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Valérie Debrot

1. Le jeu du foulard Une conduite risque adolescente En qu te de sensations en qu te de sens soi Val rie Debrot n 62 Janvier 2004 UNIVERSIT DE NEUCH TEL SCIENCES DE L DUCATION Espace Louis Agassiz 2000 Neuch tel T l 032 718 18 41 amp 718 17 91 Fax 032 718 17 01 E mail pierre marc unine ch Internet http www unine ch sed REMERCIEMENTS Je tiens avant tout remercier mes directeurs de m moire Pierre Marc et Dani le P risset Bagnoud pour m avoir laiss l opportunit de choisir un sujet comme celui du jeu du foulard et pour leur suivi durant cette recherche Ensuite je tiens galement remercier les personnes qui ont accept de confier leurs exp riences je pense ici aux adolescents et adolescentes que j ai eu l occasion d interroger mais aussi et surtout aux m res dont les enfants sont d c d s la suite de cette pratique Je pense ici tout particuli rement Fran oise Cochet sans qui une partie du travail de recherche autour de ce d licat sujet n aurait pas t possible Je profite de l occasion qui m est donn e pour remercier encore chaleureusement les membres de l quipe du Futur ant rieur pour leur accueil dans les Alpes du Sud en France et plus pr cis ment le Dr J C Fisher Merci aussi aux experts qui ont pris le temps de me r pondre dans le cadre de cette recherche Un grand merci Clairelise pour son aide pr
2. J aimais cette sensation qui vous retourne l estomac Pratique solitaire Oui C est l volution normale car tu veux garder a les sensations pour toi alors tu le fais tout seul Conscient du danger de la mort possible Pas conscient de s auto trangler mais on sait que c est interdit donc dangereux Comme si on d fiait la mort Vision du jeu avant et maintenant Exp rience agr able Mani re d exprimer un malaise mais on peut en mourir Sexe des pratiquants Filles et gar ons sont gaux Rapport au groupe Ils y jouaient tous alors pas question de se d gonfler Si tu le fais pas t es une mauviette Partager les sensations pouvoir le faire ensemble en parler et expliquer aux autres les sensations En parler aux parents Non On se cache pour le faire Avis sur la pr vention N cessaire au coll ge par des jeunes concern s mais avec les enfants en primaire c est plus d licat Important d adapter le discours cr dibilit celui des jeunes Donn es personnelles P re d c d lors de l enfance Anecdote J ai recommenc sur les marches d une glise Je ne sais pas combien de temps je suis rest vanoui mais heureusement une personne m a secouru J tais vautr dans la boue tremp 40 ENTRETIEN AVEC UN JEUNE DE 25 ANS LAURENT DE PROVENCE 26 Ch teauneuf du Rh n
3. propos de cette conduite est le caract re passager p riodique qu elle impliquerait D apr s ce que les jeunes en disent ils semblent se lasser rapidement de 45 telles pratiques il s agit pour eux d une passade dans les activit s r alis es au sein du groupe de pairs est au niveau des sensations que l on observe le plus de diff rences individuelles bien que tous y fassent r f rence dans leurs r ponses notamment quant aux sensations li es l vanouissement Mais au del de cette sensation initiale commune on peut relever diff rents ressentis qui vont d aucune sensation jusqu l impression de r ver le plus souvent d entendre de la musique douce d apercevoir des taches de couleurs blanches ou bleues ou des silhouettes de sentir des picotements dans tout le corps ou encore une sensation de froid Ces diff rences refl tent les diff rences individuelles physiques et motionnelles existant entre les individus face au ph nom ne de l anoxie Quant aux raisons qui les ont pouss s vers cette conduite elles sont multiples et varient d un individu l autre n anmoins on peut surtout relever l ennui la curiosit l influence du groupe et surtout la recherche de sensations Ces l ments qui concernent ma question de d part seront repris dans la partie suivante analytique Tous les interlocuteurs d clarent avoir t conscients de l existence de risques li s la
4. abord au niveau de la conceptualisation du sujet Ma tentative de compr hension du ph nom ne devrait amener des pistes pour une pr vention r fl chie et efficace ce qui constitue le deuxi me niveau Quant au troisi me niveau il concerne de nombreuses pr occupations de parents pour lesquels une information claire et compl te s av re indispensable concernant un sujet qui peut a priori relever de la sant publique Les raisons qui m ont fait choisir le jeu du foulard comme objet d tude sont les suivantes a premi re raison est d ordre scientifique Comment se fait il que si peu de chercheurs se soient jusqu pr sent int ress s de plus pr s ce th me l en Suisse ou en France Ce ph nom ne doit tre pris au s rieux il me para t donc indispensable de se donner les moyens de mieux le conna tre Bien que je n aie pas rencontr d tude sp cifique ce type de pratique chez les jeunes except Pommereau qui y consacre quelques lignes dans son r cent ouvrage intitul L adolescent suicidaire et un dossier de Le Breton dans la revue des Cahiers P dagogiques Quand les l ves se mettent en danger j ai n anmoins choisi de m int resser ce ph nom ne Le fait de ne pouvoir profiter d aucun appui th orique sur le sujet me permet non seulement de construire une approche libre de toute id e pr con ue mais galement de travailler un objet de recherche original La deuxi me rais
5. dipienne capable de fragiliser un adolescent face de telles pratiques C Les entretiens avec les adolescents D une mani re g n rale les jeunes que j ai interrog s ne pratiquent plus la conduite risque en question Tous l ont pratiqu e il y a quelques ann es les pratiques les plus r centes remontent trois ou quatre ans et les plus anciennes une dizaine d ann es L chantillon est constitu d une fille pour quatre gar ons Sur les cinq adolescents interrog s deux ont connu cette conduite l ge de 10 ans les trois autres ont attendu entre 14 et 15 ans pour y prendre part Les cinq y ont particip plus d une fois 38 J ai choisi de montrer une partie de mon travail de regroupement des donn es issues des entretiens d une part pour illustrer cette partie concernant les adolescents et la rendre plus vivante avec l int rieur de chaque tableau consacr aux cinq personnes interrog es des extraits en italique des r ponses obtenues D autre part cette disposition permet au lecteur d observer un certain nombre de d tails int ressants par exemple quant aux mots employ s aux types de r ponses obtenues et cela permet en outre de faire appara tre les points communs partag s par les pratiquants quand c est le cas A la suite de la pr sentation des cinq tableaux relatifs aux cinq personnes interrog es je fais un compte rendu autour des l ments de r ponse r currents dans c
6. en rende compte vraiment on se sent comme si on avait une baisse de tension comme un vertige et puis on est endormi Au r veil je me rappelle d un r ve avec des gens habill s de noir qui veulent m attraper je sais qu en fait a repr sentait l image inconsciente de la mort en Europe Et je me d bats en fait je voulais pas le faire le jeu du foulard jusqu au bout mais au d but a marchait pas alors je me suis vanouie et en tombant sur le nez j ai heurt mon lit Et c est ce bruit de chute qui a alert mes parents qui ont accouru dans ma chambre Alors ils m ont appel e et je me suis r veill e quand ils m ont secou par l paule Interviewer a se passe toujours comme a Christine Non en fait avec les copines c est plus brutal pour le r veil car elles te mettent carr ment des gifles et quand tu te r veilles c est plut t marrant c est pas dur En fait c est comme si t tais vanoui et t as l impression que t es inconscient tu vois des taches blanches Et t as aussi l impression que le temps s est arr t qu il n y a pas de temps Interviewer quelle fr quence as tu pratiqu le jeu du foulard Christine Environ une quinzaine de fois en fait pas beaucoup je ne le faisais pas tous les jours je veux dire c tait pas quelque chose d habituel pour moi En fait c tait par passade qu on le faisait en petites bandes dans des lieux o l on s
7. explications quelques hypoth ses propos de l objet de recherche bas es sur les l ments disposition Sur la base de l analyse de traces et d apr s les r f rences litt raires certains auteurs ont mis en vidence les notions de recherche de sensations et de plaisir d ordre sexuel avec Giono mais aussi la notion d exp rience mystique avec Breton La recherche de sensation qui entra ne le risque constitue un premier mode explicatif ma question de d part Les adolescents semblent la recherche de sensations d oubli d eux m mes dans une conduite risques comme celle du jeu du foulard En outre la recherche de limites la p riode de l adolescence est un argument que bon nombre de chercheurs ont repris et ce quel que soit leur domaine de recherche sp cifique notamment Huerre Le Breton Pommereau et Fischer Tous soulignent l importance de cette p riode critique o l individu est confront aux changements physiques biologiques psychiques sexuels et sociaux qui caract risent le passage de l enfant l adulte P riode qui est par d finition celle des prises de risques et des tests de limites En laissant une large place aux explications sur la recherche des limites cet ge ces diff rentes interpr tations permettent de mieux appr hender les conditions et les motivations susceptibles d amener un adolescent vers des conduites dites risques Ils chercheraient prouver au sens
8. partir de donn es issues de la litt rature grise B Le contexte g n ral Suite cette introduction et ma question de d part il s agit de construire sur la base de diff rentes notions un contexte capable de donner sens au ph nom ne tudi J ai d cid de situer mon objet de recherche dans le contexte explicatif des conduites risque l adolescence car il s agit l d un contexte capable de donner un cadre pertinent l objet de cette recherche Pour ce faire il est indispensable de pr senter un certain nombre d l ments relatifs l adolescence proprement dite et au contexte social dans lequel l adolescent vit aujourd hui Dans l objectif de se d finir et de se situer dans une soci t o s effacent les limites et les rep res l individu contemporain doit faire preuve de sa force et de sa capacit d adaptation aux changements pour se reconna tre et tre reconnu Face l importance du ph nom ne suicidaire chez les adultes et la consid rable progression des conduites risques chez les adolescents on est amen consid rer que les personnes les plus d munies ne sont pas n cessairement celles vivant dans la pr carit mat rielle Les individus semblent manquer de reconnaissance existentielle de reconnaissance affective et de statuts sociaux v ritables D s la fin des ann es soixante on peut observer que les modifications radicales des ges marquant
9. Un indien dans la ville P J t l film de France 2 20 2 1 2 3 Le recueil d information pour une observation directe concerne trois cat gories de personnes Les experts les sp cialistes a Le Dr J C Fisher psychiatre pour adolescents Embrun dans les Hautes Alpes que j ai pu rencontrer sur place pour un entretien d une heure avec prise de notes b T Goguel d Allondans anthropologue et ducateur Strasbourg avec qui j ai eu un entretien t l phonique avec prise de notes c A Al o directeur d tablissement scolaire en Is re avec qui j ai eu un entretien t l pho nique avec prise de notes d Le Dr Krompecher m decin l giste vaudois avec qui j ai eu un entretien t l phonique avec prise de notes Les t moins privil gi s quelques parents de victime contact s pour un entretien t l phonique d environ une demi heure entretiens exploratoires libres a M Rui de Lausanne b F Cochet de Bourg en Bresse c Y Cochet du Havre d S Boyaud de Sa ne et Loire Quatre adolescents qui ont d j pratiqu en France et un en Suisse a Laurent de la Dr me b Christine d Ozon c Samy du Nord d Alexandre de Nice e Tiago de Gen ve a et e ont fait l objet d un entretien semi dirig d une heure avec un enregistrement par microphone au contraire des trois autres adolescents interrog s par t l phone durant
10. autre chose Sensation ressenti C est vraiment comme tomber dans les pommes la seule diff rence c est qu il y a pas le r ve L effet est bizarre a fait peur des fois a fait une coupure au cerveau alors c est proche d un tat de sommeil o tu r ves R action au r veil On croit qu on est en train de r ver et que l on est dans son lit et qu on vient de se r veiller mais en fait t es dans la cour d cole T es compl tement perdu Pourquoi y jouer continuer C tait amusant et quand les personnes tombaient dans les vapes certaines avaient des spasmes a faisait rire tout le monde Pratique solitaire Ouais comme a devant la t l c tait la recherche de l effet pour les sensations Conscient du danger de la mort possible On savait que c tait dangereux j tais conscient des risques mais j acceptais de les prendre Oui mais vu le nombre de fois que je l ai fait je me dis gue vu qu il ne m est jamais rien arriv ben Vision du jeu avant et maintenant C tait un passe temps on savait pas comment le placer entre le bien et le mal Je ne le referais plus aujourd hui Sexe des pratiquants Les gar ons sont plus concern s que les filles Rapport au groupe Je faisais souvent le cobaye pour montrer ceux qui connaissaient pas Je l ai m me
11. ces trois cat gories n est pas identique et d pend de la pertinence des propos recueillis en effet j ai pr f r laisser la plus grande place aux adolescents puis aux experts parfois au d triment de celle des parents N anmoins ce choix se justifie par le but de cette recherche qui est de trouver des l ments de r ponse ma question de d part Par ailleurs les entretiens avec les parents avaient une vis e essentiellement exploratoire dont le but tait d une part d clairer la pertinence du cadre choisi pour l objet de recherche et d autre part de r v ler de nouvelles pistes de nouvelles id es et des hypoth ses rest es dans l ombre Concernant les entretiens avec les experts ils ont volu au cours de la recherche passant d une forme exploratoire une forme d entretien semi dirig sp cifiquement avec le Dr Fisher C est justement l entretien de ce dernier qui m a sembl le plus pertinent quant aux r ponses obtenues L analyse de contenu proprement dite concerne essentiellement les entretiens r alis s avec les adolescents au point C de ce chapitre V A Les aspects principaux des entretiens exploratoires avec les parents de victimes Ce qu il faut retenir de ces entretiens libres r alis s avec des m res dont les enfants sont d c d s suite la pratique du jeu du foulard c est d abord la n cessit de pr venir d informer sur cette conduite pour que les pare
12. ces jeux dangereux peut tre par une exp rience personnelle pr alable On s en rend compte dans le reportage vid o Les maternelles diffus sur France 5 22 03 2002 dans un tablissement scolaire o ce sont les adolescents de 3 4 ann e soit 3 et 4 ann e secondaire en Suisse qui ont signal la pratique de cette conduite jeu du foulard par des l ves plus jeunes de 5 6 soit 1 et 2 secondaire au directeur qui a alors pris des mesures pour enrayer cette pratique Ces adolescents ont donc averti du danger et taient en mesure de dire que la pratique du foulard ne sert rien Une autre raison au pourquoi les adolescents pratiquent ces jeux dangereux c est l attrait de l interdit m me si dans la situation pr cise du jeu du foulard il s agit d un interdit bon march Dans le sens o c est une activit qui se fait facilement l abri des regards de plus les parents ne la connaissent pas C est galement une mani re de para tre d exister face aux autres membres du groupe en disant par exemple Moi je ai fait et en exprimant sa fiert d avoir t capable d en quelque sorte relever la d fi Par le fait d effectuer ce jeu le jeune aurait la possibilit de prendre confiance en lui m me gt Int D une mani re g n rale ceux qui jouent ces jeux dangereux en sont victimes ou coupables gt Dr Fisher Dans les jeux violents ceux qui se d
13. cieuse ses encouragements son soutien et ses conseils avis s dans la r daction de ce m moire Je n oublie pas pour finir de remercier ma famille pour son soutien et son int r t tout au long de ce travail Enfin encore merci Patrick pour sa patience et la confiance qu il m a t moign e cela m a galement permis d avancer dans de bonnes conditions en me sentant soutenue RESUME Il s agit d un travail d exploration d une conduite risque d sormais connue sous l expression de jeu du foulard Cette exploration a pour objectif d arriver une compr hension de ce ph nom ne et ceci selon trois axes Un premier axe correspond la premi re partie du travail consacr e l inscription du ph nom ne tudi dans la probl matique des conduites risque l adolescence En interrogeant ce ph nom ne la lumi re de ces conduites il se r v le riche en interpr tations th oriques diverses et complexes la fois car il r unit dans une m me pratique les enjeux li s la p riode de l adolescence et certaines formes de prises de risques chez les adolescents Le second axe soit la deuxi me partie est r solument d volu la description stricto sensu de l objet de cette recherche A partir d un corpus de donn es issues d une analyse de traces j ai tent d appr hender et de d finir cette conduite risque Le troisi me axe c est dire la derni re partie se veut
14. e Pendant deux grosses semaines Arr t C est r voltant mais il a fallu que des enfants en meurent pour que cela se sache et ne plus le refaire Sensation ressenti La t te tourne c est un peu comme un man ge comme un malaise c est la m me sensation qu un joint a provoque une rection c est une d couverte R action au r veil En fait c est comme si tu te r veilles d une syncope Pourquoi y jouer continuer Pour les sensations par curiosit on rel ve le d fi pour voir jusqu o on peut aller Pratique solitaire Non Conscient du danger de la mort possible Pas vraiment comme on le faisait ce jeu tait pas dangereux c est pas du tout un jeu mortel Mais avec le foulard tu peux pas stopper le processus l c est plus grave Vision du jeu avant et maintenant Tant qu on l a pas v cu ce jeu il est tentant Sexe des pratiquants Les gar ons sont plus concern s que les filles Rapport au groupe Ils me disaient t es pas capable En parler aux parents Pas abord Avis sur une pr vention Elle est n cessaire en plus de la vigilance des parents Donn es personnelles Anecdote Pendant une semaine j ai eu l impression de ne plus avoir de cou a fait bizarre 43 ENTRETIEN AVEC UN JEUNE DE 21 ANS TIAGO A GENEVE D but avri
15. est dire une privation d oxyg ne Apr s dix secondes il y a perte de connaissance L anoxie s v re conduit au coma en quelques secondes si elle se prolonge au del de quelques minutes entre 3 et 5 min elle provoque des l sions c r brales irr versibles Les cons quences d une anoxie c r brale durable peuvent persister longtemps apr s la correction de l anoxie et tous les interm diaires sont possibles entre la r cup ration compl te et la mort c r brale Les cons quences sont variables selon la dur e de l anoxie compl te ou non et son intensit Le cerveau est un grand consommateur d oxyg ne et bien qu il ne repr sente que 2 du poids du corps il a besoin de 15 20 de l oxyg ne inspir C est pourquoi il est tr s vuln rable en cas d anoxie b L enc phalopathie anoxique vient d un manque d oxyg ne du cerveau provoqu par exemple par une suffocation La strangulation m ne la suffocation Les s quelles de l enc phalopathie anoxique s v re chez un individu qui aurait retrouv sa conscience peuvent tre vari es coma plus ou moins profond d mence crises pileptiques incapacit d identifier les objets environnants mouvement involontaires tremblements amn sie 27 c L hypoxie d faut d oxyg nation l g re peut provoquer une inattention une incoordination motrice et un trouble du jugement Au d but d une syncope c est dire avant la perte de conna
16. jaculation Bien s r les fantasmes masochistes l angoisse de castration et d autres facteurs psychologiques jouent sans aucun doute leur r le Physiologiquement les risques sont l il peut y avoir un arr t cardiaque Un autre r sultat de l hypoxie est l vanouissement qui suit la chute d oxyg ne au cerveau Bien que les victimes d vanouissement soient confuses lorsqu elles reprennent conscience la premi re fois la r cup ration est rapide et compl te le cerveau pouvant rester plusieurs minutes priv d oxyg ne avant que surviennent de s rieux dommages Mais force de r p ter cette technique il suffit d une petite pression pour produire un effondrement de l art re carotide faisant sombrer ainsi dans l inconscience en quelques secondes L exemple d un instructeur de judo qui a subi de graves dommages c r braux en tant le sujet de trop nombreuses d monstrations des techniques traditionnelles de coups sur les carotides illustre le danger inh rent ce type de pratique Mais il existe de nombreuses autres fa on de parvenir l vanouissement qu il s agisse de technique de strangulation de suffocation de blocage des organes respiratoires de compression du torse de prise de m dicaments de noyade ou de chocs lectriques gt La strangulation soit la pression sur les carotides repose sur la modification de l apport de sang au cerveau L obstruction de la trach e par pression e
17. l ment d un ensemble o d autres facteurs ont un r le important jouer Cet adjuvant n induit pas un processus infaillible ind pendant de toute situation Les connaissances actuelles sur le cerveau r v lent que ces tats psychiques particuliers sont fa onn s par nos repr sentations elles m mes largement assujetties cette sorte de seconde nature laquelle l individu n chappe pas la culture Autrement dit l ing nuit totale est un leurre p 23 5 Quant aux techniques neurophysiologiques utilis es par le yogin sur l utilit desquelles les textes anciens semblent partag s il est dit et r p t qu elles ne sont pas sans danger ni effets secondaires ind sirables et que nul ne saurait y recourir sans maitre Le Bouddha lui m me les aurait finalement rejet es comme tant des obstacles sur la voie de l veil p 23 6 Il est pertinent de signaler ici les travaux de deux chercheurs am ricains E D Aquili et A Newberg de l Universit de Pennsylvanie qui concernent l observation de l activit du cerveau Plus pr cis ment ces chercheurs ont observ que l activit de POAA Orientation Association Area d une intensit normale et dont la fonction est de maintenir l individu orient dans l espace en distinguant radicalement le moi du monde ext rieur se trouvait lors d une exp rience mystique singuli rement r duite Priv d informations sensorielles le cerveau
18. la m me personne Fallait bien qu on rigole Interviewer Dans ces moments tiez vous conscients des risques ou non Laurent Je dirais pas compl tement inconscients on se doutait bien que c tait pas tr s sain mais je savais pas que je pouvais en mourir Interviewer Comment as tu arr t y participer Laurent C est quand tu t aper ois que a sert rien de faire ce jeu Interviewer Aujourd hui quel regard portes tu sur cette affaire Laurent C tait quelque chose d inconnu alors d attirant pour quelqu un comme moi Interviewer Comment a quelqu un comme toi Laurent Je suis un touche tout j essaye tout pour voir jusqu o je peux aller pour voir mes limites Mais ce qui est s r c est que je le faisais pas pour mourir 1 re cigarette 13 ans avec des coll gues 1 joint usage cannabigue 14 toujours consommateur de tabac de cannabis et d alcool D c d d un accident de moto le 21 7 02 dans les environs d Aubenas l ge de 25 ans Cinqui me entretien t l phonique n 1 Christine d Ozon dans les Alpes Maritimes vers Nice R gion PACA fin juin 2002 Originaire du Gers soit la r gion Midi Pyr n es 32 aujourd hui en PACA 2 ann e de lyc e soit en fin de 1 ann e 17 ans gt gt gt gt VV VV NY Interviewer Quand as tu entendu parl de ce jeu du foulard pour le premi re fois et o
19. octobre s instaure une action minist rielle sous forme de circulaires informatives adress es aux diff rents recteurs aux chefs d tablisse ments mais galement aux enseignants principaux et aux infirmi res scolaires Le but de ces circulaires vise au del de la pr vention des principaux acteurs de l ducation une intervention sur le terrain et une pr vention aupr s des enfants et parents concern s par le sujet de cette circulaire 17 A l automne 2001 le ministre de l Education Nationale demande la r alisation d une enqu te par l inspection g n rale Celle ci prend conscience de l tendue de cette pratique suite trois mois de recherche Les f d rations de parents d l ves sont officiellement mform es en janvier 2002 Le M E N pr voit des sanctions l encontre des trangleurs mais aussi envers les autres participants Les premiers risquent d sormais une mise en examen pour homicide involontaire alors que les seconds risquent d tre accus s de non assistance personne en danger et d atteinte l int grit physique d autrui En ce qui concerne une pr vention g n ralis e le M E N craint de d velopper un effet pervers incitatif pour les enfants les plus fragiles Toutefois les charg s d enqu te du M E N pr conisent l tendue d une sensibilisation notamment des diff rents organismes qui s occupent des jeunes comme Jeunesse amp Sport les C
20. sentant des pulsions sexuelles et agressives plus ou moins inconscientes Personne ne peut nier que le corps repr sente pour l adolescent un moyen d expression symbolique privil gi de ses conflits et de ses modes relationnels Mais le corps est aussi un instrument de mesure et de r f rence par rapport l environnement ou aux capacit s d exercice personnel de telle ou telle activit Ce dernier aspect illustre de mani re int ressante les liens entre les activit s de l adolescent et son corps c est dire l utilisation du corps par le jeune dans une dynamique de comparaison autrui Dans la conduite qui nous int resse il s agit surtout d un rapport au corps La prise de risque implique qu il en soit le t moin l instigateur et la victime A l adolescence les assises du sentiment de soi restent fragiles et le corps peut alors tre vu comme le champ de bataille de l identit L ambivalence envers le corps aim et ha est li e l histoire du jeune et aux capacit s de l entourage faire ou non office de contenant Pour enfin faire corps avec soi il est parfois n cessaire d prouver ses limites physiques 11 Lorsque le jeune est dans l incapacit de reconna tre comme sien son monde interne lorsgu il ressent l int rieur de lui des forces contradictoires terriblement violentes son corps propre lui semble tre le seul vecteur possible de mobilisation pour se d gager des c
21. tel Ranchin B 1998 Les conduites risques Rites initiatiques ou visites ordaliques Les conduites risque des jeunes Empan N 30 juin 13 Richard F 1996 Les conduites risque adolescentes Nouveau malaise dans la civilisation In L M Villerbu Dir Anthropologie et Clinique Recherches et Perspectives Annales du colloque 27 28 mai 1994 pp 185 200 Universit de Rennes 2 A R C P Ed Riedinger S 1993 L adolescence et ses paradoxes Revue de psychologie de la motivation 16 8 17 Ce court article de r f rence m est malheureusement parvenu trop tard pour qu il puisse tre pris en compte dans ce travail N anmoins il fait r f rence des tudes r alis es en Angleterre Blanchard et Hucker 1991 o 40 jeunes sont morts dans des conditions non lucid es une autre tude sur 136 enfants d c d s en Angleterre en 1995 Nixon JW amp al une tude cossaise de Wyatt amp al en 1998 Enfin la publication canadienne de Le D amp al en 2001 Self strangulation by hanging from cloth towel dispensers in Canadian schools 7 2 55 Annexes RETRANSCRIPTION D UNE PARTIE DES ENTRETIENS EXPLORATOIRES effectu s le 07 06 2002 Embrun dans les Hautes Alpes 05 en France Maison d Enfants Caract re Sanitaire Sp cialis dans le Traitement des Dysfonctionnements Psychiques de VAdolescent VALJOYEUX Le futur ant rieur V MV NY Premier entretien explorato
22. Il s agit ici d une approche qui se veut exploratoire mais aussi compr hensive concernant un type de conduite risque une pratique adopt e par certains jeunes qu ils nomment le jeu du foulard Ce sujet qui sera d velopp et d crit plus loin est non seulement actuel mais aussi original Il s agit d un objet de recherche qui peut tre qualifi d in dit au niveau conceptuel et dont l tude est d autant plus pertinente qu elle semble r pondre des interrogations d un certain nombre de parents et de chercheurs concern s de pr s ou de loin par ce th me qui relie de mani re g n rale les jeunes et le risque Ma principale motivation r side dans la possibilit de compr hension d un tel ph nom ne par l interm diaire du dialogue avec les jeunes et travers divers concepts scientifiques sans oublier tout un travail de description bas sur diff rents supports notamment des donn es issues de ce que l on appelle la litt rature grise Par ailleurs il est vident que la possibilit d une explication psychanalytique de ce ph nom ne appara t s duisante n anmoins je ne l ai pas retenue car elle demanderait une enqu te bien plus approfondie Mais le fait de pratiquer une activit qui suppose une strangulation m me quand cette activit est prise pour un divertissement n est pas fortuit De mani re tr s succincte on peut dire que certains psychanalystes voient par exemple dans cette co
23. Le Breton D 2002 L adolescence risque Corps corps avec le monde Paris Autrement 54 Le Heuzey M F 2003 Attention cole jeux dangereux Service de psychopathologie de l enfant et de l adolescent de Paris In Archives de p diatrie 10 pp 587 589 Lesourd S 2001 Jouissance et destructivit r f rence moderne de la violence Le journal des psychologues N 190 septembre 53 57 Lipansky E M 1993 La probl matique identitaire l adolescence Revue de psychologie de la motivation 16 43 53 Marcelli D 1984 D sirs d ind pendance Hors s rie L adolescence Sciences et vie N 188 septembre 46 57 Marcelli D amp Berthaut E 2001 D pression et tentatives de suicide l adolescence Paris Masson Monin I 2002 Canette n gardav ces nouveaux jeux qui font peur Le Nouvel Observateur N 1945 14 20 f vrier 78 80 Interview du professeur Debarbieux E Myquel M 1998 Les prises de risque l adolescence Empan Risques tre N 30 juin 29 30 Lausanne Pommereau X 1997 Quand l adolescent va mal l couter le comprendre l aimer Mesnil sur L Estr e France J C Latt s Pommereau X 2001 L adolescent suicidaire Paris Dunod Porchet P A 1995 Toxicomanies les d pendances de la souffrance et les souffrances de la d pendance Tir part du Rapport d activit du Drop In de Neuch tel Neuch
24. ce d fi est relev par le jeune cela lui accro t son estime de lui m me Une vision diff rente plus ax e sur le versant de la psychologie sociale comprend le recours cette conduite 16 Extrait vu le nombre de fois que je l ai fait et qu il ne m est jamais rien arriv 47 comme une mani re de s identifier au groupe afin d acqu rir un sentiment positif de son identit autrement dit pour se construire en tant qu individu D autre part une prise de risque en groupe implique une comparaison entre ses membres alors le corps devient l instrument de mesure de comparaison par excellence puisque la p riode de l adolescence le corps est justement plong dans un rapport ambivalent la fois aim et ha reconnu et m connaissable familier et myst rieux Il s agit l d une certaine forme de d fi de test de soi par l interm diaire du corps pour tenter d prouver au sens de Pommereau ce corps et donc de le tester pour en cerner les limites Concernant la conscience des risques des adolescents face cette conduite on peut dire d apr s les entretiens que les jeunes sont conscients des risques physiques encourus par la pratique ils savent qu elle est dangereuse N anmoins ils semblent ignorer la possibilit de pouvoir en mourir En d autres termes ils ne se rendent pas compte de l irr versibilit contenue dans cette conduite Ils ne se rendent compte ni de la possibilit de
25. ces jeux dangereux Toutefois la pr sence d informations peut cr er dans une certaine mesure de la demande et puis cr er son tour des incidents souvent dramatiques Il faudrait creuser l aspect de la pr vention faite par des m res de victimes ces m res pourraient induire un effet de danger chez des parents qui n en n ont jamais entendu parler D autre part ils font a pour tester mais quand il y a la mort au bout du jeu la mort est un risque prendre Le fait de plus informer revient poser plus de limites et c est justement ce que les jeunes tendent tester l adolescence Une solution r side dans le domaine associatif qui actuellement d tient plus de pouvoir afin de mettre l accent sur le probl me et de tirer la sonnette d alarme comme c est d j le cas Il reste des probl mes de moyens financier quant aux solutions gt Interviewer Ces jeux dangereux sont ils selon vous des effets de mode gt Dir Gautier Non Des jeux comme celui de la roulette russe ont exist de tout temps Troisi me entretien t l phonique avec un expert en m decine scolaire en Suisse Mi avril 2002 contact t l phonique avec le m decin des coles de la ville de La Chaux de Fonds le Docteur Latr che Selon lui Cela n existe pas en Suisse c est arriv en France oui mais pas ici pas chez nous Pour ce qui est de la pr vention en tous cas pas dans les cours de biologie solut
26. conduite en question Cet l ment tient sans doute l ge des pratiquants m me si les plus jeunes disent aussi sans conna tre les cons quences physiques en d tails qu ils se doutaient bien que c tait quelque chose de dangereux Ce propos aussi sera repris dans la partie suivante Concernant le genre des pratiquants les interlocuteurs sont divis s pour les uns filles et gar ons sont gaux devant cette conduite pour les autres ce sont les gar ons qui sont le plus concern s noter que la fille interrog e annonce nettement l galit des genres face cette conduite Mais force est de constater par exemple dans les analyses de traces la forte repr sentation des gar ons victimes de cette conduite risque Cet l ment peut tre mis en lien avec une th orie issue de la sociologie du risque qui postule que les gar ons feraient appel des conduites plus risqu es plus extr mes que les filles qui se dirigeraient vers des conduites plus discr tes N anmoins selon moi il s agit peut tre plus de s interroger sur le sens que le risque en question rev t pour le ou la jeune Ce qui peut tre tout fait pertinent pour l un peut s av rer tout fait insignifiant pour l autre En effet le risque peut valoir la peine d tre pris en regard de ce qu il est m me d apporter au jeune Dernier l ment voqu la n cessit de se cacher et de garder le secret quant l existence
27. de ressentir par le risque leurs limites physiques afin de se sentir exister vivant Se mettre au d fi pour exister On peut lier cette interpr tation l importance de la recherche de sensations travers le risque et la recherche de limites qui est l uvre dans la conduite risque du jeu du foulard Ce peut tre aussi une mani re pour certains jeunes de trouver un sens leur existence travers une recherche toujours plus pouss e de leurs limites D apr s les l ments th oriques des parties pr c dentes on peut mettre l hypoth se suivante sur un mode plus psychologique La participation d un adolescent une conduite risque comme le jeu du foulard peut tre comprise comme une mani re d tourn e de se construire une identit personnelle travers une prise de risque r alis e soit en groupe soit en solitaire Cette confrontation au risque est cens e poser les limites internes et externes les rep res que l adolescent recherche Une autre hypoth se interpr tative met en avant l aspect comparatif contenu dans la participation une conduite risque comme le jeu du foulard o il s agit pour le jeune d une mani re de se tester pour savoir qui il est et de pouvoir se comparer aux autres au travers du risque encouru La participation au jeu du foulard qui comme une preuve personnelle permet au travers du risque encouru de tester sa valeur personnelle
28. du foulard concerne diff rentes soci t s occidentales francophones comme la France et la Suisse depuis quelques ann es d j 1 La situation en Suisse Diff rents articles de presses parus la fin de l an 2000 notamment Zurich Lausanne et Gen ve signalent la pratique de ce jeu dangereux dans les cours d coles ainsi que le d c s d un jeune gar on qui serait imputable celle ci Au mois de d cembre 2000 un quotidien genevois d signe sous les termes m dicaux de compression des carotides la pratique du jeu du foulard L article en question annonce clairement que le Service de Sant de la Jeunesse Gen ve ainsi que la Direction de l enseignement primaire des coles concern es par cette pratique ont t alert s P Bouvier m decin responsable de ce service Sant a envoy une notice informative sur le danger de la compression des carotides destin e aux enseignants de la circonscription genevoise dont il s occupe et ceci d s le mois de juin de l ann e en question Suite cela certains enseignants de Champel et de Malagnou sont intervenus aupr s de quelques l ves Pour ces enseignants ces l ves ne mesurent pas du tout les dangers d un tel acte A propos de l apparition de ce ph nom ne Bouvier d clare que ce n est pas nouveau que plusieurs cas se sont d j produits Pour la psychologue Yakoubian ces pratiques sont cens es provoquer des sensations orga
29. ees se esse ee esse se ee 35 5 TROISIEME PARTIE COMPTE RENDU DES ENTRETIE NS esse es sees esse es sesse ees 36 A LES ASPECTS PRINCIPAUX DES ENTRETIENS EXPLORATOIRES AVEC LES PARENTS DE VICTIMES RS et ne N Gee De ae EE be ag SE de E Ee SR de GR ER EN 36 B LES ASPECTS PRINCIPAUX TIRES DES ENTRETIENS AVEC LES EXPERTS ede 37 C LES ENTRETIENS AVEC LES ADOLESCENTS ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee 38 D COMPTE RENDU DES ELEMENTS RECURRENTS ISSUS DES CATEGORIES D ANALYSES DES 6 ANALYSE MISE EN RELATION DES CONCEPTS RETENUS ET DES CONTENUS DEPOUILLES DES ENTRETIENS ssssesrenensenennnssnsesesenensse 46 7 PISTES DE REFLEXION VERS UNE PREVENTION sees see ssse esse esse ee sees esse esse es se ee 51 SE CONCLUSIONS ewe see Ee eb see de ee se ee ee ee de Soe ge ged 52 BIBLIOGRAPHIE 54 ANNEXES 56 1 Introduction g n rale Le sujet dont il est question dans les pages qui suivent est d licat il s agit de tenter de comprendre pourquoi des adolescents se pr tent des exp riences de strangulation entre pairs ou en solitaire Cet objet peut sembler a priori inadapt un m moire de licence d abord car ce ph nom ne qui sans tre rare n est pas fortement r pandu notamment en Suisse Pourtant il s agit d une probl matique inscrite dans l actualit des jeunes g n rations qui r v le l attrait de certains jeunes pour des conduites pour le moins risqu e
30. essentiel est plut t de donner du sens ces interdits de pouvoir se situer face eux et en fonction de cela exp rimenter ou pas Certains adolescents incapables de trouver en eux et autour d eux les limites et les tayages susceptibles de donner un cadre leur existence vont jusqu se transformer en v ritables t tes br l es en multipliant les conduites risques Or la soci t se veut de plus en plus aseptis e Elle tend rejeter la notion de risque ce qui am ne le jeune rechercher hors des activit s contr l es la prise de risque la recherche de sensations fortes La prise de risque souvent pr sente chez les adolescents est d cupl e par le fonctionnement actuel de la soci t dans laquelle le faire est privil gi face au penser o les rep res et les contenants familiaux et sociaux sont flous et qui met maintenant disposition des jeunes des moyens et autres objets v lo scooter moto mat riel sportif d multipliant vitesse et risque A cet gard Baudry in Goguel d Allondans 2003 p 16 explique que le sens du risque est subjectif qu il appara t dans la r p tition qui vise commencer quelque chose Comme s il fallait chapper aux limites du corps nier la mort en l exp rimentant Il diff rencie la notion de risque de celle de danger en prenant un exemple commun le fait de rouler avec des pneumatiques lisses sur une route mouill e est quelque chose d
31. est dire si l envie de se procurer du plaisir par l interm diaire d une pratique de l asphyxie demeure d sormais il ne passera plus l acte En fait avec le travail comportemental le pratiquant se rend capable de se procurer du plaisir diff remment Il s agit donc d un comportement qui peut tre contr l a Les liens avec la pratique du jeu du foulard La psychologue Spitzer et le m decin l giste Krompecher font l hypoth se suivante la pratique du jeu du foulard serait un d riv de l asphyxie auto rotique soit une adaptation de cette pratique sexuelle de l adulte une pratique de jeunes Cette hypoth se semble reposer sur les similitudes entre ces deux pratiques diff rentes Il est possible de mettre en vidence quelques aspects communs ces deux pratiques Ainsi bien que tout individu soit potentiellement concern par l asphyxie auto rotique les hommes semblent de mani re g n rale plus touch s que les femmes 1 La pr disposition masculine des pratiquants de l asphyxie auto rotique se retrouve chez les pratiquants du jeu du foulard dont les victimes sont majoritairement des gar ons 2 L initiation en groupe restreint semble partag e par ces deux pratiques Toutefois pour l asphyxie auto rotique une partie des pratiquants seraient initi s par un ou plusieurs adultes ce qui ne correspond pas aux initiations par les pairs d crites par les pratiquants du
32. extr mes et o la femme entame une strangulation sur son partenaire pour lui faire atteindre l orgasme Il s agit du film amp L empire des sens De ces r f rences clectiques on peut remarquer qu elles sont toutes susceptibles d tre mises plus ou moins ais ment en lien avec le jeu du foulard Pour certaines ces liens se tissent sur le versant physique et de la recherche de sensations notamment travers la strangulation pour d autres c est sur le versant de l exploration de soi par l int rieur dans une recherche d absolu que ces liens apparaissent B D finition du Jeu du foulard ou comment des adolescents se strangulent pour conna tre l ivresse de la suffocation La description qui suit est bas e sur l observation indirecte des diff rentes sources indiqu es plus haut elle est organis e autour de six questions sur la conduite sp cifique du jeu du foulard Il s agit d un jeu de strangulation et d touffement r alis seul ou en groupe dont l objectif est de provoquer un vanouissement en principe de courte dur e Ces jeux peuvent avoir de graves cons quences neurologiques irr versibles voire s av rer mortels De nombreuses variantes existent 2002 FCPE p 1 1 QU EST CE QUE C EST Les d nominations diff rent selon les r gions le jeu du foulard le r ve indien le sommeil indien le r ve bleu coma cosmos les 30 secondes de bonheur la nuit me
33. fendent le moins en sont les principales victimes comme par exemple pour le jeu de la canette qui est typiquement un jeu qui s applique sur des victimes d sign es victime qui ne se pose pas de question sur la cause de cette d signation Deuxi me entretien exploratoire avec le Directeur du Centre Le Futur Ant rieur Monsieur Yves Gautier environ 30 min gt Interviewer Le jeu du foulard est il selon vous une conduite risque gt Dir Gautier C est une conduite risque dans la mesure o cette conduite est r p t e sinon il s agit d un jeu dangereux Comme dans ma jeunesse o l on jouait d j au jeu de la amp savate La violence 57 dans les jeux des jeunes augmente car ils vivent dans une soci t de consommation o la violence tient de plus en plus de place L existence de jeux comme celui du foulard c est triste mais c est normal ou plut t habituel dans notre pratique Apr s 24 ans d exp rience je peux dire que l adolescence est la p riode faite pour la confrontation avec les risques De plus pour un jeune aujourd hui il y a un amoncellement de probl mes qu ils soient sociaux ch mage perte de valeur des tudes familiaux divorce famille monoparentale familles recompos es ou touchant la sexualit SIDA MST gt Interviewer Les jeunes qui pratiquent le jeu du foulard sont ils particuliers gt Dir Gautier Non il s agit d adolescents
34. grent sans difficult la soci t ce n est pas le cas de tous Pour Le Breton 2002 p 5 les conduites risques sont un signe inqui tant de cette difficult d int gration au social Etant donn que tout ce qui est d sir est susceptible d tre dangereux pour soi m me ou pour autrui et que la paire d sir danger n cessite la formulation d interdits on comprend que a notion de risque soit indissociable de celle de limites Ces derni res peuvent tre internes elles s appuient sur l ensemble des int grations faites durant l enfance travers les figures parentales les divers supports identificatoires disposition et les principes moraux et ducatifs Mais elles peuvent galement tre externes symbolis es par les r gles et les codes sociaux qui permettent Acquisition par l enfant de son autonomie Action de s identifier autrui c est dire de se vivre plus ou moins consciemment identique quelqu un et de se comporter comme lui la vie en collectivit Entre ces deux grandes repr sentations de limites des changes continuels se font et en fonction de la pertinence et du niveau d int gration de la loi ils am nent coh rence et clart quant au respect de soi et d autrui Le fait de prendre des risques mesur s implique la diff renciation entre comment on se situe face ces rep res et comment on tente de se fixer un seuil ne pas d passer une limite
35. groupe de faire l exp rience du risque de se tester lui m me dans l acte par le risque encouru sous le regard de ses pairs Les facettes de cette exp rimentation sont multiples d abord sur un versant individuel il s agit de la vivre de ressentir cette exp rience en soi dans son corps et donc d tre amen mieux le conna tre puis sur un versant plus social il s agit de faire face au risque devant le groupe de le partager et alors d tre en mesure de se comparer avec les diff rents membres du groupe A ce propos il est important de mettre en vidence un aspect essentiel dans la d couverte et dans la pratique de la conduite risque en question il s agit du groupe de pairs Effectivement tous les adolescents mettent l accent sur l importance accord e au groupe soit par l imitation de ce groupe dans un souci de conformisme soit par la reconnaissance du groupe susceptible d amener l adolescent l impression d tre valoris et accept par celui ci La liaison tablie entre l importance du groupe de pairs relev e ci dessus et les fonctions que remplissent ce groupe dans la construction identitaire de l adolescent notamment par l identification du jeune au groupe permet de mettre en vidence une vision de la conduite risque du jeu du foulard Cette vision sociale explique la conduite risque comme un d fi dans le but d tre accept et valoris par le groupe quand
36. jeu du foulard L importance du groupe dans l une ou l autre de ces pratiques se r v le dans la symbolique qui s y joue car elles permettent d une certaine mani re aux participants de faire don de leur vie de l offrir au groupe Ce qui revient pour le participant percevoir le groupe en tant qu objet d amour 3 Les signes permettant de d celer une ventuelle pratique de l auto rotisme sont tonnamment similaires ceux rencontr s dans la pratique du jeu du foulard Par exemple les signes physiques et certains comportements sont identiques comme le fait de rester souvent seul de porter un foulard afin de cacher d ventuelles traces Mais aussi la pr sence d objets communs comme les liens n cessaires la pratique de l une comme de l autre 4 Le but recherch para t similaire en ce que ces pratiques visent la recherche d effets physiologiques induits par la privation d oxyg ne du cerveau Ce que certains sp cialistes nomment le syndrome d asphyxie semble comparable la recherche d effets euphorisants 33 caract ristique de la pratique de la compression des carotides Au del du but qui peut para tre commun ces pratiques les moyens mis en uvre pour y parvenir peuvent se r v ler fort dissemblables 5 Les risques et les cons quences induits par la strangulation que cela soit pour l une ou l autre de ces pratiques sont pratiquement identiques N anmoins l
37. l entr e dans le groupe et son acceptation semblent acquises pourquoi r p tent ils cette conduite L hypoth se ne tient pas compte de la forte r p tition de ces conduites qui est selon moi un aspect essentiel et caract ristique du jeu du foulard La recherche passionn e de sensations que l on trouve chez les pratiquants du jeu du foulard est une caract ristique des conduites risques Elle est mettre en rapport avec la recherche de limites et au travers de celles ci le jeune semble en fait tre la recherche de lui m me faire l exp rience de soi au travers des risques pris et des d passements de limites c est finalement lui m me qu il met au d fi lui m me qu il cherche conna tre au travers d exp riences qui le forment pour demain L attraction du groupe de pairs prend galement une place importante dans la pratique d une conduite risque comme le jeu du foulard Ce fait est tr s bien illustr par la citation suivante S il y en a un qui a l id e d un truc bien d lirant faire on va tous s y mettre dit Karim 17 ans la limite celui qui ne va pas aller jusqu au bout il va vraiment passer pour un bouffon Tout le monde va s essuyer avec sa dignit Pommereau 1997 p 140 Un avant dernier aspect int ressant concerne les pratiquants de la conduite risque de la compression des carotides Ces pratiquants peuvent tre diff renci s selon qu ils ef
38. la 1 d couverte Entre 14 et15 ans D roulement S accroupir en soufflant tr s vite pendant 30 se relever et en respirant un bon coup alors que l autre te serre un peu le cou au niveau des carotides avec les paumes des mains Fr quence Environ une quinzaine de fois en fait pas beaucoup pas tous les jours enfin c tait pas quelque chose d habituel pour moi Dur e C tait par passade qu on le faisait en petite bande Arr t Mauvaise exp rience en solitaire nez fractur en heurtant son lit r veill e par ses parents alert s par le bruit de la chute J ai alors compris que cela s tait mal pass je me suis dit stop et j ai arr t Sensation ressenti On a d abord l impression que a marche pas et puis sans s en rendre compte c est comme si on avait une baisse de tension un vertige et puis on s endort Je me souviens d un r ve avec des gens habill s de noir qui veulent m attraper R action au r veil C est plut t marrant c est pas dur En fait c est comme si t tais vanouie ou inconsciente et tu vois des t ches blanches Et t as aussi l impression que le temps s est arr t Pourquoi y jouer Et continuer Pour essayer pour voir les sensations par curiosit pour ce monde de r ve que les autres d crivaient C est facile c est indolore et c est pas tr s d tectable Pratique solitaire Jamais sauf u
39. le mode d emploi les enfants l ont d j C est un probl me qu il faut pr venir tout petit comme d autres Donn es personnelles En plus vu que je suis asthmatique c tait vite vu fallait que j arr te Anecdote Comme un copain qui avait mis au point toute une technique pour le faire seul sans trop de risque en programmant son ordinateur pour qu il sonne et le r veille 42 ENTRETIEN AVEC UN ADOLESCENT DE 18 ANS ALEX DE LA REGION PACA Nice 06 Juillet 2002 Cat gories d analyse R ponses obtenues Nom donn la pratique Le r ve indien Lieu de la d couverte eme Au coll ge en 5 Lieu de la pratique Un peu partout o notre groupe se rencontrait souvent l cole m me devant les surveillants 1 ere Age la 1 d couverte Vers 10 ou 11 ans Initiation par groupe de pairs du m me sexe Deux copains l ont fait je voulais pas mourir idiot Alors j ai essay Mais j y avais assist avant de le faire D roulement S accroupir en soufflant tr s vite pendant 30 se relever et en respirant un bon coup alors que l autre te serre un peu le cou avec les paumes des mains Et l avant de partir tu arr tes juste temps pour pas tomber et pour ressentir les effets Fr quence On l a fait pas mal de fois mais pas pendant longtemps Environ une quinzaine de fois Dur
40. les diff rentes tapes du cycle humain particuli rement entre enfance et ge adulte se r duisent et qu en parall le adolescence et vieillesse s tirent L allongement de l adolescence coinciderait selon Pommereau 2001 p 85 89 avec l accroissement des conduites risques chez les jeunes Les jeunes g n rations semblent se trouver depuis une dizaine d ann es dans une crise qui dure Le passage la vie adulte reste difficile et s accentue encore avec le flou r gnant sur les rep res de sens et de valeurs qui caract risent le monde contemporain D autant plus que le corps social voit s estomper les diff rences les seuils les fronti res au sens propre comme au figur que cela soit dans la mondialisation dans les technologies de la communication en biologie ou en informatique mais aussi au niveau culturel En effet l effacement des diff rences entre les sexes et la n gation de la diff rence entre les g n rations impr gnent la vie en soci t Par ailleurs dans l lan de Mai 68 l ducation des jeunes s est lib ralis e par la marge d initiative qui leur est laiss e souvent au d triment de la pose de limites Actuellement certains a n s certains parents tentent d esquiver leur r le d initiateur de la vie sociale sans donner un cadre symbolique l enfant Ce ph nom ne nomm jeunisme caract rise une frange de la population qui nie le vieillissement et d sire reste
41. leur mort propre ni de la possibilit qu ils ont de provoquer la mort de l autre en jouant A cet gard la conscience du risque n a de sens qu une fois en lien avec les apports que le jeune peut trouver dans cette confrontation au risque En effet si le jeune estime que la prise de risque vaut la peine d tre prise c est parfois par rapport au groupe au plaisir ressenti la fiert qui peut en d couler A Vers des hypoth ses pour aller plus loin D apr s les t moignages notamment celui de Tiago et les l ments qui pr c dent il semble possible de mettre en rapport la fr quence des prises de risques avec la conscience du risque En fait par une pratique fr quente du risque le jeune deviendrait persuad d tre hors d atteinte immortel cette r p tition des risques favoriserait l mergence du sentiment de la toute puissance chez le jeune Concernant la conduite risque du jeu du foulard l hypoth se est que plus le jeune s y pr te et moins il se rend compte des risques qu il encourt Cette interpr tation est d autant plus inqui tante quand on prend la mesure de importance des r p titions des risques chez les jeunes D autre part l hypoth se relev e lors de l entretien avec Fisher pour qui cette conduite est un d fi que le jeune r alise pour entrer dans le groupe comme une sorte de bizutage ne me para t pas si pertinente Car une fois le d fi r ussi lorsque
42. lorsqu une personne sombre dans l inconscience la main retombe d elle m me Cette technique est illustr e par la variante du jeu des poumons L utilisation du mat riel de bondage et de sadomasochisme est aussi commune chez les jeunes hommes La peur et la souffrance ainsi que les fantasmes de mort semblent accro tre l excitation Bien avant la r action somatique de pseudo orgasmes les effets physiques de l asphyxie sont vertiges frissons chair de poule palpitations hal tement et douleur Il n y a pas besoin de savoir que cette pratique est dangereuse tout le corps le crie Ces sensations conjointes au sentiment de peur d tre dans une situation inextricable causent le pseudo orgasme Pleinement conscients du jeu qu ils jouent avec la mort ceux qui pratiquent l asphyxie auto rotique per oivent le danger et cela d autant plus que certains jeunes sont pass s ma tres dans la pratique du bondage leurs liens labor s rendent leur auto sauvetage difficile Mais ils sont si accro aux r actions de l asphyxie qu ils prennent le risque Lorsqu ils sont arriv s orgasme les jeunes se sentent gris s d avoir jou un bon tour la mort Ils recommenceront poussant chaque fois un peu plus loin leurs limites et leurs fantasmes Pour cesser la pratique de l asphyxie auto rotique il existe des th rapies comportementales Si le pratiquant reste encore sous le joug de ses pulsions c
43. mais ils voluent selon les poques Ces jeux sont d abord des pratiques d adolescents confront s aux changements de leurs corps et aux flux d agressivit qui les envahit Ils cherchent leurs limites et exp rimentent parfois jusqu se mettre en danger Ces jeux autrefois ne fascinaient pas les adultes autant qu aujourd hui parce que la violence tait alors plus famili re Et ces jeux nous affolent d autant plus qu ils s aggravent effectivement ils ne sont pas en augmentation mais leurs formes s exacerbent et se sexualisent cit par Fohr 2002 p 80 A propos de l augmentation de ces jeux dangereux Pommereau 2001 1997 p 125 constate quant lui une progression consid rable des troubles des conduites chez les adolescents Dans la liste de ces preuves de courage il existe c t de jeux inoffensifs comme le jeu des Poumons ou les visites de cimeti res nocturnes d autres pratiques beaucoup plus dangereuses comme le jeu du foulard Mais il existe aussi la travers e de l autoroute pied la travers e des rails la derni re minute ou plus r cemment les tests du tunnel o les jeunes se laissent propulser l entr e d un tunnel de train par la force de l air d un train qui circule Ces preuves sont nombreuses et il ne s agit pas d en tablir un recensement exhaustif mais plut t d tre capable de rendre compte de quelques unes d entre elles pou
44. o les adolescents ne prennent pas en compte les cons quences de leurs actes et sous estiment le risque inh rent leur comportement Dans la non prise en compte des cons quences et l impossibilit de penser avant d agir on retrouve une dimension impulsive Myquel 1998 pp 29 30 D apr s Pommereau 2001 pp 24 25 la propension l agir est classique l adolescence Souvent elle se superpose l action qui s exerce commun ment cet ge sous la forme de prise de risque plus ou moins inconsid r e selon la qualit et la permanence des limites que fixent la famille et la soci t L agir lorsqu il est temp r n a pas de signification pathologique si ce n est qu il peut traduire une fragilit propre l adolescence de l interface entre contenant psychique et contenant corporel l exemple de la rupture d une discussion lors du repas et de partir dans sa chambre en est une illustration courante C est la fixit la r p tition et l ampleur des conduites de rupture exprim es qui doivent inqui ter car elles signaleraient une souffrance qui ne peut tre dite autrement 5 La mise en risque de soi dans des jeux avec son propre corps Si le jeune est tent de s en prendre son corps cela peut tre pour lui un moyen de retrouver dans l agir un sentiment de ma trise de ses difficult s Selon Braconnier et Marcelli 1988 pp 46 47 le corps peut tre d fini comme le premier repr
45. pas le d finir en tant que telle pour cela il faut mettre en avant l aspect essentiellement r p titif de la conduite La r p tition de prises de risques par l interm diaire d un tel jeu dangereux implique que celui ci quitte d sormais le domaine des jeux dangereux pour entrer dans celui des conduites risques La r p tition de l exposition au risque est la condition n cessaire pour l admettre en tant que conduite risque Par ailleurs la recherche de sensations caract risant les conduites risques conforte la consid ration de la pratique du jeu du foulard en tant que conduite risque La notion de jeu est inadapt e la r alit de cette pratique par l accent ludique qu elle suppose en plus d tre un terme m diatique et s duisant En cons quence le concept de conduite risque convient mieux au caract re dangereux de cette pratique Gr ce plusieurs auteurs de r f rence j ai pu tracer les grandes lignes de la probl matique dans laquelle s ins re mon objet d tude l aide de diff rentes notions qui ne rel vent pas toujours d une seule et m me logique Sans d finir en totalit les d terminants concernant les conduites risques adolescentes j ai relev les l ments les plus pertinents susceptibles d en tracer le contour avec notamment les implications identitaires mais aussi sociales au travers du groupe de pairs des qu tes de valeurs de se
46. propre mort comme une probable sp cificit adolescente Cette perspective claire le jeu du foulard sous une forme nouvelle celle d une opportunit pour le jeune pour la derni re fois de sa vie de pouvoir se permettre de risquer sa vie 17 Voir ce sujet P Marc 2000 pp 85 93 117 49 sa mort de mani re aussi radicale Alors s agirait il finalement pour les jeunes de faire l exp rience de la mort au travers du foulard B Tentative de typologie des pratiquants Si l on tient compte du fait relev par Fisher selon qui le jeu du foulard est une conduite dont certains adolescents peuvent devenir d pendants et du discours de Samuel qui a pratiqu en solitaire et qui dit j avais un besoin physique d y jouer j aimais cette sensation il est probable que la conduite risques du jeu du foulard s av re une conduite potentiellement addictive A ce propos il est possible de s inspirer de la typologie des consommations de produit psychoactif d Olivenstein reprise par Porchet 1995 distinguant des usages soit r cr atif soit abusif soit toxicomaniaque pour l appliquer aux diff rents types de pratiquants de la compression des carotides et ceci sous forme d hypoth se Le fait pr c dent qui caract rise la conduite risque qui nous occupe comme une conduite potentiellement addictive me permet d tablir un parall le avec la typologie d crite ci dessus prior
47. que les jeunes d couvrent la conduite risque du jeu du foulard le plus souvent dans des lieux qui leurs sont destin s C est pourquoi l cole est dans ce cas un lieu privil gi pour l apparition d une conduite risque comme celle du jeu du foulard initiation par petits groupes de pairs Les jeunes interrog s ont d couvert l existence de cette conduite l int rieur m me des enceintes de leurs coles de leurs coll ges ou de leur centre de loisir par l interm diaire d un groupe de pairs Dans quatre cas sur les cinq tudi s le jeune est initi par un petit groupe constitu de deux trois personnes du m me sexe except un adolescent de 14 ans dont le groupe de gar ons t initi par un autre groupe constitu de filles Concernant la fr quence laquelle les jeunes s y sont pr t s d un c t il y a ceux qui ont particip une quinzaine de fois pour la fille et l un des gar ons et de l autre il y a ceux qui ne peuvent plus comptabiliser le nombre de fois tant ils y ont recouru avec ce sujet un maximum de 20 30 fois par jour r alis sur l ensemble du groupe Quant au d roulement de la conduite il est identique pour tous les participants La technique est la suivante il s agit de respirer profond ment durant une demi ou une minute notamment l aide de flexions d exercices physiques afin de faire augmenter les pulsations cardiaques puis en pre
48. ses possibilit s mais aussi et surtout ses limites Ces interpr tations s inscrivent dans une logique proche d un je me risgue et si je m en sors c est donc que je suis Le d fi le test de soi m me s il est relev c est dire si l adolescent s en sort indemne sera vraisemblablement porteur en retour d un sentiment de r assurance L adolescent sera donc confort dans son identit d une part avec la confrontation au risque et 35 d autre part travers le regard du groupe capable de lui donner la confiance qui lui fait parfois d faut Une derni re hypoth se pose ainsi le jeu du foulard comme une initiation l ge adulte de la part du jeune soit en solitaire soit avec le groupe au travers du risque Pour terminer l interpr tation qui voit dans l apparition de conduites risques comme le jeu du foulard un signe selon lequel les jeunes peinent obtenir un droit de passage vers l ge adulte cette interpr tation claire en retour la question de la place que nous leur laissons Mais surtout du monde nous leur proposons 5 Troisi me partie compte rendu des entretiens Ce compte rendu repose sur la m thodologie d crite plus haut au point II et se divise en trois parties qui correspondent aux trois cat gories de personnes que j ai interrog es c est dire quelques parents quelques experts et quelques adolescents Toutefois l importance accord e
49. soci t et les institutions qui la composent m me les plus structur es cole tat arm e famille glise n offrent plus gu re de rituels reconnus et coh rents Aujourd hui par exemple le permis de conduire est beaucoup plus que le baccalaur at ou le droit de vote l un des derniers rites importants pour les jeunes La perte du rite est intimement li e l effondrement des id ologies et des croyances qui caract risent la soci t contemporaine Dans le m me temps le symbole qui constitue la substance de tout rituel s amenuise ou dispara t au profit du signe ext rieur de richesse de jeunesse d appartenance Le para tre l emporte sur l tre l exposition sur la valeur du ressenti la sensation sur l motion Dans ces conditions est il surprenant d observer le retour aux forces de la pens e magique travers un engouement croissant pour l irrationnel les forces occultes ou myst rieuses A ce propos Gutton cit par Braconnier amp Marcelli 1988 estime que ce fantasme d immortalit emp che la repr sentation de mort de surgir Ainsi il pense que les conduites risques pouss es jusqu l absurde visent rassurer le Moi face aux menaces dont il est l objet 12 D apr s Fellous 2001 p 15 chercheurs et th rapeutes confront s au nombre impressionnant de conduites risques chez les jeunes interpr tent ces conduites comme des rites de passage afin de s
50. tait ce Christine La premi re fois c tait en 4 3 secondaire ou 8 ann e j habitais alors encore dans le Gers dans un petit village et des copains en ont parl c tait l cole je crois 14 15 ans Interviewer Pourquoi as tu pratiqu ce genre de jeu dangereux Christine Pour essayer pour voir les sensations que a pouvait faire Et puis on tait entre copines c tait par curiosit pour ce monde de r ve que les autres d crivaient Pour moi c est pas une drogue enfin c est pas une obsession quoi Interviewer Avant cela avait d j fum pris de la drogue Christine Non Ni cigarette ni drogue Mais j ai un probl me de sant je suis asthmatique et je vivais dans un village de buveurs apr s quand j tais en 3 et ou 2 j ai touch l alcool entre copains mais pas avant Interviewer Pour en revenir au jeu du foulard l as tu pratiqu seule ou en groupe Christine Ce jeu on le faisait toujours en groupe entre amies proches et qui le sont encore aujourd hui Interviewer Et toute seule 59 vyv VV v Y ve VV Y Christine Jamais toute seule sauf une fois mais c tait pas vraiment m canique c tait comme a parce que je m ennuyais c tait pour m occuper Interviewer Quels effets as tu ressentis Christine H bien quand on commence on a l impression que a fait rien que a marche pas et puis sans qu on s
51. tout en r alisant ses propres aspirations Cette position rend compte du deuil de la toute puissance infantile Alors que l adolescence est pr cis ment la p riode des confrontations d abord entre soi et soi puis entre soi et les autres Plus qu tout autre ge il existe ce moment l un besoin irr pressible d prouver les limites que ce soit celles du milieu ext rieur ou celles du monde int rieur La citation de Pommereau 1997 p 123 explique clairement cet aspect Eprouver est ici saisir dans une double acception mettre l preuve c est a dire tester la solidit et la permanence des limites externes et internes les ressentir cest dire les reconna tre et admettre leur r alit qu elle soit mat rielle ou psychique L heure des premi res vraies prises de risques qui constituent autant de v rifications de ces rep res est bien celle de l adolescence Pour se d faire de l emprise parentale et donc pour se sentir exister en tant qu individu part enti re l adolescent se doit d explorer de nouveaux espaces comportant des risques ce qui le force en distinguer les limites Mieux sont repr sent s les seuils ne pas franchir et moins l adolescent est amen se mettre en danger pour en ressentir la consistance Pour l adolescent la question ne se pose pas en terme de respect scrupuleux de tous les interdits avec l objectif de ne prendre aucun risque L
52. R f rences scientifiques de chercheurs am ricains comme E D Aquili amp A Newberg et fran ais comme X Pommereau 2 Presse Trois articles de la presse crite suisse Tribune de Gen ve Dimanche ch et le Tages Anzeiger de Zurich Onze articles de la presse crite fran aise Lib ration Femme Actuelle Le Point Le Progr s Nouvel Observateur Fe Magazine R publicain Lorrain du 30 11 2002 Drame Seingbouse la mort au jeu du foulard Figaro Quotidien Le jeu du foulard avait mal tourn au coll ge par L B L ind pendant du 7 12 2002 par La titia Pracca Sauver ces enfants qui s tranglent en secret Paris Match du 12 12 2002 par Isabelle L ouffre pp 94 95 Le Figaro du 13 10 2003 par Astrid Larminat 3 Diff rents sites Internet Officiel compte rendu du charg de mission par le Minist re de l ducation nationale M E N en France Associatif APEAS Sosbenjamin Louis Blandin A propos du concept d auto rotisme du jeu du foulard 4 Reportages t l visuels Envoy sp cial Jeux interdits France 2 Les Maternelles La grande discussion Les jeux dangereux l cole France 5 Fait divers Le jeu du foulard TSR 1 C dans l air par Yves Calvi France 5 5 Filmographie La fureur de vivre L empire des sens
53. a prise de risque adolescente rel ve t il de l inconscience du danger de mort chez l adolescent La question de la mort et de l adolescent suffirait sans peine une th se on dira seulement que le danger de la mort transpara t en filigrane tout au long de la recherche Cette question sera d ailleurs reprise ult rieurement pour aller plus loin Si le risque est souvent une alternative l ennui le fait de prendre des risques peut parfois para tre anodin Pr cis ment je fais ici r f rence Tiago de Gen ve qui s est longtemps pr t cette conduite et dont les remarques m am nent cette supposition plus il pratique cette conduite sans tre l objet de cons quences n fastes et moins il semble se rendre compte des risques qu il prend chaque tentative comme si avec la r p tition de la conduite il finissait par tre convaincu qu il ne risque rien qu il est hors d atteinte comme immunis face aux risques et m me face la mort La recherche de sensations voqu e par les adolescents est semble t il un l ment central dans les raisons qui font qu ils peuvent tre s duits par cette conduite et cette recherche est mettre en lien avec le besoin de l adolescent de se confronter au travers du risque aux limites corporelles et sociales de son monde Mais si cette p riode particuli re de l adolescence permet d expliquer le fait qu ils aient recours cette conduite une questi
54. adolescent toxico du risque une prise en charge psychologique est n cessaire 18 P Hachet 2001 Les parents et le psychologue face aux adolescents kamikazes In Dialogue recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille 51 Pour ma part m me si cette question n est ici qu effleur e la pr vention d une conduite risque comme celle du jeu du foulard devrait s inscrire dans une vision globale du risque alors qu actuellement sans doute pour des raisons budg taires on peut dire que la politique de pr vention des jeunes est pour le moins fractionn e Si l on se r f re aux campagnes de pr vention qui s adressent aux jeunes c est comme si l on avait tent de cloisonner ces diff rents risques avec d un c t les risques de la route de l autre les risques li s aux drogues puis ceux li s la sexualit et enfin les conduites risques qui flirtent avec les conduites addictives Bref comment atteindre une quelconque efficacit sans mettre en place une vision g n rale du risque qui placerait les principaux int ress s c est dire les adolescents en tant qu acteurs sans pour cela les r duire une vision clat e de leur r alit La r alit de l adolescent devrait tre prise en compte dans toute sa complexit cet gard les politiques de pr vention me semblent devoir tre repens es dans leur globalit notamment autour du sens que peut rev tir le
55. aison entre la pratique du jeu du foulard et celle du saut l lastique est clairante En effet le saut l lastique peut tre pratiqu une fois pour voir ce dont il s agit puis suite cette premi re exp rience soit ne plus tre pratiqu par peur pour sa vie soit tre poursuivi en se croyant fait pour a Concernant le jeu du foulard c est assez similaire sauf que certains pratiquants semblent y prendre go t En effet pour Fisher il existe des toxicomanes de cette pratique qui seraient sujets une r elle d pendance de par l effet euphorique produit par le manque d oxyg nation du cerveau La possibilit de d pendance cette pratique risque semble r elle Pour terminer sur les aspects importants mis en vidence par le psychiatre il faut signaler propos de la pratique de la conduite risque en solitaire qu elle est minemment dangereuse m me mortelle Pour l expert si l adolescent en vient la pratiquer seul c est qu il a besoin de retrouver ces sensations d euphorie Alors une sorte de flirt avec la mort se met en place dans l inconscience du danger qui illustre le sentiment de toute puissance prouv l adolescence Pour expliquer la d rive vers la pratique toxicomaniaque du jeu du foulard il rel ve de fa on g n rale d une part le manque de cadre structurant d autre part une faille narcissique issue d un probl me dans la phase pr
56. ation et certains travaux de Choquet 1994 mettant en vidence la diff rence entre un mode d expression centr sur l agir et le passage l acte des gar ons et un autre centr sur le corps et l humeur des filles qui s installent progressivement l adolescence Toutefois on observe une volution historique diff renci e puisque les jeunes adolescentes adoptent plus fr quemment aujourd hui des comportements et des attitudes dits masculins alors qu on n observe pas le ph nom ne inverse On pourrait penser que la pratique du jeu du foulard est une conduite risque qui marque la diff rence entre les modes d expression des filles et des gar ons Mais ce serait aller plus loin que ce que permettent de supposer les descriptions apport es La prudence est de mise concernant les remarques tir es de l observation de l chantillon car ce dernier peut ne pas tre tout fait repr sentatif de la r alit telle qu elle est v cue par les adolescents d aujourd hui Quoi qu il en soit il semble que la variable sexuelle concernant cette pratique implique des diff rences qualitatives qui peuvent se r v ler importantes dans la diff renciation des conduites risque des filles et des gar ons Troisi me constat la moyenne d ge des pratiquants tend s abaisser D une mani re g n rale on peut relever de l chantillon que l ge des jeunes concern s va de 8 18 ans avec
57. autres comme Pascal Paul Klee ou encore Michaux qui f t d abord attir par la mystique chr tienne avant de s vader gr ce l ther et de d couvrir la pens e indienne puis chinoise et d explorer plus tard les effets de la mescaline sous contr le m dical 4 Un des fondateurs du surr alisme Andr Breton 1896 1966 doute de la n cessit d acc der cette recherche d absolu au travers des tats exceptionnels comme le r ve ou les explorations de l inconscient mais il reste convaincu que ce moment n est pas donn qu il reste conqu rir Les tats de conscience volontairement alt r s attest s depuis des mill naires obligent ne pas sous estimer leur caract re unique pour l individu s font partie du potentiel c r bral de tout tre humain et nul ne saurait tre emp ch d y acc der quel que soit le moyen employ pratique de m ditation m thode de contr le de la vie psychique ou toute autre technique appropri e chimique ou physique effet foudroyant temporaire ou prolong Certains de ces moyens sont associ s une vasion vers des paradis dits artificiels d autres une plong e l int rieur de soi m me l exploration de l espace du dedans l dification de soi pp 21 22 L impr visibilit des effets leurs variations pour le m me individu et d individu individu prouvent qu au del de sa propre vertu l adjuvant agit comme
58. avant la d limitation de l adolescence tait plus ais e l enfant devenait pub re vers 12 ans avec l apparition des r gles pour les filles et celle de l jaculation pour les gar ons et se terminait par le service militaire l issue duquel on tait consid r comme un adulte Mais pr sent c est dur de trouver la limite sup rieure de l adolescence car les tudes se prolongent et les adolescents restent souvent bien des ann es chez leurs parents Il n est plus un enfant face la soci t face sa famille face son corps et psychologiquement il y a une remise en question A l adolescence c est tout le champ pulsionnel qui se remet en jeu au niveau sexuel o il faut trouver son mode de sexualit son type de partenaire au niveau psychologique se d finir une identit ceci passe par une identification un Autre tr s visible l adolescence Cette identification passe par des idoles des habits des hobbies pour une appropriation de l idole ou du mythe comme Bob Marley pour les fumeurs de cannabis Curt Cobain IL s agit de situations traverser auxquelles on n avait pas pens Par exemple vous tes l ve normal de 6 ann e vous arrivez dans un nouveau coll ge suite un d m nagement et la pause de 10 h le groupe de votre classe vous propose de partager la pratique du groupe soit une anorexie c r brale par le jeu du foulard qui provoque des effets e
59. bles de mettre en danger la sant l avenir et la vie du jeune qui s y pr te Ces conduites semblent non seulement se d velopper de plus en plus mais surtout de plus en plus t t et ponctuent une p riode de transition l adolescence dont les limites sont toujours plus floues Le sport contemporain t moigne d une recherche de plus de risques et de sensations l exemple du saut l lastique reste un extr me dans cette recherche de sensation Voir ce propos l ouvrage d Alain Loret G n ration glisse Paris Autrement 1996 A Question de d part Comment comprendre expliquer le fait qu actuellement dans des pays francophones comme la France et la Suisse la p riode de l adolescence et parfois avant celle ci certains adolescents participent des jeux dangereux comme le jeu du foulard Cette question s inscrit dans le contexte g n ral psychosocial des prises de risques l adolescence c est dire des comportements de jeunes parfois qualifi s de flirts avec la mort Dans le cadre de ce travail elle concerne donc une population sp cifique les pr adolescents et les adolescents c est dire des jeunes g s de dix jusqu dix huit ans et plus Lors de ces quatre derni res ann es force est de constater l apparition d un nouveau genre de pratique parfois qualifi de jeux dangereux notamment au sein de certains tablissements scolaires fran ais et suisses
60. ciproque Ils se retrouvent alors dans des bandes des groupes spontan s bien structur s Contrairement la clique la bande est un grand groupe mixte Il est possible d voquer quelques unes des fonctions des groupes de pairs l adolescence Une fonction essentielle du groupe vise renforcer l identit sexu e des individus travers l acquisition des r les masculins et f minins Une autre fonction exerc e par le groupe est celle de Vautonomisation de l enfant Effectivement lunivers du groupe de pairs diff re de la cellule familiale ce qui laisse l enfant la possibilit de se d marquer par des relations paritaires et des activit s privil gi es par le groupe comme le sport par exemple Mais le groupe permet aussi l opposition du jeune aux valeurs familiales par l adh sion une id ologie diff rente de celle de sa famille Pour terminer sur les fonctions li es au groupe de pairs il est n cessaire de mettre l accent sur le groupe en tant que lieu d identification car les identifications sont autant de m canismes importants dans la structuration de la personnalit du jeune En ce qui concerne le rapport entre l adolescent et le groupe il est probable que la vie de la bande son id ologie et ses personnalit s fascinent le jeune Mais cette fascination comporte sa part de risque Le groupe repr sente un lieu et un espace capable de faciliter le renforcement voire la construction de l ident
61. d une pr vention par rapport ce jeu dangereux Quel regard portes tu aujourd hui sur cette conduite que tu as eue 21 4 Deuxi me partie l analyse des traces En qu te de r f rences de rep res dans la litt rature propos d exp riences relatives la strangulation Seul dans la nature pouvoir se projeter hors de lui m me la transe s imaginer autre qu il n est la possession tre ravi lui m me l extase s ali ner et se d passer de maintes mani res troublantes dont l expression artistique n est pas la moindre l homme cet animal qui d sire le savoir comme le croyait Aristote tout moment de l histoire et toute latitude est conditionn par l immensit des signes qu enregistre son cerveau A Correa Guedes in Cochet 2001 p 24 1 D j l poque des ex cutions publiques il tait connu que la pendaison pouvait provoquer une rection suivie d une jaculation Ce r flexe probablement d la rupture de l pine dorsale pouvait tre interpr t comme un signe de plaisir sexuel On trouve ce sujet de nombreuses r f rences dans la litt rature du XVIII me si cle L exemple le plus connu est sans doute celui de Justine du Marquis de Sade 1791 dans lequel Thirhse aide Roland parvenir l orgasme en le suspendant quelques instants 2 Giono fait une allusion int ressante dans son Monologue tir de Faust au village qui n est pa
62. d on est suicidaire quand on veut se tuer on se rate pas Au lyc e aujourd hui il n y a pas de suicidaire cette affaire est aux oubliettes Je connais un ami commun avec F Cochet qui petit aussi avait fait la man uvre d Heimlich Mais ce jeu existe de partout il est connu depuis quelques ann es C est un probl me qu il faut prendre en compte tout petit comme avec les autres dangers de la vie Interviewer Comment s appelait ce jeu pour vous 60 Christine Le r ve indien mais il n y a rien d hallucinatoire c est comme un r ve ou plut t comme un cauchemar Interviewer Quelle tait la technique que vous utilisiez Christine Il fallait s accroupir en soufflant tr s vite pendant environ 30 puis se relever en respirant un bon coup pendant que l autre te serre un peu le cou En fait c est facile c est indolore et c est pas tr s d tectable Bref c est trop facile pour les jeunes de le faire sans tre inqui t 61
63. de cette pratique Hautes Alpes 05 Alpes Maritimes 06 Cher 18 C tes du Nord 22 Gironde 33 Indre et Loire 37 Is re 38 Moselle 57 Nord Pas de Calais 62 Bas Rhin 67 Rh ne 69 Sa ne et Loire 71 Seine Maritime 76 Yvelines 78 Vosges 88 Hauts de Seine 92 Seine Saint Denis 93 Ces statistiques viennent confirmer les r sultats de mes investigations au niveau des trois cantons francophones auxquels je me suis int ress e en Suisse En effet les un deux cas par an avanc s par le Dr Krompecher pour la Suisse correspondent aux deux cas recens s d apr s mes sources d information dans les cantons respectifs de Gen ve et de Vaud pour les ann es 1999 2000 Je dois pr ciser que je n ai pas effectu de recherche sur l ensemble du territoire suisse et me suis sp cialement int ress e aux cantons francophones de Neuch tel Vaud et Gen ve l exception de celui de Zurich travers un article de presse Pour ce qui concerne la France il semble donc que les d c s des jeunes se r partissent dans l ensemble du pays et ce dans les d partements urbains en r gion parisienne par exemple comme dans les d partements ruraux La dispersion g ographique des d c s constat e sur l ensemble de la France mais aussi dans les pays voisins montre l tendue de la conduite risque du jeu du foulard Deuxi me constat les gar ons sont plus concern s que les f
64. de les analyser Dans cette phase ouverte le chercheur fait merger gr ce au raisonnement inductif et souvent aussi gr ce de nombreux facteurs inconscients ou occasionnels une hypoth se parmi plusieurs alternatives coh rente avec le corps de connaissances ant rieures bien tablies De Ketele Roegiers 1991 p 86 in Albarello amp al 1995 p 68 Dans ce travail il s agit donc de partir d une probl matique actuelle c est dire le ph nom ne du jeu du foulard en particulier pour arriver une compr hension plus g n rale que l on veut th oriser Question de d part Comment comprendre expliquer le fait qu actuellement dans des pays francophones comme la France et la Suisse la p riode de l adolescence et parfois avant celle ci certains adolescents participent des jeux dangereux comme le jeu du foulard B Collecte de donn es et analyse de traces La nouveaut de l objet d analyse implique une collecte de donn es effectivement il s agit dans un premier temps d identifier puis dans un deuxi me temps de d finir cet objet Pour r colter des informations propos de mon objet j ai eu recours diff rentes sources appel es aussi litt rature grise Cette litt rature grise comporte des donn es de nature diff rente des articles de presse crite suisse ou fran aise des romans des reportages vid o et radio des films des t l films en plus des no
65. devons tous pr ter attention 53 Bibliographie Albarello L Digneffe F Hiernaux J P Maray C 1995 Pratiques et m thodes de recherches en sciences sociales Paris Armand Colin Assailly J P 1992 Les jeunes et le risque une approche psychologique de l accident Paris Vigot Balegamire Bazilashe J amp Marc P dir 2000 Adolescence des clefs pour comprendre Gen ve ditions du Tricorne Chronique Sociale 2 partie Approches psychologiques de l adolescence pp 49 117 Ballion R 2000 Les conduites d viantes des lyc ens Paris Hachette ducation Bergeret J 1994 La violence et la vie La face cach e de l dipe Paris Payot amp Rivages Bergeret J 1990 1992 La violence Fondamentale l in puisable Oedipe Paris Dunod Birraux A 1984 Processus d adolescence Hors s rie L adolescence Sciences et vie N 188 septembre 34 45 Braconnier A amp Marcelli D 1988 L adolescence aux 1000 visages Paris ditions Universitaires Cad ac B amp Civalleri C 2001 Violences scolaires questions ouvertes Le journal des psychologues N 190 septembre 49 52 Cochet F 2001 Nos enfants jouent s trangler en secret Paris Fran ois Xavier de Guibert Courtecuisse V 1992 L adolescence les ann es de la m tamorphose Paris Stock Dasen P Bazilashe J B dir amp Marc P 1995 Adolescence et initiatio
66. dolescent Ce genre de jeu est aussi mettre en lien avec les questions que se pose l adolescent sur son corps sur son identit qu il cherche d finir et avec un besoin de se sentir exister C est aussi pour cela qu il est la recherche de sensations fortes Il s agit aussi d int grer le groupe de pairs et donc de se tester de s valuer d abord avec la confrontation au danger puis face au groupe Effectivement en plus de repr senter un acte dangereux accept avec courage il apporte la reconnaissance du groupe en question De plus il est important de souligner l importance du groupe qui est capable d influencer le comportement de l un de ses membres A cet gard l effet de mim tisme des plus g s sur les plus jeunes peut jouer un r le non n gligeable surtout chez les participants pr pub res Par ailleurs la participation une telle conduite est galement une mani re d exister face aux membres du groupe et d une certaine fa on de dire Moi je Pai fait En relevant en quelque sorte le d fi le jeune aurait la possibilit de prendre confiance en lui L attrait de l interdit peut galement tre un facteur explicatif de cette conduite N anmoins ce facteur d explication n est pas satisfaisant dans le sens o il s agit d une pratique peu connue des parents et qu il est facile pour le jeune de s y pr ter sans retenir l attention des adultes La compar
67. e D but juin 2002 Cat gories d analyse R ponses obtenues Nom donn la pratique Pas de nom sp cifi Lieu de la d couverte A l cole au coll ge en 36 o 4 Lieu de la pratique Dans l enceinte de l cole dans la classe entre deux cours parfois m me pendant les cours 1 ere Age la 1 d couverte 15 ans Initiation par groupe de pairs du m me sexe C tait avec la bande de potes que j avais l poque 3 gar ons D roulement Respirer fort pendant 307 se relever en prenant une forte inspiration le copain appuie alors de chaque c t du cou au niveau des carotides avec les paumes des mains Fr quence En fait je saurais pas dire combien mais il arrivait qu on le fasse jusqu dix fois par jour et parfois deux fois de suite sur la m me personne Dur e C tait une passade dans le groupe 2 3 mois Arr t Tu t aper ois que a sert rien de faire ce jeu Sensation ressenti Ben tu tombes dans les vapes R action au r veil Je croyais chaque fois que j tais en retard j avais toujours cette impression d avoir dormi trois ou quatre heures d affil e Pourquoi y jouer continuer Tous disaient que c tait marrant alors j ai essay Mais c tait pas pour prouver quelque chose plut t pour d lirer pour faire les cons quoi c tait incon
68. e qui serait en augmentation et expliquerait donc dans une certaine mesure l apparition d une telle conduite Mais l encore cet argument d pend du point de vue adopt l expert en sociologie est convaincu qu il n y a pas plus de violence aujourd hui qu hier mais que depuis les ann es 1970 de nouvelles formes de violences apparaissent Compte rendu de l entretien r alis Embrun dans les Hautes Alpes en France Il est indispensable de faire ressortir les principaux l ments d informations recueillis gr ce au Dr Fisher sp cialiste des adolescents l ments capables d amener des r ponses mes questionne ments et d alimenter mes r flexions Pour ce dernier la participation d un jeune un tel jeu est assimilable un acte de d fi que l adolescent rel ve dans le but d tre accept dans le groupe de pairs Ces pratiques sont codifi es et de ce fait comparables des rites d initiation pour entrer dans le groupe comme pour l entr e dans les gangs aux USA Selon cet expert c est la r p tition du 37 jeu qui entra ne sa classification en tant que conduite risque par ailleurs il ne s agirait pas d une conduite pathologique D autre part plusieurs l ments de r ponse ressortent face la question Pourquoi s adonnent ils de telles pratiques Pr cis ment car ils sont l adolescence cette p riode o tout est possible aux yeux de l a
69. e dangereux mais si en conduisant sur cette route mouill e j ignore que les pneumatiques sont lisses il n y a pas de prise de risque Au contraire je peux penser avoir pris des risques en passant trop vite dans une courbe sans qu il y ait proprement parler de danger le faire 3 A la recherche de soi travers la prise de risque L adolescence est une sorte de renaissance de soi qui oscille entre cr ativit et destructivit entre Eros et Thanatos Haesevoets 1984 D apr s Baudry in Goguel d Allondans 2003 p 16 une prise de risque ne pose pas toujours probl me et n est pas n cessairement le sympt me d un d ficit psychique d une carence affective ou d un manque de socialisation D ailleurs pourquoi renvoyer aux jeunes une image de groupe risque ce qui tend les assimiler des individus immatures car dangereux pour eux m mes Alors qu il est difficile de dissocier la notion de risque de la vie elle m me Freud disait ce propos 1975 p 255 La vie s appauvrit elle perd en int r t d s l instant ou nous ne pouvons pas risquer le supr me enjeu c est dire la vie elle m me Si l exposition un danger partiellement pr visible rel ve d une prise de risque on peut convenir par extension que la vie en propose une succession De nombreuses choses peuvent repr senter une menace potentielle pour la vie qu elle soit physique psychique ou relationnelle Par n
70. e de l agir l adolescence que des auteurs comme Cahn et Jeammet ont tudi et Ja recherche de sensations d autre part La sensation peut s envisager sous l angle de sa fonction dans l conomie psychique Une approche diff rente est celle de Zuckerman pour qui la recherche de sensations serait une tendance rechercher des exp riences nouvelles stimulantes et excitantes Alors la stimulation ext rieure est recherch e pour provoquer une sensation soit une excitation source de plaisir suivie d une d charge Par la d charge le but est d chapper au conflit intra psychique et de la substituer la relation d objet la relation autrui cette relation d objet si terrifiante pour l adolescent Ainsi l adolescent pour se lib rer de son sentiment de d pendance vis vis de l objet recherchera des sensations Cette recherche peut l amener prendre des risques La prise de risque est d abord en lien avec l agir A la p riode de l adolescence l adolescent est confront au mouvement pulsionnel qui caract rise la pubert Ce mouvement am ne son flot d excitations internes et de conflits intra psychiques L agir peut s exprimer par des conduites risques L agir permet d viter le fantasme et la repr sentation il permet la n gociation du conflit son valuation tout en faisant l conomie de la prise de conscience Cette tendance l agir se retrouve dans la prise de risque
71. e rencontrait alors vu qu on s emb tait on y jouait C tait un jeu comme un autre on aurait tout aussi bien pu aller la piscine Interviewer Vous tiez alors conscients des risques que vous preniez en y jouant Christine Quand on y jouait on savait qu il y avait du danger que c tait pas bon pour la sant et que a pouvait laisser des s quelles physiques et psychologiques mais on pensait pas alors qu on pouvait en mourir Interviewer Vous vous cachiez pour le faire Christine C tait secret m me que je suis proche de ma m re mais je ne lui ait pas dit car je savais bien qu elle aurait pas voulu que je fasse a parce que c est dangereux elle aurait trouv des raisons et J aurais alors d l couter Interviewer Comment as tu cess d y jouer Christine Eh bien la seule fois o je ai fait seule et o a s est mal pass nez cass ma s sans sentir de douleur quand mes parents m ont r veill e j ai alors compris que a s tait pas bien pass je me suis dis stop et j ai arr t En plus vu que je suis asthmatique c tait vite vu Interviewer Ef si tes parents ou quelqu un d autre t avaient avertie du danger que penses tu que tu aurais fait alors Christine Si avec une pr vention on m avait avertie du danger j aurais sans doute r fl chi elle ne l aurait peut tre pas fait Interviewer Quel regard portes tu aujourd hui sur cette exp rie
72. e vient pas seulement de l ivresse du risque dans les instants d cisifs o la sensation d exister est pr sente elle est aussi en lien avec l ennui qui r git les moments qui en sont d pourvus Le risque peut tre recherch pour lui m me ou alors c est la recherche de sensation qui entra ne le risque Cette distinction de Myquel 1998 pp 29 30 sert r fl chir autour de l aspect d lib r ou impr vu de la prise de risque et penser aux liens avec l agi et l impulsivit 4 L importance de l agir l adolescence quand les actes se substituent la parole L adolescent ne pose pas seulement des actes pour lui il pose aussi des actes pour autrui Par d finition l agir le comportement offrent aussi un versant collectif et social Les actes concernent la famille le proche environnement le groupe des autres adolescents la bande et enfin la soci t Agir pour un adolescent est un moyen de susciter la r ponse des autres d entrer en quelque sorte Le concept d addiction s applique une conduite de d pendance par rapport une substance ou une pratique 10 dans un dialogue comportemental Ainsi que le d crivent Braconnier et Marcelli 1988 p 219 pour l adolescent il ne s agit donc pas seulement d affirmer son existence et son identit mais aussi d obtenir une r ponse des autres comme un cho soi m me Myquel fait le lien entre d une part la pr dominanc
73. eau ce jeu s effectuerait pour l essentiel la maison en solitaire Les cas critiques seraient exceptionnels dans les tablissements un seul d c s est recens en cole primaire attribu cette pratique les autres rel veraient tous de la sph re familiale Mais selon VAPEAS trois d c s dans les toilettes d tablissements scolaires Clichy sous Bois Bourges et Lyon ont d ores et d j t recens s ceci va l encontre des arguments avanc s par le site officiel des charg s de missions par le Minist re de l ducation nationale en France 5 QUELS SONT LES SIGNES D UNE TELLE PRATIQUE Bien que malais s distinguer il existe des signes qui pourraient permettre l entourage d identifier de reconna tre quelqu un qui s adonne cette pratique Des signes physiques d abord Marques d abrasion traces autour du cou h matome sur le torse ou abdomen Ces marques trouvent une explication vasive aupr s des adolescents interrog s Yeux inject s de sang Apparition de maux de t te parfois violents et souvent passagers pertes de concentration tourdissements ou encore rougeurs au visage Des objets Pr sence d un lien corde ceinture aupr s d un jeune sans raison apparente et laquelle ce dernier ne donne pas d explication pr cise Foulard ou cols roul s port s alors qu il fait chaud pour dissimuler les h matomes ou autres rougeurs 26 D
74. enb hl p dopsychiatre zurichois cette variante est souvent pratiqu e en 5 et 6 mais l vanouissement serait seulement simul par la pression du groupe D apr s un sp cialiste en pneumologie Russi le manque d oxyg nation de courte dur e du cerveau provoque un court vanouissement et souvent aussi une sorte d hallucination Pour ce dernier il ne faut pas sous estimer cette pratique Bien qu elle n induise pas les m mes cons quences que le jeu du foulard il n en demeure pas moins que l vanouissement provoqu n est pas un jeu 2 COMMENT CELA SE PRATIQUE T IL G n ralement un enfant un adolescent ou une adolescente explique les r gles plut t sommaires Apr s une hyperventilation obtenue par quelques flexions rapides des genoux accompagn es de grandes inspirations il s agit de prendre une derni re forte inspiration au moment o un ou une jeune plac e dans le dos du joueur se sert de ses pouces ou d un lien quelconque pour appuyer fortement de part et d autre du cou du joueur afin de comprimer ses carotides au point de couper la circulation du sang au cerveau Le joueur perd alors conscience apr s avoir semble t il prouv des sensations de type hallucinatoire il est secou de spasmes et de convulsions Apr s quelques minutes les autres participants tentent de le r veiller g n ralement avec de l eau Ils l appellent le secouent fortement et s
75. entres de Loisirs M J C Maison des Jeunes etc Historiquement il est difficile de dater avec pr cision le moment exact de l apparition dans nos soci t s de cette pratique Si l on se r f re l unique ouvrage la concernant Cochet 2001 fait tat d un cas de d c s en France qui remonte 1977 Ceci relativise donc l id e selon laquelle il s agirait d une pratique r cente L origine d une telle pratique reste difficile situer L hypoth se de Spitzer selon laquelle le jeu du foulard serait le d riv d une pratique sexuelle d adulte adopt e par des jeunes semble la plus m me d expliquer son apparition Elle reste tout de m me difficilement v rifiable Une psychologue pour enfant fait l hypoth se que ces pratiques effectu es par des jeunes adultes am ricains sur des campus universitaires seraient arriv es en Suisse il y a quelques ann es seulement Cette hypoth se comme la pr c dente n est pas v rifiable dans le cadre de ce travail de m moire A d faut de pouvoir pr ciser la date et l origine exacte de cette pratique on ne peut plus douter aujourd hui de son existence notamment en France o ce jeu a fait un nombre de victimes d j trop grand C Justification du choix de l objet de la recherche L l ment le plus m me de justifier mon choix r side essentiellement dans l utilit d analyse d un th me qui peut tre d clin e plusieurs niveaux D
76. es ou encore par l interm diaire du courrier lectronique Dans un troisi me temps je tenterai de r pondre ma question de d part l aide des diff rents l ments de r ponses provenant des diff rentes sources d information utilis es susceptibles d en donner un clairage pertinent Je mettrai donc en vidence certains l ments permettant de comprendre et d interpr ter une conduite risque comme le jeu du foulard Le recueil de nombreuses donn es s est fait en France suite l chec d un certain nombre de d marches r alis es en Suisse romande la raret des informations m avait alors fait douter de la faisabilit d un m moire sur le sujet Pour Latr che m decin des coles du canton de Neuch tel la Chaux de Fonds cette pratique ne concerne pas plus le canton de Neuch tel que la Suisse Selon le docteur en criminologie Gu niat chef de s ret la police cantonale de Neuch tel aucun cas n a t recens en cinq ans Face la minceur des donn es disposition Neuch tel en particulier et plus g n ralement au niveau des cantons francophones en Suisse notamment Vaud et Gen ve j ai d me r soudre trouver des interlocuteurs au del des fronti res et me suis dirig e vers la France 1 Les traces disposition pour une amp observation indirecte 1 R f rences litt raires avec des auteurs comme le Marquis de Sade Jean Giono Ren Daumal Andr Breton
77. es comportements ou d autres traces Fait de passer beaucoup de temps seul en s enfermant Questionnement du jeune concernant les effets les sensations les dangers de la strangulation Bruits sourds provenant d une chambre ou contre un mur soit le bruit d une chute notamment dans le cas d une pratique solitaire Marques inexpliqu es sur les pieds ou la t te de lit ou encore au plafond Il ne semble pas possible de lister de fa on exhaustive tout indice r v lateur de cette pratique dangereuse De plus la pr sence de l un ou l autre voire m me de plusieurs des signes pr cit s ne permet pas d affirmer de fa on cat gorique la pratique effective du jeu du foulard N anmoins cette liste permet d tablir un faisceau d indicateurs susceptibles d apporter des renseignements en cas de doute de l entourage sur la pratique ventuelle du jeu par l adolescent Mais la pratique du Jeu du foulard ne laisse pas forc ment de trace chez le pratiquant notamment si la pratique se fait avec les pouces ou les paumes des mains Il reste donc d licat de se fier uniquement ces signes l pour en d duire une ventuelle pratique 6 AVEC QUELLES CONSEQUENCES Les cons quences d un tel jeu peuvent tre extr mement graves mortelles en fait en effet il existe un r flexe nomm le r flexe cardio inhibiteur qui prot ge le cerveau en ralentissant la circulation au niveau du c u
78. es entretiens Leur analyse fait l objet du chapitre suivant 39 ENTRETIEN AVEC UN ADOLESCENT DE 17 ANS SAMUEL DE LA REGION PARISIENNE 95 D but septembre 2002 Cat gories R ponses obtenues Nom donn a la pratigue Jeu de la tomate Lieu de la d couverte Centre a r base de loisir pour adolescent Lieu de la pratique Pas sp cialement li l cole plut t en priv Age la 1 d couverte 14 ans Initiation par groupe de pairs Initiation de son petit groupe de gar ons par un autre groupe de filles D roulement Je me bloquais la respiration apr s des exercices pour tomber dans les vapes et raconter mes sensations au groupe Fr quence J ai beaucoup jou a sans autre indication Dur e Pas d indication Arr t Suite une mauvaise exp rience en solitaire J ai compris ce moment l que j aurais pu en mourir Sensation ressenti D abord la peur puis l g ret comme si on s endort R action au r veil Mal r veill impression d tre dans le coma inerte Pourquoi y jouer Pourquoi continuer Au d but c tait pour faire comme les autres Pour l honneur pour rester dans le groupe pour tuer le temps y a rien faire d autre vaincre l ennui force j y ai pris go t puis c est devenu comme une drogue J avais un besoin physique d y jouer
79. es pratiquants de l asphyxie auto rotique semblent parfaitement conscients de jouer avec la mort Concernant les pratiquants du jeu du foulard il serait utile de mettre de place une enqu te ce propos pr cis 6 Une caract ristique importante est partag e par ces deux conduites la discr tion Elles se pratiquent l abri des regards et ce caract re secret est peut tre mettre en lien avec la recherche de sensations b Les limites du rapprochement entre l asphyxie auto rotique et le jeu du foulard 1 L aspect sexuel qui caract rise la pratique de l auto rotisme marque une diff rence essentielle entre les deux pratiques par exemple le fait que des victimes de l asphyxie auto rotique aient t retrouv es d nud es N anmoins un niveau psychanalytique tout est sexuel ou sexualis par l adolescent ceci marque un peu plus la diff rence entre les participants les plus jeunes et les adolescents qui se livrent une telle pratique 2 L initiation par l adulte concernant l asphyxie auto rotique ne correspond pas celle que semblent indiquer les adolescents interrog s et d ailleurs tr s bien d crite dans des t moignages de pratiquants rapport s par Cochet 2001 Dans le jeu du foulard les adolescents et les enfants semblent tre initi s cette pratique par des pairs 3 Enfin l ge des participants diff rencie clairement ces pratiques aux points co
80. et au d roulement de cette conduite qui a lieu la plupart du temps l abri des regards des adultes Comme s il s agissait d une conduite vou e se d rouler la fronti re de l illicite r serv e l usage des jeunes 6 Analyse mise en relation des concepts retenus et des contenus d pouill s des entretiens Apr s avoir relev un certain nombre d l ments relatifs aux entretiens il s agit pr sent de donner des interpr tations des r ponses obtenues Pour ce faire je vais tenter de relier ces l ments du discours des adolescents aux l ments th oriques pertinents En r ponse la question amp comment comprendre expliquer pourquoi certains adolescents s adonnent de tels agissements il est vident que plusieurs directions de r ponse apparaissent La plupart des adolescents interrog s plus haut voquent l ennui Pour lutter contre l ennui l adolescent va agir le risque peut alors tre vu comme un rem de l ennui c est pourquoi l adolescent aura tendance se risquer dans l action L int r t de mettre en lien l ennui et la prise de risque est que pr cis ment il s agit d une paire presque indissociable la p riode de 46 l adolescence Il est int ressant de faire ressortir en r ponse l ennui aspect divertissant amusant de cette conduite risque voqu par certains lors de ces entretiens Cet aspect ludique inclus dans l
81. fait sur mon petit fr re de 7 ans En parler aux parents C tait secret c tait pas super permis alors c est presque instinctif de ne pas en parler tu gardes a pour toi c est comme pour la I cigarette Avis sur une pr vention Pas abord lors de l entretien Donn es personnelles Consommateur de tabac d alcool et de cannabis Anecdote Les d c s sont des exceptions avec tous ceux qui l ont d j essay s a se saurait si c tait mortel on aurait entendu parler de a 44 D Compte rendu des l ments r currents issus des cat gories d analyses des entretiens Nom donn la pratique Les appellations donn es cette conduite risque divergent selon les interlocuteurs ce fait corrobore d ailleurs les donn es issues de l analyse de trace voir au point B chapitre IV Lieu de la d couverte La d couverte de cette conduite s est essentiellement d roul e dans l enceinte m me des tablissements scolaires soit la fin du cycle primaire pour les plus jeunes g s alors de 10 11 ans et aux premi res ann es de coll ge pour ceux de 14 15 ans exception faite d un adolescent de 14 ans qui f t initi dans un centre a r c est dire un tablissement de loisirs accueillant des jeunes ce centre reste comparable l institution scolaire puisqu il s agit d un lieu d volu aux adolescents On peut donc avancer
82. fectuent cette conduite uniquement en groupe ou en groupe et galement en solitaire Cet aspect est susceptible de r v ler des grandes diff rences qualitatives car au del du fait que tous les pratiquants ont 48 d but en groupe tous ne s y livrent pas en solitaire Mais il n est pas question de s appesantir sur ces diff rences qualitatives bien que dans l chantillon recens deux des cinq adolescents disent avoir pratiqu en solitaire Toutefois il est probable que les pratiquants solitaires fassent la liaison entre les sensations physiologiques ressenties et une sensation proche du plaisir sexuel sans avoir recours la masturbation Le fait d tre en mesure d chapper une pratique d lib r ment sexualis e et donc de la remplacer par une conduite de compression des carotides peut s av rer d culpabilisant pour le jeune encore la d couverte de ses pulsions sexuelles Il peut donc s agir d une mani re de remplacer en quelque sorte une pratique fortement sexualis e la masturbation par la compression des carotides impliquant d sormais des sensations peut tre plus acceptables voire moins ambigu s pour l adolescent Cet aspect met en avant une vision sexualis e de cette pratique qui n a pas t abord e auparavant faute d l ments disposition la concernant mais que je tenais mentionner Une remarque encore sur la difficult d obtenir des donn es ce sujet aupr s des ado
83. gl revient lui d autant plus vite qu il est asperg d eau froide et m me gifl plusieurs reprises si cela est n cessaire Toutefois il arrive qu il tarde reprendre connaissance alors les services de r animation sont demand s de toute urgence mais ils arrivent parfois trop tard Le but de ce jeu dangereux consiste pour le joueur c est dire pour l trangl ressentir un plaisir li aux effets de la rar faction de l oxyg ne dans le cerveau La compression des vaisseaux sanguins du cou entra ne une diminution de l afflux du sang au cerveau donc de l apport en oxyg ne Cela conduit une modification de l tat de conscience et un renforcement de courte dur e des sensations flash euphorie Une variante moins dangereuse existe Il s agit d un jeu de contr le de la respiration Dans cette variante les jeunes s entra nent r ciproquement perdre conscience en respirant de mani re violente plusieurs reprises hyperventilation puis se comprimer la cage thoracique ce qui a pour effet de provoquer rapidement une syncope Cette variante semble moins dangereuse que celle du foulard elle est connue sous le nom de jeu des poumons la grenouille le jeu de la tomate ou encore tomber dans les pommes Pour Frey responsable du service m dical des coles de la ville de Zurich ce jeu est connu des l ves depuis des g n rations Selon Gugg
84. hysiques sur le corps de l adolescent traces propos desquelles les explications du jeune restent floues de comportements comme le fait de rester seul longtemps de porter un foulard une charpe ou un col hors saison Mais la pr sence d objets est aussi susceptible de signaler une ventuelle participation ces activit s de collants torsad s de cordes de chiffons torsad s en liens de lani re en cuir de v tements f minins en possession d un gar on de sites Internet ou de magazines de revues ou de vid os pour adultes relatifs cette pratique En plus de diff rentes marques inexpliqu es aux pieds la t te de lit ou au plafond qui renseignent sur l existence d une telle pratique Bien entendu ces marques ne traduisent pas n cessairement une pratique d asphyxie auto rotique mais cela devrait alerter la vigilance des parents Le syndrome d asphyxie est la recherche d effets physiologiques par l apport insuffisant d oxyg ne au cerveau La pratique de l asphyxie auto rotique repose sur l observation d s le Moyen Age que les hommes ex cut s par pendaison pr sentaient souvent une rection puis une jaculation Ces effets sont d crits en d tail dans Justine du Marquis de Sade et dans En attendant Godot de Becket En fait cette assertion est erron e La pendaison ne tue pas par strangulation mais en cassant la moelle pini re ce qui a pour effet de traumatiser les nerfs qui produisent une
85. i la pratique en solitaire de la compression des carotides semble plus expos e au risque d une d rive vers un rapport de type toxicomaniaque qu une pratique en groupe mais aucun l ment ne permet de consid rer cet a priori comme recevable C est pourquoi ce dernier n cessiterait une recherche approfondie L hypoth se est la suivante le jeune qui va pratiquer la conduite risque du jeu du foulard va mettre en place un rapport sp cifique cette conduite qui peut tre class sous trois formes diff rentes un rapport soit festif cette conduite soit abusif soit foxicomaniague Les diff rences d un type de rapport l autre d pendent de la fr quence du recours la conduite c est dire de son degr de r p tition savoir que plus la conduite est r p t e plus il y a de chance pour qu elle d rive vers une d pendance soit vers un rapport toxicomaniaque Mais ce n est pas l la seule condition pour cette d rive Le rapport festif la conduite implique qu elle se d roule dans un tat d esprit souvent ludique aspect qui ne se trouve plus dans les deux autres rapports mais surtout qu elle reste irr guli re dans le temps C est dire que la conduite prend relativement peu de place dans la r alit du jeune ce stade elle est passag re voire initiatique Alors que le rapport abusif peut tre d crit comme une relation qui a d pass le caract re ludique pour arriver u
86. i cela ne marche pas ils n h sitent pas le griffer ou le gifler Au r veil le joueur doit raconter aux autres participants son exp rience ses sensations ses visions ce dont il a r v 2002 APEAS Habituellement ce jeu se pratique deux ou davantage mais il n est pas rare qu un jeune tente de le faire seul C est alors qu un lien devient indispensable et que le contr le du jeu s av re beaucoup plus d licat car dans ce cas il est absolument vital d viter la perte de connaissance Cette derni re est provoqu e par l hyperventilation pr alable Le lien permet la suspension de la respiration asphyxie lair retenu s appauvrissant peu peu en oxyg ne anoxie Il est imp ratif de d nouer le lien avant la privation totale d oxyg ne anoxie qui conduit au coma en quelques secondes et la mort c r brale en moins de cinq minutes Cochet 2001 p 8 15 Tages Anzeiger 12 05 2001 traduction personnelle 25 3 QUI PRATIQUE CE GENRE DE JEU D apr s un compte rendu de Croissandeau charg de mission par le Minist re de l ducation nationale cf Internet les participants sont de jeunes l ves g s de 11 13 ans Les lyc ens semblent rarement concern s Au niveau primaire la participation de tels jeux semble exceptionnelle Les pratiquants sont volontaires et consentants Ces l ments d montrent les diff rences existant entre ce style de jeu e
87. illes 29 Concernant le sexe des pratiquants je n ai trouv dans mon chantillon que deux filles pour vingt deux gar ons ce qui am ne penser a priori que les gar ons seraient effectivement plus concern s par cette pratique que les filles Cet a priori va dans le m me sens qu une id e re ue souvent mise relev e par Assailly 1992 selon laquelle la moindre implication des filles traduirait une tendance naturelle et g n rale de celles ci prendre moins de risques ou mieux les percevoir En ce qui concerne la conduite risque qui nous occupe ici force est de constater que les gar ons sont fortement repr sent s dans l chantillon recens Cette diff rence dans la r partition des sexes concernant les victimes du jeu du foulard n implique pas forc ment que les filles ne soient pas concern es par la pratique d une telle conduite Il est possible qu elles pratiquent galement le jeu du foulard mais qu elles aillent moins loin dans la recherche des sensations que les gar ons Cette remarque impossible v rifier tant donn la pauvret des donn es concernant les filles repose sur l observation suivante de nombreux adolescents sont morts la suite de cette conduite risque De plus les pr dispositions suppos es des gar ons n emp chent pas de s interroger sur celles des filles bien que cet aspect reste encore d velopper On peut tablir un lien entre cette observ
88. interpr tatif quant aux possibilit s de compr hension de l objet tudi Il met en exergue une perspective particuli re que l on peut qualifier d existentielle selon laquelle la conduite risque tudi e est une mani re pour l adolescent d aujourd hui de se construire une identit travers ce que l on peut appeler un test de lui m me c est dire non seulement travers la confrontation au risque mais galement au travers des limites qu il n a de cesse de repousser toujours un peu plus en r ponse sa soif de sensations J ai tent pour terminer de faire appara tre une typologie dans laquelle il serait possible d ordonner les pratiquants de cette conduite selon une logique issue des conduites addictives A la m moire de Marie et Laurent et de mon p re Table des mati res 1 INTRODUCTION GENE KALE ees is Gee ee ese De ee ee ee Ep ee ee ed ee ee de 5 ASQUESTION DE DEPART wian nn a aR a De ee aa a a N 6 B LE CONTEXTE GENERAL EEA A EA O S EA 7 1 Le groupe comme maillon interm diaire entre enfance et la soci t des adultes 7 2 A la recherche de soi travers les limites une caract ristique adolescente 8 3 la recherche de soi travers la prise de risque 10 4 L importance de l agir l adolescence quand les actes se substituent la parole 10 5 La mise en risque de soi dans des jeux avec son propre COFps 11 6 Vers u
89. ion adopt e par un principal de coll ge en France Mr Al o Andr Si l on entend que certains l ves font a l on peut entrer en mati re sur l explication des risques mais il ne faut pas g n raliser cette pratique qui est en fait tout fait rare Par contre en ce qui concerne les parents et les adultes en g n ral il est n cessaire qu ils soient pr venus Mais je pense qu en Suisse une telle pr vention est simplement inutile Quatri me entretien adolescent ayant pratiqu Laurent C de Ch teauneuf du Rh ne dans la Dr me proven ale 26 Le 3 juin 2002 g de 25 ans gt Interviewer As tu d j pratiqu le jeu du foulard A quel ge gt Laurent Oui il y a un moment j avais 15 ans je devais tre en 3 ou 4 ann e en 4 c est s r je le faisais d j gt Interviewer Comment l as tu connu gt Laurent H bien tout le monde le disait que c tait marrant alors je l ai fait Mais c tait pas pour prouver quelque chose mais plut t pour d lirer pour faire les cons quoi C est avec la bande de 58 VY VY VV Y Y NNNN VV YVYVY YYYVYVVYV NN Informations suppl mentaires ans 16 ans fumeur quotidien de cigarettes puis m langes d alcool grande quantit et cannabis Depuis potes que j avais l poque et que j ai gard s un certain temps apr s a Les copains m ont s rement influenc Interviewer quel
90. ire avec le Pr sident du Conseil d Administration Docteur Jean Claude FISHER dur e approximative de 1h Int De quels jeux dangereux avez vous entendu parler Dr Fisher Le jeu du foulard est le plus c l bre mais actuellement c est le jeu de la tomate qui tend se faire le plus conna tre et qui touche une population pr adolescente de section primaire soit d s 10 13 ans Au del de ces deux premiers jeux dont le principe est le m me pour le jeu de la tomate il s agit d obtenir un teint aussi rouge que possible par une absence de respiration il y en a d autres comme le jeu de la canette galement appel selon les r gions le jeu du moulon le jeu de la m l e le jeu du petit pont massacreur le jeu du bouc missaire mais il y en a d autres encore comme le jeu de l a rosol le jeu de la carte de cr dit pour gar on Interviewer Le terme de jeu correspond il selon vous ce type d activit Dr Fisher Pour moi un jeu est cens poss der un caract re ludique mais aussi la notion de plaisir Dans ces jeux dangereux ceux qui les pratiquent sont ils vraiment dans l ambiance du jeu Pour moi dans ces conduites risques ce style de jeux dangereux n est pas un jeu Int Existe t il un profil un ge pour ceux qui pratiquent ce genre de jeux dangereux Dr Fisher Tout d abord il n y a pas de profil particu
91. issance la personne peut ressentir plusieurs sensations notamment celle d tourdissement ou l impression de d placement du plancher des objets environnants ou l apparition de points lumineux devant les yeux une vision floue ou encore des bourdonnements dans les oreilles d L enc phalopathie due l hypercapnie augmentation du gaz carbonique dans le flux sanguin est une autre s quelle qui s accompagne de diff rentes manifestations cliniques comme les c phal es souvent intenses et persistantes la lenteur mentale les somnolences la confusion les tremblements et secousses musculaires l indiff rence et l inattention l environnement et la r duction de l activit psychomotrice 7 COMBIEN DE DECES DUS A CETTE PRATIQUE a Mise en vidence de quelques difficult s par rapport ce recen sement pour la Suisse et la France Le recensement du nombre de victimes du jeu du foulard reste difficile tablir que ce soit en Suisse ou en France N anmoins d apr s le Dr Krompecher m decin l giste du canton de Vaud les statistiques concernant cette pratique en Suisse varient de un deux cas de d c s par an et ceci chez les moins de vingt ans En g n ral ces d c s rel vent directement de la pratique de compression des carotides dont l issue n est pas ma tris e par le pratiquant qui meurt alors d touffement par strangulation En France il n est pas obligatoire de signaler la
92. it naissante A l inverse il peut aussi pousser l adolescent adopter des valeurs pr n es par ce groupe D s lors les identit s fragiles courent le risque d tre dissoutes dans les ph nom nes de groupe Les conduites risques sont souvent li es au groupe faire comme les autres tre la hauteur au regard des membres du groupe L adolescent attend du groupe qu il lui renvoie une image de lui m me qu il aide remplacer une identit personnelle insatisfaisante par une identit groupale Toutefois si le groupe est capable de soutien il contraint l adolescent aller toujours plus loin quant ses propres limites et sa peur 2 A la recherche de soi travers les limites une caract ristique adolescente A l adolescence le jeune est la fois la recherche d ind pendance et de r assurance aupr s des autres il fait l exp rience de la fronti re entre le dehors et le dedans de lui m me il joue avec les interdits sociaux et teste sa place dans un monde o il peine parfois se reconna tre Dans cette recherche de lui m me les limites symboliques dans la relation aux autres et au monde demeurent essentielles Mais l adolescence c est aussi la p riode de la vie pendant laquelle la soci t cesse de consid rer l individu masculin ou f minin comme un enfant et ne lui accorde pas encore compl tement un statut des r les et des fonctions d adultes Si une majorit de jeunes int
93. l 2003 Cat gories d analyse R ponses obtenues Nom donn la pratique On l appelait l hyperventilation mais c est pas le vrai terme il n y avait pas vraiment de nom Lieu de la d couverte A l cole primaire en 6 Gen ve Lieu de la pratique Un peu partout l cole la maison dans la rue Age la 1 d couverte Entre 10 et 12 ans Initiation par groupe de pairs du m me sexe On tait avec deux ou trois copains on en a entendu parler l cole par le bouche oreille puis on a essay D roulement genoux pendant 60 on soufflait pour bien faire monter les pulsations puis on prenait sa respiration on la bloquait l autre t appuyait sur les carotides avec les paumes des mains ou au niveau du sternum Alors tu t vanouis et les autres te posent terre Fr quence Si je devais calculer le nombre de fois a ferait peur Des fois on le faisait 20 30 fois par jour Dur e Pendant pr s de quatre ans mais pas la suite C tait par p riode qu on le faisait en petite bande on le faisait pendant deux trois mois fond puis on se lassait jusqu au moment o on initiait un nouveau Je faisais alors le cobaye soit a les choguait soit a les int ressait En tout a doit faire pendant une ann e d affil e Arr t Je me suis lass de le faire je suis pass
94. le fr quence vous le pratiquiez Laurent Ben environ dix fois par semaine Interviewer Comment tu t y prenais pour faire a Laurent Il fallait respirer fort profond ment pendant 30 puis se relever et pendant une forte aspiration d air le copain appuyait alors de chaque c t du cou avec les paumes de ses mains sur les carotides Interviewer Et apr s comment cela se passait Laurent H bien tu tombes dans les vapes mais je me souviens qu au r veil je croyais chaque fois que j tais en retard j avais toujours cette impression que j avais dormi pendant trois ou quatre heures d affil e Interviewer O le pratiquiez vous Laurent Lors des r cr ations m me parfois pendant les cours mais le plus souvent entre midi et deux heures entre deux cours Interviewer Et les enseignants ne vous ont jamais surpris Laurent Non on savait comment les viter Interviewer Pendant combien de temps y as tu jou Laurent Je sais pas trop c tait une passade dans le groupe Je dirais pendant quelques mois peut tre m me moins un deux ou trois mois je ne sais plus Interviewer Si vous ne l avez fait qu une dizaine de fois pour toi est ce que c est peu assez beaucoup trop Laurent En fait on l a eu fait plus que dix fois en tout je saurai pas dire combien mais il arrivait qu on le fasse jusqu dix fois par jour et m me certaines fois en le faisant deux fois la suite
95. lescents Un seul des interlocuteurs Alex a fait bri vement allusion l apparition d une rection lors de la pratique n anmoins je n ai pas pu avoir plus de d tails ce sujet ni aucune confirmation de la part des autres gar ons Cet aspect restera donc pour le moment inexploit il demanderait videmment une recherche approfondie la question tant mon sens tout fait pertinente l adolescence Dans cette recherche je me suis centr e sur la population adolescente Toutefois la lumi re de l analyse de traces on voit bien que les adolescents ne sont pas les seuls concern s Effectivement la lumi re de ces l ments on peut mettre l hypoth se que les motivations concernant la pratique de la compression des carotides d pendent de l ge du pratiquant Il est d ailleurs possible que les pr adolescents s inscrivent plus dans des motivations proches de la socialisation par le groupe A cet gard la perspective adopt e par Fisher concernant la pratique risque comme un d fi pour tre accept du groupe semble correspondre davantage l usage que les enfants pr pub res font de cette pratique En effet avant la pubert on peut supposer que le pr adolescent se pr te une conduite risque comme celle l dans le but de se socialiser Il peut donc s agir pour le pr adolescent d un processus maladroit de socialisation par le groupe de pairs par l interm diaire de la r ali
96. lier tous les milieux socio conomiques sont concern s Globalement on peut dire au vu de la cinquantaine de victimes recens es en France qu il s agit le plus souvent de gar ons En effet 98 des victimes sont de sexe masculin contre 2 de sexe f minin Quant l ge il s agit g n ralement d adolescents de 12 15 ans Bien que l ge tende s abaisser toujours plus en fonction du temps qui passe et de l volution de la soci t Le propre du jeu dangereux c est de mettre de c t le pathologique ceux qui y jouent sont a priori normaux Quand on rencontre les m res de ces enfants ils sont toujours selon elles bien lev et sans histoires Quand on questionne les adolescents d apr s moi on se rend compte que ce ne sont pas des adolescents suicidaires Int Depuis quand les adolescents jouent ils ce style de jeux dangereux Dr Fisher a a toujours exist de tout temps les jeux mortels On peut citer Ch teaubriant il est sans doute possible de trouver d autres traces bien avant lui Actuellement la soci t est violente et c est un des r les des m dia mais aussi de la soci t elle m me de s en occuper Syst matiquement la violence augmente dans la soci t il n est alors pas tonnant que cette violence transpire dans les coles Le probl me c est son intensit son niveau De plus les processus d appartenance au groupe de pairs sont n cessai
97. lle ou la tomate Le premier groupe se diff rencie du second par la violence physique et gratuite laquelle ces jeux font appel Un autre l ment diff renciateur tient dans le caract re visible ext rioris par des gestes des cris que supposent ces jeux Le deuxi me groupe appara t plus en lien avec la recherche de sensations susceptibles de mener l adolescent toujours plus loin dans une recherche de test de soi aux fronti res de la mort Quoi qu il en soit ces jeux semblent refl ter la pr sence au sein de certains tablissements scolaires qu ils soient tablis en Suisse ou en France de ce que l on pourrait appeler un climat violent Cette violence qui transparait au travers des activit s des jeunes enfants et des adolescents est d une certaine mani re un miroir tendu de ce que le social est susceptible de transmettre Si je ne d sire pas entrer dans la trop large probl matique de la violence sociale il est n anmoins difficile de ne pas y faire allusion notamment pour expliquer qu elle transpire litt ralement dans les tablissements scolaires Sans aller plus loin dans cette mise en contexte sp cifique qui est utile l actualisation du cadre passons la pr sentation de l objet de recherche proprement dit le jeu du foulard Cette pr sentation d bute par une description de l tat des connaissances sur le sujet et se poursuit avec les justifications du choix de mon suje
98. llonnant comme un papillon dans la flamme dans ce nouvel tat je percevais et comprenais tr s bien l tat ordinaire celui ci tant contenu dans celui l comme la veille comprend les r ves et non inversement va 3 A la demande d une connaissance plus de vingt ans apr s avoir fait ses propres exp riences Daumal crit Je mettrais mon corps dans un tat aussi voisin que possible de la mort physiologique mais en employant toute mon attention rester veill et enregistrer tout ce qui se pr senterait moi Ren Daumal chercheur d absolu apr s avoir r p t plusieurs fois l exp rience qui le met aux prises avec celle qu il nomme la N ante c tait toujours le m me Daumal R 1953 Une exp rience fondamentale in Chaque fois que l aube para t Gallimard Cit dans la pr face de Cochet 2001 p 9 22 moment le m me instant que je retrouvais coexistant ternellement au d roulement illusoire de ma dur e en voit le danger et cesse Sa sant en restera affect e mais il a alors acquis une certitude Mais laquelle La certitude de pouvoir tre tout autre chose que soi m me La r v lation d une conscience plus vaste d une autre r alit ou d une autre forme de connaissance Quoi qu il en soit ce qui restera de ces exp riences est que la voie suivre est d sormais trac e Ce ne sont pas l les seuls personnages concern s il en existe d
99. mbreuses visites de sites Internet relatifs mon objet de recherche En ce qui concerne la m thode choisie il s agit d une m thode qualitative soit l observation indirecte des donn es r unies autrement dit analyse de traces Pour appliquer cette m thode je me sers de la technique d analyse de contenu de type descriptif capable de s adapter une grande diversit de traces journaux magazines livres films missions t l visuelles documents crits etc Cette technique para t la plus adapt e mon objet de recherche ainsi qu la nature de mes donn es Dans un premier temps cette collecte de donn es trait e par une analyse de contenu m ne un recensement de certaines r f rences principalement litt raires quant mon sujet puis aboutit une description du jeu du foulard aussi fine et pr cise que me le permettent les sources disposition Dans un deuxi me temps toujours dans le but de comprendre cette pratique j ai pu rencontrer directement lors de quelques entretiens diff rentes cat gories d individus susceptibles de me 19 renseigner notamment par l interm diaire d une association gr ce laquelle j ai eu acc s un certain nombre de personnes concern es de pr s ou de loin par mon objet de recherche J ai eu l occasion de les rencontrer en situation de face face le plus souvent lors d entretiens libres mais galement par entretiens t l phoniqu
100. ment une mani re ultime de fabriquer du sens et de la valeur Malgr les souffrances qu elles supposent elles favorisent lorsqu elles sont maitris es la prise d autonomie du jeune la recherche de ses marques la construction de sa personnalit en ouvrant la porte une meilleure image de soi elles permettent de se construire une identit Mais leurs cons quences demeurent au travers de blessures de d pendances mais aussi de d c s Dans ce d dale d interpr tations qui sont autant de pistes possibles menant vers des r ponses ma question de d part seules les interpr tations les plus pertinentes seront reprises dans la derni re partie consacr e l analyse Pour terminer il est indispensable de relever le point commun entre les diff rentes formes de conduites risques qui r side dans la mise en p ril potentielle de la vie du jeune qui s y livre Cette perspective d exposition de soi un danger constitue le ien entre les conduites risques en g n ral et le jeu du foulard en particulier Si selon Le Breton 2003 p 11 l exposition de l individu une probabilit non n gligeable de se blesser ou de mourir de l ser son avenir personnel ou de mettre sa sant en p ril constitue une conduite risque alors le jeu du foulard en est une De ce point de vue il est pertinent de consid rer mon objet de recherche le jeu du foulard en tant que conduite risque Mais cela ne suffit
101. mmuns pour le moins tonnants c Que permet l hypoth se de Spitzer Cette hypoth se qui ne sera pas v rifi e dans le cadre de ce travail de m moire est int ressante plusieurs niveaux Primo elle pose clairement le lien avec la sexualit une approche qui semble rester souvent sous jacente aux probl matiques adolescentes en g n ral et ce sujet la conduite du jeu du foulard ne fait pas exception Par exemple lorsque un jeune pratique sur un autre la technique de strangulation le simple fait de toucher un autre adolescent implique dans une certaine mesure des sensations par rapport au corps de l autre Ces sensations sans tre d ordre purement sexuel peuvent se r v ler proches d une sexualit qui s veille chez le jeune Secundo elle permet de situer des pratiques tout de m me diff rentes le jeu du foulard et l asphyxie auto rotique sur une sorte de continuum entre une conduite risque dangereuse chez l adolescent et sa d rive possible une fois adulte avec volution vers une conduite radicale ment sexualis e et pernicieuse voire pathologique Tertio les similitudes qu il est possible de faire merger entre ces deux notions restent tout fait troublantes d autant plus qu elles concernent des aspects divers 34 10 LES APPORTS PERTINENTS DES ELEMENTS THEORIOUES Etant donn ce qui pr c de il est d sormais possible de faire merger dans ce d dale d
102. n Vous avez dit p dagogie N 37 3 5 50 53 Universit de Neuch tel Deleau M 1999 Psychologie du d veloppement Rosny France Br al Erny P 1993 Rites et ducation Travail Social 1 6 16 Lausanne Fellous M 2001 la recherche de nouveaux rites Rites de passage et modernit avanc e Paris L Harmattan Fohr A 2002 Ces jeunes qui ne s interdisent aucun jeu Le Nouvel Observateur N 1945 14 20 f vrier 80 Interview du psychiatre Huerre P Freud S 1975 Essai de psychanalyse Paris Payot p 255 Giono J 1977 Faust au village Mayenne France Gallimard p 7 32 Goguel d Allondans T coord Le Breton D amp De P retti I 2003 Quand les l ves se mettent en danger les conduites risques des jeunes Les Cahiers p dagogiques N 411 dossier f vrier 58 ann e 9 58 Paris Hachet P 2001 Les parents et le psychologue face aux adolescents kamikazes Dialogue Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille Er s Ed 3 trimestre 77 85 Haesevoets Y H 1984 Violences et passions Hors s rie L adolescence Sciences et vie N 188 septembre 76 83 Hervieu F 1994 Pourquoi les rites initiatiques sont une n cessit de la vie en Afrique comme en Occident Le temps strat gique d cembre 52 60 Interview de Nathan T Le Breton D 1998 Les conduites risque des jeunes Empan N 30 juin 9 12
103. nant une grande inspiration tout en se relevant de la position de flexion il s agit de bloquer la respiration ce qui provoque la perte de connaissance recherch e Alors les autres participants r cup rent la personne vanouie et la d posent sur le sol en attendant qu elle se r veille soit d elle m me apr s quelques secondes soit l aide d appels de secousses d eau ou m me de gifles Tous ont fait appel une technique de compression des carotides par les paumes des mains Cette technique est tout fait similaire au jeu du foulard seules les paumes des mains sont remplac es par le foulard Les risques encourus sont les m mes toutefois l utilisation des mains semblerait se r v ler moins dangereuses que l utilisation d un foulard En effet lors de la perte de connaissance les mains se desserrent et permettent une libre circulation de l air ce qui permet de reprendre conscience Alors qu avec un lien attach au cou une fois que la perte de connaissance se produit rien ne permet s il l on est seul de le d faire Mais le caract re dangereux de cette conduite tient peut tre plus au fait de la pratiquer seul qu la technique utilis e N anmoins la technique de compression des carotides avec les paumes des mains ne permet pas d viter le risque mortel du r flexe cardio inhibiteur pour ne citer que celui l et ceci que l on soit seul ou en groupe Un l ment souvent voqu
104. nce Christine Aujourd hui quand je repense la fois o j ai fait ce r ve d sagr able avec ces hommes en noir je crois que c tait en fait mon instinct de survie qui m a sauv e Je suis contente d avoir fait cette b tise car a ma permis d arr ter temps Mais ce jeu est dangereux quand tu le fais seul comme un copain Nico qui avait mis au point toute une technique pour le faire seul sans trop de risque en programmant son ordinateur pour qu il sonne et qu il le r veille et donc que l ordinateur l emp che de mourir mais avec un ordinateur c est jamais aussi s r qu avec une personne Interviewer Dans les connaissances que tu as connais tu globalement plus de filles ou plus de gar ons qui pratiquent ce jeu Christine Autant les gar ons que les filles les enfants autant que les adolescents sont concern s Interviewer Quelle est selon toi l utilit de faire de la pr vention concernant ce type de jeux dangereux Christine C est horrible de pas faire de pr vention surtout par peur de donner le mode d emploi en fait le mode d emploi les enfants Pont d j Il faut faire tr s attention ces jeux car c est bien trop facile pour les jeunes de le faire Il faut l interdire aux enfants et surtout leur dire combien c est dangereux Les autorit s disent que les victimes du jeu se sont suicid es mais c est pour se couvrir et pour pas prendre leurs responsabilit s Car quan
105. nd niable le fait que des enfants toujours plus jeunes soient concern s par ce genre de 30 pratique risque ne peut et ne doit pas laisser indiff rent C est la raison pour laquelle j insiste sur ce constat mais sans lui donner plus d importance qu il n en a ainsi ne remet il pas en question la moyenne d ge observ e ci dessus m me s il laisse merger un aspect plut t inattendu Bref de mani re g n rale ce constat situe la population risque pour le jeu du foulard entre la pr adolescence et le d but de l adolescence les 12 15 ans 8 S AGIT IL D ADOLESCENTS SUICIDAIRES Le jeu du foulard peut il tre assimil une conduite suicidaire Plusieurs psychiatres s accordent pour r pondre que non Selon Fisher les adolescents qui participent au jeu du foulard ne sont pas suicidaires Et bien que sur l ensemble des d c s recens s attribu au jeu du foulard quelques cas puissent tre des suicides ceci demanderait des recherches approfondies cela ne repr sente qu une tr s faible part des victimes dues cette pratique En effet concernant la majeure partie des jeunes d c d s il n est pas pensable qu il s agisse d un choix d lib r de leur part Quant ce dernier apr s avoir discut avec certains enfants et leurs parents l hypoth se selon laquelle le jeu du foulard s apparenterait une conduite suicidaire est peu plausible Pour Le B
106. nduite dangereuse de l adolescent le sympt me d un retournement de l agression contre soi dont l origine viendrait d une fixation pulsionnelle un moment donn du stade oral chez l enfant et qui r appara trait l adolescence avec le r am nagement des pulsions Par exemple un concept int ressant celui d auto agression qui correspond une conduite o les sujets se blessent se font souffrir sans que la sexualit entre en jeu cet acte pouvant constituer un substitut l orgasme Mais dans le cadre de ce travail je n irai pas plus loin dans cette direction explicative car il n est pas possible de mettre en place une recherche de ce type aupr s de l chantillon de population choisi De plus je n ai pas retenu la probl matique d ensemble autour de la violence qui mon sens n appara t pas essentielle ici Pour appr hender un tel sujet j ai choisi de faire appel diff rents auteurs comme Le Breton et Pommereau afin de faire merger un cadre th orique pertinent cens contenir la pratique du jeu du foulard J ai l intention d utiliser ce cadre conceptuel d une part pour situer l objet de cette recherche et d autre part comme grille d analyse afin de mettre en lumi re le contenu des entretiens r alis s avec cinq jeunes ayant pratiqu ce jeu du foulard Mais auparavant je d crirai et d finirai cette pratique des jeunes en me basant sur une analyse de traces r alis e
107. ne soit en solitaire soit avec le groupe et ceci travers la prise de risque 2 Premi re partie Cadre conceptuel La r volution pubertaire entra ne le corps et la psych de l adolescent dans des affrontements internes face lui m me et externes face au monde environnant Qu il se pense ou non capable de les ma triser l adolescent est continuellement amen fester la r sistance de ces fronti res entre le dedans et le dehors l int rieur et l ext rieur l autoris et l interdit En fait moins la r alit externe offre des limites contenantes et supportables moins le sujet se sent en s curit et plus il est amen les bricoler les fabriquer lui m me Pour le jeune il s agit donc de trouver ses limites au risque de d passer les bornes Celui qui d sire trouver un sens son existence s efforce au prix de toutes les d viances possibles de s prouver c est dire la fois de se mettre l preuve et de se sentir exister en r introduisant la souffrance et la mort l o la soci t des adultes tente de les radiquer Priv s de rep res et d tayages de symboles et d changes certains adolescents semblent dans l obligation de chercher toujours plus loin leurs limites et celles de leur entourage Les raisons de risquer sa vie sont multiples c est travers l histoire du jeune et travers son rapport autrui et au monde qu il semble pos
108. ne fois mais c tait pas vraiment m canique c tait comme a parce que je m ennuyais c tait pour m occuper Cela s est mal pass e nez cass elle arr te Conscient du danger de la mort possible On savait qu il y avait du danger que c tait pas bon pour la sant et que a pouvait laisser des s quelles physiques et psychologiques mais on pensait pas qu on pouvait en mourir Vision du jeu avant et maintenant C tait un jeu comme un autre on aurait tout aussi bien pu aller la piscine Pour moi c est pas une drogue enfin c est pas une obsession Je suis contente d avoir fait cette b tise car a m a permis d arr ter temps Mais ce jeu est vraiment trop dangereux quand tu le fais seul Sexe des pratiquants Les gar ons sont autant concern s que les filles et les enfants autant que les adolescents Rapport au groupe Ce jeu on le faisait toujours en groupe entre amies proches et qui le sont encore aujourd hui En parler aux parents C tait secret m me proche de ma m re je ne lui ai pas dit car je savais bien qu elle aurait pas voulu que je fasse a parce que c est dangereux elle aurait trouv des raisons et j aurais alors di l couter C est trop facile de le faire sans tre inqui t Avis sur une pr vention C est horrible de pas faire de pr vention par peur de donner le mode d emploi en fait
109. ne interpr tation initiatique de la prise de risque 12 2 PREMI RE PARTIE CADRE CONCEPTUEL uu eeuse sees ee se sesse se sesse ee se ees ee se genee 13 CONTEXTE SP CIFIQUE LES JEUX DANGEREUX iese ede se see ee ee ee ee se ee ee se ee ee ee ee ee ee ee 15 B PR SENTATION DE L OBJET DE RECHERCHE 2 esse see se ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee Ee ee LE JEU DU FOULARD UN JEU DANGEREUX PARMI D AUTRES uses ee es ee ee ee se ee ee ee ee ee ee ee 16 HE situation on SUS ESE EE ER ee Ee ee ee Ee Re Una 17 2 Plus recemment en France EE RE EE ee E oe Re Ee eg ee ee ee Ee EE Se ER EE Se GEE 17 C JUSTIFICATION DU CHOIX DE L OBJET DE LA RECHERCHE ese esse ese ee ee ee ee se ee ee ee ee se eke ee ee se ee 18 3 M THODOLOGIE si sd sei Gee ds de N vee N ede gis Oe egg Gee Dee be ie ed es ig 19 A OUESTON DE DEPART e loaer EE EE OR OO EE EE OR AE N 19 B COLLECTE DE DONNEES ET ANALYSE DE TRACES iese ese sees se ee se ee ee ee ee se ee ee ee ee ee ese ee ee ee ee ee ee 19 1 Les traces disposition pour une observation indirecte ee ee ee ee ee 20 2 Le recueil d information pour une observation directe concerne trois cat gories de EE OE AE RE EE RE EE EE EE 21 4 DEUXIEME PARTIE LANALYSE DES TRACES esse esse esse ee ss ees ss sees se see se se ee 22 EN QUETE DE REFERENCES DE REPERES DANS LA LITTERATURE A PROPOS D EXPERIENCES RELATIVES A LA STRANGULATION rte
110. ne utilisation r guli re dans le temps qui ne correspond plus une initiation mais une recherche de sensations sans toutefois impliquer un rapport de d pendance Le rapport toxicomaniaque impliquerait d abord une recherche de sensation de plaisir imm diat et une tentative de gu rir son malaise par cette conduite r p t e En fait ce rapport toxicomaniaque suppose une pratique r guli re voire quotidienne de la conduite par d pendance c est dire un besoin physique de r it rer ce comportement pour retrouver les sensations qu il procure cette forme de d pendance sugg re une souffrance Mais ce rapport ne se d veloppe pas travers le temps il reposerait davantage sur des conditions sp cifiques l adolescent notamment des assises psychologiques et affectives fragilis es tr s pr cocement mais aussi un environnement perturb par une souffrance importante deuils incomplets s parations et surtout la rencontre avec cette conduite risque Cette typologie semble pertinente pour tenter de classer les diff rents interlocuteurs interrog s sous forme d un tableau qui la synth tiserait Il s agit donc de situer les adolescents en fonction du type de rapport entretenu avec la conduite du jeu du foulard 50 Type de rapport Festif Abusif Toxicomaniaque Pratique En groupe En groupe En groupe et en solitaire Fr quence de la Environ 15 x Plus de 15 x I
111. nnombrable durant des conduite mois Pr noms Chris Laurent Samuel Alex 15 x Tiago 7 Pistes de r flexion vers une pr vention A pr sent que penser de l argument soulev par beaucoup de professionnels de l adolescent autour de l effet incitatif que peut rev tir une action pr ventive sur la conduite risque de la compression des carotides D abord cet argument est loin d tre partag par tous les professionnels concern s Les nombreux articles de presse et les missions t l visuelles qui ont d nonc et mis en avant cette conduite risque n ont semblent ils pas eu le retentissement tant redout sur les jeunes Quoi qu il en soit sans trancher cette question une pr vention ad quate c est dire r fl chie et bien men e est n cessaire M me si cet gard la pr vention ne dispense pas certains jeunes d avoir recours cette conduite elle permet au moins de clarifier et de poser clairement le risque de mort qui est attach cette pratique dangereuse Cette pr vention pourrait se faire chez les enfants d s leur plus jeune ge ce propos les travaux de Bergeret au sujet de la pr vention primaire sont clairants ils ne seront pas repris ici faute de place et faute de temps La vision de Le Breton propos de la pr vention des conduites risques est judicieuse La t che des parents des travailleurs sociaux des m decins etc n est pas de juger ces conduites risque
112. normaux dans ce contexte sans probl mes psychiques mais chaque fois c est une probl matique individuelle Il semble que souvent il y a chez ces enfants un manque du p re preuve au Congr s de Sens il n y a que des m res de victimes gt Interviewer Dans votre centre avez vous t confront cette pratique gt Dir Gautier Oui quand c est arriv l quipe eu une r action tr s ferme face quelques jeunes qui allaient jusqu ligoter sur une chaise et b illonner les joueurs chacun son tour puis calculer le temps pass en tant inconscient et donc instaurer une comp tition entre eux bref celui qui restera le plus longtemps inconscient Suite l intervention de l quipe du centre certains n ont pas compris les risques qu ils prenaient en effet par la suite deux enfants ont recommenc ils ont t exclus de institution au nom de l quilibre du groupe entier qui tait alors menac De toute fa on les prises de risques sont inh rentes la p riode de l adolescence et c est le r le du p re que de pousser l enfant vers les risques dans la vie quotidienne Mais attention tout d pend de la nature du risque qui s value en fonction du danger et chez l adulte son approche du risque est toujours calcul gt Interviewer Quelle est votre position face une pr vention gt Dir Gautier Je suis pour une pr vention et donc une mise en garde face
113. ns et de sensations caract ristiques de la p riode adolescente Suite la mise en vidence d un certain nombre de concepts comme celui de limite celui de prise de risque de recherche de soi et de sensations travers le risque je vais maintenant pr senter de mani re descriptive quelques jeux dangereux afin d illustrer ces conduites risques d un nouveau genre dont fait partie l objet de ma recherche Ensuite je compte pr ciser mon int r t pour un type de conduite risque sp cifique sur lequel je me centrerai dans la partie suivante pour tenter une description de cet objet le jeu du foulard 14 A Contexte sp cifique les jeux dangereux La pratique du jeu du foulard fait partie de l ensemble des jeux dangereux qui mergent actuellement dans certaines coles en Suisse comme en France Toutefois on peut distinguer deux formes de jeux dangereux dans une desquelles se retrouve le jeu du foulard En ce qui concerne les jeux dangereux quelques sp cialistes s accordent sur le fait que ces jeux ne sont pas r cents Pour Debarbieux professeur et directeur de l Observatoire europ en de la Violence scolaire Bordeaux il y a au moins dix ans qu ils sont apparus Mais ils ne se sont pas massivement r pandus comme le laisserait croire la presse crite ils restent selon lui tr s marginaux cit par Monin 2002 p 80 Pour le psychiatre Huerre ils sont vieux comme le monde
114. nt tat de plus de 70 cas ces dix derni res ann es r partis sur l ensemble du territoire D apr s les associations de parents contre la pratique du jeu du foulard le nombre de d c s serait de plus de 75 cas recens s par leurs soins depuis 2000 dont pas moins de cinq cas depuis la rentr e scolaire 2002 Au travers des diff rents articles sites et t moignages j ai entendu parler de plus d une cinquantaine de cas durant ces cing derni res ann es entre la Suisse deux cas la Belgique un cas la Hollande un cas et la France qui compte le plus de d c s De cette situation g n rale il est possible de d gager une estimation globale d une vingtaine de cas en France identifiables 28 l aide de quatre indices diff rents En fait cette estimation d passe largement celle tablie par les sources officielles site du M E N mais elle reste au dessous des chiffres annonc s par les associations bien que ces derni res aient l vidence acc s plus d l ments d informations et surtout plus de t moignages Si j ai recens pr s de vingt cas en France c est sur la base des quatre indicateurs suivants le nom l ge le lieu et l ann e du d c s Je n ai alors retenu que les cas dont il tait possible de conna tre au moins trois de ces quatre indicateurs Mon objectif n est pas d tablir un recensement exhaustif des d c s dus cette pratique mais l aide d un chan
115. nts et les responsables soient avertis et d sormais conscients des risques induits par cette pratique Toutes d noncent les grandes difficult s qu elles ont travers es pour tenter de donner l alarme par leurs d marches personnelles avec l espoir d une prise de conscience de la gravit d une telle conduite par l opinion publique Mais quelle que soit la direction prise par leurs d marches que cela soit au niveau scolaire administratif officiel judiciaire ou m me politique elles ont souvent d faire face l incr dulit de leurs interlocuteurs Elles se font finalement entendre par l interm diaire de plusieurs associations cr es par leurs soins afin de pouvoir participer activement cette pr vention notamment par l interm diaire d un site Internet par la r daction d articles mais aussi par des brochures informatives en plus d une pr sence sur le terrain c est dire au sein de certaines coles et coll ges dans lesquelles elles participent des s ances des colloques pour t moigner et informer sur cette pratique dangereuse Toutes soulignent que leur enfant n tait ni d pressif ni suicidaire et elles voquent toutes le caract re curieux et vif de leur enfant 36 B Les aspects principaux tir s des entretiens avec les experts Des pistes suivre celles des sp cialistes Les experts interrog s s accordent sur les aspects d crits ci dessous Ils d noncent t
116. nts qui s adonnent au jeu du foulard ne sont ni d pressifs ni suicidaires 9 LASPHYXIE AUTO EROTIQUE PEUT ELLE ETRE A L ORIGINE DU JEU DU FOULARD Bien qu il soit difficile de r pondre clairement la question de l origine du jeu du foulard il est tout de m me possible d voquer quelques pistes de r flexion Sylvianne Spitzer psychologue et criminologue propose une approche int ressante celle de l asphyxie auto rotique chez les adolescents avec ce profil moyen du pratiquant g n ralement un homme de type caucasien g entre 15 et 25 ans En fait tous les ges et toutes les ethnies seraient concern s les hommes autant que les femmes les c libataires autant que les couples les h t rosexuels autant que les homosexuels Bien que les facteurs qui poussent vers cette pratique restent inconnus la moiti des pratiquants auraient exp riment l asphyxie avec des adultes sans qu il s agisse d exp riences sexuelles mais au travers de jeux innocents qui seraient sexualis s par le jeune Le plus souvent enfants et adolescents exp rimenteraient l asphyxie en groupe restreint de connaissances Cette pratique serait li e la mont e de la pulsion sexuelle l adolescence ainsi qu la personnalit Au fil du temps la pratique deviendrait de plus en plus labor e 31 Les signes d une telle pratique sont subtils comme ceux du jeu du foulard Il peut s agir de traces p
117. nu donc attirant Pratique solitaire Non Conscient du danger de la mort possible Pas compl tement inconscient on se doutait bien que c tait pas tr s sain Ce qui est s r c est que je le faisais pas pour mourir Vision du jeu avant et maintenant Fallait bien qu on rigole Je savais pas qu on pouvait en mourir Sexe des pratiquants Pas abord lors de l entretien Rapport au groupe Les copains m ont s rement influenc En parler aux parents Non on savait comment les viter Avis sur la pr vention Pas abord lors de l entretien Donn es personnelles Consommateur de tabac alcool et cannabis Anecdote Parfois on jouait celui qui tient le plus longtemps 41 ENTRETIEN AVEC UNE ADOLESCENTE DE 17 ANS CHRIS DE LA REGION PACA 32 0zon Fin juin 2002 Cat gories d analyse R ponses obtenues Nom donn la pratique Le r ve indien mais il n y a rien d hallucinatoire c est comme un r ve ou plut t comme un cauchemar Lieu de la d couverte A l cole de son village au coll ge en 4 Lieu de la pratique Dans les endroits o notre groupe se rencontrait Initiation par groupe de pairs du m me sexe Des copains en ont parl l cole puis on tait entre copines alors on a essay Age
118. on demeure concernant les raisons de la participation d enfants pr pub res une telle conduite En effet d apr s l analyse de traces la conduite risque du jeu du foulard concerne aussi des jeunes qui ne sont pas encore confront s aux processus de l adolescence Sans analyser cette question int ressante qui demanderait des recherches plus fines et plus tendues que celle ci on peut faire l hypoth se que la variable ge est d une extr me importance quant la pratique de cette conduite risque Dans les faits les cas recens s ici ne me permettent pas de livrer de r sultats pr cis sur cette question m me si deux des cinq interlocuteurs taient pr pub res lors de leur participation leur discours sur cette derni re a videmment volu avec le temps N anmoins on peut souligner chez les plus jeunes l importance marqu e du groupe du besoin de l imiter pour tre accept qui r pond au besoin d tre socialis Par ailleurs cet l ment est aussi voqu par ceux qui ont pratiqu le jeu du foulard en solitaire pour expliquer la r p tition de la conduite Ce fait confirme les donn es issues de l entretien avec l expert Dr Fisher D autre part l aspect exp rimental de cette pratique est relev par tous les adolescents en effet il s agit d une exp rience partager que l on peut assimiler un d fi ou encore un test Il s agit bien ici pour le jeune et son
119. on est li e l actualit du sujet qui est directement issu de la r alit telle qu elle peut tre v cue par certains jeunes La troisi me raison est li e la population concern e par ce th me les adolescents constituent une population passionnante par la nature des changements dont ils sont l objet mais galement par l int r t qu ils suscitent en repr sentant les adultes de demain 18 La quatri me raison plus personnelle provient de l inqui tude d un certain nombre de parents dont les enfants ont jou au jeu du foulard inqui tude que j ai eu l occasion de ressentir soit leur coute soit la lecture de leurs t moignages Les parents que j ai eu l occasion de contacter semblaient pour la plupart soulag s qu une personne cherche mieux comprendre ce qui peut pousser certains jeunes vers de telles pratiques dangereuses C tait une mani re de prendre en compte leur combat leur souffrance mais parfois aussi leur deuil Et ceci sans que cette compr hension n ait de vis e m diatique ou financi re 3 M thodologie La d marche inductive part de l observation du terrain et peut ouvrir des pistes de recherche originales A la base de la d marche inductive on trouve une recherche explo ratoire phase ouverte dans laguelle le chercheur se situe comme un v ritable explorateur dans laquelle il se familiarise avec une situation ou un ph nom ne tente de les d crire et
120. ontraintes qui l assaillent Les actes lui restituent un r le actif et lui donnent un sentiment de ma trise sur la r alit ext rieure en rel guant au second plan le poids de sa r alit psychique Le jeune risque son corps pour retrouver une place dans le tissu du monde au travers d un change symbolique avec la mort il offre sa vie au groupe au risque de la mort contre le sentiment d assurance qui lui fait d faut Certains adolescents forts d une confiance illimit e en leurs capacit s physiques se sentent invincibles Ils luttent contre la peur et l angoisse par un sentiment de toute puissance m galomaniaque Cette toute puissance m ne l adolescent ne pas percevoir le risque le danger Il est alors invincible immortel Le jeu avec la mort que l on peut observer dans certaines conduites et en particulier dans le jeu du foulard s inscrirait dans l ambivalence d sir danger mais il reposerait aussi sur une part d ignorance notamment quant aux r els dangers que comporte cette conduite je reviendrai sur ces aspects dans l analyse des entretiens A ce sujet Le Breton 2003 qualifie les conduites risque de sollicitations symboliques de la mort dans une qu te de limites pour exister Exister ce n est pas uniquement vivre au niveau biologique mais se risquer au regard de l autre et ses propres yeux aussi La notion de mort symbolique n implique pas seulement d tre oblig de subir une pre
121. ortir de l adolescence Les jeunes se mettraient en situation de risque fr leraient la mort pour se donner eux m mes le droit de rena tre Ceci rencontre l accord d un certain nombre de chercheurs notamment Le Breton Nathan et d autres il existe dans la conduite risque une part de ritualit Si dans nos soci t s les prises de risques des adolescents sont d nu es de toute valeur initiatique culturellement reconnue elles conduisent parfois ces derniers des r p titions et des escalades dans des conduites risques toujours plus graves Pour Richard 1994 p 189 le rite de passage proprement parler change un statut il est irr versible la conduite risque rel verait plut t d un fantasme o c est l individu et lui seul qui doit faire ses preuves dans un d fi l angoisse Il est int ressant de faire ici un parall le entre une hypoth se s duisante de Nathan 1994 et l objet de cette recherche Nathan d nonce le manque de rep res la perte de rituel dans nos soci t s en tant que causes de l apparition des conduites risques chez les jeunes occidentaux Selon lui ces conduites correspondraient des initiations sauvages la vie adulte notamment au travers de conduites comme la violence la d linquance et la drogue S impose un parall le concernant le jeu du foulard qui peut alors tre compris comme une fa on de s initier l ge adulte de la part du jeu
122. os choix conscients ou non par nos prises de d cisions par nos prises de positions on est amen prendre des risques pr cis ment parce que les v nements futurs sont par d finition incertains Par ailleurs il est important de prendre aussi en compte la notion de plaisir du plaisir que procure le risque Toutefois percevoir les prises de risque des jeunes comme anodines serait erron car dans ces activit s l se jouent de fort enjeux psychanalytigues L adolescent fait l exp rience de l intrication d Eros pulsion de vie et de Thanatos pulsion de mort qui sont d j en jeu dans son d veloppement et du go t d prouver corporellement de fortes motions en faisant du corps le lieu d une preuve comme s il s agissait de passer un cap de se lib rer d une contrainte Par exemple dans le fait de skier trop vite il peut s agir de se faire peur partir de l exp rience physique procur e par le corps comme si le corps lui m me n tait que l exp rience physique de la vie Dans une autre logique il peut s agir d prouver du plaisir non plus se faire peur mais par la r p tition de ce genre d exp rience comme s il n y avait que son actualisation pour se sentir pleinement exister Vouloir revivre cet instant vouloir en reproduire l intensit comme si entre deux prises de risque l existence ne valait pas la peine cela correspond une addiction Cette possible d pendance n
123. out d abord la m connaissance des effets de l anoxie que cela soit de la part des parents ou des adultes en g n ral et d autant plus quand il s agit d un enfant pr pub re Il s agit de fa on g n rale d une conduite relativement peu connue des adultes Ils soulignent le fait que les jeunes concern s par cette pratique sont issus de fous les milieux socio conomiques Il n y a donc pas de variable de ce type l uvre concernant le jeu du foulard Globalement les gar ons sont plus souvent concern s Tous sont troubl s par le jeune ge des pratiquants Et ce sujet ils tendent diff rencier les pratiques en fonction de l ge en effet cette variable impliquerait des motivations diff rentes quant la pratique du jeu du foulard Il appara t donc n cessaire de creuser plus avant l importance de la motivation l uvre dans cette conduite risque mais surtout de se diriger vers une lucidation de cette ou ces motivation s Ces motifs semblent renfermer la clef de vo te des explications personnelles des pratiquants concernant cette conduite Il s agit l d un l ment central dans la compr hension de ce jeu Tous d noncent les cons quences mortelles que suscite la pratique du jeu en solitaire De plus ils mettent l accent sur la n cessit de faire de la pr vention autour de cette pratique bien que tous ne s accordent pas sur les niveaux d application de cette pr
124. r qui peut m me s arr ter sous l emprise de ce r flexe induit par le manque d oxyg ne Il est possible de d composer dans le temps les cons quences habituelles d une telle pratique En quelques secondes individu tombe inconscient et en moins de 10 secondes il n y a plus d oxyg ne dans le corps Mais d j apr s 30 40 secondes on peut noter des irr gularit s c est dire des signes de d faillance dans l activit c r brale Si l oxyg nation n est toujours pas r tablie apr s trois cinq minutes apparaissent alors des l sions irr versibles au cerveau si rien n est fait pour ramener elle la personne elle est condamn e D autres s quelles peuvent aussi tre observ es par exemple la compression des carotides peut entra ner une baisse importante du rythme cardiaque et de la pression art rielle ce qui peut engendrer un malaise grave qui peut persister plusieurs heures Il est galement possible d avoir des troubles du rythme cardiaque par la r duction artificielle des battements du c ur en plus d un risque de paralysie ou r flexe vagal D autres effets sont li s de telles pratiques notamment des naus es des vomissements de l agitation des crises d angoisse et des convulsions Les cons quences m dicales observ es le plus souvent sont les suivantes a Tout d abord asphyxie est un arr t des fonctions respiratoires Elle est susceptible de provoquer une anoxie c
125. r illustrer le contexte imm diat dans lequel se d roulent ces jeux dangereux Bien que ces preuves ne se limitent pas au contexte scolaire actuellement de nouveaux jeux mergent dans les cours d coles primaires ou de lyc es Parmi ceux ci il est possible de distinguer deux sous groupes Le premier r unit les jeux qui ont trait l agression d autrui en faisant appel de la violence gratuite comme par exemple le jeu de la canette appel aussi jeu du bouc missaire jeu de la m l e petit pont massacreur jeu du pogo ou encore la gardav mais aussi le jeu du jugement ou le jeu des juges Pour le jeu de la canette ou le amp petit pont massacreur il s agit d un d riv du football o une balle ou une canette de boisson servent d signer celui ou celle qui sera l objet des coups des autres participants La r gle en est simple le d sign va recevoir la canette ou la balle entre les jambes et s il ne la rattrape pas il se fait frapper par les autres participants Pour le pogo il s agit sur fond de musique heavy metal de se frapper les uns les autres Plus la musique est forte plus les coups port s sont forts en somme une sorte de bagarre g n ralis e Pour le jeu des juges les r gles semblent sommaires des juges autod sign s dictent une loi ceux qui ne s y plient pas sont sanctionn s 7 De
126. r jeune refusant en quelque sorte sa position g n rationnelle Mais pour se construire en tant que sujet l interdit est essentiel ne serait ce que pour le transgresser ou s opposer lui 1 Le groupe comme maillon interm diaire entre l enfance et la soci t des adultes Traditionnellement l enfance s ach ve avec l adolescence p riode conflictuelle d acquisition de l ind pendance Actuellement notamment dans le domaine de la psychologie du d veloppement de l enfant et de l adolescent l id e d une continuit entre les diff rentes p riodes de la vie merge comme si les interactions entre pairs durant l enfance et l adolescence d terminaient les relations sociales entre adultes Diff rents auteurs dont Deleau 1999 se sont int ress s aux diff rents types de groupes et leurs fonctions lors de l adolescence c est dire entre la prime adolescence 11 13 ans et la grande adolescence 17 19 ans et plus L id e qui ressort de la plupart de ces travaux est la suivante au d but de l adolescence le jeune appartient souvent des cliques c est dire des groupes de cinq Du latin adolescentia adolescens participe pr sent de adolescere signifiant cro tre pousser six enfants de m me sexe manant d un grand groupe institutionnel comme l cole par exemple Entre quatorze et seize ans les adolescents fondent davantage leurs relations sur une confiance r
127. raison du d c s d une jeune personne En cons quence l ensemble des victimes du jeu du foulard ne saurait tre recens avec exactitude et il est donc tr s difficile d obtenir des statistiques pr cises et officielles sur ce genre de pratique De plus la possibilit relev e par Cochet pour que ce genre de d c s accidentel soit confondu avec un d c s volontaire c est dire un suicide complique encore l tablissement de statistiques fiables Ceci implique qu un certain nombre de d c s dus la pratique du jeu du foulard aient t faussement comptabilis s en tant que suicides en France comme ailleurs Non seulement le nombre de victimes dues cette pratique est tr s difficile valuer d autant plus qu il n existe pas de statistiques ce sujet mais on peut a priori supposer que le nombre d enfants et d adolescents qui ont d j assist ou pratiqu cette technique serait sup rieur aux estimations concernant les victimes de ce jeu b Diff rentes estimations selon les sources En fait pour la France le nombre de cas de d c s r pertori s varie en fonction des sources Si l on en croit le site du compte rendu de mission du M E N qui est en accord avec les chiffres avanc s par le journal t l vis de 20h sur France 2 le 2 12 2002 une dizaine de d c s seraient dus la pratique du jeu du foulard ces derni res ann es Alors que les articles de presse fran ais fo
128. res l adolescence mais ces groupes demandent souvent des codes d entr e pour y tre accept et ces codes sont eux aussi toujours plus violents Ces pratiques codifi es peuvent tre assimil es des rites d initiation par lesquels l adolescent doit passer pour faire partie du groupe Le fait de participer des conduites risque de ce genre est essentiellement un acte de d fi pour pouvoir tre accept par les pairs En plus cet ge l la notion du risque est peu perceptible Int Qu est ce qui influence le plus un adolescent Dr Fisher Un autre adolescent Depuis toujours les l ves du Lyc e influencent ceux du Coll ge et ces derniers influencent ceux du primaire Int Est ce que ce jeu est universel Est ce que cette pratique adolescente est une sp cificit culturelle Dr Fisher Le jeu du foulard n est pas universel mais il est possible qu il existe ailleurs d autres jeux risques qui sont le plus souvent imbriqu s dans des rites de passages selon les cultures en question Au niveau europ en en tous cas ce jeu est international VALJOYEUX est un tablissement g r par la soci t A THE NA S A Adolescence Th rapeutique et Nouvelles Approches 56 gt Int Pourquoi ces adolescent y jouent ils gt Dr Fisher Pr cis ment car ce sont des adolescents A cette p riode sp cifique tout est permis ou plut t tout est possible aux yeux de l adolescent Aupar
129. reton 2002 l intention des jeunes qui se pr tent des conduites risque n est pas de mourir mais plut t de tester une d termination personnelle de go ter une intensit d tre un partage avec les autres un moment de souverainet de traduire une souffrance tout cela parfois dissout dans une recherche qui ne trouve sa signification qu un fois l v nement pass En fait il ne s agit pas de formes maladroites de suicide mais de d tours symboliques qui assurent la valeur de son existence Je parlerais de tentatives d exister plus que de mourir Pommereau 2001 envisage moins le jeu du foulard comme une conduite de risque hautement suicidaire que comme le r sultat d un d faut de surveillance de la part des adultes encadrant ces jeunes Cette vision est selon moi pour le moins r ductrice du ph nom ne bien qu elle place r solument le jeu du foulard en dehors des conduites suicidaires mais elle tend culpabiliser les parents en les rendant responsables d un manque d encadrement de leur enfant sans m me avancer de pistes de pr vention pour ce type de comportement ni d alternative par l interm diaire du dialogue par exemple La perspective de Pommereau peut sembler li e une ducation de type plut t rigoriste avec une forte importance accord e au cadre ducatif Ces diff rents avis s accordent sur le fait suivant dans la vaste majorit des cas les enfants et les adolesce
130. risque et ce quel que soit la sph re dans laquelle il volue 8 Conclusions Avant de terminer je veux revenir sur la notion de d fi Le d fi c est celui pos par les jeunes qui devant une soci t qui offre de nouvelles possibilit s jusque l in gal es en terme de consommation et de r ussite personnelle r pondent par des conduites de refus et d autodestruction d eux m mes et ce d autant plus que ce sont des jeunes qui ont justement tout pour tre heureux En m me temps l volution sociale permet aux jeunes pour la premi re fois dans l histoire de l humanit de concevoir un avenir qui ne soit pas la copie de la vie de leurs parents Cette possibilit qui s ouvre sur un mode de vie partiellement inconnu accompagn d un affaiblissement des interdits mais d une augmentation des exigences de performance et de r ussite individuelles favorise l expression des inqui tudes narcissiques et des besoins de d pendance Pour conclure on peut donc dire que le jeu du foulard n est alors qu une expression des jeunes favoris e par l volution actuelle de la soci t Finalement l issue de ce travail exploratoire de longue haleine il me semble tre tout de m me capable de r pondre ma question de d part sans atteindre l exhaustivit de toutes les approches possibles J ai pu faire ressortir les explications qui m ont paru les plus pertinentes J esp re galement avoir a
131. rveilleuse le jeu de la tomate le jeu de la serviette la grenouille le jeu des poumons Pour Anne Correa Guedes qui a pr fac le livre de Cochet les diff rents noms donn s par les jeunes ce genre de pratique r ve indien sommeil indien r ve bleu coma cosmos 30 secondes de bonheur sont riches en connotations et voquent irr sistiblement la communion euphorique avec l univers l exaltation de la conscience pure de tout objet la fusion du sujet et du Tout la pl nitude absolue Cochet 2001 p 17 Le jeu du foulard consiste trangler un partenaire souvent invit auparavant respirer un rythme pr cipit afin de lui faire perdre connaissance L vanouissement s obtient par la pression des doigts d un foulard d une ceinture ou d une corde sur les carotides Si cette pression s exerce sur les sinus carotidiens on obtient une syncope r flexe prise de certains arts martiaux Normalement tout du moins chez un tre jeune le ph nom ne de perte de connaissance s inverse au rel chement de la pression et la conscience revient peu peu d autant plus lentement que la pression a t longue La mort toutefois est possible Cochet 2001 p 7 L vanouissement peut galement tre la cons quence d une diminution du flux sanguin vers le cerveau trop riche en gaz carbonique hypercanie du fait de l hyperventilation Le partenaire 24 tran
132. s Ces derni res peuvent s inscrire par exemple dans une perspective de recherche de sensations au travers du risque mais au del du sentiment physique il s agirait surtout d une recherche d eux m mes par une confrontation au monde de forme particuli re C est cette conduite particuli re que je vais par la suite tenter d identifier de d crire en un mot comme en cent de d finir Le go t du risque l adolescence une passion mortelle La potentialit de risque inh rente cette p riode de la vie est telle qu elle suscite de nombreuses tudes dans diff rents domaines comme l histoire la sociologie la m decine le droit et la criminologie la psychologie la psychanalyse Si le risque est inh rent la vie et s il demeure une bonne alternative l ennui l augmentation depuis les ann es septante des conduites risques des jeunes g n rations inqui te les adultes Si l on s en tient l avis d anthropologues comme Le Breton ou encore de sp cialistes des adolescents comme Pommereau 2001 il semble que les conduites risques des jeunes aient pris une ampleur saisissante au fil des ann es Ils ne nient pas qu elles aient de tout temps exist Mais selon ces derniers on assiste depuis les ann es septante une recrudescence des conduites risques Parmi les plus connues et les plus tudi es il est possible de citer les tentatives de suicide les accidents de la route les f
133. s mais de les comprendre et de s efforcer par l change le dialogue de les pr venir Qu il soit clair que la seule pr vention radicale des conduites risques consiste tablir un monde social propice Si une soci t ne poss de pas de politique volontaire et solide de la jeunesse elle se condamne elle m me en payer les cons quences par les souffrances qu elle provoque et par les violences de ce ressentiment qu elle engendre La solution de Assailly 1992 p 226 est plus applicable dans la vie quotidienne Il s agit de tenter de diminuer la pertinence de la prise de risque en substituant celle ci d autres terrains d aventure o puisse s exprimer une pulsion la recherche de sensations qui ne rel ve pas de la d viance mais d un besoin bio psycho sociologique normal Cette position est d ailleurs partag e par Fisher qui propose le sport comme terrain de comparaison entre adolescents terrain o les r sultats sont souvent plus palpables que dans des conduites risques Une piste suivre aussi est celle de Hachet 2001 p 85 qui propose des conseils ducatifs aux parents pour que le rapport au risque ne devienne pas excessif relater leurs exp riences adolescentes les plus frissonnantes leur rejeton lui donner des rep res r alistes et coh rents ne pas redouter d tre tax s de ringards et ne pas enfermer le jeune dans une image n gative en revanche face un
134. s sans rappeler l objet de mon analyse Il y d crit dans un r cit ironique une pratique villageoise familiale et imm moriale dont il aurait t t moin dans les Basses Alpes les experts en pendaison et surtout en d pendaison une demi seconde pr s sont si recherch s qu ils se font payer cher leurs bons offices Pour ce qui est de l origine de la pratique en question on peut lire Dans la montagne les gens ont un plaisir se suspendre par leur capuchon Ce sont des capuchons en peau ferm s au cou par une courroie de cuir On se met trois Deux rel vent le troisi me et le pendent un clou par son capuchon La courroie se serre le sang ne circule plus dans la t te la connaissance se perd a n est pas une coutume r cente C est tr s ancien On ne sait pas si a remonte Van mille ou avant a c est toujours fait Si vous demandez on vous r pond a s est toujours fait a se faisait du temps de Jeanne d Arc et vraisembla blement a se faisait du temps de J sus Christ et m me avant pp 28 29 D autres exp riences d autres rep res Le r sultat fut toujours exactement le m me c est dire qu il d passa et bouleversa mon attente en faisant clater les limites du possible et en me jetant brutalement dans un autre monde intens ment plus r el un monde instantan ternel un brasier ardent de r alit et d vidence dans lequel j tais jet tourbi
135. s ados jouent avec la mort sur les rails Le Matin 235 ao t 2002 pp 2 3 Par exemple ACDC Metallica Death metal 15 Les noms diff rent selon les r gions gardav garde vue PJ police judiciaire BRB brigade de r pression du banditisme chasse l homme cercle de la mort ou canette Les r gles diff rent aussi mais le but reste le m me la bagarre voire le passage tabac Le deuxi me sous groupe de jeux dangereux concerne ceux qui bien qu ils se pratiquent galement en groupe mais pas seulement font appel une recherche de sensations fortes le jeu du foulard et ses d riv s par exemple la man uvre d Heimlich la tomate ou le jeu du sternum mais aussi une nouvelle version de chat perch o il s agit de se percher le plus haut possible Dans ce deuxi me sous groupe on peut ais ment diff rencier les pratiques en fonction de leur dangerosit c est dire distinguer les pratiques comportant un risque mortel des pratiques sensiblement moins risqu es Les pratiques impliquant une compression des carotides que ce soit l aide d un lien comme un foulard des pouces ou encore des paumes des mains paraissent potentiellement plus dangereuses que celles impliquant une compression respiratoire par compression du sternum ou de la cage thoracique comme c est le cas dans le jeu des poumons la grenoui
136. sation d un acte de d fi Au contraire des adolescents pub res qui semblent quant eux s inscrire davantage dans une perspective existentielle dans laquelle la pratique de la conduite risque repose sur une recherche plus individuelle que collective Effectivement les adolescents se situent davantage dans une recherche identitaire pour ne citer que celle l dans la large probl matique d j d crite plus haut Cette perspective devrait tre creus e plus avant lors d une autre recherche L adolescence est caract ristique d tre en somme l aurore d une vie qui commence percevoir sa fin mais qui h site dans cette reconnaissance et repousse plus tard cette int gration Marc P 2000 p 113 Cette citation pose un lien tout fait pertinent entre la p riode d adolescence et le d but de la conscience chez le jeune de sa propre mort de son irr versibilit qui prend corps avec le temps qui s coule Une derni re remarque est en effet indispensable autour de la notion de mort qui est li e la pratique du jeu du foulard Des recherches sur la repr sentation de la mort chez les enfants et adolescents qui pratiquent semblent n cessaire pour mieux comprendre ces trompe la mort Je tiens faire allusion une hypoth se de P Marc soulev e dans ses recherches sur la sp cificit de l adolescence et dans laquelle il met en vidence la nature du lien que l adolescent entretient avec sa
137. serait contraint de percevoir le moi comme infini inextricablement li au Tout Ces exp riences auraient principalement t r alis es sur des moines bouddhistes lors de m ditations 1 La Yogatattva Upanishad d crit les huit degr s du Yoga leurs b n fices et leurs inconv nients et voque propos du contr le de la respiration qui culmine dans la r tention prolong e du souffle inspir quelques effets secondaires n gatifs comme par exemple les tremblements 1 Cf ce propos la traduction du sanskrit et les commentaires de Jean Varenne quant aux Upanishads du Yoga Gallimard 1971 1 Psychiatre et anthropologue des religions 5 Neurophysiologiste 14 Why Got Won t Go Away Ballantine Publishing Group Et site www upenn edu gazette 23 7 Pour conclure sur les r f rences relatives la strangulation deux exemples d illustration cin matographique Dans le premier exemple tir du film fran ais Un indien dans la ville on peut voir le principal protagoniste un enfant de 12 ans utiliser une technique sp cifique pour endormir une personne apr s lui avoir appos son pouce sur le haut du cou sur une des carotides suivi du commentaire suivant fait dodo ce qui pour cons quence de plonger la personne dans un sommeil profond Le deuxi me exemple illustre de fa on plus directe une sc ne de strangulation forte connotation sexuelle dans laquelle le couple est la recherche de sensations
138. si au travers d une qu te de soi avec ses dimensions identitaires sociales et sexuelles que se concr tisent les motivations individuelles des pratiquants La vision de cette pratique apporte l entourage un message sur une souffrance un tat de d tresse qui ne doivent pas tre per us comme anodins car c est d abord dans le sens de cette pratique et 52 dans ce qu elle permet au jeune qui s y pr te qu il est possible d approcher au plus pr s une compr hension de ce ph nom ne La construction th orique de la premi re partie m a servi contextualiser et aussi conceptualiser un objet de recherche qui a priori ne s inscrivait que difficilement dans des probl matiques existantes Dans la deuxi me partie j ai tent une approche descriptive et panoramique de mon objet d tude pour livrer une exploration dot e de plusieurs directions A ce sujet il est l gitime de se demander dans quelle mesure la Suisse est concern e par cette conduite risques Si les diff rents indices recens s ne prouvent pas de mani re patente la pratique actuelle du jeu du foulard en Suisse ils permettent en revanche de d montrer qu existe une telle pratique chez certains individus notamment Gen ve et Zurich ce que conforte l entretien r alis avec Tiago de Gen ve Toutefois les difficult s rencontr es sp cifiquement en Suisse pour rencontrer des personnes susceptibles de t moigner autour de cette cond
139. sible de les appr hender Quant aux origines des conduites risques en g n ral elles se situeraient dans l indiff rence familiale dans le sentiment de ne pas compter et inversement dans la surprotection maternelle A cet gard la disqualification de l autorit paternelle para t r currente Souvent il s agirait d un manque de limite induit par des interdits parentaux faibles ou inexistants Le Breton interpr te les conduites risques comme autant de sollicitations symboliques de la mort travers une qu te de limites pour exister 13 Les conduites risques ressembleraient un chemin de contrebande que le jeune emprunte pour se construire une identit en se confrontant aux limites qu elles soient sociales ou individuelles Les conduites risques sont des mani res ambivalentes de t moigner d un manque tre d une souffrance et de lancer un appel aux plus proches ceux qui comptent ou parfois une mani re d tourn e de tester sa valeur personnelle Le Breton 2002 p 36 Mais il ne s agit pas l de la seule interpr tation possible En effet comme le souligne Le Breton 2002 p 36 la mise l preuve de soi sur un mode individuel est l une des formes de cristallisation moderne de l identit quand tout le reste se d robe Les conduites risques sont aussi des mani res ambivalentes de t moigner d une souffrance et de lancer un appel aux plus proches Elles for
140. smiques Elle ignore si l acte en soi est assimil de la violence Mais selon elle l enfant n a aucune ma trise de la pulsion violente Autrement dit l enfant peut provoquer la mort sans en tre conscient D apr s le docteur Frey responsable du service m dical des coles de Zurich nous connaissons quelques cas o les l ves se strangulaient eux m mes mais on ignore dans quelle mesure cela est d j r pandu Au mois de mai 2001 les autorit s scolaires genevoises et zurichoises d cident de pr venir leurs corps enseignants respectifs 2 Plus r cemment en France Certains articles relatent la pr sence de cette pratique dans les cours d coles Ils apportent aussi des t moignages de parents dont les enfants sont d c d s suite cette pratique La premi re association qui rende compte de ce jeu date de 1998 il s agit de S O S Benjamin dont M Duweltz a t l instigatrice Depuis l Association des Parents d Enfants Accident s par Strangulation APEAS cr e en 2001 par F Cochet tente de mieux faire conna tre ce ph nom ne et de pr venir professionnels parents et jeunes gens Cette derni re association permet galement aux parents endeuill s de se retrouver plusieurs fois par ann e pour un espace de paroles et d changes En Pan 2000 le Minist re de l Education Nationale M E N en France tente de se positionner sous la pression m diatique et associative Et au mois d
141. st extr mement dangereuse et peut cr er des dommages irr versibles La plupart des techniques jeu du foulard ou compression des carotides l aide des pouces ou des paumes des mains pendaison chocs qui utilisent la pression sur le cou ne bloquent pas la respiration mais travaillent sur les carotides principales voies d arriv e de sang au cerveau Cette technique est utilis e pour produire l inconscience chez l adversaire au judo dans les arts martiaux et dans la technique de self d fense gt La suffocation emp chement de l arriv e d air au cerveau repose sur l utilisation d un r servoir d air de telle fa on que la quantit d air diminue progressivement L exemple le plus simple est l utilisation d un sac en plastique plac sur la t te La strangulation est plus dangereuse que la suffocation Mais ces deux techniques sont poten tiellement mortelles Elles peuvent entra ner une arythmie cardiaque jusqu l arr t cardiaque et cela bien avant l tat d inconscience gt L touffement est produit en vue d emp cher l arriv e d air aux poumons La restriction d arriv e d air peut facilement tre obtenue en se bouchant le nez et la bouche Il existe de nombreuses fa on d y arriver masque scotch utilisation d objets ou d autres parties du corps 32 L avantage de l utilisation de la main est que l on peut mettre fin l obstruction instantan ment De plus
142. t B Pr sentation de l objet de recherche le jeu du foulard un jeu dangereux parmi d autres C est sur fond de violence que se r v lent les jeux dangereux au sein de l cole Le jeu du foulard fait partie de ces jeux Mais il se diff rencie des autres jeux dangereux essentiellement par sa grande dangerosit et aussi par sa complexit C est plus pr cis ment le jeu du foulard qui sera l objet de ce travail de m moire bien qu il n ait pas encore t l objet d analyses sp cifiques pouss es de la part de chercheurs en sciences humaines et sociales Il s agit donc d un travail essentiellement exploratoire et descriptif centr sp cifiquement sur le jeu du foulard et ses d riv s c est dire sur les pratiques qui font appel la compression des carotides que ce soit l aide d un foulard d un lien des pouces ou encore des paumes des mains pour provoquer un vanouissement J ai cherch le d crire aussi finement que 16 possible la lumi re des diff rentes sources d information disposition Mon int r t est de parvenir une description et donc une compr hension de cette conduite risque notamment travers une analyse de donn es et des entretiens r alis s avec diff rents interlocuteurs Toujours dans l objectif de mieux comprendre ce ph nom ne je tenterai de d gager une typologie des jeunes qui pratiquent le jeu du foulard La pratique du jeu
143. t les jeux violents Dans ces jeux ci il n y a pas de victime car l trangleur r pond bien souvent la demande de l trangl L tran gleur ne s inscrit pas dans une logique perverse puisqu il agit fr quemment sur sollicitation de la victime Il s agit surtout d une pratique de gar ons les filles ne seraient que rarement impliqu es Ce compte rendu de Croissandeau fait tat de certaines caract ristiques la majorit les pratiquants seraient des occasionnels sans qu il soit possible d valuer leur nombre qui essaieraient un jeu nouveau pour voir Apr s quoi ils ne le pratigueraient plus Mais il existerait des pratiquants r guliers la recherche de sensations fortes qui seraient souvent en situation de mal tre Les enfants ou les adolescents suicidaires qui pratiquent ce jeu seraient tr s rares Selon une autre source une association de parents de victimes de ces pratiques dangereuses la population concern e appara t plus large On aurait signal des cas d s l ge de cinq ans jusqu de jeunes adultes de 20 ans Pour cette association les gar ons et les filles sont concern s et ce tous niveaux sociaux confondus 4 OU CELA SE PASSE T IL Habituellement le jeu du foulard semble se pratiquer dans les cours de r cr ation les colonies de vacances les internats et autres lieux de rassemblement des pr adolescents et adolescents Selon Croissand
144. tillon repr sentatif de ces cas de mettre en vidence des l ments capables de donner des informations sur les pratiquants Si ces vingt cas peuvent para tre peu repr sentatifs n anmoins cet chantillon me permet d avancer les constats suivants relatifs 1 La r partition g ographique des cas retenus 2 Le sexe des pratiquants 3 L ge repr sentatif des enfants concern s Premier constat la large r partition g ographique des d c s recens s Les lieux des d c s En Suisse il y aurait deux cas recens s dont un adolescent de 12 ans en 1999 Gen ve scolaris en Angleterre et un autre de neuf ans et demi en 2000 dans les environs de Lausanne Sur ce dernier cas planent encore des doutes quant son lien effectif avec une telle pratique risque Divers articles de presse zurichois font tat de certaines coles concern es par la pratique du jeu du foulard aucun cas de d c s n a t signal En Belgique un cas est signal Li ge en octobre 2002 Aux Pays Bas le d c s d un jeune de 18 ans est mentionn en 1983 En France l tendue des cas est autrement plus parlante ce fait peut s expliquer de lui m me par la grandeur du pays toutefois cet argument ne modifie en rien l inqui tante diversit des lieux recens s Je ne citerai ici qu un certain nombre de d partements avec entre parenth ses le num ro du d partement pour rendre compte de l tendue
145. toutefois une population sp cialement repr sent e dans l chantillon les 72 15 ans En effet les deux tiers de l chantillon concernent des jeunes d c d s entre 12 et 15 ans soit plus d une quinzaine de cas contre une demi douzaine qui se r partissent entre enfants plus jeunes ou adolescents plus g s Pour la France on peut tablir une moyenne d ge des 24 jeunes recens s qui se situe vers 73 ans D apr s l chantillon disposition on peut dire que cette moyenne d ge varie au fil des ans En effet les d c s recens s avant l an 2000 semblent mdiquer l ge moyen de 14 ans alors que ceux relev s depuis 2000 paraissent indiquer un ge moyen plus proche des 12 ans et demi Dans cette moyenne les filles comme les gar ons sont comptabilis s Les cas pris en compte le sont depuis 1977 aujourd hui L ann e 2000 est celle o j ai recens le plus de d c s savoir sept cas C est la raison pour laquelle je l ai prise comme point de comparaison pour la r partition des cas dans le temps Par le biais de ces diff rentes observations il est pertinent de confirmer que les adolescents qui se pr tent ce genre de conduite risque semblent au fil des ann es de plus en plus jeunes Cette variation peut sembler l g re en effet une baisse de l ge des victimes de 14 ans en 1999 12 ans et demi en 2003 peut para tre anodine non significative Selon moi m me faible cet cart reste i
146. tteint mon principal objectif dans ce travail soit de permettre gr ce aux l ments r unis autour de ce th me de mieux conna tre et de parvenir mieux comprendre ce ph nom ne inqui tant que repr sente la conduite du jeu du foulard Plusieurs interpr tations paraissent capables d expliguer le ph nom ne de cette conduite risque particuli re et toutes apportent une facette suppl mentaire sa compr hension Sans faire l conomie de l une ou l autre de ces interpr tations on arrive une appr hension aussi proche que possible de la r alit de cette conduite dans sa complexit De mani re tr s synth tique il est possible d en reprendre les pistes les plus importantes l objectif tant de se doter d explications capables de rendre compte de ce ph nom ne particulier qui concerne les adolescents et les adolescentes d aujourd hui qui est la conduite risque de la compression des carotides plus connue sous le terme de jeu du foulard La p riode de l adolescence permet de comprendre et d expliquer les conditions dans lesquelles les adolescents se d battent et pourquoi ils s adonnent une telle conduite La probl matique des conduites risques cette p riode sp cifique donne galement un cadre et un clairage pertinent sur cette question De mani re g n rale on peut dire que c est par des mises l preuve de soi au travers des risques des limites mais aus
147. ugues les polytoxicomanies les sports de l extr me de glisse de vitesse les violences et certaines marques corporelles Toutefois certaines de ces conduites prennent place dans le silence et la discr tion comme pour les errances les troubles alimentaires les refus de soins les automutilations les scarifications Les conduites risques des jeunes recouvrent toute une s rie d activit s tr s diff rentes dont je viens de citer bri vement les plus courantes N anmoins on assiste actuellement l apparition de nouveaux jeux inqui tants selon l expression de Goguel 2003 jeux qui sont autant de t moignages de la difficult du passage l ge d homme et d une d tresse Il s agit par exemple de traverser pied une autoroute de s accrocher des voitures en patin roulettes de se livrer des simulacres de strangulation etc Sous des formes vari es les conduites risques rel vent non seulement de l intention mais aussi de motivations inconscientes difficiles d celer Alors que certaines tendent s inscrire dans la dur e d autres marquent un passage l acte ou une tentative unique en lien avec la situation le v cu du jeune Toute conduite risques d tient son histoire et implique des significations multiples Mais quelles que soient leurs formes brutales ou discr tes ces diff rentes conduites risques s accordent toutes sur le fait suivant elles sont suscepti
148. uis la d marche de la recherche qui m a fait voyager d un pays la Suisse l autre la France et m impliguer dans un travail de recherche in dit Mais c est surtout au niveau des contacts humains qu il m a sans doute le plus apport au travers des contacts avec les adolescents les sp cialistes les chercheurs les enseignants les journalistes mais aussi les parents de victimes qui m ont donn l impression d une l gitimit dans l laboration de ce travail de m moire A pr sent il est possible de synth tiser mon travail de recherche et de le d crire comme une distanciation th orique distance que j ai pu acqu rir tout au long de l laboration des l ments conceptuels et aussi lors de la mise en vidence des liens communs entre certains concepts et les donn es disposition La distance acquise vis vis de l objet de recherche au travers des concepts scientifiques m a permis de penser mon objet de mani re plus objective et plus compl te De plus sur un autre plan cette distance m a galement laiss la possibilit de me d faire d motions qui ont merg face un tel objet et qui petit petit ont fait place une vision plus th oris e et plus objective En effet un sujet comme le jeu du foulard est motionnellement charg et de ce fait difficile aborder mais il permet aussi d acc der un d but de compr hension de certaines pratiques de jeunes auxquelles nous
149. uite ces difficult s rendent compte du fait qu elle n est pas tr s r pandue jusqu pr sent Si l on tente de comparer la Suisse la France o cette pratique a pris ces trois derni res ann es une ampleur saisissante il est possible de dire que les statistiques suisses entre un et deux d c s par ann e correspondent celles de la France d il y a cinq ans Puis dans la troisi me et derni re partie je me suis servi de l assise th orique construite en d but de recherche afin de me munir d l ments susceptibles de fournir des interpr tations et des hypoth ses lors de l observation directe soit lors des entretiens avec les adolescents A cette phase du travail j arrive quelques hypoth ses interpr tatives et quelques pistes en guise de r sultats J ose esp rer que ces donn es pourront permettre d aller plus loin dans l tude de ce th me passionnant et de creuser des pistes qui n ont souvent t qu voqu es Quoi qu il en soit la d marche exploratoire appliqu e ce travail de m moire n a selon moi plus d montrer son utilit et sa pertinence de par la souplesse qu elle permet Pour terminer ce travail m a donn l opportunit de m impliquer dans une recherche int ressante et riche en apports diversifi s propos d un sujet que l on peut qualifier de d licat En effet je pense ici aux apports m thodologiques qu il m a fallu adapter un sujet original p
150. une demi heure avec une prise de notes manuscrites Etant donn leur provenance et donc la distance qui nous s pare je n ai pu faire autrement pour r colter ces l ments d informations que de contacter ces adolescents par t l phone Je me suis bas e sur un seul et m me guide d entretien pour les cinq adolescents interrog s Il est pr sent ci dessous Le guide d entretien qui a servi mener les entretiens semi dirig s avec les cinq adolescents est le suivant 1 Dans quelles conditions as tu rencontr ce jeu 2 Est ce que tu as d j particip un tel jeu Si oui y as tu pris part en groupe ou en solitaire 3 Ce jeu Pas tu pratiqu une seule fois ou plus Combien de fois l as tu pratiqu 4 Peux tu d crire comment cela se d roule se passe 5 Est ce que selon toi la pratique de ce jeu en groupe est semblable la pratique en solitaire 6 Pourquoi as tu particip ce jeu 7 Durant combien de temps t es tu livr cette pratique Pourquoi pers v rer 8 Comment as tu cess cette pratique 9 Avais tu conscience en r alisant ce jeu qu il s agissait de quelque chose de dangereux Et 10 Dans tes connaissances qui pratiquent galement ce jeu d apr s toi quels sont des filles ou 12 13 que tu pouvais en mourir Est ce que la pratique de ce jeu a provoqu des effets secondaires des gar ons ceux qui s y livrent le plus Que penses tu
151. uphorisants Si l exercice est stopp imm diatement le seul souvenir sera celui de l euphorie ressentie En plus de repr senter un acte dangereux accept avec courage ce qui am ne la reconnaissance du groupe de pairs en question L adolescent semble plein de certitudes alors qu en r alit il doute beaucoup Celui qui semble d tenir le plus d assurance cache d autant plus de doutes C est un ge de test d talonnage par comparaison dans le groupe de pairs m me s il est possible pour l adolescent de se comparer au sein de sa classe essentiellement par la valeur des notes repr sentatives de la valeur des l ves un niveau scolaire c est surtout au niveau existentiel que le jeu se pratique amp j existe en tant que tel L adolescent se situe essentiellement dans l espace et pas dans le temps Quand on interroge un adolescent de 15 17 ans sur ce qu il fera plus tard il r pond g n ralement je ne sais pas et bien que les parents s en inqui tent c est normal Les plus jeunes qui pratiquent le jeu du foulard ou autres jeux dangereux en sont inconscients du danger Des enfants victimes ou coupables du jeu c est difficile dire en revanche on peut d noncer la m connaissance des effets de l anoxie c r brale de la part des parents donc qui plus est des enfants de huit ans Pour les adolescents plus g s il arrive qu ils soient conscients du danger que peut repr senter
152. uve dans laquelle nul n est cens mourir Il s agirait plus d une construction du rapport l interdit de la mort qui est le fondement de toute culture soit le rapport de l un avec l autre D autre part la connaissance des dangers est souvent impuissante enrayer la force d attraction des situations p rilleuses La strat gie du meilleur gain par la pes e des co ts et des b n fices s efface devant le plaisir pris l action la valeur que l adolescent lui accorde la pr sence des autres ce moment l l ambivalence de l individu sa recherche de transgression son indiff rence son sentiment d tre le plus fort Ce fait ne facilite videmment pas la pr vention concernant les conduites risque des adolescents et met en avant la n cessit d une perspective qui tienne compte en plus des risques physiques r els de l int r t qu ils peuvent rev tir pour le jeune A cet gard une r flexion men e conjointement par une quipe pluridisciplinaire para t n cessaire pour la mise en place d une politique de pr vention dans ce domaine pr cis 6 Vers une interpr tation initiatique de la prise de risque Selon Pommereau 2001 l adolescent ne s inscrit plus dans un cadre d fini culturellement si ce n est celui de la tranche de consommateurs de moins de 25 ans Pourtant les rituels sont d autant plus structurants d une identit sociale que l institution est puissante Or notre
153. vention En effet conscients du risque d incitation que comporte une pr vention aupr s des jeunes certains pr nent une pr vention ou plut t une information au niveau des institutions officielles qui s occupent des jeunes et au niveau des parents de ces jeunes mais pas aupr s des jeunes Pour d autres une pr vention tous les niveaux est n cessaire qui poserait clairement le risque mortel de cette conduite Sans se faire d illusion sur l aspect dissuasif de cette pr vention il serait alors ind niable que ceux qui la pratiquent connaitraient d sormais les risques r els qu ils encourent en s y adonnant L indispensable information sur les risques induirait peut tre une d mystification de cette conduite ce qui aurait pour cons quence de moins int resser les jeunes Toutefois une pr vention dans ce domaine d licat se doit d tre r alis e avec toute la r flexion et la prudence qui s impose En effet il s agit de trouver les mots qui pr viennent et dissuadent des risques plut t que ceux qui incitent mais ce n est pas si simple Et m me si une pr vention peut tre efficace ce sujet tout porte croire que non seulement elle ne sera jamais en mesure de faire dispara tre cette conduite mais ce qui est plus inqui tant c est qu elle ne dispensera pas de l apparition de nouvelles formes de jeux dangereux l avenir Un dernier aspect commun a t soulev celui de la violence social
154. vie See De EER EN geskeer Gee bit ER yes t ve de en te ne ees meet 22 B DEFINITION DU JEU DU FOULARD OU COMMENT DES ADOLESCENTS SE STRANGULENT POUR CONNAITRE L IVRESSE DE LA SUFFOCATION nes 24 Ta OUEST CE OUE C EST matos au etant 24 2 COMMENT CELA SE PRATIQUE T IL Piano si bee ee ee see N ge ode ee 25 3 QUI PRATIQUE CE GENRE DE JEU Pe ees ee sees ee ee se ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ee ae 26 4 OUCELASE PASSE T sine rk EG Pie ek eg ge eg Ge ee ee ee ge ge 26 5 QUELS SONT LES SIGNES D UNE TELLE PRATIQUE P ee ee ee ese ese ee ese ee see ee ese 26 6 AVEC QUELLES CONSEQUENCES Pie ee ese ee se ese ee ee ee ee ee eke ee ee ee ese ee ee ee ee ee ee ee ee ee 27 7 COMBIEN DE DECES DUS A CETTE PRATIQUE nes 28 a Mise en vidence de quelques difficult s par rapport ce recensement pour la Suisse etla France et EE EE te ee n ee ee ee ee Rd ne ent GE 28 b Diff rentes estimations selon les sources 28 8 S AGIT IL D ADOLESCENTS SUICIDAIRES 7 rennes 31 9 LASPHYXIE AUTO EROTIQUE PEUT ELLE TRE A L ORIGINE DU JEU DU FOULARD D Pan EE RE er trente EO RE OE EN 31 a Les liens avec la pratique du jeu du foulard SR Re ee ee ee ee Re Re 33 b Les limites du rapprochement entre l asphyxie auto rotique et le jeu du foulard 34 c Que permet l hypoth se de Spitzer iese se ee Re RA RA RA GRA GRA Re ee ee ee ee Re Re 34 10 LES APPORTS PERTINENTS DES ELEMENTS THEORIOUES ese

Valérie Debrot

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