les difficultés de traduction d`une politique nationale
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1. origine selon un triptyque co t fonctionnement r sultats accompagn d indicateurs permettant de construire organiser et comparer les donn es recueillies Th lot 1993 Les indicateurs de r sultat visaient principalement la transmission des connaissances les indicateurs de fonctionnement devaient concerner l activit ducative les indicateurs de co t mesurant le niveau de la d pense en ducation L valuation du syst me ducatif par les r sultats scolaires c est dire sur la base des connaissances acquises par les l ves telles que les mesurent les valuations nationales ob it une longue tradition qui nous vient des Etats Unis m me si les modalit s pratiques et techniques en sont diff rentes En 1983 fut rendu public le rapport A Nation at Risk de la National Commission of Excellence in Education qui faisait tat d un certain nombre de pr occupations concernant le syst me ducatif aux Etats Unis dans sa relation la mondialisation Le rapport proclamait que la nation am ricaine tait en danger citant l augmentation des taux d abandon en cours de scolarit les difficult s de lecture des l ves les plus jeunes et l inaptitude des dipl m s occuper les emplois Le syst me ducatif tait ainsi consid r comme incapable de former des dipl m s de haut niveau ce qui menag ait terme la comp titivit de l conomie am ricaine Les Etats Unis ont par la suite mis en uv2. trang res la p dagogie En effet les enseignants pensent qu elles sont essentiellement destin es r aliser des statistiques pour faire des comparaisons en mati re d efficacit du syst me ducatif avec d autres pays ou pour op rer des classements d tablissements ou encore pour que les responsables du minist re se fassent une id e du niveau des sixi mes Certains jugent que ces valuations sont une perte de temps Pour les enseignants interrog s les valuations ne sont pas con ues dans le cadre d un accompagnement p dagogique Elles ne pr sentent pas d int r t direct pour le cours car les erreurs type des l ves leur sont d j connues et se r p tent d ann e en ann e notamment celles concernant la confusion entre parall les et perpendiculaires Les valuations ne semblent rien dire sur le cheminement de l l ve et ce qui va le conduire l erreur Dans le meilleur des cas elles servent d terminer les effectifs qui n ont pas r ussi tel item pour juger de mani re tr s g n rale d une ventuelle rem diation concernant certains groupes d l ves De mani re assez unanime les enseignants reprochent aux valuations d tre un frein un r el d marrage de l activit avec les l ves En effet pour la plupart d entre eux la planification du programme est une contrainte tr s pr cise parce que les enseignants veulent dispenser un enseignement galitaire tous les l
3. valuations nationales influencent les pratiques enseignantes elles sont complexes en interaction et diff rentes selon les champs disciplinaires De plus les enseignants ont des exp riences diff rentes de ces valuations nationales en fonction du contexte des ressources mises leur disposition et de leurs propres connaissances de l valuation Cette recherche n est pas termin e et nous r servons la publication de nos r sultats notre commanditaire Toutefois nous donnerons la fin de l article quelques l ments sur la r ception des valuations nationales par les enseignants de math matiques au coll ge pour lesquelles nous disposons aujourd hui de donn es significatives LES VALUATIONS NATIONALES UN ENJEU POLITIQUE POUR L ECOLE L valuation du syst me ducatif est op r e par la Direction de la Programmation et du D veloppement DPD qui produit r guli rement des donn es statistiques et les communique travers diff rentes publications l Etat de l Ecole G ographie de l Ecole Notes d information etc Elle vise r pondre une exigence externe rendre compte la Nation de l tat de son cole et interne promouvoir une culture de l valuation parmi les acteurs de l Education Nationale Dans ce cadre statistique les valuations nationales sont con ues comme des valuations de masse dont la fonction principale est de fournir des outils aux enseignants et aux tabl
4. f rence de l valuation dans le domaine de la recherche en ducation La premi re conception se rattache au mod le de la p dagogie de la ma trise et la taxinomie des objectifs p dagogiques de Bloom elle s inscrit dans une conception n o b havioriste de l apprentissage assez proche du mental testing tr s d velopp e dans le monde anglo saxon Elle vise faire de l valuation un outil de mesure des r sultats ou de l atteinte d objectifs pr alablement fix s La deuxi me conception est d inspiration plus piag tienne Elle a t d velopp e Gen ve autour du groupe Rhapsodie et de Linda Allal Elle con oit l valuation comme un outil d aide l apprentissage et l accompagnement p dagogique des l ves en difficult s Ces deux conceptions se retrouvent dans les finalit s assign es aux valuations nationales En effet elles visent mesurer les acquis des l ves afin que l enseignant puisse tablir une classification des erreurs et y rem dier en se fixant des objectifs p dagogiques atteindre Mais elles sont galement con ues comme un outil de rem diation vis vis des difficult s des l ves Toutefois leur fort quipement cognitif et instrumental ne leur permet pas d avoir la souplesse et la flexibilit n cessaire pour remplir cette deuxi me fonction La complexit du dispositif et l algorithmique dans l laboration de profils d l ves s opposent de fait au tr
5. mais ceux ci n apportent aucune connaissance r elle sur la d marche de l l ve G n ralement l enseignant quand il s int resse aux r sultats se contente de donner le score moyen de l l ve et ses r sultats globaux 18 dans les principaux domaines de comp tences Lorsqu ils sont pris en compte ces r sultats servent principalement constituer des groupes de rem diation en ciblant un type d erreur mais les cahiers ne sont g n ralement pas r utilis s Il n y a quasiment pas de recours aux banques d exercices propos es par le site du Minist re parce que les enseignants ignorent leur existence ou que le nombre d exercices trop restreint ne pr sente aucun int r t par rapport leur propre banque personnelle Enfin les valuations nationales sont utilis es ponctuellement parce que la mise en uvre d une rem diation demande du temps et que certains enseignants doivent g rer simultan ment plusieurs classes de sixi me Une difficult majeure du travail de rem diation avec les l ves concerne l appropriation du logiciel Casimir Nous avons rep r trois seuils de complexit dans son usage par les enseignants et l importance d une dynamique de familiarisation n cessaire l laboration d un diagnostic des difficult s des l ves D abord un seuil ergonomique parce que le logiciel Casimir poss de des fonctionnalit s assez incompr hensibles pour un novice en informatique qui doit s
6. r sultats aux familles varie d un tablissement un autre d un enseignant un autre Certains tablissements convoquent l ensemble des familles en donnant le r sultat de l enfant la moyenne de la classe et celle de l tablissement D autres enseignants refusent de donner un caract re institutionnel aux valuations et vont convoquer uniquement les parents dont les enfants ont un r sultat inf rieur un certain seuil Ce seuil est d termin selon des crit res tr s variables qui peuvent tre d finis par une concertation entre coll gues par exemple on convoque les parents pour les l ves ayant un score inf rieur 50 ou on limite volontairement le seuil pour ne rencontrer que quelques parents mais aussi en fonction de la propre perception de l enseignant de ce qu il juge difficile dans les valuations nationales Ce seuil est aussi fonction du niveau des classes dans certains cas il faudrait convoquer tous les parents dans d autres seulement un ou deux D une mani re g n rale les r unions avec les parents d l ves ont lieu un mois apr s la passation Entre temps les enseignants ont mis en place leur propre syst me d valuation les valuations 6 n tant plus une r f rence Parfois celles ci sont per ues n gativement comme un instrument de classement pr matur des l ves avant que les liens soient tiss s entre l enseignant et sa classe Enfin les possibilit s de rem diatio
7. rend par la suite le codage tr s difficile pour l enseignant Pour certains enseignants de math matiques quelques probl mes pos s par les valuations nationales n cessitent une r elle ma trise du calcul num rique comme par exemple la division Or certains l ves r pondent faux tout simplement parce qu ils ne ma trisent pas le calcul et non parce qu ils sont incapables de trouver la d marche appropri e L une des difficult s majeures pour mettre en place une aide individualis e est que les items ne permettent pas d inf rer la d marche de l l ve et son cheminement Dans ces conditions le travail de l enseignant ne peut gu re partir du livret d valuation parce que le r sultat de l l ve compte moins que l explicitation de sa d marche Ceci n cessite de la part des enseignants une analyse approfondie des erreurs Or si les enseignants sont form s l analyse d erreurs au cours de s ances de formation ils d noncent l ampleur de la t che dans des classes avec des effectifs lev s ou avec des profils tr s h t rog nes dans des tablissements qui n offrent pas toujours les moyens de travailler par petits groupes Par ailleurs les valuations nationales semblent concurrenc es par le syst me d valuation personnel de l enseignant qu il juge plus efficace et plus appropri En effet au d but de l ann e l enseignant de math matiques par une succession de choix en temps r
8. Recherches n 38 2003 LES VALUATIONS EN 6 LES DIFFICULT S DE TRADUCTION D UNE POLITIQUE NATIONALE Dominique CHAZAL amp Romuald NORMAND UMR Education et Politique Institut National de Recherche P dagogique Dans un syst me ducatif d concentr et progressivement d centralis les valuations nationales poursuivent un double but clairer le pilotage national et aider les acteurs et sp cialement les enseignants r ajuster leurs pratiques Si le premier objectif est g n ralement consid r comme atteint la situation est beaucoup plus incertaine sur le second point Le but de notre recherche tait de faire le point sur cette question en tudiant l utilisation des valuations des connaissances des l ves qui sont men es depuis douze ans deux niveaux du syst me ducatif le CE2 et la sixi me Les enseignants mais aussi les chefs d tablissement et les inspecteurs IEN IA IPR utilisent ils les r sultats des valuations nationales pour r ajuster leurs actions locales Quels sont les effets de cet usage sur les l ves Bien que les valuations nationales soient le plus souvent mises en rapport avec la p dagogie et les apprentissages parce qu elles sont con ues pour mesurer les acquis des l ves et leur performance dans la ma trise de certaines comp tences ou connaissances on peut consid rer que leur mise en oeuvre g n re galement des effets importants sur les politiques ducatives les co
9. anisme international qui joue un r le important dans l orientation des politiques ducatives des pays industrialis s Les responsables am ricains souhaitaient que l on mette en uvre une statistique s inspirant de l exp rience du National Assessment of Educational Progress aux Etats Unis un syst me o l on mettait au point des indicateurs permettant la comparaison entre Etats Cette pression tait li e galement au d veloppement des comparaisons internationales dans un climat marqu par la concurrence o l Association Internationale pour l Evaluation du rendement scolaire IEA jouait un grand r le A partir de l l OCDE a proc d la mise en place d indicateurs de r sultats Les pays membres ont d cid d changer quelques indicateurs cl s utilis s dans un cadre national partir desquels ont travaill quelques experts En 1992 l organisme publiait son premier ensemble d indicateurs de l enseignement destin orienter les politiques ducatives des pays membres et fournir une base de comparaisons internationales dans le sens d une plus grande qualit et efficacit des syst mes ducatifs En France les valuations nationales ont t introduites la m me poque selon une architecture sensiblement similaire et depuis chaque ann e la DPD comme l OCDE publie une tude compar e des r sultats scolaires des l ves sur la base de l valuation de leurs comp tences de base De la sph re de d cis
10. appuyer en plus sur un mode d emploi hyper technique Ensuite un seuil statistique les enseignants n ont pas forc ment les comp tences requises en statistiques pour croiser les donn es et analyser les r sultats m me s il s agit d enseignants de math matiques Certes l enseignant expert peut normalement extraire des dizaines de graphiques et tableaux en obtenant des scores de r ussite et d checs de mani re d taill e pour l ensemble des items Mais les enseignants ne voient g n ralement pas ce qu ils peuvent obtenir comme information et ce qu ils sont capables d en faire Ils s en tiennent des l ments g n raux sur l l ve et la classe Ils regardent ainsi principalement les scores de r ussite des l ves de la classe et de l tablissement sans consid rer d autres variables permettant de formuler un diagnostic Confront s des tableaux de nombres et de nombreux graphiques les enseignants m me parvenus jusque l jugent ces informations dans la plupart des cas illisibles et inutilisables Enfin il existe un troisi me seuil que nous avons qualifi d inf rentiel En effet une fois les erreurs d tect es par les codes le passage de la codification la pratique se r v le tr s difficile m me pour des enseignants exp riment s et familiaris s avec les valuations nationales et la didactique des math matiques En conclusion il faut bien reconna tre que la fonction d
11. avail r flexif et r troactif que n cessiterait la seconde forme d valuation appel e g n ralement formative Une deuxi me tension que l on qualifiera de politique est li e aux diff rents objectifs politiques que visent remplir ces valuations nationales On pourrait dire que se c toient un mod le anglo saxon et un mod le fran ais Le premier est inspir des grandes comparaisons internationales de l OCDE qui comme on l a vu pr c demment ont incit les pays industrialis s d velopper leur syst me d valuation nationale des acquis des l ves Les items ont donc t construits des fins de statistique publique et de comparaison des syst mes ducatifs Selon cette orientation l valuation y est con ue comme une fonction de production qu il faut chercher optimiser en termes de co t efficacit sous l influence de la th orie du capital humain L autre mod le est celui de la statistique fran aise Cette statistique a accompagn le d veloppement de l Etat centralis en visant dans un premier temps mesurer l in galit des chances l cole avant de mesurer l in galit des acquis S il a subi l influence de l OCDE ce mod le s inscrit dans une vis e d galit de traitement des l ves qui accompagne la massification et se rattache fortement l laboration de programmes nationaux visant une d mocratisation par les savoirs 15 Cette tension politi
12. el cherche se rapprocher par essais et erreurs de la moins mauvaise solution possible selon ses propres crit res et ceci dans un environnement complexe h t rog n it des classes contrainte des programmes relations avec l administration et les familles Il oscille donc entre planification de l action et capacit s d improvisation Or pour certains enseignants les valuations nationales arrivent trop t t avant que l enseignant ait eu le temps de mettre en place un contrat p dagogique avec sa classe En fait le travail d valuation de l enseignant cherche faire progresser les l ves sur la ma trise d un certain nombre d outils math matiques et il lui suffit de quelques semaines pour rep rer les l ves en difficult s les erreurs de base tant connues et les valuations nationales ne lui semblant pas apporter d informations compl mentaires Une information technique et complexe Les valuations nationales sont jug es trop technicistes Le codage g n re un comportement quasi taylorien de saisie les enseignants d crivant ce moment comme p nible sans int r t et machinal L utilisation du logiciel Casimir permet de sortir de nombreux graphiques statistiques d tablir de nombreuses corr lations mais les enseignants sont d munis face cette inflation statistique L usage du logiciel n cessite de passer un temps consid rable pour d gager des profils d erreurs n cessaires la rem diation
13. essaire aujourd hui de tisser des liens plus troits par un travail de reprobl matisation et de traduction des enjeux de l valuation afin de mettre fin au conflit des interpr tations Bibliographie A Nation at risk 1984 National Commission on Excellence in Education Cambridge Mass USA Research Chatel E 2001 Comment valuer l ducation Pour une th orie sociale de l action ducative Paris Delachaux et Niestl Crozier M 1964 Le ph nom ne bureaucratique Paris Seuil 1964 Derouet J L 2000 Administration science de l administration et sociologie en ducation Quelques exercices de traduction in Revue de l Institut de Sociologie n 1997 1 4 Th lot C 1993 L valuation du syst me ducatif co ts fonctionnement r sultats Paris Nathan
14. f Derouet 2000 A partir de 1981 les d buts de la d centralisation accroissant l autonomie des tablissements scolaires mais aussi le d veloppement du consum risme scolaire et la publication de Palmar s concernant le baccalaur at dans la presse ont fait craindre un clatement du service public d ducation et ont rendu urgente une r flexion sur l valuation du syst me ducatif A la m me poque le minist re s est pr occup d laborer des indicateurs de pilotage lui permettant de conserver une certaine ma trise sur le syst me d centralis et sur l valuation des in galit s entre tablissements A cela sont venues s ajouter des pr occupations concernant le rendement des investissements ducatifs dans un contexte de r duction des d penses publiques et une inqui tude sur la baisse du niveau de l enseignement per ue comme une cons quence de la d mocratisation scolaire Afin de r pondre ces interrogations le minist re a cherch faire de l valuation un outil d auto r gulation pour les acteurs du syst me ducatif notamment par la cr ation d un syst me IPES Indicateurs de Pilotage des Etablissements du Second Degr La loi d orientation de 1989 a donn une l gitimit suppl mentaire cette r gulation par l valuation en cr ant des grandes valuations nationales aux niveaux cl s du syst me ducatif CM2 6 et seconde L valuation conduite par la DEP a t con ue l
15. iagnostic des valuations nationales c est dire celle qui devrait servir mieux valuer les erreurs des l ves de fa on r soudre leurs difficult s pour les faire progresser est loin de remplir son r le On pourrait tre tent d imputer ce ph nom ne la r sistance au changement des enseignants comme tente de le faire une certaine vulgate sociologique en reprenant son compte la critique du cercle vicieux bureaucratique Crozier 1964 Toutefois il semble que l explication du non usage des valuations nationales tout au moins au coll ge soit plus complexe Sans vouloir donner enti rement raison aux enseignants ces causes sont chercher dans le contexte dans lequel ces valuations prennent sens et dans les difficult s inh rentes au travail p dagogique Chatel 2001 Par ailleurs les valuations nationales r pondent une logique institutionnelle partiellement trang re aux enseignants parce qu ils ne per oivent pas forc ment l int r t de comparer les r sultats des l ves un niveau national ou international ou d en faire des 19 instruments de pilotage du syst me ducatif Les valuations nationales leur semblent con ues dans un autre monde sans lien avec leur exp rience leurs pratiques de formation ou la culture propre leur discipline d enseignement C est donc sans doute entre ces deux mondes celui de la p dagogie et celui de la politique qu il semble n c
16. ion la classe une cha ne complexe de traduction Comment les valuations nationales sont elles accueillies et interpr t es par les acteurs du syst me ducatif enseignants responsables de l encadrement inspecteurs Si ces valuations sont con ues en fonction de certains objectifs notamment pour aider les enseignants dans leurs pratiques p dagogiques elles sont mises en uvre dans des cadres vari s donnant lieu de multiples interpr tations Les valuations nationales peuvent induire des changements ou tre tout simplement ignor es Nous avons donc cherch suivre la mani re dont les corps d inspection les formateurs les valuateurs et d autres comprennent ces valuations et s en font ou non les porte parole Il nous paraissait important galement de comprendre comment sont modifi es les pratiques des enseignants en tant attentifs aux effets des valuations nationales sur la p dagogie dans la classe et la fa on dont les outils 13 et les documents d accompagnement taient mobilis s dans les situations d apprentissage En suivant les cha nes de traduction des valuations nationales nous avons t amen s prendre en compte trois grands domaines le curriculum la formation des enseignants l valuation En effet la mise en uvre des valuations nationales est d pendante d un certain nombre de d cisions et conditions ayant trait la discipline enseign e math matiques ou fran a
17. is diff rents niveaux du syst me ducatif Cela concerne au premier chef les programmes d enseignement mais aussi la configuration des manuels scolaires les orientations de la didactique les choix et les priorit s des enseignants dans les contenus enseign s De m me les valuations nationales peuvent avoir un effet en retour sur la mani re dont est d fini et structur le curriculum selon qu il accorde une place plus ou moins importante l valuation Parall lement des r f rences aux valuations nationales dans la formation initiale ou continue des enseignants peuvent avoir des effets sur la mani re dont ils con oivent l valuation dans leurs pratiques p dagogiques mais aussi dans la fabrication des comp tences professionnelles qu ils seront m me de d velopper C est pourquoi nous nous sommes int ress s la nature et aux dispositifs de formation mis en uvre autour des valuations nationales l IUFM ou au sein d un Plan Acad mique de Formation afin de comprendre comment taient ensuite reprobl matis s un certain nombre de concepts et de techniques op ratoires Enfin il existe de fait une pluralit des formes d valuation servant informer une diversit d acteurs l ves parents d l ves enseignants responsables du syst me ducatif ce qui oblige l enseignant mobiliser des outils et des dispositifs h t rog nes C est la raison pour laquelle nous avons jug utile d
18. issements Pour cela sont labor s des protocoles au sein d un groupe de pilotage pr sid par la DPD et compos de repr sentants du minist re des corps d inspection d enseignants et de chercheurs Ceux ci d finissent les objectifs valuer apr s une lecture approfondie des programmes et des instructions officielles ainsi que les exercices items permettant de mesurer les capacit s des l ves Avant d analyser plus en d tail comment ces valuations nationales sont mises en uvre sur le territoire national nous pr senterons leur histoire et les conceptions qui s y rattachent Br ve histoire des valuations nationales La DPD anciennement d nomm e DEP Direction de l Evaluation et de la Prospective a t cr e en 1986 et r pondait au souhait du minist re de l Education 11 Nationale de faire voluer son syst me de statistique administrative vers un syst me d valuation avec de nouveaux objectifs Cette volution a commenc avec la r forme Haby de 1975 o l on a cherch suivre un panel d l ves pour mesurer les effets du coll ge unique notamment pour v rifier le lien entre la r ussite scolaire et l origine sociale des l ves Le travail a t confi des administrateurs de l INSEE Alain Darbel puis Claude Seibel qui tout en connaissant bien les travaux de Pierre Bourdieu ont cherch rendre compte de l in galit des chances l int rieur du syst me ducati
19. n ou de soutien faisant suite aux valuations nationales d pendent fortement de la politique de l tablissement le nombre d heures tant variable d un tablissement l autre Du diagnostic l aide individualis e une tape difficile dans le traitement de l information Nous nous sommes int ress s galement la fa on dont les enseignants pouvaient utiliser les r sultats des valuations nationales comme outil d aide la d cision concernant le traitement des difficult s des l ves partir des informations qu ils pouvaient lire et interpr ter sur la base des items Pour certains enseignants les exercices propos s sont parfois jug s trop difficiles ou pour le moins tr s loign s de ce qu un l ve entrant en 6 a besoin de ma triser alors que les erreurs fondamentales sont connues depuis fort longtemps celles relatives au calcul d cimal par exemple De plus les programmes de l enseignement primaire sur lesquels 17 reposent les valuations sont jug s trop tendus et peu pr cis ne permettant pas une ma trise r elle des savoirs et savoir faire en math matiques Certains items sont jug s particuli rement impr cis et peuvent conduire faire douter les l ves qui choisissent alors de ne pas r pondre aux questions comme l a montr un item sur les droites perpendiculaires o les l ves doivent v rifier avec leur querre D autres items ont des questions trop ouvertes ce qui
20. ntenus d enseignement et les pratiques des enseignants En effet ces valuations nationales influencent la nature des programmes la formation initiale ou continue des enseignants ainsi que les proc dures et les syst mes d valuation au niveau d une acad mie d un tablissement scolaire ou d une classe A partir de cette consid ration des effets des valuations nationales sur le syst me ducatif dans son ensemble deux questions majeures ont guid notre recherche comment le syst me ducatif r pond l introduction de ces valuations 10 nationales en CE2 et 6 dans le domaine des math matiques et du fran ais Quelles sont les cons quences sur les pratiques enseignantes Nous avons cherch poser une s rie de questions permettant d identifier les formes de traduction de ces valuations nationales depuis leur conception au sein du minist re de l ducation nationale jusqu leur mise en uvre par les enseignants dans leur classe En effet les valuations nationales CE2 6 en math matiques et fran ais participent normalement certains changements dans la mani re dont ces disciplines ont t jusqu pr sent enseign es Mais leur impact est largement indirect et doit tre appr ci au travers d effets induits par d autres logiques pr sentes au sein du syst me ducatif au niveau local comme au niveau national En effet il existe diff rentes cha nes de traduction par lesquelles ces
21. onception des valuations nationales c est dire au sein du minist re et des groupes de travail charg s de la construction des items et des outils Le deuxi me niveau interm diaire est celui de la traduction de ces valuations nationales et des directives minist rielles qui les accompagnent au niveau d une acad mie enseignement secondaire ou d un d partement enseignement primaire 14 Sont concern s les dispositifs d accompagnement ou de pilotage visant sensibiliser les enseignants ces valuations Le troisi me niveau est celui de la traduction de ces valuations nationales au sein des tablissements scolaires et dans les classes o ont t conduits le suivi et l observation d enseignants Cette traduction ne va pas de soi comme le montrent nos premiers constats du fait de la perte d information en ligne li e la multiplication des niveaux interm diaires mais aussi parce que cette information et les instruments d valuation prennent sens en fonction du contexte jug pertinent par les acteurs De plus ces instruments portent en eux m mes un certain nombre de tensions internes r sultant des compromis entre des logiques qu ils sont cens s incarner logiques relevant de sph res politique conomique et scientifique tr s diff rentes Une premi re tension que l on peut qualifier d pist mologique est li e au fait que les valuations nationales tendent concilier deux espaces de r
22. que est galement perceptible dans deux orientations du minist re qui ont fait jouer aux valuations nationales des finalit s diff rentes Selon la premi re orientation on a cherch constituer un instrument de pilotage de l action publique en ducation dans la tradition de l INSEE la publication des r sultats devant clairer l opinion publique et les d cideurs Dans le second cas on a souhait promouvoir une certaine diversification p dagogique rendue n cessaire par la d mocratisation scolaire tout en maintenant les exigences en mati re de contenus des programmes d enseignement Une troisi me tension de nature p dagogique sera voqu e dans la deuxi me partie consacr e l usage des valuations nationales par des enseignants de math matiques en 6 L USAGE DES VALUATIONS DANS LA CLASSE PREMIERS CONSTATS Dans cette partie nous nous int resserons la critique formul e par les enseignants de math matiques concernant le dispositif des valuations nationales Notre but n tait pas de r cup rer une d nonciation facile mais d essayer de resituer ces l ments de critique en fonction du contexte et de l exp rience des enseignants afin de comprendre leurs points de vue et leurs motivations pour refuser d utiliser ces valuations des fins p dagogiques Les raisons d un usage limit dans la p dagogie Tout d abord il appara t que ces valuations nationales sont per ues comme
23. re une r forme radicale de leur syst me ducatif la suite de la publication du rapport A Nation at Risk Ce dernier utilisait norm ment d indicateurs dans ses conclusions tout en effectuant des comparaisons internationales Il eut pour effet d attirer le regard de la communaut 12 internationale sur les pratiques d ducation aux Etats Unis mais aussi de r v ler la vari t de l information statistique pouvant tre utilis e pour valuer les syst mes ducatifs Un an plus tard le Secr tariat de l Education am ricain publiait sa premi re s rie de league tables permettant de comparer la performance des Etats dans le domaine de l ducation ce qui souleva de vives r actions dans l opinion publique et le monde politique am ricain habitu s une grande autonomie locale Malgr cela le mouvement s tendit jusqu la mise en uvre d valuations nationales dans le cadre du National Assessment of Educational Progress l quivalent de nos valuations nationales Celles ci furent con ues pour tablir des comparaisons entre les r sultats scolaires des l ves am ricains au niveau f d ral Compte tenu des efforts r alis s en ce domaine le gouvernement am ricain exer a par la suite une forte pression aupr s de l OCDE Organisation de Coop ration et de D veloppement Economique pour obtenir que l efficacit des syst mes ducatifs devienne un th me prioritaire dans la r flexion et l activit de cet org
24. tudier la mani re dont il parvenait r duire cette complexit en construisant son propre syst me d valuation dans la classe Nous nous sommes int ress s au type de d cisions qu il tait amen prendre dans le choix des outils d valuation dans la conduite de sa classe dans sa communication avec les l ves ou avec des tiers et la nature de ces attentes en termes de connaissances et r sultats atteindre Pour traiter ces questions majeures nous avons consid r qu il fallait ouvrir une bo te noire entre d un c t la conception des valuations nationales au niveau national et de l autre son impact sur les pratiques enseignantes Toutefois il tait impossible pour notre quipe de recherche de suivre l ensemble de la cha ne de traduction des valuations nationales depuis le centre au niveau du minist re jusqu la p riph rie au niveau des dispositifs observ s dans les classes C est pourquoi nous avons choisi de donner quelques coups de projecteur sur certains segments de la cha ne tout en travaillant sur l articulation entre les diff rents niveaux Chaque niveau peut tre appr hend comme un espace d int ressement o diff rents acteurs en partant de logiques diff rentes visent laborer un dispositif une politique ou un plan d action conduisant la mise en uvre ou au rejet des valuations nationales Le premier niveau est constitu par la sph re de d cision et de c
25. ves et atteindre les objectifs qu ils se sont fix s pour l ann e scolaire Parall lement nous avons pu observer l absence de dispositifs clairs au niveau des tablissements encadrant ces valuations nationales G n ralement la passation 16 des valuations qui se d roule selon une logique toute administrative a lieu lorsque les enseignants ont d j commenc leur programme Ainsi en math matiques les enseignants qui commencent par l criture des nombres ou par les l ments de g om trie pensent que les r sultats sur les items de num ration sont fauss s De plus les dates de passation peuvent tre variables d un tablissement un autre en fonction du contexte La saisie des codes est g n ralement r alis e par les enseignants mais nous avons aussi vu des saisies r alis es par des emploi jeunes ou par les responsables de l administration Dans les tablissements que nous avons observ s il ne semble pas y avoir de concertation pr alable entre les enseignants sur le codage ou sur le contenu de l valuation Chaque enseignant proc de un codage de mani re tr s automatique un travail jug long et fastidieux qui semble faire perdre beaucoup d int r t l valuation Les enseignants passent ainsi beaucoup de temps au codage car les consignes sont strictes mais ensuite ils ne se donnent plus le temps n cessaire un travail r flexif sur le codage et sur l valuation La communication des
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