TABLE RONDE À RECHERCHES
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1. bien crit fait oublier le travail les tapes interm diaires tous les signes toutes les marques de sa construction Ne doit subsister qu une forme en accord parfait avec le fond un signifiant parfaitement transparent par rapport son signifi Si ce n est pas le cas c est que les outils la technique sont mal ma tris s et c est ce qui sera point sur la copie de l l ve Tr s vite se construit chez celui ci l intuition que son crit n int resse pas de toute fa on celui qui va le lire que le lecteur le professeur ne fera pas l effort de donner un sens ce qu il a tent de mettre en forme ou en mots qu il se contentera de regarder si les formes verbales sont bien conjugu es et les mots bien orthographi s IMCOMP TENCE LINGUISTIQUE En somme par le biais des pratiques p dagogiques mises en oeuvre l cole relaie conforte amplifie des propos qu on entend ici ou l Le fran ais est une belle langue Le fran ais est une langue compliqu e Une belle langue est une langue compliqu e Plus elle est pos e comme compliqu e plus belle encore elle est 11 Rares sont ceux qui la ma trisent vraiment bien Les Fran ais et les l ves parlent mal Le vrai fran ais volontairement sans guillemets ce ne sont ici que propos rapport s est pour eux une langue trang re D ailleurs les programmes du Fran ais Langue Etrang re destin s aux non francophones pourraient tre Lu2. est le plus souvent un enseignement tr s carr syst matis m thodique avec un plan de le on immuabie on met la langue en conjugaisons en r gles apprendre en exercices trous en fragments de textes ou en exemples observer dans des manuels et on dit l l ve de manipuler comparer compl ter et finalement appliquer Il n y a pas de secret depuis des g n rations le mod le c est le Bled Cela s appelle faire de la grammaire L apprentissage est r ussi lorsque l l ve est capable d identifier sujet verbe compl ments en tous genres de distinguer principales et subordonn es etc On conna t les critiques adress es ce genre d enseignement puisque rien ne prouve qu il puisse aider am liorer les comp tences linguistiques l oral l crit 1 Voir Fragments d oral dans le num ro 22 10 des l ves D ailleurs nombre d adultes qui s expriment parfaitement l oral et l crit affirment ne rien comprendre la grammaire Qui plus est le d roulement m me de la le on de grammaire l cole l mentaire observer noncer la r gle appliquer semble montrer que les enseignants consid rent que le fonctionnement de la langue est en g n ral acquis par les enfants et qu il n y a plus qu fixer avec eux des r gles qu ils ma trisent intuitivement LA GRAMMAIRE LA BASE Et pourtant la grammaire continue d tre pr sent e co
3. Recherches n 26 1997 TABLE RONDE RECHERCHES Entam e au mois de novembre 96 la pr paration du pr sent num ro a suscit au sein de la r daction de multiples discussions mini d bats changes interrompus par les urgences De l est n e l id e de faire comme pour le num ro Parler une table ronde C est ainsi que se sont retrouv s un mercredi matin autour d un magn tophone et d une tasse de caf Marie Mich le Cauterman Francine Darras Bertrand Daunay Nathalie Denizot Claire F liers Patrice Heems Isabelle Lempens Fran ois Polom S verine Suffys Apr s une pens e mue pour ceux qui n avaient pu se lib rer et qui le regrettaient bien ils ont parl et ensuite ils ont crit puis r crit L article qui suit est le r sultat de cette r flexion collective A QUOI CELA SERT IL D ENSEIGNER LA GRAMMAIRE La tradition fran aise envisage le discours sur la langue comme essentiellement descriptif l enseignement traditionnel de la grammaire calqu en grande partie sur celui des grammaires latines ou grecques ne vise rien d autre qu une ma trise d un certain nombre de notions grammaticales on n ose pas crire concepts enseign es pour elles m mes sans r elle finalit de comp tences linguistiques ou langagi res D s le CET on enseigne la grammaire parce que c est au programme un point c est tout Une partie de l emploi du temps est r serv e cette discipline C
4. de la mettre en contradiction avec elle m me elle est tout au plus un aide m moire un pense b te n cessaire pour l application des r gles orthographiques mais elle est le seul dont nous disposions et ce titre elle est probablement la th orie la mieux adapt e cette fonction ce qui garantit sa stabilit contre vents et mar es LE RAPPORT AU LANGAGE La seconde question est celle du rapport au langage Pour que l l ve entre dans un travail d objectivation de sa langue il faut que ce travail ait pour lui du sens Or la l gitimit d un tel apprentissage aux yeux de l apprenant garante de son efficacit reste intimement solidaire d un certain rapport individuellement d termin mais socialement structur au langage qui n est pas donn Si l on en croit Bernard Lahire l objectivation de la langue n cessaire tous les apprentissages scolaires caract rise un rapport scriptural scolaire au langage et au monde propre aux milieux culturellement et scolatrement privil gi s L chec scolaire qui touche prioritairement les enfants de classes populaires proviendrait d une r sistance ce mode de rapport au langage et au monde qui s oppose celui qu ils entretiennent de nature pragmatique Lahire dit oral pratique caract ris par son faible degr d objectivation Privil giant d une certaine fa on tous les niveaux d enseig
5. e leur parler paradoxale parce que situ e mais en de de la norme du bien parler ou de l admis qui n est pas l admissible une occasion aussi de d couvrir quel point la ma trise des normes langagi res constitue un v ritable pouvoir d couverte qu avec les mots on peut tre soi mais aussi un autre que les r les sociaux se nouent aussi et surtout dans la parole et que le bien parler n est pas l apanage des riches En effet le nanti peut tre celui qui n a pas le sou mais la capacit dire faire valoir ses id es persuader l autre l atteindre autrement que par le coup de poing C est l une approche grammaticale tr s efficace pour tablir la l gitimit de la norme grammaticale aupr s des l ves parce qu elle articule leur pratique individuelle familiale et sociale sans souci de censure ou de correction dans tous les sens du terme obligatoire sur une n cessit scolaire normative plusieurs titres donner chacun la possibilit d acqu rir ce minimum de pratique langagi re adapt e aux sph res sociales o l individu se situe faire acqu rir au moins une intuition que la norme s inscrit dans la pr occupation de rendre efficace la communication apprendre prendre de la distance par rapport soi aux autres aux mots le mot chien ne mord pas 16 Cela est un exemple D autres sont d velopp s dans ce num ro De mani re g n rale on peut dire qu objectiver cons
6. ion identique ces formes de m diation qu il invente chaque jour pour que se rencontrent l enseignement et l apprentissage J P Astolfi d cline ainsi les diff rents sens du terme de m diation La m diation a quelque chose voir avec le milieu elle est la fois interface o le m diateur est une sorte de passeur d une logique l autre o l enseignant prend conscience qu un savoir ne s impose pas et respecte le cheminement propre de l apprenant transition avec l id e cl qu aucun apprentissage v ritable ne se donne d embl e mais qu il s effectue n cessairement dans la dur e dans le d tour qu il oblige souvent des formulations interm diaires qu il s accroche des points d appui transitoires devant ensuite tre d pass s et enfin s paration o il s agit de d lier d instaurer une distance de cr er une rupture pist mologique pour abandonner le sens commun et construire un savoir neuf Au niveau d un apprentissage de la langue tre au milieu pour le professeur renvoie aussi comme il le dit tout aussi bien au passage qu l interposition ou encore l id e du milieu du gu Le pont p dagogique passe par la manipulation des textes et la mise en relief du tissu textuel Par le jeu des trous ou des caract res des vides de sens que laisse l absence de certains mots de
7. iste r tablir et redonner une valeur tous les contextes tous les brouillages toutes les maladresses C est leur donner tout comme l erreur un droit d existence dans un cours de grammaire qui de ce fait ne peut plus tre simplement un cours de grammaire En refusant d isoler une notion pour la polir la simplifier la rendre lisse et lisible aux l ves l op ration d objectivation s apparente celle du mixage qui consiste donner chaque voix chaque son la place qui lui revient Ainsi le chanteur apprend il sa partition en relation avec celle des autres voix au lieu de se boucher les oreilles pour tre s r de ne pas se tromper Ainsi devrait on apprendre entendre la polyphonie et voir la polys mie L objectivation de la langue c est donc la fois mettre en sc ne tous les objets de la langue ensemble ou le plus possible en tous cas Que ce soit l aide d un texte entier que ce soit avec un exemple qui appelle son contre exemple et beaucoup d autres exemples Mais c est aussi laisser la place au sujet d exister et de faire un choix entre ces objets de les organiser comme il l entend C est permettre l l ve de devenir sujet grammairien en lui donnant le mat riau linguistique travailler en l amenant penser qu il est le seul pouvoir travailler sa langue Objectiver la langue la sienne et celles des l ves serait donc pour le professeur une op rat
8. l lime recours Les Fran ais et les l ves crivent mal ils crivent comme ils parlent Du moins quand ils crivent D ailleurs ils n crivent pius ils ne lisent plus non plus Cette si belle langue qu est le fran ais est en danger menac e de toute part Par ceux qui parlent mal Par les journalistes Par les anglicismes Par ceux qui ne font plus de dict e en classe Par ceux qui veulent r former l orthographe L enseignement de la langue tous niveaux de l cole maternelle au lyc e ne peut qu tre travers par ces discours Ainsi na t se d veloppe et perdure au del de la scolarit un sentiment ordinairement partag d incomp tence linguistique Sortis du syst me scolaire les jeunes gardent le souvenir flou d une valse de r gles et surtout d exceptions qui r glementent accords et lettres doubles ils se rappellent qu en classe tait voqu e l existence de mots tels que pronoms subordonn es et conjonctions Et surtout reste pr sente pour eux l image de copies en marge desquelles ils pouvaient lire mal dit charabia incorrect r p tition Ces jeunes peuvent avoir un CAP un bac ou un Deug Le rapport qu ils entretiennent leur langue les rend pour ainsi dire aphasiques face une t che d criture ils ne peuvent que se d clarer incomp tents leurs efforts pour atteindre cet inaccessible objet qu ils s imaginent tre leur propre langue so
9. lement percevront d embl e l crit dans ses possibilit s d exploration de mise distance et de cr ation Il s agit donc de donner aux autres l occasion de faire eux aussi une telle exp rience de l crit Il serait illusoire de vouloir faire tudier la langue si les d marches d apprentissage propos es cet effet ne permettaient pas aussi aux apprenants la construction d un rapport la langue tel qu il l gitime cette entreprise d objectivation LE SUJET ET L OBJET Dans cette optique le travail sur les niveaux de langue peut fournir une entr e int ressante Apprendre r f rer tel nonc tel discours tel niveau de langue c est aussi apprendre lire travers la langue des valeurs et apprendre situer le niveau auquel se situe la norme le niveau d exigence que l institution v hicule sans forc ment y adh rer Le travail sur les niveaux de langue tire sa complexit du fait qu il est un carrefour dans l analyse des pratiques sociales de la langue entre l crit et l oral entre soi et les diff rents groupes sociaux o l individu se situe entre les enjeux de l cole et de la famille Travailler sur la notion de niveau de langue avec des l ves en grande difficult peut leur donner la possibilit de dire o ils sont socialement de s apercevoir que leur parler se situe quelque part dans l institution scolaire leur apporter une sorte de reconnaissance paradoxale d
10. linguistique est d A Culioli et a t repris notamment par J E Gombert Le d veloppement m talinguistique PUF 1990 p 22 Les psycholinguistes d signent ainsi des activit s m talinguistiques non conscientes 4 Andr Chervel Histoire de la grammaire scolaire Payot Paris 1977 14 scolaire est un objet artificiel tourn essentiellement depuis un si cle vers la justification de r gles orthographiques A nsi en est il par exemple de la notion de compl ment d objet direct dont l existence semble relever de l vidence mais qui a t labor e dans le cadre orthographique de l accord des participes pass s Interroger la grammaire scolaire c est donc interroger l histoire des normes orthographiques fran aises au point que Chervel conclut son Introduction ainsi Ce qu on ne montrera pas mais ce qui constitue l id e directrice de cette recherche et pour son auteur la motivation profonde c est que tout le syst me syntaxique de la grammaire scolaire s effondrerait aussit t si l orthographe du fran ais tait abolie L hypoth se rel ve videmment de l utopie Pour le moment du moins Ce n est donc pas du c t de la grammaire scolaire que l enseignant trouvera de quoi aider les l ves r fl chir sur leur langue La grammaire scolaire n est pas une th orie grammaticale comme les autres elle ne permet aucune r flexion m thodique sur la langue car il est ais
11. mme la base de l enseignement du fran ais Les termes qui la d finissent base au singulier et au pluriel ainsi que les op rations qui accompagnent son apprentissage semblent concrets au professeur l l ve et ses parents Le travail de grammaire est consid r comme un vrai travail en fran ais par opposition toutes les autres formes d activit s du cours qui rel vent plus semble t il en g n ral des dons individuels et de l appartenance une classe sociale favoris e Disserter ou commenter un texte se r sument surtout pour les l ves baratiner Et on sait ou on ne sait pas baratiner L aisance l l gance le style restent des concepts flous difficiles valuer et par cons quent impossibles transmettre enseigner Ainsi parle t on d impr gnation et s il y a transmission ce serait plut t d ordre h r ditaire on na t litt raire on ne le devient pas La grammaire l orthographe quant elles se quantifient en fautes on peut en d nombrer les manques on peut faire des dict es des QCM compter ou enlever des points De m me on parle souvent d outils grammaticaux d instruments qui servent exprimer les id es L harmonie la clart sont des crit res esth tiques qui s appliquent au texte achev La grammaire avec son cort ge de r gles et de normes pencherait plut t du c t de l thique laborieuse du cent fois sur le m tier remettez votre ouvrage Le texte
12. nement la forme la fonction l cole ne fait que favoriser en mati re d apprentissage les l ves qui se sont d j construit un rapport formel et non purement fonctionnel la langue Elisabeth Bautier a montr quant elle que les pratiques langagi res de nature la fois linguistique sociale et cognitive sont indissociables du rapport au savoir et aux apprentissages scolaires 5 A Chervel op cit Introduction 6 Culture crite et in galit s scolaires Sociologie de l chec scolaire l cole primaire Lyon PUL 1993 7 Pratiques langagi res pratiques sociales De la sociolinguistique la sociologie du langage Pans L Harmattan 1995 15 Bautier comme Lahire invitent penser que l chec scolaire n est pas analyser comme la cons quence de manques linguistiques les l ves ne manquent pas de vocabulaire de constructions syntaxiques etc mais comme la cons quence d une inad quation entre les pratiques langagi res de certains l ves et celle que l cole privil gie que ce soit au cours de grammaire dans la production d crit ou dans la lecture la plus spontan e de textes Autrement dit si certains l ves savent de mani re plus ou moins confuse que le langage permet aussi de r fl chir d apprendre d imaginer etc d autres ont appris s en servir pour se d brouiller dans un quotidien souvent difficile Or seuls les premiers g n ra
13. nt tels qu ils se mettent dans l incapacit de pouvoir crire tant ils sont convaincus de ne pas savoir bien crire Ils ont fait leur toute une s rie de surnormes linguistiques ils s interdisent d crire deux fois un m me mot sont convaincus de l existence des synonymes une gageure dans les vocabulaires sp cialis s savent que le on et le je sont tout aussi ha ssables que l emploi du subjonctif est une marque de distinction que la paraphrase est une abomination Ils sont pour ainsi dire comme d poss d s de leur langue maternelle Ce qui fait qu en coll ge en lyc e on assiste fr quemment des sc nes de ce type El ve s adressant aux autres l ves du groupe au terme d un change consid r comme improductif Attendez on va demander interpelle le professeur M me on trouve pas un mot Professeur Qu est ce que vous voulez dire El ve L on voudrait marquer que suivent deux ou trois phrases parfaitement claires Comment on peut le marquer C est quoi le mot Professeur Vous l crivez comme a comme vous venez de le dire c est tr s bien Y a pas de mot pour dire tout a El ve sceptique l crire comme a Mais comment Professeur dicte mot pour mot les deux ou trois phrases que l l ve a prononc es Voil c est tout El ves surpris et ravis 4h bon On peut mettre a 12 Avec ces grands l ves q
14. ris du fait m me de son accession au langage un syst me tr s coh rent de contraintes langagi res dont il se fait une repr sentation plus ou moins consciente L objectivation de ces contraintes permet d en user plus efficacement voire d en jouer c est cette objectivation que prend en charge la linguistique mais que quiconque peut mener dans sa cuisine Cette fa on de consid rer la langue et son mode de fonctionnement comme un objet en soi et non plus comme un outil pour autre chose l expression crite par exemple est non seulement le contraire d une d marche litiste mais peut tre une aide pr cieuse aux enfants les plus en difficult ces enfants que l on exclut en g n ral de l enseignement de la grammaire Si des savoirs pilinguistiques suffisent g n ralement pour agir en situation famili re une communication r ussie avec des locuteurs trangers au cercle quotidien et notamment la pratique de l crit en ce qu il implique le plus souvent un lecteur ind termin n cessitent autant qu elles permettent et d faut d impr gnation par le milieu un apprentissage qui n est autre que la progressive objectivation dont on vient de parler Si la langue devient un objet que l on peut consid rer avec du recul un objet que l on peut d crire un objet dont on peut expliquer le mode d emploi un objet sur lequel on peut tenir un discours si on aide les l ves mettre plat leurs in
15. s mod les Pour aider au mieux les apprenants ma triser la langue acqu rir des notions d orthographe de grammaire de conjugaison ou de vocabulaire il faut surtout susciter leurs commentaires sur des textes d j crits et sur des textes crire Le cours de grammaire est alors envisag comme le lieu privil gi d un discours sur la langue qui am nerait les l ves prendre de la distance avec eur langue se forger pas pas des comp tences m talinguistiques Dans cette perspective la grammaire ne serait plus consid rer comme un outil mais comme un objet en soi On proposerait donc en quelque sorte un temps dans l apprentissage o les l ves seraient amen s prendre du recul par rapport au fonctionnement de leur langue Quelque chose comme On s assoit cinq minutes et on regarde comment a marche quand on parle Evidemment on pense tout de suite tous ces enfants qui justement ma trisent mal la langue et qui donc pourraient se trouver limin s du jeu Un enseignement de la grammaire qui se r sumerait au d veloppement de la capacit parler sur la langue laisse supposer a priori une certaine facilit d expression On pourrait y voir une pratique tr s litiste 2 Par exemple pour des enseignants voulant devenir enseignants sp cialis s 13 COMP TENCES M TALINGUISTIQUES Ce serait oublier que tout locuteur f t il tout jeune et d j en chec scolaire a int rio
16. s trop pleins que provoque la redondance d autres la grammaire peut prendre du sens que l l ve en ait plus ou moins conscience qu il soit au bord du fleuve franchir au milieu ou d j presque sur l autre rive 8 Jean Pierre Astolfi M diation s Educations n 9 p 13
17. tuitions sur la langue qu ils parlent sur ses usages et sur d autres usages dont ils font F exp rience alors la langue redevient un objet que l on peut apprendre et s approprier et non plus quelque chose que l on poss de ou qu on ne poss de pas suivant qu on est issu de tel ou tel milieu Et de m me qu il faut que les enfants comprennent avant d aborder l apprentissage de la lecture que l on ne sait pas lire parce qu on est grand mais bien parce que l on a appris il faut que les l ves comprennent que la ma trise de la langue n est pas quelque chose de magique que l on poss de parce qu une gentille f e s est pench e sur son berceau Et pour cela une seule solution il faut parler sur la langue et il faut que les l ves d veloppent eux m mes cette capacit parler sur Il faut faire de la grammaire pour amener les l ves objectiver leur langue sachant qu objectiver sa langue ce n est bien videmment pas poser sur la table des objets le dictionnaire le manuel de grammaire les fiches d exercices dont il n y aurait qu prescrire l emploi Objectiver la langue c est une entreprise qui pose deux questions incontournables LA GRAMMAIRE SCOLAIRE AIDE L OBJECTIVATION La premi re est celle de la validit des notions tudi es Andr Chervel dans son Histoire de la grammaire scolaire a suffisamment montr combien la grammaire 3 Le mot pi
18. ue l on retrouve par exemple dans des formations professionnelles n cessitant la production d crits professionnels la rem diation passe la fois par un travail d explicitation de ces repr sentations sur la langue et par la d couverte inou e que l on peut crire comme on parle L enjeu est qu ils se r approprient ou s approprient la langue en parvenant s imaginer qu ils n en sont pas totalement indignes C est cette seule condition qu ils pourront alors bien crire LA LANGUE OBJET D TUDE Oui mais alors faut il faire de la grammaire Ou faut il faire une autre grammaire Apr s tout peut tre est ce une question de contenu de programme Si l on admet l inefficacit pratique voire la nocivit de l enseignement de la grammaire tel qu il est pratiqu aujourd hui peut tre faut il se tourner pour laborer les programmes vers les recherches en cours que tentent de relayer de fa on souvent simpliste les manuels pour tenter de suivre au plus pr s une progression naturelle dans la ma trise de la langue C est une illusion contre laquelle les sp cialistes eux m mes nous mettent en garde Les chercheurs qui tentent de construire des mod les d acquisition de la lecture de l criture de l orthographe voir dans ce num ro l article de J David et de J P Jaffr ne pr sentent pas les d marches d enseignement comme directement d ductibles de ce
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