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Pour une démocratie écologique

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1. long terme des activit s humaines sur la sant des cosyst mes H sitant s parer les formes de vie de leur contexte environnemental elle tend vers le holisme Elle d veloppe le sens du respect de la vie dans toutes ses formes plut t que de voir la valeur de la vie non humaine en termes exclusifs d utilit Elle est sensible la beaut et l int grit des choses naturelles et la fois voit dans ces qualit s des raisons de les pr server contre la tentation de les consommer ou de les transformer Elle est sceptique face la foi en la capacit du progr s technologique finalement surmonter les cons quences n fastes des activit s humaines pour l environnement Elle est pr te prendre au s rieux l id e que les valeurs de sobri t et de mod ration et non la poursuite de d sirs sans limites suffisent fonder une vie humaine bonne Sans aucun doute ces vertus contiennent des ambigu t s et des contradictions 48 Mill Considerations on Representative Government p 43 potentielles N anmoins elles partagent une caract ristique qui distingue la sensibilit cologique de la libert moderne elles transforment d embl e la d finition et la pr servation de la nature en un probl me politique Un engagement en faveur de la d mocratie cologique conduit pr f rer des formes institutionnelles qui favorisent la sensibilit l impact environnemental des activit s humaines et qui g n rent
2. alisations du gouvernement repr sentatif ne soit pas oubli e Il serait galement important de s assurer peut tre par l interm diaire d une rotation des ONG qu une diversit suffisante de programmes et d agendas environnementaux obtienne des porte parole au sein des organismes officiels pertinents La question de la repr sentation des g n rations futures pose de plus grands d fis encore En ce qui concerne les g n rations futures la notion m me de repr sentation est en effet d routante Comment peut on re pr senter une personne qui n est m me pas encore pr sente Que signifie le fait de parler au nom de personnes qui parce qu elles ne sont pas m me n es n ont jamais eu la chance de d velopper une personnalit particuli re avec des int r ts propres et une culture sp cifique L expression g n rations futures offre par ailleurs pour reprendre les cat gories de G Frege un sens Sinn mais pas de d notation Bedeutung cette expression ne permet donc aucun contr le de son usage Nous ne parviendrons d ailleurs pas par principe conna tre ce que penseront les g n rations futures La repr sentation ne signifie t elle pas que les repr sent s ont une chance de faire entendre leurs propres pr occupations et de r agir des propositions politiques quelles qu elles soient Cela ne signifie t il pas au minimum qu ils ont la possibilit de contester des d c
3. ces nouvelles exigences Quelques penseurs ont affirm que les probl mes cologiques globaux requ raient une r duction de la d mocratie au profit de structures plus autoritaires capables d imposer de nouvelles normes cologiquement fond es Cette position d fendue en v rit par une petite minorit de penseurs environnementalistes surestime dangereusement la capacit de r gimes autoritaires n ayant aucun compte rendre g rer rationnellement les probl mes L argument d Amartya Sen comparant l aptitude des syst mes d mocratiques et autoritaires faire face aux catastrophes sociales n est pas n gligeable il n y a pas de famines dans les d mocraties et ce sans doute en raison de la libert de circulation de l information et du principe du suffrage universel on voit mal comment on pourrait r lire des responsables qui vous condamnent ou vos concitoyens la famine Jusqu un certain point le m me argument peut tre tendu la pr vention des catastrophes environnementales On ne saurait videmment solliciter l attention des citoyens sur les menaces qui p sent sur le futur sans libre circulation de l information tout sp cialement scientifique L environnementalisme autoritaire cherche viter d innombrables difficult s de n gociation et de persuasion couper court au manque de civisme et corriger une information tronqu e Plus s rieusement il minimise le d fi d
4. essentiel voter des lois prot geant les citoyens leur interdisant de se nuire mutuellement L accroissement de l tat r gulateur au XX si cle n a pas modifi ce point fondamental les citoyens attendent des lois qui affectent au minimum leurs choix en mati re de modes de vie Constant soutenait que les institutions repr sentatives sapent leur propre l gitimit en interf rant trop avec la vie quotidienne des citoyens Les citoyens modernes doivent d cider seuls de leur profession du groupe auquel appartenir de la fa on de jouir de leur richesse La repr sentation moderne est intrins quement conditionn e par une conception particuli re de la libert celle pour laquelle la production et la consommation sont virtuellement consid r es comme illimit es et comme les instruments principaux du bonheur individuel Il y a de bonnes raisons pour supposer cependant que la solution des probl mes cologiques globaux contemporains requerra des soci t s qu elles acceptent des changements touchant la vie conomique d une port e consid rable R duire l usage des nergies fossiles ne peut qu affecter le choix des lieux de r sidence et de travail ce que nous consommons et la mani re dont nous occupons nos loisirs Garantir le d veloppement de nombreuses esp ces implique d conomiser les espaces vou s aux constructions humaines et de r guler les activit s qui d gradent les habitats naturels Atteindre des
5. h site pas affirmer que si une maison tait chose engendr e par la nature elle serait produite de la fa on dont l art en r alit la produit Il en irait de m me en sens inverse Si les choses naturelles n taient pas produites par la nature seulement mais aussi par l art elles seraient produites par l art de la m me mani re qu elles le sont par la nature Toutefois alors que la relation entre forme et mati re ou substrat rel ve d un principe interne lorsqu il s agit des substances naturelles il en va tout autrement avec les r alit s artificielles Les produits de l art ne poss dent pas en eux m mes leur principe de fabrication c est nous qui imposons du dehors au bois comme mat riau la forme lit D o le caract re ph m re et superficiel d une telle association Comme le fait encore remarquer Aristote le lit ne na t pas du lit comme l homme na t de l homme si on plante un lit il bourgeonnera et produira un arbre car seule la substance bois l information naturelle de la mati re par la forme bois poss de titre essentiel un principe et une cause de mouvement Vou s une existence pr caire incapables de s auto reproduire les produits de l art ne sont gu re que des sous produits de la nature Ils lui sont en ce sens inf rieurs Par ailleurs principe et cause de mouvement et de repos pour la chose en quoi elle r side imm diatement par essence et n
6. t peine anticip e au sein de la structure du 28 Latour semble faire quelques propositions semblables Pour une approche critique voir Kerry Whiteside Divided Natures French Contributions to Political Ecology MIT Press 2002 p 134 140 et 249 257 Kerry Whiteside Precautionary Politics Principle and Practice in Confronting Environmental Risk MIT Press 2006 p 101 111 gouvernement repr sentatif moderne Le pr suppos fondamental de la repr sentation moderne est que les citoyens ordinaires sont les mieux plac s pour comprendre s ils souffrent des conditions que les politiques publiques pourraient changer Les citoyens peuvent ne pas savoir ce que les politiques pourraient faire pour les aider au mieux mais au moins savent ils qu ils se sentent menac s affam s ou malades L auto interpr tation du peuple vis vis de ce qui le concerne fournit le mat riel de base pour le savoir faire parlementaire en mati re d action politique Ces auto interpr tations s accumulent dans des r servoirs de critique et de m fiance lorsque les autorit s chouent consid rer ces probl mes publics Cette m fiance vis vis des pouvoirs constitue une sorte de m canisme de contr le qui aide le gouvernement repr sentatif ne pas d river vers des politiques arbitraires et irresponsables Cependant l auto interpr tation par les citoyens de leurs probl mes et aspirations perd son efficacit par rapport des questions
7. d mocratie directe Si cette premi re proposition concentre l orientation future de la soci t dans une institution particuli re et organise la participation populaire au travers de la soci t civile organis e la deuxi me voie possible consiste diffuser la fonction politique dans l ensemble 42 Voir P Rosanvallon Le Peuple introuvable Histoire de la repr sentation d mocratique en France Paris Gallimard 1998 43 Voir D Bourg et D Boy Conf rences de citoyens mode d emploi Paris Descartes et Cie Charles L opold Mayer 2005 de la soci t et vise accro tre l implication directe des citoyens dans des processus jusqu alors domin s par le pouvoir de d cision des experts Il s agirait alors de retenir les meilleures pratiques en ce qui concerne l avenir dont beaucoup ont d j t peu ou prou essay es puis de les appliquer de fa on innovante des institutions destin es prendre les d cisions pour la soci t Ainsi la d mocratie cologique r pondrait la fois aux d fauts de la repr sentation moderne en ce qui concerne les g n rations futures et la n cessit d une plus grande participation populaire dans l valuation des innovations techno scientifiques Ainsi la d mocratie orient e vers le futur tend la pratique d exiger des d clarations d impact sur l environnement et des audiences publiques avant d entreprendre des projets d am nagement Elle favorise la pr
8. d tour n cessaire pour clairer le statut antique de la technique et plus g n ralement la m taphysique qui sous tendait alors la compr hension de la condition humaine L art ou la technique d une mani re g n rale crit Aristote ou bien ex cute ce que la nature est impuissante effectuer ou bien l imite Hors de tout contexte cette phrase pourrait laisser entendre qu il existe une sup riorit de l art sur la nature Il n en est rien L activit technique est born e par la nature qu elle se contente d imiter un produit naturel ou qu elle imite la force productive de la nature En ex cutant ce que la nature est impuissante effectuer l homme ne fait jamais que d ployer sa nature de producteur en r alisant des possibles naturels dans le cadre exclusif qui plus est d une partie de l univers le monde sublunaire L homme et la technique ne sauraient s lever au dessus de la nature ils lui sont au contraire totalement immanents et soumis L art n aboutit pas une surnature qui viendrait compl ter et parachever et encore moins menacer ou d passer la nature mais bien plut t un d tournement temporaire des tres naturels Les produits de l art leur sont cong nitalement inf rieurs Certes l instar de la nature l art informe la mati re Relativement la pr sence de la cause finale dans la nature qui renvoie quant elle la cause formelle Aristote n
9. de se surpasser en quoi que ce soit L id e d un homme cooperator Dei pour reprendre l expression de l ap tre Paul n a aucun sens ici et encore moins l id e cart sienne d une humanit ma tre et possesseur de la nature Les possibles ouverts l inventivit technique sont par avance born s Or il n en va pas autrement des d sirs des citoyens La finitude en ce domaine est tout aussi pr gnante que pour l action technique Le fondement de cette finitude est ontologique En effet pour Aristote tre un tre c est tre un tre Ce sont les limites m me des tres qui les d finissent L apeiron l ind fini est raval au rang du non tre Et rien n chappe cette extr me sensibilit la finitude Il n est d autre espace qu une somme de lieux le lieu des lieux tant le cosmos lui m me dont les limites absorbent toute forme de r alit Il n est rien en dehors de ce cosmos unique et fini Or le d sir est lui m me fini Sauf tre travaill par l hubris qui ne saurait toutefois l ouvrir l infini mais au n ant et l informe de l ind fini Il suffit de rappeler ici la diff rence tablie par Aristote entre l change conomique et l change chr matistique Dans le cadre du premier l change mon taire est utilis pour satisfaire des besoins par d finition finis se nourrir se v tir se loger etc Dans le second en revanche il vise une th saurisa
10. environnementalement justifi es et moins on reuses et ce parce que les gens arrivent comprendre leur d pendance vis vis des biens publics jouer un r le dans leur d veloppement voir que les charges sont r parties de mani re quitable et utiliser leur aptitude au discernement pour emp cher des abus de pouvoir dangereux Publi dans laviedesidees fr le 1er septembre 2009 laviedesidees fr
11. gt laviedes CS Pour une d mocratie cologique Dominique Bourc et Kerry WHITESIDE Notre consommation ne cesse d augmenter et la plan te est exsangue Confier notre salut au progr s technologique et l conomie rel ve de l illusion Car la solution est politique c est la refondation de notre d mocratie repr sentative qu il faut tendre Nous partirons d une hypoth se acquise pour les environnementalistes mais dont la r ception est mitig e d s qu on sort d un cercle restreint soit pour des raisons d ignorance soit au nom d une autre posture Quelle que puisse tre l issue de la crise financi re et conomique actuelle le monde o nous entrons sera profond ment diff rent de celui que nous quittons L expression inversion des raret s parfois voqu e caract rise assez bien le monde qui vient une population mondiale massive quasiment 7 milliards et 9 au milieu du si cle dot e d un pouvoir d achat et de capacit s technologiques croissants s opposera une plan te exsangue Il est probable que nous ne parviendrons jamais extraire plus de 100 millions de barils de p trole par jour alors que l Agence internationale de l nergie estime 120 millions la production n cessaire en 2020 Nous aurons puis au d but du si cle prochain l h ritage fossile de l humanit avec un taux de croissance de la consommation annuelle de 2 alors que le rythme tait enc
12. of Scarcity 1977 Robert He lbroner An Inquiry into the Human Prospect 1980 9 A Sen Development as Freedom 1999 10 Voir D Bourg Les Sc narios de l cologie Paris Hachette 1996 et Le Nouvel ge de l cologie recueil d articles collection TechnoCit ditions Descartes et Cie 2003 Constant mettait en lumi re les diff rences entre les gouvernements d mocratiques antique et moderne en fonction de l extension g ographique du pouvoir des fins collectives et de la libert Les anciennes r publiques r unissent des populations sur un territoire proche et rendent leurs citoyens souverains Les d mocraties modernes couvrent un territoire beaucoup plus vaste et embrassent de plus grandes populations en abandonnant chaque individu citoyen une infime fraction de pouvoir Les lecteurs modernes ne conservent affirme Constant qu un semblant de souverainet La principale action civique des citoyens est d lire des repr sentants qui font les lois en leurs noms L o les anciens pouvaient avoir la fiert de prendre directement part par leur voix aux d cisions de la plus grande importance pour la Cit le plus souvent la guerre ou les alliances les modernes exigent de leurs repr sentants qu ils garantissent la satisfaction de leurs int r ts quotidiens Ces int r ts renvoient dans une large mesure au commerce et la consommation Constant explique que le commerce son tour insp
13. sont g n ralement pas organis s de mani re favoriser la r flexion et la discussion au sujet de ces changements avant qu ils n aient irr vocablement contribu produire notre monde commun partir de 1996 la r action de d fiance des Europ ens l introduction d OGM dans leurs champs et leurs assiettes avec l appui des institutions repr sentatives a mis en lumi re de fa on irr futable cet cart Cette difficult quant la relation de la technoscience la repr sentation ne doit cependant pas tre confondue avec un appel la volont populaire pour trancher les questions sur l tat du monde naturel Il ne saurait tre question de r soudre d mocratiquement les probl mes d environnement en renon ant la science tout comme il ne saurait tre question de d mocratiser la science au sens d une intervention syst matique de la volont populaire dans le processus d valuation des hypoth ses scientifiques L expertise scientifique avec ses m thodes d observation et de contr le des hypoth ses joue pr cis ment un r le civique cl en alertant le public quant aux probl mes cologiques R v ler que des cancers actuels peuvent tre caus s par une exposition l amiante remontant une trentaine d ann es qu une s cheresse peut tre la cons quence du changement climatique d origine anthropique exige des recherches m ticuleuses Cette fonction cognitive a
14. sont plut t comport l instar des basses Les soci t s d mocratiques comme Tocqueville l a pr dit ressentent la pression croissante des sentiments galitaires et tol rent de moins en moins les formes de repr sentation qui ont pour effet de soustraire des repr sentants la volont populaire Pour cette raison la plupart des chambres hautes d aujourd hui sont lectives et non pas h r ditaires et leur cycle lectoral est l g rement plus long que celui des chambres basses En d autres termes dans le monde d aujourd hui le pr sent est plus avantag que jamais Le futur est la circonscription n glig e de la politique repr sentative moderne Or c est plus tard qu un probl me comme le changement climatique lib rera ses cons quences les plus dommageables In vitablement r duire le changement climatique ou lutter contre la surp che dans les oc ans sont des entreprises intrins quement prospectives Elles requi rent pr diction pr caution et de l innovation politique Toutes choses qui confrontent les repr sentants modernes des choix difficiles parfois politiquement impossibles Nombre des individus qui seront s rieusement affect s par le changement climatique ne sont pas encore n s Les repr sentants qui d fendent les int r ts des g n rations futures ne pourront certainement pas compter sur leur appui aux prochaines lections Dans le m me temps ceux qui r pondent aux pr occupation
15. tait difficilement imaginable que les activit s humaines puissent d grader ces immenses syst mes naturels que sont les oc ans et l atmosph re Les disciplines scientifiques permettant de d gager et de 11 Benjamin Constant De la libert des anciens compar e celle des modernes 1819 dans De la libert chez les Modernes pr sent par Marcel Gauchet Paris Hachette 1980 comprendre les conditions naturelles et cosyst miques favorables au d veloppement de la vie taient encore dans l enfance Aujourd hui des probl mes globaux comme le changement climatique ou la d pl tion des ressources constituent en outre des conditions radicalement nouvelles ils diff rent fondamentalement des probl mes traditionnels comme le maintien de l ordre public la conciliation d int r ts mat riels concurrents la d fense nationale ou m me la redistribution de la richesse nationale La difficult est que les r ponses aux grands probl mes environnementaux heurtent les pr misses organisationnelles et thiques du gouvernement repr sentatif moderne Consid rons en premier lieu que la plupart des probl mes environnementaux contemporains transcendent les bases territoriales de la libert des modernes Le mod le de gouvernement repr sentatif qui selon Constant autorise la libert des modernes est en revanche g ographiquement d limit bien qu il int gre les int r ts de populations plus grandes et diverses q
16. telle sorte que pour environ les trois quarts de la politique de l Union europ enne il a d sormais un pouvoir de co d cision avec les gouvernements nationaux repr sent s au sein du Conseil des ministres En ce d but du XXT si cle l Union europ enne r glemente les nombreux polluants de l air et les produits chimiques dangereux Elle dispose de lois prot geant les esp ces migratoires la pollution sonore et contr le le transport des d chets au travers des fronti res nationales Elle g re la qualit de l eau des eaux int rieures et c ti res Le Parlement europ en peut m me pr tendre que l une des principales pi ces de la l gislation environnementale de l Union europ enne la directive REACH de 2006 savoir la mise en place de nouvelles normes de s curit pour des milliers de produits chimiques commercialis s r sulte de sa position supranationale et ce par del les objections des gouvernements nationaux Dans la mesure o les membres du Parlement europ en sont organis s en groupes politiques transnationaux et sont charg s de d lib rer sur les politiques r gissant les vingt sept tats membres ils peuvent pr tendre transcender l troitesse territoriale de la repr sentation moderne Mais en v rit le bilan de ce mod le de repr sentation supranational met peut tre plus en lumi re les difficult s reconstruire la repr sentation que ses perspectives positives L
17. telles que le changement climatique ou l accumulation de pesticides qui sont pratiquement invisibles la perception ordinaire Face de telles questions c est la communaut scientifique d aider r aliser cette fonction d alerte et ce en s appuyant sur des m thodes et un fonctionnement qui doivent rester distincts de ceux du gouvernement repr sentatif M me comprise ainsi la science ne suffit pas orienter la politique En partie parce qu on ne peut supposer que les conseillers scientifiques n ont pas de programmes politiques qui leur seraient propres Les scientifiques sont en effet g n ralement li s des int r ts conomiques et politiques tributaires de subventions d emplois et de soutiens commerciaux En outre m me si la science est n cessaire la perception des probl mes environnementaux et l laboration de solutions elle n en est pas moins souvent sujette des incertitudes Ces derni res l emp chent de revendiquer une autorit incontestable quant ce qu il faudrait faire En somme la techno science constitue simultan ment une part importante de la crise environnementale celle des causes et une part n cessaire mais non suffisante de la solution En cons quence de m me que l approche moderne transgressive et transformatrice du monde a subverti la cosmologie antique et avec elle la conception antique de la libert une conception cologiquement inform e de la nature c
18. vivant et des effets du changement climatique Or un tel basculement ne pourra qu affecter hautement les fondements organisationnels de nos soci t s Il devrait en d couler l affirmation nouvelle d une m taphysique de la finitude Une 24 Pour un universalisme relatif entretien avec Ph Descola Revue des deux mondes mars 2009 et plus g n ralement Par del nature et culture Paris Gallimard 2005 25 Voir Etienne Klein notamment Galil e et les Indiens allons nous liquider la science Paris Flammarion 2008 m taphysique associant d un c t le caract re paradoxal de nos techniques la fois puissantes et born es la p nurie de ressources la r duction attendue de l coum ne et de l autre le maintien de la reconnaissance de l gale dignit de tous face l adversit nouvelle du milieu Ladite m taphysique devrait sous tendre une conjugaison nouvelle des droits de l individu et de l imp ratif de survie de l esp ce et donner lieu des dispositifs institutionnels tout aussi nouveaux Repr sentation et technoscience Ces observations sur la m taphysique de la modernit posent au gouvernement repr sentatif un troisi me type de d fi au del de la territorialit et de la temporalit celui du gouvernement de la technoscience Les possibilit s de transformation du monde via les technosciences pouvaient en effet peine tre th matis es au XIX si cle quand des penseur
19. A Grandjean amp Th Libaert 2006 Environnement et entreprises En finir avec les discours Paris Village Mondial 2006 p 26 27 pour les courbes 21 E Fox Keller Expliquer la vie Mod les m taphores et machines en biologie du d veloppement Paris Gallimard 2004 p 327 22 Voir N Bouleau La Question ontologique Math matiques et ontologie Pragmatisme et Quine Relativisme et pr jug de sup riorit analytique para tre 23 Voir J M L vy Leblond Aux contraires L exercice de la pens e et la pratique de la science Paris Gallimard 1996 l esprit Il n y a pas m me jusqu l id e d universel et d universalisme qu il ne faille en un sens moduler et relativiser comme le fait l anthropologue Philippe Descola avec son universalisme relatif Les d veloppements les plus r cents de la physique concernant le mouvement des galaxies jettent par ailleurs une ombre nouvelle sur l un des apports majeurs de la physique galil enne l id e selon laquelle les lois physiques sont universelles Or cette id e solidaire de l effondrement du cosmos hi rarchis des anciens est notamment au fondement de la r interpr tation moderne de la d mocratie Elle tait grosse tant de la R volution fran aise que de la d claration d ind pendance des tats Unis d Am rique Les conomistes classiques postulaient quant eux un monde aux ressources surabondantes les conomistes n o classiqu
20. ance qui permette de pr server et de promouvoir l int r t g n ral La crise conomique et financi re vient de nous le rappeler avec les d rives attach es au march financier et plus g n ralement avec les cons quences cumul es d une quarantaine d ann es de politiques de d r gulation Ce faisant l tat assure une fonction la fois traditionnelle et nouvelle La recherche de l int r t g n ral est en effet consubstantielle toute forme de soci t ne serait ce que sous la forme minimale de la pr servation de son existence et de celle de ses membres Plus largement l tat a traditionnellement pour fonction de veiller au maintien de la hi rarchie des fins d emp cher qu une partie du corps social n instrumentalise le reste de la soci t son seul profit et ne transforme ainsi l ensemble du corps social en simple moyen au service de sa seule fin La fonction premi re de l tat assurer l existence de la communaut nationale face ses ennemis potentiels a connu durant les derni res d cennies une singuli re extension Le bien tre pr sent et futur de la communaut nationale et m me son existence future ne sont plus en effet seulement menac s par d autres tats mais par le pouvoir que l humanit a acquis sur la biosph re et ses m canismes r gulateurs La pr servation de ces m canismes et plus largement des biens publics environnementaux rel ve d sormais de la d fense de l int r t
21. auquel s tend d sormais l exercice de l int r t g n ral celui de la pr servation des conditions biosph riques du bien tre commun se pr sente diff remment L o la d fense de l int r t g n ral en passait n cessairement par des conceptions particuli res s impose au bout du compte la brutalit de l universel La d gradation des biens publics environnementaux en effet n engendre plus terme de gagnants Si la temp rature de la plan te devait s lever de trois degr s nous prendrions le risque de r troactions en cha ne dramatiques le devenir aride de Amazonie et la destruction de sa for t susciteraient un surcro t massif de CO qui pourrait nous conduire un r chauffement de quatre degr s au lieu de trois et plus encore lequel pourrait lib rer des quantit s gigantesques de m thane qui conduiraient leur tour un r chauffement plus lev d bouchant sur une r duction drastique des terres encore habitables La complexit extr me de nos soci t s la puissance nouvelle des technologies celle des lieux de pouvoir conomique les menaces qui p sent d sormais sur les biens publics environnementaux stabilit du climat bon tat des cosyst mes et des services cosyst miques exigent d sormais des r gulations nouvelles faute desquelles la d fense de l int r t g n ral ne saurait plus tre assur e Quelle est la forme ou le r gime politique le plus apte r pondre
22. e gouvernement repr sentatif est bon pr cis ment parce qu il engendre une attitude d auto suffisance dans les affaires ainsi qu un esprit de r sistance aux normes collectives qui pourraient contrecarrer la jouissance des plaisirs priv s Sa fiert rendre les citoyens ind pendants valide en m me temps certaines habitudes d esprit Les d mocrates cologiques s inqui tent au contraire lorsque l ducation morale est interpr t e principalement en termes de capacit des personnes d fendre exclusivement 46 John Stuart Mill Considerations on Representative Government 1861 Bobbs Merrill Educational Publishing Library of Liberal Arts 1958 p 25 47 Mill a galement affirm que le syst me repr sentatif pouvait conforter le sentiment de l int r t public Il pensait cependant que ce ne pouvait tre le cas que si les gens participaient m me rarement des fonctions publiques Voir Mill Considerations p 54 55 La plupart de ses arguments sur les effets moraux de la repr sentation mettent l accent sur leur d veloppement dans le cadre d un individualisme quotidien et assidu voire excentrique leurs int r ts Dans la mesure o la libert moderne par d finition consiste en l accroissement de la sensibilit des individus aux d cisions collectives qui affectent la vie priv e elle risque de faire obstacle aux mesures n cessaires pour pr venir de graves dommages colo
23. e la pr vention des abus de pouvoir que ne manqueraient pas d occasionner les tentatives de corrections autoritaires et cologiques des modes de vie de populations habitu es aux plaisirs de la soci t de consommation Ce type de r gime mettrait encore en danger les valeurs d galit politique et de dignit humaine qui sont de la plus grande importance pour elles m mes Nous affirmons donc on ne peut plus clairement qu une politique cologique doit rester d mocratique Libert et repr sentation modernes dans un monde fini Nous pensons cependant qu une d mocratie cologique devrait tre au bout du compte aussi diff rente de la forme moderne du gouvernement repr sentatif que cette derni re l tait de la d mocratie grecque antique L opposition d velopp e par Benjamin Constant dans son c l bre essai de 1819 entre les formes antique et moderne de d mocratie constitue un excellent point de d part pour une discussion sur la magnitude des changements venir De m me que Constant soutenait que la libert des anciens avec sa condition la d mocratie directe tait inadapt e au monde moderne nous proposons de montrer que la libert des modernes et son corollaire le gouvernement repr sentatif sont impuissants pr venir la catastrophe environnementale 8 Hans Jonas Le Principe Responsabilit Une thique pour la civilisation technologique Paris Cerf 1990 William Ophuls Ecology and the Politics
24. elle mais de les tendre des centaines de millions de convives nouveaux Qu on nous permette d en douter en d pit des capacit s ind niables du g nie en question Cette croyance repose en effet sur un raisonnement par induction relativement troit Certes les exemples qui attestent de la capacit de soci t s se sortir d impasses ne manquent pas Une d forestation pr coce avait conduit la Londres du XII si cle se chauffer d j largement au charbon un ing nieur anglais avait calcul au seuil du XTX que le crottin de cheval devait atteindre la fin du si cle le 1 tage des immeubles londoniens les r volutions vertes successives n ont cess de contredire Malthus Ces exemples ne confirment qu une chose qu il en est all maintes fois ainsi ce qui ne prouve nullement qu il en ira toujours et syst matiquement de la sorte Le croire reviendrait omettre trois choses La premi re est qu il existe de nombreux contre exemples ceux recens s par Jared Diamond comme l abandon par les Anasazis du Chaco Canyon pour d forestation notamment la ruine pour la m me raison de la civilisation des Mayas la chute des tablissements vikings de l Est et de l Ouest en terre groenlandaise l effondrement de la civilisation pascuane etc 2 Voir Millennium Ecosystem Assessment Ecosystems and Human Well Being Synthesis Washington Island Press DC 2005 document disponible sur le site du Milleni
25. erink eds Environmental Policy in Europe The Europeanization of National Environmental Policy Routledge 2004 31 Wanted A vigorous debate The Economist juin 2009 p 49 32 http www elections2009 results eu en index_ en html La seconde voie celle de la d mocratie cologique introduit syst matiquement des organisations non gouvernementales dans les institutions d lib ratives Des organismes bien connus comme les Amis de la Terre le WWF World Wide Fund for Nature and le World Resources Institute et d autres ONG plus nombreuses et plus locales comme la Fondation Nicolas Hulot en France se sont d velopp es au sein des soci t s civiles en dehors des structures formelles de la repr sentation moderne Ces ONG constituent ce que des politistes appellent des repr sentants auto investis dans le sens o ils entendent parler au nom du bien public pour une cause et non pour quelques int r ts aussi limit s que priv s sans tre pour autant lectoralement valid s Comme l a observ John McCormick les ONG environnementales ont contribu l laboration d une soci t civile mondiale au sein de laquelle les hommes ont appris appr cier de plus en plus que la plupart des probl mes conomiques et sociaux et les probl mes environnementaux en particulier sont une partie de l exp rience commune de l humanit et doivent tre trait s en cons quence Des organisations internationa
26. es institutions de l Union europ enne ont t construites apr s des n gociations pr alables entre tats chacun devant tre convaincu de renoncer des fragments de sa souverainet nationale Apr s plus de cinquante ans de d veloppement les tats membres et leurs parlements nationaux n ont pas encore accord suffisamment de pouvoirs au Parlement europ en pour lui permettre d introduire ou de promulguer des lois de son propre chef La repr sentation moderne pr vaut encore En outre les lections l gislatives europ ennes sont toujours organis es au sein des juridictions nationales En cons quence ces lections ont tendance se transformer en tests de popularit des gouvernements nationaux plut t que de constituer des occasions de d battre de questions l chelle proprement europ enne Pire encore une baisse constante du taux de participation ces lections le taux d abstention tait de 56 en juin 2009 peut difficilement tre interpr t e comme un signe que l Union europ enne est la cr ation d une conscience civique transnationale Le fait que les institutions europ ennes doivent toujours composer avec des institutions pr existantes et plus prestigieuses dans les vingt sept pays a fini par les rendre opaques et peu populaires C est le prix payer pour un mod le qui essaie de mettre jour la repr sentation moderne au lieu de la remplacer 30 Voir Andrew Jordand and Duncan Lieff
27. es ont pari sur l aptitude technologique de l humanit substituer ind finiment au capital naturel immanquablement d truit par nos activit s du capital reproductible Au lieu de quoi nous nous heurtons sur tous les plans la finitude et de la fa on la plus concr te celle de la biosph re dig rer nos missions carbon es celle attach e aux limites de notre h ritage fossile celle de nos r serves d eau douce a et l sur la plan te celle des ressources halieutiques Nous nous heurtons encore aux bornes de notre patrimoine min ral dont les r serves approchent l puisement pour certains m taux pr cieux semi pr cieux ou lourds la fragilit des services cologiques rendus par les cosyst mes aux limites de nos capacit s de recyclage Il y a quelque chose de spectaculaire dans cet empilement de bornes et limites de toutes sortes eu gard ce que fut le r ve moderne Et pourtant ce dernier ne d sarme nullement Le d sir d une consommation mat rielle croissante continue s tendre num riquement g ographiquement et mentalement Le transhumanisme a pris le relais de l ancienne id ologie du progr s en promettant d sormais l immortalit mais pour un petit nombre d lus sic etc Nous parions ici en revanche sur un basculement de paradigme relativement proche sous la pression conjugu e de la p nurie des ressources fossiles min rales aquatiques et g n ralement issues du
28. g n ral La difficult de l exercice proc de de la n cessit pour l tat d anticiper et de pr venir des d gradations futures et irr versibles et de soutenir d ventuelles contraintes au pr sent au nom du futur Revenons au volet classique de la pr servation de l int r t g n ral Elle s exercera bien s r diff remment selon qu il s agit d une soci t hi rarchique ou d une d mocratie selon la conception qui l anime utilitariste cherchant le bonheur du plus grand nombre ou rawlsienne cherchant rendre la condition des moins favoris s la meilleure possible Quoi qu il en soit l tat veillera ce que les confits qui surgissent au sein de la soci t n entra nent pas son implosion Il veillera galement la hi rarchie des fins la fin supr me tant le bien tre des citoyens lequel pr suppose l existence de la communaut nationale Ceci implique qu aucune strate qu aucun secteur qu aucune activit au sein de la soci t civile ne saurait devenir une fin en soi et non un moyen au service du bien tre commun Ni les m canismes du march ni l accroissement du PIB ni m me la science ne sauraient devenir des fins en soi alors m me que chacun de ces domaines tend s autonomiser L tat doit veiller ce qu aucune logique sociale partielle ne s autonomise ne devienne elle m me sa propre fin Et ce n est gu re ce quoi nous avons assist Le nouveau domaine
29. giques et grande chelle une poque o l impact n gatif de l humanit sur l environnement est chaque jour plus vident il est inqui tant de lire le raisonnement de Mill qui associe l aptitude des gens devenir auto d pendants la r alisation d un degr lev de succ s dans leur lutte contre la nature La libert dans son essence m me dresse l intelligence humaine et le raisonnement moral contre la nature Que faire si croyant l instar des modernes en l galit se faisant les avocats du pouvoir du public cro tre intellectuellement nous sommes cependant convaincus du pouvoir de l humanit d truire ses conditions naturelles d existence et ce en partie cause des habitudes modernes de penser Le test du bon gouvernement devrait alors rompre avec la conception de l ind pendance qui dresse l individu contre la nature Les d mocrates cologiques proposent au contraire que d sormais la mesure du bon gouvernement soit sa tendance susciter un souci intense de protection de la nature selon ses multiples significations Depuis plus d un si cle des cologistes visionnaires ont tent de d crire les vertus d une telle sensibilit cologique Une conscience cologique per oit l humanit non pas comme un dominateur ext rieur la nature mais comme solidaire de son devenir Elle s efforce d tre consciente des effets indirects distance et
30. ire un vif amour pour l ind pendance individuelle Il cr e des individus qui ressentent l autorit collective comme un harc lement Les r publiques modernes soutient encore Constant sont adapt es un monde dans lequel le commerce remplace la guerre comme principal moyen d obtenir ce que d sire le peuple La cr ation moderne de richesse met en relation les individus au travers d changes volontaires et non de conqu tes Elle recourt au travail libre et la m canisation en lieu et place de l esclavage D s lors de plus en plus de citoyens cultiv s peuvent manifester leur capacit prendre leurs responsabilit s quant la recherche de leur propre bonheur En d l guant l autorit publique leurs repr sentants les individus lib rent eux m mes le temps n cessaire la poursuite de leurs plaisirs priv s Le gouvernement repr sentatif supporte ainsi le sens moderne de la libert non la libert d exercer la souverainet avec ses concitoyens mais bien plut t celle d panouir son individualit en exprimant ses opinions en choisissant ses croyances en d terminant ses investissements en exer ant la profession de son choix et en tirant du plaisir de la consommation et ce avec un minimum d interf rences des autorit s publiques Au XIX si cle quand des penseurs comme Constant J S Mill et Alexis de Tocqueville d fendaient les valeurs du gouvernement repr sentatif il
31. ires Pour autant que nous sommes devenus capables de compromettre l existence de l esp ce soit en d stabilisant les m canismes r gulateurs de la biosph re soit en cherchant en modifier le soubassement biologique avec le transhumanisme la d mocratie perdrait une grande part de son contenu si elle ne parvenait encadrer ces enjeux nouveaux Bornons nous pour le moment rappeler le principe de l incompl tude du principe repr sentatif et la n cessit d un syst me politique plus complexe Il conviendrait d associer au syst me repr sentatif l intervention d autres instances compos es de sages experts du type conseil constitutionnel conseil d tat la fran aise commissions de sages ad hoc etc et de le conjuguer avec le principe participatif voire avec la d mocratie directe style votations suisses ou r f rendum la fran aise Compte tenu de la complexit de ces enjeux nouveaux on ne voit gu re comment ne pas entrelacer les diff rentes modalit s de l exercice de l influence des citoyens sur la d cision publique la d mocratie repr sentative ou d l gative qui permet d influer sur une trajectoire de d cisions la d mocratie participative qui permet notamment un panel de citoyens pr alablement et formellement inform s de peser sur une d cision particuli re en clairant le d cideur en introduisant des arguments dans le d bat public soit exceptionnellement par la
32. irmament To signify the slaughter of the gods Allons marchons contre les puissances du ciel Et plantons des banderoles noires sur le firmament Pour signifier le massacre des dieux Elle ouvre le d sir humain comme l action technique l infini Elle se con oit encore comme le mode d organisation de la soci t qui permet chacun de maximiser son avantage c est dire de produire et de consommer toujours plus C est pourquoi il n a pas seulement r sult de l affirmation moderne de l autonomie du politique la d mocratie moderne avec l auto limitation du pouvoir politique qui la caract rise mais galement son autre le totalitarisme et son affirmation d un pouvoir sans limites Totalitarisme dont Hannah Arendt caract risait pr cis ment l essence par le mouvement continu Ce programme de transgression ne se borne pas aux seuls domaines scientifiques techniques et politiques Une intol rance diffuse aux normes morales est en effet un des traits des soci t s modernes ces m mes soci t s n ont d ailleurs eu de cesse de produire toutes sortes de tentatives de d l gitimation de la morale au nom des classes sociales du ressentiment du biocentrisme etc L esth tique moderne est aussi pour l essentiel une esth tique de la transgression des canons ant rieurs Le sport professionnel se pr sente comme un mouvement ind fini de transgression des limites du corps humain associant artefac
33. isions l gislatives dans lesquelles ils ne verraient pas traduite leur volont La promesse originelle d un gouvernement repr sentatif renvoie par ailleurs son potentiel 39 Groupe 5 Construire une d mocratie cologique Le Grenelle de l Environnement 2007 Synth se et principales mesures 27 Septembre 40 Voir Michele M Betsill et Elisabeth Corell NGO Diplomacy The Influence of Nongovernmental Organizations in International Environmental Negotiations MIT Press 2008 p 205 206 41 G Frege crits logiques et philosophiques Paris Seuil 1995 d int gration Comme le droit de vote a t tendu des groupes auparavant exclus comme les femmes ou les minorit s raciales les g n rations futures pourraient se voir mobilis es et leurs int r ts pris en compte dans l ar ne politique Mais les g n rations futures ne sont pas mobilisables de la sorte Parler au nom des g n rations signifie t 1l qu il faille toutes les repr senter Si la repr sentation des g n rations futures impliquait qu il faille donner aujourd hui certaines personnes les votes par procuration de tous les individus venir il en r sulterait de troublantes cons quences politiques Les votes par procuration doivent tre en effet distribu s en proportion du nombre Or tant donn que les g n rations futures sont potentiellement beaucoup plus nombreuses que les g n rations actuelles ceux cens s les repr senter disposeraie
34. les telles que la Conf rence des Nations Unies sur l environnement et le d veloppement ont t particuli rement proactives pour l accr ditation des ONG environnementales et les ont invit es pr cocement participer leurs r unions Depuis 1983 la Banque mondiale s est concert e r guli rement avec les ONG environnementales afin d obtenir leurs commentaires sur l impact environnemental de ses projets La France a r cemment int gr les ONG environnementales au sein du Conseil conomique et social devenu le Conseil conomique social et environnemental et c est d abord le Grenelle de l environnement qui a introduit les organismes environnementaux dans le processus de d cision politique nationale Les ONG environnementales peuvent tre des vecteurs de d mocratie cologique Elles aident surmonter les lacunes de la repr sentation moderne Beaucoup sont de port e internationale ou sont organis es en fonction de territoires environnementaux d finis Elles offrent un contact direct avec des populations tr s dispers es Leurs ordres du jour ne sont pas li s au court terme des cycles lectoraux Dans de nombreux cas en opposition la politique 33 Nadia Urbinati and Mark E Warren The Concept of Representation in Contemporary Democratic Theory The Annual Review of Political Science novembre 2008 p 403 disponible en ligne http polisci annualreviews org 34 John McCormick The role of e
35. n environnementale de l Union europ enne prouvent que les gouvernements repr sentatifs modernes ont largement reconnu que la pr vention des dommages environnementaux exige de transcender les territoires et la comp tence territoriale sur lesquels la repr sentation moderne s est construite Comme on pouvait s y attendre la r action des institutions repr sentatives a souvent t de faire valoir les int r ts nationaux commerciaux et la protection des emplois et donc de retarder et d entraver la mise en uvre des accords supranationaux M me avant l arriv e au pouvoir de l administration Bush notoirement anti Kyoto le S nat des tats Unis avait refus de ratifier le protocole de Kyoto sign par Clinton La repr sentation moderne ne va pas dispara tre dans un avenir pr visible Quelles que soient les formes que prendront les institutions internationales elles coexisteront et n cessairement de fa on concurrentielle avec les institutions nationales Nous voyons deux voies pour la politique cologique dans ce contexte La premi re est la poursuite du d veloppement d institutions supranationales repr sentatives L Union europ enne offre la version la plus frappante d un mod le dans lequel des institutions produisant un droit transnational se superposent progressivement aux gouvernements repr sentatifs modernes Les pouvoirs du Parlement europ en ont notablement augment au cours des derni res ann es de
36. n plus nombreux sur cette plan te Et des centaines de millions de personnes suppl mentaires partagent et partageront le r ve occidental d une consommation mat rielle croissante On aurait tort de croire qu il sera possible d affronter une telle nouveaut en recourant seulement des instruments conomiques du style des politiques carbone en gestation Ces politiques seront bien plut t le vecteur de bouleversements plus profonds touchant l organisation m me de nos soci t s et donc le politique Il y a en effet une contradiction d sormais frontale entre le cahier des charges de nos soci t s h rit de la philosophie du contrat selon lequel il convient de permettre chacun de produire et de consommer le plus possible et la sauvegarde de ces nouveaux biens publics que sont la stabilit du climat ou l int grit des services cologiques C est un nouvel quilibre entre les droits de l individu et ce qui conditionne leur exercice les biens publics en question et plus largement l int r t collectif qu il va falloir inventer Notre propos est de mettre tout particuli rement en lumi re quelques unes des 5 Voir Bertrand de Jouvenel La terre est petite 1959 in Arcadie Essais sur le mieux vivre Paris Gallimard 2002 p 66 77 6 J M Keynes Perspectives conomiques pour nos petits enfants 1930 in Essais sur la monnaie et l conomie Paris Payot 1971 p 133 134 7 Voir Pa
37. nce verte ont besoin de reconna tre est 36 Andrew Jamison The Shaping of the Global Agenda The Role of Non Governmental Organisations in Risk Environment and Modernity Towards a New Ecology ed S Lash B Szerszynski et Brian Wynne Sage Publications 1996 p 226 37 Walter F Baber W F and Robert V Bartlett Deliberative Environmental Politics Democracy and Ecological Rationality The MIT Press 2005 p 6 38 Jamison p 243 ceci en tant qu oufsiders les r sistants verts peuvent politiser des questions particuli res ils peuvent parfois stopper des volutions choquantes mais ils ne sont pas en mesure de participer aux d lib rations et de prendre part aux processus de d termination des politiques d int r t public Ce chemin vers la d mocratie cologique engendre de nouveaux d fis et des difficult s originales Comment par exemple choisir les ONG officielles Cette difficult ne semble pas insurmontable Comme point de d part la France a propos des normes telles que l ind pendance la capacit de mobiliser les gens et la capacit promouvoir le d bat environnemental Pourtant il y a toutes les raisons de prendre au s rieux les critiques qui soul vent des questions quant la responsabilit des ONG ou qui affirment que les ONG d fendent syst matiquement les vues du monde d velopp Il est essentiel de veiller ce que la responsabilit assur ment l une des grandes r
38. nt d une puissance crasante Paradoxalement l application litt rale du mod le moderne de repr sentation aux g n rations venir d bouche sur une sorte de dictature de l avenir et non sur une extension de la d mocratie Pour ces raisons on ne saurait repr senter les g n rations futures et leurs int r ts de mani re analogue la repr sentation politique classique Ce qui est n cessaire ce sont des institutions dont la mission est de se soucier du long terme et dont la structure est con ue pour prot ger leur capacit le faire On peut imaginer deux fa ons d y parvenir On pourrait prendre appui sur le bicam risme et instituer une chambre haute d volue la repr sentation du long terme Les lus ne parviennent en effet que tr s difficilement consid rer la fois le court et le long terme ce sont syst matiquement les int r ts court terme qui l emportent Tel serait moins facilement le cas si nous pouvions lire des repr sentants sur une dur e plus longue l instar des neuf ans des s nateurs fran ais pour incarner sp cifiquement et exclusivement les int r ts de long terme et ce au nom et avec la l gitimit du souverain puisqu lus sur des programmes relatifs aux seuls enjeux de long terme Ce qui poserait deux probl mes en premier lieu celui de la proc dure de s lection et de r partition des d cisions entre le court et le long terme en second lieu celui de la proc du
39. nuit et le long terme gr ce une assembl e h r ditaire La repr sentation moderne essaie en effet de trouver un quilibre entre la consid ration du pr sent et le respect du pass Les chambres basses rassemblent des lus pour un cycle relativement court deux cinq ans dans la plupart des d mocraties occidentales modernes Des lections rapproch es contraignent les l gislateurs r pondre aux mouvements rapides de l opinion publique Bien qu une bonne articulation du proc s l gislatif l opinion publique soit vitale pour le gouvernement repr sentatif elle n en cr e pas moins le danger d une politique erratique elle peut en outre favoriser des mouvements d magogiques d inspiration populiste Les d mocraties modernes m nagent ce faisant un espace constitutionnel pour une seconde chambre dont les membres sont lus pour un plus long terme et ce souvent sur une base territoriale diff rente Les mandats plus longs de la chambre haute sont calcul s pour rendre les lus plus prudents plus enclins pr server la continuit que leurs homologues de la chambre basse Bien que la plupart des gouvernements repr sentatifs modernes aient abandonn les chambres h r ditaires il est encore loisible pour les chambres hautes de repr senter la dur e avec des membres plus fortun s et donc plus enclins pr server le statu quo et lus pour une p riode plus longue Les proc dures des chambres hautes son
40. nvironmental NGOs in international regimes in The Global Environment Institutions Law and Policy ed Norman J Vig et Regina S Axelrod Congressional Quarterly Press 1999 p 53 35 Pour une analyse du Grenelle voir K H Whiteside D Boy amp D Bourg France s Grenelle de l environnement Openings and Closures in Ecological Democracy para tre en 2010 dans Environmental Politics passive au comportement consum riste favoris par la repr sentation moderne elles promeuvent une thique activiste dans laquelle et les politiques publiques et les modes de consommation sont soumis une critique cologiquement bien inform e l appui de leurs positions critiques les ONG environnementales ont souvent mis en place de la recherche et des programmes de suivi environnemental Leurs tudes et leur expertise produisent une bonne part de la connaissance mobilis e dans le discours environnemental global constate Andrew Jamison C est cette combinaison de traits qui les rend dignes de figurer dans les organes d lib ratifs tous les niveaux politiques Le mot cl est ici d lib ratif et non repr sentatif Au moins en th orie la repr sentation suppose le jeu de miroirs d une volont populaire pr existante et d un processus de d cision et ce en fonction du nombre relatif des citoyens de part et d autre d une question La d mocratie d lib rative favorise en revanche le
41. objectifs cologiques alt rera significativement les mod les standards de consommation pr cis ment fond s sur la conception moderne de la libert Si l on suit le raisonnement de Constant sur les liens entre 13 John Stuart Mill Introduction On Liberty 1859 consommation libert et repr sentation la d mocratie repr sentative appara t doublement d ficiente eu gard l ampleur des probl mes environnementaux Primo l une des caract ristiques de la repr sentation moderne est pr cis ment d affirmer la libert de consommer des individus Loin de conduire les citoyens r fl chir aux cons quences de leurs choix de consommation le gouvernement repr sentatif soutient une conception de la vie politique pour laquelle une telle r flexion devient ipso facto suspecte aux yeux des citoyens eux m mes Le second d faut d coule du premier on peut douter de ce que les institutions repr sentatives modernes aient assez de l gitimit pour l gif rer de mani re routini re sur des questions touchant les individus dans l intimit de leur vie quotidienne Les probl mes cologiques contemporains posent encore des d fis originaux relatifs la dimension temporelle du gouvernement repr sentatif En d crivant l organisation du pouvoir l gislatif Constant distinguait deux chambres l une repr sentant l opinion actuelle par une assembl e d lus l autre repr sentant la dur e la conti
42. olif ration d autres institutions prospectives instituts de recherche sur l environnement conseils consultatifs scientifiques conf rences de citoyens sur l volution technologique Elle transforme de tels organes consultatifs en leur conf rant plus de pouvoirs Face aux secrets commerciaux et au refus des gouvernements de diffuser les r sultats de certaines de leurs tudes la d mocratie cologique insiste sur les valeurs d ouverture et de transparence Le secret et la fermeture sont des strat gies visant prot ger le pass et non pr venir les probl mes de l avenir La d mocratie cologique d bat et pr cise les instruments normatifs orient s vers le futur comme le principe de pr caution Plus g n ralement la d mocratie cologique multiplie les possibilit s de contribution du public l laboration des normes environnementales non seulement par le biais d audiences de pure forme mais gr ce des dispositifs tels que les sondages d lib ratifs et les conf rences de citoyens Dans ces forums les gens parviennent une r flexion sur les cons quences futures du d veloppement et sur les d cisions de r glementation prises en leur nom La d mocratie cologique pourrait choisir certains groupes ou ONG comme gardiens des syst mes naturels qui conditionnent l existence de la soci t et leur permettre de donner rapidement l alerte en cas de risque de d gradation Il convient de noter q
43. on par accident la nature renvoie la n cessit ce qui ne peut pas ne pas tre ou tre autre qu il n est alors que l action humaine qu il s agisse 15 Physique II 8 16 Ibid 17 Physique II 1 du faire ou du fabriquer rel ve de la contingence de ce qui peut ne pas tre ou tre autre qu il n est En d autres termes l action technique commence l o cesse le r gne du n cessaire C est pourquoi la technique ne saurait en droit occuper la moindre place au sein du cosmos c leste de part en part n cessaire Il n est en effet de technique pour Aristote qu au sein du monde sublunaire terrestre dans la mesure m me o il n est pas satur par la n cessit les ph nom nes qui s y produisent peuvent en dehors de la nature avoir galement pour cause le hasard et l action humaine La technique n a d autre domaine que celui m nag par la contingence Elle ne saurait se confondre avec la science dont l objet est la n cessit m me de la nature Il y a bien sur ce point une s paration radicale entre science et technique La science est une chose noble qui nous l ve vers les lois n cessaires du cosmos divin la technique nous renvoie en revanche aux routines des artisans Qu on le comprenne bien ceci signifie que la technique ne saurait rien produire de r ellement extraordinaire La part qui lui est allou e est jamais modeste elle ne saurait permettre l homme
44. onsid rant les limites l incertitude et la prudence appelle de nouvelles relations entre la science et la volont populaire Repr sentation et d lib ration dans une d mocratie cologique En r ponse aux conditions esquiss es ci dessus le gouvernement repr sentatif 29 Pierre Rosanvallon La Contre d mocratie La politique l ge de la d fiance Paris Seuil 2006 moderne a d j commenc se m tamorphoser De nouveaux contours institutionnels de nouvelles pratiques et de nouvelles tensions ont commenc merger en ce qui concerne la territorialit la temporalit et la gouvernance de la technoscience Nous nous r f rons cette configuration mergente en tant que d mocratie cologique et cherchons mettre notamment l accent sur son caract re participatif et d lib ratif L aggravation des probl mes environnementaux globaux comme le changement climatique et d pl tion de la biodiversit cr ent une pression croissante en faveur d une r glementation supranationale Seules les nations ne peuvent contr ler les missions de gaz effet de serre pour r duire le changement climatique mondial il est presque inutile de prot ger les esp ces migratrices dans un pays si leur habitat est d truit dans d autres Des accords internationaux comme le Protocole de Montr al de 1987 relatif la protection de la couche d ozone ou le protocole de Kyoto de 1997 ainsi que la l gislatio
45. ore de plus de 3 ces derni res ann es consommation constante les r serves d or d argent et de palladium s l vent une quinzaine d ann es elles se situent entre 15 et 30 ans pour le plomb le cuivre ou le zinc Nous provoquons la disparition d un grand nombre d esp ces les services cologiques que nous rendent les cosyst mes sont pour 1 Voir le calcul de J M Jancovici et d A Grandjean dans Le Plein s il vous pla t Paris Seuil 2006 p 38 60 d entre eux d grad s quoi s ajoute le changement climatique en cours Avec une hausse d un degr de la temp rature moyenne que nous atteindrons avant le milieu du si cle c est par exemple l Ouest des tats Unis du Texas au Dakota qui pourrait redevenir ce qu il fut il y a quelques mill naires un immense d sert de sable La prochaine disparition de la banquise estivale arctique dans une ou deux d cennies d placera le front polaire vers le Nord Il en r sultera un changement non moins perturbant du r gime des pluies ass chant par exemple r guli rement et sur de longs mois l Angleterre Les ouragans qui ont fait leur apparition sur les c tes du Br sil et au Sud de l Europe seront plus nombreux et pourraient s tendre la M diterran e On peut toujours croire que le g nie humain permettra en d pit de ces conditions nouvelles et hostiles non seulement de continuer honorer les promesses de la f te industri
46. oyens de l arrogance des monarques des religieux fanatiques et des factions populaires L arbitraire des d cisions la partialit ou l obscurit de l expos des motifs ont justifi la r sistance et la volont de prot ger les pr f rences priv es des individus Mais les probl mes cologiques conduisent une pression sur les choix priv s qui offre peu de ressemblance avec les d crets autoritaires d une lite irresponsable Les arguments en faveur de la lutte contre le changement climatique et l rosion de la biodiversit sont accessibles au public ils sont scientifiquement fond s et ouverts au d bat Si la d mocratie cologique exige de changer les modes de production et de consommation c est cause de probl mes cologiques constat s n cessitant d importants ajustements pour le bien tre de la soci t au sens large au del des limites m mes de l esp ce humaine Les futures d mocraties auront veiller sur la puissance de nos technologies dans un monde bond et fragile o le pouvoir de consommer des uns pourra compromettre le substrat naturel du bien tre voire de la vie de tous ainsi que le sens m me de l aventure humaine Elles devront concilier les droits et devoirs de l individu et l imp ratif supr me de la survie de l esp ce L audace des d mocrates cologiques de conviction est de croire qu il est possible de concevoir gr ce la participation des lois
47. participation citoyenne et non la tenir distance Elle construit une extension de la notion de citoyennet Conclusion prot ger la nature comme test du bon gouvernement Contrairement la repr sentation moderne la d mocratie cologique ne se mesure pas principalement sa capacit de satisfaire les pr f rences imm diates du peuple Elle exprime la volont de prendre au s rieux sa responsabilit celle de l guer un monde viable et beau ses descendants Bien s r m me moderne la repr sentation a toujours pr tendu poursuivre de nobles objectifs Les plus grands partisans du gouvernement repr sentatif ont en effet fait valoir ses effets b n fiques sur la nature humaine Constant exigeait de ses institutions qu elles ach vent l ducation morale des citoyens John Stuart Mill affirmait que l une des principales caract ristiques du bon gouvernement tait sa tendance augmenter la somme des qualit s des gouvern s Les deux croyaient que le gouvernement repr sentatif serait un agent de transformation morale rendant le citoyen plus actif ind pendant et intelligent Ce qui devait produire cet effet cependant n tait pas l activit politique courante mais surtout l exercice r gulier de la libert priv e Non seulement la repr sentation moderne incite les citoyens poursuivre leurs propres d sirs mais elle attribue de la vertu cette qu te La perspective moderne sugg re que l
48. poids public des raisons voqu es Elle implique un dialogue dans lequel les participants changent des raisons et tentent de se persuader les uns les autres par la force de leurs arguments Notre revendication pour une d mocratie cologique est que les ONG environnementales aient un r le particulier jouer dans les organes d lib ratifs mettre en lumi re avec preuves et raisons les jalons environnementaux pour le pr sent et l avenir pour les territoires proches et lointains des politiques publiques travers l ensemble des activit s gouvernementales Certains environnementalistes craignent que si ger au sein d organismes officiels conduise une cooptation des ONG et affaiblisse leur pouvoir critique Avec Andrew Jamison ils pr f reraient voir progresser le mouvement environnemental vers ses objectifs par le biais de moyens plus conflictuels que consensuels Mais il n y a aucune raison d imaginer que toutes les ONG environnementales aient besoin de se voir comme des candidats l accr ditation officielle Si Greenpeace ou Earth First choisissent l activisme d opposition comme mode favori d influence politique les d mocrates cologiques n ont pas d objection de principe Ils devraient m me applaudir le niveau suppl mentaire de contre politique avec lequel un tel activisme critique les d faillances de la politique officielle Dans le m me temps ce que les d fenseurs de la disside
49. pression la plus parfaite Le cosmos antique bornait en effet tout autant les d sirs que les possibilit s d action des citoyens Rappelons que l univers tait con u de fa on intrins quement hi rarchique et se scindait en deux parties un monde c leste inaccessible et divin incorruptible ternellement identique lui m me n cessaire ne connaissant de mouvement que circulaire et un monde sublunaire demeure des hommes et des autres animaux vou la contingence celle de l action humaine comme celle du devenir de tous les tres sublunaires L action humaine est ainsi comme nous allons le voir plus pr cis ment born e de toutes parts La technique n a nullement pour objet aux yeux des anciens de transformer le monde mais seulement de l am nager pour y rendre la vie plus facile la diff rence de ce qu il adviendra avec les modernes elle ne constitue pas un enjeu politique lequel enjeu d coulera de la reconnaissance de l aptitude de la technique bousculer la nature et ainsi changer la donne sociale Rappelons que le projet moderne aura t pour une grande part de rendre possible l affirmation via la domination techno scientifique de la nature de l galit de tous en termes de dignit et de condition La condamnation du grand nombre l esclavage apparaissait en revanche aux anciens comme la condition l panouissement de l humanit d un petit nombre Que le lecteur nous permette le
50. re d arbitrage final Le premier probl me n est qu apparent Il ne s agirait nullement de r partir les projets de lois en fonction du court et du long terme ce qui serait absurde une d cision portant sur le court pouvant avoir des effets importants sur le long terme L id e est bien plut t de disposer d un corps l gislatif dont les membres seraient lus sur des programmes divergents certes mais touchant exclusivement la d fense du long terme tant en mati re environnementale qu en ce qui concerne d autres enjeux comme le devenir du soubassement biologique de notre condition humaine commune Tous les projets examin s par la chambre basse le seraient galement par la chambre haute La chambre haute devrait pouvoir l emporter in fine en cas de litige avec la chambre basse Telle serait la solution au second probl me On pourrait aussi imaginer que tout candidat la pr sidence soit contraint de d fendre un programme sp cifiquement aff rent aux enjeux de long terme en plus du programme traditionnel Ledit pr sident disposerait ainsi d une majorit sp cifique dans chaque chambre Dans un tel contexte les tudes d impacts pr alables recouvriraient une importance capitale elles permettraient de faire clairement appara tre l orientation et le bienfond des d cisions de la chambre haute elles devraient s appuyer sur des indicateurs qualitatifs et quantitatifs environnementaux et sociaux mais non mon ta
51. s comme Constant ou Mill crivaient Mais durant la centaine d ann es qui a suivi la mort de Mill les innovations technoscientifiques ont r volutionn la vie quotidienne en Occident de mani re non moins radicale que les plus grands bouleversements politiques La repr sentation moderne s est accommod e de cette r volution en ne changeant que marginalement son mode op ratoire Les gouvernements du XX si cle ont consid rablement accru le r le des conseillers scientifiques dans leurs actions et cette expansion a t conduite de telle sorte qu elle apparaisse congruente vis vis des pr suppos s de la repr sentation moderne Cela a pu se faire car la science pouvait premi rement appara tre comme jouant un r le cl pour la libert moderne elle tend l ventail des choix disponibles pour les citoyens en leur offrant de nouveaux produits et de nouvelles formes de contr le du monde environnant La technoscience appara t donc comme poursuivant le projet d mancipation moderne Deuxi mement elle est cens e le faire de mani re axiologiquement neutre Dans le discours moderne la science est d peinte comme source de connaissances objectives de la nature et de ma trise technologique de cette m me nature Ainsi quand les d mocraties repr sentatives se tournent vers les experts pour obtenir des r ponses d int r t public ce produit est il s r cette technique peut elle produire de l nergie un co
52. s de la biologie du d veloppement une pist mologue comme Evelyn Fox Keller affirme par exemple que le monde est tortueux qu il est trop complexe pour s adapter parfaitement nos mod les nos th ories et nos explications Les domaines scientifiques o l on bute sur une pluralit r duite d interpr tations divergentes ne manquent effectivement pas Qu il s agisse de probl mes partiels locaux circonscrits des circonstances particuli res pouvant m me relever de l ing nierie ou des grandes questions globales il y a le plus souvent quelques ontologies crit le math maticien sp cialiste de l analyse fonctionnelle et de la th orie du potentiel Nicolas Bouleau Plus g n ralement l pist mologie contemporaine a ent rin l historicit du savoir scientifique le fait que les lois sont vou es voir le temps r duire leur aire de validit Il n est plus loisible d opposer avec les Lumi res l universalit de la raison la contingence et aux circonstances du r cit Le d veloppement de la raison et des sciences rel ve lui m me d un r cit que rien ne saurait ni borner ni assurer par avance la diff rence de la ph nom nologie h g lienne de 20 Cf W Steffen P J Crutzen amp J R McNeill The Anthropocene Are Humans Now Overwhelming the Great Forces of Nature Ambio 36 8 2007 p 614 621 Royal Swedish Academy of Sciences et D Bourg
53. s des lecteurs leurs d sirs d emploi de consommation de biens divers augmentent leur chance de r lection M me l argument de Sen en faveur de la d mocratie n est pas suffisant ici Les famines qu il s agit ici en effet de pr venir concernent moins le pr sent que le moyen et long terme Les d cisions qui pourraient conduire une famine future i e une catastrophe environnementale n auront pas tre assum es par ceux qui les auront prises En d autres termes les incitations fondamentales r gulant le fonctionnement des institutions repr sentatives ont pour effet de diff rer la confrontation aux probl mes d environnement distants dans le temps ou se d veloppant lentement M taphysique de la libert moderne Ce ne sont pas seulement le nombre de citoyens et ses cons quences en termes de so ne de R a cu participation la souverainet ou l objet m me de la libert priv selon les modernes et public pour les anciens etc qui s parent les d mocraties modernes et antiques mais deux cosmologies et m me deux m taphysiques Poursuivons dans l esprit de Constant la comparaison en abordant un troisi me d fi la conception moderne du gouvernement repr sentatif La d mocratie grecque nous para t en effet profond ment solidaire d une cosmologie close et hi rarchis e et plus g n ralement d une m taphysique de la finitude qui trouva dans l uvre d Aristote son ex
54. sons pas qu il faut r gler les soci t s sur des normes particuli res dont d cideraient a priori les philosophes de l environnement Ces philosophes eux m mes sont divis s sur les significations de la nature Il n y a pas de r ponse unique absolue Ne serait ce que pour cette raison m me le d bat d mocratique est incontournable La part de l h ritage lib ral qu il convient absolument de pr server outre la libert et la pluralit d information est le principe de l expression de la soci t civile dans sa diversit pour faire contrepoids la tendance des responsables politiques ne tenir compte que des enjeux qui les avantagent Ainsi les d mocrates cologiques font appel plusieurs des vertus les mieux connues de la d mocratie moderne la capacit obtenir des informations de tous les coins de la soci t et v rifier l information par le d bat la qu te de l inclusion et du respect mutuel l ouverture la diversit des valeurs la d termination confronter les valeurs dans le dialogue les classer par ordre de priorit ou surmonter leurs contradictions qu elles g n rent Alors que les d mocrates cologiques ne peuvent se permettre de sous estimer la s duction exerc e par la libert moderne ils ont pourtant raison de ne pas d sesp rer de la possibilit d inventer de nouvelles perspectives pour la libert La libert moderne a t invent e pour prot ger les cit
55. t g n ralement plus empreintes de tradition et de dignit La repr sentation moderne dans sa conception institutionnelle donne ainsi le pouvoir de l gitimer la fois le pr sent et le pass 14 Benjamin Constant Principes de politique dans De Ja libert chez les Modernes op cit p 280 Qu en est il du futur Ce serait exag r d affirmer que la repr sentation moderne est tout simplement aveugle au futur Des arguments en faveur du bien tre venir de la nation se font certes entendre dans les chambres basses Anticiper les d penses pour les futurs retrait s pr parer la d fense de la nation contre les menaces venir constituent en effet la mati re de l activit l gislative Mais la vuln rabilit des lus face au court terme lectoral les rend r ticents consid rer des changements politiquement risqu s dont les b n fices ne concerneraient que de futurs lecteurs Un v ritable int r t pour le futur appara t il dans les chambres hautes Le souci de la dur e y concerne en r alit essentiellement la pr servation des biens pr sents de telle sorte qu ils se maintiennent dans l avenir Dans les faits les chambres hautes ont g n ralement t enclines se tourner vers le pass Elles ont plut t r sist l innovation au nom de la propri t de la tradition de la continuit et de la libert qu anticip des changements originaux Eu gard au temps les chambres hautes se
56. t raisonnable elles attendent des r ponses fermes et objectives Ne fournissant que des faits et des outils la technoscience ne 26 Pour une comparaison suggestive entre le changement technologique et les changements d ordre constitutionnel voir Langdon Winner La Baleine et Le R acteur la recherche de limites au temps de la haute technologie Paris Descartes et Cie 2002 27 Bruno Latour Nous n avons jamais t modernes Paris La D couverte 1991 risque pas d orienter le jugement des repr sentants en faveur de ses propres orientations Ce modus vivendi entre la repr sentation moderne et la technoscience a fini par devenir hautement probl matique Premi rement la puissance transgressive de la science et la puissance des technologies cr es dans son sillage s av rent provoquer d immenses probl mes d environnement Le probl me politique de la science moderne n est pas la tyrannie mais la mont e en puissance d une personne ou d une classe dominante poursuivant ses propres int r ts Le probl me est que la techno science remod le le monde de fa on controvers e Elle est porteuse de valeurs et ne cesse de transformer la qualit de la vie communautaire Parce qu elle est intrins quement vou e transformer et instrumentaliser le monde la science ne peut plus appara tre uniquement comme le conseiller impartial de l action collective Pourtant les gouvernements repr sentatifs modernes ne
57. tion que rien ne saurait borner d o justement la condamnation aristot licienne 18 Politique I La d mocratie moderne est en revanche ins parable des possibilit s en apparence infinies de la puissance des technologies et du march et ce dans un univers ouvert l action humaine y est appel e transgresser toutes les limites Elle est m me est le fruit de cette obsession de la transgression Avec le principe de la souverainet populaire comme l a montr Bertrand de Jouvenel dans Du Pouvoir les modernes ont pens un pouvoir sans bornes ne connaissant d autre limite que lui m me Et l on ne saurait cet gard confondre la d mocratie ath nienne et la d mocratie moderne S il y a bien dans les deux cas une affirmation de l autonomie de la Cit de sa capacit se donner ses propres lois c est toutefois dans un contexte minemment diff rent La d mocratie antique n a pas pour dessein de d loger les dieux de l Olympe et elle s inscrit au sein d un cosmos fini qui impose son ordre aux dieux comme aux hommes La d mocratie moderne est en revanche ins parable d un effort d arrachement la tutelle d un dieu infini et tout puissant au sein d un cosmos d sormais muet et insens Come let us march against the powers of heaven crivait d j dans Tamburlaine the Great deuxi me partie acte 5 sc ne 3 Christopher Marlowe le contemporain de Bacon And set black streamers in the f
58. trick Criqui Beno t Faraco et Alain Grandjean Les tats et le carbone ouvrage para tre dans la collection D veloppement durable et innovation institutionnelle aux PUF en novembre 2009 implications de l int gration de cette probl matique quant aux conceptions modernes du gouvernement repr sentatif Nous commencerons avec les deux affirmations suivantes en premier lieu la confiance en l tat est incontournable pour l observance de cette nouvelle conception de l int r t collectif en second lieu la forme de l tat doit rester d mocratique Cette seconde affirmation nous conduira chercher relever les d fis les plus difficiles D mocratie signifie aujourd hui une forme repr sentative de gouvernement con ue durant les deux derniers si cles et construite de telle sorte qu elle ob re grandement la capacit faire face aux grands probl mes environnementaux Ces obstacles tirent en outre leur origine de d fauts propres ses fondements m taphysiques savoir la conception moderne qui ignore l id e de limites aux manipulation et contr le techniques la fin de cet article nous pr senterons quelques r flexions pr liminaires quant la mani re d adapter nos institutions participatives et l gislatives afin de les rendre plus r actives face l urgence et la hauteur des probl mes que nous connaissons tat et cologie le pr alable d mocratique L tat est la seule inst
59. ts et exercice Tous ces d bordements ont nourri et nourrissent le mouvement g n ral 19 Du Pouvoir Histoire naturelle de sa croissance 1945 Paris Hachette 1972 d une croissance conomique elle m me con ue comme un proc s et un progr s sans fin Et c est ce type de croissance qui aboutit aux courbes exponentielles des flux de mati res et aux t Une libert qu aucun principe ne viendrait borner permet risques globaux qui en d coulen d j chacun de contribuer l puisement de la biosph re elle permettra encore demain gr ce aux anthropotechniques de contribuer la cr ation d esp ces nouvelles au sein du genre humain voire celle d un nouveau genre intelligent tanshumain Or nous n habitons plus le monde des modernes m me si la modernit comme projet perdure de maintes fa ons Nous nous heurtons en effet de plus en plus et ce tous azimuts la finitude Celle en premier lieu de notre plan te voqu e pr c demment avec Bertrand de Jouvenel Celle de notre pouvoir technologique affirmons le de nouveau nous avons durant la seconde moiti du XX si cle appris nos d pens avec le changement climatique la d pl tion de la couche d ozone les pseudo hormones la pollution nucl aire etc que la domination de la nature pouvait engendrer plus ou moins long terme des effets aussi dommageables qu impr visibles La finitude affecte encore notre pr tention au savoir propo
60. ue dans aucun de ces exemples nous soutenons que des non sp cialistes ont une expertise particuli re dans l valuation de l information scientifique En revanche le r le des non experts est d aider d busquer d ventuels pr jug s m l s aux t moignages des experts de contester des choix 44 Concernant ce principe outre le livre de K Whiteside signal plus haut voir galement D Bourg et J L Schlegel Parer aux risques de demain Le Principe de pr caution Paris Seuil 2001 et D Bourg et A Papaux Des limites du principe de pr caution OGM transhumanisme et d termination collective des fins conomie publique Public Economics n 21 2007 2 p 95 123 45 Carolyn Raffensperger et Nancy Myers Becoming Guardians Some ideas on how to move forward The Networker The Newsletter of the Science and Environmental Health Network Septembre 2006 Volume 11 N 5 politiques inopportuns de d battre de l acceptabilit de certains risques d exprimer des pr f rences parmi un large ventail de solutions de remplacement d injecter des valeurs humanistes le souci de l galit de la beaut de l quit dans des discussions techniques Ainsi la d mocratie cologique prolonge la repr sentation moderne dans son souci de contr ler d ventuels abus de pouvoir Pourtant elle s carte fondamentalement du mod le moderne selon Constant en cherchant tendre et stimuler la
61. ue les r publiques antiques En se d veloppant dans le cadre d tats nations la repr sentation moderne impose des limites territoriales la capacit des citoyens de se sentir concern s par les probl mes de leurs voisins Ce fondement territorial est encore renforc quand des lections r guli res sont organis es dans le cadre d un d coupage du territoire national en sous unit s g ographiques Les individus sont repr sent s en vertu de leur appartenance un territoire particulier Ces limitations territoriales sont essentielles aux fonctions des repr sentants Elles permettent des conditions locales et concr tes et des valeurs historiquement d finies d acc der une part de pouvoir La territorialit garantit en effet aux repr sentants tout particuli rement au sein d une f d ration et notamment aux tats Unis une assise partir de laquelle r sister au d veloppement de normes requ rant des changements ou des sacrifices dont les b n fices iraient de fa on disproportionn e aux populations situ es en dehors de leur district lectoral Or c est une caract ristique d un grand nombre de probl mes environnementaux de ne pas tre territorialement contenus La pollution des rivi res et des mers se propage d une nation l autre les esp ces migratoires en danger traversent les fronti res Les co ts et b n fices de la r duction des dommages environnementaux concernent souvent des pop
62. ulations diff rentes Il y a cinquante ans pour r soudre de tels probl mes les d mocraties occidentales se sont efforc es d inventer des accords politiques plus englobant cr ant alors 12 A Rehfeld The Concept of Constituency Political Representation Democratic Legitimacy and Institutional Design Cambridge Cambridge University Press 2005 des niveaux nouveaux de gouvernement l chelle r gionale n gociant des trait s inter tatiques Ces accords qui ne constituent que des ajustements mineurs la repr sentation moderne ont connu un succ s variable Mais d sormais le changement climatique et la d pl tion des ressources modifient consid rablement les enjeux Il ne s agit plus simplement de d finir des int r ts communs entre provinces et tats voisins mais d inciter les populations prendre leurs responsabilit s et donc agir en vue de prot ger la sant des cosyst mes l chelle globale Les probl mes cologiques nous contraignent ainsi r examiner les relations mises en lumi re par Constant entre repr sentation commerce et consommation Constant sugg re que la l gitimit de la repr sentation moderne d pend de la libert laiss e aux citoyens en mati re de production et de consommation Les repr sentants sont investis du pouvoir l gislatif pour des sujets limit s John Stuart Mill soutenait que pour respecter la libert le corps l gislatif devait se limiter pour l
63. um www millenniumassessment org 3 Voir M Lynas Six degr s Que va t il se passer Paris Dunod 2008 p 15 54 4 Voir J Diamond Effondrement Comment les soci t s d cident de leur disparition ou de leur survie Paris Gallimard 2006 La seconde raison est la syst maticit de la crise laquelle nous sommes en butte Nous faisons en effet face la finitude sur presque tous les fronts Avec le premier clich de la plan te bleue vue de l espace comme l avait d s les ann es 1950 relev Bertrand de Jouvenel le monde nous est apparu la fois petit et fragile Les d cennies qui ont suivi nous ont appris que nous ne saurions devenir ma tres et possesseurs de la nature Nous parvenons certes ma triser localement en termes d espace et de temps des ph nom nes de plus en plus nombreux Mais nous avons galement appris nos d pens avec le changement climatique la d pl tion c est dire la r duction de la couche d ozone les pseudo hormones la pollution nucl aire que la domination de la nature pouvait engendrer plus ou moins long terme des effets aussi dommageables qu impr visibles Enfin les soci t s de march modernes sont les seules tre organis es pour satisfaire ce que Keynes appelait les besoins relatifs par d finition infinis la diff rence des besoins absolus d un nombre d hommes jamais gal et qui devrait encore cro tre Nous sommes de plus e
64. une inclination identifier le bien avec de bonnes normes de protection des services cologiques Pour les anciens comme pour les modernes la politique se borne aux relations interhumaines Il s agit de susciter la vertu chez les citoyens de r gler des conflits entre des int r ts concurrents gr ce des lois impartiales de distribuer avec justice les biens produits par une coop ration humaine Ces points de vue consid rent la nature comme allant de soi L environnement mat riel ne figure dans ces r flexions qu la marge L environnement est un lieu un site historique le territoire d une population une source de mati res premi res un bien n gociable Il constitue essentiellement une chose secondaire dont on traite l occasion de la poursuite d autres priorit s Ce qui caract rise au contraire la sensibilit cologique est de ne plus consid rer la nature comme secondaire toujours propos d autre chose La nature est d embl e partie prenante des d lib rations sur la meilleure organisation possible de la soci t Elle constitue une entit qui a une identit propre qui ne se r duit pas nos repr sentations Son importance ne peut pas non plus tre r duite l utilit qu elle nous apporte L engagement de la soci t comprendre et pr server ces caract ristiques irr ductibles appara t comme une composante essentielle de la conception d une bonne vie pour tous Nous ne di

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