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1. Vincent privil gie les ann es 1971 1977 marqu es par le retour de Coetzee en Afrique du Sud et la parution d Au c ur de ce pays son deuxi me roman mais son premier succ s aupr s du public Vincent est persuad qu cette poque d cisive de sa vie Coetzee se cherchait en tant qu crivain P t de la vie se pr sente comme un ensemble de mat riel pr pa ratoire une biographie dont on ne lira pourtant pas la moindre ligne Vincent expose plut t le fruit de ses rencontres avec cinq personnes ayant compt pour Coetzee une ancienne ma tresse une cousine affectionn e une Br silienne au temp rament bouillant et deux coll gues enseignants On entre sans difficult dans ce troisi me volet des Sc nes de la vie de province le titre anglais de la s rie non repris en fran ais sans doute cause de sa trop forte r sonance balzacienne Il nest pas n cessaire d avoir lu les Sc nes de la vie d un jeune gar on Boyhood 1997 ni Vers l ge d homme Youth 2002 pour prendre plaisir la prose limpide et orf vr e du romancier de Disgr ce qui signe avec ce livre un autre chef d uvre Coetzee adopte une perspective auto biographique pour le moins originale Il ne se contente plus comme dans les deux volets pr c dents d une narration distanci e au il il semble m me y avoir en partie renonc puisque L t de N 123 NUIT BLANCHE 18 la vie d bute et se termine2. Compte rendu Fiction S a Nuit blanche magazine litt raire n 123 2011 p 17 39 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 64451ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 26 commentaires fiction David Homel roman David Homel LE DROIT CHEMIN Trad de l anglais par Sophie Voillot Lem ac Montr al Actes Sud Arles 2010 404 p 35 95 Ben Allan principal protagoniste du sixi me roman de David Homel a tout de ces gens que Pon croise chaque jour dans la rue et que lon oublie aussit t tant ils semblent glisser sur ce droit chemin qu est la vie sans laisser d autres traces que ombre q
3. Puis ils disparaissent encore Ils reviennent nouveau Ils disparaissent une troisi me fois mais cette fois l Pun d entre eux ne reviendra pas On les a accus s sans preu ves de faire partie des Fr res musulmans puis d tre communistes On les a tortur s L un d entre eux y est rest Les blessures morales et physiques sont profondes irr versibles quand le caf en m me temps que toute l gypte est d les t de sa derni re chim re la vanit d une soi disant puissance militaire En ce jour fatidique du 5 juin 1967 o Isra l a terrass l aviation gyptienne dans le Sina les gyptiens se r veillent de leur aveu glement et la d sillusion des personnages du roman atteint son point culminant Karnak caf est un des textes de fic tion les plus politis s de Naguib Mahfouz seul crivain arabe qui a eu droit au prix Nobel de litt rature sa parution l uvre a eu un retentissement norme dans le monde arabe La sobri t et la justesse de son criture en font toutefois une r flexion universelle sur les r volutions et leurs trahisons peu attendues mais pourtant fr quentes Le roman est galement une analyse p n trante de la forte t nuit entre destins individuels et projets collectifs C est d ailleurs sur la force et la na vet de l amour sentiment le plus individuel entre tous que le texte fait reposer finalement l espoir d un lendemain plus pur pour la
4. al 2011 297 p 24 95 Long retour en effet que celui l et sans garantie de s r nit Jeune architecte inca pable de coexister avec un p re envahis sant L o a fui Montr al Trente ans durant Buenos Aires il s est cherch ne parve nant qu poser des gestes professionnels d lest s de passion Quand lui parvient l annonce du d c s de son g niteur il fait de son n cessaire voyage Montr al un pr texte pour mettre fin son exil Qu est devenue sa ville natale Il se fait une joie de chercher le savoir L Expo 67 a a r d cor et soci t la Place des Arts a em belli son lieu d implantation et renouvel en profondeur ses publics La famille de L o a volu elle aussi mais assez peu et d une mani re diff rente selon chacun de ses membres La m re qui alignait sa pens e sur celle de son mari parle un peu plus Chacune des s urs insiste pour gaver L o de confidences plus ou moins d sir es pour lui faire accepter une paren t le inattendue peut tre pour l ins rer dans un projet professionnel L o coute observe cherche ses marques Lentement Une constante traverse ce roman la force de l identit juda que Hier avant de mendormir se dit L o je me disais N 123 NUIT BLANCHE 27 que Dieu peut n tre qu une hypoth se une possibilit mais sa parole est l r elle traversant les si cles immuable et toujours en correspondance avec nous Le g nie de
5. ment risquer d y sombrer Un monde la Lovecraft vit l Bien tapi dans l ombre des lunes d eau Qui flottent si paisibles la surface De tant d horreurs o les pires restent venir Ne serait ce pas l le curieux sinon n cessaire paradoxe de lacte po tique Gilles C t Naguib Mahfouz KARNAK CAF Trad de l arabe par France Meyer Actes Sud Arles 2010 115 p 27 95 En ces temps d agitation en gypte Karnak caf paru dans sa version originale arabe au Caire en 1974 et enfin traduit en fran ais nous fait communier avec l me d un peuple plusieurs fois d sillusionn et qui continue de toute vidence croire en des aubes plus justes Microcosme de l gypte des ann es 1960 le caf Karnak appartient une danseuse qui a connu son heure de gloire au temps de l gypte des rois celle d avant p commentaires fiction policier roman nouvelles ane Stevens nan des loups gt la R volution de juillet 1952 Qurunfula est donc le t moin d une poque r volue qui ouvre les portes de son caf aux repr sentants de la nouvelle re r publicaine vieux et jeunes pauvres et riches employ s et tudiants femmes et hommes confon dus Le caf est d abord le lieu de conversa tions libres et agit es dans lesquelles les tudiants s av rent les d fenseurs les plus ardents de la R volution Un jour les jeunes laissent leurs chaises vides Ils reviennent
6. et de 1948 Croix sans amour et ils comptent parmi les plus anciens avoir t traduits en fran ais Valait il mieux aborder cette uvre im mense par un de ses quelques classiques L honneur perdu de Katharina Blum ou Portrait de groupe avec dame Ce sont l quoi qu il en soit deux r cits de facture assez classique bien faits pre nants et qui restent je trouve tout fait d actualit bien qu ils soient situ s l un dans l Allemagne d avant la Seconde Guerre mondiale l autre en 1943 soit au cours de cette m me guerre une guerre que B ll a lui m me v cue de l int rieur Actuels par ce qu ils mettent en jeu et en N 123 NUIT BLANCHE 28 sc ne l opposition entre certaines valeurs nationales collectives d une part et de l autre les int r ts et aspirations des indi vidus qui partagent ou refusent radica lement tout ou une partie de ces valeurs B ll recourt dans chaque cas un pro c d connu le conflit entre deux figures contrast es L dans Le testament petit r cit d une centaine de pages deux offi ciers s affrontent Ils sont du m me camp mais l un ne vit que pour un ordre de fer et une discipline de terreur tandis que l autre tente de r gler par la morale catho lique son existence et celle des hommes sous ses ordres Ici dans Croix sans amour la con frontation a lieu entre deux jeunes fr res le premier fortement attach au national socialisme mon
7. nouvelles ou de courts romans Peu importe vrai dire Botchorichvili crit des histoires denses et chevel es avec des personnages forts souvent irr v rencieux Ils sont toujours au centre de ce monde myst rieux qu tait l Union sovi tique URSS dont les vingt ans de la disparition en 1991 seront c l br s cette ann e Jai v cu la mort de l Union sovi tique comme celle d un tre aim qui a terriblement souffert Dans La t te de mon p re le narrateur m le crit son fils en vacances en G orgie pour lui raconter des histoires de famille dont la carri re d actrice de sa m re la reconstruction de la datcha de son p re et la mort de celui ci Le lecteur se prom ne alors dans le pays d est en ouest Mon p re avait d mont rondin apr s rondin sa maison natale au bord de la mer La datcha est alors transport e pr s de Gori lieu de naissance du dictateur Staline dont la statue n a t d boulonn e qu en 2010 Il faut se souvenir de la guerre de 2008 entre la G orgie et sa province d Oss tie du Sud sous protection russe pour comprendre le climat de tension qui pr valait et pr vaut encore La maison familiale tait auparavant rig e sur le bord de la mer Noire deux pas de la fronti re russe Gagry ou Gagra L o le m me Staline avait sa plus belle villa L o a eu lieu en 1992 la guerre entre la G orgie et sa province d Abkhazie Forte de l appui de la
8. peu du c t de Phistoire secr te des SS dont Bock tait un membre minent Pour Dreyfus dont les parents sont morts Auschwitz c est l occasion d une revanche sur l histoire Au cours d une traque qui nous conduit de Paris Vienne en passant par J rusalem et Berlin la proie semble s amuser lais ser sciemment des indices pour permettre Dreyfus de le pister Ce qui ajoute encore l tranget de cette poursuite ce sont les man uvres des services secrets fran ais allemands et isra liens pour emp cher Dreyfus de mettre la main sur le nazi Au final Shane Stevens r ussit le tour de force de r soudre toutes ces intrigues en respectant les r gles de la vraisemblance Un exploit en soi En d pit d un certain nombre de st r o types propres au genre ici encore un enqu teur la vie personnelle d glingu e devant un crime ravivant une vieille bles sure et victime des charmes d une Mata Hari de service le roman policier doit susciter adh sion du lecteur comme toute autre proposition romanesque Ici c est rat Le personnage qui tient tous les morceaux du puzzle reste une esquisse une proposition intellectuelle qui manque d paisseur Parce que Stevens dit plut t qu il ne fait ressentir on reste indiff rent au sort de C sar Dreyfus Au final L heure des loups constitue une belle m canique litt raire brillante m me mais froide Yvon Poulin Sarah Waters L IND SIRABLE T
9. pul sionnel o les vers courts sont les jalons d un parcours tendu vers le ressaisisse ment les pas d une avanc e exigeante sans cesse relanc e en direction d un nou vel quilibre comment continuer d une fa on qui soit commensurable au drame des camps comment vivre d cemment tout en tant conscient du tiers monde de la menace nucl aire de l impunit des empires financiers partir du constat d un monde partant en d sh rence quelle vision de l homme et de l avenir trans mettre Penfant a parle partir du corps souffrant sur le lieu du combat pour la vie et sa dignit au nom d une humanit commune partager a cher che fr n tiquement comme l aiguille onardo Badura a homme ui aimait les chiens m vaili d une boussole de l ouverture un cap suivre Louise Dupr nous place devant l id e d une d tresse n cessaire montre la douleur l origine de notre soif de beaut et d l vation tel un tremplin nous permettant de porter le regard plus haut que les flammes comme ces anciens troubadours marchant de village en village avec un peu de d cence jeter sur les guerres ve Dubois Bergeron Heinrich B ll LE TESTAMENT suivi de CROIX SANS AMOUR Trad de l allemand par Alain Huriot Seuil Paris 2010 390 p 42 95 Je n avais jamais lu Heinrich B ll Ces deux titres datent respectivement de 1947 Le testament
10. Prix Athanase David en 1981 et le Prix du Gouverneur g n ral en 1987 Bien s r dans ce nouvel ouvrage on retrouve l atmosph re plut t m lancolique laquelle il a habitu ses lecteurs Les personnages hommes et femmes sont des tres solitaires motifs voire tourment s souvent ax s sur le pass qu ils ressassent volontiers Ce sont galement des tres attachants peut tre cause de leur vuln rabilit et du regard lucide et d senchant qu ils posent sur le monde Ainsi Viateur un retrait de l enseignement affirme dans la nouvelle Un couple Quand vous aurez mon ge on ne vous insultera plus C est dans les regards qu on vous lance que vous sentez qu on vous a limin Dans Une fragile immortalit le protagoniste se dit On passe sa vie froisser les autres Ailleurs dans le remarquable texte Perdre le narrateur d clare propos de la femme qu il a aim e et qui vient de mourir Dans Pamour Marie tait sublime Je ne parle pas de Pacte lui m me nous avons t des amants aussi occa sionnels que peu accord s mais de l habilet qu elle avait pour me faire croire certains moments que je pouvais d tenir la cl de son bonheur La citation de Miguel Torga plac e en exergue de cette nouvelle en donne le ton Exister c est perdre petit petit Ton qu elle donne galement l ensemble du recueil La perte est en effet un l ment qui revie
11. Russie PAbkhazie autoproclama en 2008 son ind pendance non reconnue ce jour par la communaut internationale L o la mort rodait J ignore comment mon p re a p ri et pourquoi il n est rest que sa t te Une courte et terrible histoire Mich le Bernard Elena Botchorichvili LA T TE DE MON P RE Trad du russe par Bernard Kreise Bor al Montr al 2011 75 p 15 95 iii RE _ la nouveaut du propos Puis clich clich et demi et aux pr ches d Ach r pondent bient t ceux de Ben Ada m litt ralement fils d Adam c est dire tre humain en arabe nouvel arri vant qui vient clamer la n cessit du combat et la honte du renoncement dans lequel se complaisent les habitants de la d charge C est l que Junior va tenter sa chance en ville le conte philosophique tourne alors au drame et le lecteur com prend que certains clich s ont lieu d tre N 123 NUIT BLANCHE 21 car l abjection du r el y trouve h las un fid le reflet L Olympe des infortunes est un roman sur le malheur d tre au monde qui a toutes les apparences d une parabole mais qui d fend constamment la litt ralit des propos Le r cit donne un droit de parole ceux qui ont une lecture simple de leur environnement une lecture au premier degr Le ton y est d une ironie d capante combin e une tendresse vraie Soundouss El Kettani commentaires fiction po sie Na m Ka
12. a appartient cette cat gorie d cri vains qui comprend aussi Luis Sep lveda Paco Ignacio Taibo II Jes s D az et Santiago Gamboa Padura est un romancier cubain du dedans cr ant des uvres qui ont d contourner la censure et ruser avec elle Dans L homme qui aimait les chiens il r alise son projet le plus ambitieux tant sur le plan litt raire que politique S il a d laiss depuis un certain temps la forme polici re et s il avait propos un grand roman d mancipation avec Les brumes du pass Padura innove dans ce nouvel ouvrage en construisant un triptyque sans enqu te o le t moignage les r minis cences les filatures ne reposent pas sur le suspense mais bien sur la reconstitution d une p riode trouble de l histoire mon diale qui s tend de la R volution d Octobre la p riode sp ciale cubaine Le roman comporte trois r cits entrelac s la pi ce ma tresse raconte lexil de L on Trotski de la Russie au Mexique en passant par la Turquie la Norv ge et la France le second suit celui qui deviendra son assassin de la guerre d Espagne son geste fatidique le dernier narr cette fois la premi re personne suit les tribulations am res d un romancier rat qui entend la confession sur des plages cubaines isol es du meur N 123 NUIT BLANCHE 29 trier d truit par le geste travers des jeux de d doublements de m tamorphoses d allusions d analogi
13. a quatri me publication de la nou velliste et romanci re montr alaise Lynn Diamond finaliste en 2002 au Prix des coll giens pour son roman Le corps de mon fr re Au c ur de Leslie Muller la qu te d absolu et l amiti ind fectible La narratrice et personnage titre du roman amorce son r cit en 2002 retourne vingt ans plus t t au temps des id aux de sa jeunesse et va dans un mouvement d aller retour jusqu en 2003 l ann e de ses cinquante ans Construction non lin aire qui garde le lecteur en attente de r v lations Leslie capte les moments charni res de sa vie qui co ncident avec ceux v cus avec son groupe d amis Un lien d amiti maintient le groupe en d pit de langues d origines et de professions diverses Leur port d attache est Mon tr al mais eux tous ils ont parcouru mers et continents Ils avaient en commun le d sir de changer le monde Pareil id al de jeunesse partag lors d exp riences marquantes a ciment leur amiti malgr de fr quents loignements de petites trahisons des preuves des d ceptions et en bout de course le besoin de confort qui a gagn les uns et les autres l ge venant Mise en abyme Leslie a travaill pendant plusieurs ann es l criture d un roman nourrissant l ambition de faire un portrait de sa g n ration L auteure Lynn Diamond actualise en quelque sorte le projet de son double portrait d une tranche de la g n ration des a
14. dirig la revue Estuaire de 1993 2003 On a pu le qualifier de dandy cr pusculaire car son criture plonge dans les zones d ombre de l humain les al as de l existence et ceux aussi d une poque Ainsi de Taxi pour Babylone crits des Forges L Orange bleue 1996 N 123 NUIT BLANCHE 37 Carnets de Moncton Sc nes de la vie ordinaire Perce Neige 2010 en passant par Cin ma gris Triptyque 2006 et bien d autres dont le c l bre L Am rique po sie sur CD XYZ 2005 Daoust nous propose une po sie assez sombre mais comprenant des moments esth tiques parfois tr s lumineux c est le cas du pr sent recueil En effet celui ci constitue un petit bijou d dition gr ce son criture sim ple claire presque spontan e aux belles illustrations proches du collage cr es par la po tesse Cynthia Girard De courts po mes nous sont offerts la mani re de petits tableaux dans les quels souvent des animaux et insectes subissent le sort des curieux humains que nous sommes devenus ou nous r pon dent en effets miroirs Ce qui rest pas sans rappeler l uvre d un Pr vert Et cette belle esth tique po tique vol tige tourne autour de notre terre Et de Venise Istanbul la lumi re enlumine l Histoire pour en faire un po me d di la beaut f roce du monde Mais cette lumi re poursuit son envol loin de nos pi tres atrocit s pour trange
15. e tatique qui trouve dans les mots sa force la plus s re On y lit la d nonciation des euph mismes g n ralis s qui font appeler une guerre l preuve de la fronti re et des prisonniers politiques les momen tan ment loign s Dans ce roman la parole r v le l adh sion ou le rejet le d fi ou la soumission Certains en sont priv s d autres pensent l crire et ne semblent que faire des dessins insens s D autres encore comme le narrateur cherchent la iB MAHI OUZ NAGU v rit loin des mots dans la moiti du pli d un visage ferm L auteur de ce roman la fois magique et terrible aurait pu tomber dans le pi ge de la r p titive lamentation d un conti nent qui n en peut plus d tre trahi par ceux qui devaient tre ses h ros On aurait pu n avoir dans L ombre des choses venir qu un autre de ces textes malheu reusement presque clich s contant l oppression la mis re la douleur d tre n Africain Nous sommes au contraire baign s dans de la litt rature son meil leur envelopp s par une criture po tique sans artifice ni folklore Soundouss El Kettani Jean Paul Daoust LIBELLULES COULEUVRES ET AUTRES MERVEILLES ditions d Art Le Sabord Trois Rivi res 2011 46p 10 On conna t l esth tique po tique dite baroque de Jean Paul Daoust un auteur tr s prolifique ayant publi une trentaine de recueils depuis 1976 Il a par ailleurs
16. e qui avait son dedans et son dehors et dont les racines plongeaient dans le mythe d une enfance abrit e dans le giron de Dieu l ombre du diable D bute l apprentissage d une vie hors des murs sur lhorizon dor navant ouvert d un enfer allum par des mains semblables aux siennes Auschwitz La mise en rapport avec cet ab me a entra n l int riorisation du diabolique de la limite de la menace du noir du vide il n y a plus de refuge C est la douleur b commentaires fiction Heinrich B ll roman Heinrich g ll Le testament Croix sans amour eintich p BOLL des m res d Auschwitz frapp es d impuis sance que la femme s identifie l id e de leurs enfants avec des bouches pour la soif comme l enfant pr s de toi sa faim sa soif et des promesses que tu tiendrais bout de bras s il ne s agissait que de toi mais ici cest le monde et sa folie puanteur de sang cru et de chiens l ch s sur leurs proies La volont de tenir lieu de rempart provoque une r gression tat anonyme du vivant vuln rable instinctif voire affol devant l ventualit d une guerre nucl aire qui ouvre une fen tre sur la mort m me l espace domes tique Le je s loigne dans un tu moins pour se distancier de soi que pour tendre la parole cette intelligence ani male d placer le foyer de la conscience et des mots Il en r sulte un discours
17. es entre les trois pro tagonistes amoureux des chiens Padura reconstitue sur un mode la fois voca teur et d taill amertume provoqu e par les fabrications du r el du r ve et du discours Le roman s emploie ainsi cerner ce qui nous fait endosser des versions bru meuses du pr sent et du pass au nom de douteux slogans Si la charge est l occa sion un peu trop manifeste et appuy e il men demeure pas moins que l uvre est forte riche se jouant de l histoire et de ses discours pour mieux en restituer l paisseur Michel Nareau commentaires fiction po sie roman Kossi Efoui L OMBRE DES CHOSES VENIR Seuil Paris 2011 158 p 25 95 Les auteurs africains d expression fran aise se sont souvent faits les d non ciateurs de lendemains d ind pendance amers de coups d tat et de r volutions qui ne tiennent pas leurs promesses de r pressions gouvernementales d me sur es Le dernier roman de Kossi Efoui nous met lui aussi au d sespoir de voir mise en sc ne une Afrique de libert et de v rit L ombre des choses venir est l histoire de l immobilisme historique et social le conte d un retour impitoyable des m mes injustices des m mes l sions et des m mes l s s sous des dehors de changement Cette uvre est n anmoins surtout consacr e au pouvoir et au mensonge du langage On y lit la force des refrains incrust s dans la m moire collective par un appareillag
18. ffrontement central oppose les craintes instinctives et la raison l hyst rie suscit e par de myst rieux mal fices et une logique qui pr tend les expliquer de fa on l nifiante Devant les peurs pani ques qui assaillent et emportent tour tour le fils Ayres sa m re et sa s ur le m decin Faraday dresse avec une vigueur N 123 NUIT BLANCHE 39 d croissante son scepticisme ent t et sa compassion d sol e Le roman raconte le duel avec une minutieuse et impeccable fid lit Raffin e Sarah Waters fait languir son lecteur qui de la raison arc bout e sur ses vidences et des pr sences fanto matiques lemportera Et qui survivra Sarah Waters le dira t elle enfin Laurent Laplante
19. na elle ressem blerait selon certains critiques fran ais YASMINA KHADRA Olympe des infortunes une Antigone moderne qui se sacrifierait pour lavenir de son pays Malheureuse ment cette Una qui pourtant est la narra trice principale du roman n a pas beau coup de poids romanesque on referme le livre avec le sentiment de ne jamais lavoir saisie L criture de Linda L est baroque foisonnante oscillant sans cesse entre des expressions populaires et des termes recherch s Et c est l sans doute ce qui fascine n anmoins dans ce roman tr s narratif Malheureusement c est peut tre tout se qu on retiendra de ce Cronos la dix septi me publication de Linda L qui reste une uvre sans motion mal gr ou cause de la multiplication des mots qui racontent une histoire d horreur trop actuelle Linda Amyot Roberto Arlt LES SEPT FOUS Trad de l espagnol par Isabelle et Antoine Berman Belfond Paris 2010 272 p 33 95 Roberto Arlt 1900 1942 est tenu par beaucoup de connaisseurs de la litt rature argentine comme l gal de Jorge Luis Borges dont il fut le contemporain Ce fils d migrant prussien autodidacte homme de tous les m tiers a tenu dans les ann es 1930 une chronique dans le N 123 NUIT BLANCHE 20 grand quotidien de Buenos Aires El Mundo o il brossait l acide le portrait de son poque Si ces chroniques lui apport rent la notori t da
20. nation Soundouss El Kettani Shane Stevens L HEURE DES LOUPS Trad de l am ricain par dith Ochs Sonatine Paris 2011 524 p 34 95 On sait bien peu de choses de l Am ricain Shane Stevens sinon qu il a publi six romans entre 1966 et 1986 et qu il est disparu des crans radar de la litt rature dans les ann es 1980 Les ditions Sonatine Pont sorti de l oubli en publiant en 2009 Au del du mal Consid r par certains comme le Citizen Kane du genre serial killer le roman raconte la cavale sanglante de Thomas Bishop un tueur d vor par la haine des femmes Devant le succ s amplement m rit de cet exceptionnel N 123 NUIT BLANCHE 38 suspens l diteur r cidive et propose aujourd hui L heure des loups Nous sommes Paris en 1975 C sar Dreyfus inspecteur la Police criminelle est charg d lucider la mort d un certain Dieter Bock citoyen allemand retrouv pendu dans son appartement verrouill de l int rieur et ne pr sentant aucune trace d effraction Tout indique donc qu on est en face d un suicide Sauf que Dreyfus comprend rapidement qu il s agit d un meurtre d guis et que la victime n est pas Dieter Bock Ce dernier en est l assassin partir de l le lecteur est plong dans une intrigue d une grande complexit en raison non seulement de la s rie de cada vres que l on d couvre dans le sillage de Bock mais aussi parce que ceux ci nous entra nent peu
21. nn es 1960 scolaris e affranchie et id aliste Certains personnages de Leslie Muller sont all s soutenir la R volution sandiniste au Nicaragua l un v t ran de b commentaires fiction roman autobiographique roman nouvelles Coetzee v t d la vie la guerre du Vietnam a choisi de se faire chirurgien allant de mission en mission dans les r gions en conflit Voil qu au mitan de la vie ils mettent en doute l efficacit de leur action parlent d chec et des temps incertains Les militants d hier prouvent aujourd hui l urgence de vivre L criture la fois suggestive et lim pide et le ton ni lyrique ni path tique du roman traduisent l tat d esprit de la narratrice Leslie qui se penche avec s r nit sur un pass habit par cle vieux r ve toujours trahi d un monde o ne r gnerait plus la loi du plus fort Lynn Diamond rend dans une langue sensible et belle une vision r aliste d une portion d humanit Pierrette Boivin J M Coetzee L T DE LA VIE Trad de l anglais par Catherine Lauga Du Plessis Seuil Paris 2010 319 p 34 95 La nouvelle n a pas fait grand bruit mais le romancier sud africain J M Coetzee Nobel 2003 est mort et au sommet de sa forme En fait dans P t de la vie Coetzee poursuit son projet autobiographique entam en 1997 en imaginant qu apr s sa mort un universitaire anglais M Vincent se pr pare crire sa biographie
22. ns son pays ce sont ses deux romans Les sept fous et Les lance flammes parus initialement au d but des ann es 1930 qui ont contribu le plus sa notori t en dehors de l Argentine Les sept fous comme Les lance flammes qui en est la suite tourne atour du per sonnage d Erdosain Les sept fous s ouvre alors que ce petit employ d une compa gnie sucri re comparait devant ses employeurs qui ont d couvert qu il avait pig dans la caisse de l entreprise Somm de rendre dans les 24 heures les 600 pesos et 7 centimes d rob s Erdo sain entreprend la tourn e de ses con naissances dans l espoir de leur soutirer de quoi viter la prison Au hasard de sa qu te il tombera sur un groupe d hur luberlus r unis dans une soci t secr te qui a pour projet de prendre le contr le du pays Un faux g n ral un vrai soute neur un pharmacien pris de d lire mys tique un aventurier chercheur d or un tueur illumin et un astrologue m ga lomane composent cette confr rie dim probables conspirateurs En partie par app t du gain en partie pour chapper son existence Erdosain se joint leur entreprise m me si pour cela il lui faut participer au meurtre de son cousin Le roman s ach ve sur une sc ne qui r v le la duplicit de l entourage du h ros Ceux qui s attendraient lire le compte rendu de l histoire loufoque de quelques esprits d jant s seront d us Avant tout Les sept fous sui
23. nt au fil des diff rents textes perte des proches de travail de la sant des illusions On devine des passages autobiographiques ici et l dans le recueil En particulier dans la nouvelle Dans le silencieux automne o le narrateur qui a publi une quinzaine de romans se fait dire On ne s aime pas beaucoup dans les histoires que tu inventes Plus loin il avoue La solitude ne ma jamais pes Sans doute parce que je lai toujours choisie Les lecteurs de Gilles Archambault retrouveront avec plaisir dans cet ouvrage le ton de confidence amicale qu il adopte au fil de son uvre ainsi que des personnages pleins d humanit Ga tan B langer Gilles Archambault UN PROMENEUR EN NOVEMBRE Bor al Montr al 2011 236 p 22 95 GILLES ARCHAMBAULT rues qui s introduit un soir chez elle et avec qui elle se lie d amiti Una d couvre enfin un nouveau sens sa vie Mais apr s l assassinat du jeune gar on sa r volte explose et elle s engage clandestinement au sein d un groupe qui tente de renver ser le gouvernement totalitaire Enceinte d un des membres minents du groupe N 123 NUIT BLANCHE 19 elle sera d nonc e Karaci qui devra d ci der de son sort Laur ate du prix Wepler Fondation La Poste 2010 et de la bourse Cioran 2010 du Centre National du Livre Linda L a crit une sorte de fable politique qui ne convainc pas tout fait Les personnages des arch type
24. par des fragments de carnets intimes Or par un ing nieux tour de force il r ussit se rel guer au second plan et encha ner d mouvantes bribes d exp riences conjugales familiales ou sociales L apartheid est voqu de m me que l ascendance afrikaner mais confor m ment au style coetz en c est dire sur le mode du drame et de la d route individuels Quant l autoportrait peu flatteur qui se d gage de L t de la vie il r v le un rare don de s objectiver Il faut un romancier de haute vol e pour en arriver saisir de mani re aussi cr dible impla cable et myst rieuse la fois la percep tion qu autrui peut avoir de soi Patrick Bergeron Claude Vaillancourt L INCONNUE Qu bec Am rique Montr al 2011 274 p 22 95 Un th me aux riches r sonances entre les mains d un romancier agile et cultiv cela promet et livre des heures de pur plaisir La mission du narrateur est vite circonscrite compl ter le bouquin laiss inachev par une auteure qu il a au temps jadis fr quent e de pr s et dont le d c s laisse des questions en suspens T che d finie mais emb ches d primantes Elles vont de la difficult de se couler dans le style d une autre la recherche d une conclusion dont le demi manuscrit ne fournit aucun indice patent L r side l essentiel car le lecteur est sommaire ment convi ne pas trop s interroger sur le pourquoi d un tel le
25. peu en un faisceau intelligible La surprise naissait de ce que ces multiples vies soient log es c te c te dans un unique immeuble Rares sont cependant ceux ou celles qui ont su s approcher de la r ussite de Perec Am lie Panneton est de ce groupe restreint Sans pour autant imiter le ma tre Tout en avouant d s l exergue sa dette l gard de Perec et de La vie mode d emploi elle construit en effet de fa on autonome son propre difice o s aiment s agitent Sisolent et se croisent les habitants de plusieurs petits mondes Au d part une avalanche de cartes postales d ferle sans qu on daigne nous dire qui crit ou vers qui file le message Puis cest la visite des lieux se succ dent les tages et les deux et demie quatre et demie six et demie Dans tel cas une confr rie de colocataires brasse ses affinit s et ses d saccords Martine s en va Ben arrive et tonne le narrateur d croche et la vie continue C est ensuite le regard un peu d daigneux sur l occupant fant me de l appartement voisin pauvre vieux pense t on il ne sait m me pas choisir ses tomates Chaque appartement vit son rythme en bulle isol e des univers qui ronronnent tout pr s convaincu de constituer lui seul un univers complet Car les questions qui mergent sous ces proches latitudes rappellent celles qui l vent en tous lieux comment savoir quel film on peut proposer une fille comment faire cohabiter dans un jardin minuscule le po
26. rad de l anglais par Alain Defoss Alto Qu bec 2010 581p 33 95 l gance de l enveloppe et richesse du contenu Comme si ce double m rite n tait pas d j rare et admirable plusieurs autres aspects de l ouvrage auront t t fait de transformer tout lecteur en fid le de Sarah Waters La vieille splendeur de Hundreds Hall la demeure des Ayres perd ses attraits sous nos yeux Cette d ch ance s acc l re pendant que la noble famille d sargent e subit l assaut de grincements infernaux de craquements terrifiants de menaces insistantes La vieille demeure est elle hant e Cache t elle un quelque chose de vengeur Objets inanim s avez vous donc une me La famille Ayres qui s ent te occuper l inhabitable est elle la possibilit m rite et obtient r flexion atteinte d une tare qui fragilise le fils la m re la fille Mais alors pourquoi le vieux Gyp chien pantouflard et sans col re s en prend il une fillette L intrigue se noue en souplesse et baigne dans une sereine quotidiennet jusqu ce que doucettement d indice discret en signal ambigu l atmosph re s alourdisse compter du premier ennuagement le r cit alterne les tensions et les apaisements Tant t amiti s et romances tendent vers leur pl nitude tant t les mal fices crispent les sensi bilit s et brouillent le climat L alternance rappelle Hitchcock et ses films en dents de scie Sarah Waters t
27. ransporte son lecteur dans l Angleterre convalescente de l apr s guerre Un gouvernement tra vailliste branle des habitudes s culaires secoue les certitudes aristocratiques plonge les anciens nantis dans l ins curit M me si le docteur Farady ne visait pas s enrichir au del de la mesure il ne voyait pas d un bon il l appartenance une classe sociale modeste Et par les fen tres qui laissent passer une pluie cruelle les ch telains d munis voient se construire m me la pelouse ancestrale les bungalows des Agn s Gruda Prix Adrienne Choquette 2011 gn s Gruda ne d oit pas ses lecteurs avec Onze petites trahisons son premier recueil de nouvelles Tout en finesse intelligent et tendre sans complaisance le livre de la rigoureuse journaliste fait mouche Son saut dans la fiction nous ravit Gruda est une observatrice impitoyable conteuse n e dot e de cette capacit de synth se indispensable qui veut crire des nouvelles Ses petites trahisons sont les petites veuleries que nous connaissons bien h las et dont nous nous rendons tous coupables un jour ou l autre Par jalousie parfois comme dans Lattente drame r aliste qui se joue entre un fr re et une s ur au soir de la vie de leur m re Moi je suis celle qui observe les autres Jamais celle que l on voit Ou encore par l che n gligence comme dans Des nouvelles de la haine r cit d une journaliste de g
28. re sur une parade de la Saint Patrick laquelle assistent Ben Allan et son p re Morris dont l humour caustique et les habitudes de vie contras tent avec celles de son fils La m taphore de la parade ceux qui d filent et ceux qui se d filent n est pas fortuite Tous les personnages de ce roman exception faite de la conjointe de Ben Allan qui est son double f minin semblent d ailleurs avoir pour fonction de souligner la fois le caract re r serv du h ros et son attrait pour ces zones floues hors du droit che min dans lesquelles voluent les artistes et ces gens qu autrefois on qualifiait de fous pour justifier leur internement Il est ici impossible de r sumer ce roman de David Homel aux ramifications multiples qui se d roule dans une ville que nous apprenons red couvrir David Homel joue sur l introspection avec un humour tant t d brid tant t corrosif et nous entra ne dans un questionnement sur les ressorts de la cr ation la qu te d identit et les transformations de cette qu te au fil des ans la r ponse que souvent nous donnons notre propre N 123 NUIT BLANCHE 17 voix int rieure qui cherche ou pas nous garder sur le droit chemin il offre une autre perspective En cela il m rite quon s y gare Jean Paul Beaumier Lynn Diamond LESLIE MULLER OU LE PRINCIPE D INCERTITUDE Triptyque Montr al 2011 202 p 20 Leslie Muller ou le principe d incertitude est l
29. rich et fait voir de fa on efficacement incarn e comment rafistoler un roman ou au besoin le r inventer Que l histoire racont e diff re de celle qu ima ginait B atrice c est possible et alors Laurent Laplante Linda L CRONOS Christian Bourgois Paris 2010 164 p 29 95 Dans un minuscule pays une ville nomm e Zaroffcity du nom du dictateur qui a pris le pouvoir la suite d un coup d tat Una crit son fr re exil dans le pays voisin Pour sauver son vieux p re menac par Karaci le redoutable et redout ministre de l Int rieur Una a accept de l pouser un mariage blanc puisqu elle refuse de partager le lit de son mari qui lui multi plie les liaisons en attendant que sa femme se jette son cou de son plein gr Depuis recluse dans un appartement spartiate de la somptueuse maison de Karaci elle crit des lettres son fr re dans lesquelles elle raconte ce qui se passe Zaroffcity et ce qui peu peu se transforme en elle Una d teste son mari un tortionnaire qui s en prend surtout et avant tout aux intellec tuels aux artistes et aux femmes Gr ce l arriv e du jeune Marko un enfant des x Gilles Archambault UN FROMEMEUR EN NOVEMBRE n promeneur en novembre est le huiti me recueil de nouvelles publi par Gilles Archambault L crivain a galement son actif seize romans un r cit et cinq compilations de chroniques Auteur reconnu il a remport le
30. s Juifs est d avoir cart toute v rification Le long retour comprend ainsi une tape spirituelle Un instant revivifi e la recherche d une architecture qui soit autre conna t des rat s l id e de repenser Montr al partir d un inven taire photographique des lieux fait sou rire les pragmatiques Puis la rencontre de Julia donne au retour son sens profond Tout comme Julia s accepte en tant que pianiste de haut niveau mais n aspire plus la gloire des meilleures L o demande son m tier d architecte non plus la refonte d une m tropole mais la maison o Julia et lui conna tront la seule libert qui vaille tre recherch e Je trouve difficilement les mots dit L o Julia Cest pour cela que je construis une maison Pour parler Plein de d licatesse comme nombre des romans de Kattan Le long retour se montre tonnamment g n reux en longs monologues La justification le plaidoyer les lib rations psychologiques conduisent les s urs de L o s puiser en explica tions verbeuses Lui aussi succombe la prolixit Peut tre cependant ces mono logues ont ils pr cis ment pour but de montrer par leur artifice la difficult d un retour arrach au temps Laurent Laplante Louise Dupr PLUS HAUT QUE LES FLAMMES Le Noro t Montr al 2010 106 p 17 95 Cette histoire commence au retour d un voyage Une femme marche sur les ruines du monde qu elle a quitt un mond
31. s un peu caricaturaux n ont b commentaires fiction roman pas vraiment de contours et jamais ne nous tonnent Comme il se doit Karaci est d un gocentrisme monstrueux se vautre dans le clinquant et l ostentatoire traite ses nombreuses ma tresses comme des moins que rien viole celles qui se refusent ou les interne dans des h pitaux psychiatriques remplit ses comptes en banque en affamant son peuple s affirme comme un grand connaisseur d art en affichant sur ses murs des uvres aux quelles il ne jette m me pas un il utilise sa femme comme une parure pour sa beaut alti re et son air intouchable mani pule et m prise secr tement le dictateur dont il doit assurer la s curit et dont il entend bien usurper le pouvoir le moment venu et bien s r prend un immense plai sir torturer Le fr re d Una tel qu il appa ra t dans les lettres qu elle lui adresse est un acteur aur ol d un certain h ro sme parce qu il cr e et met en sc ne depuis son exil des pi ces interdites Zaroffcity et dans lesquelles il d nonce le dictateur et son ministre Le jeune Marko Penfant des rues est n cessairement d brouillard fut n a peur de rien et voue un culte Una M me les personnages tr s secon daires et leurs histoires racont es en quel ques lignes qui composent de brefs chapi tres tr s anecdotiques correspondent aux images toutes faites auxquelles on s attend pour un tel sujet Quant U
32. ss Olivier donne le bon exemple en s investissant dans le travail de r daction plut t que dans une enqu te connotation polici re sur la mort de B atrice C est l que la p dagogie de Vaillancourt d ploie toutes ses ressources y compris ses meilleures astuces Olivier en effet n appr cie gu re la litt rature de B atrice Elle a connu plus de succ s que lui mais en courtisant de trop pr s un public sans grand raffinement Vaillancourt en profite pour d partager ce qui en litt rature est respectable et ce qui tient du racolage En utilisant le demi manuscrit de B atrice il donne des exemples de ce qu il ne faut pas faire Il d nonce la mobilisation de c l brit s que se permettent certains mau vais litt rateurs tout en se la permettant lui m me par B atrice interpos e On verra donc Hubert Aquin Sartre et Beauvoir traverser la reconstitution m me si soit dit entre gens de bon go t cela est pas tr s l gant Parler d un making of semble donc inappropri et r ducteur car il y a plus et mieux Vaillancourt construit partir d un texte qu on ne voit jamais une proposition litt raire d autant plus brillante qu elle a comme base un texte inconnu La large culture de Vaillancourt n intervient pas dans l abstrait ni avec le p dantisme du pion autorisant tel effet et cravachant tel autre elle convoque la barre Primo Levi les fant mes de Prague la sinistre pr sence de Heyd
33. t le flux de la pens e d un tre profond ment d chir qui n en finit pas de prendre la mesure de son malheur Voil pour le fond Quant la forme disons qu au moment de sa parution les critiques ont beaucoup fait tat des libert s prises par Arlt avec la langue espagnole classique l accusant de la d figurer en y m lant la langue argo tique Or ce qui nous a le plus g n dans sa traduction fran aise c est plut t le recours fr quent de l auteur des traduc teurs un vocabulaire surann et un style affect parfois jusqu la pr ciosit Toutefois le plaisir du lecteur est sauv par l acuit du regard de l auteur sur le monde qui l entoure Avec Les sept fous Roberto Arlt trace le portrait d un personnage qui plus de 80 ans apr s sa cr ation peut toujours faire figure d arch type de tous les damn s de la terre Yvon Poulin Yasmina Khadra L OLYMPE DES INFORTUNES Pocket Paris 2011 192 p 11 95 L Olympe des infortunes de Yasmina Khadra paru en janvier 2010 chez Julliard a eu droit au format poche au d but de cette ann e et d voile une autre facette du romancier alg rien Loin en effet de l univers des conflits politiques du Moyen Orient et du monde arabe tels que les mettent en sc ne Les hirondelles de Kaboul L attentat et Les sir nes de Bagdad L Olympe des infortunes est une sorte de conte philosophique qui fait l apologie des vidanges Yasmina Khadra no
34. tager de l un et le bain de soleil de l autre quel cr dit accorder aux promesses d aventures audacieuses formul es par un biscuit chinois Questions quotidiennes ternelles fondamentales prioritaires on le voit De cette Babel ressort l pisode ponyme qui a nom Le charme discret du caf filtre Oui ce gar on et cette fille partagent un appartement depuis trois ans mais leur donner une cafeti re filtre est ce pas pr sumer qu ils forment un couple alors que Humour caustique coute subtile des sentiments latents politesse h ro que suivie d une d molition compensatoire le registre des r actions est large et d une parfaite justesse Peu peu les r seaux comme noircit l encre sympathique se dessinent On apprend de quelle m re Yves est issu qui est cette Maryse qu appelaient tant de missives de quelle g n rosit est capable P n lope L immeuble ne change pas mais on le sent d sormais travers de sentiments profonds lourd de secrets respectables envelopp de persistants non dits L auteure ne sera je l esp re ni d ue ni surprise si on lui dit que pour go ter pleinement la d licate structure de ce micro cosme il faut lire le roman puis revenir et revenir aux cartes postales du d but Le plaisir y gagne am lie pa E aE Laurent Laplante Am lie Panneton LE CHARME DISCRET DU CAF FILTRE La Bagnole Outremont 2011 158 p 16 95 romans policiers havanais Leonardo Padur
35. tant le second d fenseur des libert s individuelles Dans chaque cas un d nouement tragi que et violent attend l un des h ros L art de B ll r side dans la mani re habile dont il se prom ne d un personnage et d un lieu un autre nous donnant au passage certains personnages secondaires d une extr me beaut et d une touchante pro fondeur comme cette Mme Bachem la m re des deux fr res peut tre la figure la plus attachante de tout le r cit Patrick Guay Leonardo Padura L HOMME QUI AIMAIT LES CHIENS Trad de l espagnol par Ren Solis et Elena Zayas M taili Paris 2011 671 p 35 95 La litt rature latino am ricaine post boom ne se laisse pas ais ment cat go riser avec des crivains aussi singuliers que Roberto Bola o Horacio Castellanos Moya et Guillermo Arriaga Il existe au moins un grand axe discursif celui de la d faite Avec la remise en cause de l utopie socialiste avec l exil les dictatures et les guerres civiles nombre de romanciers ont puis dans le d senchantement l objet d une critique acerbe de leur soci t sur un mode non pas de la compromission n olib rale mais bien de l acuit et de l espoir amers et d sesp r s On le sait depuis la parution de sa t tralogie de Premier roman 3 exploit de Perec lui a valu des mules son exemple plusieurs ont tent de raconter dans un d sordre trompeur une s rie de destins avant de les r unir peu
36. ttan bstin ment obscur O Martin Labrosse L OBSCUR OBSTIN MENT Le Noro t Montr al 2011 72 p 16 95 J e reste hors de tout j attends Le ton est donn Le po te se voit en sa pr sence absence lui m me au monde dit ext rieur Il erre sans trop d angoisse malgr certaines grandes peurs celles qui nous habitent tous la limite de son corps de son tre de tout en fait Il sem ble la fois toujours tre situ distance de soi de l autre mais aussi enracin afin de pouvoir dire baucher un discours po tique qui fondera une incertaine iden tit Cest ce que le po te dans ce recueil nomme l exil familier un exil n ces saire et vain QJuand il s oublie dans son lan le geste d tre vous ram ne au creux craqu de la m moire au fond secret des jours all s ce lieu de nulle part coulant du pareil au m me au pareil aux lisi res du monde en soi L auteur poursuit E t vous poussez votre ombre vaine pas lents sur la neige sale la nuit dans les rues de la ville Nous allons ainsi tournant vide tous les carrefours que nous rencon trons essentiellement seuls I I faudra te r soudre rester celui l qui court dans sa chair Gilles C t aurs 0 upat Lys HAUT QUE LES FLAMME ns z gaT a yen g x N at NC oh fat Na m Kattan LE LONG RETOUR Hurtubise Montr
37. u ils projettent sur les trot toirs Sp cialiste de litt rature fran aise enseignant dans une universit anglo phone de Montr al Ben Allan s int resse la dromomanie curieuse pathologie qui ne s attaquerait qu aux hommes les for ant un beau jour s extirper du quoti dien rassurant dans lequel s coulent leurs jours pour se lancer sur les routes sans autre but semble t il que de distancer leur propre ombre Pun de ses coll gues qui lui demande comment il a pu crire un article port e historique sur un sujet aussi singulier Ben Allan r pond qu il n en sait rien que l article s est crit tout seul sympt me encore inconnu de la dromomanie Cette r ponse en appa rence anodine r v le la trame de fond du roman qui touche la cr ation elle m me ce besoin qui oblige soudainement rom pre avec toute forme de confort soit il ou non mat riel pour se lancer sur des voies soient elles ou non pav es dont on ignore l issue Ben Allan n avait pas encore ynn Diamo ou ue dit rinude e principe d ince l d couvert que lacte d crire f t ce une humble fiction historique d guis e en recherche acad mique peut facilement g cher la vie de l crivain Chaque texte est un monstre d ingratitude Au lieu de se contenter d exister tout bonnement il est toujours plus avide de l essence de son cr ateur N crivez jamais si vous pouvez vous en passer Le roman s ouv
38. uerre lors des conflits de 1992 1995 en ex Yougoslavie Comme plusieurs la protagoniste a cherch comprendre les raisons qui avaient fait basculer la Yougoslavie dans une rage meurtri re Des ann es plus tard une lettre retrouv e lui rappelle la promesse faite jadis de s occuper du rapatriement au Canada d un adolescent serbo musulman Promesse par ailleurs jamais tenue a ne sert rien de remuer le pass conclut elle avec d sinvolture en jetant la lettre retrouv e dans un carton qu elle ne rouvrira jamais Qui ou quoi peut on trahir La parole donn e un id al ou un ami Par paresse par go sme par nonchalance ou pire par indiff rence L auteure fait un habile et courageux tour d horizon de ces tristes constats qu elle campe bien dans la r alit du Qu bec d aujourd hui M me lorsqu elle largit son terrain de jeux et nous am ne vers d autres pays Ou lorsque avec finesse elle introduit dans une histoire les probl matiques d int gration des N o Qu b cois Gruda a t finaliste aux Prix du Gouverneur g n ral 2010 en fort bonne compagnie d ailleurs en plus de remporter le prix Adrienne Choquette 2011 On ne peut que la f liciter Mich le Bernard Agn s Gruda ONZE PETITES TRAHISONS Bor al Compact Montr al 2011 296 p 14 95 ONZE PETITES TRAHISONS CETTE CINTENCI g n rations montantes Atmosph re p n trante comme une humidit qui s insinue jusqu l os L a
39. us y invite la visite d une d charge publique bord e d un c t par la M diterran e et de Pau tre par une ville sans nom qui attire et terrorise les habitants du d potoir Parmi ces marginaux Ach et Junior forment un duo dont les dialogues rappellent parfois En attendant Godot de Beckett Le vieux Ach le Borgne s est pris d affection pour le simple d esprit Junior et l abreuve r p tition de sermons contre la ville lieu de perdition pour tout horr homme libre en arabe qui se respecte Ach rappelle sans d semparer Junior sa chance d tre si bien tomb puisque seul cet endroit lui permet d tre lui m me sans se soumettre qui que ce soit Oui la montagne d immondices et la ferraille d un camion de police transfor m e en logement d infortune seraient le meilleur des mondes possibles On rest pas pris spontan ment dans cette fable qui semble par trop convenue presque clich e argent ne fait pas le bonheur la technologie non plus la civi lisation est un danger On se demande pendant quelques pages o se camoufle a La G orgie pa LENA BOTCHORICHVILI ufam LA T TE DE MON PE ontr alaise d adoption la G orgienne Elena Botchorichvili demeure attach e la langue russe sa langue d criture Avant de s installer au Qu bec elle a en effet pratiqu le journalisme sportif socialiste et communiste en Russie Ses romans sont ils de longues
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