Choix techniques et concertation sociale
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1. Nous souhaitons faire ressortir six points qui nous semblent caract ristiques de l volution de la concertation sociale lors de l introduction de nouvelles techno logies dans cette entreprise De l expertise aux expertises Alors que la direction tait hostile toute exper tise technologique pour le compte du co mit d entreprise et que la CGC y tait oppos e nous sommes pass s une sur consommation d expertises et de conseils tant de la part du comit d entreprise que de la direction Un tel mode de fonctionne ment va entra ner obligatoirement des r percussions sur le r le et la fonction de l encadrement au sein de l entreprise com me nous le verrons ult rieurement La mise en place d un nouveau mode de relations sociales la pratique d exper tise m me si elle ne s est pas d velopp e sans heurts a permis dans un premier temps de r amorcer le dialogue social entre la direction et les syndicats principa lement CFDT et CGT via le comit d entreprise puis au niveau de toute l en treprise et de trouver des modalit s nou velles d un vivre ensemble Le fait que les experts aient t d sign s par le CE a in troduit ipso facto une relation de confian ce permettant une certaine objectivisation du d bat sur l introduction de nouvelles technologies et la gestion de l entreprise Les rapports d expertise sont devenus tr s vite de v ritables outils de travail s2. la direction sera dans l obligation de pr ciser un certain nombre de points qu elle n avait pu formaliser sur le plan social et organisationnel Elle sera amen e recourir elle aussi des exper tises aupr s de cabinets conseils par exemple conseil en organisation afin de d finir techniquement les futures postes de travail et sa politique de formation Mise en vidence de mauvais choix pour l informatique tertiaire Parall le ment au projet de restructuration indus trielle l entreprise franchissait une nouvel le tape de l utilisation de son infor matique de gestion arriv e de nouveaux mat riels acquisition de logiciels etc Les lus au CE demanderont au m me ca binet d expertise de mener deux missions pour mieux comprendre la situation de l informatique de gestion l une sur le sys t me informatique d aide aux achats l autre sur les probl mes de conversion de logiciel et de langage informatique En ce qui concerne la conversion du lo giciel et le langage informatique d velop p le recours un expert posera quelques probl mes La direction de l entreprise re fusera l expertise car elle avait eu un contentieux avec l ancienne direction in formatique En effet la direction consid rait que le langage d velopp par l ancien ne direction de l informatique tait un syst me clos qui limitait trop le d velop pement de l informatique de gestion Ce conten
3. sentant demandera tre inform e sur les r f rences de l expert et souhaitera que le directeur informatique intervienne devant le CE sur les questions relevant de sa sp cialit Un vote cl turera cette r union et une majorit se d gagera dans ce sens De l opposition l acceptation de lexpertise par la direction Malgr le votre favorable du CE la di rection indiquera ult rieurement son d saccord sur cette initiative consid rant qu il n y avait pas introduction d une nouvelle technologie tout au plus transfert d une technologie existante en grande par tie dans l usine Nord situ e une centai ne de m tres de l usine Sud vers lusine Sud Suite ce refus le CE d cide alors d engager une proc dure en r f r aupr s du tribunal de grande instance T GI conform ment l article L 434 6 du Code du travail qui stipule En cas de d saccord sur la n cessit d une expertise sur le choix de l expert sur tendue de la mission qui lui est confi e ou sur l une ou l autre de ces questions la d cision est prise par le pr sident du tribunal de grande ins tance statuant en urgence r f r La saisine du juge a t pr c d e et d cid e suite une r union de travail men e par les lus du comit d entreprise la F d ra tion g n rale de l agriculture F G A CFDT un cabinet d avocats et le cabinet d expertise en nouvelles techno logies pressen
4. une expertise dans ce domaine puisque celui ci avait acquis au fil des ann es une culture informatique plus qu acceptable qu il avait suivi les balbutiements de la bureautique dans l en treprise depuis 1984 1985 et qu il s tait lui m me informatis d une mani re im portante micro ordinateurs pour effectuer la gestion le secr tariat stage de forma tion la micro informatique organis par le CE pour les salari s de l entreprise et de la r gion utilisation d un r tro projecteur assist par ordinateur pour augmenter la productivit des r unions messagerie A posteriori on peut formuler trois raisons principales qui ont pouss vraisemblable ment le CE recourir une expertise dans ce domaine La premi re est politique il n est pas question de traiter la population de bureau diff remment de la population d atelier m me si elle est minoritaire et est souvent marginalis e par le monde ou vrier La seconde provient du fait que le CE poss de une culture industrielle et ap plique parfois trop rapidement des ap proches des d marches et des raisonne ments cr dibles dans les ateliers mais inad quates et inapplicables dans les bu reaux ou aupr s d une population de bu reau La troisi me est la fois plus strat gique et technique le CE souhaite en quelque sorte teste indirectement la cr di bilit du sc nario retenu par la nouvelle quipe bureautique En guise de conclusion
5. effectif moyen annuel de ces CDD est de 163 per sonnes Il est noter que cet effectif cro t d une mani re importante entre les mois de mai et de septembre p riode de forte production pendant laquelle l effectif peut atteindre des pointes de 300 personnes en juillet et ao t Cette population a trois caract ristiques principales Elle est ouvri re 70 de l effectif to tal ne poss dant pratiquement aucune v ri table qualification ce sont avant tout des OS Elle est ancienne En effet la plupart des salari s ont t embauch s l ge de 15 ou 16 ans et sont rest s dans l tablisse ment Elle a fait carri re dans l entreprise L ascension sociale s est effectu e au sein de l entreprise puisque la plupart des ETAM sont d anciens ouvriers et que tr s souvent les cadres sont galement d origi ne maison Les ann es 70 et le d but des ann es 80 sont marqu es par de nombreux conflits du travail gr ves des OS qui demandent une revalorisation de leur statut des caristes qui en cas de m contentement bloquent le fonctionnement de l entreprise en organi sant des gr ves thromboses des extru deurs ouvriers qui par filage chaud d une mati re pouss e par une presse donnent forme un objet ici des bou teilles m contents de leurs conditions de travail Si ces actions permettent peu peu au personnel d obtenir satisfaction sur cer taines revendications tout
6. principal est situ dans l est de la France et emploie plus de 80 de l ef fectif total de l entreprise Au d but des ann es mille neuf cent quatre vingt la Direction s aper oit que malgr de bons r sultats commerciaux 2 Elle a t r alis e dans le cadre d une recherche plus g n rique portant sur L expertise en nouvelles techno logies une nouvelle dynamique de la concertation sociale D CARRE et A JOHANSEN pour le compte du Commissariat g n rai du Plan De ce fait le texte qui vous est propos provient pour partie de cette monographie mais a t compl t afin de mieux prendre en compte l volution diachronique de la concertation sociale sur les choix technologiques entre 1980 et 1990 3 M mes remarques que pr c demment 4 Nous adoptons la terminologie propos e par le juriste LYON CAEN Ce dernier pense en effet que la termi nologie de partenaires sociaux ne convient pas pour d signer convenablement la nature du r le jou par les ac teurs sociaux dans le cadre de la concertation sociale dans notre pays 5 Comme l indiquent R BAUTIER Y NICOLAS Les Z ros du management Les Cahiers du LERASS n 23 mai 1991 Ce refus du diachronique tient pour une bonne part la tradition fonctionnalis te qui inspire les travaux L entreprise est fondamentalement per ue comme une organisation en stabilit ou pour les n o fonctionnalistes en hom ostasie Les facteurs de changement qu
7. r le la place la fonction et la mission de l encadrement dans ce mode de management social des changements technologiques au sein de l entreprise L utilit de l expertise est ind niable Elle est ind niable pour la direc tion de l entreprise puisque les instances repr sentatives du personnel lui servent de levier pour moderniser l entreprise et corriger certaines erreurs Pour les syn dicats le constat est beaucoup plus nuan c La C GT met des r serves sur Futi lit de l expertise bien qu elle ait permis au personnel d appr hender les futures si tuations de travail de se familiariser et de se former l informatique mais pour elle une interrogation demeure est ce que la direction ne fait pas malgr tout ce qu elle veut En d autres termes la pro c dure est diff rente pour atteindre l ob jectif mais la finalit est la m me meilleuie productivit meilleure rentabi lit de l appareil productif et qui obligent l entreprise licencier licenciement par contrat FNE de 197 personnes en 1985 112 en 1986 que faut il alors en pen ser De m me la formation est un enjeu plusieurs expertises le soulignent mais les actions de formation ne suivent pas v ritablement Pour la C GC et FO les expertises successives ont favoris la concertation sociale ont permis de rap procher des points de vue tr s divergents et ont facilit la mise en place de moyens permett
8. rent elles De quelle mani re les espaces de n gociation se structurent ils De quel le fa on les alternatives technico sociales se d veloppent elles Comment les al liances entre acteurs voluent elles Elle souhaite galement montrer dans la mesu re du possible comment les relations so ciales pass es orientent d une mani re no toire les comportements les strat gies des diff rents protagonistes sociaux lors de changement technique Enfin elle prend en compte une lectu re sociologique du changement technique et du changement social dans l entreprise tout en privil giant la dimension diachro nique 1980 1990 de ce processus ryth m e par l introduction de nouvelles tech nologies appartenant l informatique industrielle et tertiaire et aux t l commu nications Si cette approche n est gu re no vatrice nous souhaitions cependant la d velopper dans cette monographie car elle a trop souvent tendance tre vinc e de la litt rature manag riale conomique voire sociologique Des probl mes de productivit et de comp titivit L entreprise implant e en milieu semi rural d pend du secteur agroalimentaire et r alise de l embouteillage d eaux min rales sous deux types principaux de condi tionnement bouteille en verre et PVC plastique Elle est compos e de trois ta blissements implant s dans des r gions diff rentes Sud Ouest Ouest Est L ta blissement
9. techniques de ce projet de modernisation Les d cidant faire avec c est dire d agir en ac compagnement du projet industriel et non en ignorance ou en opposition Le CE d s lors va s accrocher deux axes compl mentaires la formation et la communica tion parce qu il consid re que la mutation industrielle en cours suppose une ad qua tion de deux contraintes pour le person nel du terrain un outil de formation adapt et une volont de r ussir pour le personnel nouvellement embauch ing nieurs et techniciens une n cessit de s adapter au profil social et culturel actuel de l entreprise avec une volont r elle de communication et de formation adapt e l environnement dont il a la charge C est pour cette raison que le CE a de mand au cabinet d expertise retenu lors de la premi re expertise de continuer l aider suivre les principales tapes du projet industriel Au total six expertises seront r alis es dans le domaine industriel pay es par la direction de l entreprise conform ment aux textes de loi excep tion faite pour l une d entre elles qui tait de l ordre d un conseil plus ponctuel ap port au CE Viendront s ajouter ces ex pertises d autres plus sp cifiques r alis es par d autres cabinets portant sur des pro positions d actions formation pour les secteurs d extrusion embouteillage et maintenance par exemple En cons quence
10. CHOIX TECHNIQUES ET CONCERTATION SOCIALE Le r le de l expertise Dominique CARR R seaux n 54 CNET 1992 s la cr ation dans notre pays des Co mit s d entreprise CE en 1945 ceux ci ont eu une double attribution la gestion des fonds attribu s par l em ployeur aux uvres sociales ainsi qu un r le d information ou de consultation quant au fonctionnement et au d veloppe ment de l entreprise Cette derni re attribution a t rel gu e au second plan jusqu aux ann es 70 80 crise d un mod le de d veloppement qu on peut qualifier de fordien Deux atri butions mais d multipli es En effet les pr rogatives du CE recouvraient en r alit cinq domaines emploi les qualifications et les salaires les conditions de travail d hygi ne et de s curit l information sur la marche de l entreprise domaine cono mique commercial financier a forma tion l int ressement et la participation Si l on peut dire qu indirectement le CE avait un droit d information et de consultation sur les projets d introduction de nouvelles technologies dans les faits cette consulta tion restait trop souvent lettre morte le cadre n tant pas v ritablement appropri Jusqu la mise en place d un nouveau dis positif juridique 1982 qui devait tendre les pr rogatives du comit d entreprise la question technologique ne figurait pas ex plicitement dans le Code du travail cadre institutio
11. O mais au Comit d entre prise CE seuls les repr sentants de la CFDT delaCGT et de laCGC sont repr sent s FO a t cr e la fin des ann es 70 par un ancien militant CFDT qui jugeait trop r volutionnaires les positions tenues par son syndicat Au sein du CE la CFDT est la principale force syndicale et d tient 60 des si ges du premier coll ge les 40 restants re viennent la C G T et une majorit abso lue au deuxi me coll ge le troisi me col l ge tant en revanche d tenu par la CGC La caract ristique principale du CE re pose sur le fait que les lus disposent en r gle g n rale d un bon niveau de comp tences en mati re juridique et conomique Le niveau socio culturel du comit d en treprise est ainsi en d calage par rapport celui de la population ouvri re qui ne pos s de pas de connaissance en ces domaines mais galement vis vis de la direction de l entreprise qui n a pas un potentiel tech nique culturel et juridique important Cer tains cadres estiment en effet que la te neur des propos tenus dans les instances repr sentatives du personnel d l gu s du personnel comit d entreprise comit d hygi ne de s curit et des conditions de travail est plus int ressante et enrichissan te que celle entendue au sein des r unions de direction ou de services Un projet de modernisation industrielle tr s futuriste objet d une concertation sociale balbuti
12. ant d viter des conflits du travail cat goriels des points sensibles de l entreprise Quant la CFDT m me si elle ne souhaite pas porter un jugement d finitif sur le recours l expertise elle pense que le bilan est positif Elle estime galement que les repr sentants du personnel auront de plus en plus traiter des probl mes socio techniques ou co nomiques Pour cette raison elle pense que les instances repr sentatives du personnel si elles souhaitent remplir pleinement leur r le consultatif de vront se former et travailler conjointe ment avec des intervenants ext rieurs Mais attention le recours des inter venants ext rieurs semble indispen sable non pour d cider la place du co mit d entreprise mais seulement pour l clairer dans sa r flexion La question de fond que se pose la CF DT est la suivante quels pourraient tre dans ce contexte le r le la fonction la mis sion future du syndicalisme dans l entre prise R F RENCES ACT L expertise aupr s des comit s d entreprise un bilan de la mise en uvre de la loi du 28 octobre 1982 Paris 1986 AITEC Dossier L expertise non patro nale in Archim de et L onard n 4 Hiver 1987 1988 ARETE N gocier l ordinateur La concertation sur les nouvelles technologies dans l entreprise Ed La Documentation fran aise col Informatisation et Soci t Paris 1983 BAUTIER R Les z ros du manage ment in Les Ca
13. ante Sur le site industriel il existe deux uni t s d embouteillage distantes de quelques centaines de m tres s par es par une ligne SNCF La premi re est d j automatis e et permet de conditionner les bouteilles PVC de 1 5 litre La seconde qui conditionne es sentiellement les produits en verre perdus et consign s ne lest pas et les activit s de transfert produits y sont r alis es de ma ni re tr s traditionnelle engin l vateur Le projet de modernisation se nomme projet Sud projet parce qu il concerne l usine situ e au Sud et se d compose en quatre phases Il concerne tous les stades de production de l tablissement chargement et d chargement syst me de manutention automatique par chariots filo guid s et convoyeurs de palettes am nagement des groupes d embou teillage stockage automatis Ce projet industriel doit permettre la re structuration compl te de l usine Sud stockage chargement d chargement de wagons embouteillage flaconnage etc et sera assorti d une r duction des effec tifs Trois raisons principales ont pouss notre avis le comit d entreprise vouloir d velopper un processus de concertation sur les choix technologiques et avoir re cours un expert pour l aider appr hen der ce projet de modernisation La premi re provient du fait que la direction d entreprise n a pas souhait d velopper une v ritab
14. au mi nistre du Travail d cembre 1991 MIKOL A Dans la jungle des audits in G rer et Comprendre Annales des mines d cembre 1991 PIOTET F Nouvelles technologies nouveaux droits Positions propositions et actions de la CFDT in Sociologie du tra vail n 4 1984 REHFELDT U Strat gies syndicales et n gociations collectives sur les nou velles technologies en RFA 1967 1991 in G rer et Comprendre Annale des mines d cembre 1991 RIBOUD A Modernisation mode d emploi d Union g n rale d Editions Paris 1987
15. audit technique ne remettait pas en cause son projet technique Au contraire elle en soulignait la bonne coh rence par contre l exper tise mettait l accent sur deux points que la direction n avait pas assez formalis s Les aspects psychologiques et sociaux ne semblaient pas assez bien pris en compte par les concepteurs et la formation mettre en place serait l enjeu principal De ce type de formation des modalit s de mise en route allait d pendre en grande partie la r ussite du projet de re structuration Pour les lus du CE l expertise avait t tr s p dagogique et tr s formatrice En effet c tait la premi re fois qu un sp cialiste leur expliquait en des termes simples et pr cis le projet de restructura tion et ses diff rentes phases La CGC qui avait t r ticente mettra un nouvel avis plut t favorable des conclusions met tant en vidence les besoins de formation mais surtout ne remettant pas en cause la coh rence technique et donc la capacit de l encadrement concevoir ce type de projet Un point soulev par l expertise a pos probl me aux lus du CE plus particuli rement la CFDT mais surtout la CGT la disparition moyen terme des caristes tr s majoritairement syndiqu s chez elle Pour ces deux syndicats le pro 7 Il ne faut pas prendre l audit dans son acception traditionnelle audit financier qui a pour objet la certifi cation de l
16. e l approche historique aurait les moyens de d voiler se r duisent d s lors des dysfonctionnements et des d s quilibres provisoires que le syst me g n re lui m me sans que son tat d quilibre soit menac pour autant et qu il a le pouvoir de contr ler p 20 l entreprise rencontre la fois des pro bl mes de productivit et de comp titivit sources de r sultats financiers en baisse Face ce constat elle d cide donc d s 1982 de se lancer dans une politique de modernisation de l outil de production afin de r colter moyen terme les sains de pro ductivit indispensables son maintien sur le march face la concurrence nationale et internationale Pour moderniser l outil de production l entreprise va contracter des emprunts destin s assurer les investissements n cessaires 80 millions de francs Des relations sociales tr s conflictuelles L entreprise qui totalise en 1983 1 868 salari s permanents est compos e tr s ma joritairement d ouvriers L tablissement sur lequel porte le projet de modernisation projet Sud tablissement principal comprend 1 578 salari s qui se d compo sent en 144 cadres 596 ETAM employ s techniciens et agents de ma trise et 1 128 ouvriers L effectif masculin repr sente plus des deux tiers de l effectif total A cette population permanente vient s ajouter un volant de personnel contrats dur e d termin e En 1983 l
17. effet c est le responsable de la commission conomique secr taire adjoint au CE lu c d tiste qui a t man dat par le comit pour mener bien ce dossier Il est noter que les lois Auroux ont fait du comit d entreprise le lieu central de la concertation sociale sur les choix techno logiques Pour cette raison le CE a souhai t qu un expert puisse l aider l clairer sur le projet de restructura tion de l usine Sud afin qu il soit en me sure d mettre un avis motiv en particu lier sur les cons quences sociales l emploi les qualifications les r mun ra tions la formation et les conditions de tra vail r fl chir sur la m thode suivre pour rassembler l information se former et construire une r flexion critique Conform ment aux textes de loi en vi gueur la demande d expertise a t formu l e en s ance pl ni re de CE pour qu un accord intervienne entre le responsable d entreprise ou son repr sentant et la ma jorit des membres lus du comit Le syn dicat CGC s est d clar favorable une formation g n rale du personnel sur les diff rentes techniques informatiques mais affirmait que les probl mes sp cifiques l entreprise pouvaient s analyser sans qu il soit n cessaire de recourir des ex perts ext rieurs La CGT quelque peu h sitante se ralliera rapidement la CFDT La direction quant elle par la voix de son repr
18. es les gr ves ne sont pas victorieuses loin s en faut Par exemple celle des caristes en 1979 s est termin e sur un chec cuisant Les apr s conflits sont souvent difficiles g rer ran c urs et tensions ne s effa ant pas du jour au lendemain Les principaux conflits portent sur trois th mes l am lioration des conditions de travail la reconnaissance des OS et de l volution de leur statut et le rapproche ment des statuts entre personnel mensuel majoritairement situ dans les bureaux et personnel mensualis principalement la population d ateliers Il existait en effet de fortes in galit s de r mun ration et d avantages sociaux au d triment du personnel mensualis plus d favoris Le conflit engag en 1982 va en quelque sorte repr senter l apoth ose de cette escalade Ce sera un conflit tr s dur puisque l usine sera occup e la direction de l entreprise s questr e toute une nuit dans ses bureaux Des actions muscl es seront men es Seule l interven tion de certains responsables syndicaux et d lus politiques sur le plan local puis l arbitrage pr fectoral permettront de calmer le jeu et de d bloquer cette situation de crise intense Pour certains responsables syndicaux on est pass tr s pr s d une catastrophe car certains gr vistes taient particuli rement excit s Quatre organisations syndicales sont implant es la CFDT laCGT la CGC et F
19. hiers du LERASS n 23 mai 1991 CAM P Le droit la lumi re ou les ambivalences du savoir in Travail Em ploi n 43 1990 CAM P CHAUMETTE P L expertise technologique du comit d entreprise uni versit de Nantes facult de droit et de sciences politiques 1988 CARRE D Exp rience fran aise en mati re de concertation sociale et de re cours l expertise syndicale in BER LEUR J LOBET MARIS C POUL LET Y Evaluation sociale des nouvelles technologies de l information et de la com munication Ed Presses Universitaires de Namur Namur 1990 CARRE D De technologische exper tise ten behoeve van de onderne mingsraad stand van zaken vijf jaar na de inwerking van de wetten Auroux Jour n es de rencontre Syndicat Universit Ter Nood 1988 CARRE D JOHANSEN A L exper tise en nouvelles technologies une nou velle dynamique de la concertation sociale en entreprise Commissariat g n ral du Plan ARETE Paris 1987 CARRE D VALENDUC G Choix technologiques et concertation sociale entreprises r gions Europe d Economi ca col CPE Paris 1991 KESSLER F Les experts assistant les repr sentants du personnel en droit allemand RFA in CAM P CHAU METTE P L expertise technologique du comit d entreprise universit de Nantes 1988 LINHART D Le torticolis de l au truche d Seuil Paris 1991 LYON CAEN G Les libert s pu bliques et l emploi rapport remis
20. ie par la CGT LaCGC qui tait plut t oppos e ce genre de pratique n est pas contre les syst mes qui corrigent les erreurs des responsables surtout si celles ci sont inh rentes au syst me de fonctionnement Cette volution est sans doute due au rap port favorable remis par l expert en faveur de l ancienne direction informatique lors d une expertise sur la conversion du logi ciel et le langage informatique mais ga lement un changement de responsables la t te de ce syndicat Il est noter que l volution du syndicat c d tiste vers des pratiques d tudes et de r flexions tech niques et conomiques a pos quelques probl mes entre certains lus c d tistes qui privil giaient le social et la d fense des avantages acquis et ceux qui voulaient pri vil gier la proc dure la pol mique l expertise et la prise en compte des r alit s de l entreprise L exemple qui suit claire assez bien notre avis la poli tique men e par le secr taire du CE qui repr sente la deuxi me tendance Un rap port d expertise a mis l accent sur le fait que l informatique de production allait consid rablement transformer le m tier d extrudeur Le secr taire du CE a d cid de faire une restitution de ses travaux l ensemble des extrudeurs Apr s un ex pos p dagogique de l expert le secr taire du CE a d ploy une explication en ces termes Actuelleme
21. image fid le des comptes comme l indique A MIKOL 1991 mais plut t comme un audit op rationnel qui a pour objet le conseil l am lioration de l efficience et de l efficacit ou La conception de proc d s proc d s informatiques par exemple p 10 jet de restructuration de l usine Sud tait l occasion pour la direction de l entreprise de se d barrasser d un secteur de rapport de force traditionnellement important par ce qu effet imm diat gr ve bouchon qui arr te vite de proche en proche tout le pro cessus de production La direction depuis certaines actions paralysantes avait d j mis en place une strat gie de banalisation de l emploi de cariste Que fallait il faire Instauration progressive d un dialogue social A la suite de cette premi re expertise un dialogue social conflictuel reposant sur une pratique d expertise et un travail de r flexion en commun timide au d part s est donc engag entre la direction de l entre prise et le comit d entreprise d abord sur le plan industriel puis sur celui de l infor matique de gestion et de la bureautique ad ministrative ou commerciale Un travail d accompagnement social de la mise en uvre du projet industriel Une premi re expertise et la formation des lus du CE ont permis ces derniers d en trevoir cette deuxi me usine r alit de demain et de cerner les enjeux sociaux culturels conomiques et
22. ion de l entreprise De ce fait le comit d en treprise est devenu un acteur l gitime contre expert reconnu de tous et d sor mais incontournable Une expertise bureautique strat gique Apr s avoir men une politique de restructuration pour am liorer la producti vit sur le plan industriel la direction de l entreprise a orient sa politique partir des ann es 1987 1988 vers une meilleure productivit du personnel de bureau et un xed ploiement de sa force de vente C est dans ce contexte que le CE a confi au ca binet d expertise en nouvelles technologies d j retenu une nouvelle mission Cette mission comprenait deux objectifs effectuer un bilan de la premi re phase de bureautisation et mieux conna tre les r alisations actuelles et futures sch ma d orientation bureautique en termes de modalit s de mise en uvre politique d utilisation rentabilit escompt e pro ductivit d gag e et de choix techniques Il s agissait par exemple de d terminer avantages et inconv mients sociaux tech niques conomiques de retenir des ma t riels d di s machines de traitement de texte par rapport des mat riels polyva lents micro ordinateurs ou encore de savoir quels types de progiciel d di ou int gr on devait retenir pour r pondre la fois aux besoins de l entreprise et des salari s Il peut para tre paradoxal priori que le CE ait eu recours
23. le concertation socia le sur ce projet industriel futuriste et en core moins informer les travailleurs et leurs repr sentants sur la nature m me du projet et sur les r percussions de celui ci sur l emploi l organisation du travail les qualifications les conditions de travail etc La deuxi me est la r sultante de l volution de l attitude des repr sentants des travailleurs face la situation cono mique et sociale de l entreprise Quelque temps auparavant le CE avait demand un cabinet comptable et conomique d analyser la position de l entreprise face la concurrence Les conclusions taient alarmantes La concurrence produit plus rapidement et moindre frais cela veut dire que cette entreprise poss de un effec tif pl thorique la productivit est d faillante et la masse salariale trop impor tante En d autres termes l entreprise avait connu une p riode faste mais si elle ne prenait pas rapidement des mesures pour se redresser court terme c est son volution qui pouvait tre remise en cause et plus long terme sa survie Comme les conclusions du rapport taient identiques l analyse faite par la direction de l entre prise certains lus ont pris enfin conscien ce des r alit s conomiques de l entrepri se Sur le plan social la situation tait tr s tendue puisque si la derni re gr ve de 1982 conflit avec s questration s tait termin e au mieu
24. nnel en tant que domaine sp ci fique d information et de consultation De ce fait ce n tait finalement que par recou 1 ARETE 1983 pp 25 26 pement parce que les projets technolo giques s inscrivaient dans la politique g n rale des entreprises et parce qu ils s ap parentaient un renouvellement des m thodes de production susceptible d af fecter les situations de travail qu on pou vait en d duire la l gitimit de la consulta tion des comit s d entreprise Conscient des enjeux li s aux change ments technologiques et des difficult s d velopper un dialogue social au sein des entreprises le l gislateur a souhait adop ter la fin de l ann e 1982 une s rie de mesures permettant d am liorer et de d velopper la concertation sur les choix tech nologiques au sein des entreprises fran aises Ces mesures se sont inscrites dans la loi portant sur l extension des droits du comit d entreprise cette loi est l une des lois dites Auroux nom du ministre du Travail l poque Par ce texte le l gislateur a souhait ainsi semble t il faire du comit d entreprise le lieu privil gi o cette concertation doit s effectuer lui attri buant un sixi me domaine d intervention les nouvelles technologies Le comit d entreprise dispose ainsi depuis 1982 de deux nouvelles attributions en mati re de changements technologiques il doit tre inform et consul
25. nt vous avez une large autonomie dans votre travail et un certain nombre d avantages Si vous n ac ceptez pas de perdre une certaine autono mie vous serez ind fendables car la direc tion m nera une strat gie de banalisation de votre emploi comme elle l a fait pour 8 Les extrudeurs sont une force importante parce qu ils forment un monde culturel part dans l entreprise com me l tait auparavant les caristes et sont principalement syndiqu s la C GT les caristes Par contre si vous d cidez de mener une action d fensive le personnel de l entreprise ne vous suivra pas car vous tes per us comme des privil gi s Alors acceptez une certaine perte d autonomie en contre partie il sera possible de n go cier fermement des clauses et modalit s avec la direction Cela bien entendu ne va pas sans poser de probl mes car cer tains salari s se demandent si le r le tenu par le secr taire du CE est possible moyen terme et si oui quelles sont les fronti res ou les limites ne pas d passer Derri re ces interrogations multiples c est en r alit une question fondamentale qui merge que doit devenir la fonction syn dicale dans l entreprise La r ponse cet te question n est pas ais e parce qu elle renvoie une autre interrogation plus cru ciale encore quel doit tre le r le des syn dicats dans un processus de modernisation concert e Une volution de la fonction du c
26. o mit d entreprise le comit d entreprise qui tait avant tout un lieu de revendica tion et de consultation devient par glisse ments successifs un lieu de contre pouvoir qui labore des alternatives et n gocie des d cisions Certaines prises par la direc tion ont m me t invers es en r union de comit d entreprise Cette volution est certainement le fait de pratiques d coulant de l expertise en nouvelles technologies mais provient galement de deux autres variables D une part la stature du secr taire du CE est importante prendre en consid ration Leader charismatique il a sacrifi en quelque sorte sa vie profession nelle pour s investir compl tement dans le syndicalisme Figure du syndicalisme il fait partie de l histoire de l entreprise par ce qu il a particip tellement de ba garres et a r solu tellement de conflits qu il est devenu implicitement et tout na turellement le patron du contre pou voir Certains salari s disent m me que l entreprise poss de deux patrons le PDG et le secr taire du CE D autre part le ni veau de comp tences socio conomique juridique et culturel des lus CFDT et CGC n est pas tranger cette volution Cette caract ristique permet aux institu tions repr sentatives du personnel d appr bender rapidement des probl mes com plexes et de prendre parfois d faut la direction de l entreprise sur certains en jeu
27. pas se syndiquer m me la CGC Ils adoptent ainsi des strat gies 9 Trois ouvrages tentent v ritablement de s interroger sur ce processus Le torticolis de l autruche de D LINHART 1991 Choix technologiques et concertation sociale entreprises r gions Europe de D CARRE et G VALENDUC 1991 et Modernisation mode d emploi d A Riboud 1987 10 Ce constat est int ressant parce qu il montre que le CE qui est juridiquement un lieu d information et consul tation dans notre pays devient un lieu de n gociation ou des quasi d cisions se prennent Si cette tendance se g n ralisait les comit s d entreprise en France se rapprocheraient de leurs homologues allemands conseils d entre prise qui sont les seuls dans les faits r gir au sein des entreprises les rapports entre salari s et employeurs Pour de plus amples informations sur les conseils d entreprise et les strat gies syndicales en Allemagne il est possible de se reporter aux crits d Udo REHFELDT 1991 En ce qui concerne l expertise en technologie pour le compte des CE en Allemagne lire Francis KESSLER 1987 individuelles qui accentuent encore leur marginalisation Le d veloppement et la formalisation d un dialogue social repo sant sur le recours des intervenants ext rieurs heurtent les habitudes des cadres maison et la conception qu ils se font de leur r le et posent de multiples ques tions quels doivent tre le
28. re touch s par cette modernisation de l usine Sud L expert a associ fortement le CE dans sa mission d tude a pass un temps non n gligeable former les lus une culture informatique et leur a expliqu d une ma ni re p dagogique les tenants et les abou tissants du projet de restructuration de l usine Sud Conform ment la mission qui lui avait t confi e l expert avait fait porter son intervention sur trois volets le projet technique la r duction des effectifs et les probl mes de formation Quant aux conclusions elles ont t les suivantes Le projet Sud constitue un ensemble technique coh rent qui demande tre mieux expliqu sur le plan logistique no tamment par une valorisation permettant de comparer globalement les futurs prix de revient aux actuels Sur le plan social le projet entra nera au moins soixante Sup pressions d emploi au mouvement ca ristes et quelques postes en produc tion au cours des deux principales phases de mise en place et surtout une inad qua tion croissante entre le profil socio culturel actuel des ouvriers et les exigences futures des postes automatis s Les r actions des diff rents protago nistes suite cette premi re expertise la direction a t tr s satisfaite de l exper tise men e tant sur le plan du contenu que de la forme cela pour trois motifs principaux l expertise qui avait t v cue surtout comme un
29. st qua druple Tout d abord elle souhaite analyser les processus de concertation sociale d ve lopp s lors de changements techniques au sein des entreprises conform ment aux ar ticles L 432 2 et L 434 6 loi sur le d ve loppement des institutions repr sentatives du personnel qui fixent les modalit s de concertation sociale lors de l introduction de nouvelles technologies et offrent au co mit d entreprise la possibilit de se faire assister par un expert ext rieur dans les entreprises poss dant au moins 300 sa lari s Ensuite elle montre partir d une analyse empirique de terrain comment le changement technique et le changement social s opposent se compl tent s articu lent au sein d une entreprise Certes l en treprise tudi e poss de de nombreuses sp cificit s secteur d activit s lieu d im plantation type de population nature du projet technique relations sociales et le cas analys est quelque peu atypique parce qu il cumule les probl mes rencontr s Malgr cela nous l avons retenu dans la mesure o il avait l avantage d tre r v la teur de situations vari es rencontr es par les responsables d entreprise les salari s et leurs repr sentants lors de changements techniques dans de nombreuses entreprises fran aises Puis elle ambitionne de mettre au centre de l analyse les interrogations sui vantes comment les d cisions s labo
30. t pr alablement tout projet important d introduction de nou velles technologies lorsque celles ci sont susceptibles d avoir des cons quences sur l emploi la qualification la r mun ration la formation ou les conditions de travail du personnel Art L 432 2 et dans les entreprises d au moins trois cents salari s peut en outre avoir recours un expert l occasion de tout projet important Art L 432 4 En d autres termes cela veut dire que le comit d entreprise doit tre inform et consult lors de l introduc tion de nouvelles technologies et qu il peut s il le souhaite se faire assister d un expert pour l aider formuler un avis dans ce domaine La France n a pas t pr curseur dans ce registre puisque des modalit s simi laires ont t adopt es l gislation convention collective depuis les an n es 70 par certains pays europ ens Alle magne Pays Bas pays scandinaves pour faciliter l intervention des salari s et de leurs repr sentants sur les choix techno logiques au sein des entreprises H est noter que dans la plupart des cas ce sont les comit s d entreprise appel s le plus souvent conseils d entreprise qui ont t retenus comme lieu privil gi o doit s exercer cette concertation L tude monographique que nous pro posons provient d une recherche men e par l auteur dans une entreprise du secteur agroalimentaire L objectif en e
31. ti La question soumise au pr sident du TGI tait la suivante Y a t il oui ou non introduction d une nouvelle technolo gie dans l entreprise Le pr sident du T GI embarrass par l aspect nouveau de ce dossier et par sa technicit ne se pro nonce pas et d signe un expert judiciaire charg d tudier dans l entreprise le bien fond ou non de la demande d pos e par le CE Pendant que l expert judiciaire m ne bien sa mission ce qui demandera plu sieurs mois la direction de l entreprise s aper oit que le dossier pose technique ment des probl mes d interpr tation et s tant entour e de conseils juridiques d cide pour ne pas retarder son projet de re structuration de l usine Sud de revenir sur sa d cision et d accepter l expertise de mand e par le comit d entreprise Un ac cord intervient d s lors rapidement entre le CE et la direction Cette volution intervient parall lement la remise du rapport de l expert judi 6 Cette coordination tait jug e indispensable parce qu il fallait avancer selon le secr taire du CE actuel coup s r pour ne pas cr er une jurisprudence restrictive l application des lois Auroux Ce commentaire s ex plique par le fait que ce CE ait t l un des premiers CE de France avoir assign une direction d entreprise au pr s du TGI sur ce type de probl me ciaire aupr s du T GI qui ne propose au cune solution
32. tieux s est termin par la d mission du directeur informatique Le syndicat CGC quant lui s est oppos l exper tise sensible l aspect de remise en cause de l encadrement Le CE qui souhaitait r aliser une expertise dans ce domaine fi nira par ne pas rechercher un accord ex pertise n goci e avec la direction et r mu n rera une expertise plus limit e sur ses fonds propres expertise conseil pour la distinguer de l autre pour obtenir un avis ponctuel sur ce probl me Alors que la conversion du logiciel de gestion avait t r alis e par l ancienne di rection de l informatique le projet d aide aux achats sera con u par la nouvelle di rection informatique Les lus au CE de manderont une expertise et dans ce cas la direction acceptera Selon certains respon sables syndicaux l expertise aura surtout t accept e par la direction afin de tes ter d une mani re d tourn e le s rieux du projet d velopp par la nouvelle quipe in formatique Dans les deux cas l expertise a quoi qu il en soit r v l un mauvais choix in formatique il est m me dit dans le rapport de l expert que les progr s de l informa tique se font rebours Plus pr cis ment sur la conversion de logiciel et du langage informatique l expertise conseil aupr s du CE a certes d montr que le syst me d velopp tait contraignant et peu volutif plus que ne le pensait la direc
33. tion mais que dans les faits il tait tr s adapt aux caract ristiques de l entreprise En d autres termes l expertise donnait plut t raison l ancienne direction de l informa tique Pour l informatique d aide aux achats l expertise a mis en vidence les faits qui suivent le projet d velopp tait tr s ambitieux mais ne correspondait pas aux besoins des futurs utilisateurs et ne prenait pas assez en compte les logiques achat gestion administration de fonc tionnement diff rentes La direction de l entreprise reconnait alors le s rieux des expertises demand es par le CE et d cide d adopter une nouvelle strat gie en mati re d informatique tertiai re gestion et achats Cette derni re s en toure d un cabinet conseil pour lui confier une double mission r aliser un audit in formatique et conseiller la direction de l entreprise sur les futurs choix informa tiques A l occasion de ces expertises la posi tion de la C GC volue Elle constate que le comit d entreprise roule aussi pour les cadres de l entreprise puisque l une des expertises donnait raison d un point de vue technique l ancienne direction infor matique de l entreprise qui avait t d sa vou e par la direction g n rale Suite ces nouvelles expertises le cabi net d expertise en nouvelles technologies a assis sa cr dibilit technique aupr s de l ensemble du personnel et de la direct
34. urtout en mati re d informatique industrielle Les probl mes de proc dure et de forme s estompant les protagonistes sociaux ont pu enfin s attaquer aux probl mes de fond d une mani re moins conflictuelle Ainsi progressivement un v ritable syst me de communication et de n gociation s est 1ns titutionnalis Il repose la fois sur un dia logue social constant entre les repr sen tants des salari s et Ia direction de l entreprise et sur un rapport social fonda mentalement antagoniste entre les tra vailleurs et les patrons En d autres termes comme le dit le secr taire du CE ce dia logue est fond sur la recherche d un quilibre instable nous sommes donc loin d un mod le de relations sociales Co gestionnaire Une remise en cause de certaines pratiques syndicales selon la direction le fait que le cabinet d expertise retenu par le comit d entreprise mait pas une philo sophie hostile la technologie mais d veloppe plut t des m canismes permettant de ma triser et d orienter les choix en la mati re a t b n fique car il fait voluer les lus surtout la CFDT et dans une moindre mesure la C GT d une position de r ticence syst matique plus ou moins forte une position d acteur qui ne refuse pas les projets de modernisation bien con us techniquement et socialement La CFDT qui a t l origine de la deman de d expertise a toujours t suiv
35. v ritable En d finitive l ex pertise aura t obtenue sans que le pr si dent du T GI ait eu se prononcer sur le cas d esp ce A posteriori il semble b n fique pour la marche de l entreprise et le d roulement de l expertise qu un compromis ait t trouv entre la direction et le CE Deux raisons nous permettent de porter ce juge ment La premi re vient de ia lecture du rapport de l expert judiciaire On d couvre en le parcourant que ce dernier ne se prononce pas sur les faits pr sence de nouvelles technologies ou techno logies nouvelles et laisse apr s une dissertation parfois confuse et amphi gourique au pr sident du tribunal de soin d appr cier La seconde vient du fait que lors d une d cision judiciaire d favo rable la direction d entreprise il est tou jours plus difficile pour l expert d exer cer sa mission dans des conditions favo rables La direction ayant perdu son recours s efforce dans la mesure de ses moyens et de ses possibilit s tout en res pectant tr s scrupuleusement la loi de rendre tr s contraignant le travail de l expert Principale conclusion de l expertise un projet de modernisation technique coh rent mais en inad quation avec le profil socioculturel des salari s au cours de sa mission l expert du comit d entreprise a rencontr la fois les acteurs du projet industriel les d cideurs et les salari s qui devaient t
36. x impression qu en retiraient les lus et certainement la direc tion restait que l on tait pass c t d une catastrophe sociale De ce fait il n tait plus possible de continuer fonc tionner sur le mode ancien de r gulation sociale La troisi me raison est ext rieure l entreprise et est induite par le contexte politique ambiant Suite l arriv e de la gauche au pouvoir en 1981 et l adoption des lois dites Auroux certains syndica listes souhaitaient faire appliquer dans leur entreprise les nouvelles dispositions l gis latives notamment l article L 434 2 du Code du travail qui fixe les modalit s de la concertation sociale en mati re de choix technologique et l article L 234 6 du Co de du travail permettant au CE de se faire assister d un expert l occasion de tout projet important Cette volont tait ren forc e par le fait que le CE pratiquait de puis longtemps le recours actif l experti se comptable et diffusait r guli rement les r sultats sous forme d opuscules aupr s des salari s De m me le CE recourait une fois par an la proc dure de l expertise comptable mais usa t galement de son droit de convocation du commissaire aux comptes Principal acteur syndical de la concerta tion sur les choix technologiques la C F D T La Conf d ration fran aise d mocratique du travail a t l initiative de la d marche En
37. x conomiques ou juridiques Le secr taire du CE d finit de la mani re qui suit le r le du CE mais aussi de la CFDT comme celui de brancardier du capita lisme Un encadrement quelque peu frustr l un des probl mes qu a fait re jaillir le recours fr quent des experts ex t rieurs par le comit d entreprise ou par la direction d entreprise est celui de la margi nalisation de la population cadre par rap port aux d cisions Ce processus s effectue de deux mani res Tout d abord les cadres deviennent hors jeu puisque les n go ciations et les d cisions empruntent priori tairement le canal de communication di rection instances repr sentatives du personnel CE repr sentants syndicaux Ensuite les cadres sont parfois amers par ce que le CE ou la direction contestent leur comp tences ou savoir faire dans certains domaines sp cifiques Certes ces cadres ont peu peu accept que le CE puisse s entourer d experts par contre ils se sen tent frustr s lorsque la direction en fait de m me ou profite d une expertise deman d e par le CE pour tester la cr dibilit de certains responsables de l informatique ou de la bureautique Cette marginalisation est accentu e chez les jeunes cadres dipl m s nouvellement embauch s parce qu ils n acceptent pas que leur profession nalisme soit contest Ils ne connaissent pas l histoire sociale de l entreprise et ne souhaitent
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