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1. parer avec circonspection l essentiel de l acces soire Ce qui importe ce sont les concepts et les dimensions nouvelles de l espace du temps du savoir et de la com munication L informatique est tout la fois une science une technologie et un ensemble d outils Les disciplines plus anciennes distinguent sans probl me ces trois compo santes et nul ne confond la thermodynamique la tech nologie des moteurs explosion et le mode d emploi d un v hicule automobile L cole se doit d enseigner la science de l illustrer et de la situer par la technologie et de la concr tiser par l exemple d outils ou de r alisa tions Dans sa pratique actuelle l introduction de l informatique l cole et malheureusement souvent l universit est critiquable parce qu elle entretient la confusion entre ces trois composantes Elle se limite souvent pr senter quelques outils ph m res et donc accessoires en les faisant passer pour de la technologie et en ignorant compl tement la science pourtant riche et originale Une telle inversion des valeurs et des priorit s peut tre justifiable dans quelques fili res professionnelles est contraire aux principes de p rennit et d universalit qui doivent r gir la formation des hommes Faut il ensei gner l informatique l cole Oui car c est une nou velle dimension scientifique de notre monde Mais il n est pas pour cela n cessaire de participer la course la puissanc
2. Internet nouvelle utopie humaniste 26 septembre 1997 Une version l g rement r vis e de cet article est parue dans la section Horizons D bats en page 21 du journal Le Monde du mercredi ler octobre 1997 Le r cent article de Robert Redeker dans le Monde est essentiel au plein sens du terme car il insiste sur ce qui doit tre l essence de la formation scolaire mais aussi au sens vulgaire car il importe de pr server cette essence de l cole contre la pression croissante des d ri ves utilitaires Il est d ailleurs remarquable que ce texte a interpell nombre d entre nous malheureusement en soulevant chez beaucoup la m me inqui tude ce dis cours ne risque t il pas de se disqualifier aux yeux de bien des lecteurs en ignorant trop d aspects du terrain des acteurs et des enjeux et en masquant l essentiel der ri re une vision erron e du contexte L essentiel Robert Redeker le dit mieux que nous ne saurions le faire c est la formation de l homme et du citoyen Cette formation inclut certes les humanit s Mais pourquoi en exclure les sciences et m me les arts comme il semble le faire au moins par omission don nant par l m me un parfum corporatiste la d fense d une cole humaniste et r publicaine Le si cle des lumi res qui a pr par la R publique n avait pas un tel d dain pour la science et la technologie qui autant que les humanit s forment l homme dans sa connaissance et sa ma trise de lui m
3. e mat rielle et au logiciel dernier cri qui en demande toujours plus De toutes fa ons ce logiciel sera obsol te avant peu Bien au contraire il faut illustrer cet enseignement avec les logiciels les plus m me de met tre en vidence les principes fondamentaux de l infor matique et de concr tiser les concepts dont certains rel vent aussi de la philosophie comme par exemple le r le et la nature du langage Ces logiciels ne sont pas n cessairement ceux du monde professionnel L ensei gnement de la physique commence par le levier et le plan inclin et il proc de en isolant les ph nom nes pour mieux les percevoir Mais quelle perception peut on avoir des principes de l informatique quand ils sont masqu s derri re le clinquant magique des interfaces modernes Cette course la puissance souvent inutile est vou lue effectivement par Microsoft et consorts qui en con tr lant la disponibilit des logiciels interdisent quiconque les pauses technologiques Elle est n faste la formation pour laquelle ces pauses sont indispensables Elle est galement in galitaire car l cole ne dispose ni Institut Pasteur 11 du temps ni des ressources n cessaires pour participer cette course qui ne profite au mieux qu ceux qui sont assez riches pour le faire par leurs propres moyens Mais contrairement ce que pr tend prouver une emprise totalitaire sur le march et curieusement sur les m dia Microsof
4. i encom brent de plus en plus l Universit les biens immat riels les produits de l esprit soient la propri t indivisible de l humanit Car par tradition l Internet n est pas ou fort peu ce lieu de consommation passive de lien social minimum que l on pr tend et que l on nous imposera si nous citoyens n apprenons nous en d fendre L Internet est avant tout un lieu de rencontre de dis cussion de confrontation d entraide de collaboration de culture de citoyennet et de tol rance C est au tra vers de l Internet que des milliers de volontaires de tous les pays dont la plupart ne se rencontreront jamais qu en esprit collaborent b n volement pour r unir pour le b n fice de tous des ressources de toutes natu res Ils con oivent des logiciels nous l avons dit souvent meilleurs que ce dont l industrie est capable et cela s explique par la nature n cessairement sociale du pro cessus de cr ation Mais ils laborent aussi des ressour ces ducatives des manuels des biblioth ques litt raires libres des collections iconographiques et bien d autres Tout cela gratuitement alors qu ailleurs on veut rendre payantes les biblioth ques de pr t Et pourquoi boude rait on son plaisir parce que le po me de Musset ou la 12 Institut Pasteur citation de Jefferson que l on a re u dans sa bo te let tres est sous forme num ris e L Internet est un lieu de connaissance et de culture certes enco
5. me et du monde Oui l cole doit tre un lieu de formation de l indi vidu pour lui m me et de r g n ration de l Humanit et de la R publique Et non ce ne doit pas tre un lieu o l on moule de futurs consommateurs et les rouages d un syst me de production de plus en plus inhumain et non humain Mais cela n exclut nullement bien au contraire que l on y parle du monde dans lequel les nouveaux hommes seront appel s vivre et dans lequel ils devront se retrouver et exercer leur citoyennet et d en parler dans toutes ses dimensions humaines tech niques ou autres i L informatique et surtout l Internet changent le monde et les rapports humains comme en son temps l imprimerie qui elle aussi a pr par la d mocratie par la diffusion des id es Ce fut rapidement compris des 1 L cole doit elle fabriquer des internautes ou insti tuer des citoyens Robert Redeker Le Monde 12 septembre 1997 page 14 2 La r ponse de M Bernard Ma tre du 20 septembre parue apr s la r daction de ce texte n a fait que con firmer cette crainte B6 n 11 avril 1998 pouvoirs de l poque qui ont toujours cherch contr ler l imprimerie comme les pouvoirs actuels cherchent maintenant pour les m mes raisons prendre le con tr le de l Internet Ce changement ne peut pas ne pas avoir d effet sur l cole et sur la formation du citoyen m me s il est souhaitable de ne pas pr cipiter les choses et de s
6. nal de Recherche en Informatique et en Automatique Septembre 1997 Libre reproduction Copyright Ber nard Lang V ronique Vigui Donzeau gouge Pierre Weis http pauillac inria fr lang ecrits utopie http pauillac inria fr lang licence v1 1ldd html O BG n 11 avril 1998
7. re en gestation C est aussi un lieu d duca tion citoyenne parce que la masse de l humanit et sa diversit y sont plus directement perceptibles parce que les interactions sociales ou asociales y sont plus manifes tes parce que la libert d expression y est plus grande plus effective mais aussi plus responsable et surtout parce que la r gle d mocratique y est une tradition dans la plupart de ses structures Alors l Internet a t il sa place l cole l vidence la r ponse est oui Ce n est pas un outil informatique ou une t l vision mais un lieu de vie et d expression dont l apprentissage vrai rel ve d un cours d instruction civi que C est aussi une immense biblioth que et un mus e universel dont il faut apprendre utiliser les ressources comme on apprend utiliser celles des CDI de nos col l ges mais auxquels on peut galement apprendre apporter sa contribution Il est cependant tout aussi vrai que l Internet n a aucune raison d occuper une place excessive dans l enceinte de l cole dont un r le indispensable n est que d en permettre l apprentissage Au del de cet apprentissage la vie sociale l exercice de la citoyennet la lecture des livres ou la visite des mus es m me lec troniques sont des d marches personnelles V ronique Vigui Donzeau Gouge Professeur au Con servatoire National des Arts et M tiers Bernard Lang et Pierre Weis Directeurs de Recherche l Institut Natio
8. t n est pas la seule solution ni la meilleure ni la moins ch re La communaut interna tionale des informaticiens d veloppe depuis longtemps des logiciels dits libres qui sont gratuits de grande qua lit la disposition de tous et certainement beaucoup mieux adapt s aux objectifs aux besoins et aux ressour ces de l cole Ces logiciels sont largement pr f r s par les chercheurs qui les utilisent couramment dans les contextes les plus divers et jusque dans la navette spa tiale On peut d ailleurs de fa on plus g n rale s tonner de ce que l administration et en particulier l ducation Nationale pr f re acheter et imposer ses partenaires des logiciels am ricains plut t que d utiliser des logi ciels d origine largement europ enne gratuits et de meilleure qualit qui pr serveraient notre ind pen dance technologique et seraient plus susceptibles de cr er des emplois et qui poss dent d j sans publicit une communaut d environ 5 millions d utilisateurs dont nombre de soci t s industrielles et commerciales Cette d rive mercantile vers l ouest n est elle pas le pen dant anti r publicain car l tat y perd de son ind pen dance de la d rive utilitariste de l enseignement Ces ressources libres non commerciales mises la disposition de tous sont un pur produit de l Internet et d une tradition universitaire utopiste qui veut que au del des droits d auteurset autres brevets qu

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