Justice juvénile, carrefour d`intérêts
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1. se confondent donc effectivement Si la soci t a un int r t l gitime faire valoir face un acte d lictueux commis parce qu elle voit ses valeurs affaiblies et ses conflits internes augment s par la transgression de la loi il en va autrement dans le domaine de l aide sociale La pr carit la pauvret une situation familiale dif ficile ou conflictuelle ne constituent de toute vidence pas des faits r pr hensibles mais des situations qui font appel la solidarit et la responsabilit de la collectivit l gard de ses membres L Etat n a donc aucune l gitimit d im poser des mesures contraignantes en ce domaine Par contre il a le devoir d offrir une vaste gamme de services psychosociaux extrajudiciaires aux mineurs et leurs familles Le principe tant de fortifier les ressources dont un adolescent dispose dans son syst me familial et communautaire naturel afin de pr venir des situations de d tresse et l engagement dans des activit s d lictueuses respectivement de pr ve nir la r cidive pour des jeunes qui sont d j pass s l acte Dans ce cadre une intervention est justifi e lorsqu elle est susceptible d apporter quelque chose au mineur et sa famille et lors que ceux ci formulent une demande D velop per une vaste gamme de services coordonn s mises en uvre par des quipes interdisciplinai res et cr er un cadre l gal ad quat permettrait l Etat luxembourg2. c est dire une l gislation qui traite les d lits des jeunes comme une forme parti Juli 2001 culi re de d tresse juv nile en consid rant les mineurs comme p nalement non responsables et en attribuant un vaste pouvoir discr tionnaire aux juges de la jeunesse Faisant ainsi le gouver nement belge suivrait une tendance europ enne qui se dessine depuis plusieurs d cennies d j Pour le Luxembourg ceci pourrait signifier que dans un avenir proche on sera le seul pays euro p en appliquer encore un mod le pur de pro tection de la jeunesse pas d efficacit sans transparence Les principes invoqu s par Maes en vertu des quels une r forme substantielle de la loi belge sur la protection de la jeunesse devrait se faire sont aux nombres de trois le respect des droits fon damentaux des mineurs un rapprochement du v cu et de la situation des mineurs et finale ment un souci de clart qui se traduit notam ment par la volont de dire la finalit r elle des interventions qu on propose Ce dernier aspect me para t particuli rement important malheu reusement dans le contexte luxembourgeois on n est pas encore suffisamment sensible ses implications Probablement on se trompe quand on consid re la transparence et la coh rence comme des qua lit s p riph riques de la justice juv nile Au con traire j aimerais proposer la th se qu elles sont les conditions m mes de l efficacit d une int
3. 10 La justice juv nile est comme toute justice un lieu o se croisent les int r ts distincts et souvent divergents de plusieurs acteurs le mineurs lui m me sa famille la soci t et en cas de d lit la victime l s e Jugendschutz forum 209 Justice juv nile carrefour d int r ts A plusieurs reprises d j forum a publi des articles et des dossiers voir n 205 janvier 2001 sur la protection de la jeunesse et la n cessaire r forme de la loi luxembourgeoise Notre collaborateur Guy Elcheroth a assist Gen ve une conf rence de Christian Maes conseiller du ministre de la justice en Belgique qui y a expliqu d but mars sa vision des choses en mati re de r forme de la loi belge sur la protection de la jeunesse Guy Elcheroth en tire des conclusions pour la situation luxembourgeoise L intervention de Christian Maes tait marqu e par la franchise ses id es teintes d une distance critique l gard du texte belge de 1965 actuel lement en vigueur et de la philosophie qui l a port Le m rite qui revient l orateur est sans doute d avoir eu le courage de questionner dans ce contexte le pouvoir mystificateur du langage c est dire la mani re dont des mots rassurants ont t appliqu s des pratiques conflictuelles des mystifications du langage En effet il n est pas anodin de parler de protec tion de la jeunesse pour d signer toutes les formes d inte
4. cern lui m me voit ses int r ts Le dernier d une longue liste de d fis qu attend la protection de la jeunesse serait donc une incorporation compl te dans la l gisla tion nationale de l article 12 de la Convention Internationale des Droits de l Enfant qui veut qu un mineur soit entendu dans chaque pro c dure administrative et judiciaire qui le con cerne et que son avis soit pris en consid ration Guy Elcheroth psychologue guy elcheroth datacomm ch
5. e marqu par la non franchise suggestions en vue d une diff renciation des proc dures Si l on prend au s rieux l id e selon laquelle il est d une importance cruciale de dire les vrais finali t s d une intervention un adolescent qu est ce que ceci implique mon avis en premier lieu que l on commence par tablir une diff ren ciation entre plusieurs proc dures et qu on les s pare un niveau institutionnel en fonction des int r ts dont on a tenir compte Une mani re de faire serait alors de restreindre le champ de la protection de la jeunesse toutes les interven tions qui sont r ellement dans l int r t exclusif du mineur concern S y ajouteraient alors n ces sairement en tant que formes distinctes l aide sociale qui tiendrait compte la fois des int r ts du mineur et de sa famille et la r action juridi que au d lit o il s agirait d articuler de mani re sens e les int r ts de la soci t de la victime et du mineur auteur du d lit Dans une pareille tripartition la r action juri dique au d lit se n gocierait l int rieur d un triangle o chaque acteur a le droit de d fendre ses int r ts explicitement reconnus L int r t du mineur ayant commis l infraction est de pouvoir b n ficier d une d fense ad quate et d une pro tection contre des sanctions disproportionn es De plus son droit la r habilitation doit tre enti rement pris en comp
6. eois de devoir recourir beau forum Nr 205 Januar 2001 Das Jugendschutzgesetz Welche Ziele f r den Jugendschutz L impasse du mod le protecteur Jugendhilfe Jugendstrafe Das berufliche Selbstverst ndnis des erzieherischen Personals Geschichte der Sozialgesetzgebung in Luxemburg Justice des mineurs justice d exeptions L autorit parentale mode d emploi L int r t de l enfant F r die Einf hrung eines Jugendstrafgesetzes La proc dure en mati re de placement judiciaire Tel 42 44 88 e mail forum pt lu noch lieferbar forum 209 coup moins fr quemment qu l heure actuelle au placement de mineurs dans des institutions sociales l id al d une protection des mineurs d barrass e de ses contradictions actuelles Resteraient finalement les cas de figure o l aide sociale ne permet pas de r sorber enti rement des situations familiales nuisibles au bon d ve loppement de l enfant Donc des situations dans lesquelles il subsiste un conflit entre les int r ts du mineur et ceux de ses parents et o l Etat est l gitim d intervenir en vertu du principe de l in t r t sup rieur de l enfant C est dans ce domaine qu une l gislation sur la protection des mineurs aura encore sa raison d tre et o elle m ritera alors vraiment son nom En ayant exclu de son champ d intervention la r gulation de la d lin quance juv nile la protection des mineurs pourra de
7. er vention qui vise la r habilitation d un adoles cent Occulter les finalit s d une intervention judiciaire renvoie effectivement un double pro bl me Premi rement dans une perspective juri dique il en r sulte un affaiblissement de l Etat de droit Conjointement ceci a des cons quences psychosociales directes la m fiance de l adoles cent dans les institutions sociales risque de s ac cro tre ce qui peut tre l origine d une d viance secondaire c est dire produite paradoxalement par les institutions qui sont l pour la contenir Lorsqu une soci t n a pas le courage de dire sin c rement un adolescent quels sont les int r ts en jeu au moment o on d cide de son sort donc par exemple les motifs complexes qui se rencontrent au moment o un placement est d cid elle lui voile des choses qui sont d une toute premi re importance pour lui elle le d pos s de d une partie du sens de son existence Un cadre l gal qui institutionnalise des non dits de cette fa on ci comporte des dangers importants Notamment il met l adolescent dans une situa tion contradictoire en le responsabilisant d un c t tout en le d sappropriant de ce qui pour rait lui permettre de comprendre sa situation actuelle Il para t relativement vain d essayer d apprendre un adolescent des valeurs comme Jugendschutz l int grit et l honn tet si on le fait l int rieur d un cadr
8. lui ci soit lucid Dans certains cas sans enfermement provisoire du mineur le risque de collusion ou de fuite va interf rer avec ce d sir de la soci t Il peut arri ver alors que le tribunal de la jeunesse prononce une mesure de garde provisoire l encontre du mineur justifi e l galement lorsque le d velop pement social ou moral de celui ci est menac On a donc recours une mesure qui vise officiel lement le bien tre du mineur pour assurer que les organes policiers et judiciaires puissent faire leur travail d enqu te Ceci entra ne paradoxa lement que le mineur est l galement beaucoup moins prot g qu un adulte en d tention pr ven tive pour lequel on admet que la d tention en tant que telle se fasse l encontre de ses int r ts et que le respect de ses droits fondamentaux doit donc tre garanti par des garde fous juridiques On pourrait multiplier les exemples en soule vant galement la question des fonctions sociales multiples qu assure actuellement le placement institutionnel fr quent d adolescents au del de l effet sur les jeunes concern s eux m mes cette pratique permet par exemple de contr ler une d viance consid r e comme dangereuse par cer tains ou de donner satisfaction au sentiment de justice de la communaut Les dires de Christian Maes pr tent croire qu il y a actuellement en Belgique une volont politi que d abandonner en grande partie le mod le pro tectionnel
9. rvention de l appareil juridique de l Etat aupr s de mineurs d linquants entre autres et de leurs familles ni de parler de mesures d du cation ou de pr servation pour d signer les sanc tions qu on leur destine ni encore de parler de placement ou de mesure de garde l o l on a affaire l enfermement de mineurs La repr sen tation de la justice juv nile qui mane de ce sys t me de notions caract risant la terminologie officielle aussi bien au Luxembourg qu actuelle ment encore en Belgique est celle d une ins titution bienveillante pr occup e exclusivement par l int r t du mineur S il en tait ainsi la jus tice des mineurs cesserait d tre contradictoire le juge lui m me serait le principal avocat du mineur Or en r alit la justice juv nile est comme toute justice un lieu o se croisent les int r ts distincts et souvent divergents de plu sieurs acteurs le mineurs lui m me sa famille la soci t et en cas de d lit la victime l s e Les tribunaux de la jeunesse sont forc ment con front s ces int r ts multiples Or au Luxem bourg ils sont encore amen s les int grer en dehors d une l gislation qui les articulerait de mani re explicite L exemple de l absence d une base l gale pour la d tention pr ventive permet d illustrer le probl me Lorsqu un adolescent est soup onn d avoir commis un d lit grave la soci t a un int r t ce que ce
10. te Ceci pourrait se faire en excluant des punitions d pourvues de sens c est dire en limitant la gamme des sanctions possibles celles qui ont un caract re construc tif comme des travaux r parateurs par exem Si UN JOUR ON DEVAIT NOUS loiantR ON AIMERAIT NE FAL RENENIR 11 Il para t relativement vain d essayer d apprendre un adolescent des valeurs comme l int grit et l honn tet si on le fait l int rieur d un cadre marqu par la non franchise Pessin in Le Monde 12 En ayant exclu de son champ d intervention la r gulation de la d linquance juv nile la protection des mineurs pourra devenir r ellement un instrument au service de la d fense des int r ts des enfants et des adolescents Jugendschutz ple L int r t de la victime est d une part sym bolique il faut que le tort qui lui a t fait soit reconnu et d autre part mat riel s exprimant dans son droit un d dommagement par exem ple La soci t finalement a un int r t revita liser ses valeurs et ses lois en d sapprobant la transgression En m me temps une r ponse ad quate au besoin de s curit de la communaut ne peut que consister dans le fait d offrir une r elle opportunit au jeune d linquant de trouver sa place au sein du syst me social et de lui viter ainsi une carri re d linquante sur ce point pr cis l int r t de l individu et celui de la soci t
11. venir r ellement un instrument au service de la d fense des int r ts des enfants et des adoles cents Il lui incombera la t che difficile de faire toujours le poids entre deux droits des mineurs institutionnalis s dans la Convention Interna tionale des Droits de l Enfant celui d tre pro t g contre l abus et la n gligence d une part et celui de vivre avec ses parents de l autre Cette t che ne peut tre r solu de mani re satis faisante qu l aide d un syst me chelonn qui ne limite le droit de vivre avec ses parents que lorsque le droit la protection l exige directe ment Cette chelle inclurait la co ducation en cas de non respect de certaines obligations parentales le retrait du droit de garde unique ment dans le cas o il y a une mise en danger de l int grit physique ou psychique du mineur la d l gation de l autorit parentale dans le cas o l exercice de celle ci par les parents a des cons quences n fastes concr tes pour l enfant et en tout dernier ressort le retrait du droit de visite pour des p riodes durant lesquelles le seul con tact avec les parents porte d j pr judice au bien tre du mineur Finalement cette forme res treinte de protection des mineurs devrait int grer encore un principe clef dans son application con cr te agir dans l int r t d un adolescent n est possible que si l on se donne les outils pour con na tre la mani re dont le con
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