Liv_Id.es 55.qxd - Institut de l`entreprise
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1. EJ Soci tal N 55 M 1e trimestre 2007 probl mes m me si le succ s septembre rend difficile l escalade Mais ce terrorisme ne peut tre combattu par des militaires dans le contexte g n ral de l ensemble des man uvres possibles d une guerre il ny a pas plus d autonomie des man uvres dans ces champs nouveaux que d autonomie strat gique de la man uvre navale ou a rienne il y a des tempos des opportunit s sp cifiques pour chaque man uvre mais il n existe qu une seule guerre Clausewitz is well and alive pourrait on dire et sa logique reste le tamis n cessaire toute r flexion strat gique quels que soient les moyens disponibles hic et nunc moyens strictement LA GUERRE EST ELLE MA TRISABLE L e dernier pas de la r flexion de Colin Gray porte sur les strat gies non op rationnelles de contr le de la guerre le contr le ad bellum du glissement vers la guerre le contr le in bello l int rieur m me du processus guerrier Sans grande piti Colin Gray d value quelques fausses vidences du temps la possibilit d assurer la paix travers le contr le des armes par le renforcement des institutions de la communaut internationale par l extension des r gimes d mocratiques par celle de la morale ou travers la simple d monstration de l inutilit suppos e de la guerre Bien s r tous ces objectifs sont honorables et ils donnent lieu au d veloppemen2. l es de massifs h ritages anciens et l id e selon laquelle on peut tre d fait par un adversaire a priori plus faible que soi est une vidence pour tout strat ge quelles que soient les voies futures de la d monstration les tats Unis feraient bien de s en souvenir probables ma s Finalement pour comprendre la permanence des guerres et le changement de leurs modalit s le contexte politique et social est d terminant Les formes de la guerre sont culturelles mais l essence de la guerre correspond des invariants dont le plus c l bre reste l ultima ratio Regum grav dans le bronze des canons des Invalides La guerre parle de politique la politique parle de pou voir ce pouvoir qui permanent et changeant organise les soci t s humaines La guerre restera d abord celle des soci t s organis es en tats il serait na f de croire que l actuel efface ment des conflits arm s entre grands tats annonce leur dispa rition c est dire la disparition des motifs politiques de rivalit s L id ologie de la disparition de la guerre n est pas uni versellement partag e et la culture ne progresse pas par tout du m me pas Le retour des int r ts d tats ne se fera pas attendre peut on imaginer sur le long terme la mont e en puissance de la Chine sans l inscrire dans un syst me de riva lit La globalisation ne change rien l affaire elle fait seule ment s exprimer les int r
3. que l on peut dire cest que le contr le des territoires demeurera central d o le r le capital des troupes terre comme celui des communications voir l acronyme la mode C4ISTAR pour Command Control Communications Computers Intelligence Surveillance Targeting and Reconnaissance La guerre irr guli re c est la guerre r p tons notre mantra le terrorisme post moderne du genre Al Qaeda au del de sa nou veaut r elle ou apparente est toujours du terrorisme de la guerre irr guli re donc de la guerre L usage possible d armes de des truction massive ne peut certes tre n glig mais il ne change pas fondamentalement les choses m me l utilisation d une telle arme n aurait pas pour effet de clore la guerre et encore moins l histoire Le vrai probl me est ailleurs dans la capacit d adaptation des grands tats aux m tamorphoses de la guerre irr guli re Le terrorisme v LIVRES ET ID ES surtout au nucl aire seule ADM de stricte d finition avec une conclusion pr cise Nous sommes sortis de l ge nucl aire bipolaire avec ses r gles et ses inhibitions voir son ouvrage pr c dent The Second Nuclear Age pour entrer dans un temps o il faut consid rer les perspectives d un usage concret du nucl aire La noblesse de l arme pousse la prolif ration et son efficacit suppos e pousse son usage Les planifica teurs doivent donc int grer
4. ts des tats de fa on diff rente Certes la technologie d finira largement les formes des affron tements venir Les surprises ici ne sont pas probables mais les formes des affrontements venir Les surprises ici ne sont pas certaines LA GUERRE TOUJOURS RECOMMENC E certaines Mais il est na f de croire que l histoire g n rale des guerres venir sera d finie par la technologie Et Gray de reprendre son analyse d vastatrice de l id ologie de la R volution dans les affaires militaires RMA m lange de lieux communs les op rations bas es sur les effets esp r s les op rations militaires connaissent elles autre chose et d illu sion sur la capacit de la technique effacer les frictions les incertitudes de la guerre Il est int ressant de suivre ici Gray dans sa distinction entre des notions souvent confondues r volution militaire r volution dans les affaires militaires r vo lution militaro technique r volution dans les affaires strat giques r volution en mati re de s curit r volution dans les attitudes vis vis du militaire transformation militaire ou transformation de la guerre Le poids de la technologie d pend du contexte strat gique et militaire de son utilisation du mode d emploi des mat riels puis du contexte g ographique de cet emploi et il est la plupart du temps possible de contour ner les effets de la novation technique Il r
5. EST IMAGINER UN MONDE SANS HOMMES 9 est donc son premier chapitre qui permet Gray de poser sa distinction fondamentale entre war et warfare La guerre comme ph nom ne social a surv cu toutes les r volu tions des modes d existence humains qu elles soient agraires ou industrielles rien ne permet d annoncer son d clin Si on la d fi nit comme l usage collectif de la violence au service d un objet politique quelle pr diction la disparition de l int r t politique se hasarderait d crire sa d sh rence C est donc la mani re de faire la guerre qui peut changer Mais l aussi la fonction de pr diction aussi n cessaire soit elle pour r gler des strat gies qui par d finition s appliquent au futur s av re hasardeuse De tr s com p tents professeurs et experts ont d ment soulign en leur temps que la vitesse des trains emp cherait les voyageurs de respirer que plus lourd que l air ne quitterait jamais la terre que l avion serait inutilisable la guerre ou que la bombe atomique n exploserait jamais S ils ne peuvent assur ment pr voir lavenir les planificateurs militaires peuvent rep rer les facteurs de continuit et de discontinuit et se garder des grandes erreurs logiques Il para t par exemple difficile de se priver de toute capacit de projection maritime dans un monde aux trois quarts couvert d eau Les guerres futures auront sans doute des caract ristiques nouvelles mais m
6. anotHER centURY LIVRES ET ID ES a Another Bloody Century airs War La guerre Future Warfare Par Colin S Gray toujours recommenc e Le dernier ouvrage du prolixe Colin Gray est rafra chissant et d sesp rant Rafra chissant puisqu il bouscule nombre d nonc s approximatifs des d bats strat giques nonc s qui font flor s depuis que nous n avons plus la menace centrale pour nous maintenir dans cer tains rails de pens e D sesp rant parce qu il nous rabat sans m nagement sur P ternit de la guerre de ces affronte ments collectifs qui quelles qu en soient les formes changeantes t moignent de l humanit d une humanit mue selon un Thucydide abondamment cit par Gray par la peur honneur l int r t Directeur ex cutif de l Institut fran ais des relations internationales r dacteur en chef de la revue Politique trang re 136 Soci tal N 55 M 1 trimestre 2007 DOMINIQUE DAVID O n pourrait r sumer les pages tr s structur es tr s p da gogiques peut tre un peu nombreuses de ce livre par deux nonc s Premier nonc beaucoup de discours non classiques d aujourd hui sur la guerre refusent de distinguer entre la guerre et les guerres entre le ph nom ne et ses m ta morphoses le concept et la mani re de faire entre war et war fare Or on peut conclure peu pr s n importe quoi si l on commente les mani res i
7. cette dimension de toute urgence c est au cas par cas la logique du prolif rateur sp cifique qui doit tre regard e et non la dissuasion g n rale et ternelle qu apporterait la b n diction nucl aire Quant l espace et au cyberespace ils ne sont pour Gray que des champs de man u vre ouverts la perversit du strat ge si la guerre est selon la c l bre d finition de Clausewitz un acte de violence destin contraindre lennemi ex cuter notre volont espace et cybe respace figurent naturellement au nombre des moyens de cet acte de violence L espace ne sera pas d militaris parce que au contraire de l Antarctique les int r ts des puissances sont trop grands pour pouvoir y tre annul s L espace per met de conduire la guerre de faire fonctionner les syst mes de guerre et le d bat sur la militarisation de l espace est tout sim plement hors sujet Capitale est cependant la remarque suivante les syst mes spa tiaux tant tr s vuln rables les grandes puissan ces qui les utilisent feraient bien de se pr parer fonctionner sans eux en mode d grad comme disent les militaires remarque qui rend les sc p Sa e d Al Qaeda posera IE Si l acteur consid r est un Etat une puissance mili narios possibles des futures guerres infiniment taire dominante si sa ma trise militaire est d mon demain plus complexes L utilisation de l espace ou du tr e et
8. es et au conflit lui m me La dimension soci tale p sera peut tre demain lourdement plus que la dimension technique elle m me sur les change ments conflictuels D autre part et m me si le terrorisme est bien une vieille forme de guerre irr guli re l instantan it des communications et l ouverture des soci t s installent une continuit in dite aux temps modernes entre les espaces externes des vraies guerres et les espaces internes des soci t s continuit qui constitue certainement un l ment essentiel pour penser difficilement les guerres de demain m Soci tal N 55 M 1er trimestre 2007 139
9. este que certaines perc es peuvent tre momentan ment d cisives mais per sonne ne peut pr voir leur tempo d apparition sauf pourrait on objecter l auteur si le contr le au moins partiel des proc dures de modernisation technique choit un acteur dominant La technologie d finira largement M TAMORPHOSES ET CONSTANTES D UN SPORT TERNEL L a deuxi me partie de l ouvrage s ouvre sur une stimulante critique des repr sentations domi nantes Grand Narratives de la guerre sur trois si cles 1800 2100 l av nement puis le d clin de la guerre totale l effacement de la guerre inter tatique l mergence d un quatri me ge post clausewitzien les repr sentations g opolitiques la RMA comme mod le la dominance de l histoire des techniques sur l histoire des guerres l largissement de la g o graphie des guerres le retour des th mes religieux ou mill naristes d affrontements la d l gitimation culturelle de la guerre etc De la critique pr cise de tous ces th mes merge la th se centrale aucune de ces repr sentations n est radicalement fausse nais aucune ne contient l explication d terminante et le seul l ment d analyse op ra tionnel qui merge de cette liste est l tude de l histoire elle seule permet d approcher tous les l ments n cessaires et d i maginer leurs ventuelles combinaisons venir Our past is our future Il faut pourtant attaq
10. nfinies de faire la guerre et les divers moyens utilis s pour la faire alors que si l on s en tient la guerre force est de constater qu elle est un ph nom ne cons tant dont rien n annonce l effacement Second nonc d faut de pr voir lavenir seule l histoire nous permet d acqu rir quelques lumi res sur ce que pourrait devenir dans l avenir cette guerre permanente et changeante La th se de Colin Gray est pr sent e de mani re tr s structu r e et il est donc difficile de ne pas la suivre pour la r sumer Pour d montrer l impossibilit de parler de progr s histo rique en mati re de s curit Gray organise son propos en trois massifs La premi re partie explore la notion de pr diction le contexte politique et social des guerres et remet sa place le facteur technologique en aucun cas l histoire des guerres ne peut tre ramen e l histoire du progr s technique La deuxi me partie explore quelques l ments qui pourraient peser dans l histoire des guerres du XXIe si cle les styles de guerre la place de l asym trie le r le des armes de destruction massive de l espace du cyberespace Enfin une courte derni re 1 Colin S Gray Another Bloody Century Future Warfare Londres Weidenfelf amp Nicholson 2005 432 pages partie conclut sur la difficult contr ler la marche la guerre et les guerres r elles IMAGINER UN MONDE SANS GUERRE C
11. son estime de soi pr gnante alors il est en d importants cyberespace doit tre trait e non en soi mais fort mauvaise posture pour s adapter des hypo th ses qu il ne veut pas concevoir D o bien s r les probl mes am ricains d aujourd hui spectaculaire du 11 Le terrorisme d Al Qaeda posera certes demain d importants probl mes m me si le succ s spec taculaire du 11 septembre rend difficile l escalade Mais ce terrorisme ne peut tre combattu par des moyens strictement militaires c est au contexte social et politique de la guerre qu il faut ici retour ner souligne Colin Gray et d abord et avant tout au Moyen Orient Quant aux autres modes de guerre irr guli re ils incitent s interroger d abord sur le r le croissant des forces sp ciales et sur le danger d une d rive qui pousserait l ensemble des arm es classiques devenir en quelque sorte des forces sp ciales Le danger majeur consisterait ici oublier que les diverses formes de la guerre coexistent et que les appareils militaires ne peuvent donc tre align s sur une seule hypoth se aussi fashionable soit elle Deux chapitres sont consacr s ces moyens techniques parti culiers que repr sentent d une part les armes de destruction massive et d autre part l espace et le cyberespace Le titre com mun aux deux d veloppements d crit la d marche Old Rules for New Challenges Concernant les ADM Colin Gray s attache
12. t de m thodes utiles si l on ne croit pas qu elles sont porteuses en elles m mes d une efficacit totale Au vrai horreur du r alisme la marche la guerre et les guerres elles m mes ne peuvent tre limit es que par leur co t les choix politiques les choix strat giques qui rendent les guerres plus ou moins int res santes l affirmation de la puissance la peur de l autre ou de la guerre elle m me et l volution culturelle de certaines soci t s par rapport l tat de bellig rance Des solutions tr s partielles m diocres peut tre dans leur classicisme mais qui ont le m rite de marcher ici ou l La guerre est notre futur et le si cle qui s ouvre sera lui aussi sanglant L ouvrage de Colin Gray est celui d un enseignant qui entend le d montrer en suivant pas pas l expos de tous les facteurs n cessaires crit dans un langage simple mais qui aurait pu tre plus concis Another Bloody Century se pr sente la fois comme un compendium de la pens e clausewitzienne de notre temps et comme un manuel sur la mani re dont aujourd hui peut tre pens le ph nom ne guerre Tous ceux qui r fl chissent sur la guerre ou la pratiquent trouveront ici une r flexion non seulement utile mais incontournable Le r alisme un peu las de l auteur un peu las de devoir ressasser ses vidences remet utilement leur place les analyses la mode sur les r
13. uer de front la question de l volution pr visible des formes de la guerre r guli re ou non La pre mi re a un bel avenir L id e que la guerre ne paie pas est une na vet occidentale Tout comme celle selon laquelle les soci t s tol reraient de moins en moins les pertes qu elle exige Quant la peur du nucl aire elle est in galement r partie g o graphiquement et psychologiquement Et ce n est pas non plus la dominance des tats Unis qui peut tuer la guerre elle vacue seulement certaines formes de guerre La Russie et la Chine contre les tats Unis la Chine contre les tats Unis la Russie Soci tal N 55 mt 1 trimestre 2007 137 contre la Chine la Russie contre l Ukraine la Lettonie ou l Estonie l Inde contre le Pakistan les tats Unis et ou Isra l contre l Iran la Gr ce contre la Turquie la Cor e du Nord contre les tats Unis et la Cor e du Sud les tats Unis contre tout tat voyou une Europe superpuissance alli e la Russie ou la Chine contre des tats Unis dominants et leurs alli s ces hypoth ses suffisent sugg rer de garder ouverte la cat gorie guerre classique m me si la surprise strat gique ou op rationnelle est destin e toujours bouleverser nos plans et pr visions Le planificateur militaire ne peut donc pas se repo ser sur le seul exemple des guerres de la derni re d cennie du XXe si cle ou celles qui ont ouvert le nouveau Tout ce
14. volutions que constitueraient certaines rup tures technologiques par exemple ou l irruption de l hyper terrorisme Il reste du champ de bataille des id es la mode pilonn par Colin Gray deux certitudes nous ne serons pas surpris par la p rennit de la guerre mais nous serons in vita blement surpris par les formes qu elle empruntera LA GUERRE TOUJOURS RECOMMENC E Si la surprise strat gique est par d finition impensable il faut pourtant inciter les conflictologues et donc les strat ges se projeter dans des situations de type radicalement nouveau m me si la logique de la guerre reste elle constante Il serait dangereux que le livre de Colin Gray soit interpr t comme une invite demeurer dans le confort des vieilles habitudes ou d habitudes d j vieillies on ne peut se contenter ni des fausses novations de la transformation la Rumsfeld ni du retour la routine des batailles en ligne Et pour penser ces novations impensables deux pistes pourraient tre importan tes qui ne sont voqu es que marginalement dans cet ouvrage Celle d abord de l appropriation par les soci t s de moyens techniques nouveaux qui pourrait modifier leur rapport la conflictualit L usage des moyens de communication instanta n e le t l phone portable entre autres pourrait par exemple changer le rapport d espaces sociaux de plus en plus large certaines m thodes conflictuell
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