquien 1993 p 161 Ele est d ailleurs souvent la premi re marque de l criture po tique que tentent spontan ment de reproduire les l ves dans leurs pastiches Il est donc int ressant d examiner le m canisme de l inversion avec eux d autant que cette figure peut parfois constituer un obstacle la lecture L inversion stylistique contrairement Pinversion grammaticale par exemple l inversion du sujet est une figure qui bouleverse l ordre canonique des mots dans un nonc et qui ne rel ve pas d une r gle syntaxique mais plut t de la volont de mettre un mot en valeur ou de r soudre un probl me de versification Chez La Fontaire l nversion concerne souvent la place de certaines expansions dans des GN des GV ou des GAdj On sait que l ant position des compl ments est rarement naturelle sauf dans le cas de certains adjectifs dans les GN et de la pronominalisation des compl ments du verbe aussi attire t ele ordinairement facilement l attention des jeunes lecteurs L enseignant demande aux l ves de relire cinq fables Le Loup et le chien Le Corbeau et le renard La Mort et le b cheron Le Loup et l agneau et La Poule aux ufs d or et de tenter d identifier les phrases syntaxiques dans lesquelles l ordre des mots n
7. dessein un genre mineur oppose des vers de longueur in gale qui donnent au r cit un rythme plus sautillant changeant spontan Pourtant la longueur des vers est bien r fl chie chez La Fontaine sa m trique sous son 125 apparence de facilit pr sente une structure tout fait raisonn e et c est ce qu il est int ressant de d couvrir L enseignant revient sur le compte des syllabes eff ctu pr c demment dans La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le b uf pour rappeler aux l ves que le compte n tait pas toujours le m me Il demande aux l ves de reprendre les fables qui viennent d tre analys es et de compter les syllabes des vers qui constituent les morales Un Tiens vaut ce dit on mieux que deux Tu l auras En toute chose il faut consid rer la faim La raison du plus fort est toujours la meilleure Ces derniers devraient arriver au compte de douze les morales sont donc r guli rement formul es en alexandrins le vers des genres nobles ample et sym trique qui leur conf re un ton plus sentencieux L enseignant invite ensuite les l ves s int resser aux paroles qu changent le loup et l agneau ils les aide d couvrir qu aux menaces graves et emphatiques du puissant loup formul es en alexandrins Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage Tu seras chati de ta t m rit s opposent les innocentes r pliques de l agneau majoritairement en o
8. il serait dangereux que les l ves s imaginent que nous professeurs nous leur donnons tudier La Fontaine parce qu il a raison et que nous adh rons ce qu il prescrit ou feint de prescrire comme conduite tenir Cauterman Darras et Vanseveren 2007 p 67 On peut tre en d saccord mais il faut apprendre se justifier Cette position didactique nous semble tre la plus fructueuse pour faire r fl chir les l ves 3 Certains peuvent donner raison la fourmi elle est vaillante la cigale aurait d tre plus pr voyante et m rite sa le on d autres la cigale la fourmi est cruelle avare et go ste de refuser aum ne quelqu un dans le besoin certains peuvent croire plus raisonnable la servitude volontaire du chien il faut bien travailler pour manger tout le monde a un patron etc la vie de boh me du loup et vice versa la libert est le plus grand des biens 24 Cette r action possible qui avait t observ e en classe de sixi me par Cauterman Darras et Vanseveren 2007 a t imm diate et spontan e dans notre classe de premi re secondaire 134 11 Instruire sans d plaire Comme nous l avons mentionn pr c demment aux morales pr ceptes se m lent des morales qui rel vent plut t du constat sur l tat du monde Celles ci rec lent souvent une critique de l auteur sur sa soci t et sur le r gime politique en place Les Fables auraient eles donc aussi une d
9. l avance un fond documentaire structur r pondant un mod le unique nous avons tout de m me cherch former un corpus la fois riche et pertinent qui r pondait certains principes Ce corpus ne correspond pas un seul des mod les identifi s par Vander Maren 1995 mais en combine deux il est en effet la fois intertextuel et contrast Il est intertextuel dans la mesure o il regroupe des nonc s produits par plusieurs auteurs sur un th me donn s adressant des lecteurs diff rents dans des situations diff rentes p 135 Le lectorat vis par notre corpus en efft tr s vari didacticiens hommes de lettres linguistiques enseignants tudiants autant que les supports revues scientifiques professionnelles monographies etc Par ailleurs ce corpus peut aussi tre 34 qualifi de contrast dans la mesure o il est en partie constitu d nonc s provenant d auteurs qui ont des options des pr conceptions des points de vue diff rents propos d une notion ibid p 136 Nous avons dit que nous concevions en partie notre t che comme celle de faire dialoguer des points de vue qui se rencontrent rarement par exemple celui des chercheurs issus des sciences du langage et des chercheurs issus des tudes litt raires pour l enseignement du fran ais C est en cela que nous avons cru n cessaire de constituer un corpus contrast La combinaison nous semble fconde
10. l ironie la syllepse la m taphore la p riphrase l hyperbole et l euph misme sont les formes mentionn es et de la versification 1 Ces divers domaines ou ces diverses grammaires sont en fait pr sent s comme diff rentes approches lalouf 2001 Tomassone 2003 linguistiques ou diff rents niveaux Renvois 2008 d analyse qu on peut convoquer pour l tude d un m me fait de langue Autrement dit une m me production langagi re peut tre soumise plusieurs approches linguistiques qui chacune ont leur sp cificit et chacune construisent leur objet lalouf 2001 p 45 C est pourquoi ci devant l tude d un fait de langue dans une contribution nous a conduite placer un objet dans plusieurs cat gories Par exemple Tomassone sugg re de ne pas tudier les pronoms personnels exclusivement dans le cadre 35 Les chiffres entre parenth ses indiqueront d sormais le nombre de mentions relatives au domaine cit Les propositions peuvent tre plus ou moins pr cises plusieurs sont vasives les objets d analyse exacts et les modalit s du travail grammatical n tant pas pr cis s 57 d une approche phrastique mais de montrer qu ils sont tant t anaphoriques approche textuelle tant t li s aux marques nonciatives approche discursive Pour l tude des reprises lalouf montre qu il faudrait convoquer la fis l approche lexicale synonymie et hyperony
11. uvres phares de notre culture litt raire et de la litt rature d expression fran aise L es programmes d tudes ne jugent pas n cessaire l acquisition de connaissances organis es sur la litt rature De 1967 1995 l enseignement des textes litt raires n avait pas plus de place que celui des textes dits courants articles de journaux consignes de jeux recettes etc ni m me une place sp cifique dans l enseignement du fran ais au secondaire Chartrand 2005 p 171 172 Le programme de fran ais de 1980 MEQ 1980 1981 s inscrivait de plain pied dans cette remise en cause de l enseignement de la litt rature ce programme qui comme nous l avons mentionn tait marqu par une approche instrumentale de l enseignement du fran ais tait organis autour de discours On y retrouvait des discours narratifs avec la mention de plusieurs genres mais sans hi rarchisation Le roman le th tre la po sie taient des exemples parmi d autres en minorit par rapport aux discours fonctionnels et plac s sur le m me pied que le mode d emploi ou la r gle de jeu Le programme de 1995 MEQ 1995 t moignait quant lui d une certaine r habilitation de la litt rature On y prescrivait la lecture de quatre uvres litt raires compl tes par ann e par l ve Ces uvres devaient tre issues du patrimoine litt raire de la francophonie dans une proportion de 80 et leur lecture s organiser
12. 2001 Fables de La Fontaine illustr R Dautremer Paris Magnard Magnard jeunesse LA FONTAINE J 2005 Fables Paris Hachette Le livre de poche jeunesse LA FONTAINE J 2007 Fables Paris Larousse Petits classiques LA FONTAINE J 2008 Fables de La Fontaine ilustr F Pilot Paris Milan Milan poche cadet LA FONTAINE J 2009 Fables choisies Paris Gallimard Jeunesse Folio junior LANGLADE G 2000a Statuts des savoirs en didactique des textes litt raires et formation des enseignants Dans G Langlade amp M J Fourtanier dir Enseigner la litt rature pp 155 169 Paris Delagrave CRDP Midi Pyr n es LANGLADE G 2000b La lecture litt raire savoirs r flexion et sentiments Dans Actes du s minaire national de Paris Perspectives actuelles de l enseignement du fran ais Paris Minist re de l ducation nationale LANGLADE G 2010 Opacit linguistique r sistance stylistique et lecture des uvres Dans Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 192 198 C d roml Gen ve Universit de Gen ve LANGLADE G amp FOURTANIER M J 2007 La question du sujet lecteur en didactique de la lecture litt raire Dans Falardeau C Fischer C Simard amp
13. Cela permettra de prendre conscience de la post rit de cette uvre et de son importance pour le d chiffrage du monde culturel et m diatique contemporam Cette d marche est pertinente dans la mesure o les l ves comme tous les lecteurs lisent partir de ce qu ils sont elle permet donc d ancrer le travail dans leurs propres r f rences culturelles la faveur d une p riode de lecture les l ves se voient remettre un dossier contenant divers documents contemporains faisant r f rence de fa on explicite une fable de La Fontaine cf Annexe TI 6 Canvat et Vandendorpe 1993 ainsi que Canvat Coll s et Dufays 2006 sugg rent pour d couvrir la place de La Fontaine dans la culture des l ves de r colter une citation par l ve cependant comme les Fables n ont pas toujours conserv la m me place dans la scolarit primaire au Qu bec qu en Europe nous sugg rons un questionnement plus ouvert Cependant nous ne suivrons pas comme eux un parcours lin aire allant de l aval l amont Nous proc derons plut t par oscillations 105 Une r criture sous forme de bande dessin e La Cigale et la fourmi deux planches du b d iste Gotlib S Une r criture exp rimentale La Cimaise et la fraction r criture de R Queneau selon la m thode oulipienne S 7 Deux r critures jeunesse tir es de la litt rature de jeunesse qu b coise un extrait du Gran
14. celle ci n appartient pas qu ceux qui en sont devenus des sp cialistes tout locuteur pense pouvoir l gitimement et c est peut tre vrai se prononcer sur la langue et sur son enseignement Comme l crivait Chiss L enseignement en g n ral la langue et l enseignement de la langue du fran ais ici font partie des sujets de discussion circulants dans le corps social Il y a une naturalit du discours sur la langue o la n cessit du recours au sp cialiste apparait moins imm diate que dans le domaine des math matiques des sciences physiques ou naturelles Ce domaine semble par d finition partag Chiss 2007 p 12 Pourtant pour penser l enseignement de la langue dans une perspective didactique et faire des propositions susceptibles d tre reconnues comme valides sur le plan scientifique il nous faut avant toute chose d finir la langue comme concept Nous dirons donc que la langue en tant que concept peut tre d finie en r f rence aux apports de la linguistique structurale auxquelles nous croyons essentiel d adjomdre des consid rations culturelles En reprenant notre compte la distinction tablie par Saussure 1916 entre langue et parole ou discours nous consid rons que la langue est un syst me virtuel qui existe l ext rieur de lndividu singulier qui l utilise et qui n cessite d tre appris de signes arbitraires 64 articulant un signifiant et un signifi
15. dans ses pr occupations Rosier 2002 apr s avoir subi les effets d une longue minorisation du litt raire dans sJes recherches Daunay 2007a p 148 au profit des m tadiscours fonctionnels et linguistiques Rosier amp Dufays 2003 C est ce que constatait Simard entre autres en 1997 l inverse de la tradition scolaire qui avait attribu la litt rature un r le pr pond rant la didactique du fran ais langue maternelle dor navant DFLM s est constitu e ces vingt derni res ann es plus en fonction de la langue quede la litt rature La sous estimation de la question litt raire est patente la lecture de l important r pertoire bibliographique des recherches en DFLM produit par l quipe de Gilles Gagn On peut expliquer cette d saffection vis vis du litt raire d abord par l ascendant qu a exerc durantles ann es 1975 1985 l approche fonctionnelle connue aussi sous le nom de p dagogie de la communication Le courant fonctionnel proc dait en effet d une conception avant tout mstrumentale de l enseignement apprentissage de la langue le but ultime tant d amener les l ves communiquer efficacement l oral et l crit Simard 1997a p 197 La didactique comme l cole aurait donc remis en cause au moins pour un temps l importance de la litt rature dans l enseignement du fran ais 4 2 L importance de la litt rature Pourtant parmi les objets cul
16. diverses composantes et de la progression des apprentissages au sein de la discipline Il est donc possible pour mettre en place un enseignement d cloisonn tout en limitant les risques de non progression notamment en grammaire de partir parfois des savoirs langagiers pour choisir les supports des activit s langagi res Mais ce faisant ne court on pas un nouveau risque En eff t s il faut avouer qu il n est pas toujours possible de partir des caract ristiques des textes lire ou crire pour s lectionner les objets d tude d ordre langagier pertinents ou n cessaires pour les l ves il faut aussi admettre qu il y aura parfois comme nous le mentionnions dans la critique des propositions recens es le danger d imstrumentaliser les textes L instrumentalisation des textes est en eff t un autre risque associ au d cloisonnement selon Bilodeau 2005 qui craint que ceux ci ne deviennent dans les faits que des pr textes l tude de la langue et non plus des objets d apprentissage dont on consid re l int r t culturel Cette crainte semble l gitim e par certaines observations Par exemple lalouf et P ret 2009 font tat d une enqu te sur les pratiques enseignantes au secondaire men e dans des coll ges fran ais en 2007 gr ce au concours de l inspection des Lettres de l acad mie de Versailles Des mspectrices ont rapport ce qu elles ont observ l occasion de s ances d observation
17. enseignement de la langue et de l enseignement de la litt rature au secondaire et quels sont leurs pr suppos s th oriques e Quel mode d articulation de ces composantes semble le plus prometteur et pourquoi 35 e la lumi re de ces consid rations th oriques quelles pistes didactiques pourrions nous sugg rer Cette question permettait de faire surgir des l ments susceptibles d entrer dans l laboration de la partie pratique du m moire et de s assurer que celle ci soit ancr e dans les bases th oriques d velopp es Il nous a sembl n cessaire de proc der dans un premier temps la d finition des concepts en jeu pour d gager certaines implications de l enseignement de la langue et de la litt rature Ce n est que dans un deuxi me temps que nous avons pu construire notre mod le d articulation en adaptant et en compl tant un mod le existant celui de Chartrand et Boivin 2004 d marche inf rentielle 5 Sugg rer des pistes didactiques la conception de deux s quences didactiques Une fois les fondations th oriques con ues il devenait possible de sugg rer des pistes didactiques dont les assises taient valid es th oriquement pour l articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature au secondaire L analyse des propositions concr tes et des crits th oriques nous a amen e choisir la s quence didactique comme cadre de travail Nous avons do
18. l ves Camus choisit il d crire des phrases si courtes et simples parce qu il est incapable de construire des phrases plus complexes comme Gabrielle Roy ou si c est un choix d lib r qu il fait dans le but de produire un certain effet L enseignant peut mentionner que dans d autres uvres Camus comme le rappelle Sartre 1947 a un autre style un style de c r monie p 105 Il a donc fait en toute conscience dans L tranger des choix esth tiques qui servaient son propos comme il l a lui m me affirm et qui plus est des choix importants pour comprendre l volution du genre romanesque au XX si cle cf note 104 8 6 R criture cr ative L enseignant effectue un retour sur les insertions crites pr c demment par les l ves En pl ni re il les am ne identifier dans la perspective de produire la meilleure imitation possible les bonnes intuitions qu ils avaient pu avoir et ce qui leur avis pourrait tre am lior En guise d activit de r mvestissement il leur demande de r crire leur texte la lumi re des caract ristiques du texte de Camus mises au jour par les analyses Ce travail de r criture fra l objet de r visions et de corrections o chacun pourra recourir l aide d un pair Cela demandera aux l ves selon le cas de repenser la caract risation de leurs personnages de recr er le point de vue particulier du narrateur de L tranger de limiter
19. l ves mais aussi de sa pertinence pour leur d veloppement culturel En accord avec l acception patrimoniale de la culture l cole Forquin 1989 nous avons donc s lectionn deux uvres qui ont t marquantes dans l histoire litt raire deux uvres qui ont d j leur place dans la tradition scolaire et ont donc contribu forger la vision du monde de g n rations d l ves les Fables de La Fontaine et L tranger de Camus Nous avons choisi deux uvres du patrimoine francophone en raison de l attention accord e aux choix lexicaux syntaxiques et stylistiques des auteurs 25 Nous justifions plus longuement le choix de l uvre au d but de chaque s quence 38 La conception des s quences n cessitait le recours un corpus plus large que la section th orique par d finition trop g n ral et l uvre tudi e Pour adapter la d marche un objet pr cis nous avons r uni des ouvrages sp cialis s tant t parce qu ils aborda ient l uvre tudi e tant t parce qu ils traitaient d une notion ou d un concept autour duquel nous souhaitions faire travailler les l ves dans le cadre de la s quence Ces textes taient issus tant des tudes litt raires de la linguistique que de la didactique du fran ais cf infra et jetaient tous des clairages diff rents sur les uvres ou les notions abord es Le corpus constitu pour la conception des s quences tait donc nouveau multidisci
20. mises l preuve avec bonheur depuis un bon moment ici au Qu bec et en Europe Chartrand 1996 p 49 Les auteurs de l ouvrage prennent tous parti pour la grammaire r nov e et font mesurer les cons quences de ce choix pour la classe de fran ais dont le renouv lement des d marches d enseignement parce qu il s agit d sormais de faire comprendre les grandes 70 r gularit s du fonctionnement de la langue en faisant appel aux capacit s d observation d exp rimentation de raisonnement et d argumentation des l ves Chartrand 1996 p 203 ils d crivent des d marches inductives et progressives Genevay 1996 ou des d marches actives de d couverte Chartrand 1996 qui am nent les l ves manipuler d construire et reconstruire des structures langagi res pour les comprendre et y r fl chir Cela implique bien entendu de reconnaitre le r le important que joue l l ve dans son apprentissage mais ne demande en rien de minimiser le r le de l enseignant Au contraire la fois organisateur entraineur m diateur guide celui ci doit adopter un esprit d ouverture et de recherche et avoir des connaissances aussi solides qu examin es sur la langue car il m ne sans filet une d marche exigeante au cours de laquelle les r ponses et les r flexions les plus diverses peuvent maner de la classe sur toutes les structures de la langue Chartrand 1996 C est exac
21. partir duquel penser les productions litt raires n cessairement prot iformes et les guider sur la voie de linvestissement subjectif de l attention esth tique Dumortier 2001 Dispy 2006 Dispy amp Dumortier 2009 et de la construction du sens Dans cette perspective selon les auteurs retenus lors de l exploration documentaire l uvre litt raire fiction po sie ou essai est aussi un texte singulier qui fait un usage singulier de la langue notamment Porcar 2000 Chabanne 2010 Colognesi et Deschepper 2010 et o se d ploie une intention artisque Dispy 2006 et 2010 Dispy et Dumortier 2009 Van Beveren 2010 Renaud 2010 dont certaines manifestations font l int r t particulier id En somme nous retenons du mod le de Chartrand et Boivin 2004 les l ments suivants 1 L esprit de son approche syst mique parce qu il engage consid rer la r alit de l enseignement de la langue et des textes dans sa globalit organis e dans sa complexit comme un syst me Chartrand 1995 et incite donc prendre en compte tous les aspects du probl me objets d enseignement l ves enseignants institutions attentes sociales 2 L int r t pour les d marches actives et euristiques parce qu il concorde avec notre vision de l enseignement de la langue et de la litt rature 3 Le cadre organisateur que constitue la s quence didactique entendue comme un ensem
22. qu il y avait de me disaient ils Je le rapporterais ma m re Et elle en serait jamais r jouie Combien de temps avait donc pass depuis cette d un BB qui toujours osalla cure lexlaton L plus cnivrante peine plus de ans ct et void qu en soir de juin Montr al peine quitt lanc dans la nuit chaque tour de roue E de la m me phrase impitoyablement sand e Ta m re est motte Ta m re est morte Ou bien il me faisait moi m me me le dire sur un ton pareillement sand Maman est morte Et je n arrivais pas encore malgr tout le croire tout fait tout au fond de VE Pourquoi maman serait elle morte avant que je maie eu le temps de lui rapporter la raison d tre fi re de moi que j tais all e RS lui chercher au prix de tant d efforts Elle si patiente omment ne pa ui m avait manqu eu de temps Si peu de temps pourtant pas si malade P t pass alors que revenant de mon voyage de reportages dans Ouest canadien et jusqu au tron n que javais pu aller voir de la route de l Alaska je m tais arr t e aupr s d elle pour quelques jours Si pourtant Il y avait eu cet inddent qui m inqui ter si j avais e t un un peu moins prise par mes propres pr ocupations Comme nous causions ensemble un soir elle assise dans sa chaise ber ante moi allong e c t sur un sofa elle m avait tout coup demand Veux tu changer de pla avec moi me laisser le sofa pour
23. syntaxe texte discours Chartrand 2011 Cependant ce programme a eu peu de temps pour transformer les pratiques quelques ann es apr s son implantation le syst me scolaire qu b cois tait nouveau secou par une nouvelle r forme qui allait tre accompagn e par une autre refonte des programmes Le nouveau Programme de formation de l cole qu b coise MELS 2003 2007 reconduit les prescriptions du programme de 1995 pour l enseignement grammatical sans toutefois les inscrire dans une progression des apprentissages ce qui n en facilite pas lop rationnalisation Par ailleurs on constate que le travail sur la langue est pr sent dans une perspective instrumentale bien que relativement cloisonn e Chartrand 2011 p 49 et qu une d finition exclusivement r f rentiel et utilitariste de la langue con ue comme un outil de communication et un v hicule d apprentissage au service de toutes les disciplines Chartrand 2005 p 173 pr vaut dans la premi re mouture du programme con ue pour le primaire Une importante recherche en cours l Universit Laval la recherche LEF montre par ailleurs que les divers changements de perspective dans les programmes ont eu peu de r percussions dans les pratiques qui se sont maintenues jusqu aujourd hui avec une LEF tat des lieux de l enseignement du fran ais dirig e par S G Chartrand assist e par M A Lord est une recherc
24. tapes du processus creusant l cart entre l objet et le savoir d origme qui est r interpr t modifi selon d imnombrables variations le processus est donc aussi fondamentalement opaque Halt 1992 La notion de transposition didactique a fait l objet de critiques acerbes Les critiques concernent souvent selon Schneuwly 2005 le fait que la transposition didactique suppose que ne sont enseignables que des savoirs issus de disciplines universitaires alors que l cole la discipline fran ais en particulier est aussi charg e de faire acqu rir des savoir faire des mani res d tre et d agr et des savoirs issus de pratiques sociales de r f rence et non seulement des disciplines savantes Schneuwly enjont de reconnaitre que les pratiques sociales de r f rence pour ne nommer qu elles ne peuvent devenir telles quelles des objets d enseignement et qu elles doivent d une fa on ou d une autre tre mod lis es pour entrer dans la classe Toujours selon Schneuwly 2005 une autre critique courante concernant la transposition didactique est que cette notion con ue pour d crire la scolarisation des savoirs en math matiques ne s applique pas la discipline fran ais disciplne composite qui puise de multiples r f rents th oriques Pourtant que la discipline m re soit une ou multiple la question de la n cessaire et difficile s lection des savoirs savants jug s pertinents pour l ensei
25. th mes qui se sont impos s par la r currence de leur apparition dans les crits analys s et 32 l insistance des auteurs sur leur importance la s quence didactique l observation r fl chie de la langue l criture d invention et l approche adopt e par rapport la norme 3 4 La critique des donn es Selon Van der Maren 1995 l analyse critique a pour fin d valuer un ensemble d nonc s th oriques afin de mettre en vidence ses lacunes ses contradictions ses paradoxes ses conditions ses pr suppos s ses implications et ses cons quences la plupart du temps non dites par les premiers auteurs p 146 La r colte et la description des donn es nous a en eff t permis de constater qu aucun mod le coh rent d articulation n tait propos et que si plusieurs pistes apparaissaient prometteuses les propositions pr sentaient certains l ments contestables ou lacunaires Il nous a donc sembl n cessaire de faire ressortir les insuffisances de ces propositions avant de proposer des am liorations des reformulations des compl ments qui leur permettraient de paraitre plus r sistante s sur le plan logique id Cette tape qui constitue un des objectifs de l analyse critique id constitue l tape suivante cf section 4 Selon Van der Maren 1995 l un des pi ges de l analyse critique est de ne pr senter pour mieux faire ressortir les lacunes que des extraits caricaturaux o
26. 1954 L tranger Texte int gral enregistr par Albert Camus en avril 1954 3CD audio Fr meaux amp associ s distribution CAMUS A 1964 Carnets II Janvier 1942 mars 1951 Paris Gallimard CANA VEILLES C 2001 La Progression dans les apprentissages grammaticaux au coll ge Le Fran ais aujourd hui 135 73 76 CANELAS TREVISI S 2009 La Grammaire enseign e en classe Le sens des objets et des manipulations Berne Peter Lang CANVAT K amp VANDENDORPE C 1993 La Fable Vade mecum du professeur de fran ais Bruxelles Didier Hatier S quences CANVAT K amp VANDENDORPE C 1996 La fable comme genre essai de construction s miotique Pratiques 91 27 55 CANVAT K COLLES L amp DUFAYS J L 2006 La Fontaine aujourd hui Des parcours pour lire dire r crire les Fables en classe de fran ais Namur Presses universitaires de Namur Diptyque CAUTERMAN M M amp DAUNAY B 2008 Miscellan es grammaticales Recherches 48 25 43 CAUTERMAN M M DARRAS F amp VANSEVEREN M P 2007 La Fontaine en sixi me Recherches 46 53 69 CHABANNE J C 2010 Tu vas dans le texte et tu rel ves les mots Enseigner la litt rature dans le souci du lexique Entre grammaire style et attention au texte Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs
27. 2007 que sont la lecture l criture et l oral En effet si d une part comme nous Pavons dit la reconstruction du syst me de la langue ne peut se faire que par l tude de productions langagi res effectives dans lesquelles elle s actualise et si d autre part enseigner une langue c est aussi conduire vers sa maitrise dans des situations de production et de r ception il faut reconnaitre comme le fait Dumortier la suite de Grosmann et Manesse que l enseignement de la langue qu on le nomme grammaire ou observation r fl chie de la langue n est pas ind pendant des pratiques langagi res Dumortier 2006 p 85 note 6 Que l enseignement de la langue soit ouvert sur les pratiques langagi res ne signifie pas toutefois qu il soit totalement au service du d veloppement des capacit s langagi res En d autres termes il n est pas qu instrumental La langue nous l avons dit n est pas qu un outil de communication elle est aussi un objet culturel Pour cette raison nous soutenons la suite de Simard et al 2010 que l enjeu de l enseignement de la langue est double la fois fonctionnel et culturel Sur le plan fonctionnel il vise le d veloppement des capacit s langagi res sur le plan culturel il vise le d veloppement d une conscience m talinguistique d un rapport distanci au langage et d une culture g n rale largie par la connaissance du fonctionnement interne
28. 49 54 62 68 69 107 113 176 183 mais aussi Je lui ai r pondu que naturellement il m tait arriv de souhaiter une autre vie mais cela n avait pas plus d importance que de souhaiter d tre riche de nager tr s vite ou d avoir une bouche mieux faite C tait du m me ordre p 181 e Toutes les fois o les petits nconforts physiques prennent autant voire plus d importance chez Meursault que la souffrance morale le jour de l enterrement le jour du meurtre lors du proc s etc Meursault en t moigne d ailleurs lui m me je lui ai expliqu que j avais une nature telle que mes besoins physiques d rangeaient mes sentiments p 102 e L indiff rence je m ouvrais pour la premi re fois la tendre indiff rence du monde De l prouver si pareil moi si fraternel enfin p 185 e L abondance de d tails apparemment inutiles l avancement de l histoire rapport s sans tri o Portraits de personnages qui n interviennent pas proprement parler dans l intrigue Par exemple la petite automate o Transcription litt rale discours direct des d tails de conversations triviales Par exemple Je lui ai dit Comment Il a r p t en montrant le ciel a tape J ai dit Oui Un peu apr s il ma demand C est votre m re qui est l J ai encore dit Oui Elle tait vieille Pai r pondu Comme a p 28 o Description de ges
29. Gen ve Universit de Gen ve VAN DER MAREN J M 1995 M thodes de recherche pour l ducation Montr al Les Presses de l Universit de Montr al VANDENDORPE C 1989 Apprendre lire les fables une approche s mio cognitive Longueuil Le Pr ambule VANDENDORPE C 1992 L enseignement de la litt rature aujourd hui La Lettre de la DFLM 10 3 4 VIALA A 1985 Naissance de l crivain sociologie de la litt rature l ge classique Paris Editions de Minuit VRYDAGHS D 2010 Coordonner l apprentissage de l interpr tation et celui de la langue L exemple des romans m tas miotiques Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 264 267 C d rom Gen ve Universit de Gen ve WILMET M 2007 Grammaire critique du fran ais Bruxelles De Boeck VERL S P 1996 La lecture litt raire et le grain de la voix Dans J L Dufays L Gemenne amp D Ledur dir Pour une lecture litt raire 2 Bilan et confrontations pp 101 108 Bruxelles De Boeck 204 ANNEXES 205 206 ANNEXE I DES REPRISES CONTEMPORAINES DE LA FONTAINE La Cimaise et la Fraction La cimaise ayant chaperonn Tout l ternueur Se tuba fort d purative Quand la bixac e fut verdie Pas un sexu p trographique mor
30. Larat 2005 Cauterman amp Daunay 2008 le crit re des particularit s ou singularit s Colognesi amp Deschepper 2010 Dispy 2006 et 2010 Dispy amp Dumortier 2009 Van Beveren 2010 Renaud 2010 Lusetti 2008 Porcar 2000 Chabanne 2010 et le crit re des obstacles ou des difficult s de lecture Gaudin Inisan et Tourigny 2001 Richard amp Lecavalier Par ailleurs notre mod le tant un mod le d articulation dans lequel les composantes conservent une autonomie relative et donc leurs sp cificit s il int gre les d marches et les contenus propres l enseignement de la langue ef l enseignement de la litt rature tels que nous les avons d finis d une part les d marches et les contenus propres la grammaire r nov e aussi pr conis s par Chartrand et Boivin ainsi que la reconnaissance de la double vis e fonctionnelle et culturelle de l enseignement de la langue d autre part la formation du sujet lecteur ce qui inclut l attention aux obstacles la lecture et aux lectures subjectives les connaissances li es la litt rature ses dimensions esth tique sociale historique intertextuelle lecturale susceptibles d clairer le texte la dialectique entre participation et distanciation ainsi que l uvre compl te L interaction lecture criture reste pr sente dans notre mod le mais elle int gre l criture cr ative Il s agit en somme de favoriser la compr hension du s
31. Lever tramway quatre heures de bureau ou d usine repas tramway quatre heures de travail repas sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le m me rythme cette route se suit ais ment la plupart du temps Un jour seulement le pourquoi s l ve et tout commence dans cette lassitude teint e d tonnement Commence ceci est important La lassitude est la fin des actes d une vie machinale mais elle inaugure en m me temps le mouvement de la conscience Camus 1942b pp 26 29 Camus donne aussi dans Le Mythe un exemple de situation qui pourrait faire prouver ce fameux sentiment Cet exemple de la cloison vitr e constitue une image facie se repr senter une image forte qui pourra aider rendre compte de certains aspects du texte examin s infra L enseignant en fait part aux l ves en s assurant que les l ves comprennent bien l image et en annon ant qu elle leur sera utile lors du travail sur le texte Les hommes aussi secr tent de l inhumain Dans certaines heures de lucidit l aspect m canique de leurs gestes leur pantomime priv e de sens rend stupide tout ce qui les entoure Un homme parle au t l phone derri re une cloison vitr e on ne l entend pas mais on voit sa mimique sans port e on se demande pourquoi il vit Camus 1942b p 31 148 8 Regards sur les personnages la narration et la langue comment Camus fait il prouver au lecteur l
32. Plusieurs contributions posent par ailleurs la question de la norme linguistique 1 1 La s quence didactique Plusieurs textes font la promotion de la s quence didactique dont ils retiennent acception des IO fran aises comme mode d organisation du travail autour d une uvre litt raire permettant de toucher toutes les composantes du fran ais Dans un article intitul Les s quences didactiques en fran ais au coll ge la place de la langue Gaudin Inisan et Tourigny 2001 plaident pour la mise en uvre de cette nouvelle organisation qui oblige d cloisonner les activit s de la classe p 61 en articulant par exemple lecture criture et grammaire autour de l tude d une uvre ou d un genre litt raire Partageant leur inclination pour la s quence Risselin 2007 explique que la logique de projet autour de l tude d un texte ou d une uvre riche permet aux l ves de se mobiliser sur des activit s vari es tout en construisant un fil rouge autour d une probl matique litt raire r elle p 27 Dans ce contexte le cours magistral suivi d applications ou le cours inductif d connect c dent la place une d marche dans laquelle la r flexion sur la langue i e la grammaire devient une aide la production de textes et un outil au service de leur compr hension et de leur interpr tation en situation de r ception d crits Gaudin Inisan et Tourigny 2001 p 6
33. air triste p 55 Le soir Marie est venue me chercher et ma demand si je voulais me marier avec elle J ai dit que cela m tait gal et que nous pourrions le faire si elle le voulait Je lui ai expliqu que cela n avait aucune importance Elle a observ que le mariage tait une chose grave J ai r pondu Non pp 69 70 etc Par ailleurs les questions de l enseignant visent non seulement convoquer l axiologie ou l affectivit des l ves mais veiller leur attention esth tique Dispy 2006 Dispy amp Dumortier 2009 en les amenant s int resser tant ce qui est racont qu la mani re dont cela est racont cela sera approfondi plus loin 146 leur apprennent propos des valeurs des buts ou des d sirs du personnage On peut s attendre ce que les l ves s entendent sur le fait que le personnage ne semble pas viser de but pr cis la lecture du roman en eff t on a l impression de ne pas comprendre ce qui donne un sens la vie de Meursault bien qu il ne semble pas malheureux il n accorde en tout cas aucune importance ce qui donne un sens la vie des autres l amour le mariage l amiti la r ussite professionnelle L enseignant souligne que le groupe touche l pr cis ment au sujet du roman absence de sens ou de but auquel s accrocher pour vivre Les l ves doivent consid rer la possibilit suivante et si la vie n ava
34. al La Courte chelle PORCAR M H 2000 De l usage de la corole lexicale au cycle 3 et en sixi me Le Fran ais aujourd hui 131 110 116 POSLANIEC C amp HOUVYEL C 2000 Activit s de lecture partir de la litt rature de jeunesse Paris Hachette ducation POULIOT S 2007 R crire La cigale et la fourmi Qu bec fran ais 147 12 74 QUENEAU R 1973 La Cimaise et la fraction Dans Oulipo La Litt rature potentielle Paris Gallimard Folio RENAUD Y 2010 Le recours au troisi me terme ou comment associer par l criture l enseignement litt raire et le souci de la langue Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des 201 litt ratures 25 27 mars 2010 pp 236 242 C d rom Gen ve Universit de Gen ve RENVOIS C 2008 Donner sens l activit grammaticale Le Fran ais aujourd hui 162 93 101 REUTER 1990 D finir les biens litt raires Pratiques 67 5 15 REUTER Y 1992 Enseigner la litt rature Recherches 16 55 70 REUTER Y 1996 l ments de r flexion sur la place et les fonctions de la litt rature dans la didactique du fran ais l cole primaire Rep res 13 7 23 REUTER Y 2005 Les enjeux du fran ais questions pour la didactique Recherches 43 2 25 37 RICHARD S 2006 L
35. d rom Qu bec AIRDF DENIZOT N 2003 Exp rimenter le r le de l criture d invention dans l apprentissage du discours indirect libre Recherches 39 97 126 DERONNE C 2010 Quele communication didactique dans la classe de fran ais au service de la complexit litt raire Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 105 110 C d rom Gen ve Universit de Gen ve DEZUTTER O 2005 Quelle culture du livre et de la litt rature dans les classes de fran ais Dans D Biron M Cividini amp J F Desbiens dir La Profession enseignante au temps des r formes pp 525 539 Sherbrooke ditions du CRP DEZUTTER O LARIVI RE I BERGERON M D amp MORISSETTE C 2007 Les pratiques d clar es des enseignants qu b cois dans la s lection et exploitation des uvres compl tes inscrites au programme de lecture des l ves Dans Falardeau C Fischer C Simard amp N Sorin dir La Didactique du fran ais Les voies actuelles de la recherche pp 83 100 Qu bec PUL DisPY M 2006 Questionner sur la lecture du r cit de fiction Enjeux 65 21 44 195 DISPY M 2010 Conjuguer enseignement de la langue et activit s propres l adoption d une posture appropri e la compr hension comme la production d
36. donne un sens sa vie quelle est sa raison de vivre de se lever le matin Quel but poursuit il ou en quoi croit il En lamour en l amiti en largent au bonheur Les l ves sont invit s relever des passages du livre pour tayer leur avis ils sont aid s par l enseignant qui peut attirer leur attention sur certains passages pr cis voir les passages possibles note 103 en demandant aux l ves de les commenter de dire ce qu ils 103 Plusieurs passages sont susceptibles de faire r agir les l ves notamment sur les plans affectif et axiologique parce qu ils remettent en cause l importance d aspects fondamentaux de la vie humaine comme l amour lamour filial l amiti C est un peu pour cela que dans la derni re ann e je n y suis presque plus all visiter ma m re l asile Et aussi parce que cela me prenait mon dimanche sans compter l effort pour aller l autobus prendre des tickets et faire deux heures de route p 12 Jai pens que c tait toujours un dimanche de tir que maman tait maintenant enterr e que j allais reprendre mon travail et que somme toute il n y avait rien de chang p 41 il ma demand encore si je voulais tre son copain J ai dit que a m tait gal il a eu Pair content p 49 Un moment apr s elle ma demand si je l aimais Je lui ai r pondu que cela ne voulait rien dire mais qu il me semblait que non Elle a eu l
37. est l image qui happe l imagnation et se fixe avec elle dans la m moire Comme l crivent Canvat et Vandendorpe 1993 les illustrations fixent une vision de l uvre dans la sensibilit de l enfant et le souvenir qu il gardera plus tard des Fables d pend troitement des images travers lesquelles il les aura lues p 90 Il est donc int ressant de mener un petit travail 8 Pour un parcours historique comment travers l illustration des Fables de La Fontaine l ouvrage incontournable est celui de Bassy 1986 Les fables de La Fontaine Quatre si cles d illustration 131 autour de l image avec les l ves pour tenter de voir en quoi un illustrateur donne d j une interpr tation personnelle d une fable L enseignant projette devant la classe quatre illustrations de La Cigale et la fourmi deux illustrations plus anciennes r alis es par des illustrateurs c l bres de La Fontaine soit J J Grandvile et G Dor et deux illustrations contemporaines r alis es par des ilustrateurs pour la jeunesse reconnus ayant chacun illustr une dition jeunesse des Fables soit Fr d ric Pilot et Rebecca Dautremer Cf Annexe III En pl ni re les l ves doivent comparer les images l aide des pistes d analyse suivantes Comment les personnages sont ils repr sent s animaux ou humains Ces repr sentations sont elles r alistes caricaturales humoristiques L atmosph re
38. l ves pourront confronter dans leurs journaux dialogu s la lecture qu ils en avaient faite individuellement celle qu en livre Camus 3 Premi res r actions dans le journal dialogu Les l ves font bri vement part de leur r action dans leur journal de lecture L criture commence donc avant que ne commence v ritablement la lecture suivie du roman Elle la pr pare en r v lant pour l l ve lui m me et pour son enseignant dans quelle disposition il se lance pr cis ment dans cette lecture Pour alimenter l criture l enseignant pose quelques questions qui sont concevoir comme de simples lanceurs et 143 qui conduiront l l ve tout au long de la s quence s int resser diverses dimensions du texte personnages intrigue axiologie criture etc Questions Quelles sont vos premi res impressions la lecture et l coute de l extrait qui ouvre ce roman Qu est ce qui vous frappe Comment 100 percevez vous le personnage 4 Comparaison de textes Certaines intuitions concernant notamment l criture du roman et lattitude du protagoniste auront merg lors de l criture dans le journal dialogu Pour cristalliser et partager ces intuitions la classe proc de une comparaison de textes L enseignant invite les l ves confronter le d but de L tranger avec les premi res pages du Temps qui m a manqu de Gabrielle Roy Roy 1997 pp 13 15 extrait reprod
39. le conte fait passer le pr cepte avec lui on pourrait m me d finir ou sch matiser la fable la suite de Canvat et Vandendorpe de la fa on suivante Argumentation Narration Dialogue Les s quences descriptives sont plus rares chez les fabulistes peut tre en raison des contraintes li es la bri vet qui impliquent notamment la centration sur l intrigue M me La Fontaine qui m avait pas la r pulsion de ses pr d cesseurs pour le trop d tendue est avare de descriptions m me si on en trouve quelques unes dans ses fables Pour faire d couvrir le caract re composite de la fable aux l ves l enseignant leur demandera de se pencher sur deux ou trois fables parmi Le Renard et le bouc Le Petit Poisson et le p cheur Le Loup et l agneau Il leur demande dans un premier temps d observer la disposition typographique des textes et de dire s ils peuvent identifier diff rentes parties dans le texte Les l ves noteront sans doute le blanc qui s pare les morales de l histoire certains noteront peut tre les tirets indiquant les dialogues Il leur demande ensuite en quoi ces parties se distinguent Les l ves doivent entre autres d terminer si elles sont construites de la m me fa on ils sont entre autres amen s s int resser aux temps verbaux le pr sent de v rit g n rale des morales se distinguant du syst me imparfait pass simple et ou pr sent de narration des r cits
40. les sonorit s les paroles des personnages et la le on que tire l auteur Les l ves pourraient noter par exemple l abondance des discours rapport s directs ou des dialogues chez La Fontaine qui occupent presque l enti ret du r cit dans Le Loup et l agneau ou l opposition entre la prose et le vers etc Comme le font remarquer Canvat Coll s et Dufays 2006 les fables d sope sont simples et claires voire s ches Canvat et Vandendorpe 1993 elles font usage d un vocabulaire plus quotidien d notatif on n y rencontre pas de figures particuli res Ph dre quant lui a donn aux fables un souffle plus imag plus po tique notamment des personnages sont d sign s de mani re plus vari e le loup devient le brigand et l agneau l animal porte laine plus rythm lorigmal tait en vers n oublions pas La Fontaine les a encore enrichies et gay es selon sa propre expression en les amplifiant La Fontaine ne s impose pas toujours une extr me bri vet en personnifiant les animaux maitre Corbeau etc dont la peinture devient plus saisissante et vivante d autant qu ils prennent plus souvent la parole et en variant encore plus le vocabulaire vitant les r p titions par toutes sortes d artifices langagiers Voyons plus en d tail comment on pourrait faire voir aux l ves certains de ces l ments 6 Ecriture cr ative Avant d entrer dans l examen
41. me datement Sur le la de toute la Je marchais lentement vers les rochers et je sentais mon front se gonfler sous le Toute tte s appuyait sur moi et s opposait mon avanc Et chaque fois que je sentais son grand sur mon visage je serrais les dents je fermais les poings dans les poches de mon pantalon je me tendais tout entier pour triompher du et de tte ivresse opaque qu il me chaque p e de jaillie du d un coquillage blanchi ou d un d bris de verre mes m choires se ispaient J ai march longtemps Je voyais de loin la petite masse sombre du entour e d un halo aveuglant par la et la ERR F Je pensais la derri re le rocher J avais envie de retrouver le envie de fuir le l effort et les pleurs de femme envie enfin de retrouver Pombre et son repos Mais quand j ai t plus pr s j ai vu que le type de Raymond tait revenu Il tait seul Il reposait sur le dos les mains sous la nuque le front dans les ombres du rocher tout le corps au Son bleu de chauffe fumait dans la Chaleur J ai t un peu surpris Pour moi C tait une histoire finie et j tais venu l sans y penser murmure de son D s qu il m a vu il s est soulev un peu et a mis la main dans sa poche Moi naturellement j ai serr le revolver de Raymond dans mon veston Alors de nouveau il s est laiss aller en arri re mais sans retirer la main de sa poche J tais assez loin de lui une dizaine d
42. nom nes langagiers p 7 et am nent des l ves du primaire tudier le marquage l crit de la notion de pluriel dans des contes de randonn e cle genre de conte ayant t choisi d abord parce qu il pr sente les ph nom nes de langue que l on veut tudier p 9 c est dire que l augmentation progressive du nombre de personnages introduit des accords dans le GN et le GV Par ailleurs ces m mes auteurs proposent pour l tude de leurs contes de randonn e une approche plurilingue confrontation de traductions du m me texte permettant aux 30 CF infra section De l cart la norme pour une description plus pr cise de l approche pr conis e par lalouf 49 l ves de se concentrer sur les aspects visibles du texte et de constater que dans certaines langues le pluriel s entend syst matiquement Ainsi alors qu on pourrait penser que lorsque la mati re linguistique des textes est soumise l examen il ne faut proposer aux l ves que des uvres dont la langue originale est le fran ais certains auteurs montrent que les textes traduits et m me les diverses traductions d un texte litt raire peuvent trouver leur place C est aussi le cas de Chanfrault 2003 qui cherche sensibiliser ses l ves de terminale L aux probl mes complexes de la traduction et susciter de leur part une d marche r flexive sur le fonctionnement de la langue p 81 en proposant d
43. our faire un plat Quel plat oyez moi rien qui vaille Rien qui vaille Eh bien soit repartit le p cheur Poisson mon bel ami qui faites le pr cheur Vous irez dans la po le et vous avez beau dire D s soir on vous fera frire Un Tiens vaut dit on mieux que deux Tu lauras Lun est s r l autre ne Pest pas 123 Morale formulation d une th se pr sent appuy e par un argument et l exemple qui suit Syst imparfait pass Indices dialogue guillemets Iret incise introduction avec verbe de parole et Arguments du poisson pour convaincre le p cheur de l pargner Morale reformulation de la th se appuy e par un argument et l exemple qui 124 Morale formulation d une th se et annonce qu elle sera appuy e par un exemple LE LOUP ET V AGNEAU La raison du plus fort est toujours la meilleure Nous lallons montrer tout l heure agneau se d salt rait Situation Dans le urant d une onde pure Personnages Un Dup survient jeun qui cherchait aventure Et que la faim en s lieux attirait Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage Dit t animal plein de rage Indices Tu seras ch ti de ta t m rit 5 NE guillemets Sire r pond lagneau que Votre Majest DOS Ne se mette pas en col re meises Mais plut t qu elle consid re Arguments qu Que je me vas d salt rant loup pour Dialogue
44. quipe de trois Les Animaux malades de la peste quipe de quatre Le Loup et l agneau quipe de trois et Le Renard et le bouc quipe de trois Les l ves doivent d partager ce qu il revient chacun de r citer le narrateur doit se charger de la morale de la narration et des incises et les personnages de leurs r pliques 136 respectives au sein du dialogue Cela doit permettre aux l ves de revenir sur les notions li es aux s quences textuelles morale narration et dialogue et de s int resser aux incises pour bien identifier l nonciateur Une fois que chaque membre a sa partie en main l quipe doit transformer la fable en sayn te th trale chaque l ve doit interpr ter son personnage au sens d en jouer le r le mais aussi au sens d en livrer sa propre vision Les l ves doivent pr voir les d placements ainsi que les questions de posture et de gestuelle travailler la fluidit des changes de parole et la qualit de la d clamation articulation intonation volume d bit liaisons L enseignant leur donne aussi la consigne suivante apr s la pr sentation de leur sayn te aux autres l ves l un des membres de l quipe devra prendre la parole par exemple celui dont le texte tait le plus court afin d expliquer la fa on dont les membres de son quipe ont compris la morale de la fable retour sur le travail autour des morales Il doit ensuite dire en quoi son a
45. re un souffle culturel Les assises th oriques visent apporter une solution th orique possible aux probl mes identifi s Elles s ouvrent sur une analyse descriptive puis prescriptive des r sultats d une exploration documentaire destin e recenser des pistes didactiques pour articuler l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature L examen de ces propositions organis es autour de trois approches la s quence didactique l criture cr ative et l observation r fl chie de la langue m ne ensuite l explicitation des principes qui devraient sous tendre l enseignement de la langue et de la litt rature et la construction d un mod le d articulation de ces composantes qui int gre et compl te les propositions int ressantes recens es pr c demment La perspective adopt e pour l enseignement de la langue est celle de la grammaire r nov e qui implique une acception plus large du mot grammaire et la reconnaissance du double enjeu fonctionnel et culturel de l enseignement de la langue Pour l enseignement litt raire la perspective adopt e emprunte au courant du sujet lecteur et reconnait l importance des interpr tations plurielles des textes sans n gliger le texte lui m me et ce dont il est tiss Une place est m nag e dans notre approche pour les diverses dimensions de la litt rature telle que nous la d finissons dimensions esth tique r f rentiel sociohistor
46. sans n cessairement tablir d ordre entre eux L enseignant demande aux l ves de forger avec lui de nouveaux exemples pr sentant des faits dans un ordre non chronologique au pass simple ef au pass compos pour mieux percevoir le fonctionnement diff rent de ces temps Par exemple Meursault est mort il a v cu heureux mais n a pu chapper son destin Meursault mourut il v cut heureux mais ne put chapper son destin Meursault a tu l homme qu il a rencontr sur la plage Meursault tua l homme qu il rencontra sur la plage Dans les deux cas le pass simple pr sentant les proc s comme se succ dant il faudrait plut t employer le pass ant rieur pour marquer l ant riorit Meursault mourut il avait v cu heureux Meursault tua l homme qu il avait rencontr alors que le pass compos permet de pr senter les proc s dans le d sordre L enseignant fait prendre conscience du d fi qu a d relever Camus pour que son r cit conserve une coh rence et qu il avance qu il n apparaisse pas que comme une juxtaposition de faits d sordonn s les indicateurs de temps et les marqueurs avaient donc un r le important jouer Il peut ensuite franchir un pas de plus et amener les l ves la conclusion de Maingueneau quel lien existe t il entre des actions pr sent es sans lien de causalit sans ordre logique et une th orie de l absurde voulant qu on n ait pas vi
47. un ensemble de conventions n cessaires ibid p 25 produites par le corps social dans son ensemble pour permettre la communication c est donc une cr ation sociale l mverse la parole ou le discours sont singuliers produits par un individu actualisant certaines des virtualit s de la langue dans un contexte donn mais puisqu eux seuls peuvent tre observ s la reconstruction du syst me de la langue ne peut se faire que par la g n ralisation et l tude des discours Avec Greimas et Court s 1979 ainsi qu avec Ducrot et Shaeffer 1995 nous voulons insister davantage sur la dimension syntaxique en soulignant l importance des ph nom nes syntaxiques selon lesquels se comportent et se combinent les mots en phrases et qui s ajoutent aux composantes phonologique morphologique et s mantique Par ailleurs comme concept sociolinguistique Greimas amp Court s 1979 et syst me symbolique Riegel Pelat et Riou 1994 la langue n est pas qu un instrument de communication elle est aussi un instrument de repr sentation de la r alit Bronckart amp Sznicer 1990 p 5 c est dire ce par quoi s analyse et s exprime l exp rience humaine au sein d une communaut socioculturele Martinet 2005 Elle doit donc tre consid r e comme un objet culturel en soi comme un produit humain qui a une profondeur historique et qui offre des possibilit s de cr ation et de subversion uniques qu
48. 1986 Chartrand 2005 p 171 Les performances en lecture ne laissent pas non plus d inqui ter puisqu en 1997 dans l ensemble de la Commission scolaire de Montr al un l ve sur quatre chouait en 1 secondaire en raison pr cis ment de ses lacunes en lecture ibid p 166 ces enqu tes s ajoutent celles de journalistes qui consacrent p riodiquement des pages et des dossiers aux formes d illettriime qui ont cours au Qu bec et qui sont en partie attribu es une formation scolaire d ficiente cf le cahier Alphab tisation publi annuellement dans Le Devoir Les lacunes constat es posent en eff t l immense et difficile question de la meilleure formation qu est ce qui devrait se faire dans les classes de fran ais et qui ne se fait pas ou pas assez La tentation est forte de r pondre comme le laisse souvent entendre l opinion publique qu il faut recentrer le cours de fran ais sur le d veloppement des capacit s langagi res n cessaires la vie sociale et professionnellk en mettant notamment l apprentissage grammatical au service de ce d veloppement C est dans cette logique que s inscrit par exemple l une des r centes prescriptions gouvernementales concernant l enseignement du fran ais qui a largement recueilli la faveur de la population claironn e avec insistance celle ci enjont de redonner la dict e activit traditionnelle embl matique de lacquisition de lorthogr
49. 2001 font par ailleurs remarquer que l oral demeure un objet didactique mal maitris par la plupart des enseignants 43 Lorsque l on travaille en s quence la grammaire bien entendu n est pas le seul poste d observation pour l analyse des textes litt raires elle est un poste parmi d autres pour appr hender la complexit de l objet langagier soumis l tude Par exemple pour aborder les Fables de La Fontaine en sixi me Cauterman Darras et Vanseveren 2007 proposent une s rie d activit s lecture individuelle ou oralis e criture exercices de reconstitution et d appariement qu ils voudraient voir ordonn es en une s quence et qui vont de la recherche des caract ristiques g n riques et stylistiques de la fable la d couverte de l intertexte Ph dre sope puis la critique sociale sous jacente et la vis e argumentative la morale tout en visant certains apprentissages la fois textuels et linguistiques p 57 prise de conscience de ph nom nes li s la coh rence textuelle dont les anaphores discours rapport s temps verbaux Ces apprentissages grammaticaux sont parfois incidents d couverte du caract re anaphorique de certains mots en reconstruisant une fable dans le d sordre ou centraux par exemple un retour sur la lecture oralis e d une fable est pr texte l vocation des discours direct et indirect id p 59 Ils peuvent m me tre marginaux
50. C d rom Gen ve Universit de Gen ve 194 COMPAGNON A 1998 Le D mon de la th orie Paris Seuil Points CS 1987 La Qualit du fran ais une responsabilit partag e Qu bec Conseil sup rieur de ducation DAB NE M 1995 La place des repr sentations des pratiques sociales et d une th orie de l crit dans un mod le d enseignement apprentissage de l criture Dans J Y Boyer dir La production de textes vers un mod le d enseignement de l criture pp 151 173 Montr al ditions logiques DAUNAY B 1993 De l criture palimpseste la lecture critique Le commentaire de texte du coll ge au lyc e Recherches 18 1 93 130 DAUNAY B 2005 Le d cloisonnement un enjeu de la discipline Recherches 43 139 150 DAUNAY B 2007a Note de synth se tat des recherches en didactique de la litt rature Revue fran aise de p dagogie 159 139 189 DAUNAY B 2007b crire d abord l exp rimentation d un principe didactique Dans Falardeau C Fischer C Simard amp N Sorin dir La didactique du fran ais les voies actuelles de la recherche pp 185 202 Qu bec Les Presses de l universit Laval DE PIETRO J F amp WIRTHNER M 2004 Repenser l articulation interne de l enseignement du fran ais en Suisse romande Dans Falardeau C Fischer C Simard amp N Sorin d Actes du 9 colloque de l AIRDF 26 28 ao t 2004 C
51. DE LA S QUENCE AVANT LA LECTURE 1 La Fontaine et la fable pour les l ves rappel des connaissances Les classiques tant ces livres dont on sait in vitablement quelque chose avant de les lire cet gard leur lecture constitue d ailleurs parfois une surprise tant ils s loignent du ou dire l enseignant cherchera savoir ce que savent les l ves de La Fontaine et de l uvre qu ils s appr tent lire Peut tre ont ils d j rencontr La Fontaine l cole ou ailleurs Les r ponses varieront bien entendu en fonction du niveau socioculturel des l ves L objectif n est pas de mesurer ce niveau mais bien de d couvrir et de faire d couvrir aux l ves eux m mes les traces qu a laiss es cette uvre dans leur m moire L enseignant soumet donc les l ves l oral ou l crit un court questionnaire d activation des connaissances Falardeau 2003 Questionnaire de pr paration la lecture Que savez vous de Jean de La Fontaine et de son uvre Connaissez vous Le Corbeau et le renard La Cigale et la fourmi Qui tait le Roi Soleil Les noms d sope et de Ph dre voquent ils quelque chose pour vous L enseignant dans un premier temps pourra donc noter p le m le au tableau les r ponses des l ves par exemple des titres de fables des citations c l bres la mention 104 d une poque etc La classe fera ensuite le m nage dans ces don
52. E ten de dt 103 1 La Fontaine et la fable pour les l ves rappel des connaissances sssessseseesse0s0 103 2 La Fontaine dans le monde culturel et m diatique contemporain 104 3 La Fontaine par lui m me introduction du fil conducteur de la s quence 106 PENDANT RD BOTUREE RSR ER RTS nette te 107 4 Lecture individuelle et travail de compr hension coop ratif 107 CB PAIE Meet ne tt ana ue Not Ris nette 108 5 Plaire en mettant des r cits anciens au gout du jour ssssssssessseseesseeseeseresseseessressessrssees 108 DL imitation TES ANCIENS RANCE NS RS ee 108 5 2 Deux sources majeures de La Fontaine sope et Ph dre 109 5 3 Compara awon de textes inrni ae hasae ent tai LI 6 criture Ge ee en Tr tak s o raa ate ue 111 Te POS par la po sie coscsnn en a a a aa 112 PDO VERS A A AEE AT A E OEE 112 VAE A A DEENS A ENE ASANA AES ASAE E AEA E E A RE 113 Zdeb UE DOTE TN OR NT NAS Ce cs 7 113 PTE MONO TE NE PR E NE Ne T SE 115 IAA S E E AA OE ESAR ASE E S ETA E A A 118 SPAS DAT A VATI nn rain ina anne 119 8 1 Les s quences OcIUeles usant ne maasnt ete Menttaes 119 8 2 L heterom trie nea aa a A en Re Ce E a ne N ne Ci tn 124 8 3 Le lexique et les niveaux de lANSUE SRE ee tn 126 8 4 La reprise de l information SERRE ne Eee ner NT et 126 9 Phirea T Ciis En Mn a A A en ASE ct 130 CA INSTTUITE LD shine nie ruui tennis 132 10 Instruire les hommes par des pr ceptes moraux s
53. Fontaine peut en effet tre lue la fois comme une historiette opposant des animaux ou comme la peinture de traits psychologiques et moraux bien humains lavarice la vanit l hypocrisie la ruse la tromperie la sottise la cruaut la flagornerie L enseignant demande aux l ves de relire les fables Le Renard et la cigogne Le Renard et le bouc et Le Corbeau et le renard Questions Quels points ces trois fables ont elles en commun Qu est ce qui semble surprenant dans le comportement de ces animaux 114 Les l ves devraient noter que chaque fable a son renard et que chaque renard trompe ou tente de tromper son comp re Ils devraient aussi noter au moins les traits les plus concrets de lhumanisation de ces animaux celui ci mange du fromage ces deux l s invitent souper et servent dans des plats ceux l boivent au puits et tout cela en parlant Les animaux se conduisent donc comme des humains et le m me animal reproduit souvent le m me comportement humain d une fable Pautre comme s il repr sentait ce comportement ou ce trait de caract re humain comme s il en tait le symbole On pourrait donc peut tre relier les fables mettant en sc ne le renard toutes les situations de la vie humaine o la ruse et la tromperie sont en cause N est ce pas ce que La Fontaine cherchait faire comprendre en crivant Je me sers d animaux pour instruire les hommes On pourrait donc lire chaque fabl
54. Il leur demande aussi de lui rappeler la premi re r action de Meursault lorsqu il apprend qu il est condamn mort il cherche des moyens d viter la peine de mort Les l ves constatent ce qui peut paraitre paradoxal que Meursault m me s il dit que la vie ne vaut pas la peme d tre v cue p 173 semble l aimer profond ment en efft il cherche d abord chapper la m canique p 165 qui le m ne l chafaud il affirme avoir t heureux pp 95 et 186 et une grande sensualit mane de toutes les sc nes de baignade ou de farniente Heureusement pour les lecteurs une place est donc m nag e pour le bonheur dans la th orie de l absurde qu incarne Meursault L enseignant demande ensuite aux l ves de comparer la vie d oisivet que m ne Meursault la vie que m ne un homme d glise pour tenter d expliquer pourquoi leur avis Meursault se met en col re contre l aum nier et pourquoi il reproche ce dernier de vilvre comme un mort p 182 Les l ves doivent replacer les l ments de la colonne de gauche dans la colonne appropri e 181 l ments attribuer l un ou l autre des personnages Fait ce qui lui plait quand cela lui plait A promis d agir selon la volont de Dieu voeu d ob issance Plaisirs sensuels baignades et bains de soleil sommeil prolong plaisirs gustatifs relations sexuelles Privation des plaisirs sensue
55. Maren 1995 nomme l analyse mf rentielle et qui a pour objectif le d veloppement ou l extension d une th orie Cette derni re peut prendre la forme d un examen de divers concepts contenus dans un corpus examen qui peut concerner par exemple l enchainement aux autres concepts afin par exemple d inf rer des chainons manquants p 149 La conception de notre mod le a en effet souvent consist tablir des liens mettre en dialogues diverses th ories pour faire merger un mod le nouveau Cet examen toujours selon Van der Maren se rapproche de l analyse critique mais avec une perspective de d veloppement plut t que de condamnation et de remplacement id 4 1 La constitution du corpus Contrairement notre exploration documentaire le corpus pour cette partie de notre recherche n tait pas circonscrit l avance Les textes recueillis la faveur de l exploration documentaire constituaient un d j mais il fallat le compl ter Notre corpus s est donc amplifi modifi au cours de nos recherches suivant les r orientations de notre r flexion et les pr occupations qui mergeaient n cessit de d finir certains concepts de trouver des illustrations concr tes de comprendre l volution de certaines fa ons de faire etc Parfois un auteur nous conduisait en d couvrir un autre ou alors nous d dire et changer de voie S il n tait pas possible de constituer
56. N Sorin dir La didactique du fran ais les voies actuelles de la recherche pp 101 123 Qu bec Les Presses de l universit Laval LARAT C 2005 Enseigner la grammaire de la phrase en BEP ou Lautr amont et lOuLiPo au secours de l expansion du groupe nominal Recherches 42 119 129 LAURENT J P 2004 juste un peu d loignement Regards sur une pi ce de Natalie Sarraute Pour un oui ou pour un non Enjeux 59 71 93 LE GOFFIC P 2003 Grammaire de la phrase fran aise Paris Hachette Sup rieur LEBRUN M 1996 Un outil d appropriation du texte litt raire le journal dialogu Dans Pour une lecture litt raire II Actes du colloque de Louvain la Neuve 3 5 mai 1995 p 272 281 Bruxelles De Boeck Duculot 199 LEBRUN M 1996 Le didactiime en trompe l il des des Fables de La Fontaine Pratiques 91 93 112 LEBRUN M 2000 Regards actuels sur les Fables de La Fontaine Paris Presses universitaires du Septentrion Savoirs mieux Litt rature LEBRUN M 2008 Les enjeux de la nouvelle configuration de la discipline fran ais dans les programmes du primaire en France et au Qu bec Spirale 42 55 69 LEGENDRE R 1993 2005 Dictionnaire actuel de l ducation Montr al Gu rin LEGROS G 1992 Litt rature le grand retour La Lettre de la DFLM 10 2 LEGROS G CANVAT K amp MONBALLIN M 1992 L re du soup on et apr s La Lettre de la D
57. P amp L aussi choisit il de raconter en imitateur d sope et de Ph dre notamment des histoires divertissantes pour faire entendre ses morales puisque le conte fait passer le pr cepte avec lui P amp L Pour tre divertissantes ces histoires ne doivent pas tre trop s rieuses ou piques aussi choisit il de tracer en vers de l g res peintures MD ce qu il juge plus susceptible d agr er le dauphin Il fuit par ailleurs le trop d tendue P amp L la bri vet tenant davantage l ennui distance Voil plusieurs l ments explorer avec les l ves une morale jointe un texte narratif o sont inclus des dialogues limitation d autres auteurs un genre bref un texte po tique des personnages qui sont des animaux qui parlent comme des hommes et qui vivent de petites aventures PENDANT LA RE LECTURE 4 Lecture individuelle et travail de compr hension coop ratif Les l ves entament la lecture des Fables proprement dite L enseignant donne lire de quinze vingt fables dont La Cigale et la fourmi Le Corbeau et le renard La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le b uf Le Lion et le rat Le Loup et l agneau La Poule aux ufs d or Le Li vre et la tortue Le Pot de terre et le pot de fer Le Loup et le 108 chien Les Animaux malades de la peste Le Renard et La cigogne Le Renard et le bouc Le Rat de ville et le rat des champs Le Petit Poisso
58. Pair content Je lui ai m me dit Ce n est pas de ma faute Il n a pas r pondu J ai pens alors que je n aurais pas d lui dire cela En somme je m excuser C tait plut t lui de me pr senter ses condol ances Mais il le fera apr s demain quand il me verra en deuil Pour le moment cest un peu comme si n tait pas morte Apr s l enterrement au contraire sera une affaire dass e et tout aura rev tu une allure plus offidelle moment le nderge est entr derri re mon dos Il avait d outir Il a b gay un peu On l a couverte mais je dois d visser la bi re pour que vous puissiez la voir Il s approchait de la bi re quand je Pai arr t Il ma dit Vous ne voulez pas Pai r pondu Non Il s est interrompu et j tais g n par que je sentais que je EE dire la Au bout d un moment il m a regard et il ma demand Pourquoi mais sans reproche comme s il s informait Jai dit Je ne sais pas Alors tortillant sa moustache blanche il a d dar sans me regarder Je comprends Il avait de DER yeux bleu dair et un teint un peu rouge Il ma donn une chaise et lui m me s est assis un peu en arri re de moi La garde s est lev e et s est dirig e vers la sortie moment le conderge ma dit C est un chance qu elle a Comme je ne cmprenais pas j ai regard Pinfirmi re et j ai vu qu elle portait sous les yeux un band
59. QUE JE NE SAIS RIEN FAIRE D AUTRE QUE CHANTER PF 2 ALLONS JE VAIS TE D PAN NER EN TE DONNANT ALORS 2 ON EST DANS LE P TRIN ET UNE FOIS DE PLUS C EST TONTON FOLRMI QU ON 3 ADRESSE 2 AOUS COMPRE NEX JE N A PLus Le DRoiT DN BON CONSEIL L CROIS MOI LAISSE TOMBER CES R TISES CHAN SoNS PO MES ET FARIBoOLES COUT MA VEILLE EKP RIENCE L TOUT CELA N EST QUE FAIN ANTSE ET COMPAGNIE Nous VIVONS UNE PoQuE O si JEMY MOLT QUAND J AVAIS TON GE iHi MO PRENDS Mol LOMME EXEMPLE Ihig JEvsss IH dE OUAIS BIEN S R CHANSON MUSIQUE DANSE TOUT A A FAIT DU BRUIT TL CHANTAIS J EN SUIS FORT AISE EH BIEN DANSE MAINTE NANT C EST CE QU ON APPEL LE LWE RECOMWERSION lt MAINTENANT JE TE LAISSE J AI ON RENDEZ VOUS DANSER DANSER ELLE EST MARRANTE ELLE L A FAIT DU BRUIT AUSSI LA DANSE VOILA UN TRUC QUI NE FAIT PAS DE BRUIT GA Y EST A MARCHE J AI TROUV UN PRODUCTEUR TU NAS PLUS QU A SIGNER LE CONTRAT IL COMMANDITE LE SPECTACLE C EST CA IL FAUT QUE TU MONTES UN SPECTACLE DE T OCCUPE PAS DE A C EST C EST AINSI QUE LA CIGALE MON BOLLOT PARTIR DE PUT CONTINUER MENER UNE MAINTENANT JE SUIS TON MA VIE D ARTISTE SANS CIRCON NAGER JE ME CHARGE DE VENIR LE R GLEMENT TROLVER LUN COMMANDITAIRE PANTOMIMES 7 CROIS 2 MAIS UN SPECTACLE MoN TER GA E
60. Revue p dagogique 1 23 26 DUCROT O et SHAEFFER J M 1995 Nouveau Dictionnaire encyclop dique des sciences du langage Paris Seuil DUFAYS J L GEMENNE L amp LEDUR D 2005 Pour une lecture litt raire Histoire th ories pistes pour la classe Bruxelles De Boeck DUMONT F 1995 La crise du syst me scolaire Dans F Dumont Raisons communes pp 143 168 Montr al Bor al DUMORTIER J L 2001 Pour composer des questionnaires de compr hension qui favorisent l autonomie du lecteur Vie p dagogique 118 51 54 DUMORTIER J L 2006 L observation r fl chie de la langue au premier degr de l enseignement secondaire Enjeux 65 65 92 LALOUF M L 2001 Quand on rencontre la langue en travaillant sur le texte et le discours Le Fran ais aujourd hui 135 44 51 196 LALOUF M L amp P RET C 2009 Pratiques d observation de la langue en France quelles volutions quels obstacles Dans J Doz amp C Simard dir Pratiques d enseignement grammatical Points de vue de l enseignant et de l l ve pp 49 72 Qu bec Les Presses de l universit Laval recherches en didactique du fran ais SOPE 1927 Fables trad Chambry Paris Les Belles Lettres SOPE 2003 Fables trad J Lacarri re Paris Albin Michel FAB D amp SUFFYS S 2000 La litt rature de Recherches 32 9 40 FABRE 2003 L cole peut elle encore former l esprit
61. a r pondu Cinq ans omme s il avait attendu depuis toujours ma demande Ensuite il a beaucoup bavard On laurait bien tonn en lui disant qu il finirait conderge l asile de Marengo Il avait soixante quatre ans et il tait Parisien moment je lai interrompu Ah vous n tes pas d id Puis je me suis souvenu qu avant de me conduire chez le directeur il m avait parl de Il m avait dit qu il fallait l enterrer tr s vite par que dans la plaine il faisait chaud surtout dans pays C est alors qu il m avait appris qu il avait v cu Paris et qu il avait du mal l oublier Paris on reste avec le mort trois quatre jours quelquefois Id on n a pas le temps on ne s est pas fait l id e que d j il faut urir derri re le corbillard Sa femme lui avait dit alors Tais toi ne sont pas des choses raconter Monsieur Le vieux avait rougi et s tait excus J tais intervenu pour dire Mais non Mais non Je trouvais qu il racontait a et L GENDE marques nonciatives Le Temps qui m a manqu Longtemps il m avait sembl que ER Dans mes voyages d enfant avec que nous allions peu loin ou au contraire comme c tte fois jusqu en Saskatchewan alors qu elle si pr o up e toujours ils me pr sent rent la vie l image des visions ue faisaient na tre en moi la vue de horizon fuyant sans cesse devant nous me parurent
62. abus de pouvoir ou rec ler une critique portant sur la soci t du XVII si cle Les l ves devraient identifier Le Loup et l agneau Les Animaux malades de la peste et La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le b uf peut tre aussi La Poule aux ufs d or L enseignant rappelle que la fable a souvent eu un lien avec la d nonciation des abus de pouvoir les p res de ce genre en ayant v cu comme esclaves Il revient sur les trois fables identifi es avec les l ves Ceux ci qui ont d j entendu parler dans les contes de leur enfance ou dans diverses reconstitutions historiques la t l vision et au cin ma de princes de princesses de servantes de marquis de comtes doivent arriver mieux comprendre les r cits et les morales notamment en d terminant 135 approximativement la place des animaux dans la hi rarchie sociale de l poque haut ou bas plac L enseignant les aide comprendre certains rangs voqu s dans les morales qu est ce qu un bourgeois un marquis un page qu est ce que la cour L enseignant demande aux l ves si ces morales qui visent une soci t diff rente de la n tre sont leur avis p rim es aujourd hui Pour clore le sujet il leur demande ensuite si la lumi re du travail sur les morales ils croient que les Fables de La Fontaine s adressent aux enfants un petit d bat peut alors s improviser APR S LA LECTURE Apr s avoir lu rel
63. apporter des r ponses La t che n est pas mince puisque cette discipline est elle aussi travers e par de grandes tensions En 1996 Reuter notait en efft que la didactique d un point de vue th orique tait encore tr s loign e de pouvoir proposer des modalit s d articulation des composantes du fran ais Reuter 1996 Cela d coule en partie du fait notre avis que le champ de la recherche en didactique du fran ais reste en quelque sorte divis entre chercheurs proches des tudes litt raires et chercheurs proches des sciences du langage Rares sont les publications bien faire le pont entre ces sph res l enseignement de la litt rature est souvent pens en dehors des 16 Parler de division n est pas exag r dans la mesure o depuis 2000 devant un d bat v cu sur le mode dichotomique Rosier amp Dufays 2003 p 9 les didacticiens de la litt rature ont leurs propres rencontres annuelles en marge de celles de l AIRDPF et que certains d entre eux revendiquent une forme d autonomisation de la didactique de la litt rature pour une recension des diverses positions sur cette question cf Daunay 2007 Barr De Miniac 1998 crit d ailleurs C est ainsi qu il tait jusqu ces derni res ann es difficilement concevable d tre un didacticien l gitime sans tre l gitim par une formation en linguistique ou en lettres p 14 24 pr occupations
64. avec Chartrand et Boivin 2004 que la grammaire consiste en l tude de la langue en tant que syst me et rel ve donc de la description la plus rigoureuse possible de l ensemble des ph nom nes r gul s norm s et pr visibles qui r gissent la langue standard Cela repr sente il faut le dire une extension r cente du sens du mot par rapport son emploi traditionnel Chartrand amp Boivin 2004 qu a d ailleurs donn lieu de nouvelles approches concernant l enseignement grammatical tant du c t des ressources que des prescriptions gouvernementales certains programmes de fran ais dont le programme qu b cois de 1995 et les Instructions officielles fran aises pour les programmes du coll ge de 1996 distinguent depuis les ann es 1990 plusieurs grammaires grammaire de la phrase du texte du discours Il faut reconnaitre en effet que les ph nom nes r gul s du fran ais rel vent de divers niveaux ils ne sont pas simplement orthographiques ni simplement syntaxiques il existe bien certaines r gles qui r gissent les ph nom nes textuels et nonciatifs Mais jusqu o aller alors lorsqu on enseigne la grammaire L ambig it du mot grammaire que certains con oivent de fa on trop restrictive ou qui peut recevoir une d finition si inclusive qu il devient difficile de d terminer en fonction de quel crit re un ph nom ne peut tre qualifi de grammatical Chartrand amp Boivin
65. cachent un pi ge On en est ordinairement puni par des regrets et par la honte Le corbeau avait enlev sur une fen tre un fromage Il allait le manger perch sur le haut d un arbre lorsque le renard le voyant se mit lui adresser ces flatteuses paroles Combien corbeau ton plumage a d clat Que de beaut r pandue sur ta personne et dans ta physionomie Si tu avais aussi la voix nul oiseau ne te serait sup rieur Le corbeau dans sa sottise en voulant montrer sa voix laissa tomber le fromage de son bec et prestement le rus renard s en empara de ses dents avides Alors seulement le corbeau g mit de s tre laiss tromper par sa stupidit Cette histoire montre combien l intelligence a de force sur la vaillance toujours l emporte la sagesse LE LOUP ET L AGNEAU Ph dre Le loup et Pagneau taient venus au m me ruisseau press s par la soif le loup se tenait un point plus lev du courant l agneau tait beaucoup plus bas Alors pouss par ses instincts de voracit le brigand chercha contre lui un pr texte de querelle Pourquoi lui dit i as tu troubl mon breuvage L animal porte laine r pondit tout tremblant Comment puis je je te le demande loup faire ce dont tu te plains cest de toi que descend vers moi pour m abreuver le liquide Repouss par la force de la v rit le loup reprit Il y a six mois maintenant tu as m dit de moi Moi repar
66. ce n est ge la Kenaissance ge Sen NOM A t Sauv de l oubli gr ce la d couverte de certains manuscrits anciens de Ses fables Pour homog n iser un peu les connaissances l enseignant lit quelques textes d l ves Il demande la classe de les commenter et ventuellement de les compl ter Les l ves retiendront surtout qu sope est consid r comme le p re de la fable et que reconnaitre sa dette envers lui est pratiquement une r gle du genre pour un fabuliste Canvat amp Vandendorpe 1993 7 Il serait int ressant aussi de retenir que les deux hommes ont t esclaves et que Ph dre a t exil parce que certaines de ses fables ont t jug es Aphtonius des m di vaux dont les auteurs du Roman de Renart des humanistes de la Renaissance notamment Abst mius et une lointaine tradition orientale parvenue La Fontaine sous la forme des Fables de Pilpay Cf notamment Canvat Coll s et Dufays 2006 Canvat et Vandendorpe 1993 et Lebrun 2000 71 Pour obtenir de bonnes informations l enseignant pourra se r f rer La Vie d sope le Phrygien crite par La Fontaine lui m me et mise en t te de ses Fables versions int grales Canvat et Vandendorpe 1993 aux introductions des traductions par A Brenot et Chambry chez Les Belles Lettres sope 1927 Ph dre 1924 l introduction de la traduction d sope par J Lacarri re chez Albin Michel sope 2003 l ouvrag
67. cette derni re a t elle besoin de l apport de la litt rature et vice versa Qu on d signe la litt rature comme uvre d art verbale Todorov 1971 p 33 art du langage verbal Aron amp Viala 2005 p 123 art du verbe Simard 1997a p 201 ou art qui travaille la langue qui ne vit que d elle et par elle Chartrand 2005 p 177 l id e est toujours la m me En tant quart du verbe la litt rature pousse au plus hautpointles ressources de la langue et nous en r v le toute la puissance d invention et d vocation Elle explore les possibilit s de dire le monde de le repr senter et m me de le reconstruire par le langage Sans la litt rature on ne con oit le langage que dans sadimension utilitaire et on court le risque d ignorer la cr ativit que rec lent ses sons ses graphismes ses rythmes ses structures et ses images Simard 1997b p 56 Si le cours de fran ais vise entre autres la connaissance de la langue fran aise et de ses divers usages il ne peut bien entendu faire l conomie de ses r alisations les plus riches d autant que les textes litt raires t moignent non seulement des possibilit s cr atrices et subversives de la langue mais de son histoire dans laquelle ils ont une part Pas de litt rature sans langue vidence mais est il une langue sans litt rature Conservatrice d tats pass s et exploration de possibles de la langue la litt rature fait aussi un
68. cette norme Fourtanier 2010 p 146 des textes litt raires produit s par des crivains en qu te perp tuelle du nouveau et du transgressif Renaud 2010 p 236 ou des productions cr atives d l ves qui maitrisent peu ou mal la langue Favriaud Dhutrait et Vinsonneau 2010 p 134 Cette question dont on ne saurait faire l conomie figurait d ailleurs dans le texte de cadrage du colloque de Gen ve Pour l enseignant le paradoxe n est pas moindre Comment enseigner la litt rature ce coll ge discordant des voix et des critures sans gales Starobinski 1970 l cole lieu de promotion de la norme Comment travailler la norme et le signe dans une confrontation d objets symboliques qui miment l cart de l institution et du signe 39 Pour les auteurs retenus la contradiction n est qu apparente Pour faire prendre conscience de la norme et pour y r fl chir on peut partir de productions qui y chappent en montrant la valeur diff rentielle et contextuelle d une forme non commune par rapport la forme socialement attendue Favriaud Dutrait amp Vinsonneau 2010 p 134 par exemple on fait de la classe un lieu de discussion de la norme pour comprendre l cart il faut connaitre la norme Par ailleurs les textes litt raires ne sont pas transgressifs sur tous les plans pensons l orthographe qu tudient Balsiger B trix K hler et Panchout Dubois 2010
69. crits litt raires Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 116 120 C d rom Gen ve Universit de Gen ve DISPY M amp DUMORTIER J L 2009 Contribution la lecture criture de r cits fictionnels Enjeux 75 55 95 Dorz J NOVERRAZ M amp B SCHNEUWLY 2001 S exprimer en fran ais S quences didactiques pour l oral et l crit Notes m thodologiques Vol IV 7 8 9 Bruxelles De Boeck Dorz J amp SCHNEUWLY S 1998 Pour un enseignement de l oral Paris ESF diteur Dorz J amp SCHNEUWLY B 2009 Ces maudites relatives Lesobjets grammaticaux dans les pratiques scolaires des enseignants du secondaire Dans J Dolz amp C Simard dir Pratiques d enseignement grammatical Points de vue de l enseignant et de l l ve pp 1 11 Qu bec Les Presses de l universit Laval Recherches en didactique du fran ais Dorz J amp SIMARD C 2009 Introduction Dans J Dolz amp C Simard dir Pratiques d enseignement grammatical Points de vue de l enseignant et de l l ve pp 125 153 Qu bec Les Presses de Puniversit Laval recherches en didactique du fran ais DOUCEY B 1995 Qu est ce qu une fable lements pour la mise en place d une s quence d apprentissage Nouvelle
70. d extraits contrairement aux uvres destin es la jeunesse que celles ci appartiennent la tradition scolaire La Fontaine Carroll Verne ou soient issues de la litt rature de jeunesse actuelle Poslaniec Rivais etc Tous ces textes sont donc jug s susceptibles de donner lieu une observation collective permettant la construction de certains savoirs sur la langue c t d eux les productions des l ves trouvent aussi leur place l observation r fl chie de la langue peut en outre tre li e pour plusieurs auteurs des situations de production En efit pour Dumortier 2006 puisque les connaissances grammaticales ou plus largement les connaissances linguistiques sont consid rer comme des ressources constitutives des comp tences de communication des comp tences d criture en particulier les textes des l ves les produits de l exercice de leur comp tence d criture sont des objets privil gier pour pratiquer l observation r fl chie de la langue p 84 1 3 L criture d invention L observation r fl chie de la langue peut ainsi tre associ e diff rentes formes d criture d invention C est en effet en travaillant sur les difficult s que rencontrent les l ves dans des productions inspir es ou nourries d uvres lues au pr alable que certains entendent articuler travail sur la langue et litt rature Renvois 2008 pour prendre un exemple d j
71. d un c t simplicit d pouillement et saccades de l autre Il demande ensuite aux l ves de comparer les phrases de Camus au t l gramme qui a t cart de l analyse et de relever les ressemblances extr me bri vet neutralit phrases qui ne contiennent que les mots essentiels pour la compr hension du message etc Il sugg re que la simplicit des phrases qui ouvrent L tranger annonce d entr e de jeu son style d pouill hach qui rappelle effectivement celi du t l gramme retranscrit d s les premi res lignes Ce style t l graphique imprime au texte le m me caract re impersonnel neutre et sec qu un t l gramme Contrairement l extrait du Temps qui m a manqu o le t l gramme contrastant vivement avec la mani re lyrique et po tique de l auteure tombe 166 avec le tranchant d une lame pour en couper le souflle le t l gramme de Meursault lui s ins re plut t naturellement dans la mani re de Camus L un des enjeux de cette activit rel ve de la reconnaissance de l intention artistique Il s agit de faire prendre conscience aux l ves du fait que la litt rature met en jeu un v ritable travail sur la langue Pour le dire avec simplicit voire avec simplisme il importe de faire r fl chir les l ves l id e que Camus n utilise pas des phrases simples parce qu il ne sait pas crire des phrases plus complexes L enseignant pose directement la question aux
72. de r f rence et en didactique du fran ais Par exemple plusieurs savoirs li s aux Fables de La Fontaine sources intertextualit caract ristiques g n riques de la fable etc ont fait l objet de recherches litt raires mais aussi de propositions didactiques dont nous avons tenu compte Plusieurs ph nom nes grammaticaux abord s dans les s quences qui correspondent des avanc es relativement r centes en sciences du langage comme la 39 reprise de l mformation les s quences textuelles et la modalisation ont d j fait l objet d une didactisation dont le produit est reconnu dans le champ 6 Nous avons con u et organis selon une progression logique des activit s qui permettaient notre avis de faire acqu rir ces savoirs mais aussi d int grer d autres aspects de la lecture litt raire notamment les interpr tations personnelles Les dispositifs et les types d activit s propos es dans les s quences s appuient sur nos assises th oriques de l criture cr ative au d bat en passant par le travail coop ratif et le questionnement Cette m thode nous a ainsi permis de sugg rer des pistes et des d marches didactiques fond es th oriquement En somme l ensemble de notre d marche de recherche ne correspond strictement aucune m thodologie th oris e elle inclut et articule cependant plusieurs techniques et formes de recherche suivant une progression que nous avons jug e naturelle
73. de l id e qu une des solutions qui pourrait tre apport e aux d ficiences de l enseignement du fran ais r side dans une articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature nous avons effectu une exploration documentaire qui nous a permis de recenser des propositions didactiques existantes Dans un premier temps nous d crivons et critiquons ces propositions Cette critique nous m ne l laboration d un mod le d articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature qui int gre et compl te les propositions int ressantes Afin d illustrer ce mod le nous proposons dans la seconde partie de ce m moire des pistes didactiques concr tes savoir des s quences didactiques con ues autour d une uvre litt raire les Fables de La Fontaine puis L tranger de Camus qui s appuient sur le cadre conceptuel pr sent REMERCIEMENTS Je voudrais tout d abord remercier mon directeur de recherche rick Falardeau ainsi que ma codirectrice Suzanne G Chartrand pour leur disponibilit leurs conseils clair s et leur exigence qui a t comme l aiguillon de ce travail de recherche En me permettant de signer mes premi res publications avec eux en m encourageant faire des communications dans des colloques en me demandant de participer au d veloppement d outis lectroniques destin s aider les enseignants de fran ais dans leur t che ou d
74. du genre romanesque Si les biographies d auteurs dans leur forme traditionnelle ont r cemment t critiqu es notamment Rosier 2002 Canvat Coll s amp Dufays 2006 les l ments biographiques et historiques nous semblent en plusieurs cas avoir encore leur pertinence Il ne s agit pas ici de tomber dans le biographisme ou la mythificationn souvent caract ristiques des textes d escortes classiques mais d historiciser en quelque sorte le texte en rappelant qu il est le fait d un homme qui a pens l humain et la litt rature travers une exp rience singuli re En se gardant de faire des liens interpr tatifs pr matur s avec L tranger qui contraindraient par avance la lecture l enseignant peut donc pr senter Camus et le contexte dans lequel il a v cu en insistant sur On n a qu penser l importance du soleil alg rien symbole minemment ambivalent la fois source de vie et source de mort qui impr gne l uvre de Camus jusque dans ses moindres replis pour se convaincre de l int r t d aller voir du c t des origines 142 ce qui aidera dans la suite lever d ventuels probl mes de lecture notamment l Alg rie et sa capitale Alger les tensions entre Arabes et Pieds noirs l poque coloniale sur lesquelles Camus a pris position et le climat intellectuel dans lequel ba ignera l auteur pendant la guerre R sistance existentialisme Par ailleurs si l ensei
75. e 19 impitoyablement adjectif connotation p jorative 20 au bout du monde hyperbole ajoutant de l intensit aux propos 21 tant de d terminant form partir d un adverbe d intensit 22 si 5 adverbe d intensit 23 phrases interrogatives 4 interrogations qui ne s adressent pas au destinataire monologue int rieur n appellent pas de r ponse et quivalent l expression de regrets 24 phrases exclamatives 4 exclamations exprimant le regret 25 points de suspension 2 fragmentent un monologue int rieur et marquent le regret ou la douleur 26 se prirent comme en se riant de moi me scander les rails image contenant une comparaison et participant de la personnification de la voie ferr e Elle exprime la perception douloureuse de la narratrice avait paru auxiliaire de modalit exprimant la perception avec une nuance d incertitude avais pu auxiliaire de modalit exprimant la possibilit ici au sens de la chance aurait d conditionnel pass associ un auxiliaire de modalit qui exprime la n cessit avec une nuance d hypoth se si seulement adverbe servant exprimer le regret avait d auxiliaire de modalit exprimant la possibilit avais peur locution exprimant un la crainte que ce qui nonc ne se r alise mal nom connot peut tre adverbe exprimant le doute stup faction profonde mots connot s exprimant une vive moti
76. e par des notes de bas de page d La Fontaine J 2008 Fables de La Fontaine Paris Milan Milan poche cadet cette dition regroupe 23 des plus c l bres fables de La Fontaine sans notes ni commentaires Chaque fable est cependant illustr e les illustrations en couleur de F Pillot retiennent l attention par leur expressivit leur humour et leur qualit esth tique Nous ne ferons pas r f rence dans le texte qui suit une dition en particulier La s quence articul e autour de fables parmi les plus connues devrait en effet pouvoir tre mise en uvre partir de plusieurs ditions 3 Fil conducteur de la s quence Le fil conducteur de la s quence nous sera dict par La Fontaine lui m me qui reprend son compte la c l bre injonction horacienne instruire et plaire On explorera donc avec les l ves divers moyens par lesquels La Fontaine avec ses Fables donne des le ons dans tous les sens du terme et cherche les rendre agr ables recevoir 4 Principaux documents et dispositifs didactiques utilis s La s quence prendra la forme d une lecture butineuse d une dition jeunesse des Fables Cette lecture sera nourrie par 1 des documents d archives concernant les sources et les reprises contemporaines des Fables ainsi que certains de leurs principaux illustrateurs 2 des comparaisons de textes qui permettront un travail sur l intertextualit en fa
77. e scolaire 99 S QUENCE DIDACTIQUE AUTOUR DES FABLES DE LA FONTAINE POUR LE PREMIER CYCLE DU SECONDAIRE PR SENTATION G N RALE DE LA S QUENCE 1 Justification du choix de l uvre Prendre le temps d tablir l int r t de l tude des Fables de La Fontaine l cole peut sembler vain En effet cette uvre s est gliss e si t t dans le corpus scolaire et s y est maintenue en incontournable avec une telle constance que comme l crivent Canvat et Vandendorpe 1993 on a aujourd hui du mal lire certaines fables sans entendre la musique caract ristique de la r citation enfantine Mais les anciennes vidences n en sont plus et l enseignement des classiques est m me aujourd hui tenu en suspicion plusieurs gards conservatisme moral et scolaire retour un essentialisme litt raire litisme Pourquoi donc enseigner les Fables aux jeunes d aujourd hui dont la langue et la culture sont en apparence si loign es de celles du Papilon du Parnasse qui brillait dans les salons aristocratiques durant le Grand Si cle Les raisons sont nombreuses mais nous n insisterons que sur la plus incontestable d un point de vue culturel La Fontaine est un indispensable avant texte le plus fr quent et le plus copieux de toute la litt rature fran aise Malandn cit dans Lebrun 2000 p 83 qui marque encore l imagnaire contemporain par d mnombrables r activations publ
78. eff t sp cifique il s agit de la didactique du fran ais et le th me de recherche bien circonscrit nous avons cherch toutes les propositions didactiques concr tes c est dire des pistes pour la classe articulant l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature Nous avons choisi l expression exploration documentaire pour insister sur le caract re exploratoire de cette recherche c est dire pour souligner le fait que dans le cadre restreint de ce m moire de maitrise o elle constitue un premier d frichage une tape pr paratoire en quelque sorte cette partie de la recherche ne pouvait pr tendre ni l exhaustivit ni la rigidit d une analyse de contenu au sens strict d marche hautement codifi e qui fait appel des proc dures syst matiques et objectives de description permettant le traitement m thodique du contenu implicite et explicite des textes Richard 2006 p 184 Dans une recherche documentaire de type analyse de contenu la cat gorisation et le codage doivent tre faits de fa on extr mement rigoureuse et tre r guli rement objectiv s afin de r duire les biais et d augmenter la fiabilit et la validit des donn es ibid p 185 Le caract re exploratoire de notre recherche documentaire n impliquait pas les m mes contraintes mais nous avons tout de m me cherch en assurer la rigueur 3 1 La constitution du corpus Pou
79. en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 48 52 C d roml Gen ve Universit de Gen ve CHANFRAULT B 2003 Travailler sur des textes traduits en terminale L Le Fran ais aujourd hui 142 81 86 193 CHARTRAND S G 1995 Mod le pour une didactique du discours argumentatif crit en classe de fran ais Th se de doctorat Montr al Les Publications de la Facult des sciences de l ducation de l Universit de Montr al Collection Prix Jeanne Gr goire CHARTRAND S G 1996 Pr sentation de l ouvrage Pourquoi un nouvel enseignement grammatical et Apprendre la grammaire par la d marche active de d couverte Dans S G Chartrand dir Pour un nouvel enseignement de la grammaire Propositions didactiques 2 d pp 13 52 Montr al Les ditions Logiques CHARTRAND S G AUBIN D BLAIN R amp SIMARD C 1999 Grammaire p dagogique du fran ais d aujourd hui Boucherville Graficor CHARTRAND S G 2005 Pour une culture de la langue l cole Dans D Simard amp M Mellouki dir L Enseignement profession intellectuelle pp 153 182 Qu bec PUL CHARTRAND S G 2006 L apport de la didactique du fran ais langue premi re au d veloppement des capacit s d criture des l ves et des tudiants Dans J Lafont Terranova amp D Colin d Didactique de l crit La construction des savoirs et le sujet crivant pp 11 31 Namur Presses univ
80. enseignant pourrait ensuite faire percevoir aux l ves la distinction entre r cit et discours sans entrer 123 Dans une proposition de progression des apprentissages reli s l aspect verbal et l opposition de plan de l cole au coll ge Tomassone 2003 affirme qu il est possible d aller au del de la simple reconnaissance de cette opposition au coll ge l cole l mentaire partir d un texte narratif et par un questionnement ad quat il est ais de faire percevoir la diff rence d emploi entre le pass simple aspect born et l imparfait aspect non born et par suite de distinguer entre le premier plan et le second plan Une tape de plus peut tre franchie au coll ge o l on pourra jouer sur les oppositions de plan pour cerner la signification et la construction du texte p 22 Elle propose de proc der par le questionnement la paraphrase et de comparer des extraits litt raires identiques o seuls les temps ont t chang s pour faire voir quel point le choix de ces temps par leur aspect born ou non accompli ou non parce qu ils expriment l ant riorit etc a une incidence sur la signification ou la construction des textes 185 trop avant dans les d tails th oriques En quoi sur le plan des temps du verbe cette fois le texte de Roy correspond il plus l id e que l on se fait spontan ment de la litt rature et en quoi celui de Camus nous apparait mo
81. enseignant a un r le de premier plan jouer dans l apprentissage de la distanciation et de l interpr tation et appropriation subjective des uvres par l l ve dont l enseignant favorise l investissement On comprendra que cette approche s accommode difficilement du recours exclusif aux anthologies d extraits et va de pair avec un parti pris pour la lecture d uvres compl tes qui seules peuvent permettre un v ritable investissement des l ves dans la lecture et donner prise l interpr tation parce qu elles cr ent un univers suffisamment autonome Cette conception de l enseignement de la litt rature comme l approche que nous d fendons pour l enseignement de la langue est loign e de la tradition scolaire europ enne qui a donn une place de choix aux manuels ou aux anthologies et a eu 48 Ne serait ce que par le modelage le questionnement etc 4 C est cette question de l autonomie des textes qui nous guide dans leur s lection l id e est de s assurer que ce qu on pr sente aux l ves forme un tout donnant prise l interpr tation plut t que d riger en dogme la lecture d uvres int grales Des questions d ordre p dagogique temps imparti l enseignement niveau des l ves densit et longueur d une uvre etc peuvent inciter un enseignant op rer une s lection au sein d une uvre ce moment c est le principe d autonomie qui doit le guider
82. enseignant revient sur la question de la vari t et la met en relation avec celle de la r p tition Comment peut on viter de se r p ter Il conduit les l ves vers le concept de reprise de l information et eff ctue par questionnement un bref rappel des connaissances en insistant sur les proc d s suivants la reprise totale par un pronom la reprise par r p tition la reprise par un GN contenant un synonyme la reprise par un GN contenant un g n rique la reprise par association relation de tout partie et la reprise par une p riphrase la p riphrase a t tudi e en cours de s quence L enseignant demande aux l ves de reconstruire en dyades une des chaines de reprise contenues dans la fable Le Renard et la cigogne et dans la fable Le Loup et le chien Les l ves doivent respectivement identifier dans la narration les substituts du GN Le renard et du GN Le chien en tentant de d terminer quel proc d ils ont affaire La classe proc de ensuite une mise en commun des r ponses Nous proposons l analyse suivante 87 Classification des proc d s de reprise bas e sur Chartrand ef al 1999 88 Nous cartons ici les dialogues qui impliquent des changements de personnes mais retenons les incises nonc es par le narrateur 128 BERENARD ET LA CIGOGNE Le Renard RE E i o joor en fie Et retint d ner comm re la Cigogne m Comp re le Renard amp R par le m me GN titr
83. enseignement peu efficace puisque les r sultats en criture continuent d tre imsatisfaisants et affirment du m me souffle ne pas faire assez de grammaire clomme si la seule cause tait l insuffisance quantitative qui appelait un toujours plus et pas n cessairement un autrement id Pourtant l alternative du autrement devrait tre consid r e puisque le probl me ne vient visiblement pas du temps insuffisant imparti au travail sur la langue Si les connaissances en grammaire ne r ussissent pas am liorer les performances l crit peut tre est ce parce que le transfert ne saurait se faire automatiquement comme le pr suppose l enseignement traditionnel Ainsi le probl me serait sans doute en partie m thodologique et rel verait du cloisonnement de l apprentissage grammatical par rapport aux autres composantes du cours de fran ais Par ailleurs si l on veut donner l enseignement de la langue la dimension culturele qui lui revient il faudrait changer le regard exclusivement instrumental qu on porte sur celui ci 4 L enseignement de la litt rature Si les contenus les finalit s et les m thodes de l enseignement grammatical travers l histoire ont pu tre discutables il semble tout le moins que la n cessit ou la place d un tel enseignement mait jamais t profond ment remise en cause sauf peut tre par les concepteurs du programme de 1980 Cependant il en va autrement
84. es les l ves remarquent alors certaines caract ristiques de ces textes dont auraient pu profiter les leurs des solutions possibles aux difficult s rencontr es dialogues figures de style etc Comme chez 54 Denizot 2003 un r mvestissement dans l criture a ensuite lieu dans l intention de faire entrer les l ves dans un cercle vertueux gr ce la r criture criture change lectures r criture Renaud 2010 Amener les l ves pratiquer la r criture r criture de leurs textes o r criture de textes litt raires est par ailleurs une pratique minemment litt raire on peut le leur faire r aliser en leur soumettant par exemple des textes d crivains qui pastichent parodient actualisent d autres textes litt raires La relation entre l hypertexte et l hypotexte met encore une fois en relief certaines caract ristiques de ce dernier C est ce que montrent Dispy et Dumortier 2009 qui proposent une analyse d une fable de La Fontame et d une parodie de cette derni re Le m me corbeau et le m me renard qui reprend et grossit certains traits de la fable originale li s aux caract ristiques des personnages mais aussi au lexique aux registres de langue etc Dans le m me esprit Langlade 2010 propose en formation des maitres de confronter un extrait de La Princesse de Cl ves avec le sc nario de l adaptation libre de C Honor pour le cin ma Il affirme que la
85. es celles qui rel vent de l aff ctivit de l motion de la sensibilit ou des sentiments Il peut m me leur demander de compl ter l tude par une analyse lexicale en rep rant tous les mots qui rel vent de pr s ou de loin de laflectivit Cette analyse pourrait ressembler ce qui suit 160 L tranger Aujourd hui maman est morte Ou peut tre hier je ne sais pas Pai re un t l gramme de l asile M re d d e Enterrement demain Sentiments distingu s Cela ne veut rien dire C tait peut tre hier L asile de vieillards est Marengo quatre vingts kilom tres d Alger Je prendrai Pautobus deux heures et j arriverai dans l apr s midi Ainsi je veiller et je rentrerai demain soir J ai demand deux jours de ng mon patron et il me les refuser avec une excuse pareille Mais il n avait pas Pair content Je lui ai m me dit Ce n est pas de ma faute Il n a pas r pondu J ai pens alors que je n aurais pas d lui dire cela En somme je m excuser C tait plut t lui de me pr senter ses condol ances Mais il le fera apr s demain quand il me verra en deuil Pour le moment cest un peu comme si n tait pas morte Apr s l enterrement au contraire sera une affaire dass e et tout aura rev tu une allure plus offidelle L moment le nderge est entr derri re mon dos Il avait d urir Il a b gay un peu On l a couverte m
86. et vient dialectique entre participation psychoaff ctive et distanciation Il serait dess chant et contraire au fonctionnement m me du texte litt raire de concevoir la lecture litt raire en particulier dans le cadre scolaire strictement comme une entreprise analytique priv e des plaisirs de l identification de l implication motive et axiologique dont ne se prive d ailleurs aucun lecteur expert Par ailleurs on doit transcender une lecture exclusivement centr e sur la r f rentialit pour retirer de l uvre tout ce qu elle a offir Il faut donc combiner participation et distanciation et les articuler dans ce va et vient dialectique tant il est vrai que la mise distance l acquisition de savoirs et d habilet s d analyse peut enrichir le plaisir que l on prend lire une uvre dont on mesure les qualit s cf supra Falardeau 2004 Langlade 2000b exprime sensiblement la m me id e lorsqu il affirme qu il faut associer intimement savoirs r flexion et sentiments dans l enseignement de la lecture litt raire Contrairement Dufays et al 2005 cependant nous ne croyons pas que la distanciation doive tre exclusivement ramen e une lecture critique centr e sur les structures st r otypiques Par d finition toute forme de r flexion sur l uvre est une 46 Pour Dufays et al 2005 le concept moderne de st r otype d signe toute structure linguistique th matique narrative g n rique
87. g n rale de l image est elle celle d une com die ou d une trag die Quelle image pr f rez vous et pour quelles raisons La comparaison en pl ni re dirig e mais non contrainte par le questionnement de l enseignant permettra tout d abord de mieux connaitre la sensibilit des l ves pr f rent ils la couleur et l humour des illustrations de Pillot et Dautremer le pathos de celle de Dor ou sont ils fascin s plut t par les monstres de Gandvile Elle permettra ensuite de comparer diff rentes interpr tations de la fable sous le signe de l ambig it la gravure de Grandville repr sente avec un grand r alisme des insectes velus mais ceux ci sont habill s comme des hommes Ces monstres mi hommes mi animaux tiennent de la caricature mais ont quelque chose de satirique et d mqui tant manifestant la part de la b te dans l homme Dor a choisi lui de faire disparaitre les animaux au profit d une jeune musicienne aflaiss e par la honte venue demander l aum ne une m re de famille qui la regarde avec m pris du haut de son petit perron Pour Dor cette fable parle indubitablement des humains et il est difficile de pr f rer la m re aux allures de p core la jeune et jolie musicienne apparemment repentante c est donc que la fourmi a tort L image tragique et mouvante se d marque par la qualit de son ex cution c t du s rieux de Dor les illustrateurs contempora
88. genres non litt raires et devrait donc tre adapt pour convenir aux textes litt raires notamment en ce qui concerne la place donner aux r gularit s g n riques En effet un auteur de textes litt raires l oppos d un texte qui ne l est pas que d aucuns nommeront courant ou utilitaire cherche moins se conformer aux conventions d un genre qu faire uvre d art ce qui peut l amener jouer pr cis ment avec les limites du genre pour Langlade P crivain invente des formes litt raires neuves en retravaillant des mod les g n riques existants Langlade 2000a p 159 Ignorer ce fait peut conduire un enseignement r ducteur des textes D ailleurs Chartrand et Boivin reconnaissent que m me pour les textes non litt raires une approche centr e sur le genre peut pr senter des risques de d rives formalisme simplisme normativit st rilisante ibid p 6 qu il faut chercher minimiser Ces risques nous apparaissent particuli rement lev s pour l enseignement 91 litt raire qu on essaie pr cis ment aujourd hui de sortir d un formalisme scl ros Langlade amp Fourtanier 2007 En fat reconnaitre que l crivan a voulu faire uvre d art c est reconnaitre comme le font plusieurs didacticiens qu il ne faut pas pr senter un texte litt raire que comme un sp cimen d un genre donn mais aussi comme une uvre singuli re Tout en reco
89. id ologique ayant un caract re stabilis transtextuel inorigin et reconnaissable pour les membres d un groupe culturel Central dans leur ouvrage le st r otype est pr sent comme la cl de voute de la lecture litt raire et l outil m me de la distanciation Bien que les auteurs insistent quelques reprises sur le caract re non p joratif de cette appellation ils mettent l accent sur le caract re commun fig et us simpliste ou erron p 266 de ces sens pr fabriqu s ces repr sentations conventionnelles p 122 nous soulignons La mise distance a ainsiessentiellement un caract re critique d mystificateur d sacralisant comme s il n tait pas permis de d cortiquer pour mieux appr cier voire admirer Bien que la notion ne soit pas sans int r t est ilraisonnable de penser qu une approche qui met surtout l accent sur le caract re convenu des uvres pr gnance des st r otypes par rapport aux syst mes de r f rence estsusceptible de remporter l adh sion des l ves la cause litt raire Nous d fendrons plus loin l id e que de r duire l uvre litt raire au st r otype en donne une image 78 mise distance cette mise distance peut concerner les formes bien s r mais aussi l intertexte les th mes l anthropologie ou la repr sentation du monde en cause le contexte de production ou de r ception et bien entendu le langage Ces l ments don
90. impr cis et de ce fait sans doute graduel Dufays et al 2005 qui repose peut tre plus sur une ressemblance de famile que sur une v ritable uniformit de caract ristiques Genette 2004 De 72 nombreuses lectures nous ont amen e par recoupements identifier cinq crit res de d finition relativement consensuels que nous d crirons bri vement 1 Un crit re esth tique uvre d art verbal art du verbe la litt rature implique un travail sur les formes les formes langagi res comme les genres litt raires Elle explore les possibilit s de la langue en est le lieu d panouissement Todorov 1971 Genette 2004 Aron amp Viala 2005 Ric ur 1986 Simard 1997a Th rien 1997 2 Un crit re r f rentiel la litt rature l inverse des textes dits fonctionnels n est pas soumise la servitude r frentielle Simard 1997a fiction ou po sie elle cr e en quelque sorte son propre r f rent Simard 1997a Rouxel 2004 Cependant comme l crit Ric ur il n est pas de discours tellement fictif qu il ne rejoigne la r alit mais un autre niveau plus fondamental que celui qu atteint le langage ordinaire Ric ur 1986 p 127 La litt rature traite donc de la r alit mais pas au niveau des objets manipulables id par lexploration du possible du pouvoir tre de l nobservable elle touche quelque part l tre des choses id Elle ne d signe
91. la grammaire ne devrait tre convoqu e qu l occasion pour r soudre par exemple une difficult sp cifique en criture On voulait ainsi vacuer la pl thore d exercices traditionnels qui ne semblaient pas am liorer directement l expression et varier les d marches Cependant l absence d orientations m thodologiques dans ce programme et le poids de la tradition ont emp ch la mutation souhait e une enqu te men e en 1984 1985 pour le compte du Conseil sup rieur de la langue fran aise a montr que les dict es et les exercices associ s 10 l enseignement traditionnel de la grammaire occupaient encore le premier rang des activit s r alis es en classe bien avant les activit s de communication Le programme de 1995 MEQ 1995 se voulait lui aussi en rupture avec ce qui le pr c dait mais pr conisait une toute nouvelle orientation plus descriptive Il prescrivait de prendre le virage de la nouvelle grammaire un courant didactique influenc par les recherches en sciences du langage et d enseigner la grammaire de fa on syst matique La langue y est d sormais pr sent e comme un syst me dont les r gularit s peuvent tre observ es comprises m me d couvertes par les l ves L approche n est donc plus strictement fonctionnelle on cherche faire comprendre les grandes r gularit s du syst me de la langue qui devient un objet d tude en soi sous plusieurs angles morphologie
92. langagi res et l orientation r flexive sont compatibles avec l image que nous avons voulu donner de la langue d entr e de jeu C est pourquoi nous avons tendance penser avec Schneuwly 2007 que la grammaire scolaire a progress vers une forme plus objective plus pertinente et plus l gitime de description de la langue et que sa syst maticit est mieux garantie p 18 On peut penser que la grammaire r nov e fournit une base plus assur e l enseignement de la langue D ailleurs la recherche en didactique du fran ais a montr que des r sultats encourageants pouvaient tre obtenus en classe gr ce aux contenus aux outils et aux d marches de la grammaire r nov e Donnons titre d exemples plusieurs des exp riences relat es dans notre exploration documentaire cf supra o les auteurs sont nombreux d fendre leur vision de l observation r fl chie de la langue ou encore l ouvrage Pour un nouvel enseignement de la grammaire Chartrand dir 1996 qui r unit des textes d enseignants et de didacticiens du Qu bec du Canada et d Europe francophone ayant men des recherches et des exp rimentations dans divers milieux ducatifs Cet ouvrage qui propose une mise au point concernant l enseignement de la grammaire expose les d ficiences de la grammaire traditionnelle et de son enseignement tant sur le plan des contenus que sur celui des m thodes avant de proposer des solutions alternatives
93. langue et enseignement de la litt rature puisque certaines prescriptions qui faisaient leur arriv e dans les Instructions officielles fran aises pouvaient fournir des cadres une articulation de ces composantes Nous faisons r f rence l introduction dans les instructions officielles fran aises depuis 1996 du dispositif de la s quence didactique bas sur la notion de d cloisonnement des composantes du fran ais comme nouveau mode d organisation de la classe de fran ais au coll ge l ntroduction en 2000 de l criture d mvention o l criture et ses exigences grammaticales rencontrent la litt rature dans les programmes pour le lyc e ainsi qu l ntroduction en 2002 de l observation r fl chie de la langue dans les programmes du primaire nouvelle d signation mais aussi nouvelle approche pour l enseignement grammatical Le d pouillement de ce fonds documentaire tait donc guid par l objectif d identifier des pistes pour la classe L ensemble des articles et des actes a t explor Si les titres et les r sum s fournissaient souvent des indications suffisantes pour juger de la pertinence de la contribution une grande quantit d entre elles ont d tre parcourues en entier 3 2 La collecte et l organisation des donn es Chaque contribution s lectionn e a fait l objet d une fiche de lecture et d analyse o ele a t r f renc e r sum e et analys e selon les
94. lecteur renvoie en fait un feuilletage identitaire complexe o les fragments de l histoire propre au sujet se m lent aux chos de ses diverses exp riences de lecteur Langlade et Fourtanier 2007 p 102 En efft si l on reconnait le r le primordial du lecteur dans Pacte de lecture il convient de concevoir la lecture litt raire comme dialogue ou interaction entre un lecteur et une uvre Langlade amp Fourtanier 2007 p 103 et de placer l interpr tation plurielle des uvres et l accueil des lectures subjectives des l ves au c ur de l enseignement de la lecture litt raire dans le dessein de redonner du sens personnel et social un enseignement litt raire profond ment marqu surtout en France par le formalisme et le technicisme ibid p 102 D un point de vue p dagogique on reconnait par ailleurs que provoquer des r actions affectives chez les l ves qu il s agisse de rejet ou au contraire d adh sion permet aussi de mieux inscrire l uvre en traces mn siques dans l esprit des l ves tout en permettant cette naissance soi par les chos tablis entre sa vie et ses lectures Rouxel 1996 Cependant s il faut viter l cueil de lobjectivisme auquel m nent notamment les tendances un formalisme trop rigide il faut aussi viter celui du subjectivisme qui conduirait consid rer le texte litt raire comme un simple support de l panchement subjectif Langl
95. les marques de modalit de modifier la structure de leurs phrases graphiques de g rer les 1112 difficult s inh rentes l criture d une fiction au pass compos notamment les accords de participes pass s et le choix des auxiliaires 112 Ce point sera abord plus avant 167 9 coute de la lecture du sixi me chapitre chapitre pivot par Camus et criture dans le journal dialogu Ce chapitre pivot qui se cl t sur le meurtre de l Arabe tranche avec les chapitres pr c dents partir de son ouverture on assiste une augmentation constante de l intensit dramatique Par ailleurs suivant la course d un soleil dont l pret est de plus en plus insoutenable rythm e par les rencontres muettes et de plus en plus violentes avec les Arabes l criture autant que l intrigue gagne en intensit elle sort du laconisme devient de plus en plus ample et imag e La lecture par l auteur fait bien ressortir cette soudaine force et pourrait donc mieux la faire ressentir aux l ves Les l ves coutent donc cette lecture puis r agissent dans leur journal dialogu Questions Qu est ce qui te frappe dans cet extrait Quelles impressions as tu ressenties Quelles images trouves tu fortes et que t ont elles fait prouver ton avis Meursault est il un assassin 10 Proc s de personnage Meursault au banc des accus s la suite de la mise l crit de l opinion des l ves s
96. les sp cialistes garante du d veloppement des capacit s langagi res des l ves Bilodeau 2005 p 47 De ce point de vue le d cloisonnement plus qu un principe p dagogique destin augmenter la motivation des l ves est une v ritable orientation didactique Bilodeau 2005 Bilodeau amp Chartrand 2009 qui tient compte du caract re composite de la discipline 82 fran ais et de l importance de toutes ses composantes pour le d veloppement d un rapport conscient la langue et le d veloppement des capacit s langagi res des l ves La discipline fran ais en effet puise ses r f rents th oriques de multiples disciplines universitaires dont la linguistique et les tudes litt raires et elle combine ces connaissances th oriques des connaissances pragmatiques certains objets proviennent non pas des domaines scientifiques mais des pratiques langagi res qui ont cours dans la soci t Simard 1997b Pour faire adopter aux l ves un point de vue global sur la langue ou leur propre comportement langagier pour les rendre habiles dans des pratiques diverses il faudrait donc les amener faire le lien entre ces divers points de vue sur la langue Plus pr cis ment Bilodeau et Chartrand d finissent le d cloisonnement dans le cadre de la discipline fran ais comme une orientation didactique qui donn e plus de coh rence et d efficience aux apprentissages en f
97. lit puisqu un seul destin devait m lire moi m me et avec moi des milliards de privil gi s qui comme lui se disaient mes fr res pp 183 184 Puisque le mot absurde y apparait seule occurrence dans le roman il est raisonnable de penser que ce passage est important pour comprendre ce que Camus entend par ce mot et 115 ce que cette notion implique Par le questionnement l enseignant am ne les l ves expliciter d plier en quelque sorte ce passage dense Par exemple Questions Meursault croit il en Dieu non quoi Meursault fait il r f rence lorsqu il parle du fond de son avenir du destin qui doit l lire et avec lui des milliards d autres c est dire quel est l avenir ou le destin de Meursault ce point du roman la mort Pourquoi la mort dans un univers sans Dieu et donc sans vie apr s la mort dans l enfer ou le 115 Le d tail du questionnement ici a moins d importance que l id e g n rale qui est de pr f rer la d marche ma eutique Rouxel 1996 un enseignement notionnel unilat ral pour faire appr hender la notion d absurde aux l ves Il est noter que les r ponses not es entre parenth ses ne sont pas celles qu on attend pr cis ment des l ves mais celles vers lesquelles est tendu le questionnement qui doit s ajuster aux r ponses effectives de ces derniers 174 paradis rendrait galement valables tous les choix de v
98. logique litiste 23 Pourtant comme laffirment Dufays ef al on peut tout fait d fendre l id e que enseignement de r f rences litt raires communes aux membres d une soci t constitue l un des premiers moyens d manciper les l ves des classes les plus d munies de les rendre moins d pendants Promouvoir une culture litt raire commune serait donc une option fondamentalement progressiste Dufays et al 2005 p 155 ce sujet l un des d fenseurs des r formes scolaires en cours le p dagogue Philippe Merieu qui se d finit lui m me comme un militant progressiste a fait son autocritique lui qui pr conisait il y a vingt ans la lecture de modes d emploi et de journaux sportifs dans les banlieues fran aises plaide aujourd hui pour l tude syst matique de la litt rature classique d s le primaire puisque c est la culture fondamentale de l humanit cit dans Chartrand 2005 p 163 note 16 Il faudrait donc faire des propositions concr tes destin es renouveler les pratiques en demeurant conscients que ces derni res ne se laissent pas influenc es si facilement Comment redonner un souffle culturel l enseignement de la langue Comment redonner la litt rature une place importante dans l enseignement du fran ais et comment la remettre en rapport avec son mat riau de base la langue Voil autant de questions auxquelles la didactique du fran ais doit tenter d
99. maintenant crasant Il se brisait en mor aux sur le sable et sur la J ai eu Pimpression que Raymond savait o il allait mais c tait sans doute faux Tout au bout de la plage nous sommes arriv s enfin une petite sour qui coulait dans le sable derri re un gros L nous avons trouv nos deux Arabes Ils taient uc s dans leurs bleus de chauffe graisseux Ils avaient Pair tout fait calmes et presque contents Notre venue n a rien chang Celui qui avait frapp Raymond le regardait sans rien dire L autre soufflait dans un petit roseau et r p tait sans sse en nous regardant du in de l il les trois notes qu il obtenait de son instrument Pendant tout temps il n y a plus eu que le Soleil et silen avec le petit bruit de la sour et les trois notes Puis Raymond a port la main sa poche revolver mais l autre n a pas boug et ils se regardaient toujours J ai remarqu que lui qui jouait de la fl te avait les doigts des pieds tr s cart s Mais sans quitter des yeux son adversaire Raymond m a demand Je le descends Jai pens que si je disais non il s exaterait tout seul et tirerait rtainement Je lui ai seulement dit Il ne t a pas encore parl a ferait vilain de tirer omme q On a enore entendu le petit bruit d eau et de fl te au ur du silen et de la chaleur Puis Raymond a dit Alors je vais l insulter et quand il r pondra je le des ndra
100. mais aussi externe de la langue son histoire sa sociologie et sa g ographie Simard et al 2010 Cet avis est partag par plusieurs Par exemple Chartrand et Boivin 2004 affirment que l enseignement de la langue doit poursuivre deux objectifs non bhi rarchis s et solidaires la compr hension ou la connaissance des principales r gularit s r gles et normes du fran ais crit la grammaire comme objet de savoir de culture et le d veloppement des capacit s langagi res p 3 Le Groupe de R f rence Enseignement du Fran ais GREF dont le rapport a donn lieu la publication des derni res orientations de la CIP en Suisse romande refuse lui aussi de 41 je se nn BN Les ast risques indiqueront d sormais que la r f rence est tir e de notre exploration documentaire 67 r duire l enseignement de la langue ses aspects pratiques et soutient qu il doit aussi permettre de r fl chir la langue et la communication et de construire des r f rences culturelles CIIP 2006 constitu es non seulement autour de l enseignement litt raire mais autour de la langue et de notre rapport cette derni re de l tude de son histoire et de sa place dans le monde plurilingue etc De Pietro amp Wirthner 2004 Concevoir que la langue puisse aussi tre un objet de savoir et de culture digne d tre enseign pour lui m me Chartrand 2006 p 22 revient consid rer que son tude p
101. marquantes avoir som de pr senter ces fables dans un ordre plus heureux que l ordre alphab tique ce qui est courant avec une graphie modernis e ce que certains diteurs jeunesse ne semblent pas juger n cessaire et des notes pertinentes aidant notamment lever certaines difficult s relatives au lexique et aux r f rences Il devrait s agir d une dition en format poche assez abordable pour tre achet e en s rie les ditions de luxe des Fables sont l gion Elle devrait finalement tre illustr e L illustration et la fable font depuis longtemps assez bon m nage pour que certains sugg rent que celle l soit consid r e comme une caract ristique g n rique de celle ci cf section 4 5 Et pourquoi ne pas gayer par l image selon le mot f tiche de La Fontaine lui m me ces textes d un autre ge qui peuvent apparaitre aux l ves aust res au premier abord Si les lecteurs des Fables se sont depuis le XVII si cle d lect s des illustrations des Chauveau Oudry Dor et autres pourquoi priver les l ves des images qui peuvent faciliter l entr e dans le texte L dition id ale que nous d crivons n est paradoxalement pas facile trouver dans la pk thore des ditions existantes Nous pr sentons ici quatre ditions qui r pondent la plupart de ces crit res sans qu aucune ne soit parfaite a La Fontaine J 2007 Fables Paris Larousse Petits classiques cette diti
102. me reposer un moment Cela lui ressemblait eu d avouer de la fatigue comment n avais je donc pas compris que pour y venir elle se sentir malf Mais je rentrais presque puis e de mon long voyage la t te pleine des mille choses que j avais vues et R de ne pas bien rendre inqui te et tracss e au sujet de mon travail venir mment traiter tte mati re abondante retenue dans ma m moire seulement que dans mon mal moi j avais pu passer sans le voir t du sien d j peut tre tr s s rieux d s moment l Pour la troisi me fois en une heure je sortis de mon sac le t l gramme pli en quatre et relus avec la m me stup fation profonde omme si encore maintenant le sens de s quelques lignes ne me parvenait pas en entier Maman d c d e ce matin dix heures Fun railles mardi T attendons si possible C tait sign Germain L GENDE marques nonciatives Adverbes ou locutions adverbiales exprimant des valeurs modales fondamentales possibilit n cessit 157 R SULTATS D ANALYSE 1 avait sembl auxiliaire de modalit exprimant la perception avec une nuance d incertitude 2 les rails ne me chanteraient jamais autre chose que le bonheur image constitutive d une personnification ou d une prosopop e cf la suite qui r v le les pens es et les sentiments de la narratrice en les faisant noncer par les rails Conditionnel ajoutant une nuance d hypoth s
103. mentionn relate une s quence au cours de laquelle des l ves de cinqui me ayant lu et analys sur le plan lexical notamment divers textes m di vaux doivent crire collectivement une nouvelle dont le cadre est le Moyen ge Elle montre que l analyse des divers probl mes rencontr s lors de la production donne l enseignant l occasion de 31 T ne s agit pas d extraits mais d une s lection de fables 32 Cf infra section De l cart la norme pour une recension plus exhaustive des savoirs en question 51 travailler sur plusieurs ph nom nes dialogue coh sion textuelle accords verbaux articulation des temps emploi des d ictiques en combinant pour l tude de chacun d eux les diff rents niveaux d analyse phrastique textuel et discursif Favriaud Dutrait et Vinsonneau 2010 sont aussi d avis qu il est possible de partir des productions cr atives des l ves pour travailler sur les normes linguistiques en progressant des discours h t rog nes vers la langue norm e p 134 Pour eux il s agit de partir de la forme non standard de l l ve pour construire un lieu de discussion et d observation m talinguistique et m tadiscursif pour faire merger la valeur diff rentielle et contextuelle d une forme non commune par rapport la forme socialement attendue id La consid ration de l cart dessine la norme en creux c est ce qu ils illustrent en rapportan
104. nous semble particuli rement symptomatique du ph nom ne que nous d crivons proposant l tude du Bestiaire ou Cort ge d Orph e d Apollnaire Lel vre 2004 soutient qu il serait entre autres possible de proposer une s quence d tude du recueil en uvre int grale en classe de 5 en amorce l tude du Moyen ge avec pour objectifs notionnels l tude de la versification du symbole et des champs lexicaux et l expansion nominale en tude 36 CF section suivante pour la d finition de la s quence didactique que nous retenons 37 Concernant les s quences ayant t effectivement r alis es en classe les exp riences d crites n ont pas toujours t planifi es par les auteurs parfois simplement observ es par eux 59 grammaticale p 62 Dans un cas comme celui l l tude grammaticale propos e apparait comme plaqu e et ne semble pas devoir d boucher sur une meilleure compr hension interpr tation de l uvre Tout se passe comme s il fallait absolument faire intervenir toutes les composantes de la classe de fran ais dans un mod le d action con u comme carcan au prix parfois de la coh rence d ensemble Daunay 2005 met en garde contre cette conception de la s quence didactique qui son avis doit tre un outil pr visionnel souple et non un carcan p 148 qui masque les difficult s inh rentes au d cloisonnement en se pr sentant comme une op ration magique p 14
105. ou l articulation des temps dans un r cit au pass qu abordent plusieurs autres et dans le cadre d une approche descriptive et r flexive de la grammaire dont se r clament tous les auteurs is peuvent tr s bien permettre l tude de plusieurs ph nom nes sans avoir proc der indirectement Lesquels Les textes retenus en pointent une grande quantit qui rel vent de divers domaines dont les trois grammaires des Instructions officielles fran aises pour les programmes au coll ge depuis 1996 phrastique textuelle et discursive Nous compilons ici selon les domaines les divers objets d analyse linguistique que proposent les textes retenus mais sans r f rer explicitement chacune des activit s puisqu une grande quantit d entre elles ont d j t d crites 33 En ligne http www unige ch litteratures2010 texte de cadrage html 34 Pour lalouf 2001 l emploi du terme grammaire pour les r gles qui r gissent les textes et les discours est m taphorique attendu que la violation d une r gle syntaxique rendra un nonc agrammatical quelle que soit la situation d nonciation ce qui n est pas n cessairement le cas pour les r gles de coh rence 56 D abord de nombreux auteurs 19 mentionnent bien entendu le domaine du lexique et de l orthographe lexicale orthographe et correspondances phonographiques s mantique champs lexicaux connotation homonymie synonymie hypero
106. pendant des ann es indissolublement li s M me apr s que j eus quitt ma m re en jour de septembre petite silhouette solitaire au bout du quai serrant sur elle son manteau sombre voir ainsi m me alors les rails ne furent pas longs me at leur sur mon jeune Je mwen allais au loin chercher P J qu il y avait de me disaient ils Je le rappo terais ma m re Et elle en serait jamais EEM Combien de temps avait donc pass depuis tte d un BB qui toujours osdlla entie Pexaltation la plus enivrante peine plus de i ans ct void qu en soir de juin Montr al peine quitt lanc dans la nuit chaque tour de roue de la m me phrase impitoyablement scand e Ta m re est morte Ta m re est morte Ou bien il me faisait moi m me me le dire sur un ton pareillement sand Maman est morte Et je n arrivais pas encore malgr tout le croire tout fait tout au fond de P me Pourquoi serait elle morte avant que je maie eu le temps de lui rapporter la raison d tre de moi que j tais all e re monde lui chercher au prix de tant d efforts Elle atiente mment ne ae ul E a ord le peu de temps qui m avait manqu eu de tempsi g peu de temps Elle ne m pourtant pas si malade P t pass alors que revenant de mon voyage de reportages dans l Ouest canadien et jusqu au tron on que j avais pu aller voir de la route de l Alaska je m tais arr t e aupr s d elle pour quel
107. pourrait aussi tre adress e au mod le de s quence didactique con u par l quipe de Gen ve cf les s quences COROME Dolz Novarraz et Schneuwly 2001 On note en effet l extr me rigidit de ce dernier mod le qui s inscrit aussi dans le mod le didactique du genre et qui coule chaque s quence peu importe la nature du genre genre oral formel genre litt raire etc dans le m me moule mise en situation qui comprend g n ralement l identification des grandes caract ristiques du genre production initiale modules production finale Cette approche centr e sur les genres et sur la production de textes permet difficilement de plonger avec les l ves au c ur de la singularit d une uvre et de faire une place aux enjeux de la r ception 94 les textes litt raires tant parfois des textes relativement opaques pour les l ves la s lection des caract ristiques g n riques ou particuli res tudier parmi toutes celles qui pourraient tre consid r es comme dignes d attention doit en partie reposer sur une prise en compte de ce qui peut faire obstacle la lecture ou constituer un probl me de lecture Nous int grons ainsi les principaux crit res de s lection des objets langagiers faire observer dans les textes litt raires qui taient recens s dans la synth se descriptive de notre exploration documentaire le crit re des caract ristiques g n riques Gaudin Inisan amp Tourigny 2001
108. puisque sli le corpus intertextuel permet de d gager ce qui est commun ce qui est partag par les nonc s au del des variations contextuelles et s il permet de mettre en vidence la souplesse des formulations autour du noyau notionnel le corpus contrast permet d clairer la richesse des carts des tensions entre les nonc s id Nous ajouterions que notre corpus est aussi multidisciplinaire pour insister sur le fait que non seulement il regroupe des textes de plusieurs auteurs mais que les auteurs sont issus de divers champs disciplinaires En efft nous sentions que pour r soudre notre probl me de recherche il nous fallait bien entendu nous approprier les principaux textes de didacticiens du fran ais concernant l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature ou les liens cr er entre ces composantes mais il nous fallait aussi recourir aux deux disciplines m res selon les termes de Barr De Miniac 1998 que sont la linguistique et les tudes litt raires pour mieux comprendre et d crire nos objets de recherche Finalement notons que ce corpus regroupe presque enti rement des sources de premi re main qui conf rent plus de cr dibilit la recherche Van der Maren 1995 4 2 Les questions de recherche et la d marche Les questions qui ont orient notre travail cette tape de la recherche taient les suivantes e Quelles sont les conceptions les plus adapt es de l
109. que soi sur un sujet une conception provisoire qui suffira pour Pinstant il ne s agit que d une sensibilisation L enseignant demande donc aux l ves de tenter de d limiter en petits groupes les diverses s quences textuelles dans les fables choisies en notant les indices qui leur permettent d associer un passage un type textuel Cela sera notamment l occasion de remarquer que les s quences narratives sont normalement centr es sur une seule action ou un seul v nement bri vet oblige et d observer diff rentes caract ristiques du dialogue qu ils n ont pas n cessairement tudi syst matiquement plus t t comme la place des guillemets des tirets des verbes introducteurs et la construction des incises Nous sugg rons de commencer par Le Renard et le bouc o l ench ssement des s quences est moins d routant On peut ensuite passer la fable Le Petit Poisson et le p cheur ou Le Loup et l agneau pour faire constater aux l ves que la dimension argumentative des fables n est pas li e exclusivement leurs morales mais que les dialogues eux m mes regorgent d l ments d argumentation l un argumente pour ne pas tre mang l autre pour l gitimer la d voration Dans le cas du Loup et l agneau c est d ailleurs le contraste entre la faiblesse des arguments du loup dont chacun est r fut par l agneau et la brutalit de la peine inflig e qui rend si manifeste l injustice l
110. question centrale du texte Afin de donner une intention de lecture aux l ves sans orienter leur lecture de fa on contraignante l enseignant apr s ces premi res constatations soul vera simplement la question centrale du roman le sens de la vie Vaste question Il demandera aux l ves de se lancer dans la lecture avec cette question en t te PENDANT LA LECTURE 6 Lecture individuelle des cinq premiers chapitres et criture dans le journal dialogu Comme l a fait remarquer Camus lui m me dans ses Carnets L tranger pr sente une structure tr s raisonn e il s agit en eff t d un diptyque dont les parties s opposent parfaitement sur plusieurs plans la premi re partie constitue la vie r ellement v cue la vie en libert on note d ailleurs une insistance sur les p riodes de vacances qui occultent presque compl tement les l ments de la vie professionnelle la seconde constitue la vie en captivit la vie rev cue par l imagination et d figur e par les acteurs du proc s Pour Pauteur le sens du roman r sidait pr cis ment dans le parall lisme des deux parties Camus 1964 Par ailleurs le roman s ouvre et se ferme sur une mort celle de la m re cele du protagoniste et renferme exactement en son centre le r cit d une troisi me mort en efl t si la premi re partie compte six chapitres et la seconde cinq seulement il faut noter que le chapitre VI qui se cl t sur le meurtre de l Arabe s
111. qui exigera d eux qu ils s int ressent aux caract ristiques des personnages de la narration du style Cette production est suivie d un change entre pairs Les l ves en petits groupes s changent leurs copies et les commentent oralement Ils doivent identifier ce qui ressort de cet exercice d imitation quels points communs par exemple trouvent ils aux diverses productions Ces l ments sont repris en pl ni re L enseignant am ne les l ves s exprimer sur leurs choix narratifs et le style qu ils ont tent de reproduire afin de faire partager les d couvertes dont certaines seront approfondies par les analyses qui suivent 8 2 Analyse lexicale le portrait d un personnage trange Parmi les moyens utilis s par Camus pour faire prouver le sentiment de l absurdit le portrait de personnages tranges cf supra est peut tre le plus remarquable En revenant sur ce qui a t dit du sentiment de l absurdit l enseignant peut demander aux l ves si la vie machinale l aspect m canique des gestes la pantomime priv e de sens dont parle Camus dans Le Mythe leur rappellent un personnage de L tranger en particulier Les l ves devraient pouvoir identifier la petite automate Pour comprendre comment est construit ce personnage qui laisse une forte impression au lecteur la classe proc de en pl ni re une analyse lexicale du court extrait de la petite
112. qui permet observation et r flexion Gaudin Inisan et Tourigny 2001 Cauterman et Daunay 2008 Il s agit par exemple la faveur de la lecture d une uvre int grale ou d un extrait litt raire de faire observer un ph nom ne de langue dont les l ves seront amen s d couvrir le fonctionnement la d marche est par cons quent de type inductif d ailleurs tous mettent en garde contre l tiquetage et certains insistent sur le fait que la conceptualisation et la d signation du ph nom ne trouvent leur place la fin du parcours L tiquetage des faits grammaticaux ainsi rep r s et tudi s n est pas en soi un but Subordonn la construction par les l ves du concept il ne survient qu en fin de parcours quand il est devenu plus commode au sein de cette communaut de travail le professeur et ses l ves d adopter une d nomination commune pour d signer ce que l on a observ Cauterman et Daunay 2008 L enseignement de la grammaire se fait plus r flexif et les r gles s en trouvent d naturalis es Dumortier 2006 Cauterman et Daunay 2008 Quant au chox des ph nom nes observer il se fait selon diff rents principes Certains auteurs s lectionnent 46 les l ments tudier en fonction des caract ristiques g n riques du ou des textes lus C est le cas de Gaudin Inisan et Tourigny 2001 et de Larat 2005 qu proposent respectivement d tudier des formes ling
113. rence linguistique litt rature sciences sociales soutient que c est par l laboration d une d marche de recherche qui lui sot propre que la didactique doit affirmer sa sp cificit Cette d marche reposerait sur deux pivots elle serait bas e sur le questionnement didactique et suivrait une dynamique d ensemble nomm e d marche spiralaire Avant de clarifier ces notions Barr De Miniac insiste sur l importance de pr ciser le sens qu il faut donner au terme didactique Reprenant sensiblement la distinction op r e par Halt 1992 entre pratique didactique et didactique th orique elle rappelle que le terme didactique peut recevoir une acception soit large soit restreinte selon qu il renvoie la recherche universitaire recherche didactique ou la pratique de l enseignant sur le terrain travail didactique La seule acception susceptible de faire avancer la fois la recherche et le travail didactique est son avis celle qui inclut et articule les deux aspects de la didactique car on peut consid rer que la finalit de la recherche didactique est l optimisation du rendement du travail didactique entendu comme une optimisation de 27 l aide l appropriation de la langue et de ses usages par les l ves Barr De Miniac 1998 p 15 Ainsi une recherche didactique au sens de Barr De Miniac ne peut tre purement sp culative documentaire et enraci
114. rente de nouvelles propositions didactiques que nous ferons dans la deuxi me section de ce m moire en essayant d viter les divers cueils point s dans cette critique B Proposition d un mod le d articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature au secondaire 1 D finition des concepts et des principes en jeu Toute d marche d enseignement repose sur certaines positions th oriques que celles ci soient adopt es consciemment ou non par ceux qui la mettent en uvre Dans le feu de l action enseignante une part d implicite est in vitable mais la nature scientifique de la didactique qui veut penser et comprendre l enseignement et l apprentissage du fran ais dans le contexte scolaire exige du didacticien qu il mette au jour les assises des d marches qu il observe ou qu il propose D un point de vue didactique faire des propositions pour la classe n a donc de sens qu en tant que celles ci sont argument es et fond es sur le plan th orique Nous ne saurions l gitimement parler de langue ou de litt rature et sugg rer des pistes pour leur enseignement sans pr ciser quelles conceptions de ces objets et de leur didactisation dans le cadre de la discipline scolaire fran ais sous tendent nos propos En effet les s quences didactiques qui sont pr sent es dans la seconde partie de ce m moire ne sont pas un salmigondis d activit s qui nous ont sembl promette
115. ressantes de ph nom nes orthographiques lexicaux syntaxiques textuels ou discursif qui s ils sont observ s et analys s peuvent la fois tr s bien aider les l ves cheminer vers la connaissance et la maitrise de la langue standard et contribuer au d veloppement de leurs capacit s d interpr tation des textes C est l un des buts que nous poursuivons avec la construction de notre mod le et des s quences didactiques qui suivent 56 Nous renvoyons le lecteur la synth se descriptive de notre exploration documentaire section 1 4 De l cart la norme o cette question est plus longuement abord e avec exemples l appui SECTION II 97 98 AVANT PROPOS Les s quences qui suivent ont t con ues pour montrer les possibilit s d application de notre mod le dans l enseignement du fran ais l ordre secondaire La premi re s quence s adresse des l ves du premier cycle et la seconde des l ves du deuxi me cycle Par souci de diversit nous avons choisi de traiter un genre bref la fable et un genre long le roman ainsi que de faire une place au vers et la prose Les s quences sont construites autour de deux uvres qui ont t choisies pour l int r t qu elles pr sentaient nos yeux certes mais aussi en raison de leur ancrage dans la tradition scolaire En effet nous avons voulu montrer que pour articuler le travail sur la langue au trav
116. ristiques g n riques de la fable que les l ves notent parfois d embl e est qu elle illustre une morale Celle ci est cens e selon La Fontaine instruire les hommes C est donc dire que l auteur donne des le ons nous dit quoi penser comment agir Le lecteur n a t il pas droit son propre avis Une morale est ce que a se discute Comme le font remarquer Cauterman Darras et Vanseveren 2007 les Fables pr sentent deux types de morales certaines tiennent plut t du constat sur l tat du monde Le Loup et l agneau La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le b uf etc alors que d autres tiennent plut t du conseil ou du pr cepte Le Renard et le bouc Le Corbeau et le renard etc C est ces derni res que nous nous int resserons en premier lieu Parmi celles ci la plupart sont explicites certaines sont implicites La Fontaine laisse donc parfois Comme nous le verrons plus avant il y a pourtant chez La Fontaine une cohabitation presque permanente de la badinerie et du pessimisme Activit en partie inspir e de Cauterman Darras et Vanseveren 2007 133 le soin au lecteur de d duire la le on qu il doit tirer de sa lecture lui donnant un espace interpr tatif plus grand L enseignant demande aux l ves d identifie r deux fables parmi celles qui ont t lues dont la morale n est pas nonc e par l auteur La Cigale et la fourmi Le Loup et le chie
117. se posta devant lui et loua ses proportions l gantes et sa beaut ajoutant que nul m tait mieux fait que lui pour tre le roi des oiseaux et qu il le serait devenu s rement s il avait de la voix Le corbeau voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas l cha la viande et poussa de grands cris Le renard se pr cipita et saisissant le morceau dit corbeau si tu avais aussi du jugement il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux Cette fable est une le on pour les sots LE LOUP ET L AGNEAU Esope Un loup voyant un agneau qui buvait une rivi re voulut all guer un pr texte sp cieux pour le d vorer C est pourquoi bien qu il fut lui m me en amont il laccusa de troubler l eau et de l emp cher de boire L agneau r pondit qu il ne buvait que du bout des l vres et que d ailleurs tant laval il ne pouvait troubler Peau lamont Le loup ayant manqu son effet reprit Mais Pan pass tu as insult mon p re Je n tais pas m me n cette poque r pondit l agneau Alors le loup reprit Quelle que soit ta facilit te justifier je ne t en mangerai pas moins Cette fable montre qu aupr s des gens d cid s faire le mal la plus juste d fense reste sans effet Sour sope 1927 Fables trad Chambry Paris Les Belles Lettres LE CORBEAU ET LE RENARD Ph dre Aime t on tre lou dans des discours qui
118. selon une progression allant des uvres contemporaines aux plus anciennes Les textes litt raires associ s aux types narratif po tique et dramatique y taient enfin distingu s des textes courants associ s aux types argumentatif descriptif explicatif mais ne devaient pas occuper dans l enseignement une plus grande place que ces derniers Rappelons que 11 Plusieurs didacticiens parlent en effet d une re du soup on notamment Legros 1992 Dufays et al 2005 14 l implantation de ce programme n tait pas encore termin e lorsque la plus r cente r forme a d but et qu il n a donc pas eu le temps de modifier sensiblement les pratiques Le programme issu de cette r forme MELS 2003 2007 r affirme en principe l importance de la dimension culturelle de la classe de fran ais et prescrit un minimum de cinq uvres compl tes par ann e Jamais prescription n a t quantitativement si importante dans les programmes d tudes de l cole publique obligatoire au Qu bec On peut toutefois se demander si les enseignants pourront y satisfaire attendu que certains arrivent peine atteindre les objectif du programme de 1995 en lecture litt raire En effet une enqu te par questionnaire men e en 2004 par une quipe de l Universit de Sherbrooke aupr s de 634 enseignants volontaires et donc d embl e int ress s par la question de l enseignement litt raire a montr qu une pr
119. son terme ce grand travail de r flexion Le Portail pour l enseignement de la litt rature wWww portail litterature fse ulaval ca et le Portail pour l enseignement du fran ais au secondaire www enseignementdufrancais fSe ulaval ca Groupe de recherche dirig par rick Falardeau et Denis Simard TABLE DES MATI RES REMERCIEMENTS rs nesanmsenistend ini ist sn inde lots ets ll TABIE DES MA TIR RES asie les nat io ie nn te on die een en iles ttes il INTRODUCTION OR A Ne NPA ne nt cl SECTION I eessseoooooooooooooooooooooooosoooooooooooooooosooosoooooooooooooooooooooooooosooooooooooooooooooooo 5 PROBL MATIQUE EEE EEIE EEEE E E S E E A E AA 1 Des lacunes en fran ais chez les jeunes Qu b cois nssssnssesessseessesseosseeseseesseesseseesseesee 6 2 Lasoci te T cole et lacultureir ienna an n a a RU fe 7 3 Fenseigiement de Angus ain mise a on te dat a a a a 8 3 1 Bref historique de l enseignement de la grammaire au Qu bec 8 4 L enseignement de la HH TALUR Rain a a mu na nteustes 11 4 1 La litt rature dans les coles de l Europe francophone et du Qu bec 00 0000 12 4 2 L importance de la litt rature seneaenennnnnseseeneesesseeseesrosseesesrossrsresseesresreesee 15 sUnprob me d articuh tions amener dames anne hndrests dise 17 M THODOLOGIE ST CU Rene Te PS Sas est et de sn de ne eo ERE AU 1 Objectif g n ral de la recherche ns Te A nes 26 2 Une recherche didactique
120. sur l occasion et lui fit un petit sermon Que faisiez vous pendant que je m esquintais parcourir rues et ruelles pour vendre du chocolat Je jouais la marelle aux serpents et aux chelles avec Gladys Florence et Michelle dit Am lie Vous jouiez Pen suis fort aise Vous voulez aller New York ma ch re Eh bien marchez maintenant Source Souli res R 2005 Ding dong pp 87 89 Saint Lambert Souli res 7 Une histoire pour embellir la vie En entendant les spectateurs prendre place dans la salle de l cole Marilou et ses amis ont un trac fou Manon Lasource a assist aux r p titions de cette nouvelle fable Elle a jug que la bande avait eu une id e extraordinaire Tout le monde sera t il de cet avis Marilou glisse son nez dans une fente du rideau Toute l cole est l des plus petits jusqu aux plus grands Il y a aussi les professeurs des parents et le directeur Octave Poisson Enfin apr s les trois coups le rideau s ouvre et le spectacle commence Les soeurs Carboni installent le d cor de l t Elles font bondir un gros soleil et voler quelques oiseaux autour des arbres qu elles ont bricol s La cigale se met chanter sur un rythme sud am ricain Picot Picot par ci Picot Picot par l La fourmi rouge fid le son r le ramasse un plein sac d ordures en suant beaucoup Soudainement l hiver arrive Jojo et Zaza secouent
121. un oc an de m tal bouillant l air enflamm les p es de lumi re du sable etc dont certaines tiennent parfois carr ment de l oxymore en rapprochant des l ments contraires pleuvoir du feu et fait remarquer qu elles mettent en relation tous les l ments l eau la pluie l oc an le feu le soleil ses rayons comme une pluie aveuglante ou comme des p es de lumi re sa chaleur enflamm e capable de faire bouillir le m tal l air et la terre le sable en leur donnant une grande force expressive En guidant ensuite les l ves par le questionnement il les am ne constater l importance particuli re de l l ment feu Selon votre analyse des champs lexicaux quel l ment semble le plus fort le plus important le plus pr sent le jaune domine clairement dans l identification des champs lexicaux Quel l ment travers les figures notamment les quatre que je viens de relever semble l emporter sur tous les 171 autres les contaminer finir par prendre toute la place le f u est un des termes de l analogie dans toutes les figures En efft par une sorte de contamination m taphorique le fu tend peu peu sa domination tout an antissant presque les autres l ments dans son embrasement la terre est s che et dure elle est sable rocher ou poussi re et fait jaillir des p es de lumi re lorsque le soleil s y brise en morceaux l eau hal te d une respirat
122. urse commence Le gu pard prend de l avanc La gazelle va toute vitesse Anim e par un instinct de survie le tueur elle rejoint presque lorsque la fatigue la prit Elle abandonne puis e Et le fauve de la manger Abandonner est toujours bien plus fadle Mais tous vos efforts auront t inutiles Olivier et Raffaela LE SINGE ET L L PHANT Capitaine singe allait de compagnie Avec son ami l phant des plus b tis Malheureusement lui d n tait pas tr s intelligent L autre oui mais n tait pas fait fortement L habile grimpeur dit son ami L intelligen vaut selon moi plus que la force Je n y qois point Un jour vous verrez dit Pautre Un jour ils furent attaqu s par des bracnniers La g ante cr ature courut les attaquer L intelligent dans un arbre perch Fut en s curit La puissan n est pas que physique elle est surtout mentale Nicolas et Alexis D OURS BRUN ET LA GRAFE Lours sur un ne ac ot Savourait un bon miel dor Mademoiselle girafe qui disait qui le voulait bien Tous les plaisirs de son pays lointain S avana vers le gourmand Avec l intention de lui parler avec entrain La vantarde r ata Eno re une fois tous ses chants Sur son magnifique continent Le nonchalant vint y mettre son grain de sel Ma tr s ch re vous parlez de PAfrique Comme s il s agissait du royaume ternel Mais vous oubliez q
123. v le avec bonheur quand on fait confiance leur intelligence 191 R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES AQUIEN M 1993 Dictionnaire de po tique Paris Librairie g n rale fran aise Le Livre de Poche ARENDT H 1972 La Crise de la culture trad P L vy Paris Gallimard Folio essais ARRIV M GADET F amp GALMICHE M 1986 La Grammaire d aujourd hui guide alphab tique de linguistique fran aise Paris Flammarion ARON P amp VIALA A 2005 L Enseignement litt raire Paris PUF Que sais je ARON T 1984 Litt rature et litt rarit Un essai de mise au point Paris Les Belles Lettres Annales litt raires de l universit de Besan on BALSIGER C B TRIX K HLER D amp PANCHOUT DUBOIS M 2010 Enseigner la langue dans le souci de la litt rature pour une instrumentalisation de la litt rature au service de l enseignement de la langue Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 7 13 C d rom Gen ve Universit de Gen ve BARR DE MINIAC C 1998 Une d marche de recherche au service du questionnement didactique F Grossman d Pratiques langagi res et didactique de l crit Hommage Michel Dab ne pp 11 21 Grenoble IVEL LIDILEM BARTHES R 1953 Le Degr z ro de l
124. viter tout prix au non de la vari t la r p tition Si cette vari t ne manque pas d gayer le texte selon le mot de La Fontaine elle ne facilite pas la reconstitution des 86 Biard 1970 souligne que les critiques ont t nombreux remarquer la richesse du vocabulaire du fabuliste l poque o les puristes laguent la langue sans l siner La Fontaine refuse de s imposer des contraintes lexicales draconiennes une comparaison effectu e par Biard entre le vocabulaire de La Fontaine et celui des autres grands classiques bas e sur leur dition dans la collection des Grands crivains de la France montre que seul Moli re aurait employ autant de mots que La Fontaine dans ses uvres environ 6000 Racine et Corneille par comparaison n en aurait utilis respectivement que 4 000 et 3 000 Si l on tient compte de la taille et de la nature des uvres de ces crivains la richesse du vocabu laire de La Fontaine n en apparait que plus tonnante 127 chaines de reprise par des lecteurs novices et peut ainsi constituer un obstacle la lecture Il est donc int ressant de mener un travail sur la reprise de l information dans quelques fables la fois pour lever la difficult et faire constater aux l ves cette autre dimension de l criture du fabuliste Cette activit exige que les l ves aient d j travaill un peu sur la reprise de l information et certains des proc d s de reprise L
125. 2004 p 3 pousse Chartrand et Boivin utiliser expression plus englobante d activit m talinguistique qu elles d finissent comme toute activit r flexive spontan e ou pas qui prend comme objet d tude la langue comme syst me ou son actualisation dans des pratiques langagi res id Pour r soudre ce probl me de polys mie De Pietro et Wirthner 2004 et les auteurs des derni res orientations propos es par la Conf rence intercantonale de l instruction publique en Suisse CHP 2006 utilisent quant eux l expression grammaire au sens large pour inclure tous les aspects de la communication jusqu l ensemble des activit s r flexives conduites propos du texte de la phrase du mot voire des op rations et des strat gies mises en uvre lors de la lecture ou de l criture CHP 2006 p 30 Pour notre part nous employons notamment la 66 suite de Dumortier 2006 et Grossman et Manesse 2003 qui subsument sous ce terme la grammaire et l observation r fl chie de la langue mais aussi de Simard 1997a 2010 l expression plus g n rale d enseignement de la langue Cette derni re a l avantage comme les pr c dentes non seulement de n exclure priori aucun sous syst me ou aucune dimension de la langue mais encore d tre ouverte sur les pratiques langagi res nomm es l occasion activit s langagi res notamment chez Daunay 2005 ou Schneuwly
126. 3 Analyse narratologique un je qui est comme un il Avant d aborder la narration dans L tranger l enseignant demande aux l ves ce qui leur avis caract rise habituellement les r cits la premi re personne ou le narrateur raconte sa propre vie Pour ce faire il leur demande de s appuyer sur l extrait du Temps qui m a manqu reproduit infra qu ils ont lu en d but de s quence en le pr sentant comme 151 un cas typique de r cit autobiographique Il les alimente par des questions susceptibles d attirer leur attention sur les l ments pertinents Quel est le ton de la narratrice d tach impersonnel ou neutre humoristique dramatique expressif ou motif etc A t on l impression qu elle nous confie des choses intimes personnelles ou qu elle nous raconte quelque chose qui n a aucune importance pour elle Rapporte t elle surtout les v nements tels qu ils se sont produits ou tels qu elle les a v cus int rieurement dans sa t te son coeur Par le questionnement l enseignant fait sentir aux l ves que le type de narration que le genre autobiographique appelle habituellement est propre aux confidences la justification la recherche de soi ou lintrospection aux monologues int rieurs focalisation interne aux r flexions personnelles et aux r actions motives face ce qui est racont il s agit d une reconstruction de la vie de celui qui raconte o celui
127. 4 Il s agit selon ces auteurs de sortir la grammaire de son isolement pour la rattacher syst matiquement l tude des discours id La notion de genre devient alors productive et plusieurs s quences en font leur objet Par exemple 42 Gaudin Inisan et Tourigny illustrent la d marche propos e par une s quence destin e des l ves de quatri me autour de la science fiction au cours de laquelle des faits de langues pourraient tre tudi s dans les textes parce qu ils rel vent de caract ristiques g n riques n ologismes onomastique particuli re descriptions d objets insolites dialogues sous forme d expos s expressions p riphrastiques etc De la m me fa on dans le cadre d une s quence consacr e la po sie contemporaine Larat 2005 travaille avec ses l ves de lyc e brevet professionnel autour d un po me de Cendrars en s int ressant l expansion du groupe nominal puisqu il d sire faire remarquer aux l ves qu une des caract ristiques de la po sie contemporaine est qu elle recourt souvent aux phrases non verbales l tude de l expansion du groupe du nom permettra entre autres de revenir sur la notion de relative et de faire voir qu une phrase peut tre non verbale et pr senter tout de m me un verbe conjugu si celui ci figure dans une relative Travailler en s quence dans le sens o l entendent la plupart des auteurs articuler F7 autour du travail de textes
128. 4 09 Roy G 1997 Le Temps qui m a manqu Montr al Bor al 202 SALLENA VE D 1991 Le Don des morts Sur la litt rature Paris Gallimard nrf SARTRE J P 1947 Explication de L tranger Dans J P Sartre Situations I Essais critiques Paris Gallimard SAUSSURE F 1916 1965 Cours de linguistique g n rale Paris Payot SCHNEUWLY B 2005 De lutilt de la transposition didactique Dans J L CHISS J DAVID amp Y REUTER dir Didactique du fran ais fondements d une discipline pp 47 58 Bruxelles De Boeck SCHNEUWLY B 2007 Le Fran ais une discipline scolaire autonome ouverte et articul e Dans E Falardeau C Fischer C Simard amp N Sorin dir La Didactique du fran ais Les voies actuelles de la recherche pp 9 26 Qu bec PUL SIMARD C 1996 Examen d une tradition scolaire la dict e Dans S G Chartrand dir Pour un nouvel enseignement de la grammaire Propositions didactiques 2 d pp 359 397 Montr al Les Editions logiques SIMARD C 1997a Dynamique du rapport entre didactique de la langue et didactique de la litt rature Dans M No l Gaudreault dir Didactique de la litt rature bilan et perspectives pp 197 211 Qu bec Nuit blanche diteur SIMARD C 1997b l ments de didactique du fran ais langue premi re St Laurent ERPI SIMARD C 1999 Pour une approche transversale de la grammaire da
129. 9 une solution miracle aux probl mes de l enseignement du fran ais Bien que le caract re artificiel y soit moins patent certains textes retenus n vitent pas totalement ce pi ge C est le cas de Gaudin Inisan et Tourigny 2001 qui pour montrer la forme que peut prendre Ija s quence comme nouvelle pratique didactique en fran ais p 62 voquent une s quence sur le Moyen ge qui articule des activit s diverses entre lesquels les liens essentiellement th matiques m riteraient d tre resserr es Prenons un exemple une s quence en cinqui me dont l objectif en lecture est de faire d couvrir le Moyen ge litt raire peut demander qu on lui consacre une quinzaine d heures On pourra lire des extraits des romans de la Table Ronde des romans de litt rature de jeunesse dont le cadre est le Moyen ge crire des portraits de chevaliers de troubadours des aventures dans un cadre m di val travailler par exemple sur la d signation la caract risation p 62 Id alement lorsque cela est possible r tude d un fait de langue devrait trouver sa place plus naturellement dans l analyse d un texte ou d un genre de texte notamment parce que le texte en pr sente des occurrences particuli rement int ressantes L l ve ne devrait pas sentir que le choix de mener une tude grammaticale dans le cadre d une s quence donn e tient de la pure contingence Pourtant Cauterman Darra
130. Dans le courant j appuyer la R tenant lieu thase ii Plus de vingt pas au dessous d Elle d action faut que je Et que par cons quent en aucune fa on tentatives me venge et r futation de de l agneau de sortir de i a y l impasse et Et je sais que de moi tu m dis Pan pass du loup Je ne puis troubler sa boisson Tu la troubles reprit tte b te cruelle l agneau Comment l aurais je fait si je n tais pas n d arriver Reprit agneau je tette encor ma m re ses fins Si n est toi Cest donc ton fr re Je n en ai point C est donc quelqu un des tiens Car vous ne m pargnez gu re Vous vos bergers et vos chiens On me l a dit il faut que je me venge L dessus au fond des for ts Le loup l emporte et puis le mange D nouement Syst me Sans autre forme de proc s imparfait pr se nt de narration 8 2 L h t rom trie Si la vari t est sur le plan typologique une caract ristique g n rique de la fable elle est sur une quantit d autres plans une caract ristique particuli re aux fables de La Fontaine Dans ces derni res en effet elle s immisce tant sur les plans lexical et textuel que po tique Sur le plan po tique un fait marquant de ces fables est le caract re syncop que leur conf re l h t rom trie Au bercement gal et la langueur de l alexandrin des trag diens de son poque La Fontaine qui a choisi
131. FLM 10 5 8 LEGROS G 2000 Quelle litt rature enseigner Dans M J Fourtanier amp G Langlade d Enseigner la litt rature Actes du colloque Enjeux didactiques des th ories du texte dans l enseignement du fran ais IUFM Midi Pyr n es pp 19 30 Toulouse Delagrave CRDP Midi Pyr n es LEGROS G 2005 Quelle place pour la didactique de la litt rature Dans J L CHISS J DAVID amp Y REUTER dir Didactique du fran ais fondements d une discipline pp 15 34 Bruxelles De Boeck LEJEUNE P 1996 Le Pacte autobiographique Paris Seuil Points LELI VRE D 2004 Les enjeux de la r criture autour de Bestiaire ou Cort ge d Orph e de G Apollinaire Le Fran ais aujourd hui 144 62 68 LUSETTI M 2008 La langue en jeu x dans la litt rature de jeunesse Entre enseignement de la grammaire et de la litt rature Recherches 48 165 187 MAINGUENEAU D 1990 Pragmatique pour le discours litt raire Paris Bordas MAINGUENEAU D 1993 l ments de linguistique pour le texte litt raire Paris Dunod MARGHESCOU M 1974 Le concept de litt rarit Paris Mouton MARTINET A 2005 conomie des changements phon tiques Trait de phonologie diachronique Paris Maisonneuve amp Larose MASSERON C 1996 De quelques caract ristiques de l argumentation dans Les Fables Pratiques 91 57 92 MELS 2003 Programme de formation de l cole qu b coise enseig
132. L ad quation une m thodologie unique ne nous semblait pas susceptible de nous permettre d atteindre pleinement notre objectif Notre d marche plurielle et personnelle ne nuit donc pas pour nous la cr dibiit de notre recherche d autant qu elle se moule bien son objet lui m me composite D ailleurs comme l crit Christiane Gohier qui a r fl chi la validit de la recherche th orique en ducation lorthodoxie m thodologique ne doit pas imposer ses diktats la pens e Elle doit la servir La pens e novatrice est faite d errances voire d erreurs si elle emprunte des chemins d j tout trac s elle ne pourra que r it rer Elle n inventera pas 1998 p 279 26 Pour la plupart des ph nom nes grammaticaux exploit s dans les s quences nous avons choisi d tre fid le aux choix th oriques de la Grammaire p dagogique d aujourd hui Chartrand ef al 1999 40 ASSISES TH ORIQUES A Exploration documentaire 1 Synth se descriptive des propositions recens es Si l on peut pr tendre que des propositions de pistes didactiques pour articuler l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature en classe de fran ais viendraient combler un certain vide didactique on ne saurait affirmer que rien n a t fait cet efft En fait il semble que la didactique du fran ais reconnait la fois que l unit de la discipline fran ais est une question d actualit qu
133. LILI MARION GAUVIN FISET ARTICULER L ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE L ENSEIGNEMENT DE LA LITT RATURE AU SECONDAIRE Proposition d un mod le d articulation et de pistes pour la classe M moire pr sent la facult des tudes sup rieures et postdoctorales de l Universit Laval dans le cadre du programme de la maitrise en didactique pour l obtention du grade de Maitre s arts M A D PARTEMENT D TUDES SUR L ENSEIGNEMENT ET L APPRENTISSAGE FACULT DES SCIENCES DE L DUCATION UNIVERSIT LAVAL QU BEC 2012 Lii Marion Gauvin Fiset 2012 R SUM Les fondements culturels de l ducation r affirm s par les textes de la plus r cente r forme scolaire au Qu bec n ont pas toujours t au c ur des prescriptions gouvernementales et de la pratique enseignante Au sein de la discipline fran ais notamment la place de la grammaire et de la litt rature dans l enseignement secondaire a vari en fonction des courants sociaux et des r formes qui ont marqu le syst me ducatif passant par des p riodes de minorisation Par ailleurs les rapports entre ces composantes du fran ais ont connu des vicissitudes per us tour tour comme naturels ou conflictuels ces rapports constituent l objet de ce m moire qui s interroge sur la place donner l enseignement de la langue et de la litt rature et plus particuli rement sur les liens cr er entre ces enseignements au secondaire qu b cois Partant
134. ROLVER POUR ELLE QUELQUE CHOSE QUI TAIT BIEN PLUS QUE DE LA SYMPATHIE MON CH RI QUE DIRAIS TU DUN PETIT REPAS EN T TE T TE APR S LE SPECTACLE 2 LA CIGALE SE LIWRAIT UNE OC CUPATION DES PLUS FUTILES ET AUX DIRES DE BEAUCOUP FR LANT L INUTILIT ELLE TAIT CHANTEUSE AMUSANTE SAYN TE NSDIR E DE L LWRE DL C LEBRE AUTEUR COMIQUE IZAN DE LA FONTAINE BREE LA CIGALE SANS SOUCI L LENDEMAIN MENAIT CE QU IL EST CONVENU D APPELER LA VZ DE BOH ME MAIS UN JOUR LA LUCANE CERF VOLANT GENDARME LUI REMIT UN PLI CACHET LA CIGALE FUT ATERR E PAR CETE NOUVELLE JE NE SAIS RIEN FAIRE TIENS l CETE CH RE CIGALE ALORS 2 TOLIJOURS FAI ELLE S OLNRIT LA MOUCHE ATENDS gt ET POURQUOI N IRAI NDWIDU CERTES PEU RECOM G NE CRIER FAMINE MENDABLE MAIS TOUJOURS CHEX LA FOURMI TA N ANTER EN BRAILLANT DES PLEN DE RESSOURCES voise Y en ee a IE VRIS ME RETROUVER FORT y C esr QUEL UTE Je N ai QUE TR S PEU DE TEMPS DEPOURVUE QUAND LA BISE SUJET SERA vene E FOURMI Ce a SOCI T ANONYME RE BAH TU SAIS N OUAIS C EST Chin NEST LA SON MONDE e I5 AS PR TEUSE Us ER ALLO oui l LA COMMANDE Au BOUSIER 2 BON QU IL M EN METE TONNES VOILA CE CONSEIL EST GRATUIT FAIS EN BON USAGE MAIS PUISQUE Je Vous DIS
135. Revue fran aise de p dagogie 143 7 15 FALARDEAU 2003 Pistes d entr e en litt rature ou en lecture Enjeux 58 83 94 FALARDEAU 2004 La place des lecteurs dans les classes de litt rature Qu bec fran ais 135 38 41 FALARDEAU 2010 La litt rature dans les textes de la r forme des ambitions initiales aux r alisation timor es Dans M hammed Mellouki dir Promesses et rat s de la r forme de l ducation au Qu bec pp 165 190 Qu bec Les Presses de l Universit Laval FALARDEAU amp GAUVIN FISET L M 2009 Les programmes de fran ais qu b cois et les manuels p dagogiques analyse de propositions pour l enseignement apprentissage de l criture cr ative Dans J L Dufays et S Plane dir L criture de fiction en classe de fran ais pp 29 46 Namur Presses universitaires de Namur Recherches en didactique du fran ais FAVRIAUD M DUTRAIT C amp VINSONNEAU M 2010 La norme en dialogue avec la variation po tique d s le cycle 2 de l cole primaire Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 133 138 C d rom Gen ve Universit de Gen ve FORQUIN J C 1989 cole et culture Le point de vue des sociologues britanniques Bruxelles De Boeck FOURTANIER M J 2010 L
136. TICLE 5 Titre Num ro Ann e Pages P RIODIQUE oui non Pr cision Proposition s concr te s d aticulation du travail sur la langue au travail sur le texte litt raire ANALYSE DU Travail en oeuvre int grale CONTENU SELON Activit s langagi res abord es R TSDE lecture LES INT criture RECHERCHE oral production oral r ception Oeuvre s extrait s litt raire s tudi e s Objet s grammatical aux linguistique s abord s Niveau vis R SUM la suite de Suzanne Richard qui a men dans le cadre de ses tudes doctorales une importante recherche documentaire de type analyse de contenu pour comprendre les finalit s assign es l enseignement de la litt rature cf Richard 2006 pour la pr sentation de la m thodologie de cette recherche nous avons choisi d emprunter une d marche la fois descriptive et critique pour analyser le contenu des contributions ainsi r pertori es 3 3 La description des donn es L organisation des donn es par le biais des fiches de lecture tait n cessaire la r alisation de la synth se descriptive qui a consist faire parler le mat riel recueilli Richard 2006 p 194 et donc d gager en cr ant des rapprochements les diverses propositions didactiques pertinentes leur fr quence d apparition leurs particularit s Les rapprochements effectu s ont permis de regrouper les pistes didactiques autour de quatre
137. abus de pouvoir Une mise en commun en pl ni re pourrait aboutir une analyse comme celle qui suit 84 Pour une tude approfondie de l argumentation dans les Fables et des propositions pour leur exploitation en classe dans l enseignement de l argumentation cf Masseron 1996 35 L analyse du Loup et l Agneau s inspire en partie de celle qu en donnent Canvat et Vandendorpe 1996 122 L GENDE s quences s quences s quences s quences Personnage Pr sentatio n des caract ristiques des personnages a Introductio n avec verbe de parole et Tirets Incise s ANALYSE DES S QUENCES TEXTUELLES CONTENUES DANS TROIS FABLES narratives descriptives dialogales argumentatives Syst me imparfait pass simple pr sent de narration Situation Avec son ami bouc des plus hay CT elui a ne voyait pas plus ein que son n La soif les oblige de des ndre en uf puits perturbateu L haun d eux se d salt re ka Apr s qu abondamment tous deux en eurent pris Le renard dit au bouc Que ferons nous comp re Ce n est pas tout de boire il faut sortir d ia L ve tes pieds en haut et tes rnes aussi Mets les ntre le mur Le long de ton chine Je grimperai premi rement Dialogue tenant lieu d action machination du renard pour se sortir de Puis sur tes cornes m levant l aide de tte machine De lieu a je sortirai Apr s quoi je ten tirerai di
138. ade amp Fourtanier 2007 p 103 Le texte litt raire en lui m me doit tre objet d attention et l l ve a besoin d outils intellectuels pour lapprocher le lire le comprendre conditions sine qua non de l interpr tation et de l investissement subjectif En effet un texte litt raire est un objet minemment complexe qui peut apparaitre aux l ves d une grande tranget d une grande opacit sur les plans linguistique historique culturel Langlade 2010 parce qu il fait partie de cet ensemble de textes r sistants c est dire qu ils ne se laissent pas automatiquement saisir qui ont pour caract ristique d tre r ticents et ou prolif rants Maingueneau 1990 Tauveron 1999 En d autres termes la fois lacunaire r ticent et foisonnant prolif rant de d tails le texte litt raire oblige le lecteur un double travail d expansion et de filtrage de l information id Pour Tauveron 1999 la r ticence des textes ne vient pas que de leur mcompl tude volontaire elle est aussi d origme langagi re elle trouve sa source dans l ensemble des moyens qui sont utilis s en rupture d lib r e avec les lois l mentaires de la communication naturelle pour ne pas Les dimensions esth tique intertextuelle historique et r f rentielle de la litt rature sont toutes en jeu ici 75 rendre la saisie du message imm diate p 18 Ele impliquerait donc de por
139. ail sur les uvres litt raires il n tait pas n cessaire de tout renouveler jusqu au corpus des uvres enseigner Nul besoin de choisir des uvres particuli res ad hoc si l on peut dire par exemple des uvres modernes qui s attachent de mani re d clar e jouer avec certains aspects du langage comme cela a t propos par certains auteurs cf notre exploration documentaire Le changement propos en est un de perspective sur les uvres l attention accord e la dimension langagi re des textes litt raires permet d ouvrir le travail sur l tude de la langue Notre mod le est donc tout fait compatible avec une conception patrimoniale de l enseignement de la litt rature En tant qu illustrations d un mod le d articulation th orique les s quences qui suivent ne constituent pas proprement parler du mat riel didactique pr t l emploi Certaines activit s ont bien t exp riment es par l auteure en classe mais les s quences n ont pas t mises en uvre int gralement Celles ci devraient tre adapt es avant d tre utilis es notamment parce que leur laboration tait davantage guid e par une exigence d exploration des possibles que de faisabilit imm diate et qu elles sont en cons quence sans doute trop longues ou trop copieuses si l on consid re le temps qu il est r aliste d impartir l tude d une uvre litt raire particuli re au cours d une ann
140. aingueneau 1993 En raison de leur aspect non s cant leur succession s interpr te comme une succession d v nements qui s appuient sans chevauchement les uns sur les autres ibid p 45 C est dire que le simple ordre lin aire des pass s simples peut marquer dans un r cit la succession chronologique sans l aide d autres indicateurs temporels marqueurs compl ments Riegel Pelat amp Rioul 1994 Relation chronologique mais aussi causale selon Barthes Par son pass simple le verbe fait implicitement partie d une cha ne causale il participe un ensemble d actions solidaires et dirig es soutenant une quivoque entre temporalit et causalit il appelle un d roulement c est dire une intelligence du R cit Barthes 1953 p 28 Le pass compos l inverse est per se incapable d tablir une succession chronologique ou logique il est donc peu compatible avec l encha nement narratif Il pose les proc s comme disjoints tous pass s par rapport au moment d nonciation et en raison de son lien avec l accompli les pr sentent comme statiques au lieu de les tourner vers les v nements qui suivent Ainsi M acheta un g teau et il prit le train sera interpr t comme une succession tandis que ce n est pas le cas pour ll a achet un g teau et il a pris le train qui peut d noter deux faits ind pendants Maingueneau 1993 p 45 L criture de L tranger repr sentait d
141. ais enseignement litt raire ne peut tre r duit une mani re d ducation la sensibilit artistique il l est mais il ne se borne pas cela Tout au contraire il doit tre travers par des objectifs g n raux d apprentissage de la langue pp 13 14 Il y aurait donc une forme de cloisonnement de l enseignement de la langue et de celui de la litt rature M me si les programmes et les pratiques sont loin de se confondre comme le montre par exemple la recherche LEF il semble que ce cloisonnement s observe effectivement dans les classes au Qu bec L enqu te d LEF montre par exemple que l enseignement de la langue prend encore surtout la forme d exercices d contextualis s L enqu te de Dezutter et al de son c t montre que les consid rations li es la langue sont plut t absentes des pratiques d enseignement de la litt rature au Qu bec Les pratiques dominantes d exploitation des uvres litt raires identifi es par son quipe de chercheurs Dezutter 2005 Dezutter et al 2007 ne semblent faire que peu de place au travail sur la langue du questionnaire de compr hension la reconstitution du sch ma narratif en passant par le r sum la pr sentation d information sur l auteur et la fiche de lecture la disjonction semble apparaitre Par ailleurs une autre recherche en cours l Universit Laval ajoute ces constats des donn es parlantes Le Groupe de reche
142. ais je dois d visser la bi re pour que vous puissiez la voir Il s approchait de la bi re quand je Pai arr t Il ma dit Vous ne voulez pas Pai r pondu Non Il s est interrompu et j tais g n par que je sentais que je SR dire la Au bout d un moment il ma regard et il ma demand Pourquoi mais sans reproche comme s il s informait Jai dit Je ne sais pas Alors tortillant sa moustache blanche il a d dar sans me regarder Je comprends Il avait de DER yeux bleu dair et un teint un peu rouge Il ma donn une chaise et lui m me s est assis un peu en arri re de moi La garde s est lev e et s est dirig e vers la sortie moment le conderge m a dit C est un chancre qu elle a Comme je ne omprenais pas j ai regard Pinfirmi re et j ai vu qu elle portait sous les yeux un bandeau qui faisait le tour de la t te la hauteur du nez le bandeau tait plat On ne voyait que la blancheur du bandeau dans son visage Quand elle est partie le nderge a parl Je vais vous laisser seul Je ne sais pas uel geste j ai fait mais il est rest debout derri re moi Cette pr sen dans mon dos me La pi tait pleine d une belle lumi re de fin d apr s midi Deux frelons bourdonnaient contre la verri re Et je sentais le sommeil me gagner Jai dit au conderge sans me retourner vers lui Il y a longtemps que vous tes l Imm diatement il
143. ale par un pronom il R totale par un pronom l R totale par un pronom le museau du Sire R par association H lui R totale par un pronom la queue R par association l oreille R par association 129 LE LOUP ET OMEN Le Chien Un loup n avait que les os et la peau Tant les chiens faisaient bonne garde Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau Gras poli qui s tait fourvoy par m garde attaquer le mettre en quartiers Sire loup l e t fait volontiers Mais il fallait livrer bataille Et tait de taille se d fendre hardiment Le loup donc laborde humblement Entre en propos et lui fait compliment Sur qu iladmire Il ne tiendra qu vous beau site D tre aussi gras que moi lui r partit le chien Quittez les bois vous ferez bien Vos pareils y sont mis rables Cancres h res et pauvres diables Dont la condition est de mourir de faim Car quoi rien d assur point de franche lipp e Tout la pointe de l p e Suivez moi vous aurez un bien meilleur destin Le loup reprit Que me faudra t il faire Presque tien dit le chien donner la chasse aux gens Portant b tons et mendiant Flatter ceux du logis son ma tre complaire Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toutes les fa ons Os de poulets os de pigeons Sans parler de mainte caresse Le loup d j se forge une f licit Qui le fait pleurer de tendress
144. analyse de contenu pour la recherche en didactique de la litt rature Le traitement de donn es quantitatives pour une analyse qualitative parcours d une approche mixte Recherches qualitatives 26 1 181 201 RICHARD S amp LECAVALIER J 2010 Langue et litt rature outils gigognes de la construction identitaire et de la repr sentation du monde Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuilet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 243 246 C d rom Gen ve Universit de Gen ve RIC UR P 1986 Du Texte l action Paris Seuil Points RIEGEL M PELLAT J C amp R RIOUL 1994 Grammaire m thodique du fran ais Paris PUF Quadrige RISSELIN K 2007 Des l ves grammairiens le travail de la langue en atelier Le Fran ais aujourd hui 156 27 37 ROSIER J M amp Dufays J L 2003 La place de la litt rature dans la discipline fran ais La Lettre de la DFLM 32 vol 1 8 11 ROSIER J M 2002 La Didactique du fran ais Paris PUF Que sais je ROUXEL A 1996 Enseigner la lecture litt raire Rennes Presses universitaires de Rennes ROUXEL A 2004 Qu entend on par lecture litt raire Dans Actes de l Universit d automne Minist re de l ducation nationale En ligne http eduscoleducation f D0126 lecture litteraire rouxeLhtm 14 0
145. ans toutes ses phases par le questionnement didactique c est dire par la pr occupation de contribuer rep rer sugg rer et fonder th oriquement des pistes et d marches didactiques p 16 nous soulignons 3 Rep rer des pistes didactiques l exploration documentaire Apr s la constatation des probl mes expos s dans notre probl matique la premi re n cessit qui s est impos e nous a t de recenser les pistes de solution concr tes qui existaient d j dans le champ La premi re partie de notre recherche prend donc la forme 21 Cf note suivante o nous nuan ons cette affirmation en expliquant que nous ne travaillons pas qu partir d nonc s th oriques mais aussi partir de certaines donn es empiriques de seconde main 2 Le caract re tr s pratique et descriptif de certaines contributions par exemple celles qui rapportent le d roulement d une s quence didactique exp riment e en classe par un enseignant de fran ais en cherchant toujours bien entendu la valider en fait un mat riel hybride alliant donn es empiriques et nonc s th oriques 29 d une exploration documentaire Il s agit en fait d une recherche documentaire Legendre 1993 Piolat 2002 c est dire d une recherche visant la r union et l organisation d informations dans un domaine sp cifique ou en regard d un probl me particulier Legendre 1993 p 1079 Le domaine concern est en
146. aphe lexicale et grammaticale s il en est une place de choix dans les cours de fran ais Cette r ponse de la soci t pose certains probl mes 2 La soci t l cole et la culture Si la situation est en eff t pr occupante s il est n cessaire de faire du d veloppement des capacit s langagi res une vis e prioritaire du cours de fran ais et s il est raisonnable d avancer comme plusieurs didacticiens que l apprentissage grammatical peut et doit contribuer ce d veloppement on est en droit de se demander si la solution aux probl mes qui minent l enseignement du fran ais est chercher exclusivement dans la rentabilit orthographique par exemple des activit s propos es aux l ves Sans n gliger l importance des apprentissages qui pr sentent une utilit imm diate il faut reconnaitre que l ad quation la demande sociale menace de r duire les finalit s de l cole en g n ral et du cours de fran ais en particulier un fonctionnalisme courte vue Dufays et al 2005 p 13 Legros 2000 Aron amp Viala 2005 p 118 Cette demande en eff t ne saurait se soustraire la logique utiliariste des soci t s occidentales contemporaines Et l on constate que depuis des d cennies d j cette soci t marchande n olib rale dans sa fixation compulsive sur les r sultats l efficace et le cours terme Chartrand 2005 p 157 infl chit les finalit s de l cole
147. aphiques joignant plusieurs P recourent la plupart du temps la coordmation r duite sa plus simple expression deux P avec un minimum de constituants facultatifs reli es par ef On ne retrouve que peu de phrases subordonn es L enseignant rappelle que la subordination repr sente par ailleurs le m canisme de jonction le plus complexe dans la mesure o il implique la perte de l autonomie syntaxique d une P et permet une grande densit informationnelle l inverse les phrases graphiques analys es du Temps qui m a manqu sont tr s longues et complexes recourant plusieurs constituants facultatif et additionnant les subordonn es certaines subordonn es se retrouvent m me l int rieur d une subordonn e ce qui repr sente une manifestation du ph nom ne de la r cursivit son plus haut niveau ces phrases amples poss dent une grande densit informationnelle on apprend dans la premi re phrase que Gabrielle faisait des voyages d enfant avec sa m re que ces voyages taient parfois courts parfois longs qu une fois elle est all e en Saskatchewan que sa m re paraissait alors pr occup e que les rails Pont toujours fait r ver etc L enseignant lit voix haute une phrase de Roy et quelques phrases courtes de Camus en faisant ressortir le rythme propre chaque texte Il demande aux l ves de commenter left produit par les choix syntaxiques des auteurs ex envol es lyriques et rythme ber ant
148. ation un personnage transforme certaines r f rences des l ments du contexte linguistique anaphores en r f rences des l ments du nouveau contexte d nonciation d ictiques Pour travailler la progression th matique les m mes auteurs choisissent un extrait du Vieil homme et la mer qui a l avantage de pr senter les trois types de progression th matique progression th me constant th me lin aire et th me clat lalouf 2001 rapporte le d roulement d une s quence propos e dans les documents d accompagnement du cycle central o les reprises sont tudi es dans un extrait de roman qui en propose une s rie importante Les Trois Mousquetaires en montrant comment cette s quence aurait gagn mettre en interaction les approches phrastique textuelle et discursive pour mettre au jour les divers aspects de ce ph nom ne et servir l interpr tation du texte Mettant aussi profit ces trois approches ou ces trois grammaires Tomassone 2003 propose de v ritables progressions allant de l cole l mentaire au coll ge et m me au lyc e pour l tude de deux ph nom nes travers des extraits litt raires ad hoc l aspect verbal et la progression th matique Troquant l extrait contre l uvre int grale Balsiger B trix K hler et Panchout Dubois 2010 proposent une d marche didactique qui vise instrumentaliser la litt rature au service de l tude de certains ph
149. ation des comportements humains qui devraient interpeler les l ves sur les plans moral et affectif Il pr sente par ailleurs un d fi sur le plan mtellectuel et est susceptible de nourrir la r flexion d adolescents qui s veillent aux questions existentielles et qui se pr parent pour une bonne part d entre eux suivre leurs premiers cours de philosophie au coll gial 2 Fil conducteur de la s quence Le fil conducteur de la s quence est la notion d absurde On vitera cependant de donner un cours notionnel d entr e de jeu sur l absurde Il s agit d une notion complexe et il faut donner le temps aux l ves de se l approprier Dans lesprit des d marches euristiques nous tenterons plut t d amener les l ves construire progressivement la notion d absurde au fil de la lecture en en d couvrant des traces dans la narration le style les caract ristiques des personnages le propos 3 Principaux outils ou dispositifs didactiques utilis s La s quence se pr sentera comme une lecture sectionn e et accompagn e de l uvre qui sera nourrie par divers l ments 1 un journal dialogu Lebrun 1996 qui obligera ls l ves crire leur lecture et donc y r fl chir et faire de l ordre dans leurs impressions et qui permettra l enseignant de prendre connaissance des lectures subjectives des l ves et d inviter ces derniers les approfondir par des commentaires 8
150. au patrimoine litt raire la vis e de cet enseignement grammatical tait donc fondamentalement instrumentale fonctionnelle elle tait centr e sur la maitrise de l orthographe grammaticale jusque dans ses moindres difficult s En cons quence l accent tait mis sur la morphologie ses exceptions et les fautes viter et non sur les r gularit s de la langue Cf Chartrand 1996 partir de 1960 le Qu bec a connu une mutation sociale culturelle et politique profonde Nomm e R volution tranquille cette mutation a entre autres men la s cularisation et l universalisatinn de l ducation primaire et secondaire L instauration d une cole publique gratuite et obligatoire a entrain une massification sans pr c dent de la population scolaire qui appelait la conception de nouveaux programmes d enseignement qui soient mieux adapt s la nouvelle situation Il faudra cependant attendre 1980 pour que le premier v ritable programme de fran ais post R volution tranquille soit publi pour le secondaire Comme le rappelle Chartrand 2011 le programme de 1980 MEQ 1980 1981 voulait rompre avec l enseignement traditionnel du fran ais et de la grammaire La nouvelle approche pr conis e tait cette fois r solument fonctionnelle inspir e du fonctionnalisme am ricain et de la p dagogie de la communication elle visait ultimement la communication efficace l oral comme l crit D sormais
151. automate pp 71 73 Les l ves doivent identifier les mots et les expressions qui contribuent cr er l tranget l inhumanit du personnage et effectuer des regroupements Ils identifieront par exemple le champ lexical de la pr cision m canique et de la pr cipitation qui donnent l image d une machine qui s emballe qui tourne vide Le 150 mot bizarre qui encadre d ailleurs extrait il apparait au d but et la fin confirme deux fois plut t qu une le caract re trange incompr hensible de ce personnage L tranger la petite automate ai d n chez C leste J avais d j ommen manger lorsqu il est entr une izatre petite femme qui m a demand si elle pouvait s asseoir ma table Naturellement elle le pouvait Elle avait des RE et des yeux brillants dans une petite figure de pomme Elle s est d barrass e de sa jaquette s est assise et a consult Res la arte Elle a appel C leste et a mmand tous ses plats d une voix la fois pr dse et pr dpit e En attendant les hors d uvre elle a ouvert son sac en a sorti un petit c rr de LEGENDE papier et un ayon a fait r puis a tir d un gousset augment e du pourboire la somme qu elle a pla e devant elle E moment on lui a apport des hors d uvre qu elle a RES En attendant le plat suivant elle a encore sorti de son sac un ayon bleu et un magazine qui donnait les programmes radi
152. av nement de l instrumentalisme Forquin 1989 et de la comp tence terme issu du monde du travail Inchausp 2007 attribution d une nouvelle mission l cole qu b coise qui doit maintenant qualifier l l ve pour la vie professionnelle le pr parer aux situations de la vie courante On peut certes penser que l cole a avantage se mouler de la sorte sa soci t mais on peut aussi d fendre comme le faisait Fernand Dumont 1995 qu elle devrait 4 Des travaux montrent pourtant que la pratique de la dict e n a jamais cess au Qu bec et qu il n existe pas de corr lation vidente entre les performances en dict e et les performances l crit Cf Simard 1996 5 Cf notamment les travaux de l quipe de Gen ve qui d fend l enseignement syst matique du fonctionnement de la langue pour le d veloppement des capacit s langagi res travers l tude de genres formels publics par ex les s quences de S exprimer en fran ais Dolz Noverraz amp Schneuwly 2001 Cf galement les travaux de S G Chartrand notamment Chartrand amp Boivin 2004 Chartrand 2006 La triple mission de l cole est d sormais d instruire de socialiser et de qualifier MELS 2004 2007 plut t tre une soci t particuli re oppos e l autre soci t p 151 un rempart contre les d rives justement d une soci t de la productivit tout prix Cette logique product
153. ble organis et finalis d activit s d enseignement et d apprentissage articulant diverses composantes du fran ais parce qu il permet d viter l parpilement que provoquerait un d cloisonnement tous azimuts en permettant l articulation des composantes concern es selon une logique t l ologique murement r fl chie qui rel verait dans notre cas de la double vis e d appr hension de ph nom nes de langue et d appropriation de textes litt raires Il est noter que cette d finition moins rigide que celle qui domine dans la synth se descriptive de notre exploration documentaire sous l influence des programmes fran ais 93 a plus de chance notre avis de ne pas mener la s quence au caract re artificiel dont nous faisions tat dans notre critique Rappelons que pour Daunay 2005 la s quence didactique n a pas tre un carcan mais un outil pr visionnel p 148 suffisamment souple qui permette de penser effectivement les difficult s inh rentes au d cloisonnement id et la double exigence de la mise en relation et du traitement sp cifique des contenus diff rents cf supra que suppose le principe d articulation La s quence didactique ne doit pas occulter ou diluer la sp cificit des postures que convoquent par exemple l tude de la langue et l tude de la litt rature en se pr sentant comme une op ration magique ibid p 149 4 L id e d ins rer les s
154. certaines caract ristiques des nouvelles de Delerm qu ils pourraient reproduire narration au on qui implique de r fl chir aux constructions syntaxiques de leurs phrases pr dominance du pr sent lexique particulier Les modalit s de travail sont relativement vari es Le moment o l criture doit id alement intervenir au cours d une s quence notamment varie selon les auteurs Lorsque 52 l crit produire rel ve de limitation il trouve sa place apr s la d couverte ou l tude du texte source Par exemple Larat 2010 au cours de sa s quence sur la po sie contemporaine fait lire et analyser sur le plan grammatical un po me de Cendrars dont les vers ne sont que des groupes nominaux les l ves crivent ensuite un pastiche qui reproduira certaines caract ristiques du po me description d un lieu vocabulaire g om trique etc dont le m me sch ma syntaxique L imitation n est pas toujours aussi fid le Fourtanier 2010 cite en exemple un travail d criture au terme d une s quence sur le mythe d Icare en cinqui me consistant produire une version personnelle du mythe ce qui m ne la r utilisation de phrases de groupes nominaux d expressions issus des textes lus en classe Colognesi et Deschepper 2010 proposent un dispositif diffrent qu ils nomment insertion production de passages valides au c ur du projet d criture de Pauteur p 60 sans que le texte origi
155. cette expression apparait dans les textes comme une nouvelle conception de la grammaire et de sa place dans la discipline fran ais Dans un article justement intitul L observation r fl chie de la langue au premier degr de l enseignement secondaire Dumortier qui emprunte lexpression aux instructions officielles du MEN d fend l id e la suite de Manesse et Grossman qui ont coordonn un num ro de Rep res sur le sujet Grossman amp Manesse 2003 que pour tre autonome Venseignement de la langue qu on le nomme grammaire ou observation r fl chie de la langue n est pas ind pendant des pratiques langagi res Dumortier 2006 p 85 note 6 Forts de cette conviction tous les auteurs retenus s inscrivent quelque part dans l esprit du d cloisonnement et plaident pour l articulation de l enseignement de la langue aux pratiques langagi res que sont la lecture et l criture parfois Poral Tous donc reconnaissent la n cessit de penser l articulation du langagier et du linguistique selon ls mots d lalouf 2001 Le travail sur la langue se fait donc soit en situation de r ception soit en situation de production La perspective propos e est bas e sur l id e qu il est pr f rable de travailler la langue dans de vrais textes que dans des phrases d contextualis es mais aussi sur l id e que les l ves ont d j une comp tence linguistique et pilinguistique
156. ci cherche entre autres donner sens ses actes et ses exp riences L enseignant demande ensuite aux l ves de comparer la fa on de raconter de Gabrielle et de Meursault Meursault adopte t il un ton aussi mouvant A t on l impression qu il nous confie comme des intimes les motions les sentiments les r flexions que suscitent en lui les v nements qu il vit Insiste t il sur sa vie int rieure ou s il d crit surtout les v nements tels qu ils se produisent effectivement qu ils soient importants ou non pour lui Les questions et les r ponses permettront de mettre en lumi re des intuitions qui seront explici es et confirm es dans la suite par de v ritables analyses linguistiques cf 8 4 et 8 5 L enseignant pr sente ensuite ces deux dessins aux l ves en leur demandant d associer chaque dessin l un des narrateurs en se demandant lequel illustre le mieux le regard que chacun porte sur les v nements 106 Sur ces divers points cf Lejeune 1996 152 Par le questionnement et le jeu d association l enseignant am ne les l ves constater que le narrateur de L tranger s oppose au narrateur des r cits caract re autobiographique classiques ni introspection ni r actions motives ni tentation de donner un sens ou une interpr tation personnelle ce qui est racont Meursault ne fait que Lon rapporter d crire fout ce qu il voit sans trier comme le ferait u
157. criture Paris Seuil Points essais BASSETTI J M www lafontame net BASSY A M 1986 Les Fables de La Fontaine Quatre si cles d illustration Paris Promodis BENVENISTE 1966 1981 Probl mes de linguistique g n rale t l Paris Gallimard Tel BIARD J D 1970 Le Style des Fables de La Fontaine Paris Nizet BILODEAU S 2005 Le D cloisonnement des activit s de la classe de fran ais analyse d crits en didactique du fran ais M moire de maitrise Universit Laval BILODEAU S amp CHARTRAND S G 2009 D cloisonner les diff rentes sous disciplnes du fran ais conception et pratiques Qu bec fran ais 153 79 81 BRONCKART J P 1999 De la didactique des langues la didactique de la litt rature Dans Voyages dans un espace multidimensionnel Textes r unis en l honneur de Daniel Bain pp 71 89 Gen ve SRED Cahier 6 192 BRONCKART J P amp SZNICER G 1990 Description grammaticale et principes d une didactique de la grammaire Le Fran ais aujourd hui 89 5 15 BRUNOT F 1909 L Enseignement de la langue fran aise Ce qu il est Ce qu il devrait tre dans l enseignement primaire Cours de m thodologie profess la Facult des lettres de Paris 1908 1909 Paris Armand Colin CAMUS A 1942 L tranger Paris Gallimard Folio CAMUS A 1942b Le Mythe de Sisyphe Paris Gallimard Folio essais CAMUS A
158. ctosyllabes Sire r pond l agneau que Votre Majest amp sans l incise Ne se mette pas en col re 8 Mais plut t qu elle consid re 8 Que je me vas d salt rant 8 Dans le courant 4 Plus de vingt pas au dessous d Elle 8 Et que par cons quent en aucune fa on 12 Je ne puis troubler sa boisson 8 La longueur des vers est donc en lien avec ce qui est exprim dans le vers selon Pid e classique de Pad quation du fond et de la forme Les l ves sont ensuite invit s reprendre La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le b uf et s int resser la derni re strophe qui constitue la morale Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages 72 Tout bourgeois veut b tir comme les grands seigneurs 72 Tout petit prince a des ambassadeurs 10 Tout marquis veut avoir des pages 8 Ils doivent formuler des hypoth ses pouvant expliquer que la longueur des vers va en diminuant de fa on r guli re donnant la strophe la forme d une pyramide invers e Bien entendu il n y a pas de r ponse unique et les l ves ont parfois des id es fort originales mais 126 il est int ressant de constater que la strophe parle justement de gens qui tentent de renverser la hi rarchie sociale 8 3 Le lexique et les niveaux de langue Sur le plan du lexique et des niveaux de langue encore une fois les fables de La Fontaine se d marquent par la diversit Jean Dominique Biard Biard 1970
159. cult s auxquelles se heurteront les l ves dans l criture difficult s qui auront en partie t pr vues par l enseignant orienteront par la suite l attention au x texte s C est le pari que font Denizot 2003 et l quipe Th odile qui cherchent depuis plusieurs ann es mesurer les avantages pour l acquisition des savoirs en fran ais d crire d abord par une exp rimentation sous forme de s quence didactique visant l apprentissage du discours indirect libre les l ves transposent en sc ne de th tre un extrait litt raire contenant du discours indirect libre d couvrent la notion en discutant des difficult s rencontr es l tudient dans de nouveaux textes avant de r mvestir leurs apprentissages dans l criture Cette mani re de faire repose sur la conviction qu inverser la s quence dominante de l enseignement classique qui pr sente la lecture de textes comme pr alable l criture et donc crire avant de lire permet aux l ves de prendre conscience de certaines dimensions linguistico discursives qui sont n glig es par les jeunes lecteurs Dolz cit dans Renaud 2010 Fort de cette conviction Renaud 2010 oppose aussi au pastiche l id e de commencer par crire et demande ses l ves de narrativiser dans un texte court leur arriv e au gymnase le secondaire II dans certains cantons suisses avant de faire lire divers extraits litt raires d peignant des arriv
160. d une autre composante du cours de fran ais embl matique de ce fameux domaine de l appropriation 12 culturelle la litt rature C est peut tre cet objet d enseignement que les concessions de l cole la soci t dans maintes soci t s occidentales ont fait le plus de mal puisque la soci t ne l a jamais revendiqu e ceux quien douteraient trop ilresterait rappelerqu apr s tout l enseignement de la litt rature comme telle n a sans doute jamais vraiment r pondu une demande sociale mais plut t un souhait de la corporation des professeurs de fran ais et que plusieurs pays europ ens comme les Pays Bas ou le Danemark l ont d j largement abandonn au profit de vis es plus directement fonctionnelles Legros 2000 p 29 La situation n est pas r cente Il y a pr s de vingt ans d j Vandendorpe crivait que pour la soci t l enseignement de la litt rature n allait plus de soi et que sa justification tait devenue une op ration passablement p rilleuse Vandendorpe 1992 p 3 Comment le probl me est il n comment a t il volu 4 1 La litt rature dans les coles de l Europe francophone et du Qu bec La R volution tranquille qui a d but dans les ann es 1960 au Qu bec s inscrivait dans un mouvement mondial Dans l ensemble de la francophonie le public scolaire s est massifi et diversifi amenant l cole revoir ses fi
161. d r le de Marilou Polaire de Raymond Plante et une fable la mani re de La Fontaine tir e de Ding dong de Robert Souli res La Chantale et Am lie SRE Des allusions parodiques dans les journaux quelques caricatures r centes tir es de journaux grande diffusion ex S Chapleau dans La Presse et H Philippe dans La Tribune gt Projection par canon Des allusions dans la publicit affiches publicitaires et annonces t l vis es ex Volkswagen Desjardins Bado t Boursin etc Les l ves prennent connaissance de chaque document L enseignant leur donne des informations sur la provenance des documents et la classe change leur sujet Ils tentent partir d indices textuels ou graphiques et de leur connaissance des titres de La Fontaine d identifier les fables concern es L enseignant demande aux l ves capables de les identifier de r sumer les fables sources et indique celles qui sont m connues Les l ves commentent l effet produit par le mode de r f rence aux fables dans les documents textuels ou visuels comique ludique effet de connivence et sous entendu les caricatures notamment rec lent des critiques que seule une interpr tation faisant appel la source lafontainienne peut permettre de bien comprendre La classe r fl chit ainsi la post rit de La Fontaine qui impr gne aujourd hui encore non seulement la m moire collective et la production litt raire mai
162. dans certaines s quences par exemple lorsque le centre d int r t se d place du texte vers le lecteur et sa lecture subjective relatant une s quence r alis e par l auteure dans une classe de cinqui me et articul e autour du th me Le monde qui va mal comment le dire comment l crire et d un r seau de textes li au mythe de la boite de Pandore Suffys 2007 fait le pari de d abord prendre en compte la r ception de l l ve Ce faisant elle propose en grammaire un petit nombre de questions d identification classe de mots groupes syntaxiques subordonn es temps verbaux en tentant de faire servir ces l ments l interpr tation subjective pourquoi Pauteur a t il fait ce choix Le m me ph nom ne se produit lorsque l angle d entr e est d abord th matique comme dans cette s quence labor e par Mercier 2007 pour des classes de seconde en difficult autour du Bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon o l int r t pour le sujet de l autisme dont est atteint le protagoniste fait prendre la s quence la voie de linterdisciplinarit La grammaire intervient alors lorsqu elle peut permettre d clairer le th me la r criture de certains passages du roman avec changement de narrateur et de point de vue a exig l tude du discours indirect libre et des notions proches puisque le discours direct employ outrance par le narrateur autodi g tique effet de sty
163. dans un mileu socio conomique moyen de Qu bec dans une cole publique o lui sont attribu s les groupes performants du Programme d ducation internationale PED adopte quant ele dans la s quence film e une approche exclusivement centr e sur la lecture d une uvre litt raire dans laquelle le travail explicite sur le fonctionnement de la langue est tout fait absent les captations vid o montrent des activit s de lecture r criture des grandes parties d une nouvelle litt raire un cours magistral sur les caract ristiques de la nouvelle litt raire le contexte historique et la biographie de l auteur des questionnements sur les personnages et la vraisemblance En entretien P32 confie qu elle n int gre que peu la langue son enseignement parce qu en secondaire IV V les l ves de PEI la grammaire c est tout fait Ceux qui Pont pas r gl e la r gleront probablement jamais c est vraiment des irr ductibles Entretien P32 p 8 Elle juge donc inappropri de d dier beaucoup de temps l apprentissage de la grammaire con ue comme une grammaire essentiellement fonctionnelle et choisit de travailler seulement l occasion sur des choses pointues puisque le reste est pas mal acquis ibid p 9 L enseignement de la langue est en effet associ par plusieurs enseignants une vis e strictement fonctionnelle ainsi qu des r actions n gatives de la part des l ves Il semb
164. de des l ves nous avons la conviction avec Pierre Yerl s qu il existe une dignit du litt raire et du mythique comme moyen propre de connaissance de soi m me et du monde alternatif la saisie scientifique et en tout cas la rationalit dominante S il en est ainsi la litt rature ne devrait tre r serv e aucune forme ni aucun niveau d enseignement elle devrait occuper une place prioritaire dans l enseignement de la lecture ibid p 152 La litt rature devrait donc occuper une place importante voire prioritaire dans l enseignement du fran ais Mais comment lui accorder cette place quand les r sultats en criture des l ves sont catastrophiques quand les enseignants qui arrivent peme couvrir des programmes qu ils consid rent surcharg s jugent qu ils ne font toujours pas assez de grammaire La solution r side peut tre dans l autrement dont nous parlions pr c demment et qui pourrait consister sortir les diverses composantes du fran ais de leur isolement pour les articuler dans des activit s plus inclusives 5 Un probl me d articulation D entr e de jeu le programme de formation issu de la derni re r forme appelle de ses v ux la mise en place d un enseignement d cloisonn MELS 2007 Ce v u repose surtout sur une logique interdisciplnaire tourn e vers l ad quation un monde qui constitue une r alit complexe aux multiples interd pendances qu
165. de la langue dans des textes men es par les enseignants lalouf et P ret notent que le texte litt raire parmi les 88 supports est repr sent de fa on quasi exclusive mais qu il n est g n ralement con u que comme un r servoir d exemples grammaticaux Il n est pas resitu dans son contexte sa compr hension n est que rarement v rifi e au mieux l est elle de fa on rapide et tr s g n rale et l apport du point de grammaire l interpr tation du texte n est que rarement envisag p 54 Si au nom du principe de d cloisonnement des notions de grammaire sont tudi es travers la lecture de textes mais que ces derniers ne sont soumis aux l ves que pour fournir des occurrences des notions et observer leur fonctionnement en contexte il y a quelque part d voiement de la formation culturelle Il faut id alement veiller faire de la lecture d un texte plus qu un pr texte en visant un double objectif de compr hension du fonctionnement de la langue et d appropriation du texte Cela nous semble primordial lorsqu il s agit de textes litt raires dont nous avons tent ci devant de montrer la valeur formatrice et culturelle C est aussi pour viter toute forme d instrumentalisation de ceux ci que nous choisirons plut t dans notre mod le de partir du texte pour s lectionner les ph nom nes de langue et non l inverse Comme le supposait Chartrand 2006 la voie de l articulation pour att
166. de lecture ou d criture Chartrand 2006 p 23 mais qu il conserve l objectif de mener la connaissance et la compr hension du syst me de la langue En d autres termes cette configuration permet de limiter un peu les risques d instrumentalisation de l une ou l autre des composantes en jeu nous y reviendrons l instrumentalisation repr sentant avec la non progression des apprentissages une des principales d rives potentielles du d cloisonnement La recherche documentaire qu il a men e sur le d cloisonnement a en effet conduit Bilodeau 2005 constater qu un enseignement d cloisonn articulant la grammaire aux activit s de lecture d criture ou d oral peut conduire un retour syst matique sur certaines notions et un oubli de certaines autres puisque les notions choisies en langue doivent tre en lien avec les textes lire ou produire Cela pose probl me sur le plan de la progression des apprentissages Canaveilles 2001 reconnait les m mes limites au d cloisonnement pr conis par les programmes en France titre d exemple concernant l articulation du travail sur la langue la lecture de textes litt raires elle mentionne que la valeur des temps et les expansions du nom peu importe le niveau sont toujours exploitables pour la lecture des uvres litt raire et constituent de ce fait les plus grandes redites de la grammaire au coll ge p 73 c t de ces notions figure
167. des relances essentielles portant tant sur les personnages l intrigue la mise en texte que sur le sujet m me du texte l absurde 101 Gabrielle Roy est une auteure qui a imprim sa marque dans la litt rature qu b coise et dont les uvres de fiction ont depuis longtemps leur place l cole au Qu bec Son criture est marqu e par une grande sensibilit 102 Au sens o l entend Philippe Lejeune 1996 r cit r trospectif en prose qu une personne r elle fait de sa propre existence lorsqu elle met l accent sur sa vie individuelle en particulier sur l histoire de sa personnalit p 14 Bien s r L tranger n est pas une autobiographie au sens strict c est un roman qui emprunte la fois la chronique et au journal intime sans se r duire ces formes l criture s loignant et se rapprochant p riodiquement de la concomitance avec les faits v cus Malgr tout c est bien un roman caract re autobiographique 144 pl ni re tentent d identifie r ce que la comparaison leur permet de mieux percevoir dans le d but de L tranger par exemple l absence de lyrisme d amplitude dans le style de marques expressives le lexique quotidien et les phrases courtes le style hach l criture neutre qui donne l impression que le personnage est insensible ou indiff rent ce qui se passe etc Les commentaires peuvent rester tr s impressionnistes ce stade 5 Identification de la
168. dition de r f rence Camus A 1942 L tranger Paris Gallimard 141 individualis s 2 des comparaisons de textes qui par une confrontation avec un contrexemple feront mieux ressortir certaines des caract ristiques du texte que l on souhaite faire d couvrir 3 un enregistrement audio d une lecture du roman par l auteur qui permettra aux l ves de s approprier quelques extraits cl s du texte par la voix Dufays amp al 1995 4 de l criture cr ative qui permettra aux l ves de d couvrir et d explorer certaines des caract ristiques langagi res du texte de Camus 5 des analyses portant sur la narration les personnages le mat riau langagier du texte 6 des d bats et des discussions entre pairs qui am neront les l ves clarifier et tayer leur point de vue l oral ainsi qu prendre connaissance de ceux des autres PR SENTATION DU D ROULEMENT DE LA S QUENCE AVANT LA LECTURE 1 Pr sentation du roman par l enseignant Puisqu il s agit de faire construire le sens de l uvre au fil de la lecture nous chercherons ce que les l ves partent avec un minimum d informations sur le texte lui m me Il serait toutefois souhaitable de mettre un peu de chair autour de l uvre si l on peut dire en pr sentant l auteur et le caract re marquant de L tranger qui provoqua d s sa publication une mar e de commentaires et eut rapidement une grande importance dans l volution
169. dominante sp culative s ssnssessssssessessessseeseeseesseesseseesseesse 26 3 Rep rer des pistes didactiques l exploration documentaire 28 3 1 L constitution ECO DAS RM Mint san tte ie ns nt dns 29 3 2 La collecte et l organisation des donn es 30 3 3 La description des donn es Dune den este 31 34 b critigue deS Vonne don a a A AE EE T AR 32 4 Fonder th oriquement des pistes didactiques la d finition des concepts et la constitution d un mod l AEICUATIOMREALSS MUR SR nn de tel 32 L L constitution d CON DUS eren ireren ii E E E fo nee 33 4 2 Les questions de recherche et la d marche ss 34 5 Sugg rer des pistes didactiques la conception de deux s quences didactiques 35 5 1 La transposition didactiques sen avanbsetieoneninonenere 35 D e DECOrpus utilis Eene it nn ne RS A E a ee 37 5 3 Les tapes de la conception des s quences ss 38 ASSISES TH ORIQUES RP SE RE re A Exploration documentaire nat name emnenisinessennnestintenteseses 40 1 Synth se descriptive des propositions recens es ss ssesessssesseseressessesresseesesresseesees 40 1 1 La s quence didactique sise 41 1 2 L observation r fl chie de la langer mi tante 44 I3 L ecriture NERO SN INTENSE RSA nn ne 50 LE De L cart a la norme nee es ne ttes n EE 54 2 Critique des propositions TeCEns es nr re ndnnnmnanddaatnireudintr 58 B Proposition d un mod le d articulation de l enseignement de la langu
170. du Soleil Levant On fouille dans le bagage culturel des l ves pour trouver d autres formules p riphrastiques fig es Por noir le septi me art Pastre du jour le roi des animaux L enseignant pr cise qu un auteur peut utiliser ces formules fig es ou cr er des p riphrases pour d signer une r alit d une fa on originale et cr er un efft comique ajout d information euph misation etc Dans un petit jeu d association les l ves doivent relier des p riphrases de La Fontaine tir es en majorit des fables lues mais aussi de quelques autres aux mots qu elles remplacent ils peuvent bien entendu recourir aux fables qu ils ont lues 119 la ch tive p core La Terre le roi des animaux Les grenouilles la b te cruelle La mouche l animal l ger Le troupeau de moutons la machine ronde La grenouille le mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre Le loup les citoyennes des tangs La peste le parasite ail Le li vre Lost au peuple b lant Le lion 8 Plaire par la vari t Vari t est ma devise aurait dit le fabuliste Que cette devise lui corresponde bien ne fait pas de doute si Pon examine un peu ses fables La question de la vari t de la diversit est en eff t une des caract ristiques fondamentales de cette uvre selon plusieurs sp cialistes cf notamment Lebrun 2000 et Biard 1970 Comme nous le ve
171. e l enseignement de la litt rature au secondaire 62 1 D finition des concepts et des principes en Jeu 62 1 1 Deux objets interd pendants la langue et la litt rature 63 1 1 1 La langue et les finalit s de l enseignement de la langue ns nonoonnnnn0nnennnaana 63 1 1 2 La litt rature et les finalit s de l enseignement de la litt rature 71 1 2 Articulation qu entend on par l et quels sont les avantages ou les risques ASSOCIES A Ce principe Tree aA E E E T E a e a E Ten 81 2 Pr sentation d MONS Re is ane nad en a Le 88 3 Mais quelle langue enseignera t on 44m ia rrste sh tes 95 SECTION Mis ireren ioie sn nn nn ae 97 AVANT PROPOSE Se ni nt ne Te nn Tin ds RESTE D a 98 S QUENCE DIDACTIQUE AUTOUR DES FABLES DE LA FONTAINE POUR LE PREMIER CYCLE DU SECONDAIRE sssssssssssossesesesseseseoessesesesesessssesesesessssssss DO PR SENTATION G N RALE DE LA S QUENCE us siessseeessscneeeseseeneeeseeenneeeessneeessssnnene 99 l Justification duch de F UV anse ce tt renal 99 2 Remarque sur l dition des Fables proposer aux l ves ssssessssssessesssssrsssesrrsseesse 100 3 Fil ond te r de la S quence eat sn niet eat ne de 102 4 Principaux documents et dispositifs didactiques utilis s 0ssnsnesseeseossesseeseeessesees sesse 102 PR SENTATION DU D ROULEMENT DE LA S QUENCE usines cescneeeessnneeeesssneeeessenneesennne 103 AVANTLA LECTURES ns nine nd en sh ee andre ends
172. e H S R totale par un pronom Le r gal fut petit et sans beaucoup d appr ts m Le Galant R par un GN informant sur personnalit pour toute besogne Avait un brouet clair il vivait chichement Ce brouet fut par lui servi sur une assiette La Cigogne au long bec n en put attraper miette Et le Dr le eut lap le tout en un moment Pour se venger de cette tromperie quelque temps de l la Cigogne le prie Volontiers lui dit il car avec mes amis Je ne fais point c r monie l heure dite il courut au logis De la cigogne Loua tr s fort sa politesse Trouva le d ner cuit point Bon app tit surtout Renards n en manquent point r jouissait l odeur de la viande Mise en menus morceaux et qu il croyait friande On servit pour Pembarrasser En un vase long col et d troite embouchure Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer Mais HER tait d autre mesure Il lui fallut jeun retourner au logis Honteux comme un Renard qu une Poule aurait pris Serrant la queue et portant bas l oreille Trompeurs c est pour vous que j cris Attendez vous la pareille il R totale par un pronom lui R totale par un pronom le Dr le R par un GN informant sur personnalit le R totale par un pronom il R totale par un pronom L il R totale par un pronom m son h tesse R par association Il R totale par un pronom o SE R tot
173. e 3 maman 3 nom charg motivement qui t moigne de l attachement pour la m re 4 avait eu l air locution verbale synonyme de sembler exprimant la perception avec une nuance d incertitude 5 magique adjectif connot positivement 6 les espaces immenses le d part le train le voyage et au bout le bonheur accumulation qui s apparente au zeugme en associant dans une m me num ration un tat de conscience agr able des r alit s plus concr tes 7 parurent auxiliaire de modalit exprimant la perception avec une nuance d incertitude 8 le c ur me manquant m taphore connotant une vive motion 9 abandonn e adjectif connot qui t moigne d un sentiment douloureux chez la narratrice 10 incroyable adjectif connotation m liorative 11 me 2 nom connot pour parler de soi dans une perspective psychologique appartenant au style lev 12 meilleur adjectif connotation m liorative 13 illusion nom connotation p jorative 14 c ur nom connotant l motion emploi m taphorique 15 l exaltation la plus enivrante expression connot e exprimant une forte motion positive 16 l ombre la plus noire expression connot e m taphorique exprimant une forte motion n gative 17 lugubre adjectif connotation p jorative 18 le train me martelait la t te m taphore exprimant un tat psychologique douloureux participant de la personnification de la voie ferr
174. e la fois comme une histoire d animaux et comme une histoire qui parle de nous les hommes L enseignant indique qu on nomme ce genre de r cit une all gorie et explique bri vement en quoi cela consiste Il invite ensuite les l ves tenter d identifier partir des fables lues ce que repr sentent dans les fables de La Fontaine certains animaux qui reviennent de fa on r currente Le loup Le lion L ne Les l ves constateront que le symbole n est pas toujours univoque si l ne est le sot par excellence dans Les Animaux malades de la peste il est certes peu rus mais surtout honn te si le loup est souvent le cruel d vorateur il remporte notre adh sion dans Le Loup et le chien o il exprime la libert devant la servitude mais ne pourront pas nier la charge symbolique qu ils d couvrent la lecture des fables et qu ils sentaient d j de fa on intuitive forts des souvenirs des grands m chants loups et autres petits nes des contes de leur enfance que l enseignant peut mentionner pour montrer que plusieurs r cits ont quelque part une port e symbolique et que les symboles reposent sur des associations d id es qui ne sont spontan es que dans une culture donn e o les m mes histoires sont connues de tous 115 7 2 2 L inversion Cette figure est tr s courante chez La Fontaine Bien entendu elle l est dans la po sie qui ob it aux contraintes m triques en g n ral
175. e ont la possibilit d acqu rir les ressources dont is ont r ellement besoin pour s acquitter des t ches qui leur sont impos es Dumortier 2006 p 77 Par exemple les marques graphiques du dialogue ou l articulation du pass simple et de l imparfait dans un r cit au pass sont des ressources 53 v ritablement n cessaires un l ve qui aurait crire la suite d un r cit au mode d nonciation historique ibid Cependant cette d marche pr sente aussi selon lui certains inconv nients qu on ne saurait ignorer et qui tiennent aux risques de non progression ou d parpillement des connaissances et de re cloisonnement les connaissances acquises peuvent sembler aux l ves comme li es des situations de travail ou des textes pr cis et ne pas tre g n ralis es Ces inconv nients sont aussi ceux qu on reconnait aux approches que sont l observation r fl chie de la langue et la s quence didactique cf supra les critiques de Risselin 2007 et qui tiennent au fait que les notions tudi es seraient d termin es par les caract ristiques de textes dans lesquels la pr sence d objets linguistiques pertinents est quelque part contingente et non en fonction d une progression tablie par avance Pour rem dier en partie ce probl me certains auteurs proposent de choisir les textes en fonction des notions tudier et de faire crire les l ves avant la lecture affirmant que les diffi
176. e Chemin faisant il vit le cou du chien pel Qu est ce l lui dit il Rien Quoi rien Peu de chose Mais encor Le collier dont je suis attach De ce que vous voyez est peut tre la cause Attach dit le loup vous ne courez donc pas O vous voulez Pas toujours mais qu importe Il importe si bien que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte Et ne voudrais pas m me ce prix un tr sor Cela dit ma tre loup s enfuit et court encor m un dogue R par un GN contenant un synonyme qui R totale par un pronom s R totale par un pronom L R totale par un pronom le R totale par un pronom le m tin R par un GN contenant un synonyme M SE R totale par un pronom R totale par un pronom lui R totale par un pronom son embonpoint R par association le chien R par r p tition d un GN m le chien R par r p tition d un GN le cou du chien R par association lui R totale par un pronom 130 Pour viter de trop r p ter le nom de ses protagonistes La Fontaine utilise donc toutes sortes de proc d s de reprise dans des textes pourtant tr s courts les noms des animaux se voient flanqu s d une appellation ou d un titre normalement r serv aux humains ou ils se voient carr ment remplac s par eux maitre corbeau et maitre renard c toient en effet dans les Fables comp re le renard et comm re la cigogne si
177. e sans les identifier comme telles et non litt raires Les rep res culturels propos s par leur diversit m me sont d concertants divers genres supports et m dias sont mis sur le m me pied sans hi rarchisation la suite de critiques soulignant les d ficiences de ce 15 programme un groupe de travail a d ailleurs t form et a t charg de s interroger sur le r le et la place de la litt rature dans la classe de fran ais La plus r cente mouture du PFEQ MELS 2009 qui int gre la cinqui me ann e du secondaire au programme pour le deuxi me cycle comporte enfin des pr cisions concernant la litt rature issues de cette r flexion c est dire une liste organis e et hi rarchis e de connaissances concernant la litt rature cette liste r habilite entre autres l enseignement par genres et inclut une d finition de la litt rature comme patrimoine faisant un usage esth tique de la langue ainsi que des connaissances relatives l institution litt raire l intertextualit etc La valse h sitation des programmes sur la question de la litt rature n est pas tout fait trang re certains mouvements qui ont pu se faire sentir en didactique du fran ais Nous avons dit que la didactique avait particip la reconfiguration de la discipline fran ais dans les ann es 1970 Certains affirment aujourd hui qwele a elle aussi r cemment assist un retour du litt raire
178. e jouer un r le actif dans le Groupe de recherche sur l enseignement et la culture GREC ils mont aussi permis de tirer le maximum de mon exp rience de chercheuse en didactique du fran ais Je voudrais par la m me occasion remercier d autres professeurs qui ont exerc sur moi une influence b n fique durant mes tudes de deuxi me cycle en raison de leur vivacit d esprit et de l int r t qu ils ont port mes r flexions qu ils ont bien su alimenter Denis Simard et Louis LeVasseur Le temps d un souvenir j effectue par aileurs un bref retour en arri re dans mon parcours scolaire pour remercier Jean Pierre Mercier dont l nergie et la passion comme enseignant de fran ais au secondaire ont t d terminantes pour la suite de ma formation Mes remerciements vont aussi au Conseil de recherche en sciences humaines du Canada CRSH et au Fonds qu b cois de la recherche sur la soci t et la culture FQRSC qui m ont permis en m octroyant des bourses d tudes sup rieures de me d dier cette recherche Finalement je voudrais exprimer toute ma reconnaissance ma famille mon mari Paul mile dont le support moral les conseils p n trants et l aide inestimable m ont t d un grand secours ainsi que ma fille Justine dont la gestation a su me donner les petits coups de pied de l int rieur et la naissance les grands coups de pied de l ext rieur dont j avais besoin pour mener
179. e leur semble pas naturel En petits groupes ils doivent remettre les mots dans l ordre qui leur semble naturel et se servir du mod le de la phrase de base pour identifier la fonction syntaxique du groupe qui n tait pas sa place Ils d couvriront ainsi le m canisme de l inversion mais d duirons aussi le fait que la position naturelle de la plupart des expansions dans les GN les GV et les GAdj est la droite du noyau Le code de couleur utilis pour l analyse de phrases est celui que proposent Chartrand ef al 1999 dans la Grammaire p dagogique du fran ais d aujourd hui 1 Cest ce que nous avons remarqu tant dans nos classes de deuxi me secondaire que dans notre classe de premi re secondaire 116 IDENTIFICATION DES INVERSIONS LE LOUP ET LE CHIEN L Chemin faisant il vit le u du chien pel Qu est l lui dit il Rien Quoi rien Peu de chose Mais encor Attach dit le loup vous ne urez donc pas O vous voulez Pas toujours mais qu importe Il importe si bien que Psub LE CORBEAU ET LE RENARD LE LOUP ET L AGNEAU L Tu la troubles reprit tte b te cruelle Et je sus que A MONM EI PaMPASSE PSUb LA MORT ET LE B CHERON LA POULE AUX UFS DOR Pendant s derniers temps ombien en a t on vus Psub 117 ANALYSE DE PHRASES L gende Sujet de P bleu Pr dicat de P jaune Compl me
180. e 107 164 ANALYSE EN CONSTITUANTS DES PHRASES GRAPHIQUES DU D BUT DE L TRANGER 1 MERE maman est morte 2 Ou RES 3 J ai re u un t l gramme de asile M re d c d e Enterrement demain Sentiments distingu s 4 Cel ne veut rien dire 5 C tait peut tre hier 6 L asile de vicillards est Marengo quatre vingts kilom tres d Alger J J prendrai autobus ME c j ariverai SSI 8 Ainsi ji POSE cc i RN NE 9 J ai demand deux jours de cong mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille 10 Mais il n avait pas l air content 11 JE liai m me dit BE n est pas de ma faute 12 Il n a pas r pondu 13 J aipens MB que je n aurais pas d lui dire cela 14 En somme OT n avais pas m excuser r 17 DSE E cst un peu conne si RARAN n tait pas morte 18 DS E ce scra une affaire class e et tout aura rev tu une allure plus officielle L GENDE Coordonnant gras Subordonnant tal 165 L enseignant demande aux l ves de comparer la construction des phrases graphiques de Roy et des phrases graphiques de Camus nombre de P nombre de constituants facultatifs m canismes de jonction Les l ves sont ainsi amen s constater que les phrases graphiques ne contenant qu une P avec un minimum de constituants facultatif sont nombreuses dans le d but de L tranger un trait bleu un trait jaune peu de rose Les phrases gr
181. e consid r s pour eux m mes mais puisqu ils sont l s tant t aux caract ristiques du genre romanesque moderne tant t aux particularit s de l criture camusienne ils participent toujours aussi la construction du sens de l uvre Notre approche nous semble ainsi susceptible de redonner du sens l tude de la langue et de permettre la langue et la litt rature de cohabiter plus harmonieusement en classe de fran ais 188 CONCLUSION La recherche que nous avons men e avait un ancrage personnel il s agissait de trouver des fa ons de r concilier deux n cessit s en tension l une avec l autre dans notre me d enseignante de fran ais celle de l enseignement de la langue et celle de l enseignement de la litt rature Elle visait proposer un moyen de donner plus de place la litt rature dans les classes de fran ais sans minorer la place de la langue remettre la litt rature qui se caract rise entre autres par un usage esth tique de la langue en rapport avec son mat riau de base et r habiliter la dimension culturelle de l enseignement de la langue Nous pensons avoir montr que notre r flexion pouvait aussi r pondre un besoin plus large et apporter une solution possible certains probl mes qui nuisent l enseignement du fran ais en g n ral L avenue propos e pourrait en outre favoriser l engagement des l ves et aider les enseignants de fran ais r pondre certain
182. e critique sur Ph dre d Herrmann Ph dre 1950 ainsi qu de nombreuses sources encyclop diques virtuelles 72 On ignore si ce personnage a r ellement exist ou s il s agit d un personnage l gendaire mais on sait avec certitude qu il n a pu crire lui m me toutes les fables sopiques On sait par ailleurs que chez les Grecs tout genre litt raire comme toute science devait avoir un inventeur d faut d un inventeur authentique pour la fable peut tre en a t on imagin un Ce quiest certain c est que la source sopique a jou le r le de recueil pour des fables d origines diverses introduction par Chambry dans sope 1927 Canvat amp Vandendorpe 1993 111 subversives Ces faits pourront tre mis profit lorsque la classe fra le lien entre la fable et la critique sociale ou politique cf section 5 2 5 3 Comparaison de textes L enseignant remet aux l ves des textes d sope et de Ph dre qui ont inspir La Fontaine des fables que les l ves ont lues Le Corbeau et le renard et Le Loup et l agneau cf Annexe Il nous avons opt pour les traductions de Chambry et Grenot chez Belles Lettres En petits groupes les l ves doivent lire ces textes et les comparer avec leur homologue chez La Fontaine Ils doivent discuter des changements apport s par La Fontaine L enseignant leur demande d observer la disposition du texte le vocabulaire et les expressions employ s
183. e du texte la violence est elle dans les gestes de Meursault o dans la nature elle m me dans l air pour ainsi dire Meursault semble t il en pleine possession de ses moyens ou tre dans un tat second portez attention des mots comme aveuglant ivresse puis trouvez d autres preuves Qu est ce que cela aurait chang si Meursault avait dit j ai tir au lieu de dire la g chette a c d commencez par identifier le sujet de la phrase qui est l origine de l action exprim e par le verbe 172 Il serait possible d amener ainsi les l ves constater que tout se passe comme si la violence tait d j dans les l ments et que Meursault ne se faisait que le relai passif de cette nature meurtri re Car Meursault est prisonnier des l ments fout s arr te entre la mer le sable et le soleil la chaleur s appuie sur lui et s oppose son avance une plage vibrante se presse derri re lui Il est aussi aveugl par la lumi re et la sueur et sous l emprise d une ivresse opaque il ne poss de donc pas tous ses sens et semble r aliser seulement apr s coup ce qui a pu arriver Il est int ressant de faire remarquer aux l ves que Camus a choisi d crire la g chette a c d et non j ai tir d chargeant encore Meursault de toute volont assassine le pr sentant comme un innocent voire une victime du soleil Les l ves ne doivent pas pour autant tous absoudre int rieurement Meu
184. e entre ces diverses composantes de la classe de fran ais Cette diff rence fonde une tension inh rente la discipline celle ci serait partag e entre une dimension transversale dont rel ve en grande partie le champ des activit s langagi res lire crire parler et des champs disciplinaires ou corps de savoirs sp cifiques litt rature langue Ce probl me irr solu nous conduit employer plut t le terme de composante pour d signer les l ments d un ensemble complexe 84 fait d incorporer une dimension l autre Pour Daunay 2005 une des difficult s du d cloisonnement r side pr cis ment dans la double exigence d une n cessaire mise en relation des objets d enseignement de la discipline et d un traitement sp cifique de ces derniers p 146 puisque les composantes de la discipline fran ais qui ont leurs objets et leurs d marches propres doivent tout de m me conserver une certaine autonomie Cette double exigence conduit Chartrand 2006 explorer plut t l avenue de l articulation Articuler renvoie l id e d tablir des relations de cr er des ponts des jonctions entre des entit s diff rentes qui conservent justement une part d autonomie Pour Chartrand cette configuration permet de s assurer que le travail sur la langue par exemple mait pas pour seul objectif de fournir des aides momentan es la r solution des probl mes particuliers
185. e m tres Je devinais son regard par instants entre ses paupi res mi doses Mais le plus souvent son image dansait 170 devant mes yeux dans Le bruit des vagues tait encore plus paresseux plus tale qu midi C tait le m me la m me lumi re sur le m me sable qui se prolongeait ia Il y avait d j deux heures que la journ e n avan ait plus deux heures qu elle avait jet l ancre dans un E de m DS l horizon un petit vapeur est pass et j en ai devin la tache noire au bord de mon regard par que je n avais pas ss de regarder lArabe ai pens que je n avais qu un demi tour faire et serait fini Mais toute une plage vibrante de sel se pressait derri re moi J ai fait quelques pas vers la sour L Arabe n a pas boug Malgr tout il tait en re assez loin Peut tre cause des ombres sur son visage il avait Pair de tire Pai attendu La br lure du agnait mes joues et j ai senti des gouttes de sueur s amasser dans mes sourdls C tait le m me que le jour o j avais maman et omme alors le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau cause de tte que je ne pouvais plus e un mouvement en avant Je savais que C tait stupide que je ne me d barrasserais pas du en me d pla ant d un pas Mais j ai fait un pas un seul pas en avant Et tte fois sans se soulever l Arabe a tir son couteau qu il m a pr sen
186. e morphosyntaxe l Dans la nouvelle dition revue et augment e de son ouvrage de 1997 intitul l ments de didactique du fran ais langue premi re Simard ajoute d ailleurs la d finition qu il donnait de la zone de la litt rature dans l dition pr c dente ce qui concerne la formation de lecteurs de textes litt raires Simard et al 2010 p 206 81 1 2 Articulation qu entend on par l et quels sont les avantages ou les risques associ s ce principe Le d cloisonnement est sans aucun doute dans Pair du temps mais s il r git les programmes r cents au Qu bec comme en France les injonctions relatives au d cloisonnement ont d j une longue histoire en effet Daunay 2005 qui en a trouv des traces dans des programmes du d but du si cle dernier conclut m me qu il s agit en somme d un topos du discours officiel depuis 1938 au moins Bilodeau 2005 qui a effectu une recherche documentaire sur ce th me dans six des principales revues de didactique du fran ais ou s int ressant au fran ais Pratiques Enjeux Recherches Qu bec fran ais Le fran ais aujourd hui Rep res 1990 2004 affirme aussi qu il ne s agit pas d une id e r cente ni dans les programmes ni dans les publications touchant la didactique du fran ais il pr cise toutefois que les textes th orisant la n cessit du d cloisonnement ou les modalit s de sa r alisation sont beaucoup plus rares q
187. e part de la vie de celle ci Aron amp Viala 2005 p 100 La litt rature travaille donc le mat riau de la langue jusqu lui donner une existence esth tique p renne qui transcende sa dimension utilitaire et change le cours de son histoire On peut donc dire que par la vision particuli re de la langue et des fa ons de la manier qu elle v hicule elle offre un mode d appr hension du langage irrempla able sur le plan didactique Simard 1997a p 200 17 Par ailleurs certains didacticiens soutiennent que l enseignement de la lecture litt raire est susceptible d enrichir toute lecture et d amener une meilleure maitrise de la comp tence lectorale en g n ral En efit pour Dufays et al 2005 le rapport la litt rature active de mani re maximale les op rations et les codes susceptibles d intervenir dans toute lecture En le privil giant dans l apprentissage de la lecture l cole on ne se coupe en rien des autres formes de lecture au contraire on se donne les moyens de les enrichir p 11 La question de l apprentissage de la lecture est au c ur de l ducation scolaire et selon ces auteurs les textes dits litt raires permettent mieux que les textes utilitaires d attemdre les divers enjeux de la lecture puisque l attention qui a t port e leur composition les a dot s de virtualit s multiples permettant des lectures plurielles et enrichissant le rapport au mon
188. e petit Fran ais apprendra le mieux sa langue et sans la grammaire dans une belle page les plus fines nuances lui chapperaient Clarac cit dans Reuter 1996 p 7 Les pr suppos s qui sous tendent l argumentation de Clarac ont t mis mal par l entr e en sc ne de la linguistique et louverture du corpus aux textes non litt raires On ne saurait plus soutenir aujourd hui que la seule fa on d apprendre bien crire et bien parler est la fr quentation des grands auteurs puisque leur langue est parfaite Il faut donc repenser les modalit s d articulation de la langue et de la litt rature et faire des propositions didactiques argument es afin 1 de donner une grande place la litt rature dans les classes de fran ais sans minorer la place de la langue 2 de remettre la litt rature qui se caract rise entre autres par un usage esth tique de la langue en rapport avec son mat riau de base et 3 de r habiliter la dimension culturelle de l enseignement de la langue De cette fa on on pourrait d une part s assurer que les nobles ambitions du dernier programme de formation volont de rehaussement culturel approche renouvel e de la grammaire attentes lev es en lecture litt raire d cloisonnement ne restent pas lettre morte et d autre part 18 Le m moire de Sylvain Bilodeau 2005 Le d cloisonnement des activit s de la classe de fran ais analyse d crits en didactique du fran ais q
189. e pr sente comme un chapitre pivot qui n appartient pas tout fait la premi re partie et qui fait basculer le personnage dans la seconde partie Les temps forts qui marquent la structure du roman guideront le sectionnement de la lecture Les l ves proc dent donc la lecture des cinq premiers chapitres s arr tant pr cis ment avant la lecture de ce chapitre pivot 145 Ils font une lecture individuelle de cette section du roman dont ils rendent compte dans leur journal dialogu Pour lancer l criture l enseignant pose certaines questions et pour l alimenter il fournit des r troactions individualis es aux commentaires des l ves Questions Qu est ce qui semble important pour le personnage qu est ce qui donne un sens sa vie Quels passages du texte te permettent de l affirmer Quels passages ou quelles phrases t ont fait r agir ou r fl chir Qu as tu ressenti ou pens et pourquoi Y a t il des choses qui te frappent dans la fa on dont est racont e cette histoire 7 Introduction au sujet du roman l absurde 7 1 Retour sur la lecture autour de la question du sens de la vie L enseignant effectue un retour en pl ni re sur la lecture et les r actions auxquelles ele a donn lieu dans les journaux dialogu s Il lance la discussion en amenant les l ves partager leurs r ponses aux questions suivantes Qu est ce qui semble vraiment important pour le personnage qu est ce qui
190. e proc s la lumi re du travail qui vient d tre fait sur le texte Que pensez vous des personnages qu on rencontre lors de ce proc s procureur juge d instruction avocat Vous paraissent ils s rieux ou ridicules 118 Durs aa Le procureur s est alors lev tr s grave et d une voix que j ai trouv e vraiment mue le doigt tendu vers moi il a articul lentement p 144 Mais mon avocat bout de patience s est cri en levant les bras de sorte que ses manches en retombant ont d couvert les plis d une chemise amidonn e pp 147 148 Mais le procureur s est redress encore s est drap dans sa robe p 148 L avocat levait les bras et plaidait coupable mais avec excuses Le procureur tendait ses mains et d non ait la culpabilit mais sans excuse p 151 178 L enseignant propose ensuite le petit jeu d association suivant les l ves doivent associer les l ments de la colonne de droite l un ou l autre des personnages de la colonne de gauche apr s quoi il demande aux l ves de justifier leurs r ponses en pl ni re en se r f rant des passages S rieux Ridicule Meursault Ment d guise ou exag re la r alit Ne dit que la v rit sans la d former Un membre du tribunal juge avocat Faux procureur Vrai Joue un r le Est toujours lui m me L enseignant souhaite ainsi montrer que par opposition aux memb
191. e que nous avons d j dit des rapports entre langue et litt rature la compl mentarit de leur enseignement apparait en eff t vidente pour Aron et Viala 2005 ele constitue une question majeure de l enseignement du fran ais p 13 L articulation de ces composantes compl mentaires dans l enseignement du fran ais au secondaire est essentielle si l on suppose par ailleurs qu elle constitue peut tre la seule fa on de faire occuper la litt rature une grande place dans les classes sans n gliger le travail sur la langue n cessaire au d veloppement d un rapport conscient son propre langage Schneuwly 2007 et au d veloppement optimal des capacit s langagi res Or si aujourd hui des didacticiens r it rent le souhait de cr er des synergies c est qu il faut admettre que l articulation des composantes du fran ais pose encore probl me Les rapports entre l enseignement de la langue et celui de la litt rature ne constituent pas un sujet neuf Tension structurante de la discipline pour Reuter 2005 ternelle dualit du fran ais pour Canaveilles 2001 le couple langue lit rature a longtemps servi d assise aux programmes et demeure un sujet de r flexion incontournable pour les didacticiens Simard 1997a p 64 Selon Rosier et Dufays 2003 qui parlent d une bipartition langue litt rature de la matrice disciplinaire ce couple a une longue histoire et sur
192. e r le de la langue dans la mise en texte de la r ception d une uvre litt raire Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 144 148 C d rom Gen ve Universit de Gen ve 197 GARCIA DEBANC C 2009 Quand les enseignants d butants enseignent la relation sujet verbe la fn de l cole primaire De l analyse des pratiques observ es la d termination d l ments d expertise professionnelle Dans J Doz amp C Simard dir Pratiques d enseignement grammatical Points de vue de l enseignant et de l l ve pp 99 124 Qu bec Les Presses de l universit Laval recherches en didactique du fran ais GAUDIN J INISAN J F amp TOURIGNY F 2001 Les s quences didactiques en fran ais au coll ge la place de la langue Le Fran ais aujourd hui 133 60 68 GENETTE G 1982 Palimpseste Paris Seuil GENETTE G 1983 Nouveau Discours du r cit Paris Seuil GENETTE G 2004 Fiction et diction Paris Seuil Points GENEVAY 1994 Ouvrir la grammaire Lausanne Montr al LEP La Cheneli re GENEVAY 1996 S il vous pla t invente moi une grammaire Dans S G Chartrand dir Pour un nouvel enseignement de la grammaire Propositions didactiques 2 d pp 53 84 Montr al Les Edi
193. e sentiment de l absurdit pour veiller sa conscience L enseignant demande aux l ves si ce sentiment que les comportements humains sont parfois machnaux et tranges qu ils n ont pas de sens s est manifest lors de la lecture de la premi re partie de L tranger Plusieurs personnages auront pu leur laisser une impression trange pensons au vieux Salamano et son chien ou la petite automate qui semblent presque d pourvus d humanit le premier finissant par s identifier avec la b te qui l accompagne et la seconde tant pr sent e comme un tre robotis et dont l existence semble d une vacuit saisissante cocher m ticuleusement des missions radiophoniques battre son chien du matin au soir la suite de cette br ve discussion en pl ni re l enseignant pr cise que Camus tente effectivement de faire prouver le sentiment de l absurdit son lecteur pour veiller sa conscience l absurdit de l existence Il ajoute que les l ves d couvriront certains des nombreux proc d s utilis s par l auteur pour atteindre ce but 8 1 criture cr ative Nous suivrons l id e qu crire d abord Daunay 2007b est susceptible de permet tre aux l ves de prendre conscience de certaines dimensions linguistico discursives qui sont n glig es par les jeunes lecteurs Dolz cit dans Renaud 2010 Nous proposons donc avant toute analyse une activit d critu
194. eau qui faisait le tour de la t te la hauteur du nez le bandeau tait plat On ne voyait que la blancheur du bandeau dans son visage Quand elle est partie le nderge a parl Je vais vous laisser seul Je ne sais pas quel geste j ai fait mais il est rest debout derri re moi Cette pr sen dans mon dos me g nait La pi tait pleine d une belle lumi re de fin d apr s midi Deux frelons bourdonnaient contre la verri re Et je sentais le sommeil me gagner Jai dit au conderge sans me retourner vers lui Il y a longtemps que vous tes l Imm diatement il a r pondu Cinq ans omme s il avait attendu depuis toujours ma demande Ensuite il a beaucoup bavard On laurait bien tonn en lui disant qu il finirait conderge l asile de Marengo Il avait soixante quatre ans et il tait Parisien moment je lai interrompu Ah vous n tes pas d id Puis je me suis souvenu qu avant de me conduire chez le directeur il m avait parl de maman Il m avait dit qu il fallait enterrer tr s vite par que dans la plaine il faisait chaud surtout dans pays C est alors qu il m avait appris qu il avait v cu Paris et qu il avait du mal oublier Paris on reste avec le mort trois quatre jours quelquefois Id on n a pas le temps on ne s est pas fait l id e que d j il faut urir derri re le corbillard Sa femme lui avait dit alors Tais toi ne s
195. ectivit de neutralit de d tachement voire de s cheresse du texte de Camus cet effet qui d range le lecteur ne d coule t i que de labsence de modalisation On peut faire voir aux l ves qu il d coule au contraire d un travail sur la langue qui touche toutes les dimensions du texte jusqu la structure de ses phrases 8 5 Analyse grammaticale le style t l graphique et la phrase simple L enseignant demande aux l ves si le style de L tranger correspond l image qu ils se font spontan ment d un texte litt raire Il peut inviter les l ves se reporter de nouveau l extrait du texte de Roy dont le lyrisme et l amplitude des phrases est plus proche de la conception classique de la lit rarit Les l ves auront peut tre d j remarqu lors du premier exercice de comparaison cf supra que le d but de L tranger regorge de phrases courtes et plus simples que chez Roy ce qui donne l impression d un 163 style la fois d pouill et hach L enseignant peut revenir sur ces constatations et amener progressivement les l ves sur le terrain de la syntaxe Apr s un rappel des connaissances relatives la phrase graphique la phrase syntaxique P et aux m canismes de jonction des phrases syntaxiques juxtaposition coordination subordination l enseignant demande aux l ves de d terminer si les phrases graphiques des deux premiers paragraphes de L tranger contiennen
196. en fran ais n est plus d montrer Depuis des d cennies des enqu tes r v lent les importantes lacunes li es aux performances langagi res de ceux ci alors qu un niveau de plus en plus lev de capacit s est n cessaire au d veloppement culturel comme l insertion civique et professionnelle En 1987 par exemple le Conseil sup rieur de l ducation publie un avis dont les conclusions sont les suivantes les l ves maitrisent tr s mal les r gles concernant l usage du singulier et du pluriel l usage des genres l emploi des temps et modes ainsi que l accord des verbes ils crivent souvent comme s ils m avaient jamais tudi la grammaire et la syntaxe CS 1987 p 4 Cet avis n a toujours pas t d menti Chartrand rappelle en effet que de nombreuses tudes men es depuis cette publication jusqu nos jours ne font qu ent riner ses conclusions de nombreuses tudes d crivent les pi tres performances en orthographe en syntaxe en lexique et en ponctuation des jeunes Qu b cois Roy ef al 1995 Asselin et McLaughlin 1992 Quant leur comp tence r diger des textes dans une langue correcte elle est g n ralement tr s faible Pour les seuls aspects norm s de la langue crite comme l orthographe la syntaxe ou la ponctuation la moyenne nationale des notes obtenues par les l ves qu b cois de 5 secondaire selon les valuations du M Q est inf rieure 50 depuis
197. ence subjective qui prime on constate en somme peu de travail sur les ph nom nes de langue qui sont souvent pingl s au passage Dispy et Dumortier 2009 soulev s et non forc ment tudi s par les l ves et souvent trait s de fa on allusive par les auteurs dans leurs articles Par ailleurs notons que dans plusieurs textes m me lorsque l on connait avec plus d exactitude l objet des analyses grammaticales on ne sait pas toujours quelle d marche est suivie par la classe Ainsi les modalit s du travail en grammaire sont rarement pr cis es Parmi les objets linguistiques qu on propose d tudier avec les l ves certains apparaissent presque comme des passages oblig s Ainsi en va t il des tudes lexicales si ces derni res ont leur place dans la tradition scolaire depuis longtemps l id e de s int resser la singularit des emplois lexicaux dans un texte Porcar 2000 Chabanne 2010 nous semble int ressante de celle des discours rapport s et des registres de langue ou de l analyse des temps dans les r cits au pass la plupart des textes se centrent sur les r cits de fiction ce qui explique sans doute cette insistance Ce qui concerne l nonciation ou la grammaire discursive semble tout particuli rement susciter l int r t des auteurs parce qu elle offre leur avis un terrain propice pour construire des ponts entre l analyse grammaticale et l interpr tation text
198. endante que guettent toujours les dangers de l applicationnisme En effet dans l enthousiasme de nos lectures en raison de notre formation et de notre passion il nous est sans doute arriv plus d une fois de consid rer les uvres avec les yeux d une linguiste ou d une litt raire plut t que d une enseignante de terrain Pour reprendre l image du triangle didactique l entr e par le p le des savoirs dans cette d marche est plus pr gnante que l entr e par le p le de l l ve Nous sommes consciente de la longueur des s quences propos es et du caract re exigeant de plusieurs activit s mais nous continuons de croire que leur adaptation pour la classe n est pas impossible d ailleurs certames activit s rappelons le ont t test es en classe par l auteure Nous rappelons par ailleurs que les r sultats d analyse propos s dans le corps des s quences ne constituent pas des corrig s mais de simples indications dont la reproduction dans la r alit n est pas attendue Les r sultats d une activit dans la r alit d une classe d pendent toujours bien s r d un grand nombre de facteurs au premier chef des caract ristiques des l ves bien vivants qui peuplent cette classe qui l activit doit profiter Aussi cette recherche m riterait elle sans doute d tre poursuivie dans lavenir pour faire une v ritable place ces l ves vivants dont la vivacit d esprit justement se r
199. endre ce double objectif nous semble encore pr f rable celle de l int gration puisqu elle implique qu aucune composante ne soit totalement au service de Pautre Finalement Dumortier 2006 entrevoit aussi un risque de re cloisonnement si l tude de la langue ne se fait pas dans l abstraction mais qu elle est syst matiquement articul e la lecture ou l criture de textes il pense en particulier aux r cits de fiction les connaissances acquises pourraient sembler aux l ves li es des situations de travail ou des textes pr cis et ne pas tre g n ralis es notre avis une progression par approfondissements successifs qui serait combin e au souci de varier suffisamment les contextes d approche d un ph nom ne minimiserait ce risque Ces diverses balises tant pos es il nous apparait maintenant possible de proposer un mod le d articulationn de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature fond sur le plan th orique 2 Pr sentation du mod le Nous avons fait ressortir les int r ts et les insuffisances des propositions recens es lors de notre exploration documentaire Plusieurs d entre elles fournissent des d buts de 89 r ponses auxquels il manque la syst maticit C est d un mod le th orique que nous avons besoin pour les rassembler les organiser et les compl ter Seulement les v ritables mod les d articulation des composantes du f
200. ent du syst me de la langue Dans les termes de l auteur elle r unit les l ments suivants la connaissance de la grammaire du lexique de l orthographe et de la ponctuation s ajoute celle des proc d s d organisation des textes de la communication courante p 203 Ensuite la zone de la litt rature concerne la connaissance et la pratique de la litt rature Si elle partage des contenus avec la zone pr c dente elle contient aussi certains contenus ne relevant pas de l apprentissage de la langue mais appartenant en propre au domaine litt raire que Simard classe ainsi les cat gories et les structures formelles du langage litt raire genres stylistique etc les th matiques visions du monde et motifs r currents les donn es de l histoire litt raire et les donn es relatives la circulation des textes litt raires dans la soci t etc pp 203 204 On reconnait dans cette zone des l ments li s la plupart de nos crit res de d finition de la litt rature nous y frions cependant une plus grande place au lecteur lui m me et son activit Pour nous comme pour Simard parce que la litt rature est entre autres le lieu d panouissement de la langue crit re esth tique ces objets sont en partie interd pendants et il est imp ratif d articuler ces deux zones trop souvent cliv es dans la classe de fran ais 50 Le terme grammaire est ici entendu au sens strict d
201. err une m re avec gt Jen ferai la preuve Messieurs et je la ferai doublement Sous ee ER d abord et ensuite dans er __ me fournira la psychologie de c tte gt L Et j ai essay d outer encore par que le pro reur s est mis parler de mon me 11 disait a ae pench sur le cu avan ou RE la v rit je n en avais point et que tien d humain et pas un des prindpes moraux qui gardent le aur des hommes ne m tait ac ssible Sans doute ajoutait il nous ne saurions le lui reprocher Ce qu il ne saurait ti nous ne pouvons nous plaindre qu il en manque Mais quand il s agit de tte ur la toute n gative de la tol ran doit se muer en lle moins fadle mais plus de la justi Surtout lorsque TROIE 41 dit et cest le ur l ger que je vous la demande Car s il m est arriv au cours de ma d j longue carri re de r damer des peines capitales jamais autant qu aujourd hui je n ai senti devoir par la consden d un commandement que je ressens devant un visage d homme o je ne lis rien que de L GENDE Tours ou voc relevant du style lev souvent registres vx ou litt r Ce style combin l attitude et la gestuelle exag r es 8 sur laquelle l enseignant dirige l attention des l ves accentue le c t fallacieux de cette farce juridique Pour faire ressortir cela l enseignant demande aux l ves ce qu ils pensent de c
202. ersitaires de Namur Dyptique CHARTRAND S G 2008 Progression dans l enseignement du fran ais langue premi re au secondaire qu b cois Qu bec Publications Qu bec fran ais CHARTRAND S G 2011 Prescriptions pour l enseignement de la grammaire au Qu bec quels effets sur les pratiques Le Fran ais aujourd hui 173 45 53 CHARTRAND S G amp BOIVIN M C 2004 Articulation des activit s m talinguistiques aux activit s discursives dans la classe de fran ais au secondaire inf rieur Dans Falardeau C Fischer C Simard amp N Sorin d Actes du 9 colloque de l AIRDF 26 28 ao t 2004 C d rom Qu bec AIRDF CHISS J L 2007 La lingusitique et la didactique sont elles responsables de la crise de l enseignement du fran ais Le Fran ais aujourd hui 156 9 14 CIP 2006 Enseignement apprentissage du fran ais en Suisse romande Orientations Document l intention des enseignants de l cole obligatoire de la Suisse Neuch tel CHP COLOGNESI S amp DESCHEPPER C 2010 Moi j adore la ma tresse d teste o comment d velopper une d marche philologique d acc s au texte litt raire l cole primaire par la pratique de l insertion Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 59 64
203. es traductions compar es de Dosto evski Salinger Nietzsche Shakespeare Poe etc Ce faisant il am ne ses l ves consid rer le probl me de la valeur des temps partir de deux traductions du titre d une uvre de Nietzsche Ainsi parlait Zarathoustra vs Ainsi parla Zarathoustra celui des registres de langue et de la forme emphatique partir de deux traductions tr s diff rentes de L Idiot il fait aussi prendre conscience de certaines caract ristiques du fran ais moderne en confrontant quatre traductions du Tristan de B roul avec l orignal en ancien fran ais observation des diff rences concernant l ordre des mots les d clinaisons les temps de verbes Dans le m me esprit au cours d une s quence autour d Alice de Carroll une enseignante de coll ge observ e par Deronne 2010 propose pour exercer la r flexion linguistique des l ves p 109 de proc der une lecture compar e du texte anglais et du texte fran ais en relevant les emplois d un mot down et les quivalents dans la traduction fran aise avant de r capituler les diff rences de fonctionnement dans les deux langues et les probl mes de traduction pos s Les traductions auraient donc toujours leur place en classe de fran ais m me lorsque Pon souhaite observer la langue dans les textes d ailleurs tous les aspects textuels ne sont pas n cessairement transform s par la traduction aussi Cauterman et Daunay 2008 proposen
204. es des injonctions du plus r cent programme qui au del de ses lacunes et de ses impr cisions parle de rehaussement culturel contient les prescriptions les plus ambitieuses en lecture litt raire depuis les d buts de l cole obligatoire au Qu bec et privil gie le d cloisonnement Outre que les enseignants sont soumis ces prescriptions plusieurs raisons que nous avons tent d exposer de notre mieux nous portent croire que ceux ci auraient avantage donner une grande place au texte litt raire dans leur enseignement et changer de perspective par rapport l enseignement de la langue La litt rature en classe de fran ais peut si elle vise la formation d un sujet lecteur permettre de d velopper chez les l ves une aptitude effectuer des aller retours entre la participation au monde de l uvre et la distanciation qui interroge les dimensions esth tique r f rentielle sociohistorique intertextuelle et lecturale des textes litt raires pour en approfondir la compr hension et l interpr tation Elle peut ainsi permettre du m me coup de d velopper le savoir lire et le plaisir de lire ainsi que d enrichir la vision du monde des l ves construction laquelle toute formation culturelle doit participer Par ailleurs si on r ussissait v ritablement sortir l enseignement de la langue des orni res d une vis e strictement fonctionnelle cette composante de la classe de fran ais pourrait aussi pa
205. es en attirant leur attention sur divers l ments qui seront repris dans la suite la d f rence au fils du roi la notion d imitation la mention de 63 sn de A Ces deux textes figurent rarement dans les ditions jeunesse il faudra donc les remettre aux l ves 107 plusieurs caract ristiques g n riques bri vet pr sence d une moral d un r cit d animaux parlants Finalement il attire l attention des l ves sur deux intentions formul es par La Fontaine dans chacun des deux textes l auteur nous dit il cherche instruire et plaire agr er L enseignant m ne alors une br ve discussion sur le sens de ces mots dans le contexte de l criture et sur les proc d s que peut employer l auteur pour atteindre ses objectif Question selon ce qu affirme l auteur et selon les fables lues comment La Fontaine fait il pour produire des textes qui peuvent tre la fois consid r s comme instructifs et agr ables divertissants plaisants La Fontaine affirme qu il se ser t d animaux pour instruire les hommes MD car leurs histoires contiennent des v rit s qui servent de le ons MD ainsi dans les fables le plus simple animal nous tient lieu de ma tre P amp L Les l ves peuvent ils identifier l une de ces le ons dans les fables lues d entr e de jeu Par ailleurs La Fontaine affirme aussi qu une morale nue apportel rait de l ennui
206. es particuliers mais aussi plus largement une construction sociale une institution et historique caract ris e par l importance du travail sur la langue de l intertextualit et de l expression de visions du monde singuli res 10 Pour plus de d tails sur la reconfiguration de la discipline fran ais cf les Que sais je de J F Halt 1992 et J M Rosier 2002 publi s au PUF et intitul s La Didactique du fran ais 13 suspicion l gard de l enseignement de la litt rature et du recours une nouvelle discipline savante cens e garantir la scientificit de la discipline scolaire la linguistique Pour Legros jusqu au secondaire sup rieur l enseignement de la litt rature cl de voute de l ancienne configuration est alors devenu sous le fu crois des critiques le lieu de la disparit voire pour certains de la disparition des pratiques Legros 1992 p 2 Au Qu bec o l enseignement litt raire traditionnel a t plus volontairement cart de l cole publique qu en France Daunay 2007a la litt rature a alors fait figure de parent pauvre dans les programmes qui largissaient d sormais le corpus scolaire la grande diversit des textes qui circulent dans la soci t au moins jusqu en 1995 Cette minorisation se fait encore sentir aujourd hui Les l ves sortent aujourd hui du cours secondaire ignorant le nom des auteurs et les titres des
207. es pratiques langagi res la langue et la litt rature peuvent elles tre mises sur le m me plan par exemple celui des sous disciplines du fran ais Un peu comme Simard 1997b qui croit que la discipline fran ais conjugue connaissances th oriques 83 d marches qui lui sont propres qu elle permet d appr hender le langage selon une perspective unique et est de ce fait irrempla able sur le plan didactique Simard 1997a p 200 Comme l crit Daunay 2005 en r fl chissant pr cis ment aux implications de la notion de d cloisonnement pour l unit de la discipline fran ais parler de discours pour penser la litt rature parmi d autres formes de discours ne saurait gommer l approche sp cifique du texte litt raire de sa lecture comme de son criture qu une tradition bien ancr e dans la discipline rend effectivement particuli re et susceptible de d marches propres p 146 Par ailleurs nous pr f rons au terme g n rique de d cloisonnement celui d articulation qui est plus explicite sur le m canisme de mise en relation des composantes et qui permet de se distancier d autres termes li s l id e de d cloisonnement dont celui d int gration Litt ralement int grer signifie faire entrer dans un ensemble en tant que partie int grante Nouveau Petit Robert 2001 On pourrait imaginer par exemple que l enseignement de la langue soit totalement int gr au tra
208. es sentiments Aquien 1993 La figure est un emploi origmal d un mot ou d une combinaison de mots qui donne plus d expressivit et a un effet soit sur la sonorit la syntaxe ou le sens des termes Bien entendu on peut trouver des figures dans tous les types de discours oraux ou crits romans articles de journaux publicit discours officiels etc mais c est la po sie qui reste le lieu par excellence de ces formes langagi res peut on trouver un po me sans aucune figure Certaines figures dont lall gorie sont consubstantieles au genre de la fable d autres sont plus particuli res la fable lafontainienne Les l ves se pencheront sur trois des figures les plus importantes pour comprendre les proc d s l uvre dans les fables de La Fontaine 7 2 1 L all gorie La fable est un r cit all gorique L all gorie est une figure qui se construit sur l ensemble d un texte contrairement la m taphore ou la comparaison qui ne peut concerner qu un bref nonc plus particuli rement un texte narratif port e symbolique Le r cit met en sc ne des sujets concrets objets animaux qui renvoient des r alit s d une autre nature psychologique morale etc Le texte all gorique se caract rise par le fait qu on peut toujours le lire de mani re all gorique ou non all gorique et que d une fa on comme d une autre il conserve sa coh rence Aquien 1993 Molini 1992 Une fable de La
209. eut contribuer au d veloppement des capacit s intellectuelles des l ves Pour Schneuwly 2007 l tude du fonctionnement de la langue agit en effet sur Pesprit et le rapport de l l ve la langue et au langage elle permet d entrer dans un mode de pens e qui transforme les repr sentations ant rieures et partant la chose pens e c est dire le fonctionnement cognitif et langagier propre l apprenant p 18 S il a le pouvoir de transformer l esprit l enseignement de la langue devrait s adresser l intelligence et aux capacit s r flexives des l ves c est du moins l id e que le courant didactique de la grammaire r nov e dont les racines se trouvent aussi loin que dans la critique qu adressait Ferdinand Brunot 1909 au d but du si cle dernier l cole fran aise cherche depuis plusieurs ann es implanter dans l cole Inspir des th ories distributionnelle g n rative et transformationnellk Doz amp Schneuwly 2009 le courant de la grammaire r nov e qui connait une diffusion partir des ann es 1970 et s enrichit au cours des ann es 1980 2000 des avanc es de la recherche en linguistique nonciative discursive et textuelle Dolz amp Simard 2009 constitue une nouvelle approche de l enseignement de la grammaire Cette approche est marqu e par une insistance sur l aspect syst matique de la langue plut t que sur les listes de formes et sur les excep
210. explicitons les principes th oriques la base de notre mod le d articulation Nous d finirons l enseignement de la litt rature comme une dialectique entre ex g se dirig e par l enseignant et appropriation subjective par l l ve l enseignement litt raire ainsi con u s il peut faire place un r seau d extraits de textes construit autour d une uvre peut difficilement s accommoder de l absence d une uvre compl te ou d une partie d uvre se pr sentant comme un tout ex une nouvelle compl te tir e d un recueil un sous recueil ou un livre tir d une uvre po tique etc 40 Nous expliciterons aussi dans la section suivante la place qui revient notre avis aux connaissances dans l enseignement de la litt rature 61 d observation r fl chie de la langue dans des uvres de jeunesse qui jouent avec le langage elle num re une grande quantit d uvres et de jeux langagiers sans sp cifier sur quelles analyses exactement leur observation doit d boucher Richard et Lecavalier 2010 qui cherchent aussi former des sujets lecteurs capables de coconstruire des interpr tations p 244 affirment qu une d marche comme la leur la DSEL cf supra donne lieu des changes qui forcent les l vent s attarder au vocabulaire et la syntaxe sans plus de pr cision afin d acc der la repr sentation du monde de Pauteur id Dans le cas o c est l exp ri
211. gard de la liste des personnages qui apparaissent dans la seconde partie Il leur demande ce qu ils remarquent et les am ne constater que la 176 premi re liste est constitu e de noms propres Marie Raymond Meursault Masson C leste Salamano etc et la seconde de noms communs le journaliste le procureur le juge d instruction l avocat l aum nier comme si ces personnages m avaient pas d individualit et se confondaient avec leurs r les sociaux Il leur demande quoi cette seconde liste leur fait penser Il peut leur pr senter les cartes d un jeu de r le ex Les Loups garous de Thiercelieux pour les mettre sur la piste L id e est de faire progressivement percevoir aux l ves que le proc s est pr sent comme une v ritable mise en sc ne o chacun joue la com die Comme ils le constateront bient t ce proc s est maints gards caricatural parodique voire grotesque Les membres du tribunal jouent donc des r les comme au th tre Et ils les jouent pr cis ment de fa on th trale au sens d artificieL emphatique outr Pour faire ressortir ce c t caricatural l enseignant peut partir d une expression employ e par Meursault lui m me ces longues phrases dans lesquelles on avait parl de mon me p 160 et examiner avec les l ves quelques extraits des plaidoiries il demande aux l ves de relever l abondance de vocabulaire connotatif de figures v
212. ge la recherche empirique mais par le mat riel partir duquel la th orisation s op re id qui ne consiste pas en des donn es prises sur le terrain mais en des nonc s th oriques de base issus d un corpus s lectionn par le chercheur La premi re section de notre m moire intitul e assises th oriques s inscrit donc dans Pesprit de la recherche sp culative Elle emprunte deux formes de ce type de recherche la recherche documentaire descriptive et critique et l analyse inf rentielle La seconde partie a une vis e pratique elle est tendue vers l intervention sur le terrain sugg re des pistes concr tes Cependant elle n acc de pas l tape ultime de la recherche didactique selon Barr De Miniac la validation empirique des pistes sugg r es Les s quences propos es dans la deuxi me section de ce m moire n ont en eff t pas enti rement t exp riment es en classe et l exp rimentation de certaines activit s n a pas fait l objet d une description et d une valuation rigoureuses Cette tape de validation exc dait les limites dans lesquelles pouvait raisonnablement s inscrire ce m moire mais m riterait sans doute que nous lui d dions une autre recherche Pour d crire plus en d tail les tapes de notre d marche de recherche nous reprenons les termes de la d finition d j mentionn e de Barr De Miniac 1998 pour qui la recherche didactique est organis e d
213. gnant a un souvenir de lecture particulier associ cette uvre et susceptible d veiller la curiosit des l ves il serait aussi souhaitable qu il se mette lui m me en sc ne comme sujet lecteur et indique le r le qu a pu jouer L Etranger dans sa vie culturelle 2 D couverte des premi res lignes du roman Les l ves lisent les deux premiers paragraphes du roman Cette lecture est imm diatement suivie par l coute de la lecture qu en a livr Camus la radio nationale fran aise en 1954 Camus 1954 Cette mise en voix est susceptible de favoriser l entr e des l ves dans l univers du roman Comme l affirme Pierre Yerl s se rem morant l loge qua fait Pennac 1992 de la m diation vocale dans la lecture litt raire la mise en voix socialise l activit de lecture tant t excitant le d sir de lire tant t amenant le texte se r v ler dans un certain gran de voix Yerl s 1996 En efft l coute de cet enregistrement est d j en soi un pas dans le monde de l interpr tation Rappelons de fait que Camus fut d abord com dien et que sa d clamation est le fruit d un travail sur le texte cette lecture r v latrice de l interpr tation que faisait Camus de son propre roman fournit donc une foule d indices sur la fa on dont il concevait son personnage et dont il entendait le texte int rieurement ton rythme Trois extraits cl s seront ainsi cout s au cours de la s quence et les
214. gnement ram ne toujours la question de la transposition didactique c est dire du passage du savoir savant au savoir enseigner id La transposition didactique aurait par ailleurs toujours pous une logique lin aire de type descendante selon l expression de Dab ne cit dans Barr De Miniac 1998 allant toujours des disciplines savantes vers la classe et aurait ainsi conduit diverses formes d applicationnisme Pour Halt 1992 au terme de ce processus l objet apparait tort dans une sorte de transparence originelle pourvu d un caract re d vidence et de gitimit qui ne d coule au fond que de l occultation du processus Si l on peut critiquer certaines modalit s selon lesquelles a pu se r aliser la transposition didactique de certains savoirs en fran ais nous proposons avec Schneuwly 2005 de concevoir la notion de transposition non comme un outil mal fique ou une arme dangereuse mais comme une construction th orique qui permet de rendre compte 37 du processus original par lequel un objet est adapt et cette adaptation est indispensable pour entrer l cole Le processus par lequel nous sommes pass e de nos assises th oriques nos s quences didactiques rel ve donc de la transposition didactique du moins d une premi re tape de transposition Rappelons que cette tape dans la r alit scolaire est suivie d une quantit d autres ta
215. he Cherea qui comprend Caligula et sa logique de l absurde mais refuse d y consentir au nom de l homme et de la survie de la collectivit Dans La Peste o le lien avec la guerre est aussi vident l union des fr res humains devant le tragique de leur destin l emportera encore contre le nihilisme 121 Notons cette citation loquente du juge d instruction devant qui Meursault affirme ne pas croire en Dieu Il ma dit que c tait impossible que tous les hommes croyaient en Dieu m me ceux qui se d tournaient de son visage C tait l sa conviction et s il devait jamais en douter sa vie n aurait plus de sens Voulez vous s est il exclam que ma vie n ait pas de sens p 108 180 qu te de sens de l homme et un monde sans Dieu qui ne peut lui offrir de r ponse C est donc normal pour l auteur que la lucidit laquelle Meursault invite soit troublante pour les lecteurs Apr s avoir recueilli ces r actions personnelles l enseignant demande aux l ves si le fait d tre conscient que la vie n a pas de sens nourrit chez Meursault des sentiments n gatifs comme ceux point s par certains l ves angoisse ou amertume m pris de la vie Il leur demande de se reporter la premi re partie avant le drame et attire leur attention sur les sc nes de baignade les rendez vous avec Mari les sorties avec un coll gue de travail ou son voism Meursault semble t il satisfait de son existence
216. he men e en collaboration avec le Conseil sup rieur de la langue fran aise du Qu bec CSLF et l Association qu b coise des professeurs de fran ais AQPF cette recherche vise dresser le portrait de l enseignement du fran ais au secondaire qu b cois et le comparer au portrait dress en 1985 par le CSLF dans le cadre de l enqu te que nous avons voqu e pr c demment Les r sultats dont nous faisons tat ici sont consign s dans Chartrand 2011 11 constance tonnante Une enqu te par questionnaire laquelle ont r pondu plus de 800 enseignants et plus de 1600 l ves a permis d tablir que les exercices traditionnels de grammaire et les dict es sont encore les activit s les plus fr quentes dans les classes de fran ais Chartrand 2011 Une analyse de quelques s quences d enseignement film es a aussi permis d observer que ni l esprit ni les d marches ni les outils de la grammaire nouvelle ne semblent tre convoqu s en classe Pour une majorit d enseignants actuellement en pratique connaitre les principales r gles de la grammaire est moins important que pouvoir faire des phrases claires et correctes Aujourd hui encore cle serait donc une grammaire fonctionnelle qui serait privil gi e Chartrand 2011 p 51 Les enseignants d aujourd hui disent accorder beaucoup de temps la grammaire Paradoxalement LEF r v le que la plupart d entre eux consid rent cet
217. her de ne pas avoir cultiv jusqu une rare mattrise l art de la forme br ve qui facilite la didactisation des textes De plus les Fables qui ont fait l objet d une quantit astronomique de r ditions et de citations n ont pas qu une post rit litt raire elles ont aussi une post rit didactique Admises tr s t t au panth on scolaire elles se sont en effet longtemps pos es en incontournables dans l enseignement du fran ais Et depuis que la didactique du fran ais s est constitu e en discipline universitaire peu d uvres se sont vues consacrer autant de travaux Vandendorpe et Lebrun ont tir de leurs th ses des ouvrages importants Vandendorpe 1989 Lebrun 2000 les revues Pratiques n 91 1996 et Nouvelle revue p dagogique n 1 1995 ont toutes deux consacr un num ro sp cial La Fontaine deux ouvrages collectif Canvat amp Vandendorpe 1993 Canvat Coll s amp Dufays 2006 regroupant des propositions didactiques adress es aux enseignants de fran ais du coll ge et du lyc e ont aussi t publi s ces documents de r f rence s ajoutent nombre d articles publi s et l dans les revues scientifiques et professionnelles Ces importants travaux nourrissent la s quence qui suit par laquelle nous ne cherchons pas les remplacer nous cherchons simplement les compl ter notamment par des propositions concernant le travail sur le mat riau langagier des textes de La Fon
218. i J ai r pondu C est a Mais s il ne sort pas son couteau tu ne peux pas tirer Raymond a comment s exdter un peu l autre jouait toujours et tous deux observaient chaque geste de Raymond Non ai je dit Raymond Prends le d homme homme et donne moi ton revolver Si l autre intervient ou s il tire son uteau je le des ndrai Quand Raymond m a donn son revolver le soleil a gliss dessus Pourtant nous sommes rest s en re immobiles omme si tout s tait referm autour de nous Nous nous regardions sans baisser les yeux et tout s arr tait id entre la mer le sable et le soleil le double silenc de la fl te et de Feat J ai pens moment qu on pouvait tirer ou ne pas tirer Mais brusquement les Arabes re lons se sont ul s derri re le Raymond et moi sommes alors revenus sur nos pas Lui paraissait mieux et il a parl de l autobus du retour Je lai axompagn jusqu au cabanon et pendant qu il gravissait l esalier de bois je suis rest devant la premi re marche la t te retentissante de d courag devant l effort qu il fallait faire pour monter l tage de bois et aborder encore les femmes Mais la chaleur tait telle qu il m tait p nible aussi de rester immobile sous la pluie aveuglante qui tombait du del Rester id ou partir la revenait au m me Au bout d un moment je suis retourn vers la plage et je me suis mis marcher C tait le m
219. i la lient consubstantiellement des uvres d art et de pens e qui forment le patrimoine culturel de l humanit Reconnaitre tous ces aspects est essentiel pour r fl chir la langue dans une perspective ducative ceux ci sont d ailleurs tous voqu s dans la d finition que donne de la langue le Dictionnaire actuel de l ducation Syst me de signes arbitraires et articul s combin s les uns aux autres selon les r gles d une grammaire par le biais duquel les membres d une communaut se repr sentent la r alit physique psychologique sociale conceptuelle virtuelle etc communiquent entre eux et s identifient culturellement Legendre 2005 p 825 Enseigner la langue implique de tenir compte de la r alit complexe qu elle repr sente Il faudrait ainsi donner aux l ves l image d un syst me comportant plusieurs sous syst mes qui volue dans le temps et qui se mat rialise dans des productions culturelles Dans la classe de fran ais la composante que l on nomme le plus souvent grammaire ne peut donc tre con ue comme un synonyme d enseignement de la langue au sens o nous employons cette expression que si l on en retient une d finition 65 suffisamment inclusive Ainsi si certains travaux tendent distinguer la grammaire des domaines que sont par exemple le lexique ou la conjugaison ou n en retiennent qu une d finition morphosyntaxique nous pensons plut t
220. i ne peut tre saisie l int rieur des seuls corridors disciplinaires ibid p 14 Pourtant la question du d cloisonnement ne concerne pas que linterdisciplmarit elle permet d interroger le rapport entre les savoirs l int rieur m me des disciplines en particulier les disciplines composites comme le fran ais dont les racines th oriques sont multiples 18 La didactique du fran ais a depuis longtemps pris parti en faveur d une restauration des liens entre les diverses composantes de cette discipline En 2007 Schneuwly r it rait ce souhait en intitulant un texte Le Fran ais une discipline scolaire autonome ouverte et articul e Il y exposait ce qu il consid rait tre les trois composantes de la classe de fran ais en insistant sur la n cessit de cr er des synergies p 16 entre ces composantes qui travaillent sur des dimensions compl mentaires p 21 On peut affirmer que la discipline Fran ais comporte trois composantes principales qui entretiennent des rapports complexes entre elles et avec les savoirs de r f rence 1 la connais sance du fonctionnement de la langue 2 la connaissance et la pratique de la litt rature 3 les pratiques langagi res dans des situations pour l essentiel publiques dont fait par ailleurs partiellement partie la pratique litt raire Chacune de ces composantes est en interaction troite avec les autres ibid p 17 Eu gard c
221. i se pose m me aujourd hui avec une particuli re acuit et qui ne trouvera pas de r ponse sans que soient repens es voire refondues les m thodes traditionnelles d enseignement de cette discipline Ces constats sont d ailleurs la source de plusieurs des communications prononc es lors des derni res rencontres des chercheurs en didactique de la litt rature qui se sont tenues Gen ve en mars 2010 et qui proposaient de r fl chir la possibilit d Enseigner les litt ratures dans le souci de la langue Cela tant dit on ne saurait ajouter une pierre l difice sans s inscrire dans la r flexion que d autres ont commenc mener pour faire des propositions ex nihilo Il faut donc prendre acte des quelques propositions existantes dans les publications relatives la didactique du fran ais et les discuter pour voir comment il serait possible de les am liorer ou de les compl ter Une recension exhaustive n tant pas envisageable dans le cadre de ce m moire nous avons opt pour une exploration documentaire limit e Rappelons que notre but tait de r unir des propositions didactiques concr tes c est dire des contributions qui allaient au del de largumentation th orique pour offrir des pistes pour la classe propositions d analyses d activit s ou de s quences autour d uvres ou d extraits litt raires r els Sur cette base nous avons limit notre recherche quatre des principale
222. icitaires parodiques etc les Fables sont des repr sentantes embl matiques de ces textes qui sont massivement diffus s et valoris s par l institution culturelle et qui donnent lieu des citations des allusions des adaptations des r critures diverses dans les m dias contemporains cJes diff rents textes qui font en quelquesorte partie de la grammaire culturelle de la soci t o nous vivons et qui constituent pour notre poque une base incontournable de savoirs et de moyens de lire Dufays et al 2005 p 154 Par ailleurs les perspectives partir desquelles on peut envisager les Fables sont innombrables perspectives esth tique historique sociale voire politique axiologique 57 Une grande quantit des activit s qui constituent cette s quence ont t exp riment es dans des classes de premi re et de deuxi me secondaire au cours des ann es scolaires 2010 2011 et 2011 2012 Il s agissait d une classe de premi re secondaire du programme d ducation internationale PEI d une classe de premi re secondaire du programme r gulier et de deux classes de deuxi me secondaire programme r gulier dans deux coles publiques du centre ville de Qu bec secteurs d favoris s 100 intertextuelle graphique Et si La Fontaine avec cette uvre ind niablement riche et foisonnante peut d concerter les l ves par sa langue et ses r f rences d un autre ge on ne saurait lui reproc
223. ie si tout le monde doit finir de la m me fa on pourquoi suivre un chemin plut t qu un autre pour se rendre au m me point Dire que tout se vaut est ce dire que rien n a d importance c est du moins dire que rien n a plus d importance en soi que le reste Voil en effet une fa on de comprendre la r flexion de Camus sur l absurde il constate que nous mourrons tous et il ne croit pas en Dieu partant il n y a pas pour lui de vie apr s la mort ni d instance transcendante qui puisse expliquer l existence et dicter des valeurs C est en cela qu il peut dire que le monde la vie humaine n ont pas de sens ils n ont pas de raison d tre ne peuvent tre expliqu s par l homme c est pourquoi le monde apparait souvent Meursaut comme trange bizarre imd chifirable bref inexplicable C est parce que Meursault ressent cette v rit qu il adopte un comportement qui choque souvent le lecteur 14 1 La lucidit devant le monde le nihilisme de Meursault Meursault est donc un homme lucide qui a compris que la vie n avait pas de sens et vit en cons quence si le monde n a pas de sens s il n y a pas de dieu pour dire ce qui est bien ou mal ce qui est important et ce qui ne l est pas alors tout se vaut il n y a pas par exemple de valeurs plus importantes que d autres C est ce que pense Meursault qui comme les l ves ont pu le constater lors de la lecture de la p
224. il litt rarise lui m me en partie le texte Marghescou 1974 Aron 1984 Comme c est le cas pour la langue enseigner la litt rature implique de tenir compte de la complexit de l objet en question C est pourquoi cet enseignement ne saurait se r duire ni Phistoire litt raire ni l analyse stylistique ni au recueil des r actions subjectives des l ves Les dimensions historique sociale esth tique et intertextuelle de la litt rature que l enseignant peut amener ses l ves d couvrir doivent tre r unies et mises en mouvement dans un enseignement visant l interpr tation et l investissement subjectif En efft parce que la litt rature est en partie un eff t de lecture parce que la lecture du texte litt raire exige une participation active de la part du lecteur il convient d adopter pour son enseignement une perspective interpr tative orient e entre autres par l investissement subjectif Langlade 2010 Et sur ce plan les d veloppements r cents en didactique du fran ais autour du sujet lecteur ont une grande pertinence S int resser au sujet lecteur c est prendre en compte la fa on originale selon laquelle un lecteur habite une uvre et consid rer les tats singuliers de r alisation d un texte par l activit liseuse d un 74 sujet comme le mat riau privil gi de l analyse litt raire Plus qu une identit stable et bien d finie la notion de sujet
225. il ne peut plus communiquer Laurent 2004 tudie la pi ce Pour un oui ou pour un non de Sarraute o deux personnages se querellent sur le sens r el d une expression prof r e par l un d eux dans la perspective de l analyse conversationnelle en montrant que l uvre de Sarraute met bien en vidence la structure dialogale de tout discours humain Vrydaghs 2010 propose quant lui la lecture de romans m tas miotiques romans comprenant une r flexion sur l interpr tation ses modalit s et ses obstacles qui inclut le plus souvent un questionnement sur le langage comme objet et ou m dium de l interpr tation p 265 pour faire r fl chir les l ves certains aspects pr cis du langage sens implicites etc 29 ehan A gt Les auteurs ne fournissent pas plus de pr cision sur les ph nom nes de langue en jeu 48 Finalement certains auteurs prennent le probl me par l autre bout et au lieu de se demander ce qui pourrait tre travaill dans un texte donn choisissent le texte ou le plus souvent l extrait en fonction de la notion grammaticale tudier parce que cette derni re trouve un certain moment sa place dans la progression d un enseignant ou d un programme Par exemple afin d amener les l ves percevoir la distinction entre d ictiques et anaphores Cauterman et Daunay 2008 font lire un extrait du Horla de Maupassant o la d l gation de la narr
226. imension politique subversive comme celles de Ph dre qui a d prendre le chemin de l exil L enseignant revient bri vement sur le contexte politique et la situation du champ litt raire l poque de La Fontaine cf section 4 1 1 Sous le r gne de Louis XIV il n est pas de bon ton de parler haut et d exprimer son opposition ou sa marginalit La censure voire la prison guette les imprudents Il n est pas rare que de grands seigneurs fassent rouer de coups par leurs donneurs d trivi res des auteurs qui leur ont d plu Lebrun 1996 Pour ne pas emprunter le m me chemin que Ph dre La Fontaine a donc d apprendre dire sans dire comme dit Lebrun 1996 2000 d noncer avec subtilit Si quelqu un lit une fable dans laquelle le roi des animaux pose tel geste est ce la faute de La Fontaine s il l interpr te comme une repr sentation du roi Les Fables ne semblent pas par ailleurs appeler la r volte Nous l avons dit les morales critiques de la soci t sont souvent des morales constats La raison du plus fort est toujours la meilleure qui jettent plut t un regard d sabus sur le monde En filigrane des historiettes amusantes des traits piquants de certains personnages des sottises comiques des autres c est donc parfois un grand pessimisme qui apparait chez le fabuliste L enseignant demande aux l ves d identifier trois fables qui semblent d noncer une injustice un
227. ins litt raire plus pr s du discours ordinaire voire de l oralit Les l ves devraient tre en mesure d identifier le pass simple du texte de Roy imextricablement associ pour eux aux textes litt raires Le texte de Camus se sert donc du temps de la conversation courante pour raconter son r cit au pass Outre qu il s agit d un autre choix esth tique contribuer au style prosa que et d pouill quel eff t ce choix a t il L enseignant demande aux l ves d examiner ces deux extraits de L tranger desquels ont t retranch es les indications de temps Chaque extrait est transcrit au pass compos et au pass simple Meursault racontant son dimanche avant midi je me suis ennuy un peu et j ai err dans Pappartement pour faire quelque dose j ai pris un vieux journal et je Pai lu Je me suis aussi lav les mains et je me suis mis au balon je m ennuyai un peu et ferrai dans l appartement pour faire quelque chose je pris un vieux journal et je le lus Je me lavai aussi les mains et je me mis au balcon HA Meursault racontant sa semaine Jai bien travaill toute la semaine Raymond est venu et m a dit qu il avait envoy la lettre Je suis all au dn ma deux fois avec Emmanuel qui ne comprend pas toujours qui se passe sur l cran Marie est venue omme nous en tions convenus Je travaillai bien toute la semaine Raymond vint et me d
228. ins pour la jeunesse ont choisi 0 Cette activit est en partie inspir e d une proposition de Canvat et Vandendorpe 1993 132 de privil gier l humour et le trait de la bande dessin e C est le retour de l animal mais l humain n est pas loin chez Pillot l animal comique et tr s stylis se comporte en homme dans une attitude suppliante la cigale est agenouill e et joint les mains chez Dautremer une cigale bott e porte une guitare rafistol e sur l paule et les deux comm res se rencontrent sur un norme tapis sur lequel on peut lire bienvenue vraisemblablement d pos sur le seuil d une habitation bien humaine Pillot de son c t met l accent sur la cruaut de la fourmi en la repr sentant selon une vue en plong e norme au dessus de la minuscule et tremblante cigale genoux Dautremer quant elle semble se garder de porter un jugement trop d sapprobateur sur la fourmi poing sur les hanches celle ci n a pourtant pas Pair bien m chant et la cigale m ne indubitablement une vie de boh me Ces l ments de comparaison ne sont donn s qu titre indicatif Il s agit simplement d amener les l ves donner une interpr tation justifi e des illustrations tout en les amenant reconnaitre que ces derni res sont d j elles m mes des interpr tations de la fable source c3 Instruire 9 10 Instruire les hommes par des pr ceptes moraux L une des caract
229. int r ts de la recherche qui agissaient comme filtre puisque la recherche documentaire exige que le chercheur se content e de s lectionner et d interpr ter ce qui l int resse Legendre 1993 La fiche de lecture et 23 Le d pouillement a t effectu au cours de l ann e 2009 ce qui pourrait expliquer l absence ventuelle de certains articles issus de publications plus tardives 4 La notion d observation r fl chie de la langue qui pouvait selon les programmes prendre la forme d un travail d contextualis sur la langue a fourni plusieurs auteurs comme le montre l analyse descriptive l occasion de proposer l observation de la langue dans les textes atticulant la grammaire la lecture par exemple la lecture litt raire Il est noter que le vocable observation r fl chie de la langue est disparu des derniers programmes fran ais de 2007 31 d analyse permettait donc de r organiser le contenu des textes de fa on en conserver les l ments pertinents mais aussi pouvoir les rapprocher ou les contraster Certaines des cat gories de la grile d analyse sont des cat gories mergentes qui se sont impos es en cours de lecture et ont exig un certain nombre de relectures Le tableau suivant pr sente le mod le final de la fiche utilis e Fiche de lecture et d analyse Fiche no AUTEUR S TITRE DE L AR
230. io De mouffette ou de verrat Elle alla crocher frange Chez la fraction sa volcanique La processionnant de lui primer Quelque gramen pour succomber Jusqu la salanque nucl aire Je vous peinerai lui discorda t elle Avant l apanage fol trerie d Annamite Interlocutoire et priodonte La fraction n est pas pr visible C est l son mol culaire d fi Que ferriez vous au tendon cher Discorda t elle cette narthrose Nuncupation et joyau tout vendeur Je chaponnais ne vous d ploie Vous chaponniez j en suis fort alarmante Eh bien d bagoulez maintenant Source Queneau R 1973 dans Oulipo La Litt rature potentielle Paris Gallimard Folio la mani re de Jean de La Fontaine La Chantale et Am lie La Chantale qui durant tout le mois avait jou se trouva fort d pourvue lorsque le voyage fut venu En effet pas une seule petite tablette chocolat e elle n avait vendue pour le voyage New York bien entendu Elle alla crier son d sespoir chez Am lie sa voisine qui elle avait vendu deux cent tablettes de chocolat comme si elle travaillait l usine La Chantale lui demanda Vous pourriez bien me pr ter quelques dollars pour le voyage Je vous rembourserai int r t et capital Et en prime je ferai vos bagages Am lie n est pas pr teuse C est l son moindre d faut Par contre la Chantale est un peu t teuse Alors Am lie sauta
231. ion rapide et touff e ele bout comme un m tal en fusion d ailleurs ce n est plus que de la lumi re qui gicle ou jaillit et il n y a plus que du feu en guise de pluie Pair aussi est enflamm il n est plus qu un souffle chaud pais ardent le soleil et son clatement rouge est partout C est bien l atmosph re infernale que l enseignant a amen les l ves d crire plus t t Ils ont maintenant plus de moyens pour comprendre comment cette atmosph re est construite par les figures La sc ne du meurtre prend donc place dans cette ambiance insupportable L enseignant demande aux l ves s ils ont not la violence de la plupart des images rep r es Par exemple il leur demande de rep rer quelques mots relevant d un vocabulaire guerrier martial qui se glisse partout dans ces images Les l ves seraient en mesure d identifier les p es de lumi res les p es br lantes les glaives clatants ou les lames tincelantes que produisent un soleil qui a des cymbales et dont on cherche triompher des armes de lumi re qui aveuglent et qui blessent Maintenant que les l ves ont tous not la violence des images le caract re envahissant du soleil le vocabulaire guerrier etc l enseignant en partant de leurs intuitions pourrait maintenant tenter de les guider vers les circonstances att nuantes que rec le la description de la sc ne du meurtre Selon l analyse que nous venons de fair
232. ique intertextuelle lecturale Ces deux enseignements se rencontrent dans la proposition d un mod le d articulation qui consiste en une adaptation d un mod le propos par Chartrand et Boivin 2004 Le principe propos pour faire le pont entre la litt rature et la langue est double il consiste s int resser dans le cadre d une s quence didactique construite autour d une uvre litt raire entre autres la dimension langagi re de l uvre lue en se centrant la fois sur certaines de ses caract ristiques g n riques et sur certaines de ses particularit s langagi res La seconde partie de ce m moire contient des pistes pour la classe destin es illustrer les propositions th oriques de la premi re section Elle propose deux s quences didactiques construites chacune autour d une uvre litt raire La premi re qui s adresse aux l ves du premier cycle du secondaire explore les Fables de La Fontame et la seconde con ue pour la cinqui me secondaire aborde L tranger de Camus Les objets tudi s les d marches ou les dispositifs didactiques employ s s appuient sur les assises th oriques Ils font une place un enseignement renouvel de la grammaire et aux divers l ments de la perspective d fendue pour l enseignement de la litt rature SECTION I PROBL MATIQUE 1 Des lacunes en fran ais chez les jeunes Qu b cois Au Qu bec le niveau insuffisant des l ves du secondaire
233. isant ressortir ce que La Fontaine doit d autres et ce en quoi il innove 3 de l criture 5 R gle embl matique du classicisme le plaire et instruire qui consiste joindre l utile l agr able a t formul bien avant le XVII si cle dans l Art po tique d Horace dont se r clameront plusieurs auteurs classiques Les po tes veulent instruire ou plaire parfois plaire et instruire en m me temps Pour instruire sois concis l esprit re oit avec docilit et retient fid lement un court pr cepte s il est trop long il laisse chapper tout ce qu il a re u de trop La fiction imagin e pour amuser doit le plus possible se rapprocher de la v rit il obtient tous les suffrages celui qui unit l utile l agr able et pla t et instruit en m me temps Horace trad de F Richard 1944 103 cr ative qui permettra aux l ves d explorer certaines des caract ristiques langagi res des textes ou de les aborder sous un angle plus ludique 4 des analyses portant sur la structure et le mat riau langagier du texte 5 des d bats et des discussions entre pairs qui am neront les l ves clarifier et tayer leur point de vue l oral ainsi qu prendre connaissance de ceux des autres 6 des mises en voix mises en sc ne de certaines fables qui permettront de mettre en relief P oralit qui impr gne encore l criture de La Fontaine PR SENTATION DU D ROULEMENT
234. istancier davantage de ses premi res intuitions pour mieux comprendre et nommer les modes de repr sentation les structures les influences les id ologies les chos intertextuels Les notions ne sont donc pas le support de l apprentissage en lecture litt raire mais bien des outils qui en facilitent le d ploiement et qui le g n eront grandement s ils occultent le sujet lecteur Falardeau 2004 p 40 Ainsi on ne doit pas chercher vacuer les savoirs th oriques historiques ou socioculturels de la classe de litt rature Au contraire on peut gr ce eux construire la litt rature comme objet de connaissance Reuter 1996 mais il faut viter les d rives instrumentalistes sans quoi le texte litt raire se voit r duit la fonction de terrain d exercices de champ de man uvre d instrument d analyse textuelle et narratologique champs lexicaux sch ma actanciel syst me nonciatif L instrumentalisation des notions d analyse textuelle se coupe ainsi de la construction de sens quand elle ne se substitue pas purement et simplement elle Ce n est plus le texte qui est donn lire et qui pour cela n cessiterait le choix pertinent d instruments d analyse mais l instrument qui est donn utiliser quel que soit le texte Langlade 2000a pp 160 161 En somme il s agit d viter une approche techniciste des textes litt raires en choisissant les outils pertinents et e
235. it qui d coule de la lecture Comme nous l avons laiss entendre pr c demment le je pourrait tre remplac par un il sans que les changements ne soient trop importants l inverse Le Temps qui m a manqu est un texte fortement modalis deux fois plus de marques de modalit ont t identifi es dans l extrait de ce texte il s agit d un monologue int rieur o l nonciateur exprime sans cesse sa subjectivit Par ailleurs les marques de modalit y sont plus vari es Par exemple la classification a t ouverte aux expressions figur es on constate par contraste que L tranger du moins dans les extraits analys s ne rel ve pas d un style imag et privil gie la d notation et aux types de phrases non d claratives et la ponctuation expressive Cette analyse pourrait tre raffin e pour voir ce qui en particulier est absent de L tranger sur le plan de l expression de la subjectivit On pourrait dire en eff t que la subjectivit a plusieurs volets certaines de ses manifestations rel vent de la pens e de la r flexion de l opinion de la connaissance alors que d autres rel vent plut t de Paffectivit cf Riegel Pelat amp Riou 1994 C est ce dernier volet qui s exprime particuli rement timidement chez le narrateur de L tranger Pour amener les l ves en prendre conscience l enseignant peut leur demander de rep rer parmi les marques de modalit s identifi
236. it pas de sens pr d termin s il n y avait pas de but vraiment important poursuivre C est ce que Camus les invite envisager pour un temps L enseignant mentionne que Camus appelle cela l absurde et que les l ves d couvriront peu peu tout ce que ce terme recouvre pour l auteur Si l existence humaine donc tait absurde 7 2 Le sentiment de l absurdit Pour introduire les l ves au concept philosophique de l absurde qui n est pas peu complexe l enseignant au lieu de d finir d entr e de jeu l absurde partira d une exp rience partag e qui peut veiller une r sonance en plusieurs l ves le sentiment de l absurdit Notons qu il suivra en cela exactement le chemin qu emprunte Camus dans Le Mythe de Sisyphe Camus 1942b pour d finir l absurde avant d en venir ce qu il nomme la notion d absurde l auteur d crit ce qu il appele le sentiment de l absurdit qui parce qu il renvoie une exp rience et non une abstraction est plus ais appr hender L enseignant demande aux l ves s il leur est d j arriv d avoir l impression subite que ce qu ils faisaient ce que les gens autour d eux faisaient n avait pas de sens d utilit de but l attitude que manifestent plusieurs l ves l gard des t ches scolaires nous laisse penser que ce sentiment ne devrait pas leur tre totalement tranger voire que cela tait pr
237. it qu il avait envoy la lettre J allai au dn ma deux fois avec Emmanuel qui ne comprend pas toujours qui se passe sur l an Marie vint omme nous en tions convenus Il demande aux l ves s ils sont capables dans les paragraphes au pass compos d tablir une chronologie et une logique entre les v nements racont s sait on si Meursault s est lav les mains avant de lire le journal Sait on si ces l ments sont li s ex se lave t il les mains parce qu il a lu le journal ou s il pourrait s agir de faits totalement ind pendants Sait on si Meursault a vu Raymond avant Emmanuel et Emmanuel avant Marie Il leur demande de comparer ces paragraphes avec ceux qui ont t transcrits au pass simple lorsqu on lt Jai bien travaill toute la semame Raymond vint est ce qu on a l impression que Raymond est venu durant la semaine dont il est question ou la semaine suivante Bref par le questionnement et la comparaison l enseignement am ne les l ves percevoir ou sentir que le pass compos n tablit pas de liens causaux ou de chronologie 186 entre les faits contrairement au pass simple qui enchame les actions Le pass compos tant le temps de la conversation courante il demeure l la situation de communication dans laquelle cette conversation est cens e se d rouler et pr sente simplement tous les faits comme termin s accomplis au moment de l nonciation
238. iture dans le journal dialo gu 144 7 Introduction au sujet du roman Pabsurde s ssnnsesensseeseesessseessessressessresresseeseesrrsseeseess 145 7 1 Retour sur la lecture autour de la question du sens de la vie 145 7 2 Le sentiment de l absurdit SRE RUE A ARR nn er 146 8 Regards sur les personnages la narration et la langue comment Camus fait il prouver au lecteur le sentiment de l absurdit pour veiller sa conscience s sessessseeseesesseeseee 148 8 1 Ecriture create radis ane un Me annee de Rae do 148 8 2 Analyse lexicale le portrait d un personnage trange 149 8 3 Analyse narratologique un je qui est comme un amp il 150 8 4 Analyse grammaticale la modalisatohiss Sarre arts 152 8 5 Analyse grammaticale le style t l graphique et la phrase simple 162 DOLIRC J crit re Cr ative aseo ain ca tn TT AO da a Ga nr an ROR 166 9 coute de la lecture du sixi me chapitre chapitre pivot par Camus et criture dans le Journal d OUR Ernie ai niet 167 10 Proc s de personnage Meursault au banc des accus s 167 11 Analyse lexicale et stylistique de l extrait du meurtre 168 12 Lecture individuelle des chapitres concernant le proc s et criture dans le journal HAS nn CR me 172 13 Ecoute de la lecture du dernier chapitre et criture dans le journal dialogu 172 APRES TALECTURB RS RE nn et ne ne E ee en qe 173 14 Du sentiment de l absurdit
239. iviste a dans les faits r ussi bannir de l cole pour un temps du moins certains savoirs qui n taient pas utilitaires Chartrand 2005 les objets de la classe de fran ais assimil s au domaine de l appropriation culturelle Rosier amp Dufays 2003 ont en effet t remis en cause leur gratuit comme dirait Dumont 1995 les rendant suspects Pourtant le d veloppement culturel ne peut tre vacu il en va du sens m me de l cole comme le rappellent des auteurs comme Arendt 1972 et Forquin 1989 qui r affirment que la culture est le contenu substantiel de l ducation sa source et sa justification ultime que l ducation n est rien hors de la culture et sans elle Forquin 1989 p 12 3 L enseignement de la langue Si la langue est un outil de communication qui permet eff ctivement aux humains de produire et de recevoir des messages elle est lon de se r duire cela l ment fondamental de la culture premi re comme de la culture seconde Chartrand 2005 elle est une production humaine qui a une profondeur historique qui est nextricablement li e des textes et des uvres qui constituent le patrimoine culturel de l humanit qui offre des possibilit s immenses de cr ation et de subversion et qui participe de la fa on dont chacun comprend et exprime son exp rience L enseignement de la langue qui est la fois un outil et un objet culturel peut ainsi poursui
240. l mes orthographiques principaux des l ves se rattachent aux s quences par les extraits de textes litt raires qui servent de supports aux activit s dict e d bat corpus d erreurs m mento activit s r flexives appuy es par des temps de syst matisation et de r investissement dans l criture 1 2 L observation r fl chie de la langue Cette id e de promouvoir l observation r fl chie de la langue n est pas propre Risselin Sans se r f rer strictement l acception du Minist re de l ducation nationale fran ais MEN o l observation r fl chie de la langue n exclut pas n cessairement l analyse d contextualis e plusieurs auteurs se r clament de cette orientation pour l tude de la langue et y voient l occasion d articuler cette tude aux autres activit s de la classe de fran ais en particulier Dumortier 2006 R sselin 2007 Cauterman et Daunay 2008 Gaudin Inisan et Tourigny 2001 Lusetti 2008 Plus qu une nouvelle d signation 2 Selon le document d accompagnement du programme de 2002 pour l enseignement de l observation r fl chie de la langue ORL au primaire MEN 2005 le travail sur la langue emprunte parfois la forme de courtes et fr quentes activit s d contextualis es autour de phrases probl mes parfois celle d ateliers men s autour d un probl me rencontr en lecture en criture ou en oral 45 pour l enseignement grammatical
241. l interpr tation l enseignant doit lever les divers obstacles la lecture obstacles la compr hension qui peuvent relever du langage d un style herm tique d un r cit complexe de r f rents socioculturels ou historiques peu familiers ou obstacles l interpr tation relevant par exemple de la polys mie des textes et pour y parvenir il doit construire des situations probl mes autour des obstacles identifi s Falardeau 2003 cf aussi Gaudin Inisan amp Tourigny 2001 Ce faisant il am ne les l ves prendre une distance par rapport au texte l histoire ou aux personnages pour enrichifr la lecture en s appuyant notamment sur les dimensions formelles sociales et historiques de la litt rature Falardeau 2004 p 39 Il faut donc probl matiser les textes et faire intervenir des savoirs vari s Cependant dans la perspective interpr tative adopt e ici enseigner la litt rature ne saurait consister 44 Aussi l attention au langage est elle au c ur des s quences qui suivent Mais elle sera mise en relation avec d autres sources de r sistance des sources d ordre r f rentiel contextuel etc 76 essentiellement faire acqu rir ces savoirs litt raires ou ces savoirs sur la litt rature Ceux ci doivent plut t tre con us comme des outils d analyse leur m talangage et leur regard critique aux outils d analyse sur le texte et le hors texte permettront au lecteur de se d
242. langue contemporaine celle du film rend plus compr hensible la langue du XVII si cle en cr ant une certaine proximit mais que l inverse est aussi vrai la confrontation met en vidence certaines caract ristiques lexicales syntaxiques stylistiques mais aussi culturelles de lun et l autre texte Un tel travail doit permettre pour Langlade de combattre une sectorisation du travail sur le texte qui n est pas saisi dans sa globalit une lecture qui msularise les divers domaines textuels lexique syntaxe stylistique etc au lieu de les rassembler dans une perspective interpr tative orient e vers l investissement subjectif Langlade 2010 p 198 1 4 De l cart la norme Qu on choisisse pour lier langue et litt rature en classe de fran ais de planifier des s quences didactiques faisant appel aux diverses composantes du fran ais autour de la lecture de textes litt raires de pratiquer l observation r fl chie de la langue dans des textes litt raires ou des cr ations d l ves ou bien de passer par l criture d invention pour faire prendre conscience d un ph nom ne de langue et permettre de l explorer en l employant il semble qu on risque toujours de se heurter au m me paradoxe qui apparaitra certains comme une aporie Renaud 2010 comment enseigner la norme linguistique alors 55 que les textes propos s l analyse sont de facto perturbateurs de
243. le m me chez certains s opposer tout fait la litt rature domaine exclusif de la culture g n rale du plaisir cultiv C est ce qui se d gage entre autres du discours de P9 enseignant au PEI Je vais dire moi j ai deux axes d intervention Y a la plomberie qui est n cessaire C est le fonctionnement de base de la maison la grammaire le vocabulaire l orthographe la construction de phrases la construction de textes Je dis ily a du travail faire l dessus Pis l autre aspect c est la litt rature savoir le plaisir le sens l exaltation l esth tique Entertien P9 p 9 22 C est aussi ce qui ressort du discours de P5 ce dernier tant enseignant dans une cole priv e d un milieu socio conomique relativement lev Ils vont percevoir videmment quand je leur dis Bon aujourd hui on va faire un cours de grammaire ou on va voir certaines r gles Parce que je pars toujours de leurs fautes pour faire de la grammaire les fautes qu euxautres font Leur perception est pas positive par rapport ces connaissances l C est des connaissances tr s techniques tr s organis es puis c est toujours Ah on fait encore de a Puis tout a a c est certain Sauf qu il faut en faire puis on la fait puis apr s a on passe autrechose Je n attarde pas trop longtemps puis un moment donn ils viennent qu savoir que je m attarde pas l
244. le des trois unit s etc C est pourquoi on dit parfois selon le mot de Nietzsche que les auteurs classiques devaient danser dans des chaines L un des principes embl matiques de ce qu on a nomm le classicisme tait l Ximitation des Anciens puisqu on consid rait que les artistes de l Antiquit gr co latne avaient atteint un niveau de perfection demeur in gal L entreprise de La Fontaine n tait donc pas surprenante pour les lecteurs de l poque elle tait dans Pair du temps Par ailleurs La Fontaine a mis ces vieux r cits au gout du jour en les rendant encore plus agr ables son public par les moyens qu on verra dans la suite La notion d imiation peut tre l occasion de confronter les l ves leur propre conception de la cr ation litt raire et de la complexifier L enseignant peut donc lancer une br ve discussion sur le sujet qui mettra les l ves sur la piste de la dimension intertextuelle de toute litt rature Questions Etes vous surpris que La Fontaine s avoue imitateur Cela LT 68 7 A 77 r fait il de lui un tricheur un copieur M rite t il d tre consid r comme un grand crivain Qu est ce que la cr ation artistique est ce n cessairement faire quelque chose de totalement nouveau Est ce que a peut consister 5e SPA ve 3 69 retravailler des mat riaux existants faire du neuf avec du vieux 5 2 Deux sources majeu
245. le destin rendre le souci d exactitude caract ristique de son 44 trouble devait tre transform pour all ger la narration lorsque prise en charge par un autre personnage La s quence didactique construite autour d une uvre litt raire pr sente donc pour plusieurs un ind niable int r t pour donner sens et unit aux apprentissages en classe de fran ais Toutefois elle pr senterait certains risques comme mode d organisation unique Risseln 2007 qui affirme avoir toujours pratiqu le travail en s quence au coll ge reconnait que si s a progression enchaine les s quences selon une logique liant les types de textes les genres et parfois l histoire litt raire elle ne permet pas ou sinon de fa on artificielle de cr er une progression dans la maitrise de la langue p 27 En eff t en s lectionnant les connaissances faire acqu rir en fonction de param tres circonstanciels d termin s par les caract ristiques des textes lire comment assurer une progression en grammaire Risselin propose de compl ter les s quences par des ateliers de langue constituant un moment plus r flexif celui de l observation r fl chie de la langue id selon une progression ind pendante tablie pour la grammaire toujours orient e vers la rentabilit orthographique ibid p 32 Ces ateliers interviennent la fin d une s quence et tout en tant hors s quence et centr s sur les prob
246. les Belles 13 Lettres r duisant par ailleurs leur extension qui englobait la po sie l loquence et l histoire pour renvoyer souvent principalement dans son sens moderne la dimension esth tique des textes Aron amp Viala 2005 D un pont de vue plus strictement sociologique dans la lign e des travaux de Bourdieu la litt rature peut aussi tre vue comme une construction sociale soumise des variations synchroniques et diachroniques dans le cadre de rapports de forces impliquant des agents de plus ou moins grande autorit Reuter 1990 p 6 La litt rature serait donc aussi en partie une institution qui repose sur la reconnaissance du statut de certains textes par des agents du champ litt raire des auteurs cot s et des individus issus du monde de l dition de la critique de l cole des prix litt raires qui les dotent d un capital symbolique et assurent leur p rennit Compagnon 1998 Reuter 1990 Bronckart 1999 5 Un crit re lectural la litt rature demande une participation active de la part du lecteur Maingueneau 1990 et implique des aspects tant axiologiques et affectif que cognitifs Pour comprendre le lecteur doit inf rer interpr ter choisir parmi plusieurs virtualit s Il n existe donc pas de texte litt raire ind pendamment de la subjectivit du lecteur Tauveron 1999 p 11 Et comme celui ci participe la construction du sens on peut dire qu
247. les arbres Gr ce un in gnieux processus dont elles seules connaissent le secret les feuilles tourbillonnent Aussit t la fourmi s enferme dans sa maison Et que fait la fragile cigale Quand la neige tombe elle ne chante plus Grelottante Marilou se rend la cabane de Ti Tom qui sourit de toutes ses dents Bonjour fourmi Vous n auriez pas quelques grains me pr ter pour subsister jusqu la saison nouvelle Je ne suis pas pr teuse r plique Ti Tom Que faisiez vous au temps chaud Je chantais 207 Vous chantiez Et bien dansez maintenant Dans La neige la pauvre Marilou cigale dans en chantant sa m lodie d t Les notes s entrechoquent comme des gla ons C est alors que Boris Pataud arrive d guis en maringuoin qui porte un costume de marin Que faites vous donc madame la Cigale dit il en soulevant sa casquette J essaie de chanter Picot Picot fredonne Marilou En roulant les paules le capitaine Boris d clare haute voix ai justement besoin d une artiste sur mon bateau Dans quelques minutes on appareille vers les mers du Sud Et vous chantez tr s bien videmment la frileuse cigale ne se fait pas prier Elle dit Youpi et accepte l invitation du maringuoin qui l entra ne en dansant sur son bateau Dans sa cabane la fourmi grogne On entend alors la voix espi gle de Marilou Polaire qui conclu
248. llement comme humains ces l ves 121 sont en qu te de sens sentent le besoin de savoir pourquoi ils vivent Camus reconnait que ce sentiment est naturel l homme et c est pourquoi l absurde est pour lui un drame dans Le Mythe de Sisyphe il d finit pr cis ment l absurde comme la confrontation entre la 119 C est bien le sens du petit fait divers qui donnera lieu l criture du Malentendu et que Meursault relit plusieurs fois en prison il ne faut jamais jouer p 125 Cette grande question bien entendu n appelle pas une r ponse unique Il s agit d une br ve incursion dans le domaine de la r flexion philosophique laquelle l uvre invite Ce sont les conceptions du monde des l ves elles m mes qui seront ici en jeu en d bat Il serait souhaitable que l enseignant mentionne ici que Camus lui m me ne semble pas avoir d opinion arr t e sur la question Si dans L tranger il semble donner raison Meursault et condamner la soci t dans d autres uvres il invite ne surtout pas sombrer dans le nihilisme et r habilite la communaut des hommes Par exemple sa pi ce Caligula qui fait partie du cycle de l absurde conna itra deux versions Entre celles ci les horreurs de la guerre auront fait comprendre l auteur qu un nihilisme absolu ne peut pas tre d fendu et il r crira sa pi ce en accentuant sa dimension politique et en accordant un plus grand r le au philosop
249. ls voeux de chastet et de pauvret Croit en Dieu en la vie apr s la mort au paradis r serv ceux qui ont bien agi sur Terre S Ne croit pas en Dieu une vie apr s la mort Vit pour l avenir Un retour en pl ni re sur cet exercice de comparaison devrait pouvoir faire comprendre aux l ves que l aum nier qui m ne une vie de privations vit en fait pour Pavenir pour une autre vie qu il vit d espoir alors que Meursault qui ne croit pas en cette autre vie n a pas l espoir d une vie meilleure ne pense pas demain il se sent libre de faire ce qui lui plat pas de saint Pierre pour le r primander aux portes du paradis profite du temps qu il a vivre vit pour le moment pr sent EN PLUS La question complexe de la valeur des temps le pass compos dans L tranger C est Sartre qui le premier a comment l usage du pass compos par Camus dans sa p n trante explication de L tranger Sartre 1947 Il a reconnu le g nie de l auteur qui avait su d nicher un artifice servant si bien le propos du roman M lant une approche textuelle et philosophique il a reli l emploi du pass compos la logique de l absurde qui d tourne l homme d un avenir dont la mort le prive et l attache au moment pr sent chaque phrase est un pr sent une phrase de L tranger c est une le Et nous cascadons de phrase en phrase de n ant en n ant C est
250. m ne de la modalisation 8 4 Analyse grammaticale la modalisation L enseignant am nera les l ves tudier la modalisation dans deux extraits de L tranger en se servant de l extrait du Temps qui m a manqu comme contrexemple Les extraits choisis pour L tranger correspondent l introduction que les l ves ont entendu lire par l auteur laquelle nous avons ajout la sc ne de la bi re pp 14 16 pour pouvoir soumettre un texte d une longueur comparable cele de l extrait du Temps qui m a 107 Pensons tous les d tails rapport s sur la petite automate qui ne joue aucun r le dans l histoire 108 Cest ce que Genette nomme la focalisation externe Il affirme d ailleurs que L tranger est le premier r cit homodi g tique focalisation externe Genette 1983 p 90 autrement dit un cas limite qui peut paraitre contradictoire C est ce qu il faut faire sentir aux l ves sans recourir un tel m talangage 153 manqu et dans lequel lintensit dramatique se maintient Les l ves sont invit s identifier dans toutes les phrases qui sont nonc es par les narrateurs ce qui exclut de l tude pour l instant les discours rapportant les propos d autres personnages les marques qui r v lent la subjectivit de ces derniers En petits groupes les l ves identifient ces marques et proc dent des regroupements Ils recourent pour guider ce travail l aide de l enseig
251. maires g n rales ou savantes compatibles avec celui ci notamment Riegel Pelat amp Rioul 1994 Le Goffic 1993 Arriv et al 1986 Wilmet 2007 pr sentent certaines divergences mais elles partagent toutes la m me volont de rationaliser la grammaire traditionnelle qui fonctionnait avec des cat gories parfois trop h t rog nes pour la rendre plus efficace Pour cela ces grammaires refusent l orthodoxie troite d une chapelle linguistique et optent plut t pour un clectiime m thodologique bien temp r Riegel Pelat amp Riou 1994 p XVI Canelas Trevisi 2009 reconnait cette forme particuli re de syncr tisme Aucune de ces grammaires ne renie les apports de la tradition grammaticale toutes s inspirent des apports de la linguistique contemporaine mais chacune r organise les dimensions adopt es selon un point de vue particulier On peut consid rer que toutes cles grammaires se veulent des synth ses d approches th oriques multiples pp 75 76 Sur le plan des d marches les dispositif didactiques propos s sont divers d marche active de d couverte s quence didactique autour d un genre formel etc mais tous font une place aux m thodes inductives et actives qui font appel aux capacit s d observation et de raisonnement des l ves Bronckart amp Sznicer 1990 p 29 et qui comprennent des phases d observation et de manipulation par l l ve dans le but de lui faire co
252. mie lapproche phrastique formes pronominales l approche textuelle m canismes des reprises nominales et pronominales et l approche discursive non neutralit des reprises qui peuvent v hiculer un point de vue et les faire concoulrir la construction de l interpr tation dans une constante interaction ibid p 47 lalouf r cuse l tude descendante pr conis e par les programmes qui consiste aller du discours au texte puis la phrase Pour elle il s agit d une approche intransitive des faits de langue ibid p 45 qui fait en sorte que toute l interpr tation se fait au niveau de l approche discursive dans l exemple donn pr c demment Les Trois Mousquetaires une tude strictement descendante telle que celle qui est propos e dans les documents d accompagnement du cycle central que critique l auteure impliquerait que la reconstruction des chaines de r f rence et l identification de l intention de l auteur gestes interpr tatifs se fassent au niveau discursif alors que l approche textuelle ne reposerait que sur la mise en vidence de m canismes que l approche phrastique ne reposerait que sur la reconnaissance des formes pronominales et que l approche lexicale serait rel gu e en derni re position Pourtant le choix du type de reprise est significatif un pronom un groupe nominal charg de sens etc aussi toutes les approches sont n cessaires pour comprendre la constr
253. mmaire et orient e vers la rentabilit orthographique Dans le m me ordre d id es Canaveilles 2001 rapporte que pour pallier les lacunes dans la progression des apprentissages g n ralement provoqu es par la mise en place d un enseignement d cloisonn des tablissements se dotent d sormais d un programme minimum pour d terminer une base d acquis n cessaires et redonner une coh rence aux apprentissages au fil des ann es de coll ge L parpillement des connaissances ou l absence de progression dans les apprentissages est donc r ellement pr occupant Cependant cet inconv nient parait moins insurmontable si l on adopte une perspective autre que lin aire concernant la progression des apprentissages Comme le notent Gaudin Inisan et Tourigny 2001 adopter une approche qui se revendique du d cloisonnement notamment le travail en s quences didactiques et l observation de la langue dans les textes travers les activit s de lecture suppose de reconnaitre qu une notion de grammaire n est jamais faite ou vue qu on doit y revenir plusieurs reprises par touches et approfondissements successifs p 65 Une telle approche s accommode donc mieux d une progression spiralaire Chartrand 2008 c est dire justement une progression par approfondissements successifs qui implique des apprentissages de plus en plus exigeants dans la mesure o le niveau de complexit cro t en fonc
254. moteur est la rentabilit orthographique part toujours dans Pesprit de P5 des fautes des l ves l enseignement de la litt rature est quant lui exclusivement mis en rapport avec la soci t l histoire Les limites de ces deux volets ne semblent pas perm ables Pourtant on peut penser que larticulation du travail sur la langue la litt rature serait peut tre l une des avenues susceptibles de d velopper chez les l ves une perception plus positive son gard puisque la litt rature semble les animer davantage Par ailleurs la distribution du travail entre l tude de la langue et l tude de la litt rature semble en corr lation avec le milieu plus l cole d attache a d l ves performants et plus le milieu sociob conomique ou culturel est lev cole priv e ou PEI qui impliquent des examens d entr e plus la litt rature occupe aux dires des enseignants une place centrale dans l enseignement insistance sur le nombre d uvres lues etc La grammaire si elle n est pas jug e d j maitris e et donc non n cessaire P32 ressemble parfois une grammaire l occasion une grammaire de d pannage Bien entendu l chantillon est beaucoup trop restreint pour qu on puisse g n raliser mais une tendance se d gage cloisonnement de l enseignement de la langue dont la vis e est essentiellement fonctionnelle et de celui de la litt rature encore prise dans une certaine
255. mpr hension de ce qui peut constituer des obstacles la lecture Gaudin Inisan amp Tourigny 2001 p 67 Plusieurs auteurs sugg rent de tenir compte de ce param tre Richard et Lecavalier par exemple par le biais de leur D marche Strat gique d Enseignement de la Litt rature DSEL proposent de passer par le travail coop ratif pour donner lieu durant la lecture d une uvre int grale des discussions autour des hypoth ses de lecture et des probl mes de compr hension des changes for ant les l ves s attarder au vocabulaire et la syntaxe afin d acc der la repr sentation du monde de l auteur Une autre option qui s loigne un peu de lobservation r fl chie de la langue mais s attache susciter la r flexion sur la langue travers les textes consiste travailler sur des uvres particuli res qui ont un caract re m ta en ce qu elles mettent en sc ne le langage et permettent d y r fl chir justement par ce jeu de r flexivit ou d autor f rentialit Fab et Suflys 2000 et Lusetti 2008 par exemple proposent de faire lire des uvres de litt rature de jeunesse qui jouent avec les mots et les lettres ab c daires palindromes etc les font intervenir dans la fiction dans Le coupeur de mots de Sch dlich le protagoniste donne ses pr positions et ses formes verbales au sortir de l cole les croyant inutiles et se rend vite compte qu
256. mprendre les r gularit s du syst me id C est ce mouvement de renouv lement mettant de lavant le d veloppement d habilet s r flexives et les m thodes euristiques qui a t l origme de la substitution du terme observation r fl chie de la langue celui de grammaire dans les programmes fran ais pour le primaire en 2002 Grossman amp Manesse 2003 Il ne s agissait donc pas simplement d une nouvelle d signation pour l enseignement de la 42 T faudrait maintenant tenter de d terminer pr cis ment ce qui a pu tre l origine de son retrait dans le dernier programme datant de 2007 o l observation r fl chie de la langue est rebaptis e tude de la langue Lebrun 2008 69 langue mais de la r sultante d un long processus qui bouleverse depuis plusieurs ann es l organisation des divers domaines de l enseignement de la langue en dessinant une architecture nouvelle de la discipline et de ces articulations ibid p 5 Le terme d observation r fl chie de la langue suppose en efit que l on parte de l observation de faits de langue en contexte et non de l diction de r gles et que l on exerce les capacit s de r flexion des l ves pour arriver ces r gles d marche inductive On voit bien que la rationalisation et l largissement des contenus l insistance sur les r gularit s du syst me louverture sur les pratiques
257. mprendre certaines notions indispensables leur formation langagi re C est pourquoi l tude de la langue y occupe une place importante et porte sur diff rents niveaux d analyse lexique syntaxe texte discours stylistique Cependant les analyses ne sont jamais gratuites li es aux caract ristiques g n riques ou aux particularit s des fables lues elles sont toujours en partie destin es permettre l l ve de mieux comprendre et interpr ter ces textes Elles sont li es le plus harmonieusement possible l tude g n rale de l uvre qui ne se r duit pas une tude formelle Par cons quent l approche que nous proposons nous semble une voie susceptible de restaurer le lien entre la langue et la litt rature entre l analyse et la construction du sens et de r habiliter les analyses grammaticales aux yeux de certains l ves 140 S QUENCE DIDACTIQUE AUTOUR DE L TRANGER D ALBERT CAMUS POUR LA CINQUI ME SECONDAIRE PR SENTATION G N RALE DE LA S QUENCE 1 Justification du choix de l uvre Cette uvre marquante du si cle pass a fini par tre embl matique du corpus scolaire La lecture de L tranger nous semble pertinente pour des l ves de cinqui me secondaire pour plusieurs raisons accessible dans sa forme volontairement simple faisant usage par exemple d un lexique quotidien d un style d pouill de phrases courtes etc ce texte met en jeu avec une certaine provoc
258. n Il demande aux l ves de formuler individuellement une morale un conseil de vie qui pourrait s appliquer ces fables La mise en commun des r ponses pourra faire constater aux l ves que la m me histoire peut illustrer des pr ceptes divers tre interpr t e de diverses mani res on sait d ailleurs que La Fontaine a repris certaines fables d sope et de Ph dre en en changeant la morale du tout au tout Ce n est certes pas un hasard si les illustrations de La Cigale et la Fourmi sont si diverses L enseignant demande ensuite aux l ves de relire cinq fables Le Lion et le rat Le Pot de terre et le pot de fer La Laiti re et le pot au lait Le Li vre et la tortue et Le Rat de ville et le rat des champs Apr s un retour en pl ni re autour de la compr hension qu ont les l ves de ces fables et de leur morale l enseignant anime ensuite une discussion laquelle parmi ces fables donne le conseil le plus juste ou le plus utile pour votre vie Y a t il une morale qui au contraire vous pose probl me une morale avec laquelle vous tes en d saccord Les l ves feront peut tre remarquer par exemple que la morale du Pot de terre et le pot de fer est tendancieuse Ne nous associons qu avecque nos gaux Mais c est du racisme Cette discussion est destin e amener les l ves faire des liens entre les Fables et leur vie mais aussi soumettre ces textes un examen critique l gitime
259. n e dans les disciplines de r f rence mais doit garder le souci de rejoindre l intervention d tre d une fa on ou d une autre branch e sur la classe en lien avec le travail de l enseignant sur le terrain C est dans cet esprit que nous avons r dig ce m moire dans lequel la recherche sp culative aboutit la conception de s quences didactiques qui pourraient tre exp riment es en classe Cette interaction entre recherche et travail didactique est au fondement de ce que Barr De Miniac nomme le questionnement didactique qui guide la recherche didactique La recherche didactique pourrait ainsi se d finir comme une recherche organis e dans toutes ses phases par le questionnement didactique c est dire par la pr occupation de contribuer rep rer sugg rer et fonder th oriquement des pistes et d marches didactiques ibid p 16 Rep rer sugg rer et fonder th oriquement des pistes didactiques ces termes sont pour nous hautement significatifs pusiqu ils expriment pr cis ment les grandes tapes de notre d marche de recherche ce jeu d interaction entre pratique et th orie il faut encore ajouter pour Barr De M iniac 1998 une autre interaction constitutive de la d marche didactique l interaction entre la didactique elle m me et les disciplines de r f rence qui doivent tre mises en discussion de sorte que la d marche ne soit pas exclusivement lin ai
260. n es qui peuvent tre rares dans certaines classes auquel cas l enseignant peut intervenir pour que chacun puisse commencer le travail sur la base d un minimum d nformations par exemple La Fontaine est un auteur qui a v cu en France au XVII si cle une poque que l on surnomme souvent poque classique c est l poque o la France est dirig e par un roi du nom de Louis XIV parfois surnomm Roi Soleil qui s est particuli rement int ress aux arts il a crit des fables en vers dont plusieurs sont toujours c l bres La Cigale et la fourmi Le Corbeau et le renard Le Li vre et la tortue Si les l ves n ont jamais entendu parler d sope et de Ph dre l enseignant indique qu ils y reviendront et d couvriront eux m mes qui taient ces hommes Il note enfin les caract ristiques que pr sente selon les l ves le genre de la fable sans valider ou invalider leurs r ponses pour l instant Ce rappel et cette r organisation des connaissances des l ves sont pr alables la pr sentation des Fables 2 La Fontaine dans le monde culturel et m diatique contemporain Pour pr senter les Fables aux l ves nous avons choisi de suivre la proposition de Canvat Coll s et Dufays 2006 de commencer par Paval plut t que par l amont autrement dit de faire de l histoire litt raire rebours en partant des traces que laisse encore l uvre de La Fontaine dans la culture contemporaine
261. n et le p cheur La Laiti re et le pot au lait La Mort et le b cheron Les l ves lisent d abord les fables individuellement en tentant de les comprendre de leur mieux Ils sont invit s parler des difficult s rencontr es des fables qui leur ont plu ou d plu de l impression que leur ont laiss e les personnages Puis ils forment des dyades Chaque dyade se voit attribuer une fable les deux l ves la relisent ensemble discutent de leur compr hension et tentent de paraphraser leur fable en recourant aux notes de bas de page et au dictionnaire pour r soudre les probl mes de lexique sur lesquels le contexte n aura pu leur permettre de faire la lumi re S ensuit un retour en groupe o chaque quipe est invit e dire aux autres ce qu elle a compris de sa fable L enseignant lit ensuite quelques fables voix haute au choix des l ves en reformulant ou paraphrasant au besoin certains passages pour donner entendre la voix du texte cg Plaire 5 5 Plaire en mettant des r cits anciens au gout du jour 5 1 L imitation des Anciens La Fontame avoue sans honte et m me avec fiert qu il imite dans ses fables des auteurs de l Antiquit gr co latine sope et Ph dre Comment donc pense t il remporter l adh sion de ses lecteurs leur plaire en avouant cela Ce fait pourra surprendre les l ves h ritiers d une vision plus romantique de la cr ation faisant une large place la notion d ins
262. n faut Tout d pend de l attitude que l on adopte par rapport la norme d f rence ou observation et corolairement de la perspective que l on choisit pour son enseignement prescriptive ou descriptive Parce que l cole doit promouvoir la norme l enseignement de la langue doit forc ment tre en partie normatif dans l instruction 96 obligatoire Mais nous croyons comme Chartrand et Boivin 2004 qu il doit aussi tre descriptif Les auteurs retenus pour notre exploration documentaire notamment Favriaud Dutrait amp Vinsonneau 2010 Renaud 2010 Fourtanier 2010 ont bien montr que la contradiction n est qu apparente Une approche r flexive comme celle que nous avons d fendue ci devant peut permettre d observer et de d crire nombre de ph nom nes dans les textes litt raires et m me contribuer construire la norme avec les l ves D une part en efft on peut r fl chir la norme la construire partir de productions qui s en cartent pour atteindre certains effets puisque pour comprendre l cart il faut connaitre la norme Comme l crit Chartrand 2006 il est n cessaire d observer et d tudier la langue telle qu elle s actualise dans diff rents genres de textes dont ceux qui tendent pr cis ment transgresser ses lois et d passer ses limites p 24 D autre part les textes litt raires ne sont pas que transgression et pr sentent des occurrences int
263. n les mettant au service de la compr hension fine des textes et de leur appropriation par l l ve Dans cette perspective l enseignement de la litt rature n escamote pas la connaissance de la lit rature comme corpus tiss d intertextualit comme ensemble de moyens esth tiques et de repr sentations du monde comme construction sociohistorique mais vise d abord sa pratique qui se nourrit de connaissances C est dire qu il vise former des lecteurs capables de mobiliser des connaissances vari es d adopter des postures diverses pour comprendre et interpr ter des uvres litt raires percevoir ce qui en fait la litt rarit les mettre en cho avec leurs affects leurs valeurs leur vision du monde mais aussi avec l histoire ou l institution litt raires et Legros 2005 la suite de Reuter 1992 affirme qu on ne peut luder la construction de savoirs objectifs sur la litt rature et la reconstruction de l aventure litt raire si l on veut laborer une v ritable didactique de la litt rature Les changements de ses modes de r ception comme de ses modes d criture portent t moignage de l aventure de l homme aux prises avec le monde et avec le langage par lequel il essaie de le et de se repr senter de lui et de se donner sens C est l intelligence de cette aventure dont nous sommes le produit et qui conditionne profond ment notre perception actuelle du monde et de
264. nal se trouve amput d une partie partir de la lecture d albums pr sentant des structures it ratives une structure descriptive avec adjectifs et onomatop es une formule employant le subjonctif pr sent ce qui implique un travail philologique pr alable savoir une analyse fine de la structure langagi re propos e en m me temps qu une interpr tation de ce que cette structure induit sur le plan litt raire id Jay 2010 propose quant lui de faire crire les l ves la place de plut t qu la mani re de Philippe Delerm cf supra ce qui les oblige endosser le regard sur le monde et le langage de l auteur Finalement Dumortier 2006 prend l exemple connu de la suite un enseignant demande ses l ves d crire la suite d un r cit dont le mode d nonciation est celui de P nonciation historique pronom il couple pass simple imparfait comme temps de base p 76 en sachant que pour y r ussir l l ve a besoin de ressources grammaticales sp cifiques qui n cessiteront l tude partir du texte source de ph nom nes li s l utilisation des temps la ponctuation aux registres de discours Pour Dumortier se servir ainsi de l criture comme lieu d articulation ou comme lieu nodal pour associer attention linguistique et litt rature au secondaire inf rieur comporte des avantages consid rables les l ves dans ce context
265. nalit s Les ann es 1960 et 1970 ont par cons quent t le th tre d une reconfiguration de la discipline fran ais qui n a pas touch que le Qu bec En Europe cette op ration anim e par la volont de scolariser le plus grand nombre s est faite en r action contre un enseignement traditionnel de cette mati re qui reposait en grande partie sur l histoire litt raire et sur une approche esth tico morale de morceaux choisis de la Litt rature et apparaissait alors inad quat devant la massification et la nouvelle h t rog n it du public scolaire Au Qu bec on retrouvait un exemple de cet enseignement traditionnel dans les coll ges classiques accessibles une minorit d l ves qui ont d ailleurs t abols dans la foul e du rapport Parent 1963 1964 La reconfiguration de la discipline dont la didactique n est pas la source mais laquelle cette discipline mergente a particip s est accompagn e de l veil d une Dans la section Assises th oriques nous d finirons pr cis ment ce que nous entendons pas litt rature en donnant cinq crit res de d finitions Afin d indiquer bri vement ici ce que nous entendons par l nous donnerons cette d finition provisoire la litt rature est une r alit complexe qui poss de plusieurs dimensions esth tique r f rentiel socioculturel intertextuel et lectural Le terme fait r f rence un patrimoine de text
266. nant et des ouvrages de r f rence notamment leur grammaire par exemple Chartrand et al 1999 Ce travail est suivi d une reprise en pl ni re o le partage des d couvertes am nera 109 le groupe tablir un classement commun La r alisation de l activit pourrait donner leu un travail comme celui ci 109 Il est noter que les r sultats d analyse pr sent s ci apr s ne constituent pas un corrig mais tout au plus une analyse possible Dans la perspective qui est la n tre l importance de la r flexion sur la langue l emporte sur celle de la r ponse juste et unique La modalisation par ailleurs n est pas un concept aux limites parfaitement d finies et l analyse des marques de modalit dans un texte peut toujours donner mati re discussion Il s agit d tablir un classement raisonn qui a fait l objet de justifications par la classe 154 L tranger Aujourd hui maman est morte Ou peut tre hier je ne sais pas Pai re un t l gramme de Pasile M re d dd e Enterrement demain Sentiments distingu s Cela ne veut rien dire C tait peut tre hier L asile de vieillards est Marengo quatre vingts kilom tres d Alger Je prendrai Pautobus deux heures et j arriverai dans l apr s midi Ainsi je veiller et je rentrerai demain soir J ai demand deux jours de ng mon patron et il me les refuser avec une excuse pareille Mais il n aVait pas
267. nc labor deux s quences didactiques l une pour le premier l autre pour le deuxi me cycle du secondaire Pour comprendre le processus par lequel nous sommes pass e des assises th oriques aux s quences didactiques il faut traiter d une notion qui a donn lieu des d bats en didactique du fran ais la transposition didactique 5 1 La transposition didactique Pour Schneuwly 2005 la notion de transposition didactique issue de la didactique des math matiques constitue un concept op ratoire pour comprendre les relations entre savoirs savants Savoirs enseigner savoirs enseign s et savoirs appris Introduite par Verret en 1974 et reprise par Chevallard en 1980 la transposition didactique peut en efit tre d fine comme le passage du savoir vu comme un outil mettre en usage au savoir vu comme quelque chose enseigner et apprendre Schneuwly 2005 p 48 Le processus dans son ensemble n est ni contr lable ni m me rationnel ibid puisque la transposition didactique m appartient pas qu aux didacticiens elle est une production sociale laquelle les diff rents acteurs apportent leur contribution Barr De Miniac 36 1998 p 12 Ces acteurs sont des membres de ce que Chevallard nomme la noosph re par exemple des didacticiens mais aussi des autorit s gouvernementales charg es de la conception des programmes des enseignants sur le terrain etc qui agissent isol ment diverses
268. nce ses yeux En effet non seulement on remarque peu de marques de modalit mais peu d entre elles rel vent de Paffectivit M me lorsqu on largit l tude tous les mots relevant de ce volet de la subjectivit on d couvre qu ils sont presque absents des extraits tudi s on pourrait m me avancer que certains des trois termes retenus ne rel vent pas proprement parler de l affectivit Cela permet de rendre compte du fait qu la lecture de L tranger on a non seulement une impression de neutralit mais encore d indiff rence d insensibilit de s cheresse Les marques qui rel vent de la pens e opinion jugement connaissance valuation etc dominent dans les extraits de L tranger sans tre nombreuses pour un texte caract re autobiographique De plus la grande majorit de ces marques expriment l incertitude lignorance la possibilit hypoth se Comme si le narrateur n tait s r de rien ne comprenait pas tout n arrivait pas d chiffrer les situations cela se manifestera avec vidence lors du proc s Voil qui contribue aussi sans aucun doute construire l opacit relative de cette fameuse cloison vitr e Par ailleurs cette nuance d incertitude r currente dans le texte renvoie bien la faiblesse de la raison humaine devant l tranget du monde L enseignant pourra donc y revenir lorsqu il sera question de la notion d absurde Mais l eff t d obj
269. ne Les grammaires traditionnelles pr sentaient l indicatif comme homog ne Les notions d aspect et d ant riorit permettaient d expliquer les relations non temporelles entre temps simples et temps compos s il a mang s oppose il mange comme accompli de pr sent il est dans l tat d avoir fini de manger ou ant rieur de pr sent s il est employ conjointement avec la forme simple associ e quand il a mang il se balade Mais selon Benveniste ces notions taient insuffisantes puisqu elles ne permettaient pas de rendre compte du fait que certaines formes compos es pouvaient aussi tre employ es comme formes temporelles il remarquait notamment la concurrence entre le pass simple et le pass compos comme temps du pass il a mang il mangea Il s est donc employ montrer que l organisation des temps rel ve de principes beaucoup plus complexes que ce que ne laissaient voir les grammaires Il a propos de concevoir que les temps se distribuaient en deux syst mes distincts et compl mentaires dont chacun ne comprenait qu une partie des temps et qui manifestaient deux plans d nonciation diff rents l histoire et le discours Benveniste 1981 p 238 L noncation historique dans laquelle l nonciateur s efface correspond aux r cits historiques ou litt raires crits ele comporte grosso modo trois temps le pass simple le temps de l v nement hors de la pe
270. ne cam ra 108 c est dire avec une esp ce d objectivit sans expliquer interpr ter ou enregistreuse ressentir Tout se passe comme si les v nements rapport s n arrivaient pas Meursault lui m me mais un il qui regarderait de l ext rieur comme si le narrateur tait spectateur de sa propre vie le mot spectateur d ailleurs revient souvent dans L tranger et Meursault lors de son proc s affirmera lui m me qu il a l impression de regarder le proc s de quelqu un d autre Ce personnage narrateur est en quelque sorte une conscience passive qui s interpose entre le lecteur et les v nements racont s qui agit comme la fameuse cloison vitr e transparente aux gestes mais opaques aux significations On r p te souvent aux l ves que le narrateur dans un r cit ne doit pas tre confondu avec l auteur de ce r cit Le narrateur est un personnage de papier il est construit par le texte et n existe que par lui Il serait donc int ressant que l enseignant engage les l ves tenter de d terminer plus pr cis ment comment par le langage Camus construit ce narrateur particulier ce point de vue neutre ou objectivant L enseignant ouvrira ici explicitement l tude au travail sur la langue Pour ce faire il peut demander aux l ves quel ph nom ne de langue est li expression du point de vue de la subjectivit dans un texte et amener les l ves identifier le ph no
271. nement secondaire premier cycle Qu bec Gouvernement du Qu bec 200 MELS 2007 Programme de formation de l cole qu b coise enseignement scondaire deuxi me cycle Qu bec Gouvernement du Qu bec MELS 2009 Programme de formation de l cole qu b coise enseignement secondaire deuxi me cycle fran ais 5 secondaire Qu bec Gouvernement du Qu bec MEN 2005 Observation r fl chie de la langue fran aise Document d accompagnement Paris Minist re de l Education nationale MEQ 1980 1981 Fran ais langue maternelle formation g n rale sec 1 5 Gouvernement du Qu bec MEQ 1995 Programmes d tudes Le fran ais enseignement secondaire Gouvernement du Qu bec MERCIER C 2007 Variations autour du Bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon Recherches 46 109 124 MOLINI G 1992 Dictionnaire de rh torique Paris Libraire g n rale fran aise Le Livre de poche PENNAC D 1992 Comme un roman Paris Gallimard Folio PH DRE 1924 Fables trad A Grenot Paris Les Belles Lettres PH DRE 1950 Ph dre et ses fables trad Herrmann Leiden E J Brill PINGAUD B 1992 L tranger d Albert Camus Paris Gallimard Folioth que PIOLAT A 2002 La Recherche documentaire Manuel l usage des tudiants doctorants et jeunes chercheurs Marseille SOLAL PLANTE R 1997 Le grand r le de Marilou Polaire Montr
272. nnaissant que la cat gorisation est une op ration intellectuelle fondamentale et que les typologies notamment la typologie g n rique permettent aux l ves de se construire un horizon d attente qui organise et oriente la lecture participant de ce fait d une comp tence interpr tative fondamentale Rouxel 1996 et Langlade 2000a avertissent que de ramener syst matiquement le singulier au g n ral ou de le r duire au st r otype en mati re de litt rature finit par donner une image appauvrie des textes Il faut donc absolument recourir la cat gorisation mais travailler dans la nuance s int resser de fa on nouvelle la tension entre le semblable et le dissemblable r fl chir au concept d cart de fronti re d interf rence insister sur l id e de gamme sur les infinies variations qui composent le champ tudi Rouxel 1996 p 26 On peut donc se servir du genre non seulement pour amener les l ves le maitriser mais aussi pour penser la diff rence id C est cette prudence qu invitent aussi Colognesi et Deschepper 2010 qui croient en la n cessit d articuler enseignement de la langue et enseignement de la litt rature mais qui craignent les d rives d une approche exclusivement centr e sur le genre L Jinscription de la grammaire dans le texte per u dans sa dimension g n rique permet aux l ves d envisager la langue en contexte au sein de docume
273. nnelle Finalement le terme d criture de fiction nous semble inad quat parce trop restrictif il ne permet pas d inclure toutes les productions pertinentes et exclut par exemple les productions po tiques autobiographiques etc Cf Falardeau amp Gauvin Fiset 2009 79 proposent Elle est en outre l occasion de d sacraliser le rapport aux textes litt raires et de modifier le rapport l criture des l ves en rompant avec le clivage qu identifie Barr De Miniac entre criture scolaire et criture pour soi et ce en permettant aux l ves d adopter provisoirement la posture de l auteur de s autoriser transgresser la norme scolaire en explorant les possibilit s de la langue Falardeau amp Gauvin Fiset 2009 On voit donc que comme pour l enseignement de la langue les d marches actives et r flexives ont leur pertinence pour l enseignement de la litt rature ce qui ne minimise en rien rappelons le l importance de la m diation enseignante n cessaire une v ritable appropriation des textes En somme dans la perspective que nous adoptons suivant le mouvement de la lecture litt raire le travail autour des uvres litt raires en classe de fran ais tient d une dialectique mise en uvre travers des dispositifs divers entre ex g se dirig e par l enseignant ce qui ne constitue aucunement un retour au technicisme et n exclut en rien les d marches actives mais signifie que l
274. nous m mes notre capacit de nous d chiffrer en m me temps que de nous inventer quiest m me son avis l enjeu profond d un enseignement de la litt rature Legros 2005 p 45 Sans faire de cet objectif le but premier de l enseignement litt raire nous reconnaissons qu il ne faut pas l vacuer La litt rature nous l avons dit est en partie une construction sociale et historique tiss e d intertextualit et porteuse de visions du monde qu il faut permettre aux l ves de percevoir comme telle nous choisissons pour notre part d inclure ces l ments dans une approche centr e sur l appropriation des textes litt raires TT avec d autres uvres Autrement dit enseigner la litt rature consiste travers de v ritables exp riences de lecture former des sujets lecteurs qui seront l occasion sujets scripteurs cf infra et enseigner la lecture litt raire Ce dernier terme fait d bat en didactique Pour nous comme pour Rouxel 2004 la lecture litt raire est une lecture particuli re de textes litt raires Soutenir avec d autres Dufays et al 2005 par exemple que la lecture litt raire peut s appliquer n importe quel support m me non textuel nous apparait probl matique en ce cas pourquoi qualifier pr cis ment cette lecture de litt raire Nous souscrivons cependant la proposition de Dufays et al 2005 de consid rer la lecture litt raire comme un va
275. ns l enseignement de la langue Qu bec fran ais hors s rie 6 9 SIMARD C DUFAYS J L DOLZ J amp GARCIA DEBANC C 2010 Didactique du fran ais langue premi re Bruxelles De Boeck SIMARD D 2010 La r forme de l ducation au Qu bec un tr sor tait cach dedans Dans M hammed Mellouki dir Promesses et rat s de la r forme de l ducation au Qu bec pp 75 102 Qu bec Les Presses de l Universit Laval SOULI RES R 2005 Ding dong Saint Lambert Souli res SUFFYS S 2007 De quelques exp riences en litt rature au coll ge Recherches 46 7 31 TAUVERON C 1999 Comprendre et interpr ter le litt raire l cole du texte r ticent au texte prolif rant Rep re 19 9 38 TH RIEN M 1997 De la d finition du litt raire et des uvres proposer aux jeunes Dans M No l Gaudreault dir Didactique de la litt rature Bilan et perspectives Qu bec Nuit blanche diteur TODOROV T 1971 Langage et litt rature Dans Po tique de la prose pp 32 41 Paris Seuil 203 TOMASSORE R 2003 valuer des comp tences en langue Le Fran ais aujourd hui 140 19 28 VAN BEVEREN J 2010 Langue litt rature et effet comique Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuilet d Actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 257 263 C d rom
276. nt son avis de grands oubli s les pronoms et leurs fonctions la diff rence entre pr position et 53 Ce qu il exprime par une figure ensembliste repr sentant deux cercles distincts langue et litt rature mais quise chevauchent ou se croisent de fa on former une zone commune 4 La popularit de ces notions pour l exploitation des textes litt raires semble confirm e par notre exploration documentaire cf supra 85 conjonction certains temps et modes verbaux certains types de phrase Notre exploration documentaire a permis de constater que cette inqui tude au sujet de la non progression ou de parpillement des connaissances Dumortier 2006 est partag e par plusieurs Risselin 2007 par exemple note qu il est difficile de lier enseignement de la litt rature et enseignement de la langue de sorte qu une progression soit tablie dans ces deux domaines parce qu il faut choisir un principe organisateur sa progression annuelle enchame des s quences selon une logique qui repose sur les genres ou l histoire litt raire mais cela ne permet pas son avis ou sinon de fa on artificielle de cr er une progression dans la maitrise de la langue p 27 puisque les l ments tudi s en langue ne peuvent tre choisis ind pendamment des textes lus C est ce qui l am ne compl ter ses s quences par des ateliers de langue organis s selon une progression ind pendante tablie pour la gra
277. nt de P rose Le collier done suis atach GV Pr dicat de P GV Pr dica de P 2 00 GN Sujet de P GN Sujet de P GV Pr dica t de P a RE GV Pr dicct de P 118 7 2 3 La p riphrase La p riphrase est une figure qui consiste d signer une r alit non par son nom habituel mais par un groupe de mots descriptif souvent imag qui pr sente souvent le r f rent sous une qualit particuli re On pourrait toujours exprimer la r alit d sign e par une p riphrase en plus court souvent en un seul mot Chartrand et al 1999 Molini 1992 Aquien 1993 Certames p riphrases forment des expressions fig es connues par les membres d une communaut donn e formant en quelque sorte un clich culturel Aquien 1993 d autres sont cr es par des auteurs pour produire certains effets La Fontaine jongle avec les clich s et les cr ations Les p riphrases ont chez lui souvent un effet plaisant tout en lui permettant nous y reviendrons de varier les d nominations pour ses protagonistes L enseignant demande aux l ves s il savent ce qu est une p riphrase et rel ve quelques hypoth ses Il dit que grosso modo une p riphrase consiste nommer une chose de fa on imag e en plusieurs mots Il leur demande s ils connaissent par exemple une autre fa on de nommer la vile de Qu bec la Vieille Capitale la vile de Paris la Ville lumi re le Japon lempire
278. nt donc de rep rer des ph nom nes syntaxiques textuels ou discursifs stylistiques etc dignes d attention Ceux ci peuvent alors faire l objet d analyses structur es tre temporairement d contextualis s avant d tre reconnect s la construction du sens de l uvre Ainsi les analyses grammaticales dont les objets sont en partie consid r s pour eux m mes trouvent leur place dans un ensemble d activit s destin es explorer plusieurs des dimensions du texte litt raire Nous avons cherch illustrer ce mod le par des s quences didactiques constituant des pistes pour la classe sans repr senter pour autant du mat riel didactique pr t l emploi Leur vis e la fois th orique et prax ologique en fait un mat riel hybride qui n cessiterait d tre passablement adapt aux caract ristiques des l ves pour entrer en classe Cela nous am ne en terminant signaler ce qui constitue probablement la principale limite de notre recherche Bien que cette derni re s inscrive dans l esprit de la recherche didactique qui cherche rep rer sugg rer et fonder th oriquement des pistes et des d marches didactiques elle ne met pas en uvre la dialectique entre recherche universitaire et travail eflctif en classe qui pourrait permettre de mener la validation empirique des pistes et d marches propos es Elle tient par cons quent encore un peu trop de la d marche lin aire 190 ou desc
279. nts authentiques lire ou crire et d prouver le fonctionnement de ces derniers en lien avec les caract ristiques d finitoires d un genre sp cifique Une des difficult s rel ve du fait que l articulation des comp tences de lecture criture aux apprentissages grammaticaux ne permet pas toujours l acc s l uvre per ue comme singularit P eu de place est laiss e l cart que l uvre individuelle entretient avec le genre dont elle est issue pp 59 60 En d autres termes suivant la proposition de Dumortier 2001 il faudrait tablir un quilibre entre le travail sur les caract ristiques g n riques du texte lire et ses particularit s ou singularit s que mentionnaient plusieurs des auteurs retenus lors de notre exploration documentaire Le travail sur les premi res permet de former des lecteurs autonomes puisqu il vise faire acqu rir des connaissances transfrables sur d autres textes alors que le travail sur les secondes permet la reconnaissance des textes comme constructions s mantiques singuli res parfois tr s origmales ibid p 52 dont 92 certaines des plus marquantes sont pr cis ment celles qui ont transgress les normes g n riques et dont la qualit peut tenir pour beaucoup lutilisation personnelle singuli re des ressources linguistiques id On pourrait ainsi du m me coup doter les l ves d un horizon d attente d un mod le langagier
280. nymie antonymie mots valises tymologie n ologismes onomastique Dans le domaine de la grammaire de phrase certains auteurs abordent la question des classes de mots sans n cessairement mener sur ces derni res il vrai une tude proprement dite le pronom 2 le d terminant 1 la pr position 1 l adjectif 4 le verbe temps valeur et aspect 15 plusieurs abordent aussi la syntaxe la ponctuation 3 les groupes en particulier le groupe du nom et ses expansions 3 la compl mentation en g n ral 3 la subordination 4 les types et les formes de phrase dont les phrases construction particuli res 5 et quelques uns finalement proposent de travailler sur l orthographe grammaticale les accords dans le GN et dans le GV 4 Dans le domame de la grammaire textuelle les anaphores 8 et les types textuels dialogal descriptif argumentatif 8 sont des objets d observation fr quents c t desquels figurent les types de progression th matique 2 les connecteurs 1 et l articulation des temps verbaux au niveau textuel 4 Du c t de la grammaire du discours les indices de l nonciation sont tudi s travers les d ictiques 8 et la modalisation 5 et les questions relatives aux discours rapport s 7 et aux registres de langue 6 ne sont pas en reste Finalement le domaine stylistique bien entendu trouve sa place dans les analyses travers l tude de figures de style 12
281. oire de clich s rh toriques Il fait aussi sentir en lisant des extraits voix haute l enflure verbale emphase style ampoul emploi abusif ou d plac du style lev du ton d clamatoire Les l ves qui ont tudi le style simple d pouill et sans appr t de Meursault auquel ce style emphatique s oppose si parfaitement devraient ais ment ressentir la diff rence Voici l exemple d une br ve analyse laquelle pourrait ainsi arriver la classe 117 CEA f i pi Meursault identifie lui m me ce qui se passe un jeu Au d but je ne lai pas pris au s rieux Il ma re u dans une pi ce tendue de rideaux il avait sur son bureau une seule lampe qui clairait le fauteuil o il ma fait asseoir pendant que lui m me restait dans l ombre J avais d j lu une description semblable dans des livres et tout cela ma paru un jeu p 100 177 I s agissait d un drame puleux de la plus basse esp aggrav du fait qu on avait affaire Le m me homme qui au lendemain de la mort de sa m re se livrait la a tu pour des raisons futiles et pour liquider une affaire de m urs L Mais le procureur s est redress encore s est drap dans sa robe et a d dar qu il fallait avoir Ping nuit de honorable d fenseur pour ne pas sentir qu il y avait entre s deux ordres de faits ane ton profonde path tique essengele i s est il ci avec for facuse t homme d avoir ent
282. olitique accus de viol 2 En compl ment on peut faire r aliser aux l ves des t ches d criture plus ludiques comme l application de la m thode S 7 une autre fable que La Cigale et la Fourmi pour revenir sur la question de la post rit 137 soient humanis s en nombre restreint deux le plus souvent la structure duale tant annonc e d s le titre et s organise autour d une seule action de petite envergure qui n a rien d une grande qu te G n ralement des dialogues sont ins r s dans le r cit La fable est donc un genre composite qui m le presque n cessairement des s quences argumentatives narratives et dialogales Finalement les fables sont souvent illustr es Chez La Fontaine la fable a une dimension po tique figures rimes vers in gaux Elle se d marque par la notion de vari t vari t du vocabulaire des proc d s de reprise Les morales ont g n ralement un caract re proverbial A la suite de cette synth se eff ctu e en pl ni re les l ves construisent avec l enseignant une grille d valuation pour les guider dans l criture Par exemple Bri vet resserrement de l histoire autour d une action principale Pr sence des diverses s quences textuelles caract ristiques de la fable narrative r cit all gorique opposant deuxanimaux suscite l int r t dialogale respecte les normes du dialogue est efficace rend le texte plus vivant a
283. ometteuses que soient la grande majorit de ces pistes un travail de r flexion demeure pour nous n cessaire puisque comme le fera ressortir la br ve critique des donn es de notre exploration documentaire qui suit certaines questions restent en suspens certains probl mes demeurent irr solus l gitimant le travail que nous proposerons dans la suite 2 Critique des propositions recens es Les textes analys s la faveur de notre exploration documentaire fournissent des pistes dignes d attention que nous mettrons bien entendu profit Cependant ils proposent des solutions qui ne sont pas pleinement satisfaisantes au probl me d articulation que nous soulevons puisqu ils posent notre avis quelques probl mes d ordre th orique Tout d abord si nous nous accordons avec un grand nombre d auteurs pour dire que la s quence didactique comme mode d organisation du travail en classe de fran ais peut fournir un cadre tout indiqu pour articuler enseignement grammatical et enseignement litt raire nous observons que certaines s quences donn es en exemple proc dent d une articulation un peu artificielle des composantes en question comme s il y avait parfois m canisation du travail en s quence pour r pondre aux instructions minist rielles trop rigides Un exemple tir d un texte qui a finalement t cart de notre synth se puisque l avenue propos e n tait pas r ellement emprunt e
284. omplexifi la mod lisation de la discipline Schneuwly 2007 par exemple propose de concevoir que la discipline fran ais comporte trois composantes qui entretiennent des rapports entre elles la connaissance du fonctionnement de la langue la connaissance et la pratique de la litt rature et les pratiques langagi res surtout publiques lecture criture oral coute dont fait partiellement partie la litt rature Le statut des pratiques langagi res est ce qui semble d partager les diff rentes repr sentations La tripartition de Schneuwly qui veut faire une place toutes les cat gories d objets de natures diff rentes qui sont ceux du fran ais fait des pratiques langagi res une composante sur le m me plan que les deux autres alors que la conception traditionnelle les range du c t de la langue lorsqu elles concernent les productions courantes et du c t de la litt rature lorsqu elles concernent les productions litt raires Halt 1992 fait des pratiques langagi res le lieu nodal de la nouvelle configuration du fran ais dont la matrice anciennement marqu e par la bipattition langue litt rature devient pour lui la production et la r ception des discours oraux et crits c est dans la lign e de la r flexion de Halt que s inscrivent Bilodeau amp Chartrand 2009 en rangeant les textes litt raires parmi l infinit des discours La question qui est la source du d bat est donc la suivante l
285. on Les rails ne me chanteraient jamais autre chose que le bonheur Maman 3 Magique Les espaces immenses le d part le train le voyage et au bout le bonheur Le c ur me manquant douleur Abandonn e douleur Incroyable me Meilleur Illusion C ur L exaltation la plus enivrante L ombre la plus noire douleur Lugubre Le train me martelait la t te douleur Impitoyablement douleur Au bout du monde Se prirent comme en se riant de moi me scander les rails douleur Mal douleur Stup faction profonde douleur Total 48 marques CLASSIFICATION DES MARQUES Avait sembl perception incertitu de Avait eu l air perception incertitu de Avaitparu Parurent perception incertitu de Avais pu possibilit chance Aurait d n cessit hypoth se Avait d possibilit Avais peur sentiment de peur Chanteraient hypoth se Tant intensit Si 5 intensit Si seulement regret peut tre doute Ph interrogatives 4 regret Ph exclamatives 4 regret Points suspension 2 regret douleur 159 Cette analyse devrait permettre aux l ves de constater que L tranger est un texte assez peu modalis ce qui est paradoxal pour un texte au je relatant une exp rience aussi marquante que la mort de la m re du sujet nonciateur Celui ci s implique donc peu dans ce qu il raconte d o le sentiment de neutral
286. on tr s scolaire identifi e d ailleurs comme un sp cial coll ge propose pr s de 90 fables regroup es selon les livres des ditions int grales et pr c d es de la d dicace et de la pr face de la premi re dition On y trouve plusieurs illustrations sign es par les illustrateurs de La Fontaine les plus connus et quantit de notes de bas de page de nature lexicale ou r f rentiellke Cependant les textes d escorte rep res chronologiques et biographiques commentaires et autres cl s d analyse et les propositions pour l exploitation des textes comparaisons de textes d images questionnaires pl thoriques et diss min s dans l ensemble de l uvre permettent difficilement une lecture personnelle ou spontan e des Fables b La Fontame J 2009 Fables choisies Paris Gallimard Jeunesse Folio junior regroupement original par th mes flatteurs et hypocrites affam s et gloutons sots et 102 orgueilleux de 50 fables suivi d un bref carnet de lecture adress aux l ves de 6 premi re secondaire Cette dition pr sente des notes de bas de page et de rares illustrations de B Bataille qui ne se d marquent pas par leur qualit esth tique c La Fontaine J 2005 Fables Paris Hachette Le livre de poche jeunesse cette dition non illustr e propose sans texte d escorte 60 fables sans classement particulier mais dont la lecture est facilit
287. onc un d fi pour son auteur et Benveniste 1981 Maingueneau 1993 Barthes 1953 Riegel Pellat et Rioul 1994 ont tous soulign la suite de Sartre la subtilit stylistique que l usage du pass compos conf re cette uvre De ce point de vue le coup de force stylistique op r par Camus dans L tranger ne fait que ressortir avec plus de nettet En pr f rant le pass compos au pass simple ce roman ne pr sente pas les v nements comme les actes d un personnage qui seraient int gr s dans une 184 chaine de cause et d effets de moyens et de fins mais comme la juxtaposition d actes clos sur eux m mes dont aucune ne parait impliquer le suivant Or cette d composition des formes de continuit narrative converge tr s exactement avec la th se qu incame Meursault par son comportement il n y a pas de totalisation signifiante de l existence ce qu on r sume habituellement par la notion d absurde L int r t de ce roman c est justement de ne pas d velopper explicitement cette th se mais de produire un univers textuel qui la pr suppose Ici la narration conteste d un m me mouvement le rituel romanesque traditionnel et la causalit qui lui semble associ e on ne peut pas reconstruire une s rie coh rente de comportements menant au geste meurtrier de Meursault dans la mesure m me o les formes de pass compos juxtaposent ses actes au lieu de les int grer Maingueneau 1993
288. ongtemps Je leur explique puis je m attends ce que ce soit appliqu tout de suite Par contre quand je pr sente un livre ou je fais une lecture accompagn e m me les connaissances en litt rature ils sont m me pas mal int ress s a Tout le monde aime a se faire raconter des histoires je pense a fait que qu on soit grand ou qu on soit adulte alors les connaissances ily a beaucoup l dedans d histoire Tout le monde aime a se faire raconter quisontles personnages Lui il a v cu telle chose parce qu ils ont tous bien souvent les auteurs ont v cu des choses tr s tr s extraordinaires souvent puis ils ont crit telles choses a fait que toutes les connaissances quand tu leur donnes a a ils aiment a La grammaire Le souci de bien crire premi rement Donc le souci d crire bien d utiliser les connaissances grammaticales pour en arriver crire bien sans fautes ou avec peu de fautes parce que c est valoris aussi Je valorise plein d autres choses mais a je le valorise aussi L aspectlitt rature l on en voit beaucoup nos l ves la fin de cinqui me secondaire ils auront lu il me semble qu on avait compt 30 ou 35 uvres significatives a a leur apporte des connaissances historiques des connaissances aussi par rapport leur soci t Entretien P5 p 7 et 11 nous soulignons Il ressort de ce discours que l enseignement de la langue dont le
289. ont pas des choses raconter Monsieur Le vieux avait rougi et s tait a DE intervenu dire Mais non Mais non Je trouvais qu il racontait et L GENDE marques nonciatives ATTE exprimant des valeurs modales fondamentales possibilit n cessit 155 R SULTATS D ANALYSE Compilation des marques de modalit 1 Maman 3 Nom charg motivement qui t moigne de l attachement 2 peut tre 2 adverbe exprimant l incertitude 3 ne sais pas 3 verbe de connaissance savoir qui exprime ici l ignorance 4 pouvoir pourrai ne pouvait pas 2 auxiliaire de modalit exprimant la possibilit 5 pareille adjectif valuatif qui marque le caract re extraordinaire de la chose qualifi e 6 avait l air locution verbale synonyme de sembler exprimant la perception avec une nuance d incertitude 7 avoir d 3 conditionnel pass associ qui exprime la n cessit avec une nuance d hypoth se 2 et la possibilit 1 8 avoir synonyme de devoir auxiliaire de modalit exprimant la n cessit 9 sans doute locution adverbiale exprimant l incertitude ou la possibilit 10 sentais verbe de perception 11 beaux belle 2 vocabulaire connotatif adjectif valuatif connot positivement 12 bavard vocabulaire connotatif verbe connot n gativement 13 je trouvais verbe d opinion 14 juste vocabulaire connotatif adjectif valuatif connot
290. ophoniques de la semaine Avec beau up de soin elle a ch GEER presque toutes les missions Comme le magazine avait une douzaine de pages ele a continu travail endant tout le repas J avais d j fini qu elle cochait encore avec la m me Puis elle s est lev e a remis sa jaquette avec les et elle est partie Comme je n avais rien faire je suis sorti aussi et re lai suivie un moment Elle s tait plac e sur la bordure du trottoir et avec une et une s ret incroyables elle suivait son hemin d vier et sans se retourner L ai fini par la perdre de vue et par revenir sur mes pas J ai pens qu elle taft bizarre mais je Pai oubli e assez vite Un des proc d s la source du sentiment de l absurdit consiste donc dans ces portraits de personnages tranges ponctuant le r cit La petite automate est absurde son existence nous apparait priv e de sens comme celle de l homme qui gesticule derri re la cloison vitr e Mais l intervention de ces personnages n est pas le seul moyen imagin par Camus en fait comme l a montr Sartre 1947 avec p n tration tout dans ce roman nous apparait un peu comme derri re une cloison vitr e qui nous emp cherait de percevoir le sens de ce qui se passe Cette cloison vitr e c est la conscience passive de Meursault qu une narration tr s particuli re artifice imagin par Camus interpose entre le lecteur et les v nements rapport s 8
291. oportion non n gligeable d enseignants du premier cycle du secondaire environ un sur cinq situent encore leurs exigences en de du standard impos par le programme de 1995 savoir la lecture de quatre uvres par ann e Dezutter ef al 2007 Par ailleurs si on peut se r jouir des orientations affich es du nouveau Programme de formation de l cole qu b coise PFEQ concernant la culture et la litt rature il faut noter que la volont de rehaussement culturel qui devait tre le fondement de la r forme scolaire dont ils sont issus Inchausp 2007 y c de souvent le pas paradoxalement une approche instrumentale Simard 2010 plus proche de la demande sociale dont les notions de comp tence de qualification et la n cessit de cr er des contextes proches de la vie courante sur lesquelles insiste le programme ne sont que des indices Au del des intentions au moment de leur parution aucune d finition claire de la litt rature ou du litt raire n tait fournie aucune indication pr cise n tait donn e quant aux uvres privil gier Comme le met en lumi re l analyse de Falardeau 2010 la distinction entre les textes courants et litt raires s estompe m me dans les contenus d apprentissage prescrits par ce programme les notions et concepts enseigner qui ne sont ni hi rarchis s ni inclus dans une progression regroupent p le m le connaissances relatives la litt ratur
292. oprement trange Leur est il d j arriv de r aliser brusquement qu ils faisaient certaines choses par habitude machinalement et qu la question Pourquoi au juste je choisis de 104 Rappelons que L tranger fait partie de ce que Camus a nomm le cycle de l absurde un triptyque rassemblant des uvres de trois genres distincts cens es donner des clairages diff rents sur cette notion d absurde un roman L tranger un essai Le Mythe de Sisyphe et une pi ce de th tre Caligula Parce qu elles se proposent d aborder le m me sujet selon des angles divers ces uvres s clairent l une l autre On pourra donc y recourir au besoin 147 faire cela ils ne trouvaient pas de r ponse claire Une discussion en pl ni re peut s ouvrir o les l ves seront encourag s donner des exemples de situations dans lesquelles ils ont pu prouver ce sentiment d routant Le sentiment que les l ves sont ainsi amen s d crire est ce que Camus nomme le sentiment de l absurdit l enseignant pour cristalliser les l ments de la discussion peut recourir cet extrait parlant du Mythe de Sisyphe en prenant soin de le mettre la port e des l ves et de le rapporter ce qu ils auront dit lors de la discussion Le sentiment de l absurdit au d tour de n importe quelle rue peut frapper la face de n importe quel homme Il arrive que les d cors s croulent
293. oscilation entre participation et distanciation L attention la dimension langagi re des textes envisag e sous langle du fonctionnement du syst me de la langue et de son usage esth tique occupe une place particuli re dans le travail sur ces caract ristiques g n riques ou particuli res elle donne lieu un travail sur la langue qui comporte des phases d observation et des phases d analyse Mais l tude des ph nom nes consid r s en partie pour eux m mes n est pas coup e de l interpr tation et de la participation on cherche en d crire l eff t sur le lecteur ou les d cortiquer non seulement pour mieux les comprendre mais pour mieux les appr cier au cours de la lecture Il s agit finalement de faire d couvrir gr ce aux ph nom nes de langue tudi s comment le sens pr cis ment est construit par le langage 3 Mais quelle langue enseignera t on La question des relations entre l apprentissage de la langue et la formation litt raire dans l enseignement du fran ais soul ve toujours le probl me de la norme Pos d entr e de jeu dans le texte de cadrage du colloque de Gen ve cf exploration documentaire le paradoxe apparaitra certains comme insoluble comment en efft penser l enseignement d une langue scolaire norm e par la m diation de textes perturbateurs de cette norme Ce paradoxe minerait 1l les possibilit s de rendre notre mod le op ratoire Tant s e
294. ouve que son roman s inscrit dans une volution g n rique qui le d passe Cependant Camus pr cise avoir emprunt cette technique parce qu elle convenait s on propos qui tait de d crire un homme sans conscience apparente id Voil o le travail sera tourn vers les particularit s de l uvre de Camus la combinaison originale qu elle fait des ressources de l criture blanche l am ricaine y prend un sens particulier elle renvoie l absurde Les analyses permettront donc aussi de percevoir l uvre comme singularit 149 d couvrir et explorer certains des proc d s mis en uvre par Camus Cette production qui rel ve de limitation s apparente l insertionn Colognesi et Deschepper 2010 L enseignant invite donc les l ves produire un paragraphe environ 150 mots qui pourrait s ins rer page 45 entre J ai travaill tout l apr s midi et Il faisait tr s chaud dans le bureau et le soir en sortant j ai t heureux de revenir en marchant lentement le long des quais Il s agit de raconter bri vement cet apr s midi au bureau Camus tant volontairement elliptique en ce qui concerne la vie professionnelle de Meursault le lecteur poss de somme toute peu d nformations sur son travail Cela laisse une relative libert aux l ves qui devront cependant s attacher produire un passage qui s ins rerait le plus naturellement possible dans le texte de Camus ce
295. parfaire ma formation dans ce domaine j ai compl t une licence en lettres modernes Paris VII Denis Diderot o s est affermi mon d sir de permettre d autres d entrer dans le monde de la litt rature L emploi du je s imposait dans cette introduction tant donn le caract re personnel des exp riences rapport es Cependant le nous auctorial convenant davantage au ton du reste de ce m moire il sera employ dans la suite Cependant lors de mes stages en enseignement j ai eu l impression d une part que la mission culturele de l enseignant de fran ais tait souvent lud e la litt rature par exemple n occupait souvent qu une place marginale dans les classes o je mettais le pied et d autre part qu un enseignement ax sur la litt rature comme celui que j essayais de mettre en uvre compromettait l atteinte des objectifs que je me fixais en langue puisque je ne trouvais ni dans ma pratique ni dans celle de mes coll gues le moyen d articuler l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature Il me fallait rem dier cette situation Ainsi pour moi l articulationn de ces composantes de la classe de fran ais devenait plus qu une pr f rence m thodologique qu un d tail technique je sais que le d cloisonnement est la mode elle devenait vitale essentielle c tait la seule fa on de faire une place centrale au texte litt raire dans la clas
296. pas la r alit elle est reconfiguration repr sentation mise en forme de la r alit et de l exp rience humaine qu elle permet donc d explorer de comprendre d analyser selon des modalit s in dites Aron 1984 Ric ur 1986 Bronckart 1999 3 Un crit re intertextuel un texte litt raire s inscrit toujours dans la grande s rie de la production litt raire qu il r crit en partie et compl te La litt rature est donc quelque part une construction historique tiss e d intertextualit elle est reprise r interpr tation ou mise distance de formes de codes de motifs de th mes de grandes figures et de grands mythes qui relient pass et pr sent et font donc prendre conscience des constantes de l aventure humaine Genette 1982 Rouxel 2004 Th rien 1997 4 Un crit re sociohistorique il faut le dire la litt rature est aussi une construction sociale qui d pend de la repr sentation qu on s en fait une poque donn e En d autres termes est litt raire ce qu une soci t d clare tel sur la base de crit res notamment ceux que nous exposons ici dont l importance relative peut varier dans le temps d pla ant les limites du concept C est pourquoi le concept a volu dans l histoire De savoirs en g n ral qu il d signait jusqu au XVIII si cle le mot litt rature n a commenc d signer que relativement r cemment un corpus que l on nommait auparavant
297. pes qui impliquent d autres agents que nous Aussi nous n avons pas la pr tention de soutenir que ces s quences pourraient tre mises en uvre telles quelles par un enseignant en pratique cf l avant propos aux s quences Bien entendu nous avons retenu les critiques dirig es contre la transposition didactique et avons cherch viter les d rives potentielles de toute transposition par exemple cele de l applicationniime ou d une logique strictement descendante qui ne tiendrait pas suffisamment compte des contraintes de la classe des caract ristiques et des besoins des l ves Nous avons par ailleurs accept que le corps de savoirs savants qui nous int ressait ne pouvait tre transmis comme un tout coh rent que la transposition n cessitait une s lection judicieuse et qu elle impliquait forc ment une fragmentation de ce corps de savoirs fragmentation li e aux imp ratifs de s quentialit et de progression des apprentissages Schneuwly 2005 5 2 Le corpus utilis Les s quences de la seconde partie de ce m moire sont donc loin d avoir t cr es ex nihilo Elles se veulent une illustration de la th orie d velopp e dans la section assises th oriques et s appuient donc sur celles ci Tout d abord en conformit avec nos assises th oriques nous avons choisi de partir d une uvre int grale Cette uvre a t choisie sur la base de l int r t qu elle pr sentait notre avis pour les
298. piration Sans enfermer totalement La Fontaine dans la cat gorie en partie r ductrice du classicismef l enseignant peut donner aux l ves quelques indications sur le fonctionnement de l institution litt raire l poque la deuxi me moiti du XVII si cle est souvent nomm e poque classique Alors que le pouvoir royal s int resse particuli rement aux arts on voit se former en France de nouvelles institutions culturelles salons acad mies savoir des regroupements de gens haut plac s dans la soci t qui discutent de la langue et des arts et qui dictent plusieurs r gles l aune desquelles on juge 64 De toutes ses fables environ dix sept seulement selon les experts seraient totalement de l invention de La Fontaine 65 On verra d ailleurs plus loin comment La Fontaine a su chapper plusieurs r gles des th oriciens du temps 6 Nous reviendrons plus avant sur cette question au sujet de laquelle on consultera l ouvrage important d Alain Viala sur le champ litt raire au XVII si cle Naissance de l crivain Viala 1985 109 alors de la valeur des uvres La langue et les arts commencent ainsi se codifier s rieusement et les auteurs qui veulent tre reconnus par ces autorit s doivent se plier des principes parfois tr s contraignants r gles linguistiques seuls certains mots sont consid r s comme beaux ou bons r gles de composition des textes la fameuse r g
299. plinaire intertextuel et contrast 5 3 Les tapes de la conception des s quences L laboration des s quences a suivi les tapes suivantes 1 Nous avons d abord s lectionn deux uvres qui nous semblaient pertinentes et int ressantes pour les l ves du niveau vis 2 Nous avons proc d quelques lectures attentives de ces uvres pour identifier des probl mes de lecture potentiels des particularit s langagi res int ressantes ou des l ments remarquables li s aux caract ristiques g n riques limportance de ces l ments a t mise en lumi re dans la section assises th oriques 3 Nous avons ensuite consult un grand nombre d ouvrages propos de ces uvres ces ouvrages taient notamment issus de la didactique du fran ais en particulier pour La Fontaine des tudes litt raires pour les deux uvres et de la linguistique en particulier pour Camus 4 la lumi re du cadre th orique de notre lecture personnelle de celle des sp cialistes et des besoins pr sum s des l ves suppos s partir des notions et concepts contenus dans les programmes d tudes et des probl mes de lecture identifi s nous avons s lectionn un certain nombre de savoirs sociohistoriques litt raires grammaticaux que nous souhaitions faire acqu rir dans le cadre des s quences 5 Nous avons men des recherches autour de ces objets de savoir en nous int ressant leur traitement dans les disciplines
300. plus profond des caract ristiques des fables de La Fontaine l enseignant demande aux l ves d crire rapidement une tr s courte fable la 112 mani re de La Fontaine en s inspirant des fables lues Les l ves volontaires sont ensuite invit s lire leur fable en pl ni re Les autres l ves doivent commenter ces textes en disant en quoi selon eux ils rappellent ou s loignent des fables de La Fontaine Cette activit pourrait mettre les l ves sur la piste d l ments tudi s dans la suite avant que les l ves ne reviennent l criture 7 Plaire par la po sie Les l ves ont t amen s constater que les fables de La Fontaine se d marquent des fables de son maitre sope entre autres par leur caract re po tique que conf rent la fois le vers et l utilisation particuli re que l auteur fait du langage En se mariant au genre de la fable la po sie avec ses jeux de rythme et de sonorit pouvait lever ce genre un nouveau degr d agr ment 7 1 Le vers Les l ves ont t amen s noter la disposition particuli re des textes de La Fontaine qui s apparentent sur le plan typographique des po mes Ils ont aussi t amen s remarquer les rimes L enseignant leur demande ce qu ils savent de la po sie et du vers La classe s entend sur le fait qu un des signes distinctif de la po sie est cette fa on d crire en petits bouts de phrases
301. positivement 15 int ressant Vocabulaire connotatif adjectif valuatif connot positivement CLASSIFICATION DES MARQUES Maman 3 Savoir ne pas 3 ignorance Peut tre 2 Pareille Pouvoir 2 possibilit incertitude Beau 2 Avoir l air perception incertitu de Sans doute Bavard Devoir au conditionnel pass 2 possibilit Juste n cessit hypoth s e incertitude Int ressant Devoir au pass compos possibilit Avoir n cessit Sentir perception incertitu de Trouver opinion Total 24 marques Note Beaucoup de mots reviennent deux ou trois fois dans ce court extrait L auteur utilise donc peu de moyens diff rents pour exprimer la subjectivit du narrateur 156 Le Temps qui m a manqu Longtemps il m avait sembl que ES Dans mes voyages d enfant avec que nous allions peu loin ou au contraire comme tte fois jusqu en Saskatchewan alors qu elle si pr ocup e toujours ils me pr sent rent la vie l image des visions ue faisaient na tre en moi la vue de l horizon fuyant sans sse devant nous me parurent pendant des ann es indissolublement li s M me apr s que j eus quitt ma m re en jour de septembre petite silhouette solitaire au bout du quai serrant sur elle son manteau sombre Ra de de la voir ainsi m me alors les rails ne furent pas longs me rassurer et me consoler par leur attrait sur mon me jeune Je mwen allais au loin chercher
302. pour accentuer la solitude de chaque unit phrastique 122 7 Da E PO de A gt F r Nous pr sentons ici une activit d enrichissement pr sentant un niveau de difficult assez lev Il s agit en fait d une activit de sensibilisation la complexit de la question de la valeur des temps qu un enseignant qui veut pousser plus loin l tude de la langue dans L Etranger peut choisir de conduire 182 que M Camus a choisi de faire son r cit au parfait compos qui rompt la continuit le verbe est rompu bris en deux d un c t nous trouvons un participe pass qui a perdu toute transcendance inerte comme une chose de l autre le verbe tre qui n a que le sens d une copule le caract re transitif du verbe s est vanoui la phrase s est fig e p 109 sa suite linguistes et s miologues se sont pench s sur la question et les commentaires se sont multipli s Camus a ainsi quelque part donn ses lettres de noblesse au pass compos en litt rature Riegel Pellaat amp Rioul 1994 Qu en est il au juste de ce pass compos Avant de pr senter l activit de sensibilisation qui pourrait tre propos e aux l ves une mise au point th orique s impose C est Benveniste qui en 1966 dans ses premiers Probl mes de linguistique g n rale a introduit une nouvelle distinction permettant de mieux rendre compte du fonctionnement du syst me verbal en fran ais moder
303. pp 45 46 Il est courant d apprendre aux l ves qu on peut recourir deux syst mes de temps pour concevoir un r cit dans lequel les v nements sont relat s au pass syst mes qui reposent sur les couples pass compos imparfait et pass simple imparfait Dans l un les actions qui se d roulent au premier plan plan qui rythme la succession des v nements sont rapport es au pass simple alors que dans l autre ils sont rapport s au pass compos aspect born les l ments de second plan plan qui campe le d cor et instaure une continuit dans l image en mouvement sont indiqu s dans les deux cas l imparfait aspect non born Il s agit ici de faire percevoir que le pass simple et le pass compos ne sont pas tout fait interchangeables et que Camus a fait un choix r fl chi Si les l ves savent d j qu on utilise pour raconter une histoire au pass des temps diff rents pour rapporter les actions de premier plan il arriva ou des l ments de second plan il pleuvait ils savent que les temps du verbe n ont pas qu une valeur temporelle et qu un temps exprime donc plus que le pass le pr sent et le f tur Il serait souhaitable que l enseignant commence par faire l tat des connaissances implicites et explicites des l ves sur la valeur aspectuelle des temps du verbe En recourant nouveau aux textes compar s en d but de s quence l
304. quences au sein d une progression spiralaire choix que nous avons justifi supra p 84 Cependant nous devons adapter ce mod le dont le lieu nodal unique est le genre pour l articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature H rit e de la perspective bakhtinienne qu adopte l quipe de Gen ve notamment dans ses travaux sur l oral cf Dolz amp Schneuwly 1998 cette approche inspir e du mod le didactique du genre se r v le trop rigide pour les apprentissages li s aux textes litt raires qui ne se didactisent pas de la m me fa on que les textes non litt raires Elle nous semble en effet incapable elle seule d int grer tous les enjeux de la r ception litt raire se pr tant mieux aux situations publiques et formelles et donc aux formes fortement d finies et r gul es de ext rieur ibid p 68 qu aux productions artistiques qui entretiennent un rapport plus probl matique avec les conventions d ordre g n rique Notre mod le prend donc appui la fois sur les caract ristiques g n riques et les particularit s des textes lus Ces l ments concernant en grande partie la dimension langagi re de l uvre ils permettent de mettre en lumi re des ph nom nes lexicaux syntaxiques textuels stylistiques etc dignes d attention Notre mod le suppose aussi que 55 La critique que nous formulons l gard des instructions fran aises
305. ques jours Si pourtant Il y avait eu t p ET m inqui ter si j avais RIRES t un un peu moins prise par mes propres Comme nous usions ensemble un soir elle assise dans sa chaise ber ante moi allong e t sur un sofa elle m avait tout coup demand Veux tu changer de pla avec moi me laisser le sofa pour me reposer un moment Cela lui ressemblait eu d avouer de la fatigue comment n avais je donc pas compris que pour y venir elle se sentir malf Mais je rentrais presque puis e de mon long voyage la t te pleine des mille choses que j avais vues et EEN de ne pas bien rendre 5 Kon et au sujet de mon travail venir omment traiter tte mati re abondante retenue dans ma m moire seulement que dans mon mal moi j avais pu passer sans le voir t du sien d j peut tre tr s s rieux d s moment l Pour la troisi me fois en une heure je sortis de mon sac le t l gramme pli en quatre et relus avec la m me stup fation profonde comme si enore maintenant le sens de s quelques lignes ne me parvenait pas en entier Maman d c d e ce matin dix heures Fun railles mardi T attendons si possible C tait sign Germain L GENDE marques nonciatives 161 162 Les l ves remarqueront que le narrateur de L tranger contrairement celui du Temps qui m a manqu s implique particuli rement peu sur sur le plan motif comme si les choses avaient peu d importa
306. qui a men une importante tude sur le style de La Fontaine note entre autres la pr sence de nombreux archa smes de mots r gionaux ou paysans cf Nenni dans La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le b uf de tournures populaires cf les nombreux datifs thiques comme dans Le Renard et le bouc Le renard sort du puits laisse son compagnon Et vous lui fait un beau sermon Si Ph dre utilisait d j un vocabulaire plus vari qu sope avec La Fontaine c est l explosion On peut faire remarquer quelques uns de de ces faits de langue aux l ves Nous proposons surtout de leur faire mener un petit travail lexical durant le d roulement de l ensemble de la s quence les l ves notent dans un cahier de lecture la d finition des mots et des expressions qui retiennent leur attention pour toutes sortes de raisons consonance caract re intrigant etc et dont ils ne connaissaient pas le sens ils l apprennent en se fiant au contexte aux notes de bas de page au dictionnaire Ils se constituent ainsi un petit lexique lafontamien bien personnel qu ils pourront r utiliser lors de la situation d criture finale 8 4 La reprise de l information La diversit lexicale est troitement li e chez La Fontaine la reprise de l information En efft selon Biard 1970 la richesse du vocabulaire le recours important la synonymie aux archa smes et r gionalismes et m me la p riphrase vise souvent
307. qui riment le plus souvent avec des retours la ligne avant Patteinte de l extr mit droite de la page Le po te est donc celui qui ne remplit jamais totalement la page L enseignant fait remarquer que le vers n est pas qu une unit typographique mais qu il s agit aussi d une unit rythmique Les vers ont une certaine longueur qu on d termine en contant leurs syllabes Les l ves sont invit s compter les syllabes des vers d une tr s courte fable qui a t lue La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le b uf Ils n arriveront sans doute pas toujours au m me compte ignorant les r gles li s aux di r ses et la prononciation des e caducs qui ne sont pas utiles pour l instant L important est de constater que le m me compte de 8 ou de 12 revient souvent imprimant un rythme particulier au texte qui est plus musical que la traduction en prose de Ph dre par exemple Mais La Fontame a choisi d alterner entre plusieurs m tres fait int ressant sur lequel la classe reviendra sous peu section 4 4 2 113 7 2 Les figures La po sie fait par ailleurs une utilisation particuli re du langage Les mots y sont plus que des outils servant d signer les choses du monde Elle fait en cons quence une utilisation massive des figures qui sont ces formes langagi res qui font appel limagnation et l afl ctivi et qui s cartent de l expression ordinaire ou commune des id es d
308. r Piolat 2002 faire de la recherche documentaire signifie utiliser des techniques qui permettent de s lectionner l information dans un fonds documentaire structur en fonction de crit res et d objectifs p 11 Nous avons donc commenc par circonscrire un fonds documentaire structur et pertinent organis autour de deux types de publications des articles de p riodiques et des actes de colloque Comme notre objectif tait de r unir des propositions didactiques concr tes propositions d analyses d activit s ou de s quences mener en classe nous avons s lectionn quatre des principales revues scientifiques et professionnelles en didactique du fran ais qui se d marquent par leur souci de la pratique savoir Enjeux Recherches Rep res et Le Fran ais aujourd hui dont nous 30 avons d pouill les publications de la derni re d cennie 2000 2009 Nous avons en outre s lectionn les actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures intitul es Enseigner les litt ratures dans le souci de la langue dont le th me touchait notre objectif de recherche de si pr s qu ils s imposaient d eux m mes Le choix de couvrir la derni re d cennie par cette exploration documentaire n a pas t motiv que par des raisons d ordre pratique En efft on pouvait supposer que cet intervalle particuli rement offrait des r flexions touchant aux liens possibles entre enseignement de la
309. r les lettres en particulier mais ce cours de fran ais de quatri me secondaire apparaissant comme un puits de lumi re au milieu d une formation scolaire o le livre tait le grand absent f t pour moi comme la r v lation d une vocation mon admission l universit j tais donc anim e par une ambition claire je voulais enseigner le fran ais au secondaire pour faire lire des textes litt raires et partant faire vivre des exp riences langagi res esth tiques affectives et morales des adolescents Je croyais alors que l apprentissage de la langue se f rait de lui m me en filigrane de l ducation litt raire par impr gnation en quelque sorte Or lors de mes tudes de baccalaur at o j ai entre autres mis le pied dans les sph res de la linguistique et de la didactique j ai pris conscience de l int r t d tudier la langue pour elle m me et de l importance de l enseigner explicitement pour permettre aux l ves d en attendre la maitrise J ai alors commenc sentir que l enseignant de fran ais se voyait au fond confier deux missions en tension l une avec l autre une mission plus fonctionnelle centr e sur le d veloppement des capacit s langagi res et une mission culturelle dont la litt rature se faisait l embl me mais laquelle l enseignement de la langue comme objet culturel pouvait aussi participer Entretemps anim e par ma passion de la litt rature et la volont de
310. rammaticales cf notamment Cauterman et Daunay 2008 Tomassone 2003 llouf 2001 ou litt raires cf notamment Van Beveren 2010 et Renaud 2010 plut t qu l appropriation des uvres elles m mes Pour faire image on pourait dire en paraphrasant Langlade 2010 qui critiquait ce qu il observait chez plusieurs stagiaires qu on oublie trop souvent la Princesse en route cf supra Cependant les auteurs qui insistent l nverse sur l importance de l appropriation subjective ou de linterpr tation des uvres int grales qui veulent faire revenir la Princesse n instrumentalisent peut tre pas le texte litt raire mais restent souvent tr s vasifs sur le travail qui peut tre fait en langue Par exemple Langlade 2010 qui promeut pour enseigner la litt rature dans le souci de la langue une perspective interpr tative orient e par l investissement subjectif p 198 et qui propose un dispositif consistant confronter La Princesse de Cl ves et une adaptation contemporaine soutient que la confrontation permet de mettre en vidence les caract ristiques lexicales syntaxiques stylistiques et culturelles de Pun et de l autre texte p 196 sans dire en quoi consistent ces caract ristiques Lusetti 2008 qui plaide pour les lectures promenades laissant place aux r actions subjectives propose de faire place des s ances 3 Sur ce sujet se r f rer la section suivante o nous
311. ran ais car elle permet que le travail en grammaire au sens large du terme en lecture en criture et en communication orale soit articul dans un m me projet une m me activit ou une m me s quence d enseignement afin que les l ves per oivent les relations entre ces apprentissages et le d veloppement de leurs capacit s langagi res Bilodeau amp Chartrand 2009 p 79 Cette d finition devrait tre modifi e pour tre totalement op rationnelle dans le cadre de notre r flexion d abord il faudrait bien s r r introduire la litt rature cart e par Bilodeau et Chartrand au rang des composantes du fran ais parce qu elle a des contenus et des 5 Pour ces derniers la litt rature figure parmi les diverses pratiques langagi res Pourtant Schneuwly 2007 qui d fend aussi l id e de concevoir les pratiques langagi res comme une composante part enti re de la discipline fran ais et de les articuler l enseignement de la langue affirme que la litt rature n en fait que partiellement partie et qu elle constitue elle m me une composante de la discipline qui a ses objets propres Ce qui est en jeu ici c est la conception de la configuration de la discipline pour laquelle il n existe pas de consensus en didactique du fran ais La conception traditionnelle tait fond e sur le couple langue litt rature Simard 1997a Rosier amp Dufays 2003 Mais certains chercheurs ont c
312. ran ais sont rares en didactique et parmi les diverses propositions existantes aucune ne semble pleinement satisfaisante pour r soudre le probl me pr cis de l articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature en classe de fran ais Un mod le r cent esquiss par Chartrand et Boivin 2004 lors du 9 colloque de PAIRDF pourrait toutefois nous servir d appui pour concevoir notre propre mod le Il devrait cependant tre adapt notre objet ce qui exigerait notamment de modifier le statut du genre principe organisateur unique dans leur mod le Destin donner une base th orique l articulation des activit s m talinguistiques aux activit s discursives en classe de fran ais ce mod le construit selon l approche syst mique est notre avis le plus prometteur puisqu il est le plus holiste et qu il tente de pallier les lacunes des mod les existants par exemple le mod le dichotomique d activit s d expression et de structuration h rit de Maitrise du fran ais 1979 le mod le ternaire contextualisation d contextualisation recontextualisation de Merieu ou encore celui plus d velopp et valid exp rimentalement des s quences didactiques de COROME Dolz Noverraz et Schneuwly 2001 Chartrand amp Boivin 2004 p 2 Nous aurions aussi pu consid rer la proposition didactique de Reuter 1992 1996 qui consiste distinguer nettement enseignement du fran ai
313. rche sur l enseignement et la culture GREC qui s int resse au rapport la culture des enseignants de fran ais du secondaire a proc d une s rie d entretiens individuels semi dirig s n 32 et des captations vid o n 10 de s quences d enseignement dont les transcriptions ont t r duites et analys es gr ce un outil m thodologique mis au point par le GRAFE le synopsis Les entretiens et les 14 Rosier amp Dufays 2003 soutiennent que c est le cas dans l ensemble de la francophonie 15 Ce groupe de recherche dont nous sommes membre est dirig par rick Falardeau et Denis Simard 21 observations semblent indiquer qu une coupure entre enseignement de la langue souvent associ au volet technique du fran ais et enseignement de la litt rature souvent identifi comme le volet culturel du fran ais existe dans l esprit de plusieurs enseignants et se r percute par un fort cloisonnement dans certaines pratiques Par exemple dans les s quences film es l enseignant P21 qui enseigne dans une cole rurale d favoris e de la r gion de Qu bec adopte une approche fortement cloisonn e o des s ances de lecture voix haute d une uvre litt raire sont nettement s par es d un travail d contextualis sur le vocabulaire listes de mots extraits des S lections du Reader s Digest ou sur un fait grammatical document th orique sur la subordonn e relative P32 qui enseigne
314. re mais spiralaire terme qui d signe pr cis ment cette imbrication de deux types d interactions Ainsi il ne s agit pas simplement de faire passer des savoirs issus des disciplines universitaires vers la classe mais de consid rer les contraintes et les imp ratifs de la classe elle m me quitte se permettre de prendre des libert s par rapport aux outils th oriques que la didactique peut se r approprier et donc adapter ses propres fins Fid le Pesprit de la recherche didactique selon Barr De Miniac anim e par le souci de la classe notre recherche ne pr sente pas moins une dominante th orique ou 1 C est ce dialogue que nous appelons de nos v ux la fin de notre probl matique cf supra que nous avons tent de cr er avec notre recherche 20 Ainsi ce qui pourrait tre consid r par des sp cialistes comme des approximations th oriques discutables cf notamment dans notre s quence sur La Fontaine la section sur les sources et sur la stylistique nous a t dict par le souci des l ves plus que par celui de l ad quation auxrecherches savantes 28 sp culative au sens de Van der Maren 1995 La recherche sp culative se d finit comme un travail de Pesprit produisant des nonc s th oriques partir et propos d autres nonc s th oriques Van der Maren 1995 p 134 Elle se distingue de la recherche empirique non pas par sa vis e de th orisation que parta
315. re cr ative qui vise faire 105 Le choix des objets d analyse la psychologie probl matique du personnage narrateur la neutralit et le caract re d pouill du style cherche respecter l id e d un quilibre entre l tude des particularit s de l uvre et l tude des caract ristiques g n riques Les analyses concerneront des cat gories g n rales des genres narratifs personnages narration etc et permettront d outiller les l ves pour la lecture de romans en particulier de romans modernes on sait en effet qu une des voies qu a emprunt e le roman moderne l a men vers une criture plus transparente le degr z ro dont parlait Barthes 1953 et vers la d construction du personnage comme entit fondamentalement psychologique pensons la dissolution du personnage tent e par les auteurs du Nouveau roman et aux d fis que cela a pos s pour la narration qui correspondent certains des choix esth tiques de L tranger En fait Camus est l un des pr curseurs de cette criture criture ayant notamment subi les influences du journalisme qui imprime sa marque la litt rature depuis le XIX si cle et qui compta dans ses rangs le jeune Camus avant qu il ne devienne crivain avec les romanciers am ricains d inspiration behavioriste Camus d ailleurs affirme lui m me avoir emprunt la technique am ricaine entrevue accord e en 1945 cit e dans Pingaud 1992 ce qui pr
316. re loup et sire renard etc Le renard est tour tour d sign comme le dr le ou le galant c est dire dans un sens ancien comme un homme malin rus et coquin Les synonymes dogue m tin viennent aussi la rescousse de celui qui ne veut pas r p ter le chien le chien le chien comme le font aussi les p riphrases dans plusieurs fables cf section 4 3 2 3 Plusieurs reprises par association reprennent le GN d signant ces animaux en renvoyant plut t une partie de leur physionomie cou queue oreille museau 9 Plaire l il l illustration Tous les l ments linguistiques textuels et po tiques qui viennent d tre explor s et qui rendent les Fables si vivantes sont sans doute quelque part la source du d sir de nombreux illustrateurs au cours de l histoire de donner de la chair ces animaux de repr senter ce troupeau grouillant et bigarr au point de faire des Fables de La Fontaine l uvre la plus illustr e de la litt rature fran aise Les Fables d s leur premi re dition ont t illustr es ce qui les inscrivait dans la longue tradition des fables bestiaires et ysopets antiques et m di vaux dont lilustration est pratiquement une caract ristique g n rique Canvat et Vandendorpe 1993 L illustration peut tre surtout dans le cas des Fables n est pas qu une d coration innocente si l on d couvre souvent les Fables durant la prime enfance c
317. relevant de la langue et l enseignement de la grammaire en dehors des pr occupations litt raires Il faudrait imp rativement faire dialoguer les recherches C est ce que nous nous proposons pour tenter de restaurer les liens entre langue et litt rature dans l enseignement secondaire Comme nous l avons dit et comme le rappelle Daunay 2007a la relation entre ces composantes avait dans l ancienne configuration un caract re vident et naturel l enseignement de la langue et celui de la litt rature concouraient dans Pesprit des enseignants aux m mes finalit s ducatives et le texte litt raire tait con u comme la manifestation d une langue parfaite Bien s r cette conception naturalisante ne saurait tre r habilit e telle quelle aujourd hui Un coup d il aux crits de Pierre Clarac qui condensent pour plusieurs l enseignement traditionnel id suffit pour s en convaincre Le professeur de fran ais doit d abord enseigner le fran ais habituer ses l ves s exprimer correctement et justement leur r v ler les ressources infinies que leur offre leur langue maternelle Il doit aussi former leur jugement et leur gout leur apprendre bien conduire leur pens e et reconnaitre le Beau sous ses formes changeantes Ces deuxt ches en fait sont troitement li es la grammaire et les lettres se pr tent un mutuel appui C est dans les grandes uvres de notre litt rature que l
318. remi re partie cf supra n accorde pas plus d importance des choses comme lamour le mariage l amiti le travail dieu etc qu une envie d aller se baigner L enseignant demande aux l ves de rep rer en petits groupes des passages qui r v lent que Meursault ne respecte pas la hi rarchie entre les choses ou l chelle de valeurs qui guide g n ralement les autres humains comme si tout se valait pour lui Chaque groupe travaille sur un chapitre diffrent et identifie certaines manifestations de ce nihilisme qui peuvent tre explicites ou implicites dans le texte qui peuvent relever tant de ce qui est dit ex a m tait gal que de la fa on dont les choses sont rapport es sans tri avec une 116 abondance de d tail inutiles comme si tout tait galement important rapporter ou que de l attitude g n rale du personnage implicite L enseignant circule entre les quipes 116 Cet aspect a d j t bri vement abord dans l activit d analyse de la narration 175 et les guide par le questionnement Voici des exemples de manifestations que pourraient identifier les l ves ou sur lesquelles l enseignant pourrait attirer leur attention e Toutes les occurrences des expressions a m est gal ou a n a pas d importance propos de valeurs g n ralement consid r es comme importantes amiti amour mariage r ussite professionnelle Dieu long vit Notamment pp 17
319. res de La Fontaine sope et Ph dre 70 Parmi ses sources La Fontaine insiste sur sope et Ph dre en particulier Nous pensons qu il est pertinent d introduire en d but de s quence ces sources de La Fontaine 67 Grande question laquelle nous n esp rons pas que les l ves du premier cycle du secondaire r pondent clairement Il s agit simplement de susciter un questionnement 68 Cette r action possible qui nous avait d j t sugg r e par Cautermann Darras et Vanseveren 2007 qui ont travaill autour des Fables en classe de sixi me a aussi t observ e par l auteure dans une classe de remi re secondaire 2 L enseignant peut mentionner que certains de leurs artistes pr f r s reprennent ce qui a t produit par d autres cf simplement le ph nom ne courant des chantillons dans la musique populaire 70 On sait que celles ci sont multiples et que toutes ne sont pas connues Seulement du c t des fabulistes dont il se r clame explicitement on compte en plus d sope et de Ph dre d autres anciens dont Babrius ou 110 puisque les textes d sope et de Ph dre particuli rement concis sans ornementation particuli re surtout dans le cas d sope peuvent notre avis servir de prop deutique la lecture des fables de La Fontaine Les l ves sont charg s en devoir ou lors d un passage au laboratoire informatique de trouver quelques informations sur ces auteurs
320. res du tribunal Meursault apparait comme authentique vrai Il ne dit que ce qui est simplement quitte dire les v rit s qu il sait susceptibles de le faire condamner Il ne joue pas ne ment pas n exag re ou ne d guise rien contrairement aux avocats qui travestissent les faits leur donnent un sens fabriqu Meursault aurait m me pr m dit son crime L enseignant peut ensuite demander aux l ves quoi leur fait penser ces diverses allusions au th tre et les aiguiller vers ces d cors dont parlait Camus dans Le Mythe de Sisyphe et qui peuvent tout d un coup s crouler et cesser de nous masquer la v rit sur le sens de notre vie Si toute la soci t donc tait un grand th tre un grand tribunal burlesque Si les magistrats de L tranger n taient pas les seuls jouer le jeu pour Camus si la soci t au grand complet tait un vaste th tre o l on se meut dans des d cors que l on refuse de voir comme tels L enseignant demande aux l ves d imaginer cela un instant et de dire ce qui leur avis peut servir de d cor dans notre propre soci t ce que pourraient tre les mensonges que la soci t comme le tribunal se construit pour se cacher l absurdit de l existence humaine et se donner l illusion rassurante que la vie a un sens et qu il y a une bonne fa on de vivre Autrement dit qu est ce qui nous laisse croire qu il ne faut pas voler qu il faut tra
321. rgumentative morale bien trouv e porte l action ou la r flexion Dimension po tique disposition en vers rimes Reprise de l information reprises et proc d s de reprise vari s Vocabulaire riche et vari voquant le lexique de La Fontaine recourir votre Erreurs de langue syntaxe dont la ponctuation orthographes lexicale et grammaticale Cette activit de r investissement peut donner lieu de petits chefs d uvre nous en voulons pour preuve ces quelques pastiches r alis s par des l ves de premi re secondaire durant l ann e scolaire 2010 2011 dans lesquels les clins d il plusieurs fables de La Fontaine et la r utilisation de nombreux mots et tours tr s lafontainiens de Pinfinitif de narration aux inversions montrent qu il est bien possible d amener des l ves du premier cycle s approprier au moins en partie cette uvre immense 7 Canvat et Vandendorpe 1993 insistent sur cette structure duale 138 LE GU PARD ET LA GAZELLE Un jour un gu pard vit une gazelle et tenta de la manger Mais cest alors que la Belle lui proposa un march Testons votre vitesse et urons Si je emporte point de festin Vous partirez et sinon vous pourrez manger votre faim Le gu pard accepte sans h siter son id e est faite il va gagner On fixe l heure du d fi De juges de d tails Pon fait fi Et voil que la
322. rnale dans laquelle prend place la trag die Il leur dit qu ils d couvriront par quels moyens langagiers Camus cr e cette atmosph re Il leur demande pour ce faire de rep rer partir de la premi re rencontre la source pp 89 95 les mots qui d signent la nature et qui se r partissent th matiquement autour des quatre l ments classiques la terre l eau le feu et Pai Les l ves en petits groupes doivent aussi tenter de rep rer les figures de style surtout des m taphores construites autour de ces l ments 114 Si besoin est l enseignant peut rappeler aux l ves que les figures sont des formes langagi res qui font appel l imagination et l affectivit et qui s cartent de l expression ordinaire ou commune des id es des sentiments Aquien 1993 La figure est un emploi original d un mot ou d une combinaison de mots qui donne plus d expressivit et a un effet soit sur la sonorit la syntaxe ou le sens des termes La m taphore rel ve d une analogie tablie entre deux r alit s diff rentes mais qui poss dent des caract ristiques communes permettant le rapprochement Contrairement la comparaison l outil comparant n est pas exprim ce qui provoque l effet d un impertinence s mantique prise au pied de la lettre la m taphore exprime une impossibilit Le soleil se brisait en morceaux 169 FLAures Nous avons march longtemps sur la plage Le soleil tait
323. rrons la vari t est en un sens inh rente au genre de la fable mais chez La Fontaine elle s immisce sur tous les plans comme un souffle de vivacit qui impr gne Pint gralit de son criture 8 1 Les s quences textuelles Comme le rappellent Canvat et Vandendorpe 1993 la plupart des genres actualisent plusieurs types de textes la fois formant donc un m lange h t rog ne de s quences textuelles qui correspondent divers types m lange organis autour d une s quence dominante qui ench sse les autres La fable se distingue par le fait qu elle implique forc ment plusieurs s quences de types diff rents malgr sa grande bri vet D une part la 74 La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le b uf 75 Le Lion et le rat 76 Le Loup et l agneau 77 Le Li vre et la tortue 78 La Mort et le b cheron 1 Les Animaux malades de la peste 80 Le Soleil et les grenouilles 8l Le Renard les mouches et le h risson 8 Le Loup et le renard 120 fable en tant que r cit all gorique pr sente n cessairement une s quence narrative D autre part la moralit qu elle v hicule lui conf re une port e argumentative Par ailleurs chez tous les fabulistes et chez La Fontaine en particulier des s quences dialogales sont ins r es dans les r cits Si l on consid re comme nous le sugg re La Fontaine que le r cit sert d exemple appuyant la morale qu il est un moyen de persuasion en ce que
324. rs de lexploration documentaire cf supra peut devenir une activit m tatextuelle qui permet d explorer les exigences et les possibilit s de la langue et de d couvrir les caract ristiques des textes litt raires lus cf notamment Jay 2010 Colognesi et Deschepper 2010 Larat 2010 Denizot 2003 Par ailleurs comme le rappelle Daunay 1993 ele implique non seulement l analyse de l criture de ces textes que celle des repr sentations du monde qu ils appauvrie Par ailleurs on voit mal comment cette approche peut s accorder avec la d fense que font pourtant les auteurs d une dignit du litt raire comme moyen propre de connaissance de soi m me et du monde p 152 cf notre crit re r f rentiel Dor navant nous emploierons cette expression pour d signer ce que que certains nomment criture d invention criture litt raire ou criture de fiction Genre scolaire consacr en France l criture d nvention ne saurait tre d sign e sous cette appellation au Qu bec o la notion d inventio ne fait pas partie de la tradition scolaire Par ailleurs le terme criture litt raire employ entre autres par le MELS conf re un statut ambigu aux textes des l ves et rel ve d une d finition trop partielle de la litt rature En effet comme nous l avons dit la litt rarit du texte lui est en partie ext rieure elle poss de une dimension sociohistorique institutio
325. rsault Il est noter que ce qui pr c de est donn titre d indication de ce qui peut ressortir du travail sur les images Ce sont des pistes interpr tatives Il s agit d amener les l ves faire une incursion dans le monde de la connotation et des images pour tenter de d crire l effet des assemblages de mots saisissants imagin s par Camus 12 Lecture individuelle des chapitres concernant le proc s et criture dans le journal dialogu Les l ves lisent la seconde partie du roman en s arr tant avant le dernier chapitre Pendant la lecture ils notent leurs r actions dans leur journal Questions Qu est ce qui te frappe dans ces chapitres Es tu d accord avec l interpr tation que livrent les avocats du comportement de Meursault et avec le jugement Quelle r action motive as tu eue la suite de ce jugement Trouves tu qu un homme comme Meursault est dangereux pour la soci t Qu est ce qui te frappe dans le discours des avocats dans les mots qu ils utilisent leur ton leur attitude ton avis comment va se terminer ce roman 13 coute de la lecture du dernier chapitre et criture dans le journal dialogu Apr s le partage des impressions l enseignant propose aux l ves d couter le dernier chapitre Comme chapitre pivot le dernier chapitre tranche avec le reste du roman Cette fois c est l apathie du personnage principal qui c de le pas la col re devant l aum nier e
326. rsonne d un narrateur ibid p 241 l imparfait et le plus que parfait Le discours renvoie quant lui toute nonciation supposant un nonciateur et un destinataire discours oraux de toute nature et de tout niveau mais aussi crits reproduisant des discours oraux ce plan d nonciation peut recourir tous les temps sauf au pass simple forme typique de l histoire mais il recourt en particulier au pass compos pour rapporter les 183 v nements pass s ibid Le pass compos fonctionne donc dans l ordre du discours comme le pass simple dans l ordre de l histoire mais ils n ont pas le m me efft comme il le fait dans le discours oral forc ment rep r par rapport la situation d nonciation le pass compos tablit dans tout discours m me crit un lien vivant entre l v nement pass et le pr sent o son vocation trouve place C est le temps de celui qui relate les faits en t moin en participant c est donc le temps que choisira quiconque veut faire retentir jusqu nous l v nement rapport et le rattacher notre pr sent ibid p 244 Le rep re temporel du pass compos est donc le moment du discours alors que celui du pass simple est le moment de l v nement rapport id En fai en l absence de rep rage par rapport au moment de l nonciation les formes de pass simple servent elles m mes de rep re celles qui suivent M
327. rticiper cette formation culturelle Cela impliquerait d une part de reconnaitre que l tude du fonctionnement interne et 189 externe de la langue les r gularit s de son syst me mais aussi ses variations dans le temps l espace et la soci t pr sente un int r t en soi et d autre part de remettre l tude de la langue en rapport avec les productions culturelles dans lesquelles elle s actualise parmi lesquelles la litt rature occupe une place de choix Cette derni re exigence appelle donc entre autres la n cessit de cr er des liens entre l enseignement de la langue et l enseignement de la litt rature La cr ation de ces liens comme nous avons tent de le montrer pourrait prendre appui sur un mod le d articulation dont le cadre serait la s quence didactique et dont le principe d articulation serait double Dans ce mod le l enseignement de la litt rature et l enseignement de la langue gardent une autonomie relative dans la classe de fran ais on reconnait leurs sp cificit s mais on cr e des ponts entre ces composantes en consid rant d une part les caract ristiques g n riques qui inscrivent les uvres lues dans un genre litt raire la fable le conte la nouvelle etc et d autre part les particularit s de ces uvres qui en font la singularit en font des uvres d art sign es Ces l ments concernent en grande partie la dimension langagi re du texte et permette
328. s d enseignement apprentissage ibid p 4 Les deux auteurs illustrent l application de leur mod le par une s quence didactique qui s inscrit dans une progression spralaire et qui articule les activit s m talinguistiques des activit s de lecture et d criture de notes critiques d ouvrages documentaires Les activit s m talinguistiques de la s quence cherchent faire d couvrir travers des d marches actives et euristiques ibid p 8 les caract ristiques linguistiques de ce genre de texte savoir la concision atteinte gr ce des nommalisations des phrases construction particuli re certains signes de ponctuation et la forte modalisationn adjectifs connot s adverbes d intensit auxiliaires de modalit Elles s ins rent dans des modules qui visent am liorer les capacit s de compr hension et d interpr tation en lecture de textes non litt raires id et les capacit s scripturales li es au genre note critique Les r gularit s g n riques sont au c ur de la s quence puisque pour Chartrand et Boivin faire porter les activit s m talinguistiques sur des aspects caract ristiques du genre l tude constitue la premi re condition d une articulation efficace des activit s m talinguistiques aux activit s de lecture d criture et de communication orale ibid p 7 Ce mod le est con u dans la perspective d amener les l ves maitriser des
329. s au lexique peut par ailleurs tre Poccasion de cristalliser les premi res intuitions concernant le genre de la fable L enseignant revient sur les caract ristiques g n riques num r es pr c demment par les l ves s il y en a et leur demande de confronter leurs r ponses aux textes lus Les l ves devraient pouvoir compl ter et clarifier ces caract ristiques par exemple la pr sence d animaux dou s de parole la disposition en po mes le fait qu il s agit d histoires certains noteront sans doute qu une le on est tir e de cette histoire la pr sence de dialogues Notons qu il s agit encore de crit res d finitoires tr s provisoires 3 La Fontaine par lui m me introduction du fil conducteur de la s quence Un c t moins connu des Fables est que celles ci sont largement autor f rentielles et que La Fontaine prend m me plaisir y parler de son art Ce faisant il fournit une foule d indications sur ses intentions du moins ses intentions d clar es et sur la nature de ses crits L enseignant remet aux l ves et lit avec eux la d dicace Monsieur le Dauphin MD et les vers liminaires de la fable Le P tre et le lion P amp L Il aide les l ves surmonter les difficult s lexicales notamment en recourant au contexte linguistique mais aussi les difficult s d ordre r f rentiel qui est le Dauphin et sope et Ph dre Il d cortique ces deux textes avec les l v
330. s encore les productions m diatiques les plus quotidiennes L enseignant pr cise que le succ s des Fables n a pas t que posthume qu il a t retentissant du vivant m me de l auteur durant lequel les Fables ont connu pas moins de quarante ditions ou r impressions Lebrun 2000 ce qui est exceptionnel Entre La Fontaine et nous par ailleurs ce succ s ne s est 82 C est Pouliot 2007 quia attir notre attention sur ces deuxr critures 106 jamais d menti au XVIII si cle les Fables ont t publi es une centaine de fois et ont t parmi les premi res uvres fran aises modernes connaitre la cons cration scolaire id Aujourd hui les ditions des Fables sont pratiquement innombrables et prennent les formes les plus diverses albums illustr s livres CD livres sobres ou couvertures dor es pour enfants adolescents adultes sp cialistes ou amateurs etc l enseignant aura soin d avoir en sa possession quelques ditions de toutes sortes pour montrer que le m me texte a pu tre l origme d objets forts diff rents Nul doute donc que cette uvre puisse tre consid r e comme marquante dans la perspective de l histoire litt raire et ditoriale La lecture de quelques fables sources par exemple pour reprendre les plus connues et les plus reprises La Cigale et la fourmi et Le Corbeau et le renard que l enseignant peut lire voix haute en levant les difficult s relative
331. s et Vanseveren 2007 parmi une s rie d activit s int ressantes autour des Fables de La Fontaine abordent certains ph nom nes d ordre grammatical sans jamais montrer le lien n cessaire qui les unit l tude de ces fables coh rence textuelle discours rapport s anaphores lexicales Le danger est alors toujours grand de faire simplement servir le texte l tude d un 38 Nous sommes consciente que dans la r alit notamment parce qu il faut couvrir un certain programme en grammaire cela n est pas toujours facilement r alisable 60 ph nom ne alors que l tude du ph nom ne langagier et l tude du texte litt raire devraient s clarer mutuellement L cueil de l instrumentalisation n est donc pas toujours vit et cela est surtout vrai pour les auteurs nombreux qui choisissent de ne travailler qu partir d extraits de textes litt raires Le travail en extraits en efft fait souvent de ces derniers des pr textes l acquisition de connaissances on se concentre sur des ph nom nes locaux ou r currents dans les textes ce qui peut servir l appropriation de notions litt raires ou grammaticales par les l ves mais peut difficilement servir du m me coup l appropriation de l uvre litt raire par l l ve con u comme un sujet lecteur Et justement plusieurs de ces auteurs sont ceux qui donnent nettement dans leur texte la priorit l appropriation de connaissances g
332. s et enseignement de la litt rature en reconnaissant que la litt rature puisse tre convoqu e comme adjuvant pour l enseignement de la langue et la langue comme adjuvant pour l enseignement de la litt rature Cependant outre qu elle n est pas parfaitement explicit e par son auteur cette proposition suppose qu il y aura toujours instrumentalisation de l une ou l autre dimension alors que nous voulons pr cis ment d fendre l id e qu il est possible d articuler enseignement de la langue et enseignement de la litt rature dans une m me s quence d enseignement de sorte qu un texte litt raire soit lu et tudi pour lui m me et que les ph nom nes de langue fassent l objet d analyses structur es permettant du m me coup l acquisition de concepts en langue Le mod le de Chartrand et Boivin 2004 qui r cuse l instrumentalisation fournit une base th orique plus pr s de notre conception de l articulation des composantes du fran ais Il s inscrit dans la perspective du mod le didactique du genre p 6 et prend donc appui sur un genre de texte particulier Il repose sur l id e que le travail sur les 90 r gularit s discursives textuelles linguistiques des textes d un m me genre dote les l ves de mod les discursiff qui accroissent leurs capacit s langagi res Le cadre organisateur du mod le est la s quence didactique con ue comme ensemble finalis et organis d activit
333. s revues scientifiques et professionnelles en didactique du fran ais revues susceptibles d offrir de telles pistes pour la classe savoir Enjeux Recherches Rep res et Le Fran ais aujourd hui dont nous avons d pouill les publications de la derni re d cennie 2000 2009 Les actes des 11 rencontres des chercheurs en didactique des litt ratures auxquelles nous venons de faire allusion se sont ensuite naturellement impos s leur th me touchant notre sujet de pr s 41 La recherche de textes offrant des propositions didactiques concr tes et argument es pour articuler langue et litt rature l ordre secondaire nous a amen e s lectionner 19 articles et 13 communications visant pour la plupart directement ce niveau le coll ge pour la France le secondaire inf rieur pour la Belgique et le secondaire I pour la Suisse Quelques textes visant les ordres primaire ou coll gial le lyc e le secondaire sup rieur ou le secondaire I ont aussi t retenus lorsqu il nous semblait possible de transposer les principes et les activit s propos s au secondaire qu b cois L analyse et l organisation des donn es r colt es nous ont permis de constater que la plupart des propositions recens es s inscrivent dans la r flexion suscit e par la prescription relativement r cente dans les programmes fran ais de certaines approches la s quence didactique l observation r fl chie de la langue et l criture d invention
334. s servir former l esprit des jeunes leur jugement leur caract re ainsi qu les int grer leur communaut culturelle tout en les ouvrant aux cultures trang res Comme ces fonctions sont tributaires des valeurs que v hicule la litt rature l enseignement litt raire se trouve mis en relation avec des domaines ext rieurs la morale bipartition langue litt rature accus e d occulter la diversit des objets enseignables et de faire la part trop belle la litt rature Rosier amp Dufays 2003 p 8 13 Parmi lesquels il range l organisation selon le couple langue litt rature selon les quatre grandes capacit s de communication selon les niveaux de la langue selon les comp tences langagi res 20 l histoire la psychologie et la sociologie notamment et moins avec le mat riau de base de la litt rature c est dire la langue en tant que telle Simard 1997a p 200 Rosier et Dufays 2003 rappellent que cette situation n est pas propre au Qu bec Pour eux la litt rature qui servait aussi autrefois d instrument privil gi pour enseigner la langue est aujourd hui r duite dans l ensemble des pays francophones une forme d enseignement civique ou moral n cessaire mais insuffisant id Aron et Viala 2005 abondent dans leur sens parce qu il est un lieu o la langue est en travail et qu il s inscrit au secondaire dans l ensemble plus large de l enseignement du fran
335. savoirs et savoir faire n cessaires la maitrise de la langue standard orale et crite grammaire lexique orthographe proc d s d organisation des textes de la communication courante dans l autre la litt rature ses structures ses th mes son histoire son institution Simard 1997a Le couple a donc surv cu dans les esprits la reconfiguration de la discipline fran ais seulement les relations entre les membres du couple ne vont plus n cessairement de so De naturelles qu elles taient m me si l enseignement demeurait relativement cloisonn dans une cole o la langue des grands auteurs tait la norme viser elles sont devenues probl matiques avec l arriv e des avanc es de la linguistique dans les classes et louverture du corpus scolaire l ensemble des textes disponibles L observation des programmes montre en effet que langue et litt rature entretiennent aujourd hui des liens plut t t nus au sein de la discipline fran ais D une part l enseignement de la norme linguistique n appelle plus le recours la langue litt raire D autre part comme le souligne Simard tout en reconnaissant l int r t des approches externes des uvres litt raires qui mettent en relief la dimension id ologique du langage les programmes scolaires incluent la litt rature en bonnepartie cause de sa port e intellectuelle philosophique et civique Les uvres litt raires sont cens e
336. se de fran ais sans n gliger la connaissance du fonctionnement de la langue et le d veloppement optimal des capacit s langagi res des l ves C est pourquoi j ai d cid de faire une maitrise en didactique du fran ais r unissant dans une codirection une sp cialiste de l enseignement grammatical Suzanne G Chartrand et un sp cialiste de l enseignement litt raire rick Falardeau Mon travail de recherche a donn lieu l criture de ce m moire qui se divise en deux grandes sections la premi re section constitu e de la probl matique de la m thodologie et des assises th oriques vise examiner la place de la langue et de la litt rature dans l enseignement du fran ais les rapports qui existent entre elles et les d marches susceptibles de renforcer ces rapports Elle vise aussi d finir les concepts et les principes th oriques sur lesquels l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature et leur articulation dans l enseignement secondaire pourraient prendre appui La seconde section comporte quant ele une vis e prax ologique ele propose une illustration de l application qu on pourrait faire des principes ainsi d finis dans une classe Dans la toute premi re partie intitul e probl matique nous rassemblons les l ments d un tat des lieux de l enseignement de la langue et de l enseignement de la litt rature au Qu bec Un regard sur les rapports entre cole et soci
337. ser de but dans la vie L usage du pass compos qui ne pr suppose pas d ordre logique ou temporel entre les actions converge de fait avec la th orie de l absurde les actions de Meursault n entrent pas dans une chaine causale ne sont pas dirig es vers un but pr cis puisque Meursault n a pas de but ne vit que pour le moment pr sent chaque action ne cause donc pas la suivante Haute voltige philosophique et linguistique pour des l ves certes mais rappelons que cette activit en est une d enrichissement et qu il tait difficile de ne pas explorer le c l bre pass compos de L tranger dans un travail destin redonner une place centrale aux diverses caract ristiques linguistiques des textes litt raires 187 CONCLUSION DE LA S QUENCE Cette s quence qui vise amener les l ves consid rer diverses dimensions de L tranger de Camus son historicit ou son inscription dans la production litt raire ses dimensions esth tique et r f rentielle mais aussi ce qu elle convoque chez son lecteur tant sur les plans axiologique et affctif qu intellectuel a comme pivot la vision du monde qui s y exprime La langue y est abord e sous plusieurs aspects lexique syntaxe texte discours stylistique dans le cadre d activit s d analyse structur es Les ph nom nes de langue ainsi tudi s modalisation m canismes de jonction de phrases syntaxiques valeur des temps figures sont en parti
338. singuliers grammaire lecture criture et ventuellement ora ou appartenant une poque un courant un genre particuliers dans le cadre d une s rie de cours li s entre eux permettrait de Donner sens l activit grammaticale Renvois 2008 Donnant en exemple une s quence sur le Moyen ge litt raire r alis e en cinqui me Renvois soutient que des activit s de description et d analyse linguistique peuvent aussi tre r alis es partir des probl mes rencontr s dans des productions crites d l ves productions nourries par des lectures et des analyses lexicales dans des textes du Moyen ge en amont et apparaitre ainsi aux l ves plus signifiantes du fait qu elles r pondent aux n cessit s de la construction du sens du texte et de r els besoins dans son laboration crite Renvois 2008 p 100 Ainsi l tude de notions grammaticales importantes inscrites aux programmes de cinqui me travail sur les reprises la combinaison des temps dans un r cit au pass les d ictiques est couverte mais toujours en contexte 27 Quelques auteurs mentionnent que le m me travail pourrait se faire en lien avec l oral mais plut t allusivement il est alors question d oralisation de textes Suffys 2007 Cauterman Darras et Vanseveren 2007 ou de r flexion sur la langue orale travers des textes qui la miment Laurent 2004 Mercier 2007 Certains dont Gaudin Inisan et Tourigny
339. soci t pr sente un int r t en soi et l id e que la langue qui s actualise dans des productions culturelles doit tre mise en rapport avec celles ci Parmi ces productions culturelles nous nous int resserons en particulier aux productions litt raires puisqu elles jouent un r le de premier plan dans la r alisation du grand projet normatif de l cole comme le nomme Fabre 2003 la litt rature 71 traditionnellement consid r e comme le domaine par excellence de l ducation culturelle doit de ce fait avoir une place particuli re dans une r flexion sur la discipline fran ais et ses articulations 1 1 2 La litt rature et les finalit s de l enseignement de la litt rature Si nous nous sommes risqu e offrir une d finition du concept de langue nous serons plus prudente pour ce qui est de la litt rature En effet nous ne pr tendrons pas r gler ici une question qui hante le paysage th orique depuis si longtemps une question laquelle se sont collet s les plus grands et qui re oit tant de r ponses diverses qu elle finit par passer pour insoluble Comme le rappelle Daunay 2007a on ne saurait ignorer le statut ontologique un peu particulier de ce concept de litt rature qui d joue toute d finition de la part de ses sp cialistes p 151 en raison de la difficult de passer d un corpus un concept Malgr tout la suite de Dufays et al 2005 et de Compagnon 1998 no
340. ssssssssesseessessessesssesresressesseserssesse 132 HSE SANS d p st RE Re nr A E EAE 134 APRES TA TECTORE danser nee dre nent dou MS et n ne anne a RUES mr LAS 135 122 Fables mises En Vo Run Lane ant Re Ts A E A ne 135 13 Boucler la boucle retour la r criture 136 CONCLUSION DE LA S QUENCES en maintien a tn fine 139 S QUENCE DIDACTIQUE AUTOUR DE L TRANGER D ALBERT CAMUS POUR LA CINQUI ME SECONDAIRE us nn M nl nes te 140 PR SENTATION G N RALE DE LA S QUENCE us cuneeecescnneeecensnneeesssneeeseeeeneeesenneesesne 140 1 Justification du choix de FEVER ET ee A a tn 140 2 Fil conducteur de la S QUENCES ne a No 140 3 Principaux outils ou dispositifs didactiques utilis s ss nnsssnseesesssessesseossesssseesseeseese 140 PR SENTATION DU D ROULEMENT DE LA S QUENCE suisse sesceneeesennneeeesseneeeeeseeneessnnne 141 AVANTILA LECTURES dr nn Re terne een ta Se lt di re ns tt a 141 1 Pr sentation du roman par l enseignant 141 2 D couverte des premi res lignes du roman items 142 3 Premi res r actions dans le journal dialogu ns sesssseseesesseeseessrossessresresseeseesresseesess 142 4 Comparason de TES um nids basant nn RE AKSR VRT EN DENERA S 143 5 Identification de la question centrale du texte nsssoeseseeseesseessessessessrsseessessessresseesee 144 PENDANT A OTUR a A A nd E E EON 144 6 Lecture individuelle des cinq premiers chapitres et cr
341. t dans e La a sur lader et_c tait omme une longue lame RENE qui m atteignait au front Au m me instant la sueur amass e dans mes sourals a coul d un up sur les paupi res et les a re uvertes d un voile ti de et pais Mes yeux taient aveugl s derri re rideau de larmes et de sel Je ne sentais plus que les mbales du Soleil sur mon front et indistinctement le glaive datant Hi du uteau toujours en fa de moi Cette p e rongeait mes dls et fouillait mes yeux douloureux C est alors que tout a vadll La Iel charri un pai m a sembl que le del s ouvrait sur toute son tendue pour laisser s est tendu et jai crisp ma main sur le revolver La g chette a d jai touch le ventre poli de la osse et cest l dans le bruit la fois sec et assourdissant que tout a ommen J ai se u la sueur et le soleil J ai compris que j avais d truit l quilibre du jour le silen ex ptionnel d une plage o j avais t heureux Alors j ai tir encore quatre fois sur un rps inerte o les balles s enfon aient sans qu il y par t Et tait omme quatre ups brefs que je frappais sur la porte du malheur Dans un retour en pl ni re l enseignant am nera les l ves faire ressortir les liens que tissent les figures entre les l ments Proc dant d abord par modelage l enseignant attire l attention sur certaines m taphores notamment la pluie aveuglante qui tombe du ciel
342. t et un survol historique en deux temps mettent en lumi re la place occup e par ces enseignements et la fonction qui leur a t attribu e dans les programmes et dans la pratique enseignante Ils montrent que l cole a eu tendance favoriser la dimension fonctionnelle de l enseignement du fran ais au d triment de sa dimension culturelle r duisant pour un temps l enseignement de la langue un enseignement grammatical instrumental et occasionnel et minorisant l importance de la litt rature La plus r cente r forme de l ducation au Qu bec qui reposait en principe sur une volont de rehaussement culturel a donn lieu la parution de programmes o les lacunes et les impr cisions transforment pour paraphraser Falardeau 2003 les grandes ambitions initiales en r alisations timor es Par ailleurs les relations entre langue et litt rature semblent aujourd hui probl matiques l cole Alors que la litt rature servait autrefois d instrument privil gi pour enseigner la langue les textes litt raires sont aujourd hui rarement mis en rapport avec leur mat riau de base Pourtant une articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature pourrait permettre de faire plus de place aux textes litt raires en classe comme l exigent notamment les derniers programmes sans minorer la place de la langue Cela pourrait en outre contribuer redonner l enseignement de cette derni
343. t un travail eff ctu au primaire sur la ponctuation noire et blanche apparemment aberrante employ e par des l ves dans des cr ations po tiques Par ailleurs lier langue et litt rature par le biais de la production crite n implique pas n cessairement que la langue observ e soit celle de l l ve Il serait possible de faire observer celle des auteurs en se servant de l criture pour mieux y parvenir En d autres termes on peut faire d couvrir les caract ristiques linguistiques d un texte litt raire travers la production d crits cr atifs dimension n tatextuelle C est un autre des objectifs qu accordent plusieurs auteurs ce qu ils nomment tant t criture d invention notamment Denizot 2003 criture cr ative Renaud 2010 ou criture litt raire notamment Dispy et Dumortier 2009 Dispy 2010 Deronne 2010 L criture se fait alors adjuvant en quelque sorte de la lecture litt raire elle devient un troisi me terme permettant d associer l enseignement litt raire et le souci de la langue Renaud 2010 Par exemple les pastiches les textes crits la mani re de ou la place de cf infra permettent de mettre en vidence certaines caract ristiques linguistiques du texte source dans un dispositif exp rimental Jay 2010 invite des l ves du primaire crire la place de Philippe Delerm ces derniers d couvrent alors
344. t ils de faire tudier la progression th matique dans un texte d Hemingway cf supra La plupart des auteurs choisissent n anmoins de faire travailler les l ves sur des uvres crites en fran ais Mais quelles uvres au juste Quelle litt rature est privil gi e par ces auteurs qui veulent faire observer la langue dans les textes litt raires Plusieurs uvres qui appartiennent depuis un certain temps la tradition scolaire en France particuli rement font bien entendu l objet des propositions recens es de quelques classiques antiques Ph dre sope aux classiques du XX si cle Apollinaire Queneau 50 Ionesco en passant par ceux du Moyen ge du si cle classique La Fontaine La Fayette et du XIX si cle Maupassant Flaubert Stendhal Hugo Zola Certains auteurs sugg rent toutefois d aller voir du c t des uvres contemporaines ou actuelles des uvres moins connues de la fin du XX si cle ou des succ s r cents c t de la litt rature dite g n rale d autres plaident pour l tude de textes issus de la litt rature de jeunesse au primaire bien entendu mais aussi au coll ge cf Suffys 2007 Fab et Suffys 2000 Porcar 2000 Gaudin Inisan et Tourigny 2001 Ce sont en forte majorit ces auteurs qui organisent le travail autour de la lecture d uvres int grales et non d extraits En effet les auteurs recourent la litt rature g n rale surtout sous forme
345. t l autre il est bon et je loue gens bien sens s omme toi Je n aurais jamais quant moi Trouv secret je l avoue Le renard sort du puits laisse son compagnon Et vous lui fait un beau sermon Guillemets our l exhorter patience Si le del t e t dit il donn par ex llenc Autant de jugement que de barbe au menton Tu n aurais pas la l g re D nouement Des ndu dans puits Or adieu j en suis hors T che det en tirer et fais tous tes efforts Car pour moi j ai rtaine affaire Qui ne me permet pas d arr ter en chemin En toute chose il faut consid rer la fin Morale formulation d une th se pr sent appuy e par l exemple qui pr c de Personnage Sit initiale A Dialogue tenant lieu d action tentative du poisson de se sortir de l impasse D nouement LE PETIT POISSON ET LE P CHEUR Petit poisson deviendra grand Pourvu que Dieu lui pr te vie Mais le l cher en attendant Je tiens pour moi que c est folie Car de le rattraper il n est pas trop c rtain Voil ommencement de ch re et de festin Mettons le en notre gibed re Le pauvre arpillon lui dit en sa mani re Que ferez vous de moi Je ne saurais fournir Au plus qu une demi bouch e Laissez moi carpe devenir Je serai par vous rep ch e Quelque gros partisan m ach tera bien cher Au lieu qu il vous en faut chercher Peut tre encor nt de ma taille
346. t l histoire Et c est ainsi que la vaillante Fourmi A pass l hiver avec ses cochonneries Pendant que la Cigale dans les pays chauds Chantait Picot Picot Source Plante R 1997 Le grand r le de Marilou p 55 61 Montr al La Courte chelle 208 DES ALLUSIONS DANS LES JOURNAUX DALHETER UN REER Sera oBlic E S Chapleau 15 01 2011 La Presse Source wwWw cyberpresse ca DES ALLUSIONS DANS LA PUBLICITE projection Affiche publicitaire pour Wolkswagen FUSION POSSIBLE ENTRE LES BOURSES DE LONDRES ET DE TORONTO Herv Philippe 10 02 2011 La Tribune Source wwWw cyberpresse ca Publicit t l vis e pour les caisses opulaires Desjardins 1988 Sour www youtube com Publicit t l vis e pour Interurbain Bell 1990 Sourc www youtube com Publicit t l vis e pour le fromage Boursin Le corbeau et les renards 2000 b Sour www mefeedia com 209 Publiat t l vis e pour l eau min rale Badoit La cigale et la fourmi 2000 Sour www journaldunet com Dans la m me s rie publidtaire La grenouille et le boeuf Le li vre et la tortue et le corbeau et le renard Cf www youtube com encore ce bon la fontaine 210 MAIS ON L AIMAIT BIEN TOUT DE M ME ELLE NOUS DISTRAIT DISAIT ON AVEC INDULGENCE LES DAMES DU GRAND MONDE BIEN QU ELLES S EN D FENDAIENT ALLAIENT M ME JUSQU P
347. t la combinaison et les nuances particuli res font la singularit d une uvre ne sauraient tous entrer dans la notion de st r otype moins d tre pli s mdument Cette vision de la lecture litt raire et l approche interpr tative que nous proposons implique le recours des dispositif et des outils didactiques particuliers parce qu il faut faire une place aux lectures subjectives il faut trouver des moyens pour les colliger et les nourrir pensons par exemple au journal dialogu Lebrun 1996 parce qu il faut former des sujets capables d interpr tation et de distanciation il faut pr voir des modes d apprentissage qui font la part belle aux discussions et aux confrontations tant il est vrai qu il est plus facile de se distancier d abord des propos d un pair que des siens Falardeau 2004 p 41 pensons notamment au d bat imterpr tatif au travail coop ratif id Richard amp Lecavalier 2010 aux cercles litt raires H bert 2002 ou la d marche ma eutique Rouxel 1996 Afin d amener les l ves se distancier du texte pour en consid rer tant la forme que le fond pour reprendre la dyade traditionnelle qui ne doit pas 7 laisser croire que ces deux l ments sont ind pendants l criture cr ative peut intervenir comme adjuvant En eff t qu elle intervienne avant ou apr s la lecture l criture comme le montrent plusieurs des contributions retenues lo
348. t majoritairement une ou plusieurs phrases syntaxiques et quels m canismes de jonction sont privil gi s Les l ves sont invit s proc der en petits groupes l aide du mod le de la phrase de base et des manipulations syntaxiques une analyse en constituants des phrases graphiques de cet extrait de L tranger dans le but de d limiter les P et d en comprendre l architecture Ceux ci s arr teront donc aux constituants de premier niveau moins qu il y at subordination Pour faire ressortir la bri vet et la simplicit de la structure de ces phrases graphiques l enseignant peut faire analyser selon les m mes modalit s deux phrases repr sentatives de l extrait du Temps qui m a manqu Voici une analyse laquelle pourrait arriver la classe reproduite avec le code de couleur que proposent Chartrand et al 1999 pour les constituants de P 1 r ANALYSE EN CONSTITUANTS DE DEUX PHRASES GRAPHIQUES DU TEMPS QUI M A MANQU Dans mes voyages d enfant avec maman g n als peu in lou au contraire comme cet fois jusqu en Saskatchewan Mat eu l air si pr occupe z toujours ils me pr sent rent la vie l image des visions magiques que faisaient na tre 2 Elle ne m avait pourtant pas paru si malade EEAS s qe ANEA HS L analyse des phrases de cet extrait tant plus sportif et servant avant tout fournir un contrexemple on se gardera de faire analyser tout l extrait M1 Cf not
349. t que dire de cette derni re phrase qui tombe comme le couperet d une 173 guillotine Ce changement de ton est bien perceptible dans la lecture de l auteur qui le fera peut tre mieux ressentir aux l ves Questions Que comprends tu dans la col re de Meursault Que pense t il de l existence humaine Trouves tu qu il a raison ou si ce qu il dit te choque Comment as tu r agi la derni re phrase du roman Pourquoi crois tu que Meursault d sire se faire accueillir par des cris de haine APR S LA LECTURE 14 Du sentiment de l absurdit la notion d absurde L enseignant revient sur les derni res r actions consign es par les l ves dans leur journal dialogu Qu est ce que Meursaut dans sa col re dit au juste de la vie Il se penche avec les l ves sur ce dernier chapitre tr s dense en pointant des passages cl s Il pourrait s arr ter en particulier sur le passage suivant Rien rien n avait d importance et je savais bien pourquoi Lui aussi savait pourquoi Du fond de mon avenir pendant toute cette vie absurde que j avais men e un souffle obscur remontait vers moi travers des ann es qui n taient pas encore venues et ce souffle galisait sur son passage tout ce qu on me proposait alors dans les ann es pas plus r elles que je vivais Que m impottaient la mort des autres lamour d une m re que m importaient son Dieu les vies qu on choisit les destins qu on
350. taine rarement explor de fa on approfondie par les diff rents auteurs 2 Remarque sur l dition des Fables proposer aux l ves Bien s r il nous semble impensable pour le premier cycle du secondaire de faire lire l int gralit des 243 fables Afin de donner tout de m me aux l ves l occasion de manipuler un v ritable livre plut t qu une s rie de photocopies et de rester dans Pesprit de l uvre compl te nous proposons de travailler partir d une dition jeunesse de fables choisies Mais bien que les ditions des Fables soient innombrables et prot iformes livres CD albums illustr s couvertures souples ou cartonn es etc le choix n est pas ais 58 Signalons finalement l existence d une impressionnante documentation virtuelle Par exemple un site litt raire www lafontaine net con u par un instituteur normand Jean Marc Bassetti qui a mis en ligne l int gralit de l uvre de La Fontaine agr ment e de nombreux documents dessins des principaux illustrateurs sources de La Fontaine biographies mat riel aidant la didactisation des fables et r f rences L entreprise de M Bassetti a t salu e par la presse fran aise 101 L dition id ale dans la perspective de l enseignement au premier cycle du secondaire devrait notre avis pr senter les caract ristiques suivantes elle devrait regrouper une quantit raisonnable une trentaine tout au plus des fables les plus
351. tement l avis de Garcia Debanc 2009 qui a observ certains enseignants en pratique et constat l effort que peut repr senter la conduite d activit s grammaticales dans la perspective de la grammaire r nov e la mise en uvre des activit s grammaticales dans les classes suppose chez l enseignant des connaissances linguistiques solides pour pouvoir traiter chaud les r ponses des l ves et une attitude par rapport au fonctionnement de la langue qui les conduise se repr senter la langue comme un syst me et non comme une suite de traquenards p 121 Bien qu elles soient difficiles mettre en uvre ces d marches d observation en contexte ces approches r flexives et euristiques nous apparaissent dignes d int r t puisqu elles prennent acte du double enjeu fonctionnel et culturel de l enseignement de la langue qu elles n oublient pas que le r le de l cole est encore et surtout de former l esprit Fabre 2003 Aptes favoriser notre avis le d veloppement des capacit s langagi res des l ves elles font aussi en effet de la grammaire r nov e une perspective didactique tout fait compatible avec les divers principes nonc s pr c demment concernant la dimension culturelle de la langue et de son enseignement l id e que l tude du fonctionnement interne et externe de la langue les r gularit s de son syst me ainsi que ses variations dans le temps l espace et la
352. ter une attention particuli re au langage dans l enseignement de la litt rature Mais qu elle ait ou non une origine strictement langagi re la r sistance voire l opacit des textes pose en tout cas la n cessit d un encadrement didactique particulier le r le de l enseignant apparait primordial pour faciliter l acc s aux textes lever les obstacles la lecture et guider le travail interpr tatif Pour Rouxel 1996 la m diation enseignante est en effet essentielle dans l enseignement de la litt rature et elle doit intervenir sur plusieurs plans choix des supports aide l acquisition des concepts d veloppement de la m moire formalisation de la pens e probl matisation Particuli rement les questions de la formation litt raire et de la probl matisation par l enseignant semblent solidaires pour plusieurs auteurs La probl matisation consiste en l identification d obstacles la lecture puis en leur transposition sous forme de probl mes r soudre collectivement notamment Falardeau 2003 Elle est fondatrice parce qu elle donne sens au travail exig certains textes tant plus loign s des pr occupations des l ves ils peuvent perdre de leur puissance suggestive Charge l enseignant de les probl matiser pour leur rendre leur force ilocutoire Rouxel 1996 p 36 La probl matisation est aussi n cessaire la lecture elle m me pour permettre la compr hension et
353. tes quotidiens qui ne pr sentent pas d importance pour la suite de l histoire Par exemple Un peu plus tard pour faire quelque chose j ai pris un vieux journal et je Pai lu Jy ai d coup une r clame des sels Kruschen et je Pai coll dans un vieux cahier o je mets les choses qui mamusent dans les journaux Je me suis aussi lav les mains et pour finir je me suis mis au balcon p 37 e Les juxtapositions ou les coordinations galisantes c est dire le fait de rapporter en une seule phrase graphique des v nements d importance tr s variable comme s ils taient du m me ordre J ai pens que c tait toujours un dimanche de tir que maman tait maintenant enterr e que j allais reprendre mon travail et que somme toute il n y avait rien de chang p 41 14 2 L authenticit devant le th tre social L enseignant demande aux l ves si les autres personnages du roman en particulier les membres du tribunal partagent la conception de la vie de Meursault Non bien s r puisqu ils le condamnent sans appel pour eux la vie a un sens ils croient en Dieu en l importance de respecter certaines r gles et certaines valeurs Mais comment Camus nous pr sente t il ces hommes L enseignant revient sur ce que certains l ves ont pu relever dans leurs journaux de lecture quant au d roulement du proc s et demande la classe de dresser la liste des personnages de la premi re partie en re
354. tion du d veloppement cognitif et langagier des l ves id Dans le cadre d une progression spiralaire revenir sur un ph nom ne difi rents moments de la scolarit pour en approfondir l tude n est pas une redite puisqu il ne 86 s agit pas d un simple rebrassage cyclique o on enseigne de la m me fa on et selon les m mes objectifs le m me ph nom ne ibid pp 7 8 on peut par exemple veiller varier les modalit s d tude du ph nom ne en faire d couvrir de nouvelles caract ristiques ou le mettre profit pour interpr ter un texte r v lant sous un jour nouveau son int r t discursif notamment en explorant les effets possibles sur le lecteur De cette fa on on contribuerait v ritablement la formation des l ves Chartrand identifie quatre crit res pour l tablissement d une progression spiralaire en fran ais 1 le niveau de d veloppement cognitif et langagier des l ves 2 le ph nom ne langagier lui m me le niveau de difficult li sa maitrise son statut dans la langue sa complexit et sa fr quence 3 les attentes sociales et les prescriptions scolaires et 4 articulation entre l tude de la langue et sa r alisation dans les textes lus Ce dernier crit re confirme l int r t du type de progression promu par l auteure pour r soudre le probl me que nous soulevons il montre que loin d emp cher toute forme de progression l articulation de l t
355. tions ibid p 1 Elle se caract rise par un renouvellement des contenus mais aussi des d marches Sur le plan des contenus la grammaire r nov e propose d largr les contenus traditionnels de l tude grammaticale aux ph nom nes textuels et nonc atifs dont l tude ne peut se faire qu travers des textes et non des phrases d contextualis es et de changer de point de vue en mettant l accent sur la syntaxe plut t que sur la morphologie et la s mantique elle prend d ailleurs appui sur une nouvelle d finition de la phrase envisag e dans une perspective syntaxique Sur le plan des d marches la grammaire r nov e emprunte des d marches de type inductif recourant des 68 processus d observation de d couverte et de classement des r gularit s de la langue id et s appuie sur de nouveaux outils d analyse la phrase de base et les manipulations syntaxiques que sont l eff cement le d placement le remplacement etc Elle est par aileurs plus ouverte sur les activit s de lecture d criture et d oral Il faut pr ciser qu il ne s agit pas d un courant parfaitement unifi qui serait par exemple cristallis dans un ouvrage de r f rence unique mais plut t d un nouvel esprit pour l enseignement grammatical Sur le plan des contenus selon Canelas Trevisi 2009 les grammaires scolaires issues de ce courant notamment Genevay 1994 et Chartrand et al 1999 comme les gram
356. tions Logiques GOHIER C 1998 La recherche th orique en sciences humaines r flexion sur la validit d nonc s th oriques en ducation Revue des sciences de l ducation 24 2 267 284 GOTLIB 1970 La Cigale et la fourmi Dans Gotlib Rubrique braque t 1 pp 70 71 Paris Dargaud diteur GREIMAS A J amp COURT S J 1979 S miotique dictionnaire raisonn de la th orie du langage tome 1 Paris Hachette GROSSMAN F amp MANESSE D 2003 L observation r fl chie de la langue l cole Rep res 28 3 11 HALT J F 1992 La Didactique du fran ais Paris PUF Que sais je H BERT M 2002 Co laboration du sens entre pairs en premi re secondaire tude des relations entre les modalit s de lecture et de collaboration Th se de doctorat Universit de Montr al HORACE 1944 Art po tique Dans uvres compl tes trad F Richard Paris Garnier INCHAUSP P 2007 Pour l cole Lettres un enseignant sur la r forme des programmes Montr al Liber JAY B 2010 Inscrire la relation esth tique dans la langue en crivant la place de l auteur Dans S Aeby Dagh N Cordonier S Erard F Fallenbacher I L opoldoff Martin C Ronveaux Y Vuillet d Actes des 11 rencontres des 198 chercheurs en didactique des litt ratures 25 27 mars 2010 pp 170 174 C d rom Gen ve Universit de Gen ve LA FONTAINE J
357. tit agneau je n tais pas n Parbleu dit le loup c est ton p re qui a m dit de moi Et l dessus il saisit l agneau et le d chire meurtrier contre toute justice Cette fable vise certaines gens qui sous de faux pr textes accablent les innocents Source Ph dre 1924 Fables trad A Grenot Paris Les Belles Lettres 213 ANNEXE III ILLUSTRATIONS DE LA CIGALE ET LA FOURMI Illustration de Gustave Dor XIX s Illustration de J J Grandville XIX s Source www lafontaine net Source www lafontaine net Illustration de R becca Dautremer Source La Fontaine J 2001 Fables de La Fontaine Illustration de Fr d ric Pillot Paris Magnard Magnard jeunesse Source La Fontaine J 2008 Fables de La Fontaine Paris Milan Milan poche cadet
358. ture polys mique d un m me livre et d approfondir v ritablement cette lecture tout en tant une source potentielle de plaisir pour les l ves Poslaniec amp Houyel 2000 pp 313 314 Cette id e est particuli rement int ressante dans le cadre de la lecture de L tranger puisqu un proc s se tiendra effectivement dans le roman les l ves lignorent toujours Les l ves seront ainsi sans doute plus attentifs aux d tails de ce proc s aux arguments mvoqu s Ils confronteront leur propre jugement celui qui sera rendu et percevront peut tre mieux la distorsion introduite dans le vrai proc s de Meursault par incapacit des membres du tribunal acc der aux faits tels qu ils se sont d roul s et la conscience du personnage privil ge qu ont les l ves lecteurs 11 Analyse lexicale et stylistique de l extrait du meurtre Pour juger de la culpabilit de Meursault on peut adopter une perspective morale mais on peut aussi adopter une approche textuelle et se demander si le texte par ses suggestions ou ses omissions volontaires ses images interpr ter etc institue ou non ce personnage en coupable On peut ainsi glisser des r actions subjectives l analyse qui pourra en retour modifier ou non la disposition des l ves l gard de cet tranger En partant des images fortes identifi es dans les journaux l enseignant am ne les l ves d crire l atmosph re infe
359. turels qui ont leur place l cole la litt rature est comme le souligne Vandendorpe 1992 le plus susceptible de jeter un pont entre les tres de nous livrer un message essentiel sur ce que nous sommes et sur la fragilit de l aventure humaine p 3 En tant que t moignage de l aventure de l homme aux prises avec le monde et avec le langage par lequel il essaie de le et de se repr senter de lui et 16 de se donner sens Legros 2005 p 44 la litt rature est en effet un art riche de repr sentations du monde et de l homme mais aussi un r pertoire de r f rences communes susceptibles d apparaitre comme une grammaire culturele indispensable au d chiffrement du monde social et culturel contemporain Dufays et al 2005 En somme ce n est pas sans raison qu elle est souvent consid r e comme la source fondamentale d enrichissement culturel de la classe de langue premi re Simard 1997b p 54 elle a une vertu ducative qui a fait crire Dani le Sallenave 1991 dans une formule devenue proverbiale que la litt rature est le don que nous font les morts pour nous aider vivre p 39 La litt rature est donc essentielle l cole qui plus est elle l est au cours de fran ais dans la mesure o comme le rappellent d une m me voix plusieurs litt raires et didacticiens du fran ais la litt rature est le lieu d panouissement de la langue Aussi l tude de
360. u crire ne peut en efft constituer le seul crit re pour l tablissement d une progression des apprentissages sur l ensemble d une ann e scolaire Tout en restant dans 87 l esprit de l articulation o les composantes sont en partie trait es de fa on autonome on peut alors d cider de partir du ph nom ne dont on souhaite faire d couvrir le fonctionnement pour choisir les textes lire ou crire et non l mverse proposition de Bilodeau 2005 Le ph nom ne de langue peut en effet s imposer en premier et conditionner son tour le choix des supports C est l avenue qu explorent certains des textes auxquels nous r f rons dans notre exploration documentaire pour articuler le travail sur la langue au travail sur les textes litt raires Cauterman amp Daunay 2008 lalouf 2001 Tomassone 2003 Balsiger B trix K hler et Panchout Dubois 2010 Ce n est pas l avenue que privil gie le mod le que nous proposons un choix que nous justifierons plus avant Mais il faut pr ciser que ce mod le ne pr tend pas valoir pour toutes les activit s du cours de fran ais sur l ensemble d une ann e scolaire Il constitue une voie possible une proposition argument e qui peut servir de base la conception de certaines s quences didactiques cr ant des ponts entre la litt rature et l tude du fonctionnement de la langue mais ne constitue pas une solution tous les probl mes relevant de l articulation des
361. u analys minutieusement plusieurs fables de La Fontaine voici venu le temps pour les l ves de passer la production tant orale qu crite Les activit s suivantes devraient leur permettre de r investir plusieurs acquis 12 Fables mises en voix La fable est ordinairement class e avec le conte et la l gende parmi ces genres qui sont issus de la tradition orale Les origines orales de la fable justement laissent des traces ind niables chez La Fontaine pensons simplement au rapport entre les Fables et la po sie genre p tri d oralit dont les efl ts de rythme et de rimes sont davantage faits pour tre entendus que pour tre lus Notons par ailleurs le c t th tral des dialogues et donc de la parole qui occupent souvent chez La Fontaine une place centrale dans la fable N oublions pas pour finir qu avant d tre lues les Fables ont d abord t lues haute voix dans les salons par leur auteur Lebrun 1996 2000 Il n est pas surprenant apr s tout qu elles aient souvent t associ es l cole des exercices de r citation Voyons comment il serait possible de r habiliter ces exercices L enseignant demande aux l ves de former des quipes de trois ou de quatre Il a pris soin de choisir auparavant quelques fables d une longueur appr ciable ou le narrateur et deux ou trois animaux prennent la parole de fa on relativement quitable Nous sugg rons Le Loup et le chien
362. u hors contexte des textes du corpus en n gligeant les nuances et les subtilit s Nous pensons que le fait d avoir proc d dans un premier temps une analyse descriptive d taill e r alis e autant que possible dans un esprit d impartialit nous a aid e viter ce pi ge La br ve critique sert surtout faire reconnaitre la n cessit de donner plus de valeur et de coh rence aux propositions en concevant et en explicitant le mod le th orique d articulation qui pourrait se trouver en amont de telles propositions Les propositions prometteuses n ont pas t gomm es au contraire elles sont m me convoqu es l tape suivante o elles participent la construction du mod le en question 4 Fonder th oriquement des pistes didactiques la d finition des concepts et la constitution d un mod le d articulation Apr s avoir rep r d crit et critiqu des pistes didactiques nous avons poursuivi le travail entam dans l analyse critique L identificationn des lacunes nous a en effet naturellement amen e tenter de combler le manque il falait faire de nouvelles 33 propositions ou compl ter les propositions existantes en les fondant th oriquement Il fallait par ailleurs donner une coh rence d ensemble ces propositions en concevant un mod le d articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature Cette tape de notre recherche tient de ce que Van der
363. uction des chaines de r f rence et l expression du point de vue Tomassone de son c t d fend l tude descendante ce qui est premier c est l identification des marques de l nonciation elle sugg re de partir du discours pour tudier les pronoms et les types de phrase L analyse syntaxique est un tremplin un palier interm diaire Tomassone 2003 p 26 et son valuation est un passage oblig et non un aboutissement ibid p 28 puisque l interpr tation se fait bien au niveau du discours Les progressions qu elle sugg re cf supra du primaire au lyc e pour l tude de divers ph nom nes finissent au lyc e par mettre les divers niveaux d analyse au service du niveau discursif pour aboutir une approche globalis e dans laquelle les faits de langue trouvent plemement leur signification Tomassone 2003 p 24 et permettent l interpr tation 58 Toutes les propositions que nous venons d examiner montrent que ce que nous voulons explorer les possibilit s d articulation de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature au secondaire n est pas proprement parler une terra incognita Des dispositifs existants la s quence didactique l observation r fl chie de la langue l criture d invention peuvent fournir un cadre ce travail d exploration et certains les ont mis profit pour offrir des pistes pour la classe Pour int ressantes et pr
364. ude de la langue aux activit s de lecture peut fournir un crit re valable pour le choix des notions tudier en langue tudier un ph nom ne dont on rencontre des occurrences dans les textes qu on li est b n fique parce que cela permet de donner sens l tude et de faire observer le fonctionnement du fait de langue dans un genre donn ce qui conduit la fois mieux comprendre le ph nom ne lui m me et mieux lire ce genre de texte Si donc on effectue la s lection des objets d tude un point de la scolarit entre autres en fonction de leur importance dans les textes que l on fait lire aux l ves possibilit que nous explorons infra et que l on veile adapter le niveau d approfondissement de l tude au d veloppement des l ves on n emp che pas priori la progression des apprentissages m me si l on effectue des retours sur certaines ph nom nes Mais qu en est il des ph nom nes oubli s des laiss s pour compte Il faut avouer que certains ph nom nes langagiers sont peu fr quents sans que leur connaissance soit inutile pour autant ou alors si communs ou fondamentaux que leur tude s impose rarement lors de la lecture ou de l criture d un genre de texte en particulier que faire par exemple de l tude des ph nom nes de base de la conjugaison de l orthographe grammaticale ou de certaines classes de mots etc La pr sence du ph nom ne dans les textes lire o
365. ue La pauvret et la famine ne font pas de lieu un paradis pour les dieux Gare vous a beau mentir qui vient de loin Un beau matin vous serez t moin des maladresses et des faiblesses de P tranger qui vient de loin Rosalie et Dominique LE PANDA ET LE LION Le panda qui se va pr lassant Ne se soude gu re du temps passant Son maitre le lion le prie de pr parer le r t Ce dernier devrait agr er aux invit s Le domestique oyant Avoir tout son temps S assoupit oubliant sa besogne Le soir venu le Roi fait une harangue devant ses comp res Avant de servir le brouet dair Le fain ant s veilla trop tard h las et s empressa de m langer diff rents nutriments Le temps manquant Il servit le bouillon glac la fin de repas les reliefs taient nombreux Le Panda se fit ch tier pour son p ch Paresseux cest pour vous que nous ivons Attendez vous tre s v rement punis Alice et Delphine 139 CONCLUSION DE LA S QUENCE Cette s quence didactique a pour objectif d amener les l ves s approprier les Fables de La Fontaine en consid rant l uvre sous diverses dimensions son lien avec le reste de la production litt raire tant en amont qu en aval ses dimensions langagi re esth tique et r f rentielle mais aussi ce qu elle convoque chez son lecteur en particulier sur le plan axiologique Elle a aussi pour but de les amener mieux co
366. ue ceux qui en font la promotion On peut donc se demander ce qui fonde cette injonction de d cloisonner les diverses composantes du fran ais Selon Chartrand et Boivin l a principale r ponse des autorit s scolaires et des didacticiens est de nature p dagogique c est une condition essentielle pour susciter la motivation et engagement des l ves tudier le fonctionnement du langage et de la langue fran aise Chartrand amp Boivin 2004 p 5 Il existe leur avis une seconde justification qui tient plut t compte des recherches en didactique ces derni res ayant montr l effet b n fique sur l apprentissage des interactions entre lecture et criture entre grammaire et criture etc la n cessit du d cloisonnement peut aussi se justifier par le souci d amener les l ves se donner une repr sentation plus globale de la langue en saisissant concr tement la fa on dont elle s actualise dans des pratiques langagi res id C est la m me conclusion qu arrive Bilodeau au terme de sa recherche documentaire Tout ce qui pr c de nous m ne croire qu il est pertinent de consid rer le d cloisonnement Il permet d envisager la langue dans une perspective globale favorable l tude des diff rents ph nom nes L importance de l tude des discours est aussi mise en relief dans les crits Combin e au travail sur les caract ristiques linguistiques des textes elle semble en croire
367. uelle Cependant l inverse s il est souvent question du niveau syntaxique dans les discours peu d auteurs r ussissent mettre profit son analyse pour la compr hension interpr tation des textes litt raires Si lalouf 2001 soutient que les approches phrastiques et textuelles doivent concourir elles aussi l interpr tation Tomassone 2003 reconnait qu elles ne sont bien souvent que des paliers interm diaires avis que semblent partager plusieurs auteurs qui coupent l tude de ph nom nes syntaxiques groupes et expansions types et formes de phrases ponctuation etc du sens global du texte ou choisissent plut t de lier leur tude la production 62 puisque celle ci semble offrir essentiellement une rentabilit orthographique Risselin 2007 Les diverses critiques que nous venons de formuler ne minimisent en rien l apport des textes synth tis s au probl me d articulation entre enseignement de la langue et enseignement litt raire Elles montrent cependant qu il reste beaucoup penser et que des propositions plus compl tes plus syst matiques demeurent n cessaires C est dans l intention d apporter notre pierre l difiie que nous nous proposons de construire un mod le d articulationn de l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature au secondaire qui compl te et int gre les propositions int ressantes Ce mod le pourra servir d assise th orique coh
368. ui excluait volontairement la litt rature des sous disciplines prises en compte grammaire criture lecture oral nous apparait symptomatique de cette habitude de s parer ces deux objets m me lorsqu il est question de d cloisonnement 25 favoriser engagement des l ves dans lapprentissage de la langue et le d veloppement de leurs capacit s langagi res 26 M THODOLOGIE 1 Objectif g n ral de la recherche L objectif g n ral de notre recherche consiste offrir des propositions didactiques th oriquement argument es pour articuler l enseignement de la langue l enseignement de la litt rature au secondaire qu b cois avec l intention d une part de renforcer la dimension culturele de lenseignement du fran ais et d autre part de favoriser l engagement des l ves dans l apprentissage de la langue et le d veloppement de leurs capacit s langagi res Pour tenter d attemdre cet objectif complexe voir composite il nous a sembl n cessaire de mener une recherche polymorphe c est dire de recourir des modalit s de recherche vari es en suivant cependant une progression r fl chie 2 Une recherche didactique dominante sp culative Cette recherche se veut fid le Pesprit de la recherche didactique telle que propose de la concevoir Barr De Miniac 1998 Cette auteure qui plaide pour une autonomie de la didactique du fran ais par rapport ses diverses disciplines de r f
369. uistiques caract ristiques de la science fiction classique et de la po sie contemporaine cf supra mais aussi de Cauterman et Daunay 2008 qui proposent entre autres activit s une tude des proc d s de modalisation dans la nouvelle Sur l eau de Maupassant en justifiant ce travail par le fait que les r cits fantastiques en particulier ceux de Maupassant pr sentent de nombreuses s quences descriptives o le narrateur met distance sa propre vision des choses par la modalisation D autres auteurs plut t que de s attacher ce que les textes ont de commun avec d autres proposent plut t de s int resser leurs particularit s l uvre est alors per ue comme singularit Colognesi amp Deschepper 2010 et se penchent sur les manifestations de l intention artistique Dispy 2006 et 2010 Dispy et Dumortier 2009 Van Beveren 2010 Renaud 2010 de ce qui fait l int r t ou l agr ment d un texte id Par exemple Lusetti 2008 propose d tudier les jeux de langue dans une grande quantit d uvres pour la jeunesse qui font un usage ludique du langage en arg ant que de tels jeux permettent d entrer directement dans le maniement des r gularit s p 166 Quant Dispy 2009 2010 et Van Beveren 2010 ils proposent d analyser les proc d s d ordre langagier la base de l eff t comique pour Van Beveren il faut r habiliter la notion d effet de de
370. uit infra p 154 Suite inachev e de son autobiographie posthume La D tresse et l enchantement Le Temps qui m a manqu s ouvre sur le r cit du voyage qu entreprend Gabriele pour les fun railles de sa m re la suite de la r ception du t l gramme lui annon ant sa mort On a donc affaire une ressemblance frappante avec L tranger sur le plan des v nements rapport s et de la forme narrative choisie une autobiographie vs un roman qui mime 102 l autobiographie Cependant en ce qui concerne l attitude du personnage apparemment insensible chez l un et d une grande motivit chez l autre et le style d pouill hach chez l un et ample et imag chez l autre les deux textes se pr sentent comme de parfaits contrexemples La confrontation pourra ainsi mieux faire ressortir certains des aspects du texte de Camus sur lesquels nous d sirons attirer l attention des l ves Ceux ci en 100 N B Ce qui est int ressant avec L tranger c est que toutes les r actions comme opinerait sans doute Meursault sont galement valables pour lancer le travail collectif sur le texte En effet les r actions de rejet par exemple un l ve qui serait d rang par l insensibilit du personnage d identification un l ve qui serait affect par l id e de la mort d une m re et m me d indiff rence un l ve qui ne t moignerait que du d sint ressement peuvent toutes donner lieu
371. ur la culpabilit de Meursault l enseignant effectue un bref retour en pl ni re pour connaitre la tendance g n rale Il conduit ensuite la mise sur pied du proc s de ce personnage Les l ves devront d terminer s il devrait tre condamn pour meurtre ou non Ils se font attribuer des r les entre autres en fonction de leur propre avis sur la question id alement le ou les avocats de la d fense comme le ou les procureurs devraient avoir l opinion appropri e sur la culpabilit de Meursault les t moins imcarneront les autres personnages du roman Les l ves prennent le temps de pr parer leur argumentation en relisant la sc ne du meurtre attentivement Il n y a pas de jugement attendu en particulier Il importe simplement que les l ves approfondissent leur propre interpr tation du geste du personnage principal arrivent la d fendre tout en respectant le texte source et la confrontent des perceptions diff rentes La simulation d un proc s en lien avec la lecture d une uvre litt raire permet de faire 113 L argumentation occupe depuis plusieurs ann es une place de choix dans les contenus en fran ais des deux derni res ann es du secondaire Selon ce qui a d j t fait ou ce qui est pr vu pour la suite dans ce domaine l enseignant peut mettre cette activit en relation plus explicite avec certaines connaissances sur les genres argumentatifs 168 pratiquer une lec
372. us voyons dans toutes les r ponses propos es se dessiner deux grandes cat gories d approches les unes externes expliquent le ph nom ne de la litt rature par le recours au contexte de r ception des uvres et les autres internes par une lit rarit immanente au texte M me si ces approches apparaissent priori contradictoires il faut les penser comme compl mentaires Dufays ef al 2005 car favoriser exclusivement l une ou l autre de ces approches m ne n cessairement une aporie choisir d aborder la litt rature par une approche externe pose le probl me de la valeur intrins que de l uvre si l uvre litt raire n est que l gitime au sens de Bourdieu et donc impos e arbitrairement comme tel par le biais d un rapport de force ou si elle est enti rement lit raris e par le lecteur comment continuer d fendre s rieusement l importance d enseigner les textes litt raires l cole comme objets culturels essentiels par ailleurs les th oriciens qui ont tent de d finir la litt rarit exclusivement en r f rence aux structures internes des textes se sont frapp s certaines impossibilit s ce qui faisait dire Thomas Aron que les approches strictement internes apparaissent aujourd hui comme des chim res Aron 1984 Nous souhaitons donc combiner crit res internes et externes pour tenter de cerner autant que faire se peut un objet polymorphe aux contours
373. uses elles rassemblent dans un ordre r fl chi des activit s qui convergent vers des buts pr cis et qui reposent sur une vision coh rente de la discipline fran ais Elles constituent en fait une illustration 63 de l application qu on pourrait faire du mod le d articulation que nous proposons Avant de proc der cette illustration nous pr sentons donc en tenant compte des propositions recens es et discut es pr c demment les assises th oriques du mod le que nous avons con u Cela implique dans un premier temps de d finir langue et litt rature puisque comme le rappelle judicieusement Dab ne 1995 un mod le d enseignement apprentissage doit reposer sur une th orie de l objet enseign 1 1 Deux objets interd pendants la langue et la litt rature Lorsque nous parlons de langue et de litt rature nous pouvons d signer ces objets en eux m mes ou en tant que composantes de la classe de fran ais lorsque nous parlons d enseignement de la langue et d enseignement de la litt rature Et les d finitions que l on donnera de chaque terme entendu comme concept et comme composante ne seront pas sans rapport entre elles attendu que la repr sentation que l on a d un objet a une incidence sur la fa on dont on con oit son enseignement 1 1 1 La langue et les finalit s de l enseignement de la langue Parler scientifiquement de la langue n est jamais chose ais e dans la mesure o
374. ux textes particuliers un roman de Chra bi et une parodie d une fable de La Fontame figures de styles d terminations contradictoires modalisation changements de registres jeux de mots etc Porcar 2000 et Chabanne 2010 adoptent le m me principe pour l tude du lexique la premi re s int resse la construction de coroles lexicales regroupements lexicaux partir d un mot th me sous la forme graphique d une fleur par des l ves de primaire et de coll ge lisant des textes de litt rature de jeunesse et le second diverses sayn tes lexicales moments d change portant sur le vocabulaire dans le cadre de la lecture d une uvre observ es en classe et tous deux d fendent l id e qu il faut d couvrir le fonctionnement du vocabulaire dans un texte singulier et donc observer les singularit s dans les choix lexicaux d un auteur singularit s de la textualit de l intention singularit s s mantiques etc en faisant constater que le texte ne privil gie pas toujours le noyau s mantique standard du lex me en langue mais des effets de connotations de sens d riv s Chabanne 2010 p 51 47 On peut d cider d aller voir du c t de ce qu un texte a d unique ou de ce qu il a en partage on peut aussi s int resser d abord l l ve et choisir les ph nom nes de langue tudier en fonction de ce qui pose efl ctivement ou suppos ment probl me la co
375. vail sur les pratiques langagi res des l ves c est dire instrumental et totalement imf od aux pratiques d criture ce quoi s oppose Chartrand 2006 p 23 On pourrait aussi imaginer que l enseignement de la langue devienne plut t un lieu d int gration c est une avenue qu explore Simard 1999 dans un texte intitul Pour une approche transversale de la grammaire dans l enseignement du fran ais o est examin e la possibilit de faire de la grammaire un lieu d int gration des diff rents apprentissages en langue une mati re pivot en quelque sorte p 7 de fa on ce que l ve au lieu d tudier la grammaire s par ment soit amen saisir les relations qu elle entretient aussi bien avec les accords la structuration des textes ou m mes les proc d s litt raires ibid p 6 Si la proposition est int ressante dans la perspective de donner de la pertinence l tude grammaticale rappelons que Simard affirme ailleurs cf Simard 1997a que la langue et la litt rature sont en partie ind pendantes et en partie interd pendantes et qu il ne convient donc pas tout transpos es des disciplines universitaires et pragmatiques cf supra Daunay 2005 qui reconnait qu il est n cessaire d objectiver l criture et la lecture pour en faire des objets d apprentissage sp cifiques en fran ais p 144 montre qu il existe tout de m me une diff rence de natur
376. vailler qu il faut absolument trouver lamour etc Les l ves pourraient identifier la religion la morale l importance de la r ussite 179 professionnelle sociale et amoureuse etc Loin de ces pr occupations Meursault qui est lucide peut et veut vivre sans d cors sans masques L enseignant revenant aux r actions consign es dans les journaux dialogu s peut approfondir la question pourquoi selon les l ves le tribunal juge que Meursault est dangereux pour la soci t Le jugent ils eux aussi dangereux pour la soci t Les l ves ont d j d couvert que Meursault ne respecte pas les r gles et les valeurs qui font consensus n accorde pas d importance ce qui donne un sens la vie des autres membres de la soci t et si demain matin tout le monde cessait de croire au Bien la morale 120 l amour et faisait ce qui lui chantait 14 3 Imaginer Sisyphe heureux L enseignant r colte les r actions des l ves face ce qui a t discut de la pens e de Camus Certains l ves noteront sans doute qu ils y adh rent ou non que cette pens e n est pas tr s gaie L enseignant peut rebondir sur des r ponses de cet ordre pour faire percevoir tous qu en efit la th orie de Camus sur l absurde implique une forme de douleur certains l ves peuvent tre choqu s par les d clarations de Meursault propos de Dieu ou propos de certaines valeurs puisque nature
377. vis cette fable est encore d actualit en faisant un lien soit avec un v nement de l actualit journalistique soit avec une exp rience v cue Les l ves doivent ainsi en quelque sorte s approprier la fable la mettre en lien avec leur vie 13 Boucler la boucle retour la r criture Maintenant que les l ves ont tous les l ments en main pour expliquer la post rit des Fables ils vont y participer L enseignant leur demande de reprendre la courte fable crite pr c demment avant l observation de certaines caract ristiques des fables de La Fontaine Il leur demande s ils se sentent maintenant capables de faire mieux En dyades les l ves devront crire un pastiche Pour que celui ci soit r ussi l enseignant par le biais d un questionnement revient sur les caract ristiques g n riques de la fable et les particularit s des fables de La Fontaine tudi es la fable est un bref r cit all gorique vis e argumentative elle cherche transmettre une le on g n ralement formul e explicitement sous la forme d une morale Ce r cit met en sc ne la plupart du temps des personnages de nature animale bien qu ils 5 Au moment o cette activit a t mise en uvre les liens n taient pas difficiles faire entre Le Loup et l agneau et la r pression exerc e par un certain dirigeant libyen entre Les Animaux malades de la peste et le proc s spectacle d un certain homme p
378. vit malgr les tentatives th oriques destin es complexifier l image de la discipline 12 Rosier et Dufays affirment que la bipartition langue litt rature est encore d actualit pour parler de la discipline fran ais qu elle refl te encore les pratiques m me si d Jepuis un peu plus de deux d cennies il est devenu courant pour la didactique de d finir la discipline fran ais comme l tude de la production et de la r ception des discours crits et oraux et de renvoyer dans les oubliettes de la configuration ancienne la 19 Parmi ce que Simard 1997b nomme les modes d organisation des contenus en langue premi re propos s en didactique du fran ais cette mod lisation de la discipline semble en effet toujours apte rendre compte d une tension encore ressentie par plusieurs Pensons aux instructions officielles fran aises qui depuis 2002 d membrent la discipline fran ais dans le domaine d enseignement concernant sp cifiquement la langue fran aise on retrouve d sormais la litt rature et P observation r fl chie de la langue rebaptis e tude de la langue en 2007 les pratiques langagi res sont quant elles rel gu es aux domaines transversaux Schneuwly 2007 Lebrun 2008 Par ailleurs en 1997 au Qu bec Simard crivait que la discipline fran ais se divisait sch matiquement en deux zones dans l une la langue domaine r unissant les
379. vre deux finalit s distinctes l une instrumentale concerne le d veloppement des capacit s langagi res des l ves Pautre culturelle concerne la connaissance du syst me de la langue de son histoire de ses r gularit s et de ses potentialit s Le syst me scolaire au Qu bec a tendance mettre l accent sur la premi re au d triment de la dimension culturelle de l enseignement de la langue 3 1 Bref historique de l enseignement de la grammaire au Qu bec7 Avant 1960 au Qu bec comme dans l ensemble de la francophonie l enseignement de la grammaire a constitu un pilier de l enseignement du fran ais au d but de la scolarit L enseignement traditionnel de la grammaire prenait g n ralement la forme suivante 7 Cet historique s appuie en grande partie sur Chartrand 1996 2011 expos th orique d un contenu d enseignement exposition d une r gle explication et d monstration m morisation de la r gle par l l ve connaissance d clarative et application dans des exercices visant l automatisation L enseignement n assurait pas le passage vers l application en situation d criture qui devait se faire automatiquement Le corps de connaissances formant la grammaire scolaire traditionnelle forg partir du XVIII visait l apprentissage des r gles prescriptives du fran ais crit norm en particulier celui des grands auteurs classiques Malgr la r f rence constante
380. yst me de la langue et le d veloppement des capacit s langagi res des l ves tout en permettant l adoption d une posture propre la lecture litt raire qui implique une attitude de distanciation par rapport au texte et un investissement subjectif tourn s vers la construction du sens En d autres termes dans la perspective de l articulation nous cherchons viter l instrumentalisation de l une des composantes en jeu de sorte que le texte litt raire ne devienne pas un terrain d exercice grammatical ou un pr texte l enseignement d un concept en langue et que la grammaire ne soit pas non plus travaill e de fa on essentiellement incidente en tiquetant 95 les ph nom nes au passage par exemple Les ph nom nes choisis sont pertinents pour l appropriation de l uvre parce qu ils rel vent de caract ristiques g n riques ou de particularit s mais ils sont aussi en partie consid r s pour eux m mes puisqu ils font l objet d analyses structur es et sont temporairement d contextualis s avant d tre reconnect s la construction du sens du texte Afin d illustrer la mise en application de notre mod le nous proposons donc dans la seconde section de ce m moire des s quences didactiques construites autour d une uvre litt raire dans lesquelles les activit s portant sur des caract ristiques g n riques ou des particularit s de l uvre visent mettre en branle le mouvement d
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