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Livre L`habiter
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1. Lagom propre Si ces nouvelles technologies taient utilis es dans le cadre d un mode de vie r actualis ne seraient elles pas doublement plus efficaces cette surconsommation d nergie s ajoute une surcons ommation d espace Les standards de confort toujours plus lev s m nent une constante augmentation des surfaces d habitation L Office f d ral de la statistique nous renseigne ce sujet la surface habitable moyenne par personne en Suisse tait de 34m en 1980 de 39m en 1990 et de 44m en 2000 Une diminution de cette surface serait plus adapt e si l on prenait en compte ses cons quences sur l environnement De plus en prenant en compte le nombre d heures de travail n cessaires pour payer ces surfaces d habitation on peut se deman der si elles augmentent r ellement le confort L industrialisation du processus de construction et le manque de logements ont amen la r alisation en masse de logements standardis s La prise en compte des besoins de chaque individu n est pas r aliste dans ce processus et pourtant les solutions d architecture adap table ne sont pas favoris es Les constructions rigides poussent les habitants modifier leur mode de vie en fonction de leur logement ou choisir une surface plus grande que n cessaire afin de s assurer un minimum de flexibilit Lucien Kroll explique ainsi les probl mes li s la standardisation Il est irrationnel d imposer des
2. bon investir des millions dans un b timent qui fera la une pendant quelques mois et qui sera par la suite d suet de par son utilisation difficile et son manque d espace praticable Ce type d architecture spectacu Construction du Rolex Learning Center 46 Lagom laire marque un grand retour en arri re il rappelle le style classique d velopp l cole des Beaux Arts de Paris au XIX me si cle avec ses belles fa ades monu mentales Les architectes se plaisent croire qu ils sont capables de faire des th ories sur tous les types d habitats pos sibles Qui sommes nous pour pr tendre pouvoir faire de telles th ories et conceptualiser la mani re d habiter Au profit d un art de b tir et de l image d un m tier d fendre nous avons oubli les tre humains les avons r duit des g n ralit s Depuis quand n avons nous pas cout ce qu ils ont nous enseigner Plut t nous avons invent des styles et des pens es architecturales que les th oriciens et les coles transmettent de g n ration d architectes en g n ration d architectes Nos manuels ne prennent pas en compte les diff rences de chacun Nous avons voulu apprendre aux gens vivre et pour cela nous devons les contraindre habiter nos espaces Il leur faut d sormais un mode d emploi pour apprendre vivre dans leur maison Les habitants des maisons min rgie en t moigneront Dhabitant est habitu l id e qu il
3. d l ments con us et construits ailleurs Pierre Frey Learning from Vernacular 2010 Afin de r aliser un espace la hauteur des ambitions et n ayant pas forc ment les connaissances n cessaires les architectes doivent apprendre faire confiance aux ouvriers comme le dit Patrick Bouchain En architecture l autre c est celui qui sait construire une chose que Von ne sait plus ou ne veut plus faire Par exemple Venduit du ma on la taille du charpentier l tanch it du couvreur la laque du peintre le paillage du jardinier Est ce st honteux de se servir de ses mains Ges m tiers sont n cessaires car sans eux il ny a pas de construction L autre c est aussi celui qui construit avec mot car construtre est un acte collectif 54 Lagom construire cr e le lien c est l expression de la culture des hommes Patrick Bouchain Construire autrement Comment faire 2006 L autre est celui qui a le savoir le geste pratique celui qui conna t la sensualit de la mati re Il est celui qui a appris manier les outils pour qu travers ses mains son cerveau puisse s exprimer librement C est non seulement cette comp tence mais surtout le bon contact entre tous ceux qui participent la r alisation du projet qui permet un dialogue entre la conception et la construction La participation du client dans la conception de son logement am ne sa participation la r alisation En prenan
4. est incapable de prendre une d cision importante en n utilisant que son propre bon sens son experience pass e justifie ce sentiment La situation que nous venons d examiner par exemple lui permet tout juste de se rendre compte qu il est incapable de s expliquer L architecte pour sa part a appris l cole faire confiance aux connaissances acquises en tudiant On lui a appris l cole comment vivait Vhabi Construire 47 tant non pas Vhabitant sp cifique particulier qui utilisera le b timent construire mais l habitant moyen et il a acquis la certitude que c est lui qui sait mieux que chaque habitant un un comment ceux ci d sirent vivre En cons quence de quoi l architecte n essaye pas de communiquer avec habitant autrement qu en s effor ant de lui expliquer la fa on dont il doit vivre Et c est aussi ce qui se produit quand les architectes nous parlent de faire participer l habitant Il s agit en fait de s ances de consultation o Varchitecte arbitre am ne les habitants dire ce qu il souhaite les entendre dire de son point de vue d architecte Ce qui ne veut pas dire que cet architecte paternaliste soit n cessairement indiff rent aux probl mes des habitants Yona Friedman L Architecture de survie Une philosophie de la pauvret 2003 1978 Il y a quelques ann es nous avons ouvert les yeux sur ce que nous consid rions comme d nu d int r t Learning from L
5. l espace au diff rents occupants qui se succ dent ou de l adapter aux diff rents besoins d un seul occupant La surface peut alors tre r duite au minimum et s adapter en fonction des besoins particuliers En plus de cette reduction la flexibilit s av re tre une solution pour faire voluer le logement selon les saisons les heures de la journ e ou en fonction du nombre d occupants Les exemples suivants illustrent la capacit d adaptation a plusieurs chelles diff rentes et montrent qu il est possible de cr er des objets qui ne dictent pas un usage unique 32 Lagom Adapter 33 Lepus americanus en hiver et en t 34 Lagom Des tres vivants Pendant que les tre humains se battent contre leur environnement les animaux s y adaptent Les oiseaux ainsi que certains poissons insectes et mammif res migrent vers de nouveaux territoires pour trouver une nourriture plus abondante Certains animaux choisissent l hibernation en vue des p riodes les plus froides tandis que d autres font des r serves de graisse ou voient leur fourrure s paissir pour s en pr munir Adapter 35 36 Lagom Emballage de deux bouteilles avec une poign e Un accessoire Le furoshiki est une technique japonaise traditionnelle d emballage qui s adapte aux objets transporter Inspir e de Porigami elle consiste en une s rie de plis et de noeuds r alis s sur un tissu carr Tr s simplement paquets cade
6. l ments identiques des habitants divers Cela les rend iden tiques amorphes ou r volt s Lucien Kroll dans le cadre de Pexposition Simone et Lucien Kroll une architecure habitee 2013 Une volution de la pens e 15 L etalement de nos activites quotidiennes est aussi mati re la r flexion Chaque jours des logements chauff s sont laiss s vides par les habitants qui se rendent au travail et chaque nuit des immenses surfaces de bureau quip es ne sont pas utilis es Ce d double ment des espaces et des quipements est il encore une solution viable l heure o l espace libre et les res sources se rar fient Les rangements souvent d duits de la surface habitable sont questionner Dans une soci t o l accumulation est la norme l espace pr vu pour la contenir est norme Le probl me de l espace peut tre voqu mais celui du chauffage aussi pourquoi conserver tant d objets une temp rature agr able toute l ann e l heure de l infor matique n y a t il pas une plus grande part d objets qui prennent une forme immat rielle L architecture se bat contre les l ments au lieu de dialoguer avec son environnement La grande maison ou l appartement spacieux sont des id aux obsol tes pour notre soci t une fois la consommation d nergie l entretien et le prix li la surface pris en compte De plus dans un pays comme la Suisse une augmentation de la surface b t
7. main et la pens e le travail manuel est s par du travail intellectuel et la main west plus qu une simple force de travail Avec les m mes doigts un paysan sait b cher un menuisier poncer un cordonnier coudre un boulanger faire du pain un peintre peindre un m decin soigner M me si le geste semble r p titif tous les pains toutes les chaussures ou tous les soins ne sont pas de la m me qualit Tr s souvent on assimile le travail de l homme un emploi c est dire la vente de sa force de travail et non un m tier L homme acquiert au travers de sa culture des savoirs dans lesquels il y a des m tiers N gliger cela est criminel Patrick Bouchain Construire autrement Comment faire 2006 Pourquoi dans notre soci t Construire 53 Parchitecte a t il un meilleur statut que l ouvrier Apres tout si le premier imagine l espace c est le second qui est capable de le mat rialiser Le savoir faire de Pouvrier et de Partisan m riteraient d tre revaloris s peut tre en les laissant prendre part au d veloppement du projet ils ne devraient pas tre la uniquement pour ex cuter L architecte devant son ordinateur l architecte au t l phone architecte en s ance avec le client n au raient ils pas quelque chose apprendre en se salissant les mains le chantier west plus gu re que formellement le lieu de production du b ti I west plus qu un lieu vou Vassemblage
8. mes auteurs dans la collection Lagom La soci t Une associassion Un projet L exp rience des objets Bibiographie illustr e
9. reconsid rer les fondements de notre habitat Il n est pas question d un retour en arri re mais de la recherche d un type d habitat adapt un mode de vie plus quilibr Nous avons choisi d explorer plusieurs domaines pour en ressortir des principes que lon pourrait rapporter l architecture 20 Lagom R duire Simplifier Diminuer 21 Gastronomie frangaise 22 Lagom Vivre dans un plus petit espace ne signifie pas renoncer au confort Cela n cessite une modestie qui serait un quilibre entre les besoins vitaux et les envies Vivre dans un petit espace signifie s entourer uniquement du plus important et du plus appr ci Un espace fait sur mesure pour une personne lui correspondra parfaite ment sans espace superflu Pour ce qui rel ve de ce superflu des solutions plus coh rentes de partage sont trouver Si l on prend la gastronomie par exemple le luxe ne se trouve pas dans l abondance mais dans Passociation savante de quelques produits travaill s selon leurs caract ristiques propres La gastronomie sait s adapter aux saisons mettre en valeur les produits locaux et en plus de nourrir elle sait r unir N y a t il pas l mati re r flexion pour le logement R duire Simplifier Diminuer 23 Mr and Mrs Andrews 1748 Gainsborough 24 Lagom Les modes de vie ont beaucoup volu et notre rapport au logement est different Dans le pass un grand nombre d activites se
10. LHABITER LAGOM Une Alternative Lagom THABITER Lausanne Le 12 janvier 2015 Par Melanie Rouge Alexandre St Amour UNE VOLUTION DE LA PENSEE LA REPONSE DES MODERNISTES Au d but du XXi me si cle les formes traditionnelles de l art de Parchitecture de la litt rature de la philoso phie et de l organisation sociale ne sont plus adapt es aux nouveaux syst mes conomiques et politiques qui se sont mis en place L augmentation de la population les nouvelles normes d hygiene et la g n ralisation du monde industriel poussent les architectes a trouver de nouvelles reponses Les nouvelles techniques develop p es dont le b ton arm et les progr s d ing nierie permettent aux architectes de cette poque de trouver un nouveau langage architectural plus adapt aux moeurs de leur poque L arriv e du Mouvement moderne en architecture a influence le travail d Auguste et Gustave Perret Ils profiterent des potentiels du b ton arme et l utilis rent pour la premi re fois dans la construction d un im meuble d appartements qu ils r alisent au 25bis rue Franklin Paris en 1903 Inspir par le rationalisme de Viollet le Duc le b timent est port par une structure de poteaux et de dalles c est la naissance du plan libre Pourtant les deux fr res n assument pas enti rement leur parti pris Alors qu il admettent que des change ments pourront tre op r s grace la flexibilit qu offr
11. as Vegas D Scott Brown et S Izenour 1972 Lear ning from Vernacular P Frey 2010 La Periferia B Secchi 1991 Pourquoi n avons nous encore jamais crit Learning from people Nous nous surprenons encore des conditions de vie de certains et avons parfois piti pour eux mais notre seule proposition pour les aider est mixit et densit Le contact entre Parchitecte et les personnes est revaloriser Nous pouvons recommencer notre enseignement sur cette le on de Patrick Bouchain 48 Lagom Fe crois au provisoire la mobilit des choses l change Et je travaille cr er en architecture une situation dans laquelle la construction pourra se r aliser d une autre fa on et produire de l inat tendu donc de enchantement Construire autre ment reprend les id es que j ai experimentees avec bonheur puis retenues d un chantier l autre pour atteindre ce but s inscrire dans le contexte Conna tre la r gle ne pas agir mais transformer faire le moins possible pour donner le plus possible entra ner tout le monde interpr ter donner du temps transmettre ne jamais faire pareil Dans ce livre comme sur tous mes chantiers je fais appel d autres pour enrichir Voeuvre commune de leurs points de vue et de leurs savoir faire parce que crire seul comme construire seul me par t impossible et que l architecture west pas qu affaire de sp cialistes ou de techniciens Ici ce sont des a
12. au XXI me si cle La popula tion continue d augmenter et contrairement aux moder nistes nous commen ons voir les limites de ce syst me et nous p tir de ses d fauts Les cons quences de nos modes de vie ont des effets d vastateurs sur la plan te et les habitudes commencent changer dans certains domaines L homme a su s adapter et les structures sociales ont quelque peu volu mais le mode d habiter demeure inchang Patrick Bouchain architecte fran ais du XX me si cle au pratiques innovantes int ress par le r le de la construction et ses diff rents interve nants exprime ainsi le retard de Parchitecture Larchi tecture lib rale ne propose que les hochets de son monde consum risme reduction au f tichisme de la marchandise productions jetables r gne de l ph m re exhibitionnisme du capital Patrick Bouchain Construire autrement Comment faire 2006 Il est n cessaire de fonder de nouvelles bases en accord avec l environnement les ressources r ellement disponibles et les besoins d aujourd hui Jusqu maintenant les r flexions se sont davantage port es sur des solutions technologiques que sur une remise en question des modes de vie Les panneaux solaires les pompes chaleur et les voitures lectriques ne font qu excuser notre consommation gr ce une nergie plus propre Mais le but ne serait il pas plut t de consommer moins m me si l nergie en question est 14
13. aux sacs main bandanas sac dos et porte bouteilles prennent forment Adapter 37 Un meuble Le tabouret 60 tabouret empilable d Alvar Aalto est l image du design finlandais beaut fonc tionnalit et mat riaux de qualit Cr en 1932 sa simplicit en a fait un classique Le bois est un mat riau durable et facile d entretien Une technique de pliage rend le produit solide et permet une production en s rie conomique Tabouret 60 Alvar Aalto 38 Lagom Adapter 39 3 300 200 ga 95 2400 2400 173 300 300 300 230 200 850 0 Barcode Room Studio 01 40 Lagom Un amenagement Le projet barcode room est la propostion des architectes japonais de Studio 01 un concours sur l am nagement d un appartement qui s adapte aux usages de son habitant Une chambre de 4 m tres par 5 est am nag e d une s rie de meubles cloi sons en bois d pla ables la main gr ce un syst me de rails Chacune de ses cloisons comprend dans son paisseur les meubles li s une activit particuli re Le logement de petite taille se transforme au fil des heures de la journ e et des activit s de son propri taire Adapter 41 Skyhouse Kiyonori Kikutake 42 Lagom Une architecture La Skyhouse de l architecte metabo liste japonais Kiyonori Kikutake a t construite en 1959 Sa composition est tr s simple une pi ce carr e de 10 m tres de c t e
14. disation peut difficilement produire une architecture adapt e a ses clients Le r le de l architecte est d tre leur coute et non pas de simplement leur faire des propositions Les clients savent mieux que quiconque ce qu ils d sirent ils n arrivent juste pas mat rialiser leurs id es L architecte n est pas dans ce cas un cr ateur mais plut t l interpr te de son client Il Paide trouver la solution qui r pond le mieux ses attentes et ses besoins en se basant sur des connais sances que le client n a pas Comme le dit Bouchain les deux ont un r le aussi important l un que l autre dans le processus projectuel En architecture la personne qui commande un objet participe l ouvrage au m me titre que celui le con oit que celui qui le r alise et que celui qui s en sert L architecture est un tout mais il faut que chacun soit sa place et soit responsable Au jourd hui on vit dans une soci t cloisonn e o les responsabilit s sont diffuses et quand on demande qui a pris une d cision rarement quelqu un dit C est mot Ce qu il faut c est que chacun soit r ellement dans son r le et r v le ce qu il a comme richesse que chacun l ve le masque social ou professionnel pour retrouver sa vraie place et tre lui m me Patrick Bouchain Construire autrement Comment faire 2006 Construire 51 L architecte doit donc tre capable de s adapter aux demandes al atoire
15. e leur structure ils proposent une r partition tr s clas sique de pi ces cloisonn es par des panneaux de remplissage en b ton 10 Lagom Une volution de la pens e 11 LE L a d Immeuble a Paris des fr res Perret Ces d couvertes marquent le d but d une architecture r pondant plus pr cis ment aux besoins toujours changeants de ses utilisateurs Une nouvelle mat riali sation de l architecture a vu le jour diff rente de la forme jusqu alors classique Alors que cette derni re concevait le logement de ext rieur vers l int rieur le Mouvement moderne le pense l inverse en commen ant par la pi ce et plus pr cis ment par la fonction et les besoins li s son usage C est selon cette nouvelle conception que quelques ann es plus tard Mies van der Rohe r alise un b ti ment la Weissenhossiedlung quartier de Stuttgart dans le cadre de l exposition die Wohnung en 1927 L exposition r unit 17 architectes europ ens de lavant garde de l poque et met en avant les nouveaut s dans le domaine du logement Le parti pris de Mies van der Rohe est de construire une s rie d appartements tr s flexibles que les futurs habitants pourront adapter leurs diff rents modes de vie Dans cette id e non sans 12 Lagom rappeler le b timent de Perret immeuble de Mies van der Rohe est port par une os
16. e aussi que dans une soci t m canis e comme la n tre c est peut tre le dernier grand ouvrage fait la main l peut y avoir des objets industrialis s mais tout est assembl par les hommes et ce qui est invraisemblable c est qu on ne joue pas de la diversit que la main peut apporter qu on ne cesse de tendre vers un standard qui ne correspond en rien Vharmonie humaine Propos de Patrick Bouchain lors de la biennale du Design 2006 Saint Etienne Dans le contexte du chantier participatif il est aussi imaginable d y faire participer des gens ext rieurs au projet Ce serait en effet l occasion de transformer les chantiers en des v nements p dagogiques En tant qu entite imp n trable et dangereuse dans la ville il attise la curiosit il y a l s rement des d couvertes faire Que ce soit pour pr senter le travail de la main ou pour poser des questions sur les mat riaux sur notre 56 Lagom Sil est essentiel de construire pour quelqu un et qu il n existe pas d oeuvre sans auteur il faut n anmoins que le lieu construit soit impersonnel c est dire qu il ne soit ni parfait ni strictement identifi la personne qui Va command celle qui l a imagin ou celles qui lont r alis qui sont autant d auteurs qui ont charge l architecture de leur substance L ouvrage doit rester ouvert non fini et laisser un vide pour que Putilisateur ait la place d y entrer pour s e
17. enfance c est une po sie emplie de r ves et de mythes Comme pour le camping les saisons et le soleil guident le rythme de vie et influencent chacune des activit s Elle se modifie elle s adapte sans artifices Puisque nous ne pouvons continuer viser une croissance infinie dans un monde aux ressources rar fi es nous devrions ralentir nos rythmes simplifier nos existences revoir la baisse nos exigences On peut accepter ces changements de plein gr Demain les crises conomiques nous les imposeront Sylvain Tesson Dans les for ts de Sib rie 2011 Reduire Simplifier Diminuer 31 ADAPTER Deux tudiants en architecture veulent construire une bo te parfaite pour leurs outils Une bo te en bois sur mesure avec la bonne dimension pour tout ranger et qui se transporte facilement Ils vont demander conseil leur maquettiste un homme pragmatique et plein de bon sens qui leur r pond ah vous les architectes vous voulez toujours faire des bo tes mais le mieux c est un sac en papier de la Migros il n y a rien construire tu le remplis comme tu veux tu le transportes facilement et quand il est foutu tu en prends un autre Nous avons constat les probl mes qu engendre une architecture fixe et rigide D s lors comment doit tre pens e une architecture flexible et capable de sponta n it Dans l id e d une r duction de la surface des logements la flexibilit permet d adapter
18. ie a des r percussions imm diates sur les surfaces agricoles et foresti res 16 Lagom R duire Simplifier Diminuer 17 REDUIRE SIMPLIFIER DIMINUER Modestie dans les dimensions et l agencement des pieces habile choix des ouvertures communication avec le dehors fonctionnalit des meubles am nagements intelligents agr menteront l existence transformeront petit petit la maison en un d licieux havre qu on retrouvera apr s une absence sans avoir eu l impression de le quit ter o l on aura la sensation que tout est parfaitement adapt notre attente on s y sentira aussi laise que dans un v tement Jamilier on Vappr ciera par beau temps ou grands froids sous le soleil ou la pluie pour toujours lui d couvrir de nouveaux charmes et s en enchanter Jacques Dars Les carnets secrets de Li Yu Au gr d humeurs oisives 2014 18 Lagom Reduire Simplifier Diminuer 19 Le Corbusier dans les ann es cinquante definissait la gt gt maison comme Un abri contre le chaud et le froid la plute les voleurs et les indiscrets Un r ceptacle de lumi re et de soleil Une s rie de cellules adapt es la cuisine au travail l intimit Cette conception d pouill e du logement s est perdue de nos jours o les grandes surfaces et Paccumu lation r gnent en ma tres loin de nos besoins r els Nous devons revenir l essentiel comme point de d part de la r flexion et
19. ien existait par le pass comme le d montre l architecture vernaculaire ou l architec ture sans architecte Elle f t pendant longtemps n glig alors que le domaine des pratiques vernaculatres offre un stock merveilleux de dispositifs ing nieux t moignant des efjets specta culatres que peuvent produire des techniques extr mement co nomes en mat riaux et en Energie Pierre Frey Learning from Vernacular 2010 La construction devrait tre reintegree dans le processus de r flexion plut t que de dissocier ces deux l ments constitutifs de l architecture Construire 45 PAR LES ARCHITECTES POUR LES ARCHITECTES L architecte qui ne prend pas en compte les besoins de son client ne peut tre un bon architecte Il est avant tout un sculpteur qui mod le l espace et les volumes Lorsque le spectaculaire prime sur la fonction il y a de grandes chances pour que le b timent soit construit perte Les prouesses sont rapidement d pass es car la comp tition est rude dans un monde d images La beaut de Parchitecture ne se trouve pas dans l esthe tique formelle En tout cas celle ci n a que peu de valeur dans l habiter Au mieux elle pla t aux yeux du propri taire ou satisfait un besoin d afficher sa richesse mais d un point de vue pratique elle n est qu extra inutile Ce type d architecture vise avant tout un public qui se laisse impressionner par la premi re page d un maga zine quoi
20. n servir Venrichir sans jamais le remplir totalement et le transformer dans le temps Patrick Bouchain Construire autrement Comment faire 2006 Construire 57 environnement ou notre rapport la ville le chantier a beaucoup a racont au grand public Le chantier pourrait aussi devenir un lieu culturel La friche indus trielle est tres a la mode et le chantier attend son tour il pourrait abriter des amp venements pendant les week end et incarner un lieu non fig qui serait chaque semaine un peu chang Ils c l breraient cette p riode de transition entre un terrain vierge et un b timent fini Spectacle L U MEN entre une pelleteuse et trois danseurs 58 Lagom VERS UN NOUVEL ARTISANAT For hundreds of years we designed cities to generate waste Now it is time to design waste to regenerate our cities Mitchell Joachim dans Dirk E Hebel Building from waste recovered materials in architecture and construction 2014 Dans le mode de consommation actuel le d chet est ingrat et il faut liminer au plus vite tandis que le recyclage est un moyen d excuser la surconsommation Le Larousse d finit le d chet comme une Perte partie irr cup rable de quelque chose et lustre bien le premier changement op rer la perception du d chet doit voluer Au lieu de consid rer une trajectoire lin aire des produits qui d bute par la production puis Putilisa tion et ensuite Pabandon suivi
21. par un processus d limi nation il faut d s la conception du produit l int grer dans une trajectoire circulaire qui permet plusieurs phases d utilisation et exclut l limination ou la retarde au maximum Ces phases utilisation comprennent le r emploi qui pr ne un deuxi me usage selon la fonc tion de base et la r utilisation qu prolonge Pusage en profitant des propri t s de l objet pour une fonction diff rente Le recyclage est une solution de dernier recours car le produit qui en ressort est en g n ral de qualit moindre Construire 59 Dans le domaine de la construction le r emploi a longtemps t pratiqu La spolia chez les romains d signe l utilisation d l ments pr lev s sur des anciens monuments dans la construction de nouveaux difices pour des raisons conomiques et pratiques Ce proc d a perdur a travers les si cles et a cess au d but de l ere industrielle mais pourrait bient t r int grer les habi tudes Mitchell Joachim un architecte am ricain et chercheur en design durable a une vision radicale sur ce sujet the future city makes no distinction between waste and supply Mitchell Joachim dans Dirk E Hebel Buil ding from waste recovered materials in architecture and construction 2014 L id e de urban mining va dans le m me sens et consiste voir les villes d aujourd hui comme les mines du futur En effet les gisements naturels se font plus rares dan
22. pratiquaient a domicile celles ci se retrouvent maintenant tal es sur le territoire et le logement peut tre r duit en cons quence Pour mettre ce syst me au point une solution serait de s inspirer de Part des jardins de la Renaissance italienne Au XVI me si cle les concepteurs de jardin travaillaient avec trois natures la troisi me est le jardin priv m lange entre nature et art la deuxi me est mat riali s e par le paysage agricole ma tris par l homme tandis que la premi re nature repr sente la paysage brut exempt de toute intervention Ces trois niveaux ont des caract ristiques tr s diff rentes mais entre tiennent un dialogue Le jardin priv n essaie pas d tre un l ment autonome il est dessin de mani re profiter de la deuxi me et de la premi re nature qui le prolongent Une analogie pourrait tre fa te avec le logement incarnant la troisi me nature o sont prati qu es les activit s priv es La deuxi me nature est repr sent e par le voisinage proche o se trouvent des ressources partager La troisi me nature prend la forme du contexte plus large offrant une grande vari t d activit s et de produits En clarifiant les possibilit s de chaque niveau et activant la mixit de proximit le logement pourrait mieux travailler avec son contexte et s en trouv r duit R duire Simplifier Diminuer 25 Tente nomade dans le desert 26 Lagom Pourquoi le logemen
23. rtistes des architectes des paysagistes des chercheurs des philosophes des cin astes avec lesquels j ai travaill ou qui n ont influenc qui viennent interroger nos habitudes et porter un regard different sur l architecture Patrick Bouchain Construire autrement Comment faire 2006 Puisqu on ne cesse de parler de d veloppement conomique et d int gration sociale ou culturelle la premiere des choses est de regarder qui dans la proximit de ce qui va tre construit est capable de r aliser cet ouvrage un habitant un artisan une entreprise qui pourrait tre acteur avec d autres de Construire 49 la transformation de son environnement Ensuite il faut rep rer qui aux alentours se servira de cet ouvrage s en occupera le revendiquera comme un quipement lui appartenant et o il invitera d autres habitants plus loign s ou diff rents de lui Si l architecture tait envisag e comme cela on se poserait peut tre moins de questions de forme et plus de questions de fond et il y aurait davantage d enchantement dans la chose produite qu il s agisse de logement social d espace de travail ou d espace public car c est le fond qui une fois pos fait la forme qui est elle m me l expression du groupe qui a t constitu pour r aliser l ouvrage Patrick Bouchain Construire autrement Comment faire 2006 50 Lagom CONSTRUIRE AVEC LE FUTUR HABITANT La standar
24. s de ses clients et d accepter que certains aient des besoins diff rents de la norme Ces personnes n taient peut tre pas cit s dans le manuel de th orie mais cela ne veut pas dire qu elles doivent tre ignor es En fonction de l volution de la soci t et des attentes de chaque client les programmes types chambre salle de bain cuisine salon salle manger peuvent et doivent tre questionn s Savoir prendre de la libert par rapport aux normes est indispensable pour ne pas se laisser pi ger par le contenu pr d fini d une maison 52 Lagom ROLE DU CHANTIER Contrairement Part le processus de fabrication n a pas vraiment d importance en architecture Les seuls chantiers qui suscitent la curiosit du public sont ceux de la prouesse technique Les grands tunnels les plus long ponts et les gratte ciels les plus hauts font la une des journaux tandis que les chantiers de architecture plus commune sont cach s derri re des barri res Non seulement le chantier n est pas valoris dans notre soci t mais le travail de Pouvrier est aussi largement sous estim Dans un ouvrage fondamental L Homme et la Mati re Andr Leroy Gourhan crit que la grande h ro ne de Vhumanit c est la main c est la pens e qui donne l impulsion la main mats c est la main qui agit mat rialise l expression de la pens e transforme les choses et faconne le monde Si l on nie ce lien entre la
25. s les sous sols de la plan tes mais sont pr sents en nombre dans le contexte urbain qui devient alors une nouvelle source de mati re Une mani re d utiliser la ville pour r g n rer la ville dans un processus plus autonome et local En consultant les donn es de l Office f d ral de l envi ronnement on se rend compte que le taux de r cup ra tion des d chets tout type de r cup ration confondue est en constante augmentation et se situe aujourd hui autour des 50 Beaucoup de progr s sont faire dans ce domaine et cela passe par une valorisation des d chets en tant que nouvelle ressource Un nouveau regard sur la mati re entra nera un nouveau mode de construction et un nouveau langage architectural Un meilleur usage de cette ressource et des nouveaux m tiers qui lui sont li s attendent d tre invent s On 60 Lagom pourrait assister la naissance d un nouveau vernacu laire dans la mesure ou des ressources locales caract ris tiques du lieu seraient utilis es selon un savoir faire local dans une compr hension des contraintes de Penvironnement direct Construire 61 Table des matieres Une evolution de la pens e La reponse des modernistes Une r ponse d su te R duire Simplifier Diminuer Adapter Construire Par les architectes pour les architectes Construire avec le futur habitant R le du chantier Vers un nouvel artisanat 10 11 14 18 32 44 46 51 53 59 Des m
26. sature poteaux poutres en acier Le vaste espace cr e est ensuite compartiment Paide de cloisons mobiles permettant chaque habitant d am nager son logement comme il le d sire et de le faire voluer par la suite Le b timent a la capacit de loger un grand nombre de personnes sans pour autant les conformer un usage pr d fini Des raisons conomiques exigent aujourd hui la rationalisation et la standardisation des immeubles locatifs Or la diff renciation toujours croissante de nos besoins en mati re de logement exige d un autre c t la plus grande libert d utilisation possible A l avenir il sera n cessaire de tenir compte de ces deux exigences Le b timent ossature est le syst me de construction qui y r pond le mieux Il permet une conception rationnelle qui laisse enti rement libre l organisation int rieure de l espace Si on n amenage de mani re fixe que la cuisine et la salle de bains cause de leur quipement sp cifique et si on d cide de diviser la surface habitable restante avec des cloisons mobiles Je pense qu on pourra r pondre toutes les exigences en mati re de logement Immeuble Stuttgart de Mies Van der Rohe Une volution de la pens e 13 UNE REPONSE DESUETE Jusqu a nos jours les modes de vie ont continu d vo luer Les pr mices du XX me si cle et d une soci t totalement industrielle bas e sur la croissance cono mique se sont impos es
27. sont utilis s mais il est int ressant de voir lesquels sont choisis et de quelle mani re ils sont agenc s Tente ou caravane camping sauvage ou village quip rapport aux autres campeurs emplacement des parents des enfants et les lieux communs dans une famille les possibilit s sont nombreuses et les choix en disent long En effet l abri des convention des r gles de construction et des programmes habituels le cam peur est un architecte libre qui se con oit un logement selon son intuition Peut tre que les architectes de vraient emmener leurs clients en camping afin de leur concevoir un logement sur mesure R duire Simplifier Diminuer 29 La cabane est un terrain parfait pour b tir une vie sur les fonda tions de la sobri t luxueuse La sobri t de Vermite est de ne pas s encombrer d objets ni de semblables De se d shabituer de ses anciens besoins Le luxe de Vermite c est la beaut Sylvain Tesson Dans les for ts de Sib rie 2011 30 Lagom La cabane repr sente aussi un art de vivre et une source d inspiration dans une recherche sur la r duction de la surface des logements Se construire une cabane et Phabiter c est prendre du recul c est un nouveau point de vue sur le monde Il y a l un aspect plus permanent que le camping mais peut tre une plus grande commu nion avec la nature mati re premi re de Pabri et prolongement de l espace de vie La cabane c est le souvenir d
28. st port e par quatre axes centraux une hauteur de 4 5 m tres La maison est fa te pour voluer avec la famille qui Phabite Les services sont alors plac s en p riph rie de la pi ce de vie centrale et d plac s au gr des am nagements tandis que les chambres d enfant prennent forme de bo te accroch es sous la pi ce principales puis enlev es lorsque ceux ci en vont Adapter 43 44 Lagom CONSTRUIRE Apres avoir tabli la n cessit de revoir notre mode d habiter il est temps de revoir le processus constructif en cons quence Patrick Bouchain a fait beaucoup d exp rience dans ce sens sur ses chantiers et en t moigne dans son livre On pourrait croire qu interpreter et exp rimenter c est perdre du temps g cher En fait c est l inverse plus on interpr te moins on consomme plus on travaille plus il y a de la mati re grise moins il y a de d penses de mati res Donc interpr ter c est rechercher les moyens et les actes les plus adapt s les plus g n reux pour agir au mieux en tant le plus concentr possible Aujourd hui on crit trop de mani re contractuelle et pr contentieuse alors qu il faut simplement dire les choses et passer l acte car cest dans la mati re transform e et dans le dialogue que le discours se tient Patrick Bouchain Construire autrement Comment faire 2006 Il nous sugg re par l de r tablir le lien entre la pens e et la construction Ce l
29. t est il synonyme de lourdeur et de rigidit Dans certaines cultures ce n est pas le cas Les nomades par exemple ont choisi un mode de vie fond sur le d placement La qu te de nourriture de p tu rages pour leurs b tes et les les cycles naturels dictent les migrations Pour cette raison ils ont con u des habitats d montables et transportables gr ce une structure l g re compl t e et un processus constructif simple Ces techniques sont le r sultat d une observation attentive de leur environnement et des exp riences de plusieurs g n rations qui se transmettent leurs connaissances Le d placement rend la communaut importante et le partage essentiel accumulation d objets tant impos sible Si la vie nomade est tr s loin de notre quotidien il n est pas inint ressant d observer les soci t s industrielles Pheure des vacances au camping Le temps d une p riode restreinte le quotidien confortable est volontai rement abandonn pour un mode de vie plus rudimen taire R duire Simplifier Diminuer 27 Quechua CUSTOMISE YOUR TENT SECOND MOM INFLATABLE TENTS DISCOVER OUR MSH RANGE Tente My Second Home de Quechua 28 Lagom VIRTUAL TENT SHOWROOM gt gt Le camping est r v lateur des besoins et des priorit s de chacun Le transport contraint liminer le superflu et seul l essentiel est emport On peut le consid rer comme de Pautoconstruction Des modules pr existants
30. t part ala construction le futur habitant com prend le fonctionnement et s approprie pleinement son logement Le chantier participatif contribue grande ment la richesse d un projet Chacun peut y apporter son savoir ses id es et les mettre contribution Pour Parchitecte cela signifie d accepter la part d al atoire dans la construction C est en mat rialisant ses id es que le futur habitant se rendra compte de ce qu elles impliquent Peut tre qu ce moment il fera des choix diff rents jusqu une solution id ale Gr ce cette exercice il saura modifier son logement en fonction de besoins futurs diff rents La valorisation du low tech permet d viter les technologies complexes et d tre plus autonome dans l entretien et la modification de tous les l ments qui constituent habitat La d marche s en Construire 55 trouve am lior e gr ce ses qualit s p dagogiques et durables C est vrai que c est un art incroyable puisque c est un art utile contrairement peut tre aux autres arts et en m me temps cest un art qui vous entoure Tout le monde pratique l architecture au quotidien en ouvrant une porte un robinet une Jen tre en regardant son voisin en modifiant un peu sa maison son appartement Et on voudrait nous faire croire que cest un art inabordable que c est l uvre des techniciens des politiques et que st on fait parler les usagers c est demagogique On oubli
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