D Lorrain - Michel-Ange - Sprechen über Bilder Sprechen in Bildern
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1. Amour est un concept concetto de la beaut imagi n e ou vue dedans le c ur 38 9 10 Elle est li e la n gativit et la corpor it la m lancolie et sa capacit m taphoriser car le c ur est habit par la dyna mique de vie et d amour dont il se nourrit Amour il n est visage ici bas qui gale l image dans le c ur qu on attise et nourrit 49 1 3 La dynamique de vie l uvre dans la relation la fois r elle et phantasmatique du sujet l Autre rel ve d un figural qui nous l avons vu se d ploie comme image figure interne De plus ce figural fonde aussi la gr ce de l Autre la fois infi nie gr ce et beaut galement infinies 114 13 inou e et merveilleuse ainsi que provoquant par ses qualit s esth tiques merveillement et m lancolie Linfini du figural implique que celui ci n est pas mesurable ce en quoi Michel Ange est mani riste et se rapproche aussi des r flexions du Cusain de Copernic et de Bruno sur linfini MAGIE M LANCOLIE ET PAROLE SUR L IMAGE CHEZ MICHEL ANGE Ce figural rel ve en outre de la production d une forme par modelage et retrait partir d un geste d articulation Elle charme beaucoup l uvre de l art pre mier primarte qui nous assemble assembra traits et gestes en des membres plus vivants un corps humain en cire glaise ou pierre 237 1 4 Dans les po mes ma giques le monde et les existants ont t2. cr s et articul s par l Autre d miurge Dans le po me 41 l Autre et sa gr ce sont l uvre du d miurge ou de la nature et du ciel d miurgiques esprit o se voit dans ton beau corps combien nature et ciel peuvent ici bas en cr ant une uvre 1 4 De plus la figure de l Autre est l image de la figure du monde cr e par le d miurge Pour le Je percevoir voir men talement et produire le figural de la dynamique de vie de l Autre et de l amour c est tre tel le demiurge Car l acte de sculpter pens sur le mod le de l art demiurgique articulant des membres est aussi celui du Je Mon grossier marteau de durs rochers tire telle ou telle forme du ministre qui le guide Mon uvre imparfaite chouera si le divin forgeron le d miurge ne l aide 46 1 3 et 12 13 Le sujet producteur de l uvre mais aussi r cepteur peut acc der cette dyna mique de vie si au sein de ce geste cr atif de perception de vision mentale ou de pro duction il se confronte au fait de br ler et d aimer Avec lui vint un messager d Amour qui me dit Aime et br le 239 6 7 Le sujet labore ainsi la m lan colie la corpor it et la n gativit c est dire la souffrance et la peur mais aussi la fragilit qui est celle du c ur faible c ur 176 6 Alors tandis que le c ur est trop enflamm par l excessive ardeur de l amour l hume
3. Cette l vation permet un approfondissement dans la douceur l me la fin retourne en sa douce et d sir e v ture 140 1 2 de la n pativit et de la corpor it Sur ce dernier point en effet le ciel vers lequel le 161 162 DIMITRI LORRAIN Je s l ve est ami des amants 134 10 11 et nous accorde de monter au para dis avec le corps mortel 154 9 10 La relation amoureuse et l art m lancolique entrainent ainsi un renouveau magique de l existence terrestre du Je Les Rime d ploient en fait une th orie de l uvre dans laquelle l image et le po me sont habit s par la dynamique de vie l amour et la figure vivante de l Autre Dans le po me 152 la sculpture anim e mod le des autres arts est ainsi d finie comme une vive figure 3 ce qui fait cho aux vers 240 1 3 dans la seule pierre vivante pietra viva l art veut qu en ce lieu vive autant que les ans le visage de celle ci De plus l animation de l image et du po me fait de ceux ci des corps de chair vivante sur le mod le de la sculpture dont on a t le trop de mati re toute uvre bonne voile avec son corce le surcro t de la chair propre 152 7 8 En outre le sujet cr ateur est pr sent dans l image l artiste se peint soi m me 173 11 D un point de vue esth tique l image et le po me sont d une beaut gracieuse et inou e Dans le po me 90 o le Je et les uvres sont id
4. Mastrocola Introduzione dans Michelangelo Rime e let tere Turin 1989 p 9 43 ici p 17 19 10 Le concetto est un concept po tique et abstrait 11 La negativite est la fois le d sir la souffrance la peur et la fragilit li s la m lancolie exc dant le sujet et demandant une laboration du fait de cet exc s 12 Sur la figure ou le figural voir entre autres Georges Didi Huberman Fra Angelico Dissemblance et figuration Paris 1990 Bernard Vouilloux L nterstice figural Sainte Foy Grenoble 1994 Jackie Pigeaud L art et le vivant Paris 1995 Philippe Dubois La question des Figures travers les champs du savoir dans Fran ois Aubral et Dominique Chateau d La figure le figural Paris 1999 p 11 24 Erich Auerbach Figura 1938 Paris 2003 Gottfried Boehm Die ikonische Figuration dans id Gabrielle Brandstetter et Achatz von M ller d Figur und Figura tion Munich 2007 p 33 52 13 Voir Mastrocola 1989 note 9 p 15 14 Cette expression en plus de renvoyer la sculpture fait cho primo fattor qualifiant le d miurge 76 2 15 Sur le caract re cr atif de la perception voir dans le pr sent volume Muriel van Vliet Le ph nom ne originaire de pr gnance symbolique chez Ernst Cassirer Maurice Mer leau Ponty et Claude L vi Strauss 16 Les larmes 17 Voir Anne Marie Lecoq Francois I imaginaire Paris 1987 p 42 18 Sur l analogisme renaissa
5. personnelle Dans l immense bibliographie sur le Jugement rappelons que Giovanni Careri a clair de mani re nouvelle sa ligne m lodique li e l vang lisme Parmi ses publica tions citons Le temps du Jugement dans id et al d Traditions et temporalit s des images Paris 2009 p 129 142 et La torpeur des anc tres Juifs et chr tiens dans la chapelle Sixtine Paris 2013 Les images et les uvres litt raires de la fin de l poque renaissante sont tr s souvent polyphoniques pour ces derni res voir Michel Jeanneret Le d fi des signes Orl ans 1994 3 Il existe dans les Rime un groupe de po mes magiques que nous ne pouvons ici caract riser 4 C est l une image classique de la m lancolie 5 Voir Jean Starobinski L encre noire de la m lancolie dans M lancolie g nie et folie en Occident d par Jean Clair cat exp Paris Galeries nationales du Grand Palais Paris 2005 Jackie Pigeaud De la m lancolie Paris 2005 Pour Michel Ange voir Yves Hersant Le marteau de Michel Ange dans Communications 6411 1997 p 77 87 6 Spirito qualifie ici l Autre comme esprit mais aussi la force pneumatique de vie habitant le c ur du Je 7 Nous parlons de bont pour prendre en compte la dou ceur de l Autre aucune autre me que la tienne ne donne dame vie ni souffle plus doux 139 2 3 8 La m lancolie est ici mort 9 Sur le lien entre perception et vision mentale voir Paola
6. Amour Et cette dynamique n est pas seulement pr sente dans le Je et le Tu elle parcourt l ensemble du monde ainsi en 170 1 2 o l Autre a cette grande beaut diffusant un feu ardent en mille c urs qu elle embrase Elle s incarne dans divers l ments comme le feu nous l avons vu mais galement le souffle spirito heureux esprit spirito qui tient en vie mon c ur vieux en mourir 79 1 2 ou la lumi re ainsi en 38 5 6 Amour vertu vitale et clairante veille nos esprits 160 DIMITRI LORRAIN Cette dynamique de vie et d amour est en outre incarn e dans le monde par l Autre de mon seigneur seul est le privil ge d accroitre la vie 39 3 4 Or cet Autre est un tre la fois exemplaire il n est au ciel plus bel tre ou gracieux qui soit pour la nature exemple 209 3 4 et pluriel Sa pluralit s exprime dans le fait qu il est en m me temps l tre aim le Christ source de bont fonte di pie t 16 2 piet signifiant aussi pi t et charit le d miurge primo fattor 76 2 Apollon fixer Ph bus 100 6 le soleil vous mon soleil 81 6 et les astres nos astres ternels nous restaurent 45 4 5 LAutre est enfin d mo nique en ce qu il est Amour par exemple en 42 1 esprit et d mons auxquels le Je s adresse comme en 110 1 2 c est vous que je parle qui au monde avez donn l me et le corps et
7. de ren voyer D une convenence ouvrant de nouveaux possibles Didier Debaise et al Faire art comme on fait soci t les Nouveaux Commanditaires Dijon 2013 p 71 88 73 Sur une telle transformation par la lecture d uvres lit t raires voir Marielle Mac Fa ons de lire mani res d tre Paris 2011 28 TAFELN PLANCHES VI Michel Ange Le Jugement dernier 1536 1541 fresque Rome chapelle Sixtine Abbildungsnachweis Bader Grave Sprechen ber Bilder Sprechen in Bildern Einleitende berlegungen Abb 1 Bildarchiv Preussischer Kulturbesitz No 66868 bpk Museo Diocesano Cortona Scala Die Verk ndigung am Cortona Altar Abb 2 Heinrich W llin Kunstgeschichtliche Grundbegriffe Das Problem der Stilentwicklung in der neueren Kunst 1915 4 Aufl M nchen 1920 S 50 51 S ntgen Distanz und Leidenschaft Diderots Auftritte vor dem Bild Abb 1 Ulrike Ittershagen Lady Hamiltons Attit den Mainz 1999 Abb 2 Thomas Struth Fotografien 1978 2010 hg von Anette Kruszynski Tobia Bezzola und James Lingwood Ausst Kat Z rich Kunsthaus u a M nchen 2010 S 46 Abb 3 Frederick Hartt David by the hand of Michelangelo the original model discovered London 1987 S 18 Abb 4 B rgerliches Leben im 18 Jahrhundert Daniel Chodowiecki 1726 1802 Zeichnungen und Druckgraphik hg von Klaus Gallwitz und Margret Stuffmann Ausst Kat Frankfurt a M St delsches Kunstinstitut und St dtische Galer
8. et demandent tre r nov s et sauv s Leurs gestes path tiques expriment la d tresse la fragilit la souffrance et pour certains m me la peur d tre attir s en enfer par des diables D autres personnages sont lev s par des anges vers le personnage central suivant une diagonale qui va de bas en haut passant par saint Laurent tenant son gril et situ sous la Vierge En bas droite un personnage m lancolique moiti assis et traditionnellement qualifi de d sesp r ill 1 se trouve enserr par deux diables et un serpent Il est dans une position de prostration terrifi e Son visage exprime la souffrance physique et morale L un de ses yeux est fixe et stup fi l autre est cach par sa main Au centre de l image se trouve le person nage central ill 2 la fois Christ et Apol lon Il se tient devant le disque solaire dont le feu et la lumi re irradient Il exprime en m me temps terribilit et douceur ou bont dont il est la source Il l ve le bras droit pour mettre en branle le Jugement Les lus proches de lui le regardent avec fascina tion stupeur et crainte comme l exprime leur geste de se prot ger d une main Au sein de l ensemble des lus ill 3 et 4 des faces ayant la forme de masques mortuaires sont pr sentes comme des pr sences spectrales Ici r gne en somme l merveillement michel angelesque tel que nous l avons d fini plus haut Dans le groupe
9. l esprit spirito ensemble Pr cisons que ces d mons sont li s l ombre puisque l ombre et la nuit qui va de pair sont deux formes de la dynamique de vie dans sa pleine f condit comme l expriment les vers 103 12 l ombre seule sert planter l homme et 102 1 et 3 nuit qui texalte sait bien voir Cela implique d ailleurs que l Autre est spectral et que la dynamique de vie est ombre et obscurit en plus d tre souffle feu lumi re Par ailleurs l Autre est un objet gracieux leggiadro et merveilleux pellegrino 16 1 2 avec toute l ambivalence dont est porteuse la cat gorie de merveilleux pour la Renaissance Car le merveilleux se comprend non seulement au sens d inou l ger doux et porteur de bonheur nous l avons vu mais aussi au sens d trange de stup fiant et d effrayant comme en 254 11 12 Des gr ces manent d elle tranges et douces et 128 9 qui ne peut que mourir cherit la peur De plus l Autre est en m me temps un tre de chair per u visuellement tant vive et de chair 54 7 et vu mentalement comme image ou figure interne Je ne puis m imaginer d autre figure 82 1 La vie mentale sculpte l image d amour de l Autre dans le c ur du Je Le souvenir en moi te sculpte vivant en mon c ur plus baignant mon visage et affligeant mon c ur 86 13 15 La vie mentale y compris dans sa dimension intellectuelle surgit du c ur
10. me que sa n gati vit et sa corpor it Par l m me le spectateur est la fois vivifie et r gul m ta morphos et r nov par la dynamique de vie par l amour et par l Autre dans une auto cr ation interminable Dans le versant magique de la fresque si le Jugement dernier est figur il est en m me temps report un temps ind fini Aussi cette image comme les po mes ma giques vise t elle aider le spectateur laborer un tre au monde m lancolique et terrestre libre et magique li e une religion magique la fois chr tienne et pa enne De plus le renouveau que provoque la fresque chez le spectateur ne consiste pas en une croyance collective mais en une croyance intersubjective prenant en compte le possible esth tique et culturel cr par l image ce possible tant ou non collective ment rig en croyance collective De nombreux l ments viennent appuyer cette lecture Bien des passages des Rime tudi s parlent par l image d l ments de la fresque et l image m lancolique et ma gique qu est le Jugement correspond par ailleurs parfaitement la conception ma gique et m lancolique de l image d velopp e dans les po mes magiques De plus en d pit de la r pression de la fin de l poque renaissante en Italie un certain nombre de personnes ont pu avoir connaissance de ce sens l poque C est en tout cas ce gu amene penser Dolce quand il crit que le magnifique Ju
11. nchen Res 2 Bavar 474 p Beibd 6 Ortlieb Miniaturen und Monogramme St phane Mallarm s Papier Bilder Abb 1 M ry Laurent Manet Mallarm et les autres Ausst Kat Nancy Mus e des Beaux Arts Versailles 2005 S 51 cat 23 Abb 2 Tafel V Rien qu un battement aux cieux L eventail dans le monde de St phane Mallarm Ausst Kat Vulaines sur Seine mus e d partemental St phane Mallarm Montreuil sous Bois 2009 S 54 Abb 3 8 Roselynne de Ayala und Jean Pierre Gu no Hg Les plus belles lettres illustr es Paris 1998 S 127 Abb 4 Biblioth que Jacques Doucet Paris MNR 1892 2 3 Abb 5 St phane Mallarm 1842 1898 Un destin d criture Ausst Kat Paris Mus e d Orsay Paris 1998 S 35 Abb 6 Biblioth que Jacques Doucet Paris MNR Ms 1195 Abb 7 St phane Mallarm Vers et Prose Morceaux choisis avec un portrait par James McN Whistler Paris 1893 Vorsatzblatt unpaginiert Lorrain Magie m lancolie et parole sur l image chez Michel Ange Tafel VI ill 1 5 Mus es du Vatican Ill 2 3 4 Takashi Okamura NTV Tokyo 290 ABBILDUNGSNACHWEIS Apel Sichtbarkeit und Eigensinn Aufmerksamkeit in Jean Philippe Toussaints L appareil photo Tafel VII Henri Matisse Retrospective hg von John Elderfield Ausst Kat New York Museum of Modern Art New York 1992 S 465 Abb 408 Succession H Matisse VG Bild Kunst Bonn 2014 Kuhn par un effet d anamorphose Das Kippen der Wahrn
12. tique 211 Quelques r flexions partir de Blumenberg Jean Claude Monod Von Blitz Flamme und Regenbogen 225 Das Sprechen in Bildern als epistemischer Schauplatz bei Walter Benjamin Sigrid Weigel Les fins du mod le rh torique 241 Bernard Vouilloux INHALT VII Le vague de la repr sentation 255 St phane Lojkine Le ph nom ne originaire de pr gnance symbolique chez Ernst Cassirer Maurice Merleau Ponty et Claude L vi Strauss la grammaire silencieuse de l uvre d art 273 Muriel van Vliet Abbildungsnachweis 289 Magie m lancolie et parole sur l image chez Michel Ange Dimitri Lorrain Fait rare dans l histoire Michel Ange est aussi grand po te qu il est artiste Il d ploie ainsi dans les Rime une parole sur l image qui nous claire sur sa pratique de celle ci Nous tudierons cette question au regard d un nouvel clairage sur les Rime et sur le Jugement dernier qui nous permettra d tablir un parall le entre ces uvres et montrera l existence au sein de la polyphonie de ces uvres d une ligne m lodique donnant une place importante la m lancolie cr atrice et relevant d une magie michelangelesque L image magique et m lancolique dans les Rime Les Po sies se fondent sur la parole d un Je fictionnel qui dans certains po mes s adresse un Tu c est dire un Autre e
13. Einleitende berlegungen Lena Bader und Johannes Grave Tafeln Planches ZUR SPRACHE KOMMEN Distanz und Leidenschaft Diderots Auftritte vor dem Bild Beate S ntgen Vor dem Bild Clemens Brentanos Achim von Arnims und Heinrich von Kleists Empfindungen vor Friedrichs Seelandschaft R diger Campe Sprechen berBilder Literarischer Abbruch und wissenschaftlicher Anspruch Gwendolin Julia Schneider Sur la koin scientifique de l histoire de l art Andreas Beyer Essayer dire ou l exp rience pour voir Georges Didi Huberman 23 33 51 73 87 VI INHALT SPRECHENDE BILDER Textl cken oder Bildfolge 129 Zwei illustrierte Flugbl tter von 1621 Ein Thema zwei Bildkonzepte Andreas Josef Vater Miniaturen und Monogramme 143 St phane Mallarm s Papier Bilder Cornelia Ortlieb Magie m lancolie et parole sur l image chez Michel Ange 159 Dimitri Lorrain Sichtbarkeit und Eigensinn 173 Aufmerksamkeit in Jean Philippe Toussaints L appareil photo Friedmar Apel par un effet d anamorphosex 181 Das Kippen der Wahrnehmung oder Schachbrett und Ged chtnisarchitektur in Georges Perecs La Vie mode d emploi Barbara Kuhn AN DEN GRENZEN DER DIFFERENZ VON SPRACHE UND BILD M taphore absolue et art non mim
14. SPRECHEN BER BILDER SPRECHEN IN BILDERN DEUTSCHES FORUM F R KUNSTGESCHICHTE CENTRE ALLEMAND D HISTOIRE DE L ART PASSAGEN PASSAGES BAND 46 Begr ndet von Thomas W Gaehtgens Herausgegeben von Thomas Kirchner SPRECHEN BER BILDER SPRECHEN IN BILDERN Studien zum Wechselverh ltnis von Bild und Sprache Herausgegeben von Lena Bader Georges Didi Huberman und Johannes Grave DEUTSCHER KUNSTVERLAG Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie detaillierte bibliografische Daten sind im Internet ber http dnb dnb de abrufbar Deutsches Forum f r Kunstgeschichte Paris Abteilung deutsche Publikationen Leitung Lena Bader Assistenz Mathilde Heitmann Taillefer Brigitte Sahler Lucia Sei Lektorat Fran oise Clausse frz Beitr ge Luzie Diekmann Deutscher Kunstverlag dt Beitr ge Layout und Satz R diger Kern Berlin Druck und Bindung AZ Druck und Datentechnik Berlin Umschlagabbildung Fra Angelico Verk ndigung 1433 34 Tempera auf Holz 175 x 180 cm Cortona Museo Diocesano Detail bpk Museo Diocesano 2014 Deutscher Kunstverlag GmbH Berlin M nchen Paul Lincke Ufer 34 D 10999 Berlin www deutscherkunstverlag de ISBN 978 3 422 07276 3 Inhalt b 01811 0 g E ren 27 Er kokana E ee Ee AER Andreas Beyer Sprechen ber Bilder Sprechen in Bildern
15. alit des masques voir Belting 2004 note 29 p 153 240 51 Sur la chair dans le Jugement voir Albert Boesten Stengel Himmelfahrt und H llensturz Bilderfindung und Typen geschichte in Michelangelos J ngstem Gericht dans Folia Historiae Artium n s t 11 2007 p 27 41 52 Sur la dimension conflictuelle de la figure dans le Juge ment dont celle du personnage central voir Careri 2009 note 2 p 133 134 53 Voir Lecoq 1987 note 17 p 35 52 54 La fonction anagogigue des diagonales a t not e en premier par Leo Steinberg entre autres dans The Line of Fate in Michelangelo s Painting dans Critical Inguiry 6 printemps 1980 p 411 454 55 La fonction mn monique de ce type d image a t tu dide de mani re anthropologique par Carlo Severi Le prin cipe de la chim re Paris 2007 56 Sur ce possible voir Pierre Francastel Za Figure et le Lieu Paris 1973 p 255 57 Lodovico Dolce Dialogue de la peinture intitul VArdtin 1557 d par Lauriane Fallay d Este et Nathalie Bauer Pa ris 1996 p 87 88 58 Voir Lecoq 1997 note 17 p 35 52 59 Voir Elisabetta Fadda Arte e alchimia negli ultimi anni del Parmigianino dans Morel 2006 note 29 p 295 324 60 Voir Morel 2008 note 29 p 94 229 61 Giovanni Pico della Mirandola De la dignit de l homme d par Yves Hersant Paris Tel Aviv 1993 p 9 62 Sur l art de Michel Ange comme incarnant dans son dynamisme formel
16. arque est bien connu tout comme le lien la tradition qui depuis le Pseu do Aristote pense la m lancolie comme cr atrice et relie profond ment la vie men tale la corporeite Insistons sur la fa on dont Michel Ange labore de mani re singuli re et po tique des l ments de la magie n oplatonicienne renaissante Comme courant culturel de la Renaissance celle ci est diff rente du n oplatonisme strict Sa pens e comprend MAGIE M LANCOLIE ET PAROLE SUR L IMAGE CHEZ MICHEL ANGE 163 des l ments pneumophantasmatiques herm tiques et souvent astrologiques et chr tiens Contentons nous de citer quatre grandes figures de cette magie Ficin Pic de la Mirandole Agrippa de Nettesheim et Bruno seul celui ci a v cu apr s Mi chel Ange Des images et des uvres litt raires de la Renaissance lui sont li es Elle sera r prim e dans toute l Europe la fin de l poque renaissante par l absolutisme et par le christianisme dualiste sous ses formes r form e ou contre reformee Cette r pression explique d ailleurs que Michel Ange mait pas publi ses po mes de son vivant que bien des lettres qu il a crites manquent dans sa correspondance publi e et qu un grand nombre des textes importants de l poque dont celles qui concernent directement Michel Ange ne parlent pas d une telle magie Ce lien d une partie des Rime la magie n oplatonicienne n a rien d tonnant Dans sa jeunesse Michel Ange tait proche
17. de Laurent de M dicis et du cercle de lettr s qui l entourait3 et auquel ont appartenu entre autres Ficin que Michel Ange ne peut avoir connu Pic ou encore Politien dont Michel Ange tait tr s proche et qui n tait pas lui m me un penseur de la magie n oplatonicienne Les Rime laborent bien des l ments de celle ci voquons en quelques uns dans les cosmologies de Ficin Pic Agrippa et Bruno la dynamique de vie vivifiant le monde est pens e dans les termes de la tradition pneumophantasmatique qui envi sage l humain et le monde en termes de spiritus phantasticus la fois souffle et feu image interne pr sente dans le c ur du sujet force habitant le monde et articulant vie corporelle et vie mentale chez Ficin cette dynamique de vie est li e la fois la cat gorie de figure au regard sur l tre aim aux astres au soleil au Christ Eros et bien s r PAmour comme charit bont et douceur Ficin et Pic insistent sur le r le du d miurge chez Agrippa et Bruno l intellect est li l imagination la magie et surtout l ombre et au spectral chez Ficin et Agrippa la cr ation artis tique ou po tique est associ e la m lancolie sous sa forme f conde chez Ficin Pic Agrippa et Bruno l image et l criture prennent une forme hi roglyphique chez Ficin l image est pens e comme talisman magique et li un animal merveilleux comme le serpent par e
18. dit de Dismas ill 5 une grande joie meut les lus Ils s embrassent dans tous les sens du terme avec des gestes pleins de douceur En haut droite un jeune homme et un homme g ressemblant Mi 1 Michel Ange Le Jugement dernier d tail de planche VI chel Ange s treignent avec amour et se re MAGIE M LANCOLIE ET PAROLE SUR L IMAGE CHEZ MICHEL ANGE gardent profond ment dans les yeux En bas de ce groupe on trouve un personnage classiquement associ saint S bastien mais voquant aussi Eros Dans la mesure o il semble tenir un arc invisible il invite le spectateur ressentir et voir mentalement quelque chose qui n est pas visible Sous le personnage central se trouvent deux autres personnages ill 2 gauche Laurent tient un gril ce qui rappelle l hagiographie qui lui est consacr e et dans laquelle il est br l vif droite Barth lemy se situe sur la diagonale menant du personnage m lancolique vers le personnage central planche VI Il tient de sa main gauche une peau humaine ce qui renvoie au fait qu il est corch vif dans le r cit sacr contant son martyre Cette peau qu il porte la main fait aussi cho aux Rime il semble muer comme un serpent De plus Barth lemy tient de sa main droite un ciseau de sculpteur qu il pointe vers le personnage divin central Barth lemy est donc sculpteur tel le d miurge divin qui a cr le monde et les hommes Mais il est aussi sculptur
19. e la fragilit et la souffrance la peur et l appel d un renouveau terrestre et religieux Puis son regard remonte les diagonales en un mouvement anagogique menant vers le personnage central Christ Apollon soleil d miurge incarnant la dynamique de vie et d amour la fois lumineuse et spectrale mer veilleuse et incarn e Le spectateur reconna t alors Eros et les masques spectres MAGIE M LANCOLIE ET PAROLE SUR L IMAGE CHEZ MICHEL ANGE 167 en d autres termes les formes de l Autre in carnant la dynamique de vie dans la magie michelangelesque mu par l ensemble de ces vives figures de chair il voit les lus qui s merveillent au sens michelangelesque du terme pleins d amour de joie et de stupeur Puis le spectateur voit mentalement le hi roglyphe de la salamandre et le caract re abstrait de celui ci l am ne mobiliser sa vie mentale pour compl ter le visible de la fresque Il contemple visuellement et men talement l all gorie du Jugement dans toute sa complexit c est dire comme figure vivante globale ce en aimant et en br lant en somme avec un c ur m lanco lique et merveill plein d amour de joie et de bont ainsi que l invite le faire le hi roglyphe de la salamandre La contem plation de cette image magique provoque en lui la m lancolie et l aide en m me temps 4 Michel Ange Le Jugement dernier d tail de planche VI laborer celle ci de m
20. e sculpture de soi faber sui de l artiste puisque sur la peau est figur un au 2 Michel Ange Le Jugement dernier d tail de planche VI 165 166 DIMITRI LORRAIN 3 Michel Ange Le Jugement dernier d tail de planche VI toportrait de Michel Ange En m me temps il est une vive figure de chair cr e par l artiste qu est Dieu C est plus largement l ensemble des personnages de la fresque qui sont de vives figures de chair et particuli rement les lus et les anges dont les formes sont les variations toujours singuli res d une m me forme la fois gracieuse et mani riste harmonieuse et conflictuelle Par ailleurs nous trouvons dans la fresque un hi roglyphe crypt ill 2 Le Christ Apollon soleil Laurent et Barth lemy sont tous trois associ s pour la premi re fois dans l histoire de la peinture Associons les caract ristiques des deux saints Laurent br le Barth lemy mue Or c est la salamandre pr sente dans les po mes magiques qui br le et mue mais aussi dans la symbolique chr tienne repr sente le Christ solaire Ici les trois figures de Laurent de Barth lemy et du personnage central se retrouvent combin es pour former le hi roglyphe de la salamandre que nous avons trouv dans les Rime Si l on reprend le parcours op r par la contemplation du spectateur celle ci part des personnages du bas de la fresque o il se confronte la n gativit et la m lancoli
21. ehmung oder Schachbrett und Ged chtnisarchitektur in Georges Perecs La Vie mode d emploi Abb 1 Making and Meaning Holbeins Ambassadors hg von Susan Foister Ashok Roy und Martin Wyld Ausst Kat London National Gallery London 1997 Abb 114 Abb 2 Lubin Baugin Ausst Kat Orl ans Mus e des Beaux Arts d Orl ans Toulouse Mus e des Augustins Paris 2002 S 89 Monod M taphore absolue et art non mim tique Quelques r flexions partir de Blumenberg Ill 1 Uta Gerlach Laxner et Frank G nther Zehnder d Paul Klee im Rheinland Zeichnungen Aquarelle Gouachen Cologne 2003 p 107 ill 43 Weigel Von Blitz Flamme und Regenbogen Das Sprechen in Bildern als epistemischer Schauplatz bei Walter Benjamin Abb 1 Kristina Herrmann Fiore F hrer durch die Borghese Galerie Rom 1997 S 68 Abb 2 Hans von Mar es Sehnsucht nach Gemeinschaft hg von Angelika Wesenberg Ausst Kat Berlin Alte Nationalgalerie Dresden 2008 S 10 Lojkine Le vague de la repr sentation Ill 1 Connaissance des arts num ro hors s rie Lorenzo Lotto 1998 p 13 ill 9 Planche VIII Emma Barker Greuze and the Painting of Sentiment Cambridge 2005 pl 3 Ill 2 Greuze the Draftsman d par Edgar Munhall cat exp New York The Frick Collection Los Angeles The J Paul Getty Museum Londres 2002 p 131
22. entifi s l uvre magique est marqu e de l empreinte de l Autre 9 Elle est le signe de cet Autre qui ral lume rallumino la dynamique de vie de ceux qui ne voient pas les aveugles 13 Cela fait cho au fait ous Amour donne la clart 30 4 6 au Je dont en 268 6 l me craint et v n re ce que l il ne voit Ainsi nous l avons vu l image comme le po me est magique et elle est m me salamandre sortil ge elle est efficace contre l eau et le feu 90 12 or c est l encore une caract ristique de la salamandre dans l imaginaire renaissant D ailleurs la partie invisible de l image et du po me prend dans les Rime comme nous le verrons dans le Jugement une forme hieroglyphique En somme l uvre et en premier lieu l image magique et m lancolique consiste en une chair vivante habit e par la dynamique de vie et d amour la fois surnaturelle et figurale incarn e et invisible et le r cepteur de l uvre doit accueillir cette dynamique de vie en articulant d un c t la perception incarn e de l image de l autre la vision mentale de la part hi roglyphique de ce qui ne peut y tre per u Le sens historique de la magie michelangelesque Cette conception magique de l image et de la po sie est au carrefour de diff rentes traditions Le lien des Rime la po sie du mal d amour et particuli rement Dante et P tr
23. gement comporte une lecture all gorique tr s profonde laquelle n est comprise que d une lite et est li e la multitude des mes bienheureuses qui s embrassent tendrement 168 DIMITRI LORRAIN l poque renaissante l image efficace de la salamandre existe pensons par exemple au c l bre embl me de Fran ois Ier et les images magiques sont cou rantes comme par exemple dans les cas de Parmigianino ou des fresques du Pa lazzo Schifanoia Concernant le lien de Michel Ange la magie n oplatonicienne il nous faut ajouter que l id e de faber sui et d autocr ation interminable de soi trou v e dans le Jugement se retrouve chez Pic Enfin si cette tude ouvre tout un ensemble de questions il nous faut pr ciser que ces uvres de Michel Ange rel vent d un mani risme sp cifique et d une premi re modernit magique en ce qu elles sont pleinement ouvertes l infini et au vertige incarnant esth tiquement la crise sociale et culturelle du seuil de l poque moderne Parler de l image avec Michel Ange Chez le Michel Ange magique l image et le langage rel vent ainsi d un figural de nature magique et m lancolique Sa pratique m lancolique de l image et de la po sie l am ne tracer une analogie entre ces deux dispositifs culturels comme le fait la tra dition de la m lancolie cr atrice depuis le Probl me XXX du Pseudo Aristote que reprend de mani re spiritualis e la ma
24. gie n oplatonicienne Ce caract re m lancolique et figural commun l image et au langage entraine une co implication de l image et du langage Il permet aussi que la parole par l image rencontre l image et son pouvoir gr ce une r sonance entre la parole et l image C est par cette r sonance que la parole po tique montre ce qu il en est de l image et de son pouvoir en mettant au travail l inou ou l opacit sp cifique du langage Remarquons de plus que l analogisme de la magie michelangelesque entraine une analogisation de l image et du langage et permet elle aussi la pratique d une telle co implication et d une telle r sonance L histoire de l art et des images la plus f conde s est d gag e du paradigme selon lequel l uvre est lue comme un texte afin d ouvrir une tude de l image et de son pouvoir inscrite dans les sciences humaines Elle prend en compte le fait que l image comme le langage et la litt rature a une part d opacit li e sa mat rialit mais aussi sa signifiance efficace ou sa magie figurale en termes michelangelesgues Depuis cette opacit l image a un sens la fois historique et th orique dynamique et pluriel esth tique et culturel que l on peut tudier en s appuyant sur des l ments contextuels et iconographiques De plus dans la mesure o il existe aussi un pou voir du langage la fois th orique et monstratif notre parole sur l image gagne articuler tude expl
25. icite et monstration Dans ce cadre la parole par l image sur l image de Michel Ange ouvre l histoire de l art et des images de nouveaux pos sibles voquons en quelques uns pour conclure Tout d abord le fait que les Rime magiques d ploient le pouvoir monstratif du lan gage invite l historien couter la parole litt raire sur les images dans une mise en MAGIE M LANCOLIE ET PAROLE SUR L IMAGE CHEZ MICHEL ANGE 5 Michel Ange Le Jugement dernier d tail de planche VI parall le qui ne r duit pas l image au texte et tudie la signifiance efficace ou la magie figurale de la litt rature dans une optique articulant l tude rigoureuse et la part du sujet et en se d tachant de tout 4 priori normatif pour inscrire les tudes litt raires dans les sciences humaines De plus la parole de Michel Ange nous invite red finir ce qu il en est du pouvoir de notre langage afin de prendre la mesure du fait que la parole utilitariste occulte le pouvoir du langage Car comme le refoule ment de l image et de son pouvoir cette occultation du langage et de son pouvoir est une constante dans l histoire de la culture occidentale Enfin le fait que dans la parole sur l image comme dans l image michelangelesques le vivant et l amour ouvrent une joie et un renouveau surgissant d une m tamorphose m lancolique nous invite pour peu que nous en ayons le go t transformer au contact de l uvre notre ma
26. ie Frankfurt a M 1978 Kat Nr 150 Abb 5 Emma Barker Greuze and the painting of Sentiment Cambridge 2005 Abb 1 Tafel I Meisterwerke der franz sischen Genremalerei im Zeitalter von Watteau Chardin und Fragonard hg von Colin B Bailey Philip Conisbee und Thomas W Gaehtgens Ausst Kat Ottawa National Gallery of Canada u a Berlin K ln 2004 S 285 Abb 6 Diderot et l art de Boucher David les Salons 1759 1781 Ausst Kat Paris H tel de la Monnaie Paris 1984 S 16 Abb 7 Chardin hg von Pierre Rosenberg und Oliver Seifert Ausst Kat Paris Galeries nationales du Grand Palais u a D sseldorf 1999 S 119 Abb 8 Philip Conisbee Chardin Oxford 1986 S 193 Campe Vor dem Bild Clemens Brentanos Achim von Arnims und Heinrich von Kleists Empfindungen vor Friedrichs Seelandschaft Tafel II Abb 1 Werner Hofmann Caspar David Friedrich Naturwirklichkeit und Kunstwahrheit M nchen 2000 S 54 S 55 Schneider Sprechen ber Bilder Literarischer Abbruch und wissenschaftlicher Anspruch Tafel II Werner Hofmann Caspar David Friedrich Naturwirklichkeit und Kunstwahrheit M nchen 2000 S 54 Didi Huberman Essayer dire ou l exp rience pour voir Planche III ill 1 2 3 4 Photo Studio Coleman Vater Textl cken oder Bildfolge Zwei illustrierte Flugbl tter von 1621 Ein Thema zwei Bildkonzepte Tafel IV Herzog August Bibliothek Wolfenb ttel IE 89 Abb 2 Bayerische Staatsbibliothek M
27. ni re d tre toujours singuli re et par l m me notre fa on de contem pler l image et d en parler afin de les rendre peut tre plus heureuses et plus libres 169 170 DIMITRI LORRAIN 1 Sur la relation entre les Rime et les images de Michel Ange voir Leonard Barkan A Life on Paper Princeton 2010 Wolfgang Leist et Stefan Trinks Michelangelo und das Reimen der Formen dans Susanne Gramatzki et Grazia Dolores Folliero Metz d Michelangelo Buonarotti Leben Werk und Wirkung Positionen und Perspektiven der Forschung Francfort sur le Main Berlin Berne 2013 p 397 419 2 Pour une telle tude du Jugement dernier et des po mes de Michel Ange nous nous permettons de renvoyer aussi Dimitri Lorrain Creencia y sexualidad en la gaya cien cia de EI juicio final dans Dimitri Karadimas et Karine Tinat d Sexo y Fe Lecturas antropol gicas de creencias sexuales y pr cticas religiosas M xico 2014 p 47 66 Cette pr sentation nous oblige limiter la bibliographie donn e et n voquer que des passages pr cis des Rime Pour les interpr tations possibles des po mes voir Adelin Charles Fiorato Introduction Michel Ange Po sies Rime trad par Adelin Charles Fiorato Paris 2004 p xvi xxxi1 et la bibliographie donn e Nous nous appuyons sur cette dition reprenant celle de Enzo N Girardi Michelangiolo Buonarro ti Rime Bari 1960 pour en donner une traduction parfois
28. nt et l animisme voir Philippe Descola Par del nature et culture Paris 2005 19 Voir Mastrocola 1989 note 9 p 22 20 Glauco Cambon Michelangelos Poetry Fury of Form Princeton 1985 p 95 101 21 Ainsi le reste de pierre une fois mis en forme consiste en de la chair 22 Sur la sculpture vivante chez Michel Ange voir Leonard Barkan Unearthing the Past New Haven 1999 p 210 231 23 Voir Robert J Clements 7he Poetry of Michelangelo New York 1965 p 60 61 24 Le Je est comme la pierre grav e comme page ou feuille crite ou peinte 90 3 et 5 25 Si dans ce vers c est le Je qui est efficace contre l eau et le feu dans le po me nous l avons vu l uvre est identifi e au Je 26 Voir Lecoq 1987 note 17 p 42 27 Sur le hi roglyphe dans les Rime voir Barkan 2010 note 1 28 Voir Hersant 1997 note 5 29 Sur la magie n oplatonicienne parmi une importante litt rature indiquons Ioan Couliano Eros et magie la Renaissance Paris 1984 St phane Toussaint Les raisons de la magie dans Critique 673 674 juin juillet 2003 p 473 483 St phane Toussaint Humanismes antihuma nismes t 1 Paris 2008 Philippe Morel d L art de la Re naissance entre science et magie Rome Paris 2006 Philippe Morel M lissa Paris 2008 et la bibliographie donn e Sur la tradition pneumophantasmatique de l Antiquit la Re naissance voir Couliano 1984 Giorgio Agamben S
29. t dans d autres parle de cet Autre Dans le po me 90 le Je voque la cr ation po tique et picturale comme la page ou la feuille crite ou peinte 5 ou relevant de la sculpture comme la pierre grav e 3 Et la cr ation et les uvres ont une efficacit magique le Je est comme celui qui a des sortil ges incanti qui prot gent contre tous les p rils 10 11 et il vault contre l eau et le feu 12 Dans l acte de cr ation l Autre est en effet pr sent dans le c ur du Je avec toi au c ur 2 lui permettant ainsi de s aimer davantage je me suis bien plus cher que de coutume 1 Plus m me la d pr ciation de soi et la souffrance m lancolique du Je sont en quelque sorte surmont es par l acte m me m lancolique de cr ation qui permet d acc der une joie elle aussi marqu e par la m lancolie Ainsi en est il souvent dans les po mes magiques comme dans le po me 25 o l artiste peinant l uvre 7 frapp par le froid ancien 11 voit amour assi ger son c ur et son me la fois de son souffle 14 et de son feu 9 qui le r nove l enflamme l jouit 13 Nous voyons ici combien la m lancolie en plus d tre figur e est au travail dans l criture m me des po mes travers son caract re corporel et sa puissance m taphorique L image et la po sie sont habit es par une dynamique de vie organisatrice li e l
30. tanze Paris 1998 Thomas Hunkeler Le vif du sens Gen ve 2003 et la bibliographie donn e Les auteurs cit s montrent la MAGIE M LANCOLIE ET PAROLE SUR L IMAGE CHEZ MICHEL ANGE pr sence de cette tradition chez Dante et P trarque ce qui importe pour Michel Ange Sur l existence d l ments relevant de la magie n oplatonicienne et pneumophantas matique dans la litt rature renaissante par exemple chez Sc ve voir Hunkeler 2003 L histoire de l art et des images a tudi la magie n oplatonicienne voir par exemple Morel 2006 Morel 2008 ainsi que la bibliographie donn e Elle a esquiss l tude d l ments pneumophantasmatiques Jean Claude Schmitt Le corps des images Paris 2002 Hans Bel ting Pour une anthropologie des images Paris 2004 Georges Didi Huberman Gestes d air et de pierre Paris 2005 Pour une tude r cente du lien entre Michel Ange et Ficin voir Daniel Arasse Michel Ange et l index de Mo se dans id Le sujet dans le tableau Paris 2005 p 137 181 30 Voir Couliano 1984 note 29 31 Adelin Charles Fiorato Introduction dans Michel Ange Carteggio Correspondance d par Adelin Charles Fio rato 2 vol t 1 Paris 2010 p XII XV 32 Sur ce cercle voir Michael J B Allen Life as a Dead Platonist dans id et Valery Rees d Marsilio Ficino His Theology His Philosophy His Legacy Leyde 2002 p 159 178 33 Voir Couliano 1984 note 29 34 Pour to
31. une r sistance l absolutisme voir Horst Bredekamp Michelangelo F nf Essays Berlin 2009 Sur le seuil de la modernit voir Terence Cave Pr histoires textes troubl s au seuil de la modernit Gen ve 1999 63 Voir Aristote L homme de g nie et la m lancolie d par Jackie Pigeaud Paris 1988 p 83 64 Voir dans le pr sent volume Bernard Vouilloux Les fins du mod le rh torique 65 Voir Louis Marin Opacit de la peinture Paris 2006 Jo hannes Grave l uvre Paris 2011 Emmanuel Alloa Das durchscheinende Bild Zurich 2011 66 Voir Hubert Damisch Theorie du nuage Paris 1972 Marin 2006 note 65 voir aussi Horst Bredekamp Theorie des Bildakts Berlin 2011 67 J rgen Trabant Humboldt ou le sens du langage Li ge 1992 Sur le pouvoir de la m taphore voir Yves Hersant La m taphore baroque Paris 2011 68 Hubert Damisch Eight Theses for or against a Se miology of Painting dans Oxford Art Journal 28 2 2005 p 257 267 262 69 Voir Julia Kristeva Semeiotik Paris 1969 et Roland Barthes Roland Barthes Paris 1975 p 92 93 172 DIMITRI LORRAIN 70 Voir Georges Didi Huberman Devant l image Paris 1990 Gottfried Boehm d Was ist ein Bild Munich 1994 Bredekamp 2011 note 66 71 Voir Trabant 1992 note 67 Hersant 2011 note 67 p 131 171 72 Sur cette question du vivant dans l art renaissant et particuli rement chez Alberti nous nous permettons
32. ur des yeux le tem p re 45 8 9 Le Je passe par le feu et par l eau Dame qui menez les mes par l eau et le feu aux jours heureux 235 11 12 et il est vivifi m tamorphos r gul par sa m lancolie m me et conna t un renouveau lib rateur Ce processus m lancolique cr ateur est m taphoris par l image de la salamandre Dans l imaginaire renaissant celle ci est en effet un animal magique ayant pour ca ract ristique de passer par l eau et par le feu Le Je mue comme le serpent 94 7 et se transforme comme salamandre 122 5 de m me que la magie de son art fait de lui encore dans le po me 90 une salamandre Je vaux contre l eau et le feu ma salive assainit tout poison 12 et 14 Plus m me le c ur du Je est une salamandre Mon c ur vivant dans les larmes et nourri de feu 26 5 6 Dans cette analogie entre c ur et salamandre s exprime d ailleurs comme dans les nombreuses autres analogies voqu es le fait que le syst me du monde des po mes magiques rel ve de la pens e analogiste renaissante dont nous trouvons ici une forme sp cifique dans la mesure o elle est m tin e d l ments animistes ainsi que le r v le la pr sence de la m tamorphose Dans l amour cr ateur le Je s l ve vers le ciel et vers l Autre avec lui vint un messager d Amour qui me dit Aime et br le les mortels n ont d autres ailes pour monter au ciel 39 6 8
33. ut ceci voir ibid 35 Voir Toussaint 2008 note 29 p 54 55 36 Marsile Ficin De Amore d par Pierre Laurens Paris 2002 p 10 Giovanni Pico della Mirandola Heptaple dans id uvres philosophiques d par Olivier Boulnois et Giuseppe Tognon Paris 1993 p 153 37 Voir Frances A Yates Giordano Bruno et la tradition her m tique Paris 1996 p 170 176 38 Voir id L art de la m moire Paris 1975 Pour l ombre voir aussi Nuccio Ordine Le seuil de l ombre Paris 2003 39 Voir Raymond Klibansky Erwin Panofsky et Fritz Saxl Saturne et la M lancolie Paris 1989 p 389 583 Pour le sens magique de cette m lancolie voir Couliano 1984 note 29 p 78 82 40 Voir ibid par exemple p 61 65 41 Voir Morel 2008 note 29 42 Marsile Ficin De Vita d par Albano Biondi et Giulano Pisano Pordenone 1991 p 301 43 Ibid p 415 44 Sur ce dernier point en ce qui concerne Ficin et sur la normativit de celui ci voir Horst Bredekamp Le d clin du n oplatonisme Saint Pierre de Salerne 2005 45 Lus l poque m me s il n y a pas eu d dition du vivant de Michel Ange 46 Voir Careri et al 2009 note 2 p 130 47 Ce personnage est comme on le sait une reprise de l Apollon du Belv d re 48 Voir Ascanio Condivi Vie de Michel Ange d par Ber nard Faguet Paris 1977 p 146 Careri et al 2009 note 2 p 127 171 49 Lon en trouvera d autres parmi les lus 50 Sur la spectr
34. xemple chez Ficin toujours l image est aussi pens e comme statue magique La magie des Rime est plus proche de la magie n oplatonicienne sous sa forme tardive En effet celle ci a connu deux p riodes la premi re plus normative qui comme dans le cas de Ficin labore moins la n gativit la seconde qui avec Agrippa et Bruno labore plus largement la n gativit et la spectralit de l Autre dont Michel Ange est proche Malgr un loge de la main fabricatrice chez Ficin aucun de ces auteurs ne pense la fabrication d uvres en lien avec la dimension la plus char nelle de la corpor it C est pourtant ce que fait Michel Ange du fait de sa d fini tion pleinement m lancolique du figural et de la cr ation qui l am ne relier enti rement l activit de l esprit au corps et la production de m taphores ainsi que la pratiquera Bruno 164 DIMITRI LORRAIN Le Jugement dernier une image magique et m lancolique Venons en au versant magique du Jugement dernier peint entre 1536 et 1541 dans la chapelle Sixtine Rome planche VI Nous en d crirons les l ments fondamentaux en nous appuyant sur la conception de l image que d ploient les Rime magiques et en voquant la contemplation du spectateur qui conna t ces po mes et par l m me sa pens e de l image la magie n oplatonicienne ou les deux En bas gauche au jour du Jugement des personnages s veillent de la mort
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