Les choses répétées plaisent / Bis repetita placent
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1. Bis repetita placent est le vers produit par Horace qui tait pos e la question de Socrate Qu est ce que le beau lui demande t on Les cho ses r p t es plaisent prononce alors le po te latin reprenant son compte ironique l picurisme grec Mais s il transf re le sujet philosophique en question vers la jouissance de l objet pour r ponse le beau n est pas hors la chose il est la chose en tant qu elle plait l auteur des Satires joue en meme temps de la tautologie par renvoi de la r ponse au c ur de la question le beau c est ce qui se r p te dans la chose en tant qu elle plait Double sens sous l apparence de l vidence et la simplicit au dehors d voile l enjeu au dedans Ou paradoxe de la hitt ralit dont surgit l quivocit le ton est ici donn Traduisant l id e du his par l ex position en deux lieux dont chacun forme l cho de l autre son commissaire Arnaud Stin s n a certes pas trahi l esprit du vers antique en le reprenant pour in titul rassemblant dix neuf artistes contemporains autour de ce th me De la r p tition imprim e dans l uvre la r p tition que l uvre exprime un th me labor en tant que concept d tre envisag comme fondement de toute construction humaine et partant de toute cr ation Reproduction de la r alit ou invention de r el que se r p te t 1l en effet dans l uvre d art sinon qu tre la chose mat rielle o s incarne la pens2. Compte rendu Les choses r p t es plaisent Ouvrage recens Bis repetita placent exposition en deux lieux Espace d art Rurart Rouill FRAC Poitou Charentes Angoul me 23 f vrier 10 mai 2005 par Isabelle Hersant ETC n 71 2005 p 69 71 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 35227ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 09 05 Rouill Angoul me LES CHOSES R P T ES PLAISENT Bis repetita placent exposition en deux lieux Espace d art Rurart Rouill FRAC Poitou Charentes Angoul me 23 f vrier 10 mai 2005 plique par la d rision une interroga tion sur la v rit
3. met en sc ne I am going se dessine le spectre de la r p tition de l histoire Car si la r p tition comme m moire de l humanit est ce qui fonde toute pos sibilit de construction pour l homme elle est aussi ce par quoi l homme r alise l humanit en tant que sc ne toujours r activ e de la destruction Temps r el et temps diff r double usage de l image photographique et fin de la premi re s quence d ex position Tandis que la sortie se fait ici sur La Pluie Seule 1986 montr e en tr s gros plan par Patrick Tosani l entr e ouvre l sur le diptyque que Pier re Joseph pr sente comme trace de la performance qu il fit jouer le seul jour du vernissage Alors que le premier fait advenir un autre r el de l instant o il se produit en transposant dans le visible ce qu il contient d invisible c est dire la transparence de la pluie qui tombe mais que sa photographie donne voir comme un ensemble de stries blanches sur fond noir le second cr e de m me un autre r el partir de ce qu il produit mais en diff rant son image qui le transf re de la fiction dont il est issu la r alit dont il est extrait Une r alit enfuie que la m moire photographique suspend en un r el immobile Car c est un temps d finitivement perdu que r activent les deux person nages de Purgatoire 1991 Le temps qu est l instant d une performance r guli rement donn e depuis quatorze ans et dont les premi res p
4. ctique du lien par antinomue Dans la salle ad jacente o la r p ution apparait sous la forme de la boucle vid o c est d abord celle des R veils 1988 de Pierrick Sorin qui se pr sente Visage endormi de l artiste dont les yeux s ouvrent sans fin sur les aiguilles qui affichent le m me retard du matin hu mour de clown triste rejouant en quelques minu tes aussi absurdes qu identiques le ratage quotidien d une vie inadaptable au principe de r alit Et der ri re cette image de la pr destination personnelle pour l chec deux crans o l id e du destin cette fois historique et collectif d file sous l esp ce de l univers totalitaire dont la voix qui le nomme par la cam ra qui l enregistre se fait le t moin sans visage Gros plan sur les pieds montant une une les mar ches d un escalier en rayures de m tal noir dans le ciel blanc num ration jusqu l puisement de cha cune d elles comme un d compte du temps qui reste vivre jusqu au sommet de la mise mort Noir et blanc de cette s quence en temps r el sur l ascension d un mirador aujourd hui vestige du pass mais dont les claires voies laissent apparaitre comme autrefois le paysage d une for t enneig e Evocation des camps nazis travers l all gorie de la Pologne stalinis e au nom d un je qui incarne l conscience de l artiste en d signant le corps du condamne tel est ce qu inter pr te Robakowski Dans la reprise du r el politique que
5. dre avant de comprendre que r p ter permet de s interroger sur ce qui fonde un savoir Et tels seraient les termes pour une d finition de l uvre de Trisha Donnelly Artiste de la perfor mance qu elle appelle pr cis ment d monstra tion ce dont elle rend compte devant le public est ce qu elle a appris cette fin Ainsi de la langue des signes o du maniement du sabre dont limage qui en t moigne fait lien direct avec l usage de la photographie dans Purgatoire Mais laiss e Sans titre 2002 l arme imposante de la cavalerie anglaise re produite en noir et blanc selon un effet de photo copie ou s rigraphie apparait tr s diff remment en objet d contextualis Coup e de tout rapport avec la d monstration dont elle est l accessoire elle se pr sente aussi nigmatiquement qu est myst rieuse la fa on dont chacun per oit comprend et inter pr te Car ici r side le propos de Donnelly mettre en vidence quel point les processus d acquisition des savoirs tiennent le savoir comme tel en chec restant sans plus de r ponse d finitive que l art n a de d finition cl turante Jaune solaire l image d une plaque de verre fel photographi e par Urs L thi s intitule Nature morte 1991 Trait e en monochrome vibrant l gal du jaune poivr des aplats de Gauguin la couleur donne toute son nergie au mat riau qu elle ne peut cepen dant ranimer contrairement la r f rence picturale qu elle m
6. e elle est l objet o l homme se r p te sans fin jamais le m me mais toujours comme un autre dans son ques uonnement du monde d o il la produit Sujet de l oubli comme du souvenir lieu de l unique com me de sa disparition que se r p te t 1l dans l uvre d art sinon qu elle demeure dans cette permanence la fois cr ation qui renouvelle l invariable question nement du monde et transmission de l in puisable capacit de l homme questionner le monde D s lors si les 225 boites aux lettres identiques jux tapos es sans nom et Sans titre 1997 par Claude L v que ou les Empreintes de pinceau n 50 intervalles r guliers de 30 cm 1987 trac es par Niele Toroni apparaissent comme le mot au pied de la lettre c est qu a l instar du Bis repetita placent formul par Hora ce elles pr sentifient ou donnent corps la question qu elles ouvrent au lheu d en tre l impossible r pon se qui la refermerait Ainsi galement du mat riau de la construction d coup align par Carl Andre ou du signe de la communication d tourn dupli qu par Allen Ruppersberg dont la proximit des uvres dans l espace d exposition marque en m me temps l cart par quoi l une redouble l autre Puis sante stabilit des quatorze billots de bois de Phalanx 1981 et fragile pr carit des quatre cartons noma des de Poster Objects 1991 le rapport d opposition accomplit la r it ration de chacune les deux tant
7. e m me et un autre ISABELLE HERSANT Min Corl Andre Francis Baudevin Etienne Bossut Cloude Closky Tisha Don nelly Hans Peter Feldmann Jim lssermann Pierre Joseph Jjeamlouis Garmel Michel Gondry Cloude L v que Urs L thi Didier Miarcel oset Roboakowski Allen Rupperbera Pierrick Sorin Miele Torani Fo T aA AA wick Tosani Andy VVorhol
8. hotographies forment le seul mode d emploi pour les com diens successifs qui l interpr tent depuis lors De vant un public qui les regarde pour la premi re fois travers les ann es de l uvre qu ils rejouent leurs corps inertes pr sentent la m me sc ne un motard accident est allong sur le sol tandis qu un noy est assis sur un banc Double figure d une mort violen te pour la violence de la vie attendue par la mort la disparition de l un fait cho imm diat celle de l autre cependant que le jeu des r f rences op re par le d calage Aussi fin que saisissant est en effet le renvoi du noy de Purgatoire vers l Autoportrait en noy sous lequel Hippolyte Bavard se repr senta en 1840 afin d expri mer sa mort symbolique comme inventeur non re connu du proc d de photographie sur papier appel h liographie Ironique renversement de l histoire qui l aura donc rendu c l bre avec cette image d auteur t moignant de son r ve bris d une notori t de sa vant voici quil fait retour dans l gale absence d un corps assis comme endormi appuy l au bord droit de l preuve en positif direct ici affaiss sur le bord correspondant du banc d ou il semble glisser Lequel si ge inoccup par ailleurs renvoie quant lui vers la chaise vide d o l art conceptuel tira l u vre embl matique Art after philosophy Ou variation ME EA PAL AN PRE RE ae PET fs la astiaa ERA ee E S s y E
9. pos es m me le sol Sur le mur au dessus d elles une s rie warholien ne d ploie ce rapport en dix s nigraphies Entre le th me rendu visible par l uvre comme telle et le concept qui s articule travers elle une relation d change dont les termes se traduisent par la surface de repr sentation et son espace de pr sentation Sur la premi re l impression d un objet que le pop art aplatit en le multipliant Dans le second cette autre figure de la r p tition qu est la mise en abyme ou m canisme de l image dans le miroir comme enjeu d une confrontation par renvoi de l une dans l espace de l autre travers les deux modalit s de l objet m tonymique que sont la s rie et l ensemble s riel se joue un face face qui au del des uvres est celui de deux pens es antagonistes sur un m me monde De surface et de fond pourrait on dire de ces deux regards sur la soci t de consommation r gime s0 ciologique point comme syst me de reproduction par le pop art machinerie id ologique analys e en tant que syst me de production par l art minimal galement r flexif le chemin qui m ne alors des dix Electric Chairs 1971 recouvrant le mur au moniteur o am going 1973 tourne le dos au spectateur De l image de la mort sans condamn visible qui se transforme en motif de masse avec Andy Warhol au comptage de marches gravies en condamn invisible par Josef Robakowski l exposition se poursuit selon la diale
10. r sur un m me th me apr s la dissolution de l art an nonc e par Hegel et sa proclamation consomm e en blanc par Malevitch puis r p t e en noir par Rein hardt Mais un seul banc offrant sans aucun doute autant de place que trois chaises on pourrait ajouter que la r f rence One and Three Chairs de Joseph Kosuth par Pierre Joseph r sume plus encore la question de la tautologie en condensant l objet qui l incarne Lequel se trouve alors d crit non par sa d finition dans le dictionnaire mais par sa fonction ordinaire ici remplie de fa on certes extraordinaire puisque le corps assis est celui d un homme mort vision toutefois banale au regard d une chaise ac cueillant la mort de l art Jeu de l cart entre l g ret et gravit ainsi s expose une uvre pourtant tr s diff rente du m me artiste Mon Plan du Plan de M tro de Paris 2000 affiche au mur l un de ceux qui tapissent les quais et couloirs souterrains des transports parisiens sachant que Jo seph l a repris pour y indiquer de m moire les seuls lieux qui l ont marqu De sorte qu retracer sa psy chog ographie personnelle de la ville c est mainte nant le situationnisme qu il convoque avec ce plan unique Pour autant la question que pose cet objet d tourn de sa fonctionnalit universelle vers la re transcription du souvenir individuel est plus encore celle de la connaissance r p ter pour apprendre car r p ter permet de mieux compren
11. ultiplie Renvovant la chaleur pour nature de la vie elle semble irradier de l int rieur la surface lisse alors qu elle la recouvre En effet le jaune de Nature morte Vient par rehaut total sur un tirage noir et blanc lequel prend alors le statut d image colori s e et le sens en m me temps de plaque sensible impressionn e par la lumi re du monde travers la photographie point e en tant qu elle fait r p tition de la peinture la question pos e est celle d un ternel retour du m me propri t intrins que de la cr ation qui donne celle ci et le jeu et les r gles du jeu Et bord e d un pais cadre noir Nature morte joue certes de la reproduction des codes de l art comme heu d une v rit mais qui ne l est que par distance avec la r alit Ne saurait ainsi faire illusion la citation directe la mari e f l e du Grand Verre de Duchamp qu affiche le verre fendu mais c libataire photogra phi par L thi Sous l vidente r f rence ce qui fait rupture dans l histoire de l art apparait le sympto me de l irr ductible fracture de l tre qui se r p te Qu est ce que l identit disent en substance les autoportraits pour lesquels l artiste suisse est connu Fragile comme le verre c est ce qui reste trans parent en se transformant r pondrait cette uvre dont le jaune solaire est aussi solitaire que l identit de soi tendue l gal de l art dans une oscillation sans fin entre l
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