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Rsum : faire - Homosexualité et environnement de travail

1. COMMISSION DES DROITS DE LA PERSONNE 1994 De l ill galit l galit Rapport de la consultation publique sur la violence et la discrimination envers les gais et lesbiennes Montr al Commission des droits de la personne CONNOLLY Lora 1996 Long term care and hospice The special needs of older gay men and lesbians Journal of Gay and Lesbian Social Services vol 5 p 77 91 CRUIKSHANK Margaret 1991 Lavender and gray A brief survey of lesbian and gay aging studies Journal of Homosexuality vol 20 p 77 87 DALEY Andrea 1998 Lesbian invisibility in health care services Heterosexual hegemony and strategies for change Canadian Social Work Review Revue canadienne de service social vol 15 p 57 71 DEMCZUK Ir ne 2003 D mystifier l homosexualit a commence l cole Mieux comprendre l homosexualit pour pr venir l homophobie Montr al Groupe de recherche et d intervention sociale gaies et lesbiennes GRIS Montr al DORAIS Michel 1994 La recherche des causes de l homosexualit une science fiction dans WELZER LANG Daniel DUTEY Pierre et Michel DORAIS dir La peur de l autre en soi Du sexisme l homophobie Montr al VLB p 126 131 DORFMAN Rachelle WALTERS Karina BURKE Patrick HARDIN Lovida et al 1995 Old Sad and Alone the Myth of the Aging Homosexual Journal of Gerontological Social Work vol 24 nos 12 p 29 44 FRIEND Richard A
2. coutez une femme de 80 ans qui se dirait gaie je pense qu elle se ferait beaucoup pointer du doigt par les autres Il y a beaucoup de m m rage chez les gens de cet ge l Ou encore comme je vous le disais tant t dans cette g n ration l les gens cachaient leur orientation Fabrice Un intervenant croit galement que ce ne sont pas tous les r sidents es homosexuels qui ressentent le besoin d en parler ou de se rendre visibles c est effectivement ce qu a d duit Roger du mutisme du r sident qu il savait gai et qui il avait tendu plusieurs perches pour l inciter se d voiler cet exemple a t pr sent pr c demment Cette position n a t avanc e que par un intervenant mais elle trouve un cho dans le t moignage du r sident gai qui met la m me r flexion Il y en a qui sentent le besoin de le dire de s exprimer et c est correct parce qu eux autres ont besoin de a Mais moi je n ai jamais eu ce besoin l Deuxi mement je ne suis pas de la m me g n ration non plus Moi ma g n ration de 70 ans ce n est pas pareil C tait plus cach Jean Robert L ACCUEIL DE R SIDENTES LESBIENNES DES PERCEPTIONS CONTRADICTOIRES Nous avons abord avec les interview s es la question de la perception du lesbianisme au sein des trois groupes pr sents dans la r sidence soit la population r sidente le personnel et la direction Nous leur avons demand de nous fournir leurs impressions
3. Les strat gies de divulgation dissimulation de l orientation sexuelle nnsn1s1ss1s01551050 74 Ees reseaux de Sou MEN SOU ere ns nt ele Re A Te An EOT 78 H SeA ORALE en ee ed me trie 78 Eer seau institutione hanini tt nn td denses 84 Limportance d Fautoiofii ls aus anne 6 sem ra dite 87 VERS UNE ADAPTATION DES SERVICES R SIDENTIELS iihoinuatiniattd ire mnt toidint 91 Les besoins et les attentes exprim s par les lesbiennes g es autonomes 91 La place de l homosexualit dans la culture institutionnelle des r sidences sssr 95 Vers un rapprochement entre l univers des lesbiennes g es et la culture des r sidences 98 Le positionnement des r sidences dans la division sph re publique sph re priv e 98 l ments d intervention pour la transformation de la culture institutionnelle des AHSA LE LOI NTE r EE EE EEE E E EA E T A E SNET 100 CONCLUSIONS RS l ea da a EE des 105 R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES una nn tenant dti tente A 113 Liste des Tableaux Tableau 1 synth se des donn es sur les intervenantes 35 Tableau 2 synth se des donn es sur les participantes lesbiennes g es 36 Vieillir en tant soi m me INTRODUCTION Comment transformer les services d h bergement pour personnes g es afin qu ils r pondent aux besoins et aux attentes des lesbiennes qui y ont recours Voil la question centrale laq
4. Vieillir en tant soi m me Gg Le d fi de l adaptation des services r sidentiels aux besoins des lesbiennes g es Line Chamberland et Johanne Paquin UQAM RLOLN Le R seau des lesbiennes du Qu bec Quebec Lesbian Network Le d fi de l adaptation des services r sidentiels aux besoins des lesbiennes g es Line Chamberland et Johanne Paquin UQ M RLOLN ARIR Le R seau des lesbiennes du Qu bec Quebec Lesbian Network Vieillir en tant soi m me TABLE DES MATI RES INTRODUCTION dr mien enr EEE oem rennes E er ner Rein ne nie tete 1 LA M THODOLOGIE DE RECHERCHE Sn Rs nr et ee 9 Eonentation dela recherches Ra Re re EU en AU nr nu 9 D finition d une strat gie de recherche ns Tant 9 Le vieillissement chez les lesbiennes l tat de la question 12 L invisibilit sociale des lesbiennes g es nantes 13 Les difficult s de vie chez les lesbiennes g es nanas ta 14 Le r seau de soutien des lesbiennes vieillissantes ssssssssesssessssesteresesrestereresresenreresesses 16 Les lacunes d l recherche nsnsi nn oeie aE Ea E AE Sai 19 Les th mes abord s n nREVUeSs AR ne TR Ti TS 20 Les demarches UC teerutenen bootrit ne At se dau 22 L s objectifs du recrutements risie entente dt these EN EREE ere E Ebino aea raa Notet 22 Les d marches effectu es oniinn ir M E RE N Ra aT 23 Les r sultats des d marches de recrutements nets 26 Les participantes et participants
5. 1991 Older lesbian and gay people A theory of successful aging Journal of Homosexuality vol 20 p 99 118 FULLMER Elise M Dena SHENK et Lynette J EASTLAND 1999 Negating identity A feminist analysis of the social invisibility of older lesbians Journal of Women and Aging vol 11 p 131 148 114 Vieillir en tant soi m me GROSS Martine 2003 L homoparentalit Paris Presses Universitaires de France coll Que sais je HIRAT A Helena Fran oise LABORIE H l ne LE DOAR et Dani le SENOTIER dir 2000 Dictionnaire critique du f minisme Paris Presses Universitaires de France HUMPHREYS Nancy A et Jean K QUAM 1998 Middle aged and old gay lesbian and bisexual adults dans APPLEBY George A et Jeane W Anastas dir Not just a passing phase Social work with gay lesbian and bisexual people New York Columbia University Press p 245 267 ISAAC Barbara et Barbara M HERRINGER 1998 Lesbian passages Invisible lives and issues of community Journal of Lesbian Studies vol 2 p 49 60 JACOBS Robin J Lucinda A RASMUSSEN et Melinda M HOHMAN 1999 The social support needs of older lesbians gay men and bisexuals Journal of Gay and Lesbian Social Services vol 9 p 1 30 JULIEN Danielle et lise CHARTRAND 2003 Recension des crits sur la sant des personnes gaies lesbiennes et bisexuelles Montr al Rapport de recherche KEHOE Monika
6. come back des lesbiennes et des gais avec qui je travaillais que c tait moi qui n tait pas correct d insister et de vouloir ils disaient Tu SE Vieillir en tant soi m me d fonces des portes ouvertes J ai dit Non les portes ne sont pas ouvertes loin de l La preuve est l Je sais que cette dame l n est plus la direction La direction a compl tement chang et quand ils m ont remis mon ch que ils m ont dit Si a avait t nous qui avaient t l ce moment l on ne serait pas oblig s de payer aujourd hui Roger De plus certains extraits d entrevues nous permettent de d tecter des cas de discrimination h t rosexiste qui ne sont pas per us comme tels par les intervenants es Le t moignage de Suzanne utilis pr c demment et concernant un couple de lesbiennes r sidentes en offre le meilleur exemple Voici l extrait complet relatant la situation Intervenante J ai eu rencontrer les deux dames en question et puis elles disaient On ne nous respecte pas On ne vous respecte pas parce que vous ne respectez pas les gens alentour de vous non plus La journ e o vous allez les respecter ils ne vous traiteront pas de m me pas lesbiennes de fifines ou de ils ne feront pas a D j dans l ensemble vous tes accept es Intervieweuse Donc vous disiez qu elles ne respectaient pas n cessairement les autres personnes I
7. des participantes l inconfort persiste Parmi celles qui emploient fr quemment ce terme plusieurs expliquent que son utilisation pour s autod signer r sulte d un cheminement souvent engag la suite d un contact avec la communaut lesbienne J ai appris dire le mot lesbienne quand j ai connu le r seau le milieu des lesbiennes Montr al quand j avais 50 ans Marine Deux des quatre participantes qui se nomment couramment comme lesbienne ont d j milit activement dans des mouvements lesbiens Une seule participante nous a dit ne jamais utiliser le terme lesbienne ni aucun terme commun quivalent auxquels elle substitue des expressions telles tre comme a pareil comme moi Je peux dire elle est comme moi ou quelque chose de m me Jamais que je nomme a Fleur En outre quelques participantes ont indiqu leur pr f rence pour le terme gaie qu elles jugent plus discret et connotation plus l g re et positive en opposition au lourd pass du mot lesbienne associ au registre des insultes L emploi d euph mismes pour se d signer ou pour d signer leur compagne est une pratique courante en effet sept interview es ont mentionn y avoir recours plus ou moins fr quemment selon les situations et une participante n utilise que ce mode d identification Les termes amie et copine ou en anglais partner sont d un grand secours car ils permettent u
8. environnement concret des r sidences pour personnes g es en mati re d homosexualit Nous avons toutefois port une grande attention ne pas en faire un usage abusif afin de ne pas amalgamer outre mesure les deux cat gories gai et lesbienne et de ne pas masquer les diff rences existantes entre les deux groupes LA FAIBLE VISIBILIT DES LESBIENNES VIVANT ACTUELLEMENT EN R SIDENCE Parmi les 10 intervenants intervenantes interview s cinq nous ont affirm c toyer ou avoir c toy une ou plusieurs r sidentes lesbiennes et trois nous ont confi avoir ou avoir eu des soup ons propos de certaines femmes Une autre personne est persuad e de la pr sence de r sidentes lesbiennes sans avoir de soup ons en Vieillir en tant soi m me particulier et une derni re se dit convaincue qu il n y a aucune r sidente lesbienne dans son tablissement Lorsque interrog s sur les circonstances qui leur ont permis de conna tre l orientation homosexuelle de certaines r sidentes quatre des cinq intervenants es t moins d une telle pr sence nous ont dit avoir accueilli sous leur toit un couple de lesbiennes qui cohabitaient dans la m me chambre Un m me cas est rapport par les deux interview s de la r sidence qui s affiche publiquement comme ouverte aux gais et lesbiennes Deux des trois couples ainsi rep r s avaient opt pour un d voilement large dans leur lieu d habitation dont celui logeant
9. g es ayant recours des ressources d habitation tait pr visible d s le d part vu l invisibilit sociale des lesbiennes de ce groupe d ge et les r ponses n gatives des gestionnaires sollicit s lors de la phase de d marrage du projet Les d marches effectu es Les d marches de recrutement ont t effectu es entre le 2 f vrier et le 28 octobre 2002 EE E Vieillir en tant soi m me Les moyens utilis s Un ensemble de moyens fut utilis pour r aliser la prise de contact avec des organismes des intervenants es et des lesbiennes g es La distribution d affiches dans des endroits publics ou semi publics fut privil gi e comme m thode de recrutement anonyme et rayonnement large Dans la m me veine des annonces publicitaires ont t diffus es dans Le journal du Bel ge juillet ao t 2002 publication destin e aux personnes du troisi me ge et dans la revue Entre elles num ros 3 et 4 juin juillet 2002 magazine s adressant aux lesbiennes de tous ges Des d marches organis es selon une approche cibl e furent aussi entreprises tels l envoi de lettres et de documents ainsi que des contacts t l phoniques aupr s d organismes pr alablement identifi s La prise de contact par r f rence interpersonnelle fut galement une m thode privil gi e Cette approche a facilit les contacts directs avec des r pondants es dont nous savions qu ils ou elles correspondaient aux profils recherch
10. l impact d un d voilement de la part d une r sidente lesbienne Des attitudes d ouverture chez les intervenants es mais tant donn que les entrevues ont t r alis es majoritairement aupr s d intervenants es issus de petites et moyennes r sidences priv es seulement deux interview s es proviennent d tablissements de plus de 71 unit s et que cette cat gorie de r sidences se caract rise g n ralement par un d cloisonnement des t ches entre les cat gories professionnelles nous avons choisi de traiter conjointement de la perception du lesbianisme chez les employ s es et chez les membres de la direction qui remplissent souvent des t ches similaires en terme de rapports avec la client le r sidente De plus le contenu des entrevues tend confirmer que l appartenance l une ou l autre de ces cat gories socioprofessionnelles ne repr sente pas une ligne de fracture pour ce qui est de la perception du lesbianisme et de l homosexualit Vieillir en tant soi m me Des attitudes d ouverture l homosexualit et au lesbianisme De fa on g n rale les intervenants es se d clarent personnellement ouverts envers les personnes homosexuelles et si cela fait partie de leurs fonctions ils et elles disent qu ils r pondraient positivement la demande d un couple de partager une chambre ou un appartement Ils se montrent disponibles pour les couter et leur offrir un soutien moral au besoin Tou
11. situation a t soulign e par un grand nombre d intervenants es Intervieweuse Comment l avez vous appris qu il tait gai Est ce que vous en avez parl ouvertement avec lui Intervenante Non Ce n est jamais arriv avec quelqu un un r sident que l on discute de a Antoinette oo Vieillir en tant soi m me Il y en a un pr sentement qui est quand m me assez autonome et puis il y a des amis qui viennent le voir r guli rement Lui on se doute qu il soit gai un moment donn sa s ur nous a dit qu il tait gai mais lui il n en parle pas et je ne le questionne pas directement l dessus sauf que des fois j ouvre la porte en parlant de mon copain Je me dis que s il veut se confier il va sentir qu il y a une terre fertile Mais il n embarque pas Roger Comme le r sume bien Claude C est difficile on ne pourrait pas aborder directement ce sujet l avec des personnes de cet ge l parce que c est peut tre une g n ration o a a toujours t tabou on ne parlait pas de a 2 Le r flexe de taire les informations indices ou soup ons touchant l orientation sexuelle d un e r sident e aupr s des autres r sidents es alors que les membres du personnel parlent entre eux elles de leurs informations et questionnements sur l orientation sexuelle d un e r sident e un code de conduite non crit semble leur dicter de les dissimuler l ensemble des r sidents es ce qui d n
12. 1998 Isaac et Herringer 1998 RQASF 2003 les perceptions st r otyp es des femmes g es comme n ayant aucune sexualit alors que les d finitions sociales du lesbianisme souvent confondu avec l homosexualit masculine se construisent principalement autour de la sexualit Fullmer Shenk et Eastland 1999 K risit 2000 l absence de repr sentation des lesbiennes g es dans les m dias dans la litt rature f ministe et g rontologique ainsi qu l int rieur des communaut s lesbiennes et gaies elles m mes Auger 1992 Beeler et al 1999 Veilleux 1998 L invisibilit sociale des lesbiennes vieillissantes constitue une pierre d achoppement toute d marche visant documenter leur situation particuli re ou am liorer les ressources d habitation de m me que les autres services sociaux et de sant auxquels elles ont droit En effet il est difficile de les rejoindre ou de rep rer leur pr sence puisqu elles ne se manifestent gu re dans des contextes publics d interaction En outre cette invisibilit constitue une barri re ardue franchir en milieu institutionnel D un c t il faut respecter le choix individuel des lesbiennes g es de divulguer ou non leur orientation sexuelle Le probl me c est qu une longue vie durant laquelle leur lesbianisme tait consid r comme crime p ch ou maladie les a conditionn es se taire De l autre les gestionnaires et pourvoyeurs euses de services ne pe
13. e les avantages pragmatiques li s la divulgation sont galement pr sents Par exemple Catherine et Isabelle ont mentionn avoir fait des d marches plus formelles aupr s de leurs familles respectives notamment pour que l une et l autre soient int gr es dans les activit s familiales Souvent la divulgation face l entourage non intime vise ne plus avoir se cacher pouvoir vivre une vie plus normale avec la conjointe ce qui repr sente des avantages pour le couple Sur ce point on remarque que la pr sence d une vie de couple offre un plus grand potentiel en termes d avantages li s la divulgation l valuation des avantages et inconv nients serait donc un facteur plus sollicit dans l analyse du dilemme de visibilit invisibilit chez celles qui ont une vie amoureuse active Finalement ce type de facteur li l valuation des avantages et inconv nients intervient surtout dans la sph re publique ainsi qu aupr s de la famille et des connaissances non intimes EE E Vieillir en tant soi m me 3 Le degr d intimit de la relation et le positionnement de la personne dans le r seau social l ensemble des participantes souligne l importance de la divulgation de leur lesbianisme aupr s de personnes avec lesquelles elles entretiennent des relations d amiti significatives En effet le d voilement est n cessaire l atteinte d un certain niveau de proximit motive et il constitue souven
14. leurs perceptions des r sidences pour personnes g es de leur ouverture au lesbianisme de la possibilit d y affirmer son orientation sexuelle et de s y exprimer en tant que lesbienne Pour terminer nous sollicitions leur opinion sur la cr ation de r sidences alternatives pour lesbiennes pour femmes pour lesbiennes et gais et nous leur demandions de d crire quelle serait la r sidence id ale leurs yeux en faisant appel leur capacit de r ver Du c t des intervenants intervenantes les entretiens d butaient avec leur exp rience de travail aupr s des a n s es en g n ral et dans les services r sidentiels en particulier S Vieillir en tant soi m me Le principal th me abord par la suite concernait l adaptation ou la non adaptation des services pr sentement offerts ce qui incluait les aspects suivants la pr sence de lesbiennes et de gais parmi la client le actuellement desservie les fa ons de rep rer cette pr sence les explications avanc es de leur absence ou de leur non visibilit l int gration de ces personnes dans le milieu de vie la perception du lesbianisme et de l homosexualit par les diff rents groupes direction personnel autres r sidents es la discrimination qui s exerce ou pourrait s exercer envers des r sidentes s affirmant comme lesbiennes ou soup onn es de l tre les manifestations d homophobie et de lesbophobie dans l environnement r sidentiel a
15. mais a c est diff rent Il y a des choses que je ne peux pas dire Ils sont pr ts dire Oui on vous accepte bien Mais il y a toujours un mais en arri re de tout a Jean Robert Selon d autres intervenants es il ne faut pas pr sager trop vite des pr jug s des personnes g es Intervieweuse Selon vous quelle est la perception du lesbianisme et de l homosexualit en g n ral chez les r sidents Intervenant Je peux difficilement r pondre Je ne sais pas ce que peut tre leur perception Par contre je suis toujours surpris par des relations ext rieures avec des personnes g es de voir quel point ces gens l peuvent tre tol rants et peuvent comprendre des situations Claude Dans les exp riences narr es par les interview s es l on rel ve des illustrations concr tes de ces deux positions l une pessimiste l autre optimiste mais celle pr sumant d une plus grande fermeture semble toutefois tre dominante Du c t des exp riences positives on retrouve la r sidence ouverte la client le homosexuelle Les r sidents es qui s y trouvent connaissent les orientations de la direction ce sujet et semblent s y conformer Les gens les r sidents es sont habitu s Ils vivent dans un milieu o il y a des gais et lesbiennes Je n ai jamais eu connaissance que des h t rosexuels c est s r que la plupart des hommes habitant la r sidence sont h t rosexuels ma
16. organismes oeuvrant aupr s de personnes g es propos des probl matiques sp cifiques aux lesbiennes g es Afin de rassembler un chantillon pertinent notre tude un certain nombre de balises ont guid le choix des personnes pouvant participer aux entrevues Au niveau des intervenants es une participation tait jug e pertinente dans la mesure o ils et elles de par la nature de leur travail ou de leur exp rience taient ou avaient t en relation prolong e avec des personnes g es qui b n ficiaient de services d h bergement adapt s leur ge Ces personnes taient cibl es titre d informatrices cl s c est dire pour leur connaissance d un environnement particulier et d une client le qu elles c toyaient ou avaient c toy quotidiennement et non partir du poste qu elles occupaient En outre l on pr sumait que les intervenantes intervenants qui accepteraient de nous accorder une entrevue seraient sensibles la pr sence effective ou potentielle de r sidentes lesbiennes Au niveau des participantes lesbiennes les d marches ont t entreprises aupr s de femmes de 60 ans et plus se d signant elles m mes comme homosexuelles au sens large 12 1 fe quel que soit le terme qu elle privil gient pour s auto identifier et ayant des exp riences ou des pr occupations relatives l h bergement en r sidence pour personnes g es La difficult de rejoindre des lesbiennes
17. ration dans tout processus d adaptation des services 5 Tout d pendant de leur vocation particuli re les ressources d habitation priv es peuvent aussi s adresser une client le dont les limitations physiques ou mentales n cessitent un environnement r sidentiel adapt Nous avons cibl celles o la client le tait majoritairement g e Dans ce rapport nous employons indiff remment les expressions ressources d habitation r sidences ou r sidences pour personnes g es pour d signer ces tablissements tout en sachant que le crit re de l ge n est pas le seul pris en consid ration a Vieillir en tant soi m me leurs besoins leur invisibilit sociale leurs difficult s de vie et leurs r seaux de soutient L invisibilit sociale des lesbiennes g es L invisibilit sociale des cohortes les plus g es de lesbiennes a t soulign e maintes reprises Elle r sulte de plusieurs facteurs conjugu s dont les effets se renforcent mutuellement l habitude fortement ancr e dans cette g n ration de dissimuler son orientation sexuelle afin de se prot ger de la stigmatisation sociale Auger 1990 1992 Cassidy et Willey 1991 CLGRO 1997 Kehoe 1988 les pratiques institutionnelles h t rosexistes notamment dans les services sociaux et de sant qui tiennent pour acquis que toutes les femmes sont h t rosexuelles ce qui exclut les exp riences de vie des lesbiennes Daley
18. s majoritairement ou enti rement compos de personnes qui connaissent leur orientation sexuelle mais toutes ont aussi dans leur entourage des personnes qui n en sont pas inform es et qui demeurent la p riph rie des relations amicales Bref le r seau de soutien informel des lesbiennes interview es peut tre repr sent selon un mode organisationnel centre p riph rie o le centre est compos de relations amicales et familiales intimes et la p riph rie form e de relations amicales familiales ou simples connaissances moins intimes La place de chacun des l ments du r seau amical peut tre valu e partir de la cat gorisation initi s es non init s es La place sp cifique des amies lesbiennes dans le r seau amical est un autre point fort ressortant de l analyse des entrevues en effet le cercle intime est souvent compos quasi exclusivement d amies lesbiennes Celles ci sont plusieurs reprises assimil es explicitement une famille choisie ou des relations de sororit Dans son t moignage Iris explique que la relation qu elle entretient avec ses deux meilleures amies lesbiennes remplace les relations familiales absentes en raison de sa rupture avec sa famille Cette r f rence des l ments constitutifs de la sororit se retrouve dans d autres t moignages tel celui de Lise qui a le m me groupe d amies Vieillir en tant soi m me lesbiennes depuis plus de vingt ans avec le
19. sexuelle reconnaissance des conjoints et conjointes de m me sexe par le gouvernement qu b cois 1999 puis par le gouvernement f d ral 2000 adoption au Qu bec de la loi 84 instituant l union civile et tablissant de nouvelles r gles de filiation pour les parents de m me sexe 2002 d cisions des tribunaux en faveur de Vieillir en tant soi m me l acc s au mariage pour les couples homosexuels dans quelques provinces canadiennes dont le Qu bec en 2004 Ces avanc es l gislatives la fois refl tent et contribuent induire des attitudes d ouverture envers les personnes homosexuelles dans l ensemble de la soci t Elles favorisent une prise en compte de leurs r alit s conjugales et familiales dans les services la population notamment ceux offerts dans le secteur de la sant et des services sociaux Cependant l on ne saurait pr sumer que l galit juridique entra ne automatiquement une modification des comportements et des pratiques institutionnelles qui traduise une acceptation pleine et enti re des personnes homosexuelles Par ailleurs avec le vieillissement de la population les craintes relatives au manque d adaptation des services sociaux et de sant pour les populations homosexuelles se sont aviv es en effet l avanc e en ge peut entra ner une d pendance accrue face au syst me de sant sans compter que l orientation sexuelle n est g n ralement pas prise en compte dans l off
20. t rosexuelle face une pr sence lesbienne ou gaie affirm e et aux efforts n cessaires pour reconna tre contenir et ventuellement faire dispara tre les manifestations de lesbophobie et d homophobie dans l environnement r sidentiel Par del la volont exprim e titre individuel de faire place aux lesbiennes dans les r sidences pour personnes g es les propos recueillis indiquent une absence de prise en charge au niveau des tablissements Les m canismes d accueil formulaire constitution du dossier etc ne pr voient aucun questionnement sur l orientation sexuelle Cette information n est pas jug e n cessaire elle est consid r e comme n ayant aucune incidence sur la condition m dicale et sur les soins requis ou comme relevant de la vie priv e juste titre puisque la chambre ou l appartement occup dans une r sidence tient lieu de domicile personnel S il n est ni possible ni souhaitable de s enqu rir directement de l orientation sexuelle des r sidentes lesbiennes lesquelles seraient de toute fa on peu enclines se d voiler de but en blanc d s leur arriv e il reste que la pr somption de l h t rosexualit semble g n ralis e dans les fa ons de faire Aucune mesure n est mise en place pour favoriser l emploi d un langage neutre ou inclusif dans les interactions avec la client le pour sensibiliser le personnel la pr sence possible de lesbiennes ou d velopper chez lui des habi
21. ter son int gration r ussie comme un signe de r ceptivit envers les r sidents es homosexuels A l appui des sc narios plus pessimistes on retrouve une autre exp rience relat e par Suzanne qui concerne un couple lesbien dans la cinquantaine qui vit dans l un des deux tablissements plac s sous sa responsabilit Dans son t moignage elle nous explique qu un r sident homophobe et misogyne aurait de fr quentes prises de bec avec le couple de lesbiennes Tu as des personnes qui sont born es Tu en as qui je visualise un monsieur l bas que lui les lesbiennes il ne les respecte pas Mais il ne respecte pas la femme en tant que telle alors ce n est pas parce qu elles sont lesbiennes il ne respecte pas la femme a fait qu ils sont toujours pris couteaux tir s Suzanne La r ticence des r sidents es gais et lesbiennes se d voiler aupr s de leurs cong n res observ e par les intervenants es appuie galement la vision pessimiste du degr de r ceptivit des personnes g es vivant dans les r sidences De plus certaines r actions de r sidents es rapport es par les intervenants es illustrent bien A per 1 x 2 he tie is 2 que m me lorsqu il n y a pas de m chancet ou d agressivit impliqu es dans l attitude manifest e l homosexualit n est pas un l ment banal pour les r sidents es h t rosexuels La r action que je voyais de la part de r sidentes h t rosexuel
22. troisi me ge Nous n avons pas retenu les termes qui nous semblent nier ou occulter a priori les aspects n gatifs li s au vieillissement par ex ge d or m me si nous sommes conscientes que cette tape de la vie se conjugue aussi avec sant bonheur et accomplissement Il est bien entendu que l expression lesbiennes g es d signe ici une cat gorie d ge et non pas la perception de soi m me comme tant une personne g e Vieillir en tant soi m me Nous esp rons que ce rapport constituera un outil de sensibilisation afin de susciter une prise de conscience et de favoriser une meilleure compr hension de la probl matique du vieillissement chez les lesbiennes de la part des gouvernements des responsables du syst me de sant et de services sociaux des administrateurs et administratrices intervenants et intervenantes dans le domaine des services r sidentiels de m me que tous ceux et celles oeuvrant un titre ou un autre aupr s des personnes g es Nous invitons les gestionnaires d tablissements qu ils soient publics ou priv s d finir eux m mes les mesures mettre en oeuvre afin d y accueillir ad quatement la client le lesbienne Nous incitons galement le R seau des lesbiennes du Qu bec et d autres organismes communautaires explorer diverses avenues pour la mise sur pied de services alternatifs s adressant une client le lesbienne ou mixte C est l un
23. 1988 Lesbians over 60 speak for themselves Binghamton New York Haworth Press K RISIT Mich le 2000 Les figures du vieillissement des femmes en g rontologie dans FRIGON Sylvie et Mich le KERISIT dir Du corps des femmes contr les surveillances et r sistances Ottawa Presses de l Universit d Ottawa p 195 228 KIRBY Sandi et SUM QUOD SUM FOUNDATION 2000 Sexual orientation and images of deviance Report on a needs assessment survey of senion gays and lesbians dans L G BEAMAN dir New Perspectives on Deviance The Construction of Deviance in Everyday Life Scarborough Prentice Hall Canada p 109 118 KITZINGER Celia 1989 Liberal humanism as an ideology of social control The regulation of lesbian identities dans J STOTTER et K J GERGEN dir Texts of Identities Londres Sage p 82 98 KOCHMAN Arlene 1997 Gay and lesbian elderly Historical overview and implications for social work practice Journal of Gay and Lesbian Social Services vol 6 p 1 10 MATHIESON C 1998 Lesbian and bisexual health care Straight talk about experiences with physicians Canadian Family Physician Le M decin de famille canadien vol 44 p 1634 1640 METZ Pam 1997 Staff development for working with lesbian and gay elders Journal of Gay and Lesbian Social Services vol 6 p 35 45 MINIST RE DE LA SANT ET DES SERVICES SOCIAUX 1997 L adaptation des services
24. LES LESBIENNES DANS LES R SIDENCES POUR PERSONNES G ES Il nous est pratiquement impossible d estimer l ampleur de la pr sence lesbienne dans les r sidences pour personnes g es en raison du peu d information disponible sur le sujet et de la limite des outils dont nous disposons pour proc der une valuation fiable notamment l absence d entrevues avec des lesbiennes y ayant lu domicile En effet notre principale source d information est le corpus d entrevues r alis es aupr s des intervenants et intervenantes Or il est tr s difficile de tirer des conclusions m me sommaires partir de ce seul outil car il ne mesure pas la pr sence r elle de lesbiennes dans ces lieux d habitation mais plut t la connaissance et la perception qu en ont les intervenants es L analyse des propos recueillis nous a toutefois permis d observer les modes d expression utilis s par les lesbiennes g es en r sidence qui choisissent de se rendre visibles plus ou moins ouvertement ou s lectivement selon le cas Il est noter que nous allons parfois recourir des informations concernant la pr sence de gais de sexe masculin afin de pallier les lacunes de notre mat riel ce sujet nous utiliserons quelques reprises l unique entrevue r alis e aupr s d un r sident gai Jean Robert comme appui ou compl ment aux propos des autres interview s es Les analogies tablies partir de ce cas enrichissent notre connaissance de l
25. Participante Mon m decin ne le sait pas et je ne vois pas pr sentement pourquoi je le lui dirais a ne me donnerait rien Intervieweuse Si le m decin vous posait la question Participante Je le dirais mais je ne vois pas pourquoi il me poserait la question il n y a pas de rapport avec ma sant a ne me d rangerait pas de le dire mais a me prendrait une raison en lien direct Marie Si jamais a m arrivait de me faire poser la question je serais parfaitement l aise de dire que je suis lesbienne mais je ne vois pas pourquoi il me poserait la question Qu est ce que a a voir avec mon corps Lise Les r actions des participantes cette question montrent clairement que l enjeu de la divulgation dans la sph re publique n est pas li un malaise identitaire mais est plut t associ la n cessit ou non de le dire pour la fois maximiser son bien tre et la relation de service dans laquelle elles sont impliqu es et minimiser les risques encourus Bref dans la sph re publique la prudence est de mise et il est pr f rable de ne pas en parler s il n y a pas de raisons concr tes de le faire 8 Par ailleurs l attitude des m decins consult s par les participantes ne semble pas exceptionnelle En effet selon diverses tudes qu b coises et canadiennes les professionnels les de la sant y compris les m decins ne s enqui rent g n ralement pas de l orientation sexuelle de leurs pati
26. aise de partager leurs pr occupations sans restriction et en toute confiance Selon Jeannette Auger le risque d isolement est grand chez les lesbiennes de cette g n ration plusieurs n acceptent pas de s identifier comme lesbiennes cause des st r otypes n gatifs celles qui se sont mari es et sont devenues m res craignent de perdre des avantages li s l image d h t rosexuelle qu elles ont projet e pendant une partie de leur vie Auger 1992 En outre les lesbiennes appartenant aux cohortes les plus g es celles vivant en milieu rural n ont pu b n ficier des retomb es des mouvements de lib ration telles que r seau associatif lieux de socialisation 8 Sur les biais d chantillonnage voir la note 2 9 Le soutien motionnel comble les besoins damour d estime de soi et de confiance Il se distingue du soutien instrumental lequel inclut divers types d assistance pratique tels que l aide pour les achats la pr paration des repas le transport les travaux de maison etc Carpentier et White 2001 Vieillir en tant soi m me repr sentations positives de l homosexualit qui facilitent l identification comme lesbienne et le d veloppement de relations avec ses semblables Anderson 2001 Auger 1990 Butler et Hope 1999 Enfin la sortie du placard des lesbiennes vieillissantes vis vis des personnes de leur propre groupe d ge serait plus risqu e compte tenu de la plus grande f
27. aux institutions et aux organismes desservant les personnes g es qu ils rel vent du secteur public ou priv d adopter une attitude proactive afin de cr er de l espace pour la diff rence sexuelle et pour la diversit l int rieur de cette diff rence Il est de leur responsabilit de briser le silence de cr er un climat d acceptation et d adapter les services offerts afin de tenir compte de l orientation sexuelle Pour y parvenir les gestionnaires et les intervenants intervenantes devront se familiariser avec les r alit s psychosociales des lesbiennes g es en vitant le pi ge de l galitarisme lib ral qui conduit n gliger les fili res d appartenance autres que l identification 109 Vieillir en tant soi m me A une classe d ge et qui renforce ainsi l invisibilit des lesbiennes g es Ils doivent galement identifier des mesures concr tes mettre en uvre pour enrayer l homophobie et l h t rosexisme dans les services qu ils fournissent De toute vidence la formation constitue un ingr dient essentiel dans la mise en place d une approche proactive Outre le programme d j offert par le minist re de la Sant et des Services sociaux du Qu bec Pour une nouvelle vision de l homosexualit il faudrait cr er des outils p dagogiques t moignages films permettant de d couvrir les r alit s des lesbiennes g es Le R seau des lesbiennes du Qu bec est en train de pro
28. besoins et aux r alit s des lesbiennes g es Les entrevues avaient pour finalit de compenser cette lacune en explorant les perceptions des principaux int ress s d un c t des intervenantes intervenants familiaris s avec le fonctionnement actuel des r sidences pour personnes autonomes ou semi autonomes dispos s partager avec nous leurs r flexions sur les possibilit s d y accueillir des lesbiennes et sur les changements envisager pour qu elles s y sentent pleinement int gr es de l autre des lesbiennes de 60 ans ou plus ayant une vision de l ad quation ou non des ressources d habitation leurs besoins ainsi que des am liorations souhaitables parce qu elles y habitent qu elles connaissent une personne de leur entourage y r sidant ou qu elles anticipent d y avoir recours Suite aux difficult s de recrutement relat es plus loin aucune entrevue ne fut men e avec des lesbiennes s journant actuellement en r sidence Les entretiens avec des lesbiennes vivant dans leur domicile propre se sont d roul s en trois temps La premi re partie explorait les conditions de vie de l interview e ses choix identitaires son cadre domiciliaire et ses relations avec le voisinage ses activit s quotidiennes et de loisirs ses relations amoureuses amicales et familiales de m me que E Vieillir en tant soi m me son utilisation des ressources communautaires et commerciales s adressant aux lesbien
29. chez les r sidents es Elle publicise cette ouverture vis vis de l homosexualit sans toutefois se restreindre cette client le Cette sp cificit se refl te d ailleurs fr quemment dans l analyse des entrevues des deux intervenants es qui y travaillent et dans les constats qui en ressortent Aussi sur certains points le pr sent rapport fait mention explicitement de ce cas particulier afin de faire des comparaisons avec les r sidences que nous qualifierons de conventionnelles Le recrutement des intervenants et intervenantes Les intervenants et intervenantes ayant particip des entrevues individuelles ont t recrut s par le biais des r sidences ayant offert une collaboration lors du contact pr liminaire Il s agit donc principalement d administrateurs administratrices de propri taires d employ s es affect s aux soins de la client le r sidente ou l animation socioculturelle et d employ s es homosexuels une description plus d taill e de chantillon obtenu sera pr sent e dans une section ult rieure La mise en contact a donc t effectu e via l administration qui s tait pr alablement assur e de l int r t de ces personnes collaborer notre tude Les principales difficult s rencontr es outre le peu d int r t de certaines institutions participer la recherche ou inciter son personnel le faire furent le peu d information dont dispose le personnel sur la question des
30. des colliers arc en ciel qu elle porte pour afficher discr tement son orientation C est pour elle une fa on de s afficher sans trop d clat ou de confrontation Ceux qui ne le savaient pas ils l ont su J tais tr s color e avec mes bracelets et colliers Beaucoup de gens m ont pos des questions mais les gens ne savent pas encore ce que a veut dire ces couleurs l des fois je leur explique des fois je ne leur explique pas quand ce n est pas n cessaire quand c est une trang re Louise De la m me mani re Pauline a appos un petit drapeau autocollant sur la plaque de sa voiture Dans un autre registre Iris nous a racont avoir voqu une visite l Androgyne librairie gaie et lesbienne lors d une conversation avec un coll gue de travail qu elle savait gai en guise d indice sur son orientation sexuelle De son c t Marine a offert sa s ur un livre traitant du lesbianisme dans lequel elle avait publi 21 Mise sur pied en 1973 cette librairie jouissait d une tr s bonne notori t aupr s de la client le lesbienne et gaie montr alaise cause notamment de sa long vit Elle a ferm ses portes l t 2002 E Vieillir en tant soi m me un texte L utilisation du non dit est une strat gie de d voilement la fronti re entre le d voilement direct et le d voilement indirect car elle comporte la fois une dimension proactive et une certaine r serve et
31. empiriques demeurent peu nombreuses se basent g n ralement sur de petits chantillons et comportent certains biais favorisant une surrepr sentation des lesbiennes duqu es blanches de classe moyenne et habitant une grande ville le plus souvent am ricaine o l on retrouve des communaut s gaies et lesbiennes relativement bien organis es Certaines tudes datent d une vingtaine d ann es et leurs r sultats sont difficilement transf rables compte tenu des changements l gislatifs et sociaux qui se sont produits depuis Pour une critique des limites m thodologiques des recherches disponibles voir Adelman 1991 Beeler et al 1999 Butler et Hope 1999 Jacobs et al 1999 Chamberland Brossard et Heffernan 2001 Veilleux 1998 Notons qu au moment o nous avons effectu le relev des crits il n existait aucune tude qu b coise portant sp cifiquement sur les lesbiennes face au syst me de sant et de services sociaux La recherche du R seau qu b cois d action pour la sant des femmes Pour le dire Rendre les services sociaux et les services de sant accessibles aux lesbiennes a t publi e en 2003 Nous y faisons r f rence dans le pr sent rapport 3 tant donn que les changements l gislatifs au Qu bec et au Canada sont r cents on ne trouve aucune information sur leur impact chez les cohortes de lesbiennes de 60 ans ou plus Vieillir en tant soi m me personnel et dans les pratiqu
32. la recherche ssssssssssssssersernsesseresrrseresnrrersrsrsnenrnresensenenreresesnrererens 28 Portrait synth se des intervenantes et intervenants interview s ssss sssssesrisrersessesses 28 Portrait synth se des lesbiennes g es interview es ss 30 Port s et hnites de la recherche sisisi a aE Es a a Rte 32 LES LESBIENNES DANS LES R SIDENCES POUR PERSONNES G ES ss 37 La faible visibilit des lesbiennes vivant actuellement en r sidence 37 L accueil de r sidentes lesbiennes des perceptions contradictoires 44 Les r actions anticip es de la part de la client le r sidente h t rosexuelle 44 Des attitudes d ouverture chez les intervenants es mais 48 Les craintes exprim es par des lesbiennes g es ennemie 56 PORTRAIT DE LESBIENNES G ES AUTONOMES eamrmannmemontaanannnontnuit one 59 Lesenjeuxtelatifs a Liden tit eo R E A O R A A 59 Les fa ons de se nommer et les habitudes langagi res 59 L organisation de l univers social ou l art de se construire un espace pour vivre son les Diana ME naaa ne RS tt EE ee DS tt Et te MS S UE 63 Sph re pubhque sph re D V S Dana dun ententes has n Te iea 63 La division entre initi s es et non initi s es issues cesser 68 LesenjeuxidentitaiteS sn nn ne 69 Vieillir en tant soi m me Le dilemme de visibilit invisibilit enr EEEE a 71 Les facteurs influen ant la d cision de divulguer ou dissimuler son orientation sexuelle71
33. large spectre d institutions appartenant des cat gories diff rentes et donc desservant des client les vari es tout en rejoignant un bassin significatif de r sidents es Il est tr s difficile de faire une pr sentation de ce groupe bas e sur le co t de l h bergement tant donn la non uniformit des services inclus dans la facturation mensuelle de chaque tablissement et la difficult qui en d coule de dresser un portrait significatif de cette dimension Les r sidences pour personnes g es constituent la plus importante proportion des organismes cibl s et rejoints et ce en raison du caract re central de ces tablissements dans l tude de notre probl matique Un bilan d taill des contacts tablis avec ce type d institutions sera pr sent dans la section suivante Organismes publics et communautaires Dans cette cat gorie les CLSC furent les principaux organismes rejoints en raison de leur mission sp cifique et de leur position carrefour dans l orientation des personnes g es vers les ressources qui sont appropri es leur situation En tant que carrefour des services la collectivit en mati re de sant et de services sociaux les CLSC sont au fait des ressources particuli res existantes dans leur secteur Quelques autres organisations de cette cat gorie tels des groupes de b n voles offrant un soutien aux personnes g es ont galement t contact es Associations de personnes g es Quelq
34. les m mes que ceux du groupe majoritaire Aussi les manifestations de bonne volont et d ouverture observ es dans les t moignages ont peu de port e dans le quotidien de ces institutions malgr leur sinc rit Cette cons quence non recherch e provient du fait que les intervenants es pensent conna tre les besoins du groupe des lesbiennes g es partir de l exp rience et de la connaissance qu a l intervenant e des besoins propres un autre groupe On retrouve une variante de cette cons quence n gative dans le comportement des intervenants es gais et lesbiennes interview s Ces derniers manifestent de fa on g n rale une compr hension et une sensibilit plus grande que leurs homologues h t rosexuels vis vis des besoins des lesbiennes g es en r sidence mais ils pr sentent une tendance pr sumer des besoins du groupe des r sidentes et r sidents homosexuels g s partir de la connaissance qu ils ont des besoins des gais et lesbiennes de leur propre g n ration Or leur r alit n est pas la m me et faute de ressources ad quates les tentatives d am liorer le sort des r sidents es de leur tablissement ne sont pas aussi efficaces qu ils le voudraient et ne rendent pas justice leurs efforts Bref m me lorsque les intervenants es d montrent un int r t sinc re pour l am lioration de l accueil de r sidentes lesbiennes les interventions privil gi es sont souvent inefficaces parce que non ad
35. ni discut avec lui de ce sujet mais sa conjointe l accompagnait lorsqu elle le visitait On n en a jamais parl mais mon fr re est au courant Moi je n ai jamais parl mais ils m ont toujours vu arriver avec quelqu une Marine a adopt une approche plus directe mais toujours dans le non dit C est au moment o j ai publi un livre traitant du lesbianisme je le lui ai offert ma soeur et elle avait l air comme au courant Vieillir en tant soi m me Chez les intimes ou les personnes dont le lien principal en est un d amiti la divulgation prend une autre signification et rel ve davantage des besoins de reconnaissance identitaire de la volont d tre reconnue dans son enti ret Pour la plupart des participantes la divulgation de cette information est n cessaire pour faire passer une connaissance dans le cercle des intimes Iris illustre bien cette n cessit en nous racontant comment elle a agi avec une ancienne coll gue de travail devenue une amie une fois qu elle a quitt son emploi Moi je ne lui ai pas dit tant que l on travaillait ensemble Je me suis dit que si on est pour se mettre se parler en dehors du travail je n ai pas envie de le cacher Je l ai d j v cu a avec une coll gue de travail quand j ai quitt le travail de ne pas le lui dire et un moment donn ce n tait plus vivable Alors je me suis dit je choisis ou bien elle est cap
36. oit Il y a comme une d ception profonde avec tout ce monde l que je vois bien que j aime bien Mais ce n est pas une relation qui me satisfait Marine Une participante nous a galement fourni un exemple de solidarit bas e uniquement sur l identit sexuelle commune Il s agit d une relation d entraide mutuelle de nature occasionnelle et fonctionnelle qui s est tablie entre Iris et une brocanteuse de son quartier qui est lesbienne elle aussi Pour Iris la relation s est b tie carr ment sur le fait qu elle est lesbienne Il ne s agit pas d une relation impliquant du soutien motionnel comme c est le cas avec le r seau d amies lesbiennes mais elle s inscrit tout de m me dans le r seau de soutien informel La conjointe La conjointe est une composante cl du r seau de soutien Au premier plan vient la question du soutien motionnel et psychologique chez les participantes en couple et chez celles ayant v cu une relation de longue dur e jusqu un ge avanc la conjointe est tait la personne la plus proche la plus pr sente et la plus intime dans le r seau social L assistance fonctionnelle fait aussi partie int grante de la relation conjugale particuli rement en cas de maladie les deux interview es ayant perdu une compagne apr s de nombreuses ann es de vie commune ont expliqu avoir t au centre de l organisation des soins requis par leur conjointe tout au long de la maladie Du po
37. privil gient on remarque une variation du langage selon le lieu et le type de relations dans lesquelles les participantes sont engag es aupr s des intimes les barri res sont moins pr sentes et les r ticences utiliser les mots lesbienne et gaie sont E Vieillir en tant soi m me moindres alors que dans les relations impersonnelles ou de services les euph mismes sont plus couramment employ s de m me que dans des conversations entre intimes dans des lieux publics Le comportement langagier est sur ce point tr s r v lateur de la diff renciation que les participantes op rent entre la sph re publique et la sph re priv e s paration qui se r percute directement dans le comportement adopt chaque univers est associ un code de conduite L organisation de l univers social ou l art de se construire un espace pour vivre son lesbianisme L univers social et familial des lesbiennes interview es est organis selon une double structure binaire Dans un premier temps il y a une division entre la sph re priv e et la sph re publique qui constituent deux univers diff rents commandant chacun un mode de fonctionnement et r f rant un code de comportement sp cifique En plus de cette division priv public un autre clivage est pr sent dans les r cits il s agit d une classification des relations selon la connaissance ou non du lesbianisme de la participante par son interlocuteur interlocutrice
38. rare par exemple la r ponse mensong re du couple Isabelle et Catherine lorsque des personnes trang res leur demandent si elles sont deux s urs ou r serv e une sph re sociale pr cise comme le lieu de travail o Catherine a pr tendu avoir un mari aupr s de ses coll gues Les participantes nous disent utiliser de moins en moins cette strat gie gr ce l ouverture croissante qu elles per oivent dans la soci t La dissimulation passive Vieillir en tant soi m me La dissimulation passive consiste viter de fournir des indices identifiant leur orientation sexuelle ou contourner les situations qui pourraient tre compromettantes sans toutefois mentir ou modifier profond ment son mode de vie pour y arriver les zones floues sont souvent mises profit et l ambigu t est fort utile Si le recours la dissimulation active se fait de plus en plus inhabituel la dissimulation passive est elle toujours pr sente et utilis e plus ou moins fr quemment selon les participantes Les exemples relat s dans la section traitant du vocabulaire et du langage fournissent de nombreuses illustrations Les strat gies de dissimulation passive s observent davantage dans la sph re publique qui parce qu elle est constitu e de rapports plus impersonnels que la sph re priv e est plus propice leur utilisation LES R SEAUX DE SOUTIEN SOCIAL Nous avons d fini le r seau de soutien comme l en
39. sociaux et de sant aux r alit s homosexuelles Orientations minist rielles Qu bec Gouvernement du Qu bec 115 Vieillir en tant soi m me MINISTRY OF HEALTH AND MINISTRY RESPONSIBLE FOR SENIORS 1999 Caring for Lesbian Health A Resource for Canadian Health Care Providers Policy Makers Planners Vancouver Gouvernement de Colombie Britannique PEERS Lynda et Ir ne DEMCZUK 1998 Lorsque le respect ne suffit pas intervenir aupr s des lesbiennes dans DEMCZUXK Ir ne dir Des droits reconna tre Les lesbiennes face la discrimination Montr al ditions du Remue m nage p 77 127 PINK TRIANGLE SERVICES LES SERVICES DU TRIANGLE ROSE 2001a How well are we doing A survey of the GLBT population of Ottawa Ottawa Wellness Project Trouv le 8 septembre 2004 l adresse Internet www pinktriangle org RAMSAY Heather 1994 Lesbians and the health care system Invisibility isolation and ignorance You say you re a what Canadian Woman Studies Les Cahiers de la femme vol 14 p 22 27 R SEAU QU B COIS D ACTION POUR LA SANT DES FEMMES RQASF 2003 Pour le dire Rendre les services sociaux et les services de sant accessibles aux lesbiennes Rapport de recherche Montr al R seau qu b cois d action pour la sant des femmes RISDON C 1998 Lesbian and bisexual women Challenging our heterosexist assumptions Canadian Family Physician Le M decin de famille ca
40. sph re priv e Cela illustre une fois de plus la conception r pandue dans les t moignages selon laquelle l homosexualit est un choix personnel et une r alit individuelle qui a pour seule sp cificit les pratiques sexuelles L orientation sexuelle a ne change pas la personne en tant que telle Claude L individualit est alors mise au premier plan et les fili res d appartenance autres que l identification une classe d ge sont compl tement vacu es Nous sommes tous des tres humains nous sommes tous gaux C est une chose que d apr s moi on n a pas choisie On est comme on est et puis il faut accepter ce qu on ressent Robert Vieillir en tant soi m me L id ologie lib rale humaniste est galement mise de l avant pour expliquer en quoi le groupe des employ s es et membres de la direction n est pas sujet la discrimination Gai lesbienne bi ou transexuel le moi j ai pour mon dire qu une personne qui vient travailler comme intervenant ici s il va travailler dans une r sidence c est parce qu il veut apporter du bien l humain Quand tu veux apporter du bien tu n es pas suppos avoir de pr jug s Dominique L analyse des arguments et des exemples utilis s par les intervenants es pour valuer la r ceptivit d un groupe face la diversit sexuelle fournit une derni re illustration de cet esprit lib ral humaniste qui anime une partie d entre eux elles en effe
41. sur le degr d ouverture de chacun de ces groupes ainsi que sur les r actions observ es ou appr hend es la pr sence de lesbiennes ou de gais parmi les r sidents es Les r actions anticip es de la part de la client le r sidente h t rosexuelle Comme nous l avons mentionn pr c demment plusieurs intervenantes et intervenants nous ont soulign que selon eux et elles l homosexualit ne faisait pas partie de l univers social habituel de la majorit des personnes g es Pour cette raison certains soulignent la difficult estimer avec exactitude l opinion des r sidents es de leur tablissement sur l homosexualit et pr voir leurs r actions la pr sence ventuelle de lesbiennes ou de gais parmi les leurs en l absence d exemples concrets ou de cas v cus Quoi qu il en soit leurs valuations sont partag es Selon o Vieillir en tant soi m me une partie des interview es il est incontestable que l ouverture l homosexualit est moindre chez cette g n ration Intervieweuse D o vient cette discrimination de la part des autres r sidents Intervenant Je pense que encore l c est leur g n ration Dans le temps vous savez une personne gaie homosexuelle c tait une maladie Je pense que c est rest coll Fabrice Cet avis est galement exprim par le r sident gai interview Je ne dis pas que je ne parle pas avec les gens les r sidents es
42. tendance favorisant les r sidences pour lesbiennes g es parmi les participantes il n existe pas de consensus au sein de notre chantillon quant la composition id ale de la r sidence en termes de type de client le admise outre la question de la pr sence d hommes h t rosexuels qu une seule participante envisage de c toyer sans h sitation Les opinions sont galement tr s diversifi es en ce qui a trait aux autres caract ristiques de la r sidence id ale sa localisation sa grandeur le type d activit s offertes aux r sidents es etc Toutefois l analyse des justifications avanc es par les interview es pour expliquer leurs pr f rences r v le une r elle coh sion des t moignages car les diff rents mod les de r sidence souhait s se pr sentent en fait comme autant de modalit s permettant d atteindre le m me objectif d acceptation de leur r alit lesbienne et de s curisation physique et sociale de leur environnement Chacun leur mani re ils traduisent une aspiration commune celle d un environnement exempt d h t rosexisme et d homophobie o il est possible de vivre son lesbianisme et de rencontrer des semblables avec lesquelles on partage des affinit s Un tel cadre de vie faciliterait la sociabilit l entraide et l organisation d activit s sociales Aussi si l on tablit des liens avec les enjeux relatifs l am nagement de l identit tels qu analys s au chapitre pr c dent
43. termes de compatibilit entre le mode de structuration socio identitaire des lesbiennes g es et la culture institutionnelle des r sidences Nous avons donc cherch identifier les points de discordance entre ces deux univers de fa on mieux cibler les espaces d intervention appropri s et disponibles N Un premier l ment l origine du manque d ad quation entre la r alit des lesbiennes g es et le fonctionnement des r sidences est l attitude attentiste de ces derni res retrac e dans tous les t moignages des intervenants es sauf ceux provenant de la r sidence favorisant la client le homosexuelle Andr et Dominique Discours symptomatique de cette r alit certains intervenants et intervenantes expliquent l absence de pr occupations concernant les besoins sp cifiques des personnes homosexuelles par le fait que la r sidence pour laquelle ils travaillent n a jamais t confront e cette situation ou pour celles qui l ont t que les r sidents r sidentes homosexuels n ont jamais formul de demandes particuli res C est peut tre parce que l on pense qu il n y en a pas On s imagine qu il n y en a pas Parce qu il n y a personne qui arrive ici et puis qui dit qu il ou elle a ces besoins l Fabrice Cet extrait illustre tr s bien le cercle vicieux dans lequel se situent plusieurs r sidences pour personnes g es qui n adoptent aucune mesure pour s adapter une client le homosexu
44. vos amies lesbiennes est ce que vous changez des services Participante Bien j ai une telle ma chum de femme Elle si je m en allais une semaine de temps et que je disais Sylvie tu vas aller arroser mes plantes elle viendrait J ai d j sorti avec elle ant rieurement d ailleurs Pauline Chez quatre des huit participantes c libataires on retrouve une ancienne compagne dans le cercle des amies intimes La division entre initi s es et non initi s es La division initi s es non initi s es a t ajout e l analyse suite au constat des limites de la division classique sph re priv e sph re publique qui ne permettait pas de rendre compte de toutes les dimensions du v cu des interview es en effet nous avons constat que certains types de relations appartenant la sph re priv e commandaient chez les participantes un comportement normalement associ la sph re publique Ainsi donc un autre facteur entre en consid ration dans l valuation des types de relations tablir avec chaque cat gorie de personnes En Vieillir en tant soi m me cons quence la division initi s es non initi s es permet de dresser un portrait plus exact de l univers social des lesbiennes g es que nous avons rencontr es De fa on g n rale la segmentation entre initi s es et non initi s es est similaire celle r gissant la d limitation entre sph re priv e et sph re publique mai
45. 116
46. able de vivre avec le fait que je suis lesbienne et on continue se parler ou bien elle n est pas capable de vivre avec l id e et si elle ne veut plus me parler qu elle ne me parle plus Iris Bien que toutes les personnes inform es de l orientation sexuelle des participantes ne soient pas des intimes l inverse peut difficilement tre vrai Chez les participantes le r seau lesbien occupe une place pr pond rante et c est souvent l que s expriment les besoins de reconnaissance identitaire li s l orientation sexuelle On retrouve dans les entrevues un traitement particulier de l amiti entre lesbiennes et plusieurs participantes nous mentionnent qu elles entretiennent un lien privil gi et sp cifique avec leurs amies lesbiennes Intervieweuse Que vous apportent vos amies lesbiennes dans votre vie Participante Au moins de ne pas tre toute seule a m apporte moins de solitude Je me sens avec mon monde moi Pauline Participante C est bien important je ne sais pas ce que je ferais si je n avais pas a Mes amies gaies je les vois plus souvent les autres ont des familles C est peut tre des fois dans la sexualit ou avec comment a se passe comment on vit a Avec mes amies gaies il n y a pas de probl me mais avec les autres il y a une certaine retenue Mais le reste il n y a pas vraiment de diff rence Marie Une participante nous explique que ses amies lesbiennes rempl
47. acent sa famille avec qui elle a rompu les liens Intervieweuse Qu est ce que vous apportent vos amies lesbiennes dans votre vie a Vieillir en tant soi m me Participante Quand je vois du monde qui appelle leurs s urs et leurs fr res moi je n ai plus de famille J ai rompu avec ma famille Alors c est vraiment a C est de jaser On s apporte du support quand on en a besoin on se donne des nouvelles On a vraiment des relations dans les romans quand ils parlent des relations entre deux s urs qui s entendent c est a Iris Le r seau d amies lesbiennes constitue ici ce que plusieurs auteurs auteures qualifient de famille choisie ou famille lective Dans notre chantillon ce cercle d intimes est compos largement d amies lesbiennes comprenant souvent d anciennes compagnes Mon ex de l poque c est aussi ma meilleure amie Iris Intervieweuse Pr sentement est ce que tu as une compagne Participante Depuis 1994 j ai d cid de couper ma relation mais je suis tr s amie avec la m me personne Lise Intervieweuse Est ce que vous voyez souvent vos amies lesbiennes Participante Oui j en ai qui m appellent tous les jours Ma premi re blonde elle m appelle trois fois par jour pour me parler de ses lectures de ce qu elle vient de voir dans le journal Des fois pas du tout quand elle est bien occup e mais part a c est r gulier Marine Intervieweuse Avec
48. apt es aux besoins r els de Vieillir en tant soi m me cette client le Si la bonne volont est la condition de d part de l am lioration des conditions d insertion des lesbiennes g es en r sidence la connaissance de leurs r alit s et de leurs besoins en est la cl de vo te cet gard l analyse de la section des entrevues concernant la formation est r v latrice de cette lacune En effet aucun des intervenants es rencontr s n a re u de formation sur les probl matiques li es au lesbianisme ou l homosexualit au cours de ses tudes ou dans le cadre de son travail Cela se refl te notamment dans la connaissance qu ils ont des ressources offertes aux gais et lesbiennes une large majorit a t incapable de nommer une seule de ces ressources Lorsque nous les avons interrog s sur l utilit que pourrait pr senter une formation portant sp cifiquement sur les besoins des personnes g es gaies et lesbiennes seulement la moiti d entre eux a consid r cette option comme pertinente Sur ce point nous observons des tendances r pondre diff remment selon le type de poste occup par l intervenant e et selon l orientation sexuelle Ainsi exception faite des deux intervenants provenant de la r sidence ouverte aux gais et lesbiennes tous deux favorables la proposition d une formation pour le personnel un seul cadre appuie cette id e alors que trois autres se montrent r ticents Par aille
49. artir de leur propre v cu dans le cas des r pondants es gais ou lesbiennes Une autre pratique r pandue chez les intervenants es est de pr sumer de l ouverture de la client le r sidente sur la base de l int gration r ussie de r sidents es homosexuels les qui ne d voilent pas leur orientation sexuelle aupr s de leurs pairs Or ce n est pas la pr sence mais bien la visibilit des personnes homosexuelles qui permet de tester la r ceptivit du groupe valu Ce proc d fournit donc des perceptions fauss es de louverture de la population r sidente l homosexualit par le fait que les attitudes et comportements utilis s comme barom tre de cette ouverture sont bas s sur des relations voil es et d form es par la dissimulation de l homosexualit Dans tous les cas que l on anticipe une r action positive ou n gative venant des r sidents es il faut consid rer ces m thodes d appr ciation comme des valuations et non des constatations De plus dans le cas de projections effectu es partir de la pr sence ou du v cu d employ s es homosexuels il faut prendre en consid ration la nature fondamentalement diff rente de la relation qui est en cause en effet il est impossible de faire une transposition int grale de l attitude des r sidents es envers un e employ e homosexuel pour jauger les relations probables entre r sidents es h t rosexuels et r sidents es homosexuels dans le premier cas il s agit
50. avan 2001 TE E Vieillir en tant soi m me se sentent l aise avec leur sexualit En outre les biais d chantillonnage entra nent une surrepr sentation des caract ristiques m mes qui semblent reli es une adaptation r ussie au vieillissement un niveau lev d ducation l acc s des ressources financi res l affirmation de son homosexualit Adelman 1991 Beeler et al 1999 Friend 1991 Jacobs et al 1999 8 D autres constats nous incitent moins d optimisme Au terme d une recherche portant sur une centaine de lesbiennes am ricaines de 60 ans et plus Kehoe a constat que si la majorit d entre elles se disent satisfaites de leur vie pr sente l isolement constitue une de leurs deux principales pr occupations l autre tant l ins curit conomique Kehoe 1988 Celles ayant v cu en couple pendant plusieurs ann es tout en dissimulant leur relation aux yeux de leur entourage se retrouvent pratiquement seules la suite du d c s de leur conjointe Dans son tude sur les r seaux sociaux des lesbiennes g es Denise Veilleux a observ que m me lorsque la famille a t mise au fait l implicite et le non dit autour du lesbianisme continuent de modeler les relations intrafamiliales et d embrouiller les communications Veilleux 1998 Or le soutien motionnel la diff rence du soutien instrumental ne peut provenir que de personnes avec lesquelles les lesbiennes se sentent l
51. bitat o les deux univers se rencontrent tr s troitement provoquant l amalgame de ces deux types de rapports La r duction de l espace priv et la grande proximit entre les gens qui s y c toient r sidents es comme intervenants es entra nent une proximit des deux sph res Cons quemment il devient difficile pour les r sidentes lesbiennes d op rer la division entre personnes initi s es et non initi s es en raison de la difficult de maintenir une cloison suffisamment tanche entre les deux cat gories Or la double division d une part entre sph re priv e et sph re publique d autre part entre initi s 5 Vieillir en tant soi m me es non initi s es est au centre des strat gies de r solution du dilemme de visibilit invisibilit chez les lesbiennes g es autonomes la r sidence en tant que milieu de vie ventuel a cette particularit de bouleverser l quilibre qu elles s taient cr ant rieurement leur arriv e dans cette institution les for ant du coup se repositionner l int rieur de ce dilemme On constate ici que l l ment perturbateur celui qui d clenche le repositionnement des lesbiennes g es et se solde le plus souvent par un effacement de leur pr sence est ce nouvel agencement des sph res publique et priv e Vu les besoins notamment en termes de soins des lesbiennes qui quittent la vie autonome pour emm nager en r sidence ainsi que les contrainte
52. c cette question difficult s qui se sont att nu es avec le temps Toutes les participantes ayant des enfants disent pouvoir compter sur leur assistance en cas de besoin bien que le type d aide disponible varie norm ment d une participante l autre Par exemple Pauline d signe spontan ment ses filles lorsqu on lui demande vers qui elle se tourne en cas de difficult s motives alors que Marie a davantage recours son fils pour des services de nature fonctionnelle mais jamais pour du soutien motionnel La configuration du r seau de soutien est unique chez chacune des participantes et cela est particuli rement visible dans la sph re familiale o les disparit s sont grandes quant la place et au r le des membres de la famille De fa on g n rale ce r le varie selon le niveau de parent l attitude de chacun chacune face au lesbianisme et le degr d intimit Dans l ensemble les parents et la fratrie ne font pas partie du r seau de soutien motionnel et psychologique bien que plusieurs participantes soient plus proches de leurs s urs que de leurs fr res ils et elles sont plut t associ s aux services fonctionnels Les enfants offrent un soutien sur le plan motionnel psychologique et fonctionnel dans deux des cas alors que les deux autres participantes ont surtout recours leurs enfants pour des besoins fonctionnels Le r seau amical Dans tous les cas le r seau amical est compos majoritairement
53. ce de la prudence dans le comportement des lesbiennes g es L examen de l impact des transformations l gales sur le comportement des participantes vient appuyer notre propos en effet certaines d entre elles per oivent ces nouvelles lois comme un signal manifeste qu elles sont davantage prot g es en tant que lesbiennes dans leurs relations formelles avec les institutions ce qui les incite se rendre davantage visibles dans la sph re publique Par exemple concernant la possibilit qu une ventuelle compagne emm nage avec elle dans le logement subventionn qu elle habite Louise indique qu elle n h siterait pas se plaindre aux autorit s concern es en cas de discrimination et m me de comm rage Ainsi la possibilit de recours formels en cas de discrimination suite au d voilement de l orientation sexuelle augmente le sentiment de s curit et incite par le fait m me une attitude de d voilement 2 Les avantages et inconv nients appr hend s l valuation que font les interview es des avantages et inconv nients de divulguer ou de dissimuler leur lesbianisme a un impact consid rable sur le choix qu elles feront Dans la sph re publique les interview es ont identifi plusieurs situations o elles choisiraient de le dire pour des raisons de nature pragmatique li es des avantages appr hend s l tat de sant critique d une conjointe les avantages fiscaux les dispositions l gales favorabl
54. ce n est pas comme jaser avec des h t ros Ce n est pas la m me sorte de conversation Pauline Bref le r seau lesbien occupe une place distinctive et pr pond rante dans le domaine du soutien motionnel et psychologique Cette conclusion corrobore les r sultats de l tude de Denise Veilleux 1998 sur la composition des r seaux sociaux de lesbiennes de 50 ans ou plus et le type de soutien re u selon la source d assistance Deux participantes nous ont toutefois confi tre d ues de leur r seau d amis es actuel et leur ressentiment tait principalement dirig contre le r seau lesbien qui ne semblait pas r pondre leurs besoins et leurs attentes Louise nous a racont avoir 22 Lorsque l identit sexuelle est dissimul e le deuil lors du d c s d une conjointe constitue un v nement particuli rement prouvant puisque la relation de couple n tait pas reconnue socialement la conjointe survivante ne b n ficie pas du soutien social habituellement attendu de la part de la famille et de l entourage imm diat Humphreys et Quam 1998 261 Vieillir en tant soi m me fait face plusieurs difficult s li es la jalousie des conjointes ou des amies Cette d ception se retrouve galement dans le t moignage de Marine Moi depuis quelques mois peut tre que je peux dire que a vient d un peu plus loin je suis comme en tat de distance avec presque tout le monde Tout le monde me d
55. che et de la r daction tait compos de Line Chamberland sociologue et professeure associ e l IREF Diane Heffernan coordonnatrice du R seau des lesbiennes du Qu bec et Lyne Kurtzman coordonnatrice g n rale de l ARIR Dans une premi re phase de d marrage du projet Louise Brossard a contribu la revue de la litt rature Diane Heffernan a effectu des entretiens t l phoniques aupr s de gestionnaires d tablissements h bergeant des personnes g es la sociologue Denise Veilleux a agi titre de consultante et Line Chamberland a crit un rapport pr liminaire d crivant les r sultats de ces travaux Pour la seconde tape de la recherche Gin Bergeron embauch e en tant qu agente de liaison du R seau des lesbiennes du Qu bec gr ce une subvention du programme Fonds de lutte contre la pauvret d Emploi Qu bec a men une s rie de 20 entrevues individuelles Elle s est galement charg e de l ensemble des d marches de publicit et de recrutement tant aupr s des personnes que des institutions et des organismes communautaires La transcription des interviews a t confi e Marie Christine lie Johanne Paquin a pris le relais pour la codification et l analyse du contenu des entrevues et c est elle que l on doit la mise en forme des r sultats de la recherche Line Chamberland a assum la responsabilit de la d marche m thodologique et supervis l ensemble du d roulement de la recherche Le rappo
56. ciences dans l organisation actuelle des services r sidentiels et de sugg rer des possibilit s d intervention afin d y apporter des am liorations substantielles Ce cadre d analyse nous l esp rons pourra alimenter une r flexion en vue d tablir un diagnostic sur les lacunes dans un tablissement en particulier ainsi que sur les changements op rer LES BESOINS ET LES ATTENTES EXPRIM S PAR LES LESBIENNES G ES AUTONOMES Nous avons interrog les lesbiennes g es autonomes de notre chantillon sur leurs besoins en mati re de soutien li au vieillissement et leurs attentes par rapport aux services r sidentiels pour personnes g es Les r ponses obtenues sont l image de la diversit des situations des membres de ce groupe Sur le plan du soutien au vieillissement un l ment s est r v l consensuel 8 des 10 participantes ont manifest de l enthousiasme pour la cr ation de groupes de discussion ou de lieux de rencontre entre lesbiennes g es afin de pouvoir changer sur leurs r alit s Cet int r t r sulte selon leurs dires d un d sir de rencontrer Vieillir en tant soi m me d autres femmes susceptibles d avoir v cu le m me type d exp rience Pauline explique cette pr f rence pour des activit s destin es aux lesbiennes du m me JA 2 2 A groupe d ge par le fait que les jeunes g n rations de lesbiennes n ont pas la m me mentalit ni le m me v cu Le b
57. ct que prend la pr sence des lesbiennes en terme de visibilit invisibilit au sein des r sidences pour personnes g es 1 Visibles aupr s de tous les groupes de la r sidence ces lesbiennes s affichent ouvertement aupr s de la population r sidente du personnel et des membres de la direction de l tablissement qu elles habitent parfois seules ou parfois en couple Celles qui choisissent cette forme de visibilit sont exceptionnelles et les exemples rapport s sauf un cas concernent la r sidence qui s annonce comme sp cialis e dans la client le gaie et lesbienne Il serait possible d inclure aussi dans cette cat gorie bien que nous n ayons aucun cas mentionn dans nos entrevues des lesbiennes qui opteraient pour une divulgation s lective aupr s de personnes appartenant tous les groupes pr sents dans la r sidence La caract ristique dominante de cette forme de visibilit est le large spectre du d voilement aupr s de plusieurs cat gories de personnes 2 Visibles aupr s du personnel seulement un certain nombre de cas signal s par les r pondants es font tat d une divulgation partielle de la part des r sidentes lesbiennes seul le personnel est mis au courant et les autres r sidents et r sidentes sont tenus strictement l cart Certes il est possible que ces lesbiennes aient fait des confidences des pairs r sidents dans le plus grand secret sans que les membres du personnel y compris celle
58. cteur constitue un point d valuation important dans le dilemme de divulgation dissimulation Le cas du milieu de travail en est un bon exemple en effet la dissimulation au travail r pandue chez celles qui ont abord cette question m me chez celles qui parlent tr s ouvertement de leur lesbianisme est directement li e la prudence en ce sens qu elle est per ue comme une pr caution devant une situation qui pourrait entra ner la perte de l emploi et donc de ressources financi res Je ne le disais pas au travail car j tais dans un milieu o j aurais perdu mon emploi dans les heures qui suivent Iris Ainsi la grande prudence dont font preuve les femmes interview es a amen une majorit d entre elles taire cette r alit dans cette poque La question fondamentale qui se posait tait celle de vivre son lesbianisme ou ne pas le vivre le vivre dans le concret du quotidien c est dire poser des gestes en ce sens organiser sa vie en cons quence malgr les interdits culturels et en l absence de mod les et de mode d emploi Le dilemme de faire ou non son coming out n est apparu qu avec l mergence des mouvements sociaux de gais et de lesbiennes axant leur combat sur la visibilit sociale et suite aux changements sociaux et l gaux exprimant une relative tol rance envers l homosexualit Chamberland 1996 58 62 Bien qu l soit impossible sur le plan m thodologique de comparer les deux s r
59. d une o Vieillir en tant soi m me relation de relative d pendance du point de vue des r sidentes et des r sidents lesquels peuvent craindre une diminution de la qualit des soins re us s ils adoptent des comportements et des attitudes d sagr ables envers un e employ e sur la base de son orientation sexuelle alors que dans le second cas il s agit d une relation gal e gal e qui n implique aucune r percussion directe sur la qualit des traitements re us et donc sur leur qualit de vie la r sidence De plus il y a une certaine distance g n rationnelle et un contact moins constant et prolong entre employ s es et r sidents es qu entre r sidents es En somme il est tr s difficile de faire une valuation exacte de l ouverture l homosexualit des personnes g es demeurant en r sidence sans sonder directement le terrain aupr s des principaux interpell s c est dire l ensemble des r sidents et r sidentes Nous pouvons toutefois conclure de l analyse des entrevues avec les intervenants es que les r sidences pour personnes g es ne peuvent pas tre consid r es comme des endroits o l on peut pr sumer d une r ceptivit l homosexualit chez les r sidents es en effet les positions des intervenants es rencontr s sont suffisamment diversifi es et polaris es pour conclure que rien n est gagn d avance de ce c t et qu il existe une ambivalence r elle quant
60. d une division entre ceux qui savent initi s es et ceux qui ne savent pas non initi s es Bien que chacune des participantes pr sente une configuration unique de son r seau social on remarque que ces deux clivages sont largement pr sents dans les t moignages Voyons d abord quelles sont les diff renciations op r es par les participantes entre la sph re publique et la sph re priv e et les r percussions sur le dilemme de visibilit invisibilit par rapport l orientation sexuelle Sph re publique sph re priv e Du c t de la sph re publique le comportement de minimisation de l exposition de l identit lesbienne est la norme en dehors de la communaut lesbienne Il ne s agit pas toutefois d une r gle syst matique et in branlable en effet la majorit des 17 La sph re priv e renvoie l intime au domestique la famille par opposition au domaine politique ou professionnel et l espace public Dans ce texte nous appliquons cette distinction aux divers milieux de vie qui constituent l univers des lesbiennes Sur l origine de l opposition priv public et sa remise en question par la pens e f ministe voir Diane Lamoureux Public priv dans Helena S Hirata Fran oise Laborie H l ne Le Doar et Dani le Senotier dir Dictionnaire critique du f minisme Paris Presses universitaires de France p 172 176 SE Vieillir en tant soi m me participantes nous ont d
61. dans cette r sidence exceptionnelle Le troisi me couple avait plut t choisi la dissimulation aupr s des r sidents es et la divulgation s lective aupr s de quelques intervenants es Intervieweuse Les deux qui taient l voil 8 ans comment l avez vous su Intervenant C est par une conversation ordinaire Elles sont venues me voir Elles se sont mari es et puis les histoires de famille et puis elles avancent un petit peu plus loin dans la conversation Claudio Pour ce qui est des lesbiennes qui ne vivaient pas en couple la divulgation peut aussi d buter par des confidences Dominique raconte l histoire d une r sidente c libataire qui a fini par s afficher ouvertement comme lesbienne aupr s de tous les groupes population r sidente personnel et membres de la direction suite la publicisation de la sp cialisation de sa r sidence envers la client le gaie et lesbienne Oui c est arriv avec une r sidente elle m a parl au bout de deux ans quand il y a eu une mission t l vis e Sorties gaies et que a parlait de a de la sp cialisation de la r sidence envers la client le homosexuelle Elle m a dit Il faut que je vous parle Elle est venue mon bureau et elle m a dit L si je passe la t l vision que personne ne le savait qu elle est lesbienne Moi non plus je ne le savais pas d ailleurs Dominique Un intervenant nous a dit avoir devin l orientation sexu
62. de sant et ses professionnels les mais ses critiques ne concernent pas leur attitude face l homosexualit Lise argumente que le syst me de sant cr e la peur et provoque Vieillir en tant soi m me ainsi les maladies tout en nous tenant dans l ignorance Tel que pr sent pr c demment la question de la divulgation de l orientation sexuelle aux professionnels professionnelles de la sant ne semble pas constituer un enjeu de taille aux yeux des participantes Tr s peu d entre elles ont mis des critiques n gatives et celles qui l ont fait se sont davantage int ress es l acc s une femme m decin en effet le sexe du m decin traitant semble un crit re important dans l appr ciation des services m dicaux cet effet Lise explique avoir d insister pour obtenir une rencontre avec une femme m decin afin de subir un examen gyn cologique et Iris nous relate que la d couverte d un Centre des femmes offrant des services m dicaux lui a t d un grand r confort car elle se sent plus l aise avec une m decin Pour ce qui est des exp riences d hospitalisation ou d autres contacts prolong s avec le syst me de sant aucune des participantes ne relate d incidents n gatifs Une interview e nous a rapport une exp rience o le m decin traitant a d demander des explications concernant les pratiques sexuelles lesbiennes pour tre en mesure d valuer le potentiel de risque li une situa
63. de cette cohorte d ge constitue de toute vidence une complication majeure pour la mise en branle d un processus de changement Il nous a donc sembl primordial d examiner en profondeur les constructions socio identitaires des lesbiennes interview es dans divers contextes d interaction afin d analyser les enjeux relatifs l am nagement de leur identit sexuelle dans l univers social et les facteurs influen ant leur d cision de divulguer ou de dissimuler leur orientation sexuelle En clair nous avons voulu comprendre pourquoi nombre de lesbiennes de cette g n ration notamment celles vivant en r sidences font le choix de l invisibilit ce qui motive ce choix et ce qui pourrait les inciter le modifier Le second th me retenu est celui de la composition du r seau de soutien des participantes et la nature du soutien attendu Bien que les situations individuelles varient beaucoup et qu il soit donc impossible de g n raliser les r sultats en termes de description concr te des r seaux de soutien des lesbiennes g es cette section ressort l importance de la sociabilit entre lesbiennes et jette un clairage sur la fa on dont les attentes de soutien se diff rencient selon qu elles 1 Dans ce rapport le terme identit sexuelle r f re au fait d assumer une d finition de soi en tant que lesbienne L identit homosexuelle ou lesbienne se distingue des comportements homosexuels soit des relations sexuelles
64. de femmes dont une grande proportion est lesbienne En effet toutes les participantes nous ont dit fr quenter principalement des amies lesbiennes et dans certains cas leur cercle intime en est uniquement compos Quatre interview es nous ont dit avoir des amis de sexe masculin Mon monde est entour de lesbiennes mais j ai des hommes qui sont Vieillir en tant soi m me ouverts a quatre ou cinq amis hommes Lise Deux des participantes ont exprim ne pas souhaiter d velopper de relations amicales avec des hommes Il n y a pas d homme dans ma vie Moi personnellement j ai d j dit quelqu un qui a t bien offusqu que si tous les hommes disparaissaient de la plan te a ne ferait aucune diff rence dans ma vie au niveau affectif et dans ma vie sociale Aucune diff rence Personnellement je suis s paratiste Iris Chez les autres participantes certaines n ont que des amies de sexe f minin h t rosexuelles ou lesbiennes sans toutefois tre object es au fait d avoir des amis de sexe masculin J ai plut t un entourage f minin pas par choix mais parce que a adonne comme a Marie D autres ont galement quelques amis masculins homosexuels Sur le plan amical la d limitation entre un e ami e ou un e connaissance est souvent rep rable par la d cision de divulguer ou non son lesbianisme en effet chez l ensemble des participantes le r seau amical est tr
65. de l aide professionnelle lorsque cela a t n cessaire Une proportion importante de participantes ont re u des services psychosociaux professionnels psychologue psychiatre sexologue etc diff rents moments de leur vie dont quelques unes relativement r cemment et ont particip des groupes de soutien dont certains taient organis s par et pour des lesbiennes Mais aucune n entretient actuellement de lien avec ce type de r seau En cas de difficult s physiques et de probl mes de sant la plupart des participantes prennent elles m mes en charge la situation Tr s peu demandent une aide ext rieure de la part du r seau informel comme de la part du r seau institutionnel bien que le premier soit un peu plus sollicit que le second lorsque c est vraiment n cessaire Par exemple Iris organise elle m me son transport vers l h pital lorsqu elle doit recevoir des traitements Cette tendance s organiser par ses propres moyens se retrouve galement dans le t moignage de Pauline Intervieweuse Quand vous avez des probl mes de sant si vous avez besoin d un coup de main domicile allez vous chercher de l aide Participante Non je n ai pas besoin je n ai jamais pens a a ne m est jamais venu l id e J ai d j eu de grosses maladies j ai t op r e Intervieweuse Mais qui a pris soin de vous Participante Personne Moi m me Pauline En conclusion m me lors
66. de sant ont t document es dans plusieurs tudes bien que la plupart d entre elles ne sp cifient pas leurs effets sur les cohortes les plus g es entre autres Anderson 2001 Aronson 1998 Cahill South et Spade 2001 CLGRO 1997 Daley 1998 Kirby et Sum Quod Sum Foundation 2000 Mathieson 1998 MSSS 1997 Peers et Demczuk 1998 Pink Triangle Services 2001 Ramsay 1994 R seau qu b cois d action pour la sant des femmes 2003 Risdon 1998 Ryan Brotman et Rowe 2000 Certaines Vieillir en tant soi m me enqu tes ont port sur les besoins les attentes et les pr f rences exprim es par les lesbiennes ou par les personnes non h t rosexuelles lesbiennes gais bisexuels les et transgenres en ce qui concerne les services r sidentiels sociaux et de sant actuellement disponibles ou devant tre mis en place pour r pondre aux besoins li s au vieillissement Cependant ces enqu tes demeurent rares et leurs r sultats pas toujours applicables au contexte qu b cois Les th mes abord s en entrevues La revue de la litt rature a permis d inventorier les difficult s que sont susceptibles d prouver les lesbiennes vieillissantes et les besoins qui peuvent en d couler Elle ne nous a toutefois pas fourni de portrait des situations r ellement v cues ni de r ponse claire et concr te la question de savoir quels seraient les changements r aliser pour adapter les services r sidentiels aux
67. des hommes qui sont gais qui travaillent ici Nous autres employ s savons tr s bien qu un tel est gai Et a c est correct Il n y a pas de n gatif l dedans Fabrice Comme nous l avons soulign dans la section pr c dente les estimations bas es sur des comparaisons n gligent le fait que les contextes d interaction sont diff rents Ainsi des observations concernant le comportement de tol rance des employ s es entre eux et elles ne peuvent tre appliqu es telles quelles aux relations entre le personnel et la client le r sidente bien que ces observations demeurent des indices importants dans l valuation de la r ceptivit face l homosexualit Les contradictions dans le discours L optimisme largement r pandu chez les intervenants es concernant la r ceptivit de leur groupe est toutefois mod r par un certain nombre de contradictions l int rieur du discours de certains interview s es ou entre leur discours et les exemples tir s de leurs exp riences Par exemple alors que Roger juge le personnel de son tablissement ouvert l homosexualit il nous relate un cas de discrimination qu il a v cu en 1999 de la part d une ancienne cadre et pour lequel il a obtenu d dommagement suite des d marches aupr s de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse Il souligne que plusieurs de ses coll gues LA s 2 2 n avaient pas appuy sa d marche de recours formel J ai eu comme
68. des marques de minimisation des manifestations de l homophobie Par exemple parmi les intervenants es optimistes sur la situation des gais et lesbiennes un a nuanc son propos en soulignant que des cas isol s pourraient se manifester chez les r sidents es mais que ce serait vraisemblablement attribuable des pertes de lucidit S il y avait des lesbiennes qui habitaient ici je pense qu il n y aurait pas de probl me Bon peut tre des fois des personnes qui commencent avoir cause de leur ge des probl mes de sant ou des probl mes de sant mentale un peu de confusion ou quelque chose il pourrait survenir des incidents qui ne seraient pas vraiment dus je pense une haine face a ou une discrimination Claude La question concernant l observation de propos homophobes ou agressifs envers les personnes homosexuelles donne lieu des r sultats similaires six intervenants es affirment ne pas avoir t t moins de tels propos dans le cadre de leurs fonctions et quatre autres relatent avoir assist des manifestions verbales d homophobie principalement sous forme d humour connot Parmi ces 4 interview s es t moins d homophobie deux avaient auparavant r pondu qu il n y avait pas de discrimination envers les gais et lesbiennes dans leur r sidence En outre les r ponses cette question pr sentent une disposition loquente lorsque mises en a a E Vieillir en tant soi m me rappor
69. duire une vid o Portrait de lesbiennes a n es en partenariat avec le R seau Vid elle et VARIR Par ailleurs il existe d j des ressources pouvant guider la mise en place de services sociaux r sidentiels et de sant prenant en compte la diversit sexuelle en provenance du Qu bec du Canada anglais et d ailleurs qu il vaudrait la peine de recenser d valuer et possiblement de mieux faire conna tre Ryan 2003 Finalement la recherche permettant de mieux documenter cette probl matique est poursuivre cet gard rappelons l existence d une r cente tude du R seau qu b cois d action pour la sant des femmes RQASF documentant les probl mes et les insatisfactions des lesbiennes face aux services sociaux et de sant Pour le dire Rendre les services sociaux et les services de sant accessibles aux lesbiennes 2003 de m me que les recherches sur l adaptation des services aux besoins des a n s gais et lesbiennes dirig es par Shari Brotman et Bill Ryan de l cole de service social de l Universit McGill Aussi des tudes plus fouill es devront tre men es concernant sur le processus et l impact du vieillissement chez les lesbiennes afin d approfondir notre connaissance des besoins et des attentes tout en tenant compte de la diversit de leurs exp riences de vie et de leur situation pr sente Il serait int ressant galement de jauger plus largement et plus directement les attitudes envers l
70. e conviction que nous avons acquise au fil de notre investigation une seule formule un seul mod le de r sidence ne pourrait convenir toutes les lesbiennes g es Bonne lecture toutes et tous Vieillir en tant soi m me LA M THODOLOGIE DE RECHERCHE Vu la nouveaut du sujet et le tr s petit nombre d tudes qu b coises et canadiennes disponibles au moment o ce projet fut amorc une premi re phase de d marrage a servi pr ciser les objectifs de cette recherche de m me qu en d limiter la m thode qualitative et exploratoire bas e sur des entrevues et le terrain Le pr sent chapitre retrace ce processus et donne un aper u de la revue de la litt rature concernant trois dimensions qui nous sont apparues d importance majeure pour circonscrire les besoins des lesbiennes g es l invisibilit sociale de cette cohorte g n rationnelle l identification des probl mes qu elles sont susceptibles de rencontrer et leurs r seaux de soutien Puis nous num rons succinctement les th mes que nous voulions aborder lors des entretiens individuels S ensuit une description des d marches de recrutement et des modifications ayant d tre apport es aux crit res de s lection compte tenu de l impossibilit d entrer en contact avec des lesbiennes habitant pr sentement dans des r sidences pour personnes g es Nous dressons ensuite le portrait des personnes ayant particip la recherche soit d u
71. e la recherche soit le choix d une approche qualitative les th mes abord s en entrevue les d marches de recrutement de participants es et les difficult s rencontr es cons quemment la faible visibilit des lesbiennes appartenant cette cohorte Cette premi re partie se cl t avec le portrait synth se des intervenantes intervenants interview s suivi du portrait synth se des participantes lesbiennes Les deux chapitres suivants explorent respectivement l univers des r sidences pour personnes a n es et celui des lesbiennes g es vivant de mani re autonome et ce partir d une analyse des propos recueillis de part et d autre Le chapitre 2 tablit le Vieillir en tant soi m me constat de la faible visibilit des lesbiennes vivant actuellement en r sidence ce qui va de pair avec l absence de pr occupations quant aux besoins sp cifiques de cette client le Il montre galement l existence d un fort contraste entre les perceptions optimistes des intervenants es et celles pessimistes des lesbiennes g es quant aux possibilit s d accueillir des r sidentes lesbiennes en tout confort et en toute s curit Le troisi me chapitre trace un portrait des lesbiennes g es autonomes ax sur deux th mes dont les implications sont cruciales si l on veut comprendre leurs besoins et identifier des pistes d intervention en vue d adapter les services r sidentiels Tout d abord l invisibilit sociale
72. e leurs cons urs impression qui trouve d ailleurs un appui dans le discours de certains intervenants es Habituellement les gars ne s en cachent pas On dirait que quand ils l ont assum cet ge l surtout rendus dans une r sidence pour personnes g es les gars sont je pense plus fonceurs ce niveau l Roger Le degr de visibilit est d ailleurs l l ment le plus r current dans les t moignages des intervenants es sur la question des diff rences entre l homosexualit masculine et le lesbianisme Les intervenants intervenantes interview s avancent souvent comme preuve de l acceptation de l homosexualit par eux m mes et dans leur milieu de travail la pr sence connue d employ s es gais surtout et lesbiennes sans que cela ne cr e de remous ni parmi les coll gues ni avec la direction Il ressort cependant de l analyse des entrevues qu il y a pr sence d un important tabou concernant l homosexualit chez la population r sidente Dans ce contexte il devient d licat de v rifier les soup ons ou de percer le secret dont s entourent les r sidentes lesbiennes et les r sidents gais ayant opt pour la dissimulation de leur orientation sexuelle Deux comportements sont r v lateurs de ce tabou 1 L impossibilit de questionner les r sidents es sur leur orientation sexuelle m me dans le priv ou d aborder ce sujet suite des informations obtenues de sources ext rieures Cette
73. e qu au niveau du personnel a ne pose pas de probl me Il y a peut tre une personne chez qui a pourrait ventuellement causer probl me mais bon il ne dit rien Claude Roger a fait tat de discrimination aupr s d une r sidente lesbienne une situation constat e il y a une vingtaine d ann es et soutient que l ouverture est pr sente du c t des employ s es mais pas de la direction position qu il avance suite un pisode de discrimination qu il a lui m me d j v cu de la part de l administration de son tablissement Il est toutefois plus positif concernant l ouverture actuelle au sein de la direction Aujourd hui je ne pense pas que a fasse de Vieillir en tant soi m me probl me comme tel Comme je disais on a des clients qui sont homosexuels masculins qui sont identifi s et puis a ne fait pas de probl me Roger l instar de l valuation de la r ceptivit chez les r sidents es l ouverture du personnel et de la direction est souvent estim e partir de la connaissance que les intervenant es ont de leurs coll gues et employeurs employ s en se basant par exemple sur des discussions pendant les heures de repas et partir de la r ceptivit vis vis d employ s es homosexuels Intervieweuse Quelle est la perception du personnel propos de l homosexualit Intervenant a je pense que ce serait tr s bien accept parce que je veux dire j ai d j
74. e soutien de cette derni re qui elles offrent une pr sence et une aide r guli re accompagnement lors de soins m dicaux organisation d activit s etc Vis vis des fr re s et s ur s une majorit d interview es les a inform s largement de leur lesbianisme quelques unes ont opt pour une divulgation s lective directe ou indirecte et une seule a choisi la dissimulation compl te Parfois des membres de la fratrie ont t mis au courant alors que les parents ne l taient pas Il semble donc que ce niveau de parent soit moins probl matique concernant le choix de la divulgation Presque toutes les participantes ayant d voil leur orientation sexuelle leurs fr res et s urs ont fait tat d au moins une r action n gative Dans certains cas le temps a arrang les choses alors que dans d autres les relations sont demeur es EE Vieillir en tant soi m me distantes ou sont devenues inexistantes La pr sence de fr re s et ou s ur s dans le r seau de soutien d pend de facteurs circonstanciels distance g ographique tat de sant etc ainsi que de la situation personnelle de chaque participante Les interview es qui ont des enfants les ont tous inform s de leur lesbianisme De fa on g n rale ce fait a t plut t bien accept par la prog niture et une seule des quatre participantes ayant des enfants rapporte avoir travers des pisodes difficiles avec sa fille en relation ave
75. e toutes orientations sexuelles D autre part selon une personne dirigeant un tablissement offrant de multiples services la client le g e et nous ayant accord un entretien titre d informatrice cl les orientations minist rielles adopt es en 1997 n auraient eu aucun impact sur les directions des CHSLD Celles ci taient mobilis es par les d fis li s l alourdissement des besoins d une client le de plus en plus g e et en perte d autonomie avanc e tout en ayant re u le mandat de s adapter la diversit ethnoculturelle Cette collecte d information a guid l laboration de notre strat gie de recherche Il nous est rapidement apparu qu il ne servirait rien de multiplier les entretiens t l phoniques ou de proc der un sondage aupr s de l ensemble des tablissements de la r gion 4 Cette personne d sire conserver l anonymat Vieillir en tant soi m me montr alaise offrant des services d h bergement ou domicile aux personnes g es tel qu initialement pr vu Les r sultats en taient pr visibles Cependant pour amorcer des transformations dans l offre de services tout en misant sur la volont d ouverture exprim e par les gestionnaires interview s il nous fallait documenter avec plus de pr cision les pr occupations des lesbiennes g es les raisons de leur invisibilit sociale et les difficult s qui en d coulaient de m me qu identifier de mani re plus co
76. eillir en tant soi m me qu elles contribuent cr er un espace social positif qui rend visible et valorise l existence en tant que lesbiennes Veilleux 1998 p 136 Richard Friend rattache la formation d un cercle d intimes formant le c ur du r seau de soutien la d marche d affirmation de son orientation sexuelle les gais et les lesbiennes estimant tort ou raison qu ils ne pouvaient gu re compter sur l appui de leur famille d origine se sont cr leur propre famille entre autres pour mieux se pr parer leur retraite Friend 1991 Des auteurs es qualifient de famille de choix family of choice ou famille lective ce noyau de proches qui vient remplacer la famille traditionnelle ou se juxtaposer elle En effet la primaut du r seau lesbien comme source d entraide et d assistance chez les lesbiennes g es n exclut pas que s y adjoignent des amies h t rosexuelles des amis gais et des membres de la famille dans la mesure o ceux ci et celles ci connaissent et acceptent leur orientation sexuelle Butler et Hope 1999 Friend 1991 Humphreys et Quam 1998 On peut se demander si la majorit des lesbiennes g es peuvent effectivement compter sur un r seau de soutien ad quat quelle qu en soit la composition exacte Les recherches actuelles demeurent trop fragmentaires et contradictoires pour que l on puisse r pondre cette question Certaines tudes bousculent les s
77. elle de la r sidente en e 1 1 question avec une certitude suffisamment grande pour pouvoir l affirmer Il n a toutefois pas valid cette information aupr s de la r sidente elle m me En somme les d tails fournis nous indiquent que les exemples manifestes d une pr sence lesbienne demeurent tr s peu nombreux voire rarissimes si l on tient compte de la p riode temporelle couverte savoir toutes les ann es de travail des intervenants es SE Vieillir en tant soi m me aupr s d une client le g e En outre pr s de la moiti des cas proviennent de la r sidence accueillant nomm ment une client le homosexuelle Chez les intervenants es ayant mis des soup ons c est principalement les comportements des r sidentes ainsi que le type de visite qu elles re oivent qui nourrissent les doutes On le voit avec le comportement des autres petites madames aux alentours elle va tre plus affectueuse Antoinette J en ai peut tre une lesbienne maintenant mais encore l je ne suis pas s r C est deux femmes qui s occupent d elle et puis ces deux femmes l habitent ensemble Fabrice Le partage d une chambre par deux femmes peut galement susciter des interrogations sur le lien qui les unit sans toutefois que la direction ou le personnel ne pose de questions directes aux r sidentes concern es C est donc par d duction partir d un comportement ou d un style de vie attribu au
78. elle du fait qu elles ne pensent pas en h berger dans le moment pr sent ce qui a pour effet d inciter plusieurs r sidents es homosexuels demeurer invisibles et ainsi entretenir l illusion que cela constitue la r alit Bref l absence de mesures proactives perp tue la situation de l invisibilit des gais et lesbiennes g s laquelle reproduit le statu quo g n rant l inadaptation des services L attitude attentiste est ET EE Vieillir en tant soi m me donc une des sources des probl mes d inadaptation des r sidences la client le lesbienne et gaie Le second l ment que nous avons relev est l absence de connaissances des probl matiques et des besoins sp cifiques aux lesbiennes g es habitant en r sidence La croyance tr s r pandue chez les intervenantes et intervenants rencontr s plus particuli rement chez les personnes h t rosexuelles qu il suffit d offrir un environnement neutre c est dire exempt de manifestations visibles d homophobie mais sans incitatif particulier au d voilement pour que la r sidence soit consid r e comme accueillante pour les lesbiennes g es constitue un exemple d effet pervers du manque de connaissances sur le sujet En effet cela r v le une incompr hension des m canismes identitaires propres ce groupe et tend minimiser les diff rences entre les r sidentes h t rosexuelles et lesbiennes pr sumant ainsi que les besoins de ces derni res sont
79. elle s av re tr s utile pour les femmes qui appr cient ne pas avoir nommer la situation ind ment comme c est le cas de plusieurs des participantes de notre chantillon Les strat gies de dissimulation Des exemples de dissimulation se retrouvent dans toutes les entrevues des niveaux et des fr quences diff rentes On peut diviser les strat gies de dissimulation en deux cat gories qui ne sont toutefois pas cloisonn es herm tiquement l instar des strat gies de d voilement certaines des strat gies de dissimulation observ es se retrouvent la fronti re des deux cat gories mais nous avons tout de m me tent de tracer un portrait compr hensible des tendances observ es La dissimulation active La dissimulation active se d finit par l adoption d lib r e d un comportement destin cacher ou d mentir l orientation sexuelle de la personne qui opte pour cette conduite Dans notre chantillon Fleur est la seule interview e qui dissimule compl tement et de fa on active son orientation sexuelle vis vis de l entourage non lesbien en effet l ext rieur de son r seau d amies lesbiennes elle tait compl tement cette facette de sa r alit Les gestes et le vocabulaire utilis en public sont soigneusement filtr s afin de ne rien laisser percevoir Pour elle et ses amies la discr tion est un mode de vie Chez les autres participantes l adoption d une strat gie de dissimulation active est tr s
80. en l absence de signaux positifs provenant de l institution Cela n tonne gu re si l on prend en consid ration leur v cu ant rieur marqu par un contexte social plus hostile que maintenant le sentiment de vuln rabilit qui s accentue avec l ge l absence d anonymat dans un milieu d habitation plus ou moins ferm sur lui m me selon le type de r sidences et la d pendance face aux fournisseurs de services et au personnel d encadrement Il s en 105 Vieillir en tant soi m me d gage un cercle vicieux o les r sidences ne voient pas la n cessit d adopter des mesures adapt es la client le car elles croient ne pas h berger de r sidentes lesbiennes et o les r sidentes lesbiennes n osent pas se rendre visibles en l absence de mesures proactives Tant que les r alit s des lesbiennes a n es demeurent innomm es leurs besoins restent ignor s la m connaissance des probl matiques qui les touchent se perp tue l inaction des tablissements n est pas remise en cause et de nouvelles pratiques d intervention ne peuvent tre invent es L ouverture au niveau des attitudes des intervenants es se manifeste entre autres par une volont d clar e d accueillir des lesbiennes dans les habitations pour personnes g es et de les traiter sans discrimination Il y a cependant une tendance r elle sous estimer les cueils pr visibles notamment quant la r ceptivit de la client le r sidente h
81. entes et tiennent pour acquis que toutes les femmes sont h t rosexuelles Selon ces sources la pr somption d h t rosexualit dans les relations th rapeutiques et dans les pratiques institutionnelles par ex accueil la client le formulaires d enregistrement etc constitue d ailleurs l une des principales barri res l accessibilit et l adaptation des services sociaux et de sant pour les lesbiennes Coalition for Lesbian and Gay Rights in Ontario 1997 Daley 1998 Peers 18 Ce comportement de non divulgation de l orientation sexuelle aux m decins est galement observ chez les r pondantes lesbiennes de 60 ans ou plus dans l tude du Regroupement qu b cois d action pour la sant des femmes Celles ci sont toutefois peu nombreuses au sein de l chantillon total 3 53 RQASF 2003 p 166 169 3 Vieillir en tant soi m me et Demczuk 1998 Regroupement qu b cois d action pour la sant des femmes 2003 Ryan Brotman et Rowe 2000 Au niveau de la sph re priv e deux raisons motivent les participantes informer leur entourage Aupr s des personnes qui ne font pas partie du cercle intime le choix de la divulgation est troitement li la n cessit de le dire afin de se construire un espace o il leur est possible de vivre leur lesbianisme confortablement Par exemple le d voilement aupr s des membres de la famille avec lesquels elles n entretiennent pas de liens intimes es
82. entre deux personnes du m me sexe et des attirances sexuelles affectives envers le m me sexe Selon la d finition qui en est donn e la notion d orientation sexuelle d signe l un ou l autre aspect ou encore comporte ces trois dimensions Dans le cadre de cette tude nous nous int ressons moins aux attirances et aux comportements sexuels qu l identit savoir l interpr tation donn e aux conduites et aux d sirs sexuels affectifs dans la d finition de soi m me ainsi que les am nagements de l image projet e aux autres selon les divers contextes sociaux Cette identit est donc la fois personnelle et sociale La plupart des auteurs es tablissent des distinctions entre l orientation sexuelle et les diverses facettes de l identit relatives au genre et la sexualit cependant le vocabulaire retenu pour d signer chaque dimension varie d un e auteur e l autre Voir entre autres Chamberland 1996 p 179 180 Demczuk 2003 p 28 32 Gross 2003 p 75 Julien et Chartrand 2003 p 2 Vieillir en tant soi m me s adressent aux amies lesbiennes au r seau familial et amical plus large ou aux organismes et aux institutions Le dernier chapitre revient sur les carts de perception des deux groupes d interview s es afin d en comprendre les fondements et de discerner des voies de rapprochement D un c t les besoins et les attentes exprim es par les participantes lesbiennes r v lent l im
83. eragissent sont au courant ou non de leur orientation sexuelle Le cheminement identitaire des lesbiennes rencontr es est en constante volution comme l illustrent leur ouverture progressive aux membres de leur famille d origine et leurs propres enfants lorsqu elles en ont de m me que le choix actuel de certaines d entre elles de divulguer leur lesbianisme dans des contextes publics ou institutionnels lorsque les avantages qui peuvent en d couler surpassent les inconv nients appr hend s notamment pour acc der aux avantages d coulant des changements l gislatifs S il y a lieu les strat gies d ploy es pour d voiler l orientation sexuelle sont souvent indirectes et exigent que l Autre porte attention d code les signes ou indices r v lateurs et prenne l initiative de cr er un climat propice aux confidences Il est essentiel que les gestionnaires ainsi que les intervenants es comprennent les motifs et les modes de dissimulation divulgation de l orientation sexuelle et que l on tienne compte de ces dynamiques identitaires afin d am nager un environnement r sidentiel confortable et s curitaire qui laisse aux lesbiennes g es un choix v ritable de s affirmer ou non comme telles Les r sidences pour personnes g es juxtaposent dans une m me unit spatiale des espaces priv s r sidentiels chambre ou appartement et des espaces publics caf t rias salles communes etc fr quent s par l ensemble des r sident
84. ermeture de cette g n ration l homosexualit En somme sans que l on puisse tracer un portrait fiable de la situation actuelle des lesbiennes g es il ressort des diverses tudes que leur capacit de faire face aux difficult s li es au vieillissement d pend pour une large part de l acceptation du lesbianisme dans leur environnement social laquelle favorise l affirmation de leur orientation sexuelle et la constitution d un r seau de soutien Les lacunes de la recherche Dans l tat actuel des recherches il semble donc difficile de caract riser le processus de vieillissement chez les lesbiennes et toute g n ralisation para t pr matur e d autant plus que celles ci ne forment pas un groupe homog ne leurs conditions de vie leurs trajectoires familiales et identitaires leur adaptation au fait de vieillir varient consid rablement sans compter les diff rences li es aux origines ethnoculturelles la classe sociale et d autres variables sociologiques En outre les tudes sont peu nombreuses pour la plupart d origine am ricaine et r alis es partir de petits chantillons comportant souvent des biais limitant leur repr sentativit Les donn es disponibles demeurent donc fragmentaires notamment quant la description des conditions de vie des lesbiennes g es Par ailleurs les manifestations et les cons quences de l h t rosexisme de l homophobie et de la lesbophobie dans les services sociaux et
85. ervention pour la transformation de la culture institutionnelle des r sidences La prudence l instar des choix op r s par les lesbiennes g es dans leur vie autonome la prudence constitue le point central du repositionnement en mati re de divulgation dissimulation du lesbianisme lors de l arriv e en r sidence Ce point est alors amplifi dans cette nouvelle tape de leur vie en raison du plus grand risque que repr sente une divulgation s lective dans un contexte de fusion des sph res priv e et publique Sur ce plan il est pertinent de souligner les impacts positifs des initiatives de la r sidence s affichant comme ouverte aux gais et lesbiennes ce dont rendent compte les entrevues avec Andr et Dominique On retrace dans leurs t moignages deux l ments centraux ayant un impact tangible relativement cette dimension du dilemme visibilit invisibilit soit l envoi d un message clair d ouverture vis vis de l homosexualit notamment par la publicisation de l ouverture de la r sidence et par l introduction de ce th me lors des entrevues d embauche du personnel et une intervention rapide en cas de manifestation d homophobie d h t rosexisme ou de discrimination m me lorsque cela s exprime de faibles degr s politique de tol rance z ro Cet exemple fait ressortir la n cessit pour les r sidences d adopter une attitude proactive et illustre l impact positif de telles mesures sur le choix r ellement o
86. es Vieillir en tant soi m me pour les couples en cas de d c s sont invoqu s comme des motifs suffisants pour d clarer leur statut l inverse lorsqu elles entrevoient des cons quences potentiellement n gatives la divulgation ou lorsque la situation n offre aucun avantage le faire les participantes optent majoritairement pour une attitude de discr tion ou de dissimulation l exemple de Catherine et Isabelle qui laissent parfois croire des trangers qu elles sont deux s urs lorsqu elles voyagent en couple Dans le cas de motivations li es aux avantages et inconv nients ce n est pas la question de l affirmation identitaire qui prime mais bien les impacts appr hend s Sur ce point nous reprenons une fois de plus l exemple des r centes modifications l gales accordant plus de droits et d avantages aux gais et lesbiennes dans le cas pr sent ces modifications offrent des avantages suppl mentaires pour les couples s afficher ouvertement ce qui les incite le faire dans plusieurs situations L exemple de Catherine qui rappelons le a demand ce que sa conjointe b n ficie des assurances li es son travail malgr le fait qu elle dissimulait son homosexualit aupr s de ses coll gues nous est utile une fois de plus pour illustrer l influence de ce type d avantage sur la d cision de se rendre visible parfois malgr ce que la prudence recommande Du c t de la sph re priv
87. es g es cet gard la mise sur pied de r sidences alternatives constitue galement une voie explorer Il ne s agit pas ici de trancher en faveur d un mod le ou d un autre mais de relever sommairement certains avantages propres cette avenue Ainsi cr er des ressources regroupant dans un m me habitat une relative concentration de r sidentes lesbiennes permettrait de contrer l isolement d la situation de minoritaire Quelle que soit la composition finale de la client le en termes de genre et d orientation sexuelle le caract re distinct d ouverture la diversit sexuelle pourrait tre affich et promu pour attirer les lesbiennes mais aussi afin que s op re une pr s lection des autres r sidents es potentiels D autre part ces ressources auraient comme vocation de d velopper une expertise et des pratiques d intervention innovatrices qui pourraient par la suite tre reprises dans les r sidences conventionnelles ou encore fournir des services sp cialis s accessibles aux lesbiennes g es quel que soit leur lieu de r sidence par ex lieux de rencontre groupes de soutien en cas de deuil Selon nous plusieurs options sont valables et n cessaires pour adapter les services r sidentiels aux besoins et aux r alit s des lesbiennes g es Mais le premier pas est d admettre que le respect de leurs droits requiert plus que la tol rance ou m me l acceptation passive de leur diff rence sexuelle Il revient
88. es participantes ne rapportent pas de mauvaises exp riences c est m me le contraire par exemple la conseill re financi re de Catherine et Isabelle a propos d elle m me de leur accorder les avantages auxquels ont droit les couples et les familles qui obtiennent de meilleurs taux de placement lorsqu ils sont la m me institution financi re sans qu elles aient eu parler explicitement de leur lien conjugal Du c t des exp riences avec les notaires toutes celles qui abordent le sujet ont t tr s satisfaites des services re us et n ont rapport aucune r action n gative leur gard On peut faire l hypoth se que la volont des entreprises et des professionnels les de fid liser leur client le les incite s ajuster aux besoins particuliers de leurs clientes lesbiennes De fa on g n rale les participantes ne sont pas craintives outre mesure face aux institutions avec lesquelles elles doivent entrer en contact bien qu elles pr f rent souvent l invisibilit la visibilit dans ce type de relation Cela se refl te d ailleurs dans les r ponses fournies propos des am liorations qu elles pourraient sugg rer de fa on ce que le syst me de sant et les autres institutions r pondent plus ad quatement aux besoins des lesbiennes g es th me que nous aborderons dans le chapitre intitul Vers une adaptation des services r sidentiels L importance de l autonomie Le th me de l autono
89. es sociaux tome 1 Montr al Presses de l Universit du Qu bec p 277 304 CASSIDY David et Loma WILLEY 1991 Lesbians and gay men over 60 Where are they Intervention vol 87 p 72 79 CHAMBERLAND Line 2004 Plus on vieillit moins a para t Femmes g es lesbiennes invisibles Revue canadienne de sant mentale communautaire The Canadian Journal of Community Mental Health automne 2004 sous presse 113 Vieillir en tant soi m me avec la collaboration de Louise Brossard et Diane Heffernan 2001 L adaptation des services li s l h bergement et ou au maintien domicile aux besoins et aux r alit s des lesbiennes g es Rapport pr liminaire Montr al Alliance de recherche IREF Relais femmes UQAM avec la collaboration de Louise Brossard 2001 Lesbianisme parentalit et vieillissement dans JULIEN Danielle dir Parentalit gaie et lesbienne familles en marges Actes du colloque sur les familles homosexuelles UQAM 1 2 mars 2001 Montr al Association canadienne pour la sant mentale et Alliance de recherche IREF Relais Femme p 122 133 1996 M moires lesbiennes Le lesbianisme Montr al entre 1950 et 1972 Montr al Editions du Remue m nage COALITION FOR LESBIAN AND GAY RIGHTS IN ONTARIO CLGRO 1997 Systems failure A Report on the experiences of sexual minorities in Ontario s health care and social services systems Toronto Project Affirmation
90. es institutionnelles ainsi que le manque de formation des intervenantes intervenants professionnels et autres Les pistes d intervention le plus souvent sugg r es suite ces diagnostics comprennent la mise sur pied de lieux de socialisation et de r seaux d entraide pour lesbiennes g es des mesures de soutien ponctuel en cas de crise ainsi que l am lioration de l acc s aux services sociaux r sidentiels et de sant par l am nagement d un environnement ouvert au lesbianisme et d un climat s curitaire Par ailleurs des entretiens t l phoniques avec des gestionnaires de sept centres d accueil et centres hospitaliers de soins de longue dur e CHSLD de Montr al ont confirm ce que nous anticipions savoir qu ils et elles ne s taient jamais interrog s sur la pr sence possible de lesbiennes parmi la client le desservie ni sur leurs besoins Par contre les r pondants es se sont dits ouverts cette ventualit et sensibilis s aux questions relatives l homosexualit notamment suite la pr sence de gais ou de lesbiennes parmi le personnel Ces derniers pourraient d ailleurs constituer de bonnes sources d information ajoutait on puisqu ils et elles interviennent directement aupr s de la client le Une seule ressource h bergeant des personnes g es ou en perte d autonomie faisait figure d exception la r sidence priv e Ala infini g r e par un gai s affichant comme tel et accueillant une client le d
91. es th mes majeurs abord s par le rapport de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse De l ill galit l galit publi suite la tenue d audiences publiques CDPQ 1994 Ce rapport faisait tat des d ficiences du r seau notamment les pr jug s envers les lesbiennes l absence d tude sur leurs besoins et le manque de formation des professionnels les de la sant Quelques ann es plus tard un document manant du minist re de la Sant et des Services sociaux L adaptation des services sociaux et de sant aux r alit s homosexuelles Orientations minist rielles proposait un plan d action articul autour de quatre axes d intervention la lutte la discrimination l endroit des personnes homosexuelles l adaptation des services aux besoins de la client le vis e le soutien aux communaut s gaies et lesbiennes et l am lioration des connaissances et des interventions MSSS 1997 La politique globale nonc e dans ce document n a toutefois pas t mise en application et elle ne semble pas avoir eu d impact sur les services li s l h bergement des personnes g es qu il s agisse des services de maintien domicile des ressources d habitation priv es ou des centres hospitaliers de soins de longue dur e CHSLD Certes l volution des r centes ann es a t marqu e par des progr s remarquables sur le plan de l galit juridique entre les personnes quelle que soit leur orientation
92. esoin de partager entre pairs s av re particuli rement aigu en cas de deuil qu il s agisse de la perte d une amie ou d une conjointe Dans notre couple on est bien Mais si je me retrouvais toute seule qui je pourrais parler de Catherine sa conjointe Si j avais besoin d en parler de dire Ma blonde vient de mourir et je m ennuie Catherine faisait a Catherine aimait a C est dans ce sens l que je vois que quand tu deviens seule m me si tu es encore autonome tu es pogn e dans une maison de personnes g es et l il faut que tu en trouves une vieille lesbienne qui va te jaser C est qui Ce n est pas crit dans le front Surtout que plus tu vieillis moins a para t Il faut que tu essaies de faire des contacts et l tu n as peut tre plus l nergie pour le faire Moi c est a qui me manquerait parler quelqu un de mon affaire Isabelle J ai lu des biographies de lesbiennes g es am ricaines et elles ont des groupes de soutien a a l air d exister bien plus qu ici Ici a se forme l occasion comme quand une telle est morte il y a eu un groupe qui s est form autour d elle Marine L identification de ce besoin souligne encore davantage la dimension probl matique de l invisibilit des lesbiennes g es qui rend difficile la cr ation d un tel r seau de soutien Sans vouloir s y limiter plusieurs participantes d plorent au passage l absence de lieux de rencontre conve
93. et de r solution du probl me r v le que la teneur h t rosexiste de la situation n a pas t identifi e comme telle par l intervenante ou a t minimis e puisqu elle g re le probl me comme un E Vieillir en tant soi m me simple conflit de personnalit entre r sidents es L intervenante affirmera par la suite qu elle n a jamais t t moin de situation de discrimination sur la base de l orientation sexuelle ou d homophobie dans sa r sidence ce qui semble confirmer que le contenu discriminatoire des propos du r sident n a pas t d tect Intervenante Face a d apr s moi il n y a pas de discrimination Intervieweuse Qu est ce qui vous a amen dire qu il n y en a pas Intervenante Bien en tant accept es par les autres et puis elles n ont jamais t rejet es elles n ont jamais t mises l cart Suzanne Des contradictions ressortent aussi lors de l analyse des r ponses obtenues aux questions traitant de la discrimination et de l homophobie Lorsque nous avons interrog les intervenants es sur l existence ou non de discrimination envers les r sidents es gais ou lesbiennes six ont r pondu clairement qu il n y a pas ou qu il n y aurait pas de discrimination de la part d aucun groupe deux r pondants es ont opt pour une r ponse inverse et deux autres ont dit ne pas tre en mesure de r pondre la question Toutefois certains t moignages pr sentent
94. eur orientation sexuelle au m decin afin de r pondre ses questions a Vieillir en tant soi m me et puis quand elle repartait on s embrassait La garde malade venait prendre ma pression et on se tenait main dans la main Si la garde malade avait un examen me passer elle lui disait Voulez vous sortir Et je disais Non elle reste Mes enfants sortaient et elle elle restait Intervieweuse C tait comme si vous tiez reconnues comme un couple Participante Oui c est a Pauline Une seule participante Fleur nous a dit avoir toujours fait bien attention son comportement afin de ne pas veiller de soup ons lors de l hospitalisation de sa conjointe aujourd hui d c d e l exemple de son comportement habituel en public Aucun cas de discrimination n a t mentionn et une participante nous a m me racont une exp rience positive de relation avec le personnel hospitalier lors de l hospitalisation d une amie lesbienne Plusieurs des participantes se sont senties suffisamment en s curit pour poser des gestes qu elles m mes consid raient comme r v lateurs de leur lesbianisme qu ils aient t ou non per us comme tels ce qui confirme qu elles ont une perception de relative ouverture de la part du personnel ve qu elles c toient avec une certaine aisance Dans l ensemble en tant que lesbiennes les participantes semblent tre satisfaites de l accueil qui le
95. ffert aux lesbiennes en ce qui concerne l am nagement de leur identit dans ce nouvel environnement en envoyant un message clair d ouverture et de soutien aux r sidentes lesbiennes et aux r sidents gais doubl d un avertissement ceux et celles qui sont ou pourraient tre susceptibles de g n rer des situations d homophobie de discrimination ou d h t rosexisme la r sidence contribue se pr senter comme un environnement s curitaire pour les r sidents es homosexuels les augmentant ainsi les chances d tre per ue comme telle par les principaux les concern s es Cela permet de d samorcer la dynamique du dans le doute abstiens toi de te r v ler par la mise en place d un milieu favorable la divulgation si la personne en ressent le d sir 100 Vieillir en tant soi m me Les avantages et les inconv nients appr hend s Comme nous l avons vu au chapitre intitul Portrait de lesbiennes g es autonomes les avantages et les inconv nients appr hend s suite la divulgation du lesbianisme sont des l ments intervenant directement dans la d cision de le dire ou non chez les lesbiennes g es Une intervention proactive sur cette question devrait donc aller dans le sens d une augmentation des avantages anticip s lors de la divulgation accompagn e d une diminution des inconv nients potentiels sans toutefois que ces incitatifs aient pour effet de forcer une r v lation ou d augmenter les inco
96. fin de ne plus avoir se E Vieillir en tant soi m me cacher Par exemple comme nous l avons rapport dans la section pr c dente Madou nous explique qu elle n a jamais parl officiellement son fr re de son lesbianisme mais elle a toujours amen sa conjointe lorsqu elle allait le visiter et celui ci agissait avec elles comme envers un couple tout cela sans que le sujet ne soit abord ouvertement Isabelle a adopt un comportement similaire avec son fr re et sa S UT ma s ur je n en ai jamais parl mais Catherine sa conjointe a toujours t dans le portrait depuis 25 ans Quand j arrivais quelque part et que Catherine n tait pas l elle sa soeur disait O est Catherine Avec mon fr re c est la m me affaire Je n ai jamais senti d animosit de leur part Mais on n en a jamais parl ouvertement non plus Isabelle Ce type de d voilement est particuli rement associ aux strat gies d am nagement de l espace priv dans le but de vivre sa r alit lesbienne avec un minimum de confort Ainsi ces femmes n avaient pas cacher la situation mais n avaient pas non plus la nommer tant que l entourage ne provoque pas de remous ou ne pose pas de question il n est pas n cessaire de nommer les choses L utilisation du non dit est largement r pandue comme strat gie de d voilement indirect et se pr sente sous des formes diverses Louise nous a parl des bracelets et
97. homosexualit et le lesbianisme dans les diff rentes cat gories du personnel des r sidences ainsi que chez les r sidents es h t rosexuels ceci afin de mieux cerner les 29 Ce programme offert depuis 1993 comprend trois sessions de perfectionnement d une journ e Pour une nouvelle vision de l homosexualit et Adapter nos interventions aux r alit s homosexuelles volet jeunes et volet adultes 110 Vieillir en tant soi m me blocages mais aussi les ouvertures face la pr sence affirm e de r sidentes lesbiennes Attitude proactive formation et recherche voil les trois cl s pour relever le d fi de l adaptation des services r sidentiels aux besoins des lesbiennes g es 111 Vieillir en tant soi m me R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES ADELMAN Marcy 1991 Stigma gay lifestyles and adjustment to aging A study of later life gay men and lesbians Journal of Homosexuality vol 20 p 7 32 ANDERSON Lynda et al 2001 Out in the cold The context of lesbian health in Northern British Columbia Vancouver British Columbia Centre of Excellence for Women s Health trouv le 8 septembre 2004 l adresse Internet www bccewh bc ca ARONSON Jane 1998 Lesbians giving and receiving care Stretching conceptualizations of caring and community Women s Studies International Forum vol 21 p 505 519 AUGER Jeannette 1990 Lesbians and aging Triple trouble or tremendous thril
98. i es l orientation sexuelle telles que la peur de se d voiler d tre jug es ou discrimin es par les fournisseurs de services D autres insistent davantage sur la stigmatisation sociale du lesbianisme dont ces femmes ont fait l exp rience pendant une bonne partie de leur existence et ses cons quences cumulatives sur les plans psychologique social et conomique e g Cassidy et Willey 1992 Humphreys et Quam 1998 Veilleux 1998 Ainsi on peut penser que la distance prise vis vis de la famille d origine ou le rejet par celle ci l obligation de mener une double vie afin de se prot ger du rejet et des humiliations la vuln rabilit pass e et pr sente face la discrimination ont limit les possibilit s de socialisation surtout en dehors de la vie priv e et accroissent les risques d isolement social l tape de la vieillesse Autre exemple la double discrimination conomique qu elles ont subie comme femmes et comme lesbiennes se r percute sur leur situation financi re de diverses mani res faibles Vieillir en tant soi m me revenus non acc s des fonds de pension des r gimes d assurances etc ce qui affecte l ensemble de leurs conditions de vie limite les choix envisageables quant aux modes d habitation et peut aussi aggraver d autres probl mes auxquels elles font face Les points de vue divergent galement quant l adaptation subjective au vieillissement Selon certaines t
99. ieillir en tant soi m me Tableau n 2 Tableau synth se des donn es sur les participantes lesbiennes g es Famille d origine toujours vivante Fr re s et ou s ur s vivants es Services la client le Secondaire non compl t C libataire 2 enfants Fr re s et ou s ur s et m re vivants es Travail de bureau et prestations sociales Universitaire C libataire AUCUN Fr re s et ou s ur s et m re vivants es Emplois non sp cialis s Secondaire non compl t C libataire 1 enfant 1 petit enfant Fr re s et ou s ur s vivants es M tiers traditionnellement masculins Secondaire non compl t C libataire 4 enfants 8 petits enfants 1 arri re petit enfant Fr re s et ou s ur s vivants es Profession m dicale Universitaire C libataire AUCUN Fr re s et ou s ur s et m re vivants es Emplois non sp cialis s Primaire C libataire AUCUN Fr re s et ou s ur s vivants es Emplois non sp cialis s et m tiers traditionnellement masculins Secondaire non compl t C libataire Fr re s et ou s ur s vivants es Profession m dicale Universitaire Conjointe de fait 8 enfants Fr re s et ou s ur s vivants es Profession m dicale Universitaire Conjointe de fait AUCUN Fr re s et ou s ur s et m re vivants es sl Vieillir en tant soi m me
100. ies de t moignages ceux recueillis par Chamberland et ceux de la pr sente tude la priorit donn e au vivre plut t qu au dire semble caract ristique de cette g n ration Par contre les espaces sociaux au sein desquels il est possible de vivre son lesbianisme de mani re confortable et s curitaire sont plus nombreux qu auparavant Vieillir en tant soi m me leur milieu de travail actuel ou ant rieur ou en faire une divulgation tr s s lective Une seule des participantes nous a dit avoir parl ouvertement de son orientation sexuelle au travail suite une activit organis e par l employeur pour contrer les diverses formes de discrimination Cet exemple renforce l argument de la prudence comme facteur intervenant dans le choix de la visibilit ou de l invisibilit en tant que lesbienne car c est suite un signal clair d ouverture et de protection de la part de l employeur envers les cat gories de personnes sujettes subir de la discrimination que Marie a parl publiquement de son lesbianisme sur son lieu de travail avant cette intervention elle avait privil gi la divulgation s lective L attitude de prudence n est pas exclusive au milieu de travail et se retrouve dans la sph re publique comme dans la sph re priv e Les exemples pr sent s pr c demment concernant l utilisation du vocabulaire en public sont tr s r v lateurs de l omnipr sen
101. insi que les politiques et r gles d thique cet gard la formation de la personne interview e et des autres membres du personnel concernant l homosexualit et le lesbianisme leur connaissance des ressources communautaires L entrevue se poursuivait avec une discussion sur les potentialit s d accueil de lesbiennes la vision que les intervenants intervenantes ont de leurs besoins sp cifiques les am liorations apporter dans les services r sidentiels sociaux et de sant Finalement les interview s es devaient juger de l importance concr te de telle ou telle barri re l accessibilit des services pour les lesbiennes partir d une s rie d affirmations inspir es de la revue de la litt rature sur le sujet LES D MARCHES DE RECRUTEMENT Cette section aborde successivement les objectifs poursuivis dans le recrutement de participants es les d marches effectu es et les r sultats auxquels elles ont abouti Les objectifs du recrutement Les d marches de recrutement effectu es avaient pour principaux objectifs 1 le recrutement de 10 intervenants intervenantes du secteur de l h bergement pour une s rie d entrevues individuelles 2 le recrutement de lesbiennes g es de 60 ans ou plus de pr f rence habitant dans des r sidences pour personnes g es pour une seconde Z Vieillir en tant soi m me s rie de 10 entretiens 3 l exploration du degr de connaissance et de r ceptivit des
102. int de vue de la vie sociale tre en couple semble favoriser un certain repliement dans la sph re priv e comme l attestent les t moignages de Madou et du couple form par Isabelle et Catherine Ces derni res ont choisi un mode de vie centr sur le couple Le social on n est pas fortes l dessus On a assez de nous autres a ne nous manque pas Dans leur cas les autres activit s sociales sont surtout organis es avec des cousines qui sont elles aussi lesbiennes ou avec des 23 I importe de souligner que l analyse sur la question du couple est labor e principalement partir de trois entrevues soit celle r alis e avec le couple d Isabelle et Catherine et les entrevues des deux participantes qui ont v cu en couple jusqu au d c s de leur conjointe SE E Vieillir en tant soi m me couples d amies lesbiennes Cette importance du couple dans les relations amicales est si notable que la rupture d un couple sonne souvent la fin de la fr quentation amicale des deux amies devenues c libataires De son c t Madou confirme avoir consid rablement r duit le rythme de ses sorties au d but de sa vie conjugale ce repliement s est davantage accentu lorsque l tat de sant de sa conjointe s est d t rior et que celle ci n cessitait des soins importants Elle ne m a jamais emp ch de sortir elle disait Sors vas y faire des choses Mais je ne voulais pas la laisser vu qu el
103. is ils sont dans une ambiance o ils ne peuvent pas avoir de pr jug s parce que a fait partie de leur l ment environnement Dominique Toutefois rien n est acquis puisque cet intervenant nous expose par la suite avoir fait face une situation o il a d r primander un r sident sur une blague que ce dernier avait faite une r sidente lesbienne Il y a eu une ou deux personnes qui lui ont dit Asteur que l on sait que tu aimes les petites madames tu dois plus regarder les femmes de m nage que les Vieillir en tant soi m me nouveaux monsieurs a a t fait d une fa on espi gle Moi j ai averti la personne Non je regrette elle vous respecte vous allez la respecter Mais la personne m a expliqu qu elle voulait juste la taquiner Je lui ai dit Vous ne pensez pas que vous pouvez la blesser Il faut y penser L individu en question c tait un homme bien h t rosexuel Il a compris Dominique Suzanne nous rapporte une autre exp rience positive il s agit du cas de quatre r sidents gais qui selon ses propos ne rencontrent aucune difficult s int grer dans leur environnement r sidentiel Elle souligne le cas d un d entre eux qui semble tre parfaitement int gr la r sidence mais elle mentionne toutefois qu une partie importante de ses camarades de r sidence ne sont pas au courant de son orientation sexuelle ce qui ne nous permet pas d interpr
104. it qu elles d voilent ou d voileraient leur orientation sexuelle aupr s des institutions qu elles c toient si cela est tait pertinent ou important c est dire si cela am ne un avantage concret ou a un lien direct avec la situation L histoire d Isabelle et Catherine illustre tr s bien ce comportement en effet celles ci s identifient maintenant en tant que couple lesbien aupr s des instances gouvernementales et des professionnels professionnelles qu elles consultent lorsque le statut de conjointes de fait ou de partenaires amoureuses intervient dans la nature de la demande ou dans son traitement ce qu elles ne faisaient pas dans le pass Dans leur cas cette modification du comportement est en partie li e aux transformations l gales survenues dans les derni res ann es propos de la reconnaissance des couples de m me sexe tel que l illustrent les d marches qu elles ont entreprises propos de leurs testaments respectifs On avait fait notre testament en 1990 mais on n a pas parl de couple La derni re fois que l on est all es pour remettre a en ordre depuis que la loi est pass e on est arriv es et on a dit L on veut tre reconnues comme un couple conjointes de fait de m me sexe C est marqu dans notre testament Isabelle et Catherine Bien qu elles ne s affichent pas d lib r ment comme lesbiennes dans la sph re institutionnelle elles n h sitent pas le faire lorsque c est
105. l dans Sharon D STONE dir Lesbians in Canada Toronto Between the Lines p 25 34 1992 Living in the margins Lesbian Aging Canadian Woman Studies Les Cahiers de la femme vol 12 p 80 84 BEELER Jeff A RAWLS Todd W HERDT Gilbert et Bertram J COHLER 1999 The needs of older lesbians and gay men in Chicago Journal of Gay and Lesbian Social Services vol 9 p 31 49 BROTMAN Shari RYAN Bill et Robert CORMIER 2002 Questions relatives la sant mentale de certains groupes les a n s gais et lesbiennes dans Conseil consultatif national sur le troisi me ge crits en g rontologie Ottawa Gouvernement du Canada p 58 69 BROTMAN Shari RYAN Bill et Robert CORMIER 2002 The health and social service needs of gay and lesbian elders and their families An exploration in four canadian cities The Gerontologist BUTLER Sandra S et Barbara HOPE 1999 Health and well being for late middle aged and old lesbians in a rural area Journal of Gay and Lesbian Social Services vol 9 p 27 46 CAHILL Sean Ken SOUTH et Jane SPADE 2001 Outing Age Public Policy Issues Affecting Gay Lesbian Bisexual and Transgender Elders New York The Policy Institute of the National Gay and Lesbian Task Force Foundation CARPENTIER Normand et Deena WHITE 2001 Le soutien social Mise jour et raffermissement d un concept dans DORVIL Henri et Robert MAYER dir Probl m
106. l matiques reli es aux lesbiennes g es est une constante qui transcende l attitude de r ceptivit des r pondants es en effet la plupart nous ont affirm ne pas avoir connu de lesbiennes parmi les r sidentes Au mieux certains soup ons ont t invoqu s mais sans aucune certitude formelle Le caract re d licat de la question fut galement consensuel chez les personnes rejointes De fa on g n rale la collaboration obtenue se manifesta principalement par la diffusion d affiches sur la recherche ainsi que par la mise en contact avec des membres du personnel travaillant directement aupr s des r sidents es la plupart du temps le personnel assign aux soins personnels et m dicaux ou les animateurs trices socioculturels ou avec le personnel homosexuel hommes ou femmes travaillant pour le centre Il importe de souligner cette forte tendance r f rer les chercheures aux employ s es gais et lesbiennes de l institution peu importe leur occupation qu ils ou elles soient infirmiers res ou cuisiniers res cette situation s est produite tr s largement au fil des contacts effectu s o Vieillir en tant soi m me Finalement une des r sidences contact es s est d marqu e significativement par son attitude proactive vis vis des personnes g es homosexuelles la direction y accorde une importance pr pond rante l organisation d un climat d ouverture chez les employ s es et les cadres comme
107. la composition des r sidences en termes de client les admises ou non constitue le moyen d atteindre un objectif plus global de confort social et identitaire les options privil gi es par les participantes ont un point en commun celui de maximiser au yeux de la protagoniste l option de la divulgation de l orientation sexuelle en offrant une r ponse optimale aux trois composantes du dilemme de visibilit invisibilit soit 1 la s curit en r ponse la prudence via le choix d une r sidence dont la composition est per ue comme att nuant le danger de stigmatisation sociale 2 des avantages plus importants que les inconv nients notamment la possibilit de r pondre au besoin de partager un v cu semblable avec des pairs et 3 un environnement ouvert favorable au maintien du r seau informel lesbien et de liens d intimit Bref la r sidence id ale est celle qui permet de r pondre ces trois crit res de la fa on la plus ad quate possible ou du Vieillir en tant soi m me moins qui est per ue comme telle pour chacune des participantes interview es Ainsi donc plusieurs options sont valables et n cessaires car une seule n est pas ad quate pour toutes LA PLACE DE L HOMOSEXUALIT DANS LA CULTURE INSTITUTIONNELLE DES R SIDENCES l instar de la d signation d un type de r sidence id ale pour les lesbiennes g es la question des besoins et des attentes de ce groupe doit tre abord e en
108. le comme lesbienne en habitant dans une r sidence pour personnes g es Participante Non pas beaucoup Je vois des r sidentes qui sont lesbiennes g es Je ne les sens pas tout fait l aise avec les autres femmes Lise Intervieweuse Selon vous les r sidences pour personnes g es offrent elles des services adapt s pour les besoins des lesbiennes Participante Non parce que j ai fait de la livraison pour une pharmacie et puis il y en avait des madames g es qui taient lesbiennes l Parce qu on se reconna t entre nous Et puis elles se tenaient toutes seules dans leur coin Elles ne se m laient pas aux autres Pauline Quant aux deux autres participantes l une dit ne pas conna tre suffisamment les r sidences pour pouvoir se prononcer sur le sujet et l autre n anticipe pas d obstacle son int gration future dans un tel tablissement en raison de son comportement tr s prudent et de ses habitudes de dissimulation de son lesbianisme Intervieweuse Si jamais vous tes en r sidence et que vos amies lesbiennes viennent vous voir est ce que vous pensez que cela pourrait cr er des probl mes Participante Non je ne penserais pas Elles sont bien discr tes de ce c t l Mes amies font bien attention a ne para t pas du tout du tout Et toutes celles que je connais elles sont toutes comme moi elles font bien attention Je ne suis pas inqui te pour a Fleur Bref bien qu ils exp
109. le n tait pas bien Madou Avec l aggravation de la maladie le soutien fonctionnel devient omnipr sent dans la vie quotidienne du couple et dans la relation qu entretiennent les deux conjointes Des huit participantes qui n entretenaient aucune relation amoureuse au moment de l entrevue la moiti se sont dites int ress es se trouver une compagne et en cherchent une plus ou moins activement en invoquant comme motifs la solitude et le besoin d intimit Ah mon dieu je ne veux pas vieillir toute seule Louise Les quatre autres disent ne pas d sirer tre en couple les amies tant alors d sign es comme prenant la rel ve sur le plan affectif Le r seau institutionnel Le r seau de soutien institutionnel peut tre d fini comme l ensemble des professionnels les et des organismes fournisseurs de services et leurs employ s es auxquels un individu peut avoir recours pour r pondre des besoins de nature motionnelle psychologique physiologique m dicale fonctionnelle etc et avec lesquels la relation de service s tablit sur la base du r le officiel de la ressource qu elle soit salari e ou b n vole institu de par sa profession ou son statut au sein d une institution ou d un fournisseur de services Les services de sant Les relations avec les institutions m dicales semblent satisfaisantes dans la majorit des cas Une seule participante critique explicitement et globalement le syst me
110. les envers une r sidente lesbienne c tait Je vais lui dire elle que j aime les hommes Je disais coutez ce n est pas parce que vous tes h t rosexuelle que vous allez sauter sur les messieurs quand ils entrent Elle a dit Non moi mon ge je veux des amis J ai dit Pourquoi vous auriez pas une amie Vieillir en tant soi m me lesbienne S il n y a pas de couchette Cette dame l ne sautera pas sur vous a pourrait tre votre meilleure amie Quand les choses sont claires Dominique La majeure partie des propos des intervenants es concernant leur perception des attitudes de la client le r sidente face l homosexualit sont de nature sp culative en raison du peu d exp rience d accueil de r sidents es s affirmant comme homosexuels les dans leur voisinage domiciliaire Aussi si l on met de c t les r ponses s appuyant sur des situations concr tes les supputations des interview s es sont principalement fond es sur 1 une extrapolation partir de la connaissance qu ils ont des opinions g n rales des r sidents es 2 des transpositions partir d exp riences v cues avec d autres client les marginales telles les personnes g es d origines ethniques diff rentes qui sont souvent prises en exemple pour t moigner de l ouverture d esprit des r sidents es 3 de la projection partir de l impact de la pr sence d employ s es homosexuels les ou p
111. lesbiennes g es ainsi que l absence d exp rience concr te dans ce domaine Le recrutement des lesbiennes g es L invisibilit des lesbiennes g es fut l obstacle principal au recrutement de participantes en effet tr s peu de r pondants es ont affirm conna tre des lesbiennes g es habitant en r sidence Au plus des soup ons ont t verbalis s mais la discr tion dont font preuve ces femmes rend impossible leur identification formelle Devant Vieillir en tant soi m me l incapacit pratique de rejoindre ce groupe les d marches de recrutement ont d tre largies afin d inclure les lesbiennes de 60 ans ou plus n habitant pas en r sidence pour personnes g es Cela a eu pour effet de modifier substantiellement la composition de l chantillon obtenu par rapport celle d finie dans les param tres initiaux de la recherche Par contre cette invisibilit g n ralis e constat e tout au long des d marches de recrutement est porteuse d une signification en soi et nous a fourni des l ments d analyse qui seront repris dans la pr sentation des r sultats Les d marches de recrutement des lesbiennes g es vivant domicile ont t effectu es travers la prise de contact avec tous les types d organismes d taill s pr c demment mais la mise en contact par r f rence interpersonnelle a t la m thode la plus efficace LES PARTICIPANTES ET PARTICIPANTS LA RECHERCHE Port
112. let s de communication propres susciter et d coder les confidences de lesbiennes g es De fait l attentisme au niveau de la gestion des tablissements traduit une acceptation passive du lesbianisme accompagn e par une 106 Vieillir en tant soi m me s rie d a priori qui tendent renvoyer aux lesbiennes g es la responsabilit de leur propre insertion sociale se d clarer exprimer leurs besoins faire preuve de discr tion se tailler une place dans le milieu social de la r sidence etc fut ce au prix du maintien de leur invisibilit Enfin sans leur pr ter d intention il faut rappeler ici le manque de collaboration de nombre d tablissements contact s au d but de la recherche En somme les responsables et les gestionnaires des tablissements accueillant des personnes du troisi me ge ne sont pas sensibilis s la n cessit d adapter leurs services r sidentiels aux besoins des lesbiennes g es L attitude d ouverture empreinte d optimisme pr sente chez la plupart des intervenants es interview s contraste avec la perception n gative des lesbiennes g es que nous avons rencontr es concernant la capacit d accueil des r sidences actuelles Si elles en avaient la possibilit celles ci opteraient pour des habitations alternatives le mod le d une r sidence pour lesbiennes exclusivement vient au premier rang des pr f rences exprim es sans toutefois que ne se d gage un consensu
113. lles des personnes ayant cumul de l exp rience dans les services li s l h bergement dans le but de relever s il y a lieu les carts existants dans leur compr hension des besoins et des transformations op rer dans l offre de services pour les rendre mieux adapt s Plut t que de formuler une s rie de mesures pr cises ou de privil gier un seul mod le de r sidence des avenues qui nous semblent vaines compte tenu de la diversit chez les lesbiennes g es et de la pluralit des mod les r sidentiels nous avons cherch mettre en lumi re certaines carences du syst me actuel et investiguer les caract ristiques d un environnement qui serait la fois r ceptif s curitaire et respectueux des besoins des lesbiennes Ce rapport comporte quatre chapitres Le premier pr sente la strat gie de recherche labor e suite la phase de d marrage du projet dont il ressortait que l invisibilit sociale des lesbiennes g es constitue un obstacle de taille non seulement une prise en charge de leurs besoins mais galement toute recherche visant mieux les conna tre Cette caract ristique dominante qu est l invisibilit n est pas exclusive cette g n ration de lesbiennes mais pour des raisons historiques elle y est plus accentu e que parmi les autres groupes d ge Ce chapitre rapporte ensuite les principaux r sultats de la revue de la litt rature puis il d crit les aspects m thodologiques d
114. mani re plus d taill e dans la section Le vieillissement chez les lesbiennes l tat de la question Ainsi les difficult s de vie le plus souvent rencontr es chez les lesbiennes vieillissantes quel que soit leur cadre de vie seraient l isolement l insuffisance du soutien social et des ressources conomiques le manque de lieux de rencontre et de mod les d identification les appr hensions li es au d voilement de l orientation sexuelle et enfin la non reconnaissance de leurs relations conjugales et familiales D autres tudes se sont pench es sur les obstacles l accessibilit des services sociaux et de sant pour les femmes homosexuelles ou plus globalement pour les personnes non h t rosexuelles Les principales barri res identifi es sont l invisibilit sociale des lesbiennes et plus particuli rement des cohortes les plus g es l homophobie la lesbophobie et l h t rosexisme encore pr sents dans les attitudes du 2 Nous avons d nombr plus d une centaine de titres faisant r f rence aux exp riences de vie des lesbiennes g es ou la place faite aux lesbiennes de tous ges dans le domaine des services sociaux et de sant incluant les services d h bergement pour personnes g es ou en perte d autonomie Au del de cette apparente abondance et si l on met de c t les crits souvent fort int ressants s appuyant sur des t moignages personnels ou autres il appert que les recherches
115. mie appara t comme un l ment important du discours des participantes propos des r seaux de soutien Il ressort de l analyse des entrevues que les participantes cherchent tre le plus autonomes possible tant sur les plans affectif et psychologique que sur les plans physique et fonctionnel En effet lorsque nous les avons interrog es sur leurs ressources en cas de difficult s motives quatre des participantes nous ont r pondu qu elles pr f rent faire face aux difficult s de fa on autonome et ce m me si elles disposent d un r seau social solide EE Vieillir en tant soi m me Intervieweuse En g n ral sur qui comptez vous si vous avez des grandes difficult s dans votre vie Participante J ai toujours compt sur moi m me Je n ai jamais demand d aide de personne Pauline Deux d entre elles ont ajout qu elles pourraient galement en parler des amies intimes par la suite Moi quand j ai de la peine je suis port e me retirer Je vais cuver a deux ou trois jours et apr s a quand a va mieux l je vais parler mes amies Marie Trois des participantes disent se tourner spontan ment vers leurs amies m me si l une d entre elles pr tend ne pas avoir un r seau suffisamment fort pour la soutenir actuellement et une autre se confie davantage ses filles Formant un couple Isabelle et Catherine se soutiennent mutuellement en plus d avoir recours
116. mme lesbienne ou autre terme synonyme Outre le crit re d ge et d auto d signation les participantes recrut es devaient avoir des pr occupations et ou des exp riences en mati re d h bergement pour personnes g es La pr sente section offre un portrait d taill des lesbiennes g es ayant particip aux entrevues tableau 2 page 36 Caract ristiques sociod mographiques Toutes les femmes interview es ont entre 60 et 76 ans mais la majorit d entre elles ont 65 ans ou moins c est le cas de 7 des participantes les 3 autres se situant dans la cat gorie des plus de 65 ans dont 2 ont plus de 70 ans Aussi malgr la pr sence de lesbiennes septuag naires dans l chantillon la moyenne d ge des interview es se situe 65 ans 10 Une intervenante occupant un poste de gestionnaire a deux tablissements sous sa responsabilit dont l un accueille principalement une client le ayant besoin d un encadrement sur le plan psychosocial Bien que certains de ses propos concernent des r sidentes lesbiennes dans la cinquantaine nous avons jug pertinent de les conserver Vieillir en tant soi m me Situation conjugale et familiale Le c libat est la situation conjugale dominante chez les interview es en effet 8 d entre elles ne sont pas en couple seules 2 des interview es le couple ayant particip l entrevue commune sont conjointes de fait Par contre quelques interview es ont fai
117. n sexuelle H t rosexuel Grandeur de la r sidence et type de chambres offertes Petite chambres simples et doubles gente de location Directeur des services aux r sidents Domaine de la vente Domaine de l administration H t rosexuelle Gai Moyenne chambres simples et doubles Grande chambres simples doubles et studios Propri taire Domaine des soins personnels et m dicaux H t rosexuel Moyenne chambres simples seulement Directeur des services aux r sidents Domaine des soins personnels et m dicaux Gai Petite chambres simples et doubles Ex agente de location Domaine de la vente Lesbienne N A Propri taire Domaine de l administration H t rosexuel Moyenne chambres simples seulement Infirmier auxiliaire Domaine des soins personnels et m dicaux Gai Moyenne chambres simples et doubles Infirmier auxiliaire Domaine des soins personnels et m dicaux Gai Grande chambres simples et doubles Adjointe de direction Domaine de l administration H t rosexuelle Moyenne chambres simples et doubles Retrait a sl N A Gai Moyenne chambres simples et doubles Ant c dents professionnels Occupations artistiques emplois non sp cialis s et prestations sociales Niveau d instruction Universitaire Situation conjugale C libataire Enfants et petits enfants V
118. n c t des intervenantes intervenants c toyant des personnes g es en h bergement et de l autre des lesbiennes de 60 ans ou plus et ayant conserv toute leur autonomie Le chapitre se termine avec une br ve discussion de la port e et des limites de cette tude L ORIENTATION DE LA RECHERCHE D finition d une strat gie de recherche Une premi re phase de la recherche compl t e en 2001 a consist effectuer une recension bibliographique concernant la probl matique du vieillissement chez les lesbiennes Faute de temps et de ressources nous n avons pu r aliser une synth se de l ensemble des documents collect s De plus leur pertinence s av rait in gale tant donn que les r sultats des tudes empiriques men es l tranger ou datant de plusieurs ann es ne peuvent pas toujours tre appliqu s au contexte qu b cois actuel Vieillir en tant soi m me Cette tape a toutefois permis d explorer dans un rapport pr liminaire les dimensions identitaires conomiques juridiques psychologiques familiales sociales et culturelles du processus de vieillissement chez les femmes homosexuelles Chamberland Brossard et Heffernan 2001 Malgr les limites m thodologiques des recherches disponibles et le nombre restreint de celles portant sur les cohortes contemporaines de lesbiennes de 60 ans ou plus quelques points de convergence sont ressortis que nous reprenons ici sommairement et de
119. nadien 44 1567 1568 RYAN Bill 2003 Nouveau regard sur l homophobie et l h t rosexisme au Canada Soci t canadienne du sida Trouv le 8 septembre 2004 l adresse Internet www emergence qc ca homophobie pdf document_homophobie pdf RYAN Bill BROTMAN Shari et Bill ROWE 2000 Access to care Exploring the Health and Well being of Gay Lesbian Bisexual and Two spirit People in Canada Rapport pr par pour Sant Canada Montr al McGill Centre for Applied Family Studies SUM QUOD SUM FOUNDATION 1997 A report on the needs assessments survey of senior gays and lesbians Winnipeg rapport de recherche VEILLEUX Denise 1998 Vieillir en marge les r seaux informels et formels des lesbiennes g es Ottawa m moire de ma trise en sociologie Universit d Ottawa WAITE Helen 1995 Lesbians leaping out of the intergenerational contract Issues of aging in Australia Journal of Gay and Lesbian Social Services vol 3 p 109 127 WEEKS Jeffrey Brian HEAPHY et Catherine DONOVAN 2001 Same Sex Intimacies Families of Choice and Other Life Experiments London Routledge WESTON Kath 1991 Families We Choose Lesbians Gays Kinship New York Columbia University Press ROSS Eleanor Mary SCOTT et Ellen WEXLER 2003 Environmental Scan on the Health and Housing Needs of Aging Lesbians Toronto rapport commandit par Older Lesbians in Valued Environments OLIVE et par le Sherbourne Health Centre
120. nant leur groupe d ge Signe d ouverture l intervenant Andr avait relev cette sp cificit des besoins des lesbiennes g es Intervieweuse Les besoins des lesbiennes g es sont ils diff rents de ceux des femmes h t rosexuelles Intervenant Peut tre que oui elles auraient besoin d avoir quelqu un qui leur ressemble Et si cela est un besoin et que je l identifie ou que cela m tait demand qu on me dirait Toi tu es bien fin bien gentil mais moi je veux parler une femme qui me ressemble pas un gars qui est ouvert mais une femme qui me ressemble Et bien je vais lui en trouver une femme qui lui ressemble a c est s r Andr Toutefois ce besoin n a pas t largement identifi par les intervenants es Sur le plan du lieu d habitation envisag dans le futur les pr f rences des lesbiennes g es autonomes interview es se sont r v l es tr s peu homog nes Interrog es sur le type de r sidence qu elles pr coniseraient plusieurs 9 10 ont r agi avec enthousiasme l id e de cr er des ressources alternatives A cet gard six ET E Vieillir en tant soi m me participantes ont fait porter leur premier choix sur une r sidence pour lesbiennes g es seulement Il est peu pr s temps Pas une seule Je parle de plusieurs Le Qu bec c est grand Iris Ah a c est un r ve J esp re qu un jour il y en aura Je vais continuer de r ver Lo
121. ncr te des changements op rer de fa on mieux r pondre aux besoins propres ce groupe Nous avons alors opt pour une d marche qualitative et exploratoire qui comprendrait deux s ries de dix entrevues semi structur es l une avec des intervenantes intervenants aupr s de personnes g es l autre avec des lesbiennes de plus de 60 ans logeant dans des r sidences pour a n s es dans la mesure o il serait possible de les rejoindre ou vivant dans leur domicile personnel De plus nous avons d limit le cadre de la recherche en nous concentrant sur les ressources d habitation priv es desservant une client le autonome et semi autonome l exclusion des CHSLD dont la client le est en forte perte d autonomie et des services domicile dont l organisation diff re consid rablement de celle des services r sidentiels Sur le plan g ographique nous avons privil gi sur le territoire de ce qui tait alors la R gie r gionale de Montr al la partie centrale de l le de Montr al l o la pr sence des populations homosexuelles est plus manifeste sans carter des sources d information localis es ailleurs s il s en pr sentait Le vieillissement chez les lesbiennes l tat de la question Cette section pr sente bri vement les r sultats d un certain nombre de recherches qui se sont int ress es aux lesbiennes g es concernant trois aspects dont les implications doivent tre prises en consid
122. ne certaine neutralit vis vis de leurs interlocuteurs interlocutrices quant la nature du lien qui les unit leur compagne Pour ces participantes l utilisation d euph mismes leur permet de b n ficier d une ambigu t confortable lorsqu elles sont en pr sence de personnes dont elles ne connaissent pas l opinion sur l homosexualit sans toutefois avoir l impression de mentir ou de renier leur identit Ce fut le cas de Catherine qui dissimulait son lesbianisme au travail et qui tait soulag e de pouvoir utiliser le terme partner elle travaillait dans un milieu anglophone aupr s du service des ressources 6 Vieillir en tant soi m me humaines pour obtenir le formulaire permettant de faire inscrire sa conjointe sur le r gime d assurances collectives Une participante mentionne galement qu elle et ses amies lesbiennes utilisent un mot de code pour remplacer le terme lesbienne lorsqu elles sont en public Tu sais tu es au restaurant ou dans une place publique au lieu de dire lesbienne on dit v g tarienne Marie Cet usage permet de passer inaper ues de ne pas attirer l attention des oreilles indiscr tes Chez quelques participantes l utilisation d euph mismes peut d noter une certaine difficult se d signer un certain malaise se nommer en tant que femme homosexuelle Par contre cette sp cificit du langage des lesbiennes g es ne doit pas tre comp
123. nes et aux gais Des questions transversales visaient cerner la composition du r seau social des participantes elles portaient sur l am nagement de l identit en tant que lesbienne face aux diff rentes personnes composant le milieu de vie la nature et le rythme des activit s partag es les changes de services et l appr ciation de l apport de ces personnes dans leur vie Cette partie se terminait avec une estimation des sources d aide sur lesquelles elles pouvaient compter en cas de probl mes de sant psychologiques ou autres Une deuxi me section portait sur leur perception des cons quences positives et n gatives de l avanc e en ge les pr occupations et les besoins qui pouvaient en d couler On y aborda t galement les rapports avec les services de sant partir des exp riences personnelles ou indirectes par ex accompagnement d une conjointe ou d une amie la d cision de d voiler ou non son orientation sexuelle les sources de satisfaction et d insatisfaction ainsi que les am liorations apporter Enfin les interview es taient sond es quant la mise sur pied de divers types de services groupes de discussion activit s sociales information conomique soutien sur le plan juridique psychologique ou autre La derni re partie s amor ait avec la vision que les interview es avaient de leur avenir notamment en ce qui a trait leur lieu d habitation Elles taient ensuite interrog es sur
124. nforts li s au choix de dissimuler l orientation sexuelle Sur ce point plusieurs le ons peuvent tre tir es des r centes modifications l gales touchant les gais et les lesbiennes et de leurs impacts constat s sur le comportement des lesbiennes g es autonomes analys s la section Facteurs influen ant la d cision de divulguer ou dissimuler son orientation sexuelle dans ces exemples les avantages qu offrent les nouvelles lois semblent constituer un incitatif efficace la divulgation chez plusieurs participantes de notre chantillon Une fois constat e cette incidence de l valuation des avantages et inconv nients li s la divulgation de l orientation sexuelle il s agit de l utiliser travers diff rents m canismes choisis par les intervenants es et les r sidences dans le but de favoriser l adaptation de leur institution la client le lesbienne Une fois de plus les t moignages des intervenants de la r sidence ouverte aux gais et lesbiennes viennent confirmer cet effet du jeu des avantages et inconv nients Intervenant Dans le bottin de quartier il y a la publicit Une page compl te qui est marqu e Bienvenue aux gais et lesbiennes C est s r que quand j ai une dame qui vient ici et qui est lesbienne elle n a pas attendre Intervieweuse Est ce que les personnes qui t l phonaient pour obtenir des informations vous disaient qu elles avaient vu l annonce Intervenant Oui j ai eu de
125. ntervenante Face certaines personnes l bas donc elles sont agressives Tu as des personnes qui sont born es Tu en as qui je visualise un monsieur l bas que lui les lesbiennes il ne les respecte pas Mais il ne respecte pas la femme en tant que telle alors ce n est pas parce qu elles sont lesbiennes il ne respecte pas la femme a fait qu ils sont toujours pris couteaux tir s Mais je disais souvent coutez madame chose le respect a s attire dans les deux sens je suis d accord que monsieur d j ne respecte pas la femme mais on ne fait pas expr s non plus Moi je mirai pas l agresser Alors j ai dit La journ e o vous allez le respecter lui aussi dans ce qu il est en tant que bon on sait qu il est de m me Arr tez de elles vont aller au devant des coups Quand il passe c t de vous autres s il vous traite de fifines endurez le Qu est ce que vous voulez que je vous dise Donc a s est corrig mais a peut s tre corrig et dans 6 mois a va me revenir mais bon Suzanne Dans le cas qui est rapport l intervenante fait une tentative de m diation dans laquelle la demande de compromis est adress e aux lesbiennes c est le couple lesbien qui doit apprendre vivre avec cette situation et tenter d att nuer les d sagr ments face au comportement du r sident r calcitrant qui est per u comme d plac mais pas intol rable Un tel choix d approche
126. ohabiter avec elle sans que cela ne cr e de remous aupr s de sa famille Pour d autres c est la peur des cons quences financi res li es la perte probable d un emploi en cas de divulgation ou la simple volont de ne pas tre per ues comme des sp cimens rares qui les am ne choisir l anonymat dans la sph re publique Donc s il s agit parfois de contourner un malaise et de ne pas utiliser des mots qui ont t d nigr s par une utilisation p jorative le choix du vocabulaire r sulte tr s souvent de la volont de se rendre invisible dans les lieux publics de ne pas s exposer aux regards des non initi s es c est dire des personnes qui ne sont pas d j au courant de la diff rence d orientation sexuelle En d finitive l analyse du vocabulaire employ par les participantes r v le deux facteurs influen ant le choix des termes utilis s dans le quotidien 1 la perception personnelle r sultant souvent de l histoire de vie de chacune des termes disponibles pour se d signer et de leur connotation 2 les circonstances sp cifiques dans lesquelles elles se trouvent dictant les comportements adopter selon le niveau d exposition la discrimination et de stigmatisation potentielle Le choix du langage se situe donc l intersection de la d finition identitaire et des strat gies d adaptation et de survie sociale Bref au del des r serves et des pr f rences personnelles quant aux termes qu elles
127. on la violence des fois un gars que sa femme vient de quitter pour aller avec une autre femme et puis qui est malade un peu et met le feu c est un ghetto Moi jamais j irai l Et le mot jamais s applique Intervieweuse S il y avait une r sidence pour lesbiennes et gais g s Participante C est la m me chose Marie 25 L option d une r sidence pour lesbiennes re oit 6 votes au premier rang et 2 au second ou troisi me rang Celle d une habitation pour lesbiennes et gais revient 1 fois en premier choix et 4 fois en deuxi me ou troisi me choix Celle d une r sidence pour femmes de toutes orientations sexuelles est retenue 1 fois au premier rang et 2 fois par la suite 26 Dans une enqu te men e dans la r gion de Winnipeg 86 des personnes interrog es croient que la cr ation de lieux d h bergement pour gais et lesbiennes r pondrait un besoin 43 7 indiquent une pr f rence pour une r sidence mixte lesbiennes et gais mais les lesbiennes opteraient davantage pour un environnement non mixte Sum Quod Sum 1997 29 33 Par ailleurs 14 des 19 participantes l tude de Veilleux 1998 caressent l espoir de vivre dans une maison de retraite pour lesbiennes g es si les circonstances les emp chent de continuer tenir maison SE Vieillir en tant soi m me Cette participante est toutefois en faveur de l adaptation des r sidences mixtes aux besoins des lesbiennes Bien qu il y ait une
128. ote la connaissance r elle ou intuitive qu ils ont du potentiel d vastateur d un ventuel bris du secret La discr tion absolue manifest e par les intervenantes et intervenants nous informe sur le manque de r ceptivit qu ils peuvent entrevoir au sein de leur client le et confirme indirectement l existence d un tabou au sein de cette g n ration Le cloisonnement dans la circulation d information sur l orientation sexuelle des employ s es de la r sidence vient aussi appuyer cette id e en effet la totalit des intervenants es nous ont parl de coll gues gais ou lesbiennes dont l orientation sexuelle largement connue au sein du personnel est souvent mais pas tout le temps dissimul e aupr s des r sidents es J ai d j des hommes qui sont gais qui travaillent ici et puis a les r sidents je ne crois pas qu ils le savent mais nous autres les employ s savons qu un tel et un tel sont gais Fabrice De tels comportements montrent l existence d une retenue de la part des employ s es sur la question de l homosexualit lorsqu ils elles sont en relation avec la client le r sidente Interrog s sur les raisons qui motiveraient les gais et plus sp cifiquement les lesbiennes se rendre invisibles dans les r sidences les intervenants es invoquent l existence de pr jug s et de tabous au sein de cette g n ration ainsi que la crainte de la stigmatisation o Vieillir en tant soi m me
129. outes r sident dans leur quartier 11 Cette proportion n est pas tonnante puisque plusieurs lesbiennes de cette g n ration ont v cu une partie de leur vie l int rieur d un mariage h t rosexuel et ont eu des enfants Beeler et al 1999 Chamberland et Brossard 2001 Humphreys et Quam 1998 Jacobs et al 1999 Veilleux 1998 Lors des d marches de recrutement aupr s des tablissements nous avons observ que le statut marital avoir t mari e ou tre veuve de m me que le fait d avoir des enfants et des petits enfants taient souvent interpr t s tort comme des preuves qu une r sidente n tait pas lesbienne Vieillir en tant soi m me actuel depuis plus de deux ans et cinq d entre elles y demeurent depuis sept ans et plus y compris suite un ou des d m nagements Ant c dents scolaires et professionnels Au niveau de la scolarit l chantillon offre deux tendances soit une cat gorie de femmes tr s scolaris es et une de femmes tr s peu scolaris es en effet 5 participantes ont d j fr quent l universit avec dipl me compl t ou non alors que 4 d entre elles ont interrompu leur cheminement scolaire au niveau secondaire avant l obtention de leur dipl me et une participante n a fr quent que l cole primaire Le cheminement professionnel des participantes est tr s diversifi mais peut tre organis en deux cat gories 7 des interview es ont
130. part du temps le noyau central des relations amicales cette donn e est d ailleurs particuli rement visible dans l examen des r seaux de soutien informels th me que nous abordons ult rieurement Au niveau de la sph re publique la prudence est une donn e fondamentale chez les lesbiennes interview es et pr domine en cas d incertitude autant dans les relations informelles qu institutionnelles dans le doute elles s abstiennent de se r v ler Une fois la confiance tablie c est l valuation des avantages appr hend s qui influencera la d cision d informer ou non leur interlocuteur interlocutrice de leur lesbianisme L affirmation est donc parfois un enjeu fonctionnel et pragmatique sph re publique et sph re priv e non intime et parfois un enjeu identitaire cercle intime De ce constat on comprend que la survie sociale et le maintien de l estime de soi sont au centre des dilemmes li s la visibilit sociale et que la composante identitaire du lesbianisme rel ve quasi exclusivement de la sph re priv e Bref pour les lesbiennes de cette g n ration ayant particip la recherche l enjeu fondamental est de se construire un espace pour vivre leur lesbianisme et le dilemme de visibilit invisibilit en tant que lesbienne est centr sur la n cessit d tablir cet espace vital En ce sens l affirmation de l identit lesbienne ne passe pas par la visibilit mais par la possibilit de vivre leur homosexuali
131. particuli rement le r seau lesbien dont le r le est d une importance primordiale dans l univers socio identitaire des lesbiennes g es La disponibilit d une oreille attentive avec assurance de la confidentialit des entretiens peut favoriser la visibilit des r sidentes lesbiennes particuli rement chez celles qui optent pour une visibilit partielle ou s lective Suzanne et Claudio ont t moign de telles exp riences de confidences provenant de r sidentes par ailleurs tr s discr tes sur leur lesbianisme L intervenant Roger nous a galement relat une situation qui s apparente ce type d intervention d j pr sent e au chapitre intitul Les lesbiennes dans les r sidences pour personnes g es par une initiative proactive il envoie le message de la disponibilit d une coute ouverte cette r alit que le r sident gai est libre de saisir ou non 28 Dans ce type d intervention ce n est pas le r sultat qui importe mais bien le message En conclusion il importe de souligner que bien qu une plus grande visibilit du groupe des lesbiennes g es soit souhaitable tel n est pas le but premier recherch 27 Rappel des propos en cause un moment donn sa s ur nous a dit qu il tait gai mais lui il n en parle pas et je ne le questionne pas directement l dessus sauf que des fois j ouvre la porte en parlant de mon copain Je me dis que s il veut se confier il va sentir qu il y a
132. pertinent ou lorsque des avantages en d coulent comme c est le cas pour les assurances collectives les avantages fiscaux et les services financiers La mince ligne entre le d voilement actif et la dissimulation tacite de l orientation sexuelle dans les relations institutionnelles semble se tracer partir de l valuation que font les conjointes du caract re pertinent et avantageux de la d claration de leur statut de la forme du contact sur ce point le t l phone semble inciter davantage la divulgation que les rencontres en face face et du sentiment de s curit quant l impact sur la relation de service de cette visibilit en tant que lesbiennes La question de la divulgation aupr s des professionnels et professionnelles de la sant est galement r v latrice de cette attitude En effet quand nous les avons interrog es sur leur comportement de divulgation dissimulation face aux m decins plusieurs participantes ont dit qu elles n avaient pas inform leur m decin de leur Vieillir en tant soi m me lesbianisme car cela ne leur para t pas pertinent dans la relation m dicale qu elles entretiennent avec ces professionnels les Intervieweuse Est ce que vous aimeriez a leur dire aux m decins Participante Non j aime beaucoup mes m decins mais je ne vois pas la n cessit de leur dire que je suis lesbienne Je n ai pas de maladie il n y a pas de maladies de lesbienne Pauline
133. plus lev es l on peut penser que la population homosexuelle et bisexuelle se situe aux environs de 5 10 Les estimations varient selon le type de mesure employ attrait comportement identit selon le cadre temporel de r f rence par ex toute une vie ou la derni re ann e de m me que selon la technique de collecte des donn es Soulignons en outre la r ticence des sujets r v ler leur orientation sexuelle Dorais 1994 Dans la plupart des enqu tes la pr valence est plus lev e chez les hommes que chez les femmes dans les milieux urbains que dans les r gions semi urbaines ou rurales Rappelons ici que nous avons privil gi pour cette tude non seulement un centre urbain mais des quartiers o la pr sence homosexuelle est manifeste o Vieillir en tant soi m me Du c t de la visibilit des hommes gais qui peut servir de point de comparaison six intervenants es disent avoir connu des r sidents gais dont trois cas o ces derniers en parlaient ouvertement un intervenant affirme ne pas en conna tre mais pense qu il y en a s rement sans qu il le sache et trois intervenants es croient ne pas avoir c toy de r sidents gais dans le cadre de leurs fonctions Cette comparaison r v le que la pr sence de r sidents gais est clairement plus visible la fois aupr s des autres r sidents es et aupr s du personnel et de la direction Les hommes gais semblent opter davantage pour la visibilit qu
134. portance d un environnement leur offrant un confort social et identitaire de l autre l analyse fait ressortir deux lacunes majeures dans la culture institutionnelle des r sidences soit l attitude attentiste et le manque de formation concernant les probl matiques et les besoins sp cifiques aux lesbiennes g es En dernier lieu ce chapitre identifie des l ments d intervention en vue de cr er dans les ressources d habitation pour personnes g es un environnement confortable r ceptif et respectueux des r sidentes lesbiennes Sans pr ciser des actions imm diates la conclusion reprend sous forme de recommandations g n rales les voies poursuivre en termes de recherche et de changements op rer en vue d offrir des services r sidentiels plus ouverts la diversit sexuelle des pistes qui pourraient s appliquer d autres secteurs de la sant et des services sociaux Dans notre soci t les qualificatifs d signant les personnes dont l ge est avanc sont tant t connot s n gativement surtout s il s agit des femmes par ex vieilles tant t euph mis s par ex a n s es Dans le pr sent rapport nous parlons parfois de lesbiennes g es nous entendons par l celles ayant 60 ans ou plus parfois de lesbiennes vieillissantes pour rappeler que le vieillissement est un processus qui n a pas d ge fixe et nous utilisons parfois l une ou l autre des expressions commun ment en usage a n s es
135. pour un couple lesbien d emm nager et de faire vie commune dans leur r sidence Seulement deux intervenants es ont nuanc explicitement leur propos en invoquant une potentielle stigmatisation de la part des autres r sidents es Le jugement est toutefois plus r serv en ce qui concerne la possibilit de se rendre visibles en tant que lesbienne dans l environnement r sidentiel tandis que cinq r pondants es n anticipent aucune difficult les cinq autres mentionnent des obstacles potentiels de nature et d importance diverses Cependant selon la plupart ces obstacles demeurent temporaires ou ne sont pas suffisamment importants pour emp cher la divulgation de l orientation sexuelle Finalement la totalit des intervenants es ont affirm qu il serait possible pour une r sidente lesbienne d accueillir sa compagne pour la nuit si elle le d sirait et si le tout se d roulait dans le respect des autres r sidents es Vieillir en tant soi m me Ce bel optimisme ne trouve toutefois pas d cho dans le discours des lesbiennes g es autonomes En effet 8 des 10 participantes lesbiennes ont exprim des doutes importants quant la r ceptivit des r sidences pour personnes g es vis vis de la client le lesbienne ainsi que par rapport la possibilit de se rendre visible en tant que lesbienne sans subir l opprobre des autres r sident es Intervieweuse Selon vous est il possible de s exprimer d tre visib
136. qu elles disposent de r seaux sociaux solides ou lorsqu il existe des ressources institutionnelles accessibles sauf pour ce qui est des ressources Vieillir en tant soi m me 4 m dicales les lesbiennes interview es ont tendance vouloir conserver la plus grande autonomie possible et montrent une pr f rence claire pour l autogestion de leurs probl mes Vieillir en tant soi m me VERS UNE ADAPTATION DES SERVICES R SIDENTIELS Suite au constat d une disparit entre les perceptions des deux groupes d interview s es quant aux capacit s d accueil des lesbiennes g es en r sidence nous avons tent de comprendre les fondements d un tel cart et de trouver des lieux potentiels de r conciliation Ce dernier chapitre compl te l analyse des propos recueillis tout en mettant en relation des l ments pr sent s dans les sections pr c dentes Il comprend 1 une synth se des besoins et des attentes exprim s par les lesbiennes g es autonomes 2 une pr sentation d l ments relatifs la culture institutionnelle des r sidences pour personnes g es contribuant expliquer les probl mes d int gration de la client le lesbienne et 3 un examen des pistes de rapprochement disponibles travers un retour sur le dilemme de divulgation dissimulation Malgr l impossibilit de rencontrer des lesbiennes habitant en r sidence pour personnes g es il nous est possible d identifier des d fi
137. que nous aborderons le th me de la sp cificit des besoins des lesbiennes g es o Vieillir en tant soi m me Les craintes exprim es par des lesbiennes g es De fa on g n rale le discours des intervenants es est plut t positif en ce qui concerne la possibilit pour les lesbiennes de vivre ouvertement leur homosexualit au sein d une r sidence pour personnes g es Cette conclusion est coh rente avec l attitude d ouverture qu ils et elles manifestent personnellement ainsi qu avec le diagnostic pos sur la r ceptivit des autres membres du personnel et de la direction voire m me de la client le r sidentielle Les propos d Antoinette sont typiques de cet optimisme qui se veut contagieux Intervieweuse Qu est ce qui vous am ne dire qu il n y a pas de discrimination envers les gais et les lesbiennes Intervenante Parce que tout le monde s aime gal Tout le monde va manger ensemble ils vont faire des activit s ensemble Antoinette La tendance est affirmer que malgr la diff rence d orientation sexuelle les lesbiennes s int greraient facilement dans l environnement des r sidences Les r ponses obtenues aux questions relatives la possibilit pour elles d y habiter tout en vivant normalement leurs relations amoureuses ou amicales illustrent cet tat d esprit En effet toutes les personnes interview es ont r pondu par l affirmative la question concernant la possibilit
138. r tour selon leurs fonctions les r pondantes et r pondants se r clament de l un ou l autre principe qui guiderait leur interaction avec des r sidentes lesbiennes tels le respect de la vie priv e la n cessit d un traitement gal et non discriminatoire envers l ensemble de la client le le refus de juger une personne sur la base d une sexualit diff rente ou l accueil inconditionnel de l Autre afin que la personne se sente pleinement accept e La plupart des interview s es croient que leurs coll gues manifesteraient galement une telle ouverture en effet 7 des 10 intervenants es ont affirm que le personnel et la direction sont ou seraient r ceptifs l accueil de r sidents es homosexuels les alors que seulement trois ont mis des doutes concernant l attitude des coll gues Par contre une intervenante croit que le personnel et la direction des r sidences sont g n ralement peu enclins faire place aux diff rences de toutes natures Tout ce qui n est pas blanc h t rosexuel ce n est jamais nomm On dirait que a n existe pas Alors a fait tr s straight Je pense que c est le seul mot que je peux prendre pour a Il n y a pas beaucoup de place pour les exceptions En tout cas on n en parle pas milie Les r serves formul es par les deux autres r pondants es sont plus nuanc es L un met des doutes concernant un coll gue en particulier qu il croit homophobe Je pens
139. rait synth se des intervenantes et intervenants interview s Dans le cadre de la pr sente tude les chercheures ont r alis 11 entrevues avec des intervenantes et intervenants entre le 24 juillet et le 12 novembre 2002 sur le territoire de l le de Montr al Le terme intervenants es r f re ici aux individus interview s sur la base de leur exp rience professionnelle ou personnelle et apportant un point de vue ext rieur sur la condition des lesbiennes g es Sauf pour un participant les intervenants es travaillent ou dans un cas ont travaill dans le secteur de l h bergement pour personnes g es Une entrevue avec un r sident g homosexuel est galement incluse dans cette section Le choix de r aliser cet entretien rel ve de la pertinence de ce t moignage pour la compr hension des difficult s li es au v cu des personnes d orientation homosexuelle r sidant dans un tablissement pour personnes g es Ce t moignage est int gr dans la section sur les intervenants es car bien qu il traite du v cu homosexuel il aborde la question lesbienne d un point de vue d observateur ext rieur comparable la position des intervenants es dans le cas qui nous concerne La pr sente section pr sente un portrait d taill des intervenants es ayant particip ces entrevues voir tableau 1 page 35 E Vieillir en tant soi m me Caract ristiques sociod mographiques Sur les 11 intervenants es a
140. raitant sp cifiquement de l utilisation du non dit qui fait partie des strat gies de d voilement plus discr tes mais qui m rite d tre abord sp cifiquement en raison de son importance et de sa signification 20 Sur la divulgation dissimulation de l orientation sexuelle aupr s des diff rents r seaux sociaux de m me que sur les strat gies de d voilement voir l excellente tude de Denise Veilleux r alis e partir d entretiens avec 19 lesbiennes de 50 ans ou plus Vieillir en tant soi m me Le d voilement direct Le d voilement direct d signe une d marche initi e par la participante dans le but d termin de faire conna tre son lesbianisme son interlocutrice interlocuteur ou de le confronter par rapport cette r alit afin de l amener la reconna tre comme un fait permanent Certaines participantes telles Marie Iris et Pauline privil gient cette approche et une majorit des autres participantes utilisent de fa on ponctuelle cette strat gie de d voilement Certaines ont entrepris des d marches officielles aupr s des membres de leur famille et aupr s de leurs amis es proches Par exemple Marie a annonc son lesbianisme ses deux meilleures amies formellement lors de discussions amorc es dans ce but Plusieurs participantes ayant des enfants ont galement opt pour une annonce explicite et directe de leur homosexualit Pour certaines ces d marches formelles avaient la
141. re tude rapport e par les m mes auteurs l aide re ue par les lesbiennes vieillissantes en temps de crise proviendrait essentiellement des femmes de leur entourage et rarement des hommes qui sont au fait de leur orientation sexuelle amies lesbiennes et h t rosexuelles et dans une moindre mesure membres de la famille Tully 1983 rapport par Jacobs et al 1999 Le r seau de soutien se recrute d abord dans le cercle d amies tr s proches le plus souvent des pairs de leur groupe d ge avec lesquelles les lesbiennes g es se sentent l aise de partager leurs pr occupations les plus intimes Beeler et al 1999 Jacobs et al 1999 Selon l analyse de Denise Veilleux 1998 cette pr f rence est attribuable plusieurs facteurs D une part ces relations amicales chappent au secret l ambigu t et au non dit qui caract risent la plupart des autres contacts sociaux notamment ceux nou s dans le milieu de travail et la famille En outre l exp rience commune de la stigmatisation sociale de l homosexualit faciliterait le partage et la compr hension mutuelle autour de certains probl mes directement li s l orientation sexuelle telles une s paration ou la perte d une conjointe ou encore l inqui tude que cette orientation ne soit r v l e des tiers Dans un contexte d occultation du lesbianisme et de discrimination syst mique ces amiti s prennent une importance d autant plus capitale Vi
142. re de services tant publics que priv s s adressant sp cifiquement aux personnes du troisi me ou du quatri me ge Cette prise de conscience est particuli rement aigue chez les lesbiennes et les gais des g n rations militantes des ann es 1970 et 1980 qui atteignent maintenant la maturit en ge et s inqui tent du sort qui sera le leur dans un avenir prochain Au Qu bec et au Canada diverses initiatives communautaires ont surgi afin de rejoindre et de mettre sur pied des activit s s adressant aux lesbiennes d un ge plus avanc Des tudes sont men es le plus souvent sous forme de recherche action ou en partenariat avec des organismes associatifs et institutionnels afin de conna tre les besoins et les pr occupations des personnes homosexuelles face au vieillissement ou de comparer les perceptions des diff rentes personnes susceptibles de leur offrir des soins et du soutien membres de la famille amis es intervenants es etc La pr sente recherche dirig e par Line Chamberland a t men e dans le cadre d un partenariat entre le R seau des lesbiennes du Qu bec et l Alliance de recherche entre l Institut de recherches et d tudes f ministes IREF de l UQAM et Relais Femmes commun ment appel e ARIR Plusieurs personnes ont collabor sa r alisation Le comit des partenaires qui a d fini les orientations du projet et r agi aux diff rentes eo Vieillir en tant soi m me tapes de la recher
143. riment surtout des perceptions plut t que des observations fond es sur des exp riences concr tes les t moignages des lesbiennes g es font tat de r ticences importantes quant la capacit d accueil des r sidences Leurs appr hensions tournent autour des craintes de se faire juger de ne pas se sentir l aise dans un environnement h t rosexuel de s ennuyer de se retrouver isol e sans pouvoir se confier ni partager son intimit avec une autre lesbienne ce qu une participante r sume ainsi Je ne suis pas s re d avoir envie de me retrouver dans un milieu tr s straight Pauline Leur scepticisme est galement aliment par la peur du comm rage et du rejet de la part des autres r sidents et r sidentes La proximit 5 Vieillir en tant soi m me physique dans ce type d habitation est galement mentionn e comme un l ment qui emp che l expression du lesbianisme en toute intimit et qui rend difficile toute vie priv e Peu font cependant allusion aux attitudes du personnel Les lesbiennes interview es sont partag es quant l ventualit d aller vivre dans une r sidence pour personnes g es aucune ne l envisage court terme deux rejettent carr ment cette possibilit tandis que la majorit la reporte le plus loin possible tout en ne l excluant pas si leur tat de sant se d t riore et entra ne une limitation de leurs capacit s En cela elles ne se distinguent pas du res
144. rise indubitablement comme la non acceptation de leur orientation sexuelle Tout d abord cette conclusion serait incompatible avec la composition de notre chantillon car nous avons affaire des femmes plut t transparentes vis vis de leur entourage et dans leur vie quotidienne De plus comme le souligne Adelman 1991 acceptation de son lesbianisme et dissimulation peuvent tre compatibles chez les personnes de cet ge Dans un contexte social o l hostilit tait tr s grande le non d voilement de l homosexualit a pu s av rer pour elles une strat gie d adaptation efficace en fournissant une certaine protection contre la stigmatisation sociale Dans une tude qu b coise bas e sur des t moignages de femmes n es entre 1923 et 1951 et appartenant donc aujourd hui aux cohortes du troisi me ge Chamberland avait observ la pr pond rance des strat gies de dissimulation lesquelles permettaient de vivre des exp riences homosexuelles tout en chappant au rejet et aux brimades de l entouragel On peut penser que malgr l volution du contexte sociohistorique les choix effectu s en mati re de visibilit et les habitudes langagi res adopt es comme mesures d autoprotection continueront d tre r it r s dans des situations d interaction per ues comme comportant des risques En outre 16 Ainsi la plupart des femmes n es avant la fin de la Deuxi me Guerre mondiale cachaient leurs attirances homosexuelles dans
145. ropres Certaines membres appr hendent les dilemmes auxquels elles seront confront es avec l avanc e en ge devront elles retourner dans le placard ou si elles affirment leur lesbianisme risquer de subir diverses formes d ostracisme et de rejet Comment r agiront les intervenantes et intervenants qui d couvriraient leur identit lesbienne en venant leur prodiguer des soins domicile O iront elles habiter si elles connaissent une perte d autonomie Est il possible et souhaitable de mettre sur pied une ressource d habitation pour lesbiennes seulement Et ainsi de suite De telles interrogations ont donn naissance ce projet de recherche ayant pour but a Vieillir en tant soi m me d explorer les fa ons d offrir des services d h bergement adapt s aux besoins et aux attentes des lesbiennes g es y inclus par la mise en place de services alternatifs Depuis son mergence le mouvement des lesbiennes n a cess de revendiquer une meilleure accessibilit des services sociaux et de sant et une am lioration de leur qualit par la prise en compte des caract ristiques identitaires sexuelles etc qui diff rencient les lesbiennes des autres femmes ainsi que des effets de l homophobie et de l h t rosexisme sur leurs trajectoires personnelles et sociales D j en 1994 le constat de l inad quation des services sociaux et de sant eu gard aux besoins des personnes homosexuelles constituait l un d
146. rt final a t r dig conjointement par Line Chamberland et Johanne Paquin Il s est enrichi des pr cieux commentaires de Diane Heffernan Lyne Kurtzman et de Mich le Charland qui a soutenu d une mani re fid le cette recherche au sein du R seau des lesbiennes du Qu bec Christelle Lebreton a effectu la mise en page du rapport Enfin nous d sirons remercier ici toutes les personnes qui ont manifest leur soutien et contribu d une mani re ou d une autre la r alisation de cette tude Cette recherche s inscrit dans une d marche long terme entreprise par le R seau des lesbiennes du Qu bec dont les objectifs se d finissent ainsi sensibiliser l ensemble des responsables et des intervenantes intervenants du syst me de sant et de services sociaux aux r alit s v cues par les lesbiennes g es d finir des modalit s concr tes et r alistes d adaptation des services r sidentiels s adressant aux a n s et d velopper des outils d intervention en ce sens cette fin nous avons proc d une cueillette d information afin d une part de mieux conna tre les besoins et les attentes des Vieillir en tant soi m me lesbiennes g es et d autre part d identifier des changements possibles et souha itables sur le terrain d limit des ressources priv es d habitation desservant une client le autonome et semi autonome Nous avons compar les perceptions des lesbiennes elles m mes et ce
147. s En plus de faciliter la mise en place d un climat de confiance cette m thode a t d un grand secours pour surmonter une des difficult s majeures survenues dans les d marches de recrutement de lesbiennes g es soit l invisibilit de ce groupe de femmes cette difficult sera abord e subs quemment Le type d organismes contact s Les prises de contact cibl es se sont effectu es travers trois pistes th matiques li es aux composantes identitaires associ es aux lesbiennes g es soit leur genre leur orientation sexuelle et leur cat gorie d ge Des d marches ont donc t entreprises aupr s des cat gories d organismes suivantes R sidences pour personnes g es des d marches ont t effectu es aupr s de 27 institutions d h bergement pour personnes g es dont 26 de la r gion de Montr al principalement du centre de l le de Montr al et une de la r gion de Qu bec Toutes oeuvrent dans le secteur priv et sont destin es aux personnes g es autonomes et semi autonomes mais chacune offre un ventail sp cifique de services r sidentiels diff rent Vieillir en tant soi m me d une r sidence l autre Le groupe cibl se compose de r sidences de 20 chambres ou plus bien que la quasi totalit des r sidences contact es disposent de plus de 30 chambres et neuf d entre elles poss dent plus de 100 unit s Cette s lection rel ve d une volont d explorer un
148. s pr sentes dans le comportement des lesbiennes g es interview es tel que nous le verrons dans la section sur le dilemme de visibilit invisibilit et sur les strat gies qui y sont reli es Les enjeux identitaires Dans l ensemble on remarque que la sph re priv e est d une importance primordiale pour les interview es car c est le lieu o elles se sont construites parfois au prix de lourds sacrifices et de d marches difficiles un espace de libert pour vivre leur lesbianisme de fa on confortable La place du couple dans la vie de celles qui ont v cu des relations prolong es est d ailleurs r v latrice ce sujet du c t d Isabelle et 2 Vieillir en tant soi m me Catherine la vie de couple est centrale et l ensemble des activit s est organis autour d elle On retrouve le m me t moignage chez deux des participantes qui ont v cu de longues relations et dont la conjointe est d c d e la relation de couple est plac e en priorit devant les autres activit s sociales qui sont rel gu es au second plan Cette attitude de repliement sur le couple t moigne de la place et de l importance de la sph re priv e chez les lesbiennes interview es Un certain nombre d interview es nous a cependant confi ne pas souhaiter tre en couple ou ne pas chercher rencontrer quelqu une Dans ce cas la place privil gi e attribu e la compagne est octroy e aux amies lesbiennes qui forment la plu
149. s seule la m re en a t inform e le p re tant d j d c d dans plusieurs cas Malgr la pr sence d une conjointe sur de longues p riodes celles qui ont choisi de dissimuler leur orientation sexuelle l un ou aux deux parents n ont pas fait face des difficult s particuli res outre celle non n gligeable d avoir tre alertes et attentives aux moindres indices r v lateurs du fait qu il semblait acceptable aux yeux des personnes de cette g n ration que deux femmes c libataires cohabitent ensemble cela tait m me parfois encourag tel qu en fait foi le t moignage de Fleur qui sa m re a recommand de demeurer avec son amie sans savoir qu il s agissait en fait de sa conjointe Chez celles qui ont divulgu leur lesbianisme aupr s d un ou des deux parents la r action la plus fr quente en fut une d incompr hension et de tristesse de la part de ceux ci quelquefois accompagn e d un rejet ou dans certains cas d une rupture temporaire Une seule des participantes a cess compl tement les relations avec sa m re mais cette situation tait ant rieure la d couverte de son lesbianisme et elle m me n tablissait pas de liens entre les deux v nements Plusieurs participantes ont mentionn qu elles s taient rapproch es de leur m re avec les ann es Certaines d entre elles dont la m re est toujours vivante sont des personnes ressources de premier plan dans le r seau d
150. s appels r cemment et elles disaient J ai vu que vous tiez ouverts aux gais et lesbiennes J ai dit oui Et je m en doutais je lui ai demand si elle tait lesbienne Elle n a pas r pondu mais elle m a dit qu elle voulait venir voir a avec une copine Dominique Dans ce cas la possibilit de vivre ouvertement son identit sexuelle l opportunit d tre admise sans attente et ou la possibilit de cohabiter avec sa compagne sont des l ments qui peuvent intervenir en faveur d une divulgation Cet exemple 101 Vieillir en tant soi m me illustre les m canismes en cause et les possibilit s d intervention accessibles aux intervenants es Nous ne nous pronon ons pas ici sur le type d incitatif que pourrait mettre en place un tablissement notre propos se limite illustrer le r le dynamique de tels incitatifs dans l valuation des avantages et des inconv nients effectu e par des lesbiennes r sidentes et leur poids dans la d cision qu elles prennent de d voiler ou non leur orientation sexuelle Le degr d intimit de la relation et le positionnement de la personne dans le r seau social Les possibilit s d intervention sur cette dimension du dilemme de visibilit invisibilit sont plus indirectes que pour les deux aspects pr c dents Sur ce plan il s agit principalement pour les r sidences de fournir des conditions favorables au maintien du r seau social des r sidentes lesbiennes
151. s certaines cat gories de personnes ne respectent pas cette concordance Le cas de la famille en est un bon exemple En effet la famille appartient la sph re priv e mais certaines participantes n ont pas inform tous les membres de leur famille de leur lesbianisme dans certains cas la famille ou une partie de celle ci appartient la fois la sph re priv e et la cat gorie des non initi s Pour chaque membre de la famille les comportements seront modul s diff remment selon la cat gorisation en initi e non initi e Les coll gues de travail forment un autre groupe qui d fie l ad quation entre sph re priv e et connaissance du lesbianisme en effet sur les 5 participantes qui avaient un emploi au moment de l entrevue ou qui avaient eu une exp rience de travail r cente seulement une s est affich e ouvertement en tant que lesbienne aupr s de ses coll gues Or les coll gues tout comme la famille et les amis es font habituellement partie du r seau informel que l on rattache la sph re priv e Veilleux 1998 ce qui aurait command une large divulgation du lesbianisme de la part des participantes Dans ces deux cas il n y a pas parfaite ad quation entre les deux modes de cat gorisation de lunivers social ce qui montre la pertinence de les utiliser concurremment Nous constatons galement que la division initi s es non initi s es est troitement li e aux pratiques de prudence et de pr vention tr
152. s es sans compter les visites de l ext rieur L int gration de lesbiennes qui affirment leur orientation sexuelle dans un tel environnement implique de sensibiliser non seulement les diverses cat gories de personnel mais galement l ensemble de la population r sidente Le d fi particulier des services r sidentiels n est pas seulement de faciliter la cohabitation pour viter que les lesbiennes ne soient marginalis s ou ne se sentent exclues mais galement de r pondre l ensemble de leurs besoins y compris celui de maintenir des liens sociaux avec leurs pairs Les diff rents mod les de r sidences id ales d crites par les participantes de m me que les exemples tir s de la seule r sidence actuellement ouverte une client le gaie ou lesbienne fournissent des pistes pour reconfigurer les r sidences existantes afin qu elles r pondent mieux aux besoins des lesbiennes envoi d un message clair d ouverture et intervention rapide suite des manifestations d homophobie afin que le milieu soit per u par les lesbiennes comme s curitaire offre d avantages tels que la 108 Vieillir en tant soi m me possibilit de vivre ouvertement son lesbianisme ou de cohabiter avec sa compagne tablissement de conditions favorables au maintien d un r seau social Bref cr er un environnement qui ne soit pas seulement tol rant mais r ceptif s curitaire confortable et respectueux des choix et des besoins des lesbienn
153. s et ceux interview s ne le sachent Il nous est galement impossible d affirmer avec certitude qu il n existe pas de cas o des r sidents es seraient inform s du lesbianisme d une des leurs sans que le personnel n ait t mis au courant de cette circulation d information Cependant l entrevue r alis e aupr s d un r sident gai ne fait aucune mention de ce genre de situation En outre celui ci nous dit qu en g n ral il serait moins r ticent parler de son homosexualit avec les employ s es et membres de la direction qu avec les autres r sidents es Cette impression est d ailleurs confort e par l analyse des t moignages des lesbiennes g es autonomes dont il ressort que les participantes craignent davantage les r actions de leurs pairs du m me groupe d ge que celles des Vieillir en tant soi m me intervenants es L exemple de la confidence qu a re u Claudio de la part d un couple lesbien r sident s inscrit d ailleurs dans cette tendance Intervieweuse Ces deux filles l qui taient lesbiennes est ce que les r sidents autour le savaient Intervenant Je ne pense pas Non elles taient quand m me discr tes de ce c t l C est probablement avec nous autres qu elles le manifestaient un peu plus Claudio 3 Soup ons et doutes de la part du personnel sans confirmation ou infirmation cette cat gorie est difficile d finir car elle se situe mi chemin entre la di
154. s li es l am nagement de ces lieux d habitation il semble non viable de penser intervenir sur le partage entre les sph res publique et priv e D une part le confinement au domaine priv des probl matiques li es au lesbianisme et l homosexualit en g n ral ne constitue pas une solution r elle aux difficult s que vivent ces groupes il n en constituerait que l occultation D autre part les t moignages des intervenants es montrent clairement l existence d une pr occupation pour le respect de la vie priv e des r sidents es ce n est donc pas de ce c t que se situe la difficult majeure Aussi nous semble t il plus fructueux et efficace d explorer des solutions ax es sur les m canismes de r solution du dilemme visibilit invisibilit Une telle strat gie d intervention offre une emprise r elle aux gestes porteurs de changements et pr sente en outre l avantage de la flexibilit car elle se pr te des initiatives de toutes envergures des politiques officielles mises par la direction aux gestes quotidiens administr s par les intervenants es Nous pr sentons ici des pistes d intervention en reprenant les trois facteurs influen ant la solution du dilemme divulgation dissimulation la prudence les avantages et les inconv nients appr hend s ainsi que le degr d intimit de la relation et le positionnement de la personne dans le r seau social Vieillir en tant soi m me l ments d int
155. s prodigu s impliquent un contact direct et fr quent avec les r sidents es soit en raison du faible cloisonnement des t ches au sein de la r sidence comme c est le cas des membres de la direction interview s qui en raison de la petite taille de l entreprise dans laquelle ils et elles voluent sont amen s effectuer davantage que les seules t ches de gestion et c toient ainsi r guli rement les r sidents r sidentes E Vieillir en tant soi m me Caract ristiques du lieu de travail Les intervenants et intervenantes rencontr s en entrevue travaillent tous et toutes ou ont travaill dans des r sidences pour personnes g es situ es dans le centre de l le de Montr al Au total les personnes interview es proviennent de 8 r sidences diff rentes offrant des types d h bergement vari s toutes ces r sidences disposent de chambres simples mais seulement 6 d entre elles louent galement des chambres doubles et une seule dispose de studios Portrait synth se des lesbiennes g es interview es Dans le cadre de la pr sente recherche les chercheures ont r alis 9 entretiens avec des lesbiennes g es de la r gion m tropolitaine entre le 16 juillet et le 28 octobre 2002 Huit des entrevues sont individuelles et une a t r alis e aupr s de deux participantes formant un couple Rappelons le le terme lesbienne g e r f re des femmes qui ont 60 ou plus et qui se d signent co
156. s qui r v lent son orientation sexuelle qu arriverait il Intervenante Je ne verrais pas de probl me en autant que a ne ferait pas de chichi ou qu il n y aurait pas des probl mes comme je n accepterais probablement pas non plus que les hommes aient des portraits de femmes nues En autant que a ne nuise pas l entourage il n y aurait pas de probl me Chez elle c est dans sa chambre de toute fa on C est son chez elle elle a le droit de faire ce qu elle veut C est bien priv Antoinette Cette double r f rence au domaine du priv et celui de la sexualit est tr s pr sente dans les discours lorsqu il est question de lesbianisme ou d homosexualit masculine Par exemple alors que la question concernant la pr sence de livres de photos et de revues visait valuer les r actions ventuelles des employ s es face des indices r v lateurs du lesbianisme d une r sidente les r ponses sont particuli rement symptomatiques de cette association entre sph re priv e pratiques sexuelles sp cifiques et homosexualit En effet sur les huit intervenants es ayant r pondu cette question trois l ont interpr t e dans le sens de pratiques sexuelles deux l ont comprise sous l angle du respect de l espace priv des r sidents es et trois ont fait r f rence la sexualit ET l espace priv L orientation des r ponses montre tr s bien l imbrication des trois th mes homosexualit sexualit et
157. s strat gies d insertion sociale concernant la visibilit non visibilit en tant que lesbienne Enfin nous examinerons la composition du r seau de soutien des lesbiennes rencontr es et les diff rents types d assistance dont elles b n ficient selon la source de l aide fournie LES ENJEUX RELATIFS L IDENTIT Les fa ons de se nommer et les habitudes langagi res Lors des entrevues nous avons interrog les participantes sur les termes qu elles pr f rent utiliser pour se d signer en tant que femme d orientation homosexuelle Les r ponses obtenues sont tr s instructives quant la perception qu ont les participantes de leur propre identit Moins de la moiti d entre elles utilisent spontan ment le terme lesbienne seulement 4 sur 10 l ont mentionn comme premier choix Ce mot demeure impr gn d une connotation n gative et suscite un 15 Sur les notions relatives l identit voir la note 1 de l introduction Vieillir en tant soi m me certain inconfort chez plusieurs interview es bien que l on observe parfois une volution dans le temps Depuis quelques temps le mot lesbienne c est correct Avant j avais beaucoup de difficult s le mot lesbienne a tellement de connotations presque vulgaires mes yeux Moi ce que j ai entendu dans ma vie jusqu maintenant c est synonyme de femme vicieuse rattach m me la pornographie Lise Chez pr s de la moiti
158. s sur le genre et l orientation sexuelle des r sidents es admissibles ni sur les autres caract ristiques de la formule souhait e Cependant l vocation de cet id al permet de formuler certains besoins non combl s et que les ressources d habitation existantes sont jug es inaptes satisfaire besoins d tre accept es d tre cout es de partager ses souvenirs de b n ficier d un soutien moral en cas de d prime ou de difficult Des besoins qui ne sont pas sp cifiques aux lesbiennes mais dont la satisfaction implique la reconnaissance et la valorisation de leur diff rence sexuelle Bien que cette g n ration d a n es lesbiennes ait le plus souvent v cu dans l ombre il ne faut pas cat goriser leurs choix socio identitaires comme tant fig s et les y cantonner L analyse des enjeux relatifs l identit montre que leur univers social s organise selon la division entre la sph re publique o pr dominent la discr tion et la prudence et la sph re priv e dans laquelle elles se sont construit un espace vital tant t d intimit avec la conjointe et les amies tant t de confort minimal avec la famille d origine par exemple dans lequel elles parviennent vivre leur lesbianisme sans avoir se censurer Cette s paration public priv se conjugue avec une autre distinction entre initi s es et non initi s es selon que les personnes avec 107 Vieillir en tant soi m me lesquelles elles int
159. saveur d une confrontation Ce fut le cas de Louise et aussi celui d Isabelle qui ont chacune rencontr les membres de leur famille d origine pour leur expliquer que d sormais leur conjointe les accompagnerait dans les activit s familiales et qu ils devaient accepter cette situation d faut de quoi elles s abstiendraient de participer aux v nements familiaux Souvent utilis lors d un coming out le d voilement direct peut aussi tre employ dans le quotidien lorsque les participantes rencontrent de nouvelles personnes Par exemple lorsque Marie s est jointe un groupe de soutien interpersonnel d s le d but elle a annonc clairement son orientation sexuelle pour qu il n y ait pas d ambigu t et pour tre sure d tre accept e telle qu elle est J tais la seule gaie Au d but quand on a commenc je leur ai dit Moi je suis gaie l Si j arrive ici je ne peux pas jouer la com die Marie Le d voilement indirect Le d voilement indirect est une mani re de rendre visible sa r alit de lesbienne en adoptant des comportements r v lateurs mais sans aborder directement la question et sans confrontation L analyse des entrevues r v le une large utilisation de m thodes de d voilement indirect En effet plusieurs interview es ont d cid de poser des gestes ou d adopter un mode de vie qui trahissaient leur orientation sexuelle aux yeux de leurs proches et de leur entourage a
160. semble des personnes et des organismes qui sont disponibles et accessibles un individu pour r pondre divers types de besoins fonctionnel motionnel m dical etc Il est form d une composante informelle et d une composante institutionnelle Dans cette section nous examinons plus en d tail la composition du r seau de soutien des participantes ainsi que la nature du soutien attendu de part et d autre Le r seau informel Dans l analyse qui suit le r seau de soutien informel d signe les personnes composant l univers social et familial de l individu b n ficiaire dont la disponibilit en tant que ressources n est pas motiv e par un salaire ou par une occupation officielle au sein d un organisme fournisseur de services Le r seau de soutien informel comprend principalement la famille les amis et amies la conjointe et parfois des membres de l entourage tels les voisins es La famille La place et le r le qu occupe la famille dans le r seau de soutien informel diff rent pA d une participante l autre et sont influenc s par le type de relation le degr a Vieillir en tant soi m me d ouverture face au lesbianisme et le niveau d intimit partag e avec chacun chacune des membres de la famille Ces derniers n occupent donc pas tous les m mes positions dans le r seau de soutien Plusieurs participantes ont dissimul ou dissimulent toujours leur lesbianisme leurs parents pour d autre
161. squelles elle partage des exp riences et des activit s particuli res Le r seau d amies lesbiennes se trouve fr quemment au premier plan dans le r seau de soutien affectif En effet une majorit de r pondantes mentionne spontan ment leurs amies lesbiennes lorsqu on les interroge sur les personnes vers qui elles se tournent en cas de difficult s motives ou psychologiques Le r seau lesbien en est aussi un d entraide fonctionnelle mais cette caract ristique ne fonde pas sa sp cificit Certaines mentionnent l importance de leurs amies lesbiennes dans leur vie notamment pour pouvoir discuter de certains sujets tels la sexualit et les relations amoureuses La diff rence entre mes amies gaies et h t rosexuelles c est peut tre des fois dans la sexualit ou propos de comment a se passe comment on vit a Avec mes amies gaies il n y a pas de probl me mais avec les autres il y a une certaine retenue Mais pour le reste il n y a pas vraiment de diff rence Marie Le deuil d une conjointe est galement un v nement o le r seau lesbien est tr s sollicit et constitue un soutien pr cieux tel que nous le confirme Madou dont la conjointe est d c d e il y a quelques ann es Chez certaines cette sp cificit du r seau lesbien transcende les th mes et est tr s importante de fa on globale car elle permet un change fond sur des exp riences communes Jaser avec du monde lesbienne comme moi
162. ste lib ral 4 En effet une majorit d intervenants es insistent dans leur t moignage sur les similarit s entre les r sidents es homosexuels et h t rosexuels Antoinette r sume le discours dominant Pour nous autres c est un tre humain qui a besoin de soins comme n importe lequel Pour Andr Que la personne soit gaie h t rosexuelle ou homosexuelle ma fa on d intervenir va tre exactement la m me pour chacun chacune Vous savez le choix sexuel d une personne c est une chose qui se vit de fa on personnelle La fa on de vivre la fa on de 13 Nous n avons pas observ d agencement significatif des r ponses selon l orientation sexuelle des intervenants es pour la question pr c dente concernant la pr sence de discrimination 14 Pour un point de vue critique sur l id ologie de l humanisme lib ral voir Kitzinger 1989 Vieillir en tant soi m me se lever de manger de dormir de se comporter en soci t n a pas de rapport avec la sexualit cela a rapport avec ce qu on est comme personne Andr A l instar d Andr plusieurs intervenants es identifient la sexualit comme tant le seul domaine o il y a une sp cificit des r sidents es homosexuels en plus de confiner cet aspect de leur vie la sph re priv e Le t moignage d Antoinette va dans le m me sens Intervieweuse Si l on d couvrait dans la chambre d une r sidente des livres des photos ou des affiche
163. t la priorit est de le vivre et non de le direl 19 Cette fa on de construire l identit lesbienne avait t relev e par Chamberland dans les t moignages de lesbiennes voquant leurs exp riences des ann es 1950 et 1960 Jusqu au milieu des ann es 70 le mutisme sur son orientation sexuelle allait de soi Selon toutes les narratrices la question de le dire ou ne pas le dire et qui ne constituait pas un dilemme a Vieillir en tant soi m me LE DILEMME DE VISIBILIT INVISIBILIT Suite notre br ve analyse des constructions identitaires en lien avec l environnement social nous avons synth tis les facteurs intervenant dans la r solution du dilemme de visibilit invisibilit aussi appel dilemme de divulgation dissimulation introduit pr c demment ainsi que les strat gies privil gi es par les participantes pour d voiler ou taire leur orientation sexuelle Les facteurs influen ant la d cision de divulguer ou dissimuler son orientation sexuelle Trois facteurs centraux influencent directement la d cision des participantes de se rendre visibles ou non en tant que lesbienne selon le contexte d interaction la prudence l valuation des avantages et des inconv nients appr hend s et enfin le degr d intimit de la relation Ces facteurs seront repris dans la section abordant la question des besoins et attentes envers les r sidences pour personnes g es 1 La prudence ce fa
164. t l absence de comportement ou de commentaires n gatifs propos de l homosexualit est pr sum e porteuse d acceptation de l homosexualit ou du lesbianisme m me s il n y a pas eu de commentaire positif Par exemple pour valuer le degr d ouverture de ses coll gues Claude invoque l argument suivant Je pense qu au niveau du personnel a ne pose pas de probl me Tout le personnel est au courant concernant le monsieur qui habite ici qui est gai mais personne n a jamais manifest d animosit ou quoi que ce soit Cette conception de l ouverture homosexualit v hicule l id e que les gestes proactifs ne sont pas n cessaires pour h lit v hicule lid l t actif t a qu un comportement soit jug r ceptif que l acceptation passive est suffisante La tol rance au sens d une non d nonciation est ici confondue avec la reconnaissance positive et l acceptation pleine et enti re de la personne homosexuelle dans toutes ses dimensions Bref les propos des intervenants es d notent une attitude qui semble assez r pandue et qui am ne mettre l avant plan les similarit s entre r sidents es homosexuels et h t rosexuels en soulignant leur appartenance commune au groupe des humains et celui du troisi me ge tout en n gligeant les autres composantes identitaire sociale etc de leurs exp riences de vie Nous y reviendrons au chapitre intitul Vers une adaptation des services r sidentiels lors
165. t mention de longues relations ant rieures qui ont pris fin suite au d c s de leur conjointe c est le cas d au moins 2 des participantes Trois interview es ont aussi fait allusion des mariages ant rieurs sold s par un divorce ou un d c s Quatre participantes ont d clar avoir un ou plusieurs enfants et parmi elles 2 ont galement des petits enfants et une a un arri re petit enfant l Les six autres participantes n ont pas eu d enfant Au niveau de la famille d origine toutes les participantes ont des fr res et ou s urs au moins 3 d entre elles proviennent d une famille tr s nombreuse plus de sept enfants Toutes les interview es ont des membres de leur famille nucl aire qui sont toujours vivants dans tous les cas un des fr re s et ou une des s ur s et dans certains cas la m re galement Lieu de r sidence Toutes les participantes r sident dans la r gion du Montr al m tropolitain en raison de la zone d limit e lors des d marches de recrutement Cependant il n y a pas de profil clair relativement au quartier de r sidence des participantes en effet outre le couple qui partage la m me habitation aucune des participantes n habite le m me quartier M me une pr sentation sur la base de zone g ographique largie ne permet pas de distinguer une tendance claire Toutefois on peut remarquer une stabilit relative quant au quartier de pr dilection des interview es en effet t
166. t r otypes qui associent l homosexualit chez les personnes g es la solitude et la d pression Au contraire le portrait qu elles dressent de la situation des lesbiennes et des gais g s semble plut t positif On peut toutefois pr sumer que les lesbiennes et gais ayant t rejointes et ayant accept de participer de telles enqu tes ne sont pas les plus isol es et 7 La notion de famille choisie family of choice a t popularis e par l anthropologue Kath Weston 1991 pour d crire les configurations familiales dont elle observait l mergence dans les communaut s gaies et lesbiennes de San Francisco au milieu des ann es 1980 Dans le discours des lesbiennes et des gais qu elle a interview s une s rie d expressions comme famille gaie famille de choix famille librement cr e famille damour se d finissaient par opposition la famille biologique organis e autour de la procr ation per ue comme contraignante et o l acceptation d un e membre est conditionnelle la preuve tant que plusieurs d entre eux elles en ont t rejet s Les familles lectives peuvent comprendre des amants es des amie es et des enfants dans toutes sortes de combinaisons L expression englobe aussi les membres de la famille d origine avec lesquels le choix de maintenir des liens d intimit et de soutien a t r affirm de part et d autre Voir aussi Humphreys et Quam 1998 Weeks Heaphy et Don
167. t s d accueil des ressources d h bergement actuellement disponibles et en sondant les attentes de lesbiennes ayant pass le cap de la soixantaine nous avons tent de comprendre quelques uns des m canismes sociaux qui reproduisent cette invisibilit afin d identifier des pistes d intervention qui aideront les lesbiennes de cette g n ration sortir de l ombre Certes tous les probl mes sociaux et de sant li s au processus de vieillissement ne sont pas attribuables l orientation sexuelle et n exigent pas que celle ci soit mise en lumi re Cependant la dissimulation forc e de l identit sexuelle constitue un point nodal des difficult s auxquelles peuvent tre confront es les lesbiennes g es elle accro t l ins curit psychologique d coulant des craintes d un d voilement accidentel et de la stigmatisation sociale qui s ensuivrait elle accentue les risques de d tresse d isolement et de repli sur soi enfin elle handicape la cr ation ou le maintien d un r seau social tendu et multifonctionnel qui facilite l am nagement de la vie quotidienne et aide surmonter les preuves telles que maladie et deuil Par ailleurs le mur de l invisibilit constitue le principal obstacle l adaptation des services r sidentiels L homosexualit constitue encore un sujet tabou au sein de la population g e r sidente et les lesbiennes qui s affirment comme telles dans les r sidences font figure d exception surtout
168. t avec l orientation sexuelle des r pondants es en effet trois des quatre intervenants es ayant enregistr des paroles homophobes sont homosexuels les et ont v cu personnellement des situations o ils elles taient vis s par de tels propos mis par des coll gues de travail 15 L cart entre les perceptions des uns es et des autres pourrait d noter une diff rence dans la sensibilit aux manifestations d homophobie ou dans l interpr tation donn e aux propos entendus Le t moignage de Jean Robert le r sident gai interview vient galement nuancer les propos des intervenants es sans toutefois les contredire Intervieweuse Comment le personnel per oit il le lesbianisme et l homosexualit en g n ral R sident gai En g n ral ce que je pense ici d apr s ce qu il y en a qui ont v cu ils disent qu ils les acceptent bien Maintenant au fond je ne sais pas Ils se sont habitu s travailler avec des gais mais au fond je ne sais pas Les plus jeunes ont plus d ouverture que les plus vieux Parce que les plus vieux ont des pr jug s Jean Robert Ce t moignage fournit un autre regard la fois interne et moins impliqu sur l ouverture des intervenants es face l homosexualit dans le quotidien des r sidences L omnipr sence du discours lib ral humaniste D autre part l analyse des entrevues nous a permis de remarquer une forte pr sence du discours associ au courant de pens e humani
169. t parfois n cessaire pour pouvoir vivre librement certains v nements telle la cohabitation avec leur compagne ou la c l bration des f tes traditionnelles en famille accompagn e de leur conjointe comme ce fut le cas pour Catherine et Isabelle Dans ce cas le d voilement constitue d abord une mani re de se construire un espace minimal o elles peuvent vivre confortablement leur lesbianisme et o elles et leur conjointe lorsqu elles en ont une pourront vivre hors du secret sans avoir tre constamment sur leurs gardes J ai jou la game faire semblant d tre h t rosexuelle j allais voir ma famille en compagnie d un homme gai Ma s ur me disait C est un bon gars a Il tait gai Et apr s a je lui ai dit Si jamais je retourne dans un party a va tre avec une femme Ou vous m acceptez avec ou je n y vais pas Louise Les m thodes utilis es dans ces situations sont d ailleurs r v latrices de l objectif poursuivi le d voilement passif et l utilisation du non dit sont fr quemment privil gi s ce point sera d velopp ult rieurement dans la section sur les strat gies de divulgation dissimulation et dans les cas o les participantes optent pour une confrontation directe le sujet ne sera pas d velopp plus que ne le n cessite la situation et sera tr s rarement abord de nouveau par la suite Par exemple Madou n a jamais inform formellement son fr re de son lesbianisme
170. t un groupe surrepr sent Finalement la petite taille de l chantillon le caract re volontaire de la participation l entrevue et le mode d approche cibl e utilis e dans les d marches ne permettent pas du point de vue m thodologique une g n ralisation scientifique des r sultats Du c t des interview es lesbiennes certaines caract ristiques de l chantillon m ritent d tre soulign es tels le c libat g n ralis des participantes la forte dichotomie dans le niveau de scolarisation le caract re traditionnel de leur famille d origine et la pr sence TE E Vieillir en tant soi m me d enfants adultes pour quatre d entre elles Les m mes mises en garde s appliquent ici concernant la g n ralisation des caract ristiques des interview es et des r sultats obtenus En somme les r sultats pr sent s dans ce rapport de recherche doivent tre lus la lumi re du contexte m thodologique pr sent dans la synth se des d marches ainsi que dans les portraits synth ses des intervenants es et des lesbiennes ayant particip aux entrevues ils doivent tre compris comme des pistes de recherche qui pourront servir de point de d part des tudes plus approfondies Vieillir en tant soi m me Tableau n 1 Tableau synth se des donn es sur les intervenants es Emploi occup Directeur des services aux r sidents Formation professionnelle Domaine psycho social Orientatio
171. t une fronti re identifiable entre un ou une v ritable ami e et une connaissance ou un membre de l entourage non intime tel que le repr sente la division des relations sociales entre initi s es et non initi s es pr sent e pr c demment Les motivations reli es au degr d intimit de la relation et au positionnement de la personne dans le r seau social touchent directement au besoin d affirmation identitaire dans ce cas ce n est pas la n cessit de cr er un environnement s curitaire et propice au v cu lesbien qui est en cause mais bien le d sir d approfondir des relations sur des bases sinc res et authentiques en tant reconnues dans son int gralit Les strat gies de divulgation dissimulation de l orientation sexuelle Une fois le dilemme de visibilit invisibilit r solu les participantes ont nonc un certain nombre de strat gies pour mettre en uvre le choix de la dissimulation ou de la divulgation de leur orientation sexuelle Nous les avons r parties en deux cat gories soit les strat gies de d voilement et les strat gies de dissimulation Les strat gies de d voilement Les strat gies de d voilement varient selon les participantes et aussi selon le type de relation interpersonnelle en cause Nous pouvons classer celles retrac es dans les entrevues en directes et indirectes selon qu elles correspondent une d marche proactive ou plus discr te Nous avons galement ajout une section t
172. te de la population Cependant dans l ensemble les r sidences pour personnes g es ne sont pas per ues comme offrant un environnement ouvert l homosexualit et un milieu s curitaire o elles pourraient s affirmer comme lesbiennes Vieillir en tant soi m me PORTRAIT DE LESBIENNES G ES AUTONOMES Pour bien comprendre les probl matiques et difficult s li es l int gration des lesbiennes g es dans les r sidences il faut s int resser aux dimensions identitaires et socioaffectives qui caract risent ce groupe afin de bien cerner les enjeux r els qui le concernent Face au constat d invisibilit des lesbiennes en r sidence et concurremment la r orientation de notre chantillon vers la cat gorie des lesbiennes g es autonomes nous avons cherch comprendre le cheminement des lesbiennes du troisi me ge avant leur arriv e dans les centres d h bergement afin de localiser les l ments qui les incitaient faire ou maintenir le choix de la dissimulation de leur orientation sexuelle une fois parvenues cette tape de leur vie Nous avons donc analys les entrevues en cherchant dresser un portrait des enjeux relatifs l identit pr sents dans le discours des participantes et caract ristiques de leur positionnement g n rationnel Dans la pr sente section nous traiterons des enjeux identitaires dans les fa ons de se nommer et dans l organisation de l univers social puis de
173. tion de sant Il semblait ouvert sauf qu il m a demand comment a se passait au point de vue des relations sexuelles parce qu il n avait aucune id e de ce que deux femmes faisaient ensemble Catherine C est le seul cas r pertori o le manque de connaissance d un e professionnel le de la sant a t soulev comme tant probl matique et o ses comp tences taient handicap es par sa m connaissance de l homosexualit Selon les cas rapport s les exp riences d hospitalisation v cues par les participantes ou par des amies lesbiennes et des conjointes ont toutes t qualifi es de positives La plupart du temps le lien pr cis entre les conjointes n tait pas divulgu officiellement bien que plusieurs interview es nous ont dit avoir pos des gestes qu elles concevaient comme r v lateurs de leur situation conjugale Participante Elle venait me voir l h pital Le monde le personnel hospitalier n a pas pos de question mais ils ont bien vu qu on sortait ensemble Ils ont bien vu qu il y avait des atomes crochus entre nous deux Elle arrivait et on s embrassait 24 Vu l ge avanc des participantes il est plausible de supposer que les m decins les interrogent peu ou pas du tout sur leur vie sexuelle ou leurs pratiques contraceptives ce qui leur vite de se retrouver dans une situation o elles seraient mal laise d tre confront es au dilemme d avoir cacher ou r v ler l
174. tous leurs milieux de vie sauf avec des amies intimes le plus souvent lesbiennes elles aussi Le non dit l emploi d euph mismes et de termes cod s constituaient des pratiques langagi res fr quentes Quant la minorit qui faisaient moins d efforts pour dissimuler leurs exp riences lesbiennes ou qui prenaient davantage le risque d tre identifi es en tant que lesbiennes dans divers contextes sociaux elles ont effectivement t confront es au rejet d une partie au moins de leur entourage imm diat et diverses formes de r pression de leurs conduites perte d emploi sanctions p nales tiquetage et disqualification sociale etc Chamberland 1996 chapitre 3 Vivre l interdit p 51 68 Vieillir en tant soi m me les lesbiennes vieillissantes ont volu et continuent d voluer dans un cadre g n rationnel usuellement peu r ceptif l homosexualit Dans ces circonstances la dissimulation semble souvent plus confortable que les cons quences appr hend es d un d voilement de l orientation sexuelle et favorise davantage l am nagement d une sph re intime o il est possible de vivre son lesbianisme sans se voir imposer des obstacles suppl mentaires Par exemple le fait que Fleur n ait pas inform ses parents du lien amoureux qui l unissait sa compagne lui a permis d int grer cette derni re ses activit s quotidiennes y compris des visites la maison familiale et m me de c
175. udes les lesbiennes g es sont satisfaites de leur vie l aise avec leur orientation sexuelle et envisagent leurs vieux jours de mani re positive e g Beeler et al 1999 Dorfman Walters Burke Hardin et al 1995 Waite 1995 Une th orie d velopp e entre autres par Richard Friend sugg re que les lesbiennes et les gais qui en sont venus accepter leurs pr f rences sexuelles et les assumer aux yeux d autrui auraient acquis travers ce cheminement des comp tences comportementales et affectives qui les aident s ajuster aux difficult s li es l avanc e en ge Friend 1991 voir aussi Brotman Ryan et Cormier 2002 Par exemple l exp rience du rejet social r el ou anticip les aurait mieux pr par s faire face des deuils De mani re analogue les lesbiennes et les gais auraient plus de facilit r organiser leur vie quotidienne suite la perte d un conjoint ou d une conjointe tant donn leur plus grande flexibilit par rapport aux r les f minins et masculins traditionnels Une variable cl d une bonne adaptation au processus de vieillissement serait l affirmation de son orientation sexuelle Beeler et al 1999 Selon Marcy Adelman cette proposition doit tre nuanc e en tenant compte des cohortes d ge et des contextes sociohistoriques dans lesquels les personnes homosexuelles ont pass la majeure partie de leur vie adulte Adelman 1991 A nsi parmi les tr s g es la dissim
176. uelle le pr sent rapport tente d apporter r ponse Il pr sente les r sultats d une tude qualitative qui se penche la fois sur les exp riences de lesbiennes vieillissantes et sur la culture actuelle des r sidences accueillant une client le g e afin d valuer la distance qui s pare ces deux univers et d identifier des voies de rapprochement Son objectif final est de proposer des pistes d intervention en vue d assurer une ouverture la diversit sexuelle dans les ressources d habitation pour a n s es tout en respectant le choix des lesbiennes qui y r sident de divulguer ou non leur orientation sexuelle Cette recherche r sulte d une initiative du R seau des lesbiennes du Qu bec Quebec Lesbian Network un regroupement provincial autonome cr en 1996 dans le but de promouvoir et d fendre les droits et les int r ts des lesbiennes dans toute leur diversit L int r t du R seau des lesbiennes du Qu bec RLQ QLN pour la question du vieillissement vient des observations faites aupr s d une partie de ses membres isolement croissant et tendance au repli sur soi chez les lesbiennes de plus de 50 ans manque de lieux et de ressources o ces derni res se sentent l aise et respect es insatisfaction face aux services sociaux et de sant ayant une port e g n rale mais aussi plus particuli rement vives inqui tudes face au manque de services r sidentiels et de services domicile adapt s leurs r alit s p
177. ues contacts furent tablis avec des associations de personnes g es ou retrait es Ces d marches offrirent peu de d bouch s en raison de l invisibilit des lesbiennes au sein de ces groupes Associations de gais et lesbiennes Plusieurs associations de gais et lesbiennes ou organismes s adressant cette population furent contact s afin qu ils publicisent la recherche ou qu ils nous r f rent des personnes ressources Les organismes contact s E Vieillir en tant soi m me oeuvrent principalement dans le domaine des loisirs et activit s sociales ainsi que dans la sph re de la diffusion d information Les r sultats des d marches de recrutement Les contacts avec les organismes cibl s L attitude des r pondants es contact s dans le cadre des d marches cibl es diff re selon le cas l quipe de recherche a fait face une grande r ceptivit et un int r t sinc re de la part d un certain nombre de locuteurs locutrices alors que d autres se sont d sist s explicitement refus de collaborer la recherche pour diff rents motifs tels le manque de temps l impression de ne pas tre comp tent e sur cette question ou la crainte que cela ne perturbe les r sidents es ou implicitement promesses de retour d appel non r alis es messages demeur s sans suivi etc Au del de l accueil r serv notre recherche les chercheures ont pu constater que le peu de connaissances sur les prob
178. ui de l invisibilit du fait lesbien dans les organismes reli s l h bergement des personnes g es et de la m connaissance sous jacente des probl matiques et sp cificit s reli es ce groupe La n cessit devant laquelle nous nous sommes trouv es de r viser les crit res de recrutement des participants et plus sp cifiquement des participantes doit donc tre soulign e d un point de vue m thodologique en raison de l obligation subs quente d largir les balises r gissant le choix des interview es lesbiennes mais aussi d un point de vue analytique en raison de l apport de ce constat la r flexion sur la probl matique tudi e Il importe galement de relever les limites des donn es recueillies d coulant du processus d chantillonnage Ainsi l chantillon d intervenants es ne peut tre consid r comme repr sentatif de l ensemble des personnes travaillant dans les r sidences pour personnes g es en raison du caract re clectique de sa composition et des biais qui y sont inh rents En effet on peut raisonnablement estimer que l acceptation d tre interview sur le sujet pr suppose un minimum d ouverture face l homosexualit de la part des participants es et la pr sence d opinions favorablement dispos es face aux lesbiennes g es s en trouve ainsi augment e par rapport la r alit De plus un grand nombre d interview s es sont eux ou elles m mes homosexuels les ce qui en fai
179. uise Mais cette pr f rence n exclut pas d autres formules Ainsi parmi ce groupe une participante a aussi manifest un int r t pour des r sidences pour femmes seulement de toutes orientations sexuelles et trois autres participantes ont mentionn tre galement favorables des r sidences destin es aux gais et lesbiennes g es Une septi me participante a privil gi comme premier choix une r sidence pour gais et lesbiennes et une huiti me a t plut t s duite par l id e d une r sidence pour femmes de toutes orientations sexuelles D autre part une participante pr f rerait une r sidence pour femmes de toutes orientations sexuelles et pour hommes gais mais pas d hommes h t rosexuels Au total et en tenant compte de l ordre des pr f rences exprim es l option d une r sidence pour lesbiennes l emporte suivie de celle d une habitation pour lesbiennes et gais et de celle d une r sidence pour femmes de toutes orientations sexuelles Une derni re participante ne souhaite faire aucune distinction relative au genre ou l orientation sexuelle dans la composition de la r sidence et s est m me farouchement oppos e tout projet regroupant uniquement des homosexuels les g s hommes et ou femmes Participante Moi je ne suis pas pour a Parce que je me dis qu un building qui est identifi que c est une gang de lesbiennes qui est l moi a ne me tente pas d tre dans a Les qu en dira t
180. ulation de l orientation sexuelle surtout vis vis de la famille et du milieu de travail a pu assurer une protection efficace dans un environnement hostile o la divulgation de l homosexualit entra nait l exclusion Sur le plan psychologique cette strat gie leur aura notamment permis de sauvegarder leur estime d elles m mes On ne pourrait donc associer l ajustement l avanc e en ge un seul style de vie Vieillir en tant soi m me Le r seau de soutien des lesbiennes vieillissantes Les tudes convergent toutefois vers un constat soit le r le central jou par les amies lesbiennes lesquelles constituent la premi re et la plus importante source d assistance en cas de besoin Ainsi en p riode de crise ou aux prises avec un probl me s rieux les lesbiennes g es disent qu elles feraient d abord appel leurs pairs pour demander conseil et soutien moral Beeler et al 1999 Jacobs Rasmussen et Hohman 1999 Veilleux 1998 L enqu te de Rapha l et Robinson datant il est vrai de plus d une vingtaine d ann es constatait que le seul appui re u par des lesbiennes g es ayant v cu la perte d une conjointe ce qui tait le cas de la plupart des femmes interrog es tait celui fourni par leurs semblables l exclusion des amies et amis h t rosexuels ainsi que de la famille rapport par Jacobs et al 1999 Seule une minorit avait d ailleurs b n fici d un tel soutien Selon une aut
181. un cheminement professionnel caract ris par l occupation d emplois non sp cialis s et 3 des participantes ont occup des professions sp cialis es traditionnellement exerc es par des femmes Dans les chapitres suivants les participants participantes sont identifi s par un pseudonyme Port e et limites de la recherche L objectif de cette recherche est avant tout d explorer les sp cificit s les possibilit s et les difficult s ayant trait l adaptation des services r sidentiels pour personnes g es aux besoins des lesbiennes Nous n avons pas retenu l id e de dresser un portrait de l offre actuelle de services dans les ressources d habitation du territoire montr alais partir d un sondage bas sur un chantillon repr sentatif une d marche peu fructueuse puisque les premi res observations de la phase de d marrage nous faisaient d j anticiper l absence de pr occupation relativement cette question sans compter les ressources limit es dont nous disposions Nous avons plut t opt pour une m thodologie qualitative et exploratoire qui nous aiderait comprendre les points de vue respectifs des acteurs et actrices directement impliqu s en tant que r ceptrices ou E Vieillir en tant soi m me pourvoyeurs pourvoyeuses de services et identifier des pistes de r flexion et d intervention De fait le bilan des d marches de recrutement nous am ne faire un premier constat soit cel
182. une terre fertile Mais il n embarque pas Roger 28 Encore une fois rappelons que nous ne prenons pas position sur l efficacit ou le caract re souhaitable de cette intervention en particulier Il s agit simplement de retracer et de mentionner l existence d initiatives dans les t moignages des intervenants es rencontr s conformes aux propositions formul es 102 Vieillir en tant soi m me La mise en place de diverses mesures doit avoir pour objectif la constitution d un environnement confortable r ceptif et respectueux peu importe le choix final fait par les r sidentes lesbiennes de divulguer ou non leur orientation sexuelle un choix qui leur revient ultimement Dans plusieurs cas une telle adaptation ne n cessite que des changements mineurs au fonctionnement des r sidences dont la plupart rel vent de la modification de la culture institutionnelle et de l investissement dans la formation 103 Vieillir en tant soi m me CONCLUSION Le constat de l invisibilit du fait lesbien dans l organisation des services r sidentiels pour personnes g es s est impos tout au long de cette tude D s le d part il nous a contraint r orienter la strat gie de recherche et revoir le choix des sources d information pour finalement privil gier des entrevues avec des intervenants es de m me qu avec des lesbiennes ayant leur domicile propre Tout en recueillant des informations sur les potentiali
183. ur est r serv en milieu hospitalier et de leur relation avec les professionnels les de la sant Les autres institutions De fa on g n rale les interview es s adressent rarement aux r seaux de soutien institutionnels pour personnes g es Outre les services m dicaux pour les probl mes de sant une seule participante nous a dit avoir recours de fa on plus ou moins r guli re aux services d un organisme communautaire ayant pour mission de fournir aux personnes g es une aide moindre co t pour les travaux m nagers et d entretien Cette situation s explique en partie par l ge moyen peu lev de notre chantillon et par le degr lev d autonomie des participantes qui sont majoritairement en bonne sant et actives socialement Donc tr s peu d entre elles ont trait de la question des soins domicile offerts par les CLSC et d autres organismes communautaires Une interview e a sp cifi qu elle h siterait avoir recours aux services domicile offerts par les CLSC car elle n avait pas confiance en leur confidentialit Faute de donn es suffisantes nous ne pouvons jauger du degr de confiance et de satisfaction envers les services sociaux et autres dont la prestation EE Vieillir en tant soi m me interf re directement avec l organisation de la vie quotidienne et donc avec la sph re priv e Pour ce qui est des services autres tels les services financiers les notaires etc l
184. urs parmi les cinq personnes ayant r pondu par la n gative la question touchant les besoins en formation une seule s identifie comme homosexuelle et quatre s identifient comme h t rosexuelles l inverse quatre des intervenants es homosexuels et un intervenant e h t rosexuel pensent qu une telle formation serait appropri e Il ressort deux constats de cet aspect de l analyse Tout d abord les r sidences gagneraient adopter des attitudes proactives envers les r sidentes et r sidents homosexuels et ce m me si elles n h bergent pas ou croient ne pas h berger d individus appartenant ce groupe car elles contribueraient briser le cercle vicieux entretenant l invisibilit des lesbiennes g es au sein de ces institutions Ensuite il est n cessaire d augmenter le niveau de compr hension qu ont les intervenants es des r alit s et des besoins des lesbiennes g es afin de rendre plus efficientes les interventions visant favoriser leur int gration dans la r sidence TE Vieillir en tant soi m me VERS UN RAPPROCHEMENT ENTRE L UNIVERS DES LESBIENNES G ES ET LA CULTURE DES R SIDENCES Suite aux constats pr c dents il importe de d cortiquer les points de tension entre les besoins de cette client le et les modalit s organisationnelles des r sidences afin d identifier les voies de conciliation et d intervention disponibles Pour ce faire nous avons jug bon de prendre appui sur l anal
185. uvent r pondre 6 Cette section est tir e d un article de Chamberland 2004 sous presse a Vieillir en tant soi m me des besoins qui demeurent inexprim s Cependant ils et elles ne peuvent s en tenir exprimer leur volont d ouverture et doivent d passer le stade d une tol rance ou d une acceptation passive de la diff rence sexuelle Pour cela il leur faut questionner leurs pr somptions h t rosexistes d velopper une sensibilit aux exp riences de vie pass es et pr sentes des lesbiennes g es et aux besoins particuliers qui peuvent en d couler comprendre que m me lorsqu il n est pas affich le lesbianisme est une composante marquante de la vie de ces femmes sinon de leur identit individuelle et sociale Conolly 1996 Daley 1998 Humphreys et Quam 1998 Kochman 1997 Metz 1997 Peers et Demczuk 1998 Les difficult s de vie chez les lesbiennes g es Selon quelques chercheurs et chercheures les principaux probl mes auxquels les lesbiennes peuvent tre confront es en vieillissant ne diff rent pas de ceux des femmes h t rosexuelles manque de ressources conomiques perte des membres de la famille ainsi que des amis et amies ennui et solitude maladie et difficult d acc s aux soins de sant diminution progressive de leur autonomie et crainte de d pendre d autrui e g Beeler et al 1999 Jacobs Rasmussen et Hohman 1999 cela s ajouteraient des appr hensions l
186. vulgation indirecte et la dissimulation manqu e en plus d tre au carrefour entre la r alit et la perception subjective et potentiellement erron e des intervenants es qui la verbalisent Elle doit toutefois tre mentionn e car nous travaillons avec un groupe social qui a pour principale caract ristique l invisibilit Des signes aussi r pandus que les nombreux soup ons voqu s dans les t moignages des intervenants et intervenants interview s sont donc des indices qu il importe de cat goriser 4 Invisibles aupr s de tous et toutes on peut d duire qu une partie voire la grande majorit des r sidentes lesbiennes ont opt pour la dissimulation compl te de leur orientation sexuelle aupr s de l ensemble de la r sidence Cette d duction se fonde d une part sur l existence document e d une population lesbienne dans toutes les cat gories d ge d autre part sur le fait qu il n y a aucune raison de pr sumer que les lesbiennes de cette g n ration malgr les r ticences qu elles peuvent avoir tel que nous le verrons plus loin ne recourent aucunement aux ressources d habitation disponibles lorsque la n cessit s impose 12 Dans les tudes r centes la pr valence de homosexualit et de la bisexualit varie entre 2 et 15 Julien et Chartrand 2003 Compte tenu des biais inh rents ces recherches particuli rement celles qui donnent des proportions nettement plus faibles ou
187. x lesbiennes ainsi que par association avec l orientation sexuelle pr sum e ou connue de certaines visiteuses que se construisent les soup ons Les conversations entre intervenants es seraient galement un lieu privil gi d change d information ce sujet Pour ce qui est de l intervenant affirmant qu il n y a aucune r sidente lesbienne il s appuie sur sa connaissance du milieu homosexuel tant lui m me gai Comme je le suis moi m me disons que c est peut tre plus facile pour nous de le capter Robert Cet intervenant n est pas le seul parmi les employ s es gais ou lesbiennes pr sumer de sa capacit distinguer les personnes homosexuelles parmi l ensemble de la client le r sidente Il est en effet probable que comparativement leurs coll gues h t rosexuels les intervenantes et intervenants homosexuels soient davantage l aff t des indices r v lateurs de l homosexualit d un e r sident e et cause de leur familiarit avec l univers homosexuel plus aptes les rep rer et les interpr ter Cela dit la pr tention de pouvoir reconna tre les lesbiennes et les gais repose sur des st r otypes concernant leur allure leurs comportements etc et doit tre relativis e EE E Vieillir en tant soi m me Malgr le faible nombre de cas recens s les t moignages des intervenants es nous permettent de tracer un portrait articul en quatre cat gories de l aspe
188. yant particip aux entrevues 8 sont de sexe masculin dont 3 d orientation h t rosexuelle et 5 d orientation homosexuelle et 3 de sexe f minin soit 2 d orientation h t rosexuelle et 1 d orientation homosexuelle Les r pondants es ont tous franchi le cap de la quarantaine outre le r sident homosexuel qui a 70 ans leur ge se situe entre 42 et 60 ans pour une moyenne environnant les 52 ans Situation professionnelle Outre le r sident qui est retrait les participants es sont r partis dans 3 groupes d occupation professionnelle 2 occupent des emplois reli s aux soins et aux interventions directes aupr s des r sidents es 2 travaillent aux services la location et 6 sont gestionnaires L anciennet varie beaucoup selon les participants es 4 ont moins de deux ans de service 4 autres ont entre deux et neuf ans d anciennet et 2 ont acquis une exp rience de plus de 10 ans dans leur fonction La principale formation professionnelle acquise se r partit entre quatre cat gories 1 personne poss de une formation dans le domaine psychosocial 2 ont t form es en vente et services immobiliers 3 sont dipl m es dans l administration et 4 poss dent une formation acad mique dans le domaine des soins personnels et m dicaux De par leur fonction tous les intervenants et intervenantes sont ou ont t en interaction troite avec les r sidents es soit en raison de la nature de leur emploi lorsque les soins et service
189. yse du dilemme de visibilit invisiblit et des fa ons de le solutionner adopt es par les lesbiennes g es pr sent e dans le troisi me chapitre outre qu elle nous claire sur un aspect majeur du v cu des lesbiennes de cette cohorte d ge soit leur invisibilit sociale cette analyse fournit des l ments pour laborer des pistes de solution Au pr alable il est n cessaire de rappeler une caract ristique sp cifique des r sidences comme lieu d habitation qui participe expliquer pourquoi il y a transformation du comportement des lesbiennes g es lors du passage de la vie autonome la vie en r sidence Le positionnement des r sidences dans la division sph re publique sph re priv e Les r sidences pour personnes g es offrent un milieu de vie priv chambre ou appartement ins r l int rieur d un environnement constituant une mini soci t espaces et services communautaires offre d activit s collectives voisinage des autres r sidents es passages pour la circulation etc Elles ont pour caract ristique sp cifique de constituer un lieu d habitation o se juxtaposent et se confondent espace public et espace priv En effet alors que la sph re priv e est li e aux relations d ordre interpersonnel et que la sph re publique r f re aux relations des individus avec les institutions ou leurs repr sentants es et avec le reste de la soci t les r sidences pour personnes g es offrent un ha

Rsum : faire - Homosexualité et environnement de travail

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