Organisations …t” 2003/pdf
Contents
1. Ruralit en p ril red finir les consensus et argumentaires en faveur de l occupation dynamique des territoires fragiles Bernard Vachon Universit du Qu bec Montr al Malgr que le d clin conomique et d mographique semble avoir atteint un stade irr versible dans plusieurs communaut s rurales des r gions loign es et inter m diaires la mise en place des conditions n cessaires une relance durable du d veloppement de ces r gions demeure un objectif de soci t r aliste Des politiques volontaristes nergiques mieux adapt es et mieux cibl es confort es par une solidarit territoriale entre r gions riches et r gions pauvres pourraient briser la fatalit du d clin en territoires fragiles Pour y arriver un vrai d bat doit s ouvrir sur la place des r gions p riph riques et interm diaires dans le d veloppement de la soci t qu b coise sur la nature et l ampleur des investissements structurants r aliser sur les co ts d une occupation dynamique des r gions en difficult et sur l effort susceptible d tre consenti par les r gions centrales Comme pr alable les consensus et argumentaires qui ont pr valu jusqu pr sent en mati re de d veloppement r gional et de d veloppement rural feront l objet d une enti re r vision la lumi re d une mise jour de l tat des lieux Une gouvernance territoriale qui consolide la tendance lourde de la concentration On a beaucoup parl2. pement attendu Bien que rien ne laisse pr sager un Organisations ceb terrtowes D Pog p Pintembs Et 2008 changement significatif ce chapitre dans un proche avenir quel que soit le parti politique au pouvoir il est souhaiter que la lassitude et le sentiment d abandon ne conduiront pas la r signation et l abdication L avenir des r gions en d pend Ne pas se m prendre teindre les feux de la foudre ne dissipe pas l orage P riodiquement des situations de crise clatent en r gion fermeture d usines suppression de services p nurie de m decins puisement des ressources d ficien ce des infrastructures de transport perte massive d emplois d mant lement et transfert d usines de trans formation d ficit des quipements culturels exode des jeunes etc Les populations inqui tes maugr ent s agitent descendent dans la rue rigent des barrages montent Qu bec se font voir et entendre Le gouvernement sort alors son pr t porter anti agitation grand renfort de cam ras une d l gation de ministres se d place sur le terrain des discours motifs sont prononc s l avenir du Qu bec est li la r solution de la crise en cours des engagements qui feront manchettes dans tous les quotidiens sont sign s et quelques millions de dollars sortent des chapeaux magiques des ministres Puis chacun rentre chez soi jusqu la prochaine crise Au mieux un certain suivi sera
3. puis es depuis Les jeunes partent les populations restantes vieillissent un rythme acc l r les champs d sert s sont rebois s les commerces ferment l environ nement b ti se d grade la diversification conomique salvatrice n est pas au rendez vous On entretient l espoir mais celui ci se languit dans une trop longue attente Le temps est peut tre venu de reconna tre que malgr la pertinence intrins que du discours ruraliste l aberration de la d sertion des r gions rurales et le caract re louable des quelques efforts consentis dans le cadre de politiques de l tat et par des partenaires territoriaux toutes les communaut s rurales ne pourront prendre le train de la modernit rurale Et il est pr voir que pour plusieurs d entre elles le processus de d vitalisation d sormais irr versible va se poursuivre jusqu leur extinction Organisations el terrttotres D 3 Printembs Gt 2008 Le temps est peut tre venu de reconna tre que malgr la pertinence intrins que du discours ruraliste l aberration de la d sertion des r gions rurales et le caract re louable des quelques efforts consentis dans le cadre de politiques de l tat et par des partenaires territoriaux toutes les communaut s rurales ne pourront prendre le train de la modernit rurale Et il est pr voir que pour plusieurs d entre elles le processus de d vitalisation d sormais irr versible va se poursuivre
4. tre les lieux privil gi s d investissement en termes d infras tructures prolongement de l autoroute 30 au sud de Montr al 730 M revitalisation des quartiers Qu bec et Montr al 85 7 M implantation d un r seau de tramway Qu bec 650 M prolongement du M tro ville de Laval etc Entre temps le service de transport a rien r gional continue se d grader le projet de prolongement de l autoroute 20 entre Rivi re du Loup et Mont Joli est dans l attente de son parach vement depuis pr s de vingt cinq ans la voirie tertiaire de tr s nombreuses municipalit s rurales est dans un tat lamentable depuis le retrait du gouvernement provincial de ce champ de responsabilit r forme Ryan le service de traversier entre Trois Pistoles et Les Escoumins est suspendu faute d entretien du quai des Escoumins par le gouvernement f d ral un lien inter rives pourtant strat gique pour l activit conomique de deux r gions du Qu bec maritime etc Le toujours lancinant d p rissement rural Il y a pr s de 1 000 municipalit s rurales au Qu bec dont 602 de 800 habitants et moins et 224 de 300 habitants et moins recensement de 2001 Des centaines d entres elles voient fondre et vieillir leurs populations depuis les ann es 1960 et atteindre des seuils qui menacent d sormais leur survie Leurs r serves de vitalit conomique d mographique et sociale en expansion jusqu au d but des ann es 1960 se sont
5. Mont r gie Lanaudi re Laurentides et Capitale nationale principa lement et ceux des r gions p riph riques et interm diaires Une situation qui questionne et qui r clame de nouveaux consensus Y a t il danger que le degr de d vitalisation qui affecte nombre de communaut s rurales en r gions loign es soit d sormais trop avanc les populations trop affaiblies la coh sion sociale trop d structur e et la conjoncture du d veloppement Organisations el terrttotres D 3 7 Printembs Gt 2008 territorial encore trop m tropolitaine pour que les situations qui ne cessent de se d t riorer soient renvers es Y a t il risque que les discours et les inter ventions pour maintenir l espoir dans les commu naut s en difficult prennent dor navant l allure de pures illusions pour plusieurs d entre elles Selon quels crit res peut on conclure l irr versibilit du d clin d une localit Face la menace d extinction jusqu o l assistance de l tat doit elle tre assur e avant l issue fatale et quelle forme doit elle prendre Peut on comme soci t envisager et g rer rationnellement le processus de contraction de l espace occup Si oui comment Y a t il risque que les discours et les inter ventions pour maintenir l espoir dans les communaut s en difficult prennent dor navant l allure de pures illusions pour plusieurs d entre elles Revoir la rh torique et les consensus
6. des r gions et de la ruralit au cours des dix huit derniers mois au Qu bec En d cembre 2001 le gouvernement du Qu bec adoptait en grande pompe une Politique nationale de la ruralit et moins d un an plus tard il organisait le Rendez vous national des r gions Le ciel est il maintenant plus serein pour les r gions non centrales maill es d un r seau de petites villes et de villages C est regret qu il faut convenir que non car au del des beaux discours et des enga gements la main sur le coeur en faveur des r gions tr s peu fut offert et tr s peu sera fait La Politique de la ruralit est une d claration d attachement l gard des communaut s rurales et de leur diff rence accompagn e d un modeste budget de 90 millions pour la r alisation de projets locaux pour les 1000 municipalit s rurales au cours des cinq prochaines ann es faites le calcul On a dit de cette politique que c tait un premier pas non n gligeable Peut tre mais quand les pas majeurs Sans arrimage une vigoureuse politique de d velop pement r gional la politique de la ruralit aura peu d effet moyen et long termes Sans arrimage une vigoureuse politique de d veloppement r gional la politique de la ruralit aura peu d effet moyen et long termes L appel au Rendez vous national des r gions avait laiss croire un temps que les assises d une v ritable politique de d veloppement r gional seraient peut tre d
7. jusqu leur extinction R cemment Murdochville a t un t moin hautement m diatis de cette r alit des petites villes et villages en sursis que l on constate mais que l on refuse d admettre La perte de sa vocation mini re d origine l a pr cipit e au bord de l ab me L enjeu de sa survie est la recon version de son conomie vers des cr neaux gagnants Mais lesquels Des dizaines de municipalit s rurales apr s le d clin progressif de leur conomie agro fores ti re ou mini re ou de p ches sont aujourd hui dans la m me situation travers le Qu bec des r gions p riph riques et interm diaires le cas d Asbestos est actuellement sur la sellette avec la fermeture annonc e de l usine de transformation du magn sium Magnolia projet porteur de grands promesses lors de sa r alisa tion il y a moins de trois ans Dans un tel contexte Murdochville et Asbestos deviennent des laboratoires exp rimentaux pour la prise de d cisions politiques l gard des villages et des petites villes qui se meurent et pour la mise au point de strat gies adapt es pour des r gions victimes de marginalisation voire d exclusion suite aux bouleversements qui traversent l conomie nationale et mondiale Les r sultats peu probants issus jusqu pr sent de ces laboratoires comme de celui de la Gasp sia et de tant d autres confirment une fois de plus la fragilit conomique et d mographique des r gions non centrales
8. de nouvelles entreprises l appui au d veloppement de fili res de produc tions privil gi es l essor des entreprises de deuxi me et de troisi me transformation l environnement propice l implantation des activit s de la nouvelle conomie la diversification en agriculture en foresterie et dans les p ches et la promotion de fa ons de faire cologiques dans ces domaines le d veloppement de nouveaux pro duits touristiques la disponibilit en logements pour les nouvelles familles ce qui impliquerait plus de souplesse dans l application du zonage agricole la r novation des petites villes et des villages le maintien des services de proximit incluant les services m dicaux de premi re ligne et la derni re cole de village le service Internet haute vitesse accessible selon diverses technologies sur l ensemble du territoire habit comme facteur moderne de localisation d entreprises et de soutien aux travail leurs autonomes t l travailleurs la consolidation des formations de niveaux c gep et universitaire en r gion incluant des partenariats avec les milieux conomiques et sociaux les quipements et services r cr atifs et culturels diversifi s et faciles d acc s la protection et la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel etc Il faut reconna tre qu au del des beaux discours aucune des politiques nationales r centes n a port ces ambitions aux niveaux n cessaires pour enclencher le d velop
9. et la difficult multivari e de g rer cette r alit tant pour contrer sa marche que pour encadrer ses cons quences dramatiques au sein des populations locales Des territoires qui meurent c est d abord le r sultat de changements importants et durables dans les rapports de l activit conomique avec l espace Et ces changements qualifi s de structurels qui se manifestent par l volution de la logique de localisation des investissements de production vers un mod le de plus en plus spatialement concentr se trouvent conjugu s des tendances sociales lourdes qui empruntent les m mes voies Ainsi la concentration des moyens de production et de la population sur quelques lieux ou r gions centrales s accompagne de la contraction de l espace habit Vis vis de ces forces ext rieures aux territoires les comp tences et aptitudes collectives locales et r gio nales ont un impact bien limit les ressources naturelles n chappent pas cette r gle les d boires r cents dans les domaines des p ches du bois d uvre et des mines en t moignent loquemment Les profonds chambar dements qui d coulent des mutations structurelles se traduisent dans l organisation du territoire par la double r alit des r gions qui gagnent et des r gions qui perdent 2 Voil le sch ma g n ral Ainsi la concentration des moyens de production et de la population sur quelques lieux ou r gions centrales s accompagne de
10. relatifs l avenir des territoires ruraux Depuis le milieu des ann es 1980 un formidable mouvement ruraliste s est d velopp au Qu bec anim par une forte volont de sauver les campagnes Aux constats alarmants d organismes publics aux manifestations populaires aux r sultats de la recherche universitaire aux revendications territoriales aux sc narios gagnants au mod le des villages pros p res les gouvernements ont r pondu par la mise en place de structures officielles d intervention locale Ne citons ici que les SADC 3 les CLD 4 le mouvement Solidarit Rurale 5 et la Politique nationale de la ruralit Malgr le bien fond de ces structures et les services rendus aux populations des territoires concern s il faut reconna tre aujourd hui que dans plusieurs milieux les r sultats sont minces en regard des attentes et de l ampleur des d fis relever les gains obtenus au prix de maints efforts ne parviennent pas juguler les forces destructrices qui se poursuivent et qui s annoncent comme irr versibles dans bien des cas Une large part du travail de r flexion d intervention et d accompagnement poursuivi au sein de ces structures vise entretenir l espoir ce qui signifie pour nombre de communaut s rurales retarder l ch ance de l extinction Bien s r de belles r alisations et des success stories sont porter au cr dit de ces organismes et des initiatives du milieu mais ce n e
11. ages du Qu bec alors que le d p rissement s accentue d une part et que la concentration du capital de production et de la population se poursuit d autre part En r gions p riph riques et interm diaires le facteur d mogra phique accroissement naturel et bilan migratoire interr gional va t il continuer affaiblir les populations locales tarissant les derni res r serves de vitalit de plusieurs communaut s Les espaces r gionaux vont ils se restructurer autour des villes centres et d axes ruraux privil gi s vocations sp cifiques agricole r cr otou ristique mixte abandonnant l arri re pays la for t et la friche L avenir des r gions rurales peut il d pendre d un mode d emploi bio et colo de leurs Organisations ceb lers otres D Pog p Pintembs Gt 2008 ressources Le d clin rural est il en partie le r sultat de la faillite de l imagination des politiques gouverne mentales et des initiatives conservatrices du milieu Est il r aliste en 2003 de penser sauver tous les villages du Qu bec alors que le d p rissement s accentue d une part et que la concentration du capital de production et de la population se poursuit d autre part En r gions p riph riques et interm diaires le facteur d mographique accroissement naturel et bilan migratoire interr gional va t il continuer affaiblir les populations locales tarissant les derni res r serves de vitalit de plusieurs c
12. aires Notes et r f rences 1 Bernard Vachon est d tenteur d un doctorat et sp cialiste en d veloppement r gional et local Il est galement professeur associ au D partement de g ographie de l Universit du Qu bec Montr al Benko Georges et Alain Lipietz sous la direction de 1992 Les r gions qui gagnent Districts et r seaux les nouveaux paradigmes de la g ographie conomique Paris Presses universitaires de France 424 p SADC Soci t d aide au d veloppement des collectivit s Il s agit d une structure d intervention locale qui rel ve du gouvernement f d ral Au nombre de 54 au Qu bec elles sont n es de la fusion des Comit s d aide au d veloppement des collectivit s et des Centres d aide aux entreprises ant rieurs d une dizaine d ann es aux CLD CLD Comit local de d veloppement Structure d intervention locale qui rel ve du gouvernement provincial Mis sur pied en 1997 il sont plus d une centaine actuellement Solidarit rurale du Qu bec Organisme conseil aupr s du gouvernement en mati re de ruralit Responsable de la formation et de l encadrement des agents ruraux plus de 115 Cr la suite des tats g n raux du monde rural en 1991 6 Le Soleil 15 f vrier 2003 Organisations eb terrtowes 39 D Pog p Pintembs Et 2008
13. ant les trois zones m tropolitaines de Montr al Qu bec et Hull Son credo partag largement par le gou vernement tait que le d veloppement du Qu bec passe d abord et avant tout par des villes fortes rejoignant en cela la th se conomique de la concentration spatiale du capital et des populations ayant pour corollaire le d p rissement progressif et in vitable des r gions non centrales Le r sultat a t en d finitive une politique de la ville On peut imaginer que cette r forme aurait pu tre un merveilleux instrument au service d une Politique territoriale nationale N glig s par les grands desseins de l tat les territoires ruraux qui composent l arri re pays de l armature urbaine se sentent de plus en plus exc dentaires r siduels r volus et ind sirables dans un contexte o l essor de la soci t accorde bien peu de place leur contribution Leur destin s inscrit dans un mouvement o extinction et disparition sont terme dans l ordre des choses N glig s par les grands desseins de l tat les territoires ruraux qui composent l arri re pays de l armature urbaine se sentent de plus en plus exc dentaires r siduels r volus et ind sirables dans un contexte o l essor de la soci t accorde bien peu de place leur contribution Leur destin s inscrit dans un mouvement o extinction et disparition sont terme dans l ordre des choses Les villes de Montr al et de Qu bec continuent d
14. e soci t occuper d une fa on durable le territoire actuelle ment habit des r gions p riph riques et interm diaires et pourquoi 2 Comment percevons nous cette occupa tion du territoire 3 Peut on valuer les co ts de l occupation dynamique du territoire habit dans un perspective durable 4 Jusqu o sommes nous pr ts consentir les ressources et les efforts requis et enfin 5 Quelles strat gies court moyen et long termes doit on mettre de l avant pour assurer l atteinte de cette grande finalit de soci t C est conclure bien rapidement un d bat qui n a pas eu lieu Sa tenue aurait le m rite de soulever cinq grandes questions et de d gager des l ments de r ponses sinon des r actions de nature nourrir la r flexion devant conduire la formulation de choix pr alables l laboration de la politique territoriale la plus appropri e L ancien maire de Montr al Pierre Bourque promoteur du concept Une le une ville et artisan de la relance conomique de Montr al d clarait r cemment que Montr al qui tait en zone d vast e il y a sept ou huit ans a maintenant pris son envol et il n est plus n cessaire d y intervenir comme autrefois Ce sont les r gions loign es qui ont besoin d un plus grand soutien de l tat pour r aliser des projets structurants 6 Il n est peut tre pas seul penser de la sorte Conclusion Sur le terrain nombreux sont les directeurs d organi
15. et que la pratique du d veloppement local vient conforter en oeuvrant aupr s des territoires et communaut s r siduels en d tresse Comme on a tent de l exposer la fragilit des r gions p riph riques et interm diaires et plus particuli rement des communaut s rurales qui les composent est un mal structurel dont la cure ne peut tre trouv e dans les seules m decines locales Des interventions majeures d une extr me dext rit et assurance sont devenues n ces saires Celles ci ne sont pas videntes L exercice visant les pr ciser se bute des carences majeures dans la connaissance du tableau d ensemble et risque d errer ou de verser dans l utopie tant que l tat des lieux n aura pas fait l objet d une mise jour compl te tant que les causes exog nes du d clin r gional et local ne feront pas l objet d une plus grande attention et d une volont r elle de s y attaquer tant que des ressources appropri es et d enver gure ne seront pas consenties tant que de nouveaux consensus n auront pas t convenus entre les diff rents partenaires politiques conomiques et civils interpell s par les crises territoriales Ces consensus m ritent d ailleurs de b n ficier de l clairage d approches et d id es nou velles Voil un chantier bien stimulant pour la jeune g n ration de chercheurs r gionalistes et ruralistes Des interventions majeures d une extr me dext rit et assurance sont devenues n cess
16. fait du projet ponctuel qui fait office de solution et des sommes investies Le Rendez vous des r gions de novembre dernier organis par le Minist re des R gions a vit une nouvelle fois le d bat de fond sur le sens et le co t d une occupation dynamique du territoire fond e sur une v rita ble politique de d veloppement r gional et une solidarit territoriale tablie entre r gions riches et r gions pauvres Les r gions centrales de Montr al et de Qu bec qui ont t maintenues l cart de cet v nement n ont pu apporter leur contribution cet effort d actualisation et de red finition du d veloppement r gional ni cr er l amorce d un dialogue en faveur d une politique territo riale plus sensible aux besoins des r gions non centrales Dans certains milieux on affirme d embl e que les co ts d une politique d occupation dynamique du territoire en r gions p riph riques et interm diaires atteindraient des niveaux impossibles supporter par l tat et moins encore par les populations et organisations conomiques des r gions centrales C est conclure bien rapidement un d bat qui n a pas eu lieu Sa tenue aurait le m rite de soulever cinq grandes questions et de d gager des l ments de r ponses sinon des r actions de nature nourrir la r flexion devant conduire la formulation de choix pr alables l laboration de la politique terri toriale la plus appropri e 1 Souhaitons nous comm
17. ifi es Point n en fut Des bricoles furent accord es des d ci sions furent report es des comit s furent cr s On se permit m me un nouveau recul sur la d centralisation par ici la d centralisation la carte Du point de vue gouvernemental le succ s de ce Rendez vous est dans l apaisement des r gions La paix est nouveau r tablie sans qu il en ait co t trop cher et surtout sans que des transferts de budgets des r gions centrales vers les r gions loign es n aient t n ces saires L observateur constate l habilit du gouvernement obtenir cet apaisement avec des parades et bien peu d investissements consentis constate aussi la reddition des troupes r gionales sans forte r sistance en change Organisations eb territ otes D Prg Pintembs Et 2008 de bien maigres gains de n gociations Le mot d ordre est de r gler les tensions en r gions excentr es sans qu il n en co te trop cher et sans contrarier les grands centres Du point de vue gouvernemental le succ s de ce Rendez vous est dans l apaisement des r gions La paix est nouveau r tablie sans qu il en ait co t trop cher et surtout sans que des transferts de budgets des r gions centrales vers les r gions loign es n aient t n cessaires Dans sa r forme municipale 2001 la ministre Louise Harel a t principalement motiv e par la consolidation des 31 agglom rations du r seau urbain du Qu bec inclu
18. ion et la promotion de la ruralit au Qu bec des professionnels du d veloppement territorial et des fonctionnaires de l tat ont aussi contribu ce mouvement Passionn s par ce champ d investigation nous n avons n glig aucune forme d intervention dans notre action enseignement acad mique formation de terrain r daction d ouvrages et d articles recherche fondamentale et appliqu e consultation aupr s des gou vernements centraux et des instances r gionales et locales appui aux agents de d veloppement parti cipation des organismes r gionaux nationaux et internationaux conf rences s minaires colloques universit rurale etc Une d marche que nous avons privil gi e a t celle du d veloppement local fond e sur la volont et la capacit des communaut s locales de s approprier le processus de d veloppement et de g n rer de l int rieur leur d veloppement Notre travail sur ce plan j ose le dire a t exemplaire et il n a pas t sans influencer l adoption de la Politique de soutien au d veloppement local et r gional la mise en place des Organisations el terrttotres D 3 Printembs Gt 2008 r seaux des Soci t s d aide au d veloppement des collectivit s CADC SADC et des Comit s locaux de d veloppement CLD la pratique de terrain des agents de d veloppement la mobilisation des populations locales la mission du mouvement Solidarit rurale et les orientations de la Po
19. la contraction de l espace habit Face cette r alit que peu d observateurs contestent plusieurs questions peuvent tre soulev es notamment des questions relatives aux consensus et argumentaires en faveur de la relance des r gions excentr es et des territoires ruraux fragiles qui sont la source de beau coup de prises de positions et d interventions l gard de ces milieux Consensus et argumentaire en faveur du renouveau rural Depuis le milieu des ann es 1960 suite notamment aux fermetures d cr t es de villages en Gasp sie et aux mouvements de r sistance baptis s Dignit I et Dignit II qu elles suscit rent au sein des populations locales des consensus favorables l dification d une ruralit nouvelle se sont progressivement construits et solidement implant s Syndicats d agriculteurs et de forestiers chercheurs universitaires groupes cologistes chambres de commerce lus locaux et associations diverses se sont port s la d fense de la ruralit pr nant les valeurs et les m rites d une occupation dynamique du territoire rural non seulement pour les populations qui y vivent mais pour l essor de la soci t qu b coise toute enti re Souvent motifs l origine les consensus ont volu vers une r flexion globale et une prise en compte d une soci t en pleine mutation les tats g n raux du Organisations eb lers otres D Pog p Pintembs Gt 2008 monde rural
20. litique nationale de la ruralit Le recours au d veloppement local demeure aujourd hui toujours pertinent Il est toutefois plus n cessaire que jamais de rappeler que cette d marche a des limites et que celles ci sont d autant plus videntes et contrai gnantes dans le contexte actuel que d une part l exode et le vieillissement des populations au cours des derni res d cennies ont s rieusement appauvri le capital social des zones rurales fragiles et que d autre part la poursuite du mouvement de concentration et les timides politiques nationales de d veloppement vis e r gionale privent cruellement les r gions des infrastructures modernes et suffisantes de support au d veloppement Le recours au d veloppement local demeure aujourd hui toujours pertinent Il est toutefois plus n cessaire que jamais de rappeler que cette d marche a des limites et que celles ci sont d autant plus videntes et contraignantes dans le contexte actuel que d une part l exode et le vieillissement des populations au cours des derni res d cennies ont s rieusement appauvri le capital social des zones rurales fragiles et que d autre part la poursuite du mouvement de concentration et les timides politiques nationales de d veloppement vis e r gionale privent cruellement les r gions des infrastructures modernes et suffisantes de support au d veloppement Ces handicaps s v res de l tat des lieux rendent particuli rement difficile la r u
21. ne le capacit de r tention et d attraction de ces communaut s 3 l effritement de la volont et de la capacit collective lutter contre le d clin cono mique et social nuit la prise en charge locale et emp che l mergence d id es innovantes indispensable au renouveau rural 4 les grandes villes du Qu bec n ont pas ce haut niveau de dysfonctionnement pollution ins curit congestion de la circulation qui les rendrait invivables au contraire elles sont parmi les villes d Am rique du nord offrant la plus haute qualit de vie ce qui met en chec l argument qualit de vie mis de l avant par certaines r gions loign es et inter m diaires pour attirer de nouvelles familles et entreprises 5 l habilit et l efficacit des strat gies des r gions centrales de Montr al et de Qu bec convaincre les gouvernements f d ral et provincial d investir massivement et en priorit sur leur territoire et enfin 6 les politiques nationales d investissements structurants hors des r gions centrales ne sont pas la hauteur des d fis que pose le d veloppement des r gions rurales p riph riques et interm diaires Les politiques nationales d investissements structurants hors des r gions centrales ne sont pas la hauteur des d fis que pose le d veloppement des r gions rurales p riph riques et interm diaires Si bien que l cart s accentue entre les territoires ruraux sous l influence des grands centres
22. nion des conditions favorisant les initiatives de d veloppement et la capacit attractive des milieux excentr s l gard des capitaux de production et des travailleurs qualifi s compar s aux r gions centrales pour un d veloppement moderne et durable Sans une r elle et vigoureuse volont politique d assurer l occupation dynamique du territoire concr tis e par des programmes majeurs d investissements en infrastructures quipements et services appropri s des niveaux n cessitant des ajustements la baisse des budgets allou s aux r gions centrales le d veloppement local est condamn entretenir l espoir et se canton ner dans des success stories ponctuelles et souvent ph m res Sans une r elle et vigoureuse volont politique d assurer l occupation dynamique du territoire concr tis e par des programmes majeurs d investissements en infrastructures quipements et services appropri s des niveaux n cessitant des ajustements la baisse des budgets allou s aux r gions centrales le d veloppement local est condamn entretenir l espoir et se cantonner dans des success stories ponctuelles et souvent ph m res Ces programmes majeurs d investissements porteraient sur l am lioration des r seaux de transport terrestre maritime et a rien la formation de la main d uvre dans des secteurs en demande et en mergence les aides financi res et techniques l installation
23. ns p riph riques et interm diaires le d veloppement local est une op ration gagnante gagnante pour les gouver nements centraux car entretenir l espoir on contient la frustration l agitation le d sordre et la r volte gagnante aussi pour le mod le de la concentration et la th se des Higgins Martin et Raynaud du d but des ann es 1970 qui pr naient la consolidation de quelques p les centraux principalement Montr al la locomotive conomique du Qu bec au d triment d une aide substantielle aux r gions Cette th se inspire toujours la philosophie territoriale des gouvernements qui se succ dent depuis et que la pratique du d veloppement local vient conforter en oeuvrant aupr s des territoires et communaut s r siduels en d tresse Exerc dans les conditions actuelles dans les r gions p riph riques et inter m diaires le d veloppement local est une op ration gagnante gagnante pour les gouvernements centraux car entretenir l espoir on contient la frustration l agitation le d sordre et la r volte gagnante aussi pour le mod le de la concentration et la th se des Higgins Martin et Raynaud du d but des ann es 1970 qui pr naient la consolidation de quelques p les centraux principalement Montr al la locomotive conomique du Qu bec au d triment d une aide subs tantielle aux r gions Cette th se inspire toujours la philosophie territoriale des gouvernements qui se succ dent depuis
24. ommunaut s Comme le sort des r gions rurales loign es et interm diaires d pend largement des tendances lourdes aux niveaux macro conomique et macro social les analyses les politiques et les interventions ne peuvent se limiter au contexte des chelons local et r gional D autres interrogations se posent les r gles du march s doivent elles seules voir l organisation du territoire et la distribution de la population Jusqu o la mission sociale de l tat peut elle tre invoqu e pour justifier un interventionnisme en faveur des r gions en difficult Une politique volontariste d investissements structurants peut elle infl chir de fa on significative la r partition g ographique des capitaux de production et des popu lations et cons quemment redessiner la carte de l occu pation du territoire Quel niveau d investissements structurants le d veloppement r gional requiert il Sommes nous pr ts comme soci t consentir les efforts en faveur d un meilleur quilibre spatial de l occu pation du territoire L app tit insatiable des grands centres urbains en regard des aides de l tat pour favoriser leur croissance conduit il n gliger non seule ment l essor des r gions p riph riques et interm diaires mais galement leur r le dans le d veloppement de la soci t globale d faut de politiques nationales d envergure en faveur des r gions en difficult quelles formes privil gi es devrait prend
25. re l action locale et r gionale et quels r sultats peut on esp rer de ces interventions Les r ponses toutes ces questions vont n cessiter une mise niveau de la compr hension de la ruralit contemporaine et de ses rapports avec le monde urbain Elles n cessiteront galement de l imagination cr ative du courage politique et une solidarit territoriale La formulation des nouveaux consensus et des choix appropri s qui en d couleront en d pendent d faut de quoi le statu quo irresponsable et les mesures ponctuelles vont faire uvre de projet Ce qui peut aussi tre un choix Une politique volontariste d investissements structurants peut elle infl chir de fa on significative la r partition g ographique des capitaux de production et des populations et cons quemment redessiner la carte de l occupation du territoire Quel niveau d investissements structurants le d velop pement r gional requiert il Sommes nous pr ts comme soci t consentir les efforts en faveur d un meilleur quilibre spatial de l occupation du territoire Sans politique vigoureuse de d veloppement r gional le d veloppement local est un leurre Clermont Dugas Marc Urbain Proulx Bruno Jean moi m me et quelques coll gues dans la cinquantaine ou la jeune soixantaine faisons partie d une g n ration de chercheurs ruralistes qui se sont investis sur plus de 20 ou 25 ans dans la compr hension la d fense la red finit
26. s d information et de communication comme facteur d clatement des lieux de production et de travail 4 l int r t pour une meilleure qualit de vie chez une partie croissante de la population et 5 les reven dications territoriales pour une d centralisation accrue des pouvoirs et des leviers de d veloppement Une renaissance rurale qui tarde se manifester Des seuils de population qui rendent difficile le maintien des commerces et des services de base ce qui mine la capacit de r tention et d attraction de ces communaut s Malgr certains progr s enregistr s six ensembles de circonstances font obstacle l av nement attendu de la renaissance rurale particuli rement dans les r gions p riph riques et interm diaires compromettant l avenir de nombreuses municipalit s rurales 1 le contexte nou veau g n rateur d opportunit s de d veloppement pour le monde rural desserrement conomique et d mogra phique se met en place un rythme nettement plus lent que le caract re d urgence qui pr vaut dans un grand nombre de communaut s rurales le requiert 2 la faible natalit combin e l exode des jeunes au vieillissement acc l r des populations restantes et l apport n gli geable de nouveaux r sidents mouvements interr gionaux et immigration conduisent de nombreuses communaut s des seuils de population qui rendent difficile le maintien des commerces et des services de base ce qui mi
27. smes de d veloppement agents de d veloppement et anima teurs communautaires qui ressentent l essoufflement et vivent les frustrations li es aux limites de leur action Les situations sont de plus en plus criantes les deman des de plus en plus pressantes et les perspectives r alistes de changer le cours des choses de moins en moins videntes Avec la maturit acquise de quelques ann es de pratique ils r alisent l ampleur et la complexit des probl mes et la port e bien limit e des politiques et strat gies appliqu es et des ressources dont ils disposent pour stopper le d p rissement et engager les commu naut s en p ril sur la voie du d veloppement durable Organisations el terrttotres D 3 7 Printembs Gt 2008 Dans un contexte o l environnement est propice la croissance le d veloppement local peut faire des merveilles par ses actions d information de sensibilisa tion de mobilisation de formation et d accompagnement la concr tisation de projets En l absence de ce contexte aux dimensions tant sociales qu conomiques les efforts la t nacit l imagination peuvent certes faire merger des projets mais g n ralement d une ampleur insuffisante en nombre en taille et en diversit pour contrer le processus de d vitalisation conomique et d mographique en cours depuis plus de 40 ans bien que des miracles soient toujours possibles Exerc dans les conditions actuelles dans les r gio
28. st pas suffisant pour renverser la situation Les tendances lourdes qui se poursuivent rodent inlassa blement le cadre g n ral de d veloppement et affaiblissent la volont et la capacit endog nes des communaut s locales participer activement au processus de leur d veloppement Il faut reconna tre aujourd hui que dans plusieurs milieux les r sultats sont minces en regard des attentes et de l ampleur des d fis relever les gains obtenus au prix de maints efforts ne parviennent pas juguler les forces destructrices qui se poursuivent et qui s annoncent comme irr versibles dans bien des cas Le temps est venu de revoir certains consensus et de revisiter l argumentaire g n ral du renouveau rural Un regard neuf doit tre pos sur l tat actuel des lieux et les perspectives inqui tantes qui s annoncent pour plusieurs communaut s rurales Le temps est venu de revoir certains consensus et de revisiter l argumentaire g n ral du renouveau rural Un regard neuf doit tre pos sur l tat actuel des lieux et les perspectives inqui tantes qui s annoncent pour plusieurs communaut s rurales Dans un avenir pr visible les r gions centrales vont elles continuer retenir leurs populations et leurs activit s conomiques et conserveront elles leur puissant pouvoir d attraction au d triment des r gions loign es et interm diaires Est il r aliste en 2003 de penser sauver tous les vill
29. tenus en 1991 ont constitu une tape tr s importante cet gard Il en est r sult un argumentaire aux multiples volets pr nant la diversification cono mique un mode d emploi largi des territoires ruraux et un nouveau rapport ville campagne ouvrant des perspectives stimulantes pour l avenir du monde rural Les sc narios les plus progressistes ont t labor s et propos s pour assurer une occupation dynamique du territoire rural L argumentaire en faveur de la renaissance rurale repose aussi sur la capacit des communaut s rurales saisir les opportunit s de d veloppement procur es par des changements survenus plus r cemment dans la logique de localisation de plusieurs secteurs d activit et de travailleurs il s agit d un mouvement centrifuge d activit s conomiques et de personnes parall lement au mouvement de concentration g n ral qui se poursuit Ce ph nom ne se d cline en fonction des r alit s nouvelles suivantes 1 le potentiel de desserrement voire de d concentration d une part non n gligeable de la trame conomique du fait de la d mat rialisation d un nombre croissant de ses activit s et syst mes de production 2 l adh sion des mesures de diversifi cation des conomies locales et r gionales ouvrant la porte aux entreprises de deuxi me et de troisi me transformation plus forte valeur ajout e 3 le d ve loppement et la g n ralisation des nouvelles techno logie
Download Pdf Manuals
Related Search