Le_Monde_PL_09_05_20..
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1. fe Monde fr Comment piloter le monde l heure des m garisques et m gacrises LEMONDE FR 09 05 11 09h00 Katrina Deepwater Horizon Fukushima Mais aussi subprimes dettes soul vements dans les pays arabes Les m gachocs s imposent d sormais sur tous les tableaux Pour de multiples raisons qui se conjuguent chelle et nature des syst mes technologiques interd pendances globales de plus en plus serr es et vitales fragilisation des socles de nos environnements naturels et humains etc nous entrons de fa on structurelle et acc l r e dans l re des m garisques des m gacrises Non quelque chose de plus mais bien quelque chose d autre Un tableau pour nous bien barbare s impose gravit ignorance vitesse contagiosit enjeux conflits sur toutes les dimensions jusque l sous contr le c est la mont e aux extr mes et la perte d cran radar Confront es pareils franchissements de fronti res nos logiques de pilotage apparaissent de plus en plus ringardis es Nous ne sommes pas pr par s penser anticiper pr venir naviguer inventer dans cet univers insaisissable Hypoth ses fondatrices principes cardinaux observations valid es par l exp rience limites du raisonnable tout semble soudain r gi par d autres lois Nous sortons du domaine de validit de nos paradigmes de nos mod les d interpr tation de nos r gles manag riales de nos outils de nos rep res p2. on engagera imm diatement soi m me et en en revendiquant clairement la paternit un processus de r examen g n ral de s curit partir d hypoth ses renouvel es sur les surprises possibles 3 L ouverture imm diate d espaces nouveaux pour invention collective Le m gachoc quel que soit le champ pose des questions fondamentales en termes de choix fondamentaux Ce sont par nature des questions abyssales L important l encore est de s inscrire comme acteur central dans les r flexions qui s ouvriront n cessairement Certes on peut d fendre ses convictions ses acquis on ne jette pas tout par dessus bord pour para tre en phase avec l motion Mais il s agit ici de compter dans les nouvelles critures d avenirs qui viendront structurer l apr s M gacrise Bien entendu il y a le risque que des ruptures instantan es et intenables soient exig es Mais il est bien plus intelligent d ouvrir ces espaces d change d invention et de pilotage que de tout fermer en pariant sur la robustesse des lignes Maginot h rit es du pass On cheminera bien entendu sur une ligne de cr te Ouvrir le jeu ce peut tre ouvrir soi m me de nouvelles br ches on peut pr cipiter des pertes de confiance d clencher des sentiments d abandon Mais se refuser le faire ce peut tre tout aussi bien d clencher de nouvelles h morragies durcissement des conflits sorties de route totalement non pilot es Plus grave se montrer incap
3. able d aller sur ces nouveaux registres risque fort d instiller un doute vital et si nous tions pilot s par des gens qui ne comprennent plus les enjeux C est le risque de d crochage de la confiance tant interne qu externe Nous vivons dans des soci t s de plus en plus sujettes des mutations profondes et rapides le sens l adh sion le projet le ciment vont se construire et se fortifier dans des registres ouverts dynamiques inventifs La responsabilit centrale du dirigeant est bien d ouvrir de nouveaux espaces dans lesquels les acquis et surtout les projets pourront prendre une nouvelle place dans des espaces de choix red finis avec de nouveaux acteurs DES R PONSES QUI REFL TENT LA R ALIT DES ANN ES 1980 Bien entendu et c est l une de nos faiblesses qui n a jamais t form cette confrontation aux questions hors mode d emploi qui ne s est jamais entrain en interne en externe se montrer inventif en situation hors script risque fort de se faire pi ger par le mod le de r action normal de moins en moins adapt Il est urgent dans tous les secteurs de se pr parer soi m me et de pr parer ses quipes ces m gachocs qui tiennent le haut de l agenda Non pour tablir la liste des impossibles et les plans de r ponse Mais pour s entra ner tre confront l extravagance s entra ner tre surpris Insistons il y a urgence car les constats se r p tent Mais pourquoi a
4. entiels Toute r ponse sur le th me Il y a peut tre eu un v nement fort malheureux ma s il est isol et ne change rien sur le fond De toutes les mani res il n y a pas le choix ne fera qu engluer davantage et dramatiser la d fiance Montrer que l on n a pas compris les enjeux ou qu on se refuse les discuter est instantan ment disqualifiant Certes on peut esp rer passer en force tenir le temps de l motion m diatique s appuyer sur le cas de secteurs qui prolif rent en d pit d un tr s bas niveau de confiance mais c est l un pari bien risqu Si l on ne veut pas perdre totalement la main nous devons explorer d autres voies On se limitera ici trois pistes d action 1 La r action rapide pour traiter l h morragie Le m gachoc va ouvrir des br ches b antes qui appellent une action de type SAMU sur de tr s nombreux fronts accidentel financier cr dibilit etc Cela doit avoir t pr par tre d clen ch le plus t t possible sans que cela interdise bien videmment une r flexion en recul pour viter les interventions mal con ues Comme pour un urgentiste il s agit de sau ver le patient avant de savoir exactement quelles sont les causes quels sont les pronos tics les pr conisations de convalescence ou de modification ult rieure des modes de vie 2 L audit instantan et renouvel des points faibles Plut t que d assurer de fa on pavlovienne que tout est sous contr le
5. olitiques Le tableau clinique de la r action l v nement impensable est maintenant bien connu force d tre r p t 1 La sid ration La chose appara t si barbare qu on n en croit pas les d p ches On se raccroche la h te une chelle des accidents qui ne s applique pas tout en disant qu on ne dispose d aucune information valable on voque la crise de 1929 puisque c est le mod le de r f rence Surtout puisque rien ne rentre dans les cases puisque l v nement n a pas su respecter les r gles convenues et convenables on attend Que pourrait on faire d autre 2 La r affirmation des assurances et garanties Face un v nement aussi d plac on vient assurer que globalement tout est sous contr le Ainsi cet expert re u par le premier ministre le lendemain d AZF et qui vient lui dire que heureusement ce n tait pas possible Pareilles affirmations d clencheront des r actions de fureur sur le mode Mais qu est ce qu il leur faut pour reconna tre qu il y a peut tre mati re y regarder deux fois et autrement ou des ruptures d finitives Ils ne comprendront jamais Et chez beaucoup instillation d un doute Pourquoi ce r flexe d auto d fense Et si c tait cette m me fermeture qui tait la source de ce qui vient de se passer 3 La bunk risation Un m gachoc d clenche des branlements de sens d loge les rep res sape des tayages ess
6. ppa rais sons nous syst mati quement en retard d une catastrophe interroge la Commission de la Chambre des repr sentants dans son enqu te sur Katrina Le cadre actuel de r ponse pour des situations d urgence internationale refl te la r alit des ann es 1980 pas celle du XXIe si cle d clare Yukiya Amano directeur g n ral de l AIEA le 21 mars Il en va de m me sur tous les fronts La grande difficult va tre d accepter le passage d une approche des risques par des r ponses pr sent es comme totalement s res des capacit s de questionnement ouvert et partag Comme le dit le philosophe Maurice Bellet nous entrons dans un nouvel ge critique et la grande affaire ce ne sera pas d avoir les solutions ce sera le courage de porter les questions de telle mani re que ce courage de porter les questions engendre quelque chose qui ne soit pas st rile Qui se sera suffisamment pr par pour entrer dans cette perspective et y tre efficace les enjeux sont vitaux sera en mesure de piloter quelque chose l re des m gachocs Cela exigerait aussi que ce probl me des risques et crises hors cadres finisse par s inscrire comme question tol rable dans les grands cursus d enseignement Patrick Lagadec directeur de recherche Ecole Polytechnique sp cialiste des risques et des crises hors cadres
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