UN REGARD INNOVATEUR SUR L`ART À LA VIEILLESSE
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1. vivre cette exp rience comme un prolongement entre les r flexions et l expression comme un pont entre les g n rations et peut tre m me comme soutien pour mieux vivre Toutefois g n raliser que tous les gens tr s g s pourraient faire des arts plastiques serait un manque de discernement car l opportunit est laiss e a ceux et celles qui d sirent vivre cette exp rience Une dame g e de quatre vingt dix ans relevant d un ACV dit pour ceux en qui cela sommeille il est important de les rejoindre Ce serait plut t l ducation ou la perception que l on a des arts plastiques qui rebuteraient l implication de la personne mais aussi l absence d approches et d interventions ducatives aupr s de cette population p nalise encore celle ci Mme Lapalme donne son point de vue les personnes g es pensent que c est fini trop tard elle n ont jamais pris le temps dans la vie de s y mettre pour moi a t une d couverte et mes douze enfants ont pris cela c ur c est comme un cadeau qui me PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com serait fait Mme Proulx nonag naire s exprime encore cela me semble moins r barbatif que a me semblait et Mme Rochefort 88 ans elle aussi ses premi res exp riences me dit cela me semble moins loin de moi et Mme Bergeron ajoute a nous fait penser autrement Les participants sont n s a2. L approche des ateliers d arts plastiques que je pr sente ne demande aucune habilet sp cifique et ne veut pas gu rir de quelque chose c est une relation avec l art privil giant le dialogue lib rant un contenu visuel riche d une exp rience de vie Encore selon Jean Onimus l art lib rateur nous rend nous m me en nous remettant en contact avec ce qu il y a de plus pr cieux en nous Onimus 1992 p 9 Notre dur e de vie de plus en plus allong e va n cessiter des changements ou de nouvelles visions sur notre condition de vie la vieillesse Actuellement comme je le d velopperai plus loin des gens s investissent dans des recherches afin de d couvrir les capacit s du vieil ge plut t que d tre ax s uniquement sur des pathologies Par mon exp rience en enseignement des arts visuels avec les gens d un ge tr s avanc je souhaite d montrer que la cr ativit demeure une source toujours disponible Cette recherche a pris forme gr ce une exp rience que j ai v cue pendant deux belles ann es aupr s d un groupe de nonag naires Tout en poursuivant cette d marche sur l art la vieillesse je fus confront e tr s peu de documentation qui traite de la cr ation avec ce groupe d ge L absence d approches en arts plastiques p nalise les personnes tr s g es qui sont n es une poque o l on ne faisait pas vivre des exp riences artistiques la population en g n ral
3. es 2000 avec des nonag naires inoubliables qui ont stimul cet engagement pour une recherche plus approfondie en 2003 2004 Dans le deuxi me chapitre je traiterai de quelques auteurs qui ont crit sur la vieillesse G rald Quitaud et Marie Claire Landry sont deux des r f rences des plus loquentes en ce qui concerne le pouvoir cr ateur pour tous les ges et en particulier celui des gens g s Je m appuierai sur leur discours et leurs recherches en ins rant quelques citations qui se sont r v l es essentielles dans le parcours de ma pratique en enseignement des arts visuels en relation avec les gens tr s g s De plus je rendrai compte d une rencontre avec le pr sident de l Association pour le Soutien de l tude du Vieillissement l ASEV Monsieur Jules Collier qui voque son attirance et son merveillement pour l art D autres informations tir es de quelques articles d montreront que plusieurs chercheurs et personnalit s ont contribu apporter un nouveau regard sur la vieillesse Le troisi me chapitre est une description des activit s qui ont t d velopp es sur le terrain Cet expos ciblera des informations pr cises sur le d roulement des ateliers qui visaient stimuler la cr ativit des personnes tr s g es L objectif de favoriser un nouveau regard sur l art la vieillesse n cessite de compl ter cette investigation par de courtes analyses pour bien d montrer le potentiel cr at
4. g e de 92 ans qui habite la r sidence me confie un jour qu elle se sentait chez elle depuis que ses dessins sont sur les murs de sa chambre De plus le dialogue entre elle et l uvre se poursuivait car elle revenait aux cours avec un regard plus critique et avec d autres intentions Comment est per ue la capacit de cr er la vieillesse Mme Duval une des nonag naires qui a particip au cours de juillet 2000 juillet 2002 de fa on r guli re donne ses impressions des ateliers a nous donne l impression qu on tait capable de faire quelque chose qu on a pr vu d avance puis on est fi re du r sultat a nous donne toutes sortes de cr ation Comment sont per ues les uvres de leurs copines Mme Duval nous dit a me stimule Elles sont tr s capables Il y en a qui ont un tr s beau talent elles ont appris dans le pass et a nous stimule de voir qu elles sont capables de faire de belles choses m mes avec un ge tr s avanc J aime voir ce qu elles font ce sont des grandes mes on a une richesse c t de nous et je l appr cie Et elle ajoute on s enrichit des autres PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com Une autre dame aussi nonag naire et qui a de l exp rience en arts visuels dit cela apporte une joie et le fait que l on soit en groupe cela est plus stimulant parce qu on apprend des choses nouvelles en regar
5. grer l exp rience des crits d artistes comme Kandinsky Alechinsky Gide et bien d autres contribuent mettre en r sonances que cr er va au del d un simple divertissement D roulement Voil notre premi re rencontre quelques pensionnaires s approchent une dame nonag naire avance et dit voix haute je n ai pas de talent je viens voir ce n est pas en moi Les autres ne disent rien mais elles pensent un peu la m me chose Je leur dis merci de votre disponibilit Elles prennent leur place avec un regard inquiet mais malgr leurs doutent elles viennent quand m me explorer un premier cours en art visuel Nous commen ons je donne des explications en d posant sur la table une s lection d objets choisis pour tre dessin s individuellement sur une feuille blanche avec un fusain ensuite les m mes objets doivent tre redessin s sur une autre feuille de papier kraft en superposant ceux ci Et pour mener l exp rience plus loin je leur demande verbalement d int grer deux autres l ments un arbre et un triangle Nous nous retrouvons devant un r seau de lignes en perdant de vue certains l ments L tape suivante est d int grer la couleur L application de la couleur dans les espaces vient reconstruire ou r organiser la composition et en unifier le contenu Lorsque j ai demand de dessiner un triangle elles me demandent o quelle PDF created with FinePrint pdfFactory Pro tria
6. importe quand dans le parcours de la cr ation puisqu il est un moment impr vu cela ne se commande pas Rencontre r ception PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com c est aussi l lan dans un champ libre L uvre peut contenir plus d un de ces moments privil gi s pour se construire et se r v ler soi Ce moment poss de une sonorit c est comme le volume de la r ceptivit qui est certains moments plus fort ou moins ouvert R appropriation dans un premier temps une r appropriation de soi demande un effort et les r alisations en arts favorisent ce rapprochement afin d tablir ou de r tablir cette unit de dialogue ce va et vient du contenu indissociablement li soi Quitaud nous dit que la prise de possession de soi est l acc s soi Quitaud 2001 p 43 S exprimer dans un langage pictural c est privil gier travers l exp rience une vision plus clair e de soi m me Vivre son plein potentiel cr atif c est jouir d un lien vital et accessible d bordant dans un contenu devenu visible par le geste et l expression picturale Le contenu en tant disponible le contenu r v le une mise en sc ne provenant du dedans devenu visible Ce rapport intime v hicul dans des moments artistiques s exprime dans un langage pictural compos de traits de formes de couleurs de signes de symboles et d images devenues possibles apprivois
7. ments concrets comme objectif d apprentissage plastique avec des mat riaux et de donner des moyens simples pour acqu rir certaines connaissances du langage plastique L approche avec un mod le peut tre un outil de repr sentation menant une interpr tation cr ative et prenant de multiples visages L utilisation d un objet peut nuire si l exigence est de faire identique une pression ext rieure pourrait en d courager plusieurs par contre la figuration est n cessaire car elle donne une assise une r f rence et un lien concret avec la vision ou le v cu des personnes g es Sa fonction devient un l ment d clencheur ici se serait de les mettre en app tit pour les inciter approfondir Landry 1994 Le mod le est un l ment formateur il peut tre utilis pour prendre contact avec les mat riaux et pour comprendre visuellement certaines notions plastiques Il est un tr s bon outil de d part pour donner des moyens de base et certains y trouvent une force de concentration une motivation r aliser ou concr tiser ce qu il voit en le reproduisant Les gens g s sont marqu s par l art figuratif le mod le est un l ment essentiel dans le parcours Le mod le dans un processus devient un outil pour surmonter des blocages les gens g s gagnent de la confiance tout en favorisant et en int grant des connaissances qui stimulent l expression picturale Ils ont 80 ans et plus nous ne pouvons pas mettre beauco
8. s feuille il s agissait de tracer une forme lin aire et partir de ces esquisses re conqu rir la forme qui se r p te naturellement en y int grant des nuances et des contrastes avec un m dium sec le s pia la sanguine le blanc et noir L objectif tait que le geste soit une priorit afin de p n trer dans la mati re Se visiter partir de son geste voir l cho d une trace d une forme puis e l int rieur de soi Mme Lapalme 93 ans uvres de Mme Labrosse Mme Latreille Mme Duval et Mme Lapalme PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com L empreinte d un objet L objectif du cours tait de donner une autre vie ou un autre environnement des objets en faisant si possible dispara tre les objets La transformation oriente vers un langage plus personnalis et permet de d velopper une autre vision ou une autre mani re de solliciter la cr ativit Peinture acrylique sur papier Mme A Mme Labrosse PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com Le masque Sur une planche de polystyr ne et un bref aper u de photographies de masques primitifs le th me fut une occasion d explorer l expression d un personnage de fa on personnelle laissant ainsi la place la cr ativit Peinture acrylique sur une planche de polystyr ne fix sur une feuille noire Masque r alis par Mme Duval Masque r
9. s sont une rupture avec le pass en explorant de nouvelles visions de l art dans un champ libre li au mouvement d une exp rience de vie de leur vie 4 2 Les approches Comment dans le concret d une activit en atelier solliciter davantage la cr ativit de la personne tr s g e Cela n cessite des approches et des strat gies adapt es des situations cr atives pour rejoindre le potentiel cr ateur en ayant un regard positif sur les capacit s de cr er m me un ge tr s avanc Chaque cours peut faire appel une nouvelle approche c est vivre au pr sent en prenant le pouls d un ensemble d individus int ress s travailler une mati re dans laquelle ils auront laborer un contenu J utilise quatre approches qui offrent plusieurs possibilit s d exploiter le monde des arts visuels je planifie des activit s avec mod le d autres sans mod le jy ajoute une approche culturelle et m me j utilise aussi une approche collective Ces diff rentes mises en situation ont pour fonction de stimuler ou d activer le potentiel cr ateur L approche avec mod le Les ateliers avec mod le ont pour fonction de solliciter diverses explorations plastiques par exemple une repr sentation mim tique d un objet ou une interpr tation multiple d un m me objet qui sert de pr texte Le but est de se servir d un ou plusieurs PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com l
10. En France a fait d j un moment qu on propose des activit s artistiques aux personnes tr s g es Ici au Qu bec on constate un grand vide du c t des interventions ducatives en art aupr s des gens g s pouvant mener des r alisations artistiques Ce qu on entend r guli rement c est que les activit s artistiques offertes aux gens tr s g s sont consid r es comme un passe temps de nature occupationnelle cela m irrite parce que cela traduit une perception r ductrice de l art la vieillesse de m me que par rapport la port e du PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com contenu de leurs r alisations Lorsque je suis en compagnie de mes groupes de personnes g es l ge dispara t ils peuvent voquer des souvenirs d un pass lointain leur vision sur le pr sent sur le futur et sur diff rents sujets Nos rencontres sont une opportunit de pouvoir transposer dans l exploration de la mati re et dans l expression cr atrice picturale un contenu patrimonial ou personnel De plus des statistiques nous r v lent que le XXT si cle conna tra un accroissement de la population de personnes g es Kofi Annan a r v l lors de la deuxi me assembl e de PONU sur le vieillissement Madrid en avril 2002 que la France ne comptait aucun centenaire en 1800 qu elle en comptait 10 en 1900 12 871 au d but de 2003 et qu il y en aura 165 000 en 2050 On pe
11. alis par Mme Latreille Masque r alis par Mme Labrosse PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com Le collectif et sa flore Toujours en mouvement d une personne l autre l ensemble du contenu se d veloppe en tournant et en d pla ant la feuille chaque personne a quelques minutes pour travailler avec la mati re elle doit r agir vite et la passer son voisin Dans ce travail collectif les gens sont actifs et confront s des ajustements constants en int grant forme et couleur Dans le parcours elles doivent poser des gestes introduire leur trace en laborant le contenu avec les autres participantes R alisation au pastel sec Travail collectif 1 2 Conclusion Les r alisations de ce groupe de l ann e 2000 2002 ont d montr une grande diversit une disponibilit vivre et composer avec diff rents sujets et ce avec une grande ouverture d esprit De plus l attention qu elles portaient toutes les r alisations du groupe est devenu un des moments les plus appr ci s de la vie en atelier leur mani re de voir et de critiquer apportait un clairage une motivation et une continuit Un jour une nonag naire qui habitait la r sidence me confia qu elle se sentait chez elle depuis que ses dessins taient sur les murs de sa chambre Par ces ateliers et par la r action de mes dames g es j ai vraiment compris la n cessit d un changeme
12. atelier en arts visuels est une occasion dvivre travers le dessin la peinture la sculpture et ce avec les autres Suite quelques cours Mme Vincelli vient me voir et me dit depuis qu elles font des arts je peux mieux prendre le pouls de mes dames Ici la relation est primordiale l encouragement la strat gie le choix des mat riaux et des th mes sont des l ments importants qui nous am ne vivre pleinement un moment artistique de qualit et significatif La clef est de cr er une relation de confiance tenir compte que l intention est avant tout de s exprimer et de guider l activit pour qu il y est juste assez de d fi pour qu merge une expression sensible de la personne tr s g e Le pass et le moment pr sent suscite une composition picturale unique pouvant lib rer des sentiments qui v hiculent une identit travers une poque ou encore une symbolique personnelle ou spirituelle Et je crois que le futur de la personne g e est un espace profond ment intime J aimerais ajouter que certaines difficult s pourraient provoquer un d sengagement de la personne tr s g e Il est donc capital de tenir compte de certaines fragilit s qui viennent avec l ge et de l effort ce qui est demand par l activit artistique Une attention bienveillante leur condition est absolument n cessaire pour optimiser lacte cr atif par exemple viter toute forme de pression et de lourdeur Se sensib
13. vision fa onn e ce sont des mots qui font sens et que je retiens du livre Le mal du Nord Perreault 1999 p 291 car les souvenances ne sont pas uniquement la base des ateliers en arts visuels pour les gens tr s g s Tout d abord je crois qu un processus cr ateur est toujours en mouvement de fa on intime et en lien avec les autres personnes il se manifeste dans diverses situations gravite en dedans et en dehors de soi en impliquant l enseignante et les tudiants Ce processus int gre plusieurs l ments de construction de d construction pour nouveau reconstruire et ouvrir sur l tre tre et faire des choix nouveaux liant le geste et la prise de conscience Voici quelques mots cl s que je d crirai bri vement et qui contribuent un processus en lien avec la cr ativit rupture mouvement action lan champ libre rencontre r ception r appropriation contenu se r aliser La rupture c est un l ment qui fait appel un contre mod le pour briser des perceptions erron es un fil conducteur personnel peut maner de la rupture menant une source profonde mais inconnue un espace conqu rir se conqu rir une philosophie de Paul Val ry Le mouvement est porteur de rupture et de renouveau l infini Son parcours est reli des actions en mouvement venant de l ext rieur et de l int rieur pouvant d construire et faire merger des nouveaux contenus remettre en question des per
14. vous faire part d une citation que je retiens de Matisse crit en 1951 g de 82 ans ma seule religion est celle de l amour de l uvre cr er Mais je ne me sens nullement disons capable d tre un artiste mais je suis fort int ress par cette probl matique de recherche et d exp rience Collier 2004 Ces r f rences de chercheurs et d intervenants aupr s des personnes g es m ont permis de croire davantage en mon projet et surtout elles ont enrichi continuellement ma r flexion au cours des diff rentes tapes du projet entrepris CHAPITRE II Les ateliers 3 1 Introduction aux ateliers Samedi le17 janvier 2004 la R sidence Outremont je donne une conf rence sur l art la vieillesse Le contenu est appuy d une documentation visuelle et d une exp rience r elle v cue au Manoir Louisiane Afin d tablir des liens je montre des diapositives expliquant quelques rencontres soutenues de t moignages sinc res des nonag naires Je cite certains chercheurs dont Quitaud et Landry qui proposent une vision et un discours sur la cr ativit la vieillesse qui est tr s actuel et qui int grent des concepts pratiques pour le d veloppement de ma recherche Or nous savons aujourd hui que la vision et travers elle la perception de notre environnement est chose unique Quitaud 1993 p 42 Entre autres lors de cette rencontre conf rence la r sidence Outremont LE VIEIL ART titr
15. 1991 il publie dans la revue Vieillir en Cr ation son approche artistique et sa perception de la cr ativit aupr s des personnes tr s g es Selon lui le Vieil Art est encore l objet de trop peu d observations d analyses et tout simplement m me d hypoth ses Quitaud 1991 p 77 Dans son livre Le voyage vers l uvre Les liens multiples unissant l homme au processus cr atif crit en 1993 Quitaud aborde d cortique explique diff rents aspects de la cr ativit disponible chez les individus int grant tous les ges Il fournit des donn s et des r flexions th oriques impliquant des connaissances tr s enrichissantes sur plusieurs plans en voquant les forces artistiques scientifiques spirituelles biologiques et bien d autres toutes li es au processus cr atif Cet artiste chercheur auteur humaniste d crit sa pens e sur les d nouements du processus cr atif li s l inconscient conscient et l uvre reliant d autres vecteurs cr atifs Ses th ses sont renforc s par des connaissances et des sommit s en psychologie en philosophie et en arts visuels Les recherches de Quitaud stipulent que le passage de la cr ation est un processus qui doit tenter la relation conscience inconscient et que cr er est accepter rechercher mettre en relation ces deux entit s apparemment antagonistes Quitaud 1993 p 165 Quitaud nous dit que les personnes g es sans jamais avoir cr au
16. UN REGARD INNOVATEUR SUR L ART LA VIEILLESSE Viviane MYETTE Montr al Introduction Est ce n cessaire ou r aliste de commencer faire des arts plastiques la fin d une vie Ma pr occupation dans cette recherche est de d montrer le potentiel cr ateur des octog naires et nonag naires de valoriser ces derniers et de sensibiliser la soci t et les enseignants en sugg rant un discours positif sur l importance de d velopper une p dagogie et des approches en arts visuels pour ce groupe de population Ce nouveau regard sur l art la vieillesse pourrait contribuer des changements de mentalit s qui enrichiraient les personnes et donneraient un sens la fin d une vie en vivant des exp riences significatives en arts visuels Le but n est pas de cr er une fausse obligation de peindre mais de solliciter le potentiel cr ateur des gens tr s g s Je les invite vivre des moments artistiques explorer la mati re et lib rer un contenu personnel L auteur du livre tranget de l art Jean Onimus nous dit que l art n est pas seulement un divertissement c est un moyen de revenir l essentiel Onimus 1992 p 9 Je crois et souhaite d montrer par des activit s p dagogiques aupr s de personnes tr s g es que cr er tout ge m me un ge tr s avanc c est vivre Ce n est pas de l art th rapie ni le besoin de poser un regard condescendant sur les faiblesses de la vieillesse
17. as dit leur PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com dernier mot 90 91 92 et 93 ans En douceur elles annonc rent leurs couleurs en s aventurant compl tement dans l activit l int rieur d un long silence merge un contenu Je pr sente ici quelques exemples des r sultats obtenus en atelier car ils ont t d terminants dans mes d marches ult rieures L autoportrait Pour nous mettre dans l ambiance regardons Mme Duval retouchant son portrait afin prendre un premier contact avec une personne vivant un moment artistique la vieillesse Mme Florida Duval 91 ans Autoportrait r alis au fusain et cont blanc Un Picasso en herbe La r alisation est construite par un m lange de dessins d observation et par une dict e d images personnelles ainsi une composition lin aire occupe la surface La superposition des dessins plonge les dames dans un m li m lo de lignes tourdies devant ce r seau de traits l int gration de la couleur vient reconstruire le contenu Les dessins r apparaissent L objectif de cet exercice donne un l ger aper u d un travail sans attente de r sultats afin de mettre l attention sur la forme la couleur et les choix que cela impose Dessin de Mme Duval au pastel sec Se visiter partir de son geste PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com Par un geste rapide feuille apr
18. avons abord le dessin avec le fusain et d autres crayons Elle savourait ce moment Sa derni re exp rience en dessin remontait en 1927 elle avait dix sept ans D autres indices et diff rents contextes sont venues stimuler la n cessit d exp rimenter et de vivre des ateliers en arts visuels avec ce groupe de population tr s g e soit de voir leur langage pictural voir leur capacit de cr er v rifier les approches la dur e et les mat riaux favorables pour que leur r alisation merge Je d cidai le 6 juillet de l an 2000 d entreprendre un cycle de six semaines de cours d arts plastiques pour les gens tr s g s et ma grande surprise nos rencontres vont s tendre sur deux belles ann es Ce groupe s est cr au Manoir Louisiane situ dans l Est de Montr al une r sidence de personnes g es et de retrait s Les dames qui ont t pr sentes r guli rement aux cours d passaient les 90 ans la qualit de leur pr sence m a fait bondir et m a amen e vivre d couvrir et voir que la vieillesse n entrave pas la cr ativit de l individu Nos gens g s vivent dans un contexte social en s appuyant sur un pass et g n ralement ils m sestiment leur capacit de cr er la vieillesse Plusieurs ont v cu une jeunesse sans art la guerre l poque des ruptures et des transformations artistiques et maintenant devenus g s l art demeure encore l cart dans leur parcours
19. borer un contenu visuel entendre des nouveaux discours sur l art d couvrir un autre aspect d eux m mes ou se rem morer des souvenirs qui ont influ sur leur vie Il est urgent d innover et mettre de l avant un discours positif sur le r el pouvoir cr ateur la vieillesse car selon Landry pour maintenir leur quilibre psychique ils les gens g s doivent r parer leurs pertes par un travail de restitution qui s effectuera en puisant dans leurs ressources cr atives et en red finissant ainsi leurs valeurs personnelles Landry 2003 p 4 PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com M Collier actif 83 ans travaille dans le m me sens et il me dit lors de notre rencontre je m int resse au bon vieillissement dont l int r t est partag avec mon quipe nous avons fait une campagne sur la pr vention des chutes mais dans cette pr vention nous essayons de l largir au niveau d une vision plus globale de la sant et c est une vision qui vient de l organisation mondiale de la sant qui comprend des personnalit s de plus haut niveau mondial Selon cette organisation la sant c est un bien tre physique c est un bien tre psychologique mental et un bien tre social Collier 2004 L art la vieillesse quel avenir Enfin de l art la vieillesse tel tait le titre du premier jet crit la suite de ma premi re exp rience
20. ce Miller de l Universit de Californie San Francisco estime que m me si nos cerveaux vieillissent notre capacit artistique n est en rien diminu e M tro 2004 p 30 Je trouve que c est plut t une bonne nouvelle pour une artiste qui est g e de 44 ans et pour bien d autres n est ce pas Toujours dans le m me article du journal M TRO de Montr al datant du 6 mai 2004 certains scientifiques stipulent que la cr ativit pourrait m me jouer un r le important dans le fait de vieillir en bonne sant PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com Au cours de cette recherche je fus invit e rencontrer en Belgique M Jules Collier un octog naire qui a une vie relativement active puisqu il est le pr sident de l ASEV l Association pour le Soutien de l tude du Vieillissement en Belgique Lors de mon entrevue avec lui j tais curieuse de conna tre l int r t qu il porte mon propre projet soit la cr ativit la vieillesse et il me dit J attache une tr s grande importance cette notion de cr ativit puisque je suis convaincu comme vous que c est une des facult s que l on peut entretenir le plus longtemps possible dans la vie J ai cet autre projet que je souhaite un jour d velopper soit de m exprimer sur le plan de certaines cr ativit s dont le sens peut tre associ une certaine forme de transmission spirituelle Voil je vais
21. ceptions et rayonner dans le langage visuel L lan ce serait comme une grande oreille interne l coute de l aventure Quitaud stipule qu un contr le ou une absence de ressaisissement peut brimer l lan n cessaire pour aller la rencontre du contenu au d veloppement de la personne et son identit L lan serait un encouragement c est la pr sence d un sentiment profond en soi qui guide nos pas Le champ libre c est avant tout un explorateur qui d veloppe une force insoup onnable au milieu des conventions et des contraintes L absence de certaines donn es contraignantes cr e un champ libre et l aventure cr e l exp rience L aventure en art est un fil conducteur pr cieux et m me myst rieux pouvant mener aux profondeurs de l tre L action c est de poser des gestes partir avec quelque chose une forme une id e qui peuvent dans le parcours de l uvre dispara tre pour donner de l espace une mati re nouvelle qui ouvre une direction traverse des couches pour r v ler un nouveau contenu Toutefois la forme de d part peut aussi demeurer et conna tre des transformations pour se r v ler autrement L action selon Le petit dictionnaire Robert est ce que fait quelqu un et ce par quoi il r alise une intention ou une impulsion Rencontre r ception c est une rencontre intime d un moment privil gi li un tat de r ception qui se pr sente sans aucun avertissement n
22. cours de leur vie peuvent d couvrir une v ritable r alit cr ative en elles fonction alors intacte mais enrichie subrepticement par toutes les donn es de leur longue vie Quitaud 1993 p 156 L auteur nous dit galement qu il existe v ritablement dans le processus de cr ation d un individu une s rie de lieux psychiques qui d terminent plusieurs types d images mentales tant inconscientes que conscientes Quitaud 1993 p 56 Selon lui entre leur naissance pulsionnelle et leur actualisation dans la r alit ext rieure au corps elles les images ont suivi une trajectoire plus ou moins lin aire c est dire qu elles ont travers la conscience sans trop d interf rence sensorielle et s noncent relativement librement D ailleurs g n ralement elles s laborent dans un laps de temps relativement court et ne sont pas le fruit d une PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com conception mais bien d une expression Elles ont t extirp es m tabolis es d une fa on que je qualifierai de direct Quitaud 1993 p 55 Un deuxi me livre fut crit en 2001 Cr er se cr er La r alisation par l expression picturale Quitaud propose d autres approches pour illustrer ses th ories des vecteurs li s une vari t d attitudes cr atrices et l expression picturale et il s interroge sur les qualit s essentielles du r le de l accompagnateur e
23. ction vitale la cr ativit L approche des exercices propose des moyens plastiques pour donner des conditions plus riches l tape de la r alisation L ensemble du parcours est fortifi par le processus cr ateur favorisant un approfondissement et une sensibilisation au parcours pictural de chacun L exposition ne d montre pas seulement un r sultat personnel du potentiel cr ateur mais aussi un large registre de possibilit s d expression vers une qu te de spiritualit d identit ou d histoire personnelle CHAPITRE V Faire des arts visuels la fin d une vie pourquoi pas 5 1 Le trajet d une participante Ce dernier et cinqui me chapitre permet de voir le trajet d une seule participante et de prendre le temps d couter des t moignages de plusieurs personnes g es Que de bagages et de changements en quatre vingt dix ans et a continue Nonag naire Mme Proulx semblait douter de son pouvoir cr ateur de ses capacit s peindre dessiner et malgr la carence d exp rience en arts visuels son ouverture d esprit et sa disponibilit l ont amen e d couvrir avec quelques ateliers son potentiel cr atif Le ph nom ne de la cr ativit a instaur des transformations de semaine en semaine La diversit des cours a permis de faire merger des contenus par la peinture le dessin la sculpture et ses r alisations t moignent de cette aventure cr ative avec la mati re pouvant contenir des r s
24. dant les autres ensuite force de se c toyer on est un groupe d amies Ce que l une fait ou trouve peut nous aider si elle nous en fait part cela nous aide d velopper notre talent Mme Latreille se souvenait que toute petite fille elle aimait colorier avec ses s urs et le d panneur vendait un seul mod le de cahier colorier une fois termin ils en achetaient un autre ils ont r p t le m me livre colorier jusqu 5 fois Une autre dame me dit on coloriait des livres et l id e de dessiner par nous m mes ne nous avait pas travers l esprit Je crois que ces t moignages sont tr s r v lateurs et apportent de nouvelles visions sur l art la vieillesse car la cr ativit serait un pont pour rejoindre notre source myst rieuse pour prendre conscience d un dialogue int rieur L art est un outil merveilleux d introspection et selon Dennis Boyes l art n est rien d autre que la recherche d une forme qui exprimerait le plus parfaitement possible l tre int rieur Boyes 1993 p 12 C est avec un grand tonnement que des personnes tr s g es d couvrent ou red couvrent leur cr ativit en explorant leur langage pictural en venant des ateliers d arts plastiques aux deux semaines soulevant le d fi de s exprimer par le dessin et par la peinture En effet s approprier de sa r alit puis dans son v cu ou concr tiser un futur les moments artistiques montrent
25. de donner des moyens plastiques et techniques La r alisation est un processus interne externe qui am ne la personne s affranchir de sa r alit imm diate gr ce la mati re Ne connaissant pas le r sultat d avance vivre une exp rience artistique c est inventer cr er laborer concr tiser s exprimer dans un langage pictural menant la mise en libert d un contenu personnalis Un regard nouveau stimule le geste travers la mati re vers la r alisation L exposition est une vision d ensemble unifiant rassemblant les r alisations elle est accompagn e de discussions commentaires critiques elle favorise l int gration l acceptation elle am ne consid rer attentivement contempler avec tonnement Les expositions deviennent un objet de dialogue pour le groupe dans la r sidence Cela procure un PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com effet d entra nement et encourage d autres pensionnaires venir d eux m mes exp rimenter les arts visuels Les participants sont des mod les et leur enthousiasme est contagieux Ainsi Mme Gindon g e de 99 ans est venue volontairement aux ateliers Je lui demandai si auparavant avec toutes ses ann es elle avait d j fait des arts plastiques et elle me r pond non c est la premi re fois et c est tr s int ressant Les rencontres ateliers en arts visuels activent une nergie ou gardent en veil une fon
26. de vie Pourtant certaines personnes g es sont int ress es apprendre et vivre des moments artistiques Je propose une br ve r trospective de quelques ateliers s lectionn s sur une quarantaine r alis s avec quelques nonag naires f minines permettant de mieux d couvrir comment j en suis arriv e vouloir donner une visibilit au potentiel cr ateur la vieillesse Je m inscris dans le sillage des artistes de leur poque qui ont travaill dans ce sens aupr s des enfants et des adultes Fritz Brandtner Marian Scott et le Fr re J r me avaient un objectif commun soit l panouissement de l individu par la cr ativit L int r t de ma recherche est sensiblement la m me soit de solliciter la cr ativit la vieillesse et de voir merger le langage pictural d un individu L objectif des rencontres tait de vivre des moments artistiques d exprimer par le langage plastique des formes et des couleurs laissant une trace et menant un r sultat personnel en s appuyant sur une exp rience de vie Enfin je souhaitais poser un regard neuf sur l art la vieillesse et surtout apporter une dignit la fin d une vie Je souhaite pr senter quelques images qui illustrent quelques unes de mes premi res exp riences qui m ont permis de construire une d marche p dagogique que je d velopperai dans les chapitres qui suivent J tais consciente d une certaine fragilit de mes l ves mais elles n avaient p
27. e d un article de Quitaud a bien fait rire 2004 17 01 Les ateliers d butent le 31 janvier 2004 un samedi apr s midi puis nous fixons les rencontres tous les mercredis soir 19 heures accueillant de fa on r guli re 10 pensionnaires Tous les ateliers ont lieu dans la salle manger au 5 tage dans un espace ouvert et agr able Nous joignons plusieurs tables en prenant le soin de les couvrir d un plastique Je m installe toujours au bout des tables me servant du mur d une lampe et d une tr s grande feuille blanche pour les explications et les exemples visuels ainsi que pour montrer les r alisations de la soir e Ce dossier que je pr sente est un t moignage de la capacit de cr er un ge tr s avanc une ouverture mettre en pratique l exploration d un contenu personnel qui correspond apprendre reconna tre le pouvoir d expression des personnes g es Les dix ateliers regroupent plusieurs aspects cr atifs en peinture en dessin et en sculpture Selon Quitaud la cr ativit est un quilibre entre les pulsions de l inconscient et le contr le de la conscience Quitaud 1993 p 38 L approche que je leur propose est de faire merger et de PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com r v ler un contenu int rioris et de le mat rialiser dans une forme d expression picturale Une dame g e de 90 ans me dit c est comme une recherche
28. en arts visuels avec les gens tr s g s qui a paru dans la section Art et Culture dans le Journal du Bel ge Myette 2003 Cet article est un petit pas pour signaler que les facult s cr atives sont une force vitale disponible la vieillesse et que cr er peut tre un d nouement heureux mettre en contact avec une sagesse intuitive et vivre une exp rience spirituelle la r sidence du Manoir Louisiane ce message fut tr s bien re u par quelques personnes g es et par les responsables Cette r sidence situ e Outremont est tr s active disponible et ouverte vivre des ateliers en arts visuels Mme Lynn Vincelli tr s pr s de ses pensionnaires fut surprise de leur engouement et de leurs r alisations Face soi m me le miroir dans la cr ativit devient un espace authentique entre le v cu et l tre il voque des points de rep re des connaissances qui incitent un nouveau regard sur soi un nouveau tableau De Ravinel dit que nous pouvons d cider en vieillissant de nous fa onner un type d existence originale marqu e du sceau de la curiosit et de l imagination C est mon sens la seule option possible pour une vieillesse f conde de Ranivel 1991 p 206 Quelque soit l ge l envie d apprendre g n re de l nergie et l expression picturale des gens tr s g s est un lien culturel avec notre histoire cette exp rience v cue en atelier est une occasion de jeter un regard nou
29. er Se r aliser c est se d passer oser c est prendre conscience et vivre avec ses lans dans le mouvement qui nous entra ne prendre contact avec ce qui nous anime profond ment pour ensuite mieux jouir de la vie et des autres dans un champ libre S extraire des jugements et des influences devient presque qu un combat une rupture afin de se r aliser et de trouver de nouveaux r sultats dans un parcours pour go ter son essence Les arts visuels et le myst rieux processus cr ateur ne sont pas une combinaison de mots toutes faits et compos s de gestes calcul s c est un d nouement transformateur li la cr ativit dans un champ libre que le langage plastique r cup re dans un contenu m diter L laboration de certaines strat gies en atelier favorise certains de ces l ments les approches doivent tre appropri es pour approfondir l tendue de ce processus Ici l objectif du travail serait dans un premier temps de d jouer les attentes et des comportements qui peuvent bloquer la cr ativit Il me semble important de pr ciser que ce processus ne s enferme pas dans un discours avec un mode d emploi Les l ments bri vement d finis ont pour but d exprimer la richesse de l exp rience picturale qui vise vivre les infinies possibilit s et l merveillement qui sont v hicul s par la cr ativit et qui ont priorit sur toutes les th ories Les ateliers en arts visuels pour les gens tr s g
30. et entretient ce besoin L approche collective L approche collective implique l ensemble des participants pour d velopper un contenu dirig par le jeu vers une r alisation Chaque personne devient un enseignant pour l autre ce sont eux les mod les devenant la source d inspiration pour amener l autre aller plus loin en posant des gestes et des couleurs sur une seule r alisation de groupe a ressemble au jeu du cadavre exquis l approche collective r unit une accumulation de traces de couleurs de formes et de gestes menant un r sultat Ce genre d approche est une strat gie visant un apprentissage rapide qui aide surmonter certaines difficult s par exemple briser les manies comme utiliser toujours la m me forme ou la m me couleur Alors ils doivent agir vite selon ce qui est devant eux cela engendre un nouveau langage de formes largit la palette des couleurs Ce mouvement collectif active l laboration d une r alisation les poussant oser s ajuster et r colter leur insu un bagage plus large des possibilit s du langage plastique et des mat riaux Ces approches sont tr s vari es mais l exploration des arts visuels demeure infinie et ne peut tre emprisonn e fort heureusement Ici j explore diff rentes approches pour d stabiliser et mettre l individu dans une position cr ative je l invite un d passement de soi 4 3 Les tapes du travail en atelier Les tapes da
31. eur des octog naires et nonag naires PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com Dans le quatri me chapitre je traiterai des m thodes que j ai d velopp es qui int grent l enseignante et les tudiants dans un processus de cr ativit stimulant Il s agit des approches des tapes et d un processus d enseignement qui impliquent une continuit dans les interventions p dagogiques et dans l organisation des cours Dans le cinqui me chapitre j exposerai le trajet visuel d une seule participante dans une premi re partie et dans une deuxi me partie les propos seront ax s sur des t moignages Je donnerai la parole aux gens tr s g s qui ont v cu ces moments artistiques Leurs t moignages sont essentiels pour confirmer la n cessit d investir dans des ateliers en arts visuels avec des sp cialistes en enseignement des arts qui souhaiteront offrir aux personnes tr s g es des ateliers en arts visuels de tr s grande qualit artistique PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com CHAPITRE I Comment en suis je arriv e l 1 1 De l art au Manoir Louisiane Le premier moment d clencheur fut en 1997 en faisant du b n volat j ai choisi une t che que je voulais vivre faire de la lecture aupr s d une personne g e Nos rencontres int graient une vari t de conservations des souvenirs et des livres puis un jour nous
32. ibles apprendre vivre voir et couter de nouveaux discours artistiques L acceptation d entreprendre des ateliers et de s exprimer visuellement d montrent bien que certains pr jug s se sont dissip s ou att nu s avec le temps En distribuant des crits d artistes lire chaque rencontre cela mettait des mots sur l aventure picturale cet cho fut n cessaire afin d expliquer l int r t de l exploration propos e Les profondes racines de l art figuratif et les changements acc l r s dans l art contemporain comme dans bien d autres domaines cr ent la n cessit de r organiser de renouer des rapports avec les arts visuels pour que l panouissement et l expression de l individu m me tr s g puissent tre explor s et stimul s dans une activit de dessin et de peinture Une population croissante de gens g s actifs invite revoir notre conception de la vieillesse Dans Le d fi de vieillir Hubert de Ravinel stipule que ce serait une grande erreur de penser que tous les vieillards se ressemblent parce qu ils font partie de la m me g n ration Rien de plus faux Tout au plus peut on distinguer quelques grands types g n raux de Ranivel 1991 p 203 Malgr l absence de mod les ou d influences les gens tr s g s ont l essentiel une exp rience de vie Ce v cu combin avec le pouvoir de cr er encourage de fa on significative prendre le risque d la
33. iliser l expression et non une production Choisir des mat riaux mall ables et l gers Bien s r la liste est beaucoup plus longue chaque d tail devient important et cr atif pour l accompagnateur car il engendre une r flexion selon l activit le th me ou la d marche mat rialiser L enseignant se doit d tre organis sensible et r ceptif un ensemble de forces et de faiblesses pour ne pas saboter ou banaliser l exp rience Selon les participantes les ateliers que nous avons v cus ont modifi leur regard et leur perception sur l art et ceux de leur entourage mais je souhaite encore plus que changent les images st r otyp es d une soci t l gard de cr ation la vieillesse Et pour conclure voici un avis ou un point de vue de l artiste Fran ois Xavier Marange on n est pas l abri de d couvrir des choses sur soi m me m me si c est important jusqu au dernier moment de se donner le droit d tre quelqu un d autre ou de voir quelqu un d autre en nous surtout C est important dans tous les moments de sa vie d ailleurs o qu on en soit dans la dur e Marange 2004 CHAPITRE IV LE PROCESSUS LES APPROCHES ET LES TAPES Ce chapitre pr sente trois formes d engagement p dagogique qui r sultent de la lecture des auteurs cit s dans les chapitres II et III et de mes exp riences d enseignement aupr s des gens g s Il sera d abord question de ma vi
34. important Il est n cessaire que l exp rience soul ve un int r t car vous n avez pas deux chances Surprises et contentes de leurs exp riences et de leurs r alisations leur regard n est plus le m me d s la premi re rencontre Mme Proulx nonag naire qui redoutait l atelier est tellement fi re qu elle a h te de le montrer sa fille et elle nous dit s ils veulent l exposer ils viendront le chercher dans ma chambre Mme Bergeron octog naire a ador son exp rience m me si elle tait tr s fatigu e elle d sire finir son uvre et pour l accommoder je lui laisse des pastels secs pour terminer son travail en couleur Une autre dame ne comprend pas tr s bien mon approche du dessin superpos mais appr cie l exp rience la fin de chaudes mains applaudissent et expriment leur enthousiasme et surtout le d sir d une continuit Que retenir de ce premier cours Je vous laisse m diter l dessus Croquis et composition de Mme Bergeron 3 3 Conclusion des ateliers La vie des personnes g es en r sidence est une rupture avec les t ches quotidiennes dans lesquelles la cr ativit tait pr sente quand elles vivaient la maison Le soin qu elles mettaient cuisiner am nager d cider stimulait la cr ativit La libert n est pas de rien PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com faire la libert est de pouvoir s exprimer et ici l
35. int com Landry Marie Claire 1994 Le paradoxe de l avenir Y a t il in ge pour cr er Montr al Les ditions Logiques Landry Marie Claire 2003 Se restaurer pour mieux s clater De Brandi Gaudi Pour la suite du monde no 24 novembre 2003 p 4 0 Landry Pierre B 1989 La ligne du corps Canada Mus e des beaux arts du Canada Le Cren Fr d ric 2002 L art de devenir jeune Le G rontophile vol 24 no 3 t p 3 6 Le nouveau Petit Robert Dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise 2002 Sous le mot Action p 28 Lemerise Suzanne 2001 Les programmes d arts plastiques la culture et les projets ducatifs qu b cois In L Julien et Santerre L apport de la culture l ducation Actes du colloque Recherche culture et communications Montr al ditions Nouvelles 2001 p 35 48 Meseure Anna 1991 Macke August Germany Benedikt Taschen M TRO 2004 La cr ativit et le cerveau des a n s jeudi 6 mai p 30 Monnier Genevi ve 1995 Le pastel Gen ve SKIRA Onimus Jean 1992 tranget de l art Paris Presses Universitaires de France Perrault Pierre 1999 Le mal du Nord Hull Vents d Ouest Quitaud G rald 1991 Le vieil art Art et Th rapie vieillir en cr ation n0 38 39 juin p 77 82 Quitaud G rald 1993 Le voyage vers l uvre Les liens multiples unissant l homme au processus cr ateur Tou
36. l fait appel un autre discours et le contenu se r v le la personne de fa on originale Le but est d accueillir le geste spontan de laisser merger des formes d accepter de nouvelles visions laborer son image sans avoir une id e pr cise du r sultat venir Tr s g es les personnes d montrent des capacit s dans cette nouvelle aventure elles acceptent de poser des gestes d o mergent des formes et des couleurs C est tr s beau de les voir s engager dans leurs r alisations le travail se fait dans le silence et donne une douce concentration un mouvement indescriptible dans un son sourd fait son uvre Selon Quitaud l authenticit prend toute sa place car elles sont fra ches dans le domaine des arts Quitaud 1993 Pour appuyer cette citation une participante tr s g e disait nous sommes enti res dans le contexte L approche culturelle Une approche culturelle fait aussi son uvre Des crits d auteurs d artistes et des uvres sont propos s chaque rencontre La litt rature et l histoire de l art viennent clairer le d roulement des ateliers mettre des mots sur les effets de l engagement que nous apportent PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com les arts visuels G n ralement la culture int resse les tudiants g s ils sont lucides sensibles et dispos s une vie spirituelle La connaissance de l art favorise
37. l version http www fineprint com oy grosseur comment Sans trop le montrer elles veulent r ussir et cet atelier les amenait r ussir sans avoir de connaissances particuli res en arts visuels Ce genre d exercice incite oser s aventurer se perdre et se retrouver en prenant des risques et des d cisions durant oy toutes les tapes En faisant le dessin d observation elles disaient mais c est croche et j intervenais leur disant qu il n est pas n cessaire que cela soit droit c est seulement pour nous inspirer et non de faire identique Durant tout l atelier elles demeurent assises alors je montre les dessins de leurs compagnes l impact stimule l exp rience en encourageant tout le monde poursuivre et faire des efforts L investissement tait de vivre un moment artistique et d tre sensible au contenu Puis j ai coll l aide de gommette bleue les trois dessins et la r alisation en couleur Commentant chaque dessin cela permettait de d couvrir des perceptions nouvelles sur la cr ativit en arts visuels Elles ont particip la critique et d montr une curiosit et une vive appr ciation sur l ensemble des r alisations tant leur premi re exp rience c tait beaucoup d tapes avec une diversit d apprentissage dans un m me temps mais je voulais leur montrer qu elles pouvaient cr er et r aliser des contenus int ressants Je crois que le premier cours est
38. louse Er s Quitaud G rald 2001 Cr er se cr er la r alisation par l expression picturale Saint Julien en Genevois ditions de Jouvence Valas Pierre et al 1983 Troisi me ge CR ATION ARTISTIQUE Saint Lambert Les ditions succ s du jour Val ry Paul 1894 Introduction la m thode de L onard de Vinci p 23 Paris Gallimard Van der Maren Jean Marie 1996 M thodes de recherche pour l ducation Montr al Presses de l Universit de Montr al Entretien Collier Jules Pr sident de l Association pour le Soutien de l tude du Vieillissement ASEV Rencontre avec M Jules Collier Bruxelles les 6 et 8 juillet 2004 Marange Fran ois Xavier Artiste Rencontre avec F X Marange Montr al le 1 d cembre 2004 PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com
39. n arts visuels pour guider ou pour tre artologue Les propos de G rald Quitaud sont d une importance capitale pour ceux et celles qui ont le mandat ou le souci d accompagner les gens dans l expression picturale il favorise un clairage particulier en mettant des mots sur des vecteurs volontaires et involontaires de la cr ation Cependant il nous avertit qu il faut d passer des blocages socioculturels car il ne s agit pas d incapacit s mais bien de conditions ou d approches cr atrices et d ouverture d esprit qui elles devraient favoriser le passage l expression cr atrice Dans son livre intitul La cr ativit des a n s Le paradoxe de lavenir Marie Claire Landry pose la question y a t il un ge pour cr er Elle apporte un clairage constructif en proposant plusieurs d finitions ouvertes pour d velopper ou conserver une attitude cr ative la vieillesse Pour rendre compte du potentiel cr atif disponible en chacun de nous Landry nous parle de ses exp riences d ateliers de cr ativit avec des a n es de sa vision optimiste en tablissant des liens approfondis avec des chercheurs ax s sur le d veloppement global de l individu Sa recherche red finit les besoins et la n cessit de nouveaux comportements contribuant ainsi un regard positif et contemporain sur l aspect cr atif la vieillesse Les pr occupations et le discours de Landry d montrent que l attitude cr ative serait un pivot imp
40. ns la planification des ateliers en arts visuels visent de mani re r fl chie bien organiser le d roulement d une exp rience artistique signifiante La pr paration de l atelier commence avant m me que je pr pare mon baluchon de mat riaux pour le cours J labore des projets je lance des id es Mais planifier un atelier et tre organis sont deux choses Ainsi en regroupant tous les mat riaux des changements peuvent survenir dans mon plan initial car mon attention est canalis e pour le d roulement concret de l atelier et de fa on intuitive une autre strat gie peut donner de meilleures conditions pour l exploration menant une r alisation ou encore pour viter des contraintes durant l atelier L exercice est une initiation un filtre pour stimuler la cr ativit et ma triser quelques connaissances plastiques et pour d couvrir sa source d expression c est une mani re d aborder l espace le support et les mat riaux de fa on exploratoire pour un futur contenu Les exercices sont de courte dur e le temps de voir certaines particularit s des mat riaux leurs effets voir comment ils r agissent sur le support pour entreprendre la prochaine tape la r alisation Ces exercices sont importants car plusieurs personnes tr s g es n ont jamais eu le temps dans leur vie d explorer de fa on spontan e le langage plastique En vivant l exp rience les exercices sensibilisent l individu Le but est
41. nt de valeur face l art la vieillesse J ai aussi compris l importance de faire PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com preuve d ouverture et de respecter leur int grit L art la vieillesse me semble une source int grer pour permettre d ouvrir un espace spirituel la fin d une vie Cette r flexion m est venu la suite d un commentaire d une dame la fin d un cours Mme Duval me dit Je sais ce que l on fait on met du spirituel dans la mati re la suite de ces exp riences si enrichissantes j ai compris la n cessit de poursuivre une d marche p dagogique plus soutenue que je d crirai plus longuement dans les chapitres qui suivent CHAPITRE II Les r f rences th oriques Dans ce chapitre je souhaite pr senter quelques crits qui ont t importants dans ma recherche sur la cr ativit des gens g s Je ferai aussi tat de rencontres inspirantes Deux auteurs en particulier ont attir davantage mon attention Il s agit de G rald Quitaud et de Marie Claire Landry Quitaud se pr sente comme peintre artologue animateur scolaire et formateur en ducation il tudie le processus de cr ation de la naissance la mort et anime depuis plus d une vingtaine d ann es des ateliers d Expression en arts plastiques aupr s d enfants d adolescents d adultes et il anime des ateliers du m me type en milieu g riatrique En
42. onances vocatrices marqu es par le passage d une longue vie Voir la production et le trajet d une seule participante qui a assist neuf ateliers sur dix permet de constater qu travers le filtre de la cr ativit le temps et l exp rience de vie sont de connivence dans les r alisations Mme Proulx fut comme d autres une participante r guli re aux cours et les ateliers furent une occasion d exprimer ses premi res traces picturales mais aussi de se d couvrir de se r concilier avec les arts visuels et de reconna tre chez elle des qualit s et des forces cr atives Je vous invite regarder le trajet visuel de Mme Fleur Ange Proulx dont plusieurs de ces petits enfants aiment l appeler Fofo Le premier cours elle arrive craintive se dit sans talent mais dispos e vivre l exp rience Mme Proulx est tonn e c est le coup de foudre PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com Elle pr voyait venir une seule fois mais 5 2 T moignages Dans la deuxi me partie de ce chapitre je donne la parole aux participants qui m ont autoris transmettre leurs t moignages en esp rant en convaincre d autres et leur donner le go t de vivre m me un ge tr s avanc des exp riences en arts visuels Selon Pierre Valas l expression artistique rend l esprit actif alerte cr atif Elle provoque ainsi une r action particuli rement efficace par rapport aux ris
43. ortant et inestimable qui permet de lutter contre les pertes psychiques et psychologiques ce serait surtout pour les gens g s une occasion de se rapprocher et de maintenir une interaction dynamique en lien avec leurs exp riences Nous avons d couvrir de nouveaux points de vue et selon Landry l art est une r ponse symbolique apport e l humain Il est donc incomparable et renouvelable l infini pour compenser les privations et pour lutter contre la d t rioration occasionn e par le temps et les l ments Apprivoiser l tranget de la vieillesse tout en profitant de ses vues diff rentes sur les choses Landry 2003 p 215 Pour un voir na tre ce nouvel humanisme les personnes g es doivent se battre pour une profonde transformation des mentalit s et non seulement pour obtenir des services tre d avant garde Landry 2003 p 261 Comme je le mentionnais plus haut des recherches sont en marche entre autres celles de Louis Bherer jeune professeur de psychologie de l Universit du Qu bec de Montr al qui s int resse la vitalit intellectuelle des a n s car il constate que les recherches se font davantage sur les pathologies et tout ce qu on apprend c est ce qui ne fonctionne plus avec l ge Il souhaite pousser plus loin les recherches de quelques chercheurs qui ont d couvert que certaines cellules du cerveau continuent de se d velopper avec l ge De m me le neurologue Dr Bru
44. pdfFactory Pro trial version http www fineprint com D une peau faisant paresse Et derri re ces traits qu elles d laissent Appara t un visage cr ateur De Viviane Myette Conclusion Les vieux ont des cachettes souterraines qu on appelle exp rience F lix Leclerc Les ateliers motivent l individu de nouvelles r alisations picturales l expression personnelle tout en devenant complice d un rapprochement qui agit sur la notion de territoire En r sidence la notion de territoire est un l ment consid rer car en passant par le filtre de la cr ativit cela peut permettre l individu entour quotidiennement de ses pairs de se circonscrire un espace territorial et d affirmer une identit ou de la r cup rer Certains choix th matiques contribuent canaliser ou d clencher des mouvements o la personne explore structure volue mais aussi d voile touche et nous instruit en exprimant par des traces visuelles un t moignage inattendu Selon Quitaud on peut dire qu il existe autant d hommes diff rents que de cr ateurs potentiels et plus encore de mani res de cr er C est l l extraordinaire puissance de la fonction cr ative Quitaud 2001 p 118 Pour plusieurs personnes tr s g es la peinture moderne a provoqu un loignement ou une incompr hension suite des nouveaux langages picturaux n anmoins la suite de nos rencontres elles demeurent dispon
45. ques de d compensation c est dire de r duction des capacit s physiques et mentales d abattement Elle valorise Elle permet de retrouver un int r t non seulement pour l uvre cr e mais aussi pour l acte de cr ation enfin pour soi m me Valas 1983 p 24 Des liens se cr ent entre nous la confiance et la curiosit cohabitent elles se lancent dans l exploration de la couleur de la ligne d un contenu et s tonnent de leurs r alisations coutons Mme Proulx nonag naire qui est ses d buts dans l exploration des arts visuels les capacit s d apprendre sont l tout le temps on a beau avoir 90 ans on veut encore apprendre tant que le cerveau fonctionne bien et nous avons pas assez d une vie pour tout apprendre Quitaud et Landry disent peu pr s la m me chose sur le fait qu il est n cessaire d encourager les premi res exp riences cr atrices tout ge m me un ge tr s avanc En effet avec ou sans exp rience dans le dessin et la peinture la fonction cr ative peut tre r activ e ou r veill e tout moment de notre vie Quitaud 1993 p 156 Il est stimulant et apaisant la fois de voir la fin d une vie d une longue vie et dans un court temps merger les premi res exp riences plastiques des personnes tr s g es Il s agit de solliciter de nouvelles perceptions cr atives la vieillesse y attribuer une importance qui donne un sens
46. sion du processus qui implique l enseignante et les tudiants g s durant les cours Ensuite je d crirai les approches qui ont orient la pr paration des activit s et enfin je serai plus concr te en laborant les tapes du travail en ateliers avec mes gens g s PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www fineprint com 4 1 Un processus impliquant l enseignante et les tudiants g s La recherche en arts visuels aupr s des gens tr s g s s appuie essentiellement sur une p dagogie cr ative et intuitive Selon Van der Maren cela implique souvent un abandon de structure Van der Maren 1996 p 179 Pour favoriser le moment artistique il faut une attitude cr atrice et innovatrice qui permet de proposer un terrain propice la cr ativit de canaliser et de r v ler des aspects inattendus transpos s dans un contenu pictural Je vis le mouvement de l atelier avec les l ves et pour y acc der j loigne les comportements r ducteurs en utilisant des strat gies en intervenant et en stimulant les gens se d faire des attentes li es un r sultat L art est une aventure o plusieurs l ments se c toient se chevauchent apparaissent et disparaissent dans le processus de cr ation Pierre Perrault exprime bien en peu de mots ce contexte d un mouvement vivant en disant que l aventure d passe le voyage et le quotidien repose sur l inattendu Comment se d pouiller d une
47. sur soi Selon G rald Quitaud l individuation cr atrice est universellement accessible l gitime et naturelle au jeune comme au vieillard au malade comme au bien portant Quitaud 2001 p 108 Je d crirai bri vement chacun des ateliers en en sp cifiant les objectifs et le d roulement et en pr sentant quelques r alisations Samedi le 31 janvier 2004 Atelier dessins d objets fragment s Que l important soit dans ton regard non dans la chose regard e Objectif L objectif de cet atelier est de se sensibiliser aux arts visuels en concr tisant par le dessin d observation une composition de formes et de couleurs avec des l ments figuratifs qui sont superpos s d stabilisant ainsi l attente d une r alisation mim tique La mise en sc ne des objets dessiner a pour objectif de solliciter une perception nouvelle une attitude cr ative pouvant mener une r alisation non calcul e C est dire il s agit de partir de mod les objets dessiner puis de combiner verbalement d autres l ments d bouchant sur une composition inattendue cr ant un ensemble pictural structur et fragment par la ligne et la couleur Dans un premier temps j explique les tapes que nous allons vivre puis je les accompagne en les encourageant en les guidant dans le parcours de leurs r alisations Puis nous regardons l ensemble des uvres en faisant plusieurs remarques Aussi afin de mieux int
48. u d but du vingti me si cle une poque ax e sur les grosses familles dont la pr occupation tait de survivre et de travailler Plusieurs ont v cu une enfance sans arts des tudes sans arts le contexte social de l poque ne favorisait pas les arts plastiques comme aujourd hui Dans leur temps faire une ligne droite ou faire identique cela r v lait une habilet un savoir faire Selon l historienne Suzanne Lemerise la formation du dessin d observation en tant qu activit intellectuelle tait de base leur poque on pratiquait le dessin d observation le dessin g om trique et le dessin d coratif Le but tait la capacit d imiter Ce pass tr s loign donne un aper u de ce qu ils vivaient l poque explique qu aujourd hui les arts plastiques sont encore per us avec des difficult d autrefois tel le dessin industriel le dessin mim tique la pomme du vendredi apr s midi et encore L absence d ducation et d ateliers en arts plastiques a creus un cart et des frustrations entre les g n rations L ensemble des t moignages pr sent s ci dessous corrobore et donne un cho des rencontres des exp riences et du rayonnement que cela engendre chez les personnes g es r sident au Manoir Louisiane et la r sidence Outremont Elles sont les principales actrices de cette recherche et auteurs des r alisations Ce que la pratique de l art apporte dans le quotidien Mme Labrosse
49. une autre fa on de s investir dans le quotidien Les gens devraient croire davantage en eux m mes r cup rer tout leur pouvoir de vivre tre l pr sent inventif poursuivent des fins qui donne sens Landry 1994 p 19 Mme Boily une sympathique participante disait nous sommes enti res dans le contexte Les formes d expression personnelle t moignent de l mergence cr atrice chez les gens g s m me si leur cadre de r f rence dans la vie fut ax sur une ducation acad mique sur la perfection d une ligne droite ou plus fr quemment sur l absence d art dans leur ducation G rald Quitaud dit que les personnes g es sans jamais avoir cr au cours de leur vie peuvent d couvrir une v ritable r alit cr ative en elle fonction alors intacte mais enrichie subrepticement par toutes les donn es de leur longue vie Quitaud 1993 p 156 Une diffusion de leurs r alisations favoriseraient des approches mancipatrices et je souhaite que de nouvelles libert s d expression viennent contredire certaines perceptions n gatives et permettent un processus de transition culturelle pour que l expansion cr atrice demeure un int r t pratiqu jusqu au dernier souffle Cette fa ade la vieillesse Ces cris ces plis qui apparaissent D heure en heure Et de fleur en fleur Ne ressemble pas au bonheur Ha ce temps moqueur Sous les rides vit une histoire PDF created with FinePrint
50. up de temps pour des connaissances techniques ardues car comme pr cise Quitaud dans un article ils n ont pas le temps d apprendre seulement le temps de dire et de s exprimer sur un pass v cu un pr sent relationnel et un futur prospecter Quitaud 1991 p 79 Nous accueillons l essentiel L approche sans mod le L approche sans mod le est un saut dans l inconnu oser s aventurer sans avoir une id e de l image venir Cela permet des explorations de la ligne de la couleur dans un champ libre et active la mat rialisation d une composition en r v lant un contenu pictural plus personnel Quitaud pr conise cette d marche dans sa pratique car selon lui toute pr conception de l objet de cr ation chappe la cr ation Quitaud 1993 p 149 Ce genre d approche se vit sans avoir une id e pr con ue du contenu en faisant des exp riences intimes l individu s engage dans les profondeurs de l tre et une attitude r ceptive est essentielle pour accepter la r alisation picturale De plus je crois que cela permet d viter certains jugements n gatifs par rapport aux attentes d un r sultat ici l attention est port e avant tout sur une exploration pouvant mener de mani re inattendue des traces visuelles li es sa personnalit ou encore son tat d tre L approche sans mod le am ne un nouveau regard une interaction et un dialogue diff rent de celui avec mod le car i
51. ut d j constater qu il y a un accroissement de cette population et on peut penser que de nouveaux besoins mergeront d o l importance d accorder une attention au potentiel cr ateur de ces personnes qu on a tendance croire improductives Puisque les changements font partie des exigences de la vie actuelle et venir la soci t devrait s ouvrir des exp riences nouvelles et d velopper un autre discours un autre regard sur la capacit de cr er la vieillesse Les arts visuels ne sont pas qu un simple passe temps ils sont essentiels pour la r flexion et pour puiser dans les profondeurs de l tre car faire de la peinture ou du dessin 90 ans n a rien de banal ou de marginal et c est ce que je souhaite d montrer par cette recherche Ce fut avec int r t et enthousiasme que des personnes tr s g es ont particip r guli rement aux ateliers en 2003 2004 en venant explorer une vari t des mat riaux et d velopper des contenus inattendus Les ateliers d arts plastiques se sont transform s chaque rencontre comme un passage et un partage significatifs et c est ce dont je souhaite faire part en articulant ma r flexion et mon compte rendu en cinq chapitres Le premier chapitre permettra un retour sur mes premi res exp riences en arts visuels avec les personnes g es Il m appara t n cessaire de dire comment j en suis arriv e l car ce sont mes premi res rencontres en ateliers dans les ann
52. veau sur la cr ativit la vieillesse Selon Quitaud chaque individu a une histoire et une personnalit irr ductible qui sont la fois la source et le mobile de sa pr sence au monde et son uvre Quitaud 1993 p 31 Je me souviens qu une dame g e de quatre vingt douze ans vivait l angoisse des premiers moments de cr er chaque rencontre l atelier puis elle passait une agr able semaine et elle m crit merci pour le bon temps que j ai eu dans les moments de Peinture qui m ont donn la qui tude un esprit calme et quoi encore R f rences Bernier Robert 1999 Un si cle de peinture au Qu bec Montr al Les ditions de 1 Homme Bherer Louis 2003 S entra ner bien vieillir dans sa t te Le journal L UOAM le 6 octobre Montr al p 6 Boyes Dennis 1993 L tre et l art Paris Descl e de Brouwer Delberche Michel 2002 La ru e vers l ge Le Monde 2 juin p 22 23 De Ravinel Hubert 1991 Le d fi de vieillir Montr al Les ditions de l Homme Edwards Betty 1982 Dessiner gr ce au cerveau droit Bruxelles Pierre Mardaga Jung C G 1964 Dialectique du Moi et de l inconscient Paris Gallimard Kandinsky Wassily 1954 Du spirituel dans l art et dams la peinture en particulier Paris Deno l Laforesterie Ren 1983 L ge de cr er Paris Centurion PDF created with FinePrint pdfFactory Pro trial version http www finepr
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