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1. ko m taphorique ment l ternit commenc rent orienter diff remment mon travail Car la contrainte fut alors pour un sonnet de s accorder avec d autres selon ce mode de convenance concorde ou discorde assez inhabituelle entre po mes 35 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 36 44 Et j en vins ainsi finalement choisir dans la revue de Go publi e en langue anglaise par la principale association japonaise du jeu la Go Review de la Nihon Ki In une partie effectivement jou e et parue dans le num ro d avril 1965 Pendant l t 1965 j crivis la partie chaque pierre sonnet sur un m me format un quart de feuille 21 x 27 Puis en avan ant sur le sol 45 Le livre projet est d s ce moment devenu au moins double Car le livre partie de Go n tait possible imaginable que pour un lecteur jouant de chaque po me isol le prenant pour le poser lire au lieu assi gn sur le Go ban ou jouant autrement quitte r crire le po me s il le voulait Mais cela aurait suppos une r alisation particuli re laquelle je n ai pas compl tement renonc luxueuse en raison de sa marginalit irr ductible la successivit habituelle de l objet imprim Je mai pas voulu d un tel mode unique d existence 46 Car d autre part l clatement mesure et avec le sonnet en prose tout particuli rement de la notion historique et traditionnelle de sonnet m me larg
2. au voisinage de l alexandrin Et pourtant il s agissait encore indiscutablement de sonnets par trans port de structure par d placement de la nature de sonnet du mod le La m thode axiomatique me sugg ra le sonnet en prose non compt non rim divis en unit s comparables par la pens e il oreille int rieur une des vari t s traditionnelles destin jouer le m me r le mais abstrait et virtuel que le texte anglais traduit de Shakespeare dans les exemples jouviens 39 La m thode axiomatique transpos e le pseudo bourbakisme appliqu un objet aussi loign des math matiques que le sonnet ont un caract re ludique vident Jouer avec le sonnet jouer donc avec les sonnets J ai ce moment emprunt mon ma tre Lewis Carroll l id e d un livre jeu d roulement d une partie d un jeu 40 J ai choisi un jeu japonais d origine chinoise le Go Pas les checs Il est clair que la m me impulsion ou n cessit de refus de distance de d tour est intervenue celle l aussi qui m avait impos le choix bien des gards paradoxal du sonnet 34 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 35 41 Mais les avantages du Go sur les checs dont la complexit com binatoire est presque quivalente pour une transposition me sont appa rus surtout de nature po tique en effet le mouvement au Go r sulte de Pacte de pose successive des pions sur la surfac
3. l cole normale sup rieure de continuateurs La th orie des cat gories m apparut un d passement possible une critique interne du bourbakisme une math matique de la math matique un ailleurs formel math matique 4
4. la question pos e par le sonnet les liens entre sa d finition son intensit comme son insigni fiance la fois possibles sa survie par raduction de langue langue d poque poque cette question tait irr ductible la seule opposition globale et banale et locale entre avance et retard audace et prudence tous les automates flip flop de l avant garde il chap pait ainsi miraculeusement merveilleusement la modernit Ou plut t nimporte quel sonnet du nofaro Giacomo da Lentini le mythique cr ateur sicilien de l esp ce mapparut comme beaucoup plus r solument moderne que vous trouverez ais ment quelques noms mettre ici 31 Je n envisageai pas bien s r de r soudre le probl me du sonnet Seulement de le poser pour moi et de la seule mani re po tique qui m tait accessible par la soumission ses exigences qu impliquait la fabrication d un po me devant appartenir cette famille particuli re de po mes que sont les sonnets En le posant ainsi je d sirai me prouver moi m me la possibilit encore de la po sie 32 Il est vrai enfin raison moins avouable de mon choix que je ne d testais pas d aller nettement contre courant crire un sonnet au moment o j envisageai de passer quelques ann es en laborer des cen taines ce que je fis tait une id e minemment ridicule au regard du go t ambiant une in
5. riche tradition formelle occidentale indiscutablement Elle est devenue pour moi la fois pour criture de la po sie et pour la compr hension de ses signifi cations de ses m canismes de ses pouvoirs le point de r f rence central la preuve de la possibilit d une liaison indissoluble entre une forme la canso et un sens la th orie de l amour travers le concept de chant et son incarnation musicale Ce n est donc pas par hasard que la premi re lecture rythmique peu pr s aboutie preuve de cette affirmation laquelle j ai particip soit celle du po me de Jaufre Rudel Lanquan li jorn son lonc en mai qu on appelle Chanson de lamour de loin 61 Dans les m mes ann es exactement j ai entrepris une autre explo ration celle de la h orie des cat gories Initialement elle m appara t comme un prolongement naturel du trait alors immens ment presti gieux de Bourbaki Le bourbakisme comme je l ai dit un peu plus haut a jou un r le assez semblable celui du surr alisme fascination du moderne math matique milliers d exercices r solus comme milliers de vers libres r ve de compr hension de plus en plus proche du sublime th orie du corps de classes en m me temps para lysie cr atrice peu pr s totale chez ceux qui sont venus trop tard et ne peuvent se r signer au r le de bons l ves les petits g nies de
6. Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 25 Section expos des motifs I L objet de ces quelques pages est d tablir un bilan de dix sept ann es d activit 1962 1979 2 Et de pr senter un programme de travail pour d autres ann es 3 Ce programme est bien des gards utopique Il appara tra ais ment au lecteur que sa r alisation d passe en effet largement les possibilit s d un seul f t il assur de nombreuses diverses et efficaces collabora tions Car le temps videmment manquera mais aussi les moyens mat riels et l imagination conceptuelle n cessaires en certaines de ses parties 4 Je voudrais qu on ne s tonne pas trop de voir pr sent es ici la fois une recherche de pure math matique th orie des cat gories descente et une participation une entreprise th trale Graal th tre L insis tance avec laquelle est ainsi affirm e une coh rence d ensemble n ambi tionne nullement de dissimuler la dispersion consid rable dont t moi gnent ces exemples ni l autonomie irr ductible de chacun des domaines superficiellement voqu s Mais il existe cependant dans l int r t port aux cat gories au Graal comme la po sie japonaise ou la prose invi sible de Jane Austen au moins assez de justifications assez d analogies et d l ments communs pour forger de proche en proche une cha ne de proximit s au plus une r elle intention wnifiante que je vais dire 5 Ce
7. congruit monumentale une insolence a ne l est pas moins aujourd hui L intention formelle quelle qu elle soit est inadmissible Encore plus peut tre que la po sie C est elle plus 32 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 33 encore que la po sie qui n existe pas i e ne doit pas tre Tout sp cialement si on ne sait pas o la situer si elle ne s affiche pas sub versive r volutionnaire 33 J ai associ la quotidiennet de la construction mentale de sonnets la lecture d un nombre consid rable d exemples de cette forme tir s des meilleurs auteurs dans les quelques langues o ils pouvaient m tre accessibles soit directement soit l aide d une traduction suffisamment proche fran ais anglais allemand russe espagnol italien portugais Je les ai lus je les ai copi s je les ai appris Ainsi Jai pu les v hiculer galement sonores dans ma t te J ai march ainsi quelques kilom tres de sonnets 34 Il m est apparu assez vite travers les accidents historiques et les transpositions de langue langue que le sonnet est comme le couteau de Lichtenberg changez la lame c est encore lui changez le manche c est lui toujours Autrement dit chercher une constante de la forme que ce soit dans le nombre ou la longueur des vers dans la disposition rimique ou strophique et dans quelque convenance de sens entre les par
8. cons quent il ny a pas un sonnet que la notion de sonnet unique est semblable celle de la licorne Le cr ateur du sonnet ne peut tre que mythique Giacomo da Lentini le nofaro que salue Dante si c est lui n est qu un plagiaire par anticipation des stilnovistes de Dante Guinizzelli Cavalcanti et P trarque de qui proc dent les futurs sonnets en autres langues 59 Me passionnant donc pour la tradition l int rieur de laquelle mutation destin e survivre tait n le sonnet et pendant tr s long temps il ne semble pas s en tre d tach tre comme un dialecte de sa langue originelle l cole sicilienne j ai t amen si je voulais esp rer comprendre quelque chose sa nature l examen de sa paren t le c est dire l exploration de l immensit lyrique m di vale d ins piration troubadouresque dont plusieurs fils aboutissent la cour de Palerme dans la premi re moiti du XIII si cle Jai donc lu appris lire et entendre les sroubadours 6o Ind pendamment de la red couverte d origines culturelles familiales la Provence quelques ann es avant un mouvement collectif en ce sens qui s est d velopp dans des directions plus radicales qui ne peuvent 40 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 41 pas tre les miennes la lecture des troubadours m a apport ceci l existence d un paradis formel la canso la plus
9. e jou e non au d place ment des pi ces initialement dispos es Le damier du Go Go ban d abord est vide comme une page Si un sonnet devient est interpr t comme une pierre destin e au Go ban il pourrait tre mat rielle ment pos ainsi sur le support d une grande surface de papier Ce pour rait tre un mouvement de lecture un acte direct d appr hension du po me simultan son placement et ne n cessitant donc pas de trans position m taphorique comme la partie d checs d ice o les coups sont racont s ou celle du roman de John Brunner The Square of the City o les personnages sont pi ces du jeu 42 Une fois jou es les pierres sonnets entretiennent entre elles des rapports de position o se lisent si on conna t un peu ou bien le jeu et la partie ais ment leur succession c est dire l histoire du po me Mais dans un pr sent continu un espace de po sie manifeste l ordre d une lec ture par une disposition visible et imm diate J ai entrevu dans cette pos sibilit une affirmation pour moi essentielle de l autonomie de la po sie par rapport au r cit la prose de narration 43 Et c est pourquoi ayant choisi le Go j ai entrepris de construire des figures exp rimentales l mentaires du jeu avec des po mes je r valuai pour ce but mon mat riel quotidien accumul Les n cessit s de dire en sonnets de telles figures par exemple celle du
10. e sans nuire l intelligibilit rr Mais je n ai pas voulu dissimuler derri re l impersonnalit apparente des calculs de parenth ses des lectures rythmiques ou des sp cifications d un hyper orgue la nature moins imperturbable de mon engagement 26 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 27 12 Gertrude Stein a crit I write for myself and strangers J cris ceci pour mes amis c est une mani re de signe Pour moi m me afin peut tre de discerner o j en suis peut tre de ne pas cesser de conti nuer J cris ceci pour ceux que je tra ne sans les pr venir dans ces pages Et pour quelques autres que cela pourrait int resser Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 28 Section II plan 13 Apr s lexpos des motifs section I ce plan section II 14 Il est suivi d une premi re branche biographique qui couvre les ann es 1962 1967 section II 15 Ensuite section IV l nonc des deux h ses ou hypoth ses centrales m moire et rythme formul es en 1967 16 Puis une deuxi me branche biographique qui organise le travail effectu de 1968 1979 C est la section V 17 La section VI est celle du projet proprement dit pr vu ici en 28 cha pitres 18 La section VII Ze projet IT quelques livres pr par s ou pr vus 19 Enfin une bibliographie section VIII 28 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 29 Section III biog
11. elle de Zeami n so La publication elle m me a accentu cette intention d interruption d incompl tude puisque tout ce qui a t compos du livre n est pas pr sent dans son tat imprim Puisque la composition du livre s est pour suivie jusqu au moment m me de sa parution sans que tous les blancs et silences aient t pour autant combl s sr Le titre devait tre initialement ment s Le titre finalement choisi manifeste l ironie de la position lyrique assum e en chaque po me elle est implicite dans toute l histoire du sonnet au moment m me o elle s exprime comme jeu d une forme fixe en principe impersonnelle qui la nie Bien que la raison soit commune la masse des gens vit en ayant la pens e du c ur comme une chose particuli re H raclite 2 Le signe d appartenance seul impronon able qui quoi appartient quoi 52 doit initialement Raymond Queneau d avoir pu tre publi Claude Roy qui en fit la premi re critique publique un succ s relati vement important pour un livre de po sie et plut t inattendu 37 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 38 53 Ce fait a eu une cons quence indirecte le d veloppement du jeu de Go en France Un petit livre crit en collaboration avec Georges Perec et Pierre Lusson a suscit quelques vocations en ce sens et en quelques ann es l apparition d une cole fran aise de Go qu
12. ence m me de la po sie de la d signation de la nomination de ce qui est crit comme tel ou pas 58 La composition de supposait une recherche non syst matique sur l histoire du sonnet ses grands et petits exemples ses grands moments et ses poques vides ses vari t s ses variantes ses curiosi t s T t ou tard on doit tre ainsi confront au probl me des origines qui est plut t d ailleurs un probl me multiple Puisqu il se pose prati quement dans toutes les langues o sa pratique s est v ritablement d velopp e C est dans les ann es o s crivent les premiers sonnets 39 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 40 fran ais par exemple ou anglais cest en examinant les conditions du choix de la forme dans une tradition trang re celles de la multiplication des essais et les modifications apport es au mod le emprunt qu on peut je crois saisir le mieux ce qu est un sonnet et plus g n ralement ce qu est une forme po tique Et bien s r la question de l origine des origines la question du premier sonnet est tout particuli rement fascinante Je me suis alors rendu compte en lisant les textes et les tudes sur la question qu il n y a pas de premier sonnet ou plus exactement qu il ny a ventuel lement de premier sonnet ou de premiers sonnets obscurit des t moi gnages et survivances que s il y a d j quelques milliers de sonnets que par
13. i a assez rapidement tenu un rang honorable parmi les amateurs europ ens 54 Dress aujourd hui le bilan de l exp rience me semble devoir mar quer quelques insuffisances En premier lieu ma connaissance du Go mon niveau ne m a pas permis d tablir un lien tr s profond entre la strat gie du jeu et la stra t gie po tique du livre Ce qui a t obtenu est surtout la discipline m taphorique d un geste et d une organisation de surface Sans doute n est ce pas enti rement une faiblesse car une soumission plus vidente de l intention du po me la technique propre et tr s particuli re du Go se serait probablement r v l e catastrophique Mais le lien aurait pu malgr tout tre plus troit Il aurait t tel si mon niveau avait t alors celui atteint par moi un peu plus tard gr ce au d veloppement du jeu du joueur le plus faible dans la partie mise contribution pour la com position du livre 55 Toujours en ce qui concerne le Go la disposition choisie pour le livre partie loigne videmment de la compr hension de sa signification po tique Et il est de fait qu elle a t le plus souvent ignor e ni e ou sous estim e Ce d faut l tait malheureusement pour de simples rai sons mat rielles in vitable 56 L axiomatique du sonnet sans doute aussi n est pas pouss e assez loin n est qu bauch e Cela vient en premier lieu du fait que j essayais malgr tout sa
14. ie aux multiples variations linguistiques et aux imaginations t ratologiques des exp rimentateurs sonnets reversed ou destructeurs les sonnets lastiques de Cendrars ou ceux de Berrigan m avait amen concevoir aussi le livre projet comme lui m me sonnet gou vern par la forme sonnet ou plus exactement sonnet en chacune de ses parties donc donner une coh rence imaginaire macroscopique la forme coh rence qui n existait nulle part dans l ensemble de ses mani festations J arrivai ainsi la notion de sonnet de sonnets qui gou verne la disposition lin aire actuelle du livre 47 Le livre a acquis ainsi une multiplicit de lectures dont certaines sont explicit es dans le mode d emploi de la version publi e 36 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 37 48 Mais et ce nest pas moins essentiel l intention du livre il mani festa galement une multiplicit d inach vements car la partie de Go qu il figure n est pas achev e car les 361 pierres po mes annonc es ne sont pas toutes donn es au lecteur n existent d ailleurs pas toutes les paragraphes du livre sonnet sont lacunaires Des sonnets manquent Des vers manquent dans certains sonnets 49 L inach vement est une face de l imperfection volontaire Elle pro longe dans une direction un peu sp ciale l esth tique baudelairienne erreurs chevilles Elle s apparente aussi c
15. ins comme tout le monde Milliers de vers libres comme tout le monde Ortie du lyrisme pseudo collectif ou pseudo individuel Tout cela m apparaissait une impasse Et surtout mon impasse 29 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 30 23 Je pr cise bien mon impasse Car je me garderai de g n raliser Au moment d une d cision de vi a nova po tique je ne m avisai que de ma propre incapacit fonctionner valablement mes propres yeux selon l un des deux choix antagonistes qui m taient propos s et que j avais alternativement tent de faire miens Et comme je n tais voulu po te je n envisageai pas la prose comme troisi me voie Ni le silence 24 Il nest pas moins vrai qu une possibilit r elle d chapper la dichotomie vers libre vers compt m tait interdite puisque j tais dans l incapacit vidente de cr er moi m me un troisi me type de vers et il est clair d ailleurs que la cr ation d un vers nouveau est inaccessible une d cision purement individuelle je n avais pas alors r fl chi aux termes m mes dans lesquels se posait le probl me du vers de sa n cessit ou non dans la po sie de la n cessit ou non de la possibilit ou non de la po sie 25 J ai emprunt la seule voie qui m tait il me semble disponible dans ces conditions J essayai de me confronter la tradition dans une dispo sition int rieure la fois respectueuse exa
16. lt e et ironique furieuse hommage et profanation dit Octavio Paz pour la fois l exorciser me soulager de son fardeau la fois avec curiosit discerner comment il s tait fait que s taient trouv s par elle produits ces po mes qui avaient t la cause de mon intention d crire moi aussi des po mes pr f ra blement toute autre mani re de manier la langue J ai cherch un angle d attaque du bloc imm morial 26 J ai donc oubli le probl me du vers J ai consid r provisoire ment et spontan ment le vers libre comme une minuscule tardive et l g re variante du vers ancien mesure de voyelles et jai combattu mon insatisfaction po tique mon incapacit la po sie obliquement irr gu 30 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 31 li rement du c t de la forme Je me suis tourn vers une forme fixe une grande forme 27 Les raisons du choix du sonnet ont t nombreuses J esp rai en lui retrouver un fil formel tr s ancien tr s archa que quelque chose capable d une longue dur e po tique J ai t frapp lex tr me par sa long vit en m me temps par ses intermittences Sa capacit de multiplication effervescente la Pl iade les liza b thains les baroques dans une quasi excellence presque garantie par son choix mais aussi bien d autres moments dans une insignifiance m canique et mondaine ce
17. ns trop men rendre compte de r gler en ce qui me concerne travers lui la question du vers D o l hypertrophie relative 38 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 39 demploi des esp ces cruciales la vie d Alexandre Phistoire de la prosodie du fran ais Mallarm Cros et par extension pour le vers iambique Hopkins Il est clair d ailleurs quind pendamment de mon propre cas la po sie fran aise pendant que je moccupais dans un iso lement absolu aux jeux formels que j ai dits me mettait en porte faux Puisque le vers libre et apr s lui ouf vers allait tre mis en cause Et tant que cette mise en cause n aurait pas abouti ou chou il n y aurait pas place pour autre chose 57 C est pourquoi en d pit d un certain succ s flatteur pour un livre de po sie et un accueil g n ralement favorable quoique refusant la plu part des intentions du livre je peux dire que la signification intention nelle de n a pas t per ue Ni qu il se situe dans une perspective post moderne 7 e ailleurs qu en la dichotomie vers libre versus vers r gulier tradition versus avant garde Presque vingt ans apr s le d but de sa composition le rapport la tradition est encore per u dans les termes somme toute assez immuables d rision ou soumission et s est m me d plac sans changer r ellement de perspective sur un terrain encore plus fantomatique celui de l exist
18. raphie 1 1962 1967 20 Pendant les premiers mois de 1962 j ai entrepris la composition d un livre de sonnets Plus exactement je d cidai d crire tous les jours de la po sie pendant quelques ann es au moins cinq et cette po sie sous le v tement formel du sonnet Plus exactement encore je d cidai de com poser mentalement et quotidiennement des sonnets de ne les crire sur le papier qu apr s compl te composition mentale et de leur succession ainsi que de leur quantit faire ult rieurement ventuellement je n avais pas la certitude d aboutir un livre 21 Cette d cision est intervenue comme cons quence d une constata tion celle du vide absolu en ce qui me concernait d une pratique de la po sie du vers libre telle qu elle existait comme forme fortement domi nante dans la France des ann es cinquante de ce si cle l impossibilit pour moi d chapper au nuage surr aliste dans ombre duquel se trou vait alors presque toute la po sie du moins celle que j avais t capable d apercevoir 22 Dans le m me temps j avais assist l chec d une longue tenta tive celle du retour aux m tres traditionnels et principalement l alexan drin pr conis e par certains ostensiblement pour des raisons politiques la suite d Aragon appuy e par quelques autres d sireux de se sous traire la tyrannie vers libriste Je my avais gu re t Paise non plus Milliers d alexandr
19. s sonnets qui partent tout seuls comme des tabati res musique dont le ha ku et le tanka japonais pr sentent encore aujourd hui des exemples avec un gigantisme num rique beau coup plus vertigineux 28 C tait une vraie forme c est dire capable de transparence Ner val autant que d extr me complexit Mallarm Et sa complexit tenait en outre en partie une analogie intuiti vement perceptible sinon justifiable et explicitable alors pour moi avec celle que peut atteindre la d duction en math matiques Le sonnet apparaissait en ses exemples les plus intenses comme un v ritable th o r me po tique ce qui me fascinait et s duisait particuli rement Ce sont des joies perverses peut tre que le vers libre n est gu re en mesure de vous procurer 29 Le sonnet enfin n est pas limit la seule tradition fran aise depuis la Renaissance Il en raverse plusieurs Dante Cavalcanti Gon gora Shakespeare Hopkins Rilke Il m apparut pour cela qu il tait capable comme forme d adaptation des langues des si cles des m tres d une assez grande variabilit qu il atteignait donc par coh sion 31 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 32 et m tamorphoses des r gions po tiques assez loign es des conditions po tiques particuli res et momentan es comme celles que j essayais pr cis ment de fuir 30 Tout cela prouvait mes yeux que
20. ties ne peut conduire qu constater son vanouissement S il y a une th orie du sonnet ses axiomes semblent changer avec le temps et les lieux En m me temps l identit est vidente comme celle du couteau un LA 2 sonnet appartient l esp ce du sonnet 35 Il reste qu il y eut quelque ironie appliquer l exploration de la forme afin d prouver son lasticit un analogue de la m thode dite axiomatique qui fut le surr alisme de ma deuxi me pratique profes sionnellement nourrici re de math maticien Nuage et fascination 36 Car j ai galement exorcis dans le sonnet mon bourbakisme 33 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 34 37 J ai essay diff rents m tres notoires ou non J ai crit des son nets mono ou h t rom triques J ai vari les formules rimiques des tercets Hopkins j ai emprunt le sonnet court quil appelle curtal sonnet r duction du sonnet proper par homoth tie Jai mis du lierre des blancs ou des silences 38 La version par Pierre Jean Jouve des sonnets de Shakespeare me donna la forme extr me de tension Car chez Jouve les rimes et les iambes de l original n avaient pas t traduits dans la m trique fran aise seulement la disposition strophique virtuelle dans l original l manifeste en trois quatrains et distique final pigrammatique l int rieur de ces divisions une sorte de prose
21. tte intention est intention de po sie 25 Description 010814 Mise en page 1 PA E Page 26 6 Consid r dans son ensemble le projet dont ceci n est que tentative de description est un projet de po sie 7 J imagine je lis je compose j apprends je recopie je traduis je plagie j cris de la po sie depuis pr s de quarante ans Il n arrive d en publier Le ravail de po sie que manifestent quelques livres parus depuis 1967 pourrait t moigner suffisamment du projet sans qu il soit utile de le d crire 8 Je peux aussi envisager par ailleurs un autre mode de description cette fois rame d un bref de narration 9 L approche particuli re choisie ici est autre une tentative d lucida tion esp rance th orique occupe la place centrale Elle s articule autour de deux id es dont l une celle de ryfhme fait l objet de sp cula tions qui d bordent assez largement la po sie La th orie du rythme abs trait T R A qui en d coule et dont l initiateur est Pierre Lusson suppose de nombreuses recherches effectu es envisag es ou entreprises ces recherches sont bien souvent de nature collective et n ont pas uni quement la po sie pour objet Encore moins pour but 10 Il s ensuit que bien que le projet dont je parle soit projet de po sie la description pr sente a un tout autre axe et ne l clairera qu indirecte ment Ce qui fait que j aurais pu me dispenser de ce pr ambul

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