La société du bien-être ?
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1. La soci t du bien tre Extrait du D mocratie amp Socialisme http www democratie socialisme fr Projet socialiste La soci t du bien tre Politique Date de mise en ligne dimanche 17 janvier 2010 D mocratie amp Socialisme Copyright D mocratie amp Socialisme Page 1 3 La soci t du bien tre Les cat gories conomiques ne sont que les expressions th oriques les abstractions des rapports sociaux de la production K Marx Mis re de la philosophie Dans sa lettre du 19 juin 2009 aux adh rents du Parti Socialiste Martine Aubry trace le cadre de travail pour l laboration du projet socialiste dans les mois venir A cette occasion Martine Aubry nous invite d abord nous interroger sur la question essentielle de la soci t du bien tre La pertinence de ce concept sera d termin e par le sens qui lui sera donn car derri re cette id e en vogue il y a la rupture avec la soci t de consommation ou l adaptation aux mutations du capitalisme contemporain Le bien tre la mode Le bien tre est un concept la mode que l on retrouve d sormais un partout dans la publicit des compl ments alimentaires dont le slogan est le bien tre un tat d esprit gt des fontaines d eau sur les lieux de travail avec pour maxime le bien tre en entreprise des cours de Tao intitul s vitalit et bien tre Face au stress de la vie quotidienne et aux2. concilier d une part le principe individualiste qui fait de l individu vivant le fondement ontologique du social et d autre part l id e que l individu en acte connu empiriquement est un individu d termin enserr dans un r seau de relations sociales p 78 4 Le Nouvel Observateur 26 d cembre 2009 8 janvier 2010 Copyright D mocratie amp Socialisme Page 3 3
3. d r glements du monde la recherche de la vie meilleure est devenue une pr occupation majeure de nos soci t s baignant dans le capitalisme cf par exemple le num ro hors s rie de Courrier International La vie meilleure mode d emploi gt octobre d cembre 2009 La recherche du bonheur a toujours t un sujet de r flexion pour l humanit Aujourd hui nous assistons un bombardement m diatique sur cette recherche de sens la soci t du plus avoir n a pas permis un plein panouissement des individus malgr un pouvoir d achat de consommation fortement am lior sur ces cinquante derni res ann es Ce constat cette frustration entra ne deux volutions dans le champ conomique le marketing des entreprises volue en essayant de donner du sens aux marchandises vendues dans le champ politique nombreux sont ceux qui se positionnent sur ce concept de bien tre Ainsi David Cameron le leader du Parti conservateur britannique voit dans le bien tre g n ral le concept politique d terminant du XXIe si cle Je d fends au Royaume Uni l id e que nous devons d sormais consacrer toute notre nergie au BEG le bien tre g n ral Cela implique de reconna tre les facteurs sociaux culturels et moraux qui donnent un vrai sens nos vies Cela implique en particulier d assurer un environnement durable et de b tir des soci t s plus fortes Et oui cela implique d admettre que l a
4. e fait partie de la vie Les individus ne sont pas toujours heureux en plein forme motiv s performants contrairement ce que nous laisse penser l individualisme litiste du lib ralisme triomphant Comme le souligne avec justesse J C Guillebaud 4 l homme de la modernit para t d ploy dans le seul pr sent Le temps n est pas celui de l Histoire mais du chronom tre panouissement de soi m me sagesse picurienne yoga l poque aux prises avec ses courses ses h tes et ses comp titions ne s offre en compensation que des plaisirs minuscules Derri re cet empressement pour une imm diatet qui elle au moins croyons nous ne mentira pas se dessine un double deuil Celui du pass comme de l avenir Sans nous l avouer nous pr f rons g rer ou r guler le pr sent plut t que de convoquer l Histoire ou difier le futur Le mot destin qui conna t lui aussi une fortune nouvelle proc de du m me deuil L amour du destin est sans doute une sagesse individuelle il est surtout un abandon de poste Il nous invite d serter subrepticement l Histoire Ernest Simon 1 Newsweek cit in Courrier International ao t 2007 2 80 des jouets seraient d sormais fabriqu s en Chine nos enfants sont peut tre uniques mais ils ont tous les m mes jouets 3 Denis Collin La th orie de la connaissance chez Marx 1996 c est la diff rence entre la puissance et l acte qui permet de
5. producteurs de ces m mes rapports On retrouve ici toute l aventure intellectuelle du marxisme Plut t que de sp culer sur le concept g n rique d une nature humaine existante en soi les tres humains sont d abord des individus en acte qui agissent vivent se d ploient au sein d un mode de production donn Mais en puissance ces individus poss dent des facult s qui sommeillent et peuvent tre mises en mouvement sans modifications profondes des rapports sociaux de production ce d veloppement est compromis 3 C est pourquoi dans le champ politique se focaliser sur le bien tre des individus et donc sous entendu sur une certaine forme d ali nation n aura de sens que si le d bat est d plac dans l ordre des rapports sociaux de production donc de l exploitation Par ailleurs une politique de la recherche du bonheur peut s av rer extr mement dangereuse Le pouvoir politique n a pas s occuper du sentiment de bonheur des individus mais des conditions qui permettent l panouissement des citoyens Il faut prendre garde un culte de la positivit qui r duit notre tol rance la souffrance d autrui par exemple on entend souvent que tel individu a tout pour tre heureux sous entendu s il ne l est pas c est sa responsabilit individuelle qui est en cause Le mythe d un bien tre perp tuel est contraire la vie qui est aussi faite de conflits de tensions de tristesses Si la d pression est une maladie le mal tr
6. rgent n est pas tout et que la qualit de vie est plus importante que la quantit d argent Je pense que le centre droit peut tre le champion de cette cause Le centre gauche ne s est jamais r ellement pr occup du bien tre car il traite les individus comme des unit s de compte Et il a du mal comprendre qu il ne suffit pas d un coup de plume du l gislateur pour mettre en oeuvre le bonheur La politique du bonheur doit plut t tre fond e sur le partage des responsabilit s 1 Individu individualisme et rapports sociaux Le bien tre est donc un concept ambivalent qui associ des ambitions de fa ade peut conduire une simple perp tuation du mod le de d veloppement actuel En effet tout en d plorant l individualisme de nos soci t s tout est fait pour faire croire que les individus sont responsables libres de leurs choix de consommation libert qui leur permet de construire un parcours unique un destin fait de l achat de produits pourtant identiques partout dans le monde 2 Aussi se limiter au constat qu partir d un certain seuil de d veloppement le niveau de vie ne suffit pas au bonheur Copyright D mocratie amp Socialisme Page 2 3 La soci t du bien tre c est aller au devant de deux cueils Tout d abord cela revient d contextualiser les individus L tre humain n existe pas hors sol les individus sont la fois ins r s dans des rapports sociaux de production et
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