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parcours de formation et autoconstruction professionnelle des

1. a a commenc partir du moment o j ai su que j tais titularis e parce que avant j ai eu une ann e en tant que titulaire mobile o j ai fait vingt trois coles diff rentes donc c tait pas du tout le m me investissement et la m me motivation et c est vraiment quand on sait qu on va avoir une classe pendant un an qu on se dit ben qu on a des responsabilit s E3 42 1 1 Des responsabilit s Tous mettent en avant ce sentiment de responsabilit qu ils ressentent dans la conduite d une classe Pour une personne il est apparu d s les premiers stages effectu s durant la formation initiale Je crois que c est pas cette ann e c tait l ann e pass e en PE2 lors de mon premier stage en responsabilit j ai vraiment eu cette sensation l d tre enseignante Me retrouver seule devant une classe oui E2 20 Cet exemple est singulier car pour toutes les autres personnes interrog es les stages ne leur ont pas permis d investir totalement la panoplie d enseignant Durant leur passage l IUFM les tudiants se sont retrouv s plusieurs reprises seuls dans une classe mais cette situation tait temporaire Il s agissait essentiellement de poursuivre le travail engag par le ma tre titulaire Cette bri vet explique que le stagiaire ne se sent pas responsable de l avenir des l ves La prise en charge de ce qui est maintenant sa classe modifie radicalement cette perspective
2. Je suis plus l aise aussi j essaye de faire des boutades je travaille la mani re de faire passer les choses C est a aussi qui a beaucoup plus chang parce que je suis plus l aise Au d but de l ann e je faisais mes le ons un peu moins humainement l j essaie de plus personnaliser les choses E7 62 3 2 Une attitude plus ouverte envers les parents Certains propos soulignent une volution dans la mani re d appr hender les relations avec les parents d l ves Au moment de prendre leurs fonctions les praticiens n ont pas une id e claire de la fa on dont ils vont tisser des liens avec ces partenaires Certains ne se sont m me pas pos la question Jusqu pr sent la formation initiale laissait les novices plut t d munis sur ce sujet en raison d une information insuffisante sur ces aspects relationnels du m tier 189 Au niveau des parents je pense que je pr parerai vraiment vraiment beaucoup plus la premi re r union de d but d ann e parce que l je savais pas trop ce qu ils attendaient de moi E3 76 Depuis deux ann es scolaires maintenant les quipes de circonscription sont appel es intervenir aupr s des tudiants de seconde ann e d IUFM pour leur pr senter parmi d autres th mes ce qui est attendu des enseignants vis vis des partenaires de l cole que sont les parents les intervenants les lus Souvent bien plus jeunes que les parent
3. La premi re semaine de stage c tait uniquement maternelle a me concernait directement tout m int ressait On pouvait parler des petits moyens grands tout m int ressait Apr s on a eu un questionnaire on a travaill sur l autonomie sur les albums a m a donn un peu de nouvelles choses et puis apr s on nous a pos des questions sur ce qu on voulait vraiment Ce stage a vraiment compl tement r pondu mes attentes On nous avait demand d amener tous les jours un objet qu on utilisait dans notre classe donc tous les jours on avait deux objets pr sent s et a c tait super int ressant parce que a donnait des pistes concr tes E6 154 158 C tait avec le conseiller p dagogique en musique o l vraiment c tait des outils il nous donnait des outils utiliser des petites choses pour recentrer recadrer de fa on tr s comment dire par le chant par des jeux vocaux par ces petites choses l tr s pratiques E2 136 L on avait des r ponses vraiment on a pr sent des choses concr tes des choses qui ont t faites en classe L je vais faire une repr sentation de fin d ann e avec les parents et je m tais dit que a serait bien de faire de la danse avec les enfants mais comment je vais le faire Donc d avoir vu des petits exercices des petites choses faire E8 156 160 Lorsque les ma tres se documentent ils privil gient les informations d
4. Oui on a le sentiment d tre jug e et on se dit qu il va peut tre venir le jour o on va rater une s ance alors que le lendemain on va tr s bien r ussir autre chose donc c est le fait d tre jug e ponctuellement sur un petit laps de temps E3 144 Cette id e est aliment e par les exp riences de certains ma tres qui ont v cu des visites de classe aux r sultats tr s diff rents A chaque fois l explication des causes est exog ne les enseignants attribuent ces carts aux pratiques du formateur a d pend du conseiller p dagogique et de la forme de sa visite L ann e derni re j ai eu une visite qui s est plut t tr s mal pass e enfin mal pass e alors que toutes les autres visites dont celle de cette ann e se sont tr s bien pass es Je pense pas que mon comportement ou mes pratiques aient pu changer du tout au tout E4 120 122 Et l inspectrice je pensais pas que a se serait aussi bien pass Elle me disait tout l inverse donc j arrive pas comprendre que pour une personne on puisse tre vraiment tellement mauvaise et que pour la deuxi me personne qui est l inspectrice que ce soit vraiment un super travail et qu elle me dise que si cela 224 546 o 7 2 24 avait t mon inspection J aurais eu comp tences affirm es Je sais pas Je me pose quand m me des questions Passer d un extr me un autre en six mois m me si j ai progress
5. 1989 58 L exp rience premi re originelle semblable un jaillissement impr vu dans le cours attendu des v nements peut se transformer en habitude en routine et conduire l individu un certain conformisme rassurant lequel n est gu re propice aux volutions et aux changements Ce que l existence nous a permis d apprendre comporte de fait les limites de son propre parcours Ainsi l exp rience alimente l apprentissage mais peut galement lui faire obstacle G Malglaive pense que l exp rience rassemble toutes les connaissances acquises dans l action permettant au praticien d agir efficacement et d atteindre la r ussite escompt e m me si parfois il lui arrive de rencontrer l chec L auteur crit Parce qu elle ob it la logique du succ s la pratique est grosse de toutes les paresses de toutes les routines de toutes les r p titions l identique de ce qui a march 1990 74 Il faut donc largir la notion d apprentissage exp rientiel Elle renvoie des situations de vie auxquelles a t confront e une personne et auxquelles elle peut tre confront e Aussi G Pineau la d finit il paradoxalement comme une formation par contact direct mais r fl chi 1989 24 L l ve qui ne conna t pas sa le on les flocons de neige qui emp chent les enfants de se concentrer sur leur travail l intrusion dans la classe d un parent m content constituent autant de situati
6. Ibid 114 L identit professionnelle ne rev t pas une forme stable elle est sans cesse en mouvance dans un jeu de d construction reconstruction En portant notre attention sur la construction identitaire des ma tres nous voulons identifier et comprendre comment ces personnes d veloppent et enrichissent leurs pratiques leurs comp tences leurs attitudes durant les deux premi res ann es d enseignement II Une professionnalit en construction Aujourd hui la conception d une formation initiale suffisante pour toute une vie professionnelle est obsol te La formation de base n cessite un enrichissement continu permettant la consolidation des savoirs d j acquis et le d veloppement de nouvelles 65 comp tences Cette id e de formation permanente est soulign e dans le texte officiel sur l accompagnement de l entr e dans le m tier faciliter l articulation des plans de formation initiale et continue et inscrire la formation des enseignants dans une dynamique de professionnalisation progressive et durable dans le respect du principe d une formation tout au long de la vie Bulletin Officiel de l Education Nationale 2001 32 1794 Elle constitue galement la dixi me comp tence du Cahier des charges de la formation des professeurs se former et innover tout au long de son parcours professionnel Bulletin Officiel de l Education Nationale 2007 1 La formation l IUFM pe
7. 1 L enseignement une profession Essayons de voir ce qui rapproche l enseignement d une profession telle qu elle a t d finie pr c demment Carbonneau 1993 33 57 propose quatre crit res permettant de savoir si l enseignement constitue une profession part enti re Ils concernent l acte professionnel sa sp cificit son caract re intellectuel sa logique altruiste la formation sa dur e son caract re universitaire et scientifique le contexte de la pratique le degr d autonomie et de responsabilit l insertion sociale garantie ou non par la corporation Selon cet auteur l enseignement r pond uniquement aux deux premiers crit res Huberman 1993 187 200 met en exergue trois caract ristiques de l enseignement qui ne concernent pas les professions lib rales une formation et une activit professionnelles domin es par les savoir faire un contr le de l activit men par des sup rieurs hi rarchiques des t ches codifi es emploi du temps programme R Bourdoncle 1993 83 119 affirme que l enseignant est en voie de passer d un statut d ex cutant un statut de professionnel Le ma tre professionnel est un praticien dont les tudes et la formation lui ont donn le statut et les comp tences pour r aliser en autonomie et en toute responsabilit des actes intellectuels diversifi s visant atteindre des objectifs en situation complexe N anmoins nous pouvo
8. Revue des sciences de l ducation 19 225 232 BONVALOT G 1995 Pour une autoformation permanente des adultes Education Permanente 122 139 146 BOURDONCLE R 1991 La professionnalisation des enseignants analyses sociologiques anglaises et am ricaines Revue Fran aise de P dagogie 94 73 92 BOURDONCLE R 1993 La professionnalisation des enseignants Les limites d un mythe Revue Fran aise de P dagogie 105 83 113 BOURDONCLE R MATHEY PIERRE T 1995 Autour du mot professionnalit Recherche et Formation 19 137 147 BOURDONCLE R 2000 Professionnalisation formes et dispositifs Recherche et Formation 35 117 131 BOUTINET J P 2001 Rep res anthropologiques Cahiers P dagogiques 393 11 13 363 BULEA E BOTA C BRONCKART J P 2006 L pist mologie n buleuse de l autoformation Education Permanente 168 31 57 CARBONNEAU M 1993 Mod les de formation et professionnalisation de l enseignement analyse critique de tendances nord am ricaines Revue des Sciences de l Education 19 33 57 CARRE P 2006 Port e et limites de l autoformation dans une culture de l apprenance Education Permanente 168 19 29 CASTINCAUD F 1995 Qui a peur de la grande m chante th orie Cahiers P dagogiques 335 25 26 COURTOIS B 1989 L apprentissage exp rientiel une notion et des pratiques
9. rencontrer la solitude travailler seul affronter des difficult s dans une situation d isolement qui peut para tre pesante C est le point peut tre un peu sombre obscur de cette ann e C est peut tre le point le plus obscur on n a pas assez collabor parl discut c est le point obscur que j ai de mon ann e c est celui l E1 152 Cet isolement relationnel dans lequel est plong le d butant renvoie de gr ou de force la personne elle m me Comme un naufrag sur une le d serte le ma tre dans sa classe 2 Classe d Int gration Scolaire 203 seul avec lui m me devra s appuyer sur ses propres ressources pour se d velopper Ainsi une perception initiale dangereuse voire destructrice de la solitude succ de une posture formative G Pineau d finit cette situation comme le d but du r gime d autoformation c est dire la prise en charge par soi m me de soi m me 1995 26 Dans une r flexion pr c dente Hoff 2003 un jeune enseignant expliquait comment cette pratique de coformation g n reuse et altruiste pouvait entra ner des effets n gatifs aupr s du novice Dans certains cas l influence de l expert est si forte si puissante qu elle conduit une emprise sur le nouveau venu Ce dernier est alors sous influence et la coformation devient conformation un mod le Dans cette relation qui l oppresse le jeune enseignant ne peut
10. travers leur pratique de classe quotidienne Parall lement ils observent avec une certaine distance les formes collectives de formation dont les contenus leur apparaissent souvent trop loign s du travail enseignant quotidien et qui peuvent tre de ce fait d consid r es L analyse des entretiens n a pas confirm ce rapport la formation Les ma tres interrog s semblent plut t satisfaits des stages qui leur sont destin s et ils estiment que ceux ci les aident ma triser davantage l exercice du m tier Les propos soulignent leur qu te prax ologique et nous remarquons que les attentes d l ments concrets li s la situation professionnelle sp cifique de chacun sont extr mement fortes Les stages sont v cus comme des exp riences f condes qui largissent la palette des pratiques professionnelles 340 par la d couverte d autres strat gies p dagogiques ou de supports d apprentissage inconnus jusque l Cette appr ciation globalement positive souligne aussi les efforts r alis s par la plupart des formateurs afin de coller leurs interventions au plus pr s des r alit s professionnelles du terrain Nous avons voqu pr c demment la r flexion sur la pratique qui constitue un l ment moteur du d veloppement professionnel des enseignants et ce plus encore dans la p riode de l entr e dans le m tier o la construction des savoirs professionnels est la plus dense Mais les discours montrent
11. 2002 20 Ces m mes programmes indiquent parmi les comp tences de fin de cycle 3 que les l ves doivent tre capables de participer activement la vie de la classe et de l cole en respectant les r gles de vie respecter ses camarades et accepter les diff rences participer un d bat pour examiner les probl mes de la vie scolaire en respectant la parole d autrui et en collaborant la recherche d une solution Ibid 181 Les ma tres semblent particuli rement attentifs ces aspects La socialisation Vivre ensemble avoir des projets d j se conna tre On est l un groupe ensemble on travaille dans le m me but Je trouve que a devrait tre un de nos objectifs E10 42 44 Il y a la relation l ve l ve C est important que les l ves acqui rent la notion de respect le respect entre les enfants Les enfants ont toujours tendance tre tr s durs entre eux ils ont l insulte et la moquerie toujours faciles et respecter les autres c est aller l encontre de la loi du plus fort E12 72 L ducation la citoyennet S entendre ensemble vivre ensemble E14 74 Apr s il y a tout le savoir vivre le savoir tre Je pense que c est ce qui va aider la relation dans la classe avec ses camarades et avec les adultes E16 80 Les initiatives p dagogiques visant d velopper le vivre ensemble sont nombreuses Par rapp
12. 3 2 1 Essai de d finition Selon B Courtois 1995 7 12 cette notion remonte aux ann es 1930 quand deux termes ont t accol s travers l experiental learning Au si cle dernier plusieurs philosophes de l ducation parmi lesquels J Dewey ont men une r flexion et propos 86 des m thodes p dagogiques s appuyant sur l exp rience des sujets en opposition avec les strat gies ducatives habituelles privil giant l acquisition des contenus et l assimilation des connaissances sans tablir de rapport de lien entre l laboration des connaissances et le v cu des apprenants Mais Dewey va plus loin il privil gie l apprentissage par l exp rience et la d couverte active Selon lui 1975 l apprentissage s op re dans une dialectique exp rience th orie action observation d couverte Pour lui on ne peut comprendre la nature de l exp rience que si l on note qu elle comporte un l ment actif et un l ment passif combin s d une mani re particuli re Du c t actif l exp rience prouve signification que le terme exp rimentation explicite plus nettement Du c t passif elle subit Quand nous faisons l exp rience d une chose nous agissons sur elle nous faisons quelque chose avec elle puis nous en subissons les cons quences Nous faisons quelque chose la chose qui son tour nous fait ensuite quelque chose c est en cela que consiste cette combinaison particu
13. E7 123 Je l ai soulign plusieurs fois comme c est une chose importante qui apr s devient vidente quand elle me le dit qui tait pas vidente quand je lai pratiqu mais une fois qu elle me l a dit c est vrai que je parle trop c est vrai E1 286 4 Synth se Face aux difficult s rencontr es la plupart des enseignants novices recherchent des connaissances et des savoir faire directement exploitables en situation Il semble que dans 238 cette p riode sp cifique de l entr e dans le m tier donner un conseil proposer une recette mettre en vidence certaines maladresses peuvent constituer des aides Ces petites choses fruits de l exp rience qui se transmettent de l expert vers le novice peuvent faciliter la conduite de classe enrichir la pratique p dagogique A cet effet et dans un premier temps l aide imm diate est privil gi e car elle permet de r pondre partiellement aux pr occupations et aux besoins pr sents Cependant cette conception qui caract rise la formation comme une transmission de savoirs comporte certaines limites Chaque formateur de terrain a certainement v cu l exp rience d un enseignant dont on essaie de faire voluer les pratiques mais qui demeure insensible aux conseils maintes fois propos s ou encore d un praticien qui tente vainement de mettre en pratique les conseils dont il a pu b n ficier En supposant que les conseils fournis soient pertinents ces
14. J ai progress C est au fur et mesure c est quelque chose de lent On sent qu on a progress E12 98 100 150 Je pense que je men serais moins bien sortie si j tais arriv e ici directement en sortant de l IUFM Oui je pense que je m en serais moins bien sortie Mais j arrive pas dire pourquoi C est difficile expliquer E14 98 100 Tous les ma tres ont le sentiment d avoir consolid leurs comp tences au cours de ces deux premi res ann es d enseignement Apr s avoir identifi pour chacun puis de mani re plus globale les l ments constitutifs du d veloppement professionnel des praticiens d butants voyons maintenant comment cette volution a t rendue possible IT Les sources et les ressources de l volution professionnelle Les entretiens portant sur la premi re ann e avaient montr que les ma tres consid raient leur pratique professionnelle quotidienne comme une ressource essentielle pour leur volution Qu en est il l issue de deux ann es d enseignement Comment les ma tres d butants ont ils consolid et enrichi leurs gestes professionnels depuis leur entr e dans le m tier Lorsqu il est question de leur volution nos interlocuteurs multiplient les r f rences et les comparaisons entre leur professionnalit actuelle et la mani re dont ils vivaient et exer aient le m tier leurs d buts L ann e derni re je Cette ann e je
15. Le fait d accueillir une personne trang re au fond de la classe et d tre observ dans son travail modifie l attitude des jeunes enseignants Devant cet invit il faut faire encore mieux que d habitude A cet effet les ma tres pr tent une attention soutenue tout ce qu ils entreprennent dans le fond comme dans la forme qualit du langage utilis qualit de l criture au tableau augmentation du nombre de fiches de pr paration pour ce jour etc Ays ROR 3 A L valuation des enseignants de l cole primaire se fait selon quatre niveaux comp tences insuffisantes comp tences renforcer comp tences reconnues comp tences affirm es 225 On pr pare tout bien pour le jeudi On a envie de montrer le meilleur forc ment E6 188 190 Il y a quand m me un peu ce d sir de faire encore mieux ce jour l montrer le mieux possible ce qu on fait E2 170 On fait peut tre beaucoup plus attention ce qu on dit aux l ves ou plut t la fa on dont on le dit ES 154 Durant le temps d observation la pr occupation essentielle des enseignants est celle de rester ma tre de la situation Ils craignent par dessus tout l indiscipline de certains l ves qui pourraient leur faire perdre le contr le de la s quence d enseignement Dans la repr sentation collective le bon ma tre est celui qui ma trise les v nements Co
16. Lors des premiers mois d enseignement le d butant a besoin de rep res forts qui vont l aider trouver un certain quilibre face aux difficult s qu il rencontre Ainsi les premiers entretiens ont montr une utilisation assez intensive des guides du ma tre qui pr sentent et conseillent une d marche didactique pour chaque s ance et ce dans tous les champs disciplinaires Faisant une totale confiance aux auteurs le professeur se laisse alors guider par ces ouvrages qu il suit souvent la lettre Cet attachement dispara t progressivement et laisse place une vraie r flexion men e par les ma tres sur la pertinence des d marches propos es Ces outils ne sont pas rejet s mais ils sont mis en perspective avec d autres informations professionnelles En premi re ann e ce n est pas qu on est plus ferm on nous a montr une vision du m tier une fa on de proc der on reste dans les livres du ma tre Puis au fur et mesure de l anciennet on prend plus d assurance et on se d tache plus 30 Instructions officielles 284 de tout a sans en faire une totale abstraction On est moins ferm Par exemple quand je dois leur apprendre la notion l alors dans le livre ils disent quoi Ah ils font comme a a me pla t pas je vais faire autrement Il y a un d tachement qui se fait par rapport a On r fl chit E13 108 110 6 1 De l assurance Cette seconde ann e voit
17. b d e L autoformation existentielle concerne tous les milieux de vie de l individu et s tale sur toute la dur e de son existence Comme nous l avons voqu pr c demment G Pineau 1989 la d finit comme un processus de formation de soi par soi Cette approche se centre sur le processus qui am ne le sujet se donner sa propre forme et produire du sens par la r flexion sur sa propre existence son r cit de vie et ou son propre imaginaire L autoformation ducative traduit le fait d apprendre par soi m me dans des dispositifs ouverts favorisant l autonomie des adultes par une centration sur l apprenant Ce courant examine l autoformation dans sa relation avec les organisations p dagogiques dans le but de d velopper et de faciliter les apprentissages autonomes dans le cadre d institutions sp cifiquement ducatives L autoformation sociale pr sente des similitudes avec le courant pr c dent Elle s en distingue par son lieu de pratique En effet ce type d apprentissage se d roule dans un espace ext rieur au champ ducatif Il peut s agir du milieu associatif professionnel En outre l autoformation n est pas ici structur e comme peut l tre un dispositif p dagogique elle rev t un caract re spontan ou semi organis Elle se diff rencie galement de l autoformation int grale par son aspect collectif ou coop ratif L autoforma
18. d or E13 128 4 L accompagnement de l entr e dans le m tier 4 1 Les visites de classe En cette seconde ann e d enseignement les entretiens montrent que cet accompagnement diff re selon les circonscriptions Si tous les ma tres ont effectivement particip au stage T2 les visites de classe ne rev tent plus un caract re syst matique Ainsi sur les huit ma tres questionn s seuls trois ont v cu cette exp rience Dans un cas l enseignante a d elle m me sollicit le conseiller p dagogique pour qu il vienne observer son travail esp rant ainsi tre rassur e sur la qualit de son enseignement Cette d marche personnelle est suffisamment rare pour tre soulign e Ses propos soulignent les sentiments d isolement et de forte responsabilit qui l habitaient ce moment l Apr s moi j ai demand ce que le conseiller p dagogique vienne quand m me au mois de novembre pour qu il voie J avais peur enfin je me demandais si ce que je faisais a allait Parce qu il y a personne pour nous dire l tu te trompes il faut pas faire a M me si on nous donne des progressions faire si ma coll gue me dit tu feras g om trie apr s on sait quand m me pas si ce qu on fait a va C est une mani re de se rassurer et de se demander si tout le travail qu on 32 pa EPE 5 i D nomination des professeurs exer ant leur seconde ann e d enseignement 299 fournit est profitable
19. d fricher Education Permanente 100 101 7 12 COURTOIS B 1995 L exp rience formatrice entre auto et coformation Education Permanente 122 31 45 DEMAILLY L 1987 Savoirs sociologiques et ethnocentrismes professionnels Les sciences de l ducation pour l re nouvelle 4 DENOL J N 2002 L accompagnement en alternance de l universit au travail du travail l universit Education Permanente 153 2002 4 129 143 DOMINICE P 1989 Exp rience et apprentissage faire de n cessit vertu Education Permanente 100 101 57 65 DUBOIS P GASPARINI R PETIT G 2006 Professeurs des coles novices formes collectives et individuelles du passage travers le miroir Revue Fran aise de P dagogie 155 73 82 DUGAL J P AMADE ESCOT C 2004 Formation au conseil et d veloppement professionnel des conseillers p dagogiques Recherche et Formation 46 97 116 DUMAZEDIER J 1978 La soci t ducative et ses incertitudes Education Permanente 44 3 14 DUMAZEDIER J dir 1985 L autoformation ducation Permanente 78 DUMAZEDIER J 1995 Aides l autoformation un fait social d aujourd hui 364 ducation Permanente 122 243 256 DUPUIS P A 1997 R fl chissement r flexion et surr flexion dans le registre de l exp rientiel Expliciter 22 22 23 FLODEN B F CLARK C M 19
20. dans des lieux pr sentant des profils culturels et sociaux divers coles semi rurales et urbaines certaines situ es en zone sensible en Zone d Education Prioritaire ou dans le R seau Ambition R ussite Nous avons retenu deux crit res d appartenance l chantillon Etre professeur des coles T1 enseignant titulaire de premi re ann e la rentr e scolaire 2004 05 Exercer son activit temps complet Pour cette tude nous avons pens que huit enseignants d butants suffiraient recueillir cette diversit d informations qui nous tait n cessaire Nous avons conduit deux ou trois entretiens avec chaque personne Le premier s est d roul vers la fin de la premi re ann e 127 avril mai juin 2005 le second un an plus tard mai juin 2006 le troisi me au mois de juin 2007 Dix neuf entretiens ont constitu notre corpus de recherche 2 Recherche des acteurs Afin de trouver de enseignants d butants qui accepteraient de participer cette recherche par le biais d entretiens nous avons t amen solliciter des coll gues conseillers p dagogiques oeuvrant dans les circonscriptions voisines de celle dans laquelle nous travaillons Nous leur avons propos un crit remettre aux personnes susceptibles de s engager dans cette entreprise Ce document pr cise les grandes lignes de notre travail et nos attentes envers les professeurs volontaires De cette mani re quatre enseignant
21. de techniques culpabilisantes de confession Foucault cit par Dubois Gasparini Petit 2006 155 77 4 4 3 Le compte rendu A l issue de l entretien le formateur r dige un compte rendu de visite reprenant les points importants qui ont t voqu s durant l entretien Le professeur est destinataire d un exemplaire un autre est ins r dans son dossier de suivi p dagogique 36 5 Synth se Le plan national d accompagnement de l entr e dans le m tier et sa d clinaison d partementale posent un cadre de travail susceptible d aider la prise de fonction et le d veloppement professionnel des ma tres d butants Les actions propos es aux jeunes professeurs demandent beaucoup de temps et d nergie aux quipes de circonscription charg es de leur mise en uvre Au cours des diff rentes r unions annuelles que nous avons avec nos coll gues mosellans il nous arrive r guli rement d tre tonn par les certitudes affich es sur l utilit et l efficacit ind niables des activit s de formation que nous conduisons avec les jeunes praticiens A l oppos de cette illusion m caniste comment ne pas tre pour le moins surpris par les propos du ministre de l Education Nationale qui pr sentant le nouveau cahier des charges de la formation des professeurs des coles des coll ges et des lyc es affirme que cet accompagnement de l entr e progressive dans le m tier a souvent t d cr t
22. dir 1996 Dictionnaire des m thodes qualitatives en sciences humaines et sociales Paris A Colin NAULT T 1993 Etude exploratoire de l insertion professionnelle des enseignants d butants au niveau secondaire th se de doctorat Universit de Montr al NAULT T 1999 closion du moi professionnel personnalis et modalit s de pr paration aux premi res rencontres d une classe dans HETU J C LAVOIE M BAILLAUQUES S dir Jeunes enseignants et insertion professionnelle Un processus de socialisation De professionnalisation De transformation Paris De Boeck Universit 139 160 PAIN A 1990 L ducation informelle Les effets formateurs dans le quotidien Paris L Harmattan 359 PELPEL P 1991 Conseil et Formation Guide pour les conseillers p dagogiques en IUFM CRDP de Paris PERRENOUD P 1993 Du ma tre de stage au formateur de terrain formule creuse ou expression d une nouvelle articulation entre th orie et pratique Pratiques et formations R le et place de la pratique dans la formation initiale et continue des enseignants coordonn par CLERC F et DUPUIS P A CRDP de Lorraine Nancy PERRENOUD P 1994 La formation des enseignants entre th orie et pratique Paris L Harmattan PERRENOUD P 2001 D velopper la pratique r flexive dans le m tier d enseignant Paris ESF PERRENOUD P 2003 Le travail sur l habitus dans ALTET M CH
23. exp rience Comment s effectue le lien entre exp rience et apprentissage 84 3 1 La formation exp rientielle 3 1 1 La notion d exp rience On dit d un ouvrier qu il a de l exp rience car cette personne travaille depuis de nombreuses ann es dans un m me champ professionnel Nous dirons qu un tel ma tre a l exp rience des cours multiples pour y avoir enseign durant de nombreuses ann es Cette exp rience acquise repr sente dans sa dimension professionnelle une propri t du sujet Selon G Mialaret elle constitue un ensemble d informations de connaissances d attitudes acquises par l individu au cours de son existence par l observation spontan e de la r alit et de ses pratiques le tout int gr progressivement sa personnalit 1996 165 Dans cette perspective l exp rience repr sente un acquis et une qualit elle est un l ment d une comp tence professionnelle g n rale Mais pour que celui qui a de l exp rience soit consid r comme un expert il faut qu il dispose d un v cu auquel il a r fl chi c est dire d une pratique tablie et pens e Pour G Jobert l exp rience c est ce qui s est constitu au fil du temps individuellement et collectivement dans l intimit des personnes dans leur corps leur intelligence leur imaginaire leur sensibilit dans la confrontation quotidienne avec le r el et la n cessit de r soudre des probl mes d
24. ma s ance et qui m a dit E7 113 117 La plupart des entretiens prouv s par les d butants montrent qu ils se d roulent sous la forme d un dialogue d bouchant sur des pistes d actions mettre en uvre avec les l ves L utilisation plusieurs reprises du terme on dans les propos d un enseignant souligne ce processus de coformation qui est l uvre ce moment l On a donc discut sur les fa ons de g rer ce r glement on a parl des feux rouges Moi j utilisais des bonhommes en valuation elle m a donn des conseils par rapport a il ne fallait pas que je r utilise le m me syst me pour le r glement que je trouve un autre syst me En discutant on est arriv ensemble trouver une solution donc l c est les feux rouges les fameux feux rouges qui ont bien march El 250 C est pas je dis vous coutez non non non du tout c tait vraiment un change c tait un change E2 191 Nous avons vu quel point les enseignants novices appr hendaient les visites d accompagnement et plus particuli rement la premi re dont ils font l objet Celle ci se d roule g n ralement d s les premi res semaines de la rentr e scolaire ce moment l les ma tres sont encore chercher leurs marques en qu te d un certain quilibre qu ils peinent atteindre En fin d ann e lorsque nous avons demand aux personnes de se rem morer et de choisir parmi l
25. on devrait mettre en place J essaye de diff rencier j essaye de m attacher plus aux l ves en difficult mais c est encore assez difficile E7 48 16 Adaptation et Int gration Scolaire 170 Il appara t que les jeunes praticiens ont t particuli rement sensibilis s durant leur formation l importance d une diff renciation p dagogique Tous ont conscience de la n cessit de proposer aux enfants des activit s qui soient en ad quation avec les aptitudes des apprenants Cependant une chose est d avoir des informations relatives aux techniques de la diff renciation une autre est leur mise en uvre dans la classe Dans cette perspective il nous semble que ces pratiques co teuses en termes d investissement personnel d nergie d pens e de fatigue doivent tre encourag es et accompagn es apr s la prise de fonction afin qu elles ne soient pas rapidement abandonn es par les jeunes praticiens 4 3 Un sentiment d impuissance Dans chaque classe se trouvent certains l ves rencontrant d importantes difficult s d apprentissage et pour lesquels les contenus propos s par le ma tre d passent leurs capacit s pr sentes Nous venons d voquer les efforts engag s par les novices pour prendre en compte cette r alit Cependant dans certaines situations malgr les initiatives p dagogiques men es l l ve n arrive pas s approprier les notions tudi es Il ne pro
26. E9 74 290 Par rapport au niveau que j avais l ann e derni re je me suis dit que E13 94 Je me suis servie de la premi re ann e pour avancer E9 74 Nous pouvons d ailleurs remarquer que l ensemble des ma tres consid rent avec le recul avoir r ussi leur ann e initiale Je m en suis pas trop mal sorti l ann e derni re j ai quand m me fait un bilan positif de ma premi re ann e E10 102 A partir du moment o on a r ussi surmonter l preuve que l on sait plus difficile E12 32 L ann e derni re a c tait bien pass E15 72 La premi re ann e d enseignement semble constituer une structure symbolique v cue comme une preuve initiatique qui une fois surmont e permet le passage d un seuil Il n est pas vain de penser que la confiance et la s r nit acquises l issue de cette premi re exp rience participent l volution professionnelle car ce nouvel tat d esprit r compense la personne de ses efforts de l investissement fourni et l encourage poursuivre affiner encore davantage son enseignement afin d en accro tre l efficacit Si le fait de pouvoir rester deux ann es dans un niveau de cours identique constitue un facteur aidant et facilitant l exercice du m tier pour les raisons que nous avons d j voqu es le changement d cole et de classe qui est la plupart du temps impos aux jeunes ma tres repr
27. PREMIERE ANNEE D ENSEIGNEMENT I Une professionnalit en mouvement II L autoconstruction professionnelle des enseignants d butants IMI Rapport la formation institutionnelle CHAPITRE 3 RAPPORT AU METIER DURANT LA SECONDE ANNEE D ENSEIGNEMENT I A l aube d une nouvelle rentr e II L exercice du m tier d enseignant CHAPITRE 4 PROFESSIONNALITE ET AUTOFORMATION DURANT LA SECONDE ANNEE D ENSEIGNEMENT I Les l ments d volution identifi s II Les sources et les ressources de l volution professionnelle CHAPITRE 5 AUTOFORMATION PROFESSIONNELLE ET EXPERIENCES DE VIE I Les tudes universitaires II Des exp riences extra professionnelles PARTIE III PARCOURS DE FORMATION ET AUTOCONSTRUCTION PROFESSIONNELLE DES ENSEIGNANTS DEBUTANTS INTERPRETATION DES RESULTATS I La premi re ann e d enseignement II La seconde ann e d enseignement 139 139 139 150 177 177 194 209 245 245 249 274 274 290 311 311 314 318 319 325 MI L autoconstruction professionnelle CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES Les annexes sont pr sent es dans le volume 2 330 348 353 369 INTRODUCTION L objet de cette tude est li notre champ professionnel Exer ant depuis plusieurs ann es les fonctions de conseiller p dagogique dans une circonscription de l est mosellan notre t che essentielle est constitu e du suivi des professeu
28. au jour le jour Il se trouve ce moment l dans l impossibilit d anticiper son travail au del du lendemain Ainsi chaque soir le praticien con oit et organise les activit s pour le jour suivant Et nous avons vu qu il en tait ainsi durant plusieurs semaines voire plusieurs mois jusqu ce qu il soit capable de voir plus loin D s lors il construit et planifie son enseignement sur plusieurs jours une semaine parfois Il con oit des projets pluri disciplinaires et des s quences d enseignement incluant plusieurs s ances men es 323 sur une assez longue p riode Cette projection dans le futur entra ne vraisemblablement une meilleure coh rence et davantage de continuit dans les apprentissages Un autre l ment caract ristique de la dynamique formative concerne la connaissance de l enfant de ses capacit s Progressivement les ma tres sont plus m me d valuer les potentialit s des apprenants dont ils ont la responsabilit et ainsi ils ajustent plus finement l enseignement aux possibilit s effectives des l ves En premi re ann e on n a pas d autres bases que le contenu de ce qu on nous a appris l IUFM On a une connaissance de l enfant qui est th orique Elle n est pas en ad quation avec l enfant qu on a en face de nous alors qu avec le temps on arrive beaucoup mieux situer l enfant qu on a en face de nous en tant que personnalit o il en est dans sa prog
29. butants se centraient sur leurs l ves et tous ont bien conscience que l apprentissage des enfants n cessite de trouver des situations int ressantes et motivantes Comme le souligne Meirieu une t che 166 essentielle de l enseignant consiste faire merger le d sir d apprendre savoir cr er l nigme Meirieu 1999 91 Cette recherche de l amorce attrayante et d une organisation p dagogique efficace requiert une r flexion approfondie et du temps Et ce que je trouve aussi tr s difficile c est trouver une situation d apprentissage au d part pour chaque s ance On se demande comment on va aborder ce nouveau th me cette nouvelle le on a c est difficile E3 80 Comment je vais mettre a en place Comment je vais traiter cette nouvelle notion E4 60 62 C est pas la pr paration de la fiche en elle m me mais c est toutes les recherches c t parce que le plus important c est de trouver le bon support adapt aux enfants et bon au d but c tait un peu difficile ES 72 4 1 2 Une obligation institutionnelle Ce travail de pr paration n est pas per u de mani re identique par l ensemble des personnes Pour la tr s grande majorit d entre elles leur efficacit professionnelle passe n cessairement par cette phase de r flexion et de formalisation Je dirais que le cahier journal m aide norm ment parce que a me permet d avoir ma jou
30. concernant la source l metteur et son contexte avec pour souci d tayer des impressions des jugements intuitifs par des op rations conduisant des r sultats fiables Bardin 1997 43 La premi re tape de l analyse a consist saisir le sens g n ral de l exp rience d crite Chaque entretien a d abord fait l objet de plusieurs lectures attentives et compl tes afin que nous puissions nous impr gner de ce qui tait dit et parfois aussi de la mani re dont les v nements taient voqu s par le sujet 122 Les lectures exploratoires que nous avions men es sur l objet ainsi que nos travaux universitaires pr c dents Hoff 2003 2004 nous ont permis d laborer a priori des cat gories g n rales sous forme d unit s th matiques construites partir des nos questions de recherche et des dimensions que nous souhaitions explorer Cette anticipation a facilit nos premi res rencontres avec les donn es car cela nous a permis de structurer les informations pr sentes dans les discours Ce cadre a fait que nous n avons pas t submerg ou asphyxi par la masse des donn es contenues dans les entretiens Au fur et mesure de notre analyse qui a d but aussit t le premier entretien r alis les cat gories g n rales se sont fragment es en unit s de sens plus pr cises plus significatives D autres auxquelles nous n avions pas pens ont merg durant ce travail Le cherch
31. dans le principe mais jamais r ellement mis en uvre C est maintenant un droit Lettre flash 12 2006 Il nous a alors paru int ressant d aller la rencontre des personnes directement vis es par ces actions et de les couter Comment les ma tres d butants ont ils v cu les exp riences de formation qui leur ont t propos es dans cette d marche d accompagnement En quoi ces initiatives les ont elles aid es enrichies prouv es G de Robien 37 CHAPITRE 2 LE PROCESSUS DE PROFESSIONNALISATION DES ENSEIGNANTS I Eclairage th orique La cr ation des Instituts Universitaires de Formation des Ma tres elle m me accompagn e d une exigence plus importante quant au niveau de s lection des tudiants a institu le mouvement de professionnalisation des enseignants du premier degr Le rapport Bancel pr sente le cahier des charges de la profession enseignante et des comp tences professionnelles construire en formation Evoquant une professionnalit globale Rapport Bancel 1989 4 ce document t moigne de la volont politique de passer d un mod le de formation essentiellement centr sur une logique d enseignement et de ma trise des contenus disciplinaires une logique davantage orient e vers l appropriation de savoirs professionnels devant conduire les ma tres devenir des professionnels de l apprentissage Comme le souligne V Lang les textes et les discours ne se lim
32. des cas l issue est positive et les tudiants sont titularis s la rentr e scolaire suivante 25 Consid rant qu il fallait accompagner la prise de fonction des professeurs d butants le minist re de l Education Nationale a publi en 2001 une circulaire Bulletin Officiel de l ducation Nationale 2001 32 relative l entr e dans le m tier d enseignant Ce document pr cise les principes et la mise en uvre des mesures d accompagnement des nouveaux enseignants 1 L accompagnement institutionnel Nous pouvons remarquer que le plan d accompagnement de l entr e dans le m tier est articul au plan de formation continue des enseignants des 1 et 2 degr s et des personnels d ducation et de formation Jbid 1787 Cette pr sentation n est pas anodine elle signifie que l insertion professionnelle des professeurs s inscrit dans un processus de d veloppement professionnel qui d passe l ici et maintenant des jeunes praticiens La formation initiale dont b n ficient les ma tres est essentielle dans la construction de leurs pratiques professionnelles mais elle ne peut elle seule r pondre tous les aspects de l insertion professionnelle La circulaire cit e ci dessus stipule que tous les ma tres doivent pouvoir profiter d une aide dont le but est de leur permettre de s approprier dans les meilleures conditions possibles leurs nouvelles t ches Une formation adapt e la prise de
33. ducatives qui ont forg l habitus pr sent Il est coutumier d entendre que le ma tre enseigne autant avec ce qu il sait qu avec ce qu il est chose dont il n a pas toujours conscience L application des r gles se fait sous le filtre de notre grammaire g n ratrice des pratiques L appel des connaissances la mise en oeuvre de techniques convoquent des sch mes de mobilisation des savoirs qui ne sont pas eux m mes des savoirs Quand on demande un enseignant les raisons qui l ont amen utiliser tel outil ou tel exemple il r pond parfois qu il ne sait pas ou alors il parle de sixi me sens d intuition de flair Comme le rappelle Bourdieu Toute tentative pour fonder une pratique sur l ob issance une r gle explicitement formul e que ce soit dans le domaine de l art de la morale se heurte la question des r gles d finissant la mani re et le moment opportun kairos comme disaient les Sophistes d appliquer les r gles o comme on dit si bien de mettre 50 en pratique un r pertoire de recettes ou de techniques bref de l art de l ex cution par o se r introduit in vitablement l habitus Bourdieu 1972 199 200 L action p dagogique ne peut jamais tre totalement planifi e elle exige un nombre impressionnant de micro r gulations le ma tre doit composer avec une multitude d incidents qu il doit g rer sur le champ Si les sch mes de l exp
34. il est des Une quipe de circonscription est constitu e d un inspecteur et de deux conseillers p dagogiques Il y a 23 circonscriptions en Moselle 34 circonscriptions o les novices ne vivent que deux visites durant leur premi re ann e d enseignement alors que certains de leurs coll gues dans d autres circonscriptions en connaissent jusqu cinq durant la m me p riode Ces visites de classe rev tent un caract re institutionnel et ne peuvent en principe tre refus es par le praticien d butant En revanche le texte d partemental indique que pour la seconde ann e d enseignement les visites de classe s effectuent seulement la demande des enseignants Sur ce dernier point galement les pratiques diff rent Certains inspecteurs appliquent scrupuleusement cette consigne alors que d autres imposent une voire deux visites aux professeurs qui effectuent leur seconde ann e d enseignement Comme nous l avons soulign pr c demment les ma tres sont inspect s la fin de cette seconde ann e Ainsi de nombreux inspecteurs demandent leurs conseillers p dagogiques d effectuer une visite chez les enseignants concern s afin de s assurer que les pratiques professionnelles mises en uvre correspondent ce qui est attendu par l institution Quel que soit le formateur qui les effectue une visite de classe comprend n cessairement trois temps nodaux l observation de la pratique l entre
35. issue de leur formation initiale Elles se d clinent en trois ensembles 52 Le premier nonce deux comp tences regroupant ce qui est requis de tout enseignant quels que soient sa discipline et son niveau d enseignement savoir agir en fonctionnaire de l Etat et de fa on thique et responsable ma triser la langue fran aise pour enseigner et communiquer Le second ensemble d cline six comp tences concernant l enseignement de la discipline dans le contexte de la classe Il faut que le jeune professeur sache ma triser les disciplines et avoir une bonne culture g n rale concevoir et mettre en uvre son enseignement organiser le travail de la classe prendre en compte la diversit des l ves valuer les l ves ma triser les technologies de l information et de la communication Le dernier ensemble comporte deux comp tences concernant le rapport du professeur avec le contexte plus g n ral de son enseignement Celui ci doit travailler en quipe et coop rer avec les parents et les partenaires de l cole se former et innover tout au long de son parcours professionnel Lettre flash 12 2006 Si ces diff rents cadres sont utiles pour d finir les programmes de formation des professeurs ils semblent n anmoins sous estimer deux l ments essentiels du travail enseignant que sont le caract re impr visible de la relation p dagogique avec les
36. j ai pas autant progress E8 200 3 1 Le temps de l observation Nous sommes nombreux avoir constat que le fait d tre observ dans sa pratique professionnelle ne constitue pas un v nement agr able Dans le milieu enseignant ce sentiment semble exacerb par une culture professionnelle qui incite davantage uvrer la porte close dans une solitude tranquille l abri des regards La diff rence de posture entre l observateur et celui qui est observ r v le une asym trie des positions laquelle entra ne souvent une certaine tension dans la relation Ceci a pour cons quence d engendrer chez l observ des r actions de d fense car l observation est alors v cue comme une menace La premi re fois qu il est venu c est vrai que c tait assez impressionnant Moi j ai un temp rament assez anxieux donc on a envie de bien faire on sait qu il y a une paire d yeux suppl mentaire qui est pos e sur nous Bon voil a fait un peu peur E7 95 Cette pratique d observation institu e et impos e peut tre per ue et v cue par le praticien novice comme une intrusion une violence faite sa personne Il se sent contr l valu Un jugement un jugement E2 160 Dans cette perspective il n y a pas d aide possible car la personne volue sur la d fensive les comportements de prestance de fa ade prennent le pouvoir sur l authenticit de la relation avec les l ves
37. l adulte et ses l ves entre le praticien et les enfants Tout simplement le plaisir qu on peut avoir mener certaines activit s avec les l ves le simple contact avec les l ves les liens de confiance qu on arrive cr er avec eux c est tout fait positif E4 44 Et la relation le c t humain relation avec un enfant quoi l enfant qui vient me raconter ses petits bonheurs ses petits malheurs le sourire du gamin quand il arrive l cole bonjour ma tresse voil a me rend heureuse E2 28 L enseignant d butant s investit pleinement dans son travail il donne beaucoup de lui m me et de son temps pour tre le plus efficace possible dans sa pratique professionnelle En retour il a galement envie d tre appr ci voire aim par ses l ves Ce besoin de reconnaissance appara t dans plusieurs entretiens Ah oui Il ne se passe pas une journ e sans qu un enfant ne m apporte ou un dessin ou un bonbon ou un go ter Il y a une gamine qui me rapporte pratiquement tous les jours des go ters du g teau que maman a fait pour la ma tresse des fleurs Eh bien c est qu ils m aiment E2 30 32 On a vraiment envie d avoir une estime d eux de leur part E3 62 Il y en a qui m ont dit qu ils avaient envie d aller l cole et je suis contente parce que a prouve qu ils sont aussi heureux d tre avec moi E7 38 Parfois nous s
38. la localisation g ographique de l cole et plus pr cis ment la distance qui s pare leur domicile de leur futur lieu de travail Ainsi plusieurs d entre eux expriment non seulement un soulagement mais aussi une r elle satisfaction d effectuer leur rentr e dans un tablissement proche de chez eux Ma r action c tait chouette puisque a faisait partie de mes v ux donc pas tr s loin de mon domicile c tait un peu une limite g ographique que je m tais donn e par rapport mon domicile donc j tais contente E1 28 J tais tr s contente parce que c tait pas loin de chez moi ES 24 143 Dans certaines situations les novices n h sitent pas parcourir quotidiennement une distance importante pour se rendre leur cole Vu que j habitais sur M c tait pas me retrouver 120 kilom tres de M l 50 je fais la route tous les jours a va E6 42 En Moselle les premi res ann es d exercice des professeurs des coles conduisent ce que certains consid rent comme un exil lorsque les jeunes enseignants sont contraints d effectuer cent parfois deux cents kilom tres par jour pour se rendre dans les coles de l est du d partement qui accueillent la majorit des prenant fonction Pour certains la distance est telle qu un d m nagement constitue la seule issue possible Ce qui m a beaucoup plus tracass e c est le lieu parce que j habitais entr
39. marche rel ve d une autoformation dans l exercice m me de sa profession A Pain 1990 d finit les situations informelles d tude comme des espaces de formation issus des rapports de l individu avec son environnement dans sa vie quotidienne c est dire dans son travail dans ses loisirs dans sa vie sociale Ces situations formatives sont fortuites et ne rel vent d aucun enseignement Quels que soient les m tiers mais plus encore pour ceux qui pr sentent une certaine impr visibilit chacun doit apprendre en permanence par lui m me et travers ses exp riences Afin de comprendre et de mener bien des t ches constamment renouvel es et de compl ter leurs savoirs th oriques et pratiques d j acquis les employ s doivent faire appel l apprentissage informel ou non structur et compter sur leurs propres strat gies pour le faire Il n est pas tonnant alors que ceux ci doivent essentiellement compter sur eux m mes sur leurs propres habilet s et strat gies d autoformation pour apprendre de nouvelles connaissances ma triser des habilet s in dites et d velopper des comp tences et des attitudes jamais enseign es ni apprises Hrimech 2002 172 L coformation est un processus personnel et intentionnel qui transforme certaines situations de la vie quotidienne en ressources d apprentissage Il s agit avant tout d une formation par les exp riences de la vie Que recouvre la notion d
40. me style d enseignement le ressenti est le m me E8 42 L insertion professionnelle des jeunes praticiens entra ne une scission avec un environnement somme toute protecteur pour les tudiants qui durant leur formation sont aid s entour s de professeurs de formateurs de pairs La prise de fonction modifie consid rablement cette situation Seul il faut affronter la peur de ne pas savoir faire 154 affirmer ses comp tences aux coll gues et aux parents accepter le d calage entre ses repr sentations initiales et la r alit du terrain L entr e dans le m tier signifie pour le novice de nouveaux enjeux identitaires 2 Les satisfactions professionnelles Si l entr e dans le m tier est v cue de mani re douloureuse par certains enseignants les satisfactions n en demeurent pas moins nombreuses pour toutes les personnes interrog es Nous devons pr ciser que les entretiens portant sur la premi re ann e professionnelle ont t men s au cours du troisi me trimestre de l ann e scolaire Chaque ma tre oeuvrait alors depuis sept huit mois A ce moment l le choc de la r alit Huberman 1989 est d pass Les novices ont pris leurs marques la pratique professionnelle s installe progressivement Cette pr cision nous semble importante car dans une pr c dente r flexion que nous avions men e Hoff 2003 il apparaissait que certains prenant fonction taient ce point submerg s de
41. multidimensionnel et souvent impr visible Dans l acte d enseigner interviennent les contenus didactiques les relations interpersonnelles les motivations des diff rents acteurs Comme tout enseignant l a v cu m me une s quence minutieusement pr par e peut prendre un tour surprenant et impr vu d s que l action p dagogique est lanc e De fa on plut t agr able le ma tre s aper oit que la le on suscite un int r t r el chez les l ves alors que c est une mati re laquelle ils ne s int ressaient gu re auparavant ou alors le praticien s aper oit que s est instaur e avec la classe une relation positive qu il ne connaissait pas jusqu alors Parfois l impression est plus n gative l enseignant a le sentiment qu il n est pas efficace que la s ance n accroche pas 54 La r flexion est un outil puissant pour tenter de saisir et de g rer cette complexit En existe t il d autres susceptibles de pouvoir appr hender la situation ducative Perrenoud affirme qu il est pr f rable de pr parer les enseignants se poser des questions identifier et r soudre des probl mes plut t que de diffuser des solutions et des r ponses toutes faites La formation doit donner des comp tences m thodologiques pour enseigner mais avant tout pour r fl chir sur sa pratique Elle formera un praticien capable d auto analyse d auto valuation d autor gulation Perrenoud 199
42. professeurs des coles DEA Formation emploi d veloppement social Universit Nancy 2 HOLBORN P WIDEEN M ANDREWS I 1988 Becoming a teacher Toronto Kegan and Woo HONORE B BRICON J 1981 Former des enseignants Toulouse Privat HOUDE R 1995 Des mentors pour la rel ve Montr al Editions du M ridien HRIMECH M 2002 Strat gie d autoformation et apprentissage informel dans trois organisations modernes dans CARRE P MOISAN A dir La formation autodirig e Aspects psychologiques et p dagogiques Paris L Harmattan HUBERMAN M 1989 La vie des enseignants Evolution et bilan d une profession Neuch tel et Paris Delachaux et Niestl HUBERMAN M MILES B 1991 Analyse des donn es qualitatives recueil de nouvelles m thodes P dagogies en d veloppement M thodologie de la recherche Bruxelles De Boeck JOBERT G 1991 La place de l exp rience dans les entreprises dans La formation exp rientielle des adultes coordonn par COURTOIS B PINEAU G Paris La Documentation Fran aise LAMARRE Anne Marie 2003 Etude de l exp rience de la premi re ann e d enseignement au primaire dans une perspective ph nom nologico herm neutique th se de doctorat en Education Montr al Qu bec LANG V 1999 La professionnalisation des enseignants PUF LANTI BAYLE M 2001 Histoires de formation r cits crois s critures singuli res Paris L Harmat
43. rence au terme d accompagnement dans de nombreux champs de notre existence accompagnement spirituel des enfants pr parant leur sacrement religieux accompagnement des personnes en d tresse dans le monde social accompagnement des malades en fin de vie dans le domaine de la sant Les pratiques sociales relatives au monde de l ducation et de la formation des adultes n chappent pas ce ph nom ne Dans ce domaine la pratique d accompagnement ne constitue pas une des tapes du processus de formation comme le sont l analyse des besoins et des ressources la d finition des objectifs l laboration et la mise en uvre d activit s formatrices ou l valuation Elle rel ve plut t d une conception globale de la formation d une mani re d organiser ses diff rentes phases dans un parcours de formation G Pineau crit qu tymologiquement le mot source compagnon d o d rive accompagnement est irrigu par au moins trois filets de sens une relation de partage d change de communication un mouvement vers une parit de relation m me avec une disparit de position de place une dur e Pineau cit par Roberge 2002 101 Accompagner une personne c est d abord s ouvrir elle pour mieux la recevoir lui permettre de s exprimer en prenant soin de l couter Il ne s agit pas pour l accompagnateur de commenter voire de critiquer ce qui est dit mais d adopter une
44. rents effets sur les professeurs Pour certains cela engendre un sentiment d insatisfaction par rapport au travail qui est accompli en classe une fatigue personnelle ou l impression d une perte de temps J ai l impression en fin d apr s midi qu on n a rien fait parce que tout le travail a t sap E4 66 a prend beaucoup de temps et d nergie et parfois je finis une journ e assez fatigu e E7 58 Dans l incapacit de mettre un terme ces situations une enseignante a d cid de d l guer son r le d autorit au directeur de l cole La seule solution pour moi c est de dire tu vas aller chez le directeur ou on va aller voir le directeur tu vas pr senter ta punition au directeur parce que pour eux l autorit de la femme n existe pas c est un petit peu eux les rois la maison c est eux qui ont le pouvoir et qui d cident E3 72 162 Souvent cette pratique s av re inefficace et contre productive car aussit t revenu dans la salle l l ve reprend sa conduite de plus belle En outre agir ainsi tend fragiliser la relation d autorit que le praticien a su cr er avec les autres l ves de la classe Il faut souligner que la d fiance l gard des ma tres constitue pour ces derniers l preuve la plus difficile la plus prouvante qui soit car elle est souvent subie quotidiennement Les enseignants se sentent alors d munis incomp tents honteux
45. tences professionnelles 3 D autres aspects du d veloppement professionnel 3 1 S installer dans son r le 188 Le d veloppement professionnel passe par l installation progressive de l individu dans son nouveau r le Si les premiers mois ont confront le d butant des situations nouvelles et inconnues celui ci prend petit petit la mesure de ce qui est attendu de lui ainsi que des objectifs et des attitudes qu il se fixe pour lui m me L identit de soi comme enseignant s est consolid e durant cette premi re ann e scolaire la plupart des ma tres questionn s se sentent bien dans leur peau d enseignant Jai vraiment trouv maintenant mes marques mes rep res c est pas venu le premier mois c est pas venu le premier jour mais maintenant ce moment de l ann e je me sens bien E1 68 Cette appropriation progressive d une identit professionnelle se traduit par une plus grande aisance relationnelle avec les l ves et une confiance accrue en soi Je pense que j ai un peu plus confiance en moi qu au d part C est plus de confiance en moi qui m a permis d tre un peu plus naturel E7 64 Elle se manifeste galement par des gestes professionnels enrichis d une touche personnelle qui n existait pas auparavant L o se d ployait une retenue du praticien qui ne voulait pas se d couvrir devant les l ves apparaissent maintenant des attitudes plus personnelles
46. titre provisoire je ne sais pas l ann e prochaine o je serai nomm e je peux tre encore plus loin Je ne peux mettre aucun projet en uvre je suis compl tement bloqu e dans ma vie personnelle et je le vis relativement mal Le domaine professionnel rejaillit tr s fortement et tr s n gativement sur le domaine personnel E7 52 54 5 Synth se Les premi res semaines d enseignement sont particuli rement prouvantes pour la plupart des ma tres d butants Huberman 1989 Louvet et Ba llauqu s 1992 Progressivement les jeunes enseignants s installent dans leur r le et tentent de conduire avec efficacit les l ves sur le chemin des apprentissages Si les difficult s qu ils rencontrent dans l exercice de leur m tier sont importantes ils prouvent n anmoins de r elles satisfactions enseigner et vivre quotidiennement avec leurs l ves 176 CHAPITRE 2 PROFESSIONNALITE ET AUTOFORMATION DURANT LA PREMIERE ANNEE D ENSEIGNEMENT I Une professionnalit en mouvement Arriv s presque au terme de leur premi re ann e d enseignement la plupart des jeunes ma tres ont le sentiment d avoir d velopp et enrichi leur pratique professionnelle Seule une enseignante affirme ne pas avoir ressenti de transformation significative dans l exercice de son m tier Je dirais non Non non E2 79 81 Les questions suivantes l am nent modifier cette premi re impression et
47. tudes ont montr notamment que les enseignants lisaient moins que par le pass Dans un environnement o la communication affiche chaque jour davantage son pouvoir l information disponible pour les professionnels s est consid rablement d velopp e Comment r agissent les enseignants plong s dans cette culture de la communication et de l information Pour Alava l information disponible s est peu peu professionnalis e 1995 80 Il signifie ainsi que le praticien s lectionne les informations et les met en relation avec son travail afin d enrichir sa pratique De ce fait l usage des informations s int gre dans un processus d autoformation L auteur voque le terme d autoinformation pour parler de l acte par lequel l individu s approprie son propre pouvoir de s informer 205 Nous percevons dans ce mouvement un changement de paradigme la personne n est plus consid r e comme un r cepteur dans lequel se d verse des informations mais elle prend les r nes de son action et d cide d agir au nom de finalit s qui lui sont propres Elle devient pilote et acteur du processus de recherche et d utilisation de l information Dans cet objectif d autoinformation les guides du ma tre ainsi que d autres livres et fichiers pr sentant des s quences d enseignement ou proposant des exemples d activit s constituent l essentiel des lectures des jeunes enseignants Certaines revues co
48. 2003 40 Il est probable que certains enseignants se r v lent davantage que d autres sensibles ou sensibilis s l enfance en difficult et l chec scolaire Lors de nos visites de classe aupr s des praticiens d butants nous percevons un rapport aux l ves dits faibles diff rent selon les individus Pour certains la pr sence dans leur classe d un petit nombre d apprenants incapables de suivre les contenus dispens s rel ve de la normalit et rien n est mis en uvre pour aider ces l ves progresser D autres et suivant en cela les politiques minist rielle et acad mique qui font de l aide aux l ves en difficult une priorit n acceptent pas cette situation et tentent avec leurs moyens et toute leur nergie d accompagner plus sp cifiquement ces l ves et de les soutenir afin qu ils progressent dans leurs apprentissages Carmen et Aur lie appartiennent vraisemblablement cette seconde cat gorie En outre le fait que ces deux ma tresses soient cette ann e toutes les deux sur un poste de ma tre E a pu encore renforcer leur sensibilit par rapport aux difficult s d apprentissage rencontr es par les l ves 2 5 Les relations avec certains parents Ayant v cu des probl mes communicationnels et relationnels avec quelques parents 257 durant sa premi re ann e Jessica a voulu viter que cela ne se reproduise en organisant rapidement une r union de rentr e o les parents se so
49. 4 Les visites de classe 4 4 1 L observation 4 4 2 Des objectifs sp cifiques 4 4 3 L entretien 4 4 4 Le compte rendu 5 Synth se 369 10 14 21 26 27 28 28 28 28 29 29 30 31 32 34 34 35 36 36 37 37 CHAPITRE 2 CHAPITRE 3 LE PROCESSUS DE PROFESSIONNALISATION DES ENSEIGNANTS I Eclairage th orique 1 Le concept de profession 2 La professionnalisation 3 La professionnalit II La professionnalisation des enseignants 1 L enseignement une profession 2 Professionnalisation et complexification des t ches 2 1 Savoirs et comp tences en enseignement quelques typologies 3 Le paradigme r flexif 3 1 La r flexion dans l action 3 2 La r flexion sur l action 3 3 Les niveaux r flexifs d intervention 3 4 Diff rents mod les de professionnalit 4 Synth se L AUTOCONSTRUCTION PROFESSIONNELLE PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE I La construction identitaire II Une professionnalit en mouvement 1 L autoformation 1 1 Le pr fixe auto 1 2 Une galaxie cinq plan tes 2 Le retour de l acteur 2 1 En psychologie 2 2 En sciences de l ducation 2 3 En sociologie 3 Des approches th oriques et de niveaux diff rents 3 1 Le courant bio pist mologique 3 2 Le courant socio p dagogique 3 3 Le courant technico p dagogique 4 Synth se II L autoconstruction professionnelle des enseignants d butants 1 La coformation 2 L id e d accompagnement 3 L coformation ou
50. Attrition mentoring and induction dans SIKULA J BUTTERY T J GUYTON E Handbook of research on teacher education New York Macmillan GONDRAND H PIERRARD A 2001 Contribution la r flexion sur la professionnalisation des enseignants du premier degr en formation initiale th se de doctorat en Sciences de l ducation Lyon II GUILLOT A 1998 Les jeunes professeurs des coles devenir enseignant Paris L Harmattan HETU J C 1999 Les d buts dans l enseignement les questions aborder dans HETU J C LAVOIE M et BAILLAUQUES S Dir Jeunes enseignants et insertion professionnelle Un processus de socialisation De professionnalisation De transformation Paris Bruxelles De Boeck Universit 7 20 HETU J C 1999 Pratique r flexive d marche d interpr tation et recherche de sens chez les novices vers un mode d accompagnement d un processus de transformation dans HETU J C LAVOIE M et BAILLAUQUES S Dir Jeunes enseignants et insertion professionnelle Un processus de socialisation De professionnalisation De transformation Paris Bruxelles De Boeck Universit 61 84 HOFF C 2003 L entr e dans le m tier de professeur des coles et l accompagnement professionnel des enseignants d butants DESS Formation de formateurs Universit Nancy 2 357 HOFF C 2004 Apprentissage exp rience et formation professionnelle des jeunes
51. E15 166 Il y a un change on parle sur la pratique la mani re dont on travaille mais je pense pas que c est en une demi heure de temps qu on va vous dire comment changer ou comment faire voluer vraiment les choses E16 168 Seule H l ne a v ritablement v cu l inspection comme une action formative car l entretien a permis de mettre jour diff rents points n cessitant une plus grande attention de sa part afin de consolider sa pratique a m a t tr s formateur parce qu elle a mis l accent sur des choses o on n a pas forc ment le recul quand on est dans la classe Le soin Je suis assez brouillon ma coll gue aussi Elle m a montr des cahiers en d but d ann e des cahiers en fin d ann e il y avait une nette d gradation Finalement ils crivent moins bien qu en d but d ann e Je m en tais pas du tout rendu compte Il y avait aussi un probl me d affichage Oui je me suis rendu compte qu il y avait un probl me d affichage non a n a pas r solu mon probl me par contre Elle ma donn une solution qui ne me va pas Et puis il y avait la diff renciation Bon l 306 j ai t un peu d ue de moi m me parce que je la pratique beaucoup Et ce jour l oui je me suis tromp e sur certains enfants Je pensais qu ils pouvaient le faire et ils pouvaient pas le faire J ai moins diff renci que d habitude et l je men voulais C est un peu frustrant parce que je le fai
52. EI 132 La pratique r flexive ne se fait pas de mani re d sordonn e elle est organis e et aboutit parfois une trace crite servant de m moire Des petites choses comme a que je me suis not es j essaye de me rappeler quand je m ne une s ance L le soir souvent quatre heures je me note ou bien tout de suite apr s une s ance quand j en ai l occasion ou bien l apr s quatre heures j ai pris mon petit cahier journal et je me suis not tiens l tu n utiliseras plus de peinture parce que a donne n importe quoi E1 122 128 J ai toujours une partie dans mon cahier journal o je reprends et je note ce qui n a pas t fait l l ve qui a compl tement rat et pourquoi sinon apr s j oublie et je ne peux plus revenir dessus E8 142 Lors des stages effectu s durant la formation initiale les tudiants sont tenus de r diger quotidiennement un bilan crit de leurs activit s d enseignement Lors des visites d valuation les formateurs sont particuli rement attentifs la mani re dont le futur professeur analyse son travail Ainsi la tr s grande majorit des tudiants r alisent cette d marche de r flexion pour satisfaire aux crit res d valuation Cependant un certain nombre d entre eux estiment cette r flexion inutile et non aidante Une fois entr s dans le m tier ils abandonnent cette pratique qui est pourtant fortement encourag e lors des visites de classe r a
53. Education Nationale 32 du 06 09 2001 Accompagnement de l entr e dans le m tier et formation continue des enseignants des 1 et 2 degr s et des personnels d ducation et d orientation Minist re de l Education Nationale Paris Bulletin Officiel de l Education Nationale 1 du 4 01 07 Cahier des charges de la formation des ma tres en institut universitaire de formation des ma tres Minist re de l Education Nationale Paris Charte d accompagnement des TI et T2 2002 Inspection Acad mique de la Moselle Lettre flash 20 07 2006 Garantir les droits des parents d l ves et mieux les associer la mission ducative de l Ecole Minist re de l Education Nationale Paris Lettre flash 20 12 2006 Une formation des enseignants r nov e et plus efficace Minist re de l Education Nationale Paris Note d information 2001 Devenir professeur des coles 01 46 Minist re de l Education Nationale Paris 367 Qu apprend on l cole l mentaire Qu apprend on l cole maternelle 2002 Minist re de l Education Nationale Paris CNDP XO ditions Rapport final de la commission des tats g n raux sur l ducation 1995 1996 R nover notre syst me d ducation dix chantiers prioritaires Qu bec Minist re de l Education Webgraphie Adresse URL des Bulletins Officiels de l Education Nationale www education gouv fr pid285 le bulletin offici
54. Et de quelle mani re 101 HL 2 3 L autoinformation Vers quels supports didactiques ou autres s orientent en priorit les professeurs pour enrichir leurs pratiques Que recherchent ils dans ces outils En quoi sont ils aidants Th me IV L accompagnement institutionnalis de l entr e dans le m tier de professeur des coles Il s agissait de savoir quels taient partir de ce qu ils en disaient les effets possibles de ce dispositif de formation sur le d veloppement professionnel des jeunes enseignants IV 1 Les stages destin s aux prenant fonction Y a t il eu durant les stages certains apports que le ma tre consid re comme formateurs pour sa propre pratique Quels sont les moments qui lui ont sembl utiles professionnellement En quoi cela l a t il aid enrichir l exercice de son m tier IV 2 Les visites de classe Ces rencontres duelles ont elles particip l volution des gestes professionnels de notre interlocuteur Sur quel s l ment s de sa pratique l entretien post visite a t il t formatif Qu est ce qui a selon lui permis ce mouvement Th me V La formation informelle par les exp riences de vie Nous interrogeons le sujet sur une exp rience v cue hors du champ professionnel pr sent que ce dernier consid re comme formative ou aidante dans l exercice de son m tier car nous pensons que l identification des l ments participant la construction de
55. Fr d rique afficher une plus grande assurance pour deux raisons essentielles D une part elle ressent davantage de certitudes concernant sa pratique professionnelle qui n est plus l objet d un doute permanent D autre part dans sa relation avec les parents elle assume maintenant davantage son autorit li e ses fonctions de directrice J osais pas souvent dire les choses dire l maintenant stop Alors je sais pas si c est parce que j ai pris de la maturit ou parce que je me suis rendu compte qu au bout d un moment il fallait dire les choses En tout cas j ai pris cette assurance que je n avais pas l ann e derni re Du coup a se passe tout aussi bien mais chacun s arr te au r le de l autre E13 92 Passant d un CEI CE2 des l ves de grande section et de cours pr paratoire elle vit cette seconde ann e comme une rupture Ce n est pas le m me niveau donc ce que j ai fait l ann e derni re je pouvais rien reprendre il fallait recommencer z ro Non c est pas comparable C est pas le m me public Il y a un gouffre de maturit de relation l adulte entre des enfants de sept huit ans et des enfants de cinq six ans E13 58 96 98 Cependant lorsqu elle d passe cette seule notion d ge des l ves et qu elle prend davantage en compte l exercice du m tier dans toutes ses dimensions Fr d rique per oit alors ses premi res ann es profe
56. Il est pr sent totalement responsable de la situation des l ves qui lui sont confi s de leurs apprentissages L enseignant s engage Il s implique On se dit qu on a quand m me une responsabilit par rapport l l ve que si en sixi me il r ussit pas donc a sera un petit peu de notre faute donc on a envie qu il r ussisse E3 52 Quand je me suis retrouv e face mes l ves je me suis retrouv e face eux je me suis dit maintenant pour cette ann e je suis leur ma tresse maintenant mon m tier commence deux cents pour cent c est moi de les amener le plus loin possible E5 42 Dans les stages de responsabilit c est pas tout fait pareil parce que ce sont pas vraiment nos l ves on est l pour remplacer un enseignant qui est en place 153 Et la pression n est pas la m me non plus on se dit qu on essaye de mettre quelque chose en place si a fonctionne tant mieux si a fonctionne pas c est pas trop grave on n a pas plus que trois semaines la classe Alors que quand on a la classe a y est on a quelque part aussi une pression de r ussite tout simplement on a envie de r ussir E4 36 Il appara t que la prise de fonction du professeur des coles est bien davantage que la simple prise d un poste Ainsi prendre ses fonctions ne peut pas se confondre avec entrer pour la premi re fois dans une classe Et c est pourtant
57. L entretien de formation 4 Synth se 5 Le ma tre r f rent 6 Synth se RAPPORT AU METIER DURANT LA SECONDE ANNEE D ENSEIGNEMENT I A l aube d une nouvelle rentr e 1 Dans la m me cole 2 Nomm s dans une nouvelle cole 3 De nouvelles fonctions 4 Synth se II L exercice du m tier d enseignant 1 Les satisfactions professionnelles 1 1 Les progr s des l ves 1 2 L adh sion des l ves aux activit s propos es 1 3 La relation avec les l ves 1 4 Les relations avec les pairs 1 5 Des l ments singuliers de satisfaction 2 Les difficult s rencontr es 2 1 Le temps consacr aux pr parations et aux corrections 2 2 Des lacunes disciplinaires 2 3 L enseignement de la lecture au cours pr paratoire 2 4 De l impuissance 2 5 Les relations avec certains parents 2 6 Mal l aise 3 Le rapport aux l ves 4 Le sens donn son m tier 4 1 L instruction 4 2 L ducation 4 3 La formation de la personne 5 Synth se 374 209 209 210 210 215 216 218 219 220 221 225 227 228 238 241 244 245 245 245 246 248 248 249 249 249 250 250 232 252 254 254 255 256 256 257 259 263 265 266 269 271 272 CHAPITRE 4 CHAPITRE 5 PROFESSIONNALITE ET AUTOFORMATION DURANT LA SECONDE ANNEE D ENSEIGNEMENT I Les l ments d volution identifi s 1 Jessica 1 1 Une meilleure connaissance des programmes 1 2 Des progressions plus ordonn es 1 3 Des strat gie
58. L entretien conjugue ainsi deux aspects l interrogation partir d une trame pr d finie et l coute de l autre C est bien sur ce dernier point que nous pouvons distinguer cet outil du questionnaire ce dernier n offrant pas d interaction entre le chercheur et la population enqu t e Chaque entretien constitue une nouvelle exp rience amenant d autres l ments qui vont permettre d affiner la r flexion du chercheur L entretien peut s attacher plus sp cifiquement aux repr sentations v hicul es par les personnes et aux faits v cus par les individus Dans notre recherche une partie importante du recueil des donn es l exception de ce qui est voqu par les techniques de l explicitation et qui porte sur l action en tant que telle s exprime en termes de rapport d opinions d attitudes de valeurs de repr sentations A l aide des entretiens nous tenterons de faire merger les l ments significatifs selon les personnes interrog es de leur parcours de formation consid r comme un continuum d exp riences v cues singuli res et subjectives Les propos recueillis et leur analyse visent construire une th orie plus g n rale Il appartient au sociologue de traduire perp tuellement les preuves personnelles en enjeux collectifs et de donner aux enjeux collectifs leur riche dimension humaine bid 28 L entretien permet d articuler la collecte de repr sentations
59. Le cursus universitaire 3 4 Les parcours professionnels ant rieurs 3 5 L acc s au professorat des coles 4 Les acteurs V Limites de la recherche 1 Une recherche fond e sur des discours 371 94 95 96 97 97 98 99 103 107 108 113 117 122 122 123 126 126 128 128 128 129 129 129 129 130 135 135 PARTIE II CHAPITRE 1 2 Professionnel engag et apprenti chercheur PARCOURS DE FORMATION DES MAITRES DURANT LES DEUX PREMIERES ANNEES D ENSEIGNEMENT ANALYSE DES DONNEES REFEREES AUX QUESTIONS DE RECHERCHE RAPPORT AU METIER DURANT LA PREMIERE ANNEE D ENSEIGNEMENT I Avant la premi re rentr e 1 La premi re nomination 1 1 Des nominations chelonn es dans le temps 1 2 Une polyvalence mise l preuve 1 3 Le niveau de la classe 1 4 La distance 2 Les semaines pr c dant la rentr e 2 1 Des sentiments contrast s 3 Les conditions d accueil II L exercice du m tier d enseignant 1 La prise de fonction 1 1 Des responsabilit s 2 Les satisfactions professionnelles 2 1 Le plaisir d tre enseignant 2 2 La relation affective 2 3 Un enrichissement mutuel 2 4 Les satisfactions li es leurs r les 2 4 1 Enseigner des activit s plaisantes pour les l ves 2 4 2 Instaurer une ambiance de classe agr able 2 5 Les progr s des l ves 3 Le rapport aux l ves 3 1 D agr ables surprises 3 2 Des l ves difficiles 3 3 Des facteurs internes 3 3 1 L importance d
60. Marcel 205 123 204 J ai demand une coll gue qu elle me donne toutes ses progressions pour voir comment elle avait fait Je fais pas du tout comme a quand m me mais voil c est vraiment un point de r f rence E6 126 130 D une mani re g n rale l aide p dagogique et le soutien psychologique que proposent certains enseignants aux prenant fonction constituent des l ments facilitant cette p riode difficile des d buts professionnels Ces diverses pratiques soutiennent les capacit s d ouverture de communication et d veloppent un sentiment d appartenance corporative Ce processus de formation par et avec les coll gues multiplie les appropriations amplifie les comp tences car il permet d acc der des exp riences riches d enseignement Parce qu on voit une autre mani re de faire et a nous ouvre des horizons E 102 Il faut bien reconna tre que cette formation non formalis e difficilement identifiable n est pas valoris e par l institution Elle n est d ailleurs souvent pas reconnue sa juste valeur par les acteurs eux m mes Evoquant une formation c t face par opposition la formation officielle c t pile 2005 127 J F Marcel souligne que ces strat gies de coformation se d roulent en contrebande de l institution 3 L autoinformation Durant ces derni res d cennies la culture enseignante a volu certaines
61. a pas de faute la faute on le fait expr s Il est important que l enfant ose qu il y aille qu il prenne des risques S il y a un blocage ce niveau l a peut bloquer les apprentissages totalement inconsciemment parce qu il n ose pas J essaye de partir de quelque chose dont je pense qu ils sont capables de faire pour vraiment les mettre en confiance et puis tout doucement petit pas petit pas complexifier la t che pour arriver l objectif E10 78 Et puis essayer de ne pas se f cher tout de suite d tre patient C est vrai que quand on est ma tre E la patience est mise rude preuve mais ne pas poser de regard valuateur sur le travail de l enfant lui faire comprendre qu il a le droit de se tromper E15 84 4 2 L ducation Les praticiens consid rent galement qu une de leur mission consiste pr parer les l ves vivre en collectivit A cette fin l cole doit les aider s approprier les rep res les r gles de vie n cessaires la vie en groupe En cela ils suivent Les nouveaux 269 programmes de l cole primaire qui font du Vivre ensemble un des cinq domaines d apprentissage de l cole maternelle En entrant l cole maternelle l enfant d couvre la vie en collectivit dans toute sa complexit Il apprend y trouver ses rep res et sa place Il est confront des r gles qu il faut respecter Qu apprend on l cole l mentaire
62. a ressemble ce que moi j ai envie que a devienne E7 131 e Le niveau de langue employ et la reformulation des paroles J acceptais des r ponses tronqu es je n exigeais pas de belles phrases et de temps en temps quand m me je ne reformulais pas et surtout je ne faisais pas r p ter ma propre formulation E2 193 233 Les contenus enseign s concernent la mani re dont l enseignant organise et enseigne les mati res Les conseils ont port sur e Une formulation plus pr cise des objectifs d apprentissage Je mettais souvent les objectifs il fallait les mettre sous forme de verbes c tait plus parlant j avais tendance mettre des titres E1 260 e L ajout d indications temporelles sur les progressions et les programmations Mes programmations mes progressions qui n taient pas encore tr s claires qui manquaient de pr cision dans le temps en fait donc il fallait rajouter des choses plus concr tes en num rotant les p riodes les semaines EI 256 e La mise en uvre des rituels Elle m a dit que les rituels n allaient pas et elle ma montr elle m a dit vous faites l enfant je fais la ma tresse pour me montrer r ellement comment il fallait vivre les rituels E6 208 e La diff renciation p dagogique Diff rencier peut tre pas syst matiquement toutes mes s ances mais quelques unes dans les comp tences en fait pr ciser
63. apprenants et le r le de l affectivit dans les conduites du ma tre L enseignant uvre avec des l ves qui agissent r agissent et ce parfois de mani re inattendue Dans la classe les interactions sont nombreuses et le ma tre r gule ces changes afin qu ils soient les plus constructifs possible en fonction des objectifs d apprentissage qu il a fix s pour les apprenants Ainsi M Altet 1994 consid re l enseignant comme un professionnel de l interaction ayant la fois une fonction didactique de structuration et de gestion des contenus et une fonction p dagogique de r gulation interactive des v nements dans la classe Selon cet auteur la mise en uvre des comp tences enseignantes se fait dans des situations contextualis es et particuli res La difficult de cette profession se caract rise par l impr visibilit la multiplicit des prises de d cision la simultan it des t ches 53 Dans cette situation le mod le de l enseignant rationnel qui planifie g re l avance ses actes p dagogiques est utile mais il ne peut pleinement fonctionner Les comp tences de l enseignant sont galement d ordre critique et leur apprentissage ne rel ve pas seulement de l application de r gles d action dict es par d autres Concernant la non prise en compte de l affect M Cifali souligne la n cessit de ne pas appr hender ce m tier de l humain sous le seul angle des savoirs ma triser e
64. au niveau des coll gues comme on fait pas partie r ellement de l quipe de temps en temps on oublie de nous pr venir que les enfants ne sont pas l qu on est en sortie ou alors qu on a interverti un cr neau et que du coup c est pas possible Donc on se dit qu on est la cinqui me roue de la charrette E15 42 our cette jeune praticienne comme pour la majorit de ses pairs les vrais enseignants P tte j t la majorit d les vrais t ont leur classe leurs l ves Comme l ann e derni re a m a apport beaucoup de satisfactions d avoir mes l ves ma classe et d tre une vraie ma tresse a a fait beaucoup pour moi Parce que l on peut pas mener des projets comme on fait dans une vraie classe On s est engag e dans ce m tier pas pour tre ma tre E mais pour tre enseignante part enti re E15 46 La mani re dont certains l ves la questionnent ou l appellent alimente galement ce sentiment n gatif Ainsi poste Et m me au niveau des enfants on n est pas consid r e comme une vraie ma tresse Alors j ai par exemple cette ann e une r flexion d une enfant qui ma demand si j apprenais tre ma tresse Souvent ici on m appelle par mon pr nom On dit plus souvent Aur lie que ma tresse E15 42 urant plusieurs mois il lui a t difficile d accepter les sp cificit s li es ce durant pl 11 t difficile q ter 1 fici
65. aussi des attitudes comme la croyance en l ducabilit des l ves le respect la collaboration avec les pairs l engagement professionnel La professionnalit se nourrit d l ments d ordre cognitif affectif conatif et pratique Elle se r f re continuellement aux valeurs de l individu ses repr sentations elle est intimement li e l identit professionnelle de la personne A nsi cette professionnalit ne peut tre que singuli re chaque enseignant d veloppant sa professionnalit qui ne peut tre identique celle de ses pairs 3 5 Professionnalisation professionnalit et d veloppement professionnel Le terme de d veloppement professionnel comprend comme celui de professionnalisation l id e d un processus s inscrivant dans le temps Le d veloppement professionnel porte sur les savoirs en acte mais aussi sur la construction et les remaniements identitaires de l individu Professionnalisation et d veloppement professionnel recouvrent des champs identiques qui sont des comp tences de plus en plus maf tris es et des repr sentations sur le m tier sur ses missions en constante volution 61 Comme le souligne Perrenoud si la professionnalisation se d finit en partie par des caract ristiques objectives c est aussi par une fa on de se repr senter son m tier ses responsabilit s sa formation continue Perrenoud 1993 72 De la m me mani re Blin affirme que les dimensi
66. autobiographique dans GAUTHIER C MELLOUKI M TARDIF M dir Le savoir des enseignants unit et diversit Montr al Logiques 137 168 RAYMOND D 1998 En formation l enseignement des savoirs professionnels qui ont une longue histoire communication pr sent e au symposium Savoirs professionnels mes et curriculum de formation de professionnels 6 rencontres internationales du REF R seau international de recherche en ducation et formation Toulouse REBOUL O 1988 Qu est ce qu apprendre 3 dition Paris PUF RICOEUR P 1986 Du texte l action Essais d herm neutique IT Paris Seuil ROGERS C 1968 Le d veloppement de la personne Paris Dunod ROUSSEAU J J 1762 d 1966 Emile ou de l ducation Paris Garnier Flammarion SAINT ARNAUD Y 1992 Conna tre par l action Montr al Presse de l Universit de Montr al SARTRE J P 1936 d 1988 La transcendance de l go Paris Vrin SCHNEUWLY B 1996 Introduction des nouveaux enseignants leur profession Conf rence suisse des directeurs cantonaux de l instruction publique Berne Suisse SCH N D 1994 Le praticien r flexif Montr al Logiques SCHWARTZ B 2001 La formation en alternance et les changes r ciproques de savoirs dans HEBERT SUFFRIN C dir Partager les savoirs Construire le lien R seaux d changes r ciproques de savoirs Lyon Chronique So
67. autre sens sachant que j ai deux l ves en int gration dans ma classe un h mipl gique un l ve quasiment non lecteur qui tait absolument pas autonome quelle que soit l activit de la classe E12 44 46 2 2 Des lacunes disciplinaires Si les contenus disciplinaires enseigner demeurent assez simples aux cycles 1 et 2 il n en va plus de m me dans les derni res ann es du cycle 3 o l enseignement des sciences de l histoire g ographie certaines notions de math matiques n cessitent une solide connaissance de la part des ma tres Or celle ci leur fait parfois d faut Ainsi certains praticiens d butants expriment leurs difficult s enseigner des notions pour lesquelles eux m mes ne disposent pas d une ma trise suffisante Dans les mati res o je suis pas tr s laise comme l histoire g o Est ce que j ai moi m me suffisamment de connaissances dans ces mati res l pour leur enseigner a Et des fois en classe je me demande si ce que je leur dis c est important pour eux si a leur apporte quelque chose Dans certaines mati res qui me passionnent pas vraiment je suis pas laise que ce soit pendant les pr parations ou m me pendant le cours E11 48 255 C est plus li une discipline particuli re tout ce qui est sciences j ai plus de difficult donc a me prend plus de temps Me mettre jour sur les sciences o j ai vraiment beaucoup de difficult s
68. avoir sa classe Au moment de l accueil des l ves c est vraiment concret l quand ils arrivent qu on leur parle je suis la ma tresse qu on se pr sente eux E1 58 Ma classe Ma classe Le terme ma classe J tais toujours dans les classes des autres et puis l vraiment mes l ves ma classe c est vraiment ce moment l E1 60 Quand on arrive dans sa classe quand on a une classe comme a quand on arrive dans sa classe qu on peut organiser physiquement l espace comme on en a envie quand on a les l ves qui s installent les premi res heures les premiers contacts que ce soit avec les l ves et puis les parents aussi E4 34 Pour G Ferry La prise de fonction est un acte d appropriation progressive d un statut et d un r le professionnel Ba llauqu s Breuse 1993 119 Cela signifie qu au del de ce moment premier la prise de fonction s inscrit dans la dur e et que se diff rencient progressivement statut fonction et r le Attardons nous quelques instants sur les termes de fonction et de r le 150 La fonction Le terme fonction comporte plusieurs sens En sociologie il d signe la contribution d une institution sociale au maintien du syst me duquel il est en interaction avec d autres Le Petit Robert L cole en tant qu institution a une fonction sociale et culturelle Le mot fonction peut aussi d signer une profession comme co
69. cart constat entre ce qu ils avaient planifi et le d roulement r el des s quences Je m analyse mes analyses personnelles de ma fa on de tenir une classe aussi au comportement des enfants s ils taient plus dissip s pourquoi ils m ont pas cout c est peut tre parce que j ai trop parl et qu ils n taient plus attentifs E1 122 La r flexion porte sur les trois volets du triangle p dagogique l adulte et sa mani re d enseigner le comportement des apprenants et sur la qualit des outils didactiques Je reviens par exemple sur une s ance qui n a pas march enfin pas aussi bien que je laurais souhait j essaye de savoir pourquoi alors souvent j ai trop parl ou ce moment l les l ves n taient pas assez attentifs mais pourquoi n taient ils pas attentifs peut tre que le document que je leur ai pr sent n tait pas assez clair pourquoi n tait il pas assez clair E1 124 196 Les occurrences du terme pourquoi soulignent cette n cessit qu prouve le praticien d identifier et de pouvoir s expliquer les motifs des dysfonctionnements constat s Si la d marche r flexive semble davantage mise en oeuvre quand le professeur rencontre des difficult s une ma tresse souligne galement ses r ussites p dagogiques M me quand a se passe bien je me le note ok super impeccable tel quel c est bien je me le note aussi quand c est bien
70. cas avec les expressions la mode elles ont une apparente validit de fa ade tout en pouvant tr s bien faire allusion des ph nom nes et des processus tr s diff rents dans l esprit de leurs utilisateurs Assur ment cette notion est complexe et la r duire un apprentissage isol r alis en compl te autarcie montre qu elle est m connue ou incomprise par de nombreux acteurs sociaux P Carr affirme qu un flou conceptuel semble caract riser le terme d autoformation car il renvoie la multir f rentialit de l acte ducatif et interroge plusieurs approches disciplinaires ou positionnements id ologiques 1997 6 67 L un des principaux penseurs de cette notion J Dumazedier d finit l autoformation comme un mode d autod veloppement des connaissances et des comp tences par le sujet social lui m me selon son rythme avec l aide de ressources ducatives et de m diations les plus choisies possibles 1995 256 En premi re analyse l autoformation semble se situer essentiellement par opposition avec le mod le scolaire dominant l h t roformation o les objectifs les contenus et les moyens d apprentissage sont d termin s par l enseignant ou le formateur Selon Dumazedier 1994 c est Condorcet qu il convient d attribuer l id e m me d autoformation En 1792 dans son Rapport et projet de d cret sur l organisation g n rale de l instruction publ
71. classe ou d sireux d tablir des relations collaboratives avec les partenaires selon qu il consid re l cole comme un lieu clos ou ouvert sur l ext rieur le ma tre exerce son m tier diff remment Par exemple peu d enseignants con oivent leurs r les comme dans la s rie t l vis e L instit o la dimension d acteur social est grandement privil gi e Cet aspect du m tier n appara t pas dans les premiers entretiens 151 R les li s l action p dagogique Pour certains ma tres l enseignement des diff rentes disciplines du programme scolaire s effectue de mani re fragment e sans qu il n y ait de lien recherch entre les domaines Pour d autres la n cessit de prendre en compte l l ve dans sa globalit les am ne concevoir et mettre en uvre des activit s pluridisciplinaires f d rant une partie ou l ensemble des disciplines Selon la mani re dont le professeur appr hende son enseignement il aidera plus ou moins l l ve donner du sens ce qu il fait et apprend De m me selon la mani re dont les enseignants con oivent l acte d apprendre et le r le qu ils attribuent l l ve dans le processus d apprentissage ils privil gient diff rents r les d positaire d un savoir transmettre animateur m diateur Enfin selon la mani re dont il con oit l aspect relationnel de son m tier chaque ma tre prend en compte de mani re diff rente l
72. coles 287 Ainsi lorsque les ma tres sont questionn s sur la mani re dont ils situent leur seconde ann e de pratique par rapport la premi re tous ceux qui ont t contraints de changer de niveau d enseignement ont d abord v cu cette situation comme une rupture avec leur premi re ann e un recommencement Les praticiens ont l impression d tre nouveau des d butants devant tout reconstruire comme douze mois auparavant C est bien ce sentiment qui appara t d abord dans les paroles entendues et il n est ce moment l gu re fait cho d une ventuelle continuit entre les deux ann es Puis au fil de l entretien et de leur r flexion nos interlocuteurs appr hendent une perspective plus globalisante de l exercice de leur m tier Prenant en compte d autres l ments que le seul niveau d enseignement tous ont alors le sentiment que ces deux premi res ann es de pratique s inscrivent dans une coh rence d ensemble Ce qui peut appara tre en premi re lecture comme une contradiction dans les propos C est pas comparable Oui une continuit E13 96 186 ne constitue qu une r flexion deux niveaux sur une m me r alit La seconde s rie d entretiens fait clairement appara tre une s r nit nouvelle et une confiance en soi affirm e dans la pratique du m tier d enseignant Les doutes les inqui tudes ressentis n ont pas totalement disparu mais ils sont nettement moi
73. comme nous l avons voqu la discipline et le comportement difficile de certains l ves constituent une pr occupation majeure des jeunes enseignants peu d entre eux se sont interrog s sur leur propre rapport l autorit et sur la mani re dont ils comptaient en 190 faire usage dans la conduite de la classe Les difficult s qu ils peuvent rencontrer les am nent devoir se d terminer faire un choix dans la nature des relations qu ils souhaitent tablir avec les l ves Ainsi s apercevant de l agitation constante r gnant dans sa classe H l ne prend conscience de la n cessit de cr er une relation d autorit avec les enfants Il y a des petits changements comme la fa on d tre autoritaire enfin l autorit qu on a vis vis des enfants parce qu on se rend compte qu il y a des choses qui fonctionnent pas Du coup il faut aussi nous changer il faut aussi se remettre en question pour savoir ce qu on veut r ellement et comment on veut que a change pour que eux ensuite le comprennent E6 104 108 3 4 Accepter la n gativit Conscient de sa mission d instruction le jeune ma tre s engage pleinement afin de favoriser les progr s et la r ussite scolaire de tous ses l ves Nous avons pu voir quel point leur investissement dans la fonction tait important Les t moignages ont galement mis en lumi re les satisfactions prouv es par les adultes en observant les
74. connaissances th oriques par des exemples contextualis s Nous croyons souhaitable que la formation des enseignants propose des conditions d analyse et d enrichissement des pratiques professionnelles et des situations p dagogiques dans lesquelles s articulent de mani re compl mentaire les savoirs pratiques et les ressources th oriques Par une r flexion contextualis e la logique des pratiques et celle des savoirs th oriques s clairent mutuellement et permettent ainsi aux enseignants novices de donner une intelligibilit aux situations v cues 3 3 Les contenus Le groupe de travail propose cinq axes de travail communs toutes les circonscriptions l am nagement du temps et de l espace et ses incidences p dagogiques les traces crites la coh rence et la continuit des apprentissages l apport des nouveaux programmes des projets d cole le travail en quipe p dagogique la gestion de l h t rog n it des l ves la connaissance du syst me ducatif 4 L accompagnement individuel Conform ment aux instructions nationales l inspection acad mique exige la mise en place d une ressource de proximit pour le praticien d butant des ma tres accompagnateurs ou r f rents qui permettraient l apport de r ponses imm diates ou d aide D sign par les inspecteurs oeuvrant dans les diff rentes circonscriptions ce Annex
75. contraste avec cela et pour mieux comprendre le d sappointement de cette jeune ma tresse coutons ce que dit Fr d rique propos de l exercice de son m tier 27 Certificat d Aptitude aux Fonctions d Instituteur Professeur des Ecoles Ma tre Formateur 259 Aucun jour ne se ressemble et si un jour on a envie de faire comme a eh bien on fait comme a Il y a une libert m me si on a des notions apprendre on est libre de les enseigner comme on le veut Et a c est enfin je ne sais pas s il y a un m tier o on est plus libre que celui l E13 84 Particuli rement enthousiasm e par son m tier l issue de sa premi re ann e professionnelle H l ne d chante maintenant quelque peu On est un peu stopp e dans notre envie avec ce syst me E14 20 Priv e de classe elle se sent moins utile E14 34 et ressent douloureusement le manque d changes et de relations avec les parents Pour les parents on n est personne Ils viennent tr s peu nous voir Ils vont toujours aller voir les personnes titulaires E14 36 Ainsi elle aspire fortement retrouver une classe temps plein pour sa prochaine rentr e Je me dis que l ann e prochaine a serait quand m me bien d avoir une classe E14 24 Carmen et Aur lie ont v cu des premi res semaines difficiles en raison de l image n gative v hicul e par le poste de ma tre E Je pense que les
76. copier coller mais ces savoirs nouveaux sont le r sultat d une transformation d une appropriation par les jeunes ma tres de ce qui leur est dit montr ou de ce qu ils ont observ La th orie de la vicariance Bandura 1977 souligne un processus de modelage cognitif partir de limitation d un pair condition que celle ci soit active et transformatrice Cet auteur a montr que chacun peut apprendre des autres en les coutant en les observant et en reproduisant leurs gestes professionnels pour peu qu il ne s agisse pas d une simple reproduction m canique mais bien d une appropriation personnelle Moi je pr f re qu on me donne des pistes Personnellement je n arrive pas reprendre quelque chose que quelqu un a fait Souvent on m a donn des projets je prends des id es mais j arrive pas y rentrer compl tement Mon projet Afrique il y a quinze millions de personnes qui en ont fait mais je peux pas l imprimer sur internet et basta J arrive pas Il faut que je fasse mon projet que je l crive E17 62 Nous avons galement constat que l aide des pairs d passe le seul cadre des pratiques et entra ne galement une forme de soutien psychologique bien utile dans une p riode ou certains ma tres d butants sont assez fragiles en proie aux doutes quant leur aptitude bien enseigner D veloppant des affinit s relationnelles plus affirm es avec certains 338 coll gue
77. d tre plus efficaces dans leur enseignement qui s est consid rablement enrichi Confront s certaines difficult s ils ont pris conscience de la complexit de l acte p dagogique et des l ments favorisant ou emp chant les progr s des l ves Plus ouverts dans leurs relations avec les parents acceptant de se d voiler davantage avec les enfants ils sont parvenus trouver un quilibre entre leur vie personnelle et professionnelle Essayons maintenant d identifier les sources et les ressources mobilis es susceptibles d expliquer ces volutions IT L autoconstruction professionnelle des enseignants d butants D s le premier jour de la rentr e le jeune ma tre est seul dans sa classe avec une lourde responsabilit celle de faire acqu rir tous ses l ves les comp tences inscrites dans les programmes Pris entre mille feux sollicit de toutes parts le novice doit trouver et mobiliser les ressources qui lui permettent de d passer les difficult s qu il rencontre Il essaye de r pondre ponctuellement et toujours dans l urgence aux multiples sollicitations du terrain Les entretiens men s indiquent un changement de posture du novice quelques mois apr s son entr e dans le m tier Le ma tre d laisse progressivement ses pratiques d autod fense pour mettre en uvre des gestes professionnels plus strat giques fruits d un travail personnel r fl chi et critique La pratique naissante des je
78. d voluer d apprendre au gr de l exp rience en r fl chissant sur ce qu ils voulaient faire sur ce qu ils ont r ellement fait sur ce que cela a donn Perrenoud 2001 18 Cependant il nous semble que le savoir analyser ne constitue pas une condition suffisante pour se former partir de ses exp riences La pratique r flexive est une d marche qui fait appel la conscience et la prise en charge de son d veloppement personnel par la personne elle m me Il faut se remettre en question tre motiv e et accepter les critiques J ai envie d voluer je pose des questions je demande mes coll gues E17 70 Il s agit bien aussi d une question d tat d esprit C est un rapport sa pratique et soi une posture d auto observation d autoanalyse de mise en question d exp rimentation C est un rapport r flexif ce qu on fait Ibid 43 Le professeur r flexif poss de un rapport critique sa mani re d enseigner Habit par le d sir de progresser il questionne sa pratique il se questionne parce que la r flexion est devenue une forme d identit et de satisfaction professionnelles bid 42 Il r examine les d marches p dagogiques mises en uvre tente de comprendre les motifs des checs et des r ussites rencontr s pr voit de nouvelles strat gies Nous retrouvons l en grande partie les comp tences identifi es par N Tremblay pour l exercic
79. d but de cette ann e Qu est ce que c est ce changement Sur quoi porte t il Comment l expliquez vous Proposer s il y en a de prendre un ou deux autres points qui sont investigu s sur le m me mode de questionnement Pensez vous que le fait de poss der maintenant une certaine anciennet vous aide Si oui de quelle mani re Si ce n est pas aidant quelles en sont selon vous les raisons Cette ann e avez vous re u ou demand de l aide des conseils aupr s d un ou plusieurs de vos coll gues Comment cela s est il pass En quoi cette aide vous a t elle t profitable Les l ments voqu s sont rattach s ce que la personne avait dit l an pass sur ce sujet Y a t il quelque chose qui n a pas t aidant pour vous Avez vous recours la lecture de p riodiques de revues de livres concernant votre pratique professionnelle et ou sa mise en oeuvre 119 p dagogiques internet Les stages Accompagne ment de l entr e dans le m tier Le suivi des conseillers p dagogiques Lisez vous des ouvrages de p dagogie g n rale L outil internet vous est il aidant Vous avez particip une semaine de stage dans le cadre de l accompagnement de l entr e dans le m tier Demander quelques pr cisions contextuelles lieu moment intervenants Pouvez vous faire une description rapide des contenus propos s Y a t il eu un ou plusieurs mome
80. dans le m tier peut tre utile si les diff rentes actions de formation s en r clamant cr ent les conditions qui permettent chacun de nouvelles transformations Les enseignants nous ont dit les b n fices qu ils ont pu ou su tirer de certaines de ces actions Les entretiens ont galement mis en lumi re l int r t des situations de coop ration avec les coll gues visant la fois r duire la complexit et largir le champ des possibles Cet environnement professionnel de proximit au caract re aidant appara t pour les personnes qui ont eu l occasion de l prouver particuli rement positif A la suite de B zille 2003 nous pensons qu il n y a plus lieu d opposer approches h t roformative et autofomative Selon une culture de l accompagnement du soutien qui donne un statut aux personnes accompagn es les autres participent au d veloppement professionnel des jeunes ma tres et leur propre transformation en tant qu individu 351 Si l on reprend une typologie d Ardoino 1996 26 le parcours d autoconstruction professionnelle de l enseignant d butant ressemble un cheminement personnel qu effectue le sujet pour passer de la posture d agent celle d acteur agissant partir de son intentionnalit et son initiative propres pour parvenir au statut d auteur qui voit l individu se trouver l origine de ou se reconnaissant dans les ex
81. dans une grande section de dix neuf l ves Le premier entretien montre une personne de 24 ans tr s satisfaite de son entr e dans le m tier ressentant beaucoup de plaisir enseigner Que de la satisfaction El 66 L ann e suivante se d roule dans les m mes lieux seul le niveau de classe change quelque peu puisqu il est compos de moyens grands A l issue de cette seconde ann e son enthousiasme n a pas faibli Je voulais devenir enseignante donc mon m tier c est vraiment la passion l envie de E9 60 Elle souhaite rester un certain nombre d ann es encore sur ce poste dont elle est titulaire Pour l instant les prochaines ann es vont encore se d rouler dans cette cole Tant que j ai des id es et que je suis pas encore all e au bout de ce que je voulais faire je vais rester dans ce niveau Tant que j ai des id es et de la motivation je resterai Le jour o je m ennuierai je passerai autre chose E9 172 Carmen Lorsqu elle prend ses fonctions de ma tresse d cole la rentr e 2004 2005 Carmen a cinquante ans Apr s avoir effectu un court parcours professionnel J ai t pionne surveillante d externat pendant quatre ans et puis ensuite je n ai plus travaill E2 2 elle se consacre l ducation de ses enfants C est son statut de m re de trois enfants qui lui a permis de se pr senter au concours de recrutement de professeur des coles puisqu
82. de faire l exp rience pour se former 1995 9 Pas plus que les scientifiques ou les 195 technologues les ma tres ne poss dent un acc s direct la v rit l efficacit ou la justesse de leurs actions Le danger de cette conception r side dans la croyance que l exercice d une activit professionnelle suffit assurer la comp tence de l enseignant Manuella explique ses progr s gr ce la r flexion et la pratique Au fur et mesure de l ann e on se corrige on s am liore E1 108 144 Pour J r me c est essentiellement par rapport ce que j ai pu d duire de mes pratiques pass es E4 76 Lorsque ce dernier voque l exp rience comme explication de l enrichissement de ses gestes professionnels il pr cise L exp rience c est toutes les choses les actions qu on a men es et surtout la relecture qu on a pu avoir de ces actions ce qui a fonctionn ce qui n a pas fonctionn A mon avis c est a l exp rience F4 143 1 1 Une r flexion a posteriori Les propos recueillis montrent que certains ma tres ne s arr tent pas l imm diatet des actes p dagogiques Plus tard lorsque la classe est finie ils reviennent en pens e sur les activit s mises en uvre avec les l ves surtout lorsque celles ci n ont pas fonctionn comme ils l escomptaient Ils tentent alors d identifier les raisons susceptibles d expliquer l
83. de mani re plus forte encore pour les personnes qui ont des charges familiales Pour Manuella la difficult c est de g rer a c est de donner encore du temps mon ami mon fils j ai un fils de quatre ans de leur donner du temps encore de continuer mes activit s sportives et de mon fils des associations j ai du mal entre tout a toutes mes 173 activit s ext rieures l cole je les ai mises entre parenth ses et a me co tait El 104 Cette situation est aussi voqu e par Fr d rique Je commen ais le soir sept heures et demie parce que j ai une petite fille de quatre ans donc je peux pas faire autrement je peux pas la mettre de c t puis j allais me coucher il tait minuit une heure je me levais le matin j ai dit stop on l ve le pied A la maison on me faisait bien comprendre on l ve un peu le pied maintenant nous on existe aussi donc ils m ont forc e aussi m organiser autrement parce que sinon ES 74 80 4 6 Des relations conflictuelles ou inexistantes avec certains parents L instruction et l ducation des enfants se r alisent par la combinaison d un processus informel relevant du r le ducatif de la famille et d un processus formel li leur scolarisation Une tude Dubet 1997 a montr l existence d un malentendu entre les principaux acteurs de l ducation que sont les parents et les enseignants Certains praticien
84. de l apprentissage Seule une petite partie de ces informations prend ses racines dans la pratique professionnelle effective concr te et ce l occasion des stages effectu s dans les coles Si depuis la rentr e scolaire 2006 07 le temps d apprentissage pass sur le terrain a augment puisque les personnes en seconde ann e de formation initiale enseignent dor navant une journ e hebdomadaire en responsabilit dans une classe il n en demeure pas moins que l essentiel des comp tences professionnelles se construisent sous l influence de forces exog nes au sujet lesquelles proviennent essentiellement des professeurs de l Institut et des formateurs de terrain Or comme le montre S Alava 1995 le passage de la formation institu e l entr e dans le m tier marque une rupture en termes de prise et de traitement d informations car si les ann es pass es l IUFM encouragent et d veloppent des informations professionnelles appr hend es principalement sur le mode de la transmission de connaissances la pratique concr te la confrontation avec le r el qui caract risent l entr e dans le m tier d enseignant modifient la situation Les informations professionnelles sont alors 78 principalement celles que le d butant extrait des situations qu il vit et d couvre dans son tablissement d exercice et elles sont indissociables des significations qu il leur donne Le nouveau venu est au charbon inla
85. de ne pouvoir y faire face et parfois d sesp r s l id e de se trouver dans une voie qui leur semble sans issue 3 3 Des facteurs internes Concernant leurs difficult s les enseignants proposent deux modes d explication Une voie endog ne dans laquelle ils s attribuent une part de responsabilit par rapport la situation v cue Je n attends pas assez longtemps pour qu il y ait un calme je ne suis pas assez rigoureuse je ne suis pas assez exigeante E2 54 Nous pouvons remarquer chez certains d butants la tentation de se placer au niveau de l autorit sur le m me plan que celui de leurs l ves Cette d marche se r v le souvent d sastreuse pour le ma tre qui rencontre ensuite les pires tourments pour r tablir une relation d autorit normale avec les l ves Quelque part je me dis que j ai rat le coche et on nous le disait l IUFM soyez quitte tre vraiment tr s dure tr s tr s trop peut tre exigeante d s le d part et l cher un petit peu de lest et non je n ai pas su le faire E2 58 3 3 1 L importance des premiers moments Il semble que les premiers jours de l ann e scolaire rev tent une importance consid rable dans la construction de la relation ducative Nault 1999 152 cite une tude relativement ancienne montrant que le d but de l ann e scolaire constitue un moment nodal pour l laboration des r gles de vie collective L auteur pour
86. de viser une auto adaptation du sujet aux volutions de l emploi Ce courant s inscrit dans une perspective d individualisation de la formation L autoformation d signe ici un dispositif individualis que le formateur aura con u dans lequel le form est amen acqu rir seul des connaissances Cette formation se veut enti rement centr e sur l apprenant Selon G Pineau ce courant se focalise sur les moyens p dagogiques au d triment d une r flexion axiologique sur la formation du sujet L auteur affirme galement que dans ce type de formation individualis e c est essentiellement la forme qui volue alors que le fond reste le m me Pineau cit par Carr 1992 66 75 N Tremblay a identifi des comp tences nouvelles n cessaires l exercice de l autoformation et pour lesquelles aucune pr paration acad mique n existe actuellement 1995 35 Les individus doivent pouvoir Tol rer l incertitude l autoformant doit accepter de s aventurer dans des chemins non balis s incertains en tant attentif son environnement afin qu il progresse partir d intentions qui s organisent et se red finissent mesure qu volue son projet bid 157 Toute situation comporte une part d al as o peut s immiscer l autoformation B Schwartz voque une p dagogie du dysfonctionnement 2001 184 Collaborer de mani re intentionnelle et intense l
87. derni re en me disant si c est l image qu on a de moi J tais pas fi re E10 142 En revanche lorsque le discours de l inspecteur est ressenti positivement que l valuation men e par le repr sentant institutionnel satisfait les ma tres ces derniers ont alors le sentiment de franchir un palier et d acc der d une certaine fa on la cour des grands Cette reconnaissance de leurs comp tences professionnelles accro t la s r nit des jeunes professeurs qui ont le sentiment d avoir r ussi l preuve Cette r ussite leur procure une plus grande assurance en leurs capacit s Mais a fait du bien quand m me de s entendre dire oui la relation l l ve est tr s bonne les activit s sont pertinentes On se dit bon ben voil je suis dans le vrai C est rassurant E10 144 Cette visite m a maintenant rassur e et je suis plus sereine E11 170 309 On se sent mieux dans notre peau Je me sens mieux dans ma peau maintenant Je continue faire les choses comme je les faisais avant l inspection mais je suis rassur e c est dire que je pense que ce que je fais c est utile E15 176 Nous pouvons penser que cette certification institutionnelle participe au d veloppement professionnel des ma tres car elle entra ne chez ces personnes une nouvelle impulsion un suppl ment d nergie qui leur donnent l envie et la volont de poursuivre leur dynamique d v
88. des liens entre pratiques d enseignement et acquis des l ves au CP Le cas de l exp rimentation CP effectif r duit Rapport pour le MEN Direction de l Evaluation et de la Prospective 209 du cours pr paratoire et du cours l mentaire 1 investissent le stage cycle 2 et les autres participent au stage cycle 3 En revanche la seconde session regroupe les enseignants par circonscription et m le des praticiens des trois cycles Nous verrons plus loin que cette situation n est pas sans cons quence pour les stagiaires Concernant le contenu des formations les lectures que nous avons pu faire de nombreuses grilles de stage montre que chaque quipe de circonscription organise cette action de formation selon ses priorit s et les comp tences des formateurs disponibles Un conseiller p dagogique sensibilis la litt rature de jeunesse proposera d utiliser une ou deux journ es de stage pour intervenir sur ce domaine un autre entra n par ses tudes universitaires travaillera avec les novices sur leur rapport au m tier et la mani re dont ils le vivent etc Ainsi la plupart des stages destin s l accompagnement de l entr e dans le m tier proposent des contenus qui sont assez loign s des cinq axes prioritaires d finis par le groupe de travail d partemental L analyse des discours montre que les jeunes enseignants sont majoritairement satisfaits des actions collectives de formation
89. elle attribue son nouvel tat d esprit non pas l exp rience acquise mais au fonctionnement de son poste qui la d gage de certaines contraintes li es la responsabilit et l organisation d une classe Je stresse moins beaucoup moins que l ann e derni re L je me dis que tout ce que j apporte aux gamins c est du plus Je ne sens pas cette pression de terminer un programme d emmener les enfants l Je suis beaucoup plus sereine cette ann e E10 92 94 Sur un plan purement p dagogique et ne disposant pas selon elle d l ments tangibles de comparaison entre ses deux premi res ann es d enseignement en raison de la modification des conditions d exercice Carmen nous dit son incertitude quant une possible volution ou une plus grande efficacit de ses gestes professionnels Moi j ai l impression que je m en sors mieux comme a Mais comme ma situation a chang est ce que j ai vraiment volu dans ma fa on de faire L j arrive pas vous r pondre Je sais pas E10 96 Ce changement de poste qu elle a v cu comme une rupture dans sa mani re d enseigner s inscrit n anmoins pour cette ma tresse dans un cycle professionnel plus global et unitaire Entre les deux ann es c est pas un m tier diff rent le terme est trop fort mais ce sont des conditions d exercice totalement diff rentes donc il y a une rupture Mais globalement je le vis plus com
90. en 87 valuer les r sultats Cependant cet apprentissage n cessite quelques attitudes sp cifiques de la part du novice telles que accepter de commettre des erreurs les utiliser comme outils d apprentissage prendre des risques g rer des incertitudes Les liens troits tiss s entre la pratique et l exp rience nous am nent parfois les confondre Pourtant selon Bonvalot 1995 ces deux termes ne sont pas synonymes car si la pratique construit l exp rience on ne saurait conclure que cette derni re n offre qu un savoir pratique Pour lui si l exp rience donne acc s une pratique elle permet aussi d acc der un savoir d s que le sujet r fl chit aux raisons pour lesquelles les choses se passent de telle ou telle mani re au cours de l exp rience et cherche tablir des r gles et des principes qui serviront de guide son comportement ult rieur bid 323 3 2 3 Les limites de l apprentissage exp rientiel L exp rience professionnelle est donc en relation troite avec une pratique qu elle peut conduire interroger questionner Cependant ce qu elle permet d apprendre comporte les limites inh rentes la fa on dont elle est circonscrite Si la relation entre la pratique et l exp rience s effectue sur un mode trop troit presque fusionnel l enseignant risque selon B Courtois un enlisement technico p dagogique rapide 1989 8 Chacun peut s
91. enrichissement professionnel se manifeste galement par un mouvement de d centration dans la mise en uvre des contenus d enseignement mouvement qui avait l aussi d j commenc au courant de l ann e initiale Lors de ses premiers pas professionnels le praticien d butant guide son action en se r f rant essentiellement aux deux l ments du triangle p dagogique que constituent le savoir enseigner et l enseignant Responsables de l avanc e des apprentissages les ma tres ressentent assez fortement la pression des programmes scolaires et tous se fixent comme objectif de terminer le programme Au d part on est dans notre fiche de pr p qu on a pr par e avec beaucoup de soin on veut pas trop en sortir On se rend compte que quand on en sort a nous perturbe On est vraiment beaucoup sur ce qu on a pr par sur les programmes E19 40 42 Ainsi le rythme d apprentissage impos aux apprenants s av re bien souvent trop rapide ce qui a pour cons quence de mettre en difficult un certain nombre d entre eux les plus fragiles pour qui le temps d tude et de structuration des notions s av re trop bref pour qu ils puissent se les approprier pleinement De plus dans les situations d enseignement qu ils mettent en uvre les ma tres novices occupent souvent la place de l acteur principal Au d but on veut plus cadrer les choses On a peur de ne pas avoir tout pr vu E19 4
92. ensemble de propositions facilitant les d buts car la prise de fonction reste un acte individuel et en cela unique Louvet 1992 40 41 Cette question relative au d but de carri re et l insertion professionnelle des enseignants est maintenant pos e aux Etats Unis en Europe et au Qu bec o elle int resse les chercheurs et les praticiens du monde de l ducation et de la formation Elle est essentiellement appr hend e selon trois pistes principales les difficult s rencontr es par les enseignants d butants le d veloppement professionnel des ma tres entendu comme une succession d tapes ou de stades et enfin les proc dures d accompagnement et de soutien mises en uvre pour les professeurs novices Attardons nous d abord quelque peu sur cette notion d insertion professionnelle 1 L insertion professionnelle La plupart des chercheurs consid rent l insertion professionnelle comme une tape transitoire entre les formations initiale et continue Zeichner et Gore 1990 Desgagn 1995 Apr s avoir suivi une formation de base lui apportant les savoirs et les comp tences pour agir en totale responsabilit le jeune ma tre se voit confier la gestion d une classe L insertion professionnelle repr sente ce moment o l individu change de r les D tudiant il devient enseignant C est galement une p riode o il d veloppe des savoir faire dont il a besoin en d but de carri re et o
93. est a E16 160 308 Nous avons dit pr c demment que l inspection mettait un terme au processus d accompagnement de l entr e dans le m tier D une certaine fa on cette visite hautement symbolique appara t comme une sorte de rite initiatique une preuve qui l ve les enseignants novices au m me rang que leurs pairs plus exp riment s D un point de vue p dagogique la plupart des professeurs nous disent que l effet formatif de l inspection leur semble faible Nous savons bien qu il est particuli rement difficile de concilier en une m me action logique formative et valuative L octroi d une note chiffr e et d un niveau global de comp tences amplifie le sentiment d tre jug et la relation fortement asym trique qui se joue ce moment l n offre gu re les conditions d un dialogue authentique et constructif Il y avait des raisons que je n ai pas exprim es le jour de l inspection E11 180 N anmoins les entretiens mettent en lumi re l impact psychologique de l inspection Quand elle ne se d roule pas de mani re satisfaisante pour le praticien celui ci s en trouve profond ment affect La visite de l inspectrice l ann e derni re je l ai tr s tr s mal v cue a a t catastrophique Je pense qu elle a vu le pire de ce que je pouvais lui montrer au niveau gestion de la classe J tais pas contente de moi du tout Je suis rest e sur ma faim l ann e
94. et par la hi rarchie scolaire Leur r le consiste fournir aux nouveaux venus l aide dont ils ont besoin pour les pauler dans leurs nouvelles fonctions Ces praticiens exp riment s offrent aux jeunes professionnels un soutien caract re psychologique ainsi qu une aide p dagogique et didactique en prodiguant des conseils des suggestions Cet accompagnement permet galement l appropriation progressive des r gles de fonctionnement de l cole qui sont le plus souvent implicites et de la culture de l tablissement en facilitant les relations avec les autres coll gues et la direction 4 1 1 Deux mod les de tutorat Le tutorat peut tre d fini comme une relation entre deux personnes un professionnel exp riment et un novice dans une situation de formation M Paul 2002 47 48 propose deux types de tutorat Le mod le traditionnel repose sur une logique de transmission des savoirs dans le cadre d une p dagogie du mod le Ce processus d apprentissage fond essentiellement sur l imitation peut engendrer un risque de mim tisme et de d personnalisation car la part restant au nouvel enseignant pour s autoformer demeure extr mement t nue Une telle d marche peut conduire perp tuer le conformisme emp cher la cr ativit car l influence ducative du ma tre est si forte si puissante que l apprenti ne peut en r chapper Dans ce mod le deux aides sp cifiques sont identifi es un soutien psych
95. et l art de dire 1995 34 N de la distanciation critique du sujet l gard de son exp rience cet espace symbolique entra ne un processus de formalisation de l action et des actes v cus 4 Synth se Investi des r f rences th oriques et des tudes pr sent es dans les chapitres pr c dents nous avons labor une probl matique constituant un cadre de compr hension possible du 90 parcours de formation et de la gen se identitaire des professeurs des coles d butants Parler de formation professionnelle revient immanquablement aborder aussi la construction la formation d une identit Deux questions nodales ont ainsi guid notre r flexion Qu est ce que l exp rience de l entr e dans le m tier pour les ma tres d cole Comment ces derniers construisent ils consolident ils et enrichissent ils leur professionnalit durant les deux premi res ann es d enseignement Le d veloppement professionnel des enseignants d butants est l ensemble des transformations individuelles et collectives de comp tences et de composantes identitaires mobilis es ou susceptibles d tre mobilis es dans des situations professionnelles Blin 1997 211 Nous souhaitons identifier les sources et les ressources utilis es par les personnes pour initier et alimenter cette dynamique volutive Il nous a sembl heuristique d tudier le d veloppement professionnel en nous aidant du conce
96. exigence il semble int ressant de prendre appui sur le savoir enseignant pour tenter ensuite de l clairer par des apports th oriques qui leur tour enrichissent la pratique professionnelle des ma tres Nous passons ainsi d un mod le dialectique th orie pratique qui montre ses limites un processus ternaire pratique th orie pratique qui permet aux praticiens d laborer les comp tences de l enseignant professionnel Comme le souligne Mottet pour lire interpr ter et valuer une pratique il est n cessaire de mobiliser des savoirs et de disposer de repr sentations de r f rence auxquelles les donn es observ es sont compar es mais ce d tour s inscrit dans la perspective d un r investissement pratique 1992 94 Dans cette optique la classe n est plus un espace d application d apprentissages r alis s en formation mais constitue un lieu dans lequel se construisent des savoirs pratiques qui font l objet d une explicitation et d une r flexion lesquelles entra nent le praticien porter un autre regard sur ses gestes professionnels Cette d marche utilise la th orie comme un outil m diateur qui favorise le passage d une pratique initiale brute vers une pratique davantage comprise et mieux ma tris e par le d butant L analyse de pratiques est une d marche qui ne vise pas prioritairement l acquisition par le novice de savoir faire mais elle cherche analyser les actes du
97. exp rience qui vous appara t comme aidante pour votre pratique professionnelle D crire cette situation Qu est ce qui vous aide l Pour les personnes ayant exerc une activit professionnelle ant rieure nous leur demanderons si cette exp rience les aide dans l exercice de leur m tier pr sent 106 2 3 Une d marche inspir e de l entretien d explicitation Les entretiens cherchent faire merger des l ments de compr hension sur ce qu est l entr e dans le m tier de professeur des coles et sur le processus d autoconstruction professionnelle des ma tres d butants D s l esquisse de cette recherche et tout particuli rement dans cette phase de recueil des donn es nous souhaitions d passer le stade des discours sur des opinions toutes faites pour approcher le plus pr s possible l exp rience originelle des ma tres Notre but tait d aller le plus souvent possible vers l lucidation de ce qui s est jou pour notre interlocuteur ce moment l de ce qui est voqu durant l entretien Nous tions attentif ce que notre questionnement atteigne des faits singuliers et n entra ne pas des propos g n raux sur le th me abord Nous souhaitions vraiment parvenir ce que notre interlocuteur quitte le registre des rationalisations ou des justifications pour d crire un moment singulier dans un contexte bien sp cifi Les techniques de l entretien d explicitation sem
98. facto un tuteur remarquable car ses comp tences se situent dans la classe dans les situations p dagogiques qu il met en uvre Les savoirs requis dans la fonction de tutorat se d placent sur un autre plan ils d passent le cadre de l expertise professionnelle enseignante Houde 1995 d termine trois ensembles de fonctions qu un tuteur peut jouer des fonctions sociales qui permettent au d butant d tre accueilli guid et int gr dans son nouveau milieu professionnel des fonctions li es la pratique professionnelle Il s agit ici de conseiller d entra ner de critiquer afin de consolider une pratique p dagogique naissante des fonctions personnelles de soutien et de mise en confiance du nouvel enseignant 4 2 L criture professionnelle A l issue de sa premi re ann e d enseignement il est demand chaque enseignant de r diger un bilan de son exp rience sur le terrain Ce document crit fait ensuite l objet d une discussion avec l inspecteur de circonscription L objectif de cet crit qui ne doit pas d passer six pages est l auto analyse par le jeune ma tre de son action ducative et de 32 ses pratiques d enseignement A cette fin il lui est propos un guide d criture comportant sept axes le contexte local situer l environnement de l tablissement les caract ristiques de l quipe p dagogique et de la classe les projets les grandes lignes du
99. formation exp rientielle Education Permanente 100 101 97 107 365 PAQUAY L 1994 Vers un r f rentiel des comp tences professionnelles de l enseignant Recherche et Formation 15 7 38 PASTRE P 1999 La conceptualisation dans l action bilan et nouvelles perspectives Education Permanente 139 13 35 PASTRE P 2002 L analyse du travail en didactique professionnelle Revue Fran aise de P dagogie 138 9 17 PAUL M 2002 L accompagnement une n buleuse Education Permanente 153 2002 4 43 56 PERRENOUD P 1994 Former les enseignants primaires dans le cadre des sciences de l ducation le projet genevois Recherche et Formation 16 PINEAU G 1985 L autoformation dans le cours de la vie entre l h t ro et l coformation Education Permanente 78 79 25 39 PINEAU G 1989 La formation exp rientielle en auto co et co formation Education Permanente 100 101 23 30 PINEAU G 1995 Les chantiers de l autoformation dans Les cahiers d tudes du CUEEP Lille 32 33 PINEAU G 2006 Moments de formation de l autos et ouvertures transdisciplinaires Education Permanente 168 5 18 ROBERGE M 2002 A propos du m tier d accompagnateur et de l accompagnement dans diff rents m tiers Education Permanente 153 101 108 TREMBLAY N BALLEUX A 1995 La galaxie auto dans l univers de l a
100. g n ralement par les professeurs d butants Concernant cet accompagnement professionnel trois principes p dagogiques essentiels ont t relev s Barrette 2000 19 enseignant se situe au centre de son apprentissage il joue un r le actif dans la formation qu il vit int gration au milieu professionnel par l engagement personnel Le novice doit s impliquer dans la vie de l cole en menant des projets des activit s scolaires et extra scolaires afin de s int grer progressivement dans son nouvel environnement _ l insertion professionnelle doit tre men e l aide de pairs Il semble que des travaux de groupe entre coll gues et un encadrement professionnel dirig par un enseignant exp riment offrent des conditions propices une entr e dans le m tier r ussie En France depuis 1991 et la mise en place des IUFM les futurs enseignants sont recrut s partir de la licence ou d un dipl me quivalent La premi re ann e de formation qui n est suivie que par une partie des tudiants pr pare essentiellement ces derniers au concours de recrutement des professeurs La seconde ann e obligatoire pour les tudiants admis rel ve davantage d une formation professionnelle initiale articulant cours th oriques analyses de pratiques stages d observation et en responsabilit Au cours et l issue de cette seconde ann e les stagiaires sont valu s Dans l immense majorit
101. il int riorise la culture de ses pairs Nault 1993 La dur e de cette tape est variable de quelques mois plusieurs ann es Elle diff re en fonction de plusieurs facteurs propres l individu comme sa personnalit son ge ses exp riences ant rieures Elle varie aussi selon les caract ristiques de l tablissement du poste occup etc Pour S Baillauqu s l insertion professionnelle se termine quand l enseignant ma trise a minima sa pratique 1993 146 Ce processus est toujours per u dans une perspective diachronique L individu se trouve ce moment l en situation d apprentissage L volution est progressive singuli re et concerne aussi bien le champ cognitif qu affectif L insertion professionnelle constitue un processus de maturit professionnelle progressif et personnalis Nault 1993 112 2 Les difficult s Les ann es initiales sont souvent d peintes comme une p riode particuli rement difficile pour les professeurs d butants jalonn e de nombreux cueils et d importantes difficult s auxquels le novice doit faire face Huberman 1989 Vonk 1989 Si les lignes qui suivent t moignent des difficult s voire des crises que peuvent endurer les professeurs novices nous devons aussi affirmer que bien des enseignants d butent sans probl me Cette crise des d buts n est pas g n rale mais assez fr quente Si elle ne touche pas l ensemble des nouveaux professeurs e
102. ils seront pas tous de bons l ves mais il faut quand m me que eux soient pr par s leur vie savoir ce qu ils veulent faire E11 72 74 Avec le m me objectif J r me cherche d velopper l autonomie des apprenants A la diff rence de ce qu il a voqu auparavant il ne vise plus seulement une autonomie de type occupationnel caract ris e par les situations de classe o les l ves sont capables de travailler pendant une certaine dur e dans le calme et sans r clamer l aide de l enseignant L il s agit pour J r me de permettre aux l ves d acc der une autonomie de pens e par le d veloppement de leur esprit critique afin de les outiller pour affronter la vie Ce qui me para t vraiment important c est d essayer de transmettre l autonomie aux l ves Toute notre soci t donne de plus en plus de place par rapport au choix de consommateur que l on doit tre L autonomie c est savoir faire ses propres choix sans que quelqu un d autre nous dicte sans arr t ce que l on a faire et donc aussi avoir un sens critique par rapport ce qu on fait Etre autonome c est aussi savoir ce qu on fait Je pense que dans la soci t dans laquelle on est je pense que c est une valeur qu il faut essayer de d velopper Plus que la connaissance pure le fait d avoir du recul et savoir ce qu on fait On 271 peut pas tre autonome si on n a pas d esprit critique si on se
103. instaurer 250 un climat de classe propice aux apprentissages Exercer le m tier de professeur des coles requiert de l individu qu il puisse tablir des relations sereines et satisfaisantes avec un public aux attitudes aux comportements au langage parfois diff rents des siens Jessica appr cie la relation ducative qu elle a su construire avec les l ves empreinte de respect E11 28 dans laquelle chacun des acteurs joue le r le qui doit tre le sien Jai pas l impression qu il y a une ambigu t dans cette relation J ai vraiment l impression d avoir une place d enseignante et eux d l ves C est surtout ce respect qui est important pour moi E11 32 Cette ambigu t qu voque l instant la jeune ma tresse a galement t lev e par Carmen pour qui le travail p dagogique r alis cette ann e avec des l ves appartenant diff rentes classes de l cole l mentaire et non plus avec des bambins de l cole maternelle lui a permis de pr ciser le type de relations qu elle souhaite entretenir avec les l ves Je suis plus la ma tresse Ma position est plus claire cette ann e pour moi De moi moi avec moi m me Oui ma position est plus claire Je suis enseignante point E10 66 D tach e d une emprise affective qui pouvait l envahir elle appr cie de pouvoir consid rer les l ves comme des sujets apprenants Justement ce c t affe
104. insuffisances professionnelles 226 C est le m me conseiller p dagogique qui m a suivie sur liste compl mentaire et qui me suit maintenant Alors quand il venait me voir sur liste compl mentaire je me disais j ai pas suivi de formation l IUFM j tais aide duc quatre ans ok a vaut ce que a vaut niveau relationnel c tait hyper enrichissant mais bon je fais ce que je peux ES 164 Maintenant forte de ses exp riences pr c dentes et de sa formation initiale elle estime ne plus pouvoir se permettre certaines erreurs Le niveau d exigences revu la hausse par elle m me et par le formateur augmente la pression qui s exerce sur elle lors des visites Maintenant je me dis t tais sur le terrain on t a d j donn des conseils tu as fait ta deuxi me ann e d IUFM on t en a donn d autres maintenant t as droit des erreurs mais t as pas le droit de faire la grosse erreur Avant j avais le droit l erreur maintenant peut tre aussi mais beaucoup moins ES 164 3 2 Des objectifs sp cifiques Michel Mante 1998 89 relate trois objectifs possibles dans le cadre de l observation d une s quence d enseignement observer pour valuer et porter un jugement de valeur observer pour valuer afin de prendre une d cision Par exemple d cider que la personne observ e doit travailler tel ou tel point observer pour analyser la s quence Malgr l
105. int grer un R seau Ambition R ussite o elle enseigne conjointement l l mentaire et au coll ge 4 R seau d Aide Sp cialis e l Enfance en Difficult 1 Certificat d Aptitude Professionnel pour les Aides Sp cialis es les enseignements adapt s et la scolarisation des l ves en situation de Handicap 132 J r me J r me est le seul homme de notre chantillon Avant d enseigner il a notamment t moniteur de colonie de vacances directeur de camp et chef scout de France A 24 ans il pr sente un parcours assez proche de Jessica Titulaire d une licence pluridisciplinaire plac galement sur la liste compl mentaire il enseigne plusieurs mois l cole l mentaire avant d entrer en seconde ann e l IUFM la rentr e 2004 05 il h rite d un CE2 dans une cole treize classes situ e en ZEP On a un quartier social d favoris on a galement une population des gens du voyage des gitans qui fr quentent l cole donc leurs habitudes de vie ne sont pas en ad quation avec le syst me ducatif donc savoir ils ont quand m me une ducation tr s tr s libre ils voyagent souvent donc il y a un taux d absent isme assez fort et tant donn que l cole maternelle n est pas obligatoire on a pas mal de jeunes l ves qui arrivent au CP qui n ont pas fr quent l cole maternelle pour certains qui ne parlent absolument pas le fran ais parce qu ils parlent que l
106. interroger sur la qualit des apprentissages r alis s sur le tas Ils ne sont pas suffisants pour mettre en uvre une p dagogie facilitant les acquisitions pour tous les l ves P Perrenoud 1994 140 affirme que les adaptations sauvages permettent aux nouveaux ma tres de survivre mais elles se r v lent peu efficaces dans l organisation p dagogique de la classe et la gestion des l ves en difficult s Il soutient que l exp rience entra ne une meilleure efficacit professionnelle si le praticien est capable d analyser sa pratique de comprendre les raisons de ses r ussites de ses checs afin de pouvoir y rem dier S Ba llauqu s se demande elle aussi si l on peut qualifier de formation une action de simple adaptation l emploi En prise avec la complexit de la r alit qu ils 88 d couvrent les d butants entament un processus de formation ancr dans le contexte imm diat de la classe L auteur qualifie ces apprentissages de minimum de la ma trise professionnelle constitu d empl tres p dagogiques 1993 53 et Huberman 1989 montre que certaines difficult s premi res que les enseignants rencontrent dans cette phase initiale de l insertion professionnelle ne sont pas d pass es ult rieurement par un certain nombre d entre eux Nous pouvons donc dire avec P Dominic que le savoir issu de l exp rience est plus solide plus pr cis mais aussi plus rigide
107. intrins quement formatif du travail quotidien S il n existe aucun doute sur les possibles effets formateurs de la pratique il n en demeure pas moins qu un v cu une simple saisie de l exp rience ne sont pas suffisants pour entra ner un apprentissage une plus grande pertinence et une meilleure efficacit p dagogique Il y a l un vrai danger nous semble t il croire ou laisser croire que le simple exercice de l activit enseignante suffit assurer l acquisition des comp tences Dans le m me temps puisqu il appara t que l apprentissage exp rientiel constitue un processus essentiel d apprentissage du m tier pour les praticiens d butants et que de ce fait une part tr s importante du d veloppement professionnel revient aux individus eux m mes il nous faut poser la question du passage de la transition entre la pratique 331 quotidienne et l exp rience f conde Comment ces pratiques non institu es de formation peuvent elles produire de la formation Il existe aujourd hui une certaine convergence d opinions pour affirmer que l autonomie la responsabilit et la construction de l expertise ne vont pas sans une forte capacit de l individu r fl chir dans et sur l action professionnelle Pour un certain nombre de sp cialistes Altet 1996 Perrenoud 2001 cette capacit est au c ur du d veloppement permanent C est une des raisons pour lesquelles la figure du praticien r flexi
108. l agent l acteur l auteur dans FELDMAN J FILLOUX J C LECUYER B P SELZ M VICENTE M dir Ethique pist mologie et sciences de l homme Paris L Harmattan BACHELARD G 1938 La formation de l esprit scientifique Contribution une psychanalyse de la connaissance objective Paris Vrin BAILLAUQUES S 1990 La formation psychologique des enseignants Paris PUF BAILLAUQUES S 1999 Ce que l entr e dans la carri re r v le du rapport des enseignants la formation l ments d une probl matique de professionnalisation dans HETU J C LAVOIE M BAILLAUQUES S dir Jeunes enseignants et insertion professionnelle Un processus de socialisation De professionnalisation De transformation Paris Bruxelles De Boeck Universit 21 42 BAILLAUQUES S BREUSE E 1993 La premi re classe Paris ESF BANDURA A 1977 Social learning theory Englewoods Cliffs NJ Prenctice Hall 353 BARDIN L 1977 L analyse de contenu Paris PUF BARRETTE N 2000 Ressources voqu es par l enseignant d butant de l ordre primaire pour g rer ses incidents critiques Th se de doctorat en sciences de l ducation Facult des sciences de l ducation Universit de Montr al BEZILLE H 2003 L autodidacte entre pratiques et repr sentations sociales Paris L Harmattan BLANCHET A GHIGLIONE R MASSONAT J TROGNON A dir 1987 Les te
109. l exercice d un art sa technique s apprend l aide d une formation continue et toff e le groupe qui met en uvre cette activit est auto organis par ses membres l activit est de nature altruiste par le service rendu la soci t 39 Cette logique fonctionnaliste du concept de profession est critiqu e par le courant des sociologues interactionnistes pour qui ce n est ni le haut niveau de savoir ni l altruisme qui l vent une activit au rang de profession mais la capacit des membres se voir reconna tre une comp tence utile l ensemble de la soci t Pour les interactionnistes une profession est simplement une activit que la soci t reconna t comme telle ces activit s qui ont eu assez de chances dans le monde de la politique de l emploi d aujourd hui pour obtenir et maintenir la possession de ce titre honorifique Becker 1962 cit par Dubar 2000 32 Dans cette perspective une profession n a d int r t que pour d fendre les avantages ou les revendications de ses membres En signifiant son importance la soci t la profession justifie sa logique de fonctionnement la vis e de professionnalisation est suspecte d un d ficit d mocratique masquant des int r ts sociaux et corporatistes derri re une id ologie de l int r t g n ral et du bien commun Lang 1999 13 Aujourd hui dans son acception courante le professionnel est consid
110. l ve son v cu personnel Des relations diverses s tablissent selon que le ma tre se trouve dans une logique civique assez impersonnelle ou dans une logique domestique ou la communaut est privil gi e Derouet 1992 Chacun envisage ses r les d enseignant de mani re singuli re Le t moignage d une enseignante montre que son installation dans le r le s est effectu e travers des moments sp cifiques chelonn s durant l ann e scolaire comme l appel des l ves le premier jour le courrier professionnel nominatif l encadrement d une sortie ducative C est peut tre lors de l appel quand j ai vraiment fait connaissance avec mes l ves Peut tre aussi plus tard dans l ann e quand j ai eu du courrier mon nom ou quand on a fait une sortie en octobre et que j tais la ma tresse donc l adulte r f rent pour les autres adultes qui encadraient la sortie E7 34 Cette question de l appropriation de son r le se pose de mani re pr gnante pour les d butants qui nomm s sur des postes de rempla ants entrent en fonction comme leurs coll gues mais n ont pas l impression de prendre leur fonction en raison de la multitude de remplacements qu ils ont effectuer durant leur premi re ann e scolaire Le tourisme p dagogique auquel leur fonction les contraint les emp che de s approprier ce r le Ils ne se sentent pas enseignants comme leurs pairs non itin rants 152
111. la formation par les choses par l environnement 3 1 La formation exp rientielle 3 1 1 La notion d exp rience 3 2 L apprentissage exp rientiel 370 38 38 39 40 41 42 42 45 45 55 57 57 58 39 62 63 64 65 66 66 68 70 71 72 72 73 73 74 75 76 78 CHAPITRE 4 3 2 1 Essai de d finition 3 2 2 La pratique et l exp rience 3 2 3 Les limites de l apprentissage exp rientiel 4 Synth se PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE I Nos choix m thodologiques 1 Quelques rep res th oriques 2 Une m thode qualitative 2 1 Une m thode deux aspects II Le recueil des donn es 1 L entretien de recherche 1 1 La r alisation des entretiens 1 1 1 Le cadre spatio temporel 1 1 2 Le cadre contractuel de la communication 2 Op rationnalisation de la recherche 2 1 Conception de notre premier guide d entretien 2 2 Pr sentation du guide d entretien relatif la premi re ann e d enseignement 2 3 Une d marche inspir e de l entretien d explicitation 2 3 1 Les consciences 2 4 Elaboration de notre second guide d entretien 2 5 Pr sentation du guide d entretien relatif la seconde ann e d enseignement III Le traitement des donn es 1 Une d marche organis e 2 Les entretiens suppl mentaires IV La population tudi e 1 La construction de l chantillon 2 La recherche des acteurs 3 Pr sentation de l chantillon 3 1 L tat civil 3 2 Les fonctions exerc es 3 3
112. la n cessit d un retour r flexif L exp rience formatrice appelle une r vision une transformation de l exp rience or se former c est bien cela d coller de son exp rience et de la seule conscience de soi et surplomber le monde les autres et soi m me pour y construire son monde avoir un monde Malet 1998 57 M Altet 1994 consid re la formation professionnelle des enseignants comme une construction personnelle qui s appuie sur les activit s quotidiennes aupr s des l ves accompagn es d analyses de ces situations qui peuvent tre conduites avec un pair un formateur Cette acquisition des gestes professionnels s labore dans l exp rience et la pratique sur le terrain mais avec l aide d un m diateur qui facilite la prise de conscience et la construction des connaissances Car faute d avoir su rep rer comprendre ses erreurs et en tirer des le ons l individu reproduit les m mes gestes infructueux et continue buter sur les m mes obstacles Il convient donc de distinguer la compr hension imm diate d une situation v cue o l individu est encore totalement impr gn par sa pratique d une compr hension ult rieure seconde issue d un double effet de prise de distance et d une acceptation de la n gativit Pour B Courtois cette mise distance de l action v cue s entreprend par un travail de symbolisation de l exp rience qui permet la jonction de l art de faire
113. la phase de pr paration des s quences d enseignement La mise en place des s ances les id es qu on nous propose sur les prolongements Des fois il n y a que la phase de recherche qui m int resse ou l entra nement E16 114 On a le manuel du ma tre qui est toujours tr s utile E12 112 Au d part j ai pris le guide du ma tre j ai pris tout ce qu il fallait dans l ventail de la m thode et j ai lu la fa on dont le livre du ma tre entrait dans la lecture Au d part je me suis bas l dessus E13 52 Comme cela avait d j t remarqu durant les premiers entretiens les ouvrages de p dagogie g n rale ne recueillent toujours pas l adh sion des ma tres qui estiment peu rentable le rapport entre le temps de lecture et l aide professionnelle qu ils procurent Pas du tout J ai pas le temps E16 116 Je pense que je m y int resserai plus quand j aurai un peu d broussaill les ouvrages directement utilisables pour la classe E15 114 Apr s maints t tonnements et exp rimentations les ma tres ont acquis certaines certitudes dans leur pratique professionnelle Au fil des mois ils se sont fa onn un mod le d enseignement une logique du faire qui montrent une certaine efficacit et dont ils se satisfont momentan ment Apr s avoir rencontr de multiples difficult s professionnelles ils ont enfin trouv un quilibre qu ils visent d abord p rennise
114. leurs exp riences SOMMAIRE VOLUME I REMERCIEMENTS SOMMAIRE VOLUME 1 INTRODUCTION PARTIE I L ENTREE DANS LE METIER DE PROFESSEUR DES ECOLES CADRE DE LA RECHERCHE CHAPITRE 1 L ENTREE DANS LE METIER DE PROFESSEUR DES ECOLES ET L ACCOMPAGNEMENT PROFESSIONNEL INSTITUTIONNEL I L entr e dans le m tier et l insertion professionnelle des enseignants Il L accompagnement institutionnel de l entr e dans le m tier des enseignants du premier degr CHAPITRE 2 LE PROCESSUS DE PROFESSIONNALISATION DES ENSEIGNANTS I Eclairage th orique II La professionnalisation des enseignants CHAPITRE 3 L AUTOCONSTRUCTION PROFESSIONNELLE PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE I La construction identitaire II Une professionnalit en mouvement M L autoconstruction professionnelle des enseignants d butants CHAPITRE 4 METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE I Nos choix m thodologiques II Le recueil des donn es IMI Le traitement des donn es IV La population tudi e V Limites de la recherche 21 38 38 42 63 64 65 78 92 92 94 122 126 135 PARTIE II PARCOURS DE FORMATION DES MAITRES DURANT LES DEUX PREMIERES ANNEES D ENSEIGNEMENT ANALYSE DES DONNEES REFEREES AUX QUESTIONS DE RECHERCHE CHAPITRE 1 RAPPORT AU METIER DURANT LA PREMIERE ANNEE D ENSEIGNEMENT I Avant la premi re rentr e II L exercice du m tier d enseignant CHAPITRE 2 PROFESSIONNALITE ET AUTOFORMATION DURANT LA
115. leurs exp riences sur leurs r ussites et leurs difficult s Ils attendent essentiellement des formateurs qu ils proposent des contenus qui soient arrim s leur pratique de classe Lorsque ceux ci parviennent r pondre cette demande d une offre de formation concr te les stages satisfont les praticiens Cette situation n est pas sans poser probl me car elle entra ne certains formateurs soucieux de faire merger cette satisfaction aupr s des stagiaires ne plus proposer aux novices que des apports tr s concrets mais qui ne permettent pas n cessairement une r flexion ou un clairage sur la complexit de lacte d enseignement L indice de satisfaction des ma tres ne peut constituer l unique crit re sur lequel s appuie les formateurs pour concevoir leur offre de formation et on peut penser que certains apports th oriques li s aux exp riences de terrain des d butants m me s ils ne sont pas accueillis favorablement par ces derniers contribuent aussi au d veloppement professionnel des jeunes ma tres 3 Les visites de classe Outre la participation aux stages prise de fonction l accompagnement de l entr e dans le m tier comprend galement des actions de formation individuelles sous la forme de visites de classe effectu es par les conseillers p dagogiques de circonscription La visite se d roule selon trois temps l observation de la pratique mise en uvre par le ma tre 221 d bu
116. me faire mes propres jugements ES 38 Avant leur premi re rentr e les futurs enseignants passent par toute une palette d motions plaisir satisfaction doute peur anxi t Ils ont maintenant pleine conscience de porter l enti re responsabilit des actes professionnels qu ils vont mettre en uvre pour accomplir les diff rentes t ches de leur fonction telles l laboration des situations d apprentissage la gestion de la discipline la recherche du mat riel didactique la prise en compte des diff rences interindividuelles les relations avec les parents Tous d clarent avoir redout leur entr e dans le m tier envahis par l appr hension l inqui tude de ne pas tre la hauteur Les jeunes enseignants la sortie de leur formation professionnelle prouvent encore de nombreuses incertitudes dans les domaines p dagogique didactique et relationnel Ainsi au moment de prendre leur fonction certains s interrogent sur ce qu ils vont faire avec leurs l ves et la fa on dont ils vont s y prendre 146 Que faire les deux trois premiers jours Comment est ce qu on commence travailler ES 32 3 Les conditions d accueil L accueil du nouveau venu comporte une dimension affective essentielle Projet dans un nouvel environnement dont il ignore beaucoup le jeune enseignant attend de ses nouveaux coll gues une attention particuli re un soutien moral des aides concr tes
117. mettre en vidence la dynamique qui les a engendr s L tude comporte donc un aspect diachronique cherchant identifier au cours du temps les changements et certains des processus qui les sous tendent un aspect synchronique pr sentant partir de ce que les personnes disent un moment donn de leur parcours professionnel leur propre lecture de l exp rience qu elles vivent II Le recueil des donn es Comment aborder la question de la formation sans se r f rer la mani re dont les personnes concern es vivent leur propre parcours de formation L observation et la compr hension de ce ph nom ne entendu comme dynamique d apprentissage et de changement n cessitent de solliciter le discours et la r flexion des jeunes ma tres A cette fin il nous a sembl que l entretien semi directif apparaissait comme l outil le plus pertinent pour acc der au sens que les jeunes ma tres donnent leurs exp riences prouv es Blanchet et Gotman affirment que l enqu te par entretien est particuli rement pertinente lorsqu on veut analyser le sens que les acteurs donnent leurs pratiques lorsque l on veut mettre en vidence les syst mes de valeurs et les rep res normatifs partir desquels ils s orientent et se d terminent Elle donne acc s des id es incarn es et non pas pr fabriqu es ce qui constitue les id es en croyance et qui pour cette raison sera dot d une certaine stabil
118. modalit s d un encadrement soutenu pour les d butants Diff rents pays ont mis en place une d marche syst matique d accompagnement des nouveaux professeurs En Suisse d s 1975 a t publi le Rapport LEMO dans lequel les experts d finissaient quatre phases dans l itin raire professionnel des ma tres la formation initiale l introduction la profession le perfectionnement et la formation compl mentaire Ce rapport mettait fin l id e d une formation initiale suffisante pour toute une carri re et introduisait pour les enseignants la n cessit d une formation permanente L un des arguments essentiels plaidant pour une p riode d accompagnement affirmait partir d tudes men es dans ce pays que les pratiques et l attitude fondamentale acquises au cours de la formation initiale taient abandonn es d s les premiers mois d enseignement Suite ces travaux une seconde commission produit en 1991 le rapport LEFOMO portant sur le perfectionnement des enseignants Ce document insiste particuli rement sur la n cessit d une collaboration entre l institution oeuvrant la formation de base et celle charg e du perfectionnement La p riode d introduction la profession est int gr e la phase de perfectionnement Elle doit permettre l tude de certaines questions p dagogiques didactiques m thodologiques que la pratique naissante du m tier rend plus significatives qu elles ne pouvaie
119. moi E16 46 50 2 3 L enseignement de la lecture au cours pr paratoire Nombre d enseignants redoutent tout particuli rement le niveau de classe qui accueille les enfants venant de l cole maternelle le cours pr paratoire L enseignement de la lecture en constitue une activit nodale et sa mise en uvre didactique et p dagogique peut effrayer les ma tres A nsi Fr d rique craignait de ne pas savoir comment apprendre les m canismes de la lecture ses l ves Et j ai pataug au d but Au d but j avais de l appr hension au niveau de la lecture mais j ai le fils de l aide maternelle dans la classe donc tous les matins je lui demandais si son fils avait r ussi la lecture pour me rassurer Elle me disait que a allait et a m a rassur e beaucoup E13 52 2 4 De l impuissance Dans certaines situations d apprentissage et ce malgr les diff rentes activit s et explications propos es par les ma tres l l ve ne parvient pas comprendre la notion tudi e ou le calcul r aliser Ce constat entra ne chez le professeur un sentiment amer d chec d impuissance car il se sent incapable d ouvrir la porte Jai des difficult s je lai encore ressenti cette apr s midi au niveau des math matiques faire prendre conscience l enfant du sens des op rations On faisait des probl mes tout simples et les enfants avaient chaque fois le choix entre je fais une additi
120. morent leur prise de fonction et les semaines qui ont suivi nous remarquons dans leurs propos que cette p riode demeure dans la plupart des cas une preuve Les t ches mener sont nombreuses les difficult s quasi quotidiennes et la situation que vivent certains d butants ce moment l comporte quelques similitudes avec ce qu Huberman a nomm le stade de survie 1989 Les ma tres ont le sentiment d tre submerg s par la r alit professionnelle qui s impose eux et chacun essaye avec son nergie son envie de r ussir par son investissement de trouver un premier quilibre Il y avait beaucoup de travail au d but Le travail de pr paration mettre jour ses progressions c tait quand m me du travail des recherches faire C est pas vident quand on n a qu une vague id e du terrain Il faut trouver l organisation E17 2 Cependant pour aucune des personnes interrog es le passage de la formation initiale l entr e dans le m tier n a entra n de choc de la r alit Huberman 1989 Je n ai pas vraiment eu de choc Je suis tomb e dans une classe un peu id ale presque C tait le niveau que je recherchais et puis il n y avait pas vraiment d l ves en difficult Non non pas de grand choc E17 4 Pour moi il y a eu une tr s grande diff rence entre ce qu on apprend l IUFM et ce qui se passe effectivement sur le terrain Mais je ne dirais pa
121. n cessit trois ann es de travail et que nous avons men e tout en exer ant pleinement notre activit professionnelle pr sente les enjeux possibles de cette tude en termes de formation et d accompagnement professionnel des ma tres novices PARTIE I L AUTOCONSTRUCTION PROFESSIONNELLE DES PROFESSEURS DES ECOLES DEBUTANTS CADRE DE LA RECHERCHE CHAPITRE 1 L ENTR E DANS LE METIER DE PROFESSEUR DES ECOLES ET L ACCOMPAGNEMENT PROFESSIONNEL INSTITUTIONNEL Ce travail vise d crire et comprendre la mani re dont s labore la professionnalit des ma tres d butants durant leurs deux premi res ann es d enseignement l cole primaire Ces limites temporelles que nous avons pos es ne signifie nullement que tout s labore ce moment l Simplement dans la d finition de notre objet de recherche et pour des raisons de faisabilit nous avons limit notre tude cette p riode pr cise Dans la premi re partie de ce chapitre nous pr senterons l tat de la recherche concernant l entr e dans le m tier des enseignants et les mani res dont se r alise leur insertion professionnelle Dans une seconde partie nous observerons le plan national d accompagnement professionnel l entr e dans le m tier et nous analyserons le dispositif mis en uvre dans le d partement de la Moselle l intention des ma tres novices I L entr e dans le m tier et l insertion professionnelle des ensei
122. origine au nouveau inconnu Ba llauqu s 1999 25 L entr e dans la profession est un passage au sens d espace comme nous venons de l voquer elle constitue galement une p riode de transition relative au temps et aux statuts Il tait l enseign il devient l enseignant mais il n est pas toujours certain d tre le ma tre ni m me de le vouloir se proposant parfois ses l ves comme un copain ou s rigeant a contrario en dure hi rarchie Il s est hiss jusqu aux coll gues en parit mais il est le nouveau pas encore int gr On pense ici ces adolescents qui ne sont plus des enfants et pas encore des adultes et qui sont cependant les deux la fois Mais au concret pourtant pour l administration pour l institution et les coll gues et les parents le n o titulaire est bien sur l autre rive praticien d sign responsable Ba llauqu s 1999 25 Mosconi 1993 d gage trois dimensions dans cette rupture que constitue l accession au monde professionnel la dimension institutionnelle implique la s paration d avec l institution de formation et le changement de statut l tudiant devient enseignant 12 la dimension psychosociale est celle du d placement des investissements relationnels vers les l ves les coll gues les parents les responsables hi rarchiques la dimension intrapsychique enfin est ce passage de la personne jeune
123. ou d marches possibles auxquelles le novice n avait pas pens Essentiellement les moments de mutualisation m me si c tait qu l oral on s changeait pas forc ment des documents mais a donnait des id es ES 130 Le fait qu on change avec les coll gues qu on construise un projet plusieurs mon avis il est bien plus riche plus structur plus coh rent E4 106 On a vu ce que d autres coll gues ont fait E8 156 Les premi res semaines d enseignement constituent souvent une preuve pour les ma tres Confront s aux difficult s ils s interrogent sur leurs comp tences professionnelles Sont ils la hauteur de ce qui est attendu d eux Comment se fait il que leurs coll gues de l cole ne rencontrent pas ces m mes cueils Les stages leur permettent de rencontrer d autres personnes qui vivent une situation identique la leur D une part cela les rassure de s apercevoir qu ils ne sont pas seuls rencontrer des difficult s En outre les changes permettent aussi aux praticiens de voir comment leurs coll gues appr hendent et tentent de faire voluer ces situations parfois crisiques D j avoir d autres gens en face qui vivent les m mes choses que nous et voir comment ils vivent les choses E6 156 1 3 L apport de nouvelles approches et des clarifications aidantes L offre de formation est l occasion de pr senter aux jeunes enseignan
124. participer la socialisation d un l ve Il y a aussi la r ussite sociale un l ve qui est totalement renferm sur lui m me qui est exclu de la classe si au bout d un certain moment j arrive le faire r int grer l ensemble du groupe classe s il arrive se remettre dans l ambiance scolaire s il appr cie nouveau l cole pour moi c est une r ussite aussi E4 44 Cette satisfaction qu prouvent les professeurs voir leurs l ves progresser est li e aux effets que leur procurent ces r ussites 159 Une influence positive Observer la r ussite des enfants t moigne pour le ma tre de l influence positive qu exerce sa pratique professionnelle sur les l ves de sa classe Son engagement ses efforts se voient ainsi r compens s Voir leurs progr s je trouve que c est tr s valorisant E2 26 La satisfaction de l l ve quand il a r ussi son travail ES 46 Je pense qu on est content de voir que ce qu on a mis en place a a march on l a pas fait pour rien il y a un aboutissement E8 52 Un regain de confiance en soi Nous avons vu pr c demment que l entr e dans le m tier de professeur des coles s accompagnait de doutes et d incertitudes sur ses propres comp tences professionnelles Ainsi pouvoir observer dans sa classe des l ves qui progressent tend rassurer quelque peu les ma tres sur la qualit de leur pratiq
125. pas besoin d une d marche pr d finie pour enseigner L exp rience accumul e et associ e des capacit s d improvisation de cr ativit lui permettent d agir selon les v nements de classe qui se pr sentent lui Le ma tre consid r comme un praticien r flexif sait r guler son activit tout en la menant et enrichit sa pratique par une analyse critique de ses gestes professionnels Cet habitus r flexif conduit le professeur se constituer un savoir d exp rience voire d expertise Si le m tier d enseignant repr sente avant tout une activit men e de mani re solitaire le ma tre avec sa classe et ses l ves la loi d orientation de 1989 a introduit les notions 59 d quipe p dagogique de partenariat ducatif de projet collectif appelant un travail collaboratif au sein des tablissements scolaires entre les coll gues mais galement avec des personnes oeuvrant hors du syst me scolaire personnel d association ducateurs sportifs artistes r gionaux Ainsi l enseignant acteur social s engage dans des d marches collectives collabore avec ses pairs et avec des intervenants ext rieurs con oit et met en uvre des dispositifs p dagogiques d passant le cadre de la classe pour concerner les l ves de tout un cycle voire de toute l cole S investissant au del du faire le ma tre acteur social a conscience de la n cessit d une r flexion axiolog
126. pendant trois ans c est que a se passe bien E12 86 150 283 5 4 Une certaine autonomie par rapport la norme p dagogique A la suite de la formation professionnelle initiale les ma tres d butants con oivent et organisent leur enseignement selon les sch mas et les r f rences acquis l IUFM Puis au gr des exp riences quotidiennes ils les adaptent davantage aux r alit s du terrain La pratique professionnelle se singularise alors en fonction des l ves des r ussites et des checs de la personne des habitudes de l tablissement etc Ce comportement volutif appara t nettement dans les propos de J r me Quand on se lance dans le m tier on a le nez dans le guidon et on est tr s fix sur ce qu on nous a enseign l IUFM les contenus les IO et l aspect ducation le savoir tre de l l ve est un peu en retrait Au fur et mesure c est l qu on se rend compte aussi que le savoir pur s oublie tr s vite alors qu un savoir faire perdure et apporte plus au final On a aussi des opinions un peu plus arr t es sur les m thodes d enseignement parce qu on a l exp rience qui permet de dire ce qui a bien fonctionn et ce qui n a pas fonctionn E12 146 150 6 Fr d rique Cette plus grande autonomie se retrouve aussi chez Fr d rique qui pose maintenant un regard bien plus critique sur les mod les et les outils professionnels dont elle dispose
127. perception du m tier et rend les jeunes ma tresses conscientes de certains aspects de la profession auxquels elles n auraient probablement pas t sensibles si elles n avaient pas v cu elles m mes l exp rience maternelle et les relations les rapports les attitudes qui la constituent dans notre culture Comme le souligne Tardif 2001 une part des savoirs professionnels des enseignants proviennent de leur propre histoire de vie notamment de leur propre pass d colier et d tudiant Cette trajectoire pr professionnelle bid 322 semble importante car selon le chercheur les tudiants passent travers la formation initiale l enseignement sans modifier substantiellement leurs croyances ant rieures sur l enseignement Et lorsqu ils commencent travailler comme enseignants surtout dans le contexte d urgence et d adaptation massive qu imposent les d buts dans l enseignement ce sont ces m mes croyances qu ils r activent pour solutionner leurs probl mes professionnels gt bid 322 Ce que les praticiens d butants ont retenu de leurs exp riences ant rieures oriente aussi leurs convictions leurs croyances leurs repr sentations du m tier Deux autres recherches Tardif Lessard 1999 Raymond Butt Yamagishi 1993 montrent que le rapport l cole est d j fortement ancr chez les enseignants d butants et que toutes leurs exp riences professionnelles futures viendront se greffer
128. peuvent rencontrer Plus largement ils participent au d veloppement de leurs comp tences professionnelles L apport formatif comporte de multiples aspects Il peut s agir de conseils p dagogiques de batteries d exercices proposer aux apprenants de mat riel d enseignement de r f rences bibliographiques d informations sur le comportement des l ves La rencontre rev t galement souvent un aspect psychologique rassurant et s curisant Dans certains cas le discours et l attitude de l enseignant exp riment apportent au d butant un souffle nouveau d nergie et de dynamisme Pour toutes ces raisons les interactions avec les coll gues apparaissent comme un facteur essentiel de l volution des pratiques durant ces deux premi res ann es Jai eu une coll gue qui n avait pas le m me niveau que moi et qui m a appris norm ment de choses sur la mani re de travailler C tait vraiment une tutrice pour moi Parce que c est du long terme C est du tous les jours C est quelqu un qu on a c t de soi E16 170 172 Le soutien manant de l environnement imm diat est ressenti comme f cond Mais que se passe t il lorsque les caract ristiques de l cole emp chent ou limitent cette collaboration N oublions pas que le travail enseignant tel qu il est pratiqu ne permet qu un faible apprentissage par les pairs L exercice du m tier reste avant tout une pratique solitaire qui
129. plumes du paon point Apr s le paon je le dessine les graphismes je les invente Les fiches d activit s je les cr e moi m me pour la plupart Moi j aime bien cr er mon propre bon je peux m inspirer de choses qui existent mais je vais quand m me monter ma fiche moi m me E2 114 206 Les manuels ne me conviennent pas forc ment donc il faut piocher autre part et le autre pari il faut se le construire On change des choses on essaie de faire diff remment E8 80 136 Apr s il faut s approprier les choses a c est un travail E6 152 Nous remarquons que les jeunes enseignants ne restent pas longtemps d pendants des livres et des fichiers qu ils utilisent Le questionnement qu ils portent sur ces documents entra ne comme nous venons de l voquer une r appropriation des contenus qui permet progressivement aux ma tres de devenir autonomes A terme ils sont capables de se dispenser enti rement des fichiers pour concevoir les s ances d enseignement Mais voil parce que c tait concret et j ai compris le fait que a soit bien expliqu et j ai compris vraiment comment fallait fonctionner et maintenant je sais que je pourrai faire toute seule une s ance sans le livre E6 142 La richesse des sites caract re p dagogique attire de nombreux jeunes praticiens qui viennent y chercher des id es des exemples de projets des s quences d enseignement d taill
130. pour certains un niveau grande section pour certains ils arrivent niveau fin CP maintenant et pour d autres qui sont largement au niveau CE1 Je trouve que a c est vraiment difficile E8 64 Cette p riode difficile que traversent actuellement l cole et ses acteurs en proie au doute la r signation parfois s origine pour une large part dans cette prise de conscience de l h t rog n it et des probl mes p dagogiques didactiques qu elle entra ne Afin d appr hender cette question de mani re la plus efficiente possible est apparu le concept de p dagogie diff renci e h ritage de PAIS et des p dagogies nouvelles et d fini comme une d marche men e par l enseignant visant mettre en uvre un ensemble diversifi de moyens et de proc dures d enseignement et d apprentissage afin de permettre des l ves d ges d aptitudes de savoir faire h t rog nes mais regroup s dans une m me classe d atteindre par des voies diff rentes des objectifs communs M me si ce th me de la diff renciation p dagogique a t l objet de nombreux ouvrages et colloques son application avec les apprenants s av re d licate Jai encore du mal g rer l ensemble du groupe avec la fois ceux qui vont avancer vite et bien ceux qui avancent normalement ceux qui avancent plus lentement Il faut tenir compte de tous ces param tres et en plus essayer de tenir compte des groupes de besoin qu
131. pour savoir comment a allait se passer parce que le milieu n tait pas du tout le m me Par rapport la r action des parents Je savais que les parents taient plus pr sents donc comment est ce qu ils allaient r agir sachant que je suis un jeune dans le m tier sur quoi allait porter leur attention comment ils allaient me questionner comment ils allaient suivre le travail que j effectuais avec les l ves E12 26 28 Connaissant d j certains de ses nouveaux coll gues J r me pense que cela a facilit son insertion Dans le m me temps l arriv e simultan e de plusieurs ma tres n ophytes la similitude de leur situation o chacun d couvre un nouvel univers professionnel ont entra n une relation d aide plus affirm e entre ces personnes L effectif a t grandement renouvel on tait cinq nouveaux dans l cole on vivait un peu la m me chose et a resserre galement les liens E12 36 Nomm e aux confins de la Moselle et de l Alsace H l ne compl te deux mi temps dans des villages diff rents Les lundis et mardis elle enseigne dans un cours triple CE2 CM1 2 Le reste de la semaine elle uvre dans un CP CEL1 A la rentr e elle craint particuli rement ce niveau o il s agit d apprendre lire aux l ves Ce qui me faisait le plus peur c tait le CP CE1I de pas y arriver Le CP il y a quand m me la pression Et puis la rentr e de CP c est moi q
132. pourrait faire beaucoup mieux s il y avait un petit plus du c t de la maison Je suis d u parce que je me dis qu il pourrait y avoir des progr s beaucoup plus importants E4 72 Pour lui m me qui travers l attitude non coop rative des parents ne se sent pas reconnu et respect dans son r le de partenaire de l action ducative Si la plupart des ma tres voquent ces relations conflictuelles nous devons ajouter que ces m mes enseignants affirment appr cier les contacts souvent fructueux et amicaux qu ils ont su nouer avec la majorit des parents Il y a les parents qui nous font confiance qui nous remercient m me quelquefois parce que a se passe bien qui veulent participer la vie de l cole qui participent aux sorties qui se proposent pour aider E3 68 Selon Fran oise Lorcerie 1998 114 les termes de malentendu de d sinvestissement d agressivit constituent des th mes de la relation entre les parents et les enseignants qui me n ont rien de nouveau puisqu ils apparaissent d j dans la litt rature du XIX si cle Il y a quelques ann es la loi d orientation du 10 juillet 1989 a introduit les notions de communaut ducative et de partenaires de l cole Elle stipule d s son article 1 La communaut ducative rassemble les l ves et tous ceux qui dans l tablissement scolaire ou en relation avec lui participent la formation d
133. professionnelle des enseignants partie I chap 1 Puis nous pr sentons le plan d accompagnement de l entr e dans le m tier en France et sa d clinaison mosellane partie I chap 2 Le chapitre suivant illustre le cheminement intellectuel qui a pr valu la construction de l objet d tude et pose les questions essentielles qui ont orient la recherche partie I chap 3 Afin de pouvoir r pondre ce questionnement nous avons privil gi une m thodologie d inspiration compr hensive en suivant depuis leur prise de fonction jusqu la fin de leur seconde ann e d enseignement huit professeurs des coles d butants que nous avons questionn s deux ou trois reprises chacun Le quatri me chapitre pr sente les outils mis en uvre pour le recueil et l analyse des donn es La seconde partie de l tude d crit le rapport au m tier et les dynamiques individuelles et collectives que mobilisent les praticiens novices pour construire et faire voluer leur professionnalit La derni re partie de la r flexion met en lumi re certaines similitudes que nous avons identifi es dans les exp riences des ma tres dans leur mani re de vivre le m tier et de d velopper leurs comp tences professionnelles Nous pr sentons galement certains points d articulation qui nous semblent essentiels dans le processus de d veloppement professionnel des enseignants d butants partie IIT La conclusion de cette recherche qui a
134. propos es Plusieurs enseignants font tat de leur satisfaction lorsqu ils constatent un fort engagement des enfants dans les situations d apprentissage voire m me un r investissement de la notion tudi e ou de l objet fabriqu dans la sph re familiale Le fait qu ils soient constamment demandeurs et contents de tout ce qu on leur propose Ils sont contents de tout Ils ne r lent jamais E13 26 L attitude des enfants dans la classe Ici c est d autant plus flagrant avec les projets qu on m ne les enfants sont tr s enthousiastes et quand on arrive au bout de quelque chose il y a un r el c est pas du remerciement mais on voit qu ils sont bien qu ils sont contents et c est une r elle satisfaction E16 28 D j que l l ve s implique et qu la fin il soit content et qu il ait compris le but de ce projet Vraiment qu il se soit impliqu l dedans et que mes objectifs soient atteints Le fait que a marche aussi dans les familles J ai fait des projets sur des livres on a fait un livre sur les recettes le cahier d exp riences sur le corps humain r cemment un imagier sur la ferme Ce sont des choses qu ils ram nent la maison et j ai des retours des parents Et a me satisfait beaucoup Il y a une continuit avec le projet la maison E9 28 30 1 3 La relation avec les l ves Durant leur premi re ann e plusieurs enseignants ont prouv des difficult s
135. que l entra nement cette comp tence professionnelle essentielle ne correspond pas dans cette p riode aux attentes des ma tres L initiation une pratique r flexive structur e est peu mise en uvre dans les stages et les formateurs ne sont pas enclins proposer cette activit dont ils savent qu elle risque de rencontrer le d sint r t voire l opposition des personnes concern es Les praticiens novices se situent dans une phase professionnelle o l installation de routines et la r duction pragmatique de la complexit sont importantes pour trouver un premier quilibre et l analyse de la pratique avec ce qu elle comporte d interrogations personnelles de remises en question d incertitudes n est souvent pas per ue par eux comme une activit pouvant les aider enrichir leurs comp tences Le processus de formation de l individu se nourrit de d placements mais chacun ressent certains moments de sa vie l envie le besoin d en rester ce qu il sait de r p ter ce qu il ma trise enfin Ces moments d immobilisme apparent peuvent tre n cessaires la consolidation de ses comp tences mais ils peuvent galement constituer une force de r sistance au d veloppement professionnel Ils peuvent tre aussi n cessaires la survie de personnes pour qui l inconnu de l avenir est porteur de craintes ou d un risque de fatigues nouvelles Pour survivre l individu a parfois besoin de
136. que les ma tres entendent permettent aux praticiens d clairer voire de donner un sens certains gestes de leur pratique professionnelle A ce moment l ces apports ne sont pas du tout rejet s mais bien consid r s comme formatifs Moi j ai beaucoup appr ci la conf rence de Chauveau a m interpelle de voir des enfants en chec de lecture et comment faire Je pense qu on peut pas faire abstraction de ce c t th orique pour avoir des outils performants Un outil est performant quand on sait exactement ce qu il va veiller chez celui qui on le propose Comprendre le m canisme de la lecture E10 132 134 302 On avait une partie un peu th orique qui est toujours int ressante parce que a 33 EIE nous explique comment on doit aborder PORE en classe C est int ressant parce que si nous m me on n est pas au clair sur la mani re de faire c est tr s difficile de b tir un enseignement E12 124 Comme le souligne M Develay les savoirs didactiques et p dagogiques sont au service de l action et ne visent pas la connaissance pour la connaissance Le rapport ces savoirs est un rapport d usage qui devrait au niveau des modalit s tre aussi pratique que possible et dont devrait d couler une ma trise tendue des strat gies d enseignement Develay 1994 75 D couvrir de nouvelles pistes didactiques des jeux des outils de travail utilisables avec les l ves
137. r flexion est consolid e par une tude de M Altet 1993 dans laquelle sont d gag es les qualit s essentielles pour enseigner Sont ainsi cit s connaissance des mati res enseigner et savoirs psychologiques et sociologiques savoir faire classe savoir construire et mener des situations p dagogiques 60 savoir s adapter au contexte et aux sp cificit s de la classe savoir analyser sa pratique aimer son m tier savoir s ouvrir et communiquer avec les autres acteurs de l ducation l ves coll gues partenaires parents Ces l ments soulignent les multiples dimensions qu investit l acte d enseigner l enseignant appara t tre devoir tre un homme orchestre multiples facettes Paquay 1994 30 Comme nous l avons d j affirm il ne s agit pas d tablir un listing des comp tences de l enseignant professionnel mais plut t d utiliser ces diff rentes facettes du m tier dans une vis e int grative reconna tre l int r t des comp tences et des strat gies privil gi es selon chaque paradigme mettre en vidence leurs compl mentarit s et leurs interactions reconna tre les tensions entre p les Paquay 1994 33 La professionnalit d un enseignant ne peut se d finir uniquement par les caract ristiques de son poste de travail S appuyant sur les savoirs et les comp tences mis en uvre dans la pratique professionnelle elle sollicite
138. r flexive dans le cadre des entretiens post visite puisqu ils privil gient essentiellement le court terme Dans ce type d exercices il n est pas rare d assister un jeu d attentes crois es le formateur attendant du professeur qu il m ne une r flexion sur les s quences observ es et ce dernier sollicitant des r ponses concr tes aux probl mes rencontr s Si comme nous l avons dit il semble essentiel que les praticiens sachent analyser la mani re dont ils pratiquent leur enseignement afin de poursuivre leur volution professionnelle les conseillers p dagogiques doivent pouvoir les aider conduire ce travail Or l analyse de la pratique ne constitue ni un conseil ni une valuation au sens habituel L valuation souligne l cart entre le travail prescrit et le travail r el entre ce qui est fait et ce qui est suppos devoir tre r alis Selon Tozzi le jugement de valeur sur une pratique met en jeu par ses enjeux de notation de certification sociale d encouragement ou de disqualification l image narcissique de soi Il immerge dans l affectif les rationalisations a posteriori les discours de justification Ce faisant il inhibe l analyse d marche rationnelle qui vise passer de l affect au concept De m me selon cet auteur la pratique du conseil qui vise r duire l cart entre l existant et l id al peut emp cher elle aussi l analyse si elle se situe pr matu
139. r le de l auto l ducation des hommes annon ait le p le de l h t roformation l ducation des choses recouvrait la notion d coformation par la confrontation du sujet avec son environnement 1 La coformation L autoformation ne constitue pas une d marche d apprentissage men e en solitaire Dumazedier indique que le sujet s autoformant choisit de nombreux m diateurs pour s approprier des savoirs 1995 243 La coformation constitue un processus qui 79 permet d apprendre par la confrontation ou la coop ration l alt rit des exp riences pouvant faire sens dans une dynamique de mutualisation des savoirs Leray 2002 254 Il convient n anmoins d tre attentif l intensit de l influence formative car l individu ne doit pas se trouver sous influence Tout repose sur l quilibre de la relation qui doit tre dialogique et non unidirectionnelle Pineau propose un tableau des diff rentes relations interpersonnelles pouvant constituer un r seau de formation d une personne au cours de sa vie Il croise l axe du statut social qui trouve son origine dans la parit sociale pour aller vers une disparit fonctionnelle ou hi rarchique et l axe de l apport bio cognitif segment en cinq l ments connaissance savoir tre savoir faire savoir dire et information L AUTRE gourou ma tre professeur
140. reconnaissance officielle ou au moins officieuse celle des coll gues de l cole sur les qualit s professionnelles du tuteur l image des ma ftres formateurs dans la formation initiale Lorsque cette forme d accompagnement tutoral est institutionnalis e et qu elle ne na t pas d une proximit relationnelle entre pairs son entame semble facilit e si le ma tre r f rent dispose de r f rences connues et reconnues L accompagnement individuel comporte in vitablement un aspect relationnel qui influe de mani re d terminante sur la qualit de la collaboration Si pour diff rentes raisons le dialogue est difficile voire impossible entre le tuteur et le jeune ma tre on peut s interroger sur les effets formatifs de cette action En premi re lecture de la circulaire relative l accompagnement de l entr e dans le m tier il apparaissait aux yeux de chacun que cette forme d aide et de soutien d un 243 ma tre r f rent proche disponible constituerait un l ment majeur pour une insertion professionnelle r ussie des professeurs d butants Dans les faits la mise en uvre d un tel dispositif s av re d licate Son efficacit est notamment li e la professionnalit des ma tres r f rents qui l on demande d exercer une t che d accompagnement d un adulte pour laquelle ils n ont aucune formation sp cifique Enseigner de jeunes l ves constitue un m tier part enti re
141. rendus positifs et qu il y ait vraiment voil le c t positif le c t motivant on se sent vraiment pas du tout rabaiss contrairement certains comptes rendus que j ai pu conna tre l IUFM o l on se demandait franchement pourquoi on tait l et si on tait r ellement fait pour a Et l c est vraiment de l encouragement vraiment E3 174 Au del des apports formatifs et aidants qui contribuent au rapport favorable qu entretiennent pr sent les professeurs avec cette forme de l accompagnement individuel nous remarquons dans les propos des ma tres l importance qu ils accordent la relation de confiance qui peut na tre partir de cette premi re visite de classe Dans la plupart des situations d entretien la pratique du formateur permet un dialogue nourri d changes qui montre au jeune ma tre le caract re non agressif de la visite Je me suis rendu compte que finalement le conseiller qui m tait d volu tait un vrai conseiller et qu il voyait assez justement les aspects positifs et n gatifs de ma fa on de faire qui reconnaissait mon travail qu il tait juste dans ses appr ciations J avais peur qu on me dise a c est am liorer a aussi a aussi Et puis qu on ne tienne pas vraiment compte de ce qui tait peu pr s 240 bien Il m a mis en confiance Je me suis pas sentie vraiment attaqu e remise en question Je ne lai pas re u comme une attaque per
142. riel la mise en uvre des r gles de vie la gestion des situations p dagogiques Dans ce premier ensemble les conseils apport s aux novices ont port sur e La gestion de la discipline Elle m a donn des conseils par rapport a il ne fallait pas que je r utilise le m me syst me pour le r glement que je trouve un autre syst me E1 250 e La mise en place d un affichage didactique Le second c tait sur les affichages parce que avant l entretien j en voyais pas l utilit et j en avais pas en fait et pour moi a me paraissait un petit peu pas vraiment important et finalement il m a dit que dans une s ance que j avais faite et qu il a observ e j aurais pu ce moment l dire tu te souviens de cette r gle l ben regarde c est affich ici E3 160 e L utilisation du mat riel dans la s ance J avais instaur un syst me de jetons chaque fois qu un enfant prend la parole je lui donne un jeton qui a vraiment foutu 232 toute ma s ance en lair parce que les enfants ils jouaient avec les jetons et l vraiment il m a donn un tuyau directement chaud une petite tirelire on met le jeton dedans on garde plus et puis apr s instaurer une petite r glette avec des cases bien mat rialis es t as eu combien de jetons trois jetons tu colories trois cases termin l valuation est toute faite E2 193 e Le placement des tables Actuellement les tables so
143. s au terme formation t moigne de la complexit du ph nom ne et s inscrit dans ce mouvement transdisciplinaire d essai de 77 traitement de la multicausalit Elle ne veut pas prendre option a priori sur l influence pr pond rante de l individuel ou du social de la nature ou de la culture dans l exercice de la fonction formation Elle les pose l uvre et veut tudier la complexit de leur jeu au cours de toute la vie Pineau 2000 129 L auteur voque une formation permanente en deux temps trois mouvements Jbid 126 Le temps diurne recouvre la formation officielle et reconnue le temps nocturne relevant de l autoformation Cette approche temporelle est crois e avec trois mouvements les mouvements de personnalisation de socialisation et d cologisation Jbid 129 Essayons maintenant de contextualiser ce processus d autoformation en appr hendant les voies par lesquelles le nouvel enseignant s engage au quotidien dans sa formation professionnelle IT L autoconstruction professionnelle des enseignants d butants Durant la formation initiale les sources d information du stagiaire proviennent principalement des enseignements dispens s et d ventuelles lectures d ouvrages p dagogiques Le futur professeur apprend des contenus disciplinaires des concepts et d marches didactiques re oit des apports relatifs la psychologie de l enfant aux th ories
144. s ne se fait pas au hasard Les novices recherchent ceux dont les apports contribuent leur processus de r quilibration de validit Pour parler valablement de la vie des tranch es il faut y avoir v cu La plupart des enseignants interrog s affirment avoir eu leur entr e dans le m tier grandement facilit e par l aide d un ou de plusieurs coll gues Jai une coll gue de petite section de l cole maternelle H qui m a donn un norme coup de main Vraiment c tait une grande aide de sa part E2 94 96 201 Et aussi mes coll gues de l cole o j tais liste compl mentaire et au d but beaucoup les coll gues de l cole o j tais aide ducatrice Ils m ont t d une grande aide ES 116 Si ces changes entre pairs ont essentiellement un caract re oral cette coformation se manifeste aussi par des pr ts de fiches de pr paration et d exercices utilisables avec les l ves L aide porte sur les aspects didactiques et p dagogiques du m tier Au niveau conseil de gestion de classe au niveau affichage oui au niveau outil vraiment elle m aurait donn toutes ses pr p quoi conseil de manuels aussi elle m a conseill Brissiaud en math E2 96 Confront s de multiples t ches de conception et de gestion de la classe les jeunes ma tres recherchent des outils des mat riaux qu ils peuvent r investir rapidement dans leur pratique quotidienn
145. sentation de la m thodologie con ue pour la r alisation de cette recherche Il pr sente nos choix m thodologiques et l op rationnalisation des d marches d investigation et d analyse des donn es Apr s une pr sentation g n rale et individuelle des acteurs de cette tude le chapitre se cl t par certaines limites identifi es de notre travail I Nos choix m thodologiques 1 Quelques rep res th oriques L tude de la connaissance peut tre abord e selon des tendances scientifiques diff rentes qui trouvent leur origine dans deux courants de pens e oppos s le positivisme et la ph nom nologie Pourtois Desmet 1988 La d marche positiviste postule que la connaissance est construite partir d une analyse objective de faits r els Ce courant privil gie l explication causale l objectivit et s efforce de neutraliser de mettre en suspens tout lien entre le sujet et l objet de recherche Selon ces m mes auteurs le courant ph nom nologique au contraire insiste sur la notion de subjectivit et affirme que la r alit n est jamais totalement ext rieure l individu Selon cette approche il n est pas suffisant d expliquer les ph nom nes sociaux en terme de causalit mais il est essentiel d en comprendre le sens dans toute sa complexit Cette pr sentation sommaire nous permet d affirmer que notre r flexion qui vise la description c est dire l identification des diff ren
146. situations peuvent tre comprises au moins de deux mani res diff rentes Les conseils subis ne rencontrent pas l adh sion de l enseignant ou alors ils ne sont pas en ad quation avec la maturit professionnelle laquelle il est parvenu cet instant pr cis Je pense que c est un conseil tout fait justifi Je me suis dit qu il avait raison Bon maintenant en y repensant j ai du mal toujours le mettre en application E7 133 Ces deux hypoth ses t moignent de la n cessit d un travail d appropriation personnelle par le d butant de ce qui est indiqu par le conseil De plus si l entretien n est qu une litanie de conseils on en reste au champ de l action concr te imm diate et aucune r flexion sur la pratique ne peut tre entam e Or pour que l entretien puisse constituer un acte f cond pour le d butant il convient galement de labourer le champ des savoirs qui se d veloppe par une r flexion sur sa pratique A nsi la critique peut galement se comprendre comme l examen raisonn d un objet Le ma tre est invit voquer sa conduite de la s quence il rep re les r ussites et les checs mesure les carts entre sa planification et la r alit questionne son comportement dans la gestion des interactions avec les l ves il analyse son action Progressivement il s agit de se d gager de l acte concret pour engager une r flexion sur cet agir Le formateur guide la
147. solutions du moins des perspectives et des hypoth ses d actions Se r f rant au principe d autonomie qui postule que chaque personne est la seule pouvoir se d terminer l expert permet au d butant de choisir et de trouver l itin raire qui lui semble le plus pertinent pour d lier la situation dans laquelle il est engag Comme le souligne J N Demol adopter l autonomie comme principe thique revient consid rer chaque personne comme singuli rement capable d entrer en relation avec son environnement gr ce cette relation elle pourra s auto organiser et construire sa coh rence interne et ses finalit s 2002 140 Dans la d marche d accompagnement il ne s agit pas de suivre une ligne que d autres auront trac e mais bien de d finir son propre cheminement Accompagner revient faire 83 un bout de chemin avec une personne sur un parcours qui lui appartient Et comme sur toute route survient un moment un changement de direction la s paration la fin de l accompagnement 3 L coformation ou la formation par les choses par l environnement Il est tabli que de nos jours une personne ne peut plus apprendre travers les formations initiale et continue toutes les connaissances et comp tences qui lui sont n cessaires pour exercer son travail avec pertinence et efficacit Cet apprentissage doit galement trouver son origine dans la pratique professionnelle quotidienne Cette d
148. sont tourn s vers des coll gues ayant d j une certaine anciennet Les discours soulignent quel point l exp rience des pairs est valoris e C est quelqu un qui a vingt cinq ans d anciennet E2 96 Puis on a aussi la chance d avoir un zilien dans l cole qui remplace une coll gue en cong de maternit qui a trente ans d anciennet donc c est un peu notre point d ancrage ES 110 C est beaucoup en discutant notamment avec une coll gue qui a pas mal d exp rience C est beaucoup de discussions avec des gens qui ont plus d exp rience E8 86 Ces propos montrent que les anciens sont en quelque sorte d positaires de savoirs professionnels qu ils transmettent progressivement aux jeunes ma tres en tablissant d abord une relation de confiance et en s interdisant toute forme d ing rence Elle propose plusieurs solutions mais elle est jamais venue dans ma classe me dire ah tiens Cette affiche l je l aurais jamais mise ou cette chose je l aurais jamais faite Non pas du tout Elle avait l intelligence de me laisser ma tre de ma classe E8 122 Selon M Huberman cit par Charlier 1998 25 l interaction avec les coll gues est privil gi e pour diff rentes raisons accessibilit les ma tres d butants se tournent vers leurs pairs parce qu ils sont physiquement et socialement proches d eux de s curit le choix des coll gues sollicit
149. stabilit et de pouvoir vivre le pr sent Si on n est que dans le faire on n avance pas si on n est que dans la critique on se d truit E19 114 C est par phases On ne peut pas toujours tre cent pour cent motiv Il y a des moments o on est fatigu o on aurait plut t tendance vouloir souffler rester sur ses positions parce que c est quelque chose qu on conna t qu on ma trise M me qu on ma trise pas trop bien mais au moins on conna t C est vrai que c est fatigant de chaque fois remettre en cause ce qui a t fait De modifier chaque 341 fois a c est fatigant Mais si on est totalement statique il ne fallait pas choisir ce m tier l il fallait travailler la cha ne E18 96 Il semble pourtant important que la formation professionnelle s attache favoriser un habitus r flexif des ma tres d butants afin que la pratique quotidienne puisse se muer plus efficacement en exp rience formative Si le travail d initiation et d accompagnement ce mod le professionnel n est pas initi d s l entr e dans le m tier quand le sera t il Se pose galement ici la question de la formation des formateurs Conduire une s quence d analyse de la pratique n cessite qu on ait t initi form cette activit car elle requiert une posture des connaissances et un savoir faire sp cifiques Or peu de formateurs du premier degr disposent des comp
150. sur ce noyau existant Le temps d apprentissage du m tier ne se limite pas aux bornes de la vie professionnelle des ma tres il s enracine aussi dans l existence personnelle des individus 317 PARTIE III PARCOURS DE FORMATION ET AUTOCONSTRUCTION PROFESSIONNELLE DES ENSEIGNANTS DEBUTANTS INTERPRETATION DES RESULTATS Cette recherche analyse les discours de huit ma tres d cole d butants de fa on mieux comprendre comment leur professionnalit se construit entre la sortie de l IUFM et la fin de la seconde ann e d enseignement Elle vise tablir puis comprendre ce qui est v cu par les jeunes professeurs des coles durant les deux ann es initiales d enseignement et le sens que les personnes interrog es donnent leur entr e dans le m tier Pour cela nous avons essay d acc der au plus pr s de ce que les professeurs vivent dans l exercice quotidien de leur m tier et de la fa on dont ils se construisent professionnellement S agissant d une recherche qualitative portant sur un nombre limit d individus nous ne pr tendons point avoir enti rement lev le voile sur cette exp rience Pas plus que notre investigation ne peut faire tat de la situation de tous les enseignants d butants Chaque insertion professionnelle est singuli re et li e un contexte sp cifique Cependant le recueil et l analyse des discours nous ont permis de relever des similitudes des r currences dans les exp
151. te de son art dont l expertise n est pas fr quemment partag e dans l ensemble de la corporation sera plut t qualifi d artiste que de professionnel cit par Lang 1999 26 Selon ce dernier 1999 la professionnalisation peut concerner trois domaines distincts le d veloppement des comp tences professionnelles l aide d une formation privil giant une ma trise de savoirs scientifiques et l acquisition de comp tences de diverses natures didactique p dagogique relationnelle m thodologique adh sion des enseignants une culture commune soulignant la responsabilit individuelle et collective de la profession l vation du statut social Dans ces tentatives de d finir les espaces que la professionnalisation peut atteindre nous sommes plus particuli rement attentif aux aspects concernant le d veloppement professionnel de individu et la mani re dont les jeunes ma tres laborent et approfondissement des comp tences et des savoirs n cessaire l exercice efficace de leur m tier Dans notre recherche c est bien cette approche praxique que nous privil gions en essayant de comprendre comment les enseignants d butants assoient selon eux leurs savoirs et savoir faire professionnels 44 2 Professionnalisation et complexification des t ches Dans une perspective p dagogique la professionnalisation des enseignants concerne essentiellement la professionnalit c est dire
152. terrain professionnel ce discours ne rencontre pas l adh sion des ma tres La deuxi me semaine a nettement moins r pondu mes attentes C tait tous les cycles confondus c tait tr s g n ral a sert rien de s parpiller sur autre chose alors que pour l instant on est l nos probl mes sont l Je pense qu il faut agir l E6 166 170 Il existe des repr sentations diff rentes de la nature du discours p dagogique l gitime Pour certains celui ci prend la forme de recettes d nonc s de savoir faire permettant un r investissement avec les l ves Pour d autres le discours p dagogique peut suivre une voie philosophique sociologique s attacher l ing nierie p dagogique Pour Lise Demailly 1987 55 72 ce d calage entre le discours p dagogique et le terrain renvoie une division sociale du travail dans le monde scolaire Les personnes pronon ant le discours l gitime ne sont pas des enseignants mais des chercheurs des inspecteurs des conseillers alors que les ma tres construisent des savoir faire qui n acc dent pas une vraie reconnaissance culturelle et institutionnelle Deux logiques diff rentes semblent s opposer La pratique de classe est caract ris e par une certaine urgence agir les difficult s fr quentes l improvisation et le bricolage constituent le lot quotidien de l enseignant Tr s souvent la r alisation d une s quence p dagogi
153. teuse en temps en nergie et pour laquelle ils ne per oivent pas de r investissement possible 1 2 La r flexion dans l action En raison des al as et des incertitudes de l acte p dagogique l enseignant rencontre des difficult s dans l instant qui appellent des r gulations imm diates Cette pratique n appara t gu re dans les premiers entretiens Seules deux personnes l voquent Parfois je change des choses dans l instant et je me le note apr s E1 136 R agir tr s vite est ce que a vient juste d un ou deux l ves ou est ce que a vient de la situation elle m me qui convient pas Si c est la situation elle m me qui convient pas stop on arr te ou bien si j ai une autre id e sur le moment tr s rapide on va le faire autrement E4 68 L exp rience qu elle soit professionnelle ou non n est pas acquise spontan ment et toute situation v cue ne constitue pas une exp rience L exp rience est critique elle appelle un retour r flexif sur la pratique Selon S Alava les informations praxiques ne peuvent tre utilis es par le novice dans un processus autoformatif que s il existe chez le sujet cette mise distance du r el 1995 80 198 A propos des enseignants G Mialaret 1996 68 crit qu ils peuvent avoir une exp rience scl rosante lorsque l adaptation aux situations nouvelles est nulle une exp rience enrichissante quand une pr
154. tier les satisfactions que celui ci lui procure mais galement les difficult s auxquelles elle a faire face Je n attends pas assez longtemps pour qu il y ait un calme je ne suis pas assez rigoureuse je ne suis pas assez exigeante E2 54 Nous retrouvons Carmen pour un second entretien quatorze mois plus tard alors qu elle ach ve sa seconde ann e professionnelle durant laquelle elle a fait fonction de ma tresse E Je travaille avec des enfants en difficult d apprentissage Priorit au cycle 2 Au d but je passe une petite valuation j essaye de coller au plus pr s au besoin des l ves Je me base aussi sur des valuations faites en classe je monte un petit projet avec un objectif bien pr cis et une dur e d aide En priorit tout ce qui est du domaine du langage Au CP beaucoup de lecture En maternelle de la phonologie et du langage Au CEI aussi de la lecture et l entr e dans l crit Sinon aussi math matiques E10 2 6 8 Apr s des d buts difficiles li s la nature de son poste Au d but d ann e oui Je me sentais franchement perdue E10 14 Carmen s est adapt e au fonctionnement en petits groupes d l ves et la relation duelle qui caract risent ce type de poste Qu il y ait une grande confiance qui se soit install e entre nous je trouve que c est super aussi Je pense qu ils se sentent peut tre plus pris en compte en tant que personnes
155. toc toc toc et effectivement c est ce qu on fait tous Et on s est rendu compte qu on le fait tous et l on a appris le prendre autrement mettre que l accent sur un domaine pour mettre l l ve en valeur privil gier une comp tence par rapport une autre ES 132 Ce qui m a beaucoup aid e dans le premier stage c est la notion de projet revenir sur les projets C est vrai qu on a souvent tendance confondre th me et projet L a a vraiment t tr s clair dans mon esprit ce qu tait un projet E7 84 Le langage c est pareil c est facile dire je parle pour communiquer je parle pour me souvenir c est facile dire mais concr tement comment on l applique Et l dans ce stage tout a t repos toutes les bases ont t repos es et je sais que du coup j ai fait de la phon tique alors que j en faisais pas du tout avant et qu il faut en faire E6 174 Lors du premier stage on a choisi de faire une s ance tr s approfondie en histoire partir d un ouvrage de litt rature La conseill re p dagogique nous a propos une certaine d marche suivre celle qui est pr conis e dans les programmes mais que j avais pas compl tement comprise sous le m me angle Maintenant j ai vraiment compris qu il fallait partir des questions que se posaient les l ves lorsqu ils analysaient les documents C est vrai que a ma paru plus logique et utile de parti
156. tout les savoirs et les processus intellectuels qui contribuent une pratique experte Ces tudes visent d crypter le savoir enseignant essentiellement dans un souci de transfert la formation des ma tres L exp rience enseignante est consid r e dans sa rationalit et son exemplarit Une autre voie d orientation anthropologique et ph nom nologique inscrit le questionnement de ces comp tences dans une probl matique d veloppementale En quoi ces savoirs sont ils significatifs de la construction de l identit professionnelle des professeurs Il ne s agit plus de cat goriser ces comp tences selon leur mode de 63 fonctionnement mais de leur donner un sens par rapport l laboration identitaire de l individu I La construction identitaire Comme le fait remarquer S Baillauqu s le processus d laboration de l identit professionnelle s av re plus fragile souvent plus tourment pour les m tiers touchant l ducation ou l enseignement qui ont pour finalit m me de participer au d veloppement personnel et social des enfants et des adolescents Nous assistons l une sorte de double contrainte ressentie par les jeunes ma tres lors de leur entr e dans le m tier Relativement eux les l ves le ma tre va tre plus qu aucun autre professionnel interpell dans sa propre dynamique puisque volontairement ou non consciemment ou pas il va se proposer aux l ves pour
157. tudiant ou de stagiaire un statut de professionnel responsable est accompagn de promesses d esp rance et de projets Parfois s y joignent galement de sentiments plus difficiles vivre comme l appr hension la peur l angoisse Avant la rentr e Fr d rique ressent une certaine appr hension une certaine peur dans le sens o comment poser des r gles pr cises d s le d part ES 30 Manuella a cette peur de l inconnu E1 32 J r me est pr occup par deux l ments le comportement de ses futurs l ves et la nature des relations qui allaient s tablir avec les parents Le principal sentiment c tait quand m me l anxi t donc savoir comment va s effectuer la prise de contact la fois avec les l ves et avec les parents C tait par rapport leur comportement qu est ce qui allait se passer devant la classe est ce que ce serait des petits sauvages devant lesquels je serais compl tement d contenanc est ce que ce serait des l ves juste un peu chahuteurs est ce que j aurai dans ma classe quand m me quelques bons l ments sur lesquels je pourrai m appuyer E4 24 26 Pour Aur lie cette anxi t a plusieurs origines C tait une extr me nervosit beaucoup d anxi t Mais c tait pas uniquement d la premi re rentr e c tait aussi parce que je d m nageais je me lan ais toute seule l dans la vie Et puis g rer sa classe soi pour l
158. un rythme d enseignement qui est davantage en rapport avec les comp tences des l ves Je vois plus facilement o je veux en venir je t tonne moins je vais plus vite l essentiel Je suis moins stress e me dire tiens il faut que tu fasses a E16 86 94 Elle constate galement une plus grande capacit personnelle de r gulation de son action p dagogique en fonction de l attitude et des r actions des l ves durant les s ances J arrive plus analyser ce que je fais par rapport l ann e derni re L ann e derni re quand a ne marchait pas je voyais pas du tout comment faire diff remment Alors que cette ann e d j dans la situation j arrive voir que les choses ne vont pas comme a devrait et r ajuster directement E16 178 Comme pour ses coll gues interrog s elle inscrit sa seconde ann e professionnelle dans une continuit Pour moi c est comme quand on fait un DEUG En premi re ann e on fait des choses en deuxi me ann e on va aller plus loin Il y a du recommencement parce que c est un autre niveau mais pour moi c est une suite E16 182 9 Du singulier au g n ral Certains l ments apparaissent de mani re r currente dans les discours Ces similitudes nous laissent penser qu au del des situations individuelles et contextualis es il existe des points de convergence propres chaque entr e dans le m tier de professeur des
159. un soi professionnel Puis survient l insertion professionnelle troisi me tape qui correspond la prise de fonction du novice dans une cole Nault distingue nouveau trois phases durant cette p riode o le jeune ma tre vit ses premi res confrontations quotidiennes avec les l ves une tape d euphorie anticipatrice Nault 1999 146 o les nouveaux professeurs se voit confier l enti re responsabilit d une classe Ensuite survient une seconde tape qualifi e pr c demment de choc de la r alit Afin de faire face aux difficult s qui l assaillent le novice selon sa personnalit et sa situation d insertion se conformerait ou r sisterait aux pressions sociales de l cole dans laquelle il travaille Le chercheur pr te un conformisme aveugle aux d butants qui r p tent inlassablement les mod les qu ils ont pu observer l IUFM ou durant leur propre scolarit D autres novices tentent d adapter ces mod les aux r alit s du terrain Ainsi un enseignant supprime les travaux de groupe car cette forme de travail lui semble entra ner trop de bruit et d instabilit dans le fonctionnement de la classe Ce second m canisme d adaptation est qualifi de conformisme r fl chi 19 Enfin d autres novices plus audacieux ou plus confiants en leurs moyens mettent en uvre des strat gies personnelles et originales afin de surmonter leurs probl mes Ce dernier m
160. une logique d exposition D laissant volontairement ses pratiques ce dernier crit un discours conforme r pondant aux attentes suppos es de son lecteur Ainsi tous les crits relatifs la description d une situation d apprentissage que nous avons pu lire proposent une le on mod le un id al type qui semblent relativement loign s des pratiques observ es lors des visites de classe que nous avons effectu es chez ces enseignants Nous croyons que le sens de l criture est partiellement d tourn car les jeunes ma tres voient dans ce travail une sorte d valuation d guis e de leur activit professionnelle Or ce type d criture dans lequel apparaissent essentiellement des savoirs d origine externe 7 Guide pour l crit bilan en T1 2001 Inspection Acad mique de la Moselle annexe 21 3 33 ne semble gu re propice l vocation au questionnement du professionnel sa logique d apprentissage 4 3 Une inspection repouss e Depuis la rentr e scolaire 2001 02 l inspection des prenant fonction n a plus lieu durant la premi re ann e d exercice mais elle a t repouss e la seconde ann e d enseignement Ce d calage dans le temps a fait l objet de nombreuses critiques La grande majorit des enseignants d butants attendaient certes avec quelque appr hension mais galement avec impatience la visite de l inspecteur Ce dernier repr sente l autorit de r f rence l unique
161. ussites professionnelles n apparaissent pas dans les entretiens comme des supports pouvant entra ner une r flexion sur les possibles raisons de ces succ s Quelque chose qui a bien fonctionn je le sais Maintenant l ann e d apr s a ne fonctionnera peut tre plus on n a plus les m mes l ves E17 56 Tant que a se passe bien on prend rarement le temps de revenir de r fl chir ce qu on a fait Oui le seul moment o je reviens sur mes pratiques c est lorsque quelque chose s est mal pass E18 76 Vous savez ce qu on m a dit en premi re ann e On n est pas l pour dire ce qui va on est l pour vous dire ce qui ne va pas force on se dit que ce qui va il faut pas trop y penser et qu il faut penser ce qui va pas E19 86 Puisque les ma tres sont la fois les concepteurs les r alisateurs et les valuateurs de leur propre action professionnelle la r flexion sur l action appara t fondamentale dans le processus de d veloppement de leurs comp tences Elle permet la transformation de la 334 pratique en exp rience formative enrichissante pour la professionnalit des praticiens car nous comprenons mieux le v cu apr s coup lorsqu il est transform en histoire Se dire qu il y a des choses qui sont bien d autres pas bien Si on n a aucune analyse par rapport ce qu on fait on va faire au jour le jour et puis voil On aura fait On ne pourra
162. va falloir faire a a et a et puis a doit tre fait comme j ai pr vu que a doit se faire Cette ann e je me dis que si c est pas fait c est pas grave on peut le revoir la s ance suivante On peut tous se tromper faire des erreurs Il faut pas forc ment toujours rechercher la perfection E15 100 186 5 J r me Passant d un CE2 un CM1 ce jeune ma tre inscrit r solument ses premi res ann es d enseignement dans un cheminement progressif qu il lui est difficile de d crire avec pr cision mais qui s accompagne pour lui d un sentiment de plus grande aisance et de meilleur fonctionnement C est quelque chose qu on ne ressent pas par tapes on va pas se dire un moment tiens J ai progress C est au fur et mesure c est quelque chose de lent On sent qu on a progress parce qu on est plus laise a fonctionne un peu mieux avec les l ves E12 150 L entretien permet n anmoins de d finir certains points d volution 282 5 1 Une plus grande capacit d finir les comp tences effectives des l ves Durant sa premi re ann e J r me nous avait fait part de sa difficult valuer le niveau r el des apprenants lors de la pr paration des s ances ce qui pouvait entra ner d importants carts entre les contenus d enseignement propos s et les capacit s de compr hension des enfants Maintenant il a le sentiment de pouvoir d finir bien pl
163. vers une position d adulte face aux enfants ou aux adolescents qui lui sont confi s Mosconi dans Ba llauqu s Breuse 1993 142 Pour H tu 1999 le statut de l enseignant d butant correspond cette situation de transit dans laquelle s esquisse l unification des dimensions personnelles et professionnelles processus que de nombreuses personnes identifient sous le terme d identit professionnelle La prise de fonction est v cue par certains comme l abandon ou la perte d espoir perdre ses esp rances premi res d tre tout puissant tout sachant tout aim ses images d l ves faciles apprenants la croyance en ses savoirs imm diats disciplinaires didactiques relationnels Ba llauqu s et Breuse 1993 139 Face cet environnement qu ils ressentent comme hostile certains d butants sont gagn s par la maladie Plusieurs tudes Abraham 1982 Breuse 1984 ont mis en lumi re la proportion non n gligeable d enseignants souffrant de l gers troubles psychiques tonalit d pressive entra nant notamment un taux d absent isme lev des demandes de mutation et de cong Une recherche d j ancienne du docteur Chanoit 1983 sur les maladies mentales montrait que les troubles n vrotiques sont deux fois plus lev s chez les enseignants d butants fran ais que dans d autres professions Avec l acquisition d une certaine anciennet cet cart diminuait Breu
164. ves et celles qu elle rencontre la maison avec son enfant C est comme la maison E5 100 En outre les petites histoires survenues l cole et que lui raconte sa fille avec sa propre sensibilit l ont rendue particuli rement attentive aux aspects affectifs de la relation p dagogique qu elle entend construire avec ses l ves A travers les propos de son enfant elle a pris conscience que des remarques formul es un l ve et qui semblent anodines l adulte peuvent profond ment affecter l enfant concern Je c toie l enfant en dehors du milieu scolaire donc on voit un petit peu les r actions quand elle me raconte ce qui se passe l cole des petites r flexions qui pour nous on se dit c est pas grave mais en fin de compte pour l enfant c est blessant a fait mal donc l on se dit ouh l attention Quand tu lances une petite pique un l ve tu le penses peut tre pas mal mais lui son niveau d enfant s il en parle pendant trois ou quatre jours c est que quelque part Sans s en rendre compte a peut marquer un enfant ES 104 Cette m me enseignante pr cise galement que son exp rience ant rieure d aide ducatrice lui a permis de pr ciser la relation ducative qu elle souhaitait entretenir avec les apprenants On accompagnait au niveau des sorties scolaires a m a permis en fait de savoir o devait s arr ter l aspect quand
165. vie collective partag es par tous les l ves Nous voquions quel point cette situation prouvait les jeunes ma tres qui se sentaient parfois honteux et d sesp r s A l issue de cette seconde ann e la plupart des enseignants interrog s se d clarent tr s satisfaits de la mani re dont se passe le rapport aux l ves J ai une tr s bonne classe cette ann e j ai aucun souci de contact C est un juste milieu entre tre une ma tresse autoritaire et tre une ma tresse bienveillante Avec des enfants qui osent venir me parler qui se confient facilement en sachant respecter les r gles Avoir confiance en la ma tresse Qu ils n aient pas peur de parler de se tromper qu ils viennent me demander s ils ne comprennent pas E9 48 50 52 Je pense que j ai rarement besoin de faire preuve d autorit Qu il y ait une grande confiance qui se soit install e entre nous je trouve que c est super aussi E10 74 J ai vraiment une tr s bonne ambiance de classe cette ann e E12 54 Elle est bonne Elle me satisfait J ai pas eu de probl mes avec les l ves j ai aucun l ve par exemple qui m a r pondu ou qui a essay de me tenir t te E12 64 Il y a une dynamique ils ont pas peur de parler il y a des changes E14 62 Les jeunes ma tres appr cient la relation ducative lorsque celle ci comporte deux notions qui apparaissent de mani re r p titive dans les discou
166. voluer il est prisonnier de son ma tre et ne peut choisir sa propre route son rythme en fonction des besoins et des objectifs qui sont les siens Progressivement prenant conscience de ses comp tences propres le praticien d butant d veloppe une confiance en lui qui l am ne se d tacher de l emprise se lib rer de cette treinte touffante La relation s quilibre vers une parit des positions qui permet alors un enrichissement mutuel des pratiques D autres situations montrent un refus de certains apports en raison d un cart trop important entre ce qui est conseill par les coll gues exp riment s et ce qui est acceptable ou possible pour le novice Par exemple cette enseignante en question me disait comme j ai des probl mes de gestion de certains gamins elle me disait mais il faut les casser tu t acharnes sur un gamin et tu le casses j ai pas pu donc j ai refus en bloc E2 104 Je travaille pas du tout comme elles donc j ai pas pris E6 126 Les discours montrent que l aide apport e par les pairs fait l objet d une transformation d une r appropriation personnelle Les jeunes enseignants ne reproduisent pas l identique mais adaptent l offre selon leur propre mani re de faire Il s agit bien d une imitation active c est dire l initiative de l enseignant qui emprunte sans n cessairement qu on lui ait propos quoi que ce soit et qui transforme
167. 0 88 Cette typologie des savoirs est int ressante quand il s agit de mieux saisir l essence des comp tences d un enseignant professionnel Elle nous aide comprendre les interactions entre les diff rents types de savoirs et l action elle indique que le savoir en usage la comp tence le savoir en acte se construisent et se d veloppent dans un rapport de r gulation entre la th orie et la pratique Les travaux relatifs l analyse du travail en didactique professionnelle Pastr 1999 clairent cette r flexion concernant les savoirs professionnels en s effor ant de d gager les structures conceptuelles les op rations mentales et les r gles d action engag es dans les activit s de travail et les comp tences multiples qui y sont requises mises en uvre par l individu et qui sont transform es par l accomplissement des t ches Reprenant Savoyant 1979 Pastr 2002 10 17 distingue trois types d op ration effectu s par la personne dans les situations de travail qu elle vit les op rations d ex cution de contr le et d orientation bid 11 L op ration d orientation de nature cognitive est la plus importante car elle consiste rep rer certaines caract ristiques de la situation professionnelle que le sujet va utiliser pour guider son action L individu mobilise des concepts pragmatiques Ibid 12 qui constituent les l ments partir de quoi il effectue un diagno
168. 1 18 Nous sommes ce moment l en pleine zone d h t roformation diurne Mais Boutinet 2001 12 propose une lecture typologique largissant le champ d application des pratiques d accompagnement S appuyant sur la notion d autonomie il distingue trois mani res essentielles d accompagner un sujet La guidance pour laquelle l influence de l accompagnateur est forte L individu dispose de peu d autonomie car l expert impose ses id es Une situation d accompagnement dans laquelle les deux personnes cohabitent dans une relation quilibr e horizontale qui laisse davantage d autonomie l accompagn Un accompagnement non directif dans lequel le sujet b n ficie d un degr d autonomie tr s lev Dans les entretiens de formation qui font suite aux visites de classe nous comprenons l accompagnement comme un espace de parole et de dialogue o le ma tre novice dit et explicite sa pratique pour pouvoir s en d tacher plus facilement Ce temps d coute et de relecture d une s quence p dagogique peut permettre un premier mouvement de distanciation par rapport l imm diatet des actes Mais se limiter ce temps d changes n appara t pas suffisant aux yeux des praticiens En prise des difficult s ces derniers souhaitent pouvoir b n ficier de propositions susceptibles de les aider d passer leurs probl mes Ils attendent alors de l accompagnateur qu il propose sinon des
169. 17 2 C tait fatigant et stressant C est la prise de fonction c est la premi re fois o on met en route la grosse machine la premi re fois o on organise son espace de travail Il faut qu on organise son travail avec les classeurs les cahiers les livres pour les l ves Il faut trouver ses marques E18 2 Pendant la premi re ann e professionnelle trois l ments probl matiques apparaissent de mani re transversale Le temps consacr aux pr parations peu de m tiers sont constitu s de deux l ments aussi distincts dans le temps et dans la forme que les activit s didactiques et p dagogiques de l enseignant Les ma tres novices passent chaque soir plusieurs heures concevoir et organiser les s quences d enseignement qu ils vont mettre en uvre le s jour s suivant s Cette charge de travail s ajoute au temps pass dans la classe et l accumulation de ces longues journ es professionnelles s av re reintante Je ne m attendais pas devoir travailler autant aussi tard aussi longtemps sur une grande p riode E17 4 320 La diff renciation p dagogique constitue une seconde difficult qui appara t fr quemment dans les propos Petit petit le praticien s aper oit qu il accueille des l ves disposant de connaissances de capacit s et d int r ts pour la t che scolaire tr s h t rog nes Contrairement ce qu il pouvait penser au premier jou
170. 4 218 Selon B Charlot 1991 l enseignant professionnel est admir pour ses capacit s d adaptation aux situations nouvelles et complexes son aptitude ajuster ses actes p dagogiques selon les besoins des apprenants De plus il est capable d expliciter de mani re rationnelle les savoirs et les gestes qu il met en uvre dans sa pratique enseignante Le mod le actuel de l enseignant professionnel valorise la r alisation en autonomie d actes intellectuels non routiniers qui engagent la responsabilit de l individu L autonomie se r alise par une capacit d autor gulation dans la pratique et le recours une analyse critique de ses gestes professionnels qui permettent de modifier d enrichir l enseignement Apprenant permanent se laissant interpeller par la r alit il exp rimente de nouvelles d marches afin d am liorer l efficacit de sa pratique Nous pouvons remarquer que le R f rentiel des comp tences et capacit s caract ristiques du professeur des coles conclut sa liste exhaustive des savoirs et comp tences par la phrase suivante Quelles que soient les situations d exercice de ce m tier il convient que le professeur des coles d veloppe une attitude r flexive sur sa pratique bid 43 3 Le paradigme r flexif Un professionnel conduit en autonomie des actes intellectuels qui engagent sa responsabilit En outre il est capable de s autoformer par une r flexi
171. 6 Nous savons que la relation p dagogique entre l enseignant et les l ves est d une certaine mani re paradoxale puisque c est la personne savante qui pose les questions ceux qui sont dans l ignorance Le questionnement inverse o l apprenti 328 interrogerait l expert semble plus logique tous les parents se souviennent d avoir t assaillis par les questions de leur enfant qui vers l ge de deux ans cherche une explication tout ce qu il d couvre et demande continuellement pourquoi aux adultes qui l entourent La sc ne p dagogique scolaire se joue contre sens et les professeurs novices prouvent des difficult s se d partir du r le central Ils donnent les consignes posent les questions expliquent les probl mes sans que les l ves puissent toujours apporter une contribution effective la situation qui se joue ce moment l la limite les apprenants peuvent tre rel gu s au r le de figurants leur action et leur activit intellectuelle r duites alors qu il est acquis qu une d marche favorisant les apprentissages sollicite une activit intellectuelle r elle des enfants Progressivement les ma tres d butants prennent conscience de ce d s quilibre et nous constatons alors dans leurs pratiques une prise en compte accrue du troisi me sommet du triangle que constituent les l ves Se d tachant des programmations qu ils ont tablies diversifiant leurs
172. 88 Preparing teacher for uncertainty Teachers College Record 89 505 524 HUBERMAN M 1993 Enseignement et professionnalisme des liens toujours fragiles Revue des Sciences de l Education 19 187 200 LE BOUEDEC G 2001 Une posture ducative fond e sur une thique Cahiers P dagogiques 393 18 20 LE BOUEDEC G 2002 La d marche d accompagnement un signe des temps Education Permanente 153 13 19 LEINHARDT G 1986 The cognitive skill of teaching Journal of educationnal psychology T8 75 95 LEMOSSE M 1989 Le professionnalisme des enseignants le point de vue anglais Recherche et Formation 6 75 95 LORCERIE F 1998 La coop ration des parents et des ma tres Une approche non psychologique Ville Ecole Int gration 114 20 34 LOUVET A 1991 Une recherche I N R P sur la prise de fonction des instituteurs Cahiers P dagogiques 290 40 41 MARCEL J F 2005 Les coll gues formateurs dans le m tier d enseignant Education Permanente 164 119 130 MOREAU D 2003 L preuve de la vuln rabilit une source de l thique professionnelle des enseignants Penser l ducation 13 37 52 MOTTET G 1992 Entre th orie et pratique la m diation vid o Perspectives pour la formation des enseignants Revue des Sciences de l Education 1 2 83 98 NADEAU J G 1989 Un mod le prax ologique de
173. A l preuve des faits cet accueil est v cu de fa on tr s diff rente selon les individus et les caract ristiques de l tablissement Pour certains novices une premi re prise de contact avec leur cole a d j lieu au mois de juin ou de juillet pr c dant la rentr e Ils sont alors accueillis par le directeur qui leur pr sente les locaux et le fonctionnement g n ral de l cole Cette premi re rencontre semble constituer une aide pour les ma tres C tait quelqu un de sympathique qui m a m me propos de venir avec elle acheter du mat riel en allemand pour l ann e prochaine Au mois de juin je suis donc d j all e partie avec elle acheter du mat riel pour cette ann e E1 38 Manuella affirme avoir norm ment appr ci cette aide Dans la plupart des situations l accueil des enseignants se fait lors de la journ e de pr rentr e qui a lieu tout au d but du mois de septembre J r me est satisfait de la mani re dont s est pass e cette premi re rencontre avec l quipe p dagogique en place L accueil a t tr s chaleureux d une part par les anciens qui taient en place qui n ont pas h sit me donner plein de petits conseils par rapport justement aux parents par rapport des choses mat rielles La directrice s est propos e aussi pour m aider les premiers jours voir comment a se passait dans l cole pour voir avec les enfants qu il fallait signaler de c
174. ARLIER E PAQUAY L PERRENOUD P 1996 Former des enseignants professionnels Quelles strat gies Quelles comp tences Bruxelles De Boeck Universit 181 208 PIAGET J 1964 Six tudes de psychologie Paris Gallimard PIAGET J 1973 Biologie et connaissance Paris Gallimard PIAGET J 1974 La prise de conscience Paris PUF PINEAU G 1983 Produire sa vie autoformation et autobiographie Paris Edilig St Martin Montr al PINEAU G 2000 Temporalit s en formation Paris Anthropos PINEAU G 2001 Les r seaux personnels de coformation dans HEBER SUFFRIN C dir Partager les savoirs Construire le lien R seaux d changes r ciproques de savoirs Lyon Chronique Sociale POSTIC M 1977 Observation et formation des enseignants Paris PUF POURTOIS J P DESMET T 1988 Epist mologie et instrumentation en sciences humaines Bruxelles Editions P Margada RAME S 2001 Insertions et volutions professionnelles dans le milieu enseignant Paris L Harmattan 360 Rapport LEFOMO 1991 Perfectionnement des enseignants Conf rence suisse des directeurs cantonaux de l instruction publique Fribourg Rapport LEMO 1976 La formation des ma tres de demain Conf rence suisse des directeurs cantonaux de l instruction publique Fribourg RAYMOND D BUTT R L YAMAGISHI R 1993 Savoirs pr professionnels et formation fondamentale approche
175. E3 54 En plus moi j ai la peur en ayant pas d exp rience j ai la peur de pas faire enfin on se dit qu on fait les choses correctement mais on a peur quand m me d avoir loup des choses E6 72 La pratique enseignante s exerce dans l incertitude et int gre diverses dimensions des rapports humains L acte ducatif est travers par des variables relationnelles affectives thiques Depuis quelques ann es l activit d enseignement s est complexifi e en raison de l alourdissement des t ches des professeurs et de la diversification des l ves Pour plusieurs auteurs Mezirow 1994 Schutz 1987 la capacit de l individu faire face aux v nements est li e au stock de connaissances qu il poss de lequel s acquiert notamment 172 partir de ses exp riences ant rieures Cette situation est propice l apparition chez les novices du sentiment de ne pas accomplir efficacement leur t che et de ressentir parfois un sentiment d incomp tence professionnelle Nous ne parlons pas ici de l incomp tence p dagogique vue sous l angle d une gestion totalement d faillante de l acte d enseigner mais de cette impression ressentie par les jeunes ma tres de ne pas se sentir la hauteur de ce qu on attend d eux et de ce qu ils attendent d eux m mes Or la psychologie cognitive a montr que le sentiment d incomp tence nuisait l efficacit de l enseignant En effet
176. Il est important que l enfant ose qu il y aille qu il prenne des risques S il y a un blocage ce niveau l a peut bloquer les apprentissages totalement inconsciemment parce qu ils n osent pas J essaye de partir de quelque chose dont je pense qu ils sont capables de faire pour vraiment les mettre en confiance et puis tout doucement petit pas petit pas complexifier la t che pour arriver l objectif E10 74 78 Le ma tre E appartient au R seau d Aide Sp cialis e l Enfance en Difficult Intervenant uniquement avec des l ves en difficult d apprentissage son action s tend sur plusieurs coles 131 Appr ciant cette forme d enseignement Carmen souhaite pour sa troisi me ann e conserver un poste de ma tre E et travailler dans un RASED E10 166 tout en esp rant pouvoir b n ficier de la formation professionnelle au CAPASH qui lui permettrait ensuite d tre titularis e sur un poste de ma tre E Jessica Titulaire d une licence pluridisciplinaire Jessica entre en premi re ann e l IUFM afin de pr parer le concours de professeur des coles Inscrite sur la liste compl mentaire elle est appel e pour effectuer divers remplacements tout au long de l ann e scolaire une situation qui n a pas toujours t facile Je lai assez mal v cu parce que j ai souvent eu des remplacements en maternelle et je me sens vraiment plus l aise avec les plus grands et a p
177. Je travaille encore peu pr s trois heures par jour Je reste tous les jours midi donc je me prends une heure et demie pour faire les corrections et peu pr s une heure et demie chaque soir pour pr parer le lendemain E11 50 26 4 ee 4 f i D nomination officielle des jeunes enseignants effectuant leur seconde ann e professionnelle 254 D j pour trouver les id es de projet pour tout mettre en place les fiches de pr p le cahier journal c est un temps qui se r duit pas Pr paration et correction j en ai bien quatre heures tous les jours E16 62 66 Enseignant dans une classe comportant des l ves aux acquis diff rents J r me est contraint de proposer des activit s d apprentissage diversifi es selon les comp tences des enfants Cette situation n cessite un temps de r flexion de recherche et de pr paration assez cons quent J avais un effectif qui tait nombreux 27 l ves d abord puis maintenant 25 ce qui fait beaucoup de travail de correction et en plus de a un travail de pr paration qui devait tre diff renci parce que l cart entre les l ves tait important Donc chaque fois que je pr pare une activit il faut d j la base en m me temps que je pr pare l activit pour tout le monde il faut la fois r fl chir ce que je vais faire avec ceux qui vont vite donc diff rencier vers le haut mais galement diff rencier dans l
178. Marie a d abord enseign pendant un an sans v ritable formation professionnelle puisqu elle tait issue de la liste compl mentaire Apr s son passage l IUFM elle est nomm e 24 ans dans une cole proche de son domicile o elle prend en charge un CE1 de vingt cinq l ves L elle fait la connaissance d une coll gue qui lui est particuli rement aidante C tait vraiment une tutrice pour moi E16 170 A issue de l ann e scolaire elle quitte cet tablissement pour une cole treize classes situ e en ZEP L elle enseigne dans un CE2 avec vingt et un enfants Si elle est satisfaite de la relation ducative qu elle a su tablir avec les apprenants Anne Marie regrette de n avoir pas retrouv une pratique collaborative enrichissante avec ses pairs Sa troisi me ann e d enseignement s effectuera dans la m me cole V Limites de la recherche Tout au long de notre cheminement m thodologique nous avons essay d agir le plus y rigoureusement possible afin que notre interpr tation puisse tre valide Il n en demeure pas moins que cette recherche comporte certaines limites dont nous sommes bien conscient 1 Une recherche fond e sur des discours Investiguer le rapport au m tier et l autoformation professionnelle des ma tres d butants ne pouvait se r aliser sans aller s informer directement aupr s des personnes concern es Nos rencontres avec les jeunes professeurs nous ont a
179. THEME I L entr e dans la seconde ann e I1 Les caract ristiques de l cole et de la classe Nous voulions savoir si le fait de rester dans le m me tablissement voire sur le m me niveau ou bien l exp rience de d couvrir une nouvelle cole et une classe diff rente avaient eu une influence sur l exercice du m tier Cette continuit ou cette rupture a t elle eu des effets selon eux sur leur d veloppement professionnel 12 La nomination et l avant rentr e Les sentiments contrast s qui habitaient les prenant fonction l aube de leur premi re rentr e des classes sont ils nouveau pr sents douze mois plus tard Y a t il une volution dans la mani re d appr hender cette nouvelle rentr e I3 Les conditions d accueil Certaines situations d crites lors des premiers entretiens avaient montr des conditions d accueil tr s in gales puisque dans certains cas la vacance du poste de directeur nuisait la prise de contact des jeunes coll gues avec leurs pairs Dans quelles conditions l accueil s est il d roul pour cette seconde ann e 114 THEME II Le rapport au m tier II 1 Les satisfactions I 2 Les difficult s prouv es Les l ments de satisfaction et de difficult ressentis correspondent ils ce que notre interlocuteur avait voqu lors de son entr e dans le m tier Sont ils d pendants du contexte professionnel du ma tre Peut on identifier des satisfactions et o
180. UIS P A CRDP de Lorraine Nancy FULLER F F BROWN K 1975 Becoming a teacher in teacher education 74 yearbook of the national society for the study of education University of Chicago press GALVANI P 1991 Autoformation et fonction de formateur Lyon Chronique Sociale GALVANI P 2002 Transdisciplinarit et niveaux d autoformation dans CARRE P MOISAN A Dirs L autoformation fait social Aspects historique et sociologique Paris L Harmattan 356 GASPARINI R 2001 Les enseignants et l indiscipline Une interpr tation sociologique des modalit s d imposition de l ordre scolaire dans les p dagogies dites novatrices dans RAME S Insertions et volutions professionnelles dans le milieu enseignant Paris L Harmattan GAUTHIER C DESBIENS J F MALO A MARTINEAU S SIMARD D 1997 Pour une th orie de la p dagogie Recherches contemporaines sur le savoir des enseignants Bruxelles De Boeck Universit GERVAIS C 1999 Analyse du discours d enseignants sur des pratiques d accompagnement en insertion professionnelle une pratique d accompagnement l image de la pratique d enseignement dans HETU J C LAVOIE M BAILLAUQUES S dir Jeunes enseignants et insertion professionnelle Un processus de socialisation De professionnalisation De transformation Paris Bruxelles De Boeck Universit 113 138 GOLD Y 1996 Beginning teacher support
181. UNIVERSITE NANCY 2 UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE CONNAISSANCE DE L HOMME DEPARTEMENT DE SCIENCES DE L EDUCATION THESE DE DOCTORAT EN SCIENCES DE L EDUCATION Pr sent e par Christophe HOFF le 6 d cembre 2007 PARCOURS DE FORMATION ET AUTOCONSTRUCTION PROFESSIONNELLE DES ENSEIGNANTS DEBUTANTS DU PREMIER DEGRE VOLUME 1 Directeur de th se M Pierre Andr DUPUIS Professeur de Sciences de l Education Universit Nancy 2 JURY Mme Fran oise CLERC Professeur m rite de Sciences de l Education Universit Louis Lumi re Lyon 2 M Dominique DEVITERNE Ma tre de Conf rences en Psychologie IUFM de Lorraine M Pierre Andr DUPUIS Professeur de Sciences de l Education Universit Nancy 2 M Richard ETIENNE Professeur de Sciences de l Education Universit Montpellier 3 M G rard FATH Professeur m rite de Sciences de l Education Universit Nancy 2 Mme Patricia REMOUSSENARD Professeur de Sciences de l Education Universit Lille 3 REMERCIEMENTS Je remercie Monsieur Pierre Andr Dupuis d avoir accept apr s mon D E A de diriger cette recherche Sa gentillesse ses encouragements et ses conseils clairants m ont permis de mener ce travail son terme Qu il trouve ici un t moignage sinc re de ma profonde reconnaissance Je remercie galement les huit enseignants qui ont contribu la r alisation de cette recherche en donnant de leur temps et en acceptant de partager
182. V 1 Le stage et les animations p dagogiques IV 2 Les visites de classe Comme pour le premier entretien il s agissait d identifier le ou les moments de ces actions d h t roformation stages animations p dagogiques et visites de classe que les ma tres avaient reconnus comme formateurs pour leur pratique professionnelle Qu est ce qui avait t aidant pour eux ce moment l IV 3 L inspection Le questionnement visait d abord couter la mani re dont chacune des personnes avait v cu cette premi re inspection Ensuite nous avons essay d identifier en quoi cette preuve pouvait participer au parcours de formation des jeunes ma tres L entretien se conclut par quelques questions qui mettent en perspective les deux premi res ann es d enseignement Comment les jeunes ma tres per oivent ils ces deux exp riences Plut t en continuit Plut t en rupture 116 2 5 Pr sentation du guide d entretien relatif la seconde ann e d enseignement Th mes Ce que nous Questions pos es souhaitons d couvrir Je vous propose d aborder cet entretien par quelques questions portant sur cette cole dans laquelle vous enseignez maintenant depuis presque une ann e scolaire Combien y a t il de classes dans cette cole Le contexte Quel niveau avez vous Avec combien d l ves La Cette cole a t elle une sp cificit particuli re ZEP zone seconde sensible ou autre ann e d ensei
183. a difficult la plus prouvante qui soit tant sur le plan mental que physique L agitation de la classe les tensions que cela entra ne les cris du ma tre la d fiance de certains l ves tous ces l ments suscitent chez l adulte un sentiment d incomp tence de doute sur ses propres capacit s enseigner Il n est pas exceptionnel que la d couverte d un nouvel univers professionnel s accompagne de difficult s que l individu doit surmonter Remarquons que ces cueils entra nent des interrogations des remises en question des remaniements identitaires qui participent au d veloppement de l identit professionnelle des personnes Comme le souligne Simone Ba llauqu s 1990 les d s quilibres v cus par les professeurs novices et les efforts r alis s pour les d passer leur permettent d affiner leurs repr sentations li es 321 au m tier leurs croyances leurs priorit s ce moment l de leur carri re Les apprentissages lorsqu ils sont r alis s par cette p dagogie du dysfonctionnement signifient pour eux une vision plus claire de leur mani re d agir et d tre dans l exercice m me du m tier L tude de Lamarre portant sur le d veloppement professionnel des enseignants souligne galement la nature dynamique de la construction identitaire qui se manifeste par les processus de remise en question de changement et de r solution de probl me Gohier 2001 cit par Lama
184. a t les gens avec qui on travaille on conna t les parents d l ves Les l ves qui arrivent dans la classe on les conna t puisqu il n y a que deux classes on a donc eu forc ment affaire eux E9 6 Quand on arrive on se sent d j plus l aise on a d j pr par des choses le mat riel On conna t un peu les l ves le fonctionnement L ann e derni re j ai fait un change de services que j ai refait cette ann e E11 18 Ainsi Fr d rique et Manuella sont particuli rement confiantes pour cette nouvelle rentr e scolaire Il n y avait plus d appr hension E13 10 245 Je savais ce qui m attendait les l ves je les connaissais tous sauf une J avais pas d appr hension heureuse de reprendre le travail Pas de stress E9 18 Cet tat d esprit positif diff re consid rablement des sentiments qui animaient ces deux enseignantes avant leur premi re rentr e Du stress aussi bon toujours cette peur de l inconnu je savais pas trop o j allais j ai jamais eu une classe EI 32 Une certaine appr hension une certaine peur ES 30 Quant Jessica elle se dit beaucoup moins angoiss e E11 20 Il n en reste pas moins un sentiment de f brilit de nervosit et de plaisir Mais on a toujours cette petite angoisse de la rentr e A la fois l excitation enfin c est assez ambigu comme sentiment C est la fin des vacances m
185. a conduite des s ances Donner les consignes questionner les l ves organiser les diff rentes phases d apprentissage g rer l attention des l ves constituent autant de t ches exercer quasi simultan ment et cette situation entra ne une importante charge cognitive Au d but on est submerg e par beaucoup de choses E19 36 La r gulation intellectuelle dans l action p dagogique engag e s av re tr s difficile pour les enseignants novices 332 Progressivement par une plus grande ma trise des phases d enseignement les ma tres parviennent plus facilement se distancier des situations et leurs capacit s de r gulation de r ajustement par rapport ce qu ils observent dans la classe s en trouvent renforc es On ajuste J ai pr par quelque chose et je vois d s le d but que la manipulation pose un probl me on ne va pas faire autre chose on va manipuler autrement L l ve qui reste l qui dit rien Manifestement il n a pas compris On essaye de trouver rapidement une solution pour combler ou alors si on n a pas de solution imm diate on n insiste pas on passe autre chose E17 50 52 En les regardant C est l observation Au d but on est accroch e beaucoup de choses M me dans l observation je pense qu il y a des choses qu on voit et qu on n analyse pas forc ment On va analyser parce qu apr s on aura vu les travaux des enfants et on se dit mi
186. a premi re fois a m a fait tr s tr s peur E7 28 En m me temps qu ils ressentent une certaine anxi t les futurs enseignants expriment leur satisfaction d acc der au monde du travail et de changer de position dans le syst me ducatif Ils ont h te de se lancer dans cette aventure professionnelle 145 C tait un m lange de peur et d envie de commencer d attente pour pouvoir enfin enseigner et tre la ma tresse E6 30 J avais des id es de projet que je voulais mettre en place Comme les enfants on a envie que a arrive qu on se lance et qu on fasse des choses E8 34 Durant les jours et les semaines qui ont pr c d la rentr e l esprit de Manuella est v ritablement habit par sa premi re classe Je n arrivais pas me d tacher de la pens e de la rentr e de ma future ann e EL 30 En revanche Jessica qui ne conna t pas encore le niveau de la classe qui lui sera attribu la rentr e ne se projette pas dans l exercice de son futur m tier En fait j tais compl tement dans l inconnu parce que je ne connaissais pas du tout le niveau de la classe que j allais avoir et je lai appris le jour de la pr rentr e Donc en fait je m imaginais pas trop le premier jour parce que je savais pas du tout en fait le niveau que j allais avoir E3 30 Fr d rique est contente de quitter l institut de formation pour vraiment tester concr tement et
187. a r alit Evoquant une probl matique probl matique Bul a Bota et Bronckart 2006 interrogent le statut et l int r t de l autoformation pour les sciences de l ducation et mettent en doute la pertinence du cadre th orique utilis pour la mod lisation du concept Selon ces auteurs la notion d autoformation d coule d une confusion qui est faite entre le d veloppement et la formation de l individu alors m me que ces deux processus doivent tre pens s distinctement Renvoyer la probl matique de la formation aux apprenants eux m mes constitue la fois une erreur th orique la confusion des processus de formation et de d veloppement et un leurre bid 55 L tude que nous voulions mener n exigeait pas que nous prenions part ces d bats intenses et fertiles C est la raison pour laquelle nous avons pr sent les diff rentes approches de l autoformation partie I chapitre 3 avant de d finir pr cis ment la perspective que nous allions mobiliser pour notre travail Il nous a sembl heuristique d tudier la construction de la professionnalit enseignante l preuve de la th orie tripolaire de Pineau 1989 selon laquelle soi les autres et les choses constituent les trois 348 p les de l autoformation Cette approche ternaire permet d appr hender l objet de recherche selon plusieurs perspectives en identifiant puis en analysant ses diff rentes influences sans s
188. acilit dans l enseignement de la discipline tudi e 2 Divers l ments de transfert II Des exp riences extra professionnelles 1 Des exp riences significatives 2 Synth se PARCOURS DE FORMATION ET AUTOCONSTRUCTION PROFESSIONNELLE DES ENSEIGNANTS DEBUTANTS INTERPRETATION DES RESULTATS I La premi re ann e d enseignement IT La seconde ann e d enseignement II L autoconstruction professionnelle BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES 376 312 313 314 314 316 318 319 325 330 348 353 369
189. actions didactiques en att nuant la seule fonction transmissive les praticiens ne consid rent plus seulement les enfants comme des sujets pist miques mais ils les prennent en compte tels qu ils sont dans leur diversit avec les savoirs d j acquis et leurs insuffisances d passer Cette plus grande attention port e aux l ves et la r alit de la classe modifie sensiblement la pratique professionnelle Elle entra ne un enseignement plus fin et mieux adapt aux comp tences effectives des l ves telles qu elles se manifestent ce moment l de leur scolarit J observe les l ves Le meilleur outil ce sont les l ves Dans leurs attitudes dans leurs r ponses E17 74 Toujours par rapport cette premi re ann e o on a envie de bien faire on a notre pr paration et on veut tout prix la suivre On fait tout pour que a avance Du coup on fait plus attention notre pr paration qu aux l ves Est ce qu ils comprennent r ellement Est ce qu ils suivent r ellement Apr s avec les ann es on prend de plus en plus en compte le facteur humain l l ve par l observation On est moins le nez dans le guidon on a plus tendance se d tacher de sa pr paration pour tre plus attentif aux l ves E18 32 es propos recueillis soulignent aussi que l exercice quotidien du m tier alimente L Il ji t P tidien d t ji t une m moire des pratiques un catalogue mental de situat
190. afin de pouvoir leur proposer des situations dont le niveau de difficult se trouve en ad quation avec leurs aptitudes r elles Si les activit s s av rent trop faciles elles entra nent rapidement un d sint r t chez les apprenants En revanche si les difficult s sont trop ardues l l ve ne peut les surmonter et il n y a alors pas d apprentissage possible Plusieurs enseignants nous ont dit avoir eu du mal d finir le niveau r el d habilet des enfants au d but de l ann e scolaire Au d but c tait de se rep rer par rapport au niveau des l ves je pr voyais des choses qui n ont pas pu se faire E1 96 Qu est ce que je vais pr parer pour que cela convienne un maximum d l ves Est ce que je vais pas sur quelque chose que je consid re comme acquis mais qui n est pas r ellement acquis E4 60 62 4 2 Les difficult s li es aux aspects p dagogiques de la profession Les jeunes professeurs rencontrent aussi des probl mes dans la mise en uvre des situations d enseignement L organisation mat rielle et p dagogique de la classe l h t rog n it des l ves et la diff renciation p dagogique constituent des cueils fr quemment cit s 4 2 1 L organisation mat rielle L attention port e au d roulement et l organisation des diff rentes phases de travail entra ne parfois le praticien n gliger les aspects mat riels et concrets de la vie de cl
191. agnostique avant de commencer a m aide beaucoup Savoir ce qu ils ont vraiment besoin pour que a soit efficace et qu ils fassent des progr s E1 146 Les enseignants constatent alors une ad quation plus fine entre les activit s telles qu ils les ont con ues et leur mise en uvre concr te avec les l ves J ai l impression de me corriger de moins en moins pendant la s ance ce que je pr pare est d j plus ou moins efficace maintenant Quelques modifications a va pas tre des modifications majeures a va tre des petits trucs E1 140 1 3 Une plus grande anticipation L exercice des t ches didactiques montre une nouvelle organisation du travail dans laquelle appara t une anticipation sur les activit s enseigner portant parfois jusqu une semaine en avance Avant je pr parais au jour le jour Ing rable Donc maintenant le week end je pr pare mes journ es de lundi mardi et le mercredi je pr pare le jeudi le vendredi et le samedi E5 74 Je fais toutes mes pr parations les week ends et le mercredi donc le soir je nai plus qu mettre mes remarques Et toutes mes fiches de pr paration et mes projets je les pense et je les r alise pendant les petites vacances ET 56 179 Au d part je faisais vraiment un cahier journal au jour le jour et je faisais tout la main j ai r ussi passer l ordinateur je me f licite et je fais sur la semaine Comme
192. ais en m me temps on est content de revenir de revoir notre nouvelle classe E11 20 On pense toujours la rentr e quelques jours avant on pr pare les tiquettes C tait d j pr sent mais moins dans la panique Plus organis e plus sereine E9 20 2 Nomm s dans une nouvelle cole Apr s avoir t affect titre provisoire dans une cole de ZEP J r me entame sa seconde ann e en disposant maintenant d une affectation d finitive Cette nouvelle situation administrative le ravit car elle lui donne la possibilit de se projeter au del d une seule ann e scolaire C tait un poste que j avais demand j tais content de recevoir un poste d finitif d tre enfin fix dans une cole Parce qu on peut travailler long terme partir du moment o on tablit des relations avec les coll gues une organisation de travail une organisation pratique si on sait que a va perdurer c est plus int ressant E12 22 24 L an pass ce jeune enseignant regrettait le peu de relations qu il avait pu tablir avec les parents d l ves Pour cette nouvelle rentr e il prouve une certaine appr hension quant la mani re dont elles vont se d rouler Et cette fois ci il craint au contraire une trop 246 grande pr sence des parents qui d bouche parfois sur une mise en doute des comp tences professionnelles des ma tres d butants Un peu d inqui tude quand m me
193. ajouter maintenant l id e de refiguration qui repr sente la posture m me de l analyse ex post Les sujets qui en tant qu acteurs ont v cu l pisode comme une rhapsodie d v nements plus ou moins d sarticul s comme un divorce constamment renaissant entre leurs pr visions et leurs actes peuvent en tant qu historiens de leur propre pass reconstruire les pisodes en un encha nement intelligible Pastr 1999 32 335 Nous percevons l ais ment quel point la dimension r flexive constitue un l ment nodal dans le processus de d veloppement professionnel des jeunes enseignants La pratique quotidienne est un espace d apprentissage et de formation pour les ma tres Les situations professionnelles pr sentent des opportunit s d apprentissage et de d veloppement Elles permettent d entretenir le r pertoire des comp tences existantes et de les enrichir par de nouvelles int grations cognitives A l inverse nous savons aussi que la r p titivit m canique des gestes professionnels peut entra ner un appauvrissement une d gradation de ce r pertoire Il appara t donc important de d velopper d s la formation initiale et durant la formation continue le savoir analyser Altet 1996 afin d armer le regard l observation des praticiens d butants et d outiller la r flexion sur les pratiques professionnelles Former de bons d butants c est justement former d embl e des gens capables
194. alis es les enseignements adapt s et la scolarisation des l ves en situation de handicap 294 Nomm e sur un poste qui lui tait peu familier Aur lie s est imm diatement adress e une coll gue exer ant sur un poste identique La premi re chose que j ai faite c est me renseigner aupr s de la ma tresse E de mon cole pr c dente qui m a laiss disposition tous ses documents de travail donc j ai essay de regarder le maximum avant la fin de l ann e scolaire a ma donn une bonne id e de ce qui m attendait E15 16 Plus tard rencontrant des difficult s dans l exercice du m tier elle se tourne vers sa coll gue du r seau afin que cette derni re l aide La jeune ma tresse consid re cette collaboration particuli rement utile car elle constate une fine ad quation entre ses questions ses besoins et les r ponses que cette personne lui donne Elle m a fourni des documents donc a m a facilit le travail L elle savait ce que je voulais et elle r pondait ma demande E15 58 Compl tant plusieurs temps partiels H l ne est amen e collaborer assez troitement avec les enseignants titulaires Cela lui permet de d couvrir diff rentes m thodes de travail diff rentes mani res d tre avec les l ves qui enrichissent sa propre pratique professionnelle On apprend beaucoup de la mani re de travailler de diff rentes personnes on peut acqu rir plein de m th
195. alis s toute la population m re Dans la recherche qualitative l chantillonnage repose sur des choix effectu s par le chercheur de quelques sujets qui vont pouvoir apporter des informations sur l objet d tude Pour ce qui nous concerne la construction de l chantillon ne correspond pas des crit res de repr sentativit mais de significativit Dans ce travail il ne s agissait nullement d arriver une repr sentation statistique de l objet Une question tait de conna tre le nombre de sujets interroger et le nombre d entretiens r aliser pour que la recherche soit valide Concernant cette interrogation il n appara t pas de r ponse pr d termin e et invariable Il existe cependant un concept qui peut nous tre utile le concept de saturation Bertaux 1980 Apr s un certain nombre d entretiens r alis s le chercheur a le sentiment de ne plus apprendre d informations qu il ne connaisse d j le recueil des donn es n est plus fructueux ce moment l il peut estimer que son corpus a atteint une taille suffisante Pour atteindre ce seuil de saturation il faut au pr alable avoir bien pris garde de diversifier suffisamment ses interlocuteurs afin de pouvoir recueillir une diversit d exp riences Nous avons essay de r pondre cette exigence en s lectionnant des personnes exer ant leurs fonctions des niveaux d enseignement diff rents coles maternelles et l mentaires
196. alis s par les apprenants l engagement des l ves dans les activit s d enseignement propos es une relation ducative sereine et la qualit des changes men s avec les coll gues constituent les l ments les plus fr quemment partag s Ensuite chacun selon sa sensibilit et le contexte sp cifique de son activit professionnelle ressent des motifs de satisfaction qui lui sont propres 2 Les difficult s rencontr es 2 1 Le temps consacr aux pr parations et aux corrections Comme cela avait d j t le cas pour la premi re ann e d enseignement plusieurs enseignants se plaignent d un temps de pr paration et de correction particuli rement important D un point de vue institutionnel les exigences en termes de travail didactique sont souvent plus lev es en seconde ann e Dans de nombreuses circonscriptions lors de la r union de rentr e accueillant tous les T2 l inspecteur annonce sa future inspection en pr cisant ses attentes lors de cette visite progressions et programmations dans toutes les disciplines un cahier journal dense et pr cis renforc par deux fiches quotidiennes de pr paration L importance que les ma tres donnent cette premi re inspection fait qu ils s astreignent la plupart du temps respecter ces quotas Cela requiert chaque jour apr s la classe plusieurs heures de travail didactique r aliser Jai pas l impression d avoir diminu le temps de pr paration
197. ance p dagogique qu elle subit assombrit l enthousiasme qui tait le sien Je suis moins satisfaite que l ann e derni re E14 14 Soubhaitant int grer l acad mie de Strasbourg sans r el espoir d y parvenir elle ne savait pas o allait s effectuer sa troisi me ann e d enseignement Aur lie Titulaire d une ma trise en histoire m di vale Aur lie effectue son entr e dans le m tier dans une cole neuf classes Elle enseigne dans un CM1 de vingt trois l ves Sa difficult essentielle concerne l loignement g ographique de l cole par rapport son domicile Lors de notre premier entretien qui se d roule peu avant la fin de l ann e elle est satisfaite de ce qu elle a pu vivre et mettre en uvre avec les enfants Pour sa seconde rentr e elle est nomm e sur un poste de ma tre E dans une circonscription encore plus loign e de chez elle Apr s avoir surmont sa d ception de 134 ne plus avoir de classe elle ressent un certain plaisir aider les l ves en difficult d apprentissage Au moment du second entretien elle n avait toujours pas connaissance de sa future affectation moyen terme elle souhaite devenir ma tre formateur car elle pense que c est une fa on de rester au contact de ce qui se fait de nouveau E15 204 Anne Marie Professeur de formation musicale dans une cole de musique et titulaire d une licence pluridisciplinaire Anne
198. ans b n ficier d un statut de titulaire et ne sont engag s d finitivement qu l issue d une p riode probatoire En Belgique l enseignant au terme de sa formation initiale effectue un stage d un an se terminant par une valuation qui si elle est positive le titularise dans ses fonctions Dans le cas contraire une seconde ann e de stage est organis e et sanctionn e par une nomination d finitive ou par un licenciement On voit tr s bien dans cet exemple s affronter deux logiques qui s av rent difficilement conciliables une logique de formation visant un d veloppement professionnel et une logique de recrutement davantage centr e sur l efficacit p dagogique imm diate Comme le souligne A Louvet les pays qui mettent en avant le fait que la p riode probatoire est un moment de formation tout en proc dant dans le m me temps une valuation des enseignants placent le d butant dans une situation plus difficile doit il d abord se former auquel cas il doit avoir la possibilit de s essayer ou doit il d abord tre valu auquel cas il lui faut faire la d monstration de ses capacit s donner la meilleure image de lui m me il est alors plac dans des conditions telles qu il est beaucoup moins disponible pour se former Evaluation et formation sont deux processus antinomiques le dispositif d valuation ayant toute chance d ob rer le processus de formation Louvet cit e par Ba llauqu
199. ans ces conditions particuli res entra ne des difficult s d ordre identitaire Pour le praticien qui d bute dans cette profession tre enseignant c est avoir n cessairement sa classe et ses l ves Cette repr sentation du m tier s av re tout particuli rement intense pour les ma tres novices qui pour la plupart s engagent dans cette voie professionnelle avec des convictions forts de l envie et de la volont d tre utiles et d aider les l ves progresser grandir Le fait de partager la classe avec un coll gue de ne pouvoir assurer la direction des apprentissages de voyager entre diff rents lieux de ne pas tre consid r comme un vrai ma tre nuit la construction identitaire et l panouissement professionnel des personnes Il semble que cette situation ne soit pas ressentie de la m me mani re l entr e dans le m tier et apr s quelques ann es d anciennet Ainsi de plus en plus de praticiens chevronn s abandonnent volontairement et pour diverses raisons la responsabilit d une classe pour prendre un poste de rempla ant itin rant sans que cela leur pose a priori de probl mes 326 identitaires Les d butants s engagent sur des chemins que des enseignants plus exp riment s effectuent rebours Les discours portant sur la premi re ann e avaient mis en lumi re les difficult s rencontr es par certains ma tres tablir une atmosph re de classe sereine et propic
200. apprentissages des enfants La pratique quotidienne les confronte aussi une autre r alit Certains apprenants r sistent et ne s inscrivent pas dans cette dynamique positive si ardemment d sir e par le praticien Et malgr les efforts que ce dernier d ploie en proposant une relation d aide individuelle avec des exercices adapt s un dialogue didactique plus soutenu rien n y fait L l ve ne progresse pas ou tr s peu par rapport la norme Pour avoir prise sur l duqu l acte ducatif a besoin de rencontrer un acquiescement une acceptation de l offre Cette situation d chec r v le aux ma tres une forme d impuissance une n gation de leur influence ducative de leur pouvoir Or comme le souligne Freud tout homme est habit par la rage de conclure Il est alors difficile pour les jeunes ma tres d accepter cette n gativit car elle remet en cause leur utilit elle br che leur identit professionnelle Refusant cela certains professeurs engagent des pratiques qui ressemblent de l acharnement p dagogique o aucune r mission n est permise l enfant Quand un l ve ne comprend pas j avais tendance presque m acharner dire c est pas possible tu ne peux pas ne pas comprendre donc on remettait une 191 couche deux couches puis une demi heure apr s il ne comprenait toujours pas et puis je m nervais a partait ES 90 Progressivement ces comport
201. ara t explicitement ou implicitement dans tous les discours Je m adapte aux l ves C est beaucoup de l adaptation E11 40 Il faut vraiment s adapter E13 112 Si je vois qu une activit n est pas adapt e je peux plus facilement la changer m me en cours de s ance E15 94 Les ma tres se sont enrichis d id es d exemples de r f rences Ils se sont impr gn s d habitudes de m thodes de travail qu ils mettent en uvre souvent dans l action elle m me On a d j plus de r f rences E12 96 Jai pris des id es C est a aussi qui permet plus facilement de s adapter Quand on sait ce vers quoi on va aller vers quel objectif c est plus facile A force d enseigner plus on a d exp rience plus on a de solution de rechange E15 98 La d marche est presque toujours la m me C est int rieur Je lai int rioris e et a sort tout seul E9 170 Il y a des habitudes et des rythmes qui se sont install s E13 60 L j avais quand m me quelques bases m me si c est pas le m me niveau J avais acquis des m thodes de travail qu on transpose E14 92 Il est remarquable que l exp rience acquise ne s exprime pas comme un habitus r p titif mais dans une plus grande diversit et une plus grande souplesse des sch mes d actions que les jeunes enseignants appliquent en fonction des caract ristiques identifi es de la situ
202. arrive L on part d un point on sait peu pr s on commence cerner ce que les enfants sont capables de faire donc on va r ussir cerner l arriv e E14 84 96 M me si cette ma tresse arrive difficilement transposer d une ann e sur l autre l essence du m tier demeure identique en rapport avec la relation qu on peut avoir avec les enfants M me si l c est un peu tronqu il y a quand m me une continuit Il y a de grosses diff rences par rapport l ann e derni re o j tais en maternelle mais c est le m me m tier La diff rence est sur la forme mais sur le fond c est le m me m tier E14 172 8 Anne Marie Enseignant cette ann e dans un CE2 apr s avoir d but l an pass dans un CE1 Anne 286 Marie a le sentiment d avoir d reconstruire tout son enseignement sans pouvoir s appuyer sur son exp rience pass e Mais par rapport l ann e derni re j ai chang de niveau donc je recommence tout Tout le travail est refaire donc j ai pas l impression de pouvoir me reposer sur quelque chose E16 64 Mais dans sa pratique quotidienne elle a le sentiment d tre plus l aise E16 84 dans l exercice de son m tier Cette nouvelle attitude s explique par une plus grande facilit organiser son travail D autre part elle s est partiellement d tach e de la pression engendr e par les programmes scolaires pour adopter
203. as d Aur lie est ce titre significatif Elle a b n fici depuis sa prise de fonction de quatre visites qui ont toutes t satisfaisantes J avais d j t rassur e quatre fois E15 172 Malgr cela elle doute encore de l efficacit de sa pratique et attend de l inspection une nouvelle preuve de la pertinence de son travail Il y a que l inspecteur qui peut vraiment poser son jugement qui peut dire vous faites bien ou vous faites mal Donc c est nouveau le besoin d tre rassur e E15 170 Les propos de ses pairs sont tout aussi explicites 307 J avais besoin qu on me dise si ce que je faisais tait bien E10 146 De savoir o se placer par rapport une personne qui est au dessus de nous au niveau de la hi rarchie qui a un r el regard sur notre travail qui voit exactement ce qu on a fait comment on l a fait qui peut juger Je suis entr e dans le m tier o est ce que j en suis est ce que je peux continuer sur ce chemin l ou est ce que a va pas et il faudrait que je revois ma fa on d enseigner E16 156 158 On a besoin d tre rassur e E13 174 La difficult du m tier c est qu on est toujours tout seul Enfin il n y a personne qui voit ce qu on fait on n est jamais valu Si Par les enfants mais Alors c est quand m me formateur que quelqu un qui a de l exp rience vienne nous voir et pointe des choses qu on n
204. as le temps on ne se prend pas le temps de regarder en arri re sur ce qu on a fait de faire un bilan E18 76 84 333 Parmi les principaux l ments d clencheurs d une r flexion nous retrouvons essentiellement les incidents critiques comme les difficult s d apprentissage des l ves l indiscipline le d sint r t des apprenants les objectifs non atteints S il y a eu un probl me moi perso je fais un bilan Maintenant s il n y a pas eu de probl mes je ne fais plus de bilan je n cris plus Quand il y a un probl me je cherche le r soudre E17 54 58 R guli rement on a des choses qui ne se passent pas comme on l avait pr vu donc ces choses l on essaye de les identifier pour ne pas refaire les m mes erreurs la prochaine fois E18 50 C est plus dans les moments difficiles qu on va revenir qu on va se rem morer a peut tre quelque chose o j ai eu l impression que l enfant avait bien compris et quand je corrige c est pas du tout a Parfois dans la confrontation ma tre l ve j ai pas eu les bonnes r ponses et donc je me dis tiens j aurais peut tre d faire a ou dire a E19 82 84 Les propos recueillis montrent que la r flexion sur l action s av re la plupart du temps suscit e par l cart entre ce que le ma tre avait pr vu de faire et ce qu il a r ellement t en mesure de r aliser A l inverse les r
205. assait pas du tout quoi et souvent je me retrouvais dans des coles assez difficiles o l instit tait tomb malade et je tombais malade moi m me quelques jours apr s et je me suis pas mise en maladie donc c tait tr s dur physiquement et j tais souvent chez les petits tout petits en plus donc j en garde un mauvais souvenir E3 42 Apr s cette premi re ann e sur le terrain elle r int gre l IUFM en seconde ann e pour consolider sa formation initiale Elle a 25 ans quand elle entame sa premi re rentr e en tant que titulaire de la fonction publique dans un CM1 2 Evoquant plusieurs reprises son manque de confiance elle est particuli rement sensible aux feed back que peuvent lui renvoyer les l ves et leurs parents On a vraiment envie d avoir une estime d eux de leur part E3 62 Craignant de ne pas savoir r pondre nos questions lors du premier entretien elle nous pr sente une feuille sur laquelle elle avait r dig des l ments qui lui semblaient importants voquer Finalement sans qu elle ait eu besoin de recourir sa pr paration notre rencontre a dur plus d une heure trente L ann e suivante elle reste dans la m me cole et prend en charge un CM2 qui lui procure de multiples satisfactions Appr ciant son m tier Je suis contente d avoir fait a J ai jamais regrett de m tre lanc e dans ce m tier E11 88 elle quitte son cole la fin de l ann e pour
206. asse 168 La fa on de d poser par exemple leur travail quand ils ont fini o ils d posent des petits trucs comme a C est des choses pratiques j y avais pas pens El 98 4 2 2 L organisation des ateliers L organisation p dagogique de l cole maternelle comprend une sp cificit toute particuli re par rapport l cole l mentaire le travail quotidien en ateliers Concr tement dans la classe les l ves sont le plus souvent s par s en quatre groupes avec quatre t ches diff rentes effectuer Cette organisation propre aux petites classes s av re ardue pour les ma tres d butant l cole maternelle qui la plupart du temps ne savent plus quel saint se vouer pour pouvoir r pondre toutes les sollicitations des petits lesquelles portent sur des points tr s diff rents Ce peut tre pour un l ve la difficult de d couper une lettre pour un autre l incapacit de d nombrer alors qu au sein du groupe en autonomie r gne une effervescence d bordante La fragmentation du groupe classe en petites unit s complique le r le de l enseignant Dans la mise en place des ateliers il faudrait que je me coupe en quatre j y arrive pas E2 52 4 2 3 La diff renciation p dagogique dans les cours multiples Les ma tres enseignant dans des classes plusieurs niveaux cours double ou triple classe unique accueillent des enfants d ges diff rents devant suivre
207. ation L automatisation d un certain nombre de proc dures contribue galement am liorer l efficacit p dagogique car elle rend l enseignant plus attentif aux enfants De plus elle permet une disponibilit accrue pour concentrer ses efforts sur la gestion de l impr vu ou du nouveau Pouvant s appuyer sur ce qu ils ont d j eu l occasion d prouver les ma tres sont galement capables d anticiper d ventuelles difficult s qui pourraient survenir lors des s quences tant dans leur d roulement que dans le processus d apprentissage des l ves On conna t mieux les endroits o a va bloquer E11 144 289 Certains propos laissent galement penser que le processus de d veloppement personnel des jeunes ma tres comprend deux aspects une face diurne ais ment circonscrite travers les diff rents points d volution cit s par les praticiens et une face plus nocturne qui rel ve davantage du ressenti personnel et dont la mise en mots s av re particuli rement probl matique Ce caract re diffus du d veloppement professionnel se retrouve particuli rement dans les propos de ces deux personnes On sent mieux quel moment il faut faire quel type d activit s avec les l ves Je sens un peu mieux lorsqu une s ance fonctionne bien avec les l ves ou bien le contraire C est quelque chose qu on ne ressent pas par tapes on va pas se dire un moment tiens
208. attitude compr hensive dans laquelle il convient de s ajuster pour recevoir l autre tel qu il est Le Bou dec 2001 18 81 Dans les d marches d accompagnement il est tr s fr quent d observer que la mise en mouvement du processus mane du professionnel qui sollicite l individu accompagner car ce dernier semble devoir faire l objet d une aide ou d une protection particuli res Le m me auteur explique que l accompagnement s inscrit presque toujours dans le cadre d activit s officielles li es un statut Cette situation conduit une in galit des positions entre les personnes impliqu es et entra ne de fait une dissym trie dans la relation Par exemple le tuteur accompagne le d butant ou l enseignant accompagne l tudiant dans l laboration de son m moire au sein d une institution selon des r gles d finies par cette derni re Cependant cette disparit des statuts s allie une posture humble modeste de l expert Lorsque dans les t ches li es sa fonction un professionnel est amen marcher au c t d un autre il peut choisir d adopter une position relationnelle horizontale dans laquelle son expertise ne sera pas affich e de mani re ostentatoire mais utilis e au service de l autre L accompagnement se caract rise comme une situation dans laquelle il y a un acteur principal qu il convient momentan ment de soutenir mais en aucun cas il ne s agit de le su
209. au sur le d veloppement professionnel des praticiens et sur les dynamiques individuelles et collectives qui y contribuent S il n existe pas un mod le unique d apprentissage des comp tences professionnelles l analyse des mat riaux discursifs a r v l des points de convergence que nous avons mis en lumi re dans la derni re partie de ce travail partie I Nous crivions pr c demment avoir tudi la construction de la professionnalit enseignante l aide de la perspective exp rientielle de l autoformation et de son cadre ternaire Au terme de cette recherche trois ann es plus tard les r sultats obtenus accentuent encore cette importance de l autos dans le d veloppement professionnel L quilibration majorante des comp tences l appropriation progressive d une identit nouvelle constituent autant d volutions dont les jeunes enseignants sont bien les ma tres d uvre Certains extraits d entretiens ont mis en valeur le travail d appropriation personnelle qu il leur tait n cessaire d effectuer par exemple lors des changes collaboratifs avec certains pairs ou lors des entretiens de visite et la dimension r flexive de chacun semble bien constituer l l ment moteur des volutions des recompositions des transformations que nous avons identifi es durant les deux ann es L image du praticien r flexif Sch n 1994 est pr sente depuis longtemps dans la recherche et dans les plans
210. aussi un peu et d abord cela franchir un seuil Mais ce seuil l n est pas que celui spatial de l cole ou de la classe Entrer dans une classe prendre une classe prendre sa classe Satisfaire des devoirs accepter des frustrations Des triomphes et des d faites des envol es et puis des chutes des promesses et des menaces Des retrouvailles et des ruptures la prise de fonction est un passage tant un chemin qu une avanc e et un retour Les d buts dans le m tier sont un entre deux Tout peut se construire et plus particuli rement la compr hension de son r le et celle de son statut et la capacit alors d y percevoir concevoir traversant les t ches et les activit s la sp cifique et difficile mais stimulante pluralit des fonctions A travers elles enfin le sens pour lui et pour les autres du sujet enseignant Baillauqu s Breuse 1993 120 La prise de fonction constitue un acte individuel et singulier Ainsi Anne Marie dit s tre appropri e son r le d enseignante non pas au contact de sa premi re classe ou durant les stages mais en enseignant la musique des enfants et des adultes au conservatoire Je ne lai pas ressenti comme a En fait pendant mes tudes universitaires j ai donn des cours de formation musicale dans une cole de musique je pense que a s est plus fait ce moment l de se retrouver face une classe face des l ves M me si ce n est pas le m
211. availler voil on cible mieux on va tout de suite vers les documents qui nous int ressent E3 78 Je m parpillais trop Maintenant j arrive passer plus l essentiel E8 84 1 5 Moins de doutes Concernant le choix des situations susceptibles d tre les plus propices aux apprentissages les ma tres ressentent maintenant une certaine assurance et davantage de certitudes sur la pertinence des activit s qu ils pr parent Par rapport ce que je vais mettre en place comme situation l ann e derni re je me posais beaucoup de questions quelle m thode je vais utiliser comment je vais aborder ceci ou cela Alors que cette ann e je m en pose encore mais moins E4 88 1 6 Un temps de pr paration qui augmente La diminution du temps de pr paration ne concerne pas tous les enseignants Le passage d une pratique de classe ordinaire la mise en uvre d une p dagogie plus cr ative entra ne un besoin accru de r flexion afin de rechercher des supports int ressants Cette 181 d marche de projet pluridisciplinaire et complexe puisque des liens sont cr er entre diff rents domaines demande temps et nergie aux ma tres Non au contraire a augmente parce qu on se rend compte de tout ce qu il y a l ext rieur la pr paration de projet tout a a demande du temps aussi il faut aller la m diath que chercher des livres il faut passer des commandes on ne le compte pa
212. blaient les plus pertinentes pour nous aider atteindre nos objectifs Rappelons que l entretien d explicitation se traduit par une technique d accompagnement qui a pour but d aider le sujet se rapporter un moment singulier le pr sentifier le rendre nouveau dans une qualit de pr sence vivante dans la repr sentation et en fragmenter la description Vermersch 2000 249 L interviewer accompagne la r mergence d un v cu pass et singulier de son interlocuteur en favorisant le retour sur soi Ce moment d vocation qui est aussi appel position de parole incarn e constitue un l ment indispensable sans quoi il n y a pas de r elle explicitation Dans tous les cas ce qui importe est le maintien de la position en premi re personne avec l ensemble des conditions m thodologiques n cessaires pour qu il y ait bien r f rence l exp rience subjective Dupuis 2002 174 Concernant le recueil des informations P Vermersch distingue trois points de vue selon la mani re dont sont rassembl es les donn es Le point de vue en premi re personne renvoie une pratique de recherche o le sujet et le chercheur repr sentent la m me personne 107 Le point de vue en seconde personne est une m thodologie consistant recueillir des verbalisations de l exp rience d autrui r colter des donn es subjectives aupr s de diff rentes personne
213. canisme d adaptation est appel conformisme dynamique Nault 1999 149 La troisi me tape de cette insertion professionnelle voit le novice construire des sch mas permanents des routines au fur et mesure de ses r ussites et de ses checs Cette phase est appel e phase de consolidation des acquis Progressivement plus confiant en ses ressources et en ses comp tences le jeune ma tre acquiert une certaine autonomie professionnelle Il devient cr atif en concevant certains moments ses propres situations p dagogiques Nault parle de socialisation personnalis e Cette quatri me tape recouvre la phase de stabilisation voqu e par Huberman 1989 Les th ories du d veloppement et de la socialisation professionnels que nous avons pr sent es constituent des points de rep res utiles pour notre tude Cependant ces mod les g n raux ne peuvent s appliquer tout enseignant d butant Il para t int ressant de focaliser le regard sur des situations singuli res afin de comprendre selon une perspective utilisant une granulom trie plus fine les ph nom nes l uvre durant cette p riode Nous devons nous montrer prudents par rapport aux cat gories qui ont t d finies et ne pas imm diatement y classer les sujets car cela nous emp cherait probablement de voir ce qui se joue chez les acteurs ce moment l de leur parcours de formation Enfin le d veloppement professionnel est trib
214. cas la r alit de la classe s av re plus favorable que ne l escomptaient les praticiens novices Les l ves sont gentils agr ables et les rapports qu entretiennent les ma tres avec eux renforcent leur plaisir d enseigner M me mieux que je les imaginais Je pensais avoir plus de comportements difficiles et en fait a se passe bien donc voil J ai de la chance tout baigne E1 92 J avais peur que ce soit pire Je me dis que cette ann e j ai une bonne classe E7 60 Une enseignante exer ant l cole maternelle souligne l importance de prendre en compte chaque l ve de sa classe Elle concr tise cela par un accueil individualis chaque matin et par des dialogues fr quents avec les enfants En commen ant la journ e il y a l accueil personnalis je prends la peine de discuter avec chaque enfant de l humeur du jour si a va s il a bien dormi C est d j important Au courant de la journ e je ne refuse jamais un enfant de lui parler s il a quelque chose me dire je l coute E1 88 Cette attention singuli re se traduit galement par des contacts physiques empreints d affection pour l l ve Des gestes d affection on leur prend la main pour les emmener quelque part moi je refuse pas les c lins ils viennent ils ont envie de se serrer a arrive pas toute la journ e quand j ai le temps et que c est le moment appropri oui El 88 3 2 Des l ve
215. cation d inspiration autoformative Cependant bien que ces diff rentes perspectives d autoformation empruntent des voies qui leur sont propres nous pouvons affirmer que ce vaste champ notionnel se cristallise autour d un noyau de sens qui est d apprendre par soi m me c est dire apprendre voire apprendre apprendre partir de sa propre activit dans des dispositifs plus ou moins ouverts et plus ou moins accompagn s La d marche autoformative s inscrit dans un projet d autonomisation du sujet Mais que recouvre ce terme d autonomie R Legendre 1993 35 d finit trois significations de l autonomie ducative Au niveau g n ral elle signifie la libert relative d agir d un individu ou d une collectivit sans intervention de l environnement Il s agit pour la personne de pouvoir vivre des exp riences formatives dont elle est l initiatrice dans un contexte social donn Au niveau p dagogique l autonomie signifie la libert relative d un sujet de d terminer ses objectifs de choisir les moyens de les atteindre et d valuer ses apprentissages Enfin au niveau psychologique l auteur d finit cette notion comme l aptitude d une personne fonctionner et d cider par elle m me sans recours autrui ou la capacit d une personne satisfaire par elle m me ses besoins particuliers Sont pr cis s ici des l ments d ordres affectif conatif cognitif per
216. ce qu on aide des enfants en difficult et c est diff rent parce que je ne fais que a L acte d enseigner reste le m me En a c est le m me m tier mais c est quand m me pas de la m me fa on qu on le fait E15 192 4 1 Une meilleure adaptation de l offre ducative Aur lie dit avoir enrichi ses comp tences didactiques et p dagogiques Cette volution lui permet de r pondre plus finement aux sollicitations et aux difficult s des l ves Si je vois qu une activit n est pas adapt e je peux plus facilement la changer m me en cours de s ance J ai pris des id es C est a aussi qui permet plus facilement de s adapter L ann e derni re j avais pas d assurance j avais 281 l impression de ne pas ma triser donc de ne pas pouvoir m adapter E15 94 98 100 4 2 Un certain d tachement Les enseignants d butants se laissent fr quemment aspirer par les programmes officiels qu ils s obligent terminer avant la fin de l ann e scolaire Ainsi d s les premi res semaines d enseignement ils nous font part lors des visites de leur peur de ne pouvoir boucler le programme en raison des difficult s d apprentissage des l ves Pour cette seconde ann e Aur lie s est assouplie par rapport aux exigences professionnelles qu elle s imposait pr c demment Jai relativis Voil j ai relativis L ann e derni re en commen ant je me disais il
217. ce qui dans la vie d un adulte tient respectivement ses dipl mes ou son exp rience de vie 1990 7 Les temps d apprentissage du m tier d enseignant ne se borne pas aux seuls moments de formation professionnelle mais ils se trouvent galement la fois dans l exp rience personnelle et scolaire ant rieure et dans la pratique quotidienne de classe Diff rentes tudes Carter et Doyle 1996 Raymond 1998 ont montr qu une part non n gligeable des comp tences professionnelles des enseignants s enracinait dans leur histoire de vie Il appara t notamment que la socialisation scolaire v cue par les futurs ma tres joue un r le essentiel pour comprendre les diff rents l ments de la professionnalit qui sont l uvre bien des ann es plus tard dans l exercice du m tier Notre attention s est port e dans un premier temps sur la possible influence des tudes universitaires men es par les praticiens sur leur mani re d enseigner Puis dans cette m me perspective de formation professionnelle nous avons essay de comprendre en quoi certaines exp riences de la vie personnelle pouvaient aider l dification des gestes professionnels I Les tudes universitaires A l exception d une personne tous les enseignants que nous avons rencontr s ont suivi un cursus universitaire qui a abouti a minima l obtention d une licence A ce moment l de leur histoire de vie certains d ent
218. certaines questions pointues des l ves parce que des fois ils posent des questions on s attend pas du tout ce qu ils posent des questions aussi pointues E5 6 Je pense que c est beaucoup plus facile pour moi d enseigner l histoire ou la g ographie que d enseigner les sciences parce que j ai moins de recherches faire parce que je r ponds plus facilement aux questions des l ves et je m y sens plus l aise E7 10 Toute la pratique musicale que j ai faite me sert beaucoup en classe Dans le chant on travaille sur la rythmique dans le choix des morceaux d coute dans la mani re d aborder l coute avec les enfants aussi Et puis une richesse de r pertoire Jai accumul un r pertoire des petites choses concr tes parce 312 qu on montait des spectacles on faisait vraiment des choses concr tes E8 4 6 8 2 Divers l ments de transfert Pour Aur lie les nombreuses lectures et analyses de documents qu elle a men es dans le cadre de ses tudes l ont aid e se construire une m thodologie de travail avoir des rep res et structurer son analyse E7 6 qu elle essaye de transmettre ses l ves Comme j ai eu l habitude dans mon cursus d analyser beaucoup de documents d histoire et de g ographie c est plus facile aussi enseigner aux l ves D s qu on a des lectures d image faire ou alors pr lever des informations sur une couver
219. cette personne parviendra par la suite d finir plusieurs l ments de sa pratique ayant volu par rapport aux premiers moments de son insertion professionnelle Le d veloppement professionnel du praticien d butant recouvre les aspects didactiques et p dagogiques du m tier D s que la question de l acte d enseigner est abord e deux voies essentielles se d gagent D une part le volet didactique de ce travail qui concerne essentiellement les activit s de planification et d laboration des situations d enseignement D autre part le volet p dagogique qui porte sur le rapport entre le ma tre et ses l ves et l action du praticien quand celui ci uvre avec les apprenants Dans la pratique professionnelle de l enseignant ces deux domaines sont compl mentaires il s agit du double agenda Leinhardt 1986 partir duquel le ma tre g re des contenus et des interactions La pratique enseignante est plurielle P dagogico didactique elle int gre aussi des dimensions psychologiques et sociales dont le ma tre doit tenir compte Les entretiens laissent appara tre des changements des volutions qui caract risent cet ensemble 177 1 Le d veloppement professionnel dans ses aspects didactiques 1 1 Une plus grande facilit dans l laboration des s quences d enseignement Si l activit enseignante comporte toujours un part d incertitude en raison de sa complexit et de sa nature essentiellement rela
220. ch mes d valuation et de d cision guident l action de l enseignant Sans l existence de sch mes il ne peut y avoir de comp tences mais seulement des connaissances Les travaux de St Arnaud 1992 montrent que les diff rentes r gulations effectu es par un enseignant en cours d action r sultent d une prise d indices et d un traitement de l information que le ma tre active sans m me s en rendre compte La pratique p dagogique est la plupart du temps guid e par les l ments d un syst me implicite non conscientis Nos gestes nos actes intellectuels sont command s par cette structure si bien que le plus souvent les actions singuli res que nous menons constituent des variations sur une trame assez stable Perrenoud 2001 37 Selon Piaget Nous appellerons sch mes d action ce qui dans une action est ainsi transposable g n ralisable ou diff renciable d une situation la suivante 1973 23 Les sch mes cadrent l action mais permettent la diff renciation l adaptation la situation partir de cette trame La notion d habitus d signe elle l int gration des sch mes en un syst me plus vaste une grammaire g n ratrice des pratiques un syst me de dispositions durables et transposables qui int grant toutes les perceptions pass es fonctionne chaque moment comme une matrice de perceptions d appr ciations et d actions et rend possible 49 l accom
221. ches E11 102 L enseignante a galement modifi certains de ses outils professionnels qui ne lui ont pas donn enti re satisfaction J tais pas tr s contente de ce que j avais fait l ann e derni re on se fait toujours des petits reproches Ma progression n est pas la m me j ai vu l ann e compl tement diff remment E11 54 Souvent les praticiens reprennent des d marches qu ils ont d j mises en uvre par le pass mais ils essayent alors de les approfondir afin de les rendre plus efficaces encore Cette ann e on revoit des notions qu on a vues l ann e derni re donc on essaye de les faire diff remment E11 144 Le travail que j ai effectu l ann e derni re j ai pu revenir dessus les fiches de pr parations Am liorer les exercices qui n avaient pas march E9 10 Je m appuie sur mes diff rents projets de l ann e pass e sur ce que j ai b ti Par exemple en litt rature sur des albums qui m ont apport des satisfactions qui ont bien fonctionn C est int ressant et a me fait moins de travail aussi E12 112 114 2 Les pratiques collaboratives avec les coll gues Durant cette seconde ann e les changes avec certains de leurs coll gues demeurent assez 292 nourris Les entretiens montrent qu il n existe pas un seul mod le de collaboration Chaque enseignant selon ce qu il vit et ce qu il est entre ou non en relation avec s
222. chniques d enqu tes en sciences sociales observer interviewer questionner Paris Dunod BLANCHET A GOTMAN A 1992 L enqu te et ses m thodes l entretien Paris Nathan Universit BLIN J F 1997 Repr sentations pratiques et identit s professionnelles Paris L Harmattan BOUCHARD P 1996 La question du sujet en ducation et en formation Paris L Harmattan BOURDIEU P 1972 Esquisse d une th orie de la pratique Gen ve Droz BOUTIN G 1999 Le d veloppement de l identit professionnelle du nouvel enseignant et l entr e dans le m tier dans HETU J C LAVOIE M BAILLAUQUES S dir Jeunes enseignants et insertion professionnelle Un processus de socialisation De professionnalisation De transformation Paris Bruxelles De Boeck Universit BREUSE E 1984 Formation des enseignants centr s sur la personne dans A Abraham dir L enseignant est une personne Paris ESF CARRE P 1992 L autoformation dans la formation professionnelle Paris La documentation fran aise CARRE P MOISAN A POISSON D 1997 L autoformation Paris PUF CARRE P MOISAN A dir 2002 L autoformation Fait social Aspect historique et sociologique Paris L Harmattan 354 CARTER K DOYLE W 1996 Personnal narrative and life history in learning to teach dans SIKULA J BUTTERY T J GUYTON E dir Handbook of Research on Teach
223. ciale SELLTIZ C WRIGHTSMAN L COOK S W 1977 Les m thodes de recherche en sciences sociales trad D B langer Montr al HRW ditions 361 TAP P dir 1980 Identit s individuelles et changements sociaux dans Actes du colloque Production et Affirmation de l identit Toulouse Privat TARDIF M LESSARD C 1999 Le travail enseignant au quotidien Contribution l tude du travail dans les m tiers et les professions d interactions humaines Bruxelles Qu bec De Boeck Presses de l Universit Laval TARDIF M RAYMOND D MUKAMUMERA J LESSARD C 2001 Savoirs temps et apprentissage du travail en enseignement dans SAINT JARRE C DUPUY WALKER L Le temps en ducation Regards multiples Sainte Foy Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 317 349 TOCHON F V 1993 L enseignant expert Paris Nathan VAN DER MAREN J M 1996 M thodes de recherche pour l ducation 2 dition Bruxelles De Boeck Universit VERMERSCH P 2000 Approche du singulier L analyse de la singularit de l action S minaire du Centre de Recherche sur la Formation du CNAM Paris PUF VERMERSCH P 2003 L entretien d explicitation ESF diteur 4e dition VYGOTSKL L 1985 Pens e et langage Paris Editions sociales WEBER M 1965 Economie et soci t Paris Plon WENTZEL B 2004 De la transition discursive entre formation l IUFM et prise de fonc
224. cifiquement avec un groupe d l ves je peux avoir encore plus confiance dans le reste des l ves pour travailler en autonomie E12 64 A mi temps dans une classe o l ambiance entre eux les l ves n est d j pas bonne E14 64 H l ne regrette de ne pouvoir cr er entre les enfants des relations saines et amicales Cette atmosph re n gative qu elle ressent nuit son plaisir d enseigner et la qualit du travail mis en uvre dans la classe Moi j arrive et c est difficile de recr er une bonne ambiance de groupe et pour moi c est vraiment important a Si on a une bonne coh sion entre les l ves on peut bien travailler ensemble En plus comme j tais l ponctuellement on peut rien cr er E14 64 4 Le sens donn son m tier Pratiquer le m tier d enseignant c est exercer des responsabilit s li es la prise en charge d l ves C est galement concevoir et mettre en uvre quotidiennement de multiples situations didactiques afin de faire progresser les enfants Si les instructions 265 officielles situent l enseignement comme une activit professionnelle visant essentiellement l acquisition par les apprenants de savoirs les propos des ma tres semblent indiquer qu ils articulent les finalit s de leur travail selon trois principes essentiels que nous nommons l instruction l ducation et la formation de l individu Cette typologie est certes
225. ciproquement Cette nouvelle organisation du travail a entra n dans les coles une figure nouvelle celle des coll gues formateurs Marcel 2005 120 b Les changes entre pairs qui s inscrivent dans une d marche volontaire de la part du novice c Les dialogues informels qui trouvent leur origine dans la sociabilit des tres Ces changes se d roulent le plus souvent dans les temps interstitiels comme la pause des r cr ations la cour au moment de la surveillance Madame B avec qui on discute dans la cour E2 96 199 Il est int ressant de noter que seul un enseignant a parl des r unions institutionnalis es pour voquer l aide re ue d un ou de plusieurs coll gues Je crois qu on est oblig de discuter entre nous de toute mani re dans le sens o on a des activit s communes des projets communs m me des progressions de cycle donc on est oblig de discuter entre nous E4 92 J F Marcel distingue les quipes p dagogiques qui sont la forme officielle et institu e du collectif d enseignants qui passe par un r el engagement de ses membres Marcel 2005 121 Il est possible que ces r unions rassemblant toute ou une partie de l quipe p dagogique manquent d intimit et n offrent pas au ma tre d butant les conditions optimales pour qu il puisse voquer ses difficult s sans avoir l impression de d voiler ses faiblesses au su de tous En revanch
226. coll gues n ont pas toujours une vision tr s positive du ma tre E Un regard tiens Encore une nouvelle qu est ce qu elle vient faire l Je sens pas toujours le RASED tr s tr s bien accueilli En d but d ann e a m a beaucoup g n e E10 16 18 20 Au d but j ai eu beaucoup de mal m y faire parce que selon les coles le ma tre E n a pas forc ment sa salle de classe Ici dans mon cole de rattachement on m a trouv une salle mais qui est quand m me au sous sol Donc il faut passer par les escaliers arriver dans une salle d saffect e et ensuite on a ma classe qui est compl tement isol e des autres On se sent consid r e diff remment E15 42 Les membres du r seau ne sont pas toujours bien per us par leurs coll gues en charge d une classe Il leur est reproch un temps d intervention aupr s des l ves trop limit qui s explique en r alit par leurs multiples interventions dans plusieurs coles d un m me secteur De plus le fait qu ils ne soient pas responsables et titulaires d une classe les range aux yeux des autres professeurs dans une cat gorie part 260 ntervenant dans plusieurs coles Aur lie n a pas le sentiment de faire partie d une Int td Ji les Aur l l t t de f tie d quipe La jeune ma tresse se sent parfois d valoris e par certains faits et actes de ses coll gues Un autre point qui est difficile c est qu
227. communication afin que le jeune enseignant labore lui m me l analyse de son travail Dans ce dialogue il faut essayer de trouver un quilibre toujours mouvant selon les circonstances et les personnes entre la r flexion le soutien et le conseil Si ce dernier est 239 trop pr coce il nuit la r flexion S il n appara t pas on prive le d butant d une aide qui peut lui tre pr cieuse L entretien s labore dans un dosage entre coute et intervention il se d roule selon une guidance l g re qui offre l autre l espace n cessaire sa propre construction Les discours des jeunes ma tres ont montr combien leur appr hension tait grande d accueillir en d but d ann e la visite d un conseiller p dagogique Au terme de leur premi re ann e d exercice toutes les personnes interrog es l exception d une soulignent le caract re formatif de ces actions La premi re visite de la conseill re p dagogique m a beaucoup aid e elle m a aid e organiser ces documents le cahier journal les fiches de pr paration pour que a m aide le plus possible C est vrai que apr s a a roul vraiment bien E1 112 Le contraste entre les peurs initiales et l exp rience v cue des visites de classe est particuli rement saisissant Les craintes ont laiss place un ressenti bien plus positif Pour moi c est important ce qui tait important pour moi c est que ce soit des comptes
228. concerne y a t il eu une volution importante dans votre pratique qui n appara t pas l Th me II L autoconstruction professionnelle Les entretiens semblent indiquer que c est essentiellement au travers de l exp rience imm diate de son m tier que l enseignant apprend se forme et toffe sa pratique Qu en est il pour vous Nous avons vu l importance de la r flexion prospective qui a lieu lors de la pr paration des s ances Lors de la mise en uvre concr te d une s quence comment faites vous pour mener son d roulement Et lorsque la s ance est finie Y a t il un moment dans la journ e dans la semaine o vous revenez mentalement sur une ou des s ances men es avec les l ves Qu est ce qui pour vous d clenche ce retour 125 Le travail collaboratif avec un coll gue exp riment appara t comme un l ment particuli rement aidant pour les ma tres novices Et pour vous qu en a t il t Avec le recul quel regard portez vous sur les actions d accompagnement de l entr e dans le m tier qui vous ont t propos es durant ces deux ann es Les entretiens semblent indiquer une r elle attente de la part des jeunes enseignants de pistes de travail et d l ments concrets li s au quotidien de la classe Partagez vous cette attente d id es pratiques Les textes officiels relatifs la d marche d accompagnement de l entr e dans le m tier incitent les f
229. consiste r fl chir sur le v cu Vermersch 2003 79 Nous appr hendons dans ces propos la diff rence entre la pens e r fl chissante qui fait appara tre fait exister ce qui tait pr r fl chi dans un champ de pr sence et l abstraction r fl chie o le v cu est consid r comme objet de connaissance ou d examen critique Cette nouvelle tape que repr sente l abstraction r fl chie dans la prise de conscience 111 constitue une voie vers des connaissances plus abstraites mais sa valeur est troitement d pendante du produit du r fl chissement Durant les entretiens nous souhaitions mettre en uvre les techniques de l explicitation car nous postulions qu il existe des probl mes d acc s aux dimensions implicites de ce qui constitue un moment du processus formatif D autre part il nous semblait essentiel que le discours r flexif que nous sollicitions certains moments soit toujours li l exp rience particuli re du ma tre dans une situation bien identifi e Alors la r flexion comporte des passages sur diff rents plans des rencontres et des d tours mais sans que soit perdu son lien avec l exp rience vivante Dupuis 1997 22 Par rapport au type de donn es que nous voulions recueillir l exercice de l entretien d explicitation nous semblait particuli rement opportun Afin de pouvoir disposer des comp tences suffisantes pour le mener nous avons suivi au d but d
230. ctif qui me prend moins On est plus sur des choses concr tes Et c est peut tre aussi parce que je n ai pas les enfants tout le temps Je change beaucoup donc je m attache moins En maternelle c est du six heures par jour avec pas uniquement un souci d apprentissage L je partage avec eux ce souci l je ne partage pas avec eux le reste de la vie de la classe E10 64 66 Sur cette question de la nature de la relation ducative Fr d rique semble tre le parfait contre exemple de Carmen En effet ce qu elle appr cie par dessus tout cette ann e c est la part importante d l ments affectifs qui alimentent les changes avec ses l ves Et le relationnel il est encore plus bas sur l affectif que dans les grandes classes Par exemple j cris quelque chose au tableau et je fais pas forc ment attention ma boucle du a et l ils me disent ah ma tresse Tu nous a 251 pas appris crire comme a Il y a vraiment des changes Les grands le disent aussi mais avec des sous entendus Enfin c est un ge super E13 26 30 En r alit l ensemble des entretiens indiquent une volution positive des relations tablies avec les l ves La mise en uvre d une atmosph re de classe sereine et favorable aux apprentissages n appara t plus comme une difficult mais elle semble tre int gr e comme un l ment constitutif de la pratique professionnelle 1 4 Les re
231. d abord accepter la diff rence et ne pas l ignorer Surpris par la situation le ma tre essaye d identifier la nature du probl me et ses causes ventuelles A cette fin il analyse les diff rents l ments qui interviennent dans la situation et tente de circonscrire ceux qui provoquent les cueils se dressant devant lui b Rechercher des solutions L tape suivante consiste trouver des actes pertinents susceptibles de pouvoir r pondre de mani re efficace au probl me Une r ponse automatique ne suffit pas le praticien doit innover inventer une piste originale s inscrivant dans le cadre th orique auquel il se r f re Cette coh rence entre les donn es de la situation les appuis th oriques et les nouveaux modes d action mis en uvre est essentielle la r ussite de la d marche Cette recherche et la d couverte de pistes d action in dites apportent des connaissances des savoir faire nouveaux l enseignant Son exp rience s toffe par l acquisition de conduites qui ne sont pas seulement la consolidation des sch mes existants mais le fruit d une activit intellectuelle intense et cr ative Loin de s enfermer dans une pratique routini re l enseignant s adapte l impr vu au changement la complexit des situations ducatives C est en analysant leurs actions en r solvant les cueils de mani re r fl chie que les ma tres d veloppent des savoirs d action et par l leurs comp
232. dans l exercice de leur m tier Les praticiens d butants ont la plupart du temps l initiative des changes et ils sollicitent en priorit leur coll gue exer ant dans le m me cycle voire dans le m me 337 niveau de classe lorsque la taille et les caract ristiques de l tablissement le permettent Ils se nourrissent essentiellement des conseils et des id es qui leur sont propos s et le terme de coll gues formateurs Marcel 2005 120 semble appropri pour souligner le caract re formatif de ces relations qui se d roulent presque exclusivement sur un mode binaire Les jeunes ma tres ont une consid ration toute particuli re pour l exp rience professionnelle acquise par leurs interlocuteurs laquelle est fortement valoris e L enseignant chevronn dispose aupr s des novices d un statut symbolique il est celui qui peut les aider acqu rir une certaine ma trise professionnelle Le professeur exp riment appara t comme une ressource de premi re importance pour les praticiens d butants car il aide d passer les difficult s et permet aussi d enrichir la pratique professionnelle existante Les entretiens ont montr l importance qu accordaient les jeunes ma tres aux pratiques collaboratives qu ils ont su ou pu engager avec certains de leurs coll gues L analyse montre que les apprentissages effectu s dans ces d marches coformatives ne consistent pas en une simple op ration technique de
233. de leur formation L urgence du quotidien le regard des pairs et des parents les visites des conseillers p dagogiques constituent autant de pressions exerc es sur les ma tres Ce questionnement perp tuel peut constituer un moteur de progr s car cela entra ne une remise en question de soi et la mise en uvre d initiatives pour trouver un nouvel quilibre personnel et ou professionnel Cependant pour cette premi re ann e le doute que ressentent les professeurs est per u essentiellement de mani re n gative Il appara t davantage comme un frein au d veloppement professionnel de l individu car il br che son identit professionnelle L image qu il se fait de lui comme bon enseignant est corn e Je pense que a c est vraiment une grosse difficult cette ann e c est de garder confiance en soi et une estime de soi m me parce qu on a tellement de pressions ext rieures la fois des parents qui ont du mal faire confiance aux professeurs d butants la fois la pression des sup rieurs parce qu on sait forc ment que notre travail va tre jug et la fois la pression qu on se met nous m mes c est vrai qu l IUFM on nous a beaucoup r p t que si a se passait mal c tait de notre faute c est que la s ance n a pas int ress les enfants donc ce qu on a tendance penser c est qu on est nul et a c est vraiment dur de reprendre le dessus et de garder confiance
234. de formation des futurs enseignants Elle figure en bonne place dans les textes officiels d finissant les comp tences attendues des professeurs Les propos des ma tres montrent aussi que l habitus r flexif ne va pas de soi et lors de certains entretiens nous avons prouv de r elles difficult s faire appara tre ce travail d analyse dans la pratique de classe de nos interlocuteurs Questionnement non pertinent de l interviewer difficult s pour les personnes interrog es conscientiser leur propre r flexion indice de la complexit de ce ph nom ne qui ne se laisse pas ais ment d voiler Sans pouvoir apporter de r ponse tranch e cette question nous pensons qu il serait vraiment int ressant suite cette recherche d investiguer plus en profondeur encore la mise en uvre par les jeunes praticiens de la dimension r flexive dans l exercice de leur m tier avec l ensemble des processus la constituant r fl chissement de l activit conduisant une prise de conscience r flexion dans l action et r flexion sur l action 350 Mais nous savons que cette composante analytique du m tier ne suffit pas elle seule former des enseignants professionnels D autres l ments y contribuent notamment la ma trise de savoirs p dagogiques didactiques relationnels psychologiques Toutefois son r le appara t central dans la construction et l enrichissement de la professionnalit des praticien
235. de l Education de leur commission scolaire et de la direction de leur cole Lenoir Raymond 1998 61 Le rapport des enseignants cette question de leur autonomie professionnelle est lui m me ambigu car on constate des attitudes et des opinions qui apparaissent contradictoires Ainsi la plupart des praticiens critiquent vigoureusement la pression hi rarchique qu ils estiment trop forte mais dans le m me temps ils utilisent assez peu les espaces d autonomie les marges dont ils pourraient profiter et privil gient le statu quo en incriminant les dysfonctionnements ou les lourdeurs du syst me Dans cet environnement professionnel P Perrenoud 1994 50 souligne deux chemins possibles d volution du m tier d enseignant Dans un cas les enseignants appliquent des d marches des outils con us et r alis s par d autres Dans cette perspective les enseignants se trouvent d poss d s de l essence m me de leur m tier L auteur parle d une voie de prol tarisation Ce terme n est pas employ de mani re p jorative il souligne seulement la d possession de l autonomie professionnelle au profit d experts de l ing nierie p dagogique et didactique L autre chemin conduit les praticiens laborer et mettre en uvre des strat gies des pratiques autonomes et r fl chies qui sont souvent le fruit d un travail collaboratif entre pairs s inscrivant dans un projet d tablissement con u en
236. des choses auxquelles je n avais pas pens on m avait jamais dit des choses nouvelles E1 188 190 A d autres moments les contenus de formation ont apport aux praticiens des clairages sur des l ments qu ils avaient tudi s l IUFM mais dont certains points leur apparaissaient encore obscurs dans la mise en oeuvre Cette clarification concernant l enseignement de certaines activit s a permis d affiner une pratique qui leur semble maintenant plus efficace Ce qui m a vraiment paru tr s int ressant c tait la journ e sur l expression crite parce que c tait un petit peu flou je savais pas trop ce qu on devait attendre des l ves C est vraiment la fa on dont on devait valuer Je le savais vraiment pas et m me j aurais jamais pens dire aux l ves pour ce travail je jugerai uniquement a a me paraissait impensable et je me rends compte que a va peut tre faciliter la t che certains l ves On a fait un travail sur la lettre et on a tabli une fiche de crit res avec les l ves et chaque travail 216 de r criture je pr cisais vraiment ce que je voulais qui soit point du doigt et o on devait faire attention E3 114 116 a nous a clair s sur la fa on de r agir Je donne l exemple de la correction de la production d crits la conseill re p dagogique disait comme tout le monde vous prenez un cahier vous sortez un stylo rouge et puis toc
237. diff rent des autres Et cela m me si la d marche d investigation tait encadr e par un guide d entretien norm Ce que nous avons essay de mettre en uvre dans ce travail est illustr par cette d finition de J Ardoino Est donc proprement clinique aujourd hui ce qui veut appr hender le sujet individuel et ou collectif travers un syst me de relations constitu en dispositif c est dire au sein duquel le praticien ou le chercheur comme leurs partenaires se reconnaissent effectivement impliqu s qu il s agisse de viser l volution le d veloppement la transformation d un tel sujet ou la production de connaissances en soi comme pour lui ou pour nous Et il ajoute qu il s agit plut t une sagacit perspicacit d accompagnement dans une dur e d intimit partag e dont comme le travail de l historien les exemples psychanalytique socioanalytique ethnologique ethnographique voir ethnom thodologique peuvent nous donner une id e Ardoino 1989 cit par M Cifali 2003 121 137 Cette recherche s int resse des personnes leurs exp riences et la mani re dont elles les ont v cues Dans la partie consacr e la r daction de l analyse des donn es nous avons souhait que les ma tres interrog s soient particuli rement pr sents car sans eux ce travail aurait t vide de sens C est la raison pour laquelle leurs propos occupent une place importante t
238. diff rentes raisons Nous savons combien les professeurs attendent des pistes de travail ou des propositions concr tes qu ils pourront ensuite r investir avec les l ves Tout ce qui leur est dit est valu l aune de son efficacit pratique Aussi lorsque la personne r f rente uvre dans un autre cycle d enseignement ou lorsqu il s agit d une directrice qui n enseigne plus en raison d une d charge compl te de service la proximit des pratiques n est pas suffisamment troite pour que puisse s tablir une v ritable relation d aide et de soutien professionnels Mon ma tre r f rent a un CP donc c est pas vraiment pareil au niveau de la p dagogie donc au niveau de la p dagogie je me dirigerais plut t vers les coll gues qui ont le m me cycle E3 104 C est plus par rapport des questions administratives mais tant donn que c est la directrice il y a de tr s fortes chances pour que je me sois adress elle m me si elle n tait pas la personne r f rente E4 100 C est une coll gue du CP et qu on n a pas forc ment l occasion par exemple de s changer des documents entre le CP et le CMI E7 70 Dans une autre situation c est la valeur professionnelle du ma tre r f rent qui aux yeux du jeune praticien n est pas d une qualit suffisante pour pouvoir l aider Moi on m a impos un r f rent la personne dans l cole qui a le m me
239. difficult s durant les premi res semaines qu ils ne pouvaient prouver ce moment l de satisfactions professionnelles 2 1 Le plaisir d tre enseignant Apr s plusieurs mois de pratique les professeurs expriment une r elle satisfaction et un sentiment de bien tre Tout me satisfait il n y a pas vraiment de point n gatif sur ce que je ressens non vraiment je me sens laise j ai vraiment trouv maintenant mes marques mes rep res El 68 Moi je suis contente de venir et les enfants aussi Personne n a la peur au ventre Moi j aime ce que je fais tout simplement ES 48 C est tr s important enfin parlant avec d autres gens qui font pas ce m tier c est de se dire qu on aime ce qu on fait le matin on se l ve et c est pas emb tant d aller travailler Pour moi en fait j ai pas l impression d aller travailler j y vais par plaisir E6 62 Moi j aime bien enseigner E7 42 155 Pour certains nous pouvons penser que l exercice de ce m tier correspond l accomplissement d un d sir profond Enseigner c est r aliser un r ve C est se r aliser 2 2 La relation affective Lors de la rentr e des classes le ma tre accueille dans sa salle des apprenants dont il ne conna t souvent que les noms Puis au fil des jours et des activit s des liens se tissent une relation consid r e comme positive et enrichissante s tablit le plus souvent entre
240. du temps de nommer des ma tres r f rents emp chant la mise en uvre institutionnalis e de cette forme d accompagnement 4 1 Le tutorat Au Qu bec et aux Etats Unis notamment ont t labor s des programmes d accompagnement des enseignants novices afin de faciliter leur insertion professionnelle Diff rentes recherches Nault 1993 Gervais 1999 encouragent cette pratique d accompagnement A l tape de l insertion professionnelle il faut le soutien professionnel d un ma tre associ pour permettre aux nouveaux enseignants de se familiariser avec leurs nouvelles fonctions de faire les liens entre les acquis de la LE w Eog kd formation initiale et la routine de classe de s int grer une quipe d enseignants et de traverser le plus harmonieusement possible cette phase de survie o la r action aux premi res difficult s surmont es sera d terminante C est pr cis ment dans une telle modalit d accompagnement que d une part la transmission des savoirs d exp rience 30 rev t un caract re initiatique inestimable et que d autre part elle peut servir forger l identit professionnelle Bisai llon 1993 229 Les individus nomm s pour exercer ces fonctions se voient attribuer diff rentes d signations On parle ici et l d accompagnateur de tuteur de mentor Ce sont des personnes d exp rience reconnues comme particuli rement comp tentes par leurs pairs
241. du tout Oui j avais de la crainte Peur de ne pas savoir faire E10 46 Avec beaucoup d appr hension parce qu en r gle g n rale je vis assez mal toutes sortes de changement J avais peur la fois du trajet et puis du nouveau poste C est l inconnu A l IUFM on nous en a parl mais on nous a pas form s pour a E15 20 22 4 Synth se Lors de leur premi re rentr e scolaire les jeunes enseignants d couvraient un univers professionnel qu ils n avaient que mod r ment investi durant leur formation Tous nous ont alors fait part de leurs inqui tudes de leurs angoisses par rapport ce moment tant attendu ma s aussi si redout que constitue la premi re rentr e des classes Une ann e plus tard les discours laissent appara tre deux mani res d appr hender cette nouvelle rentr e Les ma tres enseignant toujours dans la m me cole ont d laiss ce sentiment de peur qui les habitait alors La connaissance des lieux des coll gues du fonctionnement de l tablissement offre une stabilit et une permanence des l ments qui entra nent confiance et s r nit chez les praticiens En revanche pour les ma tres qui d butent leur seconde ann e professionnelle dans une autre cole et d couvrent un nouveau niveau de classe la situation est sensiblement diff rente Les propos expriment nouveau l inqui tude la peur de ne pas savoir faire face de ne pas disposer des comp tences suffisant
242. dyllique pour moi r ussir g rer a de cette mani re l et donc j ai essay de le faire deux ou trois fois et j ai vraiment eu du mal E3 124 Le fait que le jeune ma tre m arrive pas mettre en uvre les actes professionnels observ s entra ne un doute voire un sentiment d chec qui peut se r v ler pr judiciable au moment m me o son d veloppement professionnel est facilit par une plus grande affirmation en ses propres moyens Se pose ici la question du mod le expert imiter ou de 220 la simple r f rence qui constitue juste un point d appui pour permettre aux d butants de se construire leur propre professionnalit On voit ainsi l importance qui doit tre accord e la mani re dont les formateurs pr sentent aux stagiaires les objectifs qu ils poursuivent en leur proposant l observation de pratiques expertes 2 Synth se La forme collective de l accompagnement professionnel des enseignants d butants semble avoir des effets formatifs sur les personnes Tous les individus interrog s ont retrouv des situations v cues durant les stages qui ont contribu selon eux d velopper et enrichir leurs comp tences professionnelles A maintes reprises nous avons pu constater quel point les attentes des novices taient troitement li es la dimension contextuelle du m tier Pour les jeunes ma tres l activit de formation n a de sens et d int r t que si elle prend appui sur
243. e Cette attitude conduit les novices solliciter en priorit le ou les coll gues qui enseignent dans le m me cycle ou lorsque la taille de l cole le permet dans le m me niveau de cours que celui dans lequel ils oeuvrent Je peux aller vers diff rents coll gues mais c est vrai que comme elle est aussi au cycle 2 il y a une relation privil gi e parce qu elle est aussi au cycle 2 E8 114 Au niveau de la p dagogie je me dirigerais plut t vers les coll gues qui ont le m me cycle E3 104 J change beaucoup avec le coll gue du cycle E4 96 Les changes trouvent souvent leur origine dans les probl mes que rencontrent les ma tres Il y a une s ance qui se passe Ensuite il y a la r cr on discute entre coll gues ah oui j ai fait a Je comprends pas a a pas bien march pourtant c est pas difficile puis l une coll gue dit moi j ai un autre truc j ai fait comme a essaye voir comme a ES 108 Et c est beaucoup en discutant avec elle en lui exposant mes difficult s en lui disant voil moi je fais a comme a mais j y arrive pas Comment je pourrais faire autrement pour que ce soit plus facile ou que j y arrive mieux E8 86 202 Les praticiens recherchent galement des informations concernant des l ves qui leur posent probl me Ils s attachent conna tre le comportement pass de ces apprenants et la mani re dont les coll gues o
244. e je ne serais absolument pas laise parce qu il n y a pas d autres enseignants avec qui communiquer Comment g rer un gamin qui a un comportement bizarre en ce moment As tu d j eu ce cas l C est de l ordre de l indispensable que d avoir des coll gues c t de soi E18 80 Cette ann e on est trois CM1 dans l cole on s entend tr s bien donc on fait un gros travail en commun C est comme s il y avait un r seau d aide en fait E19 100 Dans cette m me perspective il est difficile d voquer un v ritable accompagnement de l entr e dans le m tier sans impliquer les coles d accueil dans cette d marche D s la prise de fonction les praticiens se retrouvent vite sous pression face aux multiples actions accomplir et situations ma triser Afin de r duire quelque peu ces obstacles il est utile de ne pas attribuer aux ma tres d butants les classes les plus prouvantes Les l ves constituent une variable essentielle dans la mani re dont les professeurs novices vont vivre l ann e scolaire En cela le nombre d enfants de la classe mais bien plus encore la 339 pr sence d l ves au comportement difficile et perturbateur ont une incidence certaine sur la fa on dont les ma tres vivent leur exp rience professionnelle Ici le r le de l cole d accueil appara t fondamental puisque c est l quipe p dagogique qui constitue chacune des classes et ce la
245. e la pr sence de tous les professeurs lui permet de se faire une id e sur la mani re de travailler et d tre de ses pairs Ces premi res impressions vont d terminer la personne vers laquelle il va se diriger en priorit pour demander des conseils Comme on se voit aux r unions on commence discuter on voit un peu comment la personne travaille des affinit s se font E8 100 Le terme affinit s semble indiquer qu une pratique collaborative n est possible qu certaines conditions Proximit relationnelle perception par le novice de similitudes entre lui et son tuteur portant sur la pratique professionnelle ou sur le rapport aux l ves constituent des l ments facilitant les relations inter individuelles C est beaucoup en discutant notamment avec une coll gue je me reconnais dans son travail j aime bien sa mani re de travailler donc forc ment j aime bien m identifier ce qu elle fait E8 86 Je travaille pas du tout comme elles donc j ai pas pris Apr s j ai quand m me demand une coll gue j ai cibl en fait selon leurs qualit s E6 126 Non c est parce que j avais l impression qu on ne travaillait pas pareil En l observant dans les premiers temps on n a pas la m me fa on de travailler c est pas comparable en fait je pense C est peut tre pas le mot comparable mais c est pas pareil E1 150 200 Plusieurs jeunes ma tres se
246. e le ma tre s appuie sur des routines pour mener ses activit s d enseignement Parfois comme un grain de sable qui vient enrayer une m canique bien huil e l impr vu surgit et brouille la planification du praticien Confront un doute ou un probl me ce dernier ne peut suspendre le temps et sans interrompre le flux des v nements il doit r fl chir en cours d action afin de prendre la d cision qui lui semble la plus pertinente Ce travail mental s labore dans une quasi simultan it de l action et de la pens e Il s agit de r fl chir ce qu on fait pendant qu on le fait la r flexion s labore v ritablement dans le feu de l action Cette r flexion dans l action s appuie sur des savoirs qui sont souvent tacites immanents l agir des savoirs d exp rience Lors de s quences p dagogiques qu il propose ses l ves le praticien est parfois surpris par des r actions ou des comportements auxquels il ne s attendait pas Cette surprise entra ne de la part du ma tre une r flexion imm diate une tentative d explication de compr hension du ph nom ne Ce processus intellectuel conduit le professionnel adapter r organiser son action afin de faciliter les apprentissages de ses l ves Cette r flexion dans l instant peut aussi faire l objet a posteriori d une analyse t te repos e dans une atmosph re plus calme et sereine Loin du tourbillon de la classe accompa
247. e 21 2 29 personnel b n ficierait d une formation courte Dans la r alit aucune action n a t mise en uvre pour aider ces personnes assurer ce nouveau r le Fait rarissime dans l institution la commande manant de l inspecteur d acad mie n a rencontr que tr s peu d cho Ce processus d accompagnement d un enseignant novice par un pair exp riment n a pas t mis en place de mani re institutionnelle dans les coles Nous expliquons l avortement de cette mesure pour deux raisons majeures la non formalisation des crit res de s lection de ces ma tres r f rents et la relative impr cision quant au r le exact de ces personnes ressources En outre sur le terrain plusieurs enseignants exp riment s sollicit s pour accomplir cette t che d accompagnement ont d clin l offre qui leur tait faite car ils avaient le sentiment de ne pas tre la hauteur de l exercice demand Dans cette p riode particuli re que sont les d buts professionnels il nous semble que ces ma tres ressources pourraient jouer un r le important dans le processus d insertion professionnelle des jeunes enseignants Cependant il est souhaitable de d finir avec pr cision les t ches que les accompagnateurs seraient amen s exercer aupr s de leurs pairs novices Confront s cette absence d information les inspecteurs ont adopt une attitude de prudence et d attentisme en s abstenant la plupart
248. e T et B et que P faire l aller retour tous les jours c tait impossible et qu il fallait alors chercher une solution E7 24 2 Les semaines pr c dant la rentr e 2 1 Des sentiments contrast s Je crois que toutes les personnes engag es dans la vie professionnelle se souviennent de leur entr e dans le m tier lorsque pour la premi re fois elles ont p n tr dans l usine l atelier ou dans la salle des pendus Cette accession au monde du travail constitue une tape importante pour l individu qui cet instant pr cis change de statut L enfant l adolescent se mue en jeune adulte l tudiant devient un acteur social investi de nouvelles responsabilit s Selon Castellane 1970 le statut signifie la place qu occupe une personne dans un syst me un moment donn Il d finit la place de l individu dans une organisation son statut institutionnel et sa place dans la soci t son statut social Le statut institutionnel Le professeur des coles est un fonctionnaire Ses droits et devoirs sont d finis dans le statut g n ral de la fonction publique et dans le statut particulier du professeur des coles 144 Le statut social Le statut social correspond la position d un groupe professionnel dans la soci t Il d pend des attentes que la soci t exprime par rapport lui ainsi que du prestige et de l utilit sociale qu elle lui reconna t Ce passage du statut d
249. e au travail scolaire Ces probl mes de gestion de la discipline n apparaissent quasiment plus dans les entretiens suivants Nous pouvons faire l hypoth se que la non vocation de cet l ment signifie l acquisition d une plus grande ma trise du groupe classe et de ses individualit s Avec l exp rience on ressent mieux la classe dans sa globalit mais galement les individualit s la mani re dont ils r agissent telle chose tel travail On sent mieux lorsque la classe est un peu excit e qu il faut passer par un travail transitoire pour revenir au calme On sent beaucoup plus rapidement les choses E18 14 Forts de leur premi re exp rience les jeunes enseignants conduisent la classe avec de nouvelles exigences en termes de respect des r gles de vie collective et cette pratique li e notamment une clarification de la relation l autorit que les ma tres souhaitent tablir avec les l ves participe grandement assainir le climat g n ral de la classe Evoquant le rapport qu entretiennent les ma tres d butants avec la discipline scolaire Rachel Gasparini montre qu il existe diff rentes mani res de tenter de faire appliquer le respect des r gles Toutes sont li es une figure de l l ve L auteur en d finit trois l enfant dress l enfant raisonn et l enfant associ l laboration de la r gle laquelle il devra se soumettre 2001 237 Ce che
250. e d roulement de la s ance Et dans les s ances j essaye de bien donner la consigne de d part qu il y ait un climat calme qu ils soient attentifs En maternelle la consigne est tr s importante 266 Il faut qu elle soit courte et pr cise pour qu ils comprennent J essaye de trouver des mots simples pour qu ils percutent E9 58 Est ce qu ils vont manipuler comment ils vont manipuler pourquoi C est tout ce qui est p dagogique La mani re dont les s ances se passent La quantit d oral la quantit d crit J essaye toujours de jongler E13 74 76 J essaye de revoir avec les enfants ce qui pose probl me Puis j essaye toujours de trouver une situation d entr e dans l activit qui va entra ner l enfant quelque chose qui va structurer puis un moment de d tente Je pense qu il faut d abord rentrer en douceur dans l activit puis aller dans le vif du sujet puis terminer par un moment de d tente E15 90 On commence jamais un travail tr s difficile on commence toujours par des exercices plus simples et il faut que tout le monde ait r ussi les exercices simples avant de passer des choses plus difficiles Un travail progressif E11 82 Parall lement la mise en uvre des s quences d enseignement les jeunes ma tres tentent d aider les l ves tablir un rapport positif au savoir en essayant de leur donner l envie d apprendre Ce qui m
251. e de l autoformation que nous avons pr sent es dans le chapitre consacr la probl matique de la recherche Compte tenu du caract re essentiellement solitaire du m tier d enseignant les capacit s d autor gulation et d auto apprentissage des jeunes ma tres apparaissent fondamentales 336 pour leur d veloppement professionnel Le processus auto r flexif d pend tr s largement du sujet lui m me La dynamique du d veloppement professionnel s inscrit travers la volont personnelle d optimiser son action c est dire d valuer ce qu on a fait l aune de ce qu on aurait pu ou d r aliser Il n en demeure pas moins qu on ne peut tout apprendre de l exp rience en situation L coformation ne peut assurer elle seule la formation enti re de l individu et notre recherche s est galement port e sur la dimension sociale des apprentissages r alis s par les ma tres d butants Lortie 1975 a qualifi le travail enseignant de cellulaire car il repose sur une organisation dans laquelle les praticiens sont s par s les uns des autres et accomplissent leurs t ches l abri du regard des pairs Rompant partiellement cette modalit de fonctionnement la loi d orientation de 1989 a introduit une dimension sociale et collaborative dans l exercice du m tier qui n existait pas ou peu jusque l Depuis toujours l activit des ma tres tait appr hend e comme un acte so
252. e de la vie qui a des effets sur sa pratique professionnelle r side dans sa situation familiale M re d un fils de quatre ans au moment o elle entre pleinement dans la vie active Manuella appr hende la relation avec les parents dans un esprit de dialogue et de collaboration L exp rience conjointe de ses r les professionnel et familial lui permet de percevoir son action professionnelle selon deux perspectives celle d enseignante et celle de parent d l ve Ces deux angles de vue peuvent mettre en lumi re des tensions des logiques diff rentes dans la relation que chacun des partenaires souhaite tablir avec l autre Gr ce sa position bi focale elle pense ressentir plus facilement et surtout mieux comprendre les attentes des parents vis vis de l cole et des enseignants 314 Je me mets toujours la place d un parent Qu est ce qu il aimerait savoir Je suis tr s ouverte aux parents ils peuvent venir r guli rement consulter les classeurs sur mes feuilles je note bien les objectifs les consignes pour que ce soit clair j ai beaucoup de relations avec les parents Je vois par rapport ma coll gue qui elle c est parent non non non niet niet moi j essaye de les impliquer moi j tais pour les faire venir des apr s midis en classe E1 308 Eprouvant cette m me situation familiale Fr d rique tablit tr s souvent des liens et des comparaisons entre les situations qu elle vit avec les l
253. e de musique et jouant dans un groupe Jessica prouve de la satisfaction enseigner les bases d une ducation musicale ses l ves Vivre ces moments de formation musicale avec les enfants lui apporte un r el plaisir Je sais que cette ann e comme l ann e derni re j ai toujours partag beaucoup de choses avec les l ves en musique notamment et a me fait plaisir de partager a avec eux E11 24 Nous percevons ici un exemple des liens qui peuvent exister entre la vie personnelle et professionnelle des enseignants Nous avons rencontr de nombreux ma tres qui ressentant une passion ou une affinit particuli re pour un sport pour un art pour une r gion s attachent faire d couvrir leur objet d int r t aux l ves de leur classe Dans ce cas il ne s agit pas simplement d enseigner des contenus figurant dans les instructions officielles Il semble qu travers ces initiatives p dagogiques les professeurs esp rent 253 laisser une trace une marque singuli re et personnelle dans le continuum scolaire des l ves travers la d couverte et l enseignement de cette discipline passion Et si dans quelques ann es ils disent que c est gr ce moi qu ils ont commenc la musique a me ferait vraiment plaisir E11 24 D une ann e l autre nous pouvons remarquer une certaine permanence des l ments de satisfaction exprim s par les jeunes ma tres Les progr s r
254. e du m tier 58 3 4 Diff rents mod les de professionnalit Cette r flexion nous conduit survoler d autres paradigmes pour situer cette vision du praticien r fl chi parmi d autres A cette fin nous nous r f rons aux travaux de Paquay Paquay 1994 dans lesquels l auteur a d gag six mod les de professionnalit enseignante chacun d entre eux mettant l accent sur un certain type de comp tences jug es prioritaires et fondamentales La premi re conception du m tier que propose Paquay est celle du ma tre instruit poss dant une ma trise affirm e des contenus disciplinaires enseigner Ce mod le souligne galement l importance des savoirs th oriques interdisciplinaires notamment en psychologie en sociologie en p dagogie Une certaine connaissance de ces champs est consid r e comme indispensable pour que le ma tre puisse conduire les l ves vers la d couverte et la compr hension du monde Une autre approche du m tier concerne l enseignant technicien Ce dernier met en uvre des savoir faire techniques d finis partir d une analyse de l activit enseignante elle m me d coup e en t ches l mentaires Cette parcellisation du m tier appelle des r ponses p dagogiques de type m caniste L enseignant artisan fait confiance son intuition et aux routines qu il a su progressivement se construire Ce mod le v hicule l image du ma tre bricoleur qui n a
255. e gitan entre eux et pour d autres m me s ils ma trisent peu pr s la langue fran aise orale ils ne sont absolument pas socialis s E4 14 L ann e suivante il change d cole et de ville pour enseigner dans un CM1 de 25 l ves Il ressent aussit t des diff rences dans la mani re de pratiquer son m tier a a une influence dans le sens o on peut s appuyer plus facilement sur le v cu des enfants sur leurs acquis Par exemple en litt rature on peut plus facilement faire r f rence des livres qu ils ont d j lus certains pays certaines r gions de France Lorsqu on parle de la g ographie fran aise il est plus simple d en parler cette ann e parce que les enfants ont plus de v cu Au niveau des vacances ils vont plus souvent en vacances une exception pr s ils ont tous vu la mer ils savent ce qu est un oc an la for t les montagnes Alors que c tait l ann e derni re des choses moins concr tes pour les enfants E12 14 Appr ciant le travail collaboratif qu il peut mener avec ses coll gues il regrette l image sociale peu valoris e que poss de son m tier Pour les prochaines ann es J r me pense s tablir dans cette m me cole Fr d rique M re d une enfant Fr d rique a uvr comme contractuelle dans diff rents emplois ma tre auxiliaire ouvri re d usine aide ducatrice Comme Jessica et J r me elle est 133 galement issue de la lis
256. e l ann e 2005 une formation ces techniques conduite par Armelle Balas qui est aussi membre du Groupe de Recherche sur l Explicitation GREX Dans le m me temps l tendue de notre objet de recherche rendait impossible l utilisation de ce type d entretien pour chaque th me abord C est une des raisons pour lesquelles les moments d vocation se retrouvent essentiellement dans la derni re partie des entretiens lorsqu il est question des visites de classe v cues par nos interlocuteurs ce moment l nous avons essay d inscrire la personne dans une position de parole incarn e Il s agissait alors d voquer et de faire d crire l exp rience v cue du professeur dans sa relation duelle avec le conseiller p dagogique Dans un premier temps la personne interrog e tait invit e voquer le d roulement de l entretien de formation selon une narration permettant une description rapide mais compl te avec le d but les principales tapes interm diaires et la fin du fait discursif Puis le travail d investigation nous conduisait privil gier un ou deux moments pr cis de cette relation duelle que le jeune enseignant consid rait comme f conds pour sa pratique professionnelle Le but du questionnement tait de faire d cortiquer ce moment d apprentissage que l interview avait choisi pour l int r t qu il lui reconnaissait Il s agissait de faire revivre ce moment pr cis afin d essayer d iden
257. e les premiers mois d enseignement comme un stade de survie et de d couverte Huberman 1989 13 Le ph nom ne de survie renvoie ce que d aucuns ont appel le choc du r el qui met en exergue le passage de la vie d tudiant celle d un professionnel investi de nouvelles responsabilit s moment v cu de mani re probl matique par certains jeunes adultes L aspect survie traduit galement les doutes qui assaillent le novice confront la complexit de l acte d enseignement et le d calage qu il prouve entre ses repr sentations initiales du m tier et les r alit s de la classe qu il vit quotidiennement Presque la moiti 46 des ma tres interrog s parlent du sentiment de ne pas tre la hauteur des t ches accomplir et disent avoir v cu cette p riode en survivant au jour le jour Huberman 1989 Cet aspect du m tier difficile vivre s accompagne d un sentiment ou d un tat plus agr able et serein Le chercheur parle de l aspect d couverte de l insertion professionnelle Ce processus de d couverte de la vie de l cole est aliment par l enthousiasme des d buts le fait de se voir investi de responsabilit s et de se sentir membre d un groupe professionnel identifi 15 Pour le chercheur suisse les deux situations que nous venons d voquer ne sont pas n cessairement v cues par tous les enseignants d butants Il existe des pr
258. e moment l Que se passe t il ce moment l Qu est ce que vous faites La premi re Vous venez de vivre votre premi re inspection qui cl t la inspection d marche d accompagnement de l entr e dans le m tier Qu est ce que vous retenez de ce moment l Une action De ces deux premi res ann es d enseignement y a t il pour vous particuli reme une exp rience une action une collaboration que vous avez nt formative v cue et qui a t particuli rement aidante dans l exercice de votre m tier Avez vous eu le sentiment un moment donn d avoir t livr vous m me ou de n avoir pas pu b n ficier d une aide d un soutien dont vous auriez peut tre eu besoin et qui a manqu La perception des deux premi res ann es dans le parcours professionnel Quelles diff rences avez vous ressenties dans votre pratique ou dans votre r flexion d une ann e l autre Quelles continuit s importantes avez vous ressenties dans votre pratique ou dans votre r flexion d une ann e l autre 121 II Le traitement des donn es 1 Une d marche m thodique Afin de pouvoir analyser les informations recueillies chaque entretien a t retranscrit L analyse des donn es cherchait rendre intelligible l exp rience v cue par les ma tres d butants durant les deux premi res ann es d enseignement Nous souhaitions d abord comprendre au del de ce que
259. e para t vraiment important c est d essayer de transmettre l envie den savoir toujours un peu plus C est important parce que si on est immobile on meurt Actuellement dans la soci t c est un peu a Ce go t cette envie c est ce qui nous fait toujours progresser Alors que si on n a plus aucune envie pour rien on se laisse vivre voire m me diriger par les autres Et c est parce qu on a envie de certaines choses c est parce qu on est motiv par certaines choses qu on va r ussir se mettre en route pour un objectif se cr er ses propres outils E12 66 70 Qu ils aient envie d apprendre qu ils soient motiv s E9 54 Diff rentes situations sont ainsi propos es aux apprenants afin d veiller ou de consolider cette motivation cette envie d apprendre Et c est int ressant d aborder l enseignement d une autre fa on puisque l c est beaucoup bas sur les jeux E15 48 L on est en train de lire un livre de Jules Verne on parle des mers arctiques on voit deux ou trois photos pour essayer de les faire r ver et puis chercher en 267 BCD des livres qui parlent de ce monde l pour les inciter emprunter ces livres l les inciter poser des questions leurs parents E12 78 Il faut bien leur expliquer quel est le but de l exercice Sur le tapis on affiche et je leur explique ce que j attends d eux Pareil avant d aller la
260. e peut aussi avoir pour cons quence d ins curiser encore davantage le professeur novice qui est d j ce moment de l insertion professionnelle en proie au doute et aux incertitudes Mais nous savons aussi que ces remises en question ces d s quilibres constituent des leviers de changement qui sont parfois n cessaires pour accompagner une volution des pratiques la condition qu ils soient eux m mes accompagn s Nous avons souhait aborder le d veloppement professionnel des ma tres d butants en nous appuyant sur la th orie tripolaire de l autoformation Pineau 1989 car nous percevions la complexit du ph nom ne l uvre La recherche montre que le parcours de formation des jeunes professeurs des coles se nourrit de multiples ressources provenant essentiellement des situations de travail des recherches documentaires personnelles des relations collaboratives d velopp es avec certains pairs et des diverses actions de formation institutionnalis e men es dans le cadre de l accompagnement de 346 l entr e dans le m tier La transformation de ces moments en co en co et en h t ro formation requiert de la part de l individu un engagement dynamique une volont personnelle d voluer d enrichir ses gestes professionnels et la ma trise de comp tences sp cifiques pour savoir analyser sa propre pratique La consolidation et l affinement des comp tences appellent une large part d a
261. e point de vue c tait tr s bien E4 30 Cet accueil associ aux relations collaboratives qui se sont tr s vite cr es avec les coll gues donne l int ress une nergie positive L effet de solidarit entre profs c est quand m me une pouss e positive a pousse aller de l avant ES 32 147 Chaque ann e un certain nombre de petites coles d une quatre classes voient un renouvellement total de l quipe des ma tres Cette situation ne facilite gu re l insertion professionnelle du novice C tait un peu flou ce jour l puisque bon d j on savait pas qui allait avoir la direction on savait pas trop ce qu on devait faire On a eu du mal d marrer avec tous les papiers administratifs avec toute l organisation en fait notre emploi du temps les roulements on a eu du mal d marrer E1 48 56 Faute de candidats il arrive m me que le ma tre d butant se voie confier les fonctions de directeur sans pouvoir b n ficier d une formation comme c est le cas pour tous les autres enseignants affect s cette t che D buter dans le m tier et devoir assurer simultan ment les responsabilit s d un groupe scolaire constitue une r elle difficult C tait une rentr e un peu agit e dans le sens o il y a eu un renouvellement total de l quipe p dagogique et donc se posait la question qui allait prendre la fonction de directeur En sachant q
262. e pouvoir identifier l ensemble des ressources mobilis es par les praticiens dans le processus d autoconstruction professionnelle Toutes les personnes interrog es voquent la pratique quotidienne de classe comme source essentielle de construction et de consolidation de leur professionnalit naissante L exercice du m tier confronte les individus vivre des situations des exp riences partir desquelles des informations nouvelles peuvent s engranger et se structurer Lortie 1975 a montr que l ethos des enseignants c est dire l ensemble des valeurs des croyances des attitudes qui commandent le rapport au travail et les repr sentations que se font les professeurs propos de leur m tier est principalement caract ris par la valorisation de la pratique quotidienne et de l exp rience accumul e au jour le jour La culture enseignante repose grandement sur la mise en valeur des activit s professionnelles quotidiennes qui apparaissent aux yeux des praticiens comme la ressource majeure d acquisition et de diversification de leurs comp tences Plus de trente ans apr s les travaux de Lortie nous remarquons que les praticiens consid rent toujours l apprentissage exp rientiel comme le moteur de leur d veloppement professionnel Pour expliquer leurs progr s tous soulignent les savoirs pratiques qu ils se sont construits partir de leur propre v cu professionnel Cette tendance pose comme principe le r le
263. e que quand on est dans une classe o on se sent bien c est quand m me nettement plus facile d apprendre ET 38 2 5 Les progr s des l ves L expression d un sentiment de satisfaction se manifeste galement travers l observation des progr s r alis s par les l ves Les praticiens vivent un r el plaisir enseigner des savoirs et permettre ainsi aux enfants de s approprier de nouvelles connaissances Participer l veil intellectuel et culturel des apprenants procure aux ma tres un sentiment positif Alors dans les choses positives on constate qu il y a des am liorations on essaie de travailler sur un objectif comme moi par exemple je me suis concentr e cette ann e sur l orthographe parce que j ai constat qu il y avait vraiment vraiment de grosses difficult s et je constate tous les jours qu il y a des progr s que m me les l ves les plus faibles crivent des mots difficiles et c est ce qui fait plaisir quoi E3 50 Certains l ves ont fait des progr s a bien s r on ne peut en tre que satisfait E7 38 Je pense que le plus grand l ment de satisfaction que j aie eu cette ann e c est un enfant gitan qui ne lisait pas du tout et qui lit maintenant couramment qui comprend ce qu il lit Je pense que c est ma plus grande satisfaction E8 50 C est le fait justement qu ils aient r ussi qu ils aient progress E4 42 Un enseignant se dit heureux de
264. e situer Ce que nous ont dit les ma tres propos de leur premi re inspection confirme galement l influence non n gligeable d un jugement valuatif de la pratique mise en oeuvre dans le processus de d veloppement professionnel Outre ce besoin de certification les entretiens soulignent combien les praticiens sont sensibles aux attitudes de soutien et d encouragement exprim es dans les propos de leurs interlocuteurs L aussi ces paroles de confortation les rassurent et les entra nent poursuivre leurs efforts vers une certaine ma trise professionnelle Dans l tude portant sur l accompagnement de l entr e dans le m tier en Suisse Schneuwly plaide pour des activit s de coop ration et de r flexion organis es au sein de l cole entre pairs afin d aider les jeunes ma tres r duire la complexit qu ils affrontent au travers d une relation qui doit tre selon lui la plus sym trique possible Ainsi il affirme que l accompagnement doit se r aliser sans y introduire des sp cialistes professionnels du conseil et de la supervision Jbid 38 345 Les donn es recueillies ne confirment pas cette assertion la plupart des ma tres affirmant que les visites de classe effectu es par les formateurs leur sont utiles Si les praticiens d butants privil gient la collaboration avec un ou plusieurs pairs pour les raisons que nous avons d j voqu es les entretiens de formation avec des profession
265. e toute nature Jobert 1991 75 Ainsi l homme exp riment est celui qui justement ne conna t pas seulement le monde par ou dire mais parce qu il a t l a v cu souffert agi avec les autres a rassembl dans son propre corps des connaissances par l essai l preuve l erreur et la confirmation Mieth cit par Nadeau 1989 98 Dans cette premi re acception donc l exp rience est surtout tourn e vers le pass d j constitu e stabilis e voire immobilis e d j structur e comme cadre de pens e et d actions Roelens 1995 68 Appr hend e sous un angle diff rent l exp rience constitue aussi une r serve de potentialit s nouvelles Ici l exp rience est pens e comme une confrontation quelque chose de nouveau pour la personne comme rupture du cours habituel des choses bid 68 La situation exp rientielle cr e une cassure dans les positionnements et les 85 repr sentations ant rieures car le sujet ne dispose pas des ressources qui lui permettraient de s adapter imm diatement au fait v cu L exp rience renvoie une rencontre d un individu et d un donn et la relation qui s tablit entre eux Il peut s agir d une rencontre avec le monde physique ou d exp riences de travail avec le monde social par exemple quand l individu acc de un nouvel emploi ou d couvre la paternit ou encore d exp riences subjectives de joie de so
266. e voit pas E14 162 C est presque comme une deuxi me l gitimation E10 160 Conjointement ce besoin d tre rassur s par une personne suppos e experte nous percevons aussi dans ces propos lattente soci taire voqu e par M Weber 1965 Les jeunes ma tres veulent voir leurs comp tences certifi es et ils attendent d s lors qu un expert professionnel dot du monopole l gitime d une comp tence attest e fond e sur la sp cialisation du savoir et la d l gation d autorit l gale vienne les confirmer dans leur appartenance cette soci t soci taire qui les rassure par son apparente rationalisation des savoirs et du m tier Ayraud Guibert dans Ram 2001 306 Lorsque ce besoin de certification par un regard ext rieur d autorit est positivement assouvi les praticiens ont alors le sentiment de devenir les gaux de leurs coll gues plus exp riment s Vis vis des autres coll gues aussi parce qu ils savent ensuite si l inspection s est bien pass e et d avoir cet aval de la hi rarchie a nous conforte sur un poste qui est parfois difficile E15 176 Mais comme je le disais avant c est ce c t par rapport aux autres de se dire tiens maintenant a va tre une vraie ma tresse De clore ce cycle d tudes C est comme si on aboutissait quelque chose J ai eu l impression d avoir eu mon dipl me Je suis une vraie ma tresse maintenant C
267. el html Adresse URL des Lettres flash de l Education Nationale http www education gouv fr lettre_information lettre_flash lettre_flash_3 htm Adresse URL des Notes d information de l Education Nationale http www education gouv fr stateval ni ni htm CHARLIER E www fundp ac be universite personnes page_view 01001354 cv html GODET M www cnam fr lipsor lips conferences conferences php 01 TOZZI M www philotozzi com articles article111 htm 368 TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS SOMMAIRE VOLUME 1 INTRODUCTION PARTIE I CHAPITRE 1 L ENTREE DANS LE METIER DE PROFESSEUR DES ECOLES CADRE DE LA RECHERCHE L ENTREE DANS LE METIER DE PROFESSEUR DES ECOLES ET L ACCOMPAGNEMENT PROFESSIONNEL INSTITUTIONNEL I L entr e dans le m tier et l insertion professionnelle des enseignants 1 L insertion professionnelle 2 Les difficult s 3 La socialisation professionnelle et les tapes de la carri re enseignante II L accompagnement institutionnel de l entr e dans le m tier des enseignants du premier degr 1 L accompagnement institutionnel 2 L organisation du dispositif 3 La mise en uvre de ce plan d accompagnement dans le d partement de la Moselle 3 1 L objectif de ces actions 3 1 1 Les stages 3 2 Les modalit s 3 3 Les contenus 4 L accompagnement individuel 4 1 Le tutorat 4 1 1 Deux mod les de tutorat 4 2 L criture professionnelle 4 3 Une inspection repouss e 4
268. elle n a pas suivi de cursus universitaire Moi je me suis arr t e au bac un bac litt raire ensuite j ai fait un d but de premi re ann e de psycho mais ma vie personnelle a fait que voil quoi j ai eu un enfant et puis bon j ai arr t mes tudes E2 2 Pour sa premi re rentr e elle est nomm e sur deux compl ments de mi temps Une situation qui ne lui convient gu re J avais toujours l impression de courir apr s quelque chose et puis qu il me fallait un temps d adaptation pour me r adapter la classe bon on va dire m me si ce n tait que deux trois heures et puis une fois que je m y sentais bien de nouveau la deuxi me journ e il fallait repartir j tais constamment frustr e de passer d un projet un autre d une classe une autre en voyant les enfants 130 deux jours par semaine j ai mis un peu de temps les conna tre et a aussi a me g nait a me g nait beaucoup Je me sentais pas dans ma classe je me sentais comme presque oui comme compl ment de je ne me sentais pas dans ma classe E2 14 16 R pondant sa demande l inspecteur de circonscription l affecte d s le mois d octobre dans une classe de grande section de maternelle comportant trente enfants Notre premier entretien a lieu au mois de mars soit environ sept mois apr s sa prise de fonction Nous rencontrons une personne enthousiaste exprimant le plaisir qu elle ressent dans l exercice de son m
269. eloppement professionnel Huberman 1989 A la suite d une analyse men e partir de plusieurs dizaines d tudes relatives la situation des d butants Gold montre l influence des exp riences professionnelles v cues durant la premi re ann e d enseignement sur le d veloppement personnel et professionnel du novice Quand les premi res exp riences sont agr ables l impression est principalement positive et le d veloppement f cond quand les premi res exp riences 17 s av rent n gatives avec un sentiment de d couragement de malaise l impression est mauvaise Ces sentiments et ces comportements r apparaftront nouveau dans le futur Dans de nombreux cas vivre r guli rement des exp riences d sagr ables peut entra ner la d cision d arr ter son m tier d enseignant 1996 548 traduction libre Durant cette p riode il importe au prenant fonction de se faire accepter par ses pairs et de se voir reconnu comme un enseignant part enti re en d pit de son manque d exp rience Diff rents auteurs H tu Lavoie Baillauqu s 1999 soulignent les risques de voir les novices imiter de mani re aveugle leurs coll gues exp riment s et de se laisser ainsi couler dans le moule Ce processus de mod lisation freinerait le d veloppement professionnel des jeunes ma tres car comme le signifiait Bachelard celui qui ne sait renoncer au mod le renonce au savoir car tout arr t sur le mod le de
270. ements tendent dispara tre sans que l on puisse y d celer un quelconque signe de d sinvestissement de l adulte Le ma tre accepte de ne pas disposer d une influence tout puissante Donc maintenant c est il a pas compris on explique deux fois trois fois autrement il a toujours pas compris ben tant pis On reviendra plus tard c est que c est pas le moment Ma foi il a le droit de ne pas comprendre mais a c tait difficile Il faut faire tout un travail sur soi ES 90 3 5 Une plus grande pr servation de soi L entr e dans le m tier d enseignant s accompagne de l envie de bien faire et d tre utile aux l ves Tous les d butants ressentent en eux une nergie puissante et positive de celles qui naissent l approche de toute nouvelle et belle aventure Mais le parcours s av re long sinueux et reintant Le corps et l esprit s usent affronter les obstacles qui apparaissent r guli rement Au d but on a l impression qu on a quatre fois plus d nergie ensuite on s conomise un peu E6 108 Conscients de cette fatigue qui les gagne et avec le souci de ne pas abandonner en cours de route les ma tres d veloppent des strat gies visant se pr server Pour reprendre une image sportive le sprinter se mue en coureur de fond soucieux de m nager son corps pour parvenir au terme de son parcours Parmi les d cisions ou les initiatives prises dans ce sens pa
271. en place des d fis Ecoute et Regard entre les classes Donc on a mis en place un d fi entre nous Ensuite on avait de PEPS et l c tait plus les danses de cr ation Mais c tait bien parce qu chaque fois on tait acteur de ce qu on faisait E13 132 On a d s investir personnellement C est des choses que j ai pu refaire en classe D j de participer c est tr s agr able On vit les choses et pour le mettre en pratique apr s c est plus facile Comme les l ves on est face aux difficult s De parler devant les autres c est pas toujours vident E16 148 150 Durant leur formation initiale comme lors des visites de classe les praticiens s entendent dire quel point il est essentiel pour leur efficacit professionnelle de diversifier les situations d apprentissage en variant fr quemment les supports et les formes de travail Dans les stages auxquels ils sont convi s ils s tonnent parfois de constater que ces conseils p dagogiques ne sont pas appliqu s par ceux l m mes qui les ont profess s On tait tr s dans la conf rence alors qu on nous demande de pas faire a Du coup on est loin E14 138 B Honor 1981 voque une h r dit p dagogique et il nous semble que pour ce qui concerne la formation d enseignants ce principe d isomorphisme ne doit pas tre n glig afin que les praticiens y trouvent mati re r fl chir leur prop
272. enfermer dans une vision autodidaxique du concept D s l origine de la r flexion nous postulions qu une tude portant sur le temps d apprentissage du travail enseignant ne pouvait seulement se limiter l investigation de la p riode concernant la formation professionnelle initiale Ce temps d apprentissage s enracine aussi dans l exp rience personnelle et scolaire ant rieure des individus ainsi que dans l exercice du m tier A la suite de Pineau 2006 nous pensons que la probl matique de l autoformation permet et impose la prise en compte d au moins la moiti de la vie nocturne articuler l autre diurne La premi re symbolise l exp rientiel et le socio individuel de proximit peu organis la seconde le rationnel et l institu Pineau 2006 12 L approche m thodologique d orientation qualitative que nous avons privil gi e en interrogeant plusieurs reprises sur une p riode de plus de deux ans un chantillon diversifi de huit ma tres d cole d butants nous a permis de pr ciser d clairer ce que repr sente l exp rience de l entr e dans le m tier d enseignant du premier degr pour les personnes questionn es Les donn es recueillies ont pour une part confirm les r sultats de certaines recherches ant rieures Les premiers mois de l insertion professionnelle sont souvent v cus par les prenant fonction comme une preuve comportant de m
273. enseignant Axe Zone ma euticien mentor guide Disparit accoucheur initiateur entra neur hi rarchique parrain tuteur moniteur instructeur mod le du d h t roformation accompagnateur Disparit fonctionnelle m diateur parent conseiller traducteur statut Parit Zone changeur fr re s ur conjoint aimant social de coformation confident coll gue informateur amant ami L UN Connaissance Savoir tre Savoir faire Savoir Information dire Axe de Papport bio cognitif Noms et indicateurs de relations interpersonnelles de formation selon leur statut social et leur apport bio cognitif d apr s Pineau 2001 155 Le tableau montre une zone de coformation possible caract ris e par une galit statutaire entre les personnes concern es Cela signifie une quivalence des positions sociales des 80 individus mais la coformation peut tre aussi donn e par une relation si forte qu elle gomme les diff rences de position sociale Pineau 2001 157 Dans notre tude nous cherchons notamment savoir si les actions propos es dans le cadre de l accompagnement de l entr e dans le m tier participent l autoconstruction professionnelle des ma tres Pineau situe l accompagnateur dans une sorte de zone fronti re entre h t ro et co formation Mais que signifie le terme d accompagnement 2 L id e d accompagnement Depuis une vingtaine d ann es il est fr quemment fait r f
274. ent d autres volutions qui ne sont pas n cessairement li es au seul passage du cours double un cours simple 1 1 Une meilleure connaissance des programmes Le travail quotidien de pr paration et sa mise en uvre aupr s des l ves lui semblent plus faciles r aliser car elle dispose maintenant d une vision plus pr cise d une meilleure connaissance des programmes d enseignement qu elle s est progressivement appropri s l an pass C est d aussi parce que l je connais un peu mieux le programme C est s r que la premi re ann e quand on d bute on apprend tout Donc l je suis plus au clair avec le programme J ai l impression d tre beaucoup plus impr gn e de ce que je dois leur apprendre et m me dans mes progressions c est beaucoup plus logique Ce que je fais je suis beaucoup plus au clair avec a E11 12 1 2 Des progressions plus ordonn es A l cole primaire il est exig des enseignants qu ils tablissent des progressions pour chaque champ disciplinaire Il s agit de construire un programme de travail dans lequel les ma tres indiquent les notions tudier avec les l ves les objectifs d apprentissage vis s ainsi que le cheminement didactique qu ils comptent emprunter pour permettre aux enfants l appropriation des comp tences attendues Cet exercice s av re d licat pour les praticiens d butants qui faute de rep res et oeuvrant la plupart du tem
275. ent de conna tre parfaitement ce dont parle notre interlocuteur En ce sens la formation l entretien d explicitation nous a beaucoup apport car elle nous a rendu particuli rement attentif cette attitude o le chercheur en qu te d informations ignore tout de la situation qui va faire l objet d un travail d explicitation Ce qui au d part nous demandait un r el effort d attention est devenu ensuite un acte quasi naturel Il est essentiel que ses propres repr sentations ne dirigent le d roulement de l entretien et l analyse des donn es La validit des r sultats obtenus ne d pend pas de nos convictions personnelles mais des r gles m thodologiques qui nous permettent de les tablir L attention et la patience que porte le chercheur sur les propos de son interlocuteur et plus tard sur les donn es retranscrites lui permettent de prendre des distances tout en reconnaissant sa propre subjectivit Boutin 1987 141 Il n est pas naturel de mettre l cart ses propres certitudes de sens Cela semble m me impossible r aliser totalement Alors il s agit au moins de se mettre au clair avec ce qu on croit savoir afin que ses conceptions personnelles ne teignent la compr hension des ph nom nes Notre tude s inspire d une approche clinique qui assume l intersubjectivit et la co production de sens issue de la rencontre entre des individus humains Chaque entretien a t un moment singulier
276. entons poindre une certaine id alisation de l enfance et des l ves dont l attitude est dans les discours oppos e celle des adultes C est vrai de ressentir cette enthousiasme qu on ressent pas forc ment chez les adultes et on se retrouve un peu en eux quand on va faire des visites E3 58 156 Pour Fr d rique le choix de l cole primaire appara t comme un rejet de l attitude des adolescents qui elle a enseign au cours d une exp rience professionnelle ant rieure Ce qui ma d plu au coll ge mais qui me plait plus au primaire c est l aspect relationnel on est six heures avec eux au coll ge vous rentrez bonjour vous racontez votre machin puis au revoir et puis voil Il y a pas cet change ET 214 2 3 Un enrichissement mutuel Cette notion d change et de partage constitue un motif de satisfaction dans l exercice du m tier Ce constat est pr sent chez plusieurs personnes Le fait d oser dire la ma tresse j ai pas compris ou je suis pas d accord le fait qu il y ait vraiment un change qu il n y ait pas cette barri re qui existait quand moi j tais l cole je suis l l ve c est la ma tresse et puis voil ES 46 C est le plaisir aussi partager des choses E3 56 Enseigner ne consiste pas seulement transmettre des connaissances dans une relation qui serait unilat rale mais conduit galement le pratic
277. entrent en ligne de compte il y ale choix des personnes interrog es le th me de l entretien son enregistrement car le dictaphone repr sente un intrus dans la relation duelle et peut donner un aspect exceptionnel la situation Dans les entretiens men s le contrat de parole a t le suivant Nous vous remercions d avoir accept cette rencontre afin que nous puissions avoir un entretien portant sur l exercice du m tier d enseignant et sur votre parcours de formation depuis votre prise de 97 fonction Cet entretien s inscrit dans un travail de recherche portant sur la construction de la professionnalit et des comp tences des ma tres durant les premi res ann es d enseignement Si vous en tes d accord l entretien sera enregistr et vous pourrez si vous le souhaitez en recevoir une copie Par rapport l utilisation qui en sera faite votre anonymat est assur les noms des villes des coles n appara tront pas Pour la seconde s rie d entretiens nous avons reconduit ce m me contrat que nous avons pris soin de pr ciser avant chaque rencontre En raison de nos fonctions professionnelles nous insistions tout particuli rement sur les notions de discr tion et de confidentialit en assurant ces personnes que rien de ce qui pourrait tre dit ne filtrerait en dehors du cadre de la recherche Ces pr cisions nous semblaient essentielles pour esp rer obtenir des discours personnels et sinc res Nou
278. er Et vous comment situez vous cette premi re ann e par rapport aux suivantes A travers l analyse des entretiens nous pensons avoir pu identifier certaines volutions dans la pratique professionnelle des ma tres au cours des deux premi res ann es d enseignement 1 Une plus grande ma trise du groupe classe entra nant un climat de travail plus serein Qu en a t il t pour vous En cas de r ponse positive Comment expliquez vous ce changement Nous avons mis deux hypoth ses explicatives les ma tres affirment de nouvelles exigences en termes de respect par les l ves des r gles de vie collective une relation personnelle l autorit clarifi e 124 u i uteu i t lui m 6 u u Nous demanderons notre interlocuteur s il a t lui m me concern par l une et o l autre de ces deux attitudes ou dispose t il d une autre explication possible 2 Une finesse accrue dans l valuation des possibilit s effectives des l ves de la classe 3 Une plus grande attention port e aux apprenants dans les s quences d enseignement et le souci de faire participer davantage les l ves au d roulement des s ances 4 Progressivement les enseignants ressentent davantage d assurance et sont plus s rs quant la pertinence de leurs gestes professionnels A chaque item nous demanderons au ma tre de se situer par rapport l id e que nous affirmons Pour ce qui vous
279. er Education 2 me d New York Macmillan CASTELLANE Y 1970 Initiation la psychologie sociale Armand Colin collection U2 CHARLIER E CHARLIER B 1998 La formation au c ur de la pratique Paris Bruxelles De Boeck Universit CHARLOT B BAUTIER I 1991 Les professionnels et la professionnalisation en banlieue Universit de Paris VIII CIFALI M 2003 D marche clinique formation et criture dans ALTET M CHARLIER E PAQUAY L PERRENOUD P 1996 Former des enseignants professionnels Quelles strat gies Quelles comp tences Bruxelles De Boeck Universit 119 135 COMMISSION EUROPEENNE 1995 Livre blanc sur l ducation et la formation enseigner et apprendre Vers une soci t cognitive Bruxelles DE CERTEAU M 1980 L invention du quotidien Tome 1 Arts de faire Gallimard DE LANDSHEERE G 1990 La formation continu e et la premi re prise de fonction des enseignants Actes AIRPE Mons 1990 DESGAGNE S 1995 Pour lancer le forum sur l insertion professionnelle une mise en perspective dans GARANT C SCHOLER M Nouveaux d fis pour la formation des ma tres 79 89 Actes du qone colloque de l association qu b coise universitaire en formation des ma tres Sherbrooke Editions du CRP Universit de Sherbrooke DESLAURIERS J P 1991 Recherche qualitative Guide pratique Montr al Mc Grawhill dition DEVELAY M 1994 Peut on form
280. er des enseignants Paris ESF DEVITERNE D PRAIRAT E RETORNAZ A SCHMITT N 2000 Les effets de la formation sur les repr sentations de la polyvalence du professeur des coles Paris INRP 355 DEWEY J 1975 D mocratie et ducation Introduction la philosophie de l ducation Paris A Colin DOISE W MUGNY G 1981 Le d veloppement social de l intelligence Paris Inter dition DOMINICE P 1990 L histoire de vie comme processus de formation Paris L Harmattan DONNAY J CHARLIER E 1990 Comprendre des situations de formation Bruxelles De Boeck Universit DUBAR C DEMAZIERE D 1997 Analyser les entretiens biographiques l exemple des r cits d insertion Paris Nathan 1997 DUBAR C 2000 La socialisation Construction des identit s sociales et professionnelles Paris A Colin DUBET F 1994 Sociologie de l exp rience Paris Seuil DUBET F 1997 Ecoles familles le malentendu Paris Edition Textuel DUMAZEDIER J dir 1994 La le on de Condorcet Paris L Harmattan DUPUIS P A 2002 Anthropologie temporelle des parcours singuliers en ducation et en formation Note de synth se sur les travaux de recherche Universit Nancy 2 FATH G 1993 Ecrire sur les pratiques enseignantes Pratiques et formations R le et place de la pratique dans la formation initiale et continue des enseignants coordonn par CLERC F et DUP
281. er ses propres ressources d velopper son autonomie Cependant il peut arriver que le praticien d butant se trouve dans une situation si chaotique qu il n est plus m me de se ressaisir et d affronter les 21 cueils qu il rencontre Dans ce cas l accompagnement qui lui est propos peut l aider mobiliser ses ressources dont il est en fait s par En outre lorsqu il enseigne le ma tre est responsable des vingt ou vingt cinq l ves qui composent sa classe Ainsi s il est naturel de commettre des erreurs si certaines exp riences p dagogiques ne sont gu re fructueuses on ne peut en revanche prendre le risque qu un jeune praticien d veloppe des pratiques qui iraient l encontre des besoins et des int r ts des enfants dont il a la charge Ce sc nario nous conduit penser qu une aide professionnelle est souhaitable afin de pouvoir pallier au mieux et au plus vite aux maladresses bien compr hensibles des d buts L aide peut aussi consister renforcer consolider ce dont le jeune enseignant est d j capable Il n est pas inutile non plus d accompagner un jeune enseignant dont la pratique p dagogique se r v le d j bien affirm e Souligner les r ussites tenter de les comprendre sont autant d l ments qui apportent au ma tre un sentiment de confiance de comp tence et une certaine reconnaissance institutionnelle qui peuvent entra ner chez ce dernier un d veloppement et
282. ert lui permettent la plupart du temps de faire face avec pertinence ces impr vus il n en va pas de m me pour le jeune enseignant dont l habitus peut l amener agir de mani re inefficace ou contre productive P Perrenoud 2003 donne l exemple d un d butant qui s tonne que sa conduite l gard d un enfant touche l ensemble des l ves et modifie leur rapport l activit qu ils taient en train de mener Dans cet exemple la centration sur un seul enfant met en danger l quilibre g n ral de la classe L habitus concerne galement la dimension affective du m tier d enseignant Parce qu il est le principal vecteur de son action didactique l enseignant est d pendant de tout ce qu il est de tout ce qu il aime ou d teste Perrenoud 2003 189 Ainsi l efficacit p dagogique d pend autant du climat relationnel et affectif des modes de relation et de communication tablis dans la classe que d une ma trise rationnelle des savoirs enseigner Dans la gestion de l urgence quand il faut d cider et agir dans l instant interviennent les sch mes de perception de d cision et d action qui mobilisent peu la pens e rationnelle et les savoirs explicites du ma tre Apr s coup lorsque sont voqu es de telles situations le sujet pense qu il a r agi de mani re instinctive qu il a improvis une conduite en fonction des l ments du moment Bourdieu parle d une il
283. es Je trouve beaucoup de documents sur des sites comme Cartable je trouve beaucoup de choses et j arrive faire mes montages avec ce que je trouve a me permet d avoir une banque de donn es vraiment importante et qui me permet apr s moi de faire mon tri et de fonctionner comme j en ai envie E8 136 L abondance des informations disponibles rend parfois difficile les choix des outils Je vais voir sur internet et bon a m aide pas toujours parce que bon a donne des id es mais on doit faire un choix et puis c est le choix qui est difficile j ai tendance me disperser c est pour a que c est pas facile de trouver la bonne situation E3 106 Certaines revues consid r es comme pouvant apporter des informations en prise directe avec la classe sont r guli rement consult es par les praticiens En revanche les p riodiques issus des mouvements p dagogiques Les Cahiers P dagogiques Le Nouvel Educateur ou les publications li es la recherche Recherche et Formation Revue Fran aise de P dagogie sont inconnus d une immense majorit des d butants 207 Durant cette premi re ann e professionnelle les jeunes ma tres ne lisent gu re d ouvrages de p dagogie g n rale Diff rentes raisons peuvent expliquer ce non int r t Pour H l ne la formation initiale l a entra n e tudier un certain nombre de livres Elle y a d couvert une richesse d informations des savoirs nouveau
284. es scripts correspondent aux recettes aux habitudes du m tier Ils peuvent parfois entra ner des comportements professionnels st r otyp s mais ils sont n anmoins indispensables pour all ger la charge cognitive des ma tres Les sc narii constituent des situations professionnelles que la seule routine ne peut d lier S appuyant sur des l ments qu il conna t d j le professeur novice adapte sa strat gie la situation pr sente Les synopsis repr sentent des cadres conceptuels m thodologiques qui sont plus proches de la r solution de probl mes que d un simple mouvement adaptatif Li s des connaissances th oriques ou proc durales ils sont porteurs des conceptions du m tier en ce qu ils int grent des attitudes et comportements professionnels bid 261 D apr s les auteurs les jeunes enseignants sollicitent selon les circonstances ces trois registres conceptuels afin de consolider leurs comp tences professionnelles IM L autoconstruction professionnelle Dans cette recherche nous souhaitions appr hender les strat gies d velopp es par les 330 enseignants novices pour diversifier et enrichir leurs actes professionnels Quelles dynamiques individuelles et collectives participent au parcours de formation des ma tres d butants durant les deux premi res ann es d enseignement Pour r pondre ces interrogations nous avons investi la th orie tripolaire de G Pineau 1989 afin d
285. es l ves Les parents sont ainsi reconnus institutionnellement comme acteurs et partenaires d une forme ducative partag e Cependant si ce n est la participation d une repr sentation de parents lus aux conseils d cole trimestriels le mode de collaboration entre les parents et l cole n est pas clairement d fini Ainsi chacun des acteurs concern s agit selon la mani re dont il con oit sa relation avec les autres partenaires de l action ducative 175 4 7 Un avenir incertain Nomm s titre provisoire et presque au terme de cette ann e les ma tres ont bien conscience qu ils vont devoir quitter l cole dans laquelle ils ont fourbi leurs premi res armes L incertitude est totale quant leur future destination professionnelle et cela peut d teindre de mani re n gative sur l tat psychologique des personnes concern es En l absence de toute information le ma tre ne peut se projeter dans son avenir proche Cette situation l emp che aussi de pouvoir poser sereinement les bases de sa vie personnelle Il ne sait m me pas o il sera amen vivre et habiter d ici quelques semaines Pour moi le plus difficile a n est pas la gestion de la classe a n est pas le temps de pr paration c est finalement l c t c est dire actuellement j habite M je fais le trajet quotidiennement c est relativement fatigant et je suis dans l incertitude parce que je suis l
286. es Dans le m me temps le nombre de postes offerts stagne ou tend diminuer Pour la session 2006 330 postes taient propos s pour l acad mie de Nancy Metz pour un total de 3128 personnes inscrites soit peine plus de 10 de re us Ce chiffre montre quel point la r ussite ce concours s av re ardue et dans de nombreux cas les personnes sont contraintes de le passer plusieurs reprises avant de conna tre le succ s Cette situation entra ne les tudiants se pr parer au concours suivre la formation d une ann e dispens e l IUFM ou prendre des cours par correspondance Dans certains cas notamment pour Anne Marie Fr d rique J r me et Jessica leur inscription sur la liste compl mentaire du concours les a contraints prendre la responsabilit d une classe l ann e sans aucune formation au pr alable Ainsi pour tous l exercice du m tier de professeur des coles repr sente l aboutissement d un parcours le r sultat d efforts personnels mis en uvre pour atteindre l objectif professionnel qu ils se sont fix Ce sentiment est particuli rement pr gnant chez certains jeunes ma tres Jai boucl la boucle J ai r ussi faire ce que je voulais faire et ce que j ai toujours voulu faire Niveau professionnel j ai atteint mon objectif Malgr toutes les emb ches qu il y a eu avant c est pas vident de nos jours d y arriver Il y a eu des hauts et des bas on a serr le
287. es pairs Il nous faut distinguer dans ces changes ce qui rel ve d une aide sollicit e par les jeunes ma tres dans l espoir de d passer les difficult s qu ils rencontrent avec un l ve ou dans l organisation d une s ance des apports qui viennent enrichir l existant Dans la premi re situation les relations s tablissent selon une logique du manque du d ficit que les conseils prodigu s sont suppos s combler alors que dans la seconde ce qui est dit ou propos vient en compl ment d une pratique qui appara t d j satisfaisante aux yeux du professeur d butant C est le cas de Manuella qui n a pas senti le besoin d tre aid e par ses coll gues mais qui appr cie n anmoins de discuter avec ses pairs pour entendre et s approprier certaines petites ficelles du m tier Non de l aide non Des id es oui On se refile des petits trucs et astuces comme a pour g rer la classe Des id es sur des projets des sorties E9 72 78 80 Nous avions voqu dans un chapitre pr c dent l existence de r unions institutionnalis es o les professeurs d une m me cole se rencontrent pour organiser un parcours d enseignement coh rent et progressif Ces moments formalis s de concertation semblent dans certains cas utiles car ils permettent aux praticiens de d finir pr cis ment leur programme de travail dans chaque champ disciplinaire pour l ann e scolaire A part pendan
288. es entretiens qu elles avaient v cus celui qui leur avait 229 sembl le plus formatif tous les praticiens l exception d H l ne ont port leur choix sur le premier Je n ai pas d h sitation le premier c tait le plus formateur Le premier entretien qui tait vraiment n cessaire et qui a cadr toute mon ann e finalement E1 214 292 On prendra le premier Il y avait plus de choses modifier E7 107 109 Je vais me dire que le premier m a vraiment ouvert les yeux sur des manques que j avais dans ma pratique et sur lesquels il fallait que je me concentre un peu plus E3 148 En ce qui concerne H l ne une visite particuli rement pr coce assortie d exigences professionnelles fortes a d stabilis la jeune ma tresse J arrivais a faisait peine une semaine que j tais dans ma classe et tout de suite il fallait faire a a a a a Je me suis dit que je peux pas je voyais pas par o commencer et ce qu il fallait que je fasse E6 184 Lorsque l cart entre la pratique existante et l apport ext rieur est trop important la situation n est pas propice aux apprentissages Comme le montre Vygotsky les meilleures possibilit s d apprentissage r sident dans la zone proximale de d veloppement Cette derni re repr sente ce que l individu n est capable de r aliser qu en tant guid par une personne plus comp tente tout en ayant des co
289. es nombreuses recherches relatives l efficacit des enseignants la d finition d une praxis de r f rence n existe pas la relation ducative laisse la part belle aux incertitudes aux hypoth ses aux questionnements voire l inconnu Selon F Tochon la recherche sur la pens e des enseignants ne permet pas de d couvrir une m thode uniform ment efficace ou un ensemble de techniques pour g rer l incertain le complexe ou le probl matique 1993 203 M Mante Ibid 90 affirme que ce constat doit amener l observateur tout particuli rement s il poursuit le premier objectif cit pr c demment faire preuve de modestie sans omettre de s entourer de mille pr cautions 227 3 3 L entretien de formation Dans la plupart des cas un entretien entre le ma tre et le formateur suit l observation de classe Il se d roule alors pendant la r cr ation et se prolonge parfois sur le temps de classe en pr sence des l ves qui se voient alors confier une activit occupationnelle Plus rarement le formateur propose au novice un entretien diff r apr s 16 heures A ce moment l les l ves sont rentr s la maison et les conditions apparaissent plus propices pour engager un dialogue qui se veut constructif La dur e des entretiens est tr s variable Cela peut aller de quelques minutes deux ou trois heures Ensuite soit on revient pendant la r cr ation mais finalement on revient a
290. es ont int gr l chantillon D autre part nous avons directement contact quatre enseignants qui ont accept d apporter leur contribution A l occasion d une rencontre individuelle pr c dant le premier entretien nous avons propos chacun une fiche d informations comportant divers renseignements permettant de mieux conna tre ces personnes et de situer leur parcours ant rieur Outre l tat civil elle mentionne le cursus universitaire suivi le poste occup les ventuelles exp riences professionnelles et ducatives ant rieures 3 Pr sentation de l chantillon 3 1 L tat civil Dans notre chantillon la proportion de femmes est importante sept sur huit sujets Elle est proche du taux de f minisation du personnel enseignant du premier degr au sein de l Education Nationale L ge moyen se situe autour de 28 ans la personne la plus jeune au moment de prendre ses fonctions a 24 ans la plus g e 50 Trois personnes sont m res de famille 128 3 2 Les fonctions exerc es Sept personnes sont nomm es en qualit de professeur des coles adjoint une fait fonction de directrice Cinq individus enseignent l cole l mentaire trois en maternelle Trois personnes enseignent au cycle des approfondissements une travaille dans une classe CE1 2 relevant la fois du cycle des apprentissages fondamentaux et de celui des approfondissements deux oeuvrent en grande section et en moyen
291. es pour exercer de mani re efficace leur enseignement 5 R seau d Aide Sp cialis e l Enfance en Difficult 248 IT L exercice du m tier d enseignant Les entretiens que nous avons men s avec les ma tres durant leur premi re ann e d enseignement ont montr qu ils prouvaient de nombreuses satisfactions dans la pratique quotidienne de leur m tier Qu en est il l issue de leur seconde ann e 1 Les satisfactions professionnelles 1 1 Les progr s des l ves Transmettre des connaissances enrichir chaque jour davantage les l ves constituent la finalit essentielle du m tier d enseignant Ainsi les praticiens ressentent une r elle satisfaction lorsqu ils peuvent observer de nouvelles acquisitions chez leurs l ves Evoquant les l ments de contentement li s l exercice de leur m tier toutes les personnes interrog es ont affirm que les progr s des l ves en constituaient la source principale Que les l ves avancent qu ils soient pr ts aller au CP Les progr s effectifs que je vois que je constate par rapport au d but de l ann e E9 32 C est formidable d avoir en face de soi un gamin qui tout coup a compris De le voir heureux d avoir compris E10 54 L j ai une satisfaction par rapport aux progr s des l ves c est toujours int ressant de voir les l ves progresser en autonomie et galement par rapport leurs co
292. es premiers moments 3 4 Des causes exog nes 4 D autres difficult s professionnelles 4 1 Les difficult s li es aux aspects didactiques de la profession 4 1 1 La pr paration du travail 4 1 2 Une obligation institutionnelle 4 1 3 L valuation diagnostique des l ves 4 2 Les difficult s li es aux aspects p dagogiques de la profession 4 2 1 L organisation mat rielle 372 136 139 139 139 139 140 141 143 143 144 144 147 150 150 150 155 155 156 157 157 157 158 158 160 161 161 163 163 164 165 165 165 167 168 168 169 CHAPITRE 2 4 2 2 L organisation des ateliers 4 2 3 La diff renciation p dagogique dans les cours multiples 4 2 4 L h t rog n it des l ves 4 3 Un sentiment d impuissance 4 4 Des professionnels habit s par le doute 4 5 Des fonctions prenantes 4 6 Des relations conflictuelles ou inexistantes avec certains parents 4 7 Un avenir incertain 5 Synth se PROFESSIONNALITE ET AUTOFORMATION DURANT LA PREMIERE ANNEE D ENSEIGNEMENT I Une professionnalit en mouvement 1 Le d veloppement professionnel dans ses aspects didactiques 1 1 Une plus grande facilit dans l laboration des s quences d enseignement 1 2 Une valuation diagnostique plus pr cise 1 3 Une plus grande anticipation 1 4 Le rep rage des supports 1 5 Moins de doutes 1 6 Un temps de pr paration qui augmente 2 Le d veloppement professionnel dans ses aspects p dagogiques 2 1 Une prat
293. es qu il doit ma triser Le bouleversement que peut occasionner un nouvel environnement professionnel n est pas exclusif au monde enseignant Lorsqu il est question de difficult s d preuves nous r agissons la plupart du temps n gativement en identifiant ces situations probl matiques comme des l ments radiquer D un point de vue diff rent il est possible d appr hender l exp rience de la difficult selon une vis e formatrice L obstacle peut alors repr senter une source d apprentissage et interroger les jeunes ma tres sur la mani re dont ils ont d pass leurs difficult s peut nous r v ler des pistes int ressantes quant la mani re dont les praticiens consolident et enrichissent leurs comp tences Dans l tude portant sur la prise de fonction des instituteurs Louvet Ba llauqu s 1992 toutes les difficult s que nous venons d voquer apparaissent travers les t moignages Les discours montrent aussi une r elle volont de les r soudre d assumer cette tape difficile qu est l entr e dans le m tier pour pouvoir ensuite exercer le m tier plus sereinement 3 La socialisation professionnelle et les tapes de la carri re enseignante Plusieurs tudes portant sur le d veloppement professionnel des ma tres d finissent la carri re enseignante selon une suite de phases ou d tapes Dans leur mod le Fuller et Brown 1975 proposent trois stades Au stade 1 survival sta
294. essants E8 84 182 Depuis la loi d orientation de 1989 un accent particulier est mis sur la n cessit pour les ma tres de proposer r guli rement des projets de classe pluridisciplinaires Cette p dagogie du projet est suppos e faciliter les apprentissages gr ce au surcro t de motivation et d int r t qu elle entra ne aupr s des l ves En d but d ann e trop occup s g rer le quotidien les praticiens appliquent plut t une p dagogie traditionnelle dont les principaux outils sont leur voix les livres et les cahiers des enfants Sensibilis s des d marches qualifi es de plus innovantes durant la formation initiale les professeurs aspirent mettre en uvre ce qu ils y ont tudi Comme je sors de l IUFM on a la th orie donc on a envie d essayer la th orie E6 134 La r ussite de ces actions est importante leurs yeux car elle d montre leurs capacit s mettre en oeuvre des strat gies plus labor es qu elles ne l taient auparavant La pratique de la p dagogie du projet lorsqu elle s av re r ussie est per ue comme un crit re d expertise professionnelle par les enseignants et par les autorit s hi rarchiques Mener efficacement un projet signifie pour les jeunes ma tres une consolidation de leur identit professionnelle car cela r duit l cart entre le soi professionnel id al auquel tous aspirent et le soi r el li la fa on dont les ma tres se
295. ession artistique la danse et le fait qu on soit nous m mes mis en situation j ai trouv a particuli rement int ressant et plus formateur peut tre que deux heures de beaux discours C est le fait qu on soit dynamique qu on soit acteur de ce qu on est en train de s approprier E4 108 110 Moi ce que j ai beaucoup appr ci e c est la pratique concr te qu on a eue lors des s ances d EPS parce que c est quelque chose que j ai r investi la semaine o je suis revenue en classe ES 130 C tait EPS c tait bien parce qu on faisait on s y retrouvait un peu enfant On vit les choses et ce qui va avec des enfants a va aussi avec des adultes enfin a peut se transposer E6 166 168 1 5 Une mise distance du quotidien L effervescence des premiers mois et la charge de travail que les jeunes ma tres doivent assumer pour mener bien leur enseignement font qu ils vivent et pratiquent leur m tier dans une sorte de tourbillon permanent Sans cesse la t te dans le guidon toujours en qu te de nouvelles activit s mettre en uvre avec les l ves ils ne prennent que trop rarement le temps d arr ter un instant cette course en avant pour se poser r fl chir et faire un bilan de leur action professionnelle Pour certains quitter momentan ment la pratique quotidienne pour investir le stage constitue le premier temps depuis l entr e dans le m tier qui leu
296. et de faits exp rienci s 96 par les individus avec des enjeux g n raux collectifs dans lesquels ils peuvent se comprendre et doivent tre interpr t s 1 1 La r alisation des entretiens L une des difficult s essentielles de l entretien de recherche r side dans le fait que l interviewer doit inscrire son questionnement dans une relation duelle interactive et ouverte portant son attention et son int r t sur ce que dit la personne tout en prenant garde de ne jamais perdre de vue les objectifs assign s la collecte des informations Au cours des entretiens nous avons essay de nous inspirer du concept d empathie d fini par C Rogers comme une attitude de compr hension intellectuelle du v cu du client diff rent de la sympathie qui est une identification quasi motionnelle Muchielli 1991 37 1 1 1 Le cadre spatio temporel La plupart des entretiens se sont d roul s dans la salle de classe de l enseignant interview Ils ont toujours eu lieu en fin d apr s midi apr s la sortie des l ves Leur dur e variait entre une heure et une heure trente 1 1 2 Le cadre contractuel de la communication Pour instaurer ce cadre l interviewer est tenu d indiquer dans les grandes lignes son interlocuteur quels sont les motifs et l objet de sa demande Il doit r pondre deux questions souvent implicites Pourquoi cette recherche Pourquoi cette personne Parmi les param tres qui
297. et par le savoir et les valeurs qu il promeut comme figure de m diations et donc d identifications En somme s il est engag comme tout autre travailleur d butant dans une d marche d affirmation identitaire il est plus que quiconque confront cette d marche en tant que fondatrice et signifiante de son r le Baillauqu s 1993 16 La notion d identit pr sente deux significations oppos es D une part elle repr sente le fait d tre semblable d autres d autre part l identit est le caract re de ce qui est unique et donc de fait diff rent des autres Blin voque le caract re paradoxal de l identit qui se construit par la confrontation de la similitude et de la diff rence Blin 1997 178 Il lui attribue ainsi deux p les le p le individuel signifi par Soi qui comprend les caract ristiques individuelles que s attribue un individu pour se d finir le p le social compris comme un syst me de normes comprenant les r les conformes qu une personne doit s approprier pour r pondre aux attentes des individus des coll gues d un groupe d une situation L identit professionnelle n est pas seulement individuelle elle est aussi sociale Elle constitue le fruit des interactions entre l individu et son m tier et entre l individu et son groupe professionnel 64 P Tap 1980 d finit l identit professionnelle comme le r sultat d une relation dialectique en
298. eune enseignant imite ses pairs Il restera seul dans sa classe sans avoir pu ou su exprimer ses attentes ses questions Nous ne pouvons manquer d voquer cet instant l accueil dont a b n fici J Ardoino pour son premier poste Quand je suis arriv dans mon premier poste la directrice m a re u et offert le th C est formidable pour un d butant une directrice qui vous re oit vous offre le th et voque avec vous vos probl mes de logement Au terme de l entretien j acceptais sa proposition de faire fonction de surveillant g n ral et d tre ainsi log dans l tablissement Pour moi a s est donc tr s bien pass a m a appris 149 beaucoup de choses J ai eu de la chance Je ne pense pas que ce type d accueil se retrouve fr quemment de nos jours 1991 54 II L exercice du m tier d enseignant 1 La prise de fonction La prise de fonction peut tre diversement d finie Il peut s agir des premiers jours d enseignement ou de la premi re phase de la vie professionnelle de l enseignant qui peut s tendre de quelques semaines plusieurs ann es Sur le terrain la plupart des ma tres ont le sentiment de prendre leur fonction quand ils d couvrent et accueillent des enfants qui vont devenir leurs l ves Souvent la prise de fonction est v cue comme un acte ponctuel l instant o s op re le premier contact avec les enfants Prendre ses fonctions c est souvent
299. eur peut alterner un travail de r flexion sur les donn es d j collect es et une mise au point de nouvelles strat gies pour en collecter d autres L analyse devient alors une entreprise dynamique en constante progression aliment e en permanence par le travail sur le terrain Huberman et Miles 1991 85 Les cat gories que nous avions cr es ont guid l analyse qualitative du mat riau empirique collect et nous ont permis d interpr ter les ph nom nes l uvre Le va et vient constant entre cette grille de lecture volutive les retranscriptions d j effectu es et les entretiens futurs ont progressivement enrichi et affin l analyse car nous disposions conjointement d un cadre de travail relativement structur et d une souplesse autorisant l int gration de nouvelles unit s th matiques 2 Les entretiens suppl mentaires A l issue du travail d analyse des donn es nous avons jug utile et int ressant de conduire quelques entretiens suppl mentaires Ceux ci avaient pour objectif de valider de mettre en relief ou de pond rer notre interpr tation de l objet tudi Le recueil et l analyse des seize premiers entretiens que nous avons men s avec les ma tres d butants ont permis de structurer et d affiner la compr hension du parcours d autoconstruction professionnelle des jeunes praticiens Cependant afin de renforcer la fiabilit et la validit de la r flexion il nous a se
300. f Sch n 1994 semble particuli rement importante lorsqu il s agit d tudier l volution professionnelle des ma tres novices et nous pensons que la dimension r flexive y joue un r le essentiel Les entretiens ont mis en lumi re diff rents moments d exercice de la r flexion Ainsi la r flexion prospective des ma tres concernant la conception et l laboration des s quences d enseignement est particuli rement importante Tous passent beaucoup de temps imaginer structurer et formaliser des situations didactiques afin de favoriser les progr s des l ves Concernant la r flexion dans l action nous souhaitons la diff rencier de la simple pens e dans l action qui est elle inh rente toute action humaine Chacun d entre nous r fl chit dans l action sans tre pour autant un praticien r flexif Il convient de distinguer l attitude r flexive du professionnel de la r flexion ponctuelle pisodique que chacun m ne sur ce qu il entreprend R fl chir dans l action constitue un acte difficile car il n cessite une certaine distance une prise de recul volontaire au moment m me o l individu est engag dans cette action Durant les premiers mois d enseignement il semble que l ensemble consid rable de t ches conduire et la complexit du m tier d enseignant que d couvrent les praticiens novices constituent un obstacle la mise en uvre d une v ritable r flexion men e pendant l
301. fants vraiment peuvent prendre le temps ici de poser la question qu ils veulent par rapport au domaine trait Je me sens moins coinc e dans un 252 programme dans un carcan par rapport l ann e derni re J ai l impression d aider d broussailler les choses parce qu on prend vraiment le temps de parler de ce qu on fait chose que je n arrivais pas faire en maternelle l ann e derni re E10 60 Oeuvrant galement avec de petits groupes d l ves Aur lie appr cie la facilit avec laquelle se g rent ces groupes De plus comme elle accueille souvent des l ves pr sentant les m mes difficult s son travail de pr paration s en trouve fortement all g Il y a moins de bruit C est plus facile de g rer un petit groupe ou alors m me parfois un seul l ve que tout un groupe classe a c est bien agr able Il y a moins de pr paration les corrections se font plus vite donc au niveau de l organisation mat rielle ce sont des avantages E15 38 Peu satisfait des relations qu il avait nou es avec les parents d l ves durant sa premi re ann e J r me porte un tout autre regard sur ses rapports avec les parents Jai eu une bonne communication avec les parents sans que celle ci devienne envahissante et puis sans aucun conflit La relation avec les parents est quilibr e entre leurs interrogations mes besoins a c est toujours bien pass E12 40 Passionn
302. ffets ins curisants sur le d butant qui tait jusqu sa prise de fonction conseill soutenu guid par les formateurs dans toutes les actions qu il entreprenait Ressentant interrogations et incertitudes les enseignants mettent profit la visite du formateur pour lui exposer certaines difficult s et attendent de recevoir des r ponses concr tes Je pose les questions j ai des questions je les pose tout de suite comme a au moins a me sert Oui je me souviens bien c tait un bon entretien qui m a beaucoup servi Parce que c tait vraiment l entretien formateur elle ma donn beaucoup de conseils et de points travailler E1 236 264 292 Comme le souligne M Postic Tout enseignant cherche se conna tre dans son action p dagogique et il d sire confronter l image qu il se fait de lui m me avec celle qu un observateur a de lui Il voudrait communiquer ses difficult s analyser les causes de la situation rencontr e chercher comment changer tout comportement qui para trait inad quat Postic 1977 24 Les propos d Anne Marie soulignent tr s bien cette posture On se voit pas donc c est un regard ext rieur on attend vraiment le regard ext rieur E8 188 Les entretiens suivants sont consid r s comme moins enrichissants car apr s quelques mois d enseignement la pratique professionnelle des novices s installe et en cons quence les apports du formate
303. ficiels mais aussi par la pluralit des fonctions qui peuvent lui tre attribu es Deviterne D Prairat E Retornaz A Schmitt N 2000 La plupart des professeurs prenant leur fonction sont nomm s sur des postes titre provisoire Cela signifie qu l issue de leur premi re ann e d enseignement les ma tres sont contraints de quitter leur cole Certains sont affect s sur des postes dits de d charge ou sur des compl ments de mi temps Cette situation pose des probl mes sp cifiques A nsi Aur lie doit assurer deux demi d charges de direction dans deux coles diff rentes Les deux demi d charges je me suis dit que l inconv nient principal c est que j aurai plus de mal assurer une continuit notamment dans la gestion des projets E7 24 141 Un changement administratif d s la pr rentr e modifie cette situation et lui permet d assurer la pleine responsabilit d une classe Je pourrai vraiment tre la ma tresse de la classe a je pense que c est important au niveau de l autorit qu on peut avoir dans une classe et puis comme je vous l ai dit pour la gestion de projets c est quand m me plus pratique E1 26 Pour sa premi re rentr e Carmen compl te deux mi temps Les lundis et mardis elle enseigne dans une classe de moyens puis les deux autres jours de la semaine elle prend en charge une classe de grands dans une autre cole Cette situation ne lui p
304. fonction devrait permettre aux professeurs novices de mieux exercer leur m tier et d en appr hender les richesses et les difficult s L objectif vis est de faciliter la ma trise du m tier en approfondissant les comp tences et les savoirs professionnels abord s l IUFM la lumi re de l exp rience acquise sur le terrain Ibid 1788 Le texte pr cise les th mes qui devront tre abord s avec les prenant fonction adapter ses savoirs disciplinaires la r alit du terrain c est dire la fois les traduire en termes appropri s un niveau d l ves et les faire acqu rir un public scolaire d une grande diversit g rer la classe tenir compte des l ves tels qu ils sont en concevant des strat gies adapt es leurs besoins leur niveau d attention et leur progression dans les apprentissages g rer le temps analyser l activit de la classe travailler en quipe 3 Annexe 20 26 identifier et comprendre les caract ristiques du territoire de son environnement professionnel s approprier une thique professionnelle prendre en compte l exigence d actualisation des savoirs bid 1788 Nous constatons que les th mes de travail particuli rement nombreux recouvrent l ventail des comp tences de l enseignant professionnel Cette diversit des points souligne galement la complexit laquelle doiven
305. ge le jeune ma tre a pour but essentiel de tenir le coup Il est sa propre r f rence et ne peut se d centrer Au stade 2 mastery stage le praticien vise ma triser les s quences d enseignement Ces derni res constituent maintenant son point de r flexion 14 Au stade 3 routine stage l enseignant exerce sa responsabilit d ducateur Les l ves sont devenus le centre de son action p dagogique Plus r cemment Huberman 1989 a d fini quatre tapes dans le d veloppement professionnel dont les deux derni res peuvent pr senter plusieurs situations et des d roulements diff rents Lors des premi res ann es deux p riodes distinctes apparaissent la phase d exploration et la phase de stabilisation La phase d exploration se situe selon les individus de la premi re la troisi me ann e d enseignement L entr e dans un monde professionnel nouveau am ne le ma tre novice exp rimenter essayer et aussi s essayer Il s initie la pratique p dagogique par les essais avec la cl des r ussites et des erreurs A nsi presque deux tiers des jeunes enseignants interrog s 63 affirment avoir prouv un sentiment de t tonnement continuel lors de leur premi re ann e d enseignement Huberman 1989 Prenant appui sur diff rentes recherches dont l objet tait l entr e dans le m tier d enseignant Fuller 1969 Field 1979 Watts 1980 Huberman voqu
306. gnants Jusque dans les ann es 1980 peu de personnes ou d institutions s interrogeaient sur les conditions de l insertion professionnelle des jeunes enseignants Les difficult s que pouvaient rencontrer ces d butants et les ressources qu ils mobilisaient pour les surmonter ne semblaient gu re constituer un sujet d int r t En 1985 est lanc e en France la premi re recherche Louvet Ba llauqu s INRP 1992 relative la prise de fonction des instituteurs Cette tude avait deux objectifs essentiels Dans un premier temps elle se proposait d analyser le processus de prise de fonction afin de comprendre comment se passait pour les ma tres d butants interrog s la premi re ann e d enseignement Cette recherche se voulait galement pragmatique ses auteurs souhaitaient pouvoir proposer des l ments d am lioration pour le d but de carri re afin de faciliter l insertion professionnelle des professeurs d butants Si cette recherche a effectivement pu produire quelques recommandations en terme notamment de formation les chercheurs se sont rendu compte qu il n tait gu re vident d laborer un canevas pertinent coh rent d initiatives et de modalit s d aide mettre en uvre La raison premi re de cette situation r side dans le fait que chaque individu construit sa formation et vit son entr e dans le m tier de mani re singuli re et unique si bien qu il est difficile d aboutir un sch ma d
307. gne Les caract ristiques de cette cole sont elles identiques ment l tablissement o vous travailliez lan pass Si la r ponse est n gative Qu est ce qui est diff rent Ces l ments que vous citez ont ils une influence sur l exercice de votre m tier Avant la prise Quand avez vous eu connaissance de votre affectation actuelle de poste Vous souvenez vous de ce que vous avez prouv ce moment l Durant les jours qui ont pr c d votre prise de fonction quels sentiments vous habitaient La r ponse cette question est rattach e ce que la personne avait dit un an auparavant sur le m me th me La prise del A votre arriv e dans l cole la fin du mois d ao t 2005 117 poste comment cela s est il pass L accueil par Comment avez vous t accueilli au sein de l quipe les pairs p dagogique Les Les l ments Cela fait maintenant bient t deux ans que vous enseignez r ussites de satisfaction Y a t il un ou plusieurs l ments de satisfaction li s votre et les m tier satisfactio Qu est ce qui vous satisfait l ns Y en a t il d autres Les l ments voqu s sont rattach s ce que la personne avait dit l an pass Les La nature des prouvez vous ou avez vous prouv une difficult dans difficult s difficult s l exercice de votre m tier Qu est ce que c est cette difficult quoi est elle due selon vous Y en a
308. gnement professionnel de l entr e dans le m tier peut par exemple offrir aux ma tres un espace d expression et de reconstruction de leurs pratiques 3 2 La r flexion sur l action Cette d marche permet au praticien d apprendre partir de l exp rience pass e Il r fl chit sur une situation pass e s interroge sur ce qu il a fait ou essay de faire value les r sultats de son action ou en reconsid re le sens Elle a galement une vis e anticipatrice Par cette activit l enseignant cherche aussi r ajuster ses gestes professionnels am liorer ses pratiques p dagogiques Ainsi la r flexion sur l action est la plupart du temps r trospective et prospective Perrenoud 2001 35 E Charlier tablit une diff renciation entre les niveaux r flexifs d intervention et les types de contenu sur lesquels porte cette d marche r flexive 10 E Charlier www fundp ac be universite personnes page_view 01001354 cv html 57 3 3 Les niveaux r flexifs d intervention Trois niveaux sont identifi s Le niveau de l action la r flexion se d roule lorsque l enseignant est en interaction avec les l ves ce que Sch n appelle la r flexion dans l action Le niveau de r flexion l enseignant r fl chit et analyse ses gestes professionnels pour trouver des solutions optimales dans des situations particuli res Nous sommes ici plus proches de la r flexion sur l acti
309. gresse pas ou tr s peu Cette situation est difficile accepter pour les jeunes enseignants dont l objectif rappel par les instructions officielles consiste faire r ussir tous les l ves Na t alors chez les professionnels un sentiment d impuissance cette impression d sagr able de ne pas faire ou de ne pouvoir faire ce qu il faudrait pour permettre cet enfant de d passer ses difficult s d apprentissage Quand je me trouve en face d un enfant qui ne comprend pas qui je n arrive pas faire comprendre une notion je me sens un peu d munie quand m me E2 66 Il y a le probl me des l ves qui ne progressent pas qu on ne sait pas comment faire progresser E7 46 4 4 Des professionnels habit s par le doute Tous les enseignants nous ont parl des incertitudes qu ils prouvaient lors de leur prise de fonction Dans les semaines et les mois qui suivent leur premi re rentr e les cueils professionnels auxquels ils se heurtent confortent cet tat d esprit Il est frappant de 171 constater dans les entretiens que plusieurs ma tres expriment sans que la question ne leur soit directement pos e ce sentiment de doute sur la pertinence des actes p dagogiques qu ils r alisent avec leurs l ves L inqui tude et le sentiment de ne pas bien faire sont d autant plus pr gnants que les d butants essaient d appliquer les d marches et une organisation de travail h rit es
310. harge parce qu elle est l depuis vraiment tr s tr s longtemps du coup tout de suite elle m a aid e avec les enfants E6 46 Pour Anne Marie les contacts initiaux avec ses nouveaux coll gues sont empreints d une certaine retenue Je pense que tout le monde arrivait en tant un peu sur ses gardes E8 36 Dans les coles nous avons pu constater chez certains instituteurs exp riment s la crainte d tre mal jug s ou per us de fa on n gative par les jeunes professeurs qui arrivaient plus dipl m s plus dynamiques pr nant une p dagogie active diversifi e suppos e plus efficace laquelle beaucoup d anciens n adh rent que timidement Cette appr hension nous semble pouvoir expliquer partiellement la frilosit des relations initiales car les enseignants chevronn s attendent du nouvel arrivant qu il fasse l effort d aller vers eux et t moigne ainsi de son envie de se faire admettre dans le groupe Parfois l accueil des d butants ne peut tre men de mani re satisfaisante par le chef d tablissement et les futurs coll gues car ce moment de l ann e le directeur accabl par les nombreuses t ches qui lui incombent est dans l impossibilit de prendre soin du nouveau venu L quipe p dagogique un temps regroup e se disperse chacun emporte son mat riel ses cahiers et retourne dans sa classe pour concevoir et organiser les activit s scolaires du lendemain Le j
311. i passent leur temps en vacances Et cette partie l elle est assez frustrante Souvent quand on parle de nous dans les m dias c est quand il y a les gr ves lorsqu il y a des points n gatifs Et c est tr s rare qu on parle de nous en termes positifs M me par rapport aux parents lambda les enseignants c est souvent des gens qui n arr tent pas de se plaindre Dans la soci t tre instituteur n est pas gratifiant tous les jours E12 84 Anne Marie ressent galement de mani re n gative cette repr sentation collective Par rapport l entourage quand je dis que je suis ma tresse on me dit ah c est bien Tu as beaucoup de vacances Et les gens n ont plus le m me regard sur les enseignants qu ils l avaient avant Quand moi je voyais mon ma tre c tait vraiment le ma tre d cole Et je pense que les l ves et les parents n ont plus ce regard E16 78 263 3 Le rapport aux l ves Les relations qu entretiennent les ma tres avec les l ves constituent un l ment central de leur m tier puisque adultes et enfants partagent quotidiennement six heures de leur temps Tous les praticiens ont c ur d tablir une vie de classe sereine agr able et propice aux apprentissages et un enseignement de qualit Durant les entretiens portant sur la premi re ann e d enseignement plusieurs personnes avaient fait part des difficult s rencontr es pour instaurer des r gles de
312. iel de laisser davantage de place aux apprenants afin de favoriser leurs progr s Je parle un peu moins Je parle moins Comme je le disais les consignes doivent tre courtes pr cises donc j ai travaill l dessus et maintenant a vient naturellement Je parle moins je dis les choses une fois deux fois trois fois E9 76 La jeune enseignante per oit son volution professionnelle dans une continuit qui lui semble toute naturelle Oui pour moi c est une suite J ai le m me niveau la m me classe la m me cole c est une continuit E9 160 3 Carmen Les l ments d volution rep r s par Carmen sont tous li s la singularit de sa situation de ma tre E 3 1 Une dur e de pr paration moindre N enseignant plus que deux disciplines la langue fran aise et les math matiques Carmen 279 n a plus besoin de consulter de multiples supports didactiques pour concevoir ses s quences d apprentissage Ainsi son temps quotidien de pr paration a consid rablement diminu Je suis plus rapide pour mes pr parations J ai des outils plus sp cifiques que l ann e derni re Donc je me disperse plus dans trente six ouvrages pour chercher comment aborder cette notion E10 86 90 3 2 Une plus grande s r nit Comme pour les deux enseignantes pr c dentes Carmen vit son m tier de mani re plus calme et pos e Cependant la diff rence de ses pairs
313. ien d couvrir de nouvelles choses dans un processus dialogique d enrichissement mutuel Il y a aussi une notion de plaisir commun qu il y a pas seulement l apprenant et celui qui enseigne non il y a un plaisir commun un enrichissement des deux c t s je trouve que c est important Vraiment que les l ves m apportent moi je leur apporte E1 82 2 4 Les satisfactions li es leurs r les Pour les enseignants interrog s la dimension affective de la relation p dagogique constitue un l ment essentiel dans l acte d apprendre La mise en place de conditions favorables l apprentissage n cessite entre autres l instauration de relations humaines panouissantes pour les l ves Ce r le de l enseignant centr sur ses l ves et sur leur bien tre est source de satisfaction pour les ma tres 157 Moi je pense que l aspect relationnel si c est bien tabli apr s le reste a vient presque tout seul ES 52 En fait s il y a l affectif ensuite on peut lier l instruction mais s il y a pas l affectif je pense que rien ne passe E6 100 2 4 1 Enseigner des activit s plaisantes pour les l ves Tous consid rent que l cole doit tre un lieu de vie agr able et que les activit s qui y sont propos es soient sources de plaisir pour les l ves J ai l impression que les gamins sont heureux de venir l cole et je trouve que c est tellement imp
314. ier des enseignants du premier degr De mani re traditionnelle la socialisation professionnelle tait organis e en trois temps le recrutement des futurs professeurs leur formation tal e sur une ou plusieurs ann es et leur affectation dans un tablissement scolaire Aucune action n tait engag e pour accompagner les jeunes professeurs apr s leur formation initiale Comme le souligne Boutin les ma tres novices ont longtemps t livr s eux m mes lors de leurs d buts professionnels La plupart du temps les enseignants d butants sont laiss s eux m mes leurs h sitations en fa on avec plus ou moins de bonheur leur propre exp rience parfois m me en adoptant des attitudes p dagogiques inefficaces faute d encadrement p dagogique ad quat Boutin 1999 51 En France jusqu la rentr e scolaire 2000 les enseignants fra chement sortis de l Institut de Formation se voyaient consid r s de la m me mani re que leurs coll gues plus exp riment s et ne faisaient l objet d aucune attention sp cifique durant leurs premiers mois ou ann es d enseignement Chacun devait faire face aux difficult s avec ses propres moyens Ainsi l insertion professionnelle se faisait sur le tas la personne devant trouver d elle m me les conditions et les moyens d voluer Cette solitude ne semble pas d nu e d un certain int r t pour l enseignant car elle peut le conduire faire merg
315. ieurs types et modalit s de conscience Il ne s agit pas ici de d velopper ce champ conceptuel mais nous pensons n anmoins utile d en pr senter certains fondements afin d expliciter notre choix 2 3 1 Les consciences Plusieurs auteurs Piaget 1974 Vygotski 1985 ont mis en lumi re l existence de diff rents tats de conscience une conscience l mentaire ou pr r fl chie et une conscience r fl chie de ses actes de connaissance 108 a La conscience pr r fl chie Ce concept issu de la philosophie ph nom nologique d crit un mode de conscience qui est conscience du monde au sein de l action C est une conscience directe orient e vers ses objets sans qu ait encore t op r ni r fl chissement sur les actes de cette conscience ou sur sa position par rapport au monde c est dire la mani re dont elle l investit Ainsi tout moment dans toutes les situations que nous vivons nous sollicitons des connaissances non conscientes qui sous tendent l organisation de nos activit s Ces informations sont elles accessibles au sujet Si Piaget n apporte pas de r ponse explicite cette interrogation son analyse peut cependant nous aider cheminer Les l ments non encore int rioris s semblent pouvoir tre d crits comme des objets li s l exp rience propre du sujet Ils seraient de l ordre du descriptif du s quentiel du v cu Cela signifie que ces donn es sont simpleme
316. impliqu s Dans cet esprit le fait social ne constitue pas un objet stable mais appara t comme le produit des d bats ouverts Canguilhem entre activit s et situations P Carr voque le passage dans l ensemble des sciences humaines d un paradigme rationaliste informationnel des mod les existentiels et incarn s de la connaissance et de l action humaine 1997 31 Comme l indique l ethnom thodologie l accent est port sur l appr hension et la compr hension du sujet social et de ses actions intentionnelles Dans le champ de l ducation l autoformation participe ce mouvement qui met en exergue le statut du sujet apprenant et acteur de son processus de formation 3 Des approches th oriques et de niveaux diff rents P Galvani 1991 propose une tude th orique de l autoformation dans laquelle il distingue trois types de conception Il pr sente ainsi les courants bio pist mologique socio p dagogique et technico p dagogique qu il pr cise par leur finalit respective cr er sa propre forme s duquer soi m me et apprendre seul 3 1 Le courant bio pist mologique Cette perspective essentiellement repr sent e par E Morin M Finger et G Pineau inscrit l autoformation dans une dimension existentielle comme un processus d appropriation par le sujet de son pouvoir de formation L autoformation d signe ici l acte par leque
317. in Par la th matisation l individu ne retire pas simplement un voile sur un d j l La mise en mots pose les choses les dispose Le r fl chissement est une reconstruction du v cu et non une copie l identique de la situation Le passage du plan de l action v cue au plan de la repr sentation est cr ation d une nouvelle r alit traduite par la fonction symbolique et l utilisation de signifiants c est dire d ancrages sensoriels propres l individu Le m canisme de r fl chissement n est pas un simple effet miroir L activit mentale n cessaire au m canisme de r fl chissement souligne le caract re actif de cette op ration cognitive Selon Vermersch si chacun poss de les comp tences pour engager ce processus il n y a pas de n cessit intrins que ce qu il le sujet mette en uvre cette conduite 2003 82 Pour la provoquer un accompagnement une aide ext rieure sont n cessaires Le r fl chissement se nourrit du v cu c est une exp rience en soi qui ne constitue pas seulement un passage oblig pour une r flexion sur l action il peut tre f cond par lui m me c est une exp rience propre o la pens e prend contact avec elle m me tout en vivant l activit cognitive de la prise de conscience Dupuis 1997 22 Ainsi le r fl chissement constitue bien un passage marquant un progr s cognitif Pour Vermersch r fl chir le v cu est distinguer fondamentalement de la conduite qui
318. individu s autoformant sait cr er des alliances avec diff rentes ressources et proc de divers changes pour assurer lui m me sa formation Jbid 158 R fl chir dans et sur l action l autoformant alterne les temps d action et de r flexion Il est capable de r fl chir dans l action et de la r guler si n cessaire La pratique constitue pour la personne une ressource d apprentissage Adopter une attitude d apprenant permanent l acteur s autoformant a toujours envie de progresser et d en savoir plus Il d veloppe des capacit s m tacognitives qui lui permettent d adapter ses strat gies d apprentissage selon la situation 4 Synth se L autoformation de l individu repose sur la transaction entre trois l ments soi les autres les choses et le je le foyer organisateur Poisson 1997 212 Le soi constitutif de l auto entretient lui aussi une transaction avec le je dont il se diff rencie Cette transaction renvoie au processus r flexif la mise distance de sa pratique par la personne Elle peut tre li e aussi la fa on dont le je s autorise Ardoino 1996 76 SOI LES AUTRES LES CHOSES Le je et les trois transactions d apr s Poisson 1997 213 P Galvani voit dans l autoformation un triple processus r flexif r troaction de soi sur soi subjectivation r troaction sur l environnement social
319. information sur leur destination future aucun travail pr paratoire ne peut tre men durant les grandes vacances ce qui cr e l annonce d une nomination tardive un sentiment d urgence qui peut s av rer d stabilisant C tait un coup de t l phone J ai demand si c tait loin ou pas vu que je devais arriver le 16 septembre Apr s quand on m a dit que j avais une classe avec trois niveaux j ai dit ouh la la la Parce qu il fallait attaquer tout de suite je savais pas si j allais avoir des CM2 ou des petits E6 36 38 La plupart des nouveaux enseignants apprennent leur affectation durant les mois de mai et de juin au moment o ils ach vent leur formation initiale Certains se projettent alors dans leurs futures fonctions et mettent profit une partie des vacances pour s y pr parer La satisfaction d j de savoir depuis juin le niveau que j allais avoir donc a m a permis d j de pr parer les commandes de mat riel de faire mes progressions mes programmations ES 34 Moi juillet ao t c tait studieux Beaucoup d achats de livres p dagogiques avec des id es norm ment de brouillons de programmations norm ment norm ment qui ont beaucoup volu J aime pas aller les mains vides comme a non non il fallait que je sois au minimum pr par e Je ne me suis pas jet e dans le grand bain j ai quand m me fait bon un petit tour d horizon E1 36 Nous pouvo
320. ion des professeurs des coles d butants qui apr s leur formation initiale entrent de plain pied dans l exercice du m tier L activit enseignante est souvent d crite en termes de savoir faire professionnels mis en uvre avec les l ves partir d observations men es in situ Plus rarement sont vis es la description et la compr hension de cette pratique partir de ce qui est dit et compris par les ma tres eux m mes L enseignant est une personne et dans une d marche compr hensive on ne peut s parer lacte de la personne Cette tude veut couter puis comprendre ce qui est v cu par les jeunes ma tres au cours de leur exp rience des deux premi res ann es d enseignement l cole primaire Que r v lent les discours des personnes au sujet de l exp rience qu ils vivent Notre questionnement a cherch essentiellement lucider la fa on dont une exp rience de vie a t ressentie et comprise par celui ou celle qui l a prouv e Comment les ma tres d butants ont ils v cu l exp rience des deux premi res ann es de leur parcours professionnel Quel sens les personnes interrog es donnent elles leur entr e dans le m tier de professeur des coles Selon R Malet 1998 les recherches portant sur les comp tences enseignantes empruntent g n ralement deux voies sensiblement diff rentes La plupart d entre elles suivent une orientation rationaliste et ou cognitiviste et questionnent avant
321. ionnel avec les coll gues aussi un petit peu je me sentais plus int gr e plus faisant partie d une quipe E2 18 1 3 Le niveau de la classe La polyvalence des enseignants du premier degr les conduit pouvoir enseigner un public de deux onze ans Durant la formation initiale et plus particuli rement travers les stages qu effectuent les tudiants dans les coles des pr f rences se font jour Certains se d couvrent une attirance pour les petits d autres pr f rent enseigner l cole l mentaire Ainsi d s que les futurs ma tres ont connaissance de leur nomination ils s empressent de prendre contact avec l cole afin de d couvrir le niveau de classe qui leur a t attribu Cette information quand elle correspond au souhait des int ress s donne lieu un r el contentement Je souhaitais principalement avoir une classe l mentaire et j aurais m me pr f r aller plus loin pour avoir une classe l mentaire E3 28 Le niveau tr s contente je souhaitais tre en maternelle donc c tait vraiment que du bonheur E1 28 J tais contente parce que c tait la maternelle a me rassurait un peu parce qu entre le 1 et le 14 septembre j tais en maternelle donc j tais d j un peu baign e dedans a s tait bien pass E6 40 1 4 La distance Les entretiens laissent appara tre quel point les jeunes enseignants attachent une importance
322. ions de proc dures de 329 sch mas d actions de gestes professionnels qui servent de r f rence aux ma tres pour conduire leur enseignement et l adapter l ajuster si la situation le n cessite L acquisition de ces routines n est pas synonyme d enfermement ou de paralysie de la pratique Les routines entra nent une certaine automatisation de l action professionnelle tout en permettant aux ma tres des adaptations mineures ou plus importantes en fonction de la situation Et puis si jamais quelque chose ne va pas aussi bien que c tait pr vu on sait maintenant comment se retourner pour am liorer les choses E18 34 Reprenant Perrenoud 2003 nous pouvons dire que les praticiens novices ont enrichi leur habitus c est dire l ensemble des sch mes de perception d valuation de pens e et d action Lorsque ces adaptations sont mineures les sch mes existants se stabilisent lorsque celles ci apparaissent plus fortes de nouveaux sch mes sont cr s L analyse des discours montre que l habitus des ma tres s est enrichi et diversifi au cours des deux premi res ann es d enseignement Dans leur recherche doctorale Gondrand et Pierrard 2001 utilisent une m taphore cin matographique en nommant script sc nario et synopsis les l ments constitutifs de la m moire des pratiques dont disposent les enseignants d butants pour faire voluer leur pratique professionnelle L
323. ions vraiment acquises de mani re construite avec les l ves m me si tout le programme ne sera pas fait E4 74 Les ma tres sont plus attentifs l action des l ves dans le d roulement des s quences p dagogiques Les premiers mois la plupart des enseignants ont tendance parler abondamment formulant les consignes expliquant les probl mes ne laissant aux apprenants qu un second r le Cette attitude centrale de l enseignant ne permet pas aux enfants d op rer le travail intellectuel n cessaire l appropriation de l objet tudi Les l ves au mieux coutent paisiblement ou alors ils discutent jouent ne pr tant qu une oreille distraite aux explications de l adulte Cette d marche p dagogique essentiellement transmissive laisse progressivement place des strat gies favorisant l activit des l ves Je me mets plus en retrait je les laisse plus parler Moins parler moi plus laisser parler les enfants c tait vraiment le changement qui m a le plus qui vraiment tait le plus n cessaire EI 120 2 4 La reconnaissance de la complexit Certains propos laissent appara tre une volution des repr sentations quant la nature de 185 l acte p dagogique La formation de l enseignant professionnel donne une large part la rationalisation des situations d enseignement Chaque le on doit comporter des objectifs et des comp tences atteindre Il est demand aux p
324. ique sur son action sur ses missions sur celles que la soci t exige de l cole Enfin le dernier paradigme d velopp par Paquay montre que le ma tre est aussi une personne en relation avec d autres individus l ves coll gues parents et en recherche vers un devenir soi Cette derni re remarque n est pas sans importance quand on voque le malaise ou la souffrance de certains enseignants car dans une p riode o les conditions d exercice se font toujours plus difficiles o les exigences de la soci t envers l cole croissent certains professeurs prouvent des difficult s d velopper une image positive d eux Ces diff rentes conceptions de l enseignant mettent chacune en valeur des comp tences nodales selon langle qui est privil gi Il appara t qu aucune de ces conceptions ne peut tre rejet e Enseigner n cessite la ma trise des savoirs disciplinaires et l application de savoir faire techniques Enseigner requiert aussi l engagement du ma tre dans des projets collectifs et une indispensable r flexion dans et sur l action Enfin l enseignant est d abord une personne il enseigne autant avec ce qu il est qu avec ce qu il sait Ainsi plut t que de privil gier de mani re radicale l une ou l autre de ces conceptions nous pensons comme Paquay que chacune des facettes d clin es alimente les comp tences professionnelles requises pour le m tier d enseignant Cette
325. ique qu il pr sente devant la Convention Nationale il voquait d j l art de s instruire soi m me qu il souhaitait rendre possible chacun Ne suffit il pas de mettre les l ves en tat de lire les livres vraiment utiles crits dans cette langue et de pouvoir sans ma tre faire de nouveaux progr s Dumazedier 1994 144 Plus proche de nous le Livre blanc de la Commission Europ enne 1995 souligne l importance de l apprentissage autonome dans l ducation permanente des adultes L individu devrait aussi pouvoir avoir acc s en permanence une gamme de biens d ducation et de formation plus cibl s et bien identifi s compl mentaires un savoir g n ral de fa on pouvoir les acqu rir lui m me en dehors de tout syst me formel 1 2 Une galaxie cinq plan tes Selon P Galvani 1991 l autoformation est travers e par cinq courants essentiels a L autoformation int grale renvoie au courant ancien de l autodidaxie Cette perspective renvoie aux adultes qui n ayant pas ou peu fr quent l cole ont r ussi se construire des savoirs et des comp tences de mani re ind pendante sans l aide d un formateur ou d une institution ducative N Tremblay d finit l autodidaxie comme une situation d apprentissage au cours de laquelle l apprenant est responsable de toutes les dimensions de son activit ducative ou de formation 1995 149 68
326. ique qui s toffe 2 2 Le sentiment d tre plus efficace 2 3 Des contenus aux l ves 2 4 La reconnaissance de la complexit 2 5 L mergence d un habitus r flexif 3 D autres aspects du d veloppement professionnel 3 1 S installer dans son r le 3 2 Une attitude plus ouverte envers les parents 3 3 Une clarification de la relation l autorit 3 4 Accepter la n gativit 3 5 Une plus grande pr servation de soi 3 6 Un nouvel quilibre entre les domaines professionnel et personnel 4 Synth se II L autoconstruction professionnelle des enseignants d butants 1 L exp rience une ressource pour le d veloppement professionnel 1 1 Une r flexion a posteriori 1 2 La r flexion dans l action 2 La coformation ou la formation par les pairs 3 L auto information 4 Synth se 373 169 169 170 171 172 173 174 176 176 177 177 178 178 178 179 181 181 181 182 182 184 184 185 186 188 188 189 190 191 192 193 194 194 195 196 198 199 205 209 CHAPITRE 3 II Rapport la formation institutionnelle 1 Les stages 1 1 Une qu te prax ologique 1 2 Les changes entre pairs 1 3 L apport de nouvelles approches et des clarifications aidantes 1 4 Les mises en situation 1 5 Une mise distance du quotidien 1 6 L observation d autres pratiques professionnelles 2 Synth se 3 Les visites de classe 3 1 Le temps de l observation 3 2 Des objectifs sp cifiques 3 3
327. ire Bulletin Officiel de l Education Nationale 2001 32 tous les recteurs d acad mie qui institutionnalisait en France un plan d accompagnement de l entr e dans le m tier d enseignant Plus r cemment le nouveau Cahier des charges de la formation des ma tres Bulletin Officiel de l Education Nationale 2007 1 renforce le dispositif d aide la prise de fonction en augmentant tr s sensiblement le temps de formation accord aux praticiens d butants pendant les deux premi res ann es d enseignement A partir de la rentr e scolaire 2007 08 le volume horaire attribu l accompagnement professionnel est quasiment doubl par rapport aux ann es pr c dentes Mais qu en est il des effets de ces actions de formation sur le d veloppement professionnel des jeunes ma tres Peut on identifier une r elle influence formative de ces situations d accompagnement sur la pratique de classe des enseignants d butants La vis e essentielle de notre r flexion est de rendre intelligible la mani re dont la professionnalit des jeunes enseignants se constitue depuis la sortie de l IUFM d identifier les voies par lesquelles celle ci se consolide progressivement En quel sens et jusqu quel point pouvons nous parler d autoconstruction professionnelle L expos de notre travail comprend trois parties La premi re dresse le cadre de la recherche en proposant une synth se des tudes men es sur l insertion
328. irectement utilisables le comment faire plut t que le pourquoi les protocoles d action plut t que les expos s explicatifs ou les mod les Cette recherche de conseils pratiques se retrouve galement dans les actions de formation dont ils attendent essentiellement des m thodes des solutions transf rables dans leur classe G Vignal affirme que les novices essaient de se rassurer par des outils concrets par la connaissance approfondie du mode d emploi Tout se passe comme si la r ussite de 211 leurs prestations devait tre automatiquement garantie par le suivi fid le d une m thode que les anciens ou les responsables de formation allaient transmettre par distillation d faut de transfusion 1995 70 Il semble normal que les d butants cherchent d abord des b quilles p dagogiques qui leur permettent d acqu rir un premier quilibre certes pr caire mais essentiel dans cette p riode d licate de l insertion professionnelle Cette attente d l ments concrets explique pourquoi les ma tres manifestent une certaine insatisfaction et un moindre int r t pour la seconde session collective de l accompagnement professionnel Accueillant des professeurs enseignant dans les trois cycles les formateurs proposent alors des contenus de formation relevant davantage d une p dagogie g n rale transversale susceptible d int resser selon eux tous les stagiaires S loignant de la pratique concr te du
329. ise de conscience modifie et enrichit les gestes professionnels et une exp rience de type scientifique lorsque cette adaptation s accompagne de modalit s objectives La pratique spontan e n est donc pas elle seule g n ratrice d exp rience au sens o nous l entendons ici 2 La coformation ou la formation par les pairs Dans la plupart des coles les jeunes professeurs sont entour s de coll gues qu ils sollicitent et avec lesquels ils discutent changent des informations Il nous faut ici distinguer trois situations professionnelles pouvant occasionner des changes a La loi d orientation de 1989 Bulletin Officiel de l Education Nationale 1989 4 a institu le travail en quipe ducative r servant un certain volume horaire 24 heures annuelles durant lequel les enseignants sont astreints participer des dispositifs de travail collectif tels les conseils de ma tres et de cycles o les praticiens se rencontrent pour parler des projets r alis s ou venir des l ves en difficult s et pour d finir les grands axes de travail en vue de la r ussite scolaire des l ves L apparition de cette dimension sociale institutionnalis e peut modifier la construction et le d veloppement de l exp rience professionnelle Seul dans sa classe l enseignant construisait individuellement ses comp tences Aujourd hui appel collaborer avec ses pairs il peut apprendre des autres et r
330. issances de pens e priv e qui n est pas directement et naturellement accessible la conscience du sujet La mise jour de ces connaissances cach es n cessite le passage par les tapes de la prise de conscience Piaget envisage la prise de conscience non pas comme un tat mais comme un processus dynamique permettant le passage d un tat de conscience un autre plus large et plus stable que le pr c dent Il souligne galement la diff rence entre prise de conscience et prise de connaissance qui bien que de m me nature se distinguent la seconde se rapportant aux objets la premi re aux actions du sujet sur les objets 110 Tout v cu est constitu d un mixte de connaissances de savoirs r fl chis et int rioris s et de connaissances en actes qui demeurent au moment de l action au stade de l implicite P Vermersch souligne l importance de ce v cu comme point de d part d une r flexion car il est facile de le gommer pour lui substituer un connu ou une repr sentation am lior e de l action C est bien ce m canisme que nous voulions viter Dans ce processus de prise de conscience une distinction est faite entre le r fl chissement et la th matisation Cette derni re constitue la verbalisation du v cu permettant au sujet de franchir un palier dans sa prise de conscience de l action car le langage entra ne une formalisation intellectuelle plus labor e que d autres codes symboliques comme le dess
331. ist mologique est de nature mancipatrice C est par la connaissance de soi qui a des r percussions sur le rapport aux autres et le rapport au monde que la personne va pouvoir s manciper 3 2 Le courant socio p dagogique Cette conception dont le principal artisan est J Dumazedier s inscrit dans le prolongement de la philosophie des Lumi res et de l id al r publicain Le Rapport et projet de d cret sur l organisation g n rale de l instruction publique 1792 pr cise On pourra enfin lui le peuple montrer l art de s instruire par soi m me comme chercher des mots dans un dictionnaire se servir de la table d un livre suivre sur une carte sur un plan sur un dessin des narrations ou des descriptions des notes ou des extraits Dans cette perspective l autoformation repr sente moins un processus personnel vital qu un fait social n de l adaptation inventive des personnes aux transformations de la soci t moderne Elle est ici la gestion par chacun de son processus d ducation d finie comme prise de conscience des changements sociaux et la capacit accrue les dominer Dumazedier 1978 8 74 P Galvani avance deux raisons essentielles du d veloppement des pratiques autoformatives D une part les possibilit s et les moyens de formation s accroissent par l acc l ration des progr s techniques la multiplication des possibilit s d information et de communication e
332. it 1992 27 Dans cette recherche une place importante est donn e la parole des personnes Ce qu elles nous disent constitue la base partir de laquelle seront propos s un certain nombre d clairages th oriques La d marche adopt e postule que la parole donne forme au r el qu elle constitue un processus par lequel le r el se construit Demazi re Dubar 1997 38 Ces auteurs distinguent diff rents statuts que peut donner un chercheur aux paroles recueillies Dans un premier cas une posture de recherche illustrative vise utiliser certains extraits des productions langagi res des interview s dans le seul but de confirmer 94 la v racit de la d monstration effectu e a priori par le chercheur Ce dernier dispose d une probl matique et d un mod le d explication pr d finis et il utilise les donn es pour ent riner des r sultats qui ont d j t pr construits Dans une approche radicalement diff rente certaines recherches pr sentent aux lecteurs la totalit des discours recueillis Ces derniers sont livr s dans une version brute sans interpr tation externe de leur contenu A nsi certains ethnom thodologues consid rent que seul l individu acteur social peut rendre compte de ses comportements le chercheur ne pouvant que les restituer Cette posture de recherche dite restitutive s ouvre tout enti re la parole des personnes mais elle court le risque de lais
333. itent pas seulement pr ciser les comp tences professionnelles requises dans les situations d enseignement apprentissage Le mouvement de professionnalisation d borde le seul cadre de la classe professionnaliser c est aussi d velopper des comp tences d ordres m thodologique relationnel communicationnel Lang 1999 21 L mergence des termes profession professionnalisation professionnalit et leur fr quente utilisation correspondent une prise en compte de l volution des conditions d exercice du m tier Divers auteurs Meirieu 1989 Altet 1996 soulignent que cette volution ne peut se r sumer un simple toilettage de l existant Il s agit v ritablement de d velopper de nouvelles comp tences professionnelles pour un nouveau m tier Il ne suffit pas d introduire quelques l ments de modernisme il s agit bien d une transformation 38 profonde du m tier d enseignant La professionnalisation est ici transformation d une identit culturelle et professionnelle Lang 1999 25 La pluralit d interpr tations qu engendrent les termes li s cette professionnalisation n cessite que nous nous y attardions un peu Ce chapitre tentera d clairer et de pr ciser ces diff rents concepts Une premi re partie analysera ceux ci dans un cadre g n ral La seconde partie d veloppera ces m mes notions en les articulant l enseignement 1 Le concept de profes
334. jamais voluer vraiment On fera E19 112 Pour Ricoeur 1985 cit par Pastr 1999 le temps et l histoire comportent une double dimension Une dimension pisodique par laquelle une s rie d v nements se succ dent et ne font que se succ der Une dimension configurative d intelligibilit travers une mise en r cit permettant une relecture signifiante Cette op ration vise configurer les pisodes pour leur donner une unit et les transformer en un r cit dans lequel chaque moment pisodique prend son sens et s int gre dans la globalit de l histoire La mise en intrigue permet le passage d une relation de succession une relation d encha nement Pour la plupart des ma tres novices les premiers mois d enseignement s inscrivent essentiellement dans une dimension pisodique car les personnes ne rencontrent pas ce moment l des conditions et des situations qui leur permettraient de configurer l ensemble des pisodes souvent mouvement s parfois prouvants qui constituent l exercice du m tier d enseignant Les professeurs d butants agissent souvent trop tard contretemps L analyse men e apr s l action peut constituer l occasion de reconfigurer les pisodes de donner un sens ce qui s est pass et d identifier par exemple les raisons qui peuvent expliquer pourquoi telle situation ne s est pas d roul e comme l enseignant lavait imagin Il faut y
335. je suis aide ducatrice je suis pas ta copine et l cole je suis ta ma tresse je suis sympa mais je suis pas ta copine ES 202 315 Jessica a fait de l aide aux devoirs des coll giens en math matiques Les r cits des exp riences scolaires qu elle a pu entendre les dialogues didactiques qu elle a men s avec des l ves rencontrant des difficult s d apprentissage ont enrichi sa mani re de traiter la difficult scolaire avec les apprenants de sa classe a a m aide vraiment mettre en place des d marches des progressions d apprentissage parce qu on a du mal se mettre la place des l ves en difficult et le fait d tre avec un l ve de lui poser plein de questions pour savoir o se trouve la difficult pour moi a m aide beaucoup C est le fait de pouvoir se mettre sa place par exemple quand je discute avec un l ve de troisi me qui me dit que sa prof est all e beaucoup trop vite l dessus et qu il a pas compris qu il a pos la question et que la prof lui a r p t exactement la m me chose ben l a m aide moi me dire qu il faut pas que je le fasse en classe E3 178 Avant d entrer dans le m tier Anne Marie donnait des cours de formation musicale des enfants et des adultes Cette activit n cessitait une intense pr paration et appelait une mise en uvre p dagogique comportant certaines similitudes avec le travail enseignant Ainsi en abordant ses n
336. je tourne sur quatre groupes donc j ai trois pages pour la semaine a tourne sur la semaine donc je ne fais plus un cahier journal au jour le jour E2 89 En agissant ainsi nous pouvons penser que ces enseignants ont su changer de posture Durant les premi res semaines face cette activit professionnelle qu ils d couvrent r ellement les ma tres sont sans cesse contraints d uvrer dans l urgence Toutes les nouvelles situations qu ils rencontrent dans la classe avec les coll gues avec les parents les am nent sans cesse r agir Ils ont l impression de vivre continuellement sur un mode stimulus r ponse sans pouvoir se projeter Ils subissent les v nements A l issue de cette ann e initiale les choses ont volu Les professeurs font alors preuve d anticipation et de projection Si comme le souligne A Jacquard lavenir est un fleuve dont les berges ne sont pas encore trac es alors nous pouvons affirmer que les ma tres prennent en main leur chemin p dagogique Michel Godet d crit quatre attitudes possibles face l avenir la passivit o l individu subit tout ce qui lui arrive la r activit o le sujet r agit face aux v nements et essaye de combattre les processus probl matiques l image des pompiers tentant d teindre un incendie la pr activit o la personne se pr pare aux v nements pr visibles la pro activit o l individu s organise p
337. l identification et la construction de savoirs et de comp tences professionnelles et les strat gies et mod les de formation susceptibles de favoriser leur appropriation par les ma tres Si l objectif de ces travaux Paquay 1994 Altet 1996 vise d finir des orientations voire des programmes de formation nous pouvons n anmoins affirmer qu il n existe pas de mod le achev de l enseignant professionnel Cependant cette r f rence un mod le en construction de l enseignant professionnel semble s imposer par la complexit et les sp cificit s li es lacte d enseignement Ainsi Tochon 1993 compare la pratique des ma tres celle des m decins et des avocats car le praticien doit faire face aux impond rables d une confrontation constante au terrain professionnel sur lequel une erreur ne pardonne pas Au caract re souvent impr visible des situations p dagogiques s ajoutent d autres l ments rendant l action p dagogique plus complexe une population d apprenants h t rog nes l essor des technologies de l information et de la communication l volution des savoirs L ensemble de ces l ments montre que des r ponses p dagogiques efficaces n cessitent de la part des enseignants des comp tences comparables celles des professions reconnues Le professeur ne peut simplement appliquer des techniques des recettes venues d ailleurs mais il est amen laborer et mettre en u
338. l c est dire le moment o le praticien se trouve avec ses l ves pour mener ses activit s d enseignement Ces personnes n ont pas connaissance de toute cette partie cach e qui se trouve en amont de la situation d enseignement et dans laquelle le professeur entame un travail approfondi de r flexion et d laboration des s quences d enseignement qu il va proposer aux 165 apprenants Cette activit de pr paration s av re essentielle car la d marche p dagogique mise en uvre avec les enfants influe directement sur les apprentissages des l ves En outre pour les jeunes ma tres l exigence institutionnelle dans ce domaine pr cis s av re particuli rement importante Dans chaque circonscription de Moselle mais il en est ainsi ailleurs se d roule en tout d but d ann e une r union regroupant l inspecteur de circonscription les conseillers p dagogiques et l ensemble des ma tres novices du secteur Celle ci permet de pr ciser aux nouveaux venus ce qui est attendu d eux sur le plan didactique un cahier journal quotidien pr cisant de mani re d taill e les activit s pr vues avec les l ves les objectifs d apprentissage vis s et le d roulement des diff rentes s quences Ce document doit tre consolid par une deux fiches de pr paration pr sentant de mani re plus fine encore certaines s quences d enseignement Pour chaque champ disciplinaire il est demand aux ma tres de co
339. l ments de satisfaction li s l exercice de la seconde ann e professionnelle recoupent ce qui avait d j t exprim un an auparavant nouveau les progr s r alis s par les apprenants et la relation instaur e avec les l ves constituent dans le cadre d une lecture transversale les sources essentielles de plaisir pour les ma tres Cette situation n appara t pas tonnante dans la mesure o le travail avec des enfants lorsqu il se d roule de mani re sereine permet de vivre des exp riences qui sont agr ables l enseignant Nous avons constat que les d buts dans le m tier requi rent un important travail de pr paration Progressivement le temps d volu la formalisation des s quences d enseignement tend diminuer par l acquisition de d marches de routines qui rendent l activit didactique plus facile et moins co teuse en temps La plupart des novices sont contraints de changer de poste l issue de leur premi re ann e Ainsi ils entament la seconde ann e en d couvrant une nouvelle cole et un niveau de classe diff rent Afin de s adapter ces changements les praticiens ont nouveau besoin de mener des recherches de pr parer des supports d apprentissage de r fl chir la construction des s ances A 325 cette occupation didactique s ajoute galement le temps consacr aux corrections des travaux des l ves Ces t ches ex cut es en dehors du proc s p dagogique al
340. l le sujet auto prend conscience et influence son propre processus de formation Galvani 1991 24 Elle consiste pour une personne en une action de formation au sens le plus strict de se donner une forme de mettre ensemble des l ments 73 dispers s Pineau 1983 22 Cette mise en forme permanente est n cessairement reli e aux effets de l environnement physique et social entre l action des autres h t roformation et celle de l environnement coformation semble exister li e ces derni res d pendante de ces derni res mais sa fa on une troisi me force de formation celle du soi autoformation Pineau 1985 25 L autoformation appara t comme un double processus r flexif de prise de conscience de soi comme tant form par les autres et les choses et d appropriation du pouvoir de formation par la personne Le courant bio pist mologique consid re l autoformation comme un processus dynamique et r flexif qui am ne le sujet agir la fois sur lui m me et sur les sources d influences qui lui sont exog nes Ce r gime consiste pour l individu a tre simultan ment acteur et terrain de son action S autoformer c est op rer une double appropriation du pouvoir de formation c est prendre en main ce pouvoir devenir sujet mais c est aussi se l appliquer soi m me devenir objet de formation pour soi m me Ibid 28 La finalit de l approche bio p
341. la professionnalit des ma tres implique de d passer le seul cadre de la classe Ainsi nous esp rons pouvoir distinguer dans les trajets de formation ce que J Ardoino Lani Bayle 2001 14 nomme la trajectoire c est dire la part commune li e aux programmes de formation du cheminement exp rience plus personnelle li e aux relations au contexte de vie ces deux balises d limitant ce que l auteur appelle l odyss e ducative 102 2 2 Pr sentation du guide d entretien relatif la premi re ann e d enseignement Th mes Ce que nous souhaitons d couvrir Questions pos es Les effets possibles de ces tudes par Je vous propose d aborder cet entretien par les tudes universitaires que vous avez men es avant votre entr e l IUFM Pouvez vous m en pr ciser les grandes tapes Les tudes rapport au universitai m tier exerc Y a t il des l ments ou des moments de cette formation res selon la universitaire qui vous sont utiles dans votre m tier actuel personne Si la r ponse est positive demander la personne d voquer un moment particulier de ce lien tudes universitaires m tier Le contexte Combien y a t il de classes dans cette cole Quel niveau avez vous Combien d l ves Cette cole a t elle une sp cificit particuli re ZEP zone sensible ou autre L entr e Avant la prise Quand avez vous eu connaissance de votre affectati
342. la perception de la contr labilit de l activit repr sente une dimension essentielle de la motivation Tardif 1992 et cette derni re constitue un l ment important de la r alisation ad quate d une t che 4 5 Des fonctions prenantes Les jeunes enseignants s investissent pleinement dans leur nouveau m tier Conscients de l importance que rev t la r ussite scolaire pour l avenir des l ves les ma tres donnent de leur temps sans compter Ainsi durant les premi res semaines de classe l essentiel de leur temps libre est consacr aux pr parations aux corrections des travaux d l ves la recherche de livres et de fichiers int ressants Pour certains leur activit professionnelle impr gne v ritablement tous les actes de leur vie personnelle Tout ce que le jeune ma tre entreprend dans sa vie de tous les jours est irr m diablement rattach l exercice de son m tier D ailleurs encore maintenant j ai du mal me d tacher de l cole j ai l impression que je vis continuellement travers ma classe mes pr parations je vais faire des courses j arrive forc ment dans le rayon des bouquins o je vais regarder des choses j arrive pas me d tacher en fait je suis encore tr s scotch e la classe ET 30 Leur esprit totalement d vou la classe ne va pas sans poser de probl mes dans l organisation et l articulation des espaces professionnels et personnels Ceci appara t
343. la personne ressource est tr s disponible et qu elle peut facilement la solliciter En outre par rapport aux aides institutionnelles qu elle pourrait galement interroger ses demandes n entra nent pas chez elle un sentiment de faiblesse ou de culpabilisation Et c est quelqu un que je peux appeler quand j en ai besoin C est pas comme les conseils qu on peut avoir lors d une inspection ou d une visite p dagogique Mais l c est vraiment quelqu un que je peux appeler j ai pas de g ne par rapport a J ai pas l impression de me d valoriser E11 188 Nous remarquons galement que l apport des coll gues est valid par leur grande exp rience ou par des comp tences sp cifiques li es une certification professionnelle En criture longue j avais pas d exp rience l dedans et c est un prof qui fait a depuis plusieurs ann es il a su me rassurer sur des points o je me posais des questions E11 118 J tais plus s re de moi Bon si elle fait comme a une personne qui a eu le CAPASH il y a deux ans si elle fait comme a E10 110 J ai eu l impression tant donn que a venait de quelqu un qui tait sp cialis c tait des choses vraiment utiles Parce que si je les avais trouv es par moi m me peut tre que j aurais pu me demander si elles taient adapt es la situation E15 58 Certificat d Aptitude Professionnel pour les Aides Sp ci
344. lait gu re a me convenait pas du tout j tais vraiment pas bien E2 2 Diff rentes raisons expliquent selon elle ce mal tre Chaque changement de classe n cessite un temps d adaptation et ce dernier peine d pass Carmen quitte d j les l ves pour retrouver la seconde classe Il me fallait un temps d adaptation pour me r adapter la classe et puis une fois que je m y sentais bien de nouveau la deuxi me journ e il fallait repartir j tais constamment frustr e E2 14 Cette itin rance p dagogique l emp che de se familiariser avec les l ves Elle ne se sent pas responsable d une classe mais plut t comme une personne qui comble une absence Je me sentais pas dans ma classe je me sentais comme presque oui comme compl ment de je ne me sentais pas dans ma classe E2 16 Elle prouve galement des difficult s collaborer avec sa coll gue puisque les deux personnes ne travaillent jamais en m me temps Il y avait pas beaucoup de concertation donc chacun faisait un peu sa petite sauce dans son coin E2 18 Cette situation la conduit demander une inversion de poste pour tre affect e sur une seule classe La demande aboutit et d s la mi octobre elle se retrouve plein temps sur la grande section La responsabilit de sa classe dans une seule cole lui donne le sentiment d appartenir une quipe p dagogique 142 Au niveau relat
345. lations avec les pairs Certains enseignants expriment leurs satisfactions quant la qualit des changes qui ont pu s tablir entre eux et leurs coll gues Deux l ments apparaissent plus particuli rement ici Les relations avec les coll gues v cues dans une perspective collaborative afin d enrichir le travail p dagogique On va parler d un enfant de ses difficult s de ses progr s Il y a beaucoup d changes autour des enfants Et on a ce m me souci de l enfant le faire voluer E10 70 72 Par rapport aux coll gues a s est tr s bien pass il y a une tr s bonne int gration on a mont des projets en commun De ce point de vue l il y a une vraie satisfaction E12 38 Une ambiance de travail conviviale et sympathique On s entend bien il y a d j une bonne humeur l id e de venir l cole On sait que a va bien se passer de ce point de vue l E12 40 1 5 Des l ments singuliers de satisfaction Enseignant uniquement des l ves pr sentant des difficult s d apprentissage Carmen n est pas tenue de respecter un programme comme peuvent l tre les praticiens titulaires d une classe Cela lui permet d imprimer un rythme d enseignement plus lent selon les possibilit s des apprenants Elle appr cie tout particuli rement de pouvoir disposer de ce temps qui entra ne selon elle une meilleure appropriation des contenus enseign s Les en
346. lecture Par exemple les sons comment on les travaille Si on travaille avec un album comment on le travaille Des choses concr tes E14 126 C tait int ressant les sciences D autant plus que c tait une intervenante qui tait vraiment tr s tr s bien qui nous a parl de choses pratiques de choses concr tes qu on peut vraiment utiliser en classe Et pas uniquement sur la p dagogie E16 124 Ce que cette enseignante appelle la p dagogie repr sente en r alit les l ments th oriques les savoirs sur l enseignement qui sont peu consid r s d s lors que les ma tres ne parviennent pas les lier leur pratique de classe Et puis tout ce qui a t abord autour de la notion de projet les projets individuels les projets de classe c tait moins int ressant C tait beaucoup plus un cours comme on en a eu l IUFM C tait th orique compl tement th orique E15 126 Si on n a rien de concret a cr e deux mondes diff rents le monde stage et le monde cole et il n y a aucun lien entre les deux Alors que le fait d avoir b ti nous m me quelque chose de concret mettre en place dans notre classe a cr e un lien direct entre les deux Si on reste uniquement dans le th orique on reste dans les belles paroles et on n a pas l impression d avoir quelque chose qui puisse s appliquer au r alit du terrain E12 126 Parfois les informations th oriques
347. leurs t ches Les jeunes praticiens donnent le meilleur d eux m mes pour favoriser le d veloppement des l ves Ils attendent des enfants en change comme une sorte de contre don un int r t de l engagement de l application pour les activit s scolaires La relation p dagogique se joue dans l change et les progr s qu effectuent les apprenants t moignent de cet quilibre transactionnel d sir par les adultes Arriv s presque au terme de la premi re ann e tous les ma tres interrog s nous disent le plaisir qu ils ressentent enseigner Parmi eux certains avaient fait ce choix 322 professionnel depuis de nombreuses ann es d j et aucun n est d u bien au contraire de ce qu il vit quotidiennement travers son m tier En d pit des difficult s qui se sont amoncel es sur le chemin les jeunes enseignants poss dent une vision positive de cette exp rience car ils en retiennent le caract re formatif L analyse a montr que tous ont su identifier des l ments de leur pratique professionnelle qu ils ont vu se d velopper et s affiner C est bien en cela que nous voquons une professionnalit dynamique en mouvement qui volue et s enrichit essentiellement par la pratique et les exp riences v cues Apr s quelques mois d enseignement les praticiens novices per oivent une diminution sensible du temps qu ils consacrent quotidiennement la conception et la formalisation du t
348. lexe pour tout le monde que chacun rencontre des difficult s inh rentes la confrontation avec le r el Partager les premi res exp riences rassure les praticiens sur leurs propres capacit s assumer le m tier L analyse des propos montre galement que les entretiens cons cutifs aux visites de classe effectu es par les conseillers p dagogiques participent selon les individus interrog s la consolidation des savoirs professionnels Ce constat ne recoupe que partiellement l tude d Huberman 1989 dans laquelle seulement la moiti des enseignants ayant b n fici d un soutien ext rieur l cole effectu par des conseillers ont estim que cette forme d accompagnement leur avait t utile Les reproches concernaient essentiellement un discours trop g n ral ou une pr sence insuffisante des formateurs Il tait dit aussi que les formateurs entra naient un sentiment d ins curit et de stress particuli rement prouvant Quelle que soit la forme de l accompagnement mise en uvre les attentes des praticiens novices demeurent identiques Dans cette relation o le conseiller est consid r comme un enseignant expert les ma tres souhaitent d abord un discours prescriptif nourri de N conseils de pistes de travail de solutions susceptibles de les aider enrichir leurs 343 pratiques et d passer certaines difficult s Les enseignants d butants voient peu l int r t de l analyse
349. li re 1975 175 L exp rience formative comporte donc la conjonction d une passivit et d une activit deux l ments de l exp rience qui se conjuguent et aboutissent l tablissement d une transaction entre le sujet et son environnement d une part entre le sujet et lui m me d autre part L apprentissage exp rientiel correspond ainsi un processus durant lequel les individus construisent leurs connaissances et leurs conceptions en relation avec des milieux Nous pouvons effectuer un rapprochement entre cet apprentissage et celui d crit par la th orie socio constructiviste selon laquelle les connaissances s laborent partir de l activit du sujet et de ses interactions avec l environnement Dans ces deux d marches l apprenant vit des exp riences singuli res personnelles qui ont du sens pour lui et les connaissances labor es ou acquises enrichissent cet univers exp rientiel Mais dans le domaine professionnel la place sp cifique des pratiques se marque de fa on particuli re 3 2 2 La pratique et l exp rience Pour Yinger cit par Charlier 1998 107 l apprentissage des gestes professionnels n est possible que dans la pratique Cette derni re entra ne l acquisition de savoirs d actions que le d butant ne peut s approprier ailleurs La confrontation directe avec les l ves permet l laboration de conduites en situation Elle donne galement la possibilit d
350. lis es dans le cadre de l accompagnement D une mani re plus g n rale l immense majorit des enseignants non d butants ne mettent pas en uvre au moins de mani re formelle une analyse a posteriori des actes p dagogiques Manuella lie en partie l exercice de sa pratique r flexive la nature de son poste Nomm e titre d finitif elle conservera l ann e suivante le m me niveau de classe La 197 perspective de cette stabilit professionnelle l encourage mener ce travail r flexif car elle sait qu il lui sera utile dans un avenir proche J aurai la m me classe le m me niveau l ann e prochaine donc forc ment je sais que je ne le fais pas pour rien Je comprends aussi mes coll gues sachant qu ils ne sont pas en poste d finitif que a leur donne l impression d avoir du travail suppl mentaire Mais moi ce travail suppl mentaire je me dis a comptera pour moi pour l ann e prochaine Ca m aidera Je sais vraiment que a va m aider l ann e prochaine concr tement Concr tement a va m aider donc je le fais El 132 134 Ces propos laissent penser que les conditions de nomination influent sur le d veloppement professionnel des jeunes enseignants Si ces derniers sont dans l incapacit de se projeter au del de l ann e en cours ils peuvent opter pour une pratique au jour le jour sans vouloir entrer dans cette d marche analytique qui leur para t alors trop co
351. litaire chacun laborant seul son enseignement et ses apprentissages exp rientiels Dans le cadre de la politique de d centralisation une plus large autonomie a t attribu e au niveau local aux coles entra nant notamment une participation nouvelle des professeurs des structures collectives d organisation et de d cision Ce mouvement a aussi donn lieu des incitations voire des injonctions visant entra ner des pratiques collaboratives entre pairs dans les diff rents conseils de l cole primaire Notre tude montre que ces situations collectives formalis es ne sont pas v cues comme particuli rement aidantes par les ma tres d butants Il appara t bien ici ou l quelques travaux collectifs afin d harmoniser les programmations de cycle et d cole mais la plupart des personnes interrog es n ont pas le sentiment que ces r unions contribuent v ritablement leur d veloppement professionnel Par rapport ces temps de concertation institu e les praticiens privil gient les relations interindividuelles non formalis es se d roulant en dehors du temps d enseignement que ce soit durant la r cr ation la pause d jeuner ou apr s la fin des cours Tous nous ont fait part de l aide et du soutien dont ils ont b n fici travers les dialogues et les collaborations qui se sont tablis avec certains de leurs pairs Les jeunes ma tres consid rent ces relations comme particuli rement utiles pour et
352. lle a t en plusieurs lieux reconnue sinon pr cis ment en sa fr quence au moins comme malaise profond sentiment de d faite du nouvel enseignant angoisse du futur Ba llauqu s 1999 23 Diff rentes expressions qualifient ce moment particuli rement difficile que vivent un certain nombre d enseignants novices Huberman 1989 emploie le terme de p riode de survie d autres parlent d preuve du feu et de rite initiatique Ba llauqu s et Breuse 1993 d exp rience crisique H tu 1999 12 Veenman 1984 a recens 83 enqu tes men es dans diff rents pays afin de recenser les principales difficult s rencontr es par les prenant fonction Elles sont pr sent es ci dessous par ordre d croissant de fr quence 10 Conduite de la classe discipline Motivation des l ves Gestion des sp cificit s des l ves Evaluation notation des travaux Relations avec les parents Organisation de l enseignement Manque ou insuffisance du mat riel d enseignement Gestion des probl mes individuels des l ves I ON A A D Difficult s d enseignement dues au manque de temps de pr paration 10 Relation avec les coll gues Cette tude et d autres Ba llauqu s 1992 mettent en lumi re quatre grandes cat gories de difficult s La premi re concerne la gestion de la discipline Il appara t notamment qu un certain nombre de jeunes ma tres naviguent entre une di
353. lles montrent galement les difficult s que rencontre le champ scientifique pour circonscrire de mani re pr cise et consensuelle les ressources mobilis es par les praticiens au cours de leur pratique professionnelle La lecture de ces diff rentes tudes renvoie la probl matique du rapport entre les savoirs th oriques et les savoirs exp rientiels G Malglaive 1990 a r fl chi une articulation possible entre la pratique et la th orie dans une pratique de formation d adultes qui syst matiserait une d marche de type inductif L induction est une op ration mentale par laquelle un sujet confronte des l ments pour en faire merger le point commun Le point de d part de la r flexion est constitu par la pratique professionnelle partir de laquelle s labore une d marche par l apprenant de production et ou d acc s aux savoirs th oriques Une typologie affirmant quatre types de savoirs est propos e Les savoirs th oriques font conna tre les lois d existence de constitution et de fonctionnement du r el et permettent d agir en toute clart c est dire d ajuster les interventions pratiques sur la r alit de pr voir les effets de fixer leurs conditions et leurs limites de validit Ils orientent l action et ses proc dures Ces savoirs entretiennent un rapport direct avec la pratique mais ils existent galement en dehors d elle Ce sont les probl mes pos s par la pratique qui d clenchent al
354. lme sereine et enrichissante Ainsi Arends bid 153 rappelle que ces activit s occupant les apprenants lors des premiers jours ne constituent pas une panac e pour solutionner tous les probl mes d une ann e scolaire et que l enseignant devra toujours tre sur le qui vive pour se r ajuster selon les circonstances Cette assertion permet galement de relativiser l affirmation tranch e d finitive de Doyle bid 153 selon laquelle la r ussite ou l chec des premiers jours de classe conditionnerait le reste de l ann e scolaire N anmoins l importance des premiers jours semble ind niable Tr s rapidement les l ves jugent les activit s int ressantes ou ennuyeuses les r gles de vie contraignantes ou l ches l enseignant strict ou tr s gentil Quand cette perception de la r alit s est ancr e dans l esprit des enfants il semble difficile de la faire voluer les mauvaises habitudes prises en d but d ann e apparaissent difficiles modifier par la suite 3 4 Des causes exog nes Des motifs externes l individu sont galement voqu s pour expliquer ces probl mes de 164 discipline Jessica attribue le comportement difficile de certains enfants leur milieu familial perturb Pour un autre ma tre la situation qu il vit s explique par la culture de la population qui est accueillie dans l cole Je me rends compte qu il y a beaucoup d l ves finalement qui ont bes
355. lques semaines plusieurs mois le ma tre aspire trouver un quilibre entre les deux domaines A l issue de la premi re ann e certains d butants expriment le soulagement d tre parvenus m nager une r partition des r les qui leur permet d assurer de mani re satisfaisante leurs obligations professionnelles tout en menant une vie personnelle normale Jai une vie de famille par rapport au travail que a me demandait apr s les cours j avais l impression que je m en sortirais jamais Ca va mieux maintenant maintenant a va mieux E1 102 106 Ces derniers temps il y a quand m me des soirs o je ne fais rien c est appr ciable aussi a n arrivait pas du tout au d but c tait m me les week ends mes amis n osaient m me plus venir la maison elle est pas bien elle je ne savais pas que a travaillait comme a un instit tes en maternelle a va pas non E2 92 A la maison on me faisait bien comprendre on l ve un peu le pied maintenant nous on existe aussi donc ils m ont forc e aussi m organiser autrement parce que sinon E5 80 1 Aide maternelle 193 4 Synth se Durant cette ann e initiale de leur insertion professionnelle les jeunes ma tres ont volu sur de multiples aspects de leur pratique professionnelle L activit didactique s effectue plus facilement et s inscrit le plus souvent moyen terme Les professeurs ont le sentiment
356. ls et l ducation musicale autour d un th me commun 303 rendre a vivant pour les enfants Elle nous a expos une fa on de faire que je ne connaissais pas du tout Et a a bien fonctionn E13 136 L exp rience de formation collective permet galement les changes de pratiques entre pairs qui sont appr ci s des ma tres car ces interactions alimentent galement leur r pertoire p dagogique Chacun avait amen un projet qu il avait men durant l ann e et qui lui tenait c ur et qu il voulait exposer On venait avec du mat riel avec des r alisations On exposait ce qui marchait ce qui avait pas march comment on l a organis De tous les projets je pouvais en ressortir quelque chose pour ma classe Il peut y avoir une id e r aliser un album partir de Roule galette mais apr s il y a plusieurs mani res possibles Et l ce qui tait int ressant c tait de voir comment eux ont fait Moi j avais d j eu cette id e l mais je me serais pas pris pareil E9 106 108 En montant des projets et en r fl chissant plusieurs C est quelque chose qui enrichit les pratiques et c est pour a aussi que les stages TI et T2 sont int ressants parce qu on n est pas tout seul donc on enrichit plus rapidement notre travail En montant des projets on diversifie sa pratique donc on l enrichit E12 152 Certaines strat gies p dagogiques utilis es durant le
357. lui montrer qu il existe en tant qu individu singulier au sein de la collectivit Tous les jours on lit l histoire du jour On travaille en projet L j ai amen un levage de vers de farine C est pour ne pas faire que des choses tr s encadr es tr s feuilles C est aussi de l exp rimentation E14 72 8 Biblioth que Centre de Documentation 268 C est l que l accueil est important le moment des rituels Dire bonjour comment a va J accueille aussi individuellement les l ves ils viennent me serrer la main je leur demande comment a va E9 58 C est dans la relation qu on a avec les l ves Cette ann e c est beaucoup plus facile puisque je peux vraiment m attacher individuellement chaque enfant conna tre leur situation donc tre l coute quand ils ont quelque chose me dire Lui faire comprendre aussi qu on s int resse lui et donc s il a envie de nous raconter qui a gagn au match de foot m me si on sait pas du tout o a se trouvait on manifeste de l int r t E15 84 Enfin pour les deux jeunes enseignantes du RASED il semble indispensable d aider les l ves en difficult retrouver confiance en eux et estime de soi Cela se traduit par la mise en uvre de strat gies susceptibles d aider l apprenant poser un autre regard positif celui l sur lui m me D j on a fait un gros travail sur l erreur Il n y
358. lusion de l improvisation pour signifier que nos d cisions nos actes s inscrivent en r alit dans une trame assez constante Dans l urgence l individu agit et ne se regarde pas agir ou alors c est avec ce petit d calage qui fait qu il se mord les doigts une seconde trop tard d avoir encore perdu son sang froid ou trahi ses doutes Ibid 190 Dans une perspective rationnelle l acteur le praticien est suppos savoir ce qu il fait il peut s interroger sur les mobiles les modalit s et les effets de son action Notre d sir de ma trise est grand et il n est gu re facile d couter de reconna tre d accepter que chacun 51 d entre nous est port par son habitus un cadre personnel qui est le plus souvent inconscient et implicite Ainsi dans la pratique enseignante les diff rentes r gulations qu entreprend le ma tre et qui constituent l essentiel de cette pratique sont le fruit d une prise et d un traitement de l information que le ma tre effectue sans s en rendre compte et surtout sans possibilit imm diate d agir de contr ler ce m canisme Autrement dit ces Savoirs en usage ces connaissances en acte que l enseignant met en uvre appartiennent un registre pr r fl chi non directement explicite auquel l individu n a pas directement acc s Les nombreuses d nominations utilis es pour caract riser les savoirs de l enseignant s inscrivent dans des l
359. ma tre et des l ves et r fl chir sur le processus enseigner apprendre et son mode de fonctionnement dans une situation pr cise Face aux difficult s qu il rencontre le novice ne peut s appuyer sur des solutions toutes faites qui s av rent souvent inop rantes il doit progressivement tre capable de s adapter et d adapter son action pour les surmonter Et les semaines de stage a permet aussi de se remettre en question sur sa propre pratique p dagogique Mais si on r fl chit pas aux probl mes qu on a finalement on fait pas de retour sur sa pratique E6 170 214 1 2 Les changes entre pairs Durant leur formation initiale les futurs professeurs sont souvent plac s dans des formes de travail collectif Les cours les ateliers pr et post stage les stages en observation regroupent en un m me lieu un certain nombre d tudiants Ces situations permettent facilement la communication les changes l entraide entre les individus L entr e dans le m tier modifie consid rablement cet environnement et certains ma tres se sentent seuls Ainsi les stages de prise de fonction constituent v ritablement le premier moment o les ma tres d butants se retrouvent et peuvent changer sur leurs exp riences respectives Plusieurs praticiens consid rent ces phases de mutualisation f condes pour leur pratique professionnelle parce qu elles g n rent de nouvelles id es pr sentent d autres activit s
360. mbl important de solliciter nouveau certaines personnes de l chantillon pour v rifier le caract re plausible de ce qui est mis en lumi re travers la recherche 123 D un point de vue m thodologique il ne s agissait pas de reprendre de mani re exhaustive l ensemble des th mes abord s lors des rencontres pr c dentes mais bien d voquer avec nos interlocuteurs quelques l ments importants relevant de l entr e dans le m tier et de la construction identitaire des professeurs Certaines hypoth ses que nous avons esquiss es suite l analyse des donn es ont galement t soumises discussion Ces entrevues se sont d roul es au mois de juin 2007 alors que les praticiens achevaient leur troisi me ann e d enseignement La trame des entretiens est pr sent e ci dessous Th me I Rapport au m tier et volution professionnelle Il semblerait que les premiers mois d enseignement entra nent davantage de tension de fatigue d incertitudes que la suite du parcours professionnel Et pour vous qu en a t il t Certaines recherches d crivent l entr e dans le m tier comme une exp rience crisique ou un choc de la r alit L avez vous v cu ainsi Nous avons formul l hypoth se que la premi re ann e d enseignement est comprise a posteriori comme une preuve initiatique qui une fois surmont e rassure les jeunes enseignants sur leur capacit exercer le m ti
361. me sa grande satisfaction par rapport cette exp rience qu elle a d j v cue de multiples reprises l IUFM mais qu elle n investit maintenant plus du tout de la m me mani re en raison pense t elle de son exp rience naissante En fait je suis all e voir une classe double niveau et c tait vraiment tr s enrichissant on voit pas du tout la pratique d un autre enseignant comme on la voyait quand on tait l IUFM parce qu avec un petit peu de recul et d exp rience personnelle on apprend beaucoup plus on observe les bonnes choses E3 124 L observation d une pratique experte conduit les novices d couvrir des attitudes des strat gies des rapports aux l ves diff rents de ce qu ils mettent en uvre quotidiennement Si certains de ces l ments leur semblent int ressants ils essayent alors de les appliquer dans leur classe On peut ainsi penser que les pratiques observ es contribuent l enrichissement des gestes professionnels des enseignants d butants Cependant dans certains cas l cart que constate le jeune ma tre entre ce qu il observe et sa propre pratique peut mettre mal la confiance qu il a en ses propres comp tences En fait je me suis rendu compte que dans sa pratique elle tait vraiment l aise elle jonglait entre les deux classes et a se passait vraiment bien quoi tous les l ves travaillaient ils taient tous actifs donc a a serait une situation i
362. me une continuit E10 156 280 4 Aur lie Vivant un parcours professionnel identique celui de Carmen Aur lie inscrit cette seconde ann e en rupture avec le travail p dagogique qu elle mettait en uvre avec sa classe de CM1 Comme je suis cette ann e sur un autre poste c est plus tout fait la m me mani re de fonctionner donc c est comme si on repartait de z ro E15 70 En m me temps consid rant sa premi re ann e comme une sorte de test personnel qu elle estime avoir r ussi elle investit ses nouvelles fonctions anim e d une plus grande confiance en elle Jai pris de l assurance en me disant que l ann e derni re a c tait bien pass donc que je pouvais faire classe que j arrivais tenir un programme une classe J ai moins peur de faire la classe E15 72 100 Comme cela a d j t soulign avec Manuella nous remarquons qu Aur lie est entr e dans le m tier avec une extr me nervosit et qu au fil des mois elle a gagn en assurance et en s r nit Cette nouvelle disposition mentale dont elle fait preuve est bien le fruit du travail qu elle conduit depuis ses d buts professionnels jusqu aujourd hui En ce sens il s agit bien aussi d une continuit C est le m me m tier parce que je fais encore des maths et du fran ais et c est diff rent parce qu on ne fait plus que des maths et du fran ais C est le m me m tier par
363. ments de r flexion sur le d veloppement professionnel des ma tres d butants I Les l ments d volution identifi s 1 Jessica Par rapport sa premi re ann e d enseignement Jessica a le sentiment que sa pratique professionnelle s est enrichie et qu elle ma trise davantage les l ments la constituant Il y a vraiment beaucoup de diff rences au niveau du temps de pr paration d j de l organisation de la classe a se passe pas du tout de la m me fa on c est beaucoup plus facile E11 4 A la fin de son parcours l IUFM la jeune enseignante avait t nomm e sur un cours double CM1 CM2 qui lui posait des difficult s dans l organisation et la gestion p dagogique des deux niveaux C est vrai qu avec deux niveaux diff rents on savait pas trop comment se placer On dit aux l ves de CM1 de ne pas nous poser de questions mais si on 274 voit qu ils ne comprennent pas on se sent oblig e de revenir vers eux et c est difficile g rer Je savais pas trop comment me positionner E11 8 Pour sa seconde ann e en charge d un seul niveau son travail lui para t bien plus simple car elle cible toute son action sur un m me niveau de cours On est plus concentr e sur une chose on a l impression d tre plus efficace On a plus le temps de r fl chir sa le on que si on doit pr parer pour deux niveaux a c est s r E11 10 Jessica d finit galem
364. mettant l individu de s engager dans un projet individuel de formation 2 Le retour de l acteur L autoformation signifie dans les champs de l ducation et de la formation un renversement de paradigme Alors que le syst me ducatif traditionnel s appuie sur l h t ronomie et la transmission r ception de connaissances l autoformation donne l apprenant un r le actif y compris dans les initiatives qu il peut prendre Cette H Expression que l on doit un ouvrage d A Touraine 1984 publi chez Fayard 70 focalisation sur le sujet apprenant est commune plusieurs sciences humaines dont la psychologie les sciences de l ducation et la sociologie 2 1 En psychologie Le d but du 20 si cle est marqu par l essor du behaviorisme fond sur la pr valence de la relation stimulus r ponse et sur la notion d adaptation Selon cette perspective le fait psychique le plus l mentaire constitue le r flexe et certains behavioristes consid rent que le comportement le plus complexe n est que la somme des r flexes simples inn s ou conditionn s que l individu manifeste en r action des stimulations provenant de son environnement Dans la th orie du conditionnement l apprentissage est pens comme une r ponse de l individu un stimulus Ce signal d clenche un comportement la r ponse est conditionn e Les renforcements ext rieurs encouragement r compense sancti
365. meure aux marges de la production de connaissances 1938 13 Le nouvel enseignant vit souvent une tension entre deux p les se conformer aux habitudes professionnelles existantes la r alit scolaire telle qu il la vit de mani re quotidienne et mettre en uvre des d marches p dagogiques novatrices apprises le plus souvent durant la formation initiale et susceptibles de faciliter les apprentissages des l ves Le premier de ces p les est illustr par les travaux de Holborn Wideen et Andrews 1988 et par ceux de Zeichner et Tabachnick 1985 qui ont montr que les novices faisaient preuve d une certaine rigidit et d un besoin de faire comme leurs pairs plus anciens Il semble qu une telle suradaptation constitue une entrave la cr ativit et l autonomie des jeunes professeurs Le second p le est voqu notamment par Boutin 1999 43 56 qui souligne l aspiration des d butants entreprendre innover afin de secouer le cocotier Se pose alors la question de ce qui est l uvre dans cette p riode de l insertion professionnelle des ma tres d butants Est ce un processus de socialisation professionnelle dans lequel il s agit essentiellement d acqu rir les attitudes les connaissances les comportements les pratiques qui sont d usage dans le milieu scolaire Est ce un processus de professionnalisation qui dans le mod le actuel met l accent sur une ma trise de la pratiq
366. minement peut tre progressif et la fa on de percevoir l institutionnalisation de la loi scolaire peut galement expliquer le d passement de certaines difficult s Trois autres l ments apparaissent de mani re r currente lorsqu il s agit de donner une concr tude au d veloppement professionnel des ma tres Les premiers mois d enseignement se caract risent notamment par un sentiment de doute et d ins curit qui habite presque en permanence les d butants dans tout ce qu ils mettent en uvre avec les l ves Vers la fin de la premi re ann e 327 certains enseignants affirmaient d j ressentir davantage d assurance quant la pertinence de leur pratique professionnelle Nous remarquons que ce processus s amplifie consid rablement durant la seconde ann e Plus s rs de la qualit de leurs gestes professionnels les praticiens ont acquis une s r nit et une certaine assurance qui sont autant de signes d une r elle confortation du soi professionnel Apr s maintes incertitudes et remises en question les ma tres ont su se confirmer leurs capacit s enseigner On fait plus confiance au travail qu on met en place dans la classe on fait plus confiance soi m me son instinct pour mener la classe parce qu on a l exp rience qui nous montre que a s est bien pass Effectivement on peut se raccrocher a pour se rassurer On sait que a va bien se passer E18 34 L
367. mp tences E12 40 Quand l l ve r ussit on a l impression d tre efficace donc a fait toujours plaisir E11 24 Constater les progr s des l ves ravit les enseignants car cela leur renvoie un feed back positif du travail qu ils ont mis en uvre et t moigne galement d une certaine efficacit professionnelle Les apprentissages des l ves sont v cus par certains ma tres comme une r compense qui leur est faite Je suis satisfaite de moi de ce que j arrive E9 34 Quand vraiment c tait quelque chose de difficile et que j ai mouill le chemise je suis contente Mais le plus souvent et encore plus en petits groupes parce 249 qu on est au plus pr s le plus souvent c est quand m me de l improvisation De l adaptation Je m attendais pas cette difficult l Et quand je trouve le bon truc au bon moment je suis fi re de moi E10 56 C est une satisfaction personnelle de se dire j ai quand m me servi quelque chose je leur ai apport quelque chose Et par rapport au travail que je me suis donn par rapport aux activit s mises en place a veut dire que j ai pas fait fausse piste E12 42 Je passe des heures pr parer la maison r fl chir la fa on dont je fais et quand on voit que a marche on se dit voil a y est On a pris le bon chemin on a compris le truc E13 38 1 2 L adh sion des l ves aux activit s
368. n a plus la ma trise Alors il agit ou plut t il r agit afin de tenter de faire face Souvent son action est inefficace car non adapt e la situation L activit de r flexion dans l action n existe pas l exp rience personnelle du ma tre ne s enrichit pas il n y a pas de processus formatif A un second niveau la pratique est un acte plus ou moins adapt la situation v cue par l enseignant L auteur donne l exemple d un praticien qui r p te son cours chaque ann e sans y introduire un quelconque changement le ma tre qui corrige les fautes d orthographe de ses l ves mais ne pense pas aux fa ons d viter que ces fautes se produisent Ibid 179 Ainsi apr s quelques ann es cette pratique est si fortement 187 ancr e dans l individu qu il la consid re comme tout fait pertinente et non questionnable l exp rience fait loi Au troisi me niveau la pratique s accompagne d une intense activit r flexive afin de trouver une solution efficace aux probl mes rencontr s Le ma tre accueille le probl me l analyse et met en uvre la r ponse qui lui semble la plus adapt e en fonction des l ments qu il a recueillis ce stade enseigner ne consiste pas utiliser de mani re automatique un panel de techniques pr construites L enseignant articule constamment la pratique la r flexion selon diff rentes tapes a Recevoir le probl me et le comprendre Agir c est
369. nc sur un mode prescriptif il faut il serait souhaitable de le discours propos est la norme laquelle le r el doit se conformer Pourtant si ces enseignements sont suppos s plus op ratoires que les premiers dans la r alit ils se r v lent souvent difficilement applicables Chaque ma tre vit dans sa classe une situation singuli re avec des sp cificit s propres sa personne aux l ves l environnement de l cole Cette variabilit des situations n est que peu prise en compte dans les discours p dagogiques g n raux De fait lorsque le formateur travaille avec un public compos de vingt enseignants il lui est impossible d int grer dans son action les sp cificit s li es chaque ma tre Ainsi il existe un d calage assez important entre ces discours suppos s pratiques et les actions p dagogiques qu ils sont cens s initier 213 Depuis plusieurs ann es maintenant une troisi me voie semble possible Dans sa pratique l enseignant est appel op rer des choix prendre des d cisions observer des r ussites et des checs Le jeune praticien essaye de comprendre ce qui se passe afin de pouvoir r guler son action et d agir de mani re plus efficace Il attend de la formation qu elle l aide r soudre ses probl mes Il souhaite qu on lui propose des solutions ou au moins des pistes des esquisses qu il saura ensuite rendre f condes Pour essayer de r pondre cette
370. nce a a donn a Alors qu apr s avec les ann es on le voit tout de suite L enfant en train de le faire a part par l c est pas une bonne chose Maintenant je le vois plus vite E19 44 Cette nouvelle comp tence d adaptabilit s explique notamment par l exercice du m tier la r p tition des sc nes p dagogiques et la fa on de les reprendre mentalement Les praticiens d butants peuvent ainsi d velopper leurs gestes professionnels par une r flexion r trospective sur les actions pass es Celle ci n est pas syst matique ni v ritablement organis e Elle semble relever davantage de la pens e telle que nous l avons voqu e pr c demment que d un retour r flexif r gulier sur la chose prouv e Ajoutons que cette r flexion sur l action est difficile organiser car sit t la journ e d enseignement achev e les ma tres se projettent d j dans la suivante Le temps scolaire est planifi organis selon des cycles r p titifs L emploi du temps les progressions les programmes constituent autant d l ments contraignants qui poussent constamment les ma tres aller de l avant Le temps professionnel de l enseignant est forc et cette perp tuelle fuite en avant l emp che de se poser de prendre son temps afin de r fl chir ses initiatives pass es de les valuer On est aspir par lavant a s est s r c est ind niable On avance toujours On n a p
371. ncevoir et de r diger en termes de contenus et de comp tences acqu rir des programmations et des progressions annuelles Ce travail ne peut bien videmment tre men qu en dehors des vingt six heures hebdomadaires de classe c est dire les soirs les fins de semaine et pendant les vacances Ainsi durant les premi res ann es d enseignement les praticiens sont confront s un travail de pr paration extr mement important Ils passent beaucoup de temps laborer des activit s chercher des documents pr parer des exercices afin de proposer des s ances propices aux progr s des l ves Nombre d enseignants soulignent la quantit de travail et le temps pass cette phase de planification J avais norm ment de travail apr s l cole et puis j avais l impression que je m en sortirais jamais ce rythme l je ne tiendrais pas E1 102 La masse de travail C est toute la pr paration qu il y a avant pour trouver toutes les mati res faire les diff rentes disciplines C est aussi le travail de correction plus pr parer les cours pour le lendemain plus les fiches de pr p Si je pouvais rallonger mes journ es je le ferais Et on arrive un moment donn on a l impression de faire que a E8 70 72 74 Les discours nous permettent de circonscrire pr cis ment les difficult s auxquelles se heurtent ici les ma tres Nous avons vu pr c demment combien les d
372. ndragogie une premi re analogie ducation Permanente 122 149 164 VEENMAN S 1984 Perceived Problems of Beginning Teachers Review of Educational Research Jg 54 143 178 VERMERSCH P 2000 D finition n cessit int r t limite du point de vue en premi re personne comme m thode de recherche Expliciter 35 19 35 VIGNAL G 1995 F utilit de la formation des enseignants Cahiers Binet Simon 643 366 VONK J H C 1989 L volution professionnelle des enseignants d butants et ses r percussions sur la formation initiale et continue Recherche et Formation 6 47 59 ZEICHNER K M TABACHNICK B R 1985 The development of teachers perspectives social strategies and institutional control in the socialization of beginning teachers Journal of Education for teaching 11 R f rences institutionnelles BANCEL D 1989 Cr er une nouvelle dynamique dans la formation des ma tres Paris Minist re de l Education Nationale Paris Bulletin Officiel de l Education Nationale 4 du 31 08 1989 Loi d orientation sur l Education Minist re de l Education Nationale Paris Bulletin Officiel de l Education Nationale 45 du 8 12 1994 R f rentiel des comp tences et caract ristiques d un professeur des coles annexe 1 de la note de service 94280 Personnels enseignants des coles Minist re de l Education Nationale Paris Bulletin Officiel de l
373. ne grande section de l cole maternelle et une derni re accueille des l ves de trois six ans dans une classe multi ges 3 3 Le cursus universitaire Six personnes sont titulaires d une licence une poss de une ma trise une n a suivi qu un bref parcours universitaire 3 4 Les parcours professionnels ant rieurs Six personnes n ont connu aucune exp rience professionnelle ant rieure Une a t surveillante d internat une autre ma tre auxiliaire puis aide ducatrice 3 5 L acc s au professorat des coles L acc s la titularisation dans le corps des professeurs des coles peut s effectuer selon des itin raires diff rents certains suivent une formation professionnelle l IUFM de deux ans d autres entrent directement en seconde ann e sans formation pr alable ou apr s avoir enseign un an sur le terrain suite leur recrutement sur la liste compl mentaire Dans cette tude quatre personnes ont suivi une formation compl te de deux ans et les quatre autres ont d abord enseign quelques mois sans aucune formation initiale Puis elles ont int gr directement la seconde ann e d IUFM 12 z M c Il s agit des fonctions exerc es durant la premi re ann e d enseignement 129 4 Les acteurs Manuella M re d un enfant licenci e en arts plastiques Manuella int gre apr s sa formation initiale une petite cole maternelle deux classes Elle enseigne
374. ne s r nit dont ils taient auparavant d pourvus A travers l analyse de leurs propos nous avons mis l hypoth se que la premi re ann e d enseignement tait comprise a posteriori comme une preuve initiatique qui une fois surmont e rassure les novices sur leurs capacit s exercer ce m tier 324 Oui Si la premi re ann e a bien march on se sent un peu plus fort J en ai parl avec des coll gues Si on a v cu une premi re ann e un peu critique on repart la rentr e avec un gros stress Moi je me sentais plus rassur e plus en confiance J avais d j une bonne base je me sentais bien je savais o j allais E17 16 18 Lorsque juillet arrive on se dit que c est fini On est fier on est content de son travail On est fier d avoir men bien l ann e Il y a une diff rence entre mener une classe tout au long d une ann e scolaire et puis faire un stage de trois semaines Sur une ann e on a la responsabilit des jeunes pour toute une ann e E18 6 Cette situation souligne l importance de cette premi re exp rience dans le d veloppement professionnel des personnes et plaide nous semble t il pour un accompagnement des d butants dans leur parcours de formation surtout lorsque les ma tres sont confront s des obstacles qu ils ne parviennent surmonter seuls dans leur classe IT La seconde ann e d enseignement L analyse a montr que les
375. nelle de construction d un savoir labor dans un cadre social Les constructivistes insistent sur la capacit d auto 71 organisation de l individu et affirment que tout d veloppement constitue le r sultat d une construction par le sujet Cette derni re est constitu e d organisations et de r organisations successives des niveaux de complexit plus lev e L approche cognitiviste tente d clairer la construction de la pens e individuelle en portant son attention sur les m canismes endog nes comme la m moire les repr sentations les conflits cognitifs le traitement de l information 2 2 En sciences de l ducation Ce cadre constructiviste repr sente aujourd hui le paradigme de pens e dominant dans les champs de l apprentissage et de l ducation Au cr dit des p dagogies de l endog ne il faut verser cette vidence incontestable qu il n est de savoir que par le chemin qui y m ne et de connaissance que dans l appropriation qui en est faite par le sujet Je peux faire autrui quelques conomies de temps et de moyens mais je ne peux rien apprendre sa place Meirieu 1999 46 Les apports de la psychologie constructiviste ont aid modifier peu ou prou les pratiques p dagogiques des enseignants des formateurs qui passent progressivement d un mod le d enseignement transmissif une strat gie qui place les initiatives les d couvertes et les laborations de
376. nels ext rieurs leur environnement quotidien contribuent aussi alimenter leurs pratiques de classe L analyse r v le des diff rences notables dans la teneur des changes selon qu ils se d roulent dans le cadre institutionnalis avec un formateur ou de mani re informelle avec un pair Nous avons vu que le processus collaboratif se d veloppe tr s souvent l initiative du jeune ma tre qui sollicite un a n L exp rience acquise par ce dernier n entra ne pas un rapport d in galit entre les interlocuteurs ils sont et demeurent coll gues et de cette coformation ne d coule pas un quelconque sentiment d inf riorit de celui qui apprend Il appara t aussi que la nature des changes ne d stabilise pas le novice On lui donne des informations sur une proc dure administrative des pr cisions sur un l ve des pistes p dagogiques des outils de travail toute une batterie d l ments qui lui sont inconnus et qui vont l aider dans son activit quotidienne La situation d entretien avec le conseiller p dagogique est diff rente Elle se d roule au sein d une d marche officielle et les deux personnes ne se situent pas sur le m me plan tant par la fonction exerc e que par leur statut En outre les entretiens post visite constituent parfois une forme d analyse de la pratique o le questionnement les divergences de point de vue les confrontations d id es ne sont pas absents Cette d marche critiqu
377. niveau que moi cette personne est tr s gentille je m entends tr s bien avec elle mais je ne peux pas travailler avec elle J ai des exigences de travail qu elle n a pas Et 242 donc j ai du mal je ne peux m me pas lui poser de questions elle ne sait pas me r pondre E8 116 Ces exemples ne permettent bien videmment aucune g n ralisation sur la pertinence et l efficacit de cette initiative une plus grande chelle Ils permettent cependant de mettre en lumi re quelques conditions utiles la bonne marche de cette collaboration entre pairs Dans la mesure du possible et cela d pend essentiellement de la taille de l tablissement scolaire il est souhaitable que le professeur d butant puisse profiter de l aide et des conseils d un ma tre qui exerce dans le m me niveau de classe que le sien Cette proximit facilite les changes sur les m thodes de classe sur les outils employ s sur les difficult s d apprentissage de certains l ves etc Les comp tences du tuteur doivent tre reconnues par le ma tre d butant pour qui l enseignant exp riment repr sente sinon un mod le au moins une r f rence sur laquelle il d sire s appuyer et se rapprocher en termes de pratiques pour tendre vers une meilleure efficacit p dagogique Les propos d Anne Marie Je pense qu il faut quelqu un qui est reconnu pour avoir des comp tences E8 118 semblent indiquer la n cessit d une
378. nnaissances et des habilet s sur lesquelles il peut s appuyer Dans la situation pr sente la jeune enseignante ne dispose pas ce moment l de ce socle minimal de connaissances et de savoir faire Comment expliquer la d cision quasi unanime des d butants consid rer le premier entretien comme tant le plus int ressant pour leur pratique professionnelle alors que c est aussi cette m me visite initiale qu ils appr hendaient le plus Les diff rentes composantes de la formation initiale ont favoris la construction progressive de gestes professionnels que les jeunes ma tres doivent au moment de leur insertion professionnelle adapter aux profils des l ves dont ils ont la responsabilit Cette transposition p dagogique implique un glissement un cart entre le travail tel qu il leur a t propos voire dans certains cas prescrit et l activit r elle mise en uvre dans 230 leur classe par les d butants La prise de conscience de ce d calage entre une pratique d sir e et l acte concret entra ne chez ces derniers un sentiment de doute une remise en question de leurs comp tences professionnelles Depuis le premier jour de la rentr e des classes le ma tre novice dispose d une libert p dagogique totale il con oit et met en uvre ses s quences d enseignement selon la mani re qui lui appara t la plus pertinente pour les apprentissages des enfants Cependant cette autonomie peut avoir des e
379. nous avions d j pu lire dans divers ouvrages traitant au moins partiellement de cette question et en d passant nos propres conceptions labor es travers notre pratique professionnelle ce que repr sentait pour les personnes interrog es l entr e dans le m tier de professeur des coles Notre investigation portait galement sur le d veloppement professionnel l uvre durant ce m me espace temporel Comment la professionnalit naissante des ma tres se consolide t elle et quelles sont les ressources que mobilisent les jeunes praticiens pour enrichir leurs gestes professionnels Les mat riaux dont nous disposions l issue du recueil des donn es nous ont permis de mener une analyse longitudinale visant d gager le sens que chacun des sujets attribuait son parcours de formation et identifier le mouvement d autoconstruction professionnelle propre chaque individu Dans le m me temps nous avons conduit une analyse comparative inter entretiens transversale travers laquelle nous avons essay de rep rer des similitudes des r currences mais galement de souligner les singularit s propres chaque acteur de cette recherche A cet effet nous avons privil gi une analyse de contenu des mat riaux visant expliciter et syst matiser le contenu des messages et l expression de ce contenu l aide d indices quantifiables ou non dans le but d effectuer des d ductions logiques et justifi es
380. ns pr sents dans la quotidiennet du travail Floden et Clark 1988 soulignant la complexit de la profession et ses cons quences sur les individus mettent en lumi re le sentiment d ins curit qui habite les jeunes praticiens Cette ins curit se retrouve sous la forme d un auto questionnement quasi permanent qui porte notamment sur la mise en uvre des s quences d enseignement Le ma tre se pose la question Que dois je faire Progressivement par l appropriation de connaissances de comp tences nouvelles les ins curit s diminuent Elles ne peuvent totalement dispara tre car certaines sont li es l essence m me du m tier Les ma tres disposent maintenant d une plus grande assurance quant la pertinence et l efficacit de leur enseignement Le sentiment d une meilleure efficacit professionnelle en particulier s av re unanimement partag Tous constatent des degr s divers une consolidation des comp tences qui s exprime par une plus grande souplesse une meilleure adaptation aux l ves et une attention plus importante port e aux apprenants Evaluant plus finement les connaissances initiales des l ves attentifs leurs r actions durant les le ons les praticiens adaptent leur enseignement aux r alit s de la classe bien 288 davantage qu ils ne le faisaient au d but Cette facult d adaptation li e notamment un mouvement de d centration de soi vers les l ves app
381. ns privil gi e postule que les faits humains et sociaux sont porteurs de significations Dans une m thodologie qui s appuie sur des discours singuliers appara t souvent la question de la subjectivit de l acteur et par cons quence de la validit et de la fiabilit internes des propos Selon Huberman le rappel du pass est moins une reproduction qu une cr ation le r sultat d une tentative de mettre de l ordre dans des v nements qui avaient un sens au moment o ils taient v cus Ainsi une narration est en grande partie plus une r interpr tation qu un r cit Huberman et al 1991 35 Le chercheur doit donc se montrer prudent c est dire consid rer le d claratif ce que quelqu un d clare propos de comme dot d une teneur de sens le sens tant lui m me produit dans une certaine interpr tation des r alit s v cues en fonction des faits et des v nements qui constituent la trame d une existence concr te telle qu elle est v cue par une subjectivit au moins virtuellement riche et complexe 2 1 Une m thode deux aspects La m thodologie mise en uvre vise recueillir des informations permettant de caract riser le rapport des ma tres leur m tier et leur autoconstruction professionnelle 93 durant les deux premi res ann es d enseignement En confrontant les l ments obtenus nous cherchons en d crire et en expliciter les volutions pour
382. ns remarquer qu l preuve des faits les travaux men s sont appel s tre modifi s ajust s en fonction des l ves de leurs aptitudes et de leur rythme d apprentissage Mes progressions mes programmations qui apr s au courant de l ann e ont t compl tement chamboul es mais au moins j avais mis en place les grandes lignes ES 34 140 1 2 Une polyvalence mise l preuve Un professeur des coles peut tre affect sur diff rents emplois ce qui entra ne une diversification de ses fonctions car il peut tre titulaire d une classe l ann e ou tre titulaire rempla ant enseigner dans une classe traditionnelle dans une classe sp cialis e dans un coll ge tre amen diriger une cole Les t ches de l enseignant sont en partie li es la nature du poste qu il occupe Un ma tre peut enseigner dans une cole maternelle ou dans une cole l mentaire La relation ducative est alors tr s diff rente avoir la responsabilit d une classe un seul niveau d une classe plusieurs niveaux d une classe unique regroupant tous les niveaux exercer dans des quartiers difficiles ou en milieu rural L environnement social conomique et culturel influence son activit quotidienne Ainsi la polyvalence de l instituteur est non seulement effective par l obligation qui lui est faite d enseigner toutes les disciplines figurant dans les programmes of
383. ns remarquer au moins pour ce qui concerne l enseignement primaire que le cadre institutionnel dans lequel s inscrit l action des ma tres s av re tr s norm Cette situation favorise t elle l mancipation et l autonomie professionnelles des praticiens Dans notre pays l ensemble du syst me ducatif est organis par l Etat Dans les faits cela signifie que les enseignants ne disposent que d une tr s faible influence sur le cadre professionnel dans lequel ils op rent L autonomie des professeurs est au centre d une tension D un c t la loi d orientation de 1989 d finit une nouvelle conception du m tier passant d un mod le individualiste vers une logique d quipe de collaboration de 42 partenariat n cessitant la construction de projets comme par exemple la mise en uvre des projets d cole con us et r dig s par les enseignants d un m me tablissement visant d finir des priorit s ducatives locales en fonction du contexte D un autre c t nous pouvons remarquer que le contr le institutionnel des ma tres est fort les programmes sont assez largement prescriptifs les documents dits d application se multiplient la fr quence des inspections se densifie L observation de l enseignant laisse bien voir la mise en place d une multitude de pratiques de contr le parfois des plus tatillonnes auxquelles les enseignants sont assujettis qui proviennent du minist re
384. nsid r es comme pouvant apporter des informations en prise directe avec la classe sont galement r guli rement consult es par les praticiens a peut tre une revue a peut tre les Educations Infantiles pour donner des id es la Classe Maternelle a peut tre un guide Magnard qui va me donner une id e de s ance prochaine tous types EI 160 Jai cherch un livre sur PEPS concret Jen ai trouv un qui m allait compl tement et du coup maintenant j aime bien PEPS Mais voil parce que c tait concret E6 142 Par exemple en sport je me sens pas trop laise pour PEPS Alors en EPS j avais achet un petit livre qui propose des activit s donc celui ci je m y r f re plus souvent E7 74 L activit individuelle d appropriation et de transformation de l apport que nous avions d j per ue dans le processus de coformation se retrouve galement ici dans l utilisation qui est faite des informations glan es dans les ouvrages Les jeunes enseignants ne se contentent pas de reproduire l existant ils proc dent des modifications par rapport ce qui leur est propos Le contenu des fichiers apporte simplement des id es d activit mettre en uvre Suit un travail personnel m lant r flexion et cr ativit qui permet de produire les documents qui sont ensuite propos s aux apprenants Si vous voulez c est crit en prose quoi l exercice proposer aux enfants d corer les
385. nt Elle postule un lieu susceptible d tre circonscrit comme un propre et donc de servir de base une gestion de ses relations avec une ext riorit distincte J appelle au contraire tactique un calcul qui ne peut pas compter sur un propre ni donc sur une fronti re qui distingue l autre comme une totalit visible La tactique n a pour lieu que celui de l autre Elle s y insinue fragmentairement sans le saisir en son entier sans pouvoir le tenir distance Elle ne dispose pas de base o capitaliser ses avantages pr parer ses expansions et assurer une ind pendance par rapport aux circonstances de Certeau 1980 La psychologie sociale du d veloppement consid re les interactions sociales comme un l ment essentiel du processus maturationnel de l individu Le mod le explicatif employ d passe la lecture binaire Ego Objet de la th orie piagetienne pour utiliser une approche ternaire Ego Alter Objet Echanger son point de vue se confronter des avis diff rents interagir avec autrui sont des actions qui sous certaines conditions favorisent le d veloppement professionnel des ma tres 237 Il peut y avoir des points de vue diff rents qui peuvent se confronter et surtout dans le sens o par exemple l ou moi je pensais que a s tait bien pass dans l entretien la personne rel ve des points qui ont accroch chez les l ves que moi j avais pas relev s E4 147 L inte
386. nt ils pr viennent pas qu ils ne viennent pas au rendez vous On pourrait vite dire s il vient pas tant pis pour lui Mais on a quand m me l enfant qui est en face de vous tous les jours et on sent qu il y a un mal tre un malaise et on veut faire avancer les choses E16 72 D une mani re g n rale la relation entre l Ecole et les parents d l ves constitue depuis plusieurs ann es un l ment important de r flexion afin d en am liorer les conditions Ainsi dans La lettre Flash du minist re de l Education Nationale en date du 21 juillet 2006 est annonc e la promulgation d un d cret visant garantir les droits des parents d l ves et mieux les associer la mission ducative de l Ecole Pour la premi re fois 258 le r le et la place des parents sont reconnus dans le code de l ducation Ce texte important ne semble cependant pas appropri pour r gler les diff rents singuliers et contextualis s que rencontrent les enseignants avec certains parents 2 6 Mal l aise Travaillant deux jours par semaine dans des classes de cycle 3 H l ne n y appr cie pas la mani re d enseigner qui doit tre selon elle dynamique et particuli rement structur e Elle s y sent mal l aise car elle ne con oit pas sa pratique de classe selon ces sch mas Jen ai le lundi et des autres le mardi non Je me sens pas bien avec eux D j au cycle 3 il faut que ce soit du
387. nt pr sentes et influentes dans la conduite du sujet et dans le d roulement de l activit Aucune action ne se d roule sans faire appel des r gulations fines qui rel vent de l inconscient pratique Piaget 1964 Un des points importants souligner est que cette approche en termes de prise de conscience d finit un inconscient particulier qui n a pas besoin pour tre con u de l hypoth se du refoulement propre la d marche freudienne Cet inconscient ou de mani re plus descriptive ce non conscient se d finit par le fait qu il correspond des connaissances pr r fl chies c est dire des connaissances que le sujet poss de d j sous une forme non conceptualis e non symbolis e donc ant rieure la transformation qui caract rise la prise de conscience Ce qui est fondamental c est que l on a ainsi d fini une cat gorie de non conscient qui est conscientisable C est dire dont on sait pouvoir moyennant une conduite particuli re qui constitue un v ritable travail cognitif mais pas une cure amener la conscience Vermersch 2003 76 77 Ce passage d un tat un autre se fait par la prise de conscience Comme le souligne Vermersch s il y a un passage d un non conscient une conscience ce n est pas un passage de rien un existant mais le passage d un existant ne contenant pas JE un existant qui le contient bid 74 Ainsi le fait que toute action est en par
388. nt cette phase de l insertion professionnelle celui du d butant qui ne pouvant faire face aux difficult s se met en arr t de travail ou d missionne ou se fragilise chaque jour davantage devant son incapacit am liorer une situation qu il juge insupportable celui du novice qui appr hende ces obstacles comme un d fi personnel qu il se doit de relever un pari p dagogique dont il va essayer de sortir vainqueur en faisant des essais en exp rimentant en innovant enseignant aussi incapable de r gler les difficult s que de quitter le terrain le d butant qui volue dans sa classe comme un poisson dans l eau Dans une tude plus r cente portant sur le m tier d enseignant Note d information 2001 01 46 minist re de l Education Nationale lorsqu il est demand aux professeurs des 16 coles d butants de dresser un bilan de leur premi re ann e d enseignement les ma tres signifient leur satisfaction en m me temps qu ils reconnaissent le caract re ardu de l ann e professionnelle coul e A nsi 62 d entre eux voquent une exp rience la fois satisfaisante et difficile et plus de neuf enseignants sur dix affirment ne pas regretter leur choix professionnel et se d clarent tr s ou assez satisfaits respectivement 27 et 64 par rapport leur id e initiale du m tier Les observations men es soulignent que les cinq sept premi res ann es d enseignemen
389. nt essay de d lier cette difficult Par rapport au comportement des l ves j aime bien en discuter avec le ma tre de CLIS on a la chance d avoir une CLIS dans l cole et souvent je discute avec lui de ce qu il est possible de mettre en place avec certains l ves pour avoir des id es E4 94 D j elle avait ces enfants l l ann e derni re donc d j quelque part la connaissance de l enfant E2 96 Au del de ces fonctions p dagogique et didactique exerc es par quelques pairs certains discours voquent une aide d ordre psychologique un soutien moral que peut apporter un coll gue lors des premiers pas professionnels Dans cette perspective la communication n est plus centr e sur les m thodes et les techniques d enseignement mais le dialogue devient un espace d coute un temps d expression o le jeune praticien peut dire les difficult s qu il rencontre et se dire afin de se lib rer d un v cu professionnel qui certains moments peut venir menacer son quilibre personnel a cadre et a rassure en m me temps Ils m ont d j rassur e ES 110 116 On a souvent l impression d tre seule dans la classe et on se dit mince Si c tait quelqu un d autre comment il aurait fait ma place ce moment l Et c est vrai que pouvoir en discuter c est important E8 102 Pour certaines personnes d buter dans l enseignement conduit
390. nt l tre durant la formation initiale Il s agit galement selon le m me rapport de valoriser les premi res exp riences et d viter que les jeunes praticiens ne s approprient pr matur ment un style personnel dont ils ne sauraient ensuite plus se d tacher Aux Etats Unis d s 1988 la plupart des Etats exigeaient une aide pour l enseignant dans son premier poste De Landsheere 1990 Dans certaines coles les d butants listaient partir d un questionnaire les difficult s qu ils rencontraient dans leur pratique professionnelle et renvoyaient ce document vers un service qui s effor ait de leur proposer des l ments de solution conseils listes bibliographiques Parfois les novices b n ficiaient d un encadrement r alis par des conseillers ou des tuteurs Au Japon toujours selon De Landsheere cette p riode de soutien aux prenant fonction devait durer vingt jours et ces derniers participaient cent vingt cinq jours de d veloppement professionnel durant leur premi re ann e d enseignement sous la tutelle d un ou plusieurs ma tres exp riment s 23 La mani re dont les pays recrutent leurs enseignants diff re La France l Italie l Espagne et le Portugal recrutent les professeurs par concours avec un numerus clausus Dans d autres pays le Canada et l Allemagne notamment les jeunes enseignants vivent la loi du march de l offre et de la demande Souvent ils d butent s
391. nt plac es en groupes auparavant c tait des alignements Lors de l entretien le conseiller a mis l accent sur le fait que dans la phase de recherche il aurait mieux valu que les l ves aient plus de temps pour changer entre eux leurs id es En mettant les tables par groupes c est tout de suite plus ais J ai assez vite chang la disposition E7 115 Les interventions aupr s des l ves portent sur l aspect communicationnel du m tier les changes avec les l ves les encouragements les sollicitations etc Les conseils ont concern e Le r le et la place de l enseignant dans l action p dagogique On disait donc de me mettre plus en retrait de plus les laisser parler c est une chose o j ai beaucoup travaill parce que j avais tendance beaucoup parler E1 274 Le conseil principal qu il m a donn c est laisser plus la parole aux enfants J ai donn les consignes et il ma dit d viter que moi j aie le monopole de la parole essayer arriver de me mettre plus en retrait pour viter que ce soit trop frontal ES 174 Il m a recommand de davantage tenir compte de la formulation personnelle des l ves et d essayer de leur imposer le moins possible les termes utilis s par les adultes les termes ad quats Quand on labore la trace crite ce sont les l ves qui me sugg rent leur proposition et c est vrai que j ai trop tendance les remanier pour que
392. nt vise progressivement une p dagogie des conditions davantage susceptible d accro tre son efficacit aupr s des l ves les plus r calcitrants l offre scolaire Eh bien en fait avant d avoir ma propre classe je voyais le m tier de fa on tr s technique et je pensais qu en ayant une bonne fiche de pr p a pouvait que bien se passer sur le terrain et finalement je me rends compte que pas du tout que a d pend beaucoup des l ves de leur propre motivation Vraiment il y a un gros c t psychologue dans le m tier d enseignant et qu on n est pas du tout pr par cela moi je m attendais pas du tout ce que a soit comme a et il faut vraiment beaucoup d intuition de dialogue et d observation des l ves pour les comprendre et pour essayer de trouver une solution E3 70 84 2 5 L mergence d un habitus r flexif A propos de l enseignement Freud parlait de m tier impossible notion que P 186 Perrenoud d finit ainsi C est un m tier dans lequel aussi excellente soit elle la formation n est pas garante d une r ussite lev e et r guli re des gestes professionnels Pourquoi ces m tiers sont ils impossibles Parce qu ils se heurtent aux limites de l influence d un sujet sur un autre sujet 2001 200 Tout travail interactif produit des effets en situation qu il convient de rep rer d analyser et de comprendre Au del de l acquisition de sa
393. nt vu pr senter les contenus d enseignement l organisation de la classe et les exigences de l enseignante Ainsi par rapport ce qu elle avait v cu la situation s est am lior e C est vrai que j ai eu moins de surprises au niveau des parents ils sont pas venus au cours de l ann e pour me demander pourquoi j avais pas mis de note l ou pourquoi j avais pas soulign les fautes d orthographe dans un travail d expression crite Je leur ai expliqu tout a en d but d ann e et je pense que a a quand m me servi E11 68 Cependant le fait de ne pouvoir communiquer sereinement avec certains parents ou de se voir adresser des reproches par ceux ci constitue un l ment difficilement acceptable pour cette ma tresse Il y a parfois des parents qui me choguent Je me serais jamais permis en temps que parent de dire certaines choses l enseignant Il y a des parents qui me demandent par exemple la place du foot de prendre juste leur l ve et de faire des cours de math et de fran ais avec elle Ce sont des choses qui me paraissent tout fait ahurissantes J ai vraiment l impression qu ils d missionnent et du coup ils reposent tout sur l cole E11 62 Anne Marie regrette galement l attitude de certains parents Avec les parents que je vois j ai un bon relationnel donc a se passe bien Mais il y a certains il faut les appeler la maison directement cinq fois pour qu ils vienne
394. ntr ler c est le mot contr ler contr ler la situation E2 170 Je me dis qu il peut se passer plein de choses et qu on peut pas forc ment contr ler c est a c est la perte de contr le en fait qui fait peur E3 138 A l inverse l enseignant qui ne sait maintenir une certaine discipline dans sa classe qui est amen lever fr quemment la voix et qui se laisse d border par les l ves est souvent consid r comme un praticien peu performant J ai une petite crainte parce que il suffit que ce jour l les l ves soient un peu plus excit s que les autres jours et qu ils soient moins attentifs a peut tout de suite tr s vite d g n rer on monte la voix et puis a se passe mal et voil E3 130 Lors des visites les jeunes ma tres savent que le formateur va voquer avec eux un certain nombre d l ments de leur pratique professionnelle qu il faudra consolider L vocation et la mise en lumi re de ces faiblesses corchent leur amour propre On sait que la personne regarde ce qu on fait elle va nous dire ce qui va ce qui va pas et forc ment il y a des choses qui ne vont pas on d bute Mais sa fiert elle en prend un coup ES 160 Il est int ressant de remarquer qu une ma tresse appr hendait bien moins ces visites lorsqu elle enseignait en tant que liste compl mentaire car elle se trouvait ce moment l des circonstances att nuantes pour expliquer ses
395. ntribuant la vie de la soci t On peut parler de fonction enseignante Au niveau de l individu la fonction fait r f rence aux t ches que doit accomplir une personne pour jouer son r le dans la soci t Remplir sa fonction consiste alors agir fonctionner Pour remplir ses fonctions l enseignant est appel effectuer plusieurs t ches il con oit et met en uvre des situations d apprentissage il collabore avec ses pairs dans l laboration des projets d cole il conduit des r unions d information l intention des parents Le s r le s Les r les correspondent l ensemble des conduites d finies en termes d attitudes et de modes de relation qu un individu met en uvre dans les situations o il est statutairement engag Dans son travail l individu est amen jouer plusieurs r les En fonction de sa personnalit de ses repr sentations chaque personne joue ses r les de mani re singuli re Les r les de l enseignant peuvent s inscrire selon deux axes l un portant sur son r le d acteur social l autre centr sur son action p dagogique et didactique R les li s la forme ducative partag e Le professeur rencontre des interlocuteurs multiples que sont les parents ses coll gues des intervenants ext rieurs qui peuvent assurer certains enseignements comme l ducation physique ou la musique Selon sa mani re de consid rer son r le simplement ma tre dans sa
396. nts leur pratique de classe et qu elles apportent des solutions ou au moins des pistes de travail concr tes explorer avec les l ves Au cours de la premi re ann e d exercice les voies par lesquelles la professionnalit se constitue progressivement sont multiples Voyons maintenant comment cette derni re volue durant la seconde ann e d enseignement 244 CHAPITRE 3 RAPPORT AU METIER DURANT LA SECONDE ANNEE D ENSEIGNEMENT I A l aube d une nouvelle rentr e 1 Dans la m me cole Nomm es titre d finitif sur leur poste d enseignant d s leur sortie de l institut de formation Jessica Manuella et Fr d rique entament leur seconde ann e dans des lieux qui leur sont d j familiers En outre pour les deux premi res personnes cit es elles conservent galement le m me niveau de classe Cette situation empreinte de stabilit mais qui s av re assez peu fr quente est ressentie comme particuli rement aidante a m a permis d aborder l ann e avec une certaine s r nit Je connaissais le cadre les enfants le mat riel disposition a enl ve beaucoup d angoisse Est ce que je vais m entendre avec les coll gues Quels enfants je vais avoir Quelle va tre la relation avec les parents Ce sont beaucoup de questions que je me suis pos es l ann e derni re et l non E13 4 On a d j une certaine organisation dans la classe on conna t le mat riel on conn
397. nts dans ce stage qui vous ont paru plus particuli rement int ressants pour votre pratique professionnelle Faire d crire ce moment Qu est ce qui vous a int ress l Avez vous re u cette ann e la visite ou les visites d un conseiller p dagogique Je vous propose si vous le voulez bien de choisir un entretien de formation en particulier un entretien qui vous a sembl int ressant formateur peut tre Installation dans le contexte quand o avec qui Comment s est d roul cet entretien le d but les grandes tapes la fin Dans cet entretien que nous voquons je vous propose si vous le voulez bien de revenir plus pr cis ment sur un moment que vous consid rez comme positif et aidant pour votre travail Y a t il un moment qui vous revient Qu est ce qui vous revient de ce moment l Que se passe t il ce moment l Qu est ce que vous faites 120 Les animations Chaque enseignant participe 12 heures de formation qui p dagogiques prennent la forme d animations p dagogiques Quels sont les th mes des animations auxquelles vous avez particip cette ann e Parmi elles y en a t il une qui vous a sembl plus particuli rement formative pour votre travail Je vous propose si vous le voulez bien de revenir plus pr cis ment sur un moment de cette animation que vous consid rez comme positif et aidant pour votre travail Qu est ce qui vous revient de c
398. nutes et puis apr s ils avaient un quart d heure pour faire l exercice donc a allait pas Maintenant j explique pendant dix minutes et ils ont quarante minutes pour faire l exercice Ils avaient m me pas le temps de faire leur truc que c tait d j fini E6 120 122 124 Apr s plusieurs mois de pratique la plupart des professeurs ont le sentiment de mieux enseigner qu leurs d buts Cela passe notamment par l installation progressive de sch mas d action que nous avons d j voqu s pour le travail didactique Moins l impression de r citer une le on pr par e la veille Je pense qu il y a quand m me des m canismes qui sont install s chez moi voil par exemple l approche d un nombre ce matin on a fait le sept on manipule on joue a vient plus naturellement quand m me E2 85 87 2 3 Des contenus aux l ves Parmi les causes susceptibles d expliquer cette volution de la pratique nous remarquons que les ma tres ont fait voluer les rep res qu ils utilisent pour piloter leur enseignement Au d but toute l action p dagogique des praticiens est guid e par leurs programmations Ces derni res constituent un outil de travail o l enseignant planifie pour les cinq p riodes scolaires et dans chaque mati re les th mes qu il va aborder avec les l ves Soucieux de respecter scrupuleusement cette ligne de conduite les ma tres encha nent les le ons sans pr te
399. odes de travail a c est enrichissant j ai appris pas mal de choses l dessus E14 16 Pratiques d clar es et pratiques observ es participent assur ment au d veloppement professionnel des jeunes ma tres car elles constituent souvent des l ments de r f rence qui viennent enrichir leur bagage p dagogique et didactique Cette ann e je suis all e dans tellement d coles j ai c toy tellement de coll gues diff rents que j ai not des id es force de voyager et de voir diff rentes fa ons de faire a enrichit notre capital E14 88 Et en regardant ce que les autres font Il y a des choses qu on voit ailleurs et qu on peut reprendre E9 162 Echanger discuter avec les pairs peuvent galement constituer une forme d aide qui n a pas de traduction concr te sous la forme d id es d exercices ou de fiches de pr paration 295 mais que le jeune enseignant transforme en une nergie nouvelle qui lui donne l envie et la volont d aller de l avant de progresser On a travaill ensemble a m a donn une esp ce d impulsion E10 152 D j de voir quelqu un qui apr s autant d ann es s investit toujours autant c est encourageant de voir quelqu un qui aime tellement son m tier E16 170 Les entretiens montrent que les coll gues semblent jouer un r le important dans l aide qu ils peuvent apporter aux jeunes ma tres face aux difficult s que ceux ci
400. ofils uniques l un ou l autre aspect mais aussi d autres dominantes comme la s r nit l indiff rence la frustration En revanche ce qui caract rise l ensemble de ces profils peut tre circonscrit par le terme d exploration laquelle peut tre syst matique ou al atoire facile ou probl matique concluante ou d cevante Huberman 1989 14 Selon Gervais 1999 compte tenu des habitudes professionnelles dominantes le lieu d exploration du ma tre est souvent r duit sa seule classe Cette situation d isolement relatif peut constituer un frein au d veloppement professionnel des ma tres d butants Lorsque la p riode d exploration s ach ve le novice aborde une nouvelle tape la phase de stabilisation qui se situerait entre la troisi me et la septi me ann e de pratique Cette tape int gre le choix d une identit professionnelle la personne s engage v ritablement et pour un certain moment dans la voie qu elle a choisie Cette phase se caract rise par une plus grande confiance en ses moyens une meilleure ma trise p dagogique un certain confort psychologique et une pr occupation accrue concernant la r ussite des l ves L espace temporel de la phase de survie est variable d une personne l autre et diff rents l ments y contribuent S Baillauqu s 1990 230 trace quant elle quatre portraits de ma tres d cole qu elle a pu observer dura
401. ogiques diff rentes selon que les chercheurs ont une approche cognitiviste sociologique psychanalytique Paquay Altet Charlier Perrenoud 1996 Cependant nous pouvons remarquer que l ensemble des travaux mettent l accent sur les savoirs d exp rience du professionnel afin de tenter de les formaliser et de faciliter leur transmission En 1994 appara t le R f rentiel des comp tences et capacit s caract ristiques du professeur des coles Bulletin Officiel de l Education Nationale 1994 43 Ce texte essentiellement prescriptif l occurrence il doit survient quinze reprises pr cise les savoirs et les savoir faire n cessaires la pratique enseignante Ces derniers sont d clin s au sein de trois sous ensembles Le professeur des coles doit tre capable d enseigner tous les l ves de l cole primaire _ Le professeur des coles doit tre capable d enseigner dans une classe Le professeur des coles doit tre capable d enseigner dans une cole Selon ce mod le qui sert toujours de r f rence pour l valuation du personnel enseignant du premier degr lors des inspections enseigner est consid r comme un acte professionnel Plus r cemment le Cahier de charges de la formation des enseignants Bulletin Officiel de l Education Nationale 2007 1 ent rin par le ministre de Robien a red fini dix comp tences attendues des jeunes professeurs l
402. oin d une autorit masculine et beaucoup d l ves qui vivent dans des milieux familiaux difficiles o les parents sont s par s j ai le cas de pas mal d l ves qui vivent que avec leur m re donc ils n ont aucune autorit de la part du p re c est un petit peu eux les rois la maison c est eux qui ont le pouvoir et qui d cident E3 72 On a un quartier social d favoris on a galement une population des gens du voyage des gitans qui fr quentent l cole donc leurs habitudes de vie ne sont pas en ad quation avec le syst me ducatif donc savoir ils ont quand m me une ducation tr s tr s libre m me s ils ma trisent peu pr s la langue fran aise orale ils ne sont absolument pas socialis s F4 14 4 D autres difficult s professionnelles L exp rience de la classe la confrontation avec les l ves et les adultes participant l uvre ducative engendrent des probl mes professionnels qui constituent autant de questions r soudre pour les jeunes enseignants qui y sont confront s Des obstacles d ordres didactique p dagogique administratif et relationnel pars ment le chemin de leur insertion professionnelle 4 1 Les difficult s li es aux aspects didactiques de la profession 4 1 1 La pr paration du travail Parler du travail enseignant signifie pour la plupart des personnes non initi es ce monde professionnel ne consid rer que le proc s de travai
403. oire singuli res 2 Professionnel engag et apprenti chercheur Notre double statut de formateur et d apprenti chercheur a constitu un l ment facilitant mais aussi une source potentielle de biais El ment facilitant car nos relations de travail ont simplifi la recherche des prenant fonction susceptibles d accepter de participer cette tude De plus travaillant quasi quotidiennement avec des enseignants d butants et connaissant assez bien leur activit professionnelle et sa complexit il nous tait plus facilement possible de comprendre certaines dimensions ou propos implicites que nous nous empressions alors de faire expliciter Notre proximit socio professionnelle avec les jeunes ma tres nous a aid dans les logiques de d voilement et de compr hension qui taient les n tres Ce double statut comporte galement certains risques car il nous fallait respecter une stricte s paration entre nos propres croyances qui se sont install es au fil de notre activit professionnelle et notre posture d apprenti chercheur qui devait tre la plus neutre possible 136 Tout chercheur s il est aussi praticien doit abandonner sa position de professionnel pour endosser la posture de chercheur et renoncer la tentation de prendre la place de l autre Etre l coute d autrui accueillir son alt rit et sa singularit n cessite un apprentissage qui peut tre d autant plus difficile qu on peut avoir le sentim
404. oire une journ e dans des classes dirig es par des enseignants consid r s comme performants par leur hi rarchie L aussi ces visites de classe sont pr c d es d attentes fortes de la part des novices Mes attentes c tait de voir une s quence de classe avec l organisation comment elle g rait ses ateliers plusieurs ateliers avec son atelier dirig autonomie qu est ce qu elle donnait vraiment concr tement vraiment comment elle g rait sa classe ET 176 Au d part j aurais d aller dans la classe du village voisin observer une classe qui correspondait exactement au niveau que j avais donc je me suis dit super Je vais enfin voir comment on fonctionne sur deux cycles ES 146 Ces attentes sont particuli rement cibl es et contextualis es en fonction de la situation professionnelle pr sente des jeunes ma tres Ils n expriment leur int r t que pour des observations de pratique portant sur le m me niveau de classe que celui dans lequel ils 219 oeuvrent Si cette condition n est pas remplie les jeunes praticiens montrent une certaine insatisfaction et estiment que cette exp rience s av re peu f conde pour leur propre pratique a nous a donn des id es sur la fa on de g rer des enfants qui arrivent de maternelle mais c est un peu go ste on aimerait voir des choses qui ont lieu dans son niveau dans sa propre classe C est un peu frustrant ES 146 Jessica expri
405. ologique il s agit alors d encourager de mettre en confiance le d butant un soutien p dagogique le tuteur montre critique value De ce bin me l auteur extrait les deux fonctions du tutorat la socialisation et la formation La fonction de socialisation se retrouve dans le r le exerc par les personnes 31 exp riment es dans la construction des identit s professionnelles des d butants La fonction de formation se concr tise par la transmission directe de savoir faire professionnels aux nouveaux venus Dans la seconde conception du tutorat le tuteur n est plus un mod le qu il convient de reproduire mais un facilitateur Ce changement de perspective modifie profond ment la relation entre l expert et le d butant Le tuteur n enseigne plus directement ses savoirs l apprenant mais aide le novice se former par les activit s de r flexion et d analyse d exp riences que ce dernier m nera avec son accompagnateur puis de mani re autonome dans son habitus professionnel Dans ce paradigme l essentiel de la formation ne se trouve plus dans l imitation de la pratique du tuteur mais appara t dans une dialectique entre l exp rience v cue par le d butant et la dimension r flexive qui suivra Ainsi la qualit du tuteur se situe moins dans la mise en sc ne ostentatoire de son expertise que dans sa capacit mettre cette derni re au service de l autre Un bon enseignant n est pas ipso
406. olution professionnelle 5 Synth se Ce chapitre nous a permis de poursuivre notre investigation relative au d veloppement professionnel des ma tres durant la seconde ann e d enseignement Apr s avoir identifi de mani re singuli re les l ments de la pratique qui ont selon les personnes concern es volu d une ann e sur l autre nous avons mis en lumi re des mouvements des d placements communs l ensemble de notre chantillon Continuant la r flexion notre attention s est port e sur le parcours personnel d autoformation des jeunes professeurs en tentant de comprendre comment ces derniers poursuivaient leur apprentissage du m tier et consolidaient leurs comp tences professionnelles Dans le prochain chapitre nous nous int resserons certaines exp riences personnelles des ma tres qui ont particip selon eux la construction de leur professionnalit pr sente 310 CHAPITRE 5 AUTOCONSTRUCTION PROFESSIONNELLE ET EXPERIENCES DE VIE En nous int ressant au parcours de formation des jeunes ma tres nous souhaitions galement identifier des situations v cues hors du champ professionnel dont l exp rience influence selon eux leur pratique d enseignant La vie comme la salle de classe constituent des espaces potentiels d apprentissage que nous voulions investiguer Comme le souligne P Dominic nous ignorons ce que la formation d un adulte doit aux activit s de formation continue
407. on Le niveau de r flexivit l enseignant r fl chit analyse la situation la compare d autres de fa on en tirer des le ons transf rables d autres situations C est une r flexion partir de l action Les travaux de Donnay et Charlier 1990 s inscrivent dans ce courant Selon ces auteurs l enseignant professionnel est un formateur qui tient compte du plus grand nombre de param tres possibles dans la situation ducative qu il m ne envisage plusieurs possibilit s d agir puis d cide des strat gies qu il va conduire _s appuie sur des routines pour assurer l efficacit de son action r gule son action s il l estime n cessaire par une r flexion dans l action tire des le ons de sa pratique par une r flexion sur l action Pourtant cette liste de comp tences tablies ne parvient sans doute pas restituer de mani re totalement fid le le fonctionnement des ma tres dans leur classe Certes l enseignant professionnel est d abord un praticien efficace qui met son expertise au service des apprentissages des l ves qui actualise et consolide ses savoirs par un habitus r flexif Mais se r f rer essentiellement ce seul paradigme n entra ne t 1l pas des conceptions trop orient es du m tier oubliant par l m me d autres qualit s personnelles d autres capacit s d autres savoirs d autres postures n cessaires et utiles la pratiqu
408. on consolident l apparition du comportement d sir entra nent des modifications ou conduisent sa disparition Dans cette approche le sujet ne tient qu un r le tout fait mineur dans la construction de sa formation puisque ce mod le comportementaliste affirme que l individu apprend sous l influence directe de l action des autres sur lui Cette conception de l apprentissage a montr ses limites sur le champ des acquisitions cognitives du sujet Nous pouvons cr er des r flexes conditionn s nous acharner sur le couple stimulus r ponse faire lever asseoir marcher courir r citer nous ne pouvons jamais savoir avec certitude ce qui se passe dans la bo te noire l instant o nous croyons ma triser o nous ma ftrisons parfaitement leur comportement Nous ne savons m me jamais ce que les mots qu ils emploient signifient v ritablement pour eux Meirieu 1999 36 Reboul souligne que l individu qui est conditionn ne peut rien apprendre mais seulement acqu rir quelque chose tre conditionn c est avoir acquis un lien rigide et arbitraire entre un signal et une r action 1988 46 En contraste avec ce courant des psychologues comme Piaget Vygotsky ou Bruner ont d velopp des recherches qui donnent un statut au sujet dans son processus d apprentissage Le constructivisme et le socio constructivisme postulent que l acquisition de connaissances n cessite une activit person
409. on je fais une soustraction ou une multiplication Il y a un exercice qui me semblait tellement vident l j tais d munie Oui a m arrive encore E10 30 A certains moments je me suis demand qu est ce que je peux encore essayer avec ces enfants l Est ce que j ai encore des choses travailler que je ne vois pas L on est frustr on se sent de nouveau un peu impuissant Quand on a essay plusieurs techniques diff rentes qu on a pass plusieurs s ances essayer 256 de r soudre le m me probl me et que a marche toujours pas on sait plus quoi faire E15 54 68 Nous pouvons remarquer que cette difficult professionnelle avait d j t voqu e par les deux m mes enseignantes l an pass Quand je me trouve en face d un enfant qui ne comprend pas qui je n arrive pas faire comprendre une notion je me sens un peu d munie quand m me E2 66 Il y a le probl me des l ves qui ne progressent pas qu on ne sait pas comment faire progresser E7 46 Ces praticiens rencontrent ce que Didier Moreau nomme l preuve de l opacit Et l auteur de poursuivre Certains l ves sont incompr hensibles parce que l enseignant ne peut pas interpr ter leurs actions ou leurs attitudes Ce d ficit met mal le fantasme d omnipotence li l acte d enseigner et d truit l illusion ant rieure de la transparence de l apprenant Moreau
410. on une analyse critique des actions qu il a men es et de leurs effets Etymologiquement r fl chir est compos du pr fixe r signifiant le mouvement en arri re et de fl chir qui signifie se 55 courber Le professionnel est celui qui est capable de reconsid rer son exp rience d y r fl chir et d en construire une sorte de grammaire D Sch n 1994 68 a recours la m taphore des hautes terres et des basses terres pour souligner la tension que peuvent prouver les professionnels Dans le paysage vari de la pratique professionnelle crit Sch n on trouve des hautes terres au sous sol solide o les praticiens peuvent faire un usage efficace des th ories et des techniques issues de la recherche mais on rencontre aussi des basses terres mar cageuses o les situations sont des chaos techniquement insolubles Ce qui complique tout dit Sch n c est que les probl mes situ s en hautes terres bien que pr sentant un grand int r t sur le plan technique sont souvent d une importance toute relative pour le monde en g n ral alors que les probl mes qui pr occupent le plus le genre humain poussent en terrains mar cageux Que doit faire le praticien Rester en hautes terres o il pourra pratiquer tranquillement en donnant au mot rigueur tout le poids qu il lui plaira mais en traitant uniquement des probl mes sans grande port e sociale Ou bien descendre jusqu aux mar cages o il t
411. on actuelle dans le de fonction Vous souvenez vous de ce que vous avez prouv ce moment l m tier Durant les semaines ou les jours qui ont pr c d votre prise de fonction quels sentiments vous habitaient La prise de A votre arriv e dans l cole la fin du mois d ao t 2004 comment 103 fonction cela s est il pass L accueil par Comment avez vous t accueilli au sein de l quipe p dagogique les pairs Avez vous un moment particulier qui vous revient l esprit lorsque vous vous rem morez votre prise de fonction Les Les l ments Cela fait maintenant 7 mois que vous enseignez r ussites de satisfaction Y a t il un ou plusieurs l ments de satisfaction li s votre m tier et Qu est ce qui vous satisfait l satisfactio ns Y en a t il d autres Les La nature des prouvez vous ou avez vous prouv une difficult dans votre difficult s difficult s pratique de classe Qu est ce que c est cette difficult quoi est elle due selon vous L avez vous surmont e Et de quelle mani re Y en a t il d autres Les l ves Le rapport aux l ves Enseigner c est vivre au quotidien avec des enfants leur faire apprendre des choses Comment se passe cette relation avec les l ves Sont ils comme vous les imaginiez Sur quels points sont ils diff rents Les diff rentes sources de formation La pratique Vou
412. ons praxiques et axiologiques ne peuvent tre dissoci es la question des multiples comp tences mises en jeu dans le travail ne peut tre s par e de la question du sens que les professionnels accordent leurs pratiques et leurs interactions professionnelles Blin 1997 15 Dans notre r flexion le d veloppement professionnel des ma tres d butants est appr hend en termes d volution des savoir faire pratiques mais galement en portant notre attention sur les aspects identitaires des individus 4 Synth se Etudier la professionnalit des ma tres d cole d butants ne pouvait se faire sans aborder les questions relatives au processus de professionnalisation des enseignants Toutes les tudes montrent que les comp tences n cessaires l exercice du m tier sont plurielles Dans l accomplissement de son travail les praticiens mobilisent des savoirs professionnels multiples des connaissances des savoir faire des savoir tre La recherche inscrit ces diff rents l ments dans une dimension temporelle comment ces savoirs se construisent et se d veloppent ils durant les deux premi res ann es d enseignement Le prochain chapitre pr sente la construction de l objet d tude et pose les questions essentielles qui ont guid notre travail 62 CHAPITRE 3 PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE Cette recherche vise relever et comprendre les principales caract ristiques du parcours de format
413. ons qui surgissant de fa on plus ou moins impromptue s imposent l enseignant car elles r sistent toute planification L exp rience est l devant soi v cue comme un hiatus dans une continuit programm e Cependant selon la d finition de l auteur cet v nement impr vu n est pas intrins quement formateur s il n est pas accompagn d un mouvement r flexif sur cette exp rience pour qu elle prenne sens et forme Ibid 25 Un fait v cu une exp rience nue ne constituent pas une condition suffisante pour apprendre ils n ont de valeur qu accompagn s d une r flexion d une conceptualisation n cessaires Sans une int gration r fl chie de nos exp riences leur potentiel en tant que sources d apprentissage 89 demeure inutilis ou utilis seulement de mani re limit e et superficielle Dans un premier temps l exp rience nous perturbe nous d s quilibre Parfois le choc de la mauvaise exp rience est si douloureux si brutal qu il blesse l individu Dans certaines situations cet clatement de la forme existante est si important qu il entra ne un tat de souffrance voire une sorte de chaos psychique Pour que cette exp rience soit f conde pour le sujet les morceaux du puzzle doivent tre r articul s la forme doit tre reconstruite Ce processus de r unification des l ments passe par une s paration de l exp rience avec l imm diat de la vie sensible et requiert
414. ormateurs proposer aux ma tres d butants des activit s d analyse de la pratique de classe c est dire une r flexion organis e sur sa mani re d enseigner Or dans les entretiens l exercice de l analyse n appara t pas comme un outil de formation susceptible d enrichir l exp rience de chacun ce moment l du parcours professionnel Et pour vous qu en est il Nous pensons que le d veloppement professionnel de l enseignant d butant est li au travail d analyse que celui ci peut faire sur sa propre pratique d enseignement Ef pour vous Nous pensons galement que ce d veloppement professionnel rel ve d une question de posture d tat d esprit d engagement personnel vouloir voluer Qu en pensez vous Aujourd hui comment situez vous les deux premi res ann es d enseignement dans votre parcours professionnel IV La population tudi e 1 La construction de l chantillon L chantillonnage repr sente une op ration importante dans la recherche en sciences humaines et sociales 126 La validit du travail entrepris l int r t et la pertinence des conclusions qui peuvent tre tablies reposent entre autres sur cette tape En recherche quantitative l chantillonnage consiste constituer un chantillon d tude statistiquement repr sentatif de l ensemble de la population tudi e de telle sorte que les r sultats obtenus puissent tre g n r
415. ors un besoin de th orie Les savoirs proc duraux r glent l action l encha nement des op rations les r gles et les conditions respecter pour obtenir les effets voulus Ils s organisent en plans d action ou en proc dures Les savoirs pratiques r sultent de l action de ses r ussites de ses checs de ses contraintes Savoirs pragmatiques construits dans l action en vue de son efficacit ils donnent du r el une connaissance contingente mais souvent efficace l op rationnalit de lacte Ils passent du mode rh torique au champ conceptuel pour se faire conna tre et pour pouvoir tre transf rable d autres contextes 47 Les savoir faire sont des conduites apprises et exp riment es volutives selon les diff rentes phases d apprentissage Le novice t tonne puis se constitue des routines des habitudes Parfois ce savoir faire peut aller jusqu l expertise professionnelle Le savoir en usage constitue une entit structur e et ajust e la situation qui rassemble savoirs th oriques savoirs proc duraux savoirs pratiques et savoir faire Une totalit vicariante au sein de laquelle les diff rents types de savoirs se substituent les uns aux autres au gr des modalit s successives de l activit une totalit se d formant ventuellement sans toutefois modifier son architecture mais en alt rant parfois le mode et la qualit de ses constituants Malglaive 199
416. ort l ambiance de classe on a instaur un permis point que les l ves ont d velopp eux m mes et on a un temps hebdomadaire de discussion avec une bo te id es o chaque l ve peut s exprimer de mani re anonyme sur ce qu il a v cu dans la classe sur ses attentes Cette bo te id es c est des id es sur la vie de la classe sur comment a pourrait aller mieux dans la classe s il Qu apprend on l cole l mentaire Qu apprend on l cole maternelle Minist re de l Education Nationale CNDP XO Editions 2002 270 s est senti l s et qu il aimerait bien qu on en d batte pour mettre les choses au point E12 76 C est beaucoup de travail en groupes du travail en autonomie s aider Celui qui arrive pas on l aide C est pas de comp tition Il y a tr s peu de notes E14 76 Je fais beaucoup de travail de groupe donc justement savoir vivre avec les autres dans le groupe c est important Et de mettre les choses en commun E16 82 4 3 La formation de la personne Cette mission est pr sente dans quelques entretiens Pour Jessica sa contribution la formation de l individu doit donner aux futurs adultes la possibilit de diriger leur vie A se conna tre mieux soi m me savoir ce qu ils aiment ce qu ils ont envie de faire Je pourrais dire les pr parer la 6 qu ils soient tous de bons l ves Mais on sait tr s bien qu
417. ortant a Pour moi c est essentiel E2 34 Et que a lui procure du plaisir aussi Pour moi il a besoin d avoir du plaisir l cole aussi c est pas une contrainte l cole c est pour apprendre mais aussi pour se faire pour avoir du plaisir apprendre c est important E1 74 2 4 2 Instaurer une ambiance de classe agr able Certains jeunes enseignants sont particuli rement satisfaits d avoir su tablir des conditions de travail propices aux progr s des l ves en instaurant un climat relationnel dans lequel chacun peut s panouir Si on n a pas une bonne relation dans la classe si on n a pas une bonne ambiance dans la classe on peut difficilement travailler et encore moins mettre en place une activit scolaire si les enfants se braquent d j envers l enseignant on aura beau mettre en place toutes les situations qu on veut je crois qu on leur apportera rien justement parce qu ils seront braqu s ils seront en opposition E4 46 Je pense qu il faut cr er une ambiance classe avant de si on cr e une ambiance classe ensuite on peut tout faire passer moi je le sens comme a Si l enfant n a pas peur de parler soit devant le groupe classe parce qu on a instaur une ambiance o on ne rigole pas parce que l autre ne sait pas o on aide quand l autre ne sait pas apr s les enfants vont pouvoir parler beaucoup plus spontan ment E6 100 158 Je pens
418. osit des l ves dans les s quences d enseignement qu il propose 313 Le principal lien c est la mani re de faire tant donn que il y a quelques ann es on tait encore sur les bancs on tait en face je me souviens tr s bien des formateurs et des enseignants qui taient un peu plus barbants que les autres donc de ce qu ils faisaient j essaye d viter de reproduire ce genre de choses l Essentiellement un enseignement cent pour cent bas sur le magistral donc sans avoir aucun effet pour int resser les personnes qui sont en face de soi F4 4 6 Il Des exp riences extra professionnelles 1 Des exp riences significatives Avant d tre enseignante Manuella a assur des t ches de surveillante de coll ge et de monitrice de centre a r Les relations qu elle a v cues durant ces moments l avec des adolescents et des enfants ont facilit selon elle les contacts qu elle a pu tablir par la suite avec les l ves de sa classe a m aidait pour appr hender le comportement des enfants ayant rencontr des enfants d un ge de cinq six ans D j dans la relation avec les enfants J aime les enfants j ai toujours eu des contacts avec les enfants la facilit de leur parler de communiquer a m a aid e J ai aussi t surveillante en coll ge pendant toute ma fac a m a aussi aid e voir les enfants un peu plus grands E1 302 304 Une autre exp rienc
419. ou si au contraire on travaille dans le vent a mwa rassur e Quand il est parti je me suis dit bon a va E14 104 116 Dans ce m me tat d esprit Aur lie attend de la visite du formateur une valuation qualitative de son travail A l issue de l entretien j avais pas r ussi savoir si j avais donn satisfaction ou pas et comme j avais beaucoup besoin d tre rassur e ce moment l je lui ai demand carr ment si je travaillais dans le bon sens Il m a dit que oui et puis voil a c est important parce que j ai besoin d tre rassur e Ou alors s il y a vraiment quelque chose qui va pas que je le comprenne E15 136 138 Selon une dimension psychologique diff rente le ma tre ressent la visite de classe comme une reconnaissance institutionnelle attribu e son travail qui l encourage et l incite poursuivre les efforts qu il entreprend pour proposer un enseignement de qualit Le fait quand m me de recevoir une approbation La conseill re p da a reconnu que mon travail tait satisfaisant qu il tait bon Je suis repartie satisfaite de cette visite a m a motiv e encore plus Une sorte de fiert E9 122 Sur le plan p dagogique les visites peuvent apporter un clairage diff rent sur certains l ments de la pratique professionnelle Ils ciblent plus des points auxquels nous on n a pas pens J ai tenu compte de a E11 142 Pa
420. our pr parer les v nements ou les changements souhait s La plupart des discours montrent cette volution Les ma tres investissent une nouvelle attitude par laquelle ils planifient sur un temps relativement long les activit s ce qui leur permet de r duire l incertitude et de ma triser davantage les v nements futurs Seule Anne Marie au terme de cette premi re ann e ne parvient pas encore poser son regard au loin et ne peut toujours pas anticiper son travail de pr paration au del du lendemain TM Godet www cnam fr lipsor lips conferences conferences php 01 180 Je travaille toujours au jour le jour je n arrive pas encore pr voir sur deux ou trois jours je suis incapable de faire a encore E8 84 1 4 Le rep rage des supports Les jeunes enseignants soulignent leur plus grande facilit trouver les outils didactiques int ressants et utiles pour leurs l ves Alors qu au d but de leur parcours ils se perdaient devant la quantit d informations disponibles ils savent maintenant d finir et rep rer plus rapidement les l ments essentiels dont ils ont besoin pour pr parer efficacement selon eux leur travail En d but d ann e on sait vraiment pas o chercher et finalement on pioche droite gauche et on perd vraiment beaucoup de temps Je me suis rendu compte qu au fil des jours on conna t vraiment mieux ce qui nous plait et ce avec quoi on a envie de tr
421. ourdissent consid rablement les journ es de travail des professeurs Comme nous l avons indiqu ces derniers pr parent galement leur inspection et tous ont bien conscience que la qualit et le volume des progressions des fiches de pr paration du cahier journal vont influer sur l valuation qui sera faite de leur travail Ils n h sitent donc pas s investir pleinement dans l effectuation des activit s didactiques et cela leur prend un temps consid rable Pour la seconde rentr e des classes les conditions de nomination diff rent de celles de l ann e pr c dente En effet la plupart des personnes sortant de l IUFM prennent leurs fonctions sur des postes dits r serv s Chaque circonscription en d signe quelques uns qui sont obligatoirement attribu s aux ma tres d butants Ce sont toujours des postes classiques qui ne pr sentent a priori ni sp cificit ou difficult particuli re La situation diff re pour la nomination des T2 qui ne b n ficient plus de ce r gime de faveur Ainsi avec leur faible anciennet les ma tres sont en g n ral nomm s la fin du mouvement sur des postes rest s vacants parce que peu attractifs Il s agit essentiellement de postes sp cialis s de compl ments de mi temps de d charges de direction et de remplacements Dans la recherche trois des huit personnes interrog es ont t nomm es sur de tels postes L analyse montre que l exercice du m tier d
422. out au long des prochains chapitres 138 PARTIE II PARCOURS DE FORMATION DES MAITRES DURANT LES DEUX PREMIERES ANNEES D ENSEIGNEMENT ANALYSE DES DONNEES REFEREES AUX QUESTIONS DE RECHERCHE CHAPITRE 1 RAPPORT AU METIER DURANT LA PREMIERE ANNEE D ENSEIGNEMENT I Avant la premi re rentr e 1 La premi re nomination Le moment o les futurs ma tres ont connaissance de leur affectation la sortie de l IUFM est tr s variable En effet si certains d entre eux en sont inform s d s le mois de mai pr c dant leur premi re rentr e d autres n apprennent cette nouvelle qu au mois de septembre Le mouvement des professeurs des coles c est dire l affectation des enseignants sur l ensemble des postes disponibles dans un d partement s effectue en quatre temps Il commence au mois de mai pour se terminer cinq mois plus tard Certaines nominations se font sur des postes difficiles avec parfois un loignement n cessitant de longs trajets quotidiens voire un changement de domicile 139 1 1 Des nominations chelonn es dans le temps La n cessit pour l administration scolaire d ajuster le plus finement possible la r partition des postes d enseignants selon des contextes locaux variables baisse ou hausse d effectifs impr visible entra ne pour un certain nombre d enseignants novices une nomination qui s effectue huit jours apr s la rentr e des classes Ainsi en l absence de toute
423. ouvelles fonctions cette ma tresse a t confront e une situation professionnelle des exigences en termes de conception didactique de relation avec des l ves d organisation qu elle avait d j en partie v cues ant rieurement Ces exp riences l ont aid e dans l exercice de son m tier D j d avoir t face une classe Je pense qu il y a une appr hension qu on a de se retrouver face une classe de devoir proposer des choses coh rentes Faire aussi le travail de pr paration E8 216 2 Synth se Dans les chapitres pr c dents nous avons essay d identifier les voies par lesquelles les praticiens d butants construisent et consolident leur professionnalit durant les deux premi res ann es d enseignement Il appara t que la pratique quotidienne de classe les changes collaboratifs avec les coll gues et certaines actions de formation institutionnalis es contribuent au d veloppement professionnel des ma tres d butants Ces ressources ne sont cependant pas les seules susceptibles d influer sur le parcours de formation des jeunes professeurs L histoire de vie des personnes leurs exp riences 316 significatives pass es ou pr sentes teintent aussi leur mani re d appr hender de comprendre et d exercer leur m tier Certains entretiens montrent par exemple que la maternit au sens premier du terme c est dire l tat la qualit de m re enrichit la
424. p riences les actions les situations auxquelles il prend part En entrant dans le m tier de professeur des coles le chemin de formation que va emprunter chacun des ma tres n est pas trac Certes il existe quelques balises institutionnelles susceptibles de l aider mais le parcours formatif est d abord l uvre de la personne elle m me En ce sens nous pouvons affirmer que le processus de d veloppement professionnel des enseignants d butants rel ve d une dynamique autoconstructive dont l individu est l initiateur et l artisan 352 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages cit s ABRAHAM A 1982 Le monde int rieur des enseignants 2 dition France EAD ALTET M CHARLIER E PAQUAY L PERRENOUD P 1996 Former des enseignants professionnels Quelles strat gies Quelles comp tences Bruxelles De Boeck Universit ALTET M 1993 La qualit des enseignants Rapport sur les s minaires d enseignants Universit de Nantes ALTET M 1994 La formation professionnelle des enseignants Paris PUF ALTET M 1996 Les comp tences de l enseignant professionnel Entre savoirs sch mes d action et adaptation le savoir analyser dans ALTET M CHARLIER E PAQUAY L PERRENOUD P 1996 Former des enseignants professionnels Quelles strat gies Quelles comp tences Bruxelles De Boeck Universit 27 40 ARDOINO J 1996 Le travail sur les langages disciplinaires
425. pacit s n cessaires l exercice de l activit La professionnalisation d signe alors le processus d am lioration des capacit s de rationalisation et de sp cification des savoirs mis en uvre dans l exercice de la profession ce qui entra ne une plus grande ma trise et une plus grande efficacit individuelle bid 16 L individu dont on dit qu il se professionnalise parce qu il ma trise de mieux en mieux l activit et r pond aux normes tablies collectivement Bourdoncle 1993 16 La professionnalisation de l individu se d roule par l acquisition de savoirs savoir faire et savoir tre professionnels en situation r elle et d une identit qui se construit progressivement par identification au r le professionnel bid 16 La formation Dans ce processus de professionnalisation la formation se rapproche de l activit professionnelle et doit permettre aux individus d exercer une activit bien d termin e Jbid 16 La professionnalit Ce concept serait n en Italie professionalit dans les ann es 1960 Bourdoncle Mathey Pierre 1995 Selon ces m mes auteurs dans les discours o il est utilis le mot professionnalit englobe les notions de savoirs et de comp tences et renvoie la nature plus ou moins lev e et rationalis e des savoirs et des capacit s utilis s dans l exercice professionnel Bourdoncle 1991 76 41 II La professionnalisation des enseignants
426. par exemple si on doit rechercher le compl ment d objet direct pour les CM2 a sera rechercher le compl ment d objet direct et pr ciser la nature alors que pour les CMI a sera une t che un peu plus l g re E3 152 Les discours des ma tres montrent qu ils sont aussi particuli rement sensibles l attitude de soutien du formateur Il peut s agir d une incitation du conseiller mettre en oeuvre des initiatives ou des d marches p dagogiques plus innovantes susceptibles de diversifier leur pratique On est revenu sur la p dagogie du projet que j avais toujours pas mise en place et c est l qu il m a dit il faut oser se jeter l eau si le premier on voit qu il marche pas a fait rien on laisse tomber ES 178 Jai chang ma disposition parce que bon j y pensais d j avant mais j avais toujours un peu peur de me lancer j avais peur que a favorise encore davantage les bavardages Lors de l entretien le conseiller a mis l accent sur le fait que dans 234 la phase de recherche il aurait mieux valu que les l ves aient plus de temps pour changer entre eux leurs id es En mettant les tables par groupes c est tout de suite plus ais J ai assez vite chang la disposition J attendais peut tre qu on me pousse un peu pour adopter cette disposition nouvelle E7 115 129 J ai eu cet entretien avec le formateur donc a a m a un peu rassur e sur la diff
427. participer au d veloppement professionnel des ma tres d butants en est un autre n cessitant des comp tences sp cifiques d coute de dialogue d analyse de pratique etc Cinq ans apr s l introduction de ce plan d accompagnement aucune attention sp cifique en termes de formation ne s est port e sur les ma tres r f rents 6 Synth se Les entretiens ont mis en lumi re l aspect progressif et dynamique de la construction des comp tences professionnelles chez les ma tres d butants L volution concerne tous les aspects du m tier didactiques p dagogiques relationnels Les enseignants novices apprennent et se forment essentiellement au travers de leur pratique quotidienne de classe Cette contribution de l exercice professionnel au d veloppement de leurs comp tences appara t selon toutes les personnes interrog es particuli rement importante Dans certaines coles la pr sence de coll gues aidants participe aussi la consolidation des savoirs professionnels par la mise en uvre d changes collaboratifs qui nourrissent et enrichissent l exercice du m tier Les actions sp cifiques de formation organis es l intention des professeurs novices dans le cadre de l accompagnement de l entr e dans le m tier semblent galement contribuer la consolidation des actes professionnels et ce plus particuli rement lorsque les activit s propos es peuvent tre li es par les jeunes enseigna
428. personne qui d tient le pouvoir de leur apporter une certification laquelle ils aspirent profond ment car elle seule place les sortants d IUFM au rang de pairs avec les autres coll gues plus anciens de l cole Or le fait de repousser cette preuve initiatique la seconde ann e d enseignement prolonge cette posture quivoque dans laquelle se trouve le novice qui n est plus stagiaire depuis qu il a quitt l Institut de Formation mais pas non plus encore officiellement institu dans ses nouvelles responsabilit s Cette p riode d entre deux peut entra ner quelques entraves dans l appropriation d un r le et d un statut dans la construction de l identit professionnelle Cependant sur un autre plan et dans la perspective d une formation continue qui s articule la formation initiale l instauration de cette ann e probatoire semble particuli rement int ressante En repoussant la question pr gnante de l valuation moyen terme elle peut permettre la mise en uvre de conditions favorables une insertion professionnelle r ussie 4 4 Les visites de classe En Moselle dans le cadre de l accompagnement individuel des sortants d IUFM l inspecteur d acad mie demande chaque circonscription d effectuer plusieurs visites de classe aupr s des ma tres d butants Ces visites sont effectu es par les conseillers p dagogiques Leur fr quence varie selon les pratiques locales A nsi
429. peut entra ner une certaine d ception chez l enseignant en raison du nombre important d l ments n gatifs relev s en regard de l investissement personnel a d oit un peu parce qu on pense bien faire et puis finalement il y a plein de trucs qui vont pas E6 216 les ma tres consid rent les visites utiles et int ressantes lorsque les entretiens mettent aussi en lumi re des l ments de leur pratique qu il leur faut d velopper et consolider Tous les jeunes praticiens ont le sentiment d tre perfectibles Ils aspirent enrichir leurs gestes professionnels et sont ouverts aux remarques aux propositions du formateur Le fait qu on nous aide nous am liorer pousser les r flexions plus loin pas rester ancr sur a nous donner des id es pour creuser On nous donne des solutions pour aller plus loin parce que je pense que le but du conseiller p dagogique quand il vient nous voir c est pas non plus de dire tant mieux si les s ances sont bien du d but la fin mais si on nous dit tout le temps c est bien tu as fait ce qu il fallait on reste ancr dans son id e ES 186 C tait vraiment l entretien formateur elle m a donn beaucoup de conseils et de points travailler Quand elle me dit de fabriquer une progression en informatique pour la fois d apr s chaque fois je le fais quand je le fais a se d roule chaque fois mieux et c est vraiment il y a une progression
430. piscine Je les envoie pas la piscine comme a je leur explique ce qu on va faire E9 58 Afin de favoriser les apprentissages des l ves les jeunes enseignants entendent aussi que les enfants appr cient leur vie l cole Et amener les enfants se sentir bien dans leur r le d l ves a c est important Qu ils se sentent bien l cole Dans ma classe a se passe bien ils aiment tous venir l cole il n y a personne qui hurle Qu ils se sentent bien d j l cole pour que a se passe bien E9 54 Et essayer de leur faire aimer l cole parce qu ils vont y aller pour un bout de temps donc qu ils n y aillent pas avec une boule dans le ventre On apprend plus facilement quand on est dans un climat de confiance que de m fiance E15 80 82 C est tr s important parce que je ne veux pas qu ils viennent l cole la peur au ventre Il faut que les l ves aient envie de venir il faut que la classe soit accueillante E13 62 70 Parce que s ils aiment aller l cole ils vont aimer ce qu on y fait S ils viennent avec le sourire et l envie de venir l cole l apprentissage l a sera profitable E14 68 Afin de susciter le plaisir d tre l cole les enseignants imaginent des activit s attrayantes En outre les discours montrent que les jeunes ma tres s attachent porter un int r t chaque enfant afin de
431. plissement de t ches infiniment diff renci es gr ce aux transferts analogiques de sch mes permettant de r soudre les probl mes de m me forme Bourdieu 1972 178 Englobant l ensemble des sch mes dont dispose un sujet un moment d termin de sa vie l habitus constitue une entit dont on ne saisit les manifestations qu travers les actes les pratiques de l individu P Perrenoud 2003 181 207 affirme que la pratique p dagogique est gouvern e par l habitus du ma tre selon au moins quatre m canismes La pratique professionnelle qu elle soit naissante ou consolid e entra ne des gestes automatiques des routines qui ne n cessitent plus pour son auteur l activation explicite de savoirs de r gles d action Lorsque l enseignant a une certaine anciennet ces habitudes prennent une part de plus en plus importante dans son activit p dagogique quotidienne En d but de carri re m me si ces routines ne sont pas encore pr sentes et que le jeune enseignant a besoin d un temps important de pr paration et de conception des s quences d enseignement durant lequel il va pr voir sa strat gie les m thodes et les techniques qu il va employer leur mise en uvre s effectue sous le contr le ou tout au moins sous l influence de son habitus car l enseignant est un adulte ayant eu une enfance un pass d colier une vie d tudiant ayant v cu toute une s rie d exp riences sociales et
432. plupart du temps en l absence des praticiens novices concern s car ces derniers ne sont pas encore nomm s dans l cole au moment o les classes sont organis es Parfois il arrive alors que certaines barques se trouvent plus charg es que d autres Apr s avoir observ comment l apprentissage exp rientiel et les pratiques interindividuelles participaient au d veloppement professionnel des jeunes praticiens nous avons galement tent d identifier comment des pratiques de formation de nature essentiellement h t roformative propos es dans le cadre de l accompagnement de l entr e dans le m tier pouvaient contribuer enrichir la professionnalit des ma tres De quelle mani re la formation institutionnelle s inscrit elle dans le parcours de formation et participe t elle selon les personnes interrog es leur volution professionnelle Il est commun de dire qu une partie des enseignants n est gu re enthousiaste l id e de s engager dans les stages qui leur sont propos s dans le cadre de la formation continue Chaque ann e de nombreuses actions de formation sont annul es faute de candidats D autres sont maintenues seulement parce que des enseignants sont contraints d y participer La question est souvent pos e les enseignants ont ils envie d apprendre et de faire voluer leur pratique professionnelle Les ma tres apparaissent tr s attach s aux savoirs d exp rience qu ils acqui rent
433. pose pas la question quel sens a a ce que je fais E12 66 68 Ces propos indiquent que les jeunes enseignants inscrivent leur mission de formation de la personne dans une perspective dynamique de d veloppement de l individu o il ne s agit pas seulement de permettre l panouissement de l enfant ici et maintenant mais bien de contribuer pr parer les l ves guider leur vie future d adulte Pour ces ma tres l cole l mentaire constitue parmi d autres un l ment d terminant de toute une vie Dans cette perspective moyen et long terme s inscrit galement Carmen qui par son action professionnelle vise aider les l ves issus de famille dite d favoris e s int grer socialement Je me dis que c est ceux l qui ont besoin de nous Il faut les aider s en sortir ces gamins l Pour moi l int gration passe par l cole bien que a soit difficile de travailler avec des enfants de cultures diff rentes E10 40 5 Synth se Les entretiens portant sur la seconde ann e de pratique des professeurs des coles mettent en lumi re une continuit avec les propos tenus un an auparavant Toutes les personnes interrog es l exception d H l ne qui occupe les fonctions de titulaire rempla ante nous ont r affirm le plaisir qu elles prouvaient quotidiennement dans l exercice du m tier Deux ans apr s leurs premiers pas dans l enseignement la flamme demeu
434. pparues comme pertinentes pour la probl matique Dans la conduite des entretiens nous avons essay d adopter une d marche empreinte de souplesse et d ouverture comme le sugg re notamment Selltiz M me pour les interviews plus syst matiques qui se feront plus tard il est essentiel de garder un degr consid rable de souplesse La structure que l on impose aux interviews a pour objet de s assurer que toutes les personnes que l on rencontre ainsi r pondent aux questions que l on d sire poser les objectifs de formulation et de d couverte de l enqu te sur les faits d exp rience exigent toutefois que l entrevue laisse toujours le sujet libre de soulever des probl mes et des questions auxquels le chercheur n avait pas pens au pr alable Selltiz et al 1977 95 Le guide d entretien est structur selon cinq th mes I L entr e dans le m tier II Le rapport au m tier IT L autoconstruction professionnelle des jeunes ma tres 99 IV L accompagnement institutionnalis de l entr e dans le m tier V La formation informelle par les exp riences de vie Avant d voquer avec notre interlocuteur son rapport au m tier nous souhaitions aborder l entretien par la description de son parcours universitaire Il s agissait de recueillir des informations visant identifier des relations possibles entre les tudes universitaires et l exercice du m tier d enseignant THEME I L entr e dan
435. pplanter en prenant sa place ou le devant de la sc ne Le Bou dec 2002 15 Nous nous situons ici au c ur d une th orie du sujet et des relations que chacun peut entretenir avec autrui Le processus d accompagnement se situe dans une perspective d inspiration rog rienne o la centration sur la personne est associ e l id e qu elle seule est m me de pouvoir d passer les difficult s qu elle rencontre Ce principe ne signifie pas que toute action soit inutile ou vou e l chec Dans la phase d accompagnement le professionnel propose des outils des pistes Cependant le sujet est compris comme tant seul pouvoir se mettre en mouvement et d passer son stade pr sent Dans ce contexte le paradigme dominant n est plus celui de la transmission de savoirs ou de la conformation un mod le mais il s inscrit dans une p dagogie de la voie Lhotellier cit par Roberge 2002 102 qui conduit la personne tracer son propre chemin Cette r flexion sur la notion d accompagnement entra ne une interrogation sur la mise en acte d une telle d marche aupr s de jeunes ma tres Selon Le Bou dec les situations dans lesquelles un individu de par sa fonction formule un conseil une autre personne n entrent pas dans cette logique d accompagnement Pour cet auteur le conseil la guidance rel vent d une posture qu on peut d signer de mani re g n rique par le verbe 82 diriger 200
436. pport une importante quantit d informations qui ont donn corps cette r flexion Nous savons tous que le fait 135 discursif n est pas neutre et qu il est produit dans un cadre interactionnel sp cifique En outre en r pondant aux questions l interview construit une repr sentation symbolique de ce qu il a v cu Selon Van der Maren 1996 106 les donn es recueillies sur une exp rience pass e et v cue par le sujet peuvent constituer une limite la recherche Toute r trospection qu elle touche un pass proche ou lointain comme dans les entrevues cliniques ph nom nologiques ou les histoires de vie fait appel au souvenir Le discours port sur l exp rience n est pas l exp rience L entretien entra ne un processus de reconstruction du pass et non une restitution totalement fid le de ce qui s est pass Le pass est pass et sa trace subit des transformations telles qu on ne peut jamais le retrouver tel quel Jbid 106 Nous ne pr tendons pas pr senter une compr hension ultime de l exp rience des ma tres d butants mais une mani re de la comprendre partir de leurs discours Dans cette perspective la conception de la v rit signifie qu il ne peut y avoir ici de v rit neutre et objective au sens de d tach e du v cu du sujet puisque les connaissances obtenues sur l objet d tude sont rattach es une exp rience une personne une hist
437. pr s quatre heures sur donc ce qu elle a observ Je crois qu on tait encore l six heures et demie de quatre heures six heures et demie a a dur tr s longtemps j ai pas pu faire manger mon fils a d aller au Mac do manger oui je me souviens bien E1 204 236 En fait cet entretien a eu lieu en deux temps le premier temps au milieu de la matin e pendant la r cr ation et puis monsieur P est rest voir une deuxi me s ance et un deuxi me entretien final un petit bilan E2 180 A l occasion de certaines visites de classe nous avons t tonn d entendre les termes de critique de le on pour voquer l entretien Ce terme de critique peut comporter deux sens sensiblement diff rents Il peut s agir dans certains cas d une critique n gative qui d bouche sur l nonc de ce qu il aurait fallu faire Cette attitude du formateur semble davantage d mobilisatrice que r ellement formative pour le d butant Elle peut entra ner une forme de d couragement et de repli sur soi Durant l entretien le plus souvent l observateur exp riment rel ve au cours de son intervention les l ments qui lui ont sembl insuffisants ou inadapt s dans la pratique professionnelle du d butant Le formateur induit des r ponses aux questions pos es apporte des solutions aux probl mes qu il a constat s ou met des jugements sur les pratiques observ es Dans cette per
438. professionnel Ces savoirs ne s identifient pas aux apprentissages acad miques qu ils ont pu rencontrer durant leur formation initiale mais constituent des savoirs contextualis s forg s au contact des choses elles m mes c est dire des situations concr tes du m tier d enseignant Altet 1998 34 dans la perspective de l coformation Seuls plac s en totale responsabilit de leurs actes d enseignement et faisant face une complexit qui les d stabilise les d butants engagent une formation personnelle ancr e dans les r alit s du terrain La d marche mise en uvre se rapproche de l exp rimentation les professeurs t tonnent et proc dent par essais et erreurs Au d but c tait encore on se t tait on essayait des choses E1 108 On change des choses on essaie de faire diff remment E8 138 Au d but on exp rimente puis on tire tr s vite des conclusions sur ce qui a fonctionn ou qui n a pas fonctionn dans la classe E4 90 J avais envie de faire ma sauce Et puis me planter tant pis E6 136 J Houssaye affirme que dans sa recherche d une m thode l enseignant peut se fier sa propre exp rience tenter d apprendre par essais et erreurs c est alors une entreprise de longue dur e et tant pis pour les l ves ou tout du moins les premiers 1989 51 Selon P Pelpel il faut lutter contre cette id e qu il suffit de vivre pour apprendre
439. projet d cole du projet de classe la conduite de la classe le mode p dagogique dominant les formes de travail utilis es la description synth tique d une le on implication dans le fonctionnement de l cole dans les activit s p riscolaires les relations avec les diff rents partenaires de l cole l accompagnement de l entr e dans le m tier l analyse des aides de l quipe de circonscription des coll gues du tuteur les r ussites et les points travailler Dans cette perspective l acte d criture est appr hend comme un outil pouvant contribuer l laboration d une pens e enseignante S il existe de nombreux crits relatifs au champ p dagogique il est remarquable de constater que les ma tres n crivent quasiment jamais sur leurs propres pratiques L criture en premi re personne sur son travail quotidien peut tre utile et enrichissante pour son auteur Cependant dans un travail d criture qui se donne voir et s offre ainsi aux jugements d autrui il semble important de pr ciser le cadre de cette communication de sanctuariser l espace d expression de contractualiser clairement l usage et la circulation des mat riaux Fath 1993 139 Or cette commande que satisfait le jeune praticien en pr sentant l crit son sup rieur hi rarchique peut ne pas atteindre son objectif initial car son auteur risque d tre tent par
440. ps au jour le jour ne disposent pas encore de cette perspective moyen et long terme de leur enseignement 275 Pour cette seconde ann e professionnelle l laboration de cet itin raire didactique lui semble bien plus ais e Et m me dans mes progressions c est beaucoup plus logique Ce que je fais je suis beaucoup plus au clair avec a C est vrai que lan dernier j avais l impression de jamais trop savoir ce que j allais faire apr s E11 12 14 L encha nement des s ances se fait plus naturellement sans qu elle ait n cessairement besoin d aller rechercher des pistes ou des id es dans des livres ou sur des sites p dagogiques Elle dispose maintenant de suffisamment de ressources internes pour tre autonome dans la construction des s quences d enseignement Je me dis que je vais commencer par une le on comme a et puis apr s a serait bien de faire a J ai tout de suite des id es sur la suite E11 14 Pour caract riser cette volution Jessica utilise trois reprises le terme de logique E11 12 14 106 dans le sens o maintenant une grande partie de son travail semble aller de soi 1 3 Des strat gies p dagogiques centr es sur l apprenant Par rapport sa premi re ann e d enseignement Jessica propose pour entamer les s ances d enseignement une mise en situation comportant davantage d explications et d exemples concrets pour faciliter la comp
441. pt d autoformation Au sein de ce champ qui peut para tre disparate tant les d finitions et les pratiques qui s y r f rent sont vari es nous avons choisi de nous appuyer sur la th orie tripolaire de G Pineau selon laquelle soi les autres et les choses constituent les trois p les de l autoformation Cette perspective exp rientielle de l autoformation requiert n cessairement de la part de l individu un travail r flexif de mise distance de l imm diatet du v cu et des pratiques quotidiennes par la mise en uvre de transactions entre les trois p les en fonction desquels s actualise le je de P autoformant Notre probl matique portant sur l autoconstruction professionnelle des ma tres d butants adopte la d finition de G Bonvalot selon laquelle s autoformer c est se former soi m me partir de ses exp riences appr hend es de mani re critique 1995 139 Le terme soi m me est essentiel car la formation du sujet qui s autoforme lui appartient il en a l initiative et s efforce de la ma triser Il ne s agit pas d imiter ou de se conformer une doxa mais bien de construire sa propre forme Le prochain chapitre sera consacr la description et l tayage de la d marche m thodologique que nous avons mise en uvre pour tenter d appr hender ces formes professionnelles en mouvement 91 CHAPITRE 4 METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE Ce chapitre est consacr la pr
442. que ne suit pas 212 la d marche propos e par les experts les activit s pr c dent les objectifs la s ance se d roule avant toute programmation des contenus A l oppos le discours p dagogique rev t un caract re structur pos Il privil gie la planification la lin arit de l activit p dagogique et a tendance en ignorer la singularit et l impr visibilit Lorsqu il aborde la question de l action p dagogique et des t ches quotidiennes du ma tre le discours tend se situer sur un plan m thodologique descriptif assez loign des pratiques r elles J M Barbier 1987 73 86 distingue deux types de contenus que l on peut rencontrer dans une formation professionnelle Les enseignements permettant aux personnes de mieux comprendre les diff rents l ments constituant leur environnement professionnel Dans le domaine de l ducation ces contenus rel vent des sciences humaines et sociales Ils ne sont pas directement applicables puisque leur objectif est d tablir des liens entre les ph nom nes pour mieux les comprendre Ces savoirs produits par la recherche permettent aux acteurs sociaux d adopter une distance critique et r flexive par rapport l imm diatet des v nements Des enseignements directement li s l action p dagogique des enseignants Dans cette situation on parle de m thodes p dagogiques de strat gies d apprentissage de conduites de projet Eno
443. qui leur sont destin es L int r t qu ils y portent repose sur un faisceau d l ments particuli rement diversifi s que nous avons essay d identifier 1 1 Une qu te prax ologique Par rapport l exp rience de formation qu ils vivent les novices ont des attentes bien pr cises li es aux difficult s rencontr es dans leur pratique professionnelle Ils attendent des formateurs sinon des solutions au moins des pistes de travail des outils susceptibles de les aider surmonter les obstacles auxquels ils se heurtent Les multiples occurrences des termes pratique et concret dans la bouche des jeunes ma tres soulignent cette qu te prax ologique Lorsque cette derni re est satisfaite et que les ma tres parviennent tablir des liens entre l offre de formation et leur vie quotidienne dans la classe le rapport la formation est positif 22 Annexe 21 1 210 On a travaill sur tous les domaines du programme vivre ensemble d couverte du monde le langage Vraiment tous les domaines Beaucoup de choses pratiques vraiment Des exemples de s quences et de s ances on a fait une petite progression sur la terre pratique En vivre ensemble on a vu des cas de comportements qu on a tudi s les int grer dans une pratique de classe avec des r glements des cas concrets que du concret en fait c tait bien C tait ce qu on attendait en fait je pense aussi E1 184
444. quotidiennement au temps d enseignement Ce volume de travail didactique qui est souvent per u comme une activit r aliser en plus du proc s p dagogique semble tre particuli rement pesant et reintant pour certains ma tres Les discours montrent galement que les praticiens d butants sont sensibles la complexit de leur t che et au caract re transversal de leur influence ducative Tous par leur activit d enseignement visent instruire les l ves mais sont galement conscients de participer l ducation des enfants dont ils ont la responsabilit et la formation de futurs citoyens 273 CHAPITRE 4 PROFESSIONNALITE ET AUTOFORMATION DURANT LA SECONDE ANNEE D ENSEIGNEMENT A issue de cette seconde ann e et comme les ma tres l avaient d j voqu dans les entretiens pr c dents tous ont des degr s divers le sentiment d avoir poursuivi leur progression depuis leur entr e dans la profession et am lior leur efficacit dans l exercice de leur m tier Pour tenter de mieux appr hender ces volutions qui sont d abord singuli res et r f r es un individu il nous a sembl opportun d tudier cette professionnalit en mouvement de mani re longitudinale afin de pouvoir d finir pr cis ment pour chacune des huit personnes interrog es les l ments voqu s Puis nous d passerons ces singularit s afin de proposer de mani re plus transversale quelques l
445. r comme un expert mettant en uvre des savoirs complexes afin de r soudre les probl mes et disposant d une capacit d improvisation qui lui est n cessaire dans l exercice de son m tier L utilisation du terme profession est souvent accompagn e d un mot d riv la professionnalisation ou encore le processus de professionnalisation Cette derni re expression souligne davantage le caract re dynamique de cette volution 2 La professionnalisation Selon le Dictionnaire Actuel de l Education Legendre 1993 1028 1029 cinq l ments participent au processus de professionnalisation un groupe oeuvrant r soudre une difficult soci tale la nature des connaissances et la n cessit d une formation des comp tences reconnues officiellement une reconnaissance sociale un code de normes et d thique Bourdoncle 1993 2000 consid re que le concept de professionnalisation peut tre appliqu quatre groupes d l ments 40 3 Le statut de l activit elle m me et du groupe de personnes qui la mettent en uvre ce n est pas un m tier mais une profession c est dire un groupe de personnes dot es d un fort prestige social cause du service essentiel qu elles rendent la soci t en accomplissant leur activit et cause de la nature lev e des connaissances et capacit s qu elles mobilisent pour cela Bourdoncle 1993 16 Les connaissances et ca
446. r sa classe ne constitue pas une entit homog ne et les disparit s qu il constate entre les apprenants rendent particuli rement difficile l exercice de son m tier lorsqu il s agit de faire r ussir tous les l ves Plus particuli rement les l ves en difficult posent un probl me aux d butants car ces derniers montrent le d sir de les faire progresser tout en s apercevant que les strat gies p dagogiques qui s av rent efficaces avec une grande partie de la classe ne le sont pas avec ces apprenants G rer les apprentissages du groupe classe et proposer un enseignement adapt aux enfants en difficult n cessitent un savoir faire et des habitudes de travail qui ne s acqui rent pas d embl e Remarquons que cette attention port e chaque l ve montre que les ma tres ont bien pris conscience des responsabilit s qui sont les leurs depuis leur prise de fonction et tous sont convaincus de l importance que peut rev tir le travail scolaire pour l avenir et l insertion future des l ves La capacit tablir une ambiance de classe calme et sereine repr sente galement souvent un probl me r soudre Plusieurs ma tres ont ressenti des difficult s face l indiscipline de certains l ves qu ils n ont pu ou su canaliser Ces moments o l enseignant a le sentiment de perdre la ma trise de la classe et de ne pas savoir faire face au chahut qui se d roule devant ses yeux repr sente certainement l
447. r Cette nouvelle posture n engage pas les praticiens questionner les fondements de leur pratique L ann e derni re il y avait plusieurs m thodes d enseignement j essayais de lire droite gauche r fl chir par moi m me pour trouver une voie en s appuyant sur des auteurs C est comme a qu on lit des bouquins sur la m thode Freinet sur telle m thode Et apr s on mixe tout a Cette ann e c est bon j ai trouv ma pratique j ai trouv ma mani re d enseigner ma voie E9 94 298 Dans le champ de l autoinformation le recours internet constitue un geste quasi quotidien pour plusieurs enseignants qui y recherchent des informations professionnelles L offre pl thorique ais ment disponible et gratuite s duit les ma tres Des exercices Il y a des forums o on pose des questions J y vais presque chaque jour J apprends des choses qui m int ressent pour ma pratique E9 98 Quand il me manque un exercice pour ma le on je trouve des choses sur internet J y vais pratiquement tous les jours a prend moins de place qu un livre E16 120 Surtout pour la litt rature Par exemple j ach te un livre ma fille et il est super Je vais le faire l cole On va d abord voir sur internet s il n y a pas quelqu un qui l a d j exploit Ou simplement pour avoir d j les supports les images a fait gagner beaucoup de temps Pour la litt rature c est une mine
448. r ductrice car elle ne rend pas compte des intrications des inclusions existant entre ces processus Certains discours montrent que les praticiens sont bien conscients de cette complexit L instruction Il y a aussi l ducation de la personne a en fait partie On ne peut pas faire que l un que l autre c est li E13 66 68 L utilisation de cette nomenclature nous permet de distinguer les diff rents sens que les praticiens peuvent donner leur activit professionnelle 4 1 L instruction Cette mission d instruction est pr sente dans les discours de plusieurs enseignants pour lesquels leur activit professionnelle doit viser prioritairement l acquisition de connaissances D j c est de transmettre mon savoir E9 54 Leur apporter un minimum de connaissances Oui c est instruire l instruction E13 64 66 Faire progresser les l ves jusque l o ils peuvent Essayer de leur faire acqu rir les apprentissages les plus importants le socle commun E15 80 Leur apprendre les bases le socle C est pour a que je suis l en premier lieu E16 80 Pour accomplir cette mission d instruction les jeunes ma tres portent une attention toute particuli re la conception et la conduite des situations d enseignement en classe Chacun met en oeuvre son action en se concentrant sur des moments particuliers qu il consid re comme nodaux dans l
449. r e scolaire 2002 03 3 1 L objectif de ces actions 3 1 1 Les stages Les stages Prise de fonction ont pour but d accompagner les sortants de l Institut de Formation dans leurs nouvelles responsabilit s Il s agit d une aide la prise de fonction en r pondant aux questions et besoins qu ils parviendront exprimer 3 2 Les modalit s Il est demand que soit mise en uvre dans les stages une r flexion dialogique entre la th orie et la pratique l appui sur les l ments th oriques doit tre prolong d exemples tir s des pratiques de ma tres 4 Cahier des charges des formations 2001 Inspection Acad mique de la Moselle annexe 21 2 5 Charte d accueil et d accompagnement des TI et T2 2001 Inspection Acad mique de la Moselle annexe 21 1 28 A la lecture de ce premier l ment nous pouvons percevoir le souci affich par le groupe de r flexion d aborder la question pineuse et passionnante des relations entre la th orie et la pratique avec l intention de favoriser dans les stages une articulation entre les apports th oriques et les pratiques des personnes en formation Cependant le terme prolong nous semble quivoque car le lecteur qui est aussi formateur pourrait tre amen croire que les savoir faire des praticiens ne devraient tre voqu s sollicit s qu en prolongement d un discours th orique qui serait premier Il s agirait en quelque sorte de valider les
450. r hension des l ves D j comment introduire une nouvelle notion a passe davantage par la communication orale on travaille beaucoup sur des exemples au tableau on explique Il y a une grosse partie d oral que je ne faisais pas l ann e derni re On passait tout de suite aux choses crites E11 92 Montrant davantage de patience et observant plus attentivement les r actions de la classe elle adapte plus finement son enseignement aux l ves L ann e derni re certaines fois j allais beaucoup trop vite parce que je m imaginais que tout le monde allait r ussir Dans la pratique de classe je tiens plus compte de l l ve de ses conceptions initiales je leur laisse plus la parole E11 94 106 276 L enseignante a galement volu dans la perception de son propre r le Durant ses premiers mois professionnels Jessica tait l acteur principal de la relation ducative ne laissant que peu d autonomie et de responsabilit s aux l ves Maintenant elle veille accro tre consid rablement l espace d initiatives des enfants Jai plus de responsables pour la classe pour tout ce qui est mat riel et je leur demande plus de choses dans le travail personnel de faire des recherches plus d investissement de leur part L ann e derni re j avais l impression d tre le centre et c est moi qui travaillais plus que les l ves E11 100 Dans ce m me mouvement de d centra
451. r ment dans la proposition sans que l analyse ait investigu suffisamment le comment de l action et sa logique interne Pour cet auteur la formation ne peut plus fonctionner aujourd hui sur la recherche d ad quation entre un demandeur de recettes et un donneur de conseils Parce qu une recette marche toutes choses restant gales par ailleurs Il peut sauver de la famine celui qui a faim en donnant un poisson Mais il ne lui apprend pas p cher ne l autonomise pas ne le pr pare pas s accompagner lui m me dans la mouvance de la profession bid Nous ne partageons pas pleinement cette pr sentation sans doute trop dichotomique entre ce qui rel ve d une posture analytique et l attitude qui vise aider soutenir les ma tres d butants en leur proposant quelques ficelles Notre propre pratique professionnelle nous laisse penser qu il est important dans cette phase initiale de l entr e dans le m tier d articuler ces deux aspects constitutifs de l entretien de formation une activit patiente d explicitation et d analyse de la situation p dagogique avec par la suite des conseils susceptibles d aider les praticiens enrichir leurs mani res de penser et ou d agir 35 M Tozzi www philotozzi com articles article111 htm 344 Il y a un il ext rieur C est bien d avoir un autre point de vue C est a la chose importante il y a un il ext rieur qui vien
452. r des probl mes des l ves C est pour a que maintenant j essaye de faire comme a E7 80 1 4 Les mises en situation Les stages permettent aux formateurs d aborder certains champs disciplinaires en proposant directement aux stagiaires de vivre de mani re concr te des activit s que les ma tres peuvent ensuite reproduire avec les l ves L ducation physique la musique les arts plastiques se pr tent tout particuli rement cette d marche o les personnes sont 217 invit es jouer chanter dessiner etc Ces situations p dagogiques int ressent les praticiens car ils en sont les acteurs principaux et le fait d exp rimenter des activit s de ressentir des motions particuli res travers le jeu le chant ou le dessin entra ne un r el engagement des personnes dans ce qui leur est propos Les mises en situation permettent aux professeurs d valuer en les pratiquant la pertinence et l int r t des activit s pour leur propre pratique professionnelle Depuis plusieurs ann es maintenant nous avons pu constater lors de nos visites dans les coles un taux de r investissement assez important de ces contenus de formation dans la pratique de classe des jeunes ma tres Par le chant par des jeux vocaux par ces petites choses l tr s pratiques D j en les faisant nous m mes je trouvais a formidable E2 136 Avec les conseillers p dagogiques en EPS on a travaill sur l expr
453. r exemple il ma dit que je faisais des s ances trop longues et c est vrai que a a tendance s allonger mes objectifs n taient pas clairs On s en aper oit pas on est dedans On s aper oit pas que c est trop long pour les enfants On a aussi repris avec lui les objectifs qui allaient pas et il m a montr ce qu il fallait donner parce qu on a tendance tre tr s acad mique mettre un norme objectif alors qu il faut tre tr s simple et se demander clairement ce qu on veut E14 112 114 Quant Aur lie elle n a pas ressenti la visite du conseiller comme un moment formatif pour sa pratique professionnelle 300 Alors est ce qu il y a un moment qui m a apport quelque chose pour le poste de ma tre E Je n en vois pas Non on n a pas voqu un probl me pr cis pour lequel il m aurait propos des solutions J tais avec une l ve de CE2 et on faisait de la r solution de probl me Le vrai moment d apprentissage c tait donc ce probl me On nous parlait de plusieurs villes dans la France donc il ma reproch de n avoir pas sur moi une carte de France Effectivement j avais pas de carte sur moi mais comment est ce que je peux transporter une carte d une cole l autre en sachant que j ai aucun endroit o je peux poser mon mat riel E15 140 142 4 2 Les stages T2 Annuellement les T2 sont convoqu s un stage de quatre jours r unissant dans la plupar
454. r les jeunes professeurs figurent notamment la volont de r duire le temps de pr paration et une exigence plus importante quant au respect par les l ves des r gles de vie collective Mais un moment il faut savoir lever le pied il faut prot ger aussi bien sa vie familiale que sa vie professionnelle ES 80 Donc j ai appris pr server l enfant et me pr server moi E7 90 192 Au d but j tais tr s tol rante vis vis du bruit et un jour je discutais avec mon ATSEM et elle me disait qu il y avait beaucoup de bruit dans ma classe donc l je me suis rendu compte Oui il y avait beaucoup de bruit et qu on pouvait avoir le silence M me au niveau de l autonomie dans la classe avant je me laissais facilement d border par les enfants qui venaient tout de suite parce qu on a envie de leur r pondre tous E6 90 3 6 Un nouvel quilibre entre les domaines professionnel et personnel Nous avons pu constater que les premiers mois d enseignement donnaient lieu une emprise du champ professionnel sur la vie priv e du jeune enseignant Tous les gestes et faits de la vie quotidienne sont rattach s ou utilis s des fins professionnelles Tous les jours je prends mon petit caf le matin avec un livre p dagogique tous les jours E1 158 Il est facile de comprendre que cette situation ne peut durer ind finiment Apr s cette premi re p riode qui peut varier de que
455. r permet d effectuer un arr t sur image un d tour r flexif par rapport au travail qu ils m nent dans la classe et ses effets 218 C est surtout qu on puisse enfin prendre le temps de prendre du recul par rapport la classe par rapport ce qu on est en train de faire E4 106 Et les semaines de stage a permet aussi de se remettre en question sur sa propre pratique p dagogique Et les stages ils sont l pour a pour se remettre en question C est un moment important o on peut se remettre en question Quand on est dedans on peut pas forc ment se remettre en question parce qu on n a pas le temps on a a faire E6 170 1 6 L observation d autres pratiques professionnelles La pratique effective conduite depuis plusieurs mois par les jeunes enseignants contribue grandement au d veloppement de leurs comp tences professionnelles Durant cette m me p riode et contrairement ce qu ils ont pu vivre pendant la formation initiale les novices n ont plus l opportunit d observer d autres mani res d enseigner que la leur Certains regrettent l absence de ces temps d observation a serait bien d aller voir une demi journ e voir comment sa coll gue sans que ce soit un jugement pas du tout juste pour voir E6 134 Dans les stages de prise de fonction certaines circonscriptions proposent aux ma tres d butants de passer une demi journ e v
456. r une attention suffisante aux effets v ritables de leur pratique sur les apprentissages des enfants Bien souvent la succession des nouvelles s quences se fait 184 trop rapidement de telle sorte que seuls les l ves performants peuvent s approprier les notions tudi es Incapables de suivre le rythme impos un certain nombre d apprenants se retrouvent alors en difficult Progressivement le jeune ma tre d place son regard pour se centrer davantage sur les l ves et sur les apprentissages que ceux ci r alisent effectivement Il prend alors ses distances avec la d rive programmatique Meirieu 1995 106 pour prendre en compte le niveau d habilet r el des enfants et partir de l r guler son enseignement en cons quence Ce d placement qu effectue le novice constitue un pas professionnel important car les situations qu il met en uvre et le niveau de difficult s qu elles pr sentent permettent alors plus facilement aux l ves de d passer les obstacles et ainsi de faire des progr s Au niveau des contenus l ann e derni re je me mettais norm ment de pression sur le programme tenir le programme faire tout ce qu il y a faire et puis finalement avec les quelques mois de pratique derri re moi je me rends compte qu il faut relativiser les choses a sert rien de pousser de pousser a avancera pas plus vite il vaut mieux faire les choses correctement prendre le temps avoir des not
457. raitera de probl mes pineux de grande importance mais o il devra tenir compte de facteurs qui ne figurent g n ralement pas dans l laboration des savoirs techniques des hautes terres L auteur consid re le professionnel comme un praticien r fl chi Reprenant un concept d j tudi par Dewey en 1933 il bat en br che l id e d une science toute puissante qui offrirait un socle de savoirs suffisant pour une action raisonnable en situation La pratique r flexive ne rejette nullement les th ories mais r fute l id e d une d marche de formation dans laquelle le savoir th orique serait totalement enseign hors du contexte d action Le paradigme r flexif utilise les savoirs d claratifs ou proc duraux comme des l ments d une grille de lecture des situations ducatives ou comme lignes d orientation de l action Quotidiennement le professionnel doit r soudre des probl mes auxquels il n est pas pr par et qu il ne peut traiter par simple application de connaissances acquises dans des livres ou en formation La notion de r flexivit peut s av rer un appui de premier ordre pour les personnes qui s engagent emprunter les mar cages et pour aborder les difficult s de la pratique professionnelle Sch n distingue deux modalit s d apprentissage par la r flexion la r flexion dans l action et la r flexion sur l action 56 3 1 La r flexion dans l action Dans sa class
458. raticiens de mettre en oeuvre l ensemble des diff rentes phases de minuter leur dur e etc Cette perspective technique de l enseignement o il suffirait d appliquer une d marche pr d finie comportant certains invariants pour que tous les l ves apprennent ne permet pas toujours aux jeunes ma tres de comprendre la complexit de la situation ducative o s entrem lent plusieurs influences dont certaines d pourvues d objectivit Pensant qu il suffit de bien appliquer les pr ceptes de la p dagogie officielle les novices s tonnent de constater que certains l ves ne sont pas int ress s par leur enseignement que d autres ne parviennent pas comprendre l objet tudi Ils prennent alors conscience de ne pas avoir une emprise totale sur ce qui se joue dans la classe et que d autres facteurs influent sur l efficacit de leur action Ils constatent que l l ve est bien l acteur principal de ses apprentissages et qu en l absence de motivation d int r t ou de sens donn son travail ses progr s sont limit s Ce constat qui peut s av rer difficile accepter pour le p dagogue car il brise son illusion d miurgique largit le prisme au travers duquel le novice appr hende les t ches d enseignement Apr s la mise en uvre initiale d une p dagogie des causes o le ma tre croit pouvoir agir sur l l ve et d clencher les apprentissages de mani re m canique l enseigna
459. ratique professionnelle Faire d crire ce moment Qu est ce qui vous a int ress l Avez vous re u cette ann e la visite ou les visites d un conseiller p dagogique 105 p dagogiques Comment cela se d roule t il Je vous propose de choisir un entretien de formation en particulier un entretien qui vous a sembl int ressant formateur peut tre Installation dans le contexte quand o avec qui Comment s est d roul cet entretien le d but les grandes tapes la fin Dans cet entretien que nous voquons je vous propose si vous le voulez bien de revenir plus pr cis ment sur un moment que vous consid rez comme positif et aidant pour votre travail Prenez votre temps Y a t il un moment qui vous revient Description du cadre spatial et du positionnement corporel Qu est ce qui vous revient de ce moment l Que se passe t il ce moment l Qu est ce que vous faites Le questionnement vise la description du v cu de l entretien travers la recherche des prises d informations comment vous savez que du sujet et des op rations d ex cution qu est ce que vous faites comment vous faites quand La formation informelle Les exp riences hors du champ professionnel pr sent Nous venons d voquer la formation institutionnelle commune l ensemble des ma tres novices Avez vous v cu en dehors de ce cadre une situation une
460. ravail didactique Pour chaque mati re ils se sont construit progressivement une trame un mod le d organisation qui leur convient et qu ils appliquent maintenant r guli rement m thodiquement sans h siter y apporter des ajustements s ils estiment que la situation le n cessite Comme ils n ont plus de longues recherches effectuer l criture des pr parations est alors bien plus rapide En outre l quilibre entre la vie professionnelle et personnelle tend se stabiliser Lorsque les n o titulaires prennent la direction d une classe ils s investissent pour la plupart sans compter dans le m tier qu ils d couvrent Ils prennent alors conscience du caract re sur prenant Ba llauqu s 1993 de cette profession qui les occupe la journ e les week ends les vacances et qui les habite parfois la nuit Apr s quelques mois supporter ce rythme de travail le besoin d un nouvel quilibre se fait jour Les propos recueillis montrent que cette situation est atteinte par les ma tres la fin de l ann e et tous sont satisfaits de l organisation qu ils ont su mettre en uvre pour pr server une vie personnelle normale Conjointement cette plus grande facilit dans l laboration de l activit didactique les ma tres voient leur horizon d enseignement gagner en profondeur Au d but le novice accapar par les multiples t ches auxquelles il doit faire face n est capable d enseigner qu
461. rce que je le sens quand m me un petit peu comme une inspection on va dire un jugement E2 158 Pour me donner des conseils il a fallu qu elle m value qu elle value mon travail mon comportement tout quoi Je le ressens aussi important qu une visite d inspection je dirais presque je le ressens comme a E1 298 Certains propos montrent que le conseiller p dagogique n est pas imm diatement per u comme un coll gue formateur mais davantage comme un membre du corps hi rarchique adjoint ou associ de l inspecteur Rappelons que dans les faits les conseillers ont le statut d enseignant et ne b n ficient d aucun pouvoir d autorit Je vais pas dire au conseiller p da ah non cette apr s midi vous pouvez pas venir je me permettrais pas pour moi c est quand m me quelqu un qui fait partie des autorit s sup rieures ES 150 Durant les premi res semaines d enseignement tous les novices ont bien conscience de la perfectibilit de leur pratique professionnelle Habit s par le doute et l incertitude ressentant l impression de ne pas pouvoir enseigner comme on le leur a appris en formation ils appr hendent le fait de devoir se d voiler et de montrer leurs faiblesses une personne ext rieure la plupart du temps inconnue d eux et dont ils ne connaissent pas pr cis ment les raisons de la visite Je me sens pas je me sens pas au top je sais qu il y a plein de choses qui
462. re eux ignoraient encore tout de la trajectoire 311 professionnelle qu ils allaient emprunter quelques ann es plus tard Nous voulions savoir en quoi ces tudes avaient pu contribuer leur pr sente professionnalit 1 Une certaine facilit dans l enseignement de la discipline tudi e L tude des arts plastiques des artistes et des uvres principales les caract risant offre Manuella une plus grande aisance dans l enseignement de cette mati re avec les l ves Disposant d un savoir important dans le domaine des arts visuels la d marche didactique mettre en oeuvre lui semble aller de soi et ne n cessite pas de sa part un travail de conception trop important En ayant tudi l histoire de l art donc j ai un aper u tr s g n ral et global de l artiste et de ses uvres donc a m aide norm ment d j je sais quand j ai une id e je vais travailler sur un graphisme par exemple en graphisme sur les ronds par exemple je prends un exemple tr s concret tout de suite dans ma t te je vois les images d uvres qui vont m aider donc j ai tout de suite les artistes qui s y r f rent et ayant tudi les tableaux je sais plastiquement comment approcher l uvre El 12 Ces sentiments d aisance et de facilit disciplinaires et didactiques se retrouvent dans plusieurs discours a donne des rep res a nous donne nous les connaissances n cessaires pour r pondre
463. re pratique professionnelle 4 3 La premi re inspection Au cours du second trimestre de l ann e scolaire les ma tres prouvent leur premi re inspection Cette visite cl ture le dispositif d accompagnement mis en uvre durant les 305 deux premi res ann es Plus encore que les visites des conseillers p dagogiques les entretiens montrent quel point ce moment est particuli rement redout J tais tr s tr s stress e J ai beaucoup angoiss par rapport a J avais peur qu on me mette face des choses auxquelles je ne pensais pas donc j avais un manque de confiance en moi E11 170 Le seul facteur stressant cette ann e c tait bien a E9 138 J tais vraiment obnubil e par cette inspection l E15 168 D un point de vue strictement p dagogique l influence formative de cette visite semble dans la grande majorit des cas faible voire non per ue C est par rapport la diff renciation que je peux faire en classe o il va falloir que je vois a diff remment avec mes l ves qui n ont pas le niveau C est ce quoi on m a demand de faire plus attention et de progresser Je me dis qu il va falloir le faire que pour l instant j y avais pas attach assez d importance E11 178 180 Et avec l inspecteur je lui ai pos une question qui manait directement de la s ance que je venais de lui montrer et il a essay de m apporter des r ponses
464. re toujours vive Ce v cu positif trouve essentiellement sa source dans les satisfactions que per oivent les jeunes ma tres Les progr s des l ves leur investissement dans les activit s propos es et la mise en uvre d une relation ducative empreinte de confiance et de respect mutuels constituent les l ments les plus souvent cit s Dans le m me temps deux ann es d enseignement ne suffisent pas d passer toutes les difficult s Tous les ma tres ont fait part de certains probl mes ponctuels ou permanents qu ils ont rencontr s Nous pouvons remarquer qu il n appara t pas une ou plusieurs difficult s sp cifiques que chacun devrait obligatoirement affronter durant l exercice de sa seconde ann e d enseignement Les entretiens soulignent davantage une diversit d l ments probl matiques possibles li e au contexte d exercice et la situation de chaque jeune ma tre Cependant il est noter que les difficult s concernant les relations 272 avec les l ves n apparaissent gu re dans les seconds entretiens et nous pouvons penser que ceci est la cons quence d un d veloppement des comp tences dans la gestion relationnelle de la classe et des enfants S il est difficile de proc der des affirmations g n rales plusieurs enseignants nous ont fait part de la forte charge li e au temps qu ils ressentent Temps de recherches personnelles temps de pr paration temps de correction s ajoutent
465. rectivit intransigeante et un laisser aller qui ne permettent gu re d tablir un climat de classe propice aux apprentissages La seconde cat gorie porte sur la gestion des l ves au comportement difficile Face aux enfants pr sentant des troubles du comportement les enseignants manquent de savoir faire Ils ne savent pas toujours non plus tablir un diagnostic pr cis afin de juger s il est n cessaire ou non de recourir un sp cialiste La troisi me famille de difficult s est li e l valuation et la notation Les praticiens d clarent ressentir des difficult s valuer le niveau global de la classe mais galement le niveau des apprenants pris isol ment Enfin la derni re cat gorie concerne le rapport au temps Les activit s didactiques sont pr par es et mises en uvre au jour le jour Il n y pas de pouvoir d anticipation ou de projection moyen terme de l activit professionnelle En abordant le m tier d enseignant les praticiens sont envahis par des incertitudes et des doutes quant leurs comp tences professionnelles Ils comptent sur leur confrontation quotidienne au terrain l exp rience naissante pour construire leurs savoirs pratiques Or dans certains cas les conditions d insertion professionnelle impos es sont si difficiles si chaotiques qu elles entra nent davantage de tension de malaise de peur voire de d tresses mentales qu elles ne conduisent des d buts r us
466. renciation je me suis dit que c tait peut tre pas si dur que a mettre en place E3 152 Le soutien peut rev tir une tonalit psychologique lorsque les paroles du formateur encouragent et rassurent les novices Maintenant je sens vraiment qu on est soutenue et on est encourag e et pour moi c est vraiment vraiment tr s important E3 174 On n est pas seule On se sent pas seule M me si on a des coll gues autour de soi c est pas pareil ES 190 192 Le fait qu elle ait dit quand m me que la s ance d EPS tait tr s bien a rassure on se dit qu on n est pas nulle E6 202 Concernant la forme de l entretien les propos des ma tres montrent qu il est pr f rable selon eux de d buter le dialogue par la mise en valeur des l ments positifs de l observation Cette vocation premi re des points satisfaisants valorise juste titre le travail du novice et semble entra ner ensuite une plus grande acceptation des interrogations des critiques des remarques mises par le formateur sur la pratique de classe On a commenc l entretien par un sourire et par une grosse note positive dans le sens o clairement la personne tait tr s contente de ce qu elle avait vu et puis il y a eu des encouragements presque des f licitations a suffit pour mettre dans de bonnes dispositions pour la suite de l entretien E4 129 Le fait qu elle m ait di
467. repr sentations au sein d un cadre interpr tatif travers lequel le formateur per oit les s quences observ es 4 4 2 L entretien Dans la plupart des cas un entretien entre le professeur et le formateur a lieu imm diatement apr s l observation L encore les pratiques d entretien sont tr s vari es selon les habitudes et la formation des conseillers cet outil Il porte essentiellement sur la pratique professionnelle propos e par le ma tre et vise analyser les choix p dagogiques et didactiques r alis s par le praticien dans les situations d enseignement qu il a men es Comme l indique sa fonction le conseiller p dagogique propose g n ralement des conseils susceptibles d aider le novice enrichir ses gestes professionnels Ces conseils peuvent concerner tout un ensemble de domaines le travail de pr paration la relation p dagogique le d roulement des activit s l organisation spatiale de la classe les travaux des l ves L entretien de formation vise essentiellement d velopper la construction d une posture r flexive chez les jeunes enseignants Il peut aussi selon Foucault 1975 comporter un aspect plus sombre Pour cet auteur ces injonctions l analyse par le sujet de ses actes et de ses cons quences qui en cas de difficult s le confronte devant t moins pairs ou formateurs ses propres limites rel veraient de proc dures subtiles d assujettissement avatar la cis
468. ression dans ses connaissances E18 30 Dans ce m me mouvement les professeurs deviennent plus attentifs aux enfants leurs r ussites leurs difficult s au degr de compr hension des notions tudi es Ce faisant ils commencent r guler les progressions d enseignement qu ils ont con ues pr alablement en fonction des observations qu ils peuvent faire durant les s ances Effectivement en premi re ann e on arrive sur le terrain on a des programmations des progressions qui sont bas es sur les contenus th oriques des instructions officielles et assez vite on est oblig d adapter a aux niveaux r els des l ves Progressivement on arrive plus rapidement situer l l ve dans sa progression personnelle E18 28 La premi re s rie d entretiens montre que tous les ma tres ont le sentiment d avoir enrichi leur pratique et accru leur efficacit professionnelle depuis leur prise de fonction Ces points d volution qu ils ont per us participent assur ment la consolidation de l identit de soi comme enseignant L entr e dans le m tier entra ne des difficult s des d ceptions des d s quilibres cognitifs et affectifs que les novices doivent surmonter Elle apporte galement des satisfactions des joies et des fiert s lorsque les ma tres constatent des r ussites li es leur action professionnelle Les praticiens ach vent l ann e scolaire forts d une confiance et d u
469. riences des praticiens Ce sont elles qui nous serviront de points d appui au cours de ce chapitre consacr l interpr tation globale des mat riaux discursifs Mais ici encore nous affirmons d embl e que le travail interpr tatif repr sente une d marche ouverte qu aucun point de vue ne peut pr tendre pouvoir circonscrire d finitivement Ricoeur 1986 L essentiel des tudes portant sur l insertion des enseignants ont soulign l pret des d buts et les multiples difficult s auxquelles se heurtent les n o titulaires Ce qui tait vrai il y a quinze ou vingt ans Veenman 1984 Huberman 1989 Ba illauqu s et Breuse 1993 l est il encore aujourd hui compte tenu des multiples volutions concernant la 318 formation des enseignants l exercice du m tier la vie scolaire dans son ensemble Peut on encore parler d exp rience crisique H tu 1999 I La premi re ann e d enseignement Nous avons d j soulign le fait que la premi re s rie d entretiens que nous avons conduits avec les jeunes ma tres se sont tous d roul s durant le troisi me et dernier trimestre de l ann e scolaire Les praticiens disposaient alors de plusieurs mois d exp rience qu ils ont mis profit pour s adapter progressivement la complexit de la t che Tous ont trouv ce moment l un premier quilibre qui les rassure sur leurs aptitudes enseigner Cependant lorsque les professeurs se rem
470. rmet aux futurs ma tres de s approprier des connaissances et des savoir faire qui leur permettent d enseigner en toute responsabilit d s le premier jour de la rentr e Cette situation ne signifie pas n cessairement une efficacit pleine et imm diate de leurs gestes professionnels Berliner 1986 distingue cinq niveaux d efficacit professionnelle le novice qui apprend et applique des proc dures le d butant avanc qui commence tenir compte des contextes de son action et qui utilise son exp rience naissante en fonction des analogies des similitudes qu il peut d celer le comp tent plus avanc dans la possibilit d op rer des choix p dagogiques pertinents exp riment qui a accumul de l exp rience et qui op re une r flexion dans l action afin d ajuster ses activit s au contexte de la classe ce moment l expert enseignant exp riment dont les capacit s de r flexion et d action sont particuli rement lev es Nous avons d j exprim quelques r serves sur ces mod les qui figeant la r alit ne permettent pas d appr hender la complexit du r el Cependant ils nous sont utiles car ils r v lent un itin raire professionnel dynamique constitu d adaptations de d s quilibres d accommodations de progr s 3 A x Qv en est il de ce parcours de formation des jeunes ma tres durant les deux premi res ann es d enseignement S Alava affirme q
471. rn e comment je lai pr par e E8 146 Cependant la quantit de travail qui est exig e para t souvent trop importante co teuse en temps et parfois redondante Maintenant moi ce que je n utilise pas et qui est vraiment l pour faire joli c est tout ce qui est fiche de pr paration Parce que quand j ai pr par diff rentes choses je sais comment je vais le mettre en place et apr s me prendre encore une demi heure pour taper tout pour le mettre en texte et faire joli que toute fa on je n utiliserai pas parce que quand je suis dans ma classe je ne me ballade pas avec une feuille en main tiens maintenant je vais dire a et la phase d apr s je vais dire a je pense qu on le pr voit quand on le fait J ai l impression que a fait double emploi et que c est l pour faire beau E8 146 Une autre enseignante consid re ce temps de r flexion et d laboration des s quences essentiellement dans la perspective d une exigence institutionnelle 167 Pr paration cahier journal Enfin j ai besoin il faut je comprends bien a mais des fois je comprends pas j ai pas besoin de tout a moi pour me structurer ma journ e et donc du coup a me g ne de faire a parce que a me fait perdre un temps fou E6 80 4 1 3 L valuation diagnostique des l ves Une autre difficult concerne la capacit des jeunes ma tres valuer suffisamment finement les comp tences des l ves
472. rpr tation personnelle de la situation p dagogique que propose le formateur peut r v ler l autre ce qu il n avait pas vu Ses paroles ne font souvent que mettre en vidence des l ments qui existent d j Par le questionnement du conseiller l entretien permet de porter la conscience r fl chie du ma tre des l ments du pr r fl chi comme les connaissances automatis es les connaissances dormantes au sujet desquelles l individu ne s est jamais interrog Je vois ma progression je me dis c est vrai c est pas clair je le vois je remarque en relisant et en coutant ce qu elle me dit elle me pose souvent sous forme de questions elle me met sur une piste en reposant une question donc l elle a d me poser votre objectif est ce que vous ne pouvez pas le reformuler autrement a ne serait pas plus clair autrement L je me rends compte que mes objectifs sont pas tr s clairs et voil E1 270 Il m a dit d viter que moi j aie le monopole de la parole Apr s avec du recul c est vrai que je me suis rendu compte que c tait pas moi de parler toute la journ e E5 174 A ce moment l je me rends compte que effectivement ben je me rends compte de l importance que a a et je lui ai dit que je m en tais pas rendu compte et que pour moi c tait une perte de temps de faire des affiches E3 162 Je r fl chis et je me dis oui c est vrai J aurais d faire comme a
473. rre 2003 231 Les premi res semaines d enseignement sont particuli rement prouvantes pour les d butants Puis au fil du temps et de l nergie d ploy e les ma tres parviennent sortir la t te de l eau et ils commencent alors percevoir des l ments de satisfaction li s l exercice du m tier Parmi ceux ci les relations quotidiennes tiss es avec les enfants et les progr s r alis s par les apprenants constituent les principales sources de satisfaction La rencontre quotidienne avec les l ves entra ne des changes et une certaine familiarit relationnelle s installe avec les enfants Ces derniers ne consid rent pas le ma tre comme un membre de leur famille mais il est bien davantage qu une personne ordinaire De la m me mani re l adulte consid re avec plus d affection les apprenants de sa classe que les autres l ves de l cole Ces liens privil gi s qui se tissent sont particuli rement appr ci s des jeunes professeurs Au fil de leur enseignement les ma tres constatent une volution dans les comp tences et les acquisitions des apprenants Ils prouvent alors une intense satisfaction car l observation des r ussites t moigne des effets f conds de leur pratique sur les apprentissages des enfants Il en d coule un sentiment de fiert De plus ces progr s viennent concr tiser l engagement et les efforts personnels importants que les novices fournissent pour mener bien
474. rs un rapport l autre empreint de confiance l absence d une quelconque crainte ou d une peur et l existence d un respect mutuel entre les enfants et l adulte de r f rence qu est l enseignant Certains propos laissent galement entrevoir un aspect affectif dans la relation aux l ves qui satisfait les ma tres 264 Oui j ai toujours cette m me relation oui affective c est quand m me affectif Je me rends compte que c est affectif E9 52 C est un ge encore innocent o on arrive avec rien du tout les rendre heureux E13 26 Moi je leur ai demand qu ils m appellent par mon pr nom E14 62 Pour expliquer la mani re dont il organise la vie de classe et la relation ducative J r me voque la notion d autonomie des apprenants Alors qu H l ne n appr cie pas l enseignement dans des classes de cycle 3 en raison pr cis ment de l ge des l ves et de l autonomie que ces derniers ont acquise je crois que c est vraiment la tranche d ge L ils ont besoin d autonomie et moi j ai du mal donner de l autonomie E14 32 J r me aurait lui souhait que l autonomie de certains de ses l ves s accroisse encore davantage Pour ce jeune ma tre favoriser l autonomie et avoir la possibilit de faire confiance vont de pair On pourrait encore avoir une autonomie de la classe plus importante Savoir que lorsque je travaille sp
475. rs des coles d butants durant les deux premi res ann es de leur insertion professionnelle En France la question de l entr e dans le m tier d enseignant bien pr sente sur le terrain et dans le v cu des personnes concern es n tait gu re appr hend e par les instituts ou les acteurs de la formation En 1992 une recherche relative la prise de fonction des instituteurs men e par l Institut National de Recherche P dagogique mettait en vidence la grande difficult des d buts dans l enseignement et affirmait que pour la plupart des praticiens novices l exp rience premi re est en un mot celle de la souffrance Louvet Baillauqu s 1992 87 Dans notre propre pratique professionnelle il nous arrive r guli rement d accompagner des ma tres novices pour lesquels l exercice quotidien du m tier entra ne d importantes difficult s Parfois certains d butants ne parviennent pas surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin Ils sont alors sortis de leur classe et poursuivent l ann e scolaire sur des postes moins expos s Lorsqu on prend connaissance des travaux ant rieurs portant sur cette premi re phase de la carri re on trouve surtout des r sultats de recherches assez anciennes La plupart d entre elles abordent la question essentiellement sous l angle des difficult s rencontr es par les enseignants novices Plus r cemment des travaux ont port sur l ensemble du parcour
476. rt la personne et apr s il y a un mur qui s est fait E8 172 178 194 Les visites de formation lorsqu elles se d roulent de fa on satisfaisante apportent aux jeunes ma tres un sentiment de confiance de comp tence et une certaine reconnaissance institutionnelle qui participent au d veloppement et la consolidation du moi professionnel des d butants 5 Le ma tre r f rent Le plan d accompagnement de l entr e dans le m tier pr voit que chaque enseignant d butant se voit d signer un ma tre r f rent Nous avons vu dans la premi re partie de 241 cette r flexion que la mise en uvre de ce dispositif est pour le moins lacunaire un nombre important de jeunes ma tres ne b n ficie pas de cette mesure Sur le terrain et sans m me savoir qu ils y ont droit certains d plorent l absence aupr s d eux d un coll gue plus exp riment susceptible des les aider d passer les tracas ou les difficult s auxquels les novices sont r guli rement confront s durant la premi re ann e Moi je pense a serait bien d avoir un tuteur une personne r f rente a serait bien de trouver quelqu un sur qui on peut se reposer et qui nous convienne E6 240 244 Parmi les huit enseignants interrog s seuls quatre d entre eux ont exp riment cet accompagnement individuel Pour chacun les apports du ma tre r f rent sont consid r s comme faibles voire inexistants et ce pour
477. s 1993 167 Le minist re de l Education du Qu bec a propos en 1996 une r forme visant entre autres l am lioration de l entr e dans le m tier des nouveaux arrivants Les tudiants d sirant devenir enseignants suivent quatre ann es d tudes et de formation sanctionn es par un brevet officiel d enseignement L valuation tant r alis e avant la prise de fonction il semble alors moins ardu d organiser une p riode d insertion professionnelle centr e essentiellement sur le d veloppement professionnel des nouveaux ma tres Desgagn 1995 Rapport final de la Commission des Etats g n raux sur l ducation 1995 96 R nover notre syst me d ducation dix chantiers prioritaires Qu bec minist re de l Education 24 Diff rentes analyses portant sur ces programmes d insertion soulignent les objectifs essentiels de ces activit s d accompagnement la prise de fonction faciliter le passage du statut d tudiant celui d enseignant comp tent offrir une continuit entre la formation initiale et la prise de fonction permettre le d veloppement des habilet s des connaissances des attitudes et des valeurs n cessaires l accomplissement d un enseignement efficace augmenter le rendement et la satisfaction au travail des ma tres d butants pr parer les novices au choc de la r alit et all ger l isolement l anxi t et le manque de confiance en soi v cu
478. s Altet 1996 plaide pour une formation des ma tres qui vise le d veloppement du savoir analyser afin de transformer la pratique en exp rience Cette m tacomp tence est essentielle mais elle ne semble pas suffisante Il s agit aussi et peut tre d abord de vouloir apprendre c est dire de disposer d une force endog ne d une motivation autod termin e Carr 2006 26 qui donne au sujet l envie ou le besoin de progresser Il semble que le parcours de formation des ma tres soit troitement li ce que ce chercheur nomme la posture d apprenance un ensemble stable de dispositions affectives cognitives et conatives favorables l acte d apprendre dans toutes les situations formelles ou informelles de fa on exp rientielle ou didactique autodirig e ou non intentionnelle ou fortuite Ibid 23 Cependant dans le contexte souvent difficile de l insertion professionnelle o les jeunes enseignants ont parfois le sentiment d tre submerg s par la multitude et la complexit des t ches accomplir il appara t galement essentiel de donner aux novices les possibilit s de pouvoir apprendre Se pose ici la question de l environnement professionnel des opportunit s des situations ou des exp riences d apprentissage que l co propose afin de favoriser le d ploiement de l autoconstruction professionnelle Nous percevons l combien le dispositif d accompagnement de l entr e
479. s tes responsable de cette classe depuis le mois de septembre Avez vous remarqu une volution un changement dans votre pratique de classe Qu est ce que c est ce changement Sur quoi porte t il Comment l expliquez vous 104 L autocon struction profession nelle quotidienne La coformation l aide des coll gues et ou du ma tre r f rent L autoinformat ion ouvrages p dagogiques internet Les stages Accompagne ment de l entr e dans le m tier Le suivi des conseillers Prendre un autre point Le terme d quipe p dagogique est fr quemment utilis dans les textes officiels Avez vous re u ou demand de l aide des conseils aupr s d un ou plusieurs de vos coll gues Comment cela s est il pass En quoi cette aide vous a t elle t profitable Y a t il quelque chose qui n a pas t aidant pour vous Lisez vous des livres des magazines en rapport avec votre m tier Avez vous recours des ouvrages de p dagogie g n rale L outil internet vous est il aidant Vous avez particip deux semaines de stage portant plus sp cifiquement sur la premi re ann e d enseignement Demander quelques pr cisions contextuelles lieu moment intervenants Pouvez vous faire une description rapide des contenus propos s Y a t il eu un ou plusieurs moments dans ce stage qui vous ont paru plus particuli rement int ressants pour votre p
480. s avions c ur de pouvoir tablir une relation de confiance condition qui permettait selon nous de recueillir des propos authentiques Nous pensons tr s honn tement y tre parvenu car certains moments des entretiens et lors des retranscriptions nous avons vraiment le sentiment que les personnes n ont pas h sit se d voiler en voquant par exemple leurs difficult s professionnelles Quand on sait quel point la pratique quotidienne de l enseignant est ressentie comme une aventure personnelle et intime l abri du regard d autres adultes nous avons re u la sinc rit de ces propos comme la marque d une confiance tablie 2 Op rationnalisation de la recherche La mise en uvre des entretiens n cessite au pr alable la conception d un plan qui comprend la fois l ensemble organis des th mes que l on souhaite explorer le guide d entretien et les strat gies d intervention visant ce que l information obtenue sur chaque th me soit la plus compl te et la plus juste possible Pour favoriser la production d un discours le plus abouti possible en termes d informations l interviewer dispose essentiellement de trois modes d intervention les modes d claratif interrogatif et r it ratif Blanchet Ghiglione Massonat Trognon 1987 Dans le mode interrogatif l enqu teur demande explicitement le point de vue de son interlocuteur sur un th me donn Le mode r it ratif consi
481. s les jeunes praticiens trouvent l un espace de parole pour exprimer ce qu ils vivent leurs d ceptions leurs r ussites aussi Ces changes les rassurent car ils leur r v lent bien souvent toute la difficult voire l impossibilit qu il y a ma triser toute la complexit du m tier et cela m me pour leurs interlocuteurs chevronn s Jen parle avec ma coll gue de CP pour voir si elle est satisfaite des efforts qu ils ont faits de l o ils sont arriv s a aussi a rassure le fait de voir qu elle est contente qu on en est arriv l qu ils savent d j a et a a me rassurait plus de ce c t l Moi je sentais les enfants je les voyais bien A la fin de l ann e j tais satisfaite mais il restait encore le doute de savoir si pour la classe d apr s a allait suffire La premi re ann e on sait pas trop et quand la coll gue vous dit que c est bon qu il n y a pas de probl mes a rassure E17 38 D une mani re g n rale la recherche fait appara tre que la dynamique sociale des apprentissages s appuie tr s largement sur des d marches interindividuelles alors que la construction collective des apprentissages semble moins op rante Les entretiens soulignent nettement l apport formatif de ce processus de coformation et il semble vraiment important que tous les ma tres d butants puissent vivre une telle collaboration Je ne pourrais pas m en passer Dans une classe uniqu
482. s les ma tres prouvent des difficult s se positionner affirmer leur professionnalit Ils n ont pas conscience de l importance que rev t cette relation pour les l ves mais aussi pour leur propre travail L exp rience de cette premi re ann e modifie cette perspective Les professeurs souhaitent pour leur prochaine rentr e d velopper des relations plus nourries avec les parents car ils ont per u l int r t pour eux et pour les l ves de ce dialogue D avoir des contacts un peu plus rapproch s avec les parents de les voir plus souvent lorsque c est possible mon avis c est b n fique d essayer d expliquer aux parents comment a se passe dans la classe parce qu il y a certains l ves qui parlent pas beaucoup leurs parents donc c est tr s utile d en discuter avec eux pour moi a t tr s utile E4 82 Pour J r me il s agit aussi travers ces changes d offrir aux parents une meilleure lisibilit de sa propre action professionnelle et des d cisions qu il est amen prendre dans la gestion de sa classe Le dialogue permet d informer les parents sur la scolarit de leur enfant dont ils ne savent souvent que tr s peu de choses De leur c t les parents peuvent apporter leur propre clairage sur une situation Ces changes r ciproques favorisent une relation de confiance entre le ma tre et la famille 3 3 Une clarification de la relation l autorit Si
483. s beaucoup d habitude Elle m a donn d autres mani res de diff rencier que je connaissais pas forc ment a a t profitable aussi J ai t contente de l entretien Pas en termes de positif n gatif mais il a t enrichissant pour le futur E14 156 158 Manuella diff rencie les visites de la conseill re p dagogique de l inspection Les premi res sont per ues dans une perspective formative C tait plus les visites de la conseill re p da en premi re ann e qui m ont apport quelque chose que l inspection C est quelqu un qui venait donner des conseils Si on prend bien les conseils et on les suit tout se passe bien E9 142 Quant l inspection cette enseignante l inscrit dans une logique normative L inspection c est la vraie valuation E9 142 Tout en tant particuli rement crainte cette visite appara t aussi paradoxalement tr s attendue presque d sir e par les jeunes enseignants Nous rencontrons nouveau chez ces derniers ce qu ils nous avaient d j dit un an plus t t au sujet des visites des conseillers p dagogiques M me apr s bient t deux ann es de pratique et plusieurs rencontres duelles avec des formateurs qui les ont pour la tr s grande majorit d entre eux rassur s sur la qualit et l efficacit de leurs gestes professionnels les ma tres prouvent toujours ce besoin d tre une nouvelle fois confort s dans leur pratique Le c
484. s dans les heures de pr paration et on se rend compte qu on y passe aussi norm ment de temps E3 96 Pour H l ne ce temps de pr paration s est galement accru en raison de l exigence institutionnelle Sans en prouver le besoin ou la n cessit elle s est r sign e s imposer ce travail qu elle estime inutile pour sa pratique Oui plus qu avant C est la conseill re p dagogique qui m a dit il faut au moins faire a a a a Oui voil J en fais quand m me plus qu avant E6 116 118 2 Le d veloppement professionnel dans ses aspects p dagogiques 2 1 Une pratique qui s toffe Certains ma tres ont le sentiment d avoir diversifi et enrichi leur pratique p dagogique Ils soulignent cette volution travers les projets p dagogiques qu ils ont su mener avec leur classe Oui c est beaucoup la p dagogie du projet Jusqu deux trois semaines des vacances de No l je n avais mis en place aucun projet parce que j avais d j du mal me situer moi m me par rapport au groupe et j avais du mal trouver un projet de classe qui pouvait s articuler sur les deux cycles Et depuis les projets s encha nent je suis beaucoup plus laise dans le projet sur les deux cycles E5 88 Et puis la mise en place de projets Au d but je n en faisais pas je restais sur des choses tr s scolaires et maintenant j arrive faire des projets qui sont int r
485. s de formation initiale des ma tres et sur les tout d buts de l exp rience d enseignement Guillot 1998 Gondrand Pierrard 2001 Wentzel 2004 Au Canada Lamarre 2003 a tudi l exp rience de la premi re ann e d enseignement avec cinq jeunes personnes Mais nous n avons trouv aucune tude longitudinale r cente investiguant l entr e dans le m tier au del de la premi re ann e professionnelle Notre recherche tente dans une premi re tape d tablir et de comprendre ce qui est v cu par les jeunes ma tres au cours des deux premi res ann es d enseignement Quelles sont 1 R So aa D AE pa A exception de certains passages o nous privil gions les termes f minins d enseignante ou de ma tresse d cole lorsqu il est question directement de personnes ayant particip cette recherche nous utiliserons toujours les termes d enseignant ou de ma tre dans un sens g n rique leurs satisfactions Leurs difficult s Comment proc dent ils pour tenter de surmonter les cueils qu ils rencontrent dans l exercice de leur profession Depuis quelques ann es maintenant les r flexions portant sur l insertion professionnelle des professeurs novices font appara tre la n cessit de porter une attention toute particuli re aux personnes qui d butent dans le m tier d enseignant Fort de ce constat le minist re de l Education Nationale envoyait au mois de septembre 2001 une circula
486. s de notre recherche vivent assez p niblement cette relation et la consid rent comme une difficult dans l exercice de leur m tier Ce sont essentiellement deux reproches qui sont adress s certains parents un d sint r t envers la scolarit de leur enfant et la mise en uvre d initiatives allant l encontre de ce qui est dit ou fait par le ma tre de la classe J ai l impression que les parents pas forc ment tous les parents mais la plupart ne vont pas dans notre sens ils ne nous aident ils ne nous facilitent vraiment pas la t che Pas plus tard qu hier ben justement l l ve m a dit de toute mani re mon p re m a dit que quand on me faisait quelque chose je devais me d fendre ben a a nous facilite pas la t che parce que tous les jours on lui dit non il faut pas se battre il faut pas faire de bagarres E3 66 Je trouve que les relations sont jamais simples avec les parents elles sont toujours complexes il y a des parents qui ont clairement pris en grippe le syst me scolaire qui sont pr ts remettre en cause tout ce que je fais dans la classe les m thodes ou bien m me les contenus E4 70 174 Cette attitude des parents entra ne pour l enseignant une double d ception Pour son l ve qui confort par l autorit parentale ne modifie rien son comportement et ou la qualit du travail qu il fournit Je suis d u parce que je me dis que l enfant il
487. s dents on n avait pas forc ment envie de 262 repasser le concours mais bon Je suis contente d avoir boucl la boucle professionnelle et d apporter des choses aux l ves E13 84 C est un m tier que j ai choisi que j ai vraiment choisi Je voulais devenir enseignante C est ce que je voulais faire C est ce que j avais envie de faire E9 60 66 On a travaill plusieurs ann es pour atteindre un but et r ussir un concours avoir une profession stable c est gratifiant E11 84 Je le vis bien J ai toujours voulu faire ce m tier donc je suis contente de ce que je fais Je suis satisfaite parce que je suis arriv e au bout de ce que je voulais arriver E16 76 78 Tout en exprimant sa satisfaction J r me nuance ses propos par l vocation de deux l ments qu il per oit n gativement une repr sentation collective du m tier d enseignant jug e peu valorisante et un salaire modeste par rapport aux dipl mes requis et aux missions ducatives des enseignants Je suis tr s content de mon m tier et des satisfactions qu il m apporte Certaines fois on regarde les copains qui font d autres m tiers et on se dit mince J ai quand m me fait un bac 5 finalement je pourrais gagner plus Et puis il y a un autre aspect de frustration par rapport ce m tier l souvent quand on dit qu on est instituteur on est catalogu comme des gens qui ne font jamais rien qu
488. s difficiles Dans d autres situations les ma tres d butants constatent un d calage entre ce qu ils imaginaient ou esp raient et le comportement des l ves tel qu ils le vivent au quotidien 161 Ils bougent ils gigotent ils peuvent pas rester assis calmement comme vous et moi c est pas possible tout le temps tout le temps des chaises qui tombent tout le temps E2 64 Ils sont beaucoup plus chahuteurs que ce que j escomptais ils sont quand m me beaucoup moins motiv s par l cole et surtout ils sont beaucoup plus distraits je pensais pas que les l ves seraient aussi distraits E4 52 La mani re dont les ma tres ressentent cette situation semble amplifi e par la r miniscence de leur propre pass d l ve On a quand m me l image des l ves telle que nous tions sur les bancs on fait quand m me une retransposition E4 52 Moi j avais cette id e de l cole que moi m me j ai connue et maintenant quand il y a quelque chose qui leur pla t pas ils ont vraiment pas peur de le dire quand ils s ennuient ils le disent quand le livre ne leur pla t pas ils le disent Moi m me en tant qu l ve je ne me serais jamais permis de dire que les livres de lecture suivie taient nuls E3 88 Les difficult s instaurer et maintenir des r gles de vie collective partag es par tous et garantes d une ambiance de classe propice aux apprentissages entra nent diff
489. s individus au centre du processus d apprentissage La forme organisationnelle des situations d enseignement privil gie l activit du sujet ainsi qu une action p dagogique fond e sur l apprenant et ses acquis ant rieurs Ces pratiques d inspiration constructiviste traduisent le souci et la volont des ducateurs de donner l apprenant un statut d agent actif de sa formation aid des ressources de la m diation p dagogique 2 3 En sociologie La perte d influence des institutions sociales traditionnelles a entra n une mancipation de l individu et l mergence d un sujet social Selon J Dumazedier 1985 cette acquisition de nouveaux droits pour la personne accompagn e d une marge de manoeuvre plus importante participe l av nement d un sujet social apprenant qui d termine de mani re autonome ses propres moyens de formation 72 Dans le champ sociologique la fin des ann es 1970 voit l mergence de l ethnom thodologie qui porte son int r t sur les pratiques situ es quotidiennes se r alisant dans des contextes sociaux particuliers Ce courant analyse les fa ons de faire ordinaires les m thodes les proc dures que les individus mettent en uvre pour mener bien les diff rentes op rations qu ils accomplissent dans leur vie quotidienne L id e directrice est que les personnes les acteurs prennent une part active la d finition des situations dans lesquelles ils sont
490. s le m tier I 1 Les caract ristiques de l cole et de la classe Nous souhaitions avoir des renseignements pr cis sur ces l ments car il est possible que ces dimensions fortement contextualis es influent sur la mani re dont les d butants vont vivre les premiers mois d enseignement D bute t on de la m me mani re ou diff remment selon que l entr e dans le m tier se d roule dans une petite cole rurale deux classes ou dans un grand groupe scolaire situ en zone sensible I 2 La nomination et l avant rentr e A quel moment et dans quelles conditions la personne a t elle eu connaissance de son premier poste Comment a t elle v cu ce moment et dans quel tat d esprit a t elle abord les semaines et les jours pr c dant sa premi re rentr e I 3 Les conditions d accueil propos es par le directeur et les futurs coll gues Comment s est faite l int gration progressive du nouvel arrivant au sein de l tablissement et de l quipe p dagogique Quels sont les l ments qui ont particip selon lui cette int gration et quels sont ceux qui ont ventuellement manqu Profitant de ces moments relatant la prise de fonction officielle nous voulions galement savoir quel moment le jeune ma tre s tait lui pleinement senti enseignant THEME II Le rapport au m tier IL 1 Les r ussites et les satisfactions 100 Nous souhaitions pouvoir identifier les l ments de satisfaction pro
491. s p dagogiques centr es sur l apprenant 1 4 Une autre mani re d appr hender son m tier 2 Manuella 2 1 Une plus grande s r nit 2 2 Une organisation du travail plus rationnelle 2 3 Des projets p dagogiques cibl s et men s leur terme 2 4 Une pr sence langagi re plus discr te 3 Carmen 3 1 Une dur e de pr paration moindre 3 2 Une plus grande s r nit 4 Aur lie 4 1 Une meilleure adaptation de l offre ducative 4 2 Un certain d tachement 5 J r me 5 1 Une plus grande capacit d finir les comp tences effectives des l ves 5 2 Un rythme de travail plus lent 5 3 Une plus grande confiance en soi 5 4 Une certaine autonomie par rapport la norme p dagogique 6 Fr d rique 6 1 De l assurance 7 H l ne 8 Anne Marie 9 Du singulier au g n ral TI Les sources et les ressources de l volution professionnelle 1 Toujours la pratique 2 Les pratiques collaboratives avec les coll gues 3 L autoinformation 4 L accompagnement de l entr e dans le m tier 4 1 Les visites de classe 4 2 Les stages T2 4 3 La premi re inspection 5 Synth se AUTOFORMATION PROFESSIONNELLE ET EXPERIENCES DE VIE I Les tudes universitaires 375 274 274 274 275 275 276 277 278 278 278 278 279 279 279 280 281 281 282 282 283 283 283 284 284 285 286 286 287 290 291 292 296 299 299 301 305 310 311 311 PARTIE III CONCLUSION 1 Une certaine f
492. s que c est un choc parce que moi j avais d j l habitude de travailler avec les enfants avec les scouts dans un centre social J avais une exp rience du travail avec les enfants 319 qui tait d j l Je m occupe aussi un peu du club de basket B Le choc non Un grand foss entre l IUFM et le terrain oui c est ind niable Pour moi il n y a pas eu de choc E18 4 D buter dans l enseignement exige des praticiens novices qu ils multiplient les actions et les initiatives d s le premier jour de classe Ils doivent se familiariser avec les l ves avec un niveau d enseignement qu ils ne connaissent pas ou peu avec le mat riel dont ils peuvent disposer A peine arriv s ils doivent am nager la salle comme ils le souhaitent planifier et pr parer les activit s didactiques et bien s r enseigner D couvrant un nouvel environnement confront s de multiples t ches responsables solitaires de la classe la situation qu ils prouvent s av re inconfortable car elle est nouvelle et complexe C est une des raisons pour lesquelles les premiers mois d enseignement entra nent bien souvent davantage de tension d ins curit d interrogation de fatigue que la suite du parcours professionnel Une fois que l organisation que la bonne marche est comprise il n y a plus de probl mes Apr s tout s ajuste on fait des petits bilans mais le gros du travail c est la premi re ann e E
493. s selon des moyens appropri s Le point de vue en troisi me personne d signe celui qui ne prend pas en compte l exp rience subjective du point de vue du sujet Par exemple le chercheur peut s appuyer sur des traces des observables un enregistrement vid o Selon Vermersch 2000 24 la validation des points de vue en premi re et en deuxi me personne doit n cessairement tre tay e par une triangulation avec des donn es comportementales ind pendantes donc en troisi me personne Dans cette tude nous voulions adopter une d marche en suivant un point de vue en seconde personne pour recueillir ce qui fait sens pour les jeunes ma tres dans leur rapport au monde aux autres et eux m mes Cependant comme le souligne cet auteur si la prise en compte de la dimension subjective est riche et f conde en termes d informations pour le chercheur son caract re priv et impliqu interroge les crit res de la scientificit Vermersch pr sente un paradigme donnant un statut au point de vue priv et la singularit qu il d nomme la psychoph nom nologie 2000 19 35 C est une discipline qui partir d un recueil de verbalisations descriptives s appuyant sur un acc s r fl chissant l exp rience subjective permet la prise en compte de ce qui appara t au sujet lui m me Jbid 19 selon des cat gories descriptives int gr es elles m mes dans un champ th orique qui distingue plus
494. s stages semblent plus particuli rement f condes Ainsi plusieurs praticiens ont t positivement impressionn s par l attitude et la mani re d op rer de certains formateurs Et cela leur a donn l envie de mettre en uvre ce qui tait propos Et puis la formatrice tait passionn e On voyait que c tait son truc elle aimait a Et elle rendait vivantes les explications elle les mimait Puis elle nous faisait part des exp riences qu elle avait pratiqu es en classe ou qu elle avait vues Donc on avait tout de suite des retours par rapport la r alit La fa on dont elle l a pr sent a a rassur On se dit que c est pas si dramatique que a de faire des levages et des plantations E13 136 Les discours montrent galement que les ma tres appr cient tout particuli rement cette strat gie qui consiste leur faire faire les mettre en situation d prouver eux m mes 304 la r alit de ce qui est dit Ces mises en situation semblent formatives deux gards D une part elles permettent aux adultes de jouer le r le d l ve et de pouvoir ainsi s assurer de la pertinence p dagogique et de l utilit de l activit en termes d apprentissages induits Ensuite ces activit s pratiques permettent aussi au formateur de varier les formes de travail pour maintenir l attention et l int r t des individus ce qui est pr sent Avec M K et Mme L c tait la mise
495. sa prise de fonction et de comprendre comment sa professionnalit s est consolid e et enrichie au cours de cette seconde ann e scolaire Le questionnement vise identifier avec nos interlocuteurs les sources et les ressources qu ils ont su mobiliser pour poursuivre leur d veloppement professionnel A certains moments du dialogue et en fonction de la teneur du discours des retours et des mises en perspective par rapport ce que le personne avait voqu la premi re ann e seront effectu s notre initiative Concr tement cela signifiait que d un point de vue m thodologique nous disposions d un guide d entretien identique pour tous les interviews mais dans le m me temps nous y avions greff toute une s rie d interrogations li es sp cifiquement ce que notre interlocuteur avait voqu durant la premi re rencontre L approche longitudinale de cette recherche implique qu un certain nombre de th mes abord s lors du premier entretien se retrouvent ici L analyse des entretiens men s l ann e 113 pr c dente et certaines sp cificit s li es la seconde ann e d enseignement par exemple l inspection expliquent pourquoi certains nouveaux sous th mes apparaissent dans ce second guide Ce dernier est structur selon quatre th mes I L entr e dans la seconde ann e IT Le rapport au m tier II L autoconstruction professionnelle IV Les actions institutionnelles de formation
496. se d roule l cart du regard des coll gues Or si cette pratique coop rative est per ue ce point aidante par nos interlocuteurs il semble essentiel de donner tous les novices la possibilit de collaborer avec des enseignants exp riment s de pr f rence au sein m me de leur cole 296 3 L autoinformation Nous avons vu que les ma tres passaient progressivement d une pratique professionnelle o tout est urgence vers un exercice du m tier davantage ma tris et empreint d une certaine assurance Par moments cette qui tude est rompue par la rencontre d v nements inhabituels impromptus consid r s comme probl matiques et qui viennent perturber nouveau l quilibre des praticiens Afin de d passer ces obstacles qui ne trouvent pas de r ponses imm diates dans leur propre m moire des pratiques les professeurs s engagent dans la recherche d informations d outils de pistes de travail susceptibles de venir combler ce vide Accueillant prochainement un l ve autiste Manuella s est aussit t renseign e sur les caract ristiques de cette maladie afin de pouvoir agir de la mani re la plus efficace possible sur le d veloppement et l ducation de cet enfant L an prochain j aurai un autiste qui circulait d j beaucoup dans l cole cette ann e Au d part je pensais que a serait une difficult J ai fait des recherches sur l autisme en g n ral les activit s qu on peu
497. se signifie ainsi le malaise des professeurs novices renoncement des jeunes ma tres enseigner au sortir de l tablissement de formation ou apr s quelques semaines de fonction demande de cong de longue dur e non r tribu e par de jeunes enseignants d sireux d largir leur horizon allergie brutale au m tier manifestations psychosomatiques difficult s caract rielles comportements jug s anormaux maladies nerveuses troubles mentaux suicides 1984 145 Aux Etats Unis o l on utilise le terme de burn out pour signifier l puisement psychique Gold 1996 liste les motifs les plus fr quemment cit s par les enqu t s pour 13 expliquer cette extr me fatigue mentale Y figurent entre autres la violence et les probl mes li s la discipline l attitude n gative des parents les critiques de la soci t l gard du syst me ducatif et de ses agents la masse de travail et les t ches administratives l absence de perspective d avenir Quand l insatisfaction conduit une certaine d sillusion l puisement survient et les enseignants choisissent souvent de quitter la profession 1996 549 traduction libre Toute personne est confront e un moment ou un autre de sa vie des situations nouvelles inattendues qui l am nent vivre des moments de transformations personnelles difficiles En d butant un nouveau m tier chacun d couvre des situations inconnu
498. seignants d butants L utilisation de cette technique de recherche n cessite de la part de l interviewer une certaine connaissance de cet outil tant pour la r alisation des entretiens que pour leur analyse 95 1 L entretien de recherche Selon Blanchet et Gotman 1992 25 un entretien est un speech event v nement de parole dans lequel une personne A extrait une information d une personne B information qui tait contenue dans la biographie de B L entretien peut tre compar une entreprise d exploration car c est une d marche qui am ne le questionnement du chercheur lui m me disposant d une certaine familiarit avec son objet la rencontre de l inconnu du singulier Contrairement l observation par exemple l entretien sollicite le point de vue de l acteur et donne son exp rience v cue et sa logique une place de premier plan Sa flexibilit permet de s ajuster l interview tout en investiguant son propre champ de recherche L entretien est un parcours pour lequel l interviewer a trac pr alablement les grandes tapes afin d viter de se perdre dans le d dale de la conversation Cependant m me s il est pr par et anticip cet itin raire n est pas rigide car l interview en produisant un discours am ne son interlocuteur parcourir ses propres terres et sa curiosit se d veloppant improviser des relances ou m me des questions compl mentaires
499. semble pour tenter de r pondre individuellement et collectivement la complexit des situations scolaires Pour le sociologue suisse ce processus alimente la voie de la professionnalisation S il semble av r que l enseignement ne r pond pas totalement aux crit res significatifs d une profession la question de la professionnalisation de ce m tier et de ses acteurs n en demeure pas moins essentielle car il s agit bien de permettre aux praticiens de mieux 43 r pondre au d fi ducatif auquel l Ecole a faire face Les enseignants doivent pouvoir mettre leur efficacit professionnelle au service de la mission de formation de la jeunesse que la Nation confie au syst me ducatif Rapport Bancel 1989 La professionnalisation signifie selon Bourdoncle d adh rer ces cinq affirmations Il y a d une part des savoirs et des savoir faire sp cifiques propres l exercice de l activit professionnelle en question les agents ou les acteurs exer ant ce m tier vont d autre part devenir des professionnels exp riment s et plus encore acqu rir au cours de ce processus une expertise le but de cette professionnalisation est en termes de r sultats de rendre ces agents efficaces autant qu il se peut et du point de vue de l conomie des moyens efficients ensuite elle concerne tout aussi bien le groupe professionnel que l individu un individu tr s exp riment au fait et au fa
500. sente aussi une nouvelle aventure d stabilisante dans un premier temps mais dont la richesse sur le plan professionnel est soulign e par H l ne Et puis le fait d avoir chang d cole c est positif on voit d autres choses L en deux ans j aurai vu toutes les classes C est bien parce que a me permet d avoir une vue d ensemble de tout l apprentissage E14 84 170 1 Toujours la pratique Pour tenter d expliquer ce qui les a aid s se d velopper professionnellement l exp rience acquise durant les deux ann es de pratique de classe quotidienne est largement voqu e par les jeunes ma tres Dans un tr s grand nombre de cas c est la 291 rencontre de probl mes de dysfonctionnements dans le travail qui interpelle les enseignants et les entra ne modifier leurs pratiques C est cette accumulation d exp rience pass e qui nous permet de ne plus refaire les m mes erreurs E12 96 Pour Jessica l exp rience qu elle a v cue l an pass avec certains l ves au comportement difficile lui a fait comprendre l inefficacit de son propre mode d action Face cette situation d chec elle a d cid d adopter une strat gie fort diff rente par rapport ce m me public cette ann e C est surtout par rapport aux l ves chahuteurs o je me rends compte qu en leur faisant confiance ils se calmaient ils taient beaucoup plus impliqu s dans les t
501. ser le lecteur livr lui m me avec la charge de comprendre de lui m me le sens de l exp rience des autres Une troisi me voie donne elle aussi une grande importance la parole mais tente par un travail d analyse d objectiver la subjectivit et la singularit du rapport aux situations Cette posture analytique s efforce de rep rer et de mettre en vidence des relations l int rieur de ce qui est dit mais en le rapportant des contextes socio historiques et en l clairant d un jeu de r f rences qui est lui m me construire au fur et mesure Dans cette perspective une premi re phase consiste d limiter un champ d observation ce qui permet de circonscrire l objet de recherche La conceptualisation des mat riaux collect s permet ensuite de proposer une analyse guid e selon certains paradigmes d explication et de compr hension Notre d marche de recherche s inscrit dans cette posture analytique A partir de notre cadre de r flexion nous avons construit progressivement une matrice qui nous offre une prise particuli re sur notre objet de recherche un champ de probl mes un ensemble de questions et de r ponses possibles et ouvertes une sensibilit th orique sans laquelle on risque tout simplement de ne rien voir de ne rien recueillir qui soit th orisable Ibid 51 Nous avons fait le choix de recueillir les donn es empiriques par des entretiens men s avec des en
502. sion En France jusqu la fin du Moyen Age une diff rence tait faite entre les personnes qui appartenaient un corps de m tier apr s avoir effectu une profession de foi et celles exer ant un m tier qui ne l exigeait pas Ainsi le concept de profession d riverait de cette profession de foi accomplir L essor des universit s a conduit distinguer les m tiers qui s enseignaient dans ces lieux des m tiers manuels Cette distinction entre m tier et profession s est articul e autour de cette dichotomie manuel intellectuel les professions relevant des septem artes liberales qui s enseignaient dans les universit s et dont les productions appartiennent plus l esprit qu la main les m tiers relevant des arts m caniques o les mains travaillent plus que la t te Dubar 2000 34 Tentant de cerner la notion de professionnalisme M Lemosse 1989 75 95 identifie les crit res permettant de reconna tre un professionnel et les strat gies mises en uvre par les individus pour acc der au statut de professionnel Selon cet auteur une profession est identifi e par les caract ristiques suivantes exercice d une profession n cessite une activit intellectuelle qui engage la responsabilit individuelle de celui qui l exerce c est une activit savante qui n est pas de nature routini re m canique ou r p titive elle est galement pratique puisqu elle se d finit comme
503. sis Nous sommes en pr sence d un paradoxe de la profession soulign par plusieurs tudes Veenman 1984 Ba llauqu s et Breuse 1993 Nault 1993 La majorit des enseignants 11 d butants sont nomm s sur les postes les plus difficiles classe d int gration scolaire cours double ou triple classe unique laiss s par les coll gues plus exp riment s Certains sont oblig s de g rer une situation scolaire dont les plus anciens se sont d barrass s la jugeant invivable malgr leur exp rience comme si on laissait aux chirurgiens d butants les op rations les plus d licates les plus dangereuses pour la vie des patients ou aux jeunes avocats les causes les plus difficiles d fendre Les premiers mois d enseignement peuvent constituer une p riode de tension et d ambivalence qui se traduit par un v cu d preuves s accompagnant d un sentiment de souffrance et d incoh rence surmonter pour pouvoir survivre H tu 1999 64 Pour la plupart des enseignants d butants la premi re ann e professionnelle constitue une initiation au monde des adultes incluant de nouvelles responsabilit s et des cons quences sur la vie personnelle qui peuvent tre difficilement v cues comme par exemple devoir quitter le domicile familiale d laisser ses amis Le prenant fonction se situe dans un entre deux Il passe entre deux lieux de l tablissement de formation celui d exercice du milieu d
504. socialisation et r troaction sur l environnement physique cologisation Galvani 2002 322 L individu doit tre conscient de la qualit de ses exp riences de sa mani re de les appr hender et des effets qu elles entra nent sur son existence Il convient donc pour le sujet d adopter une attitude m ta en prenant soin d analyser ce qui se passe en lui et pour lui lorsqu une situation est v cue analys e et interpr t e E Morin d veloppe la notion d autor f rence qu il d finit ainsi C est l aptitude s autocomputer la fois comme sujet et objet L autor f rence ne se r sume nullement dans l acte de se r f rer soi Elle est la capacit de se r f rer soi tout en se r f rant ce qui n est pas soi cit par Pineau 1989 27 Ce dernier donne l exemple de la solitude qui permet au sujet de revenir lui m me Cette exp rience am ne la personne au plus pr s de soi dans ses intimit s les plus profondes au contact direct avec ses mouvements internes mouvements physiologiques affectifs intellectuels relationnels gt bid 26 Des souvenirs mergent des moments charg s motionnellement ressurgissent des inqui tudes voire des angoisses apparaissent Cette situation autor f rentielle de solitude dans laquelle la personne peut s exp rimenter constitue le d but du r gime d autoformation L utilisation des pr fixes auto co et co accol
505. sonnelle E7 101 133 Et c est une personne apr s force des visites m me s il y en a eu que deux c est un peu dommage mais bon Disons qu apr s j h site moins quand j ai un doute quand je le rencontre ou je me permets peut tre plus de t l phoner l inspection et de dire est ce que je pourrais lui parler J ai un souci concernant a Il y a une confiance apr s un relationnel a aide ES 192 194 La deuxi me fois o elle est venue peut tre que j avais plus confiance mais l c est pass le feeling est pass alors qu avant le feeling n tait pas pass E6 226 Quand cette relation pour diff rentes raisons ne peut s tablir la communication entre les individus s av re alors difficile et les propos d Anne Marie nous interrogent sur les effets formatifs d une visite de classe se d roulant dans ces conditions De personne personne a collait pas Et a s arr te l quoi Moi j tais apr s sur la d fensive Je pense qu une fois que a se passe mal avec une personne on a du mal Disons que la deuxi me fois quand elle est venue a s est bien pass elle disait que j avais tellement chang Moi j avais pas l impression alors peut tre elle essayait elle avait vu que a s tait pas bien pass la premi re fois elle s est dit qu elle allait essayer de rattraper les choses Mais moi j avais une appr hension par rappo
506. spective le conseiller expose l ensemble des l ments observ s et l interpr tation qu il en a faite le plus souvent sous la forme d un monologue L expert parle le novice acquiesce M Mante parle d une conception normative et transmissive de la formation o le formateur s efforce de r duire l cart entre le mod le de savoir dont il est d positaire et les savoirs des personnes en formation Ibid 90 228 Dans certains cas confront de r elles difficult s dans l analyse des pratiques l observateur vite de s engager dans une r flexion qu il ne saurait ma triser et pr f re cheminer vers une voie davantage prescriptive que r flexive Parfois aussi l entretien consiste en une pr sentation du compte rendu que le formateur a r dig pendant son observation A ce moment l il ne s agit plus du tout d une analyse de pratique mais bien davantage d une lecture et d un commentaire men s par le conseiller sur le texte qu il vient d crire portant sur une pratique observ e Dans ce cas l acteur essentiel de l entretien est le formateur et non le novice Le conseiller p dagogique m a surtout comment son constat crit puisqu il lavait fait en m me temps qu il m observait il avait d j rempli Il m a expliqu pourquoi il avait mis telle ou telle remarque et c est surtout a qui a t l essentiel de l entretien C est le conseiller qui a analys
507. ssablement confront de nouvelles situations souvent complexes auxquelles il tente de faire face avec pertinence et efficacit L auteur ajoute que les jeunes ma tres doivent effectuer le passage d une attitude d fensive ancr e dans le pr sent des v nements v cus une v ritable strat gie professionnelle qui est au centre de la constitution chez le sujet d un pouvoir s auto informer et autoconstruire son m tier Ibid 85 En quoi le concept d autoformation aide t il comprendre la mani re dont les professeurs des coles d butants vivent et construisent leur propre parcours de formation Dans notre appr hension de l objet de recherche nous comprenons l autoformation des ma tres selon le mod le tripolaire de G Pineau 1989 une formation par soi l individu s empare de son pouvoir de formation par une activit r flexive qui s appuie sur la conscientisation des effets de l influence des autres et du monde une formation par les autres cela concerne les apports formatifs venant d autres personnes dans des cadres institu s ou non une formation par les choses ce p le concerne l action de la nature mais galement les effets de l exp rience directe des situations dans lesquelles le sujet est impliqu Deux si cles auparavant Rousseau 1762 1966 posait d j les jalons de ce cadre ternaire de la formation Le d veloppement interne pr figurait le
508. ssionnelles s inscrire dans un parcours coh rent C est une continuit C est seulement le contenu du niveau qui va changer E13 188 285 7 H l ne Cette jeune enseignante prouve des difficult s identifier des l ments d volution de sa pratique entre ses d buts professionnels et aujourd hui car elle vit difficilement cette seconde ann e d enseignement qu elle ressent de mani re n gative tant sur le plan p dagogique qu identitaire Il y a des volutions mais je sais pas si je peux les transposer vraiment par rapport ce que je faisais l ann e derni re parce que a sort compl tement c est pas la m me chose Je sais pas trop Diff rence parce que j ai chang de niveau et puis cette ann e je n avais pas ma classe E14 82 170 Elle a n anmoins le sentiment d tre pass e d une pratique de classe syncr tique vers un enseignement plus fin et pr cis dans sa mise en uvre comme dans les objectifs d apprentissage vis s Dans la mise en place des choses quotidiennes maintenant je sais ce que je veux Par exemple la date Au d but pour moi quand je suis arriv e en maternelle c tait vraiment pas vident de faire faire la date L maintenant je sais que c est important de faire la date La mise en place de certains rituels on est maintenant plus efficace On sait ce qu on veut L ann e derni re on part d un programme et on sait pas trop o on
509. ste relancer la parole du 98 point de vue de l interview en reprenant ce qui vient d tre dit ou en synth tisant l essentiel afin d amener son vis vis expliciter ou clairer davantage ses propos Enfin avec le mode d claratif l interviewer donne son propre point de vue sur ce qu il vient d entendre mais le risque est ici de transformer l entretien de recherche en dialogue ou en controverse 2 1 Conception de notre premier guide d entretien Afin de d finir pr cis ment ce que l on cherche l laboration d un guide est indispensable Celui ci n est pas un carcan dont on ne pourrait se d faire mais plut t un fil rouge permettant de structurer et d organiser le discours Les questions adress es notre interlocuteur sont essentiellement ouvertes et doivent lui permettre de parler librement avec les mots qui sont les siens des diff rents th mes abord s L objectif de ces entretiens men s la fin de la premi re ann e d enseignement avril mai juin 2005 consiste recueillir suffisamment d informations afin d identifier de comprendre et d interpr ter les l ments de ce qui selon les ma tres d butants aura particip la construction de leur professionnalit D s le soir du premier entretien ce guide faisait d j l objet de r ajustements afin d am liorer la qualit des entretiens soit en modifiant l ordre des th mes ou en abordant des nouvelles pistes a
510. stic in vivo de la situation Ces concepts pragmatiques ont une double fonction Ils constituent l l ment central dans l organisation de l action efficace bid 12 et renvoient des connaissances d action Boucheix Chanteclair 1999 119 permettant d tablir des relations de signification entre ce qui appara t aux 48 yeux de individu dans la situation qu il vit et des l ments abstraits interpr tation des indices per us en r f rence la situation dans son ensemble Ils rev tent galement une fonction de g n ralisation couvrant une classe de situations plus ou moins tendue Ce qui semble important dans cette r flexion relative aux savoirs de l enseignant n est pas tant de les recenser que de comprendre la mani re dont ces savoirs sont mobilis s par le ma tre durant son travail p dagogique En r f rence aux mod les du fonctionnement cognitif P Perrenoud 2001 distingue les savoirs immense base de donn es regroupant les connaissances factuelles conceptuelles et proc durales des sch mes de pens e et d action c est dire les op rations qui mobilisent ces savoirs Des sch mes de perception d valuation et de d cision permettent de mobiliser d activer les savoirs qui se transforment alors en comp tences pour agir en situation Ils font le lien entre le ma tre et son environnement Les sch mes de perception rendent la situation compr hensible les s
511. suivait en affirmant que la r ussite ou l chec des premiers jours de classe conditionneront des succ s ou des checs pour toute l ann e scolaire 1999 152 163 Cette n cessit de bien d buter l ann e est r affirm e dans une recherche de Grubaugh et Houston Nault 1999 153 qui d clarent que la t che initiale qui incombe au jeune enseignant lors de sa prise de fonction est d tablir les conditions d un climat propice aux apprentissages en r gissant un code de fonctionnement r gulant la vie collective de la classe Certaines pistes de travail concr tes ont t propos es pour permettre aux d butants d aborder ces premiers moments dans les meilleures conditions possibles proposer aux l ves des activit s de d part int ressantes et faciles avec des consignes claires qui leur permettent d tre actifs et de travailler seuls leur place sous une supervision active et efficace de la part de l enseignant pr venir les comportements d viants de certains l ves par une approbation du groupe et par un enseignement de r gles et de routines de la classe d termin es l avance r agir aux comportements d viants d s qu ils surviennent Ibid 153 Cependant si les premiers moments de la relation entre le ma tre et les l ves posent le cadre des interactions futures une entr e en mati re r ussie n assure pas au praticien novice la permanence in fine d une relation ca
512. sur la fiche de pr p un bilan dans le cahier journal J ai trouv des organisations pratiques qui me permettent d all ger mon travail Il faut pas avoir trente six classeurs trente six cahiers C tait un peu comme a Sur le bureau des post it des feuilles qui volaient E9 66 70 2 3 Des projets p dagogiques cibl s et men s leur terme La plupart des ma tres abordent leur premi re ann e professionnelle avec un enthousiasme et une nergie qui se traduisent par une multitude d initiatives p dagogiques 278 avec leurs l ves Parfois cette profusion de projets s av re contre productive car par manque de temps et de finesse dans les objectifs d apprentissage poursuivis les travaux engag s n aboutissent pas vraiment Ayant v cu cette situation Manuella a labor des projets en nombre plus restreint et qui ont t men s leur terme Cette ann e je me suis content e de peu de projets mais men s bien jusqu au bout avec les objectifs que je voulais L ann e derni re c tait vraiment trop de projets trop d id es l envie de tout faire et puis la frustration E9 74 2 4 Une pr sence langagi re plus discr te Manuella reformule les propos qu elle nous avait d j tenus lors du premier entretien Apr s avoir occup durant un certain temps le devant de la sc ne en s affirmant comme le centre de l activit p dagogique elle a pris conscience qu il tait essent
513. t a a ma donn un peu confiance en moi du coup apr s elle pouvait dire a a va pas a a va pas E6 202 Quand il me dit a je me dis que m me apr s s il me dit que tout le reste c tait pas bien au moins je sais que a c est bon Et on accepte beaucoup plus quand on commence par le positif et qu on va vers le n gatif apr s ES 184 235 Lorsque l entretien se focalise uniquement sur les points consid r s comme non satisfaisants par le formateur tr s souvent le jeune ma tre se raidit et r pond au coup par coup aux critiques Le dialogue se r sume alors une confrontation de points de vue sans v ritable perspective formative Ou alors le ma tre adopte une position de retrait laissant le monopole de la parole au conseiller et n attendant qu une chose son d part L galement les effets formatifs d une telle entrevue semblent al atoires Je n ai eu droit qu des remarques n gatives Et un moment donn je lui dis mais attendez donc forc ment ce que je fais dans ma classe il n y a rien qui va Et elle me dit non il faut pas le prendre comme a je vais pas m attarder sur ce qui va vous le savez d j Je fais il y a des choses qui vont pas je le sais aussi J ai pas besoin dans ce cas l qu on vienne me mettre le doigt dessus On a besoin des deux Jai l impression qu on est venu l pour casser E8 188 Si parfois l entretien
514. t constituent un espace temporel critique pour ce qui concerne l apprentissage du m tier et de la vie d enseignant C est une tape fondamentale dans le processus de professionnalisation des personnes qui s y engagent Abraham 1982 Baillauqu s et Breuse 1993 Huberman 1989 Veenman 1984 Vonk 1989 affirment que ces ann es initiales d insertion professionnelle influencent de mani re d terminante l volution professionnelle de l enseignant A nsi la mani re dont le d butant va vivre ses premi res exp riences professionnelles d terminerait son futur profil p dagogique Les m tiers de l humain en g n ral ceux de l ducation en particulier appellent un investissement personnel important et les difficult s rencontr es par les jeunes ma tres si elles ne sont pas surmont es peuvent avoir des cons quences n fastes sur la construction de leur professionnalit Les 2 3 premi res ann es pourraient bien tre cruciales marquant le pas sur l enfermement routinier d cidant d une autre orientation ou engageant le ma tre dans une dynamique de progr s professionnels et d affirmation personnelle Ba llauqu s Breuse 1993 146 Chez les enseignants ayant des d buts faciles on observe un enthousiasme certain et un investissement important dans le travail En revanche quand l entr e dans le m tier est v cue de mani re critique on assiste parfois un repli sur soi peu propice au d v
515. t des cas les praticiens d une m me circonscription Les formateurs intervenant dans cette action de formation sont le plus souvent les conseillers p dagogiques et un degr moindre l inspecteur Plus rarement on peut observer l intervention ponctuelle d un professeur d IUFM ou d un ma tre formateur L observation de multiples grilles de stages r alis s en Moselle montre un certain engouement des concepteurs envoyer les jeunes ma tres une demi journ e ou une journ e enti re dans des classes conduites par des professeurs chevronn s afin d observer et peut tre d analyser la pratique professionnelle qui leur est donn e voir Les entretiens montrent que les attentes des ma tres par rapport la formation professionnelle qui leur est propos e n ont gu re volu d une ann e sur l autre La qu te prax ologique s av re toujours aussi puissante On n a pas envie de perdre son temps a c est certain et on a envie de savoir concr tement quand on a plein de questions on a envie de savoir les r ponses E15 128 C est justement le fait qu on puisse ressortir de cette animation avec quelque chose de concret mettre en place Et l a a apport des pistes d exploitation Et si on a des s quences mettre en place de mani re concr te avec sa classe et sur lesquelles on peut s appuyer c est doublement int ressant E12 124 301 Qu est ce qu on travaille en
516. t s 1 Mais ce poste est frustrant sur ces points l Il faut du temps pour s y faire Le cap le plus difficile a t vers No l Apr s au mois de f vrier a allait bien E15 42 44 Enseignant sur un poste similaire Carmen a quant elle rapidement d pass la d ception de ne plus avoir de classe Se sentant utile et appr ci e de ses coll gues pour le travail d aide et de rem diation qu elle effectue la ma tresse affirme avec satisfaction 261 Je fais partie du paysage de l cole E10 48 Hormis H l ne et Aur lie pour qui l exercice du m tier n est pas satisfaisant pour les raisons que nous venons d voquer tous les enseignants interrog s disent prouver un r el plaisir pratiquer leur m tier Ce n est que de la satisfaction E9 24 Je suis contente de venir au boulot le matin E10 84 Moi je suis panouie Je suis contente de venir le matin m me si je suis fatigu e J aime a E13 78 80 82 Je suis contente d avoir fait a J ai jamais regrett de m tre lanc e dans ce m tier J ai jamais eu de regret E11 88 Compte tenu des conditions difficiles du march de l emploi les m tiers de la fonction publique et tout particuli rement ceux de l enseignement apparaissent attractifs aux yeux des tudiants qui se pr sentent toujours plus nombreux au concours de recrutement des professeurs des col
517. t d aborder la dualit savoir et affect m me si je connais tout de l apprendre et de l enseigner il me faudra dans l instant inventer faire surgir des gestes et des paroles qui ne sont pas dans les livres Cifali 2003 120 Cette perspective de la professionnalit implique d accepter la fois les savoirs th oriques constitu s comme rep res pour un questionnement constant du vivant des situations et les savoirs d exp rience La professionnalit ne peut tre totalement saisie au travers de propos g n riques mettant en exergue certaines comp tences jug es essentielles pour l exercice d une profession Ce processus n cessite d appr hender le sujet en tant qu tre social oeuvrant dans un syst me interrelationnel o se m lent et s entrem lent de multiples influences Dans ce champ de r flexion que constitue le processus de professionnalisation des enseignants merge un mod le le praticien r fl chi Les recherches sur l ducation conduisent reconna tre la complexit du m tier d enseignant et l impossibilit pour le ma tre de se pr parer toutes les situations possibles par l apprentissage de recettes ou le simple recours des r f rences th oriques L enseignement est une profession impossible selon les mots de Freud l chec y est r gulier son projet rencontre des r sistances voire des refus de la part des l ves Enseigner est un ph nom ne complexe
518. t et qui analyse de mani re assez objective ce qui est fait Sans qu il n y ait de sanctions que a soit n gatif C est comment am liorer ce qui a t vu Et a c est assez important parce que a fait progresser On est cent pour cent du temps en face des m mes l ves on n a pas toujours le recul suffisant ou m me il y a tout simplement des choses qu on ne remarque pas tout seul Et m me au niveau des pr parations je me souviens encore de Mme la conseill re p dagogique qui avait insist sur le passage de la consigne Et a c est quelque chose qui est rest parce que encore maintenant la consigne je l explique et je la mets clairement au tableau Moi m me j insiste avec moi m me pour que la consigne soit claire E18 92 Il est reconnu que les dimensions valuative et formative cohabitent difficilement au sein d une m me pratique Ainsi selon Schneuwly 1996 les personnes d positaires d une fonction valuatrice ne peuvent tre ressenties comme susceptibles d aider v ritablement Il n en demeure pas moins et plusieurs entretiens l indiquent clairement que les ma tres d butants attendent aussi des conseillers un jugement un positionnement qualitatif par rapport une norme institutionnelle Si l valuation n est pas de soi formatrice elle peut n anmoins contribuer asseoir une certaine confiance en soi en ses possibilit s et ses comp tences tout en permettant de s
519. t il d autres Les l ments voqu s sont rattach s ce que la personne avait dit l an pass Les l ves Le rapport aux Comment se passe la relation avec les l ves l ves Les La mani re Par rapport au m tier que vous exercez quelles sont pour vous conceptions dont l individu les missions du professeur des coles du per oit ses Si la question n est pas suffisamment parlante nous professeur missions son introduirons les termes d ducation de formation des coles r le son d instruction identit professionnelle Dans le travail que vous menez avant pendant et apr s la classe qu est ce qui vous semble important mettre en place ou en 118 uvre pour que les l ves apprennent Nous avons voqu pr c demment les satisfactions et les difficult s que vous prouvez Comment vivez vous votre m tier Sur la porte de la classe figure votre nom M me enseignante Qu est ce que cela vous fait de voir a et de vous dire Je suis ma tre sse d cole L autocon struction profession nelle Les diff rentes sources de formation L coformation La coformation l aide des coll gues et ou du ma tre r f rent L autoinformat ion ouvrages Avez vous remarqu une volution un changement dans votre pratique de classe par rapport ce que vous faisiez l an pass ou au
520. t les r unions o on travaille sur l harmonisation des comp tences dans l cole o forc ment on va parler de p dagogie en m me temps a rassure un peu de savoir ce qu on doit travailler E11 126 128 Puis au fur et mesure dans l ann e c est en relation avec les autres enseignants du cycle 3 En d but d ann e on a d faire une programmation de cycle en commun Et puis aussi sur la mise en place de projets des changes de service C est un ensemble qui fait qu on a une bonne communication entre nous E12 102 Jessica sollicite peu ses coll gues c est plut t rare E11 120 Quand elle le fait par rapport un point pr cis sur lequel elle souhaite un clairage les changes sont aidants 293 Je vois une coll gue de l cole qui je vais demander un conseil sur une le on que je vais faire Notamment avec un prof avec qui j ai un projet litt rature et avec qui j ai beaucoup travaill On a une correspondance entre les l ves on a tout un projet d criture longue et j ai beaucoup travaill avec lui il m a donn norm ment de conseils j en ai vraiment tenu compte Ca m aide beaucoup mieux imaginer mes s quences a me donne des pistes des d marches des choses auxquelles j ai pas du tout pens des choses que je peux mettre en place pour aider certains l ves E11 116 118 Elle appr cie d autant plus cette relation collaborative que
521. t maintenant une plus grande facilit valuer le niveau initial des l ves avant d entamer une le on Le d calage qu il pouvait y avoir entre les activit s propos es leur niveau de difficult et les aptitudes effectives des l ves ce moment l s est consid rablement r duit ou a disparu Les ma tres observent une meilleure finesse entre leur analyse a priori des comp tences et les r alit s de la classe Deux l ments peuvent expliquer cette volution 178 La confrontation quotidienne avec les enfants leur apporte une meilleure connaissance du d veloppement psychologique des l ves de cet ge et un regard plus pr cis sur chacun d entre eux identifiant ses forces et ses lacunes I m a fallu un temps pour savoir o en taient les l ves ce qu ils savaient faire ES 76 Je le cerne peut tre un petit peu mieux maintenant mais qu est ce que je peux attendre d un enfant entrant en grande section E2 98 L organisation r guli re d une valuation diagnostique qui donne une vision pr cise des acquis des l ves Forts de ces renseignements le ma tre peut ais ment adapter les contenus les rendre plus accessibles ou les complexifier s il s aper oit que les enfants ma ftrisent davantage la notion qu il ne le pensait C est vrai qu partir de ce moment l que les valuations ont t finies et que j ai pris l habitude de faire souvent une valuation di
522. t pouvoir faire face d s la fin de la formation initiale les ma tres d butants 2 L organisation du dispositif Depuis la rentr e scolaire 2002 03 chaque enseignant novice b n ficie d une formation quivalente deux semaines au cours de la premi re ann e d exercice et une semaine durant la seconde ann e A terme ce dispositif pr voit trois semaines de stage pendant la premi re ann e et deux semaines durant l ann e suivante Le texte de r f rence invite les formateurs diversifier les formes de l accompagnement et proposer toute forme susceptible de permettre l enseignant d butant de prendre une distance r flexive par rapport sa pratique de l analyser et de disposer d interlocuteurs capables de l aider rechercher des solutions bid 1796 Au sein de cette initiative valorisant la diversification des moyens p dagogiques d accompagnement l analyse de pratiques appara t comme une d marche privil gier bid 1796 En outre le dispositif d accompagnement pr cise que le nouvel arrivant peut compter sur le soutien et l appui d un enseignant accompagnateur L objectif de cette mesure est d offrir au jeune professionnel une personne ressource en position de pair qui peut tre rapidement sollicit e Ibid 1796 Cet enseignant exp riment ne devrait pas constituer un mod le imiter pour le novice mais repr senter un professionnel qui aide le nouveau
523. t proposer un autiste a travaille beaucoup autour de la musique musico th rapie art th rapie J ai lu pas mal l dessus E9 38 42 Sur le m me mode Carmen a ressenti le besoin de lire de se documenter sur la question de l apprentissage de la lecture afin de s approprier des connaissances des savoir faire lui permettant d aider ses apprentis lecteurs devenir plus habiles dans l identification des mots et des phrases Je me suis plong e un petit peu dans la lecture J ai fait quelques recherches sur internet j ai lu des choses d Ouzoulias j tais une conf rence de Chauveau A comprendre un peu le m canisme de la lecture Comment un enfant fait pour apprendre lire Et comment on peut faire dans cette grande bataille la globale la syllabique E10 116 118 Pour Jessica les manuels scolaires et les revues professionnelles lui permettent d toffer sa pratique par les d marches les situations didactiques qu ils proposent a peut tre tr s souvent un manuel scolaire de l l ve o je vais puiser des id es o je vais me dire tiens Je pourrais faire a Pareil quand je lis une 297 revue comme La classe je ne vais pas la lire du d but la fin Je la feuillette et si je trouve une le on qui me plairait je regarde je la lis E11 132 134 Parmi les divers outils de lecture disponibles les guides du ma tre sont assez largement utilis s dans
524. t surtout le d veloppement du temps libre D autre part les progr s scientifiques et techniques entra nent de v ritables bouleversements dans les champs personnel et professionnel et n cessitent une d marche d adaptation perp tuelle par une formation permanente Cette derni re ne peut se d rouler uniquement dans le cadre scolaire car l individu ne peut passer toute son existence sur les bancs de l cole Ce processus d adaptation ne peut plus tre r gl seulement par l institution scolaire ni m me par les autres institutions mais par l individu lui m me qui doit devenir toujours plus apte une nouvelle formation personnelle et sociale Galvani 1991 8 Ainsi la voie de l autoformation dans laquelle s engage le sujet lui permet d assurer cette adaptation permanente qui reste toutefois galement aliment e par l h t roformation p riodique dispens e par les organisations ducatives et d abord l cole obligatoire Ibid 8 3 3 Le courant technico p dagogique Cette tendance d finit l autoformation comme une technique p dagogique rendue accessible gr ce aux nouvelles technologies de l information et de la communication Son objectif est de permettre aux individus de s adapter aux volutions de l emploi et des outils technologiques du travail La rapidit de ces changements est telle qu on ne peut plus se contenter d adapter une personne son travail mais qu il convient
525. tac au tac que a soit tr s dynamique Ils attendent beaucoup Et puis en m me temps il faut tre hyper rigoureux dans tout ce qu on fait limite tr s scolaire On approche de la 6 il faut tre tr s scolaire Moi j arrive pas travailler comme a Moi je suis quelqu un d assez intuitif et je peux pas travailler comme a C est contre ma nature E14 28 32 Cette situation la perturbe et nuit son engagement professionnel J aime moins Du coup j ai moins envie de m investir E14 30 Compl ter trois postes signifie pour cette jeune enseignante devoir se conformer aux habitudes aux m thodes l organisation des ma tres titulaires H l ne ressent cela comme une entrave la libert p dagogique laquelle elle aspire Et puis apr s je rentre dans une classe o il fonctionne d une certaine fa on Sachant qu elle passe le CAFIPEMF tout est cal dans sa classe a fait dix ans qu elle est dans sa classe donc tout fonctionne Nous on arrive on rangerait pas ou on afficherait pas de cette mani re l donc c est difficile aussi de se situer dans une classe qui est pas la sienne Quand j tais en petite section il fallait aussi que je rentre dans un moule parce qu on faisait en m me temps l accueil C est g nant parce qu on se sent pas libre Et puis du coup on fait des choses qui ne nous appartiennent pas donc on les fait forc ment moins bien E14 42 En
526. tan LEGENDRE R 1993 Dictionnaire Actuel de l Education Montr al Gu rin LENOIR T RAYMOND D 1998 Enseignants de m tier et formation initiale une probl matique divergente et complexe dans Enseignants de m tier et formation initiale Des changements dans les rapports de formation l enseignement Bruxelles De Boeck Universit 358 LERAY C 2002 Espaces temps interm diaires et autoformation dans CARRE P MOISAN A dir L autoformation Fait social Aspect historique et sociologique Paris L Harmattan LORTIE D C 1975 Schoolteacher a sociological study Chicago The University of Chicago Press LOUVET A BAILLAUQUES S 1992 La prise de fonction des instituteurs Paris INRP MALET R 1998 L identit en formation Ph nom nologie du devenir enseignant Paris L Harmattan MALGLAIVE G 1990 Enseigner des adultes Paris PUF MANTE M 1998 La formation des enseignants sur le terrain coordonn par BOUVIER A OBIN J P Paris Hachette MEIRIEU P 1995 L cole mode d emploi Paris ESF MEIRIEU P 1999 Apprendre oui mais comment 17 dition Paris ESF MIALARET G 1996 Savoirs th oriques savoirs scientifiques et savoirs d action en ducation dans BARBIER J M Savoirs th oriques et savoirs d actions Paris PUF MUCHIELLI A 1991 Les m thodes qualitatives Paris PUF Que sais je 2591 MUCCHIELLI A
527. tant un entretien entre ce dernier et le formateur et la r daction d un compte rendu de visite l intention du professeur Durant la premi re ann e le nombre de visites dont b n ficient les nouveaux venus varie de deux cinq Cet cart s explique selon deux raisons Dans certaines circonscriptions le nombre de T1 est si important que les conseillers sont dans l impossibilit d effectuer plus de deux visites annuelles Lorsque la pratique professionnelle observ e lors de la seconde visite est jug e satisfaisante par les formateurs ces derniers estiment qu il n est plus n cessaire de proc der une nouvelle observation Ainsi les multiples visites de classe s adressent g n ralement aux ma tres pour lesquels les conseillers pensent que la pratique de classe n cessite un accompagnement individuel plus dense afin d aider les personnes consolider leurs actes d enseignement La plupart du temps les visites sont annonc es aux ma tres par un coup de t l phone Cette nouvelle entra ne toujours un sentiment d appr hension voire d anxi t chez les professeurs J ai toujours beaucoup de stress je g re mal mon stress d avant les visites c est vrai que c est quelque chose de pesant pour moi E1 192 Dans ma t te c est punaise pourquoi il vient aujourd hui Et apr s c est tout le stress on se met un stress c est ridicule a on se le dit apr s mais avant le c
528. te compl mentaire Licenci e en histoire elle a 33 ans quand elle est nomm e sur un cours double CE1 2 dans une cole semi rurale de quatre classes D s la rentr e elle est appel e faire fonction de directrice Mais c tait un peu difficile il fallait penser en m me temps plein de choses organiser notre classe et organiser la rentr e c tait un petit peu tr s difficile ES 40 Ses satisfactions sont multiples et elle appr cie tout particuli rement l aspect affectif de la relation ducative Sa seconde ann e se d roule dans la m me cole Enseignant dans une classe de grande section et de cours pr paratoire et officiellement directrice son enthousiasme appara t toujours aussi clatant Moi je suis panouie E13 78 Nomm e sur son poste titre d finitif elle souhaite s tablir au moins pour quelques ann es dans l cole H l ne Apr s une licence en sciences physiques et la formation initiale l IUFM H l ne une jeune femme de 24 ans entame sa carri re d enseignante dans une classe multi ges accueillant des l ves de 3 4 et 5 ans L entretien qui a lieu la fin du mois de mai 2005 montre une ma tresse vraiment contente d exercer son m tier Nous retrouvons H l ne exactement un an plus tard cent kilom tres de sa premi re cole Elle est titulaire rempla ante de circonscription et travaille hebdomadairement dans trois coles diff rentes Cette itin r
529. tences suffisantes pour rendre cette pratique de formation acceptable et utile aux yeux des jeunes ma tres Schneuwly 1996 distingue quatre types id aux de formation l accompagnement de l entr e dans le m tier un mod le de l adaptation la pratique scolaire existante o la formation vise l aptitude fonctionner rapidement dans la classe un mod le de soutien dans lequel il s agit d aider les ma tres d passer leurs difficult s un mod le de la formation prolong e dans le but de poursuivre ce qui a t tudi en formation initiale la lumi re des premi res exp riences professionnelles un mod le du d veloppement professionnel qui partirait des comp tences existantes des jeunes praticiens afin de favoriser leur volution professionnelle Les trois premiers types sont qualifi s par l auteur de mod les de d ficits Dans cette perspective de pens e et d action les formateurs tentent par leurs initiatives de combler les lacunes suppos es ou av r es des praticiens novices Le dernier mod le dit du d veloppement professionnel ne vise pas remplir un vide mais appelle la mise en uvre de m thodes favorisant l volution professionnelle Certes la r alit d une exp rience de formation ne permet pas de diff rencier aussi nettement ces quatre courants Ces mod les permettent n anmoins d appr cier une tendance dominante Po
530. tes dimensions d un ph nom ne et la compr hension de l objet tudi c est dire la reconnaissance des relations que les composantes d un ph nom ne d veloppent entretiennent ou rompent s inscrit dans le courant ph nom nologique aucun moment nous ne cherchons tablir une relation unique de cause effet pas plus qu il ne s agit pour nous de falsifier des hypoth ses 92 pr alablement d finies Cette recherche tente surtout d apporter un clairage sur la mani re dont les jeunes ma tres vivent le m tier d enseignant et d veloppent leurs savoirs leurs comp tences durant les deux premi res ann es professionnelles ce sont les hypoth ses orientatives sur lesquelles elle s appuie 2 Une m thode qualitative Notre choix pour une recherche qualitative est li la fa on dont l objet de recherche est construit et la perspective d finie pour le mettre en lumi re La recherche qualitative se concentre sur l analyse des processus sociaux sur le sens que les personnes et les collectivit s donnent l action sur la vie quotidienne sur la construction de la r alit sociale Deslauriers 1991 6 Comme le souligne P Bouchard les hommes ne sont pas de simples agents porteurs de structures mais des producteurs actifs du social donc des d positaires d un savoir important qu il s agit de saisir de l int rieur 1996 24 L approche compr hensive que nous avo
531. tie pr r fl chie souligne la n cessit d op rer un travail d explicitation qui conduira une 109 nouvelle conscience de l action v cue La mise en mots de son propre v cu cr e un changement de nature permettant le passage de ce mode de conscience non encore r fl chie vers la conscience r fl chie Parmi les connaissances non conscientes pouvant tre conscientis es P Vermersch 2003 distingue trois cat gories L inconscient freudien susceptible d acc der la conscience par l interm diaire d une cure psychanalytique Cet l ment ne nous concerne par car il est situ hors du champ p dagogique Le pr r fl chi accessible la conscience par la prise de conscience Il comprend les connaissances automatis es implicites les connaissances dormantes pour lesquelles le sujet ne s est jamais interrog sur leur existence et les connaissances en actes de Piaget dont l existence est prouv e par la r ussite de l action mais sans que l individu soit capable d expliquer et d tayer les raisons de ce succ s Le pr conscient concerne les connaissances ayant d j t conscientis es mais qui ne le sont pas au moment pr sent car il est naturellement impossible pour un sujet d avoir l esprit l ensemble de ce qu il sait b La conscience r fl chie le mod le de la prise de conscience Comme nous venons de l voquer toute action comporte pour son acteur un voile opaque une part de conna
532. tien duel avec le jeune ma tre et la r daction par le conseiller p dagogique d un compte rendu de visite destination du professeur des coles qui sera ins r dans son dossier de suivi p dagogique 4 4 1 L observation L observation se d roule dans la classe du ma tre qui met en uvre avec ses l ves les s quences d enseignement sous le regard du formateur Elle constitue le moyen par lequel le formateur analyse la s quence p dagogique de l enseignant Observer c est choisir dans une grande quantit d informations celles qui semblent significatives ou pertinentes par rapport certaines r f rences Pelpel 1991 75 Dans cette perspective l observation est en quelque sorte une forme de codage qui permet de progresser dans l lucidation d une pratique Jbid 75 A ce niveau l observation profite d abord au formateur Dans une exp rience qu il a men e G Mialaret Pelpel 1991 82 proposait douze enseignants un court film relatif une situation p dagogique avec la consigne de d crire tout ce qui s est pass Sur les cinquante deux l ments qu il tait possible de rep rer 35 les sujets en ont retenus entre sept et vingt cinq Ce r sultat t moigne des carts qui peuvent exister selon les individus dans la prise et le traitement des informations relatifs une m me situation de r f rence Chaque observateur mobilise ses connaissances ses id es ses
533. tifier puis de comprendre les l ments pouvant faire de ce dialogue entre le ma tre et le formateur un acte d autoformation Lorsque les tapes de th matisation et 112 de r fl chissement avaient t effectu es notre questionnement s orientait alors vers un axe r flexif Nous avons bien conscience que le manque de pratique de l entretien d explicitation n a pas permis de r aliser pleinement ce que nous souhaitions faire merger travers cet exercice difficile et les personnes se retrouvent souvent davantage en semi vocation qu en position de parole incarn e Cependant cette volont d amener les interlocuteurs expliciter leurs propos revenir sur la situation v cue nous a accompagn tout au long des entretiens de recherche et d s que le discours prenait un caract re g n ral nous essayions de ramener la personne une exp rience v cue et donc par d finition singuli re 2 4 Elaboration de notre second guide d entretien Ce second guide s inscrit dans la continuit des entretiens men s l issue de l ann e scolaire 2004 2005 Nous rencontrons nouveau les huit m mes enseignants pour un entretien semi directif enregistr A cet instant de leur parcours professionnel ma juin 2006 les jeunes ma tres sont en passe d achever leur deuxi me ann e d enseignement Il s agit pour nous d observer la mani re dont chacun a poursuivi son itin raire professionnel depuis
534. tion cognitive renvoie quant elle l expression apprendre apprendre Dans ce courant les pratiques autoformatives sont analys es travers les m canismes mentaux l uvre dans l acte d apprendre quand il est plac sous le contr le du sujet Selon M Sorel cit e par Carr 1992 73 la d marche m tacognitive insiste sur la prise de conscience sur l analyse la r flexion la formalisation que l apprenant doit avoir de sa d marche mentale Dans cette perspective apprendre apprendre constitue un objectif de formation visant outiller l individu sur le plan cognitif Ainsi arm le sujet sera autonome pour d cider des connaissances qu il souhaite tudier et des moyens d y parvenir Face d ventuelles difficult s il pourra dans la plupart des situations les surmonter seul Sinon une aide ext rieure ponctuelle lui sera apport e La formation m tacognitive par les comp tences m thodologiques et intellectuelles qu elle 69 entra ne participe au mouvement d autoformation du sujet car elle peut faciliter l autonomisation des conduites d apprentissage L existence de ces diff rents courants de l autoformation traduit la difficult circonscrire avec pr cision cette notion mais souligne galement sa richesse Ceci entra ne une importante diversit des repr sentations li es cette id e et explique galement le large panel des pratiques d du
535. tion Quelques cas singuliers de professeurs des coles th se de doctorat en sciences de l ducation Universit Nancy 2 WEVA K 1999 Insertion professionnelle des nouveaux enseignants responsabilit de l administration scolaire dans HETU J C LAVOIE M BAILLAUQUES S dir Jeunes enseignants et insertion professionnelle Un processus de socialisation De professionnalisation De transformation Bruxelles De Boeck Universit 187 208 ZEICHNER K M GORE J M 1990 Teacher socialization dans HOUSTON W R dir Handbook of research on teacher education a project of association of teacher education New York Macmillan 362 Articles de revue cit s ALAVA S 1995 Pratiques d autoformation des enseignants novices ou l autoconstruction professionnelle Education Permanente 122 79 93 BAILLAUQUES S 1991 La prise de fonction des enseignants un faux rite d initiation Cahiers P dagogiques 290 18 23 BARBIER J M CHAIX M L DEMAILLY L 1994 Editorial du num ro sp cial sur Recherche et d veloppement professionnel Recherche et Formation 17 5 8 BERLINER D C 1986 In persuit of the expert pedagogy Educational researcher 5 12 BERTAUX D 1980 L approche biographique sa validit m thodologique ses potentialit s Cahiers internationaux de sociologie 69 BISAILLON R 1993 Pour un professionnalisme collectif
536. tion elle a su adopter une attitude plus compr hensive dans sa relation aux l ves difficiles avec lesquels elle n engage plus un rapport de force qui s est av r la plupart du temps infructueux mais un dialogue visant dans un premier temps comprendre les raisons de leur comportement C est dans ma fa on de parler avec l l ve Je ne cherche plus du tout la confrontation j essaye de comprendre pourquoi il a r agi comme a L ann e derni re je s vissais davantage sans vraiment avoir discut avec l l ve E11 108 1 4 Une autre mani re d appr hender son m tier Les propos de Jessica montre qu elle travaille maintenant dans la s r nit Ayant su se d barrasser de cette pression que vivent les enseignants d butants lorsqu ils prennent pour la premi re fois la responsabilit d une classe elle vit sa pratique professionnelle de mani re apais e loin de la tension du stress qu elle prouvait l an pass D j dans la fa on d aborder le m tier je l aborde de fa on beaucoup plus paisible Je ne vais pas me stresser et me dire qu il faut absolument que je termine cette semaine ce chapitre l Non je prends vraiment le temps je prends plus de temps maintenant E11 192 Mettant en perspective ses deux premi res ann es d enseignante Jessica les situe dans une continuit logique E11 198 Par rapport au premier entretien Jessica a plus de facilit d finir ce q
537. tionnelle et interactive le ma tre au fil des semaines acquiert des routines Certains auteurs utilisent ce terme pour caract riser des sch mas d action que les praticiens int riorisent et qui leur permettent de mener la classe en pilotage automatique partir de patrons de situation Perrenoud 1994 157 Si ce processus a principalement t observ dans la mani re dont les enseignants experts m nent leur enseignement dans la classe nous pouvons d celer cette m me volution chez les ma tres d butants Elle porte notamment sur les activit s de pr paration r alis es par les jeunes professeurs Les entretiens nous ont montr le temps extr mement important que les novices passaient laborer celles ci A la fin de cette premi re ann e la situation a chang C est plus rapide EI 110 Progressivement les ma tres se sont construit et appropri une trame un id al type de le on qu ils appliquent aux situations p dagogiques qu ils con oivent D une activit o tout tait construire et imaginer par les ma tres ces derniers adaptent maintenant ce cadre aux diff rentes le ons mettre en uvre Les sch mas des petites s quences sont toujours les m mes phase de d couverte etc les fiches de pr p elles sont bien jour maintenant elles sont claires pr cises donc tout a a va mieux E1 108 1 2 Une valuation diagnostique plus pr cise Les professeurs on
538. tre une identit professionnelle collective et une identit personnelle c est dire qu elle se construit dans un double processus d identification et de singularisation Il appara t clairement que cette identit ne s labore pas seulement par l appropriation d un r le et d un statut Elle est la cons quence d une tension entre une identit pour soi et une identit pour autrui qui s effectue dans l intimit du sujet Dubet affirme que l identit n est pas un tre mais un travail 1994 16 L entr e dans le m tier entra ne une construction identitaire qui est autant une qu te active de soi qu une affirmation de soi Selon Dubar l identit sociale renvoie des d finitions de soi autant qu des tiquetages par autrui parfois en tension Dubar 2000 111 Il r sulte de ces tensions des strat gies identitaires visant r duire l cart entre les deux p les Elles peuvent prendre deux formes des transactions externes entre la personne et les autres afin d essayer d accommoder l identit pour soi l identit autrui transaction appel e objective des transactions internes l individu entre la n cessit de sauvegarder une part de ses identifications ant rieures identit s h rit es et le d sir de construire de nouvelles identit s dans l avenir identit s vis es visant tenter d assimiler l identit pour autrui l identit pour soi
539. ts de nouvelles 215 d marches p dagogiques qu ils n ont pas eu l opportunit de d couvrir l IUFM Quand celles ci leur semblent int ressantes et pertinentes ils portent alors une attention soutenue ce temps de formation afin d en ma triser les principes fondamentaux Cette connaissance leur permettra de r investir avec les l ves ces activit s qui leur taient inconnues jusqu alors Le sentiment qui domine chez les ma tres ce moment l est celui d une diversification d un enrichissement de la pratique professionnelle L approche diff rente des petites choses je me souviens d un d tail c est arr ter de demander pourquoi aux l ves leur demander comment tu sais a Pourquoi je le dis encore de temps en temps mais ouah comment tu sais a E2 144 Ce que j ai le plus aim c tait quelque chose dont je n avais jamais entendu parler c tait la fameuse m thode prog Donc l j tais tr s attentive on nous a donc clair s sur cette pratique a m a int ress e a m a donn des id es puis je teste r guli rement des choses comme a C est que je ne la connaissais pas du tout en fait c tait quelque chose de nouveau j y avais pas pens en fait Je donne un exemple concret de lire un livre sans montrer les images de le tenir comme a d j un livre a se tient comme a c est vrai a se tient pas comme a et le langage n interf re pas avec les images
540. ture de livre en litt rature par exemple c est toujours un peu la m me d marche qu il faut suivre E7 4 6 Ayant constat l utilit d apprendre par c ur certains cours et notions tudi es Jessica a transf r ce mode d apprentissage dans sa propre pratique d enseignement en proposant aux l ves de nombreuses activit s requ rant cet effort de m moire En fait il y a vraiment une chose que j ai constat e et que je suis pratiquement s re enfin en ce qui me concerne c est qu on apprenait norm ment de choses sans forc ment comprendre pourquoi et on n avait pas forc ment toute la d monstration jusqu la formule mais le fait de l apprendre par c ur et finalement apr s d avoir d autres l ments et d autres informations qui venaient par la suite eh bien a m aidait beaucoup comprendre en fait En fait dans ma d marche personnelle je pense que c tait vraiment important et donc j essaye de mettre en pratique dans la classe aussi et je fais r guli rement apprendre des r sum s par c ur E3 4 6 De son parcours universitaire J r me a gard le souvenir d enseignants usant de m thodes p dagogiques peu attractives pour les tudiants entra nant un certain d sint r t des apprenants pour la mati re tudi e En r f rence cette exp rience qu il veut ne pas reproduire ce jeune ma tre estime qu il lui appartient de devoir susciter l int r t la curi
541. u des difficult s inh rentes l exercice m me du m tier I 3 Le rapport aux l ves Durant la premi re ann e la gestion de la discipline posait probl me certains professeurs Qu en est il maintenant D une mani re plus g n rale les relations humaines et ducatives ont elles volu d une ann e sur l autre II 4 R les missions et identit professionnelle Concernant le passage du statut d tudiant celui d enseignant les premiers entretiens avaient montr une installation progressive des individus dans un nouveau r le Ce processus s est il poursuivi Nous voulions galement identifier les desseins axiologiques que les ma tres attachaient leur pratique quotidienne Enfin nous souhaitions saisir la mani re dont ils se sentaient enseignants identit pour soi et identit pour autrui THEME III L autoconstruction professionnelle HI 1 Le d veloppement professionnel Le questionnement visait nommer et expliciter les volutions les changements intervenus dans la pratique du ma tre durant les deux ann es IMI 2 L coformation HI 3 La coformation 115 III 4 L autoinformation Nous souhaitions comprendre comment les ma tres agissaient pour consolider et affiner leurs gestes professionnels Le parcours d autoformation empruntait il des chemins identiques ceux utilis s durant la premi re ann e THEME IV Les actions institutionnelles de formation I
542. ue On reprend confiance en soi parce qu on se dit que la s ance elle tait pas si mal que a finalement et qu on aboutit des r sultats E3 52 Le fait que mon enseignement ait port ses fruits Quand on met une pratique de classe en place si elle fonctionne pas on se dit j ai loup quelque chose j ai peut tre pas fait correctement quelque chose on se remet en question alors que lorsqu il y a une r ussite on se dit a y est j y suis arriv F4 42 Parce qu on se remet quand m me souvent en question et donc de voir que ce qu on a fait c est bien E8 52 3 Le rapport aux l ves Au moment de prendre leur fonction tous les enseignants s interrogent et prouvent une certaine inqui tude quant l attitude et au comportement des l ves dont ils vont avoir la responsabilit et avec lesquels ils vivront dans un m me espace une ann e enti re Les stages effectu s des discussions avec les pairs sur leurs exp riences respectives les discours de professeurs titulaires certains faits divers relat s par les journaux ont plus ou moins fa onn leurs repr sentations et entra n une certaine appr hension Tous craignent 160 d tre confront s l indiscipline et au chahut incontr l des apprenants La prise de fonction et les premi res semaines de la vie de la classe vont venir infirmer ou confirmer cette inqui tude 3 1 D agr ables surprises Dans certains
543. ue le m tier d enseignant est n cessairement une autoconstruction indissolublement prax ologique 1995 79 66 La mani re dont nous souhaitons appr hender le parcours de formation des jeunes ma tres nous conduit porter notre attention sur le pr fixe auto et prendre appui sur le concept d autoformation 1 L autoformation 1 1 Le pr fixe auto Comme l indique P Carr ce pr fixe sugg re la pr minence d un sujet percevant et agissant L autos ou le soi devient alors le centre de gravit du ph nom ne de formation Carr 2002 30 Le pr fixe grec auto peut se traduire par soi G Pineau diff rencie trois niveaux d int gration du soi dans les discours et les pratiques sur l autoformation le soi au singulier au carr ou au cube 1995 24 une formation par soi l individu est acteur de sa propre formation il en est galement responsable une formation de soi par soi il s agit l d une autoformation existentielle qui se comprend selon des dimensions philosophiques psychologiques th rapeutiques une formation de soi et du soi au cube cette autoformation est formation de soi par soi et pour soi Jbid 25 La notion d autoformation est aujourd hui fr quemment voqu e dans le champ de la formation et de l ducation et les pratiques qui affirment s y r f rer sont nombreuses Comme c est souvent le
544. ue personne n avait envie de se lancer dans la responsabilit donc on a d cid rire que je faisais fonction de directrice Mais c tait un peu difficile il fallait penser en m me temps plein de choses organiser notre classe et organiser la rentr e c tait un petit peu tr s difficile ES 40 Pour la majorit des enseignants interrog s il appara t que les conditions d accueil ont t difficiles en raison d une organisation administrative des coles partiellement d faillante lors de la pr rentr e C tait tr s sp cial parce que en fait il y a eu un probl me on n avait pas de directeur justement donc personne de l cole ne souhaitait prendre la direction donc on est venu on n a pas fait grand chose finalement la matin e E3 38 On tait l jusqu huit heures du soir et on n avait vraiment pas fait de choses concr tes E8 38 Pour les enseignants nomm s apr s la rentr e scolaire les conditions d accueil sont encore diff rentes puisqu ils ne b n ficient pas de cette journ e de pr rentr e D s leur arriv e ils doivent imm diatement prendre en main la classe 11 fallait attaquer tout de suite E6 38 148 H l ne qui se voit confier une classe multi ges en maternelle est accueillie et guid e non par une coll gue mais par l aide maternelle cens e assurer uniquement les t ches mat rielles C est mon ATSEM qui m a prise en c
545. ue r flexive susceptible d entra ner une auto formation et un d veloppement professionnel continus mais qui suscite par ailleurs tensions et r serves aupr s des 18 enseignants d butants Est ce un processus de transformation des pratiques des repr sentations de l identit personnelle et professionnelle de l individu Nous savons bien que ces questions pos es de mani re aussi dichotomique et tranch e permettent rarement d appr hender un objet de r flexion surtout s il s agit d un objet aussi complexe que le d veloppement professionnel des jeunes enseignants L analyse du trilemme socialiser professionnaliser se transformer d compose le r el et ce faisant le fige alors que le vivant est tout d abord pouss e mouvement de synth se production et produit dialectiques Existe t il plus vivant processus que processus de formation Ba llauqu s 1999 22 Dans sa recherche doctorale Nault 1993 d crit en cinq phases le processus de socialisation professionnelle l enseignement Il d bute selon cet auteur par une socialisation informelle ant rieure la prise de fonction et li e l histoire de vie de l individu La socialisation formelle constitue la seconde phase de ce processus Elle recouvre la formation initiale durant laquelle ce sont essentiellement des sources externes professeurs tuteurs ma ftres formateurs qui alimentent la construction d
546. ues 1995 25 Selon elle le th oricien est consid r comme un donneur de le ons dont ils invalident les propositions du fait m me qu elles ne viennent pas d un des leurs bid 26 Cette difficult que rencontrent les ma tres tablir des ponts entre les lectures et les r alit s v cues dans les classes entra ne dans leur esprit une dichotomie entre th orie et pratique entre les affirmations des uns et la pratique des autres Ce d calage per u entre le discours p dagogique issu des publications caract re scientifique et sa mise en uvre concr te dans les classes semble signifier la co existence de deux mondes dont les acteurs ne se rencontrent que trop rarement Cette situation tend voluer Des enseignants s engagent dans la recherche universitaire et certains 208 chercheurs investissent les classes Certaines recherches produisent des r sultats qui ont un effet direct sur les pratiques des ma tres Nous pensons notamment aux travaux de la psychologie cognitive dans le domaine de l apprentissage de la lecture ou ceux de P Bressoux sur l impact en termes d acquisitions scolaires pour les l ves des effectifs r duits au niveau du cycle 2 De nombreux autres exemples existent 4 Synth se Par ses lectures professionnelles par le biais de ses rencontres avec d autres mais d abord et fondamentalement dans l exp rience de la classe et de lui m me dans la classe le je
547. uffrance de solitude de deuil Une v ritable rencontre comporte toujours une part d impr visible Cette partie inconnue peut constituer un l ment attractif de l exp rience en ce sens que la personne en attend quelque chose de nouveau C est aussi ce qui est craint car l impr visible peut tre synonyme de menaces de dangers Dans cette confrontation il y a toujours quelque chose qui s impose au sujet le donn Cela peut tre un v nement qui interroge le sentiment de devoir agir d une certaine mani re une situation qui n cessite une r ponse imm diate L individu ne ma trise pas ce donn mais il se doit de le prendre en compte S il ne le fait pas et se contente de prendre acte de la situation sans que cette derni re entra ne une r action de sa part l exp rience n en est pas une car elle implique ici que la personne non seulement appr hende le donn mais soit mise en question en d s quilibre par cette rencontre Ce n est que dans la mesure o le sujet fait quelque chose de cette diff rence laquelle il est confront que l exp rience a des effets sur lui Cette approche de la notion d exp rience nous a permis de circonscrire deux sens de ce terme l un plut t dirig vers le pass et l autre plut t par son orientation vers l avenir l individu va vivre une exp rience Il va la fois prouver quelque chose et s prouver lui m me 3 2 L apprentissage exp rientiel
548. ui a volu dans sa pratique professionnelle au cours de ses deux ann es d enseignement Les l ments cit s 277 semblent indiquer un v ritable progr s qualitatif car l appropriation et la mise en uvre de ses nouvelles comp tences consolident assur ment la qualit de son enseignement 2 Manuella Par comparaison avec ses d buts Manuella a la conviction que sa pratique professionnelle s est progressivement consolid e et que son travail s av re plus efficace Elle s est enrichie Forc ment a s est am lior Se sentir laise arriver le matin avec confiance Plus ou moins s r de ce qu on fait Limite je mets mes pantoufles et je suis chez moi je me sens chez moi E9 16 156 Diff rents l ments concr tisent cette volution 2 1 Une plus grande s r nit Forte d une premi re ann e r ussie cette ma tresse enseigne maintenant en ayant davantage confiance en ses moyens Je suis arriv e avec beaucoup plus de confiance et d exp rience E9 16 2 2 Une organisation du travail plus rationnelle Durant sa premi re ann e Manuella tait trop dispers e dans l organisation mat rielle de son travail A la rentr e de sa seconde ann e d exercice la jeune ma tresse a modifi cette organisation afin de la rendre plus fonctionnelle J tais assez d sorganis e dans mon travail je mettais du temps faire mon cahier journal j crivais un bilan
549. ui devais la faire Par rapport la rentr e et puis par rapport l apprentissage de la lecture E14 8 10 Comme J r me pr c demment la relation avec les parents constitue galement une source d inqui tude Me positionner par rapport aux parents E14 10 Pour sa seconde ann e professionnelle Anne Marie a choisi une cole de ZEP Elle a en charge un CE2 de vingt l ves Contrairement la plupart de ses coll gues elle est particuli rement confiante l id e d aborder cette nouvelle rentr e J tais tr s bien En plus j avais une classe de 20 l ves Je savais avec quels coll gues j allais travailler E16 24 247 3 De nouvelles fonctions Apr s avoir d but respectivement dans une classe de grande section et dans un CM1 Carmen et Aur lie sont nomm es pour leur seconde ann e sur un poste de ma tre E o elles travaillent avec des l ves en difficult d apprentissage E10 2 Cette nouvelle situation constitue un changement important dans la pratique du m tier car les conditions d exercice d un ma tre appartenant au RASED diff rent consid rablement de celles d un professeur charg de classe A nsi lors de cette rentr e merge en elles un sentiment m l de doute et de crainte Est ce que je vais savoir faire J avais peur de ce manque de recul par rapport l enseignement J tais en maternelle pendant un an l l mentaire j y touchais pas
550. ultiples t ches effectuer entra nant un flot important de difficult s d passer Progressivement par leur investissement par leur travail par leur exp rience naissante et souvent avec l aide des autres les praticiens parviennent trouver un premier quilibre dans l exercice de leur m tier l issue de la premi re ann e d enseignement tous ont le sentiment d avoir enrichi leurs savoirs professionnels Ils poss dent une vision positive de cette exp rience et abordent la suite de leur parcours avec davantage d assurance et de s r nit Les entretiens n ont pas r v l l aspect dramatique de la prise de fonction relat par diff rentes recherches choc de la r alit Huberman 1989 exp rience crisique H tu 1999 Le passage du statut d tudiant celui d enseignant la d couverte d un nouvel univers professionnel entra nent des ruptures des obstacles des remaniements identificatoires que les ma tres novices doivent assumer Il appara t cependant que les termes employ s semblent sauf cas extr mes exag r s La singularit de cette recherche repose essentiellement sur sa nature diachronique Son inscription dans le temps a permis d identifier durant les deux ann es des volutions 349 dans les repr sentations et les pratiques des professeurs et de souligner certains des processus qui les sous tendent En cela l tude est originale et offre un clairage nouve
551. un programme d enseignement sp cifique selon leur niveau de cours Pour le professeur cette situation implique qu il soit amen enseigner des contenus disciplinaires diff rents dans un m me cr neau horaire Nous comprenons ais ment qu il n est pas facile de faire simultan ment des math matiques avec un groupe d l ves et de la lecture avec un autre groupe H l ne rencontre cette difficult avec sa classe regroupant des enfants de trois cinq ans J prouve une difficult avec mes petits je suis pas satisfaite de mon travail avec les petits pas du tout J arrive pas Donc le matin je m occupe beaucoup des moyens et j arrive pas m occuper bien des moyens et des petits donc les petits c est un peu les laisser pour compte E6 76 169 4 2 4 L h t rog n it des l ves Depuis plusieurs ann es ministres de l Education p dagogues de renom enseignants s accordent pour affirmer que l cole se trouve face un d fi majeur la prise en compte de l h t rog n it des apprenants Nombreux sont les ma tres qui clament haut et fort qu ils ne peuvent plus enseigner dans des classes accueillant des l ves dont les r f rences culturelles les motivations les potentialit s sont aussi parses En fait moi je pensais en arrivant je me suis dit je vais avoir un CE1 quelque chose de plus homog ne et en fait je me rends compte que j ai presque un cours triple J ai
552. une progression E1 292 236 J avais pas d emploi du temps parce que je savais pas comment le faire C tait bien aussi qu elle soit venue parce que a m a permis de faire a de faire un emploi du temps E6 208 L entretien de visite permet parfois aux jeunes ma tres d entendre une mani re diff rente de voir et de comprendre une m me situation Doise et Mugny prolongeant les travaux de Piaget et Vygotsky pr sentent les interactions entre pairs comme source de d veloppement cognitif condition qu elles suscitent un conflit socio cognitif La communication introduit le point de vue d autrui et s il diff re du point de vue propre au sujet il y aura un conflit L occurrence de conflits de communication est une condition n cessaire la d centration intellectuelle 1981 87 Ainsi par cette d centration le dialogue donne aux ma tres la possibilit de se construire ce propre qu voque de Certeau et qui leur permet de passer d une vision tactique une vision plus strat gique du m tier Dans L invention du quotidien 1980 l auteur analyse des pratiques culturelles simples et montre qu il existerait deux mani res d appr hender le r el Il d finit ainsi les termes de strat gie et de tactique J appelle strat gie le calcul des rapports de force qui devient possible partir du moment o un sujet de vouloir et de pouvoir est isolable d un environneme
553. une enseignant volue se construit et d veloppe des comp tences Il apprend les conduites tenir il d veloppe ses connaissances relatives aux enfants et aux contenus qu il enseigne pour une plus grande ma trise de son travail En m me temps il se voit uvrer voluer et il s apprend lui m me IT Rapport la formation institutionnelle 1 Les stages Durant sa premi re ann e d enseignement chaque ma tre participe obligatoirement un stage de prise de fonction qui se d roule en deux sessions d une semaine En r gle g n rale la semaine initiale de formation a lieu pendant le premier trimestre de l ann e scolaire et la seconde session se tient plus tard dans l ann e Dans tous les cas ces deux actions de formation sont espac es de plusieurs mois En Moselle le groupe de travail Entr e dans le m tier a labor sous l autorit de l inspecteur d acad mie un cahier des charges applicable dans les vingt trois circonscriptions du d partement Ainsi la premi re session regroupe des professeurs novices d pendant de plusieurs circonscriptions voisines mais travaillant tous dans le m me cycle d enseignement Les ma tres de petites et moyennes sections de l cole maternelle sont inscrits dans le stage d nomm cycle 1 les ma tres de grande section CLANET J ARNOUX M BRESSOUX P BRU M LIMA L MAURICE J J 2006 M thodologie d valuation et l ments illustratifs
554. une consolidation du soi professionnel Le mouvement de professionnalisation des enseignants signifie entre autres l id e d une formation professionnelle qui d passe la seule formation initiale de pr paration au m tier Cette professionnalisation ne saurait tre atteinte au bout d un ou deux ans de passage l IUFM mais s labore et se consolide tout au long de la carri re Nous pouvons d ailleurs penser que la complexit m me de ce m tier implique une professionnalisation de l individu qui ne sera jamais achev e Dans cette perspective l insertion professionnelle ne repose plus seulement sur les capacit s adaptatives des jeunes enseignants mais elle s inscrit dans un processus formalis visant orienter aider les ma tres d butants afin de maximiser aussit t que possible leurs satisfactions leur motivation au travail et leur rendement Weva 1999 189 A nsi comme le souligne cet auteur le concept d insertion professionnelle s articule troitement un programme de formation dans le but d aider formellement et syst matiquement les nouveaux enseignants au d but de leur carri re Weva 1999 189 Dans ce champ de recherche sur l insertion professionnelle la situation des professeurs d butants suscite de plus en plus d int r t S Desgagn 1995 souligne que les travaux 22 portant sur ce th me impriment une direction particuli re celle d tablir les principes et les
555. unes professionnels appara t productrice de savoirs Ils d veloppent des attitudes des comp tences plus riches et vari es qui les engagent sur le chemin de la professionnalisation Ils se forment dans la confrontation avec le r el de la classe Le praticien novice a essentiellement acc s quatre types d informations professionnelles les informations crites notamment par la lecture d ouvrages sp cialis s et la recherche d outils p dagogiques sur internet les informations orales qui prennent souvent la forme de conseils manant des coll gues les actions men es dans le 194 cadre de l accompagnement de l entr e dans le m tier et les informations issues de sa pratique professionnelle 1 L exp rience une ressource pour le d veloppement professionnel Les jeunes ma tres voquent souvent l exp rience pour expliquer leur d veloppement professionnel durant leur premi re ann e d enseignement La vie de classe conduit les ma tres vivre des exp riences partir desquelles les informations peuvent s engranger et se structurer Ces savoirs issus de la pratique leur semblent essentiels Ce qui est aidant c est l exp rience qu on a derri re soi F4 141 L exp rience l exp rience a aide beaucoup EI 144 Les enseignants novices accordent une place essentielle aux savoirs issus de l exp rience du terrain et aux connaissances pratiques qui mergent travers leur v cu
556. ur en termes de conseils diminuent Le dialogue se situe alors davantage dans le soutien et la confortation de l existant Dans les deux autres entretiens il y avait beaucoup plus de remarques positives c tait plus de la satisfaction E1 292 Selon la typologie propos e par Porter cit par Dugal Amade Escot 2004 100 six grands types d attitudes possibles adopt es par les formateurs ont t identifi s 231 valuation porter un jugement interpr tation le soutien encourager consoler investigation questionner l action la d cision prescrire donner une solution la compr hension couter faciliter l expression Les discours montrent que les jeunes ma tres appr cient l attitude de d cision du formateur et sont particuli rement r ceptifs aux conseils susceptibles de les aider d passer les difficult s ou simplement d enrichir leur pratique Comme le soulignent Dugal et Amade Escot Jbid 101 les conseils investissent les trois l ments essentiels de la pratique professionnelle l organisation les interventions aupr s des l ves et les contenus enseign s _ L organisation recouvre ce qu on appelle aussi commun ment la gestion de la classe c est dire tout ce qui concerne le fonctionnement quotidien l organisation des lieux des groupes l utilisation de l espace du mat
557. ur r pondre aux attentes des jeunes ma tres les formes collectives de l accompagnement de l entr e dans le m tier privil gient essentiellement les mod les d adaptation et de soutien 342 Soulignons que le nouveau Cahier des charges de la formation des ma tres Bulletin Officiel de l Education Nationale 2007 1 tend se rapprocher du mod le de la formation prolong e puisque apr s quelques mois d enseignement les ma tres novices retrouveront durant deux semaines les professeurs d IUFM afin notamment de confronter et d clairer leur exp rience naissante aux savoirs th oriques sur l enseignement Mais rien n interdit qu il y ait l des conditions favorables au d veloppement professionnel Les stages destin s aux ma tres d butants permettent de rassembler des personnes pr sentant toutes la caract ristique d une insertion professionnelle r cente Les propos recueillis montrent que les novices appr cient notamment les moments d change avec les pairs que ceux ci se d roulent de mani re formalis e travers des r cits d exp rience donnant lieu r flexion des pr sentations de projets p dagogiques mis en uvre ou qu ils aient lieu dans les moments interstitiels A cet enrichissement des pratiques professionnelles s articule aussi pour certains une composante psychologique Les t moignages des pairs leur font prendre conscience que l exercice du m tier s av re comp
558. ur bat Et puis quand on entend frapper la porte alors l ES 152 On a quand m me un peu d appr hension dans le sens o comment a va se passer est ce que ce que j ai mis en place a va lui plaire est ce que les gamins vont tre comme d habitude ou pas Oui c est un peu de l appr hension E4 116 Durant les stages en responsabilit men s lors de la formation initiale les futurs professeurs ont v cu de nombreuses visites effectu es par les formateurs de l IUFM Chacune d entre elles se soldant par une appr ciation ou une note chiffr e comptant pour l obtention du dipl me de professeur des coles et leur rang au classement final les jeunes ma tres se sont forg une certaine repr sentation de ces actions Ainsi avant la Da M er VAE sn A gt D nomination officielle des jeunes enseignants effectuant leur premi re ann e d enseignement 222 premi re visite v cue dans le cadre de l accompagnement professionnel ils leur attribuent un caract re essentiellement valuatif En outre bien qu ils ne l aient pas encore prouv e personnellement certains professeurs rapprochent ces visites de l inspection qui aboutit notation Les r actions n gatives que les ma tres d veloppent par rapport ce temps d accompagnement semblent d j avoir atteint de nombreux jeunes enseignants qui consid rent avant coup la visite du conseiller p dagogique comme une petite inspection Pa
559. us finement leur niveau initial ce qui permet une offre didactique plus proche des besoins r els des l ves Cette ann e je cible beaucoup mieux le niveau des l ves On a plus conscience de ce que les gamins peuvent faire E12 56 94 5 2 Un rythme de travail plus lent Cette plus grande finesse de l valuation diagnostique des l ves s accompagne d une patience accrue dans le fonctionnement g n ral de la classe Il ressent maintenant quel point le facteur temps est important dans le processus d apprentissage des enfants On n a plus tendance aller trop vite on sait qu il va falloir se prendre le temps surtout en d but d ann e Poser lentement les mani res les habitudes de travail Je suis un peu moins press de mettre en place ces habitudes scolaires et quand elles sont mieux mises en place on a une expression la classe tourne mieux et l a a tout son sens E12 94 Nous pouvons remarquer que cet l ment avait d j t cit par J r me l issue de sa J premi re ann e E4 74 5 3 Une plus grande confiance en soi Comme cela avait d j t voqu par Aur lie le sentiment positif d avoir r ussi ses premi res ann es et d tre un bon praticien apporte aux jeunes ma tres une assurance une confiance dont ils ne disposaient pas aussi compl tement leurs d buts Jai pris un peu plus d assurance On se dit qu on s en est sorti
560. utaire de la personnalit de l enseignant et de son environnement Ba llauqu s 1990 Boutin 1999 Tous ces l ments plaident pour une recherche qualitative de terrain visant r pondre ces questions comment le jeune ma tre affronte t il les difficult s qu il rencontre Quelles ressources mobilise t il pour tenter de les surmonter D une mani re plus g n rale comment le professeur novice volue t il dans sa pratique professionnelle Que d veloppe t il comme strat gies afin de diversifier et d enrichir ses gestes professionnels pour approcher cette expertise laquelle la plupart des enseignants aspirent Quelles dynamiques individuelles et collectives participent leur parcours de formation 20 Nous venons d observer que les premi res ann es d enseignement sont souvent d peintes comme une p riode d intense activit cognitive tape essentielle au cours de laquelle le ma tre explore et s adapte l environnement professionnelle qu il d couvre Lortie 1975 tudiant les modes de socialisation professionnelle souligne le caract re solitaire des apprentissages et d plore l inexistence ou l indigence des formes d accompagnement propos es aux praticiens novices Qu en est il aujourd hui en France et dans d autres pays des d marches d aide de soutien de conseil l intention des professeurs d butants I L accompagnement institutionnel de l entr e dans le m t
561. utoformation et le d veloppement professionnel des enseignants d pend en grande partie des personnes elles m mes notamment de la mani re dont elles appr hendent et questionnent les exp riences quotidiennes qu elles sont amen es vivre dans le cadre de leur travail 347 CONCLUSION Cette recherche avait pour but de clarifier ce que constitue pour les professeurs des coles d butants l exp rience des deux premi res ann es d enseignement Nous souhaitions aussi rendre intelligibles les voies par lesquelles les praticiens novices construisent et consolident leurs savoirs professionnels Deux questions essentielles ont toujours guid notre r flexion Qu est ce qu aujourd hui l entr e dans le m tier pour les ma tres d cole Comment les nouveaux enseignants d veloppent ils leur professionnalit au cours des deux premi res ann es d exercice Nous avons d cid d aborder et de comprendre l objet d tude en le confrontant au concept complexe de l autoformation Complexe car l autoformation g n re une telle pluralit de conceptions de courants qu une synth se g n rale semble difficile d gager Ce vaste champ notionnel comprend des ouvertures transdisciplinaires Pineau 2006 5 qui en r v lent sa richesse et sa multir f rentialit Mais dans le m me temps cette difficult circonscrire le ph nom ne l expose des critiques sur le bien fond m me de s
562. uv s par le professeur au cours de cette premi re ann e Ce ressenti positif a t il une influence sur l exercice du m tier II 2 La nature des difficult s Quelles ont t les principales difficult s rencontr es par l enseignant dans sa pratique professionnelle Par quels moyens a t il tent de les d passer Et qu en est il maintenant IL3 Le rapport aux l ves Les questions de discipline constituent une source d appr hension pour de nombreux enseignants d butants Nous voulions savoir comment chacune des personnes interrog es vivait au quotidien la relation humaine et ducative avec les l ves Th me ITI L autoconstruction professionnelle des jeunes ma tres HI 1 L volution de la pratique professionnelle au cours de la premi re ann e Il s agissait d identifier les l ments de la pratique qui selon l enseignant s taient enrichis au fil des mois IIL2 Les sources et les ressources mobilis es par les enseignants pour d velopper leurs comp tences IIL 2 1 La pratique de classe L exercice quotidien du m tier constitue t il un moyen de consolider ses gestes professionnels Si la r ponse est affirmative comment le ma tre transforme t il sa pratique en exp rience II 2 2 La collaboration avec les pairs Quelles relations de travail le jeune enseignant a t il d velopp es avec ses coll gues Ces derniers participent ils au d veloppement professionnel des jeunes ma tres
563. venu construire et consolider ses comp tences en l coutant en l aidant formuler ses questions sur le m tier analyser les incidents rencontr s et les r ussites observ es chez les l ves Le profil de ces personnes ressources n est pas d fini explicitement mais le texte pr cise que ces derni res doivent notamment d velopper des capacit s d coute et d analyse avant de conseiller ou d valuer 27 tre capables d aider identifier les questions laborer une demande et analyser les besoins rr jouer le r le de passeur et aiguilleur en direction des bons interlocuteurs dans et hors l cole ou l tablissement Ibid 1796 3 La mise en uvre de ce plan d accompagnement dans le d partement de la Moselle Suite la parution de la circulaire relative l accompagnement de l entr e dans le m tier au Bulletin Officiel s est form en Moselle sous l autorit de l inspecteur d acad mie un groupe de travail Entr e dans le m tier Cette commission dirig e par un inspecteur de l Education Nationale comporte dix membres cinq inspecteurs deux professeurs d IUFM deux conseillers p dagogiques une directrice d cole d application Prenant comme cadre de r f rence les directives nationales ce groupe de r flexion a labor un cahier des charges des formations applicable dans toutes les circonscriptions la rent
564. voient quotidiennement dans l exercice de leur m tier Dans certains cas les formations universitaire et professionnelle n ont pas permis aux praticiens de s approprier l ensemble des champs disciplinaires qui sont enseigner l cole primaire La polyvalence est parfois mise rude preuve Insatisfaits de cette situation les ma tres travaillent alors plus sp cifiquement le s domaine s lacunaire s afin de combler leurs manques Progressivement ils structurent et enrichissent leur enseignement Au d but je voulais bien faire La voix et l coute mais alors je savais pas du tout comment faire j tais compl tement bloqu e du coup j en faisais pas ou tr s mal donc l j avais un manque Maintenant La voix et l coute a a compl tement chang Maintenant je fais des vraies s ances Pareil pour le graphisme E6 110 18 serve ZX Z Une discipline enseign e l cole maternelle 183 On m a dit tu as la salle d EPS de 8 heures et demie 9 heures 10 j avais horreur de la salle de jeu je savais pas quoi faire Maintenant j aime bien PEPS E6 142 2 2 Le sentiment d tre plus efficace Les ma tres constatent une plus grande efficacit de leur enseignement et une meilleure coh rence dans le d roulement des situations Les premi res s ances taient celles qui taient les moins efficaces E1 138 Au d but j expliquais pendant vingt cinq mi
565. voil ce qu attendent en priorit les ma tres des actions de formation qui leur sont propos es C est le projet Ecoute et Regard a me paraissait int ressant de mettre en lien deux mati res diff rentes sur une m me p riode J avais jamais entendu parler de cette id e l Je trouvais a int ressant E11 160 163 Une ma tresse E qui est venue avec tout son mat riel Et a a m a beaucoup aid e aussi Voir tous ses petits jeux faits style domino m mory Voir d autres outils que ceux dont on nous a parl l IUFM ou que je connaissais Des outils que j ai r investis dans la classe C est vrai qu on n a pas forc ment l id e E10 124 130 C est le moment o on a eu l intervention de la ma tresse E qui nous a vraiment donn des pistes pratiques et concr tes pour qu on puisse travailler sur le terrain puisque c est quand m me a le but du stage pour des jeunes qui d butent et qui sont parachut s sur des postes sp cialis s sans aucune formation Il faut parer au plus press il faut donner E15 124 La fa on dont on peut tudier de mani re ludique la croissance d une plante la fa on de rendre a plus vivant parce que souvent quand on regarde a dans le manuel ou sur internet semaine l il y a a semaine 2 il y a a pffff Comment Observation r fl chie de la langue 4 Projet p dagogique associant deux champs disciplinaires les arts visue
566. voir faire norm s n cessaires l exercice des m tiers de l humain cette hypoth se conduit d velopper des comp tences polyvalentes ouvertes qui permettent de coordonner de mutualiser l acte et son analyse l action et la pens e La le on ne se d roule pas toujours comme le d butant l a con ue Les r actions des l ves leur investissement ne sont pas conformes aux attentes des adultes Confront s ces surprises qui les laissaient perplexes et impuissants les enseignants soulignent l importance d une r flexion personnelle naissante sur les actes professionnels engag s et leurs cons quences A ma r trospection je m analyse mes analyses personnelles de ma fa on de tenir une classe aussi au comportement des enfants s ils taient plus dissip s pourquoi ils m ont pas cout El 122 L enseignant est confront chaque jour des probl mes il doit op rer des choix il vit des r ussites et des checs Cependant face la complexit des situations diff rentes postures apparaissent Ces derni res peuvent tre li es au niveau de ma trise professionnelle atteint par les praticiens G Mialaret dans J M Barbier 1996 161 187 d finit diff rents stades de la pratique professionnelle Le premier niveau qu il appelle impulsif est celui o l acte constitue une r ponse imm diate aux stimulations du milieu Parfois le jeune enseignant est submerg par les v nements dont il
567. voirs th oriques d claratifs des savoirs pratiques extraits des exp riences quotidiennes du praticien Les savoirs th oriques comprennent les savoirs enseigner savoirs disciplinaires et savoirs didactis s faire acqu rir aux l ves les savoirs pour enseigner savoirs p dagogiques relatifs la gestion du groupe savoirs didactiques dans les diff rentes disciplines Issus des exp riences quotidiennes les savoirs pratiques sont class s en deux cat gories les savoirs sur la pratique qui repr sentent des savoirs formalis s sur le comment faire les savoirs de la pratique qui correspondent aux savoirs d exp rience issus de l action p dagogique men e par l enseignant Gauthier et al 1997 ont distingu six types de savoirs dont l enseignant a besoin pour r aliser son travail de mani re pertinente le savoir disciplinaire correspondant aux savoirs enseign s l universit le savoir curriculaire correspondant aux savoirs enseigner aux apprenants le savoir des sciences de l ducation panel de savoirs multir f rentiels le savoir de la tradition p dagogique le savoir d exp rience r sultant de la pratique professionnelle 46 le savoir d action p dagogique correspondant au savoir rationalis et transmissible l ensemble des enseignants Ces quelques typologies soulignent la richesse des r flexions men es sur cette question des savoirs de l enseignant E
568. vont pas je d bute quoi et de sentir le regard le jugement de l autre sur son propre travail je fais de mon mieux tout en sachant que ben voil quoi a se construit ce n est pas parce que j ai l ge que j ai la ma trise je suis d butante E2 162 Oui de se dire qu on n est pas du tout dans le bon truc dans le bon chemin La crainte de mal s y prendre en fait En maternelle c est vaste les domaines du 223 coup on sait pas o sont les limites est ce que de temps en temps on n est pas de l autre c t E6 196 Si c est a l id e d un jugement comme on a personnellement j ai pas norm ment confiance en moi encore je suis vraiment pas s re cent pour cent de ce que je fais et je me demande toujours si c est bien si a va marcher E3 144 Plusieurs praticiens craignent le caract re ponctuel et al atoire des visites et de l valuation qui en d coule Le temps de l observation ne permet d appr hender qu un fragment de la pratique En fonction de la situation du moment des l ves de la mati re qui est enseign e ce que le conseiller voit pendant les deux heures o il se trouve dans la classe n est pas forc ment repr sentatif de la pratique professionnelle globale mise en uvre par les jeunes ma tres Ces derniers redoutent alors l valuation n gative qui ne serait pas significative par rapport leur investissement et au travail qu ils fournissent
569. vre des d marches didactiques orient es globalement par les objectifs du cycle d tude adapt es la diversit des l ves leurs niveaux aux conditions mat rielles et morales du travail au mode de collaboration possible avec les parents la nature de l quipe p dagogique et de la division du travail entre enseignants Perrenoud 1993 60 Afin d identifier les savoirs et les comp tences mobilis s dans la pratique p dagogique diff rents typologies ont t labor es 2 1 Savoirs et comp tences en enseignement quelques typologies E Charlier 1998 104 rappelle une typologie des savoirs labor e par D Raymond 1993 qui diff rencie deux types de savoirs 45 Des savoirs enseignants construits par l enseignant lui m me ou que l enseignant estime s tre appropri s savoirs transform s et construits partir de sa pratique ou d exp riences v cues dans le cadre scolaire Cet ensemble de repr sentations et de th ories personnelles servirait de fondement pour valuer la pertinence de savoirs provenant d autres sources Des savoirs pour l enseignant qui seraient labor s par d autres instances dans d autres contextes que celui de l enseignement qui devraient subir de multiples transformations pour tre utilis s par les enseignants dans un contexte particulier M Altet 1996 35 propose une typologie plus labor e dans laquelle elle diff rencie les sa
570. x qu il convient maintenant de laisser venir maturation pour en exploiter toutes les richesses Je n en voulais pas du tout de livres sur la r flexion p dagogique qu on peut avoir parce que souvent c est a Je pense qu on en a d j eu donc je voulais le dig rer cette ann e toute cette th orie E6 140 Pour d autres professeurs la lecture des ouvrages p dagogiques semble inutile pour leur pratique professionnelle et entra nerait une perte de temps dans cette p riode o ils ont justement l impression d en manquer Comme H l ne le soulignait pr c demment le contenu de ces livres est souvent qualifi de th orique Les ma tres n arrivent pas tablir de liens entre ce qu ils y lisent et leur pratique quotidienne J ai l impression que a va me prendre beaucoup de temps suppl mentaire et qu il me faut tout de suite du concret des documents E3 110 Jai pas accroch du tout J avais l impression que c tait en d calage par rapport la r alit C est peut tre faux J ai impression que dans ces ouvrages c est principalement des enfants types alors qu en fait on n a aucun enfant type j ai treize l ves mais on pourrait dire que j ai treize niveaux J y trouvais pas de satisfaction a ne r pondait pas aux questions que je me posais en fait ES 126 F Castincaud crit que les enseignants accusent la th orie d loignement confortable des pratiq

parcours de formation et autoconstruction professionnelle des

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