D. 2011. 35, obs.
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1. indemniser un patient n ayant peut tre pas souffert d un pr judice car le doute va lui profiter La nature du pr judice que la Cour de cassation vient de consacrer ne manque pourtant pas d interroger Il s agit sans doute d un pr judice inh rent au droit viol M Bacache Le d faut d information sur les risques de l intervention quelles sanctions D 2008 1908 gal S Porchy Simon Lien causal pr judices r parables et non respect de la volont du patient D 1998 379 la r gle enfreinte tant suffisamment minente pour que le seul constat du manquement ouvre droit r paration V pour une illustration r cente de ce type de situation en mati re de voie de fait Civ 3 9 sept 2009 n 08 11 154 D 2009 2220 obs G Forest et 2010 49 obs P Brun f AJDI 2010 329 l obs R Hostiou l RDI 2009 583 obs C Morel l AJDA 2009 1639 l La r f rence aux articles 16 et 16 3 du code civil dans l arr t conduit d ailleurs assez naturellement l analyse selon laquelle la victime jouit d un droit r paration du pr judice r sultant de la seule atteinte illicite au corps humain la r f rence l article 1382 du code civil faisant d ailleurs plus allusion la fonction normative de la responsabilit civile qu sa fonction r paratrice On peut pourtant avoir une approche plus classique du pr judice caus par le manquement l obligation d information opportun ment baptis pr jud2. la proc dure p nale Qu on le veuille ou non l enfant qui par l interm diaire de ses repr sentants l gaux se constitue partie civile ne peut pourtant endosser de mani re indiscutable le statut de victime invoquant un pr judice r sultant directement des faits objets de la poursuite Il est vrai que cette objection laquelle avait d j t sensible une cour d appel il y a quelques ann es avait tout comme aujourd hui t balay e par la chambre criminelle sans d ailleurs l non plus trop s en expliquer Crim 4 f vr 1998 n 97 80 305 Bull crim n 43 M langes Alfandari 1999 75 tude F Dekeuwer D fossez D 1999 445 note D Bourgault Coudevylle RSC 1998 579 obs J P Dintilhac l RTD civ 1999 64 obs J Hauser l JCP 1998 I 185 n 15 obs G Viney et 1999 II 10178 note I Moine Dupuis C est manifestement le ma tre mot qui pr vaut tant sur la question de la recevabilit de l action civile au p nal que sur celle de la conception du rapport de causalit si selon le c l bre mot de Carbonnier le droit ne peut pr tendre l absolu de la ligne droite un peu de flexibilit ne nuit pas P B 3 Fait g n rateur Fait d autrui Apr s avoir occup le devant de la sc ne jurisprudentielle ces derni res ann es la responsabilit du fait d autrui ne suscite plus gu re semble t il de contentieux et donne lieu en tout cas bien peu de pourvois qu il s agisse ta
3. Jourdain El D sormais consacr e par l assembl e pl ni re Cass ass pl n 29 juin 2007 n 06 18 141 Bull ass pl n n 7 D 2007 2455 obs I Gallmeister 1 2346 obs F Lagarde 2408 chron J Fran ois et 2897 obs P Brun GAJC 12 d 2008 n 227 229 RTD civ 2007 782 obs P Jourdain l RCA 2007 Etude 17 par S Hocquet Berg la r gle n en rec le pas moins encore quelques incertitudes Pour r sumer l apport des deux arr ts voqu s ici on pourrait y voir l affirmation de ce que l exigence d une faute caract ris e est une condition n cessaire mais suffisante de la responsabilit des clubs fond e sur l article 1384 alin a 1 Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s Une exigence n cessaire c est ce que rappelle la Cour r gulatrice dans une esp ce o le spectateur d un match de hockey sur glace avait t bless par la projection du palet depuis la zone de jeu La haute juridiction censure l arr t qui avait retenu la responsabilit de l un des clubs participant la rencontre sur le fondement de l article 1384 alin a 17 du code civil sans relever l existence d une faute caract ris e par une violation des r gles du jeu de hockey sur glace commise par un ou plusieurs joueurs m me non identifi s membres de cette association La censure est logique au regard de la jurisprudence d sormais bien assise de la Cour de cassation sur les conditions d
4. gles du jeu Non d nu e de toute logique en apparence cette motivation n en est pas moins sanctionn e par la haute juridiction qui censure la d cision lui reprochant d avoir ainsi statu tout en relevant que l agression s tait produite sur le terrain l occasion d une altercation g n rale survenue au cours de la rencontre et que l adh rent s tait servi de sa chaussure comme d une arme On se gardera de finasser sur chacun des l ments soulign s par la deuxi me chambre civile propres selon elle justifier la condamnation au titre de la responsabilit du fait d autrui de l article 1384 alin a LS lesquels pourraient tre discut s la chaussure de football rattache l acte au jeu mais qu aurait on d cid si le dommage avait t occasionn l aide de quelque autre objet moins videmment corr l la pratique du ballon rond pour retenir le parti manifestement pris ici par la Cour de cassation de se contenter d un lien assez l che entre l acte dommageable et le jeu Autrement dit et toujours pour r sumer on peut tre tent de d duire de cette d cision que la violation caract ris e des r gles du jeu doit s entendre largement et que pour tre n cessaire cette condition est n anmoins suffisante en tant du moins qu elle ne se double pas d une exigence de connexit troite avec le jeu Reste comme tend d ailleurs le montrer aussi la motivation de cette censure qu une exig
5. serv s des contrats Dalloz Action 2010 2011 n 8134 C est au fond avec ces solutions le principe m me de la distinction entre conducteur et non conducteur qui est en cause La disparition de cette ligne de fronti re arbitraire et injuste est appel e de ses voeux par une large partie de la doctrine et envisag e par certains projets de r forme Elle se trouve aussi attaqu e d sormais par le biais des fameuses questions prioritaires de constitutionnalit m me si le succ s d une telle entreprise para t pour le moins incertain si l on en juge par la d cision rendue par la deuxi me chambre civile le 9 septembre 2010 Civ 2 9 sept 2010 n 10 12 732 Le droit r paration d une victime conductrice avait t r duit par une cour d appel en application de l article 4 motif pris de la faute commise par cette derni re Celle ci forma un pourvoi et souleva incidemment l inconstitutionnalit de cette disposition soutenant qu en diff renciant les r gimes de r paration applicables aux victimes conductrices et celles n ayant pas cette qualit le l gislateur avait enfreint le principe d galit des citoyens devant la loi et les charges publiques proclam par l article 1 dela D claration des droits de l homme et du citoyen Cette argumentation est s chement repouss e par la haute juridiction judiciaire qui pour conclure au non lieu renvoi au Conseil constitutionnel la question pos e ne pr sentant pas
6. ses yeux un caract re s rieux nonce que l article 4 de la loi Badinter r pond une situation objective particuli re dans laquelle se trouvent toutes les victimes conductrices fautives d accidents de la circulation et ne permet en rapport avec l objet de la loi qui poursuit notamment un but d int r t g n ral de limiter ou d exclure leur indemnisation que lorsque le juge constate l existence d une faute de leur part gt Autrement dit pour la Cour r gulatrice la diff renciation op r e par le l gislateur est justifi e en quelque sorte au nom de l galit Aristot licienne Ne traiter galement que toutes choses elles m mes gales et une telle diff renciation n est pas ill gitime d s lors que l exclusion ou la r duction de l indemnisation des victimes conductrices ne peut avoir lieu que si est constat e une faute de leur part Certes Admettons que l on puisse trouver dans de telles consid rations assez pour d nier l inconstitutionnalit de l article 4 Encore que l impression de loterie gt que ne manque pas de susciter chez les victimes conductrices l appr ciation souveraine laiss e aux juges du fond est assez pr gnante pour que l on puisse discuter l absence de caract re s rieux de la question pos e ici Et force est bien de rappeler que lorsqu il s agit de justifier v ritablement cette dualit de r gimes ce sont surtout les objections qui viennent l esprit V not G Viney Conclusion pros
7. 1161 obs J Peign l RTD civ 2010 111 obs P Jourdain sur l exigence de la preuve pr alable par la victime de son exposition au produit V Civ 1 24 sept 2009 n 08 10 081 Bull civ I n 186 Or cette solution jurisprudentielle a connu une fortune assez consid rable en 2010 puisqu elle a t tour tour confirm e et amplifi e Confirm e d abord par un arr t de la premi re chambre civile du 28 janvier 2010 Civ 1 28 janv 2010 n 08 18 837 Bull civ I n 22 D 2010 440 et 2671 obs P Delebecque J D Bretzner et I Gelbard Le Dauphin RCA 2010 Comm 86 obs C Rad V aussi sur cet arr t C Qu zel Ambrunaz art pr c rendu dans le m me contentieux du Distilb ne et dans des circonstances tout fait semblables celles des arr ts pr cit s de 2009 Ambplifi e ensuite avec l arr t rendu par la m me premi re chambre civile le 17 juin 2010 Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s Civ 1 17 juin 2010 n 09 67 011 D 2010 1625 obs I Gallmeister et 2092 chron N Auroy et C Creton RTD civ 2010 567 obs P Jourdain JCP 2010 n 36 870 note O Gout appliquant le m me raisonnement au b n fice de la victime d une infection nosocomiale susceptible d avoir t contract e dans plusieurs tablissements de sant qu elle avait fr quent s successivement Si l on est tent d approuver sans r serve la Cour r gulatrice d avoir
8. ce puisque le chirurgien avait engag la sienne Responsabilit civile et solidarit nationale sont elles alors condamn es n intervenir que de fa on alternative selon l expression de M Bacache op cit Non r pond la Cour de cassation qui censure les juges du fond au motif qu il r sultedu rapprochement des articles L 1142 1 et L 1142 18 du code de la sant publique que ne peuvent tre exclus du b n fice de la solidarit nationale les pr judices non indemnis s ayant pour seule origine un accident non fautif Or puisqu en l esp ce l indemnisation obtenue par la victime n tait pas imputable une faute technique du chirurgien l encontre duquel avait t exclusivement retenu un manquement son devoir d information l ONIAM devait compl ter pour le surplus l indemnisation de la victime Il est donc possible de reconna tre un partage entre responsabilit au titre d un d faut d information et accident m dical non fautif Par ailleurs exclure la solidarit nationale dans une hypoth se o le dommage r sulte d un accident m dical au seul motif qu une obligation d information du m decin n a pas t respect e heurterait le bon sens L arr t du 3 juin 2010 qui a pr cis que le pr judice r sultant du d faut d information ne transitait plus par la technique de la perte de chance V infra impactera la charge de r paration qui p sera respectivement sur l ONIAM et le m decin Si l on avait
9. discussion roulait dans les deux cas et de mani re indissociable autour du pr judice et de la causalit tout comme dans cette fameuse affaire que jugea voil dix ans d j l assembl e pl ni re de la Cour de cassation Cass ass pl n 17 nov 2000 n 99 13 701 Bull civ n 9 D 2001 332 note P Jourdain 316 concl J Sainte Rose et note D Mazeaud 489 chron J L Aubert 492 chron L Ayn s 1263 chron Y Saint Jours 1889 chron P Kayser 2796 obs F Vasseur Lambry 2002 1996 chron A S riaux et 2349 chron B Edelman GAJC 12 d 2008 n 187 l enfant n d un viol peut il se plaindre d un pr judice moral dont videmment personne ne niera la r alit non seulement lorsque le caract re incestueux du viol prive l enfant de la possibilit de faire tablir sa filiation mais plus g n ralement du fait des circonstances de sa conception qu il impute un fait g n rateur ant rieur sa naissance fait g n rateur qui est aussi le fait g n rateur de sa naissance La question m rite incontestablement d tre pos e d autant d ailleurs que si c est bien la jurisprudence Perruche qui tait la cible de l article 1 de la loi du 4 mars 2002 la situation de l enfant victime d un viol a t galement de celles envisag es lors des travaux pr paratoires et qu il n est pas d raisonnable d avancer qu elle est incluse dans la formule de l actuel arti
10. doute d faut de donner toute la lisibilit qui manque la mati re V par ex sur les d bats relatifs la notion de perte de chance P Brun Responsabilit civile extracontractuelle 2 d Litec 2009 n 181 s figer la position de la haute juridiction si l on en croit la port e normative que lui conf rent les magistrats qui l ont rendu cet arr t ayant vocation figurer au Rapport annuel de la Cour de cassation Civ 1 14 oct 2010 n 09 69 195 D 2010 2430 obs I Gallmeister et 2682 note P Sargos Une femme d c de des suites de complications d une grippe maligne Ses ayants droit r clament r paration au m decin l ayant prise en charge Leur demande est rejet e par les juges du fond Ces derniers reconnaissent il est vrai que si le m decin avait d livr des soins consciencieux attentifs et diligents l hospitalisation de la patiente serait intervenue plus t t et l antibioth rapie aurait t avanc e Cependant ils rel vent dans le m me temps qu aucun l ment m dical ne permettait de dire que cela aurait vit la d gradation brutale de l tat de sant de la victime et son d c s dans la mesure o la cause du syndrome de d tresse respiratoire aigu dont elle tait d c d e n avait pu tre d termin e Aussi bien n tait il pas possible pour la cour d appel d tablir que la faute du m decin avait fait perdre sa patiente une chance de survie Sur le fondement de l article L
11. encore vers les ressources in puisables de la th orie dite de l empreinte continue du mal de No l Dejean de la B tie Aubry et Rau Droit civil fran ais 8 d T VI 2 Litec 1989 par N Dejean de la Batie n 74 qu il faut se tourner pour trouver un peu d ordre l o l on soup onne de la d raison Le raisonnement contrefactuel caract ristique des th ories classiques de la causalit ad quate ou de l quivalence des conditions se trouve consid rablement infl chi avec cette th orie puisque l on se demande non pas si le dommage se serait n anmoins produit en l absence du fait consid r ici la conception de l enfant mais si le fait aurait galement conduit au dommage dont il est demand r paration s il n avait pr sent aucun caract re fautif ou plus largement aucun caract re d fectueux V sur l int r t et la pertinence d une telle analyse du lien causal incluant cet l ment C Qu zel Ambrunaz Essai sur la causalit en droit de la responsabilit civile Dalloz Coll Nouvelle biblioth que de th ses 2010 pr f P Brun n 240 s Or en l occurrence on peut avancer que si l enfant tait n d un rapport sexuel non d lictueux Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s le pr judice invoqu ici ne se serait pas produit ce qui rend quelque l gitimit la condamnation prononc e Reste il est vrai qu ces difficult s de fond pourraient en tre ajout es d autres tenant
12. le causal mais galement l illic it d un fait g n rateur gt du dommage sont nuls Aussi bien pour trouver un d but de justification une telle solution extensive faut il se tourner vers des consid rations notamment l id e que chacun des tablissements participe par son activit la cr ation d un risque dommageable P Jourdain obs pr c sp c p 569 On nous conc dera cependant que ce genre d explications pour n tre pas d nu de pertinence appara t cependant beaucoup plus fragile en termes de justifications juridiques et illustre bien en tout cas le glissement important qui s op re avec cette nouvelle jurisprudence La Cour de cassation sera sans doute amen e dans un plus ou moins proche avenir dessiner des contours plus pr cis cette audacieuse construction dont le bien fond sera d autant plus reconnu que les limites en auront t trac es Des limites la causalit en requiert aussi et avant tout sur le plan du droit substantiel La t che est bien d licate cependant de dessiner en la mati re les fronti res du raisonnable et si la jurisprudence s y efforce en g n ral c est bien malgr tout une impression de casuistique qui domine encore doubl e ces derni res ann es d une tendance retenir une conception plut t extensive de la causalit Les deux arr ts rendus par la chambre criminelle de la Cour de cassation le 23 septembre 2010 Crim 23 sept 2010 n 09 84 108 et n
13. peut tre pas de s en convaincre de mani re d finitive Le pr sident Sargos qui a t l un des premiers annoncer le revirement n a t il pas lui m me affirm que e manquement l obligation de recueillir le consentement clair du patient qui repose sur le principe constitutionnel de sauvegarde de la dignit de la personne humaine d passe la sph re contractuelle et ne peut tre r par que sur la base de l article 1382 du code civil op cit p 1525 Plus simplement l id e que cette obligation pr c de le contrat m dical pourrait elle seule justifier l arr t comment L attendu de principe n voque t il pas clairement une information pr alable aux investigations traitements ou actions de pr ventions propos s Quant au visa de l article 1142 1 du code de la sant publique dans l arr t du 28 janvier 2010 il pourrait simplement venir tirer les cons quences de l entr e en vigueur de la loi du 4 mars 2002 La Cour de cassation n aurait elle alors fait que d contractualiser l obligation d information du m decin On aurait peut tre pu le penser jusqu un arr t plus r cent Civ 1 14 oct 2010 n 09 69 195 cf supra et nos obs rendu sur le fondement exclusif du code de la sant publique et relatif une faute technique d un m decin qui tend cette fois ci convaincre que le fondement contractuel de la responsabilit du m decin n est plus s agissant aussi bien de la faute technique
14. que de la faute thique Pour autant elle n est pas d lictuelle puisque l article 1382 n est pas vis Mais apr s tout on peut se demander si plus fondamentalement le d bat relatif la nature contractuelle ou d lictuelle de la relation m dicale pr sente un quelconque int r t Le r gime de la responsabilit m dicale a aujourd hui un fondement l gal mis en place par la loi du 4 mars 2002 qui ne se prononce pas sur cette question sans doute parce qu elle est indiff rente L apport de l arr t du 3 juin 2010 est aussi et peut tre surtout ailleurs Il faut en effet rappeler que la Cour de cassation avait eu l occasion de poser le principe que seule pouvait tre indemnis e en cas de d faut d information la perte de chance d chapper au risque qui s est r alis Civ 1 7 f vr 1990 Bull civ I n 39 D 1991 183 obs J Penneau F RTD civ 1992 109 obs P Jourdain pour une radicalisation de cette position V Civ 1 6 d c 2007 Bull civ I n 380 D 2008 192 note P Sargos 804 chron L Neyret 2894 obs P Jourdain et 2009 1302 obs J Penneau RTD civ 2008 272 obs J Hauser l et 303 obs P Jourdain l Et m me lorsque la faute du m decin tait relev e sa responsabilit tait cart e sur la base d un d faut de pr judice r parable lorsque le patient d ment inform aurait quand m me donn son consentement l acte m dical Aucune perte de chance n
15. 010 2909 obs I Gallmeister et nos obs para tre dans ces colonnes Quoi qu il en soit d autres perspectives se font jour d sormais sur le terrain de la causalit et de sa preuve avec la pr somption que la Cour de cassation a pos e au b n fice de victimes de dommages occasionn s par des produits de sant qui se heurtaient au doute li la pluralit de responsables potentiels C est dans cet autre contentieux tr s en vue concernant les effets du Distilb ne que la haute juridiction a r solu de r gler de mani re originale cette question dite de causalit alternative V cet gard et plus g n ralement pour une tude critique approfondie de cette jurisprudence C Qu zel Ambrunaz La fiction de la causalit alternative Fondement et perspective de la jurisprudence Distilb ne D 2010 1162 en admettant que s il appartient une femme qui soutient que son pr judice est li la prise d un m dicament par sa m re en cours de grossesse de prouver qu elle a t expos e au m dicament litigieux c est une fois cette preuve rapport e chacun des laboratoires distributeurs du produit de prouver que son produit n tait pas l origine du dommage Civ 1 24 sept 2009 n 08 16 305 Bull civ I n 187 D 2009 2342 obs I Gallmeister 2010 49 obs P Brun 1162 chron C Qu zel Ambrunaz pr c et 2671 obs P Delebecque J D Bretzner et I Gelbard Le Dauphin RDSS 2009
16. 09 82 438 para tre au Bulletin D 2010 2365 obs M L na semblent a priori devoir s inscrire dans ce courant extensif Du moins sont ils de ces arr ts qui suscitent l interrogation Dans les deux affaires tait sollicit e la r paration du pr judice moral subi par l enfant n d une infraction sexuelle aggrav e agression sexuelle dans le premier cas et viol dans le second La chambre criminelle rejette le pourvoi form contre l arr t qui avait fait droit la demande d indemnisation form e au nom d un mineur n des suites d une relation sexuelle impos e et incestueuse et carte tant l argument tir de ce que le pr judice all gu ne d coulerait pas directement de l infraction au sens de l article 2 du code de proc dure p nale que celui selon lequel ce pr judice tiendrait dans le seul fait de la naissance en contravention avec la restriction issue du fameux amendement dit anti Perruche aujourd hui ins r l article L 114 5 du code de l action sociale et des familles Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s Dans l autre arr t n 09 82 438 les hauts magistrats censurent la d cision qui avait d bout la victime au motif que l enfant ne pourrait se pr valoir d un pr judice du seul fait des circonstances dans lesquelles il a t con u et nonce au contraire que le pr judice invoqu par la partie civile r sultait directement des faits criminels poursuivis Autant dire que la
17. 1142 1 I du code de la sant publique la Cour de cassation censure les juges du fond Elle affirme que la perte de chance pr sente un caract re direct et certain chaque fois qu est constat e la disparition d une ventualit favorable de sorte que ni l incertitude relative l volution de la pathologie ni l ind termination de la cause du syndrome de d tresse respiratoire aigu ayant entra n le d c s n taient de nature faire carter le lien de causalit entre la faute commise par le m decin laquelle avait eu pour effet de retarder la prise en charge de la victime et la perte d une chance de survie pour cette derni re L attendu de principe pourrait donner une impression de d j vu La premi re chambre civile n a t elle pas d j jug r cemment que seule constitue une perte de chance r parable la Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s disparition actuelle et certaine d une ventualit favorable Civ 1 21 nov 2006 n 05 15 674 Bull civ I n 498 D 2006 3013 Il ne faut pourtant pas s y tromper La modification de la place des mots implique selon toute vraisemblance un changement de raisonnement Le mode d emploi livr par la Cour de cassation dans l arr t comment pour retenir l existence d une situation de perte de chance para t en effet bien diff rent Dans l arr t de 2006 la victime devait prouver si l on a bien compris la disparition actuelle dans
18. 7 17039 prend ostensiblement le contre pied de la jurisprudence de la Cour de cassation en affirmant notamment pour conclure que la d monstration n tait pas faite en l esp ce du lien entre l affection dont souffrait la demanderesse et la vaccination que il n existe pas ce jour de consensus scientifique national et international en faveur du lien de causalit entre la vaccination contre l h patite B et les affections d my linisantes ni d association statistique significative permettant de d duire un tel lien gt On ne saurait plus clairement ignorer les principes adopt s par la premi re chambre civile de la Cour de cassation dont il r sulte notamment la prohibition faite aux juges de se fonder sur une approche probabiliste d duite exclusivement de l absence de lien scientifique et statistique entre vaccination et d veloppement de la maladie Civ L 22 mai 2008 n 05 20 317 RTD civ 2008 492 obs P Jourdain l RTD com 2009 200 obs B Bouloc B Plusieurs d cisions de juridictions du fond clairement en porte faux galement par rapport ces principes ayant t frapp es de pourvois V not Versailles 28 mai 2009 n 07 09059 la haute juridiction aura bient t l occasion de r affirmer sa position et souhaitons le de juguler cette fronde notre sens bien peu justifiable V cep peu conforme ce souhait rendu depuis la r daction de ces lignes Civ i 25 nov 2010 n 09 16 556 D 2
19. Civ 2 13 mai 2004 n 02 17 545 Bull civ II n 224 D 2005 194 et 185 obs P Delebecque P Jourdain et D Mazeaud RTD civ 2004 744 obs P Jourdain V aussi sur l exigence du caract re continu de l encha nement des collisions Civ 2 2 oct 2008 n 07 15 902 RTD civ 2009 335 obs P Jourdain l RCA 2008 Comm 323 Quant sa signification exacte la notion renvoie une d limitation strictement temporelle de l accident complexe unique En l esp ce les juges du fond avaient tir parti d une consid ration causale l observation que la deuxi me collision aurait pu tout aussi bien intervenir en l absence de la premi re pour conclure une dualit d accidents Mais leur d cision est s chement censur e la haute juridiction tant manifestement r ticente r introduire un tant soit peu de causalit en la mati re La notion d accident complexe est galement en cause dans un autre arr t rendu par la m me formation de la Cour de cassation le 1 juillet 2010 Civ 2 1 juill 2010 n 09 67 627 D 2010 1786 RLDC oct 2010 p 27 obs A Paulin mais la question r solue est diff rente En l esp ce un conducteur victime d une premi re collision tait sorti de son v hicule et avait t mortellement bless alors qu il se trouvait debout contre la porti re ouverte Les juges du fond avaient refus de faire application de l article 4 de la loi fixant le r gime
20. Recueil Dalloz Recueil Dalloz 2011 p 35 Responsabilit civile janvier 2010 octobre 2010 Philippe Brun Professeur l Universit de Savoie Centre de droit priv et public des obligations et de la consommation Olivier Gout Professeur l Universit de Savoie Centre de droit priv et public des obligations et de la consommation L essentiel Les arr ts comment s dans ce panorama ont trait aux dix premiers mois de l ann e 2010 L actualit y est tr s largement domin e sur le plan des questions abord es par le pr judice et sa r paration ainsi que l exigence de causalit lesquels ont donn lieu de nombreuses d cisions notables et s agissant des mati res concern es par une importante production jurisprudentielle dans le domaine de la responsabilit m dicale I Droit commun de la responsabilit A Conditions 1 Pr judice Variations autour de la d finition du pr judice d agr ment et du pr judice sexuel La d finition du pr judice d agr ment a beaucoup vari au point que l assembl e pl ni re s en est m l e et l a caract ris dans un arr t du 19 d cembre 2003 n 02 14 783 Bull civ ass pl n n 8 et ses nombreux commentaires V not D 2004 161 note Y Lambert Faivre et 2005 185 obs P Delebecque P Jourdain et D Mazeaud RTD civ 2004 300 obs P Jourdain comme e pr judice subjectif de caract re personnel r sultant des troubles ressentis dans les con
21. V n 108 Il avait t admis par le pass que la faute lourde pouvait tout simplement r sider dans l inex cution d une obligation contractuelle essentielle ou substantielle V par ex Civ 1 2 d c 1997 n 95 21 907 D 1998 200 obs D Mazeaud RTD civ 1998 673 obs J Mestre El JCP 1998 I 144 obs G Viney Cette analyse avait t critiqu e par une partie de la doctrine relevant que le crit re de la faute lourde ne se trouvait pas dans l importance de l obligation inex cut e mais dans le comportement du d biteur Apr s une p riode de doute la Cour de cassation l ve finalement toutes les incertitudes en affirmant que la faute lourde ne peut r sulter du seul manquement une obligation contractuelle f t elle essentielle mais doit se d duire de la gravit du comportement du d biteur Ainsi en va t il d sormais du r gime des clauses de responsabilit O G 2 Compl mentarit de la responsabilit civile et de la solidarit nationale en mati re Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s d accident m dical La victime ayant obtenu une r paration partielle de ses pr judices au titre de la responsabilit m dicale pour manquement l obligation d information peut elle pr tendre un compl ment d indemnisation de la part de l office national d indemnisation des accidents m dicaux ONIAM au titre des accidents non fautifs Telle tait en substance la belle questi
22. abilit pour faute RCA 2003 37 on aper oit surtout dans le sillage de la jurisprudence du Conseil constitutionnel appel e d sormais se d velopper y compris en droit de la responsabilit et de la r paration la mont e en puissance de notions aux contours mal d finis le Conseil consentira t il nous renseigner sur le sens exact donner cet nigmatique principe de responsabilit qu il voque de mani re r currente On attendra un peu avant de s en merveiller en remarquant que de mani re plus fondamentale ce qui ressort surtout de cette d cision c est l hommage rendu par le Conseil la r paration forfaitaire La promotion au titre de principe valeur constitutionnelle du principe de r paration int grale n est semble t il pas pour demain P B B Responsabilit s professionnelles Responsabilit m dicale un double revirement de jurisprudence Voici un nouvel arr t con u pour faire date dans le droit de la responsabilit comme en t moigne sa large publicit Il faut dire qu il fait voluer la jurisprudence de la Cour de cassation aussi bien quant au fondement de l obligation d information du m decin que quant la sanction du non respect de ce type d obligation Civ L 3 juin 2010 n 09 13 591 D 2010 1484 obs I Gallmeister 1522 note P Sargos 1801 point de vue D Bert et 2092 chron N Auroy et C Creton RDSS 2010 898 note F Arhab Girardin l RTD civ 2010 571 o
23. ainsi confort une solution qui peut se recommander de solides justifications Civ 1 28 janv 2010 pr c on est plus circonspect sur l opportunit de l extension d une telle solution des hypoth ses qui pour se rapprocher en apparence des circonstances des affaires Distilb ne s en d marquent n anmoins sur un aspect nos yeux fondamental En effet que l on voie dans ce m canisme probatoire institu par la Cour de cassation le jeu d une pr somption ou que non sans quelque argument en ce sens on consid re que cette r gle confine la fiction V en ce sens C Qu zel Ambrunaz art pr c comp O Gout note pr c on doit pouvoir s accorder du moins sur le fait que la justification d une telle d rogation au droit commun de la preuve tient avant tout dans la confrontation de la situation de la victime dont le comportement n est par hypoth se en rien r pr hensible et celle des diff rents laboratoires qui ont en commun certes pas le r le causal de leur produit dans la r alisation du dommage mais assur ment l illic it ou la d fectuosit du fait consistant avoir d livr un produit dont la d fectuosit est av r e Or comme on l a justement relev P Jourdain obs pr c cette caract ristique commune ne se retrouve pas dans le cas de l infection nosocomiale o la condamnation des diff rents tablissements fr quent s par la victime implique celle de d fendeurs dont non seulement le r
24. appliqu la nouvelle solution le pr judice d impr paration est un chef de pr judice moral l esp ce qui nous retient l assureur du m decin aurait pris en charge le seul pr judice d impr paration et l ONIAM tout le reste c est dire l ensemble des pr judices patrimoniaux et moraux qui figure dans la nomenclature Dintilhac Il n en r sultera pas toutefois in luctablement un surco t pour l ONIAM le fondement de la perte de chance ayant souvent conduit les tribunaux exclure dans les faits toute indemnisation la victime en cas de d faut d information V infra nos obs sur ce point Il reste une question r soudre Peut on consid rer que la jurisprudence d gag e par l arr t du 11 mars 2010 peut jouer en cas de faute technique du m decin cons cutive un acte de pr vention de diagnostic ou de soin La situation peut se pr senter si le d faut de prise en charge fautif n est susceptible de r parer le dommage qu au titre d une perte de chance Il suffit de penser l hypoth se o un m decin commettrait une erreur de diagnostic conduisant une infirmit du patient voire son d c s La r ponse qu on voudrait positive pourrait cependant s av rer n gative au motif que le principe de subsidiarit devrait logiquement ici reprendre son office Mais le fait que la Cour de cassation ait mobilis dans l arr t comment l article L 1142 18 du code de la sant publique qui permet la commission r gionale de c
25. appr hend distinctement du pr judice d agr ment comme le r v le un autre arr t Civ 2 17 juin 2010 n 09 15 842 D 2010 1625 RTD civ 2010 562 obs P Jourdain dans une affaire o un accident de la route demandait au juge l indemnisation des chefs de pr judices qui n auraient pas t pris en compte par le fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages avec lequel il avait transig La victime reprochait aux juges du fond d avoir consid r que le pr judice sexuel se limitait la perte de sensation de plaisir et repouss ses demandes d indemnisation de pilules de viagra Mais la Cour de cassation rejette ce moyen au motif que le pr judice sexuel comprend tous les pr judices touchant la sph re sexuelle savoir le pr judice morphologique li l atteinte aux organes sexuels primaires et secondaires r sultant du dommage subi le pr judice li l acte sexuel lui m me qui repose sur la perte du plaisir li l accomplissement de l acte sexuel qu il s agisse de la perte de l envie ou de la libido de la perte de la capacit physique de r aliser l acte ou de la perte de la capacit acc der au plaisir le pr judice li une impossibilit ou une difficult procr er D s lors l indemnisation obtenue concernait l atteinte sous toutes ses formes la vie sexuelle et incluait de ce fait le pr judice r clam par la victime Nous ferons simplement observer que la Cour de cassatio
26. bs P Jourdain JCP 2010 788 note S Porchy Simon et Chron resp civ 1015 sp c n 3 et 6 C Corgas Bernard RLDC oct 2010 21 LPA 17 18 ao t 2010 note R Milawski On se souvient que dans le c l bre arr t Mercier Civ 20 mai 1936 DP 1936 1 88 rapp Josserand et concl Matter RTD civ 1936 691 obs Demogue la Cour de cassation avait contractualis la relation existant entre un m decin et son patient Cette solution n a eu de cesse d tre critiqu e par une doctrine classique r pugnant notamment admettre l existence dans ce contexte particulier d un v ritable accord de volont s destin la cr ation d effets de droit Toujours est il que la responsabilit du m decin tait depuis classiquement engag e sur le fondement de l article 1147 du code civil notamment en cas de d faut d information ainsi que l illustrent encore des arr ts rendus tout r cemment par ex Civ 1 6 mai 2010 n 09 11 157 Dans l esp ce comment e un patient se plaignait d impuissance la suite d une adenomectomie de la prostate risque connu pour ce type d intervention Il n en avait toutefois pas t inform Sa demande d indemnisation ne prosp re gu re devant les juges du fond qui sont toutefois censur s pour manquement aux articles 16 16 3 et 1382 du code civil Il r sulte des deux premiers de ces textes affirme la Cour de cassation que toute personne a le droit d tre inform e pr alablement aux invest
27. ce qui nous retient la Cour de cassation prend la pr caution de baliser assez strictement le champ d action de sa d cision en qualifiant le pr judice retenu de pr judice sp cifique V toutefois P Jourdain obs pr c qui regrette cette qualification Cette indemnisation ne joue en effet que pour les salari s pouvant b n ficier du dispositif pr retraite amiante Il s agit ainsi de salari s expos s un risque av r et d une r elle gravit pour la sant que l on soumet des contr les et examens r guliers On est donc encore loin de l ventuelle indemnisation d un risque potentiel tel celui des antennes relais Enfin l autre message que l on peut retenir tient ce que si le l gislateur s orientait vers l adoption d une nomenclature des diff rents types de pr judices cette liste devrait tre nonciative et non pas limitative pour ne pas compromettre l mergence de nouveaux chefs de pr judice tel celui de notre esp ce O G L indemnisation de la perte d une chance de survie La coh rence des solutions jurisprudentielles relatives l indemnisation de la perte de chance de survie la suite d une faute m dicale a pu susciter la perplexit sur la question V F Descorps Decl re La coh rence de la jurisprudence de la Cour de cassation sur la perte de chance cons cutive une faute du m decin D 2005 742 L arr t rendu le 14 octobre 2010 dot d un attendu de principe clair et pr cis viendra sans
28. cette esp ce la victime avait encore la possibilit de conjurer le sort d o l affirmation de cette exigence et certaine d une ventualit favorable Dans l arr t du 14 octobre 2010 il suffit de partir du r sultat la disparition d une ventualit favorable Cette disparition conf rerait automatiquement un caract re direct et certain la perte de chance et autoriserait de ce fait l indemnisation de celui qui s en pr vaut Il semble donc que la Cour de cassation ouvre plus grandes les portes de l indemnisation sur ce terrain en facilitant le recours ce pr judice qui est au demeurant rappelons le un v ritable chef de pr judice distinct des autres Encore faut il qu un fait g n rateur de responsabilit en l esp ce la faute du m decin ait possiblement caus le dommage qui est av r sans que toutefois l on ait de certitude sur ce point Les juges du fond se sont en effet tromp s parce qu ils ont de fait exclu tout lien de causalit entre la mauvaise prise en charge du m decin et le d c s faute de pouvoir tablir la cause exacte du d c s alors pourtant que ce lien de causalit existe peut tre Et c est parce que ce lien de causalit existe peut tre que la r paration sur le fondement de la perte de chance devient possible pour ne pas dire obligatoire puisque la disparition d une ventualit favorable est constat e ce qui conf re la perte de chance un caract re direct et certain Les victimes obtiendr
29. cle 114 5 du code de l action sociale et des familles Cette derni re consid ration est il est vrai de peu de poids quand on se souvient de l nergie d ploy e en jurisprudence pour r duire la port e de ce texte V not s appuyant sur la jurisprudence de la Cour europ enne des droits de l homme Civ 1 24 janv 2006 n 02 13 775 Bull civ I n 31 D 2006 325 obs I Gallmeister et 2007 1102 obs J C Galloux et H Gaumont Prat RTD civ 2006 263 obs J P Margu naud 8 juill 2008 Bull civ I n 190 07 12 159 D 2008 2765 obs I Gallmeister note S Porchy Simon ibid 2010 604 obs J C Galloux et H Gaumont Prat RDSS 2008 975 obs P Hennion Jacquet Reste que du strict point de vue du lien de causalit la solution retenue ici ne s impose pas d vidence On avait cru comprendre notamment que l ant riorit du fait g n rateur par rapport la naissance et m me ici par rapport l accession au statut d embryon pouvait tre un obstacle l admission d un rapport de causalit V Civ 2 24 f vr 2005 n 02 11 999 Bull civ II n 53 D 2005 671 obs F Ch ned 5 et 2006 1929 obs P Jourdain RTD civ 2005 404 obs P Jourdain 5 oct 2006 n 05 18 494 Bull civ IL n 257 V cependant pour une autre explication de ces solutions P Brun Responsabilit civile extracontractuelle pr c n 242 p 156 Mais peut tre est ce une fois
30. de la r paration applicable au conducteur victime dans les rapports entre cet automobiliste et celui qui l avait percut dans un deuxi me temps au motif qu au moment de la seconde collision il n avait plus la qualit de conducteur La deuxi me chambre civile censure cette d cision en reprochant aux juges du fond de n avoir pas tir les cons quences l gales de leurs constatations Elle nonce en effet que la qualit de conducteur ou de pi ton de la victime ne pouvait changer au cours de l accident reconnu comme un accident unique et indivisible On ne peut qu approuver ne serait ce qu au nom du bon sens la logique d une telle solution il ne saurait y avoir application de diff rents statuts un m me protagoniste de l accident au gr des postures successives qu il a eues dans un carambolage aussi longtemps en tout cas que l on est en pr sence d un accident complexe que l on peut tenir pour unique Voil qui est bien jug sans doute l aune de la notion ici examin e mais quitte partir en guerre contre les qualifications al atoires en la mati re on pourrait avantageusement nous semble t il bannir galement au del du seul cas des collisions en cha nes ces variations al atoires et intempestives autour du conducteur ject qui donnent lieu des distinctions et 13 sous distinctions byzantines et malsaines V not P le Tourneau Droit de la responsabilit et Copyright 2013 Dalloz Tous droits r
31. ditions d existence Mais la nomenclature Dintilhac est pass e par l et l a d fini comme un pr judice caract re permanent visant exclusivement r parer l impossibilit pour la victime de pratiquer r guli rement une activit sportive ou de loisirs Il s appr cie in concreto en tenant compte des param tres individuels de la victime ge niveau Dans un arr t r cent Civ 2 28 mai 2009 n 08 16 829 D 2009 1606 obs I Gallmeister et 2010 49 obs O Gout RTD civ 2009 534 obs P Jourdain l JCP 2009 248 chron C Bloch sp c n 1 la Cour de cassation poursuivant son entreprise de cons cration de la nomenclature pr cit e a valid cette acception du pr judice d agr ment tout comme elle a valid le fait que la perte de la qualit de vie et des joies usuelles de la vie courante relevait du poste de pr judice de d ficit fonctionnel On pouvait d sormais croire les d bats clos en la mati re Mais voici que deux arr ts s ment nouveau la perplexit en sugg rant une nouvelle d finition du pr judice d agr ment Civ 2 8 avr 2010 n 09 11 634 et n 09 14 047 D 2010 1086 obs S Lavric 1089 point de vue P Sargos et 2102 chron J M Sommer L Leroy Gissinger H Adida Canac et S Grignon Dumoulin RTD civ 2010 559 obs P Jourdain l Dans la premi re affaire un employeur auteur d une faute inexcusable au sens de l article L 452 3 du code de la s curit
32. e mise en oeuvre de l article 1384 alin a 1 l gard des clubs sportifs L originalit de l esp ce tient plut t ici dans ce que la victime n tait pas pour une fois un des participants au jeu mais un spectateur Si l exigence de violation caract ris e des r gles du jeu est une condition n cessaire elle est aussi une condition suffisante comme le sugg re peu ou prou l arr t du 8 juillet 2010 rendu dans cette esp ce tragi comique qui avait vu un joueur de football en blesser un autre au cours d une altercation g n rale en frappant son adversaire l aide de sa chaussure qu il avait pr alablement retir e et pour ces faits tre condamn p nalement du chef de blessures volontaires avec armes Le fonds de garantie des victimes d infractions qui avait indemnis la victime s tait vu d bouter de son action contre la ligue r gionale de football dont l auteur des faits tait adh rent que cet organisme et non le seul club ait pu tre condamn sur ce fondement avec l assentiment muet de la Cour de cassation n est sans doute pas la moindre des curiosit s V l dessus les perspicaces obs de H Groutel pr c motif pris en substance de ce que ce geste Krouchtchevien qui on le sait a depuis fait cole comme geste embl matique de r sistance et de protestation en tous genres avait plac l auteur du dommage en dehors des circonstances de jeu et qu il ne pouvait tre question d s lors de violation des r
33. e pouvait donc tre retenue Dans notre esp ce et conform ment cette solution les juges du fond avaient estim que si le patient avait t inform des troubles rectiles il n aurait n anmoins pas renonc l op ration du fait des risques d infections graves que lui faisait courir la sonde qu il portait Ils ont d s lors rejet sa demande d indemnisation La censure est prononc e sur le fondement des textes pr cit s en affirmant que lenon respect du devoir d information cause celui auquel l information tait l galement due un pr judice qu en vertu du dernier des textes susvis s art 1382 c civ le juge ne peut laisser sans r paration Le revirement de jurisprudence est on ne peut plus net On est en effet pass d une obligation souvent d pourvue de sanction une sanction devenue obligatoire La Cour de cassation a en effet cr une sorte de pr somption irr fragable de Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s pr judice La r f rence aux articles 16 et 16 3 du code civil prend alors toute sa signification Le rattachement de l exigence d information un droit fondamental permet la haute juridiction de mieux justifier les cons quences qu elle tire du non respect de cette obligation en ce sens S Porchy pr c Incontestablement cette solution nous para t pr f rable l ancienne qui nourrissait la critique V par ex P Jourdain pr c quand bien m me elle conduirait
34. ement et simplement le jeu de sa responsabilit en cas d inex cution de ce type d obligation L arr t annot apprend par ailleurs que pour jauger de la lic it de la situation l tude objective de la seule clause litigieuse ne suffit pas toujours En effet ce travail pr alable doit tre compl t par une analyse plus subjective de l conomie du contrat discut pour rechercher si par extraordinaire ladite clause n est pas dot e d une contrepartie n goci e par les parties ce qui tait le cas dans l arr t du 29 juin puisque le cr ancier de l obligation inex cut e avait b n fici de conditions contractuelles particuli rement avantageuses La faute lourde peut elle r sulter du simple manquement une obligation essentielle Telle tait la deuxi me question que devait trancher la chambre commerciale pour r pondre aux moyens du pourvoi On sait que l article 1150 du code civil neutralise les clauses relatives la r paration lorsque l inex cution du contrat tient une faute dolosive ou une faute lourde du d biteur de l ex cution La faute dolosive est celle qui est faite avec l intention de nuire Quant la faute lourde il est de jurisprudence constante qu elle est caract ris e par un comportement d une extr me gravit confinant au dol et d notant l inaptitude du d biteur de l obligation l accomplissement de la mission contractuelle qu il avait accept e V par ex Com 3 avril 1990 n 88 14 871 Bull civ I
35. ence minimale de corr lation avec le jeu existe qui se manifeste notamment sur le plan temporel et spatial Toute difficult de d limitation n est donc pas exclure P B B Effets 1 Clause limitative de responsabilit et faute lourde Au titre des arr ts qui marquent l ann e 2010 il faut voquer celui rendu le 29 juin relatif la 10 responsabilit contractuelle et qui vient mettre un terme l affaire Faurecia Com 29 Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s juin 2010 n 09 11 841 D 2010 1707 obs X Delpech 1832 note D Mazeaud et 1697 dito F Rome RTD civ 2010 555 obs B Fages JCP 2010 787 note D Houtcieff et P Stoffel Munck Chron resp civ 1015 spec n 11 p 1917 JCP E 2010 1790 note P Stoffel Munck LPA 16 ao t 2010 note N Dupont Le Bail et peut tre la saga gt des clauses limitatives de r paration pour reprendre l expression d un auteur D Mazeaud pr c Les nombreux commentaires de qualit d j crits nous autorisent passer vite sur cette d cision Mais il importe n anmoins d exposer ses principaux apports car comme en atteste sa publication au rapport annuel de la Cour de cassation elle est destin e figer la jurisprudence de la haute juridiction judiciaire Un diff rend est n entre un quipementier automobile et une soci t informatique l occasion d un contrat de licence La mauvaise ex cution de ce contrat a co
36. es arr ts sugg rent tout simplement qu il existe en droit positif deux d finitions du pr judice d agr ment La premi re rel ve du droit commun et se d gage de l arr t du 28 mai 2009 cf supra La seconde est sp cifique au droit de la s curit sociale comme le r v le l attendu de principe des deux d cisions comment es Pourquoi alors en est il ainsi Officiellement il s agit de tenir compte de la particularit de la r paration des accidents du travail qui justifierait tout comme le r gime d indemnisation mis en place l autonomie de la notion de pr judice d agr ment pour ne pas frustrer la victime d un compl ment d indemnisation cf les explications des magistrats de la Cour de cassation H Adida Canac et S Grignon Dumoulin pr c Officieusement il s agit aussi sans doute de limiter les d g ts collat raux caus s par les arr ts de 2009 relatifs aux recours des tiers payeurs propos des prestations hybrides vers es par la s curit sociale sur la question V nos obs et les r f D 2010 49 sp c 53 La Cour de cassation a pris le parti l poque de consid rer que la rente vers e un accident du travail incluait non seulement les pertes de gains professionnels et l incidence professionnelle de l incapacit mais aussi le d ficit fonctionnel permanent D s lors dans l hypoth se o un tiers est responsable de l accident le recours des tiers payeurs peut s exercer sur le poste de pr judice fonct
37. ice d impr paration le patient non inform a t mis dans l impossibilit de se pr parer psychologiquement la survenue du risque non r v l J Penneau D 1999 46 N est il pas envisageable en effet de consid rer que le dommage corporel si ge de l atteinte est soit physique atteinte la chair soit psychologique atteinte l esprit et qu il peut dans les deux cas g n rer un ou plusieurs pr judices patrimoniaux ou moraux nature des int r ts l s s Le pr judice d impr paration au m me titre d ailleurs que le pr judice d affection ou celui tenant l atteinte au droit de la personnalit transiterait alors par la cat gorie des dommages corporels d ordre psychologique pour donner naissance un chef de pr judice moral Et faute de pouvoir en tablir le caract re incontestable on le pr sume RESPONSABILITE CIVILE Panorama 2010 Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s 17
38. igations traitements ou actions de pr ventions propos s des risques inh rents ceux ci et que son consentement doit tre recueilli par le praticien hors le cas o son tat rend n cessaire une intervention th rapeutique laquelle elle n est pas m me de consentir Si la Cour de cassation vise les Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s articles 16 et 16 3 cela tient ce que les faits de l esp ce taient ant rieurs la loi du 4 mars 2002 qui a consacr le droit l information des usagers des syst mes de sant dans un article L 111 2 du code de la sant publique Mais surtout la r f rence l article 1382 du code civil qui se substitue celle de l article 1147 marque un tournant Elle ent rine de l avis de nombreux commentateurs la mort de la jurisprudence Mercier D ailleurs un arr t rendu quelques mois plus t t o la Cour de cassation avait substitu au visa de l article 1147 du code civil traditionnellement retenu celui de l article 1142 1 du code de la sant publique affirmant le principe de la responsabilit pour faute des m decins conforterait cette analyse Civ 1 28 janv 2010 n 09 10 992 D 2010 1522 note P Sargos RDSS 2010 375 obs F Arhab Girardin C Quezel Ambrunaz Gaz Pal 18 mars 2010 p 10 Faut il d s lors consid rer dor navant que la responsabilit m dicale rel ve de la sph re d lictuelle La lecture de ces deux arr ts ne permet
39. ionnel permanent ce qui a t vivement critiqu par une partie de la doctrine V pour un point pr cis sur cette question S Porchy Simon Le recours des tiers payeurs l preuve de la politique jurisprudentielle de la Cour de cassation D 2010 593 Or en tendant le champ du pr judice d agr ment ce que font les arr ts que nous commentons on r duit d autant et m caniquement celui du pr judice fonctionnel ce qui revient de fait limiter l assiette du recours des tiers payeurs Telle serait l une des cl s explicatives des arr ts du 8 avril 2010 La haute juridiction civile ferait ainsi une sorte de concession aux critiques mises au lendemain des arr ts de 2009 en restreignant le recours des tiers payeurs sur des chefs de pr judice personnels Comment d s lors accueillir ces d cisions Comme une nouvelle illustration des contradictions de solutions qui pr valent aujourd hui du c t du quai de l horloge La Cour de cassation souffle en effet le chaud et le froid car apr s avoir ouvert g n reusement la porte des recours des tiers payeurs elle a fait un pas du c t des victimes en retenant une application g n reuse du droit de pr f rence Civ 2 24 sept 2009 n 08 14 515 D 2009 2431 ibid 2010 532 chron J M Sommer L Leroy Gissinger H Adida Canac et S Grignon Dumoulin RTD civ 2010 122 obs P Jourdain l JCP S 2009 1542 note J Bourdeoiseau JCP 2009 424 note P Grosser Auj
40. n consacre ici l autonomie du pr judice sexuel autonomie qui ne vaut toutefois qu en dehors du champ des accidents du travail Elle le fait en reprenant purement et simplement la d finition donn e par la nomenclature Dintilhac O G Reconnaissance d un pr judice sp cifique d anxi t du fait de l exposition l amiante Dans plusieurs arr ts du 11 mai 2010 ayant les honneurs du rapport annuel de la Cour de cassation Soc 11 mai 2010 n 09 42 241 09 42 257 D 2010 2048 note C Bernard RTD civ 2010 564 obs P Jourdain l JCP 2010 733 note J Colonna et V Renaux Personnic ibid Chron resp civ obs P Stoffel Munck et C Bloch n 1015 n 1 la chambre sociale vient consacrer le pr judice sp cifique d anxi t du fait de l exposition l amiante Des salari s d une soci t avaient cess leur activit professionnelle et pr sent leur d mission pour pr tendre au b n fice de l allocation de cessation anticip e d activit des travailleurs de l amiante en application de l article 41 de la loi n 98 1194 du 23 d cembre 1998 Ils avaient ensuite saisi le juge prud homal pour faire reconna tre que la rupture du contrat de travail tait la cons quence de leur exposition fautive par l employeur l amiante et pour demander la condamnation de la soci t leur payer diverses sommes dont une au titre du pr judice d anxi t Se posait ainsi la question de savoir si l existence d un risque
41. nduit l quipementier solliciter une indemnisation mais il s est vu opposer une clause limitative de r paration La r solution de ce litige passait ainsi par la r ponse deux questions pos es la chambre commerciale Dans quelle mesure une clause limitative de r paration portant sur une obligation essentielle du contrat peut elle prosp rer La r ponse tait incertaine notamment parce qu aux lendemains de la c l bre jurisprudence Chronopost Com 22 oct 1996 n 93 18 632 Bull civ IV n 261 D 1997 121 note A S riaux 145 chron C Larroumet et 175 obs P Delebecque certains arr ts avaient pu laisser penser que ce type de clause devait purement et simplement tre radiqu du contrat V sur la question les commentaires pr c Au visa des articles 1131 1134 et 1147 du code civil la Cour de cassation affirme que seule est r put e non crite la clause limitative de r paration qui contredit la port e de l obligation essentielle souscrite par le d biteur Il r sulte de cet attendu qu une clause ne doit pas tre r put e non crite au seul motif qu elle am nage les cons quences d une obligation essentielle mais par le fait qu elle vide de sa substance une telle obligation Pour tre concret autant il est possible de limiter la charge p cuniaire de l inex cution d une obligation essentielle autant il serait vain de fixer une indemnisation d risoire ou inexistante ou pire d luder pur
42. non r alis la maladie n tant pas d clar e pouvait recevoir une indemnisation et si pareil trouble psychologique n tait pas d j pris en charge par la loi pr cit e V art L 451 1 L 461 1 et L 461 2 CSS La Cour de cassation approuve les juges du fond d avoir consid r que les salari s qui avaient travaill dans des tablissements ouvrant droit la pr retraite amiante se trouvaient par le fait de l employeur dans une situation d inqui tude permanente face au risque de d clarer tout moment une maladie li e l amiante et taient amen s subir des contr les et examens r guliers propres r activer cette angoisse Ce n est pas la premi re fois qu un pr judice d anxi t ou d angoisse est consacr sur la question V C Bernard Le pr judice d angoisse quel avenir RCA 2010 Etude 4 M Fabre Magnan Le dommage existentiel D 2010 2376 Dans un domaine assez proche la premi re chambre civile l a ainsi admis l gard d une personne contamin e par le virus de l h patite C l occasion d une transfusion sanguine compte tenu de la surveillance stricte et continue laquelle la victime tait assujettie et en raison de l volution potentiellement sournoise de l affection Civ i 9 juill 1996 n 94 12 868 Bull civ I n 306 Mais les circonstances taient diff rentes puisque la victime avait d j contract le virus Dans notre affaire en revanche les demandeurs en indemnisa
43. nt des cas pr vus aux alin as 4 et suivants de l article 1384 du code civil que du principe pr torien consacr au visa de l alin a premier du m me texte S agissant de ce dernier deux arr ts de la deuxi me chambre civile du 8 juillet et du 16 septembre 2010 Civ 2 8 juill 2010 n 09 68 212 16 sept 2010 n 09 16 843 RCA 2010 Comm 277 obs H Groutel m ritent d tre signal s qui concernent la responsabilit des clubs sportifs du fait de leurs membres et plus sp cialement les caract res requis du fait l origine du dommage L occasion a t donn e la haute juridiction de pr ciser la port e de l exigence d une faute caract ris e de l un des membres m me non identifi de l association l origine du dommage exigence pos e par la deuxi me chambre civile V not Civ 2 20 nov 2003 n 02 13 653 Bull civ II n 356 D 2004 300 note G Bouch et 2005 185 obs D Mazeaud RTD civ 2004 106 obs P Jourdain 13 mai 2004 n 03 10 222 Bull civ II n 232 D 2004 1711 et 2005 185 obs P Delebecque P Jourdain et D Mazeaud en r action des tentatives de transposition en la mati re des principes de la tr s controvers e jurisprudence Levert Civ 2 10 mai 2001 n 99 11 287 Bull civ II n 96 D 2001 2851 rapp P Guerder note O Tournafond et 2002 1315 obs D Mazeaud RDSS 2002 118 obs F Mon ger El RTD civ 2001 601 obs P
44. on juridique pos e la Cour de cassation dont la r ponse n allait pas de soi et qui fait l objet d un arr t ayant les honneurs du rapport annuel de la haute juridiction civile Civ 1 11 mars 2010 n 09 11 270 D 2010 1119 note M Bacache JCP 2010 379 note P Jourdain et Chron resp civ 1015 obs C Bloch sp c n 13 RCA 2010 Etude 5 obs S Hocquet Berg RLDC sept 2010 p 74 note P Pierre et C Corgas Bernard C Quezel Ambrunaz Gaz Pal 25 mars 2010 p 10 Un patient est atteint de parapl gie la suite de l op ration d une hernie discale Il agit en r paration l encontre du m decin ainsi que de l ONIAM Le m decin est condamn pour violation de son obligation d information sur les risques de l op ration Mais conform ment la jurisprudence de l poque V infra arr t du 3 juin 2010 op rant un revirement en ce domaine les juges du fond limitent la r paration la seule perte de chance pour le patient d viter le dommage valuant celle ci 80 du dommage corporel Cependant la cour d appel succombe l argumentation de l ONIAM qui se pr valait du caract re subsidiaire du droit indemnisation fond sur la solidarit nationale En effet ainsi que le pr cise l article L 1142 1 II du code de la sant publique la solidarit nationale ne doit jouer que lorsque la responsabilit d un acteur de sant n est pas engag e ce qui pour la cour d appel n tait pas le cas en l esp
45. onciliation et d indemnisation de proc der un partage de responsabilit entre l ONIAM et un Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s acteur de sant en cas de faute technique mobilisation qui ne manque pas d interroger quant sa pertinence V not sur ce point C Corgas Bernard et P Pierre note pr c autorise une interpr tation diff rente en ce sens P Jourdain pr c O G II R gimes sp ciaux A Indemnisation des victimes d accidents de la circulation L actualit se fait de moins en moins riche sur l application de la loi du 5 juillet 1985 ce qui est sans doute le signe encourageant que la plupart des incertitudes et difficult s sont d sormais r gl es On s tonne d ailleurs que certaines questions pourtant clairement r solues par la Cour de cassation viennent encore en discussion Ainsi notamment de la notion d accident complexe Deux d cisions peuvent tre signal es qui se rapportent cette question La premi re rendue par la deuxi me chambre civile le 17 juin 2010 Civ 2 17 juin 2010 n 09 67 338 RLDC oct 2010 p 27 obs A Paulin RCA 2010 Comm 283 obs H Groutel se borne rappeler que des collisions successives intervenues dans un m me laps de temps et dans un encha nement continu constituent un seul et m me accident au sens de la loi L affirmation est aujourd hui classique V parmi d autres sur la d finition de l accident complexe unique
46. ont donc selon les pr ceptes qui guident la mati re une fraction de l indemnisation des diff rents chefs de pr judice qu elles subissent en leur qualit d ayants droit et de victimes par ricochet Or en cas de perte de chance de survie c est la mort qu on indemnise Il s agit de l une des bizarreries gt manant du pr judice de perte de chance d viter un dommage contrairement la perte de chance d un v nement favorable qui en comporte de nombreuses au point que certains auteurs se montrent m fiants vis vis de ce chef de pr judice V par ex P le Tourneau Droit de la responsabilit et des contrats Dalloz Action 2010 n 1425 s Mais c est sans doute aussi l un des messages de l arr t comment la Cour de cassation n entend pas pour l heure se laisser influencer par ce discours doctrinal critique O G Pr judice en cas de d faut d information m dicale revirement de jurisprudence pr somption de pr judice V infra II B Responsabilit m dicale 2 Lien de causalit La pr gnance d j soulign e dans le cadre de cette chronique des questions de causalit dans l actualit jurisprudentielle ne se d ment pas V en dernier lieu D 2010 49 On se souvient notamment des oscillations de la jurisprudence dans le contentieux concernant les effets dommageables soup onn s du vaccin contre l h patite B des h sitations de la Cour de cassation sur la possibilit pour le juge d entrer en
47. ourd hui elle en fait un autre du c t d une cat gorie de victimes les accident s du travail Mais la coexistence de deux d finitions du pr judice d agr ment ne saurait satisfaire tout comme la diff rence de traitement qui en r sulte selon le type de victime auquel on appartient Le pr judice sexuel peut lui aussi varier selon les circonstances dans lesquelles il est intervenu Il peut tout d abord se trouver inclus dans le pr judice d agr ment car r sultant des troubles ressentis dans les conditions d existence ainsi que l affirme l un des arr ts pr cit s du 8 avril 2010 n 09 14 047 Le particularisme de l indemnisation des accidents du travail V art L 451 1 s c trav qui ne permet pas de prendre en charge l int gralit des pr judices subis par les victimes explique cette solution Le pr judice sexuel ne fait pas partie en effet des chefs de pr judices indemnisables y compris en cas de faute inexcusable de l employeur art L 452 3 CSS D s lors l inclure dans le pr judice d agr ment permet indirectement de le consacrer Mais le fait que le Conseil constitutionnel ait mis une r serve d interpr tation quant la constitutionnalit de ce dispositif pourrait rapidement remettre en cause cette jurisprudence sp cifique au droit du travail et de la s curit sociale V infra Cons const 18 juin 2010 Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s Car en effet le pr judice sexuel peut aussi tre
48. pective in Loi Badinter le bilan de 20 ans d application sous la dir de P Brun et P Jourdain LGDJ 2006 p 136 et 137 commencer par cette constatation l mentaire selon laquelle il est usuel pour tout un chacun de passer plusieurs fois par jour du statut de pi ton ou passager celui de conducteur Ce non lieu renvoi un peu exp ditif notre sens ne permettra cependant pas de faire l conomie d une r flexion sur la mani re la pus pertinente de r tablir le conducteur dans ses droits P B B Indemnisation des victimes d accidents du travail Bien qu ext rieur proprement parler au droit de la responsabilit civile le droit de l indemnisation des accidents du travail m rite d tre ici envisag l occasion de la d cision tr s remarqu e qu rendue le Conseil constitutionnel son propos le 18 juin 2010 Cons const 18 juin 2010 n 2010 8 QPC D 2010 1634 d cision qui n est sans doute pas exempte de retomb es ou tout le moins de r sonances en droit de la responsabilit Sans pouvoir entrer ici dans le d tail de l analyse V sur la constitutionnalisation du droit de la responsabilit P Deumier et O Gout article para tre in Les nouveaux cahiers du Conseil 14 constitutionnel janvier 2011 on rappellera que le Conseil a d un c t valid le dispositif tel Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s que pr vu au code de la s curit sociale en non ant que ce
49. r gime ne porte pas une atteinte disproportionn e au principe de responsabilit gt en pr voyant une indemnisation forfaitaire de la victime m me en cas de faute inexcusable de l employeur art L 451 1 et L 452 1 L 452 5 mais a d un autre c t formul des r serves sur l article L 452 3 en tant que ce texte pr voit une num ration limitative des chefs de pr judices dont la r paration peut tre demand e l employeur devant la juridiction de s curit sociale galement en cas de faute inexcusable en plus de la majoration de la rente Il faut pr ciser en effet que l article L 452 3 du code de la s curit sociale s il pr voit la r paration du pr judice caus par les souffrances physiques et morales le pr judice esth tique ou le pr judice d agr ment celui r sultant de la perte ou de la diminution des possibilit s de promotion professionnelle passe en revanche sous silence des chefs de pr judices aussi importants que la perte de chance ou le pr judice sexuel alors m me s agissant de ce dernier que la Cour de cassation a tenu r cemment le dissocier du pr judice d agr ment auquel il est d sormais rattach en droit commun V supra La r serve formul e est importante et l on serait tent de la c l brer comme un hymne au principe de r paration int grale L arbre ne saurait cependant cacher la for t et au risque de passer pour rabat joie V d j La constitutionnalisation de la respons
50. sociale contestait l indemnit octroy e au salari victime d un accident du travail au titre du pr judice d agr ment Il reprochait la cour d appel de s tre born e affirmer de fa on g n rale et abstraite que les s quelles pr sent es handicapaient les activit s ludiques sportives ou occupationnelles auxquelles peut pr tendre normalement tout homme de son ge sans se r f rer aux activit s effectivement et personnellement pratiqu es par la victime avant l accident La Cour de cassation rejette le moyen non ant qu au sens de l article L 452 3 du code de la s curit sociale le pr judice d agr ment est celui qui r sulte des troubles ressentis dans les conditions d existence Dans 1 la seconde affaire une caisse primaire d assurance maladie faisait grief aux juges du fond Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s d avoir allou la victime d un accident du travail une indemnit au titre du pr judice sexuel n entrant pas dans le champ des pr judices indemnisables en cas de faute inexcusable V sur la question Cons const 18 juin 2010 n 2010 8 QPC infra R it rant sa d finition du pr judice d agr ment au sens de l article L 452 3 la deuxi me chambre civile affirme qu il inclut notamment le pr judice sexuel Quels enseignements tirer de ces arr ts Un retour la case d part du moins celle de l arr t d assembl e pl ni re du 19 d cembre 2003 Pas exactement C
51. tion avaient seulement t expos s aux risques de l amiante Cela suffit il pour obtenir r paration N y a t il pas pour le coup un risque de d rive du droit auquel on demanderait de panser tous les maux en ce sens C Bernard note pr c Autrement dit faut il avoir peur du pr judice d angoisse On l aura compris le spectre du pr judice hypoth tique plane sur l indemnisation de l angoisse Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s Il est vrai on l admettra que le pr judice d angoisse d une maladie ventuelle est plus hypoth tique que celui r sultant des suites d une maladie av r e mais moins hypoth tique que celui d coulant d un risque qui n est pas tabli on pense dans ce dernier cas par exemple au contentieux des antennes relais Il est donc objectivement possible de relever diff rents degr s d angoisse sauf que ceux ci ne co ncident pas n cessairement avec l ampleur des craintes subjectivement ressenties par les victimes La souffrance des individus ne se mesure pas toujours l aune de la probabilit du risque de mort effectivement encouru A vrai dire et on l admettra en caricaturant quelque peu la situation le pr judice d angoisse ne fait que remettre sur le devant de la sc ne l ensemble des difficult s inh rentes l admission du pr judice moral et son valuation Aux ternels inquiets de la tournure que prend le droit de la responsabilit civile on fera observer que dans l esp
52. voie de condamnations sur la base d indices circonstanciels et en l absence d une certitude scientifique de la propension g n rale du produit consid r occasionner des pathologies telles que celles en cause scl roses en plaques syndromes de Guillain Barr puis de son ralliement la position du Conseil d Etat en faveur d une telle possibilit V en dernier lieu Civ 1 9 juill 2009 n 08 11 073 D 2009 1968 obs I Gallmeister et 2010 49 obs P Brun RTD civ 2009 723 E et 735 obs P Jourdain RDC 2010 79 obs J S Borghetti On devrait pouvoir dire qu en la mati re tout est rentr dans l ordre tant la position adopt e par la Cour de cassation dont il faut rappeler qu elle ne conduit nullement retenir syst matiquement la responsabilit des laboratoires V par ex Civ 1 24 sept 2009 n 08 16 097 Bull civ I n 185 D 2009 2426 obs I Gallmeister 4 RTD com 2010 414 obs B Bouloc l RCA 2009 Comm 328 obs C Rad para t tout la fois quilibr e et Copyright 2013 Dalloz Tous droits r serv s conforme aux principes de solutions applicables tant en droit commun qu en droit de la responsabilit du fait des produits Il faut signaler toutefois la r sistance que semblent vouloir opposer certaines cours d appel et singuli rement la cour de Paris qui par un arr t du 8 janvier 2010 Paris 8 janv 2010 n 07 03209 rappr du m me jour l arr t n 0
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