DIbie village-metamorphose
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1. Dans ce moment charni re du retour les conventions accept es comme telles par l ensemble de mes concitoyens apparaissent tout coup comme des attitudes tranges dormir se d placer respec ter le code de la route faire ses courses recevoir pr parer les repas manger les partager se pr senter travailler croire aimer toutes ces choses de la vie normale ces truismes dans lesquels on a t lev et avec lesquels ont vit ordinairement ne sont rep rables visibles que par un regard neuf Si pour Le Village retrouv questionner partir de mes souvenirs et de la vision que j avais des choses pass es s est impos comme tant la meilleure fa on de remettre en route la m moire collective la chose cette fois ci ne pouvait plus se d rouler de la m me fa on Mon propos fut autre Non pas tant que je laie voulu autre il s est impos autre tellement nous avons chang On dirait que les souvenirs ne sont plus attach s au village qu y habiter ne veut plus dire que toute sa vie est l Pourtant c est bien l que nous mangeons que nous dormons que nous parlons mais c est que ce l n est plus un entre soi il est v cu comme une sorte de parenth se en atten dant d tre ailleurs Certains le sentent et cherchent tous azimuts ce qui pourrait r ancrer le village dans son pass cartes postales 370 peintures t moignages d sir de retrouvailles impossibles r ve de fusion vano2. J ai tant faire que je ne sais plus quoi faire Ou plut t non je ne sais pas o ni comment commencer je devrais dire finir tant il y a de chantiers ouverts Retour de chez Jean Marc Brocard o j ai go t senti m ch du chablis Le mot d lice absolu au sucre d or puis le bourru de Chich les vieilles vignes et autres dans ces immenses cuves tincelantes qui rec lent ce nectar total Et Jean Marc le ma tre qui go te coute palpe ce vin futur Une tr s belle et grande motion une remise en bouche qui me fait recoller l univers v g tal qui me tient ici Chichery o je me suis greff et me donne ce sentiment si fort d exister quelque part L aventure des papilles est une aventure au sens plein Je voulais te voir s rieusement parce que j y comprends plus grand chose lui dis je Je ne comprends plus tr s bien comment a marche si la commune existe toujours de quoi et de qui on rel ve ce que sont tous ces changements toutes ces transformations insti tutionnelles dont on entend et lit des bribes la t l ou dans les 37 journaux mais dont tu sembles tre un des seuls au village ma tri ser peu pr s les tenants et les aboutissants Pour les aboutissants c est une autre histoire on verra a plus tard et on sera sans doute plus l me r pond il Mais pour ce qu est de la marche de la commune oui l y a du nouveau sacr ment m me Viens donc t asseoir
3. dans le paysage J ajouterais volontiers ce descriptif le constat nigmatique du po te Yves Bonnefoy qui cadre si bien avec ma vision de l ethnologie et du pays Le paysage commence quand on s inqui te de l ombre qui bouge sous les choses 2 gale distance de Joigny et d Auxerre un peu l cart de la nationale 6 Chichery la Ville avec son centre d centr s organise comme la goutte d un essaim d abeilles r unie autour du clocher trangement fix avec le cimeti re sa p riph rie ce qui ne l a pas emp ch de s inventer en cercle Je compte aujourd hui cinq rues neuves qui par leur seul av nement constituent des quartiers et que l intelligence urbaine du village et de ses diles successifs a oblig es suivre l arc structurel prolongeant ainsi la rondeur de notre univers Etre vivant comme le note encore Roupnel dans une de ses conf rences prononc e quelques kilom tres au sud est de Chichery le village a pris forme de son chantier et s est 1 Gaston Roupnel Histoire de la campagne fran aise p 193 2 Yves Bonnefoy La po sie dans le temps pr sent Universit de tous les savoirs 17 novembre 2000 in Le Monde mardi 12 d cembre 2000 28 fa onn comme les hommes de ses uvres Il se dilate ou se contracte s amplifie ou se r tr cit du mouvement qui recule ses fronti res Il est vident que les aptitudes du sol ont donn aux maisons
4. rythmes r guliers qui transforment petit petit la vie du village en celle d un immeuble plat Pouss s par l exemple et par les lois imiter et nous soumettre au monde urbain tout proche nous nous pr tons d sor mais sans sourciller aux r gles urbaines appliqu es lunivers rural et nous soumettons la double croyance tr s contemporaine en la concentration et en la patrimonalisation du monde Cela a eu pour effet pervers non pas tant d ouvrir que de confiner la rue sa seule fonction de passage d gag de faire un village vanoui le jour enferm le soir et surtout de r v ler par l absence de monde qu ici dans ces rues qu on essaye de rendre propres et accucil lantes mais qui ne peuvent mener qu d autres rues ou un ailleurs g ographique in vitable nous ne sommes effectivement pas en ville Par un trop de rangement d arrangement de domestication l ex pression de chemin un peu solennel qu avaient les larges rues du village a de fait t gomm e Elles expriment une certaine prosp rit et donnent quelques signes manifestes d urbanisation qui me font froid dans le dos Heureusement il manque encore nos rues mais pour combien de temps beaucoup de ce mobilier urbain qui me fait tant ha r des villages voisins d j contamin s et phago cyt s par la ville qui s approche Cela dit pour le d cor car la r alit a fait qu ici aussi les rues se sont depuis une bonne ving
5. s Cette assembl e d l guait une commission ex cutive dite Bureau de la Commission inter m diaire qui avait pour t che d administrer le d partement Les attributions de cette commission interm diaire comportaient 1 Ren Chiot Une terre du chapitre d Auxerre Chichery notes d histoire 39 notamment la formation des municipalit s le rassemblement des tableaux de paroisse les imp ts le commerce et l industrie les ponts et chauss es les cultes l tablissement d tat de la popula tion l agriculture la r vision du cadastre et le classement des terres Chichery avec Chablis H ry Pontigny et Rouvray fut class dans la premi re classe ses terres taient d j reconnues de qualit sup rieure Cette commission interm diaire exista et fonctionna jusqu en mai 1790 au moment de la cr ation du d partement de Yonne Une nouvelle administration territoriale en d partements et districts cr e par l Assembl e constituante fut alors mise en place Chi chery et ses voisins Branches et Bassou ressortirent au district de Joigny qui fut d abord rattach au canton de Neuilly avant de l tre au chef lieu qu tait Villemer depuis novembre 1790 En jan vier 1790 un bureau municipal ou conseil g n ral de la commune avec un maire sa t te fut lu Assist de quatre offi ciers municipaux quatre notables et un agent national le bureau devait assumer toutes les charges de gestion a
6. sent que l on quitte toute critique pour rejoindre le mythe d un consensus national europ en mondial Que l on fonde notre conception de l tre partir d une conception globale du vivant mais d un vivant dont la seule libert passerait par un nivel lement g n ralis de notre humanit actuelle Ce que je dis vaut pour n importe quelle institution y compris pour l Universit et qui plus est pour l enseignement de l ethnologie lui m me qui et nous en sommes largement responsables est en train de dispara tre Que va t il advenir des tudiants s ils ne trouvent plus de ligux o venir r fl chir sur le monde sur cette science qui fut sortie de l orni re en grande partie il est vrai par Claude L vi Strauss et sa g n ration en ce qu ils la d senclav rent de sa gangue coloniale dans laquelle elle avait fleuri ainsi que de ses d rives racialistes s il n y a plus personne pour d crire le monde pour t moigner des soci t s proches ou lointaines si nous n avons plus que des analyses par tielles quantitatives des notions g n rales et donc g n ralisantes de ce que nous sommes Nous ne conna trons bien vite plus grand chose de nous m mes Mais comment faire pour restaurer l atten tion l autre accepter qu il y ait des lieux vigie d o l on observe discute et pense des lieux o l on t moigne du monde 375 plus exactement des mondes et o l on acqui re
7. sormais ignorer l existence ni bafouer le rapport au monde X L ethnologie de proximit que nous avons d velopp e d s les ann es 1970 Jussieu n a pas t vaine Dans ces ann es de refondation nous recentrions nos travaux sur notre soci t m me nous partions du postulat que plus les choses sont proches et se pr sentent comme des banalit s apparentes plus elles sont complexes Au regard horizontal tir de l anthropologie classique port sur l autre exotique nous ajoutions le regard vertical un regard transversal enrichi de l ensemble des ethnosciences et des connaissances en sciences humaines alors en pleine closion C est ainsi pour tre plus concret que des dizaines de m moires et des doctorats d ethnologie furent soutenus sur le monde des immigr s du pouvoir de l h pital des policiers de l entreprise de l duca tion des homosexuels des cur s des bourgeois des chanteurs du m tro des pi tons des villes nouvelles des n o ruraux des chas seurs des cologistes ete ce qui n excluait d ailleurs nullement les tudes des syst mes traditionnels des soci t s am rindiennes ou des soci t s castiques en Inde dont nous nous nourrissions pour parfaire notre r flexion th orique sur le monde moderne Nous le sentions nous l annoncions mais depuis nous sommes bel et bien entr s dans une des tr s grandes mutations de notre histoire o chacun hautement technicien
8. taine d ann es maintenant transform es Si heures r guli res et en semaine j entends quelques cavalcades d enfants soutenues par les piaillements des m res et des nourrices qui d sormais ne les l chent plus r sonner contre mes murs l cho du vacher et de ses 1 La France compte le plus grand nombre de r sidences secondaires en Europe 3 millions dont 60 dans l espace dit rural Chichery n en compte qu une petite dizaine De nombreuses tudes sociologiques ont t r cemment men es sur la question via le CNRS et la DATAR dont l ouvrage clairant de Jean Didier Urbain Paradis vert rend compte avec brio 31 belles aux pieds feutr s en route vers les pr s n est plus ni le tintement des laiti res des familles qui s en abreuvaient Dans la rue un peu garage le jour on n y voit plus que des voitures beau coup de voitures l heure des repas Elle a cess d tre un lieu public un lieu de rencontre de discussion de promenade pour devenir essentiellement un vecteur d chappement pour des villa geois surtout pour les jeunes qui ne peuvent plus vivre qu travers l id e et la pratique d un ailleurs imm diatement atteignable et y aspirent Carte postale des ann es 1960 vue a rienne de Chichery J ai l impression jusque dans ma chair que l acc l ration g n rale de notre vie et de ce qui s y rapporte devance l espace et que notre temps se termine je crois m me q
9. On quitte le couloir d entr e pour traverser un morceau de l an cien logement des instituteurs un bel espace carr avec en son centre des tables et des chaises dispos es en rectangle pour les r unions du conseil municipal Sur le mur de gauche sont punais s les dipl mes obtenus par la commune lors du jumelage ainsi que les prix qui depuis des ann es se succ dent au concours du village fleuri Une tag re bien s r avec des coupes o se m lent celles des Inter villages et des comp titions sportives de tous ordres Le mur du fond a sa photo du chef de l Etat actuel et un buste d une Marianne inconnue de style encore r publicain Le mur de droite porte les photos du village vu du ciel r alis es par L Yonne r publicaine ainsi que celle du finage photographi par le satellite qui nous sert et parfois m me nous dessert comme s en plaignent les agriculteurs La secr taire de mairie tant absente on s installe dans la petite pi ce du fond que Bernard semble affec tionner quand il est seul Etroit clair et profond un bureau de fer faisant face la fen tre donnant sur la rue le secr tariat est une pi ce accueillante sans doute est ce sa clart une fen tre chaque bout qui rend ainsi cette pi ce couloir presque chaleureuse moins que ce ne soit le radiateur Bernard s installe au bureau me d signe la chaise tubulaire grise et bien rembourr e qui lui fait face Derri re lui les meubles
10. chasseurs que le pigeon voyageur n est pas un gibier il est prot g par la loi auxquels s ajoute le grand gibier chevreuil cerf daim et sanglier chasse qui ne peut tre r alis e que par tir balle ou signe de notre modernit qui se ressource sans cesse de nos archa smes par tir l arc C est ainsi que j apprends le temps de lire le recensement officiel le contenu encore abordable de l univers chassable L af fiche jumelle frapp e du m me sceau pr fectoral concerne la P che en eau douce Cela me rappelle que lors de nos baignades dans l Yonne partir de juin outre les goujons et autres fritures 34 dans la rue du Puits d Hiver on peut taquiner la truite fario l omble chevalier le cristivomer Pombre commun le brochet black bass la perche arc en ciel le sandre et m me semble t il l anguille et l crevisse ce des heures pr cises La p che avec des esches v g tales recomman d es la diff rence de la chasse se pratique sur une portion de l Yonne des endroits strictement d finis pour les communes ayant un acc s direct au fleuve Pour la commune de Chichery ce sera rive gauche 50 m tres en aval de l cluse de Bassou la borne kilom trique 19 soit 1 975 m tres Ainsi pas de discuSsions inu tiles apr s les bons ou mauvais emplacements c est une affaire de flair quant au garde p che asserment dont j ai s
11. ct aux rues leur dispositif et leur physionomie tout comme il ne fait aucun doute que l homme en symbiose avec le village a b ti ses granges et ses tables la mesure de son territoire et de ses occupations Mais le village l id e de village que cet auteur estimait tre la fonction mise en compte humain de toutes les valeurs et de toutes les figures inscrites par le sol et les lieux n est plus et ce depuis relativement peu de temps J ai souvenir il y a vingt cinq ans peine que les p res de mes compagnons de jeux et nous derri re vivions et proc dions comme les futurs h ri tiers d un univers attach son sol et son paysage aussi jalou sement qu une m re Qu on ne se m prenne pas je ne suis pas un g ographe et le paysage ou plut t sa longue histoire ne m int resse pas proprement parler non ce qui m int resse c est nos fa ons d appr hender et de voir l espace dans lequel nous vo luons aujourd hui encore Alors je regarde je regarde et je ne vois d j plus ce que je voyais il y a quelques ann es encore moins que je ne regarde trop Il n y a pas si longtemps le village tait cach de la N 6 par un pais rideau d arbres on ne pouvait l aper cevoir qu en un seul endroit et encore ce n tait que la pointe du clocher Il y a eu la temp te de No l 1999 les bois en ont pris un Coup on dirait m me qu elle a donn le signal d une coupe syst matique
12. des Sols c est termin c est le PLU le Plan Local d Urbanisme Je te mets un peu tout a en vrac mais je comprends que t aies du mal saisir les changements moi m me qui suis dedans c est pas vident suivre C est l Europe qu est en perspective on peut plus rester dans le petit dans le local tout prix Y a pas d autre solution que _ de s unir de s arranger avec les voisins si on veut encore ma triser un peu la question Je crois qu on conna t un bouleversement qui doit tre du m me ordre de grandeur que ce que le p re Chiot raconte dans son bouquin sur Chichery au moment de la R volution fran aise Les changements qu ont t op r s l poque ont t tels qu on est encore dedans les d partements les districts les communes les maires C est de l qu on est en train de sortir j sais pas si t imagines bien Le p re Chiot historiographe d Une terre du chapitre d Auxerre Chichery raconte en effet comment en 1787 le roi organisa dans le pays des lections des administrations civiles auxquelles devaient prendre part les principaux citoyens On divisa cet effet l Ile de France en douze d partements ces derniers en six arrondis sements et on dota chaque paroisse d une municipalit Chichery fut inscrit dans l arrondissement d Irancy du d partement de Tonnerre et V zelay Chaque d partement avait une assembl e lue par les d put s des municipalit
13. e enrichie apr s qu elle a t diffus e et discut e dans les soci t s concern es J ai souvenir dans Le Village retrouv d avoir parl d ethnologie d intervention Avec le recul et tout ce qui s est dit ces derni res ann es sur le droit d ing rence je trouve mon propos un peu violent Une ethnologie partag e ou parta geuse serait plus juste surtout aujourd hui o l individualisme et la r tention qui va avec se sont impos s comme le r f rent radical la base de toute r ussite r ussite universitaire comprise Partager cela signifie donc dans mon esprit mettre bas la s paration deve nue muraille dans nos soci t s et dans nos t tes entre ce qui est nous et ce qui est aux autres Disons que c est une tentative de penser autrement que par concept On peut regretter avec Yves Bonnefoy que non seulement la r flexion des th oriciens n accorde gu re d importance la po sie mais qu tr s peu d exceptions pr s ceux ci entra nent tout le groupe social rester indiff rent ce qui s y Joue II faut la po sie dit Bonnefoy pour que le rapport de l tre parlant ses proches chappe par exemple aux d gradations que lui fait subir la production d id ologie Sans po sie pas de d mocratie La po sie est le ferment naturel de l esprit d mocratique dont la seule d finition radicale est la reconnaissance par chacun de la pleine dignit des autres
14. et b tes moi aussi dit il nous entrions tous parlant chantant ou b lant avec notre droit de cit Michelet devant tout le monde se refit la belle f te des simples On suspendit son cours il bloqua celui de l histoire 1848 Insupportable Jules Michelet qui au moment o l histoire naturelle quitte les rivages du pittoresque pour entrer dans les rigueurs de la science choisit de r inventer le corps dans sa v rit po tique J entrepris de refaire moi seul la tradition du genre humain Ce que Vico recommande je l avais d instinct en moi D gageant une chaleur extraordinaire autour de lui Michelet fit transpirer quelques uns des historiens mode d emploi J appelle ainsi le principe h ro que l humanit se fait et se cr e elle m me La force vive qui est l homme se cr e en actes en uvres en cit s et en dieux qui sont uvres aussi La philosophie donne en puissance cette forme vivante l histoire la donne en action Roland Barthes trouva dans Michelet l envie de r crire ce sont les th mes charnels le caf le sang l agave le th le bl Mais Barthes cherchait parler de lui par l autre En ne lisant pas Michelet c est notre d sir que nous censurons Brouillant la loi discriminatoire des genres Michelet manque une premi re fois sa place les gens s rieux conformistes le boycott rent Mais par un second d placement ce prince d
15. je le lui avais demand dans la salle des f tes lors des v ux la commune pour l ann e 2005 date futuriste que nous avons fini par atteindre il y a quelques jours A la v rit je me sens un peu perdu le terme serait plut t d pass Une fois de plus comme nous tous je ne sais plus tr s bien ce que nous sommes non pas nous en tant qu indivi dus mais en tant qu administr s et je suis persuad qu une grande part de nos inqui tudes tient justement cette m connaissance cette ignorance d un futur qui semble se construire sans nous Nous sommes d j autres nous le sentons tous mais nous ne savons ni qui ni quoi Il y a longtemps que je n tais pas entr dans la mairie Dans l entr e fra chement repeinte d un joli blanc cass et bril lant droite de l escalier qui m ne l tage o jadis se tenaient le bureau du maire et la salle du Conseil un grand panneau en bois est tapiss d avis divers Je d couvre cette occasion les r gle ments draconiens qui encadrent d sormais la chasse et la p che dans nos contr es un peu reint es il est vrai Mesures essentiel lement cologiques qui viennent rappeler que nous avons bel et bien d croch du bon sens de nos a eux qui savaient doser leurs pr l vements dans la nature leur subsistance en d pendant pour une bonne part Faisan commun ou v n r perdrix grise et rouge pour les volatiles avec avertissement aux
16. l INSEE comptabilisant les actifs du village Je fais des petits carr s pour compter 6 les femmes sur la colonne de gauche les hommes sur la colonne de droite Je note aussi lorsqu il me le dit 1 tudiante 1 ch meur 1 tudiant 1 ch meur 1 tudiant En bas sur 318 personnes dont 160 lecteurs 158 lectrices 11 ch meurs Chichery inscrits aux Assedic le sait Bon on va d j commencer par les Actifs Je peux m me te faire une analyse fine avec mes statistiques a commence dix huit ans l ge l gal jusqu la fin Allez on commence par les femmes je donne pas de nom videmment T as qu marquer Bernard commence compter il prend par famille je fais des b tons en carr L y en a 6 l 3 2 1 5 et me voil avec 85 femmes actives dans le pays M me d compte pour les hommes On compte jusqu 103 faut compter 11 personnes qui sont aux ASSEDIC rel ve Bernard et 77 retrait s Allez hop on 49 ns o iis grma affine puisque c est tout fait par l INSEE en 1999 la toute fin du xx si cle Chichery comptait 461 habitants dont 49 d hommes 51 de femmes Pour la pyramide des ges c est pas plus compliqu 125 gamins de 0 14 ans 139 de 20 39 ans 119 de 40 59 ans a c est nous 55 de 60 74 ans c est bient t nous et 23 de 75 ans et plus On en tait l dans nos d comptes et nos c
17. penchants connus depuis longtemps pour l cologie Je dois avouer que les chasseurs sont de meilleurs alli s que les agriculteurs et qu aujourd hui c est finalement avec eux que l on peut imaginer prot ger les quilibres dans et avec la nature Bien s r que je me souviens des traques au renard plus imaginaires que r elles l haut vers le bateau ce d vers crayeux qu force de cultiver les tracteurs ont fini par araser et domestiquer au point de faire dispara tre les trous o nous posions nos innocents collets pour tenter d attraper quelque lapin de garenne dont nous n avons jamais vu que le bout des oreilles ou le pompon blanc de la queue Mais cela r sume en une ellipse la longue histoire dans laquelle il y a quarante ans peine nous inscrivions encore nos gestes Partant de la vie de ces joyeux comp res que adolescents nous descendions les soirs de pleine lune observer en bande dansant devant leurs terriers sur les bords de l Yonne nous remontons nos souvenirs communs avec cet incroyable sentiment de n avoir pas vieilli d un poil Monsieur le Maire a les cheveux blancs Monsieur le Maire n est gu re plus vieux que moi mais est 1 Martre belette et putois furent d class s nuisibles nationaux le 21 mars 2002 par le ministre de l Ecologie Yves Cochet des Verts puis r inject s dans la liste des ind sirables par son successeur UMP Roselyne Bachelot le 6 novembre de la m me
18. police en quelque sorte a a pas t simple a a dur plus de deux ans comme tu le sais L histoire laquelle j ai assist aux premi res loges n a en effet pas t simple mais combien r v latrice du changement des mentalit s et surtout de la disparition de l esprit de village moins qu elle n en f t l ultime expression La profession de camionneur fut un temps consid r e comme profession interm diaire par des jeunes du village qui en attendant de trouver leur 1 Voir Le Village retrouv op cit 45 Se voie prenaient le volant de gros transporteurs quip s pour le transport international Des soci t s importantes sont bas es dans le village voisin et dans les environs d Auxerre ce qui facilitait le recrutement local Mais ce travail alors harassant mal r gl laissait peu de place pour une vie de famille et finalement tous abandon n rent pr f rant travailler la DDE Direction D partementale de l Equipement ou dans les services municipaux des villes avoisi nantes Le temps aidant on a vu l arriv e au village d une nouvelle population p riph ris e dont trois camionneurs La chose serait pass e inaper ue ou peu pr s s ils ne nous avaient pas impos la pr sence quasi quotidienne de ces normes engins dans les rues m mes du village L un prenant un trottoir pour parking l autre garant son camion en pleine rue pr s d un tournant et ainsi de su
19. s Apr s cela tout devrait tre dit nous devrions tous tre convaincus que les proposi tions de classifications raciales sont arbitraires inop rantes et qu il y a inapplicabilit du concept de race l esp ce humaine Mais non je le sais rien n est entendu notre surdit ne fait au contraire qu empirer et les pires malentendus les pires conflits sont venir Voil pourquoi on ne peut envisager que l ethnologie disparaisse de nos universit s j y vois comme une expression de plus de l irresponsabilit de nos politiques il y a n cessairement une poli tique de l enseignement comme il y en a une reconnue pour la recherche qui confirment par le manque de vision qui les caract rise tous aujourd hui qu ils ne sont plus que des gestionnaires la mentalit d apothicaire rendus ce nouvel ordre totalitaire cono mique qui au nom de l efficacit et de la rentabilit soumet tout ses diktats et d veloppe dans son sillage des violences dont ils n imaginent pas les cons quences Oui je sais la charge est un peu violente et le discours peut para tre un peu convenu mais je crois que ce dont je veux t moi gner ici ce dont j ai voulu t moigner avec cette photographie de notre vie moyenne pseudo rurale en ce tout d but du xix si cle c est la fa on insidieuse mais irr versible dont nous nous transfor mons et du comment nous cherchons nous ins rer dans cette mondialisation en route q
20. tres La po sie sait que ni le sujet ni autrui ne sont des choses et que l tre en nous n est pas de b n ficier d une dur e d existence au sens biologique du terme mais na t de la d cision de rendre au rapport soi sa qualit de pr sence Le statut du chercheur comportant la libert et la facult de faire valoir et de prendre en compte ses engagements on devrait pouvoir ais ment accepter l id e surtout en ethnologie qu la pens e conceptuelle on puisse ajouter une pens e po tique On devrait pouvoir reconna tre que le terrain ne peut tre r duit la seule v rification d hypoth ses mises partir de chez soi l encontre et en dehors de l autre mais que l intuition de pr sence est 372 la base de notre coute et du partage avec cet autre qui n est d finitivement pas nous tout en n tant plus un tranger total On met trop souvent hors de champ l exp rience de l imm diat et on carte la pens e po tique quoi il est reproch de venir troubler la pens e scientifique et rationnelle Pourtant la question de l autre j insiste ne peut se poser qu en termes de dialogue c est dire de partage de la parole o autrui appara t comme une vraie pr sence l o le concept ne le consid re qu en lui substituant des formules Je ne puis nier que mon choix de faire une ethnologie sensible tient pour beaucoup ma formation ces ann es Jaulin qu
21. une fa on critique d exprimer nos dissemblances afin d aider imaginer des lende mains qui inexorablement nous tirent eux sans que nous ne sachions plus ce qu il risque d en tre Nous avons besoin des ethnographes crivait Octave Manoni pour comprendre et quel quefois nous le comprenons leurs d pens et pour modifier notre attitude occidentale apr s avoir mesur tout ce qui la s pare d autres attitudes possibles Ils sont les sp cialistes des diff rences de toutes les diff rences au fond parce que les diff rences cultu relles les plus marqu es ne sont que comme l agrandissement explicatif des autres Ils sont charg s de raconter des histoires vraies qui prouvent qu on pourrait changer la vie A entendre les experts on pourrait croire l ext rieur du monde clos de l Universit et de la recherche que les sciences humaines se r forment en m me temps que les sujets et les objets qu elles traitent Il n en est rien On assiste au contraire une rigidification g n rale pis m me au nom de la mise en place d une Universit de masse en m me temps qu une reprise en main par les politiques via l administration pr tendument au nom de l Eu rope c est une v ritable d valuation que l on assiste celle des dipl mes en allongeant la dur e pour les plus bas et en la raccour cissant pour les plus lev s cinq ans pour un master trois ans pour une th se de doctora
22. viennent voter Ben on est tous l se demander qui c est La personne elle est bien inscrite sur Chichery a veut dire qu elle vient pas de nulle part mais on l a jamais vue L autre jour j apprends par le journal qu y a une femme peintre Chichery elle exposait dans une galerie Migennes Maintenant je sais o elle habite mais je le savais pas Non on se conna t plus Faut dire que les gens y se pr sentent plus non plus Ils sont l personne ne 1 Chichery connut jusqu 1 200 habitants au xit si cle Il comptait 114 feux en 1680 En 1790 on ne comptait d j plus que 518 habitants 681 en 1850 643 en 1853 539 en 1875 514 en 1886 425 en 1900 400 en 1914 353 en 1931 344 en 1936 430 en 1978 461 en 1999 473 en 2004 48 arena nm nana dt come oran date nu mn nn dd p O uns and Artaud ot Za Sg mes bise ft th et a i il At 13 EI d TB Te er A ch meur FT3 A mi 7 7a FE Rg EO RE To uan EA o s aka 4 3 T NS ni Cr BF um KAS ga 4 fe AURAS prama Fis As F die ds A5o ocxeun 4 iun Le Le 2 ASS Guru f D ae Achrmenr Schicha f 4 FE dEt rie z z PF SE i i Pro i Yara TE ii Bso CE D o OD ga fakadt doa pa Eee EP R b Th M De MS 4e brain M amp Alan CT b a TA tbe Pi E a 2i up 4935 CEPAP res y i F2 n Ex w F 3 F Gi c i2 W ta Edu CEU a RE JAP r12 EP Si KE E Z3 i Bernard me sort les statistiques fines de
23. EN GUISE DE POSTFACE De la disparition de l ethnologie et des risques venir En faisant de mon propre village un terrain d ethnologie je n avais pas mesur l ampleur que ce travail allait prendre Mon pari avait t et est toujours de jouer de profondeur d immersion d explorer les limites du trop savoir plut t que d aller qu rir de nouvelles connaissances sachant qu on ne d couvre jamais que ce que l on sait Or noncer des vidences qui sont n tres n est pas chose ais e En clair ma d marche tait et est toujours de camper aux franges de moi m me et de tenter de faire de tout ce qui me fait un objet d tude Cela n emp che pas les voyages ni les terrains loign s bien au contraire cela n cessite de fr quents passages par l autre Je dois dire que ma tentative d ethno logie classique en Arizona chez les Hopi qui ouvrait Le Village retrouv il y a plus de vingt cinq ans n est nullement un chec ne serait ce que parce que cela a donn cet ouvrage mais surtout une posture dont j ai fait une m thode Mes s jours en Am rique du Nord chez les Sioux en Amazonie colombienne chez les Yukuna tout comme mon passage chez les Lapons la poursuite des rennes ou plus r cemment chez les mythiques Caduveo Bororo et Nambikwara du Mato Grosso au Br sil sans oublier nos voisins italiens allemands et russes qui me retiennent souvent n ont pas entam mon choix thique de n crire jamais q
24. LERU DE PRIX e Pali gu ders T eu e 2 LE FOND gt am DU CHENE io J ii RAVEUSE Auai Rue de la Prie CB LES MARAIS ue AS Se pe LEFOND H DU PATOUILLAT NR P S Fe HE Fi f env L Las ol LT Hi D K Na SE roi S Rue des cer Rue p 7 Cornes Diable si Boutherons LES ROUCHES Dent c Fr Su N RC BOIS lt gancnes LE BATEAU i DE LA PEUX Rue du LES MOUCHES Guilebaudon Chemin du Lavoir C TE DE VAUX MIGRAINE LA CROIX SAINT JACQUES it LES SABLONS LES GU PES A l int rieur les petits raccourcis par l effet des cessions des constructions et des am nagements modernes ont t bouscul s largis bouch s et voitures obligent remplac s par des ruelles en passe de devenir de v ritables rues Ces derni res d ailleurs en perdant leurs fermes leurs animaux et leurs odeurs ont aussi perdu de leur charme m me si notre modernit estime qu en expulsant 30 ses vaches et ses fermes Chichery s est refait une beaut C est vrai que maisons fa ades et volets remis neuf ont redonn de l air la rue et un semblant d espace Pourtant une maison vide aussi belle qu elle soit reste muette Je ne parle pas des r sidences secondaires qui par chance sont tr s peu nombreuses Chichery je parle des maisons habit es de ces maisons qui le jour durant sont comme en ville ferm es double tour et abandonn es jusqu au soir de ces maisons d sert es
25. R JEAN MALAURIE Nous sommes mont s dans le train grande vitesse de la modernit sans trop nous en apercevoir et lorsque nous regardons par la fen tre le paysage d file si vite que nous n arrivons plus ni le lire ni le retenir J ai l impression que nous sommes devenus des sp cialistes de l oubli Vingt sept ans apr s la publication du Village retrouv 1979 ethno logue Pascal Dibie publie Le Village m tamorphos C est de nouveau de Chichery en Bourgogne o il r side depuis son enfance qu il tire des observations ayant valeur universelle Un voyage hallucinant profond au c ur de notre rurbanit naissante Il nous invite revisiter notre soci t qui vit une des plus grandes muta tions de son histoire mill naire S int ressant nos actes les plus modes tes cette banalit qui inscrit les jours de nos vies dans le long calendrier de l histoire l auteur d crit un quotidien o le monde des signes et des am nageurs de paysages est roi o la voiture la cybern tique et la consommation sont ma tresses de nos t tes de nos temps et de notre co nomie o la religion s abstrait jusqu accepter le changement des rites fun raires et nous laisser exclure nos morts o l agriculture se scienti fise outrance et nos paysages se patrimonialisent Une antique soci t se meurt l go sme de chacun s affirme et ce qui fut le paysan l homme en pays devenu hautement tec
26. amp e bis ea ne Ce A SONE 4 ee a uv A CG b Election r gionale Chichery mars 2004 Inscrits 321 votants 226 nuls 7 exprim s 219 Pierre Jaboulet Verch re FN 23 J P Soisson 58 Fran ois Patriat 138 Petites enveloppes bleues compt es 100 par 100 dans grandes enveloppes beiges tous autour de la table Dessin table NB Dans Jours tranquilles en 89 Ethnologie politique d un d partement fran ais l ethnologue Marc Ab l s a montr partir d exemples pris dans le d par tement de l Yonne par quels chemins une communaut en vient accorder ou pas quelqu un le pouvoir de le repr senter dans une assembl e 41 pement Agricole d exploitation en Commun en attendant et on se pr pare donc leur vendre Mais attention maintenant on est charg de tout pr parer amener l lectricit l clairage public le t l phone am nager la voirie etc Donc en perspective on a vendu ces terres la Communaut de Communes de Migennes en faisant un petit b n fice On se dit maintenant c est la CCM qui va g rer toute cette affaire On touchera pas les taxes direc tement mais on voit quand m me l emploi pour des gens c est important On pensait donc qu ils allaient construire Or maintenant l Etat oblige des fouilles arch ologiques D s qu on touche au bord de Yonne comme on y a d j trouv pas mal de choses gallo romaines t as qu voir au mus e Saint Ger
27. ann e alors que biologiquement comme le note La D p che v t ri naire aucune connaissance nouvelle n est apparue entre avril et novembre 2002 concluant que cette mesure correspond une des promesses lectorales qu il aura t le plus facile de tenir Cf Catherine Vincent Le Monde 15 16 d cembre 2002 36 1 E la retraite depuis quelques petites ann es ayant commenc tr s t t sa carri re au Gaz de France Nous nous amusons de nos titres retrait maire professeur de ces messieurs qu on nous accole volontiers ne sentant nulle part quelque trace de vieillissement ni de rigidification sociale Nous voil heureux m me d avoir pris un peu d paisseur sur le terreau de nos vies L amiti sauvegard e vaut tous les viatiques pour continuer sa petite route elle rec le les fragments de notre humanit inscrite dans des bases communes et ajoute nos vies qui s avancent ce sentiment fort de voyage par tag Qu importent les chemins nos art res nous ont port s jusque l et la fragilit qui s annonce travers mille petits signes nous para t moins dangereuse quand on voit l autre aller Oui on peut dire en cette fin d apr s midi que a va plut t bien conclut Bernard me rebranchant sur ce qui en r alit m am ne la mairie Mercredi 4 octobre 2000 Chichery Je tournicote je tournicote Je fais les cent pas j arpente ma t te qui est bien vide
28. but de leurs tudes Pour revenir l ethnologie proprement dite je constate qu en ce d but du xx si cle un monde brass pluriculturel comme jamais il n a t les experts du minist re de l Education profitent du pr texte fallacieux de la mise en place des nouveaux dipl mes euro p ens le fameux LMD pour r duire l ethnologie une science secondaire et la mettre l cart des programmes universitaires la r servant la seule recherche Je consid re que c est une cata strophe majeure au regard de l aspect et de l tat de notre soci t actuelle et que l ethnologie devrait avoir toute sa place non seu lement dans l enseignement sup rieur mais aussi dans le secon daire bien autrement que sous la forme de quelques heures gren es par un professeur de philosophie Comment allons nous pouvoir d crypter dans cette confusion provoqu e par la globalisa tion la mondialisation l galitarisme la pens e de masse et son inverse le pluriculturalisme le localisme l individuation un peu de notre monde si nous n en fournissons plus les outils Comment et en quels lieux abordables ouverts tous allons nous pouvoir dispenser un savoir et une pens e critique n cessaire labor e dans et cause des tourmentes qui travers rent ce xx si cle juste finis sant Comment s il n y a plus d enseignement de l ethnologie former des regards sur ces hommes et ces femmes du xxr si cle
29. classeurs habillant les murs de chaque c t lui dessinent par r verb ration une sorte d aura Repoussant l g rement l cran plat qui entame peine le bureau raccord une batterie bureautique du dernier cri Bernard fait le point Bien s r que la commune existe encore mais il faut admettre qu on est entr dans un autre temps on n existe plus tout seul on est un peu le dernier tage dans un syst me qu a sa coh rence mais qu est pas simple effectivement comprendre D j faut savoir que Chichery est dans laire urbaine d Auxerre Bon main tenant y a la loi SRU Solidarit Renouvellement Urbain C est la loi qui red finit les principes d urbanisme de transport de gestion 38 _ des rivi res des for ts de la construction de lotissements d agran dissement des villes bref tout ce qui a trait l urbanisme L dedans y a des choses qui nous concernent d autres moins ou pas du tout mais on y est ou on va pas tarder y tre Apr s t as les SCOT les Sch mas de Coh rence Territoriale qui doivent tre mis en place et qui eux concernent un peu plus pr cis ment des groupements de commune les SIVOM Syndicats Intercommunaux Vocation Multiple communaut s urbaines etc a touche encore de plus pr s l urbanisme a fait trois ans et demi que c est en place T inqui te rien ne bouge Apr s les SCOT ce qui vient c est plus le POS Plan d Occupation
30. commen ant sur ce que nous sommes en train de devenir Je connais l engagement physique et moral des ethnologues sur le terrain le long et difficile travail que chacun sa mesure fournit pour faire conna tre des soci t s et des univers parfois difficiles p n trer et comprendre Mais je pense qu il faudrait que cette communaut scientifique r duite et particuli re connue et respec t e pour son courage le premier r seau de r sistance lors de la derni re guerre mana du mus e de Homme ne renonce jamais d noncer et lutter contre tous les racismes et ce qu ils engen drent Un racisme qui dans notre soci t complexe est devenu plu 1 Pascal Dibie De la crise dans les universit s et dans le recrutement 2002 SI riel et que je sens aujourd hui resurgir sous des formes nouvelles et tout aussi dangereuses A l exemple de L vi Strauss d Alfred M traux et de quelques uns de mes coll gues nous n avons pas le droit de ne pas nous pr occuper de la question du racisme Je failli rais moi m me si je ne revenais en quelques lignes ici sur cette question qui si on s en tait pr occup davantage devrait tre du point de vue scientifique r gl e depuis longtemps La le on sera br ve aussi br ve qu elle est vidente commen ons par le terme m me de race dangereusement r ifi dans nos banlieues et chez les jeunes avec ta race de ta race etc par les j
31. des bosquets que leur d sordre a sonn l heure de la mise en ordre et en tr s peu de temps le village a d abord d cou vert ses paules quelques toits de maisons puis a montr ses bras et enfin presque enti rement d rob s est offert au regard des pas sants press s qui filent sur la N 6 en direction du sud Le a tait donn certains en ont profit pour d boiser des endroits qui n avaient jamais t touch s les agriculteurs ont gagn trois arpents l deux ares ici on a grignot grignot Le remembrement l Ces conf rences ont t donn es l abbaye de Pontigny toute baign e alors du flot des bl s murs sous la pr sidence et par l initiative de M Paul Desjar dins lors de cette semaine de la terre crit Gaston Roupnel dans la pr face son Histoire de la campagne fran aise p 3 paru en 1932 r dit dans la collection Terre Humaine Son ruralisme est sans doute d pass mais ses intuitions inspir es sur la formation des rues et des villages m ritent d tre reprises 2 Pascal Dibie Le Village retrouv 29 r cent aidant on a plant du bl du ma s des betteraves Mais on ne cache pas un village derri re une betterave Et j tais l je regardais le trou se faire la pl vre se d chirer jour apr s jour maudissant je ne sais qui de ne pas comprendre que plus le village serait vu plus il se fragiliserait ff Rude Prig die SUR CHARON fa EL au p tis ff
32. dministrative qui sans cesse modifi es par des d crets semblaient tout aussi lourdes et compliqu es qu elles le sont aujourd hui Je te donne un exemple de comment nos histoires deviennent compliqu es reprit Bernard Bon on va mettre en place la petite zone artisanale en bas le long de la nationale J ai demand au conseil municipal qu on r vise la totalit du POS qui devient PLU de fa on pouvoir d gager quelques terrains constructibles vu qu on a de la demande sur Chichery tu penses avec la proxi mit d Auxerre Migennes l autoroute etc Bon moi comme mes pr d cesseurs je ne veux pas de lotissement peut tre quelques constructions sur la p riph rie du pays mais faut veiller pas faire comme les communes voisines On est rond petit c est pr f rable de le rester faut au moins pr server a Tu connais Billot Bassou l usine escargots comme on dit c est la Fran aise de gastronomie qu a rachet Ils envisagent de r am nager partiellement les anciens locaux et m me de les d placer de construire en bas sur le territoire de Chichery Avec le SIVOM Yonne Serein regroupent Bonnard Bassou Chichery qu on a cr en 1992 on avait ces 4 43 hectares du c t de l ancien garage 1 28 hectare Bassou le reste sur Chichery taient cultiv s par le GAEC Grou 40 Pour thoubrr Uonct re FN 23 Moupis Fais 133 POS pin Aao gt geule cul he uA Budou
33. e je partage avec Barbara Glowczewski qui me pr c de dans cette collection o notre g n ration vient rejoindre nos 1llustres anciens C est bien dans le sillage de Robert Jaulin de Pierre Clastres de Georges Condominas de Jean Malaurie de Serge Moscovici de Michel de Certeau de Jacques Meunier d Andr Georges Haudricourt et de bien d autres qui se produisirent dans ce d par tement d ethnologie pirate ses d buts avant de devenir une Unit de formation et de recherche reconnue au sein de l universit Paris 7 Jussieu sur la lanc e de la critique de la vie quotidienne de la soci t de consommation du productivisme du scientisme et de bien d autres ismes que nous d couvrions la n cessit de penser et de faire un monde capable de recycler autant ses res sources que son histoire et ses savoirs D j nous nous proposions de d cloisonner le regard et avec lui les sciences humaines toutes chaudes d un positivisme totalitaire ainsi que du carcan structuralo marxiste dont nous devinons encore quelques pointes et l dans la production scientifique et r serv e des sciences humaines De cette d cennie 1970 1980 outre les joyeuses ann es libres communautaires et critiques qui firent le sel de ma g n ration d brid e parce que affranchie de la pesanteur coloniale qui pesa tant sur les paules de nos a n s je retiendrai le terreau sur lequel j ai pouss C est ce moment c
34. enx 2e Lt 4 7 volution dans la France profonde VOYAGE EN RURBANIT Il semble que rien ne devrait nous int resser davantage que de savoir comment est fait ce monde que nous habitons FONTENELLE Entretiens sur la pluralit des mondes Le village s est ouvert mais du m me coup il s est r tr ci il a perdu de son originalit il s est d civilis devant les assauts de la cit qui lentement se rapproche crivais je il y a vingt cinq ans de cela dans Le Village retrouv J ajoutais Chacun continue peu pr s savoir qui est qui mais les fonctions sp cifiques de ces diff rents qui se sont amenuis es avec le temps pr disant sans le savoir que nous allions tellement changer qu aujourd hui je ne nous reconnais plus Pourtant j ai toujours ce sentiment lorsque j arrive Chichery d tre encore la campagne A peine suis je dans le village que me reviennent les souvenirs des courbes et des inclinaisons des faux plats et des vraies mont es des descentes ct des trottoirs J avoue que comme beaucoup d entre nous je n ar pente plus gu re le village quoique je le sillonne encore Pour tre exact je le traverse mais je ne connais plus gu re l asp rit du sol mes roues rectifiant et absorbant d vers bosses nids de poule et autres cro tes de goudron qui jadis me servaient d amer Je me suis invent des quartiers d pass s deux cents m tres ils me pa
35. et d cultur s affirme comme il peut dans ce qu il lui reste d univers personnel C est donc dans ce contexte neuf mais assis sur le m me fauteuil au 374 m me endroit dans le m me village en apparence que je me suis retrouv nouveau au pied du mur S rement ai je perdu quelque peu de ma fra cheur d esprit depuis Le Village retrouv et aban donn quelques utopies l ge aura corrig quelques opinions att nu quelques na vet s et motiv quelque scepticisme mais je ne crois pas avoir rendu les armes entendez mes principes ethnolo giques Faire de l ethnologie tel que je le comprends n est jamais qu accepter le regard d une personne donn e dans un temps donn dans un lieu donn avec des gens donn s J insiste l ethnologie est aussi faire l o l on vit l o l on sait l o l on partage avec et comme les autres les choses de la vie Or voici que sur ce dernier point je me trouve dans une impasse Tout comme mes voisins je ne sais plus tr s bien ce qu est v ritablement ce nous comme eux je ne connais plus grand chose ni grand monde de et dans mon village comme si dans un rel chement insensible le temps nous avait distanci s les uns des autres en m me temps qu il nous avait distanc s dans l espace C est pour cela que je me d sesp re de voir dispara tre l ethnolo gie de nos universit s de voir que l on fait si peu de cas de l homme pr
36. harni re o l ethnologie posait la question de son existence en termes thiques o l Occident se mettait en question revenait sur son histoire ses mani res d tre l autre l ethnocide et o nous repensions l anthropologie partir du monde moderne et de son avenir que je suis tomb dans l ethnologie Entre autres utopies nous militions jour et nuit pour un r enchantement du monde avec et partir de l cologie que nous inventions et qui il faut bien l avouer fut et reste la seule 373 innovation qui ait irrigu notre r cente forme de vie et notre culture politique actuelle Oui c est bien l av nement d un ph no m ne culturel in vitable que l on participa travers l laboration de ce que vu l tat dans lequel se trouve notre plan te aujourd hui on est en droit d appeler une conscience cologique Une conscience n cessaire mais dont je n aimerais pas que des tenants de la puret et de l ordre s emparent nos d pens le rem de risquant alors d tre infiniment plus grave que la maladie pour les humains que nous sommes encore un peu Une autre question que nous avons contribu placer au centre de la r flexion philosophique contemporaine et qui va de pair avec celle du futur de la Terre tait celle de l importance nouvelle de l autre non plus en tant qu tre coloniser mais en tant qu tre dou de culture dont on ne peut plus d
37. hnicien et d cultur r ussit s ins rer dans la brume de la mondialisation qui le gagne et le d vore Cette ethnologie d guis e en r cit o se croisent pens es brutes et carnets de terrain portraits de ma tres et r flexions profondes inscrit Le Village m tamorphos parmi les plus grands ouvrages de Terre Humaine Pascal Dibie n le 16 mars 1949 Paris enseigne l ethno IR logie Paris 7 Denis Diderot o il dirige le Laboratoire EEE d Anthropologie Visuelle et Sonore du Monde Contemporain fs LAVSMC Il est directeur de la collection Travers es aux ditions M taili II a publi de nombreux ouvrages dont Le Village retrouv essai d ethnologie de l int rieur 1979 Ethnologie de la chambre coucher 1987 traduit en 13 langues La Tribu sacr e ethnologie des pr tres 1993 La Passion du regard essai contre les sciences froides 1998 Universit Catholique de Louvain 3 AAAA S o honan 10 566 151
38. ite chacun habit d une mentalit de camionneur et envoyant se faire voir ceux qui juste titre mettaient une observation commencer par les riverains directs Les nuisances devinrent tr s vite r elles encombrement d marrage et chauffage du camion quatre heures du matin arriv e pas d heure circulation sans visibilit enfants et personnes oblig s de descendre du trottoir pour contourner le camion sur la chauss e etc La mairie s en m la des conciliations furent propos es on tenta de leur expliquer que la vie dans un village passait aussi par le respect des autres que personne ou presque ne restait gar dans la rue qu aucun tracteur des exploi tations n avait jamais stationn ainsi bref que la mentalit de la vie d une petite communaut passait par les petits arrangements pour viter les grands d rangements Rien n y fit les camion neurs nullement ligu s d ailleurs n en avaient que faire l un expliquait que c tait sa voiture de fonction il parlait du seul tracteur et que s il le garait sur le trottoir contre le mur c tait avant tout pour viter que les manouches ne lui volent son fuel les autres qu ils voulaient leur camion proximit pour ne pas perdre de temps au d marrage en r alit toute chose qu ils n au raient pu faire en ville Bref ils tinrent bon longtemps et sans grande amabilit face aux injonctions du maire qui se fai
39. main Auxerre on y passe Bon on a fait faire un diagnostic par la DRAC Direction R gionale de l Action Artistique a a dur deux jours exac tement ils ont pris une pelleteuse fait une tranch e tous les trente m tres a nous a co t dix huit mille euros C est le SIVOM qu a pay R sultat on a appris que la Fran aise de gastronomie d locali sait le plus gros de la production Brioude dans le Massif central sous Clermont Ferrand A Bassou ils ont pas ferm chez Billot mais au lieu d tre trois cents quatre vingts l poque de No l ils sont plus d une centaine Voil on a esp r que a se ferait a s est pas fait Aujourd hui les entreprises a ouvre a ferme c est fragile tr s fragile T as compris que notre syndicat Chichery Bonnard Bassou le SIVOM il pouvait plus supporter seul tous les co ts On fait donc partie maintenant de la CCAM la Communaut de Commune de Agglom ration Migennoise C est un tablissement public de coop ration intercommunale a a ses pour et ses contre de 1 Avec la n olithisation la relative fixation des populations engendre un type d habitat qui sera une constante de la colonisation danubienne bien connue tra vers l Europe laquelle n chapperont pas les bords de l Yonne Le mus e de Saint Germain d Auxerre expose un certain nombres d objets du n olithique moyen comme une magnifique meule avec son broyon o
40. ment s mantique la formulation et son application viennent d en tre faites qui plus est par des contemporains euro p ens L expression a pris sa place et c est comme a que nous assistons aujourd hui impuissants partout sur notre plan te Europe Afrique Asie Am rique plus qu des d clarations des actions de purifications ethniques qui se terminent par d ef froyables g nocides l devant nos yeux La chose est effecti vement nouvelle dans son expression et connote un racisme 378 culturel qui s amplifie en m me temps que la mondialisation se d veloppe l un marchant avec l autre mais elle prouve surtout que nous sommes tous en danger de finir comme ces trangers proches nos voisins europ ens victimes de quelque aberrante boucherie que nous n aurons pas su pr venir La seule r ponse l intol rance au racisme et aux racis tes ces malades porteurs de cette maladie contagieuse qui se r pand la vitesse de la poudre qui s enflamme c est de les mettre distance Je pense la distance g n tique les biologistes ont montr que si l on tudie la distance g n tique c est dire la diff rence biologique entre deux populations prises au sein d une ethnie ou d un groupe humain n importe o en France ou dans le monde on obtient invariablement un r sultat inf rieur 15 de ressemblance g n tique entre les individus tudi
41. nsible de l inadmissible de l autre beaucoup d autres Il arrive que la chose vue n ait pas t bien regard e ou qu elle entre dans une vision des choses comme on dit qui n a rien voir avec la r alit bizarrement cela s appelle alors un malentendu Voir c est donc aussi entendre Heureusement qu il y a le regard pour lire ce qui vient d tre dit et pour apprendre un peu plus de l autre Partager apprendre comprendre et partager pour reprendre Andr Leroi Gourhan qui insistait sur le fait que tout ce qui n est pas partag est perdu me para t essentiel dans l acte de faire de l ethnologie Partager au sens ethnologique cela veut dire tout autant restituer aux ethnologis s ce que l on a per u d eux faire conna tre sa propre communaut ce que l on imagine que nous sommes et dans un double retournement offrir en dialogue et non en cherchant les imposer les connaissances que nous avons du monde et de sa conception tout en acceptant d entendre 371 le rapport l univers que ces autres si diff rents articulent Cela implique que nous revenions ce que Serge Moscovi appelle une conception poreuse du monde un syst me ouvert moins conceptuel de l ethnologie o le chercheur accepte de reconna tre que rien n est jamais d finitivement constitu ni enti rement d terminable Une recherche reste vivante m me et surtout si elle revient modi fi
42. omptes prati quant hors document selon une esp ce de jeu de m moire o l on tentait partir des anciens propri taires et du descriptif des maisons celles de notre enfance de voir qui habitait aujourd hui ici ou l Bernard me devan ait haut la main quand la secr taire de mairie arriva dans le bureau dans son bureau Bernard lui c da presque instinctivement la place Elle remit tout en son ordre les choses se jouent quelques centim tres rebrancha un module et sortit un dossier tout en exprimant son enthousiasme pour le stage de formation organis par la r gion Bourgogne qu elle venait d effectuer Elle exprimait un vrai contentement d appartenir une r gion pilote en mati re de mise en ligne des d marches et des dossiers administratifs qui devrait tre reprise par les autres r gions L heure s avan ait Bernard attendait un rendez vous Je m clipsai non sans retenir et a posteriori je sais pourquoi cette phrase du maire Pour les ordures a rigole plus maintenant Une jeunesse protocolaire Les habitudes des jeunes ont quelque peu chang depuis ma propre jeunesse le mur de la mare est toujours l mais plut t r serv aux tr s jeunes la cabane des cars ceux qui ont des scooters et des petites motos quant aux teenagers les 13 14 ans c est l ge de mon fils depuis quelque temps ils ont pris l habitude de descendre jusqu au rond point qui coupe la N6 po
43. ournalistes et plus grave par les politiques qui emploient diverses sauces et dans des contextes tr s diff rents mais qui reste bien pr sent dans notre vocabulaire donc dans notre vision de Pautre Race sort tout droit de la folie classificatoire du xIx si cle Ce si cle fatal pour l homme moderne o l exemple de la classification linn enne des esp ces botaniques par agr ga tion autour de sp cimens appel s types on a tir et finalement r serv le concept de race pour l homme Ce que je voudrais redire rapidement mais fermement est que les progr s de la g n tique ont montr que la conception de types raciaux arbitrai rement d finis n a aucun fondement scientifique Paradoxalement si la mode est au m tissage cela tient sans doute au fait scienti fiquement av r que le polymorphisme est une des lois fondamen tales de la vie Mais je sais que quoi que nous puissions dire la paresse psychologique inh rente l homme nous avons horreur de nous d prendre et de r apprendre des v rit s tant entretenue par des d lires politico scientifico id ologiques d un autre ge le racisme n a pas d sarm Certains essaient encore et r us sissent de faire croire que l on pourrait purger une race ce qui du point de vue id ologique est bien entendu inacceptable et du point de vue biologique videmment irr alisable Pourtant par un nouveau glisse
44. ouvenir qu il surgissait l improviste pour v rifier le permis et qu il tait incorruptible refusant m me le petit blanc du matin je n ai comme souvenir qu une petite plaque en cuivre qui tra ne dans mon grenier Pour en finir avec la faune icaunaise sur une troi si me affiche d un format moindre sont nomm s les Animaux class s nuisibles ce jour belette fouine martre putois ragon din rat musqu renard sanglier corbeau freux corneille noire tourneau sansonnet pie bavarde pigeon ramier et lapin de garen 35 ne Une liste digne des personnages de nos contes populaires qui me rappelle qu il reste encore tapi l or e de nos bois et de nos m moires une part sauvage qui veille A c t de cette derni re annonce sont punais es trois d clarations de pi geage remplies la main Ce sont trois chasseurs connus et actifs du village dont le r le se veut de maintenir un quota supportable de pr dateurs sur la commune dans le cadre du respect de ce qui serait un quilibre Cette fameuse expression de la recherche d un quilibre est en fait une activit qui se pratique sur la corde raide et peu d fendable du plaisir et de la n cessit sachant que les seuls traitements r pandus dans les champs auxquels survivent les plus chanceux des chass s et des pi g s ont d j rendu le jugement par ordalie chimique Le maire un ami d enfance s amuse de ma curiosit et de mes
45. raison Je crois en effet que les enfants ne sont plus des enfants mais des tres pr cocement grandis auxquels l informatique tient lieu de biberon La chose est s rieuse leur univers ludique se sp cialise tr s t t leurs pouces ont peine quitt leur bouche remplac s jusqu des ges avanc s par une t tine qu ils gagnent la console des Game Boy et autres jouets lectroniques manettes Ils parlent peine que d j ils computent Ma fascination de cette jeunesse prise et anim e par ce que l on peut d sormais appeler la nature cybern tique tient au fait qu elle nous chappe sans avoir besoin de fuir ni de se cacher Les jeunes je n arrive plus dire les enfants sont capables de partir sous nos yeux dans des ailleurs projet s auxquels nous n avons pas acc s De l initiation au voyage que sont la Game Boy la PS2 la Game Cube ou la Play Station sans oublier les MP3 et maintenant MP4 qui la musique ajoutent l image en passant par les explorations sauvages ou ma tris es des ordinateurs familiaux la jeunesse des villes et des campagnes est entr e dans une troisi me dimension une dimension que mis part des sp cialistes et des accros l enfance peu d adultes de ma g n ra tion peuvent atteindre Ce n est pas que nous manquions de maturit en cela les jeunes sont bien toujours des enfants mais nous manquons incroyablement de discipline et de concentration 51
46. raissent des bouts du monde ils sont suffisamment loin en tout cas pour que je m y rende en voiture Ainsi donc je n ai plus senti le village sous mes pieds depuis longtemps La topographie n a 27 pourtant gu re chang depuis le temps cont dans Le Village retrouv o nous nous poursuivions dans les d dales des ruelles et des sentines qui veinaient le village Bien s r que Chichery s est m tamorphos de tout ce qui trans forme la campagne qu il a subi les mutations correspondant aux modifications que subissaient la terre et ses villageois et qu chaque poque il s est enorgueilli des nouveaut s qui l attei gnaient eau lectricit goudronnage tout l gout clairage nocturne ADSL depuis quelques mois et bient t le gaz de ville Cela n emp che pas Chichery de participer ou plut t de b n fi cier dans la disposition m me du village d un cachet rural et de correspondre encore assez bien la description que Gaston Roup nel donnait des villages de la Bourgogne Nord dans son Histoire de la campagne fran aise Le village vigneron se resserre et comprime ses b tisses comme pour les faire jaillir plus haut et se creuser de puits d ombre De toutes les agglom rations rurales c est celle qui affirme le plus un caract re urbain ses b timents sont la proportion de son territoire leurs dimensions et leur phy sionomie r pondent des tendues dans les champs et des aspects
47. s emp cher de s installer Je te dis c est infernal ce qu on doit faire et n oublie pas qu on est responsable de tout Souviens toi que y a des maires en pri son pour un poteau de but rouill qu a tomb sur un gamin etc Faut veiller tout sans compter la complexit des dossiers faire En fait si j tais pas la retraite ce serait impossible de faire ce boulot Pour revenir la commune qu est ce qui reste comme pr roga tives la mairie Nous on a la voirie le pluvial l clairage public les employ s municipaux Oui les cantonniers qui restent attach s la commune on en a un temps complet et un autre un tiers de temps le reste il est sur Bonnard Rien que a c est du travail des engagements et puis tu vois bien dans les proc s verbaux du conseil tout ce qu on a traiter et r soudre les commissions les r unions l ext rieur non on ch me pas encore c est l inverse on croule plut t sous le boulot Presque 500 habitants 473 exac tement ce jour Bernard se baissa et me sortit des classeurs contenant les listes lectorales Attends je vais donner des statistiques L id al a serait de prendre rue par rue maison par maison mais mis part ceux qui sont de Chichery a bouge tellement aujourd hui que moi m me je ne sais plus qui est qui Y a des gens qui viennent me voir je les reconnais pas Tiens au moment des votes y a des gens qui
48. sait le porte parole logique des villageois La question fut envisag e au conseil municipal on accepta l id e qu il leur fallait un empla cement pour garer les gros engins Une d cision fut prise et tr s vite r alis e d am nager un m le en dehors du village proximit du tennis Construction qui avait un co t supporter par tous 46 Malgr cela ils rechign rent Connaissant leurs droits ils savaient qu ils n taient pas oblig s d obtemp rer tant qu une d cision pr fectorale ne leur interdirait pas le stationnement intra muros La phase de tractation avait dur assez longtemps Le maire proposa qu une ultime phase de n gociation soit men e par les gendarmes ils allaient venir voir chacun des conducteurs de poids lourds impliqu s leur expliquant que s ils ne voulaient pas comprendre a serait la r pression Ainsi arriva t on cette extr mit un arr t fut pris des panneaux d interdiction achet s fix s aux entr es du village afin que enfin la mar chauss e puisse avoir le droit de verbaliser les r calcitrants La potion fut loin d tre gratuite mais il n y eut pas d autre moyen pour contraindre trois personnes respecter la tranquillit du village Circulation et stationnement des poids lourds dans le village e Les nombreux avertissements adress s aux diff rents camionneurs n ayant pu aboutir solutionner les probl mes caus s par le stationnement de le
49. t le flux tudiant doit circuler nous explique t on a co te cher etc toutes explications et visions court terme qui portent irr m diablement en elles le tarissement de la p pini re de jeunes chercheurs surtout en lettres Les tudiants sont d sormais inscrits plus dans la course au temps que dans celle la connaissance Dans cette course perp tuelle c est coup s r la mort d une certaine recherche o l humain se dissout dans l obligation de faire vite Ce nouveau syst me nous m ne un v ritable fordisme scientifique o la productivit et les lieux de production prennent le pas sur la qualit et l originalit de la recherche Etrangement alors qu on a le sentiment que le savoir est totalement d tabouis que toutes les questions et n importe quel probl me sont abordables jamais nous n avons t aussi limit s contr l s conduits soumis au r gime de la pens e unique J insiste les diktats du recrutement et de la restructuration guid s par le mythe actuel de la rentabilit de la recherche et de l en seignement viennent brouiller le discernement de bien des commis 376 sions Je vois se d velopper une peur pour ne pas dire une terreur parmi les candidats aux carri res universitaires qui provoque une frilosit dans l expression de la pens e pis m me un autocontr le d vastateur chez les quelques esprits originaux qu on a pu d tecter au d
50. u encore une parure faite de 143 perles de calcaire d os et de coquilles tir e d une n cropole danubienne sur le lieudit tang David s pulture n 7 en bas de Chichery On y a galement retrouv des vases incin ration datant de l ge du bronze ainsi que des p es ou des restes m rovingiens t moins des cultures pass es qu chaque labour des agriculteurs mettent au jour Les fouilles sont aujourd hui men es par l Institut national de recherches arch ologiques pr ventives INRAP de Dijon 42 CHICHERY Yonnip em Mie NT gt p ancienne mare et la place du village de Chichery toute fa on on peut plus rester tout seul dans son coin plus aujour d hui allons C est s r qu au niveau de la fiscalit a va se ressen tir mais au regard des services que a va nous amener et des Iprojets qu on peut faire en partageant c est payant long terme De toute fa on y a l Europe qui se fait et on pourra plus chapper l am nagement de l espace tout ce qui concerne l environ nement le patrimoine et puis des quipements qui nous concernent m me si c est pas directement sur la commune Les gens r clament les m mes choses qu en ville faut voir comment ils deviennent difficiles a a peut tre pas l air quand on passe comme a mais l c est bien fini la campagne c est surtout la mentalit qu est finie l si tu savais ce que les gens font et r clament a
51. u signifiant aucune avant garde du pathos ne le reconna t et il nous faut nous aider de l histoire pour retrouver quel tait l enjeu du langage du temps de Jules Michelet a fait mouche double mouche Michelet a fait rentrer l histoire dans la modernit il l a fait rejoindre l anthropologie avant m me son invention Michelet fut priv de sa chaire au coll ge de France apr s le coup d Etat du 2 d cembre 1851 Il est l auteur de Histoire de France 1833 1846 Histoire de la R volution fran aise 1847 1853 L Insecte 1857 et La Sorci re 1862 Je me risque demander Bernard si la commune existe encore si tre maire a a encore un sens s il lui reste quelque pouvoir ce qu est devenu le garde champ tre Il s esclaffe Le garde champ tre Non c est fini depuis un moment Quel folklore tu te souviens des histoires Non Le pouvoir de police c est le maire Faut voir l aussi a s est rudement compliqu C est pas toi que je vais rappeler comment on r glait les choses avant quand y avait des probl mes dans le village Sauf exception a se r glait entre nous Faut dire qui y avait du monde dehors dans les champs dans le village on savait tout Maintenant attention Chichery le jour c est le d sert Chacun chez soi et puis la menta lit Tiens l histoire des camionneurs encore un bel exemple L c est mon pouvoir de maire Justement qu est intervenu de
52. ue c est l l expression la plus forte parce que la plus impalpable de notre modernit M me retir volontaire au fond de mon village quelque chose s est emball qui n a pas de nom C est le rythme notre rythme de vie qui s est profond ment modifi et par contagion notre mode de vie lui m me N attendez pas que je d crive ici les riches heures bucoliques les repas champ tres ou nos folklores teints non je voudrais essayer d faut de comprendre du moins de d crire ce que nous sommes devenus en attendant de devenir encore 32 Sans plus de certitudes ni de permanences on assiste impuissant et consentant notre transformation perp tuelle Le rythme de ce changement est tel qu il n est plus possible aujourd hui pour qui conque d observer et d appliquer les m mes mod les durant tout le cours de son existence Pour tre plus clair j ai le sentiment que nous n avons plus de pr sent que le futur s est d sormais install comme la philosophie du temps Oui on fait comme si on avait enfin r ussi s approprier le temps comme si la dimension tempo relle se d veloppait en un continuum ininterrompu o le futur contre le pass tait sans cesse valoris Pour la majorit des habitants l histoire individuelle ne se construit plus au village La vie villageoise des campagnes de cen trifuge qu elle tait est devenue centrip te et dans ce mouvement qui nous e
53. ue sur nous m mes Bien au contraire la fr quentation de ces soci t s ces passages fr quents et n cessaires par ces autres cette prise de distance et de recul l gard de ma propre soci t tous ces d sapprentissages 369 p riodiques participent pleinement l id e et la d finition de l ethnologie et de ses m thodes Si ces voyages non exploit s dont l ethnologie reste l alibi offi ciel ne sont pour l instant que des voyages litt raires sur lesquels j crirai peut tre un jour la chose se complique d s lors que mon regard s introvertit Le retour de terrain syndrome bien connu des ethnologues n est jamais chose facile affect d une claudication culturelle passag re qui peut varier en fonction de la dur e de lim mersion dans l autre culture et bien entendu de la sensibilit de chaque individu la reprise de contact avec notre culture demande chaque fois un temps de r adaptation plus ou moins long C est cet tat tr s particulier de n tre pas encore tout fait l auquel s ajoute l tat d extr me vigilance cette tension particuli re du regard dans laquelle il nous a fallu vivre pendant des mois pour bien faire notre m tier regarder que je mets profit pour nous red couvrir tels que nous sommes Car c est bien de cela dont il s agit voir mais voir depuis un regard aff t retourn en d autres termes devenir l explorateur de notre propre soci t
54. ui nous touche jusque dans nos moindres recoins La question reste enti re comment tudier la pens e des autres sans commencer par tudier la n tre Comment s occuper de visions du monde de rapport l univers sans se pr occuper 379 du n tre Cela tient il notre impuissance assumer notre tre divis au monde comme le sugg re Jean Monod Impuis sance qui remonterait au jour o l humanit a d couvert sa propre diversit et o elle a commenc tre travaill e par le sentiment que son existence m me sur la face du monde tait une sorte d in convenance Notre anthropologie notre engagement se veut totale l exemple de l homme total de Michel Leiris et du fait social total de Marcel Mauss s il nous faut citer des anc tres ce qui signifie aussi qu elle ne sera jamais achev e mais que son pro jet m me ne sera non plus jamais clos Ce qui n emp che pas que nous avons un r le minent jouer dans la lutte contre les indiff rences Ce que j ai dit ce que j ai pu dire tout au fait de mon poque m rite videmment d tre revisit demain dans l espoir et la certi tude que cela sera tout autrement que ce que j imagine Pourtant ce qui a radicalement chang c est la nature du terrain ethnolo gique de l ethnologie et plus s rement encore de l ethnologue TERRE HUMAINE COLLECTION FOND E ET DIRIG E PA
55. uie Jai appris que voir c est construire un rapport critique au monde c est reconna tre pour autre ce que l on per oit et accepter de nous le repr senter comme tel Voir l est pour l ethnologue la question centrale C est le regard notre regard qui fait le lien entre le dehors et le dedans entre l observ le distingu l inventori et qui est donc l exact contraire d une globalisation Regarder faire advenir le regard c est donc s obliger un d ssillement de l esprit C est chaque fois s inventer des yeux neufs qui seront capables de rendre compte et de l image qu ils prennent et de l image qu ils donnent C est essayer de transformer l inadmissible en compr hensible et faire par exemple que les images qui d filent devant nos yeux repr sentent en d finitive plus du regard que de la r alit C est ainsi nos yeux inventent car ils sont en partie construits par ce qu une culture a mis dedans L id e laquelle nous croyons aujourd hui que le regard est une mise en bo te qui fait de nous l un des c t s du monde est une id e tout fait contemporaine Pour en arriver l pour tre capable d accepter cette trange id e qui est de se regarder de tr s pr s il a fallu longtemps c toyer le lointain flirter avec l intemporel et surtout d sapprendre ou plus exactement r viser re visionner ce que nos yeux avaient coutume de voir Oui il a fallu de l incompr he
56. ujourd hui et les charges qu on a c est impensable MICHELET FAIT L COLE BUISSONNI RE Du temps de ma th se en 1975 je m tais pench sur l uvre de Jules Michelet 1798 1874 pour r fl chir la proximit de l histoire et de l ethnologie A l poque nous osions tout aussi ai je envie sans rien modifier de retranscrire ici ce que j avais crit 43 44 Michelet se nourrit de lui m me sur le chemin des enfers chauds o mati re et histoire s enfantent du m me ventre Le cartable toujours sur le dos il fait cole buissonni re une autre politique une autre imagination une autre sensibilit une autre histoire que ses contemporains ignorant les bornes il se sert du balai de la sorci re pour aller au del des textes pour chercher une histoire de l autre c t du miroir Au del de la r flexion les silencieux se mettent parler des silences de la th orie par contre les novices les bavards dit Michelet ceux qui n ont pas longuement bross la nature humaine croient que rien n est plus simple qu il suffit d expliquer tout par les causes l mentaires m canique chimie physique Michelet qui a le sentiment d tre simple assez grossier et barbare retomba quatre pattes se fit simple avec les simples Au lieu de l glise exclusive il ouvrit les cinq mille portes de la cath drale de Dieu si large que toute nature ignorants femmes et enfants barbares et sauvages
57. ur en remonter presque aussi vite qu ils y sont descendus Pourquoi Ils n ont jamais su ou voulu me r pondre Je sais qu il y a l des talus amusants sauter en VTT la proximit peut tre des copains du village d c t et peut tre aussi la c te de Driveau une vraie c te ensauvag e o sont imbriqu s friches vergers et buissons 50 x pais Cette c te sert depuis tr s longtemps de R serve pour le gibier C est peut tre a qui les attire en d finitive L autre jour nous tions Paris rue Notre Dame des Champs quand le por table de mon fils a sonn C taient les gars de Chichery ils taient en train de lui faire vivre en direct une course au cul d un blaireau sur Driveau un gros blaireau haut jusqu aux genoux Ils lont trac au VTT La poursuite a dur le temps qu on arrive devant le coll ge C est ce moment qu ils l ont perdu et ont raccroch Antoine a quitt les bois de Chichery pour entrer en classe Les jeunes leur vie et leurs jeux sont devenus un myst re Je pourrais commencer par dire que je ne sais pas vraiment ce qui les amuse Je les soup onne de ne plus savoir jouer au sens o nous l entendions leur ge Quand je leur demande s ils jouent ils me r pondent la fois que oui et que c est une notion d pass e Ils me font surtout comprendre que m me s ils tentaient de m expli quer je ne comprendrais pas grand chose Ils ont
58. urs v hicules le Conseil Municipal demande au maire de prendre un arr t interdisant purement el simplement le stationnement des v hicules de plus de 3 5 tonnes sur le territoire de la commune La signalisation verticale pr scrivant ces disposifions sera mise en place f Le Maire Bernard GIBOIN t N EEE S S ance du Goil kona du jendi 21 vos 2002 Tu me demandais tre maire aujourd hui Ben voil c est a interdire interdire interdire T as pas id e du Changement des mentalit s des gens j te raconte pas tout ou plut t j aime autant que tu racontes pas tout mais tu sais bien des histoires que je tai racont es Tiens je te donne un autre exemple d interdic tion les mariages bon tout le monde est content c est la sortie des mari s on leur balance du riz des p tales mais mon petit gars les p tales ils sont en plastique Les gens les ont achet s et ils sont en plastique Ils pensaient pas mal videmment mais conclusion c est imputrescible a veut dire non seulement qu apr s les cantonniers faut qu ils les ramassent et puis a va dans les canalisations c est indestructible ces p tales Tu 47 comprends la suite Conclusion faut interdire l utilisation des p tales en plastique Apr s faut interdire l acc s aux terrains des manouches t as ben vu les portiques a suffisait pas on a d mettre des buses des cailloux pour le
59. xt riorise quotidiennement la m moire du lieu s par pille elle aussi Vendredi 11 juin 1999 Paris Rendez vous avec Jean Malaurie au R gina De l il m emm ne d jeuner au pub Normandy Nous sommes seuls dans cette salle tr s british Malaurie m interroge sur mes projets Je lui parle de mon voyage sur les traces de L vi Strauss des ann es 1990 d un projet que j ai sur les ouvriers europ ens aujourd hui en rapport avec l uvre de Fr d ric Le Play et bien s r de mon travail et autour de Chichery que j aimerais faire la suite du Village retrouv Ce serait une Histoire de notre campagne fran aise aujourd hui de l incroyable r volution des mentalit s et du style de vie C est ce dernier projet qui le s duit J imagine un titre Le village vanoui Malaurie m invite dans la collection Terre Humaine Retour oblig au laboratoire Une visite la mairie En remontant chez moi je l ai d j dit monter ou descendre n est plus un sentiment puisqu on ne ressent plus l inclinaison 33 depuis longtemps ce n est qu une direction que dis je une indica tion selon des rep res tr s personnels de la g ographie locale dont il est difficile de partager une explication rationnelle avec quelque tranger au village que ce soit remontant donc je croise la Berlingo verte du maire Cela me rappelle que nous avions rendez vous 6 heures pour discuter un peu ainsi que
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