Rencontre débat du 2 février 2006 avec Magistrats des
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1. Lorsque la mission ne convient pas l expert doit se tourner vers le juge du contr le de l expertise afin de la pr ciser voire de la modifier Rappelons que le juge peut accro tre ou restreindre la mission sur les fondements de l article 236 du NCPC Sur les nouvelles dispositions du d cret du 28 d cembre 2005 Les nouvelles dispositions du d cret du 28 d cembre 2005 sont applicables compter du ler mars 2006 Certaines mesures ont pour objectif un gain de temps Ainsi l expert a connaissance plus rapidement de sa d signation En effet la d signation peut lui parvenir non seulement par lettre simple mais galement par tout moyen il s ensuit que la mission pourra tre adress e par voie lectronique De m me il appartient dor navant l expert de fixer un d lai aux observations et r clamations des parties au del duquel il n en tiendra plus compte En outre la tache de l expert est simplifi e 1l n est plus d sormais saisi que des derni res observations et r clamations re ues dans les d lais impartis Ainsi l expert ne tient plus compte d observations ou r clamations pr c demment d velopp es mais non reprises Par ailleurs il est cr l article 278 1 du NCPC ainsi r dig L expert peut se faire assister dans l accomplissement de sa mission par la personne de son choix qui intervient sous son contr le et sa responsabilit Cette disposition l galise la pratique des colla2. f rer mais toujours par rapport aux critures des avocats qui sont en quelque sorte une grille de lecture du rapport Un expert Donc il faut soigner le plan Monsieur le Pr sident BOYER Oui La table des mati res est importante Madame le Pr sident DALLERY Nous lisons le rapport la lumi re des questions qui nous sont pos es car il est clair que nous y cherchons des solutions aux questions qui nous sont pos es Un expert En cas de difficult s pour lire et interpr ter le rapport ne pourrait il pas y avoir un contact entre le juge et l expert Les arguments pr sent s par les avocats en plaidoirie peuvent d j avoir t pr sent s en expertise sous une forme diff rente et l expert peut y avoir d j r pondu d une certaine fa on qui ne soit pas forc ment vidente trouver pour le magistrat qui lit le rapport Madame le Pr sident DALLERY Il faut respecter le principe du contradictoire donc rouvrir les d bats Soit le juge a pr vu l avance cette difficult et a convoqu l expert l audience soit la difficult appara t lors des d bats l audience et il faut rouvrir les d bats parce que le juge ne peut pas alors s entretenir avec l expert hors la pr sence des parties Mme le Pr sident LAVAU Nous m me apr s d p t du rapport et la lecture du rapport en tant que juge de la mise en tat nous pouvons nous apercevoir que des choses nous chappent et ventuellement
3. provoquer les explications de l expert avant que l affaire n arrive au fond Sur les r ponses aux dires Monsieur PANSIER Par rapport la r forme la nouveaut essentielle est le dire r capitulatif Je crois qu il y a deux types de dires D une part le dire de l avocat qui fait progresser l expertise qui aide la r flexion et au cheminement de l expert et pour lequel il n est pas n cessaire d attendre la fin de l expertise afin d y r pondre D autre part le dire r capitulatif l expert doit annoncer aux parties avec un pr avis d un mois qu il fixe une date limite pour les dires r capitulatifs et qu il d posera son rapport un mois apr s la date fix e Il vous faudra r pondre avec la plus grande pr cision aux dires r capitulatifs A partir du ler janvier 2005 vous tes valu s et l un des crit res de l valuation des rapports est la pertinence des r ponses apport es aux dires J ai mis au point notamment avec les experts architectes qui le font de mani re syst matique une pr sentation standard avec une page de dire r capitulatif et les r ponses sur la page d en face pratiquement paragraphe par paragraphe rep r es par une bulle de couleur signifiante jaune bulle technique rouge bulle juridique etc En g n ral tout le sel de l argumentation d velopp e par l avocat sera d j dans le dire r capitulatif et quand l avocat va reprendre dans ses conclusions tel ou tel paragraphe d
4. des d sordres Par exemple en Seine Saint Denis l expert tait charg de rendre visite tr s rapidement aux 200 pavillons qui taient autour d une barre qu on allait faire imploser Au contraire l expert doit trouver des d sordres pour qu ensuite le promoteur ne soit pas inqui t On est l dans une cat gorie d expertises qui n a absolument rien voir avec l expertise d sordres Est ce que les experts qui font des r f r s pr ventifs sont aussi l aise puisqu ils sont chez des gens o ils vont devoir trouver des d sordres Des experts du b timent Deux experts r pondent qu ils sont l aise C est une d marche d intrusion la majorit des gens ne sont pas venus l audience donc l expert va expliquer d abord pourquoi il est l qu il n est pas dans la poche du promoteur qu il ne d fend pas les int r ts de l association de consommateurs mais qu il est les yeux et les oreilles du juge Ensuite nous observons que les gens vivent parfois dans des logements v tustes et qu ils ne voient pas les d sordres si bien que je m efforce de leur montrer les fissures Il y a un aspect pour l expert de mettre en vidence les d sordres en pr sence de la personne qui occupe le logement et en g n ral avec la collaboration du demandeur alors que le d fendeur regarde le paysage Monsieur PANSIER A Bobigny les magistrats du Tribunal re oivent tous les deux mois un tableau avec la list
5. pourquoi par qui et combien Pour les parties je pense notamment au demandeur cette approche doit permettre de bien faire avancer les choses Les Conseils des parties devraient jouer un r le important dans la mesure o l expert du juge est tr s demandeur d informations Il est important qu un moment donn de l expertise les parties et l expert aient la m me compr hension du quoi et du pourquoi Pour le juge cet ensemble de questions n est il pas un moyen de faciliter la r daction de la mission l exp rience montre que les missions les d taillent plus ou moins en ordre J ai l habitude de regrouper les questions de la mission suivant ces 4 paquets et souvent je les reclasse dans cet ordre En forme de conclusion La question se pose de la l gitimit de l expert Quelqu un a dit que la l gitimit s appuie sur trois pieds qui sont la l galit la comp tence et la confiance La l galit d coule de la nomination de l expert et de la mission confi e La comp tence est logiquement une des raisons pour lesquelles on a t nomm expert sur une liste de Cour d appel La confiance est le plus difficile obtenir Quand on d marre une mission on peut penser qu on b n ficie d un petit capital de confiance au d part J ai l impression que la ma trise d une m thode aide renforcer ce capital de confiance de la part des parties Expos de Monsieur Jean Claude ROMAIN Expert Judiciaire
6. s mais 1l doit clairer le juge S1 l expert a bien expliqu quels sont les probl mes et qui sont les acteurs des probl mes ce qu ils ont fait et ce qu ils auraient d faire le juge doit alors avoir la possibilit de d finir les responsabilit s des diff rentes parties COMBIEN Je n aborderai pas ce th me Propositions de r ponse aux trois questions pos es dans l introduction La m thodologie et la mission dans son cadre juridique La m thodologie ne s oppose pas la mission et son cadre juridique c est un moyen et non une fin La m thodologie permet une meilleure p dagogie ce qui doit permettre aux parties de mieux comprendre ce qui s est pass et pourquoi cela s est produit cela doit faciliter les conciliations ou rendre plus admissible la teneur du jugement La m thodologie et les autres secteurs d expertise Aux autres de r pondre nous en d battrons tout l heure Apports de la m thodologie pour les acteurs de l expertise Pour les parties cela peut aider la d finition progressive des griefs depuis l assignation jusqu la constitution du dossier de pr sentation Pour l expert la m thodologie est une aide au moins deux niveaux en plus de la clarification technique La conduite de r union afin de canaliser les d bats et imposer un plan de travail La r daction du rapport dont le plan peut tre d fini partir des quatre questions quoi
7. uvre et du Bureau de Contr le en pensant que la pr sence de l expert judiciaire va suppl er l absence de Ma tre d uvre dans la phase la plus d licate du chantier Il est clair que l expert doit exiger la prise en charge de cette phase du chantier par le Ma tre d uvre et le Bureau de Contr le L expert ne peut pas tre Ma tre d uvre mais c est en terme d organisation un M ta Ma tre d uvre Mais c est aussi un sachant et ce titre 1l est oblig de faire r soudre les probl mes qui pourraient mettre en cause la s curit des personnes et des biens Il s assure que tous les dispositifs n cessaires sont en place pour assurer la s curit Sur la m thodologie d analyse des d sordres Ne nous tendons pas davantage sur le d tail de cette phase de constats pour passer la phase suivante qui se produit pratiquement toujours d autant plus que les m thodes actuelles de r alisation des murs de sous sols donnent lieu des chocs Apr s les constats il y a toujours pratiquement des petits d sordres Les d sordres tant constat s en particulier apr s d molition fondations sp ciales et murs p riph riques la m thode d crite pour l industrie s applique avec certaines tapes courtes QUOI ressort des constats probl mes d carts POURQUOI en g n ral assez vident PAR QUI le nombre d intervenants tant pratiquement r duit un petit nombre d e
8. CN ID E C A COMPAGNIE NATIONALE DES INGENIEURS DIPLOMES EXPERTS PRES LES COURS D APPEL ET LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES Rencontre d bat du 2 f vrier 2006 avec Magistrats des Tribunaux de Grande Instance de la Cour d appel de Paris R flexions sur des m thodologies de conduite d expertise en proc dure civile Introduction aux d bats par Michel VILLARD Expert Judiciaire Pr ambule Mesdames et Messieurs les Pr sidents Ma tre Mesdames Messieurs Je suis heureux de vous accueillir cette r union d bat Je voudrais d abord remercier les Magistrats qui nous honorent de leur pr sence Madame le Pr sident Marie Laure DALLERY Vice Pr sident du TGI de Paris l re Chambre Madame le Pr sident Dominique LAVAU Vice Pr sident du TGI de Melun en charge du Contr le des Expertises Monsieur le Pr sident Bernard Marie BOYER Vice Pr sident du TGI de Bobigny 6 me Chambre Madame Ghislaine SIXDENIER Juge au TGI de Bobigny 6 me Chambre Monsieur Fr d ric J r me PANSIER Juge au TGI de Bobigny en charge du Contr le des Expertises et repr sentant le Pr sident du Tribunal Monsieur R my BOUSCANT Juge des r f r s au TGI de Cr teil et repr sentant le Pr sident du Tribunal Je remercie galement tous les Experts pr sents pour leur fid lit aux manifestations de la CNIDECA les membres de notre compagnie mais aussi nos amis du groupe X Expertise du Groupe des Centra
9. La r flexion initi e par M Alain LELUAN de la CNIDECA dans le domaine de l industrie et des sinistres industriels peut elle s appliquer au BTP Il y a 3 types d expertises en BTP Le r f r pr ventif qui fera l objet de mon expos Le r f r d signant l expert la suite d un ou plusieurs sinistres la m thodologie d finie par Alain LELUAN pour l industrie s applique L expertise caract re conomique consistant fournir au juge des l ments d appr ciation de pr judice ou un arr t des comptes entre Parties non concern par cette m thodologie En quoi consiste un r f r pr ventif Les r f r s pr ventifs sont actuellement en nombre important compte tenu de l activit du b timent En quoi consiste un r f r pr ventif op ration assez sp cifique du b timent Un Ma tre d ouvrage qui envisage de construire un ouvrage b timent usage d habitation ou de bureau ou usine ouvrage d art et qui craint que les entreprises ex cutantes causent des d sordres aux avoisinants du chantier demande un TGI ou un TA la d signation d un expert pour faire un constat de l tat des ouvrages voisins L objectif est de faire ensuite un autre constat apr s travaux le plus souvent en 2 temps apr s d molitions s il y en a apr s terrassements fondations sp ciales et gros uvre Pourquoi un expert en r f r pr ventif C est apparemment u
10. borateurs notamment en mati re d expertise comptable Il importe cet gard de distinguer l assistant du sapiteur lequel intervient pour mettre un avis technique dans une sp cialit diff rente et dont le rapport est annex au rapport d expertise L expert devra indiquer dans son rapport les noms et qualit s des personnes collaborateurs qui auront pr t leur concours Enfin le nouveau d cret pr voit une avance sur r mun ration lorsque la complexit de l affaire le justifie ainsi que l envoi automatique d un titre ex cutoire avec la taxation Expos de Ma tre Jean Pierre MARTIN Avocat Vous avez choisi de r fl chir sur les m thodes propres la conduite de l expertise judiciaire Vous tes des ing nieurs et vous avez conduit des expertises extra judiciaires qui vous ont permis de d gager une m thode de travail Peut elle s appliquer l expertise judiciaire Sans aucun doute car votre m thode de travail a certainement t accomplie avec un certain esprit cart sien il faut une cause un ph nom ne pour en trouver les cons quences Mais suivre ce raisonnement scientifique pour une expertise judiciaire est peut tre insuffisant car l expertise judiciaire ob it des r gles sp cifiques L expertise judiciaire est d abord une mesure d instruction confi e un technicien Un juge a besoin de conna tre son dossier Cette mesure d instruction est n cessaire au juge pour statuer sur les fait
11. e des architectes qui acceptent de faire des r f r s pr ventifs Je leur dresse un tableau comportant l tat de charge de tous les experts ce qui leur permet de conna tre la disponibilit de chacun et ceux qui sont volontaires pour faire des r f r s pr ventifs Sur la lecture du rapport par les Magistrats Un expert en g nie industriel Vous recevez de notre part des dossiers extr mement touffus et complexes qui font parfois plusieurs centaines de pages Quelle est votre m thodologie pour les lire est ce que vous lisez tout Est ce que vous lisez les annexes techniques les dires et les contre dires Madame le Pr sident DALLERY En qualit de juge du fond je commence par l expos des faits puis je regarde rapidement le corps du rapport avant d en arriver aux conclusions ensuite J tudie le rapport tr s s rieusement Je lis le rapport in extenso Pour r pondre aux moyens qui nous sont soulev s nous nous r f rons aussi aux r ponses aux dires et c est tr s souvent l que se trouve la solution nos probl mes Il importe donc que vous apportiez du soin ces r ponses Monsieur le Pr sident BOYER Pour ma part le rapport n est pas ma premi re lecture Le juge est saisi par les critures des avocats et le rapport est me semble t il plut t qu un roman commencer la premi re page et terminer la derni re une mine ou une documentation laquelle le Magistrat doit se r
12. e r pondre aux trois questions propos es encore convient il de pr ciser la signification des quatre parties de l expertise r sum es par les quatre interrogations quoi pourquoi par qui combien QUOI Assez souvent les griefs pr sent s dans l assignation ne suffisent pas pour savoir exactement ce qui s est pass et en quoi cela est diff rent de ce qui aurait d se passer Dans mon domaine l assignation va me dire en g n ral ce qui ne fonctionne pas dans une machine ce qui est cass L tude de la question quoi est la base de l expertise commencer tudier les autres questions sans avoir bien pos cette premi re question revient prendre des risques importants en mati re de compr hension partag e par les parties et en mati re de d termination des causes du sinistre R pondre la question quoi revient pour moi d crire un cart entre deux tats ce qui aurait d tre et ce qui a t S il n y a pas d cart il n y a pas lieu expertise Au pr alable il faut d finir chacun des deux tats Ce qui a t demand est parfois diff rent de ce qui tait souhait mais n a pas t formalis D crire la r alit c est aussi reconstruire l encha nement des faits qui ont abouti la situation pr sente Quand le film r el s est il diff renci du sc nario Il faut reconstruire l histoire de l objet du sinistre depuis la description du besoin exp
13. e ses conclusions le juge du fond pourra donc demander l avocat une critique de la r ponse de l expert La r ponse dans une bulle peut parfois tre tr s simple hors mission A partir du ler mars l expert peut se contenter de r pondre au dire r capitulatif et oublier tous les autres dires Parfois il faut demander au juge du contr le de venir une r union d expertise R cemment j ai visit 150 appartements c est aussi le r le du Magistrat d accompagner l expert sur certaines expertises compliqu es ou dangereuses Il n y a rien de plus g nant pour un juge du fond que lorsqu un avocat lui dit j ai fait trois lettres j ai d velopp tel et tel argument et l expert n a pas r pondu L expert peut faire le lien et dire ma r ponse est page tant mais l avocat qui n est pas forc ment un expert de la mati re ne pourra pas de bonne foi faire le lien entre le paragraphe correspondant dans le rapport et la question qu il a pos e Sur le dire conclusif on verra se d velopper une pratique analogue celle des conclusions r capitulatives dans lesquelles les avocats font du copier coller Les conclusions r capitulatives sont de plus en plus paisses et j en ai qui font souvent 120 ou 140 pages Un expert Quand il y a l ment nouveau je pense qu au d but a marchera bien parce que ce sera du vrai dire r capitulatif Mais tr s souvent les avocats dans le dire r capitulatif r servent un ar
14. ger une certaine contractualisation de l expertise L expertise ne repose pas sur un contrat Pourtant l expertise va g n rer une situation d apparence contractuelle o les trois parties en pr sence vont s engager des obligations l expert sous le contr le du juge les avocats et les parties Cette trilogie pour que l expertise puisse valablement fonctionner va devoir arr ter un v ritable consensus L expert va devoir tre un animateur comme le rappelait Madame la Pr sidente pour imposer un consensus permettant de g rer les questions pos es dans le cadre r glementaire du NCPC et surtout dans le d lai fix La contractualisation de l expertise repose sur le fait que ces trois acteurs arrivent d finir un v ritable mode d emploi pour arr ter un modus operandi sur les grands th mes de la mission savoir quand et comment les constatations vont tre faites pour d finir les causes voir s il est n cessaire pour l expert de s entourer des avis d un sapiteur sur les rem des faut il consulter imm diatement quelles entreprises sur les imputations l expert va les pr senter lors d une r union de synth se pour ensuite les proposer au juge qui les traduira en responsabilit s Il y a n cessairement des l ments perturbateurs une entreprise peut d poser son bilan Donc le m canisme qui a t mis en place l origine va se trouver branl sinon perturb Il faut donc que les pa
15. gument qui remet en cause les investigations d j accomplies Madame le Pr sident DALLERY dans ce cas ce n est pas un vrai dire r capitulatif et vous n tes pas tenu par le d lai annonc pour le d p t de votre rapport si vous tes amen s faire des investigations compl mentaires Ma tre MARTIN Le NCPC ne parle pas de dire mais de deux mots observations et r clamations Les avocats vont crire l expert en lui demandant de bien vouloir consid rer leur document comme un dire et de l annexer son rapport Des experts De fait la note de synth se inclut d j tous les dires qui ont t pr sent s depuis le d but de l expertise Il va donc faciliter la r daction des dires conclusifs La note de synth se n est pas mentionn e dans le d cret du 29 d cembre 2005 mais dans les Recommandations sur les bons usages entre avocats et experts dit es conjointement par le CNB et la FNCEJ courant 2005 au paragraphe 1 4 2
16. la pens e de celui ci mais le juge ne devrait pas en avoir besoin Je propose si on le souhaite d indiquer une fourchette de pourcentages d imputabilit qui est acceptable si elle d coule d un raisonnement et d une motivation pr cise Il serait en revanche inadmissible de poser des pourcentages ex abrupto dans un rapport Sur la question Combien Il appartient aux parties de chiffrer les diff rents postes de pr judices qu elles all guent et donc d tablir le lien de causalit avec le dommage L expert donnera ensuite son avis au vu des pi ces qui lui seront soumises Sur le r le de l expert La m thodologie propos e me para t galement tout fait int ressante parce qu elle met en vidence l aspect p dagogique du r le de l expert Il m appara t en effet tr s important que l expert explique aux parties ce qui s est pass Dans cette mesure elles accepteront mieux la d cision et les cons quences qui suivront peut tre se mettront elles d accord peut tre iront elles devant le Tribunal mais en tout tat de cause elles auront compris l analyse de l expert et la solution propos e Ce r le p dagogique de l expert est galement fondamental pour le juge qui pour bien juger a besoin de comprendre Je saisis cette occasion pour insister sur l aspect dynamique de la fonction d expert L expert doit s impliquer dans ses op rations d expertise montrer qu il cherche qu il v rifie les hyp
17. liens de l expertise et du groupe professionnel des Arts amp M tiers Le contexte de notre d bat Le bon sens est la chose du monde la mieux partag e c est ainsi que Ren Descartes 1596 1650 commen ait son Discours de la M thode il ajoutait plus loin dans la premi re partie 1 5 mon dessein n est pas d enseigner ici la m thode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison mais seulement de faire voir en quelle sorte j ai tach de conduire la mienne Nous lui avons emprunt en quelque sorte ce dessein et c est pourquoi nous avons intitul notre d bat R flexions sur des m thodologies Le champ de r flexion se limite la conduite d expertises en proc dure civile et plus pr cis ment aux expertises qui concernent des dysfonctionnements ou malfa ons d ouvrages En effet nous avons exclu les litiges relatifs la contrefa on et la propri t intellectuelle ou industrielle litiges qui nous semblent relever d une approche m thodologique appropri e Une bonne m thodologie contribue am liorer la qualit du rapport et ma triser voire r duire les co ts et les d lais Elle b n ficie aux trois acteurs de l expertise le juge les parties et l expert Pr sentation des orateurs Monsieur Alain LELUAN Expert judiciaire sp cialit M tallurgie Grosse M canique Monsieur Jean Claude ROMAIN Expert judiciaire sp cialit Travaux Publics G nie civil Mada
18. me Marie Laure DALLERY Vice Pr sident du Tribunal de Grande Instance de Paris Pr sident de la 1 re Chambre Ma tre Jean Pierre MARTIN Avocat sp cialis dans le domaine de la construction et plus particuli rement dans la d fense des Ma tres d uvre Expos de Monsieur Alain LELUAN Expert Judiciaire Dans le domaine de l industrie et des sinistres industriels une bauche d analyse fonctionnelle montre que l expertise revient tr s fr quemment de fa on tr s sch matique r pondre quatre questions QUOI quel est le sinistre traiter pour lequel le juge demande l avis de l expert quel est l objet du litige POURQUOI quelles sont les causes physiques du sinistre quelles sont les causes organisationnelles du sinistre PAR QUI quels sont les acteurs du sinistre qui a fait ou aurait d faire COMBIEN quelles ont les valorisations des pr judices en relation avec le sinistre Cette approche m thodologique conduit poser trois questions 1 Est t elle une g ne ou une contradiction par rapport au cadre juridique de d finition de l expertise la mission ordonn e par le juge le NCPC 2 Est elle aussi valable pour d autres secteurs d activit que celui des sinistres industriels Est elle de nature faciliter la t che des trois acteurs de l expertise que sont le juge l expert et les parties Pr cisions sur la m thodologie propos e Avant de tenter d
19. n travail d huissier Pourquoi un expert parce que la phase la plus importante de l op ration n est pas celle des constats initiaux parce que les d sordres qui se produisent ventuellement n cessitent une interpr tation imm diate pour une valuation des r parations dans la foul e Cependant d s la phase des constats initiaux il est bon de se poser la question de l origine des d sordres apparents car ceci peut avoir une incidence sur les pr cautions prendre en phase travaux La p riode la plus importante et la plus dangereuse est celle qui suit les premiers constats D molitions Terrassements ventuellement confortation de carri res Reprise en sous uvre et ou construction des murs des sous sols Les sciences de l ing nieur qui sont en cause dans cette phase sont la statique et la m canique des sols Id alement l expert doit donc tre comp tent en th orie des structures et m canique de sols L expert n est pas un Ma tre d uvre Pour que les op rations se passent bien il faut un certain nombre de conditions et en particulier que les op rations soient surveill es par un Ma tre d uvre Ce n est pas toujours le cas On constate souvent que la phase initiale du chantier est confi e un ou des sous traitants sp cialis s qui les entreprises g n rales font confiance que les Ma tres d ouvrage ne croient pas utile de mettre sous le contr le de leur Ma tre d
20. ntreprises diff rentes la r ponse est g n ralement facile COMBIEN r sultat de consultations L appr hension de cet ensemble est simplifi e par le fait que l expert suit le chantier Expos de Madame Marie Laure DALLERY Vice Pr sident du TGI de Paris Pr sident de la premi re chambre Sur la m thodologie La m thodologie propos e par Monsieur LELUAN en mati re de sinistre industriel m appara t pouvoir parfaitement s appliquer ainsi que vient de le dire Monsieur ROMAIN dans le domaine du b timent tout le moins en mati re d expertise de d sordres Cette m thodologie me para t en outre tr s int ressante et recueille mon adh sion Il me para t en effet fondamental de bien circonscrire l objet du litige d s le d part en r pondant donc la question Quoi Il importe autant que faire se peut de simplifier le litige en levant les principaux obstacles qui peuvent se pr senter et en clarifiant les faits afin d aller l essentiel Proc der de la sorte vite de partir sur des bases erron es permet de lever les ambigu t s que peut comporter la mission et d tre en accord sur l objet de la mission Sur la question Qui Sur le point de savoir si l expert doit indiquer ou non des pourcentages d imputabilit je crois qu il s agit l d un faux d bat dans la mesure o l imputabilit d coule du raisonnement de l expert Les pourcentages permettent de mat rialiser
21. oth ses mises Il est normal que l expert doute et il peut en faire tat d s lors qu il s agit d un doute constructif sa cr dibilit en d pend Les parties doivent suivre l expert dans son cheminement et non pas l inverse C est lui qui dirige les op rations en se gardant toutefois de faire montre de rigidit ou de suffisance L expert ne doit pas h siter se tourner vers le juge dans le cours de ses op rations notamment pour obtenir sur le fondement de l article 243 du NCPC la production de pi ces qu il ne parvient pas obtenir Il importe galement que l expert respecte scrupuleusement le principe de la contradiction et le fasse respecter aux parties Sur la r daction de la mission Il existe de nombreuses missions d expertise en fonction des secteurs d activit s m dical b timent comptable artistique Dans chaque secteur il existe diff rents types d expertise le r f r pr ventif et l expertise de d sordre en mati re de b timent par exemple Au sein des Tribunaux il existe des missions type chaque Tribunal ayant ses habitudes Le juge lui m me adapte la mission au cas particulier qui lui est soumis Il para t donc difficile d envisager une uniformisation des missions Toutefois le rapport lui m me peut s organiser autour du plan propos par Monsieur LELUAN notamment en mati re de b timent d s lors qu il est bien r pondu toutes les questions pos es
22. r l origine l tendue et les causes des d sordres rechercher l tendue fait r f rence la question quoi rechercher l origine et les causes la question pourquoi Madame le Pr sident DALLER Y Sur la question d licate de la limite du travail de recherche et d investigation de l expert je voudrais dire quelques mots L expert peut s interroger sur le contexte du litige sur lequel il intervient mais il est tr s important qu il ne d passe pas les limites de la mission qu il n int gre pas dans son rapport des l ments qui n en font pas partie Certes ces limites sont parfois difficilement exploitables la lecture d une assignation impr cise L expert peut avoir du mal savoir s il se trouve ou non dans les limites du litige Il lui appartient alors de se tourner vers le juge du contr le de la mesure d instruction pour faire pr ciser sa mission Un change doit avoir lieu la premi re r union d expertise sur le p rim tre du litige Un expert du b timent Supposons que l on d couvre un risque d accident que la s curit soit en cause l l expert est bien oblig de faire traiter les probl mes m me si ce n est pas dans la mission il a une obligation de conseil Monsieur BOUSCANT Un juge des r f r s nomme un expert d finit la mission mais ne saura jamais ce qui s est pass par la suite Les assignations sont floues on travaille sur des trames de missions qui sont so
23. rim de la conception de la fabrication du montage de la mise en service de la maintenance pr vue et r alis e de l utilisation pr vue et r elle POURQUOI Il s agit l de la d termination des causes physiques du sinistre Assez souvent dans l industrie d ailleurs on constate qu il y a d autres causes que des causes physiques des causes d ordre organisationnel entre les acteurs Avant de r pondre au qui j ai tendance classer ces causes d ordre organisationnel dans le pourquoi Dans notre secteur deux principales m thodes peuvent tre utilis es s par ment ou conjointement en fonction de l ampleur des d gradations Devant un syst me qui est encore en tat de fonctionnement partiel ou int gral Relever tous les carts entre ce qui tait pr vu d finition normes r gles de l art et ce qui a t fait liminer les carts qui ne sont pas en rapport avec le sinistre et d terminer les carts qui peuvent avoir t seuls ou conjugu s d autres cause du sinistre primaire secondaire aggravante Face un syst me qui est totalement d truit ou qu il est impossible de faire fonctionner A partir des constats de l historique reconstitu mettre en comp tition plusieurs sc narii bas s sur des causes d origine diff rentes et d terminer celui ou ceux qui permet tent d expliquer le sinistre PAR QUI L expert n a pas d finir les responsabilit
24. rties reprennent leurs discussions pour arr ter un nouveau consensus Mais l expert doit faire preuve d autorit imposer sa volont non pas sous forme d autoritarisme mais par le biais d une discussion pour que sa mission soit ex cut e dans la stricte limite et conditions de la d cision judiciaire le d signant C est ce qui r sulte du rapport Magendie o l on parle de consensus Les anciens experts disaient qu une expertise correspond un tiers de technique un tiers de juridique et un tiers de psychologique et je crois qu ils n avaient peut tre pas tort Dans vos expertises souvenez vous en voil le message que je voulais vous faire passer R sum des d bats Sur la mission Ma tre MARTIN Les 4 parties voqu es la cause la cons quence les rem des et les imputations constituent l axe central d une mission d expertise b timent Un expert de l industrie La partie concernant les rem des est nettement r duite dans l industrie Un expert du b timent La mission fait r f rence d abord aux d sordres et ensuite on nous demande si les r gles de l art les r gles de construction ou les obligations contractuelles ont t respect es pour ces d sordres Parfois des gens aimeraient bien nous faire dire que l ouvrage n est peut tre pas tout fait conforme avec ou sans d sordres et l on est en train de nous faire refaire la r ception de l ouvrage Dans une mission type b timent Recherche
25. s qui lui sont soumis et elle ne doit porter que sur les faits qui sont n cessaires la solution du litige La m thode va devoir se caler sur l objectif et sur l essence m me de la mesure d instruction Cette mesure d instruction peut galement tre d cid e si on a besoin d tablir ou de conserver des l ments de preuves article 145 du NCPC Le technicien peut avoir trois cat gories de missions constatation consultation ou expertise L expert doit accomplir sa mission personnellement r pondre aux questions qui lui sont pos es et le faire avec objectivit conscience et impartialit L expert ne peut en tout tat de cause concilier les parties A partir de ces l ments quelle m thode va pouvoir tre adopt e pour l expertise La m thodologie qui a t expos e est indispensable puisqu elle recouvre les grands th mes de r flexion de l expert travers les missions qui lui sont confi es Mais cette m thode est peut tre encore insuffisante parce que l expert doit r pondre dans un d lai L expertise judiciaire se d veloppe le plus souvent dans un cadre conflictuel et souvent l expertise est la premi re occasion donn e aux parties qui ne se parlent plus depuis des mois de se retrouver autour d une table Donc l expert doit d abord faire preuve d une certaine autorit puisqu il exerce une mission sous le contr le d un juge et en cas de difficult il doit en r f rer au juge Peut on envisa
26. uvent trop g n rales et qu il faut corriger la main et d s le d part le Magistrat est d j tent d orienter l expertise vers une solution qu il pressent et cette d rive est un peu dangereuse Il appartient donc aux avocats de r agir par rapport la d finition de la mission d s le d but de l expertise Ma tre MARTIN Il est tr s difficile un juge des r f r s de pouvoir commettre un expert avec pr cision sur un cadre flou Le barreau de Paris a t tr s attentif ce que chacun de ses membres puisse r diger des assignations suffisamment pr cises avec des constats ou des expertises amiables permettant au juge de cadrer le probl me afin de d finir d abord la sp cialit de l expert Madame le Pr sident LAVAU Il nous appartient nous juges des r f r s dans des d lais extr mement brefs la huitaine la quinzaine avec des l ments pour le moins succincts des avocats qui ont plus ou moins r ussi soutirer leurs clients les l ments utiles de faire pr ciser les limites du litige et de demander l avocat en vertu d un d lai qui peut lui tre donn de cadrer beaucoup plus le proc s qu il est en train de mettre en place sinon on part dans une mesure tr s floue que personne n arrivera cadrer qui peut durer des ann es et d boucher sur tout et n importe quoi Sur le r f r pr ventif Monsieur le Pr sident BOYER En r f r pr ventif on n a pas des gens qui se plaignent
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