Texto completo
Contents
1. Revue de Civilisation Contemporaine de l Universit de Bretagne Occidentale EUROPES AM RIQUES http www univ brest fr amnis La protection de la jeunesse comme l gitimation du contr le des m dias le contr le des publications pour la jeunesse en France et aux Etats Unis au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale Jean Matthieu M on Groupe de Sociologie Politique Europ enne IEP Strasbourg E mail meonjm yahoo fr L adoption du syst me d mocratique et du principe de libert d expression a contribu faire peser une forte ill gitimit sur les d marches de contr le du contenu des m dias par les pouvoirs publics Face cette disqualification du contr le rejet dans l espace de la censure la r f rence certains principes de l gitimit et l invention de modalit s sp cifiques ont n anmoins rendu possible l instauration de dispositifs d encadrement des contenus Par une comparaison de la France et des Etats Unis au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale cet article se propose de revenir sur certains de ces dispositifs adopt s en mati re de presse destin e la jeunesse Au del du seul contr le des publications pour la jeunesse cette tude comparative souligne une modalit contemporaine du contr le plus ou moins direct des m dias par les pouvoirs publics Dans les deux pays consid r s des dispositifs de contr le de la presse d une partie ou de son ensem2. s aupr s de l instance de contr le Cependant dans son fonctionnement concret la Commission a progressivement mis en place des modalit s informelles de contact avec les diteurs afin de les inciter s autocensurer en prenant en compte de fa on drastique les consignes floues de la loi accentuant ainsi la fermet du dispositif Le Comics Code et la loi du 16 juillet 1949 ont eu une influence profonde sur la production dont ils organisent le contr le Leurs mises en place ont t suivies par l arr t de nombreuses publications et dans le long terme ils ont suscit d importantes modifications th matiques et stylistiques des r cits illustr s Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en France et aux Etats Unis ont abouti des mobilisations anciennes l encontre des illustr s et des comic books Dans les deux pays consid r s les publications destin es la jeunesse ont t critiqu es pour leurs effets anti ducatifs et criminog nes L affirmation d un lien entre ces publications et une hausse de la d linquance juv nile a suscit des dispositifs visant assurer un contr le des contenus ainsi publi s Notamment en raison de la diff rence entre les probl matisations dans les deux pays li e surtout une forte politisation du d bat en France ces dispositifs diff rent dans leurs modalit s les comic books am ricains font l objet d une autocensure a priori organis e par l industri
3. 2 Voir notamment Kalifa D L encre et le sang R cits de crimes et soci t la Belle Epoque Paris Fayard 1995 et Stora Lamarre A L enfer de la II R publique Censeurs et pornographes 1881 1914 Paris Editions Imago 1990 5 North S A National Disgrace Chicago Daily News 8 mai 1940 Cit par Nyberg A K Seal of Approval op cit p 3 4 notre traduction Sterling North tait critique litt raire au Chicago Daily News et a t un des premiers d nonciateurs nationaux des comic books aux Etats Unis L ditorial dont cette citation a t extraite a t repris dans une quarantaine de journaux et de magazines 14 Witty P Those Troublesome Comics National Parent Teacher janvier 1942 p 29 30 cit par Nyberg A K Seal of Approval op cit p 10 11 notre traduction Le chercheur Paul Witty a t l une des figures de la recherche acad mique am ricaine sur les comic books pendant une vingtaine d ann es partir de ses premi res tudes en 1941 Si ses travaux acad miques pr sentaient des constats nuanc s ses articles de vulgarisation tel celui cit ici accentuaient le caract re critique de ses tudes 4 visiblement destin es des adultes et destin es plaire sensuellement doivent souvent troubler leurs jeunes lecteurs Aux d fauts de la pr sentation r pondent les manques et faiblesses des r cits et des personnages La gravit des reproches est mise en re
4. 7 Sur ces auditions voir Nyberg A K Seal of Approval op cit p 53 84 ainsi que Gabilliet J P Un cas de censure par m diatisation les s ances de la commission Hendrickson sur l industrie des comic books art cit publications A travers ces auditions c est une opposition entre la puissance publique et l industrie des comic books qui s est donne voir Cette industrie y a t appel e s autor guler sous risque d tre confront un contr le f d ral Cette d marche aboutit la mise en place par la majorit des diteurs de comics de la Comics Magazine Association of America d s septembre 1954 qui a adopt un code de bonne conduite le Comics Code Si aux Etats Unis l intervention publique a t une tape de r solution des enjeux en France elle a correspondu un moment de luttes politiques accrues et l accentuation et l largissement des enjeux L laboration parlementaire de la loi fran aise destin e prot ger la jeunesse des mauvaises publications a ainsi t marqu e par des logiques proprement politiques d opposition partisane de revendication de la paternit de l initiative et de manifestation par les parlementaires de gages aux groupes mobilis s relevant de leurs client les lectorales Ces logiques politiques ont fortement influenc le traitement parlementaire du probl me de la presse enfantine Elles ont entra n une reprise et un prolongement des
5. dimensions morales et conomiques de la d nonciation des mauvais illustr s tout en en accentuant le caract re r pressif et en en largissant la critique certaines publications pour adultes Les dispositions de la loi qui a ainsi t adopt e sont donc le produit de la mobilisation qui les a pr c d es mais aussi des d lib rations parlementaires qui les ont inscrites dans le droit La sp cificit de la solution fran aise apport e aux dangers des mauvais illustr s par rapport celle retenue aux Etats Unis proc de donc directement de la diff rence dans les probl matisations op r es dans les deux pays Autocensure ou contr le public la diversit des dispositifs Ainsi au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ont t mis en place en France partir de 1949 et aux Etats Unis partir de 1954 des dispositifs organisant un contr le du contenu de certaines publications au nom de la protection de la jeunesse Si les restrictions envisag es par ces dispositifs se ressemblent leurs modalit s effectives divergent fortement Produits par des d nonciations similaires de th matiques violentes ou sexuelles la loi de 1949 comme le Comics Code contiennent des dispositions similaires La formulation retenue par la loi fran aise est la plus ramass e bien que le flou et la g n ralit de ses termes lui fassent couvrir un champ tr s vaste Les publications vis es l article premier c est di
6. les modalit s des politiques men es nous souhaitons montrer que les diff rences entre les modalit s de contr le tudi es sont aussi le fruit des caract ristiques d op rations sociales et politiques particuli res Cet article abordera donc les registres de la d nonciation du danger des illustr s et des comic books et les sp cificit s des mobilisations men es avant de pr senter le d tail des dispositifs de contr le de ces publications pour la jeunesse Prot ger la jeunesse des publications d moralisatrices et criminog nes Avant et surtout apr s la Seconde Guerre Mondiale la France comme les Etats Unis ont connu des mobilisations l encontre des publications destin es la jeunesse et plus principalement l encontre de celles reposant sur l image sur la bande dessin e d sign es sous le nom de comic books et d illustr s Ces mobilisations composites ont voqu le danger pour les jeunes lecteurs que ces publications repr senteraient en raison de leur contenu immoral et anti ducatif Au moment de ces mobilisations la presse enfantine illustr e est en plein essor et est marqu e par des bouleversements formels et commerciaux importants en raison de la g n ralisation et du succ s de la bande dessin e Aux Etats Unis les comic books sont apparus autour de 1935 et ont connu un succ s d une ampleur consid rable d abord avec l apparition des super h ros puis au cours d
7. a justice ou inspirer un d sir d imitation du criminel General Standards Part art 1 Toutes les sc nes d horreur d effusion de sang excessive de crimes sanglants ou horribles de d pravation de convoitise de sadisme de masochisme ne doivent pas tre tol r es General Standards Part B art 2 Tous les l ments et les techniques qui ne sont pas mentionn s ici sp cifiquement mais qui sont contraires l esprit et l intention du Code et qui sont consid r s comme des violations du bon go t et de la d cence doivent tre interdits General Standards Part C La mise en uvre de ces restrictions est quant elle tr s diff rente entre les deux pays Le Comics Code am ricain est sous la charge de la Comics Code Authority CCA une autorit ind pendante professionnelle et priv e et les pouvoirs publics n interviennent pas dans le processus A l origine cette CCA tait compos e d un directeur aid d une quipe de cinq critiques initialement uniquement des femmes volontairement choisies sans exp rience particuli re des comic books Le dispositif vise pr venir la production et la distribution de comic books non conformes au Code Le contr le est organis d s la production des bandes dessin es outre la prise en compte des dispositions en interne au sein des maisons d dition chaque planche c est dire les dessins originaux avant les proc d s li s la reproductio
8. ateurs ainsi que des responsables publics ayant mis en place des dispositifs de contr le de ces Sadoul G Ce que lisent vos enfants La presse enfantine en France son histoire son volution son influence op cit p 5 et 55 C est nous qui soulignons Mettre l accent comme nous le faisons sur les clivages traversant le champ ditorial fran ais ne doit pas conduire attribuer un caract re monolithique au champ quivalent am ricain De fortes concurrences existent au sein de l dition am ricaine Cependant ces concurrences sont avant tout conomiques et l importance de la presse de mouvements est une sp cificit fran aise 2 Une loi a cependant t adopt e le 1 juillet 1955 dans l Etat de New York interdisant de publier ou distribuer des publications dont le titre comprenait les mots crime sex horror ou terror et dont le contenu tait consacr ces quatre th matiques et interdisant la vente de films photos livres de poche ou comic books obsc nes Si cette loi n est pas repr sentative de la situation am ricaine dans son ensemble en raison de son caract re local elle a cependant eu un impact important dans la mesure o une grande partie des diteurs de comic books avaient leur si ge social dans cet Etat Sur cette loi voir Gabilliet J P Le Comics Code la bande dessin e am ricaine sous surveillance in Cr pin T Groensteen T dir On tue chaque page op cit p 206
9. ble ont en effet t mis en place au nom de la protection de la jeunesse protection qui appara t comme une justification ind passable d une telle intervention Si les modalit s du contr le peuvent donner lieu des d bats la l gitimit de cet objectif de protection est quant elle rarement mise en Nous nous appuyons ici sur des l ments d velopp s dans nos travaux suivants L euph misation de la censure Le contr le des m dias et la protection de la jeunesse de la proscription au conseil th se de science politique soutenue l Universit Robert Schuman Strasbourg III le 15 d cembre 2003 et Logiques et co ts d un investissement militant La croisade de Fredric Wertham contre les comic books la mise en sc ne d une psychiatrie sociale et engag e in Hamman P M on J M Verrier B Discours savants discours militants M lange des genres Paris L Harmattan 2002 p 225 250 cause Cet argument de l gitimation est r guli rement investi Il serait ainsi possible d tudier sous ce m me angle les dispositifs contemporains de contr le de la t l vision En France comme aux Etats Unis ainsi que dans de nombreux autres pays les programmes donnent lieu des contr les en vue d assurer une protection du jeune public par exemple travers le recours au syst me lectronique de la v chip puce anti violence am ricain ou par l application de la signal tique t l
10. cas am ricain Nyberg A K Seal of Approval The History of the Comics Code Jackson University Press of Mississippi 1998 et Gabilliet J P Un cas de censure par m diatisation les s ances de la commission Hendrickson sur l industrie des comic books Revue fran aise d tudes am ricaines n 52 1992 p 161 172 8 Sur cette notion voir Becker H S Outsiders Etudes de sociologie de la d viance Paris M taill 1985 Pour un historique d taill de la LFRMP voir Cr pin T La t nacit des ligues de moralit article original 2000 19 p Mouvement proche du christianisme social la LFRMP a commenc son action dans le cadre des mobilisations contre la prostitution et sa r glementation avant d largir progressivement ses domaines de croisade 10 Sur cet organisme voir Nyberg A K Seal of Approval op cit p 23 s Le NODL a t cr par l Eglise Catholique pour d noncer les magazines n fastes pour la jeunesse Il s est saisi directement du probl me des comics partir de 1947 et a t une des organisations les plus influentes en la mati re 3 ducative et moraliste Bien que les cat gories prot ger soient d sormais sp cifiquement les enfants et non plus les classes populaires de fa on g n rale ces critiques s inscrivent dans le prolongement direct des reproches adress s aux publications populaires la fin du XIX si cle et au d but du XX si cle qu il s agiss
11. cations fran aises est quasi totale La colonisation des lectures de l enfance fran aise sera bient t totale si on laisse librement se poursuivre une telle volution Nous estimons pour notre part que les cerveaux de nos fils et de nos filles doivent recevoir d autres aliments que des appels au meurtre et l rotisme l esclavage nous pensons qu il ne faut pas laisser les r actionnaires l Nous nous appuyons ici sur les l ments historiques donn s dans Cr pin T Vingt ans de protectionnisme fran ais Le collectionneur de bandes dessin es 19 80 1996 p 26 30 ainsi que dans Cr pin T Haro sur le gangster La moralisation de la presse enfantine 1934 1954 op cit Le vain combat des dessinateurs p 168 181 et la version plus d taill e de cette partie dans sa th se p 341 363 et dans Chavdia C La loi du 16 juillet 1949 sur les publications destin es la jeunesse Le sexe des anges ou l enfance philosophale m moire de DEA d histoire de la science juridique europ enne Universit Robert Schuman Strasbourg 1997 p 44 48 7 Sur cette notion rationale expansion voir Kunkel K R Down on the farm rationale expansion in the construction of factory farming as a social problem in Best J ed Images of Issues Typifying Contemporary Social Problems Second edition New York Aldine de Gruyter 1995 p 239 256 3 Brouillon d une lettre probablement adress e la pre
12. des sources d une mauvaise ducation d viante promouvant des valeurs immorales et n fastes Jugements esth tiques moraux et ducatifs sont ici ins parablement li s En quoi ces hebdomadaires sont ils dangereux Ces journaux concourent au nivellement de la jeunesse par le m diocre Ainsi le h ros rendu populaire par ces journaux est Tarzan demi sauvage qui tient plus de la b te que de l homme Nivellement aussi par la laideur la pr sentation est laide les illustrations sont affreuses Nulle beaut nulle po sie dans le texte Tous ces journaux r v lent une nouvelle forme du mat rialisme bas e sur la d ification de l argent et de la violence La patrie et la famille n existent plus dans ces histoires dont les personnages sont des trangers des hors la loi des tres monstrueux L amour n y est jamais conjugal mais avili au rang des aventures passag res ou des associations int ress es Ces journaux n ayant aucun souci de la v rit accumulent les absurdit s et les erreurs Ils abusent des histoires de magie de spiritisme et d hommes singes On n y trouve plus un seul r cit avec des gens normaux avec une atmosph re saine et familiale Ces histoires en image 1 Sur ce point voir Nyberg A K Seal of Approval op cit p 2 et 22 23 ainsi que Gilbert J Cycle of Outrage America s Reaction to the Juvenile Delinquent in the 1950 s New York Oxford Oxford University Press 1986 p 3
13. e des dime novels aux Etats Unis ou des feuilletons et romans populaires parfois pornographiques en France La forme de la bande dessin e et les th mes fantastiques et d aventure dont elle est le v hicule l poque sont particuli rement d cri s La mauvaise qualit des illustrations de ces histoires dessin es est largement d nonc e Les comic books sont mal dessin s mal crits et mal imprim s un effort fatiguant pour de jeunes yeux et de jeunes syst mes nerveux qui ruine le sens naturel des couleurs de Lenfant leur injection hypodermique de sexe et de meurtre rend l enfant impatient de lire des histoires meilleures bien que plus calmes Selon le chercheur am ricain Paul Witty les enfants d veloppent au contact des comic books des go ts en termes de lectures qui sont loin d tre d sirables et ce type de lecture contribue un d clin du jugement artistique et une tol rance l gard d exp riences inappropri es et d un langage de mauvaise qualit Selon ces critiques au del des effets physiques sur la vue ce sont les capacit s de lecture d apprentissage et d imagination des jeunes lecteurs qui sont mises en cause par ces histoires en image dont le texte ne sert qu compl ter les illustrations et ne se r duit souvent qu des onomatop es Obstacles l apprentissage de la langue et du go t les illustr s sont plus g n ralement vus comme
14. e des diteurs sur l incitation des pouvoirs publics f d raux les illustr s fran ais sont contr l s a posteriori par une instance publique A travers l tude du contr le des publications pour la jeunesse la protection de la jeunesse appara t donc comme un mode de l gitimation d interventions sur le contenu des m dias L approche comparative adopt e ici incite enfin aussi ne pas s parer ce registre de l gitimation de ces actualisations concr tes Les rapports entre pouvoirs et m dias s inventent en effet dans des contextes historiques nationaux sociaux et 34 Gabilliet J P Le comic book objet culturel nord am ricain op cit p 250 35 P Ory tablie ainsi un lien entre le d veloppement de l cole franco belge et la mise en uvre de la loi de 1949 Ory P Mickey go home 1945 1950 Vingti me si cle revue d histoire octobre d cembre 1984 p 77 88 11 politiques sp cifiques au sein desquels la protection de la jeunesse n est que l une des ressources mobilis es 12
15. es ann es quarante avec Sur ce point nous renvoyons notre tude de la signal tique fran aise et du contr le effectu par le CSA dans M on J M L euph misation de la censure op cit Dury M Ordre moral fini et ordre moral infini L adoption de la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destin es la jeunesse in Garnot B dir Ordre moral et d linquance de l antiquit au XXe si cle Actes du colloque de Dijon 7 et 8 octobre 1993 Dijon EUD 1994 p 105 112 4 Pour cette distinction voir Badie B Birnbaum P Sociologie de l Etat Paris Pluriel 1982 ainsi que D loye Y Sociologie historique du politique Paris La d couverte 1996 p 47 48 2 des histoires consacr es au crime puis l horreur En France la parution du Journal de Mickey en octobre 1934 a repr sent une transformation importante des contenus et des formes de la presse enfantine et de sa tradition ancienne notamment en proposant des traductions des bandes am ricaines De th matiques vari es aventure science fiction humour ces bandes ont surtout contribu imposer de nouveaux registres dans la narration rempla ant le r cit en images alors dominant par la bande dessin e Appuy s sur des m thodes modernes de publicit et de commercialisation les titres et les diteurs ayant recours ces bandes ont connu un tr s important succ s commercial Ce sont essentiellement ces publications qui ont fait l ob
16. formes d ouvrages de brochures ou d articles dans les revues des groupes mobilis s A travers ces publications et au del de la diversit des intervenants et des situations nationales sont exprim es des critiques similaires des publications enfantines Pour l essentiel ces critiques des illustr s reposent sur une posture la fois 5 Pour une approche universitaire de l histoire de ces bandes dessin es am ricaines voir Gabilliet J P Le comic book objet culturel nord am ricain th se d anglais Universit Michel de Montaigne Bordeaux MI 1994 Nous nous appuyons ici sur l histoire de r f rence qu A Fourment a faite de la presse des jeunes Histoire de la presse des jeunes et des journaux d enfants 1768 1988 Paris Eole 1987 ainsi que sur la synth se historique propos e dans le premier chapitre de Charon J M La presse des jeunes Paris La d couverte 2002 p 10 25 Pour la p riode la plus r cente partir des ann es trente nous avons aussi eu recours Cr pin T Haro sur le gangster La moralisation de la presse enfantine 1934 1954 Paris CNRS Editions 2001 Premi re partie Une presse en bouleversements p 21 162 7 Pour le d tail des mobilisations pr sent es ici de fa on synth tique nous renvoyons pour le cas fran ais notre propre th se L euph misation de la censure op cit ainsi qu Cr pin T Haro sur le gangster op cit et pour le
17. jet des critiques mises par les diff rents groupes mobilis s De part et d autre de l Atlantique ces critiques ont t port es par une multiplicit d initiatives initi es d s la fin des ann es trente Cependant ce n est qu apr s la guerre que ces campagnes l encontre des publications ont pris une r elle ampleur et ont produit des effets directs Parmi les acteurs de ces mobilisations se trouvent des entreprises de morales parfois anciennes telles la Ligue Fran aise pour le Rel vement de la Moralit Publique fond e en 1883 ou l inverse plus r centes ou sp cialis es comme le National Office of Decent Litterature cr en d cembre 1938 agissant dans une logique de croisade Dans leurs d nonciations ces entreprises sont rejointes par d autres types d organisations regroupant souvent des ducateurs au sens le plus large du terme recouvrant aussi bien des associations parentales ou d enseignants des biblioth caires que des mouvements de jeunesse et religieux Leurs actions ont repos non seulement sur d importantes campagnes de presse mettant notamment en avant certains faits divers mais aussi sur une multiplication d initiatives allant du boycott des kiosques vendant ces publications jusqu dans sa forme la plus spectaculaire mais aussi la plus rare l organisation de collectes puis d autodaf s Ces actions ont t accompagn es de nombreuses publications sous
18. lation avec la vuln rabilit des enfants incapables de se rendre compte de la valeur morale et litt raire des journaux qu ils lisent C est en effet cette figure de l enfant et de la jeunesse qui a constitu la justification des critiques et qui a fond l appel une prise de mesures permettant de pr venir les effets des publications sur cette population fragile et charg e d espoirs Njous ne voulons que prot ger cette jeunesse qui est notre espoir de demain ef que nous entendons la ramener dans le droit chemin et l entourer des sentiments affectueux qui permettront de replacer sur elle tous les espoirs justifi s de la France Maxima puero debetur 17 reverentia En raison de cet accent mis sur la fragilit de l enfance la d nonciation ducative et moraliste des illustr s s est ajout e une mise en cause de leurs effets en mati re de d linquance juv nile D moralisatrices ces publications ont aussi t per ues comme criminog nes Les mobilisations contre les illustr s ont ainsi t inscrites dans un d bat public plus large sur la d linquance juv nile Des ann es trente jusqu la fin des ann es cinquante et surtout partir du d but du conflit mondial une longue controverse aux Etats Unis a pos la question de la d linquance juv nile et de sa progression comme un probl me d ampleur nationale De la m me fa on en France le th me de la d linquance juv
19. lifiant parfois de comics des productions italiennes anglaises ou yougoslaves se sont op r es des prises de position n ayant pas d quivalents directs dans le d bat am ricain qui porte exclusivement sur des productions d origines nationales Ces d nonciations se 20 Communiqu du Conseil sup rieur de la magistrature janvier 1948 Reproduit dans Enfance n 5 1953 p 503 C est nous qui soulignons sont articul es aux reproches ducatifs et moralistes les instrumentalisant au service d enjeux autres en l occurrence conomiques et ou politiques Les importantes transformations du secteur ditorial de la presse enfantine ont ainsi donn lieu partir de 1936 et jusqu au lendemain de la guerre des actions de protestation protectionniste de la part des auteurs fran ais regroup s au sein d associations professionnelles Ces diff rentes organisations ont demand aux pouvoirs publics la limitation des importations de bandes trang res arguant d une concurrence in gale source de ch mage pour les professionnels fran ais Selon une logique strat gique d largissement des justifications des demandes de protection cette argumentation s est progressivement largie pour inclure des consid rations plus vastes que seulement conomiques Au registre initial uniquement conomique le ch mage des dessinateurs du premier courrier est articul e par la suite une disqualification la fois p
20. men minutieux de nombreux dossiers par le r le jou dans l incitation au crime par certains journaux ou par certains films La place donn e dans divers quotidiens aux meurtres et aux assassinats l illustration photographique destin e souligner des d tails scabreux ou morbides cr ent autour du crime une atmosph re de publicit malsaine qui n est pas sans exercer une redoutable influence sur des consciences et des volont s encore mall ables A plus forte raison la diffusion de p riodiques sp cialis s dans la description des crimes est elle particuli rement n faste lorsqu elle atteint des jeunes gens et m me des enfants Enfin les journaux d enfants proprement dits contiennent trop souvent des articles et des illustrations qui sont une apologie directe de la violence Allant d une mise en cause d un contenu impropre la jeunesse l affirmation d un effet d influence et d incitation criminog ne ces d nonciations de la presse enfantine ont suscit des interventions des pouvoirs publics fran ais comme am ricains en mati re de contr le de la presse au nom de la protection de la jeunesse Des probl matisations distinctes en France et aux Etats Unis D nonc es de fa on similaire en France et aux Etats Unis les publications incrimin es n ont cependant pas donn lieu des dispositifs de contr le identiques La diff rence entre le syst me am ricain d autocensure organis e par le
21. n est soumise la CCA Cet organisme l approuve ou la retourne l diteur accompagn e de consignes de retouches des textes ou des dessins L absence de soumission au contr le ou de respect des consignes du Code entra ne le refus pour le titre consid r du sceau de la CCA Approved by the Comics Code Authority affich sur la couverture de la 30 Article 2 de la loi n 49 956 du 16 juillet 1949 sur les publications destin es la jeunesse dans sa formulation originelle publi e au Journal Officiel Lois et d crets 18 19 juillet 1949 p 7006 7008 C est nous qui soulignons 31 Sur cette disposition voir notamment notre article Deux lois en une L article 14 de la loi du 16 juillet 1949 Du contr le des publications enfantines la surveillance de la presse in Cr pin T Groensteen T dir On tue chaque page op cit p 87 91 3 Extraits du Comics Code notre traduction C est nous qui soulignons Pour une reproduction int grale de ce code voir Nyberg A K Seal of Approval op cit p 166 168 3 Nyberg A K Seal of Approval op cit p 114 115 10 publication et destin tre un gage de qualit pour les parents acheteurs L absence de ce sceau entra ne des difficult s de distribution le syst me de diffusion tant largement supervis par la CCMA dont d pend la CCA Pour la France il s agit explicitement d un contr le public assur par une commis
22. nile a t largement investi par des acteurs associatifs politiques et gouvernementaux et ce de mani re accrue suite au conflit mondial La d linquance juv nile a en effet fait l objet de certaines des premi res mesures de la Lib ration Pr sente sur l agenda cette th matique a permis au d bat sur les illustr s et leur n cessaire contr le au nom de la protection de la jeunesse d acqu rir une ampleur et une visibilit encore accrue par une mise en relation des discours tenus sur ces publications et sur les difficult s nouvelles de la jeunesse Les analyses de Fredric Wertham psychiatre de renom et figure importante de la pol mique am ricaine sont embl matiques de ce rapprochement Pour F Wertham les comic books ont des effets sur le psychisme et le comportement des enfants Par leur contenu violent et sa r p tition les crime comics entra nent une accoutumance au m pris de la vie humaine et au racisme et de fa on plus directe fournissent un mode d emploi pour les comportements d linquants Les enfants y trouvent selon lui des id es et surtout des m thodes se rapportant au vol au meurtre voire au viol Selon lui les comic books ont donc sur les enfants un effet la fois incitatif et de p dagogie du crime tout en 15 Parker D Renaudy C La d moralisation de la jeunesse par les publications p riodiques Paris Cartel d Action Morale 1944 4 dition p 11 Ce sont les auteurs qui souligne
23. ns de toute nature pr sentant un danger pour la jeunesse en raison de leur caract re licencieux ou pornographique de la place faite au crime Cet article ajout au projet de loi initial pendant les d bats parlementaires largit donc tr s nettement la port e de la loi et tend les restrictions de l article 2 la totalit des publications Les dispositions du Comics Code vont tout fait dans le m me sens que la loi fran aise de 1949 Ce texte beaucoup plus d taill est organis en huit parties General Standards parties A relatives au crime B relatives l horreur et C relatives au bon go t et la d cence Dialogue restrictions sur l usage de termes vulgaires argotiques ou d sobligeants Religion viter les attaques ou les moqueries l encontre de groupes religieux ou raciaux Costume bannir la nudit les tenues inacceptables ou les repr sentations physiques exag r es du corps f minin Marriage and Sex assurer une repr sentation positive du mariage du foyer et des parents et viter de pr senter l adult re ou des perversions sexuelles Code for Advertising Matter restrictions sur la publicit pour l alcool le tabac les publications caract res sexuelles les armes feu Les crimes ne doivent jamais tre pr sent s de mani re cr er de la sympathie envers le criminel promouvoir la m fiance l gard des forces de la loi et de l
24. nt Le CAM est la nouvelle d nomination de la LFRMP d j voqu e 16 Parker D Renaudy C La d moralisation de la jeunesse par les publications p riodiques op cit p 13 17 A Marie Garde des Sceaux Journal Officiel D bats parlementaires Assembl e Nationale 1949 p 94 La citation latine est de Juvenal Les plus grands gards sont dus l enfant Il s agit d un lieu commun des d bats de l poque Par exemple elle est d j cit e en exergue de Gruny M Leriche M Beaux livres belles histoires Choix de cinq cent livres pour enfants Paris Editions Bourrelier et Cie 1937 18 Gilbert J A cycle of Outrage op cit 1 Wertham F Seduction of the innocent London Museum Press Ltd 1955 1 dition am ricaine 1954 Bien que publi tardivement en 1954 offre une bonne synth se des arguments mobilis s pendant cette pol mique et repr sente l ouvrage de r f rence de la fin de cette campagne 5 fournissant les moyens de c der ces incitations notamment par les publicit s vendant des carabines ou des couteaux Ce discours tenu par des entrepreneurs de morale utilisant parfois leur statut d expert a trouv un cho direct aupr s des institutions publiques comme en t moigne cet extrait d un communiqu du Conseil Sup rieur de la Magistrature fran ais la fin de l ann e 1947 L attention du pr sident de la R publique et du CSM a t attir e la suite de l exa
25. ou les Vaillants communistes Le d bat sur les illustr s s inscrit donc dans un cadre d j fortement investi par les acteurs politiques Cette forte politisation a pour principale cons quence en France un investissement marqu des structures partisanes et des parlementaires L tape de la r ponse des pouvoirs publics aux mobilisations n a en ce sens pas eu les m mes implications dans le cadre am ricain et dans le cadre fran ais En France il s est agit d une discussion parlementaire d un projet gouvernemental en concurrence avec un projet d pos par l opposition communiste qui a abouti la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destin es l enfance et l adolescence Aux Etats Unis outre de nombreuses tentatives de l gislation locale visant proscrire la vente des comic books mais n ayant pas abouti plusieurs enqu tes s natoriales ont t organis es au niveau f d ral dont la plus importante fut celle men e par la sous commission Hendrickson charg e de d terminer les possibles effets criminog nes de certains types d illustr s de crime et d horreur sur les enfants et d valuer la conformit de ces publications avec les lois f d rales interdisant la diffusion de publications obsc nes Cette commission organisa cet effet des audiences publiques au cours desquelles furent interrog s des experts de l enfance notamment des psychiatres des diteurs des dessin
26. re toutes les publications p riodiques ou non qui par leur caract re leur pr sentation ou leur objet apparaissent comme principalement destin es aux enfants et aux adolescents ne doivent comporter aucune illustration aucun r cit aucune chronique aucune rubrique aucune insertion pr sentant sous un jour favorable le banditisme le mensonge le vol la paresse la l chet la haine la Voir Nyberg A K Seal of Approval op cit p 104 128 Il est important de souligner que le contexte particulier de la France d apr s guerre a videmment aussi largement contribu cette d finition Ainsi l adoption d une loi est conforme la perspective g n rale de reconstruction de la France qui prime alors et qui est aussi une reconstruction juridique Et cette reconstruction a galement t mise en uvre en mati re de presse comme en t moignent notamment les projets r currents de mise en place d un statut de la presse Pour une pr sentation d taill e des tapes et projets de cette recherche d un statut cf Bellanger C Godechot J Guiral P Terrou F dir Histoire g n rale de la presse tome IV De 1940 1958 Paris PUF 1975 Y aura t il un statut de la presse p 359 364 d bauche ou tous actes qualifi s crimes ou d lits ou de nature d moraliser l enfance ou la 4 30 jeunesse L article 14 de la m me loi voque galement des possibilit s de sanction des publicatio
27. rotectionniste esth tique et morale des illustr s Sommes nous en France oui ou non On ne le dirait pas contempler les devantures de marchands de journaux o tr nent les publications trang res que l on offre en p ture la jeunesse fran aise Drois constatations s imposent au premier chef l gard de ces illustr s 1 Ces illustr s se singularisent par une vulgarit criante 2 Ils mettent en relief dans les sujets trait s des sentiments des coutumes des m urs qui ne sont pas de chez nous et dont la morale est souvent exclue 3 Ils glissent profusion dans leurs images des personnages peine v tus hommes et femmes ces derni res talant avec complaisance des formes toujours avantageuses et bien propres troubler les sens en veil de nos jeunes lecteurs Cet largissement vient alors inscrire la d nonciation men e par les organisations professionnelles aux c t s des actions men es par les entrepreneurs de morale mobilis s Charg e d enjeux conomiques sp cifiques la pol mique fran aise a aussi t li e des enjeux plus politiques toujours en raison du caract re am ricain et italien du mat riel publi succ s Les associations et les publications proches du Parti Communiste ont ainsi largement d nonc les illustr s au titre de leur caract re tranger et de leur propagande id ologique On voit donc que la victoire des trusts trangers contre les publi
28. s diteurs et le syst me fran ais de contr le public des publications renvoie notamment aux probl matisations distinctes qu ont suscit les d bats sur les illustr s En effet en France ce d bat a repos sur des mont es en g n ralit plus cons quentes qu aux Etats Unis et s est caract ris par une politisation plus forte Cette politisation s est traduite par un investissement accru des pouvoirs publics gouvernement parlement dans la r solution du probl me suscitant ainsi la mise en place d un dispositif public plus ferme Avant de d tailler les deux dispositifs il est donc n cessaire de revenir sur ce travail social de probl matisation Evoquer une mont e en g n ralit plus forte du d bat en France c est souligner les dimensions suppl mentaires prises par le d bat sur les publications d moralisatrices et criminog nes dans ce pays Inscrite aux Etats Unis dans un d bat national articulant culture de masse et consid rations ducatives et moralisatrices la pol mique a connu en France une politisation li e au caract re international de certains de ses enjeux Au c ur des pol miques fran aises se trouvent des bandes dessin es d origine trang re et souvent am ricaine dont le succ s depuis la parution du Journal de Mickey a profond ment marqu le march de la presse enfantine Autour de cette importation am ricaine ou de son quivalent fantasme les acteurs du d bat qua
29. sion rattach e au minist re de la Justice et compos e de repr sentants de diff rents minist res d ducateurs de responsables de mouvements de jeunesse de parents de magistrats sp cialis s et de repr sentants des professionnels de la presse enfantine dessinateur auteur diteurs art 3 de la loi le caract re composite de cette Commission de surveillance et de contr le est la trace directe des d bats parlementaires et la volont des lus d offrir une repr sentation aux groupes mobilis s dont ils taient proches Cette commission a la charge de signaler aux autorit s les infractions aux dispositions de la loi Les contrevenants l article 2 peuvent encourir des amendes et des peines de prison et ces d cisions font l objet d une publicit dans plusieurs publications officielles et priv es De plus la destruction des publications incrimin es et la suspension pour une dur e de deux mois deux ans des publications p riodiques sont pr vues Ceci instaure donc un nouveau d lit de presse sanctionn de fa on tr s r pressive A travers la surveillance assur e par la commission et les sanctions ordonn es par le minist re de la Justice c est donc les pouvoirs publics qui contr lent la presse enfantine et gr ce l article 14 l ensemble des publications p riodiques et livres m me destin es aux majeurs Ce contr le est a posteriori car il s exerce sur des titres d j publi s et d pos
30. sse 1937 Document reproduit int gralement dans Cr pin T Vingt ans de protectionnisme fran ais art cit p 26 C est nous qui soulignons 7 trangers s emparer du cerveau de nos enfants qu il convient de barrer la route l invasion fasciste trang re dans le domaine de la litt rature pour les jeunes Le contexte de guerre froide donne toute son importance cette mise en cause des publications d origine am ricaines ou influenc es par ces bandes et le d bat sur la presse enfantine s inscrit donc directement dans certains enjeux centraux du d bat politique int rieur de l poque La structure du champ de l dition enfantine fran aise contribue cette politisation Ce champ ditorial est travers par un clivage entre la presse dite commerciale qui est celle qui publie la plupart des bandes import es et la presse de mouvements La plupart des courants id ologiques ont d velopp depuis longtemps une presse sp cialis e en direction des jeunes entam d s la fin du XIX si cle par les catholiques cet investissement des publications pour la jeunesse est poursuivi par les mouvements protestants socialistes communistes qui tous vont cr er des journaux illustr s dont certains connaissent un succ s important Certaines de ces d marches associent sous un m me nom p riodique destin la jeunesse et mouvement de jeunesse tels les C urs Vaillants catholiques
31. vis e instaur e par le Conseil Sup rieur de l Audiovisuel En mati re de t l vision comme de presse les dispositifs de protection de la jeunesse ainsi mis en place exercent cependant un contr le qui s applique l ensemble des programmes et des publications L enjeu de ces contr les d passe ainsi le domaine des seules productions m diatiques destination de la jeunesse et la protection de la jeunesse constitue donc une des modalit s des rapports entre pouvoirs et m dias Par la pr tention l universel qu elle permet la r f rence la jeunesse repr sente une l gitimation forte du contr le y compris dans ses implications sur les pratiques des adultes Notre comparaison met aussi l accent sur la diversit de la mise en uvre du contr le que permet ce principe de l gitimation commun Un m me registre de l gitimation n implique pas des modalit s identiques de contr le Ce registre n est qu une ressource dans le travail social et politique qui pr c de l adoption d un dispositif de contr le En revenant sur les pol miques et mobilisations qui ont produit les dispositifs tudi s il s agit ici de souligner que les rapports entre pouvoirs et m dias s inventent dans des configurations historiques sp cifiques dont ils sont ins parables Plut t que de reprendre de fa on m canique le constat d une opposition entre un Etat faible am ricain et un Etat fort fran ais et de son effet sur
Download Pdf Manuals
Related Search