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1. d cesseurs Certains r sultats de la recherche Slams int ressent cependant directement la gestion du risque Les donn es collect es et analys es ont permis ainsi de cerner plus finement l influence des pr cipitations et des fluides profonds sur le mouvement Elles ont mis en vidence son acc l ration depuis 2009 sugg rant une rupture probable de la zone frontale 1 3 millions de m F chelle des prochaines ann es Les choses ont beaucoup volu sur le plan de la gestion du risque L tat a transf r une part importante de ses responsabilit s aux collectivit s territoriales notamment en transf rant la propri t de la RN 91 au D partement Il a transf r en m me temps un risque nettement revu la baisse acceptable conomiquement pour le budget des collectivit s Mais qu en est il de l acceptabilit de l op ration sur le plan scientifique et d mocratique Les habitants de la basse vall e de la Romanche peuvent ils se fier la nouvelle expertise du risque tant donn l opacit de son processus sont ils m me en mesure de lui adresser les bonnes questions Conclusion pour une proc duralisation de l expertise des risques naturels Au del de sa singularit il y a quelques enseignements tirer du cas des Ruines de S chilienne Cette histoire est celle d un risque qui a t g r sur une dur e longue trois d cennies selon des modalit s en d calage constant avec les donn e2. my de S chilienne l Ile Falcon aux premi res loges du sc nario catastrophe ont pay le prix fort de l impuissance et de l incertitude un arr t pr fectoral pris au titre de l article R 111 3 de la pr vention des risques a plac leur territoire en zone inconstructible VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 12 13 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi bloquant le d veloppement de la commune et entrainant la d valorisation du foncier bati Leurs maisons devenues invendables les habitants du hameau dont la plupart s taient endett es pour les acqu rir se sont trouv s bloqu s sous le risque Le r sultat tait strictement inverse au but recherch Cette impuissance a fait l objet de longues discussions et de mobilisations diverses tout au long des ann es 1990 d frayant la chronique m diatique grenobloise et parfois nationale particuli rement dans les p riodes d acc l ration du ph nom ne d cel e par les experts Decrop 2004 Des solutions radicales et co teuses ont finalement t appliqu es Un article a t gliss dans le projet de loi sur la pr vention des risques naturels port e par le ministre de l poque Michel Barnier et vot le 2 f vrier 1995 pour r soudre le type de situations dont le site de S chilienne tait devenu l embl me Cet article l arti
3. venir les risques de quoi les experts sont ils responsables Editions de l Aube 200p Douglas M et A Wildavsky 1983 Risk and culture an essay on the selection of technical and environmental dangers Berkeley University of California Press 221p Dulong D et V Dubois 1999 La question Technocratique Presses Universitaires de Strasbourg Durville J M P Garnier et J L Picquand 2010 Ruines de S chilienne mesures a prendre face aux risques CGED rapport n 006686 01 53p En ligne URL http www ladocumentationfrancaise fr var storage rapports publics 104000142 0000 pdf consult le 15 mars 2014 Estades J et E R my 2003 L expertise en pratique Le cas de la vache folle et des rayonnements ionisants L Harmattan Paris 249p Godard O C Henry P Lagadec et E Michel Kerjan 2003 Trait des nouveaux risques Pr caution crise assurance Gallimard Paris 620p Goud Baudiment F E Heurgon et J Landrieu 2001 Pour une expertise d mocratique Editions de T Aube Granjou C 2004 La gestion des risques entre technique et politique Comit s d experts et dispositifs de tra abilit travers l exemple de la vache folle et des OGM Th se Universit Paris IV 517p En ligne URL http tel archives ouvertes fr docs 00 38 27 56 PDF these Celine_Granjou pdf consult 15 mars 2014 Granjou C 2004 Le travail des experts analyse d un dispositif d valuation des risques alim
4. Num ro 1 mai 2014 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi acteurs experts gestionnaires du risque associations scientifiques habitants lus en 1995 et en 2011 L auteure a conjugu du point de vue m thodologique observation participante au sein du dispositif d expertise et en tant que conseill re du pr fet dans une phase de crise 1998 1999 et la recherche distanci e dans le cadre de deux programmes de recherche L observation couvre ainsi avec des intermittences la p riode qui s tend de 1995 2013 L expertise du risque s int gre cependant dans un dispositif global sous tendu par quelques principes qu il faut rappeler car ils donnent sens l ensemble L administration r galienne des risques Le dispositif public de pr vention repose sur deux principes paradigmatiques une vision r galienne de la gestion des risques appuy e sur l organisation publique d une expertise puissante une s paration th orique en forme de grand partage entre risques naturels et risques technologiques ou industriels Ces deux principes organisent le syst me d action publique Le principe de distinction de l origine des risques entra ne des r gimes de responsabilit s distincts Dans le cas du risque naturel l al a tant r put ext rieur au syst me social il n y a pas de responsabilit s directes humaines en jeu mais seulement
5. convenu d appeler avec Pierre Lascoumes une v ritable magistrature technique Lascoumes 1994 Par le biais d une organisation toff e et minutieuse qu il serait fastidieux de d crire ici ils ont la haute main sur l ensemble du processus de la connaissance scientifique au pouvoir normatif et r glementaire jusqu la fonction de contr le et de sanction H ritage de l tat savant constitu en France au XVIIe si cle le monopole public de l expertise se traduit par la confusion entre expertise scientifique la normalisation technique le pouvoir r glementaire et le contr le Parmi les trois mod les que distingue Jurgen Habermas le mod le d cisionniste primat de la d cision politique le mod le technocratique rel guant le politique au rang d ex cutant et le mod le pragmatique de la d lib ration d mocratique le mod le fran ais rel ve sans ambigu t du second Habermas 1978 Ce sch ma est soumis aujourd hui de fortes tensions Un bon indice de ces tensions est dans l explosion du co t des dommages notamment li s au risque inondation qui lui seul repr sente 60 des indemnisations Le r gime d indemnisation des catastrophes naturelles l quilibre par d finition puisqu il repose in fine sur un m canisme de r assurance garanti par l tat est n anmoins de plus en plus fragilis et en passe de devenir le point faible du syst me Cette situation est tonnante et i
6. of independence transparency and reliability of its findings Strangely the field of natural hazards remained out of this movement According to the classical model legal rational the government and its experts have a stranglehold on risk assessment and preventive measures In France this model turns on a real technical magistrature However the expertise in this field is not free of interest interference The present article reports the case of an opaque VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 14 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi organization of expertise on a geological movement in the Romanche Valley at South East of Grenoble with serious consequences on the exposed people and local economy In this case the local communities were completely dependent of the expertise which runs in a closed circuit But the problem of expertise has to be replaced in the questioning on public policies of natural risk prevention which are out of step with the new landscape of risk and with its future deals Entr es d index Mots cl s risques naturels mouvement de terrain incertitude expert expertise pr vention crise Ruines de S chilienne Keywords natural hazards land movement uncertainty expert assessment prevention crisis Ruins of S chilienne VertigO la revue lectronique en s
7. qu ils ne rencontrent aucun scientifique ou expert ext rieur au groupe officiel ne les mettent pas en position de formuler une opinion ind pendante Cette d marche de validation n est en r alit qu une d marche formelle o l on est rest entre soi Il y eut cependant une tentative d ouverture de l expertise En 1994 un chef de service de la DDE soucieux de rompre avec la gestion routini re du risque entreprit d largir le cercle de la r flexion et de convoquer une expertise pluridisciplinaire Non sans difficult il parvint convaincre sa hi rarchie de l int r t d ouvrir le dossier d autres points de vue que celui de la g ologie et notamment aux sciences humaines et sociales droit histoire conomie et sociologie Il consid rait en effet que le risque tait d abord et avant tout un probl me d am nagement du territoire et devait donc en impliquer les acteurs Il baptisa sa d marche tude de vuln rabilit signifiant par l que l on s tait jusqu ici occup non pas du risque mais de l al a et encore d un seul de ses aspects exclusivement la montagne en mouvement En effet la dimension hydrologique de l al a sans doute la plus p nalisante du point de vue des dommages potentiels n avait fait l objet que d une mod lisation succincte Des hydrologues furent donc invit s se joindre l expertise Le chef de service s adjoignit la collaboration d un organisme u
8. une discussion scientifique men e dans les r gles de l art la question de la temporalit de l effondrement en masse les experts ont voqu une r alisation court terme entre 2 et 10 ans Ils taient ce faisant obnubil s par la responsabilit pesant sur leurs paules en cas de r alisation impr vue du sc nario majeur Ils devaient donc se tracer un chemin troit entre le principe de pr caution et l incertitude fondamentale inh rente l al a car comme ils n ont cess de le dire ils n avaient pas acc s au moteur profond du mouvement Le massif tait pour eux une bo te noire et l est encore aujourd hui La question du volume quant elle tait instruite gr ce au syst me de surveillance qui permettait de cerner les zones en mouvement et de mesurer l activit des failles Le premier volume annonc tait de l ordre d un million de m3 mais cinq ans plus tard les experts annon aient des volumes de 10 20 millions de m3 L ampleur du risque croissait avec l extension du syst me de surveillance En 1998 lors de l expropriation des habitants de l Ile Falcon le volume r put en mouvement et susceptible de s effondrer atteignait 100 millions de m Pendant ce temps le co t social et financier du risque grimpait galement de mani re inqui tante Aucune solution juridique n tait en vue pour r gler la situation de la centaine de familles bloqu e dans l Ile Falcon sous
9. valu e L al a g ologique avait focalis obnubil l action et l attention au d triment des autres dimensions du risque Or la pr vention de l al a hydraulique et hydrologique pouvait s av rer plus co teuse encore que celle de l al a g ologique tant donn l ampleur des enjeux en cause A la fin des ann es 1990 le minist re de l cologie par la voie de la DPPR d cide de missionner une autre expertise ou plus exactement de renouveler le dispositif Il nomme donc un nouvel expert lequel fait au minist re une proposition comportant de nouveaux noms et un autre mode de fonctionnement Le coll ge international d expertise de S chilienne est donc mis sur pied en 2000 et fonctionne encore l heure actuelle Cependant s il y a changement de personnes il n y a aucun changement dans le processus de constitution nomination administrative discr tionnaire sur la foi d une simple lettre de mission recrutement intuitu personae d experts par le chef de la mission large autonomie dans la d finition de la mission et les modalit s de fonctionnement Recrut e dans les organes et les r seaux du minist re LCPC comme la pr c dente la nouvelle expertise reproduit le m me sch ma de fonctionnement ferm et opaque Elle ne s articule pas davantage la recherche scientifique qui cette poque et non sans un certain retard prend un certain essor en ce qui concerne le ph nom ne de S chili
10. I erua www erudit org Article L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chilienne Genevieve Decrop VertigO La revue lectronique en sciences de l environnement vol 14 n 1 2014 Pour citer cet article utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 1027961 ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d Erudit y compris la reproduction est assujettie a sa politique d utilisation que vous pouvez consulter a l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec a Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d Erudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 36 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi Genevi ve Decrop L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chilienne Le r chauffement climatique conf re aux risques naturels en Fr
11. ac s d tre ensevelis par l effondrement d une falaise le Mont Sec un effondrement que les experts au milieu des ann es 1980 avaient jug relativement imminent dans un d lai de 2 5 ans Le versant instable de cette falaise tant situ au droit d un goulet enserrant le lit de la Romanche le risque suspect par les experts avait rapidement d pass les limites du village En effet l effondrement en masse de la falaise tait susceptible de cr er sur la Romanche un barrage derri re lequel un lac se constituerait La pression exerc e sur ce barrage provoquerait in vitablement sa rupture suivie d une vague de submersion susceptible de d ferler jusqu la banlieue sud de l agglom ration grenobloise emportant sur son passage les installations chimiques de cette zone apr s avoir inond la ville de Vizille 15 000 habitants et quelques autres petites agglom rations En outre l effondrement du Mont Sec couperait durablement la route nationale 91 axe alpin strat gique reliant l Arc alpin franco italien et les stations touristiques de l Oisans Grenoble et au nord de la r gion Ce sc nario catastrophe s tait pr cis et aggrav d ann e en ann e entre 1987 et la fin des ann es 1990 sans qu aucune parade technique la hauteur de la menace ne puisse tre retenue ni aucune mesure de pr vention satisfaisante pour la population expos e Les habitants du petit hameau de la commune de St Barth l
12. ance une nouvelle actualit Les al as inondations s cheresse temp tes seront plus fr quents plus intenses Ces nouvelles menaces invitent s interroger sur l efficacit de notre dispositif national de pr vention La pr vention des risques dits majeurs est dans la haute main depuis 30 ans du minist re de l Environnement sous ses d nominations successives On entend sous cette appellation quelque peu d su te de risques majeurs les risques naturels et industriels localis s dans le territoire et qui font l objet de proc dures r put es bien rod es de prise en compte et de traitement D autres types de risques dits mergents ou nouveaux ou de d veloppement ont pris le relais sous les feux des m dias depuis les ann es 1990 qui touchent les domaines autrement sensibles de la sant publique de l alimentation de l nergie La diff rence avec les premiers outre leur forte charge motionnelle et m diatique tient la pr sence massive irr ductible du moins dans un terme pr visible de l incertitude Ces nouveaux risques li s la mise sur le march de nouvelles substances OGM nanotechnologies ou l extension sans pr c dent de r seaux technico conomiques aussi complexes qu opaques risques alimentaires pharmaceutiques sont dits incertains et ont n cessit la mise au point de proc dures in dites dont la plus embl matique est le principe de pr cau
13. ard et al 1993 Au soup on d irresponsabilit et d inconscience du risque les maires ont g n ralement r pondu que le risque s appr hendait au niveau du territoire et que suivre les directives parisiennes aboutirait bien loin de g rer le risque geler le territoire La critique tait pertinente Le risque naturel ou technologique est une dimension parmi d autres dans un ensemble d opportunit s et de contraintes dans tel ou tel territoire qu il appartient ses repr sentants de mettre en regard Sanctuariser un risque envers et contre toutes ces autres dimensions est un non sens dans une perspective la fois globale et dynamique Dans cette perspective la question n est pas tant d radiquer le risque que de d ployer les moyens de vivre avec lui dans des strat gies de mitigation et d adaptation La gestion du risque est au fond une question d am nagement du territoire et d allocation de ressources ce que la politique publique nie officiellement mais accepte plus ou moins honteusement dans la pratique Aujourd hui les collectivit s territoriales devenues ma tresses VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 10 11 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi de l am nagement de l espace revendiquent les pr rogatives et les marges de man uvre a la hauteur de leurs responsabilit s et de
14. atastrophe virtuelle VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 18 19 20 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi De l expertise du risque aux risques de l expertise Les critiques n ont pas emp ch la proc dure d expropriation engag e en 1996 de suivre son cours Elle aurait bien plut t t l occasion d une surench re dans l expertise Les habitants mobilis s contre l expropriation ont d pos un recours en Conseil d tat poussant les experts peser dans l autre sens en enflant quelque peu le risque En 1998 dans les documents officiels ce sont donc 100 millions de M3 qui sont r put s en mouvement et trop instables pour que l on puisse courir le risque de laisser s journer des tres humains dans ses parages L expropriation aura donc lieu malgr la r sistance acharn e de certains habitants qui ne partiront manu militari qu en 2012 Cependant l expropriation ne r glait qu une part r duite de la vuln rabilit m me s il s agissait de la plus sensible Il restait tout le territoire soumis inondation et submersion potentielle r sultant d un barrage sur la Romanche et de son effacement soit des zones urbanis es industrielles et des voies de communication strat giques L enveloppe des d g ts serait consid rable mais n avait jamais t pr cis ment
15. bien en termes de philosophie de l action qu en termes de proc dure Mais aujourd hui tout converge pour faire du processus de d lib ration et de d cision l l ment clef du dispositif de s curit collective Depuis l affaire du sang contamin les processus techniques opaques fabriquant des consensus aveugles perdent leur cr dibilit les uns apr s les autres La science ne peut plus pr tendre s imposer d autorit au politique ni la soci t mais la soci t est d pendante du processus de connaissance scientifique pour certaines des grandes inqui tudes qui la taraudent Il se trouve que le processus de construction de la v rit scientifique pr sente quelques analogies avec celui de la construction d mocratique de l action publique L un et l autre dessinent un monde de discussion pluraliste et contradictoire garantie par des proc dures reconnues et stabilis es un monde ouvert et du m me coup incertain C est en tendant dans cette direction qu une politique publique renouvel e de pr vention trouvera sa voie d j d frich e d ailleurs dans quelques proc dures exp rimentales comme les conf rences de citoyens ou les jurys citoyens Bourg et Boy 2005 Les quelques exp riences men es ont montr d ailleurs quel point les profanes et les experts taient capables de s associer dans un v ritable exercice d intelligence collective Boy et al 2000 On peut citer la conf rence de
16. ciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 15
17. citoyen sur les OGM organis e en 1998 par la Commission nationale de d bat public ou bien celle de 2002 sur les changements climatiques et la citoyennet ou encore celle de 2003 sur le devenir des boues domestiques issues des stations d puration Dans d autres domaines se sont tenues r cemment des conf rences citoyennes sur la r cidive ou sur la fin de vie Ses exp riences sont encore malheureusement trop rares en France o pr vaut encore la situation que d crivait C Restier Melleray en 1990 celle d une confiscation de l expertise par les ing nieurs des grands corps jusque dans les domaines dont on peut suppos qu il pourrait constituer le lieu privil gi de mise en uvre de proc dures d expertises savoir la gestion des risques Mais s il y a encore des domaines solidement verrouill s comme celui du risque nucl aire des br ches sont ouvertes a et l qui sont vou es s largir L exigence d mocratique finira par concerner l ensemble de la s curit collective face aux risques collectifs quelle qu en soit l origine naturelle o anthropique tant de plus en plus les deux sont inextricablement m l es Bibliographie Bayet C et JP Le Bourhis 2002 Ecrire le risque tude des m canismes d inscription du risque inondation au niveau local rapport pour le minist re de l Ecologie et du D veloppement Durable Paris Cevipof Cnrs Beck U 2001 La soci t du risque su
18. cle 11 donne la possibilit de proc der l expropriation des biens immobiliers expos s un risque brutal et impr visible mena ant des vies humaines et pour lequel il n existe pas de parade ou dont les parades exc dent le co t de l expropriation Malgr l opposition et le d sespoir d une partie de la population concern e l expropriation a t d cid e L autre mesure radicale d ordre technique consistait au creusement d un ou deux tunnels sous le lit de la Romanche calibr s de sorte accueillir d une part la rivi re d autre part le trafic de la RN 91 devenu par la suite RD 1091 Le co t de ces deux mesures expropriation et tunnels augment de celui des tudes accumul es depuis 1985 et du syst me de surveillance perfectionn au fil des ann es a port le co t de ce risque un niveau d mesur alors qu aucune des pr dictions des experts ne s est r alis e Au d but des ann es 2000 le minist re de l cologie a donc renouvel le dispositif d expertise L expertise et la surveillance du risque ont t confi es alors un coll ge d experts sous la direction d un g ologue nouveau venu sur le site Au cours de la d cennie 2000 sous la conduite du nouveau coll ge le risque a t profond ment reconfigur la baisse Les hypoth ses scientifiques des d cennies pr c dentes pr voyant un effondrement en masse de volumes consid rables ont laiss la place de nouve
19. des responsabilit s secondes inconscience du danger occultation de la m moire du risque etc la diff rence du risque industriel qui met en jeu de part en part des activit s humaines et donc des int r ts conomiques La gestion r galienne des risques est historiquement le principe structurant de la politique publique Il entra ne une organisation verticale et descendante du traitement du risque L essentiel de ce traitement est depuis les ann es 1980 entre les mains du minist re de l Environnement sous ses d nominations successives et au sein de ce minist re sous l empire incontest des corps d ing nieurs d tat R cemment ces corps se sont regroup s le corps des ponts et chauss es a fusionn avec celui du g nie rural et des eaux et for ts pour donner l IPEF corps des ing nieurs des eaux des ponts et des for ts Ce regroupement a l avantage de pr senter un corps technique unifi dans le contexte de la r organisation de l tat et en particulier de la R forme g n rale des politiques publiques mais aussi d enregistrer le regroupement de l am nagement du territoire et de l environnement au sein du minist re de l cologie Cependant l unification n est pas totale puisque le corps des mines qui pr side aux destin es du risque industriel et de la s ret nucl aire garde pour le moment son ind pendance Ces corps techniques exercent sur la ma trise des risques ce qu il est
20. du GREF qui en fut charg par la DPPR La mission se voulut galement novatrice avec un dispositif inspir des travaux que menaient l poque le Cemagref sur l expertise et qui ont abouti la r daction d une charte Elle n eut gu re plus de suite que l tude de vuln rabilit 13 Conseil g n ral de l environnement et du d veloppement durable 14 Entretiens avec le chef du Coll ge d experts en janvier 2012 15 Proposition de guide de bonnes pratiques de l expertise du risque Mouvements de terrain Slams ANR Risknat groupe de travail interdisciplinaire sur l expertise 2013 16 Toujours exp rimentales en France mais devenues usuelles dans les pays scandinaves dont elles sont originaires et anglo saxons Pour citer cet article R f rence lectronique Genevi ve Decrop L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chilienne VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement En ligne Volume 14 Num ro 1 mai 2014 mis en ligne le 05 mai 2014 consult le 14 octobre 2014 URL http vertigo revues org 14608 DOI 10 4000 vertigo 14608 A propos de Vauteur Genevi ve Decrop Sociologue chercheur associ Laboratoire PACTE Institut d tudes politiques BP 48 38040 Grenoble cedex 9 France courriel gdecrop wanadoo fr Droits d auteur Tous droits r serv s R sum s L expertise scientifique et technique est depui
21. e autre inversion les contours du risque ont t redessin s en fonction des outils de gestion et des co ts financiers acceptables par les collectivit s concern es suite la reconfiguration de l expertise par le ma tre d ouvrage Cette gestion paradoxale de la vuln rabilit a t d termin e par les modalit s de fonctionnement de l expertise aucun moment les hypoth ses de risque n ont t soumises un processus ouvert et transparent de discussions scientifiques et d mocratiques Dans le cas des Ruines de S chilienne cela eut t pourtant plus n cessaire que pour tout autre cas En effet la collectivit fait face ici un risque incertain qui n est appr hendable que par la m diation du savoir scientifique qui la place donc dans la d pendance totale des experts et de l expertise L expert est la fois celui qui introduit dans la vie de celle ci une incertitude fondamentale qui la met en exergue et r ordonne le paysage autour d elle il est galement celui qui la prend en charge et dont la seule pr sence est une promesse tacite de la r duire Cette responsabilit ne peut qu tre partag e et assum e dans un change pluridisciplinaire et contradictoire Elle doit tre soumise au regard d un tiers tant dans son travail proprement scientifique que dans son mode de constitution et de fonctionnement Cela n a pas t le cas VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Vo
22. enne Elle s appuie au contraire sur l expert ant rieur retrait du CETE mais d sormais consultant priv qu elle missionne dans un premier temps comme expert externe puis qu elle admet ensuite de plein droit en son sein Cependant si les profils des experts les m thodes et les modes de fonctionnement sont les m mes les r sultats diff rent largement Le premier rapport du nouveau coll ge apr s un an de fonctionnement prend sensiblement ses distances avec le sc nario catastrophe et les suivants prennent de plus en plus nettement position pour un sc nario dit polyphas c est dire sans effondrement brutal en masse mais par boulements limit s chelonn s dans le temps Sans carter compl tement le risque de bouchure de la Romanche les nouveaux experts le minimisent n anmoins sensiblement et avec le concours du syndicat de bassin local charg de la pr vention des inondations finissent par le diluer dans les effets de la crue de r f rence du PPRI Une mission diligent e par le CGEDD en 2010 sur les parades peut ainsi conclure que l v nement hydraulique redout est une simple crue dont l amplitude peut varier selon l existence ou non d un barrage naturel S chilienne et l importance de celui ci Les essais sur mod le r duit ont montr qu il ne s agit pas d une onde d ferlante telle que la rupture d un barrage vo te pourrait induire mais d une crue ressemblant u
23. entaires Sociologie du Travail n 46 pp 329 345 Habermas J 1978 La technique et la science comme id ologie Paris Deno l 262p Kessler M C 1994 Les grands corps de l tat Paris PUF 344p Lascoumes P 1994 L co pouvoir environnements et politiques Paris La D couverte 324p VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 12 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi Latour B 1999 Politiques de la nature comment faire entrer les sciences en d mocratie La D couverte Paris 392p Ledoux B 1995 Les catastrophes naturelles en France Paris Payot 456p Minist re de l cologie du D veloppement Durable du Transport et du Logement 2012 Assises Nationales des Risques Naturels Actes Bordeaux IRSTEA 120p En ligne URL http www developpement durable gouv fr IMG pdf Actes_Assises_ ANRN_09 05 12 pdf consult le 15 mars 2014 MEDDTL 2011 La d marche fran aise de pr vention des Risques Majeurs En ligne URL http www developpement durable gouv fr La demarche francaise de html consult 15mars 2014 Restier Melleray C 1990 Experts et expertise le cas de la France Revue Fran aise de Science Politique 40 4 pp 540 585 Rochet L 1998 Pr vision pronostic et simulation de risques la mod lisation in Decrop G Galland JP Pr venir les risques de quoi les exp
24. erts sont ils responsables Editions de l Aube pp 86 98 Roqueplo P 1996 Entre savoir et d cision l expertise scientifique INRA Editions Paris 112p Vidal Naquet P 1998 La territorialisation de l expert le cas des CETE in Decrop Galland Pr venir les risques d ja cit pp 43 54 Notes 1 Rapport d Information sur les inondations du Var et du Sud Est de la France de novembre 2011 Pierre Yves Collombat S nat n 775 24 septembre 2012 Voir aussi Rapport d information sur les d gats caus s par la temp te Xynthia pr sent par Jean Louis L nonard Assembl e nationale n 2997 1 juillet 2010 Rapport d information sur les cons quences de la temp te Xynthia Alain Anziani S nat n 647 7 juillet 2010 2 Decrop G Dourlens C Vidal Naquet P 1997 Les sc nes locales de risques CPER Lyon 1997 in dit 3 Rapport d information de Pierre Yves Collombat d j cit p 69 4 Le PER Plan d exposition aux risques cr par une loi de 1982 est une cartographie r glementaire annex e aux Plans d occupation des sols il a t remplac en 1995 par le PPRN plan de pr vention des risques naturels au vu de l chec patent des PER Malgr quelques am liorations le PPRN ne modifie pas la logique de l outil cartographique pi ce essentielle du dispositif public de pr vention En 2003 le minist re de l cologie tend cette logique aux risques technologiques avec les Plans de p
25. i avec la recherche g ologique acad mique la soumission de ses hypoth ses de ses m thodes et de ses r sultats un examen externe est rest e confin e au sein de la m me communaut institutionnelle elle est rest e dans un cadre monodisciplinaire strict la g ologie appliqu e l exception de deux br ves tentatives de conduite d expertise collective pluridisciplinaire En 1985 l alerte concernait la s curit de la route nationale en contrebas du Mont Sec C est donc la Direction d partementale de l quipement qui a t saisie de l affaire laquelle a saisi le CETE l organe technique du minist re de l quipement Les ing nieurs et experts du CETE disposent d une large autonomie pour se saisir d une mission la d finir et la conduire Vidal Naquet 1998 C est donc sans autre proc dure que celle d une routine bien rod e que le g ologue comp tent du CETE de Lyon s est saisi du dossier et a nou une collaboration avec le g ologue de la DDE et un g ologue de l universit voisine ces deux derniers ayant d livr le premier diagnostic Les liens professionnels et amicaux qui les unissaient auparavant leur VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 14 15 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi appartenance une m me discipline la g ologie appliqu e ont soud une
26. ique de pr vention des risques d inondation d nonciation r it r e et approfondie par la mission s natoriale cons cutive aux inondations catastrophiques du Var Cette derni re se livre notamment une critique sans concession et sans pr c dent des fondamentaux de la doctrine publique en mati re d inondations Seront elles davantage suivies d effets que les missions pr c dentes qui se sont succ d au fil des catastrophes et point les m mes faiblesses Cet article entend apporter sa contribution la cause de la pr vention des risques en soulevant notamment un point que les critiques ont jusqu ici laiss dans l ombre l organisation de l expertise publique des risques naturels en s appuyant sur le cas du risque des Ruines de S chilienne dans la vall e de la Romanche L auteure a effectu un suivi de la gestion de ce risque diverses tapes de son histoire une premi re fois de 1995 1998 comme sociologue participante l tude de vuln rabilit du risque de S chilienne pilot e par la DDE 38 puis l occasion d un programme de recherche du Contrat de Plan Etat R gion 1997 en collaboration avec Chritine Dourlens et Pierre Vidal Naquet et enfin en 2010 dans le cadre du programme ANR Risknat SLAMS L enqu te est fond e sur le d pouillement des archives de la DDE 38 sur une s rie d entretiens aupr s des VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14
27. l est tonnant qu il ait fallu attendre une directive europ enne pour se pr occuper d une question aussi essentielle que le niveau de risque contre lequel on entend prot ger la population En effet comment se fait il que l outil PER cr en 1982 puis l outil PPRI cr en 1995 n aient pas servi renseigner ces donn es cruciales alors qu elles sont au c ur de la doctrine de pr vention du risque Les S nateurs donnent la r ponse la vision r galienne du risque interdit toute n gociation du risque Celui ci d termin objectivement par des proc dures scientifiques garanties par l tat en confondant au passage l al a et le risque s impose aux collectivit s locales et aux populations Nulle d lib ration d mocratique ne peut donc venir d finir le niveau de risque socialement accept L absence de consensus cet gard se manifeste bruyamment apr s chaque inondation catastrophique dans la recherche des responsabilit s et l incrimination des acteurs publics En effet l absence de consensus v ritable politiquement robuste sur la protection collective face aux risques est sans doute la question la plus pr occupante Elle est d autant plus pr occupante que nous entrons dans une re marqu e d un c t par l intensification des risques li s au r chauffement climatique et de l autre par la r duction des moyens publics dans un contexte de r cession conomique durable sel
28. le risque dans leurs habitations devenues invendables La commune de Saint Barth lemy paralys e avait vu tout s crouler autour d elle tout sauf la montagne comme son maire l crivait dans un bulletin municipal en 1992 L administration centrale de son c t voyait le budget de pr vention augmenter d ann e en ann e sans que rien ne laisse pr sager un terme la situation En 1992 elle d p che donc une mission de validation de l expertise locale Elle est compos e de trois experts dont deux appartiennent au laboratoire central des ponts et chauss es Apr s une journ e de constitution du dossier Paris les grands experts ainsi les nommera t on VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 16 17 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi localement font une visite de deux jours sur le terrain Ils visitent le site et auditionnent les acteurs du dossier c est dire les fonctionnaires de la DDE et l quipe d expertise en place Leur rapport confirme l expertise locale Mais quel niveau de cr dibilit peut on accorder une telle valuation Les valuateurs n ont ni l ext riorit ni l ind pendance suffisante ils appartiennent la m me institution que ceux qu ils valuent dont ils partagent la formation et la culture La bri vet de leur visite et le fait
29. le site de la pr fecture de l Is re http www isere pref gouv fr layout set print Politiques publiques Risques Risques naturels Ruines de Sechilienne 9 Haroun Tazieff alors d l gu aux Risques majeurs s tait beaucoup int ress ce site et avait pr dit avec une large r percussion m diatique un effondrement analogue celui du Granier au XIIIe si cle 10 Le hameau est le seul terrain plat de la commune dont le bourg s tage sur le versant oppos au versant instable du Mont Sec Depuis les ann es 1970 les lotissements avaient commenc fleurir dans cette vaste prairie en rive gauche de la Romanche habit e jusque l par quelques familles enracin es depuis des g n rations dans ce coin de montagne 11 l appui de leurs inqui tudes ils invoquaient l effondrement survenu en Italie la Valteline sur un sc nario analogue Et la m me poque il y avait le site de la Clapi re surveill e par les m mes experts qui semble suivre un cours semblable celui de S chilienne malgr l aussi un sc nario catastrophe VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi 12 Les pr conisations furent en partie reprises dans la deuxi me tentative d expertise ouverte et collective qui eut lieu en 2005 dite mission Huet du nom de l Ing nieur g n ral
30. leurs engagements financiers tant en mati re de pr vention que de gestion de crises C est en effet sur elles comme l ont soulign les s nateurs dans leur rapport sur les inondations du Var que repose l essentiel de la charge financi re de la pr vention La doctrine publique est galement bouscul e par les transformations l oeuvre dans la probl matique des risques Depuis une vingtaine d ann es l attention publique est mobilis e sur des risques diffus et qui apparaissent par comparaison aux risques av r s et probabilisables ind limitables L incertitude en est le signe distinctif une incertitude que de simples tudes compl mentaires ne peuvent pas lever C est cette classe de risques qui a suscit le principe de pr caution Il a concern en premier lieu les domaines sanitaires et alimentaires mais il concerne aussi et de plus en plus les questions environnementales et avec elles les risques naturels Godard et al 2003 Au vrai ces derniers apparaissent au fil des catastrophes de moins en moins naturels et donc plus du seul ressort des sciences de la nature La complexit l intrication des causes humaines et des causes naturelles et l incertitude sont d sormais au centre de la probl matique On le voit avec le risque inondation dont il devient difficile de soutenir que l al a est purement naturel quand les manipulations des lits des rivi res et l imperm abilisation des bassins versants
31. lles hypoth ses beaucoup moins p nalisantes privil giant des effondrements de petits volumes se succ dant dans le temps en bref quelque chose qui ressemble fortement la repr sentation des habitants de souche dans les ann es 1990 Il n est pas jusqu au barrage sur la Romanche en cas de rupture d un volume cons quent qui au terme de nouvelles tudes hydrauliques ne pr senterait finalement pas de risque cataclysmique de submersion en forme de raz de mar e mais une sorte d effacement doux gu re sup rieur aux effets de la crue de r f rence du PPRI en cours d adoption dans le bassin de la Romanche Durville et al 2010 Ainsi pr s de trente ans apr s qu une alerte en forme de proph tie de malheur ait t lanc e les habitants de la basse vall e de la Romanche et du Sud grenoblois se retrouvent face une sorte de non lieu qui n est une bonne nouvelle qu en premi re apparence Car un examen approfondi de la mani re dont a t con ue et men e l expertise de bout en bout interdit qu on se rassure bon compte Dans la bo te noire de l expertise De sa constitution en 1985 sa configuration actuelle l expertise de ce risque cumule en effet un certain nombre de traits qui peuvent conduire mettre en doute la qualit de ses r sultats Elle a t constitu e dans une grande opacit puis elle a fonctionn sur un mode ferm sans confrontation ni avec une expertise ext rieure r elle n
32. lume 14 Num ro 1 mai 2014 10 24 25 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi a S chilienne o comme on l a vu on persiste depuis 30 ans dans le mode technocratique de l expertise Conscients des fragilit s de ce type d expertise et confront s a l exp rience de S chilienne les chercheurs du projet SLAMS dans une d marche interdisciplinaire entre sciences de la terre et sciences sociales ont labor un projet de guide de bonnes pratiques de expertise des risques de mouvements de terrain d clinant les trois principes d ind pendance de transparence et de respect du contradictoire qui font aujourd hui consensus et traduit d ailleurs dans une norme europ enne En esp rant par 1a ouvrir la discussion avec les acteurs administratifs politiques scientifiques de la pr vention des risques Un tel d bat est n cessaire et urgent La politique de pr vention des risques collectifs est aujourd hui en effet la crois e des chemins La reconfiguration du paysage des risques remet au centre de la probl matique l enjeu majeur de la construction du consensus social autour des risques Ce th me avait hant les derni res d cennies sous la d nomination de l acceptabilit du risque sans que le mod le r galien classique tout particuli rement dans sa version technocratique fran aise puisse lui donner la moindre consistance aussi
33. modifient l vidence le r gime et l tendue des crues Mais c est le cas aussi des risques g ologiques s ismes mouvements de terrain affaissement de cavit s de plus en plus pr occupants au fur et mesure de l urbanisation du pays Cette nouvelle configuration de la probl matique des risques ouvre la porte d une part des approches multidimensionnelles et pluridisciplinaires et d autre part la controverse L univers de la pr caution est fondamentalement un univers controvers o le processus de connaissance est mis au centre mais aussi o la science perd l autorit incontest e qu elle avait acquise dans la premi re modernit Beck 1998 Dans ces conditions le mod le d expertise technocratique qui est au c ur de la politique publique de gestion des risques apparait inad quat Ni dans la doctrine ni dans la pratique les modalit s d exercice de l expertise scientifique et technique publique ne font l objet d une quelconque mise en question Le sc nario de l effondrement des Ruines de S chilienne la crise sans la catastrophe Il appara t pourtant que l application de ce mod le engendre des effets contre productifs dont certains peuvent tre particuli rement p nalisants comme l histoire de l expertise du risque de mouvement de terrain de S chilienne le montre Decrop 2012 Un hameau et une route nationale dans la basse vall e de la Romanche au sud est de Grenoble taient men
34. ne crue naturelle Durville et al 2010 Il est noter que le chef de cette mission membre du conseil g n ral des ponts et chauss es est galement membre du coll ge d expertise et qu il a t partie prenante entre autres missions relatives S chilienne de la validation de l expertise de 1992 Ces nouveaux r sultats d expertise reposent ils sur des avanc es scientifiques dans la connaissance du m canisme du mouvement En r alit non Les experts disposent seulement d une plus longue s rie de donn es de la surveillance Ils les ont interpr t es diff remment notant qu avec le recul de pr s de 20 ans de donn es on voyait se dessiner une volution sans ruptures significatives Mais ils reconnaissent que le massif du Mont Sec est encore pour VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 21 22 23 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi eux une bo te noire et en appellent la recherche scientifique En 2010 le projet de recherche Slams dans le cadre du programme risques naturels de l Agence nationale de recherche dont cet article est issu a t effectivement lanc En 2013 aucun des scientifiques mobilis s dans ce projet n a encore t sollicit par le coll ge d experts Celui ci rend ses avis dire d experts comme c tait le cas pour leurs pr
35. niversitaire le P le grenoblois des risques naturels qui lui ouvrit l acc s la petite communaut universitaire mobilis e sur la probl matique des risques L entreprise se d roula sur une ann e et d boucha sur un rapport de synth se tr s op rationnel tablissant l tat des connaissances disponibles d un c t celui des incertitudes de l autre Le choix des sc narios de r alisation du risque s lectionn s d bouchait sur une proposition globale de gestion du risque comportant et des ouvrages techniques un double tunnel et un accompagnement social du devenir de la population locale et des communes concern es La d marche se voulait la fois ouverte rationnelle et globale Elle ne parvint cependant pas modifier le cours de l expertise g ologique qui resta confin e au sein de l quipe d origine la DDE on n avait apparemment aucune prise sur sa constitution et ses modalit s de fonctionnement L Etude de vuln rabilit n eut pas les suites que son auteur et ses acteurs avaient esp r Bien plus son instigateur consid r comme un marginal par l institution fut mut dans un poste obscur L administration referma bien vite cette parenth se o le risque avait failli devenir l occasion d une construction locale pluraliste et retourna ses proc dures habituelles Cependant des voix isol es s taient lev es venant de plusieurs horizons pour mettre en question l exper
36. nqui tante puisque la pr vention des inondations premier risque naturel de France est l objet depuis un quart de si cle de mesures administratives et techniques nombreuses et que l expertise publique en la mati re b n ficie d un r seau technique et scientifique tr s toff Il a fallu n anmoins attendre une directive europ enne sur le risque inondation en 2007 transpos e en 2010 pour d couvrir que la France ne disposait pas d une d finition solide des niveaux de risques acceptables Et il a fallu attendre 2010 VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi et la temp te Xynthia pour d couvrir que la France avait un littoral de 5000 km et qu elle tait expos e au risque de submersion maritime La mission du S nat suite aux crues du Var s tonne alors en ces termes L application de la directive europ enne va modifier substantiellement les pratiques fran aises et demander une importante mobilisation de moyens humains et financiers tant des services de l tat que des collectivit s territoriales Elle aura notamment pour cons quence une refonte en profondeur des modalit s actuelles de cartographie des inondations qui ne prennent en compte ni les trois niveaux de risques demand s ni les dommages humains conomiques et environnementaux potentiels I
37. ocratie technique Annales des Mines Responsabilit amp Environnement n 9 pp 63 72 Callon M et A Rip 1991 Forums hybrides et n gociation des normes socio techniques dans le domaine de l environnement La fin des experts et l irr sistible ascension de expertise in Environnement science et politique Les experts sont formels Collectif Germes Paris 13 pp 227 238 Charlier C et G Decrop 1997 De l expertise scientifique au risque n goci le cas du risque en montagne Paris Editions du Cemagref 104p CGEDD 2008 Risques et expertises Actes Paris MEDDTL 88p En ligne URL http www cgedd developpement durable gouv fr IMG pdf Actes_colloque_2008_cle018c15 1 pdf consult 15 mars 2014 CGEDD et IPEF 2011 L ing nieur la d cision et l action publique MEDDTL 36p En ligne Url http www cgedd developpement durable souv fr IMG pdf Actes_colloque_101125_CR_cle556557 pdf Decrop G 2012 Le risque des Ruines de S chilienne 1985 2012 l histoire de sa construction scientifique et technique de sa gestion op rationnelle et du sort des populations concern es ANR Risknat SLAMS 59p En ligne URL http www genevieve decrop fr pdf risque_sechilienne_histoire_expertise pdf consult le 15 mars 2014 Decrop G 2004 La montagne le hameau et le proph te de malheur histoire d un risque moderne Ethnologie Frangaise 2004 1 pp 49 57 Decrop G et J P Galland 1998 Pr
38. on toutes probabilit s Mais cet tat de choses pourrait bien voluer l avenir car deux facteurs remettent radicalement en question le dispositif public de prise en charge des risques la d centralisation et l incertitude qui accompagne la mont e des nouveaux risques La gestion des risques une affaire d am nagement du territoire Les collectivit s territoriales se sont saisies tardivement de la gestion des risques collectifs La premi re vague de d centralisation partir de 1981 n avait pas remis en question les pr rogatives r galiennes de l tat en la mati re La deuxi me vague de d centralisation en revanche a fait clater les contradictions de la politique publique en la mettant en porte faux Sa logique sectorielle et verticale percute la vocation horizontale et globale de la gouvernance territoriale La contradiction est frappante en ce qui concerne les outils de l am nagement du territoire le SCOT et le PLU sont des outils politiques concert s de planification et d urbanisme tandis que le PPRN et le PPRT sont des polices d urbanisme qui sont annex s au PLU et s imposent lui dans une d marche assez curieuse voire paradoxale o l annexe pr vaut du moins formellement sur le texte principal D s l origine cette anomalie a suscit tensions et dialogues de sourds entre l tat et ses administrations d concentr es d un c t et les conseils municipaux de l autre Bern
39. quipe qui a dur une quinzaine d ann es jusqu au d part en retraite de ses deux principaux membres Tant les institutions de rattachement de chacun que le maitre d ouvrage de la gestion du risque ont laiss l quipe une grande latitude comme l crira l expert du CETE La conception et la r alisation du dispositif de surveillance ont troitement impliqu l expert notamment dans la d finition des principes le choix des m thodes l laboration des r sultats et la d finition du cahier des charges Rochet 1998 Le titre de professeur de l un des g ologues apposait sur les dires des experts le sceau d une caution universitaire rassurante En r alit le professeur de son propre aveu tait extr mement isol dans son laboratoire universitaire relevant d une discipline mal consid r e et en perte de vitesse Il n a jamais b n fici de l apport scientifique de ses coll gues ni lanc aucun programme de recherche sur le mouvement de S chilienne Il a fonctionn l instar des autres membres de l quipe dire d expert Tr s rapidement les experts tombent d accord sur le diagnostic et mettent une hypoth se il s agit d un mouvement de d stabilisation du versant de grande ampleur avec un risque lev de rupture brutale suivie d un effondrement en masse Ils pr conisent une s rie de mesures techniques qui seront mises en uvre sans retard et mettent en place un s
40. r vention des risques technologiques PPRT 5 Dans sa d finition officielle technique le risque est le r sultat du croisement d un al a un agent physique et d une ou des vuln rabilit s soit les valeurs sociales expos es sa menace vies humaines activit s et biens de nature diverse Dans la pratique l valuation de l al a occupe l essentiel des services administratifs et techniques de l tat la diff rence de celle de la vuln rabilit pour laquelle aucune m thodologie solide n a pu tre mise au point 6 SCOT sch ma de coh rence territoriale PLU Plan local d urbanisme 7 Cet article de loi a t utilis pour classer en zone noire les habitations du littoral vend en et charentais susceptibles d tre balay es par le retour d une submersion quivalente celle provoqu e par la temp te Xynthia en f vrier 2010 Le nombre de maisons concern es 1500 dans un premier temps et les conditions dans lesquelles avait t men e l expertise avaient alors suscit localement une farouche lev e de boucliers suivi de contentieux multiples au tribunal administratif 8 Coll ge d experts dit Panet I M 2000 Expertise relative au risque d boulement du versant des Ruines de S chilienne Panet M 2004 IL Ruines de S chilienne Panet III 2009 Sc narios d volution du versant des Ruines de S chilienne ces rapports ne sont pas publics on trouve n anmoins le dernier en date sur
41. r la voie d une autre modernit Aubier Paris 521p Bernard I et al 1993 La pr vention des risques naturels Echec ou r ussite des Plans d Exposition aux risques CREDECO UNSA 207p Bonnaud L et E Martinais 2008 Les lecons d AZF Chronique d une loi sur les risques industriels La documentation fran aise Paris 160p VertigO la revue lectronique en sciences de l environnement Volume 14 Num ro 1 mai 2014 11 L expertise en question dans la gestion des risques naturels le cas des Ruines de S chi Bourg D et D Boy 2005 Conf rence de citoyens mode d emploi Editions Charles L opold Mayer 105p Borraz O C Gilbert et P B Joly 2005 Risques crises et incertitudes pour une analyse critique Cahiers du GIS RCSC Publications de la MSH Alpes n 3 257p Boy D D Donnet Kamel et P Roqueplo 2000 Un exemple de d mocratie participative la conf rence de citoyens sur les organismes g n tiquement modifi s in Revue fran aise de Science Politique n 50 pp 779 810 Brugnot G et M P Baligand 2007 La construction de l expertise collective au Cemagref une d marche en cours in R mi Barr et al Management de la Recherche de Boeck Sup rieur M thodes amp Recherches pp 345 363 Callon M P Lascoumes et Y Barthe 2001 Agir dans un monde incertain Essai sur la d mocratie technique Seuil Paris 358p Callon M 1998 Des diff rentes formes de d m
42. s de la situation On peut parler cet gard d une gestion paradoxale Sur le plan de la vuln rabilit par exemple les modalit s routini res de la pr vention notamment l arr t brutal de l urbanisation par le biais de l application de l article R 111 3 du code de l urbanisme mais un PPRI aurait produit le m me r sultat loin de r soudre la situation des populations expos es ont cr les conditions d une crise La commune de Saint Barth l my a d exp rimenter un prix lev pour elle une trange inversion de la crise et du risque et prouver les effets d une catastrophe avant que celle ci ne se produise Ce paradoxe n a pu tre r solu que par une mesure radicale l expropriation pr ventive qui a achev le processus de mort sociale engag avec l article R 111 3 et qui peut tre lourde de cons quences pour l avenir La m me mesure appliqu e dans le p rim tre du littoral atlantique affect par la temp te Xynthia a provoqu une lev e de boucliers et une fronde sociale Ces r sistances ne sont pas mettre au seul registre de la d responsabilisation individualiste Veut on en effet imposer l id e que face au risque le retrait est la seule attitude efficace et responsable Le gel du territoire du risque est il compatible avec la notion actuelle de r silience qui induit plut t l id e d adaptation et de n gociation du risque Au cours des ann es 2000 on a assist un
43. s une vingtaine d ann es au centre de nombreux d bats a la suite de controverses et d affaires en mati re notamment de risques sanitaires et environnementaux Sous la pression publique l expertise en ces mati res a d se r former et offrir des garanties en termes d ind pendance de transparence et de fiabilisation des r sultats Curieusement le champ du risque naturel est rest l cart de ce mouvement Il est encore sous le r gne du mod le r galien classique o l tat et ses experts exer ant une v ritable magistrature technique ont la haute main sur la d finition du risque et la prescription de la pr vention Cependant l expertise dans ce champ n est pas l abri de biais ou d interf rences d int r ts Cet article relate le cas d un fonctionnement opaque et en circuit ferm de l expertise dans un risque d effondrement g ologique dont les cons quences ont t lourdes pour la collectivit et les individus expos s Mais la question de l expertise doit tre replac e dans un questionnement sur la politique publique de pr vention des risques naturels en d calage avec le nouveau paysage des risques et les enjeux venir Technical and scientific expertise has been for the past twenty years in the midst of a number of debates following controversies in matter on sanitary and environmental risks Under public influence the expertise in this matter has had to progress and to offer guaranties
44. tion Par comparaison les risques naturels et industriels r put s connus et calculables semblent pr senter un visage relativement b nin domestiqu en quelque sorte Pourtant depuis le d but du nouveau mill naire quelques v nements spectaculaires auraient pu remettre en question cette classification ir nique des ph nom nes l explosion d AZF a Toulouse le 21 septembre 2011 une s rie d inondations catastrophiques depuis celles de la Somme en 2001 jusqu celles du Var en 2010 puis 2011 en passant par la temp te Xynthia en f vrier 2010 ont branl quelque peu la confiance dans le dispositif public sans pour autant le remettre s rieusement en question Du moins dans ses paradigmes La loi du 30 juillet 2003 relative la pr vention des risques technologiques et naturels dite loi Bachelot vot e suite au drame de Toulouse tend la pr vention des risques industriels les outils classiques con us par les corps d ing nieurs et d administrateurs publics Laure Bonnaud et Emmanuel Martinais 2008 ont montr comment les hauts fonctionnaires au sein du minist re de l cologie vinrent facilement bout du processus de consultation d mocratique lanc par deux ministres successifs pour imposer la reconduction de leurs sch mas Suite la temp te Xynthia des missions parlementaires du S nat et de l Assembl e nationale d nonc rent vigoureusement les incoh rences et les dysfonctionnements de la polit
45. tise locale soit sur son hypoth se de fond soit sur sa mani re de fonctionner Un coll gue universitaire du professeur expert qui avait une connaissance ant rieure du site pensait que l effritement de la falaise tait bien plus probable que l effondrement en masse et l a fait savoir dans le milieu local Un g ologue d un cabinet priv de g otechnique a fait parvenir la DDE un document tr s circonstanci mettant en question sur plusieurs points l expertise officielle du mouvement et proposant une autre strat gie d observation du ph nom ne Puis ce fut au tour du BRGM un laboratoire public d pendant du minist re de l Environnement de proposer une autre strat gie d approche du mouvement et une parade alternative au dispositif propos par l expertise officielle Les uns et les autres ont t soit ignor s soit d cr t s incomp tents soit disqualifi s non pas sur la base d une argumentation scientifique et technique mais parce qu ils taient soup onn s de n tre mus que par des int r ts commerciaux La discussion scientifique contradictoire sur le risque des ruines de S chilienne n a jamais pu avoir lieu malgr les demandes insistantes des lus et des habitants de St Barth l my de S chilienne La controverse emp ch e a d g n r en pol miques et en rumeurs r pandant sur la sc ne locale du risque un climat d l t re qui a ajout au malheur des victimes bien r elles d une c
46. yst me de surveillance du versant Le pr fet de son c t prend un arr t d interdiction de construire dans le hameau de l Ile Falcon expos au risque mettant fin ainsi et pour longtemps au d veloppement de la commune de Saint Barth l my de S chilienne Entre 1985 et 1990 les experts affinent le sc nario du risque sur le fondement de leur hypoth se de d part ils pr voient par suite de l effondrement la bouchure de la Romanche et donc l inondation de la partie amont la route nationale une centrale hydro lectrique une usine et la limite du bourg de S chilienne Mais le barrage ainsi constitu risque selon cette hypoth se de c der sous la pression du lac d autant que selon les experts l effondrement sera li des pisodes pluvieux et donc selon toute probabilit une crue de la rivi re et d engendrer une vague de submersion d ferlant sur l aval Face un risque de cette nature il y a pour les concern s deux questions essentielles L une est celle du temps dans quel d lai les ruptures du versant puis du barrage se produiront elles Et l autre celle du volume engag Quand et combien sont les deux questions lancinantes corrodantes qui p sent sur la collectivit concern e et les gestionnaires comme une redoutable p e de Damocl s Les r ponses ces questions d pendent troitement de l hypoth se retenue par les experts Or cette hypoth se ne sera jamais soumise
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