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1. Record 27 of 46 PENDING Today s date oe NO CAN YOU SUPPLY COND FUTUREDATE ILL 67309017 Borrower AMH ReqDate 20100715 NeedBefore 20100814 Status PENDING OCLC 21016294 DueDate Source ILLiad Lender LRU CUY CUY NOC NOC CALLNO TITLE Roman 20 50 IMPRINT Villeneuve d Ascq Centre d e tude du roman des anne es 1920 a 1950 1986 ARTICLE Wagner Frank Le Roman de Romand a propos de L Adversaire d Emmanuel Carriere VOL 34 NO DATE 2002 PAGES 107 124 VERIFIED lt TN 193891 gt lt ODYSSEY 148 85 136 55 ILL gt OCLC ISSN 0295 5024 PATRON Hewitt Leah PHOTore SHIP TO ILL Amherst College Library 61 Quadrangle Drive Amherst MA 01002 Bad gf SHIP VIA Library Mail MAX COST COPYRT COMPLIANCE CCG FAX 413 542 2662 E MAIL interlibraryloan amherst edu BORROWING NOTES ARIEL IP 148 85 30 41 max cost 25 BLLD BRI USER CODE 51 0271 L UMI D 800108 CISTI dd726246 CRL acct 1253 NTIS DA 82621 NLM LIBID MAUAHT Mass TEC E042 103 542 EIN 042 103 542 PATRON ID LENDING CHARGES SHIPPED LENDING RESTRICTIONS fees Library Main Gardner Stacks CallNo PQ671 R56 STATUS Note BOUND 7 Mar 1989 46 2008 QUE 20 2010 Ariel ne E mail 9 Mai TT Requestors must comply with Copyright law Title 17 U S Code IOMAT 20 50 Revue d tude du roman du XX si cle The Library UC Berkeley __ Received on 01 23 03 Roman 20 50 3 n 34 d cembre 2002. un article de presse l existence l encore v rifiable implicitement pr sent comme le d clencheur de l activit d criture l origine du r cit o il y est fait allusion Si cette page poss de un statut de p ritexte nous n avons rien l que de tr s ordinaire avant d entamer son r cit l auteur Emmanuel Carr re produit une forme d avant propos ou d avertissement dans lequel il r v le l origine de son projet scriptural source l article de Lib ration et punc tum contraste des itin raires parall les et coincidence troublante pn cesta monet aes easiest SI Te p ae ri tr FRANK WAGNER Carr re d crit le coma de K Dick alors que Romand est lui m me plong dans le coma Il s exprime alors en son nom propre d instance litt raire ce qui ne nous permet pas de pr juger de l identit de l instance narrative qui fera son apparition au d but du r cit c est dire la page suivante En revanche si ce texte constitue d j l incipit de L Adversaire son statut et le contrat de lecture qui en d coule s en trouvent pr cis s car dans cette perspective l auteur narrateur revendique pour son crit depuis son corps m me le statut de r cit factuel comme l attestent la mention de la premi re source journalistique consult e et la r f rence sa biographie de K Dick Pour ce qui est de la voix narrative
3. Adversai la page 164 la restitution partiellement du moins sanglot g misse est ainsi quelque peu par FRANK WAGNER incertaines attentif du texte vient r cuser r cit factuel et r cit fictionnel arration consid r s sous langle jon pineuse de la voix narra rsonne qui elles m mes ne se al Ainsi m me dans les parties ion h t rodi g tique reposant que Vimparfait et le pass com alisation interne et du discours interpr t s comme indices de i eux continuent renvoyer au te tension entre les deux statuts ontenu narratif Dans la mesure appel l existence d une affaire ture du livre que nous lisons il comme fiction la mise en forme Jean Claude Romand lui m me rrente tout au long de ses pages roc s aux procureurs avocats ph nomene d accr ditation du targument de bon sens tend me que le poids de nos habi yte tenu du statut pr minent du un certain temps il me semble spteurs ce que je nommerai un uits par les m dias nous savons il est fort possible que face un it et exclusivement l arsenal des t d volues au roman nous soyons ture placer notre savoir extra nomentan ment ou plut t mini v ridicit inh rent la pratique divers aussi atroce que l affaire de privil gier les structures d ad cteurs de distanciation critique Ce n est qu une hypoth se de ma trant dans son r cit une tension Emmanuel Carr re a souhait se a tre po
4. par un rappel du titre la liste des ouvrages Du m me auteur etune page de faux titre dans la r dition dans la collection Folio par une page de faux titre et une br ve notice bio bibliographique consa cr e Emmanuel Carr re Mais la diff rence la plus remarquable est que dans l dition originale la page o appara t ce texte constitue la premi re page num rot e n 7 du volume alors que dans la r dition elle est vierge de tout num ro On est donc fond conclure me semble t il que ce qui l origine poss dait le statut d incipit est r troactivement requalifi avec rang de p ritexte Et si l on pr te attention aux particula rit s stylistiques et s mantiques du texte cette modification de statut se r v le digne d int r t en raison de l impact que cette premi re page estappel e exercer sur la suite de l activit de lecture En effet de quoi est il question dans ces lignes L nonciateur y d veloppe en adoptant lemode personnel un parall le rigoureux entre son emploi du temps et celui de Jean Claude Romand en ce jour bien des gards d cisif pour tous deux du 9 janvier 1993 De plus il y est explicitement fait mention d un ouvrage d Emmanuel Carr re sa biographie de K Dick dont l exis tence est attest e aussi bien dans la liste Du m me auteur P O L que dans la notice bio bibliographique Folio Enfin le texte s ach ve sur la mention d
5. tre d as surer une graduelle prop deutique la lecture des sp cificit s atypiques du texte qu en apparence seulement il morcelle mais dont il tend en r alit assurer la continuit Le long passage qui suit permettra de sp cifier les modalit s et impli cations d une telle harmonisation m tatextuelle des liens entre criture et lecture Il y a maintenant trois mois que j ai commenc crire Mon pro bl me n est pas comme je le pensais au d but l information Il est de trouver ma place face votre histoire En me mettant au travail j ai cru pouvoir repousser ce probl me en cousant bout bout tout ce que je savais et en m efforcant de rester objectif Mais l objectivit dans une telle affaire est un leurre Il me fallait un point de vue Je suis all voir votre ami Luc et lui ai demand de me raconter comment lui et les siens ont v cu la d couverte du drame J ai essay d crire cela en m identifiant lui avec d autant moins de scrupules qu il m a dit ne pas vouloir appa ra tre dans mon livre sous son vrai nom mais j ai bient t jug impossible techniquement et moralement les deux vont de pair de me tenir ce point de vue Ce n est videmment pas moi qui vais dire je pour votre propre compte mais alors il me reste propos de vous dire je pour moi m me dire en mon nom propre et sans me r fugier derri re un t moin plus ou moins imaginaire ou un
6. Adversaire d Emmanuel Carr re En 1991 sous l influence conjointe de la Philosophie analytique et de la linguistique pragmatique comme sur la base d un constat empi rique Gerard Genette tait amen appeler de ses v ux un nds sement l gard des limitations impos es la narratologie traditionnelle 7 You e par principe l analyse des seuls r cits de fiction tuel en r v lant un subtil travail de fictionalis factuelles notamment n ation des donn es 1 G ra d Ger cuonnel r c ton e on 19 enette R cit fict nnel eC fa dan t 2 991 5 it factu s Fict n et dict gt gt ROMAN 20 50 N 34 D CEMBRE 2002 GEORGES DUHAMEL TA Se ne ns mene ater ne a api rm 108 FRANK WAGNER par le biais d un recours insistant aux pauses descriptives et aux focali sations internes sans oublier les sp cificit s proprement stylistiques de l criture etc P ritexte statut horizon d attente Toutefois je pr f rerai m int resser ici un texte plus r cent qui doit vraisemblablement beaucoup De sang froid mais dont les particu larit s aussi bien r f rentielles que compositionnelles et scripturales me semblent susceptibles non seulement de corroborer mais aussi je l esp re d enrichir les analyses genettiennes L Adversaire2 d Emmanuel Carr re r cit de l affaire Jean Claude Romand Utilisant les outils labor s par G rard
7. Genette dans Figures II et Nouveau Discours du r cit mais aussi bien dans Seuils et Palimpsestes et videmment dans Fiction et diction je me propose de proc der un examen empirique des tensions du fac tuel et du fictionnel dans L Adversaire avant de poser le probl me de la production de l int r t lectoral ce qui engagera un n cessaire ques tionnement portant sur la probl matique litt rarit d un tel texte Plut t que d appliquer m caniquement et dans leur ordre de pr sentation initial au texte de L Adversaire les cat gories narratologiques labor es par G rard Genette dans Discours du r cit puis affin es dans Nouveau Discours du r cit ordre dur e vitesse fr quence mode et voix il me semble pr f rable de commencer par prendre en consid ration les indications p ritextuelles premi res dans le cadre d une r cep tion effective afin d examiner au plus pr s les ph nom nes qui se jouent dans l espace mixte de l criture lecture M y incite l extr me pertinence de cet extrait de R cit fictionnel r cit factuel il arrive qu un historien invente un d tail ou arrange une intrigue ou qu un romancier s inspire d un fait divers ce qui compte ici c est le sta tut officiel du texte et son horizon de lecture Pr cis ment et ce statut comme cet horizon peuvent tre r gu l s non seulement par le texte lui m me mais par tout un ensemble
8. ce Passage dans la mesure o il consiste en une explicita ton du titre de l ouvrage o il figure constitue une m talepse et contribue lui aussi r v ler r troactivement la mainmise de l auteur narrateur sur la s quence en narration h t todi g tique dont nous achevons la lecture incipit occasionne puisqu elle consacre un refus de tran on quant elle en conf rant la pre ndicatif et aux tours imperson nn NBN Aen nd Ni cae pect FRANK WAGNER Fictionnel factuel des fronti res incertaines Cependant a terme un examen plus attentif du texte vient r cuser cette hypoth se d une dichotomie entre r cit factuel et r cit fictionnel que fonderait l opposition des modes de narration consid r s sous langle de la personne C est qu en effet la question pineuse de la voix narra tive ne se borne pas ces variations de personne qui elles m mes ne se limitent pas a un simple choix pronominal Ainsi m me dans les parties du texte relevant clairement d une narration h t rodi g tique reposant majoritairement sur des temps verbaux tels que l imparfait et le pass com pos et faisant un usage insistant de la focalisation interne et du discours indirect libre tous traits qui peuvent tre interpr t s comme indices de fictionalit persistent divers l ments qui eux continuent renvoyer au r cit factuel instituant de la sorte
9. d enqu teur de faits d ambulations solitaires de Romand et la r v lation d un projet d cri ture tripartite Raconter pr cis ment imaginer comprendre ces trois infinitifs d limitent en effet le paradigme du projet cr ateur d Emmanuel Carr re en pr cisent certaines sp cificit s esth tiques la tension entre factuel et fictionnel en sp cifient les motivations et les objectifs Ainsi est esquiss un contrat sans doute discret puisque ni vrai ment prescriptif ni proscriptif que je qualifierai de contrat d criture lecture dans la mesure o les b n fices de l activit cr atrice concernent la fois l crivain ce qui m a touch de si pr s et la communaut des lecteurs eux m mes inscrits dans la plus vaste communaut humaine ce qui touche chacun d entre nous Il importe donc de remarquer que si le syntagme raconter pr cis ment et l infinitif imaginer r v lent d s le p ritexte la tension consti tutive de L Adversaire entre r cit factuel et r cit fictionnel en assignant son r cit un objectif de compr hension c est dire en le pr sentant comme la qu te narrative d une forme de v rit psychologique thique m taphysique bien plus que polici re Emmanuel Carr re semble occul ter chez lui comme chez ses lecteurs toute pr occupation d ordre esth tique et a fortiori artistique Mais m me si le pacte
10. g missement spasme etc L authenticit des paroles rapport es est ainsi quelque peu parasit e par la dimension th trale des indications parenth tiques 116 FRANK WAGNER Je ne me souviens pas dit il de ses derni res paroles p 160 je souligne Pai pens qu il fallait que Caroline l ait avec elle dit il Elle l ado rait p 167 je souligne On remarquera que par un retournement paradoxal li au cadre nonciatif lui m me d termin par le p ritexte ce st r otype formu laire dit il embl matique de la circulation de la parole en r gime fic tionnel finit ici par renvoyer son contraire le r cit factuel Le dit il qui pr c de morcelle ou suit les propos de Romand renvoie l non ciation englobante dont l origine l auteur narrateur clarifie et hi rar chise ainsi la sc ne nonciative de son r cit au nom d un imp ratif de v ridicit par l m me signal l attention des lecteurs Il serait fastidieux d analyser dans le d tail chacun de ces proc d s d autant qu ils sont convergents dans leurs effets aussi me contenterai je d en dresser une br ve liste Au nombre des potentiels vecteurs de dis tanciation critique nuan ant l apparente fictionalit de certaines franges du texte on peut ainsi compter la juxtaposition de tours interrogatifs l emploi ponctuel d un pr sent gnomique valeur de v rit g n rale l
11. il s ensuit qu ici instances litt raire et narrative se superposent situation que symboliserait l une de ces formules quationnelles qu affectionne G rard Genette A pour auteur N pour narrateur et cons quemment exit N Nous nous trouverions donc en pr sence d une identit rigoureuse entre auteur et narrateur particularit qui permet entre autres param tres de d finir le r cit factuel Toutefois il serait artificiel et hasardeux d isoler plus longtemps ce texte de son co texte pour valuer la pertinence de cette hypoth se de lecture comme les diff rences qui s parent l dition originale de la r dition il est imp ratif de confronter la premi re page cit e celle qui dans les deux ditions apr s une page blanche lui fait suite Luc Ladmiral a t r veill le lundi peu apr s quatre heures du matin par un appel de Cottin le pharmacien de Pr vessin Il y avait le feu chez les Romand ce serait bien que les amis viennent sauver ce qui des meubles pouvait l tre Quand il est arriv les pompiers vacuaient les corps Il se rappellera toute sa vie les sacs de plastique gris scell s dans lesquels on avait mis les enfants trop horribles voir Florence avait seulement t recouverte d un manteau Son visage noirci par la fum e tait intact En lissant ses cheveux dans un geste d adieu d sol les doigts de Luc ont ren contr quelque chose de bizarre P O L p 9 F
12. le rapport u auquel il est confront pistolaire priv e sit t inter et effectivement publi ce et s adresse indirectement gt d claircissements relatifs l j lu mais aussi bien aux rarit u non ne se limite pas a n il s inscrit non moins qui r git sa r ception par imp ratif de pr ter atten ces m tatextuelles situ es i t rodi g tique on pour u moins partiellement leur Le scandale que pour in fait divers authentique seule la longue clarifica 06 vient r ellement moti et cette localisation tar particularit s de notre comprenons certes apr s e les motivations qui ont nais notre exp rience de successifs de nos moda iques de celles de l cri persiste pas moins dans ne de la dimension esth cture s LE ROMAN DE ROMAND 121 Comme il l a d j t signal le projet conscient et explicite d Emmanuel Carr re n est pas d ordre esth tique et par cons quent ne saurait a fortiori relever d ambitions artistiques au nom de ce qui le point en tant qu individu dans laffaire Romana il ambitionne de se lancer dans une qu te dont l objectif d clar est no morale de la forme techniquement et mo P 205 206 De plus on aura remarqu rement sensible dans l affaire Romand c ralement les deux vont de pair 1 que ce quoi il est particuli n est pas tant le meurtre de tous Permanence si l on p
13. les deux versions est appel progressivement se r sorber car la tension entre homodi g tique factuel et h t rodi g tique fictionnel est r currente tout au long de la diachro nie de L Adversaire Nous ne sommes donc pas seulem comme a la lecture de De sang froid de Truman Capote tralement fictionalis d un fait divers authentique mai ratif statutairement beaucoup plus hybride car fond su permanente entre ces deux p les r put s antagonistes Toutefois la formule que je viens d employer ne doit pas inciter 4 conclure hativement que la structuration de L Adversaire repose sur une alternance syst matiquement r gl e et sans reste de s quences factuelles en narration homodi g tique et de s quences fictionnelles en narration h t rodi g tique Les lecteurs peuvent certes en prouver tout d abord l impression surtout s ils focalisent leur attention sur le ph nom ne par ticuli rement voyant que constituent les variations pronominales ainsi comme nous venons de le voir une premi re page num rot e ou non en fonction des ditions en narration homodi g tique succ de une longue s quence p 9 27 en narration h t rodi g tique exempte avant ses derni res pages de toute intrusion explicite de elle m me suivie d une nouvelle s quence en narration homodi g tique Le proc d d alternance est en outre signal par les particulari t s typographiques du volume car la ligne de d marcat
14. quatri me de couverture il est non sew lement rappel mais affin et sp cifi dans ses tenants et aboutissants tout au long du texte SAR A ne orc tern cee RETO RENE Sree nga ei ct LE ROMAN DER Et il est capital d r gime fictionnel p sante dans la mesur t raire elles tenden la reporter sur le inverses leur exple ciateur son nonci plus intens ment m du r cit factuel en de v ridicit Ges re r cit la dialectisatio p ritexte en vue de lit s de r ception Une fois d j ai pens filer jouer le report compte que ce mener pour m plir le secret n prendrais en te savoir ce qui s passer au bure dans les bois Ce passage relat qu il se situe la fin di g tique vient a la vr es dans le p ritex rappel de l origine sp cification de ses factuel mais l lucid chologique m taph rayonner tant r tre du texte o elle s ins analepse elle motis di g tique et de la fo parence fictionnelle la reconduction po 8 La temporalit 1 tr s particulier surtout pc renoncer a en donner un plication des lignes d hist et de prolepses brouillent du r cit factuel du moins guit statutaire FRANK WAGNER derni res paroles p 160 je e lait avec elle dit il Elle Pado nent paradoxal li au cadre ritexte ce st r otype formu ion de Ja parole en r gime fic 2 le r cit factuel L
15. revendiqu e et du re surtout comme le r v l quemment par les ck pr c demment mentic que Jean Claude Roma ce n est pas seulement subjective qui sera d a pages 200 et 202 notar primer ceux dont il ne FRANK WAGNER auses descriptives et aux focali it s proprement stylistiques de te ici un texte plus r cent qui ingfroid mais dont les particu dsitionnelles et scripturales me rroborer mais aussi je l esp re versaire d Emmanuel Carr re Jtilisant les outils labor s par au Discours du r cit mais aussi ment dans Fiction et diction je mpirique des tensions du fac nt de poser le probl me de la ngagera un n cessaire ques gt litt rarit d un tel texte nt et dans leur ordre de pr es cat gories narratologiques cours du r cit puis affin es e vitesse fr quence mode et acer par prendre en consid res dans le cadre d une r cep les ph nom nes qui se jouent y incite l extr me pertinence tuel tail ou arrange une intrigue livers ce qui compte ici c est le sta horizon peuvent tre r gu ais par tout un ensemble de qui poss dent cet avantage es dans l ordre de la lecture tau texte de la quatri me de s de d terminer mais de pr ersaire et les particularit s du Qu on en juge toutes les r f rences L Adversaire LE ROMAN DE ROMAND 109 Le 9 janvier 1993 Jean Claude Romand a tu sa femme ses
16. texte ance de cette hypoth se de lecture dition originale de la r dition il page cit e a celle qui dans les deux ait suite ndi peu apr s quatre heures du matin jen de Pr vessin Il y avait le feu chez nis viennent sauver ce qui des meubles pompiers vacuaient les corps II se lastique gris scell s dans lesquels on 5 voir Florence avait seulement t noirci par la fum e tait intact En dieu d sol les doigts de Luc ont ren POLL p 9 Folio p 11 mploi du mode impersonnel qui i g tique De plus on aura remar sonnage de Luc Ladmiral qui wers le filtre de son champ de x s mes affectifs et valuatifs ainsi direct libre Enfin il s agit d un iques auxquels on peut ajouter lent susceptibles d tre interpr it at l cart qui s pare les deux tats ourrait presque aller jusqu dire atre deux incipit concurrents m Naa i ln LE ROMAN DE ROMAND 113 un r cit factuel en narration homodi g tique versus un r cit fictionnel en narration h t rodi g tique au lieu que la r dition propose apr s un pr ambule auctorial un d but in medias res de type en apparence clai rement fictionnel Si je me suis attard sur ces variations ditoriales c est que situ es l or e du r cit de telles diff re de fa on variable Jes protocoles de r ception mais a terme c est a dire au fil du texte et de sa lecture l cart entre
17. une forte tension entre les deux statuts commencer par le plus vident le contenu narratif Dans la mesure o le p ritexte nous a appris ou plut t rappel l existence d une affaire Jean Claude Romand ant rieure l criture du livre que nous lisons i devient pour le moins difficile de recevoir comme fiction la mise en forme narrative de ladite affaire d autant que Jean Claude Romand lui m me y est nomm ment d sign de fa on r currente tout au long de ses pages De plus les r f rences constantes au proc s aux procureurs avocats journalistes etc viennent renforcer ce ph nom ne d accr ditation du a ene vea ne une gr nr rent rame narr Toutefois je suis conscient que cet argument de bon sens tend minimiser les pouvoirs du r cit de m me que le poids de nos habi tudes lectorales l heure actuelle compte tenu du statut pr minent du roman sur le march du livre depuis d j un certain temps il me semble que s est d velopp chez bien des r cepteurs ce que je nommerai un r flexe lectoral conditionn m me si instruits par les m dias nous savons tout ou presque de l affaire Romand il est fort possible que face un texte qui exploiterait syst matiquement et exclusivement l arsenal des techniques narratives traditionnellement d volues au roman nous soyons amen s pendant le temps de notre lecture placer notre savoir extra textuel entre parenth ses ou
18. 2 GEORGES DUHAMEL Vie et aventures de Salavin Immanuel Carr re Serge Doubrovsky Fran ois Mauriac L szl N meth Marcel Proust gt GYORGY TVERDOTA 2s de veine po tique deux chemins diver teurs La vie des propri taires de pin des n France et celle des propri taires terriens ie en Hongrie baignent le sujet commun rente La couleur locale joue un r le pr nans qui observent les r gles de la tradition et psychologique des deux univers roma la fa on concr te dont nos auteurs posent nmuns ou proches La surface la carros e distingue plus si on prend en consid ra lent l analyse des proc d s narratifs uti t rog n it des deux univers romanesques le la composition de Th r se Desqueyroux et s l accent sur leur identit ou plut t sur dus avons cherch par l un d nominateur mparer de les voir d un c t insolite Si on d exclusivit des chefs d uvre de Mauriac lit de mieux les comprendre de mettre es jusqu ici et bien s r de r v ler ga h s leurs d fauts dans la mati re Et last ambition en trouvant un fr re Jumeau de de justifier l ancien r ve des crivains et 2r sentants qualifi s de l esprit europ en 1 et Ady les clercs la Benda et Babits et m me famille quel que soit le pays de arent Gy rgy TVERDOTA Institut d tudes Litt raires Budapest Em a abignnpninine DONNE ES Le roman de Romand a propos de L
19. auteur lecteurs n en dit mot il importera malgr tout de se demander si en d pit de l horreur du r f rent et des priorit s cognitives explicitement revendiqu es pour cette entreprise la jouissance esth tique n est pas m me d effec tuer ici un retour paradoxal Le p ritexte constitue par essence une zone ind cise dont la d limita tion est parfois fort probl matique L Adversaire confirme de fa on spec taculaire cette ind cision constitutive du moins si l on prend en cons d ration les deux versions du texte ce jour disponibles 4 G rard Genette Fronti res du r cit dans Figures II 1969 p 49 69 LE ROMAN DE ROMAN Le matin du samec tuait sa femme et ses e gogique l cole de d Antoine Romand N et Romand chez les sic midi du samedi et le mune car je terminai graphie du romancier racontait les journ es le mardi soir et le mer cr l affaire Romane Pr tendre produire une toute chose de cernerles du livre consid r comme riaux c est dire la foi tion originale P O L ce te parition par un rappel du et une page de faux titre c une page de faux titre et cr e Emmanuel Carr r que dans l dition origin premi re page num rot e elle est vierge de tout num r il que ce qui l origine p requalifi avec rang de p rit s stylistiques et s mant r v le digne d int r t en est appel e exercer sur la est il qu
20. bliant momentan ment ou plut t mini misant l importance de l imp ratif de v ridicit inh rent la pratique nn M ten du r cit factuel Dans le cas d un fait divers aussi atroce que l affaire Romand un tel texte courrait le risque de privil gier les structures d a h sion esth tiques au d triment des vecteurs de distanciation critique gage d une r flexion d ordre thique Ce n est qu une hypoth se de ma part mais il me semble qu en orchestrant dans son r cit une tension rigoureuse entre fictionnel et factuel Emmanuel Carr re a souhait se pr munir contre ce qui devait lui appara tre pour lui m me comme pour ses lecteurs comme un danger CS i LE ROMAN DI Aussi la lettre L Adversaire int g r ception commi tance au sein de secondarisation i aux ressources de des propos rappo Pas de re quelque chc ment r pon n est pas l ar Dans cet exen direct qui pourra ment rapporter fic l objet d une moc dans l incise du n citant ce choix m entre parenth ses sonnel n est pas de m me qu elle e vocalit Le respect tivement mis en v la rupture qu occas d un nonc sans que le pr sent de 1 au contenu de la p narrateur a beau ni met pas moins un Romand et contrib direct ce qui lui p Mais pour occa port l auteurnarr cr tes de l incise a plus minimale Il dit Le je souligne mms 7 Mais L
21. d tre tout d abord attentif la pr sence du saut de ligne blanc typo graphique scindant le pri re d ins rer en deux blocs de texte de lon gueur approximativement gale Est ainsi trac e au mitan de la page une fronti re de part et d autre de laquelle se r partissent les nonc s des deux p les majeurs qui organisent le projet d criture d Emmanuel Carr re On aura remarqu que la moiti sup rieure du texte est majo ritairement consacr e un rappel des faits et qu en d pit de la pr sence de s mes valuatifs l nonciation en est globalement impersonnelle au lieu que la moiti inf rieure caract risable par une nonciation per sonnelle r v le la pr sence du sujet de l criture qui y clarifie ses d marches ses motivations son projet et ses attentes Toutefois on se gardera bien d accorder un cr dit excessif cette division cartographique du texte de la quatri me de couverture qui oppo serait le Nord de l objectivit et du r cit factuel au Sud de la subjectivit revendiqu e et du r cit fictionnel la fronti re intra paginale vaut ici surtout comme le r v le un examen plus attentif par sa porosit et cons quemment par les changes qu elle induit Ainsi des s mes valuatifs pr c demment mentionn s qui subjectivisent l nonc des faits crire que Jean Claude Romand a tent mais en vain de se tuer lui m me ce n est pas seulement raconter mais
22. de strat gies paratextuelles et p ritextuelles qui poss dent cet avantage notable d tre au moins en droit premi res dans l ordre de la lecture Au seuil du r cit d Emmanuel Carr re c est au texte de la quatri me de couverture qu est d volu ce privil ge non pas de d terminer mais de pr orienter avec souplesse et le statut de L Adversaire et les particularit s du protocole de r ception qui va en d couler Qu on en juge 2 Sauf exception signal e dans le corps du texte toutes les r f rences L Aduersair renvoient l dition originale Paris P O L 2000 3 Op cil p 67 je souligne LE ROMAN DE RO Le 9 janvier ses parents puis r v l qu il n ta ficile encore ci et ce mensonge primer ceux dor la r clusion crim Je suis entr raconter pr cis men sence D imagine sans projet ni t n r alit sur des p prendre enfin ce touch de si pr s S il est indispensa gralit c est qu ainsi l du livre que nous allo du contrat de lecture G rard Genette le sta sym triquement que d tre tout d abord at graphique scindant le gueur approximativen fronti re de part et d deux p les majeurs q Carr re On aura rem ritairement consacr e de s mes valuatifs l lieu que la moiti inf sonnelle r v le la pr d marches ses motiva Toutefois on se ga division cartographique serait le Nord de l obje
23. de la mort Henry Lee Lucas qui tous retracent le parcours d authentiques tueurs en s rie 17 Au terme de cette enqu te il appara t que si les outils de la narratologie tradi tonnelle sont globalement et avec profit applicables un texte statutairement ambigu comme L Aduversaire cette ambigu t n cessite tout de m me le recours des m thodolo gies compl mentaires susceptibles de redonner toute leur importance aux probl matiques de la r f rentialit et de la r ception du texte Mais il n est Pas certain que cette n cessaire diversification m thodologique provienne exclusivement des tensions entre r cit fiction nel et r cit factuel il s agit l selon moi d un imp ratif beaucoup plus g n ral li la fois aux particularit s esth tiques des textes contemporains et aux mutations pist mologiques dont notre poque est le lieu 124 FRANK WAGNER De Quincey Thomas De l assassinat consid r comme un des beaux arts 1827 Paris Gallimard 1963 pour a traduction fran aise r dition dans la coll f Id es Dick Philip Kindred dit K Ubik 1969 Paris Robert Laffont 1970 pour la tra duction fran aise r dition dans la coll 10 18 domaine tranger Genette G rard Fronti res du r cit dans Figures I Paris Ed du Seuil 1969 r dition dans la coll Points Essais p 49 69 Discours du r cit dans Figures II Paris Ed du Se
24. e dit il Romand renvoie l non narrateur clarifie et hi rar t au nom d un imp ratif de n des lecteurs tail chacun de ces proc d s effets aussi me contenterai s potentiels vecteurs de dis tionalit de certaines franges sition de tours interrogatifs valeur de v rit g n rale la pr gnance des focalisa nti res r tablies multiples points de tension nple vraisemblance et scru autant d infractions mais is es car pr cis ment expli ons ne font apr s tout que kte la bipolarit technique raconter pr cis ment ler l un cr dit dispropor iter voire d terminer le gt du texte Aussi mes affir de cette seule ressource g stitue pas un frein la lec rtance dans ce r cit de la in effet autant que la mise ititue le r cit de sa propre arr re tait d j dessin couverture il est non seu enants et aboutissants tout A animans A LE ROMAN DE ROMAND 117 Et il est capital de remarquer que les ressources m tatextuelles qui en gi i dent une dimension d r alisante et d cr dibili Une fois d cid ce qui s est fait tr s vite d crire sur l affaire Romand j ai pens filer sur place M installer dans un h tel de Ferney Voltaire jouer le reporter fouineur et qui s incruste Mais je me suis rendu compte que ce n tait pas cela qui m int ressait L enqu te que
25. e fournir le contenu narratif mais valide et cautionne les choix scripturaux de Carr re et de la sorte devient en ee 2 ne nn LE ROMAN DE RO Ni roman ni r cit la fois On mesure buent a expliciter et sans elles aurait couru peu habitu s a une te nalis s malgr l existe fictionnel et factuel L surer une graduelle pr du texte qu en appart r alit assurer la con Le long passage qu cations d une telle har et lecture Il y a mainten bl me n est pas trouver ma place pouvoir repousse savais et en m effo affaire est un leu ami Luc et lui ai v cu la d couverte lui avec d autant raitre dans mon li techniquement e point de vue votre propre com pour moi m me un t moin plus ou voulant objectives mienne Or je ne p p 205 206 On notera tout d ak b n ficient d un degr d un courrier ici reproc Romand Ensuite par quelque fa on co auteur qu il affirme propos inv rif qui lui taient propres le pr guite statutaire Il dit qu au de les dissimuler des dizaines avaient l apparence de la ficti temps serraient la r alit d as affirmations soient ou non v r de symbiose entre Romand ei 10 Lettre d Emmanue FRANK WAGNER rience des principaux t non pas de quelque rendre c est dire de lerspective propre ide l affabulation par tatextuelles relative
26. e propos e par Vincent udrait dire que si Emmanuel Carr re entend solliciter chez ses lecteurs les capacit s analytiques du lectant jouant et surtout du lectant interpr tant il ne saurait pour autant emp cher un investissement massif du lu l inconscient du lecteur r agissant aux structures fantasmatiques du texte op cit p 34 et n a de plus gu re int r t le faire puisque ces m canismes de Participation imaginaire et affective constituent l une des conditions de possibilit de l activit lectorale Par del les limites de cetarticle il serait d ailleurs int ressant d tudier les particularit s de la mobilisation des instances lectrices face des crits non fictionnels anger reer ee SE rt ap ra smerny FRANK WAGNER est susceptible de nous dispenser 4 la fois les plaisirs de la lecture roma nesque et ceux de la lecture de l enqu te journalistique d autant plus que les s quences m tatextuelles tendent a relativiser cette dichotomie en harmonisant ses deux p les constitutifs Aussi si L Adversaive ne rel ve pas d un r gime de litt rarit constitu tif il ne s agit pas d un r cit de fiction ses particularit s rh matiques et th matiques peuvent inciter 4 lui reconnaitre une litt rarit condition nelle Sur le plan rh matique adoption ponctuelle d une narration h t rodi g tique au recours aux focalisations
27. enfants ses parents puis tent mais en vain de se tuer lui m me L enqu te a r v l qu il n tait pas m decin comme il le pr tendait et chose plus dif ficile encore croire qu il n tait rien d autre Il mentait depuis 18 ans etce mensonge ne recouvrait rien Pr s d tre d couvert il a pr f r sup primer ceux dont il ne pouvait supporter le regard Il a t condamn la r clusion criminelle perp tuit Je suis entr en relation avec lui j ai assist son proc s J ai essay de raconter pr cis ment jour apr s jour cette vie de solitude d imposture et d ab sence D imaginer ce qui tournait dans sa t te au long des heures vides sans projet ni t moin qu il tait suppos passer son travail et passait en r alit sur des parkings d autoroute ou dans les for ts du Jura De com prendre enfin ce qui dans une exp rience humaine aussi extr me m a touch de si pr s et touche je crois chacun d entre nous je souligne S il est indispensable de citer ce pri re d ins rer dans son int gralit c est qu ainsi l on mesure qu il constitue la fois un mod le r duit du livre que nous allons lire l nonc de son mode d emploi et partant du contrat de lecture qu il pr suppose En d autres termes ceux de G rard Genette le statut du texte est depuis ses marges officialis ainsi sym triquement que l horizon de r ception ad quat Il importe en effet
28. estion dans ces lig le mode personnel un par celui de Jean Claude Rom tous deux du 9 janvier 199 d un ouvrage d Emmanuel tence est attest e aussi bie que dans la notice bio bibli sur la mention d un articl implicitement pr sent co l origine du r cit o il y Si cette page poss de u de tr s ordinaire avant d e produit une forme d avant l origine de son projet scri tum contraste des itin ra FRANK WAGNER envoyant tout autant sinon celle de l assassin du fait tation de la vie de Romand n il est difficile de ne pas compr hensibles de la part onc que d s le p ritexte la ibilit du r cit l tat pur s scories discursives et natique l affaire Romand ale hybridit qui consti 4 dversaire artie inf rieure du pri re arches concr tes je suis oc s dont l effet est d ac initial d enqu teur de faits v lation d un projet d cri aaginer comprendre adigme du projet cr ateur sp cificit s esth tiques la ifient les motivations et les jute discret puisque ni vrai rai de contrat d criture lecture r atrice concernent la fois is et la communaut des iste communaut humaine ous mtagme raconter pr cis e p ritexte la tension consti it fictionnel en assignant est dire en le pr sentant it psychologique thique anuel Carr re semble occul occupation d ordre esth pacte auteur lec
29. eut dire ce avec un ind niable succ s aupr s de son public drame final Or le moins que l on puisse dire est que ces pr occupations d crivain informent tr s fortement L Adversaire aussi bien sur le plan th matique christianisme a beau se situer aux a comme un des beaux arts de Thomas d conduit me semble t il produire objet au moins potentiellement quand bien m me involontairemen sance de horreur C est qu en effe statut esth tique ou non de ses pro esth tique c est dire proposer t ses lecteurs une forme de jouis t l auteur n est pas seul d cider du ductions le diagnostic de litt rarit n advenant r ellement que dans le cadre d une relation de coop ration avec le lectorat Or la tension de L Adversaire entre r cit factuel et r cit fictionnel contribue fortement selo n moi la production de l int r t lec toral prolong en une forme de jouissance dans la mesure ou ce texte IL Et je ne suis pas du tou t certain qu la lecture de LA preuve de la grandeur q ame qui a guid Emmanuel Carr re constituerait sans doute une d ception pour l crivain mais sensationnel ainsi qu une forme de fascination morbide sor d un aiguillon puissant chez bien des lecteurs ouve La Lecture 1993 il fa dversaire nous fassions tous au fil de son entreprise Cela il me semble que le go t du it appel s jouer ici le r le Dans la terminologi
30. i h t rodi g tique Le limpression surtout s ticuli rement voyant comme nous venons en fonction des diti longue s quence p 9 ses derni res pages elle m me suivie d u tique Le proc d d t s typographiques du f rentes s quences est 5 Dans le cas de l d d embl e une rupture avec cher entre r cit factuel et r mi re page un statut de p r ainsi explicit e en pr ambu son origine l ampleur et 6 En effet Pavant d di g tique comporte tout de l auteur narrateur comme nous verrons tous qu ils avai ligne La substitution aux nels d un nous inclusif c dans l nonc Ils auraien leur fils bien aim celui que En d pit du tour impersont tion du titre de l ouvrage o ler r troactivement la main rodi g tique dont nous ach FRANK WAGNER rs que Romand est lui m me plong son nom propre d instance litt pr juger de l identit de l instance l but du r cit c est dire la page e d j l incipit de L Adversaire son d coule s en trouvent pr cis s car ur revendique pour son crit depuis l comme l attestent la mention de ult e et la r f rence sa biographie larrative il s ensuit qu ici instances Situation que symboliserait l une ectionne G rard Genette A pour ns quemment exit N Nous nous dentit rigoureuse entre auteur et ntre autres param tres de d finir eux d isoler plus longtemps ce
31. il s eux Notre fascinatioi ration 7 un mix pond celle de l ot p 222 r cit au ste tion et son autre Bibliographie Barthes Roland L lectif Litt rature et Capote Truman De quences 1965 P tion dans la coll Cohn Dorrit Le Prop pour la traduction Carr re Emmanuel L Amie du jaguar Paris Bravoure Paris P O L La Moustache Paris P Le D troit de Behring P Hors d atteinte Paris Je suis vivant et vous te La Classe de neige Paris L Adversaire Paris P O 16 On remarquer en s rie l assassin cann processus de mythificati G rard Bourgoin dirige t logue contient des titres de la mort Henry Lee Luca 17 Au terme de c tionnelle sont globaleme comme L Aduersaire cette gies compl mentaires su de la r f rentialit et de 1 diversification m thodok nel et r cit factuel il s ag aux particularit s esth tic dont notre poque est le FRANK WAGNER dlaisirs de la lecture roma rnalistique d autant plus lativiser cette dichotomie me de litt rarit constitu ticularit s rh matiques et une litt rarit condition mctuelle d une narration internes l usage du dis tif il faudrait ajouter cer raisons et m taphores 2 d licat voire peu fiable yn d un ensemble d carts de la langue qui lui rel mesure O ces traits sont nt connot s en regard mbreux lecteurs peuvent raire du texte particularit s f
32. internes l usage du dis cours indirect libre a la pratique du r cit it ratif il faudrait ajouter cer tains faits de style notamment diverses comparaisons et m taphores ou reprises formulaires Il est sans doute tr s d licat voire peu fiable de b tir un diagnostic de litt rarit sur la d tection d un ensemble d carts avec un hypoth tique et probl matique tat de la langue qui lui rel verait d un degr z ro du style mais dans la mesure o ces traits sont tout de m me clairement marqu s et fortement connot s en regard d une forme de code culturel implicite de nombreux lecteurs peuvent y voir une confirmation de la dimension litt raire du texte De plus un r cit ne se r duisant pas ses particularit s formelles comme l crit Genette Rien ne garantit a priori que les litt rarit s conditionnelles soient in vitablement de crit re rh matique Un texte de prose non fictionnelle peut fort bien provoquer une r action esth tique qui tienne non sa forme mais son contenu 4 l ventuel jugement esth tique portera non pas sur le texte mais sur un fait qui lui est ext rieur ou suppos tel et dont pour parler naive ment le m rite esth tique ne revient pas a son auteur 15 La possibilit d appliquer ces observations a L Adversaire ne me semble gu re souffrir de contestation ce qui est susceptible de captiver les lec teurs dans
33. ion entre les dif f rentes s quences est mat rialis e par une page blanche nces me semblent pr orienter ent confront s au r cit magis s un texte nar r une oscillation l auteur narrateur 5 Dans le cas de l dition originale la concurrence des deux d embl e une rupture avec les habitudes lectorales cher entre r cit factuel et r cit fictionnel La r diti mi re page un statut de p ritexte privil gie me semble t il la dimension factuelle du r cit ainsi explicit e en pr ambule et tend faciliter la lecture qui va suivre en relativisant d s son origine l ampleur et la port e de Pambiguit statutaire de L Adversaire 6 En effet l avant derni re page de cette longue s quence en narration h t ro di g tique comporte tout de m me des traits nonciatifs dignes d tre relev s car ils renvoient l auteurnarrateur comme origine locutive du r cit ils avaient vu leur mort que hous verrons tous qu ils avaient atteint l ge de voir sans scandale p 26 je sou ligne La substitution aux temps du pass du futur de Vir nels d un nous inclusif constituent bien autant d empreintes du proc s d nonciation dans l nonc Ils auraient d voir Dieu et sa place ils avaient vu prenant les traits de leur fils bien aim celui que la Bible appelle le satan c est dire adversaire ib je souligne En d pit du tour impersonnel
34. ire ou non ne se limite pas l investissement d un espace textuel d termin il s inscrit non moins essentiellement dans une temporalit celle qui r git sa r ception par les lecteurs Aussi dans cette perspective il est imp ratif de pr ter atten tion l emplacement diachronique des s quences m tatextuelles situ es de part et d autre des s quences en narration h t rodi g tique on pour rait estimer qu elles contribuent d samorcer au moins partiellement leur force d branlement des habitudes lectorales Le scandale que pour rait constituer la fictionalisation manifeste d un fait divers authentique serait ainsi graduellement att nu Cependant seule la longue clarifica tion m tatextuelle r trospective des pages 205 206 vient r ellement moti ver l ensemble des sp cificit s formelles du texte et cette localisation tar dive n est pas sans cons quences quant aux particularit s de notre r ception Parvenus cet endroit du r cit nous comprenons certes apr s coup puisque l auteur narrateur nous l explique les motivations qui ont pr sid la mise en forme atypique du r cit mais notre exp rience de lecture ant rieure consistant en r ajustements successifs de nos moda lit s de r ception selon des oscillations sym triques de celles de l cri vain entre fictionalit et factualit n en persiste pas moins dans notre souvenir ce qui incite poser le prob
35. j aurais pu mener pour mon compte l instruction dont j aurais pu essayer d assou plir le secret n allaient mettre au jour que des faits tout cela que j ap prendrais en temps utile ne m apprendrait pas ce que je voulais vraiment savoir ce qui se passait dans sa t te durant ces journ es qu il tait suppos passer au bureau qu il passait croyait on maintenant marcher dans les bois p 32 33 Ce passage relativement qu il se situe la fin de la pre di g tique vient la fois con pr coce dans la diachronie du r cit puis mi re longue s quence en narration homo firmer et prolonger les informations d ja d li parence fictionnelle qui a pr c d p 9 27 la reconduction ponctuelle de choix similai 8 La temporalit narrative fait en effet d tr s particulier surtout pour tout ce qui a trait Z renoncer en donner une description d taill e plication des lignes d histoire et la pr sence au s etde prolepses brouillent tr s fortement I du r cit factuel du moins du r cit d en ans L Adversaire l objet d un traitement ordre Dans un souci d conomie je dois mais il importe de signaler que la multi ein de chacune d entre elles d analepses if ce qui loigne le texte des canons FRANK WAGNER s quences a venir L exploration du champ de conscience des principaux acteurs du r cit est ainsi pr sent e comme relevant non pas de quelque parti pri
36. l me de la dimension esth tique d un tel texte comme de sa ou de ses lecture s ne TT LE ROMAN DE Comme il la d Emmanuel Carr saurait a fortiori r point en tant qu lancer dans une qi de comprendre et plut t que du pore surtout un cr morale de la forme p 205 206 De rement sensible da les membres d un de vie En d autre Jean Claude Rom quelque univers fi permanence si lc ce avec un ind nia drame final Or le moins qu informent tr s for que sur le plan rhe cupations thiques christianisme a t comme un des beaux conduit me semb objet au moins quand bien m m sance de l horreur statut esth tique lt c n advenant r eller avec le lectorat O fictionnel contribt toral prolong en 11 Et je ne suis preuve de la grandeur constituerait sans dout sensationnel ainsi qu d un aiguillon puissant Jouve La Lecture 1993 lecteurs les capacit s ai il ne saurait pour auta lecteur r agissant aux gu re int r t le faire constituent l une des c cet article il serait d ai instances lectrices face FRANK WAGNER ure qu elles ont t surmon s depuis un texte achev et aent en m me temps qu elle it sur lesquelles nous avions nitiale sur Luc Ladmiral en vement ing rences de plus t t sous la forme d une pre e culmine dans les s quences celle d abondantes modali Te etc ou encore de rap ne que Enfin
37. olio p 11 Ce passage est caract risable par emploi du mode impersonnel qui renvoie a une narration de type h t rodi g tique De plus on aura remar qu la focalisation interne sur le personnage de Luc Ladmiral qui nous vaut de d couvrir la sc ne travers le filtre de son champ de conscience ce qu attestent de nombreux s mes affectifs et valuatifs ainsi que le recours ponctuel au discours indirect libre Enfin il s agit d un d but in medias res Tous ces traits sp cifiques auxquels on peut ajouter les temps verbaux du pass me semblent susceptibles d tre interpr t s comme autant d indices de fictionalit On mesure sans doute mieux pr sent l cart qui s pare les deux tats du texte dans l dition originale on pourrait presque aller jusqu dire que le d but de L Adversaire est partag entre deux incipit concurrents er ne me A re em ge de oo nn T e mme pe me cor mcm eme nee ps 1 LE ROMAN DE RO un r cit factuel en n en narration h t rodi pr ambule auctorial rement fictionnel Si que situ es l or e di de fa on variable les au fil du texte et de sa progressivement se r et h t rodi g tique fi nie de L Aduersaire N comme la lecture d tralement fictionalis ratif statutairement be permanente entre ces Toutefois la form conclure h tivement alternance syst matiqu en narration homod
38. ormelles conditionnelles soient te de prose non fictionnelle Stique qui tienne non sa on pas sur le texte mais sur et dont pour parler naive 5 n auteur 15 Adversairene me semble tible de captiver les lec le contenu narratif pro divers consid r en lui comme une source qui jaillit er comme des gu pes ivres i menac de toutes parts n a de la d fense avec un sourire er par le bout du nez p 129 t des t moins tr s demand s an Claude et Florence taient ce serait bient t leur tour ifique pour une soci t appe in ve On a v rifi il n y avait gt p 181 ete tet diction 1991 p 37 oe sat ar near se n x LE ROMAN DE ROMAND 123 m mel6 Dans cette perspective L Adversaire serait alors uvre bic phale produite non seulement par le romancier mais aussi par Romand lui m me sans qu il soit ais d tablir la part qui revient 4 chacun d entre eux Notre fascination si fascination il y a est elle due au narr ou la nar ration un mixte des deux plaisir ambigu dont l hybridit corres pond celle de l objet qui la provoque L Adversaire crime ou pri re p 222 r cit au statut ind cidable estompant les fronti res entre la fic tion et son autre Frank WAGNER Bibliographie Barthes Roland L Effet de r el Communications n 1 1 1968 re
39. patchwork d informations se voulant objectives ce qui dans votre histoire me parle et r sonne dans la mienne Or je ne peux pas Les phrases se d robent le je sonne faux 0 p 205 206 On notera tout d abord que les propos rapport s dans cet extrait ben ficient d un degr de cr dibilit optimal puisqu ils proviennent d un courrier ici reproduit adress par Emmanuel Carr re Jean Claude Romand Ensuite par del l expos d apories narratives successives quelque fa on co auteur de L Adversaire qui plus d un titre est son histoire Selon ce qu il affirme propos inv rifiables il aurait m me sa fa on anticip pour des raisons qui lui taient propres le projet d criture d Emmanuel Carr re jusque dans son ambi guit statutaire I dit qu au fil des ann es il avait rempli sans vraiment prendre la peine de les dissimuler des dizaines de carnets de textes plus ou moins autobiographiques qui maient l apparence de la fiction pour d router Florence si elle tombait dessus et en m me temps serraient la r alit d assez pr s pour valoir un aveu L Adversaire p 148 Que ces afirmations soient ou non v ridiques elles t moignent en tout cas d une tonnante forme de symbiose entre Romand et Carr re 10 Lettre d Emmanuel Carr re Jean Claude Romand dat e du 21 11 1996 120 FRANK WAGNER dont nous sa
40. pris dans col lectif Litt rature et r alit Paris Ed du Seuil coll Points 1982 p 82 90 Capote Truman De sang froid R cit v ridique d un meurtre multiple et de ses cons quences 1965 Paris Gallimard 1966 pour la traduction fran aise r di tion dans la coll Folio Cohn Dorrit Le Propre de la fiction Paris Ed du Seuil coll Po tique 2001 pour la traduction francaise Carr re Emmanuel Werner Herzog Paris Edilig 1982 LAmie du jaguar Paris Flammarion 1983 Bravoure Paris P O L 1984 La Moustache Paris P O L 1986 r dition dans la coll Folio Le D troit de Behring Paris P O L 1987 Hors d atteinte Paris P O L 1988 Je suis vivant et vous tes morts Philip K Dick 1928 1 982 Paris Ed du Seuil 1993 La Classe de neige Paris P O L 1995 r dition dans la collection Folio LAdversaire Paris P O L 2000 r dition dans la coll Folio 16 On remarquera d ailleurs qu l heure actuelle les faits divers criminels du tueur eu s rie l assassin cannibale sont en passe de constituer les mythes de notre modernit processus de mythification dans lequel la mise en r cit joue un r le non n gligeable Ainsi G rard Bourgoin dirige t il aux ditions M r al la collection Serial Killers dont le cata logue contient des titres tels que L trangleur de Boston Le Vampire de D sseldorfou La Main
41. produire une interpr tation toute subjective qui sera d ailleurs d battue dans les pages m mes du livre aux pages 200 et 202 notamment De m me estimer qu il a pr f r sup primer ceux dont il ne pouvait supporter le regard consiste produire P 110 FRANK WAGNER une motivation psychologique r troactive renvoyant tout autant sinon davantage la subjectivit de l crivain qu celle de l assassin du fait brut qu est le meurtre Enfin dans la pr sentation de la vie de Romand comme un mensonge qui ne recouvrait rien il est difficile de ne pas percevoir quelque cho de pr occupations fort compr hensibles de la part du romancier Emmanuel Carr re On voit donc que d s le p ritexte la subjectivisation de l objectif exc de l impossibilit du r cit l tat pur et son in vitable alt ration par de ponctuelles scories discursives et participe bien plut t d un amalgame du th matique l affaire Romand et du rh matique sa mise en forme scripturale hybridit qui consti tue l une des caract ristiques majeures de L Adversaire Ce que vient confirmer l examen de la partie inf rieure du pri re d ins rer qui juxtapose l nonc de d marches concr tes je suis entr en relation avec lui j ai assist son proc s dont l effet est d ac cr diter le locuteur en soulignant son statut initial
42. r le moins parasit e par un ph nom ne de poly vocalit Le respect momentan d un anonymat de convention est contras tivement mis en vidence et renvoy son essence conventionnelle par la rupture qu occasionne la notation parenth tique De plus l hypoth se d un nonc sans nonciateur n tant gu re recevable on remarquera que le pr sent de l indicatif se fait ici pr sent d nonciation ce qui conf re au contenu de la parenth se une valeur de glose m tatextuelle l auteur narrateur a beau ne pas se textualiser en une premi re personne il n en met pas moins un doute quant a la cr dibilit des propos rapport s de Romand et contribue ainsi d fictionaliser l change dialogu au discours direct ce qui lui permet de r tablir la tension entre fictionnel et factuel Mais pour occasionner semblable mise a distance d un propos rap port l auteurnarrateur de L Aduersaire use parfois des ressources plus dis cr tes de l incise ant pos e interpol e ou postpos e sous sa forme la plus minimale Il dit Le c t social tait faux mais le c t affectif tait vrai p 90 je souligne 7 Mais L Adversaire contient galement un ph nom ne inversement sym trique la page 164 la restitution des propos chang s dans le cadre du proc s est fictionalis e partiellement du moins par des notations entre parenth ses d apparence didascalique sanglot
43. s te c est dire m me d enqu te sur lequel spondance avec Jean roduits dans le corps roches son avocat et es de son proc s On hes rel ve clairement isis de d finir ces pas s faits qui y sont rap 1 dans la perspective y aux amateurs de lit it celui o nous lisons tion an roman inspir de circonstances j invente ligne l un homme qui chaque int aller son travail et Au bout de quelques p 36 w on position fictionnelle alliatif qu une impos st ainsi repr sent au atif proprement par d finir a contrario Ou els il est tiraill e attitude qui vous fait important plut t que de pondrait pas votre objec s dat e du 10 12 1996 Il iuel Carr re mane de Jean mce s est mise en place une re de fournir le contenu re et de la sorte devient en LE ROMAN DE ROMAND 119 Ni roman ni r cit journalistique L Adversaire finira par tre les deux ala fois On mesure quel point de telles s quences m tatextuelles contri buent expliciter et l gitimer les ambiguit s statutaires d un texte qui sans elles aurait couru le risque de d concerter et d courager des lecteurs peu habitu s une telle transgression des cloisonnements institution nalis s malgr l existence de tentatives hybrides ant rieures entre r cits fictionnel et factuel Le r le du m tatextuel semble donc bien
44. s circonstances j invente rai ma guise ce sera de la fiction Romand ne m a pas r pondu p 35 je souligne J ai commenc un roman o il tait question d un homme qui chaque matin embrassait femme et enfants en pr tendant aller son travail et partait marcher sans but dans les bois enneig s Au bout de quelques pages je me suis retrouv coinc J ai abandonn p 36 On remarquera que le roman la fiction la transposition fictionnelle ne sont pr sent s ici que comme un projet de type palliatif qu une impos sibilit empiriquement prouv e voue l chec Est ainsi repr sent au sein m me des pages de L Adversaire sinon son n gatif proprement par ler du moins le p le repoussoir qui permet de le d finir a contrario Ou plut t l un des deux pdles repoussoirs entre lesquels il est tiraill J appr cie la sinc rit et le courage de votre attitude qui vous fait accepter la d ception d un chec apr s un travail important plut t que de vous satisfaire d un r cit journalistique qui ne correspondrait pas votre objec tif p 207 je souligne 9 Lettre de Jean Claude Romand Emmanuel Carr re dat e du 10 12 1996 Il n est pas indiff rent que cette sp cification de l objectif d Emmanuel Carr re mane de Jean Claude Romand On constate ainsi qu au fil de leur correspondance s est mise en place une relation de collaboration Romand ne se contente pas si j ose dire d
45. s esth te mais d un d sir de savoir et comprendre c est dire de d couvrir une forme de v rit int rieure Mais cette aspiration ne pouvant dans la perspective propre Emmanuel Carr re reposer sur les seules ressources de l affabulation par la suite du r cit vont se multiplier les sequences m tatextuelles relatives la dimension la plus concr te de la gen se du texte c est dire m me si selon l crivain l essentiel est ailleurs au travail d enqu te sur lequel reposera l activit d criture proprement dite correspondance avec Jean Claude Romand certains de ces courriers tant reproduits dans le corps du texte p 3438 205 208 rencontres avec ses proches son avocat et Romand lui m me assistance aux diff rentes tapes de son proc s On pourrait m opposer que la narration de telles d marches rel ve clairement et exclusivement du r cit de faits Pourtant si je choisis de d finir ces pas sages comme m tatextuels c est que l expos des faits qui y sont rap port s est toujours plus ou moins long terme situ dans la perspective du livre crire livre qui par un paradoxe familier aux amateurs de lit t rature contemporaine se trouve tre pr cis ment celui o nous lisons le r cit d taill des tapes pr liminaires sa r daction Si Romand ne me r pond pas j crirai un roman inspir de cette affaire je changerai les noms les lieux le
46. teurs n en der si en d pit de l horreur xplicitement revendiqu es e n est pas m me d effec ne ind cise dont la d limita tire confirme de fa on spec pins si l on prend en consi disponibles Figures H 1969 p 49 69 LE ROMAN DE ROMAND Le matin du samedi 9 janvier 1993 pendant que Jean Claude Romand tuait sa femme et ses enfants j assistais avec les miens une r union p da gogique l cole de Gabriel notre fils a n Il avait cinq ans l ge d Antoine Romand Nous sommes all s ensuite d jeuner chez mes parents et Romand chez les siens qu il a tu s apr s le repas J ai pass seul l apr s midi du samedi et le dimanche habituellement consacr s la vie com mune car je terminais un livre auquel je travaillais depuis un an la bio graphie du romancier de science fiction Philip K Dick Le dernier chapitre racontait les journ es qu il a pass es dans le coma avant de mourir J ai fini le mardi soir et le mercredi matin lu le premier article de Lib ration consa cr l affaire Romand Pr tendre produire une glose pertinente de cet extrait implique avant toute chose de cerner le statut qui d coule de son emplacement au sein du livre consid r comme volume r gi par un ensemble de codes dito riaux c est dire la fois institutionnels et socio culturels Dans l di tion originale P O L ce texte est pr c d par ordre chronologique d ap parition
47. uil coll Po tique 1972 p 67 282 Palimpsestes La litt rature au second degr Paris Ed du Seuil coll Po tique 1982 Nouveau Discours du r cit Paris Ed du Seuil coll Po tique 1988 Seuils Paris Ed du Seuil coll Po tique 1987 Fiction et diction dans Fiction et diction Paris Ed du Seuil coll Po tique 1991 p 11 40 R cit fictionnel r cit factuel dans Fiction et diction op cit 1991 p 65 93 Immanence et transcendance L uvre de l art I Paris Ed du Seuil coll Po tique 1994 La Relation esth tique L uvre de lart II Paris Ed du Seuil coll Po tique 1997 Figures IV Paris Ed du Seuil coll Po tique 1999 Jouve Vincent La Lecture Paris Hachette coll Contours Litt raires 1993 Schaeffer Jean Marie Pourquoi la fiction Paris Ed du Seuil coll Po tique 1999 ROMAN 2 ROM Psyc L aut La prolif parus au cour d une expre Parall lemen la litt rature du moi dans Serge Doubr de faits strict v rit un n tobiographie nalytique Par nouvelle form et sondant la une double et vie De son c graphies tan chanalyse lors analyse notre conflictuels e ont t consac dit s par un biographique de soi et psychan quent a sonde l Fils qu
48. un tel r cit c est bien s r galement le contenu narratif pro prement dit c est dire les particularit s du fait divers consid r en lui 12 Quelques exemples parmi bien d autres c tait comme une source qui jaillit dans le d sert p 117 ses doigts s taient mis bouger comme des gu pes ivres p 144 il se conduisait comme un roi de jeu d checs qui menac de toutes parts n a qu une case o aller p 147 l avocat coutait ce t moin de la d fense avec un sourire de chat qui dig re p 199 etc 13 Par exemple le dentiste qui ne se laissait pas mener par le bout du nez p 129 130 146 147 ou encore Jean Claude et Florence taient des t moins tr s demand s Nul ne doutait que ce serait bient t leur tour p 86 Jean Claude et Florence taient des parrain et marraine tr s demand s et nul ne doutait que ce serait bient t leur tour p 87 ou il a dit travailler comme consultant scientifique pour une soci t appe l e South Arab United quelque chose quai des Bergues Gen ve On a v rifi il n y avait pas de South Arab United quelque chose quai des Bergues p 181 etc 14 G rard Genette Fiction et diction dans Fiction et diction 1991 p 37 15 1b p 38 Tv LE ROMAN DER m me Dans cette produite non seule m me sans qu
49. ur lui m me comme pour LE ROMAN DE ROMAND 115 Aussi la lettre m me des s quences les plus fortement fictionalis es de LAdversaire int gre t elle divers l ments qui viennent contrecarrer sa r ception comme texte de pure et simple fiction en inscrivant une dis tance au sein de l nonc ou et de l nonciation Ce r le de facteur de secondarisation induisant une r flexion critique est ainsi parfois d volu aux ressources de la parenth tisation le plus souvent afin de modaliser des propos rapport s Pas de re u pas de trace Il se rappelle avoir observ S il m arrivait quelque chose tout ton argent serait perdu quoi elle aurait tendre ment r pondu c est sa version lui S il t arrivait quelque chose ce n est pas l argent que je regretterais p 131 je souligne Dans cet exemple on constate que l change dialogu au discours direct qui pourrait donner une forte impression de fictionalit com ment rapporter fid lement des propos dont on n a pu tre t moin fait l objet d une modalisation en deux temps tout d abord par l usage dans l incise du mode conditionnel sur quoi rench rit tout en expli citant ce choix modal la pr cision apport e au pr sent de l indicatif entre parenth ses M me si la narration h t rodi g tique en mode imper sonnel n est pas proprement parler abandonn e on conviendra tout de m me qu elle est pou
50. usage r current du discours indirect libre la pr gnance des focalisa tions internes etc Harmonisation m tatextuelle les fronti res r tablies Et pourtant la lecture de L Adversaire ces multiples points de tension entre r cit fictionnel et r cit factuel entre simple vraisemblance et scru puleuse v ridicit ne sont pas per us comme autant d infractions mais plut t comme un ensemble de latitudes autoris es car pr cis ment expli cit es et revendiqu es En effet ces fluctuations ne font apr s tout que renvoyer celles qu induisait dans le p ritexte la bipolarit technique constitutive du projet d criture de Carr re raconter pr cis ment imaginer afin de comprendre Mais on pourrait me reprocher d accorder l un cr dit dispropor tionn aux capacit s du p ritexte pr orienter voire d terminer le protocole de r ception qui va r gir la lecture du texte Aussi mes affir mations ne reposent elles pas sur le rep rage de cette seule ressource si l ambiguit statutaire de L Adversaire ne constitue pas un frein la lec ture c est aussi et surtout en raison de l importance dans ce r cit de la mise contribution des proc d s m tatextuels En effet autant que la mise en r cit de l affaire Romand L Adversaire constitue le r cit de sa propre gen se Si le projet scriptural d Emmanuel Carr re tait d j dessin grands traits dans le texte de la
51. vons au moment de notre lecture qu elles ont t surmon t es et d pass es puisque nous y avons acc s depuis un texte achev et publi la s quence explicite r trospectivement en m me temps qu elle les remotive toutes les particularit s du r cit sur lesquelles nous avions pu pr c demment achopper focalisation initiale sur Luc Ladmiral en narration h t rodi g tique puis progressivement ing rences de plus en plus fr quentes de l auteur narrateur tant t sous la forme d une pre mi re personne du singulier dont la pr sence culmine dans les s quences en narration homodi g tique tant t sous celle d abondantes modali sations sans doute soit soit peut tre etc ou encore de rap pels explicites du projet scriptural j imagine que Enfin le rapport empathique qui unit l crivain au mat riau auquel il est confront est une fois de plus rappel On voit donc qu en d pit de son origine pistolaire priv e sit t inter pol au sein d un r cit destin publication et effectivement publi ce passage d borde son cadre illocutoire initial et s adresse indirectement nous lecteurs qui il dispense une somme d claircissements relatif ce que parvenus cette page nous avons d j lu mais aussi bien aux quelques pages qu il nous reste lire Production de l int r t lectoral et litt rarit Toutefois un r cit qu il soit litt ra
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