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1. Mon coeur a plus parl que mes l vres et n estoit la pens e que j ay qu en escrivant une personne je parle plusieurs il se respandroit bien davantage Relation de 1634 IT p 739 i 4 L entreprise du P Campeau est ambitieuse publier les sources rela tives l histoire des missions des j suites fran ais en Am rique du Nord durant le XVIIS si cle soit de 1602 1672 Dans la pratique cela signifie r diter les quelques milliers de pages des Relations et certains textes connus mais difficilement accessibles Cham plain Lescarhot mettre au jour une multitude de documents in dits lettres m moires factums de diverses origines Un premier tome consacr la mission d Acadie avait paru en 1967 le deuxi me publi Rome en 1979 mais diffus au Qu bec depuis un mois ou deux seulement contient outre quelques lettres sur l Acadie encore un ensemble de documents relatifs l ta blissement des j suites dans la vall e du Saint Laurent entre 1616 et 1634 Le P Campeau n a heureusement pas res treint le choix de ses textes aux seules sources troitement reli es aux missions j suites il reproduit des documents in dits ou rares importants pour l his toire globale de la Nouvelle France par exemple dans le T L deux crits de Lescarbot et un Factum anonyme dirig contre les P Biard et Mass dans le T H un Advis au Roy du r collet Le Caron et une Relation d2. ua il Compte rendu Retour aux textes fondateurs Monumenta Novae Franciae Il de Lucien Campeau Ouvrage recens Lucien Campeau S J Monumenta Novae Franciae II tablissement Qu bec 1616 1634 Roma apud Monumenta hist soc Jesu Qu bec Les Presses de l Universit Laval 1979 141 889 p par R al Ouellet Lettres qu b coises la revue de l actualit litt raire n 20 1980 1981 p 89 93 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 40338ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 09 14 Les r ditions Retour aux textes fondateurs J apprend que les sauvages qui sont aux Tro
3. Cette emphase semble bien diminu e en 1979 o les Relations certes un monument litt raire ne sont plus pour l essentiel qu un chapitre exaltant d exp rience missionnaire Qu apr s cela elles soient rem plies d aper us utiles l histoire l anthropologie l ethnologie etc nous ne dirons pas que ce n est pas important mais cela demeure secon daire et hors de la pr occupation premi re des auteurs Les Relations ne sont pas des r cits curieux pour amateurs d exotisme elles sont communication d efforts apostoliques auxquels les lecteurs sont invit s coop rer Monumenta H p 542 Ajoutons cela que les crits j suites sont pr sent s comme porteurs d au cune id ologie II p 137 ni ruse d aucune sorte d une part leur transparence parfaite leur na vet rendent vaine toute recher che du non dit du latent d autre part l intention religieuse de leurs auteurs interdit des profanes de les passer au crible de leurs interrogations Mais au jourd hui comme hier les Relations sont diffus es dans le grand public par des diteurs commerciaux voire uni versitaires Cela veut dire en clair qu elles appartiennent tout le monde et qu elles sont pr cis ment publi es pour tre diss qu es analys es par tout le monde et dans toutes les directions possibles chappant la vis e de leurs auteurs d gag es de leur int r t docu mentaire les prem
4. acolyte Leclercq Les Am rindiens sont pr sent s comme l e t fait Champlain ou un j suite du XVII si cle ils sont na fs impr voyants indisciplin s insubordonn s g n reux entre eux mais mesquins en vers les trangers intelligents mais sans esprit de syst me ni habilet casuistique leur activit religieuse s envasait dans les prati ques multiformes de la sorcellerie et de l animisme leur s jour de l au del tait morne et sans joie leurs mes y taient inactives le jour dans un grand ennui le message vang li que lib ra d finitivement l Indien as servi jusque l aux monstres aux ta bous aux n cessit s d un monde obs cur inqui tant et sans ouverture de se trouver entre les mains d un Dieu tout 92 puissant attentif et bon pour ses en fants garant de la gloire et du bonheur de ses fid les Il p 131 Nul doute qu une telle pr sentation des Montagnais n alimenterait quelques pages du livre de S Vincent et B Arcand L Image de l Am rindien dans les manuels scolaires du Qu bec Hur tubise HMH 1979 mais je n ai nulle intention de commenter ces jugements donn s comme d finitifs j exprimerai plut t ma surprise de voir le P Cam peau minimiser ou invalider d avance toute lecture des Relations qui voit l activit missionnaire moins comme une entreprise r ussie ce dont ne doute jamais le P Campeau que comme
5. cette forme narrative puisque au si cle suivant le p re Charlevoix fera suivre son Histoire et Description g n rale de la Nouvelle France d un Journal historique Mais au dire du narrateur des Relations le temps ne laisse pas toujours le loisir de ranger la mati re sagement dans des chapitres bien ordonn s ou m me de la jeter sans ordre apparent dans le ramas ou m moire en forme de journal de la fin Dans la Relation de 1637 par exemple avant la seconde partie d sormais annuelle consacr e ce qui s est pass en la mission des Hurons et r dig e par un missionnaire de la Huronie l on a une Derni re Lettre du P Paul Le Jeune au R P Provincial ajout e la Relation ter min e une semaine et demie plus t t De tels ajouts greff s comme des variantes sur le corps principal de la Relation donnent croire que le r dac teur manquant de temps pour fondre l ensemble pr f re joindre des pi ces annexes au risque de faire parvenir son sup rieur un morceau inorganique Lors m me que le scripteur semble parfaitement dominer les pi ces qu il doit refondre songer aux expressions comme nous en reparlerons en son lieu une lettre fraichement arriv e des Hurons o quelques paragra phes viennent donner une autre tournure au pr sent narr Je pensais finir ce chapitre mais voici quelques fragments de lettre qui en feront une bonne conclusion L impor
6. cise Les variantes sont donn es en bas de page comme les notes se rapportant diff rents sujets renseignements d ordre g ographique linguistique his torique ethnographique etc discus sions de certaines th ses jugements de valeur port s sur un personnage ou un v nement renvois des sources documentaires Le corpus de docu ments reproduits est pr c d d une bi biographie d une liste de sources d ar chives et d imprim s de deux listes de sigles et d abr viations de longues in troductions g n rales totalisant 300 pages il est suivi de listes de sigles et d abr viations de notices biographi ques d s personnages nomm s et d un index analytique L auteur attache beaucoup d importance l annotation et l introduction car elles clairent le sens et donnent le mode d emploi de la documentation publi e Les Monumenta pr sentent l avan tage de rassembler en une seule publi cation l ensemble des crits relatifs aux missions J suites en Nouvelle France Mais leur rythme de parution ne permet gu re d esp rer qu on verra le terme avant la retraite du P Campeau quelques reprises on a sugg r celui ci de ne publier que les documents in dits ou difficiles d acc s Ne voyant l horizon ni individu ni quipe dis pos s prendre la rel ve je serais port partager cet avis D autant que l di celle de Thwaites Pour que les Monu menta remplacent vraiment ce
7. largira pendant 250 ans et m nera La V ren drye aux pieds des Rocheuses au Sud de la Saskatchewan actuelle vers le milieu du XVIII si cle Trouver une voie rapide pour aller la Chine Champlain travers le continent am ricain au nord de la Floride les Espa gnols sont trop solidement implant s au Sud voil ce qui explique l explora tion syst matique du Saint Laurent puis des Grands Lacs d une part et du d troit d Hudson d autre part Une ex ploration qui s appuie sur une certaine connaissance de la c te est du conti nent En effet l Europe grande consommatrice de poissons elle compte de 100 150 jours maigres au XVIS si cle y p che la morue depuis longtemps Elle traite aussi des four rures avec les Am rindiens du castor surtout recherch parce qu il permet de fabriquer un feutre de qualit En raison de conditions g ographi ques et d approvisionnement difficiles la France ne peut se contenter d tablir de simples comptoirs sur la route vers la Chine elle doit s enraciner graduellement sur le continent Cham plain le voit bien qui sugg re la M tropole de faire de Qu bec un poste de douane pour les marchandises entre l Asie et l Europe De l l installation de colons qui subvenant leurs propres besoins assure ront une zone de s curit et une source de ravitaillement pour l exploration vers le Nord la vall e du Mississipi et l Ouest Pour la M tropol
8. 7 chez les m mes diteurs Sur l ensemble des Relations des J suites je me permets de renvoyer CI Rigault et R Ouellet Relations des j suites D O L Q T I 1978 p 637 651 cf aussi L Pouliot Etudes sur les Relations des J suites de la Nouvelle France 1632 1672 Montr al Descl e de Brouwer 1940 L dition Thwaites en 73 volumes a paru Cleveland chez Burrows en 1896 1901 elle a t r imprim e en 36 volumes par Pageant Book en 1959 93
9. assion et de soin qu un Br beuf quelques ann es plus tard L aventure humaine de la d couverte de l autre s accompagne en m me temps chez les j suites d une aventure dans le domaine du langage D s leurs premiers contacts avec les groupes au tochtones ces professeurs de coll ges se rendent compte que leur univers de figures de topo narratifs et de r f rents culturels ne parviennent pas rendre la densit de leur exp rience Voyant des sauvages pour la pre mi re fois Le Jeune crit Il me sembloit que je VOYOIS Ces masques qui courent en France caresme prenant Leur couleur naturelle est comme celle de ces gueux de France qui sont demy rostis au soleil 1 J en ay veu de vestus de peau d ours justement comme on peint saint Jean Baptiste l Hs res semblent tous ce philosophe de la Gr ce qui ne portoit rien sur soi qu il n e t fair Relation de 1632 Monumenta J p 303 La perception de l autre n est pas en core assez v cue ni conceptualis e pour pouvoir s exprimer autrement que par des comparaisons enracin es dans l u nivers culturel familier de l observa teur Bien plus la pouss e de l criture l entraine tout moment hors de sa fonction proprement r f rentielle dans un brouillard qui n est pas confu sion ou d sordre mais vagabondage po tique Ce n estoit pas mon dessein de tant escrire Les feuillets se sont multi pli s insensibl
10. e l vang lisation repr sente un moyen non n gligeable de s assurer des partenaires commerciaux des alli s ind fectibles et par le m tissage de gonfler rapidement la population canadienne l Indien converti ne re oit pas seulement un nom et des v tements fran ais il jouit de tous les privil ges de la nationalit fran aise On comprend d s lors que certains Chapitres de l histoire missionnaire se confondent avec ceux de l histoire de la Nouvelle France Cette histoire surtout dans les ann es qui suivirent la mort de Champlain en 1635 ne peut tre re constitu e sans une large utilisation des crits laiss s par les J suites Pr c d s par les R collets mais tr s t t au centre de l activit missionnaire dans la vall e 89 du Saint Laurent et jusqu en Huronie sur les bords de la Baie G orgienne les J suites taient des claireurs aux deux sens du terme ils apportaient les lumi res de l vangile de pauvres Barbares et pr c daient souvent les d tachements officiels colo niaux Aventuriers d une qualit et d une trempe particuli res plusieurs missionnaires taient des lettr s et des savants Certains m moires ou cartes j suites comptent parmi les documents les plus exacts qui nous soient rest s du AVII si cle par exemple la fameuse carte de 1657 attribu e au P Bressani et repr sentant au coin inf rieur droit le martyre des j suites en Huronie L
11. e voyage attri bu e Champlain publi s ici pour la premi re fois Sont aussi reproduites les marginalia comme celles du P Mass sur un exemplaire de la Relation de Biard Suivant les principes g n raux adopt s pour l dition de l en MONUMENTA NOV FRANCLE Il TABLISSEMENT QU BEC 1616 1634 Par LUCIEN SAMPFEANU amp L POHA Qi BEc EUR eme TE Du ton THB n ns FESSES OE L sjitt Lens Tia de Tani iarraim ja C mvi hee LE ivis tion Campeau ne semble pas invalider semble des Monumenta j suites le P Campeau a voulu pour garder au texte sa valeur de t moin linguistique respecter absolument l expression pri mntive y compris l orthographe et les irr gularit s de la morphologie et de la syntaxe Monumenta l p 258 Les seules transformations apport es tou chent les fautes manifestes de copie ou de typographie la suppression des tildes et des confusions i j u v la solution des abr viations et la moderni sation partielle de la ponctuation Des paragraphes ont t parfois ajout s pour faciliter la lecture Chacun des textes r tenus est num rot dat pr sent avec localisation et description mat rielle de son support original pr senta tion de son contenu et signalement d ditions ventuelles Je souligne au passage que la description mat rielle des livres ou manuscrits sans compor ter le luxe de d tails de certains travaux anglo saxons est labor e et pr
12. ement et m ont mis en tel point qu il fault que j envoie ce brouillard pour ne pouvoir tirer et 91 mettre au nel ce que j Croirois debvoir estre pr sent Vostre R v rence Relation de 1633 Mo numenta I p 484 Bien loin de miner la qualit documen taire de la Relation les manifestations de la fonction po tique permettent mon sens de mieux interroger l impli cite du discours d y d busquer peut tre ce qu un nonc purement didacti que laisserait dans l ombre L criture de Le Jeune trahit l h sita tion du sujet scripteur qui se sent vite d port par rapport son sujet Je r entre en discours contre ma pens e et qui balance entre l ordre chronologi que propre rendre l aventure d un individu et l ordre th matique indispen sable tout discours commentatif D s 1633 l impossibilit de suivre le fil du temps est avanc e Afin d viter la confusion je suivrai l ordre du temps crit il mais au pr alable il faut que je dise que nous avons pris un singulier plaisir dans les d portemens de nos Fran ais hivernans Mais venons au d part des vaisseaux de l an pass pour suivre les mois qui se sont escoul z depuis ce temps l Dans la m me Relation de 1633 en core sous la date du 12 janvier on rapporte ainsi une conversation dans laquelle un sauvage juge le Dieu chr tien plus puissant et plus grand Capitaine ou Seigneur que celui d
13. es Montagnais qui vient du rat musqu Mais propos de musc ce Sauvage m a donn occasion de parler de leur Dieu je diray que c est une grande erreur de croire que l On voit par ces contes que les Sauvages ont quelque id e d un Dieu Pour revenir nostre Sauvage je lui demanday nice co nr Il faut liminer les redites et les longueurs regrouper th matique ment ou g ographiquement les sujets trait s tout en leur conservant le trem blement du v cu imm diat ajouter aux Relations ant rieures voire les Corriger en racontant ce que l exp rience quotidienne apporte r pondre c rtaines difficult s dont les lec teurs d sirent tre claircis donner des conseils ceux qui veulent passer en Nouvelle France lire la suite des Relations l on se demande si le moul n est pas coul pour l essentiel avec cette Relation de 1634 qui apr s un regroupement des sujets en chapitres se cl t sur un journal des choses qui n ont pu tre couch es sous les chapitres pr c dents Ce qu on appellera fr quemment par la suite ramas de di verses choses dress en forme de Journal permet de raconter ce que l ordre th matique des chapitres laissait chapper et de grossir la Relation tous les jours au d part des vais seaux par la rencontre des choses plus remarquables qui pourront arriver Relation de 1634 Il faut croire la vertu de
14. es j suites taient d autant mieux pr par s relater ce qui se passait dans leur champ d action que les membres de la Compagnie taient habitu s de rendre compte r guli rement de leur activit sur le terrain m me o elle s exer ait D s les d buts de la Soci t Ignace de Loyola demandait aux missionnaires des rapports sur tout ce qu il est utile de savoir climat nourriture cou tumes Caract res des gens bref tout ce qui semble n cessaire pour le culte de Dieu et le bien des mes Des multiples crits J suites de Nou v lle France le bloc compact form par les Relations est de loin le plus impor tant Publi es r guli rement depuis 1632 par l diteur Cramoisy et inter rompues pour des raisons confuses en 1673 elles sont un compte rendu an nuel r dig par le Sup rieur de la mission canadienne et adress au sup rieur provincial en France R dig es Qu bec vers la fin de l t partir de notes diverses et de rapports envoy s de postes loign s les Relations sont re ues en France et parfois r crites pour la publication M me lorsque le signa taire y a laiss la marque de sa forte personnalit Le Jeune Ragueneau ou Br beuf le caract re collectif du message est inscrit dans le text m me Vostre R v rence jugera par la n cessit que j ay eu d emprunter la main d autruy pour luy escrire que je n ay pas tout le loisir que je pourrois d si rer
15. histoire de la colonie se ram ne ce qu a crit Champlain Sur le plan d une histoire des mentalit s encore faire elles constituent une source in puisable Dans les champs jusqu ici peu explor s de la g ographie de la linguistique et de l ethnologie historiques les Relations se r v lent tout aussi indispensables comme en t moignent les travaux r cents de Trig ger Morrissonneau et Heidenreich peu pr s tous les aspects des cultures mat rielle et spirituelle indiennes sont touch s croyances et pratiques re ligieuses organisation sociopolitique commerce techniques agricoles m di cales et guerri res habitudes culinaires et mani res de table comportement sexuel loisir travail d mographie migrations rapports interethniques ete P re Lucien Campeau Compar s nos modernes ethno logues les j suites peuvent au premier abord sembler trop impliqu s dans le milieu trop motiv s par leur projet missionnaire pour pouvoir nous donner un t moignage objectif C est ou blier qu il n est pas de projet ethnologi que innocent l enqu te implique une attitude intellectualiste de sup riorit qui s lectionne des informations les arrache leur contexte existentiel les met en rappot les explique L enqu te poursuit un objet exotique voire politique comme l ont rappel r cemment des repr sentants de groupes primitifs inuits ou am rindiens choqu s par les int
16. i res Relations ne mettent pas seulement en cause Paul Le Jeune dans ses vidences spirituelles ses mythologies int rieures ses auto matismes perceptuels et existentiels elles nous interrogent sur les n tres propres J B Pontalis parlait du rap port psychanalyste analys comme d une interpellation r ciproque C est cela pr cis ment que m ne la lecture de ces crits fondateurs de notre litt rature Souhaitons au P Campeau la m me vitalit que son confr re Charlevoix du XVIII si cle qui parvint mener bonne fin la premi re v ri table Histoire de la Nouvelle France R al Ouellet L ACTUALITE toujours agr able lire vient de publier son plus gros num ro nov 80 144 pages On le souligne dans la pr sentation Ce qu on ne dit pas c est que sur ces 144 pages il y a 87 pages de publicit sans compter les encarts publicitaires Il reste donc 57 pages de texte Lettres qu b coises vient de d passer les 100 pages En enlevant nos pages de publicit et c est la premi re fois que nous en avons 20 il nous reste 88 pages de texte Il faudrait bien que nous nous en vantions un peu A Th l Lucien Campeau S J Monumenta No vae Franciae I Etablissement Qu bec 1616 1634 Roma apud Monumenta hist soc Jesu Qu bec Les Presses de l Universit Laval 1979 141 889 p Le premier volume consacr la premi re mission d Aca die avait paru en 196
17. is Rivi res sont tous malades et meurent en grand nombre Le P re Br beuf qui a pass par l m escrit qu il seroit propos que j y allasse Je suis dans les escritures Je n ay rien ou peu de choses prestes Les vaisseaux seront bien tost prests faire voile Je seray surpris en mes lettres et infor mations que j envoie Vostre R v rence touchant nos besoins Je me d p che tant que je peux Lettre du P Paul Le Jeune au P B Jacqui not ao t 1634 Ce n estoit pas mon dessein de tant escrire Les feuillets se sont multipli s insensiblement et m ont mis en tel point qu il fault que j envoie ce brouillard pour ne pot voir tirer et mettre au net ce que je croirois debvoir estre pr sent Vostre R v rence Paul Le Jeune Relation de 1633 L Am rique du Nord ne fut long temps qu un obstacle l Europe pour atteindre l Asie fabuleuse Au d but du XVI si cle elle n est encore qu un cap de l Asie puis une le r elle comme Cuba ou fictive comme Saint Brendan En 1527 seulement une carte inspir e des voyages de Verrazano mar Monumenta Novae Franciae II oaa de Lucien Campeau que l Am rique de Terre Neuve la Floride comme un continent et en core la pr sente t elle la hauteur de Pamlico Sound comme un isthme don nant sur la mer de Chine C est cette fameuse Mer Vermeille appel e encore Mare Indicum ou Mer de l Ouest qui fascinera les explorateurs s
18. lle ci il faudrait mon avis que pour les volumes venir le P Campeau aille plus loin que l rudit am ricain dans la reconstitution de son dition je veux dire examiner scientifiquement fous les exemplaires disponibles et tous les manuscrits des diverses ditions du XVIIS si cle Sinon rien ne nous as sure que l exemplaire servant de base pour tablir le texte de la Relation de 1648 par exemple n est pas le r sultat d une contrefa on ou d une dition fau tive qui a t corrig e censur e ou remplac e par une autre Dans un do maine comme l dition scientifique on ne saurait en 1980 se fier James C McCoy dont la Bibliographie remar quable date de 1937 Chaque ann e des exemplaires inconnus jusque l sont achet s par des biblioth ques publiques ou priv es Pour le grand public la partie la plus accessible des Monumenta est videm ment celle qui reprend les Relations de Le Jeune pour les ann es 1632 1634 et reproduit un Voyage attribu Cham plain On peut regarder ces textes de diverses fa ons comme une source historiographique de premier ordre comme la repr sentation narrative d un premier contact avec une r alit physi que et humaine vraiment trang re comme une aventure scripturaire On sait jusqu quel point notre histoire ses d buts est tributaire de ces relations de voyages et de s jour par Champlain Sagard Leclercq et les j suites cer taines ann es l
19. rusions indiscr tes de regards trangers sur leurs mani res de manger de parler d aimer Ou bien l enqu teur se transforme en magn to phone ou cin matographe et alors se condamne n enregistrer que des bruits et des images d nu s de sens ou bien il cherche s impliquer profond ment dans le milieu pour se retrouver dans la m me situation que les j suites dont le projet avait l avantage d tre formul et conscientis clairement Certes l entreprise missionnaire li mite la cueillette et l interpr tation des donn es ethnologiques consign es dans les publications destin es difier les lecteurs mais cette limite est souvent plus th orique que r elle car la conver sion implique un changement de l tre indien dans la totalit de son comportement croyances el pratiques religieuses rapports sexuels et fami liaux habillement habitudes ali mentaires En outre le choc cul turel ressenti par le missionnaire face une r alit si trang re l am ne s in terroger sans cesse mettre en rapport ajouter Corriger contredire m me les donn es ant rieures Convaincu que le temps est le p re de la v rit Relation de 1633 II p 484 Le Jeune qui avoue d s 1632 ne sentir aucune affection particuli re pour les sauvages et qui manifeste une r pu gnance de tous les instants voir la fr quence des termes graisse et sale rel ve des traits ethnographiques avec autant de p
20. tance ainsi accord e la situation de l crivant le rappel constant des bateaux les dimensions multiples de la masse de l information l angoisse de communiquer une information exhaus tive et de produire des effets d admira tion et de conversion autant d l ments assur s de dramatisation Il m est arriv qu en crivant fort pr s d un grand feu lisons nous en 1633 mon encre se geloit plus tard J ai trac fort la h te cette Relation tant t en un endroit tant t en un autre quelquefois sur les eaux d autres fois sur la terre enfin je conclus en la R sidence de Notre Dame des Anges proche de K bec en la Nouvelle France ce 28 d Ao st 1636 mais le ton tait d j donn en 1632 C est assez Nous sommes si ent press z que je n ai gard aucun ordre en ce narr w iE 2h voir le soin avec lequel le P Campeau a pr par son dition lire surtout son commentaire on se rend bien compte qu il poursuit le m me objectif de publicisation des travaux missionnaires j suites que les Relations en leur temps Il d fend leur oeuvre avec chaleur et embrasse m me leurs disputes il prend parti pour Champlain comme celui ci prit parti pour eux S il admet une occasion et en termes feutr s le temp rament controversiste du P Le Jeune il ne m nage pas les jugements d valuatifs pour les adver saires des j suites le pontife Fronte nac et son
21. une exp rience existentielle Et pourtant l exp rience missionnaire c est concr tement affronter un environne ment g ographique et humain rebutant devoir apprendre et utiliser imparfaite ment une langue ne correspondant pas ses sch mes de pens e et ne poss dant pas les m mes r f rents que la sienne c est rencontrer sur son chemin un sorcier qui formulera contre les myst res de la religion le m me type de raisonnement voltairien que Le Jeune en d pit de toute vraisemblance de son propre aveu il conna t mal le montagnais se targue d employer contre la mythologie montagnaise c est devoir expliquer la mort de J sus et l Eucharistie des gens qui torturent et mangent leurs ennemis c est d avoir son mot dire sur l ex cution d un pr tendu meurtrier c est de rendre compte r guli rement de son me et de son activit soi m me ses confr res et sup rieurs Bien plus il semble qu avec les ans la lecture des Monumenta ne soit plus gu re autoris e qui ne cherche pas co ncider avec l intention missionnaire du j suite de 1632 Parlant de l impor tance des Monumenta le P Campeau crivait en 1967 La port e d une telle documenta tion pour l histoire eccl siastique politique conomique et militaire non moins que pour l anthropologie l ethnologie la sociologie la litt ra ture et les autres secteurs du savoir est incalculable Monumenta 7 p 54
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