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Précis de stratégie

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1. sont les sentiers battus mais en mettant en convergence les apports de toutes les cultures les richesses de toutes les civilisations les bonnes volont s de tous les acteurs 198 PR CIS DE STRAT GIE Puisque lavenir reste inventer autant tirer les enseignements du pass et chercher emprunter de nouvelles voies Si nous sommes capables gr ce aux techniques de l information de constituer une base de donn es solide le camp de base d une exp dition alors il est possible de lancer des cord es avec de bonnes chances de r ussite vers cette aventure du futur BIBLIOGRAPHIE S LECTIVE ARENDT Hannah Qu est ce que la politique Le Seuil 1995 ARON Raymond Paix et guerre entre les nations Calmann L vy 1962 BEAUFRE Andr Introduction la strat gie Economica 1998 BLIN Maurice Nostalgie d Empire Ellipses 2001 CASTORIADIS Cornelius La Mont e de l insignifiance Le Seuil 1996 CHARNAY Jean Paul Critique de la strat gie LHerne 1990 CHENG Anne Histoire de la pens e chinoise Le Seuil 1997 CLAUSEWITZ Carl von De la guerre Editions de Minuit 1955 COHEN Daniel Trois le ons sur la soci t post industrielle Le Seuil 2007 COULLOMB Catherine Chine le nouveau centre du monde L Aube 2007 DUPUY Jean Pierre Pour un catastrophisme clair Le Seuil 2002 EARLE Edward Mead Les Ma tres de la strat gie Berger Levrault 1980 GUIBERT Ja
2. c est bien notre projet commun celui pour lequel nous avons besoin selon les cultures d un processus ou d une d marche strat gique Chapitre 5 STRAT GIES COMPAR ES a mondialisation est la grande affaire de ce d but de xxI si cle Est elle d j une r alit de nos soci t s et la principale caract ristique de notre post modernit ou n est elle que l amorce d un processus enclench depuis moins de deux d cen nies et qui demeure une ventualit perspective soumise aux fluctuations de l histoire Si cest une r alit il faut consentir qu elle est encore bien partielle car limit e dans l conomie aux changes et aux finances et ne touchant gu re plus d un milliard ou deux d individus soit un tiers au mieux de l humanit Elle est fond e sur le mod le occidental de la d mocratie lib rale syst me politico conomique d origine europ enne dont le porte drapeau actuel est am ricain Il est g n ralement consid r comme le plus performant des syst mes en termes conomiques et le mieux capable de satisfaire les besoins des hommes et ainsi d assurer leur dignit et le respect de leurs droits fondamentaux On peut supposer que devant un 114 PR CIS DE STRAT GIE tel constat d efficacit la plupart des tats finiront par s y rallier avec des nuances et en prenant leur temps C est une hypoth se s rieuse Si la mondialisation n est qu une ventualit en raiso
3. son histoire et sa conception de l homme dans le monde que par les circonstances c est dire son environnement v nementiel et g opoliti que Personne ne peut chapper cette ambiance ni aux r gles de l action qu elle impli que Comment en effet viter de perdre toute effi cacit ne pas se disperser ou se d sorienter dans un environnement aussi chaotique que l effervescence de la modernit ne fait que rendre plus insaisissable C est partir d ici et maintenant qu il faut envisager d agir dans un contexte qu il faut avoir la lucidit et le courage d appr hender pour ce qu il est et non pour ce que nous voudrions qu il f t Le contexte spatial est celui de la mondia lisation v cue comme une globalisation des r seaux et des flux conduisant aussi bien une prise de conscience de l universel qu un ressenti ment d individualisme il est en m me temps celui de la fragmentation du monde clat en deux cents tats et en une multitude d organisations r gionales et mondiales Le cadre temporel est celui d une d sarticulation des l ments de l action soumis des cycles divergents en raison de vitesses d volution propres et inconciliables le temps sociologique qui mesure l volution des mentalit s 15 20 ans le temps politique rythm par les ch ances lectorales 4 6 ans et le temps techno 10 PR CIS DE STRAT GIE logique celui de l apparit
4. ambitions politiques invraisemblables changer le monde se fait imp rieux le besoin de d nouer les fils de cette complexit o semm lent les l ments politique Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Introduction 13 technique strat gique et se confondent leurs divers niveaux d intervention Au point de confu sion o sont parvenus les syst mes plus rien de coh rent ne permet de fonder un projet qui soit envisageable pour les trente prochaines ann es horizon pourtant raisonnable aussi bien sur le plan humain qu en termes de projections techniques Il faut commencer par clarifier les responsabili t s et les fonctions qui sont celles des uns et des autres cette distinction permettra alors de structu rer les l ments et d envisager une architecture qui soit une matrice strat gique Au niveau politique d abord o se situe le dirigeant celui qui assume la politique revient la responsabilit initiale d laborer le projet puis celle de conduire les programmes qui y concourent en utilisant les diverses voies disponibles et accept es par les dirig s son r le d incitateur est videmment essentiel tout au long du processus de l action Le niveau echnique pour sa part a pour fonction de constituer d organiser et de mettre en uvre les ressources et moyens n cessaires la r alisation du projet dans les meilleures conditions d efficacit et d conomie rien d a
5. centre de la civilisation chinoise est terrestre le berceau de la civilisation europ enne est maritime Cela a une influence aussi d terminante dans l ordre int rieur organisation sociale et politique que dans les relations ext rieures c est dire sur le comporte ment g n ral et la strat gie de chacune de ces soci t s Pour la strat gie occidentale la conception centrale de l homme en tant qu individu une vision d un monde inachev d couvrir et exploiter Au contraire du paganisme ou du panth isme chinois la religion chr tienne a pris une part d ci sive dans la cr ation du monde occidental et dans sa conception du r le de l homme elle a nourri son insatisfaction en lui promettant un au del donnant une orientation verticale un sens sa vie l incitant ainsi une qu te d absolu la recherche du paradis perdu elle l a pouss l expansion et la d couverte afin d apporter la v rit au monde elle a renforc sa soif de connaissances et la R forme protestante au XVI si cle en r duisant l influence temporelle de la papaut et permettant de ce fait la s paration des genres divin terrestre a ouvert la voie la r volu 130 PR CIS DE STRAT GIE tion scientifique aux Temps modernes et leur expression politique quest la d mocratie La reli gion dans son sens le plus large appara t comme une caract ristique fo
6. et les changements brutaux d orientation y sont presque toujours contre productifs Une fois l appr ciation de situation effectu e il n y a pas de d cision prendre il suffit d appliquer des proc dures lorsqu elles ont t mises au point sinon on en revient au probl me pr c dent Lorsque le m decin a fait son diagnostic il r dige son ordon nance pour indiquer les m dicaments et la posolo gie qui permettront de soigner le malade S il est h sitant ou inquiet de la nature de la maladie il enverra le patient un confr re ou l h pital La sant du malade est tout enti re dans le diagnostic et le m decin est une sorte de m diateur entre la maladie et le patient Le strat ge devrait se muer en m diateur D j en position d interm diaire dans l appr ciation de situation entre la r alit et la volont de l acteur strat gique il devrait conserver cette fonction et proposer les directions dans lesquelles les r quili brages lui paraissent possibles et souhaitables partir de l tude de la situation Le m diateur n est pas seulement un fers c est aussi un homme du milieu donc un sage ayant le sens de la mesure de la communication et de la justice Si le monde critique d aujourd hui a besoin de strat ges m dia teurs il devrait galement multiplier et d ployer les organismes de m diation Les conseil de s curit et autres cour de justice sont des lieux de 1
7. et libert de basculer du haut vers le bas des structures sociopolitiques mais de r valuer le r le de l tat en fonction des besoins r els des soci t s de garantir les libert s individuelles en faisant comprendre aux citoyens les contreparties qu ils doivent accepter D j appliqu e dans bien des types de conflits notamment sociaux la m diation devrait tre appliqu e la strat gie et en devenir un des outils majeurs Elle contribuerait d j recadrer le r le du strat ge lui rendre utilit et influence S il n est pas lui m me d cideur le strat ge en tant qu expert analyste chercheur est le plus souvent cantonn dans une fonction d aide la d cision Or la crise par sa nature m me pose le probl me de la pertinence de la d cision Ce mot provient du latin cadere qui signifie couper trancher d cider c est rompre ses vaisseaux c est s engager r solu ment tous moyens r unis c est aller de lavant dans une voie sans regard en arri re la d cision est univoque irr versible et videmment al atoire et risqu e m me si elle semble tre pour celui qui la prend la meilleure solution Il appara t vident que ce mode d action ne convient pas en rien la Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 165 nature aux caract ristiques et au d roulement pr visible de la crise les grands coups de menton
8. faire respecter des r gles de fonction nement de l conomie lib rale et lui imposer des limites ne pas franchir pour des raisons de s cu rit P riodiquement le syst me financier par exemple doit se purger de ses bulles accumul es au vu et au su de tous les experts gr ce un appareil r glementaire volontairement laxiste et insuffisant Tout se passe comme si le syst me jouait se faire Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 191 peur et se complaisait au bord du pr cipice pour mieux go ter ensuite son sauvetage p rilleux et grands frais Un tel syst me crisog ne pur produit de la fa on de faire occidentale n est pas praticable longtemps en avan ant dans la mondiali sation avec un nombre croissant d acteurs d affai res et d interf rences entre eux Sauf vouloir jouer au pompier pyromane et ruiner cette ni me tenta tive de mondialisation Les pr c dentes ont toutes d bouch sur la guerre la Belle poque n a dur qu une vingtaine d ann es et s est achev e en 1914 Dans le domaine de la r gle du jeu il y a trois imp ratifs Le premier consiste bien s r progresser vers des r gles communes suffisam ment claires et g n rales pour tre applicables partout et par tous ces r gles doivent tre dic t es chaque niveau spatial de responsabilit selon le principe de subsidiarit Le deuxi me
9. les avantages du nombre de sa coh sion voire de sa soumission au travail et recueillir de l autre les b n fices des m canismes du march Les dragons asiatiques leur mesure et en leur temps ont d montr la validit du proc d La Chine depuis bient t trente ans et avec son poids massif impose au monde ses propres termes de l change pratique redoutablement efficace mais assez d s quilibr e Parmi les facteurs de la moder nit elle joue l argument qui lui est le plus naturel lement favorable le nombre Le poids de sa d mographie en premier lieu puis celui de sa production l usine du monde enfin celui de ses r serves mon taires 1 500 milliards de dollars fin 2007 de quoi s offrir les fleurons des entreprises mondiales Elle a compris qu son chelle la stra Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 139 t gie du gigantisme tait payante Dans un monde d sordonn et complexe cette intrusion aussi l gi time soit elle un tel niveau de capacit s humai nes industrielles et financi res n est pas sans danger Mais c est sans compter sur l homme chinois et son aspiration sinon l occidentalisa tion du moins une forme minimum de libert travers la mise aux normes mondiales de sa condition les changes culturels et universitaires les fr quentations commerciales et touristiques autant de rencontres et aut
10. tendu son champ d action aux autres domaines de 132 PR CIS DE STRAT GIE l activit humaine notamment l conomie o elle s est montr e tout aussi probante Repr sent e par la pratique am ricaine la strat gie occidentale reste r solument active voire provocatrice marqu e par l imposition d une volont de change ment au service d id aux jug s universels Ce syst me strat gique d une exceptionnelle efficacit puisqu il a assur la domination europ enne sur le monde puis le leadership am ricain actuel semble avoir puis la plupart de ses avantages notam ment dans ses deux exercices favoris la guerre et l conomie Mais si les insucc s militaires peuvent se payer temp rament voire tre sources de renouveau en revanche les checs conomiques se payent comptant Ils peuvent d clencher par la th orie des dominos et le truchement des monnaies un effondrement en cascade du syst me la crise de 1929 en avait donn un premier aper u qui fut une des causes du second conflit mondial Le danger aujourd hui vient bien s r de cette vuln rabilit propre aux exc s du syst me strat gique occidental mais aussi l effet amplificateur qu apporte lirruption du syst me chinois dans cette conjoncture Comparaisons En premi re analyse les modes strat giques chinois et occidentaux apparaissent antinomiques voire inconciliables tant ils proviennent de cultures Dunod La photoc
11. tion et le dispositif l un et l autre tant pr alables l action mais parties prenantes de son d roulement Le strat ge est un organisateur qui sait disposer efficacement les moyens qu il a s lectionn s et mis en condition en vue de l action Ce qu on appelle le management nest pas la strat gie mais y participe et lui est indispensable on ne peut vouloir agir sur les choses et obtenir des effets qu en connaissance des causes D clinaison des buts Tout ce qui est du domaine des techniques rel ve de l existant et donc du pr sent C est avec cet ensemble de moyens concrets que l acteur va entre prendre d atteindre ses objectifs c est dire de s engager vers un futur hypoth tique et virtuel qui n existe que dans son imagination m me s il a t envisag travers des sc narios qui ne seront jamais que des fictions Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Le m canisme de l action 81 Cette situation future est souhait e sinon voulue Quels qu en soient la destination et le niveau des pr occupations elle s inscrit dans un projet qui la d passe et la l gitime lorsqu il ne s agit pas directement du projet de soci t lui m me Ainsi il n y a pas de strat gie qui puisse tre isol e de son contexte ou qui soit ind pendante du cadre g n ral dans lequel elle est envisag e ou alors elle est aberrante et vou e l chec Le probl me principal que posent le
12. un sujet aussi vital que la guerre la pla ait en outre au point focal o devaient converger le politique et sa volont d agir et les techniques avec leurs capacit s d action La seule justification politique de la guerre tait son rapport co t efficacit il fallait donc parvenir en ma tri 146 PR CIS DE STRAT GIE ser les effets donc en comprendre les m canismes et si possible les ressorts cach s Les strat ges ont t autant sinon plus pr occup s de penser la guerre que de la conduire t che qui se satisfaisait de la grande tactique transform e de nos jours en strat gie op rationnelle Sur un plan autre que th ologique la guerre r unissait toutes les conditions d un objet elle tait d finissable par ses finalit s la conqu te d un territoire et par sa pratique d claration d hosti lit tat de guerre affrontement d arm es etc Elle se pr sentait surtout comme le cadre ad quat pour poser le seul probl me qui justifie la strat gie celui de l alt rit Si agir ensemble laisse ouvert le d bat entre le pour et le contre la guerre tranche Elle donne l autre un statut qui le classe dans un camp ami ennemi la neutralit n tant admise que par exception et en fonction des int r ts bien compris des protagonistes Elle tranche une deuxi me fois l issue de la bataille qui en est le point d orgue et qui d
13. 116 PR CIS DE STRAT GIE m thodes et techniques voies et moyens des uns et des autres pour en comprendre les causes les m canismes les avantages et les inconv nients C est de cette comparaison qu on pourra tirer des enseignements sur le degr de compatibilit compl mentarit des modes de pens e et d action les strat gies de la Chine et de l Occident l heure de la prise de conscience des exigences de la mondialisation qui font obligation tous les peuples de notre humanit de cohabiter sur la m me plan te sans sy rendre mutuellement la vie impossible il serait temps d un bout l autre du continent eurasiatique d une rive l autre du Paci fique qu on accepte de se conna tre et qu on apprenne se comprendre Nous partons ici du pr suppos qu il n y a pas de v rit en soi qu aucun peuple n est sup rieur l autre mais aussi ce qui est av r que certains syst mes ont t ou sont plus efficaces que d autres en cr ant plus ou moins de richesses et de libert s en laissant une marque plus ou moins prononc e dans Phistoire qu il y a eu et qu il y a des mod les qui font la course en t te et entra nent l humanit dans son volution Chacun de ceux ci refl te des conceptions des approches et des prati ques originales qui sont dues aux conditions g ographiques historiques culturelles qui lui sont propres la recherche du bonheur i
14. LA PROBL MATIQUE AGIR ENSEMBLE il y a confusion sur le mot cest que le S concept m me de strat gie se pr te inter pr tations L histoire militaire en est la cause La strat gie militaire est n e au XVII si cle de l impuissance de la tactique rendre compte de la complexit nouvelle des actions guerri res L augmentation consid rable des moyens techni ques et humains ainsi que la diversit des subdivi sions d armes et donc leurs multiples combinaisons l implication croissante des services et de leurs approvisionnements ont entra n ce qu on appellerait aujourd hui une globalisation de l appareil militaire et son int gration de plus en plus pouss e dans le syst me politique social conomique et technique de l tat La strat gie fut alors invent e au del de la grande tactique pour tenter de comprendre cette complexit dont Clausewitz fut le premier explorateur elle se situe au point o convergent les buts politiques de la guerre les ressources de la nation et les capacit s 18 PR CIS DE STRAT GIE op rationnelles des forces en amont des circonstances elle s identifie de ce fait l art mili taire exerc et symbolis par le g n ral Il y a donc c est un fait historique une sp cificit de la strat gie militaire qui provient de l exceptionna lit et des exigences de ses finalit s La strat gie amoureuse en est une au
15. aux de paix et de bonheur faudra t il alors d passer le stade des discours et s engager dans l action c est dire en d terminant des objectifs progressifs travers des phases successi ves L an antissement du r gime nazi en 1945 ma t rendu possible que par la succession de plusieurs phases d abord par une pr paration et une concentration des moyens militaires des Alli s en Grande Bretagne et en Afrique du Nord ensuite par des d barquements de forces en Europe Normandie Italie Provence enfin par une bataille de pr s d un an men e contre les arm es de l Axe jusqu la chute de Berlin C est ce prix en termes de temps et de moyens que le projet a pu tre r alis Un projet n a de chances d tre conduit bonne fin que s il est ainsi d clin en programmes il faut rapprocher le tabouret du piano et non l inverse Cette d clinaison des objectifs est une tape essen tielle de la conception puis de la pr paration de l action strat gique sa pr occupation doit rester permanente lors de la conduite de l action Elle exige une grande coh rence avec la disponibilit et Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Le m canisme de l action 83 l organisation des moyens il faut en particulier que les moyens soient autant que possible ajust s en fonction des objectifs ceux ci voluant avec le temps le terrain et l action des autres acteurs Si d clinaison des bu
16. dans un contexte d pass N ayant plus ni objet ni sujet ni normes de r f rence la pens e est en jach re elle a perdu ses rep res et ses crit res manquent de pertinence La m thode strat gique fond e sur la pens e critique la rationalit et la d monstration intellectuelle est devenue contre productive et ne m ne qu des d bats st riles elle est contest e jusque dans ses fondements et dans son approche des probl mes Penser strat giquement est une exigence soit mais nous n en poss dons plus la grammaire et l exercice para t singuli rement compromis Plusieurs cons quences d coulent de ce constat dont l investigation devrait avoir pour vertu de faciliter la reconstruction du champ strat gique espace virtuel et indispensable dans lequel nous devons d abord loger les objets strat giques Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Introduction 5 ainsi que tous les l ments qui interf rent avec eux et contribuent fabriquer de l agir il nous faudra ensuite r ins rer ce champ ainsi reconstitu dans une vision du monde et une perception des choses qui soient conformes au possible et au r el Au premier rang des cons quences l obligation de red finir la pratique qu est ce que la strat gie en l occurrence quoi sert elle quel est son champ d action ou son espace de man uvre dans quel cadre op re t elle et avec quelles limites Ce trava
17. e par l irruption de la vitesse Celle ci favorise outranci rement le pr sent qui occupe tout l espace du temps Celui ci s est spontan ment r organis au profit d un pr sent omnipr sent et tyrannique dans l urgence de la r action nous y avons perdu toute vision de l avenir Lobligation dans laquelle nous nous trouvons d avoir refonder un projet de soci t va conduire s int resser nouveau au futur et l inscrire comme tel c est dire comme une perspective n cessaire dans la pens e strat gique il va falloir r inventer le futur D un c t la crise incite anticiper nous situer en amont de l actualit d un autre le projet strat gique invite une vision prospective loin en aval des v nements sans n gliger toutefois le pr sent dans lequel se situera toujours le c ur de l action mais une action en train de se faire encha n e dans la dur e C est pourquoi il faut se replacer aux deux p les temporels du syst me dans l amont proche pour viter les surprises et pr venir les v nements dans laval visible pour planifier et pr parer les voies des actions futures Le pr sent est s duisant car il pr sente l avantage du r sultat imm diat avec des r flexes et de l audace au rythme des d cisions il autorise faire des coups Mais Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 187 ce
18. elle comporte On est l dans les proc du res habituelles de n gociation dont on sait bien pour les pratiquer depuis longtemps dans le cadre des confrontations qu elles sont des formes att nu es ou annonciatrices de la guerre qu elles fonc tionnent selon les m mes sch mas et qu il leur faut donc un gagnant et un perdant La crise n a pas besoin de vainqueur elle appelle des modifications de ligne mais pas une exclu sion ni une cession de territoire il faut que les parties int ress es s entendent et parviennent un compromis La confrontation bipartisane est bien A A A td H s r m me de r gler le contentieux rapidement mais en faveur ou au profit d un des protagonistes ou de l une des th ses elle repousse donc le probl me et l aggrave terme Dans une n gocia tion binaire cet accord ne peut venir que d un recul d un des protagonistes Pour viter cette humiliation qui rend n cessairement provisoire ce genre d accord et pour trouver un nouvel quili bre qui soit acceptable et durable il faut faire inter 164 PR CIS DE STRAT GIE venir un tiers qui ne soit ni partie prenante ni int ress au r sultat En situation de crise dont il faut faciliter la gesta tion la m diation est n cessaire parce qu elle y remplit la fonction d accoucheur Il ne s agit pas dans les bin mes voqu s ci dessus d avoir tran cher par exemple entre autorit
19. en commun puisque d sormais la mondialisation nous l impose et faire ce choix dans l int r t g n ral tel est notre deuxi me chantier Ne nous le cachons pas ces deux t ches sont difficiles Elles demandent autant de courage que d intelligence L intelligence ne manque pas tant s en faut mais elle n est pas toujours appliqu e sur les bons objets il faudrait la consacrer au service de la recherche de voies m dianes innovan tes plut t qu l application m canique de proc du res souvent archa ques Il faudrait lui donner de l audace pour se lancer sur des pistes in dites C est l qu intervient le courage ce go t de l aventure qui est l apanage de la jeunesse La g n ration qui vient a beaucoup de chance car c est elle qu incombera la charge et la responsabilit de relever ce d fi majeur non pas de changer le monde mais de le remettre dans la voie Elle en a toutes les capacit s techniques et intellectuelles Faut il encore qu elle le veuille ce qui d pendra d abord de sa sensibilisation aux enjeux et ensuite de la libert de mouvement qu on lui accordera pour atteler ces t ches Ce livre est une contribution cette prise de conscience ceux qui accepteront de consacrer leur nergie et leur temps cet effort de reconstruction strat gi que il convient de prodiguer des encouragements assortis de quelques mises en garde Il y a d abord Dunod La photocopie
20. et d mod interdisant d entrevoir un avenir impr par et pourtant pr vi sible Ce sont ainsi nos principaux rep res ceux des lieux et des ges de la vie qui se d robent notre regard Aussi organis es soient elles les soci t s subissent la crise du cadre de vie qu elles s taient peu peu constitu et elles se d sordon nent d autant plus et plus vite que les structures sociales en sont les premi res atteintes La notion d ennemi ensuite La fin de la dualit Est Ouest lui a port un coup heureux mais s v re et peut tre d finitif Cela signifie qu en ce d but de troisi me mill naire nous sommes nouveau la recherche d un sens donner l alt rit quel est le statut de l autre La question a t pos e plus haut voir chapitre 3 parce qu elle tait d j inscrite dans le m canisme strat gique On sentait bien que tout l quilibre du syst me tait soumis au 104 PR CIS DE STRAT GIE bon vouloir de l Autre qu il refuse de jouer le jeu par d faut ou par exc s et harmonieuse cons truction strat gique se trouvait d stabilis e En r alit le protocole convenant d un ennemi parte naire adversaire ne peut tre durable il faut finir par s entendre ou se ha r Si la guerre n est plus possible ni pensable telle qu elle a t r glement e et pratiqu e alors il faut s entendre Et l tout est r inventer et les mentalit s transf
21. il ouvre la porte aux id ologies donc aux projets utopiques qui sont avec les r ves d ternit les niveaux ultimes des d sirs humains Ce projet utopique c est celui tant pr n sous un nom ou un autre du bonheur terrestre de la paix universelle tous objectifs ir ni ques et par nature irr alisables Toutes les soci t s se sont organis es selon des structures basiques qui leur garantissaient de d pas ser le niveau 1 survie pour atteindre le niveau 2 vivre tiage de leur projet Selon les circonstan ces toujours complexes et al atoires et en fonction du g nie propre chaque civilisation certaines soci t s ont pu emprunter les voies du progr s et acc der ce que nous appelons le d veloppement qui constitue selon notre chelle le niveau 3 vivre mieux du projet Ce sont les soci t s dites tertiai res dont une partie des membres consacre ses efforts s affranchir du r el pour imaginer lavenir faire en sorte que le souhaitable au moins partielle ment devienne un jour possible Mais ce stade du d veloppement devant les difficult s qui se sont pr sent es pour consolider chaque tape vers le progr s ces soci t s ont d complexifier leur organisation et par l m me les modes d action et les itin raires qui permettaient d avancer dans la voie du projet La naissance de la strat gie est inti mement li e l ambition humaine du projet de d veloppement Dunod La p
22. ni dans une alt rit ni dans une diff rence mais elle serait ailleurs dans un monde qui lui serait propre Beaucoup d l ments concourent en effet accr diter lexis tence d un autre espace mental sans relation avec ceux qui nous sont familiers la langue les modes de pens e et de vie la conception de Phomme la vision du monde le rapport la nature et m me la r alit physique d un autre monde avec sa g ographie aux paysages si parti culiers En sens inverse il ne semble pas que les Chinois aient de l Occident europ en en particu lier une appr ciation aussi radicale et donc une incompr hension aussi g n rale Si tel est bien le cas et si Chine et Occident vivent v ritablement sur deux plan tes diff rentes que ne relieraient que les int r ts bien compris de l une et de l autre alors la mondialisation ma aucune chance jamais de d boucher sur des r quilibrages conception occidentale ou une harmonisation conception chinoise mais au contraire sur des oppositions et probablement des confrontations Si on prend le probl me sous cet angle on n aboutira qu au constat vident du vaste foss qui s pare ces deux mondes pourtant contraints de vivre au moins c te c te Il faut donc proc der autrement et tenter de comparer point par point l ment par l ment les types d organisation et de projet les comportements et les fa ons de faire
23. par ailleurs affaibli et discr dit Dans le cadre stra t gique d sert par des finalit s raisonnables la base technique a tendance prendre toute la place laiss e libre et s tendre l ensemble de l espace abandonn par les acteurs politiques Dans le m me mouvement les techniciens ont absorb ce qui tait le champ strat gique l o pouvait s laborer et se manifester la d marche qui lui tait propre Mar cage strat gique Il est vrai que ce champ s tait transform en mar cage Rien de ce qui le constituait n a pu r sister aux ravages de la guerre ni aux d sorganisations qui caract risent l tat de crise Le cadre espace temps la notion d ennemi comme les limites imparties au Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de la strat gie 103 syst me ont vol en clats ils ne peuvent plus servir de r f rents ni d assise au fonctionnement du m canisme strat gique Le cadre espace temps d abord Sous l effet de la vitesse le monde s est r tr ci et d une certaine fa on universalis les hommes ont pris cons cience de leur unicit et r cemment de la finitude de leur plan te Il n y a pas d chappatoire nous sommes condamn s vivre donc agir ensemble Sous un d luge d informations que la technique renouvelle sans cesse le temps est suspendu au pr sent l actualit submerge tout occultant un pass d pass
24. ponses qui lui seront appor t es dans les prochaines ann es notamment entre Orient et Occident entre le monde chinois et la vision am ricaine d pend en grande partie le sort de notre humanit CONCLUSION evenons au commencement la strat gie n est R pas un gadget elle s occupe d affaires s rieu ses puisqu il s agit rien de moins de lavenir et donc du destin des soci t s Si nous voulons en rester ma tres et assumer notre responsabilit d avoir crire l histoire il faut penser strat giquement c est dire pr parer cet avenir et s engager dans la voie qui m ne au futur Mais cela ne peut tre entrepris qu partir d un pr sent connu et ma tris Pour la premi re fois dans l histoire nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas nous sommes compl tement et parfaitement inform s en tout cas nous avons les moyens de savoir L analyse de situation qui m ne la compr hension du pr sent est possible encore faut il le vouloir C est notre premier chantier Certes l avenir restera par d finition impr visi ble sinon il serait inutile de sen pr occuper Mais le travail de la strat gie n est pas un exercice divina toire ni une impr cation Il est tout entier dans le choix d un projet qui soit la fois possible par les moyens disponibles et souhaitable en fonction des 196 PR CIS DE STRAT GIE aspirations et des besoins des hommes En d cider
25. projet et qu elles aspi rent toutes aux m mes buts mais sous des formes diff rentes Selon qu elles ont ou non r ussi assi miler le progr s c est dire faire reculer les limi tes du possible elles sont parvenues des niveaux de d veloppement plus ou moins loign s du 44 PR CIS DE STRAT GIE bonheur qui reste leur utopie commune Malgr ces diff rences parfois consid rables demeure toutefois entre les peuples une coh rence strat gi que fondamentale qui tient leur m me aspiration vers un projet commun Celui ci lorsqu il existe ou existera nouveau est bien et dans le long terme la cl de vo te de tout syst me strat gique Retrou ver un projet mais cette fois de fa on concert e et l chelle mondiale est donc pour le proche avenir la plus ardente obligation qui soit Organisation Il n y a pas de vie sans organisation Depuis leurs origines pour survivre les hommes ont d sorga niser La soci t de la cellule familiale jusqu aux syst mes mondiaux en passant par l entreprise symbolise cette organisation Mais selon les cultu res les poques et les circonstances celle ci a t plus ou moins domin e et fa onn e par un des grands facteurs d ordre que sont la religion la poli tique l arm e l conomie L ordre initial culturel L organisation s est d abord constitu e pour assurer la satisfaction des besoins primaires d un
26. ric l de La Maisonneuve r cis de strat gie Projet Cinq l ments pour agir Situation Organisation Technique B181 8 2 Pr cis de strat gie Consultez nos parutions sur dunod com Dunod F dinur eftion di livis Mi lt Press FTSF Fi x TIERS cnangemnem acion G rard RIN Couderc Her ona kuka sd Hanni Fran ois Era Enseignants dHauteslle Etene v nements Montagne En librairie ce mois ci We eg Lrs Note Tarek Zisd Yvan Faquet Pascal Legrsn CARRE ric de la MAISONNEUVE Pr cis de strat gie Cinq l ments pour agir DUNOD Du m me auteur Strat gie crise et chaos Economica 2005 Incitation la r flexion strat gique Economica 1998 Le pictogramme qui figure ci contre d enseignement sup rieur provoquant une m rite une explication Son objet est baisse brutale des achats de livres et de d alerter le lecteur sur la menace que revues au point que la possibilit m me pour repr sente pour l avenir de l crit les auteurs de cr er des uvres particuli rement dans le domaine DANGER nouvelles et de les faire diter cor de l dition technique et universi rectement est aujourd hui menac e taire le d veloppement massif du Nous rappelons donc que toute photocopillage reproduction partielle ou totale Le Code de la propri t intellec de la pr sente publication est tuelle du 1 juillet 1992 interdit LEPHOTO
27. travers les changes culturels et les voya ges nous sommes tous d sormais en relation avec tous Mais de quel type de relation s agit il Nous ne le savons pas tr s bien hormis les liens amicaux que nous pouvons nouer ici ou l car cette situa tion est r cente 1990 et une propagande intense continue de perp tuer le mythe de l hostilit natu relle entre les pays les nations les civilisations Tel est le fond de la th se de Samuel Huntington sur l in vitable choc des civilisations Les tats Unis d noncent des tats voyous foyers du terro Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 193 risme qui seraient donc les nouveaux ennemis la Chine au moindre incident interne ou externe fustige son rival japonais la Russie en mal de puissance est pr te s enflammer nouveau contre les Occidentaux etc Dans un monde domin par l conomie les relations de partenariat sont les plus communes on change des biens et des services d un bout l autre de la plan te selon les proc dures de POMC avec le dollar comme monnaie de r f rence avec les m mes recettes de marketing ensei gn es dans les bonnes coles anglo saxonnes Mais ces relations commerciales se d roulent sur fond d une pre rivalit conomique la libre concur rence tant le credo de l conomie lib rale elle est ainsi par nature un des lieux d expression de l agres
28. Car rien de ce qui va contre le projet des soci t s n est durable S agissant du jeu la r ponse est d j donn e ci dessus Ni humainement ni techniquement la strat gie ne peut tre assimil e un jeu Le jeu est un pur hasard c est un m canisme qui chappe non seulement toute rationalit mais aussi toute humanit La th orie des jeux est d une utilit limi t e car elle ne tient pas compte du facteur humain 36 PR CIS DE STRAT GIE qui est strat giquement d cisif du moins si on se r f re la d finition que nous avons donn e de la strat gie agir ensemble On l a exp riment e dans le dilemme du prisonnier o les int ress s ne choisissent jamais la solution qui leur serait th ori quement avantageuse mais celle qui parait le mieux garantir leur int r t Pour qu il y ait possibilit de strat gie il faut qu on puisse faire intervenir des fondamentaux d ordre culturel historique social technique Il peut y avoir une strat gie boursi re car malgr les al as des march s certes impr visi bles au jour le jour la bourse est un syst me qui s appuie d une part sur les entreprises et sur des fondements conomiques bien r els d autre part sur la capacit d pargne et la volont des investis seurs de faire fructifier leur capital Il y a plus de chances que l action d une entreprise bien g r e et b n ficiaire progresse en bourse que celle d une autre qu
29. MANAGEMENT ric de La Maisonneuve PR CIS DE STRAT GIE Cinq l ments pour agir La pens e strat gique est indissociable de la vie de tout groupe humain dont le destin est d agir en semble Or la crise que subit le monde contem porain remet en question la plupart des crit res fon dateurs de la strat gie La disparition de ces rep res place les soci t s face l enjeu de leur survie en tant que telles Cet ouvrage plonge au c ur m me du m canisme strat gique Aux questions habituelles sur les objectifs les moyens le cadre les limites l Autre il r pond par une d marche pragmatique en partant du bas pour reconfigurer un champ strat gique boulevers Fond sur une approche novatrice il propose e la mise en relation de cinq l ments projet organisation situation technique et m thode consid r s comme les piliers de la strat gie e l appr ciation de la situation en constituant une base de donn es compl te et actualis e qui permette une analyse objective du monde actuel e la comparaison des mod les occidental et chinois pour envisager au del de leurs antagonismes apparents des convergences culturelles pour un d veloppement futur L avenir en strat gie comme ailleurs reste inventer Riche des enseignements du pass fort du savoir de l auteur sp cialiste de la strat gie de crise ce livre lance les premi res cord es vers cette aventure qui no
30. action ou d conomie des forces Le passage Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Introduction 11 lacte se concr tisera en outre par l acceptation de r gles du jeu sans lesquelles les rencontres seraient improbables et les r sultats sans signification la guerre comme en amour il faut se rencontrer disait Napol on On peut d duire de cette in vitable humanit de l action que toute agitation qui ne serait que technique n aurait aucun caract re strat gique la technicit pouvant se r duire un mode op ratoire lui m me accessible par un simple apprentissage La probl matique strat gique elle est d une autre nature irr ductible une certitude technique elle intervient d s que agir pose la question de la relation entre des acteurs Ce qui compte alors cest la qualit de la relation que faire ou vouloir faire ensemble au sens de sa complexit plus que la quantit ou la puissance des acteurs On sait bien que la relation de deux indivi dus est tout aussi probl matique que lorsqu elle concerne des peuples voire lhumanit dans son ensemble La strat gie se trouve au c ur m me des relations interindividuelles La strat gie peut tre consid r e comme un apprentissage de la bert Une libert d agir raisonn e Non de faire n importe quoi mais de choisir la voie vers ce qui est bien celui ci tant entendu au sens de
31. atout strat gi que condition de la comprendre et de l accepter comme telle avant de chercher s en saisir Hormis ces facteurs spectaculaires et anormaux qui concernent les soci t s la crise est un ph no m ne naturel et permanent elle na t sous l effet des forces de transformation qui affectent aussi bien la nature que le vivant Le temps qui passe aussi bien que le climat sont critiques crise biolo 64 PR CIS DE STRAT GIE gique de l homme de sa naissance sa mort crises relationnelles dues aux rencontres et aux frictions entre les individus et les groupes crise de soci t lorsque ses membres sont d saccord s ou soppo sent sur leurs int r ts crise des m canismes cono miques et financiers lorsque les quilibres sont n plig s crise des tats affaiblis par les rivalit s internes crises r gionales et internationales provo qu es par l go sme des nations La crise des stades et niveaux diff rents est alors l expression de tous les d calages que provoquent la lib ration ou l effondrement des nergies vitales que font na tre les inventions techniques que cristallisent les conservatismes sociaux ou politiques La crise mieux les crises sont in vitables car elles partici pent de l ordre des choses parvenues un point paroxystique elles sont les symboles en m me temps que les cl s de notre poque chaotique R sum es grands traits ces quelques donn es incont
32. cens r guler la marche des soci t s et leurs relations sest d traqu sans qu aucun syst me de remplacement n ait t envisag et ne puisse donc s imposer un horizon de temps pr vi sible Nous sommes entr s avec le troisi me mill naire dans un monde pr chaotique et cette observation vaut pour toutes les soci t s pas seulement pour une Europe vieillie et d pass e par les v nements les pays mergents sont log s la m me enseigne chacun ayant en outre ses probl mes sp cifiques ce qui ajoute encore aux incertitudes mondiales Certes des bornes fronti res ont t mises en place un peu partout et dans la plupart des domaines d importance vitale justice financi re en particu lier avec des r seaux de surveillance dot s de pouvoirs effectifs et de moyens mais ceux ci se heurtent fortes parties et travaillent souvent avec le handicap consanguin des soci t s lib rales d avoir toujours courir apr s les faits Les r gles nouvelles viennent alors organiser un jeu apr s qu il a t tabli rarement par anticipation Dans le cadre de la crise o il faudrait au strat ge avoir en permanence au moins un coup d avance il est condamn s agissant des r gles de 106 PR CIS DE STRAT GIE l exercice n tre qu un accompagnateur quand il n est pas suiveur De l des lois qui viennent trop tard qui veulent corriger mais sans g ner l entre prise et qui de ces fait
33. d tre de tout groupe humain dont le but initial n est m me que de survivre Pour voquer les diff rents ensembles humains qu int resse la strat gie du couple l humanit en passant par tous les stades d association collective nous emploierons d sormais le mot soci t qui para t le mieux m me de les d signer tre ensemble a donc pour motivation premi re de survivre en faisant soci t par le nombre en partageant les t ches en r partissant les fonctions galement de se survivre en assu rant la descendance qui donne du sens et renforce le nombre mais qui exige en contrepartie protec tion et assistance ce stade entrent en lice le reli gieux et le militaire qui chacun dans son domaine croyance et d fense vont garantir la possibilit du projet ainsi que le politique qui va l organiser Il y a une cha ne de l organisation initiale qui correspond une logique du projet de survie Du possible au souhaitable L assurance de la survie est dans la pr voyance elle seule autorise passer au deuxi me stade du projet Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 39 qui consiste alors am liorer les conditions d exis tence en cherchant vivre en fonction du possible c est dire des ressources existantes et imm diatement disponibles Il sagit d assurer les besoins co
34. d endiguer les effets pernicieux de cette volution Dans l arsenal des outils pr ventifs sur lequel doit galement se pencher la recherche strat gique on s en tiendra ici quelques mesures indicatives celles qui permet tent de contr ler puis de ma triser une situation pr critique Tout d abord des mesures de sauve garde afin de prot ger les acquis tout ce qui sera n cessaire la d marche future Ensuite des mesu res de blocage afin d interdire certains effets destructeurs Enfin des mesures d accompagnement qui permettent d acc l rer ou de d tourner une partie des flux afin de lisser le pic de la crise La m diation d coule directement de la notion de crise Celle ci nous l avons observ plus haut est elle m me une transition une situation provi soire et donc interm diaire entre une situation r volue et une autre venir Cette phase de change Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 163 ment remet en question des quilibres qu il faudrait r tablir par exemple en recentrant le d bat entre autorit et libert droits et devoirs horizontal et vertical Cette recherche de nouveaux quilibres peut tre tent e par plusieurs m thodes celle de lattente en laissant faire le temps celle exp rimentale de t tonnements et d essais ou celle enfin plus radicale des rapports de forces avec les risques de d gradation de situa tion qu
35. d connect par son caract re utopique il provo que des distorsions et peut conduire aux pires d sastres l histoire r cente l a d montr S il leur est asservi il manque de hauteur et choue mobi liser Il n y a pas de projet viable qui ne soit d pen dant de la situation des soci t s Celle ci est bien le troisi me l ment strat gique La situation peut tre consid r e sous deux angles celui des circonstances qui sont cr es par les v nements c est l histoire en train de se faire l actualit annonciatrice du futur celui de l tat du monde et les grandes forces qu elles soient id o logiques politiques conomiques d mographi ques et technologiques qui le font voluer Mais les v nements mont de sens et ne se comprennent que s ils s inscrivent dans une appr ciation du monde tel qu il est C est donc sur ce point que repose essentiel de cet l ment strat gi que d terminant la r ponse la fameuse question de quoi s agit il Au XXT si cle la r ponse ne va pas de soi car le monde malgr sa globalisation s est consid rable ment diversifi et du fait m me complexifi Il n y Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 55 a donc pas seulement un monde d crire et tenter de d crypter mais plusieurs syst mes mondes qui se sont form s dans l histoire partir du couple pr
36. demain avec le champion du monde actuel les tats Unis d Am rique Le syst me occidental Les origines de la culture occidentale sont tr s diff rentes sinon aux antipodes de celles de la culture chinoise C est en M diterran e orientale que celle ci est n e peu pr s la m me poque o se cristallisa la civilisation chinoise entre les X et V si cles avant notre re mais dans une r gion pauvre maritime passag re aux avant postes et au confluent de deux mondes oriental et europ en la Gr ce antique Certes depuis 2 500 ans la culture grecque s est fondue dans les apports successifs romains europ ens puis am ricains sans oublier ceux importants d autres cultures arabe en particulier mais les caract res principaux de la philosophie grecque restent fondateurs pour l Occident et impr gnent encore la strat gie occi 1 Jean Pierre Vernant Les Origines de la pens e grecque Paris PUE 2007 128 PR CIS DE STRAT GIE dentale contemporaine dans ses deux branches europ enne et am ricaine Au contraire de la civilisation chinoise la grec que est avant tout individualiste et ce pour des raisons d mographiques inverses Dans une popu lation clairsem e confront e aux difficult s natu relles et l hostilit des voisins proches les cit s hell nes ou lointains comme l Empire perse l individu est primordial Dans une relation du faible au fort dans tous les doma
37. dire que la pens e et l action soient toujours encadr es qu il n y ait pas de br ches dans le dispositif et qu il demeure tanche que tous les acteurs restent aux ordres 92 PR CIS DE STRAT GIE pas de francs tireurs pas d actions isol es d viantes pas d initiatives multiples et d sordonn es La strat gie est une on ne peut pas conduire deux strat gies la fois cela ma d autre sens que l assurance d un double chec Lorsqu une strat gie ne parvient pas atteindre ses objectifs cela prouve tout simple ment que le projet a t mal con u que les moyens sont insuffisants ou inadapt s ou encore que les acteurs ont conduit l action sur une voie de traverse Mais en aucun cas il ne saurait y avoir une strat gie de remplacement une strat gie n est ni bonne ni mauvaise elle r ussit ou pas Aussi respectables soient ils l observation stricte de ces principes et de quelques autres si l on y tient absolument pour se rassurer ne r soudra aucune des quations qui se posent au strat ge On peut tre libre conome et s curis sans pouvoir avancer d un pouce dans le maquis strat gique Il faut autre chose qu on ne trouvera que dans les ressorts des soci t s dans leurs traditions dans leurs croyances dans leurs savoir faire Chacun a sa connaissance du terrain et sa lecture des v nements chacun sest forg une grille d analyse chacun a sur
38. e comme un tat normal et permanent car la transformation est une donn e constante laquelle il faut savoir se plier Certes les d r gle ments sont toujours possibles c est la part de danger qui est ins parable de la crise dont il faut savoir se pr munir ou qu il faut anticiper Mais pour l essentiel et la majeure partie du temps la crise est dans l ordre des choses et famili re bien comprise elle est alors source d opportunit s Cette disposition culturelle ne garantit pas pour autant que les Chinois vont savoir pour eux m mes tirer le meilleur parti de la crise du monde contem porain qui est rappelons le une crise de la moder nit Au contraire Car cette crise est une provocation occidentale elle mane de la propen sion qu ont les Occidentaux purger leurs contra dictions par le conflit de leur go t pour le risque qu entra ne la rupture de leur confiance dans le renouveau qu elle suscite C est leur conception du progr s Si les Chinois ne sont pas ma tres des origines de la crise et ne peuvent donc qu en tre les observateurs et ventuellement les b n ficiaires les 1 Le mot crise en chinois wei ji comprend le caract re wei qui signifie danger et le caract re 7 qui a le sens d opportunit 142 PR CIS DE STRAT GIE Occidentaux pour en tre les initiateurs ne sont pas n cessairement ma tres de tous ses effets et parient sur leur audace comme sur leur av
39. elle qu il faut appr hender et comprendre Sans qu on veuille la figer ce qui serait irr aliste cette situation peut donner lieu un bref arr t sur image Cette image est d abord celle du constat des moyens ressources techniques disponibles dont on peut faire l inventaire dans le pr sent Lutilisa tion de ceux ci dans un but bien pr cis suppose leur combinaison homme fusil soldat puis leur organisation par exemple en unit s op ration nelles avant que leur emploi ait un effet d abord sur eux m mes puis sur leur environnement La mise en uvre de ces capacit s est la base de toute d marche ou processus strat gique lune la d marche insistant sur le caract re volontariste de l action l autre le processus sur son caract re d opportunit 78 PR CIS DE STRAT GIE Toujours et dans tous les cas d marche ou processus consisteront utiliser ou mettre en uvre des moyens des ressources des techniques Par exemple si le but strat gique est de se pr mu nir des attaques pr visibles d un adversaire suppos le mode op ratoire sera le suivant d abord r unir les ressources n cessaires humaines financi res techniques puis les mettre en condi tion op rationnelle pr paration formation orga nisation avant de les d ployer sur le terrain dans un dispositif qui permette de conduire l action de d fense avec efficacit dans le but d fensif pour suivi Au pr ala
40. en plein d veloppement la crois sance mondiale devrait se situer en 2007 malgr les al as de la crise financi re entre 4 et 5 ininterrompue depuis le d but du si cle tir e essentiellement par les tats Unis et les pays asiatiques la performance est remarquable corres pondant une cr ation annuelle de richesses de l ordre de 2 500 milliards de dollars et leur doublement en vingt ans Mais cette situation incontestable a son envers ou cache des sympt mes inqui tants la croissance observ e est due en partie l explosion du commerce international et aux avantages comparatifs des pays bas co t de main d uvre elle est fond e sur la consomma tion exponentielle de mati res premi res en parti culier nerg tiques elle favorise quelques pays mergents et en leur sein une partie encore mino ritaire de la population Malgr la croissance mondiale un tiers de la population en est exclue et un autre tiers n en profite pas vraiment source rapport de la Banque mondiale mars 2007 cause de cette m me croissance les hommes pui sent les ressources de la plan te et mettent en p ril les quilibres naturels le climat en particulier Les apparences ne sont pas trompeuses il y a une forte croissance conomique mondiale mais elle est Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 57 ruineuse d s quilib
41. entre les cinq l ments Chapitre 3 LE M CANISME DE L ACTION insi r unis dans une matrice les divers A l ments strat giques quelles que soient leur disposition ou leur importance relative dans le syst me constituent de fait un m canisme ternaire constitu du couple dialectique fins moyens et de la dynamique qui les anime voir le sch ma initial ci apr s certaines conditions la volont humaine peut intervenir dans ce m canisme non pour en modifier les donn es qui chappent son pouvoir mais pour en faire voluer l orientation et le rythme de fonctionnement C est toute la diff cult de la pens e strat gique d abord de parvenir conna tre puis comprendre les ressorts de ce m canisme ensuite de savoir selon les circonstan ces sur lesquels et avec quelle efficacit pourrait s exercer le pouvoir des hommes Selon que le point d application choisi parmi les cinq l ments projet organisation situation technique et m thode sera ou non pertinent les acteurs p se ront plus ou moins fortement sur le fonctionne 76 PR CIS DE STRAT GIE ment du m canisme De toute fa on intervention humaine ou pas l histoire se fera Qu on le veuille ou non la nature et les choses volueront le temps passera Mais le pouvoir et la force de la strat gie c est de donner aux hommes une chance de laisser un t moignage de leur passage de faire en sorte que l histoire en train de se
42. et m canisme deux chantiers strat giques qu il nest plus possible d escamoter Les enjeux sont consid rables et le temps est compt La recherche strat gique dont ces taches justifieraient elles seules la relance et avec elle les analystes ont du pain sur la planche Il ne para t pas inutile de mettre en garde le lecteur ce stade et en fonction des r alit s du monde sur un certain nombre de faux semblants rien n indique que la reconstruction ait t officiellement envisag e encore moins engag e que les plans des travaux aient t labor s que les premiers coups de bull dozer aient t donn s Comme contrairement l adage il est n cessaire d esp rer pour entreprendre ce chapitre est d di l intelligence des hommes ainsi qu aux espoirs qui sont plac s en eux pour quils comprennent que leur avenir d pend en grande partie de la conduite de ces chantiers volution de la matrice Des cinq l ments projet organisation situation technique et m thode nous avons vu que les deux premiers constituaient laxe central du syst me en raison de leur caract re fondateur et de leur stabilit Celle ci tait garantie par l ampleur Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 171 consid rable des besoins satisfaire pour r aliser la premi re phase du projet de soci t la survie et aborder les suivantes vivre m
43. exemple qui montre combien la r glementation de tous les espaces sans exception et son respect sera une lourde exigence dans Pavenir S agissant du seul cadre spatial terrestre c est bien l que doit se penser et s exercer l action strat gique ce qui suppose une plus claire r partition des fonctions La n cessit dans laquelle se trouvent les soci t s de mettre en pratique des r gles communes ou au moins compatibles entre elles devrait conduire cette clarification Les risques d une trop grande diversit spatiale seraient soit dans le foisonnement d actions parcellaires et inef ficaces voire contradictoires soit dans une volont d uniformisation mondiale qui ne serait pas respec t e Le plus probable est que la mont e en puis sance de nouveaux g ants Chine Inde Br sil Russie va rendre toute son importance l effet de taille et imposer le retour une r f rence spatiale ancienne celle des empires leur capacit d attraction sera telle qu ils red couperont terme la plan te en cinq ou six grands ensembles autour desquels s articuleront les autres espaces ils assure ront le leadership mondial et les tats situ s dans 186 PR CIS DE STRAT GIE leur environnement seront leurs clients pour ne pas dire leurs vassaux La trinit temporelle pass pr sent futur qui organisait une relation au temps caract ris e par un rythme naturel et immuable a t chamboul
44. faire soit la leur Que le d roulement de l histoire soit selon les cultures occidentale ou chinoise cyclique ou lin aire il se manifeste par une transformation continue de la vie des hommes et des soci t s dans un cadre naturel en volution galement perma nente Tout passe La compr hension de ce vaste mouvement est la condition premi re pour pouvoir l accompagner puis de l int rieur du syst me tenter de peser efficacement sur les leviers utiles pour avoir une influence au mieux lui donner une orientation un sens qui soit conforme aux aspira tions humaines Que les tenants et aboutissants du syst me soient les moyens et les fins cas occiden tal ou les causes et cons quences cas chinois il n en demeure pas moins un cadre espace temps de ce passage d une situation une autre des lieux et des moments o l action aura lieu ce que nous avons appel le champ strat gique C est la nature la forme et le contenu des trois composantes moyens fins d marche de ce cadre strat gique qu il importe d inventorier et de rep rer Car c est sur eux que peuvent s exercer la volont et l intelli gence des hommes Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Le m canisme de l action 77 1 LE SCH MA STRAT GIQUE INITIAL D marche Fins Moyens Combinaison des moyens Au moment o d marre l tude du m canisme de l action il existe une situation donn e C est
45. guerres mondiales qui ont litt ralement boulevers l huma nit si la guerre a t effectivement mise hors la loi des nations ce qui est v rifi pour la tr s grande majorit d entre elles la violence des peuples demeure une donn e constante dont l expression quelle que soit la forme de cette conflictualit n est toujours pas ma tris e Le probl me de la conflictualit opposition incessante des int r ts des tats et expression de la 100 PR CIS DE STRAT GIE volont de libert des peuples que la guerre classi que avait su contenir et formaliser dans le syst me strat gique se pose aujourd hui dans des termes tels que ce syst me n est plus en mesure de les comprendre Sauf le repenser ce qui para t urgent et capital La crise du syst me strat gique par le double effet de l chec de la guerre maintenir son ancienne coh rence et de l effondrement cons cutif des id ologies qui en taient devenues les finalit s a entra n ipso facto la crise du politique Port par le strat gique dont il avait fait sa machine gagner le politique n a pas r sist son chec et l a accompa gn dans sa chute moins que ce ne soit le contraire Le politique principal fauteur de guerre a pay le prix de sa folie des grandeurs il continue d tre sanctionn par son incapacit inchang e juguler la conflictualit sous ses nouvelles formes guerres civiles terr
46. imp ratif est de faire le m nage dans le maquis normatif de simplifier le foisonnement d sor donn de textes qui se compl tent et se modi fient mais ne s annulent jamais Le troisi me imp ratif concernant la r gle du jeu consiste lui donner une dimension thique La r gle dit le droit elle devrait aussi dire le juste et le bien ils sont la marque de la confiance et de la trans parence C est souvent la froideur autant que l opacit des textes qui en font des machines de guerre 192 PR CIS DE STRAT GIE Le statut de l Autre Le troisi me l ment sans aucun doute le c ur du sujet concerne l attitude l gard de PAutre Jusqu il y a peu de temps 1990 son statut tait simple il tait ami ou ennemi dans un camp ou dans l autre Cette cat gorisation binaire partageait le monde entre bons et m chants on savait toujours qui l on avait faire surtout s il tait en uniforme Cette distinction radicale tait contraire aux principes des Nations unies qui mettent en exergue les valeurs de fraternit humaine et de solidarit mondiale elle est deve nue irr aliste avec l effondrement du bloc commu niste et la fin de l opposition est ouest En toute logique l Autre ayant ralli le camp adverse n existe plus en tant qu ennemi s il n est pas encore devenu un v ritable ami Alors quid de l Autre Dans le concert international dans la vie cono mique
47. impact mais avec toutes 144 PR CIS DE STRAT GIE les contraintes qu il suppose en mati re de pilotage Les Occidentaux ma trisent la vitesse et les techni ques qui ont boulevers le cadre espace temps de l action et qui sont l origine de la mondialisation C est sur le troisi me facteur de la modernit que se jouera lavenir la Ybert d tre et d agir sera toujours l ambition des hommes de tous les hommes Mais 6 5 milliards aujourd hui 8 ou 9 milliards bient t cette aspiration ne sera r alisa ble qu condition de concilier les points de vue ce qui rel ve du projet et donc du politique et ne pas opposer les modes d action ce qui est de la comp tence du strat gique Chapitre 6 PENSER LA CRISE enser strat giquement suppose de disposer d un objet de pens e Depuis des si cles en Occident la guerre a t l objet strat gique par excellence Par n cessit et par fonction Sauf l cher les guides d une conflictualit d j passablement chaotique et dont les avatars mettaient p riodiquement en p ril l avenir des soci t s euro p ennes guerre de Cent Ans guerre de Trente Ans il tait devenu indispensable de tracer des limites pour ce faire d mettre des r gles du jeu et de tenter de contenir ainsi la violence dans un cadre conventionnel acceptable C est ce qui fut fait au XVIII si cle et qu on chercha maintenir au XIX La complexit d
48. les compl mentarit s l analyse rationnelle occiden tale d nonce d irr ductibles oppositions En r alit chacun prend ses risques mais ils ne se situent pas dans la m me conception des choses l Occident force le destin pas n cessairement dans la bonne direction mais d clenche le mouvement et sait en tirer profit la Chine sait attendre le moment favorable mais peut de ce fait laisser passer beaucoup d occasions comme en t moigne l histoire du dernier si cle Avec son intrusion r cente dans la mondialisation la Chine doit accepter de partager des risques communs peut tre est ce l un facteur de rapprochement entre les deux cultures 138 PR CIS DE STRAT GIE Une troisi me diff rence se situe au niveau des acteurs elle prend aujourd hui un relief consid ra ble L Occident lib ral sest convaincu de laisser faire le march et de laisser jouer les int r ts parti culiers assur par la th orie et l exp rience que ceux ci finissent par se retrouver pour constituer l int r t g n ral Strat gie jusqu pr sent toujours gagnante celle des individualismes rassembl s et fortement sollicit s face aux collectivismes qui s emp trent dans leurs bureaucraties et se d valuent dans leur n gation de la libert de l homme mais strat gie qui porte au scepticisme lorsqu un r gime politique fort comme le r gime chinois d cide de jouer sur les deux tableaux avoir d un c t
49. mais aussi l Indon sie le Nigeria l gypte pire encore les pays du Sahel comme le Mali et le Niger tous confront s des espaces utiles de vie restreints pour des populations croissantes et jeunes ce grand nombre est mal r parti sur la plan te et selon plusieurs crit res Nord et Sud jeunes et vieux riches et pauvres Si la probl matique du grand nombre est lourde de difficult s sur le double plan de la gestion politique et conomique et de l envi ronnement cologique ses cons quences en termes g opolitiques et strat giques sont inqui tantes en raison notamment de pressions migratoires inter nes et externes peu ma trisables et provocatrices de d s quilibres et de tensions Elles agissent par une acc l ration de l urbanisation et une tendance la m gapolisation d une partie importante des soci t s laquelle entra ne une d composition des anciennes structures familiales et sociales on y voit se d velopper les zones grises espaces de pr da tion incontr lables Elles se manifestent encore par l installation de flux trans soci taux croissants d stabilisateurs et sources de tensions politiques on en a l exemple sur les contours m diterran ens entre le Maroc approvisionn par l Afrique sah lienne et l Espagne entre la Libye et les les m di terran ennes entre le Proche Orient et la zone balkanique pour ne parler que des flux qui affec tent l Europe Ces mouvement
50. mais par nature les moyens ont leur propre finalit justifiant en cela le prin cipe d conomie ou encore de non gaspillage Outre la volont affirm e de faire agir d pend galement des capacit s des moyens et des cons quences qu entra ne leur mise en uvre on ne sera jamais assez attentif aux effets inattendus des moyens qui dans leur dualit peuvent aller l encontre du but recherch Autre l ment de m thode pour penser l agir et pr parer l action future il faut pouvoir s appuyer sur du solide du constant du fiable Ces bornes d amarrage ou ces jalons qui donnent autant de rep res dans l univers chaotique du contingent ce sont ce que nous avons appel des invariants Certains d entre eux sont des axiomes auxquels on peut se r f rer en cas de besoin Par exemple la violence est une donn e permanente de la vie des soci t s les hommes comme les tats sont mus par leurs int r ts D autres sont des faits sociolo Dunod La photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 29 giques l ments culturels ou religieux traditions et savoir faire qui sont des constantes des civilisations ou des nations esprit guerrier ou mercantile coh sion sociale ou individualisme volont de puissance etc Les invariants sont essentiels car ils sont les gages de cr dibilit des hypoth ses qu ils contribueront chafauder et dans le sillage des
51. non autoris e est un d lit Conclusion 197 une id e fausse qui tra ne partout le monde de la strat gie serait n cessairement celui des seuls rapports de forces il faudrait donc s y comporter avec brutalit et cynisme pour d fendre la seule chose qui vaille ses propres int r ts imm diats On sy comporte alors coups de d cisions et en prenant surtout pour les autres un maximum de risques la corde raide tant l itin raire le plus fr quent Si cette conception tait av r e le monde serait feu et sang ce qui n est pas tout fait le cas Cela signifie rait que le projet strat gique tel qu il a t d crit et propos dans ses grandes lignes serait une illu sion Cela serait d sesp rant et viendrait contredire l id e qui est la source m me du concept strat gi que celle de libert Oui nous sommes libres de pr parer un avenir qui n est pas crit d avance de le faire en partant de bases solides et dans un but louable et raisonnable Mais il faut alors que l intelligence strat gique sy applique de fa on nuanc e et tol rante en compre nant et respectant les id es les m thodes et les traditions des autres de tous les autres mais aussi de fa on dynamique et cr atrice afin de sortir des sch mas cul s et des sentiers habituels C est pourquoi cette entreprise si elle est conduite un jour ne doit pas l tre sur une base strictement nationale
52. passe dans ses finalit s L conomie a un r le consid rable car elle constitue le carburant indis pensable toute organisation mais elle ne peut en tre le moteur L ordre social Apr s cet aper u des divers ordres susceptibles de concourir l organisation sociale on voit bien qu il s agit d une construction trois tages Sur une base culturelle quasiment intangible l ordre politi que et les capacit s conomiques leurs mani res fort diff rentes et avec leurs moyens consid ra bles Pun en veillant aux quilibres et en tant le gardien des traditions les autres en fournissant le carburant et provoquant le progr s vont conduire et permettre les volutions qui faciliteront la mise en uvre d un projet de soci t Leurs forces sont puissantes oppos es elles bloquent tout espoir de r forme et m nent la stagnation voire au d clin conjugu es elles peuvent entra ner des ruptures 52 PR CIS DE STRAT GIE d quilibre au sein de soci t s cartel es entre le maintien des traditions et les aspirations la modernit Ainsi partir de ses bases culturelles et condi tion que son adaptation se fasse en accord avec celles ci l organisation d une collectivit volue dans le temps Mais bases culturelles et temps sont des donn es intangibles que le poli tique comme l conomique doivent int grer et respecter au risque dans le cas contraire de d stabi lis
53. peu pr s les m mes sympt mes Les seuls pays qui mergent du lot des nations en termes de d veloppement rapide et continu sont ceux o le pouvoir politique est fort la Chine en tant le meilleur exemple Partout ailleurs o le politique est contest et affai bli il c de du terrain aux forces financi res ou l anarchie parfois aux deux en m me temps La crise du politique comme repr sentation et comme capacit d orientation et de conduite des soci t s est une donn e quasi universelle elle permet d voquer l erratisme d un corps sans t te Ce qu on peut observer au niveau des nations est aussi flagrant l chelle internationale comment une gouvernance mondiale pourrait elle s tablir sur des bases aussi faibles Le syst me strat gique a besoin du politique donc d un minimum de verti calit parce qu il lui faut une orientation et un fil conducteur On l a vu les soci t s sont en pleine et rapide volution beaucoup s urbanisent et sindividuali sent ces mouvements migratoires entra nant d importantes ruptures d ordre culturel La crise de la soci t en tant que structure de la vie profession nelle et support de la vie priv e tend galement se g n raliser Ce faisant elle se d cline pour attein dre son plus petit d nominateur commun 108 PR CIS DE STRAT GIE l individu Consid r ici comme consommateur l comme travailleur un peu partout pour pas grand c
54. pour faire la guerre ce qui devrait donner une tout autre allure cette unit militaire Selon qu une soci t s organise pour fabriquer de la croissance ou profiter de ses loisirs le r sultat n est pas identique D o l impor tance d avoir un projet et dy r fl chir s rieusement avant de donner la parole aux managers L information est la mati re premi re strat gi que Sans elle pas de donn es pas de savoir pas de relations entre acteurs Si elle n tablit pas ses connexions tous les niveaux du syst me celui ci ne peut pas fonctionner Toute action strat gique suppose donc une architecture des r seaux d infor mation laquelle il faut galement r fl chir avant de s engager La partie la plus importante se situe entre les acteurs et les objectifs que les finalit s soient pr cis es est une n cessit qu elles soient labor es pour le bien de la soci t para t tre une vidence qu elles soient pr sent es propos es et expliqu es aux acteurs fait partie de ces obligations si souvent n pglig es par les responsables politiques Au del du truisme l information sert avant tout informer L nergie est le carburant du syst me c est ce qui l anime Elle se situe d abord dans la volont de faire expression m me de la responsabilit politi que Cette volont lorsqu elle existe s applique tous les stades de l action par la compr hension de Dunod L
55. premier rang avec l armement mais aussi les moyens de transport et de communication la reli gion avec la notion de guerre juste l conomie avec l ouverture de nouveaux march s La strat gie telle que nous la connaissons comme m thode et comme pratique est n e de cette conception des rapports de forces et de cette vision du monde l alliance du droit et de la force selon la c l bre pens e de Pascal Elle devient par sa pratique guer ri re le bras arm du politique dont elle est d apr s Clausewitz la continuation par d autres moyens Peu importe finalement qu elle soit victorieuse il suffit qu elle ne soit pas ruineuse et encore les exemples japonais et allemand sont l pour d montrer qu on peut tout perdre et gagner quand m me les checs des tats Unis au Viet nam et r cemment en Irak ne les emp chent pas de demeurer et de loin la premi re puissance mili taire du monde La guerre est alors con ue selon la formule de Schumpeter comme une destruction cr atrice elle oblige au changement rapide elle stimule le progr s p nicilline nucl aire lectroni que a ronautique etc elle conforte ou recom pose les soci t s enrichissant leur mythologie et cultivant leur h ro sme Le syst me occidental a ainsi toujours privil gi la guerre pour se sortir de ses contradictions et pour faire bouger les lignes Avec les r volutions industrielles la strat gie a
56. r action type mais d placer et reformuler le probl me mesure que la situation volue la mani re du jeu d checs ou de l analyse moderne L Occident pour sa part r agit de fa on diam tralement oppos e il va de r volution 1 Anne Cheng chapitre 11 sur le Livre des Mutations le Yijing in Histoire de la pens e chinoise Paris Seuil Points Essais 2002 page 279 136 PR CIS DE STRAT GIE en r volution provoquant les crises et les expor tant volontiers chez les autres pour les d stabiliser indiquant l son besoin constant de renouveau et donc de rupture Les relations entre tradition et modernit sont sans doute aussi probl matiques dans les deux cultures mais elles ne se posent ni dans les m mes termes ni aux m mes moments Pour le dire brutalement la soci t chinoise est pragmatique enti rement tourn e vers le r el elle vit dans le pr sent et ne se fait gu re d illusions elle sait pertinemment que tout cela est fugace et qu il faut en profiter hic et nunc La soci t occi dentale croit au contraire et c est aussi son exp rience que l espoir est dans le futur que ce sont les utopies et les r ves qui font avancer l humanit Mais l encore rien n est immuable il y a de l espace et du temps entre l amont et l aval et toute une gamme d attitudes possibles entre la mutation ch re aux Chinois et la rupture embl mati
57. 66 PR CIS DE STRAT GIE d cision dont les r solutions sont rarement appli qu es parce que difficilement applicables dans un contexte de crise il est peu probable par exemple que les quelques milliers de soldats destin s paci fier le Darfour y aient sur un territoire grand comme la France un impact d cisif outre celui de soulager la conscience des pays participants Il faudrait cr er une Cour de m diation internatio nale qui reprendrait son compte les initiatives de San Egidio dans certains conflits africains celles de personnalit s suisses et scandinaves dans les rela tions isra lo palestiniennes etc La crise est bien le probl me central de notre poque elle le restera longtemps sauf si le syst me subit un choc brutal et se d grade par sympathie sauf si certaines puissances jouent volontairement la carte du chaos ne voyant leur salut que dans le retour la guerre le monde entier le paiera alors tr s cher N oublions pas cet gard que le ventre est toujours f cond La crise survenant naturel lement des circonstances c est d sormais partir de celles ci qu il faut r gler notre panoplie d instru ments de mesure et de contr le C est ce stade qu il faut prendre les choses en main non pour changer le monde qui n a besoin de personne pour ce faire mais pour accompagner les volutions dans un sens qui soit celui du projet de vivre mieux Chapitre 7
58. COPLLAGE interdite sans autorisation de en effet express ment la photoco TUE LE LIVRE l auteur de son diteur ou du pie usage collectif sans autori Centre fran ais d exploitation du sation des ayants droit Or cette pratique droit de copie CFC 20 rue des s est g n ralis e dans les tablissements Grands Augustins 75006 Paris Dunod Paris 2008 ISBN 978 2 10 053585 9 Le Code de la propri t intellectuelle n autorisant aux termes de l article L 122 5 2 et 3 a d une part que les copies o reproductions strictement r serv es l usage priv du copiste et non destin es une utilisation collective et d autre part que les analyses et les courtes citations dans un but d exemple et d illustration toute repr sentation ou reproduction int grale ou partielle faite sans le consentement de l auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite art L 122 4 Cette repr sentation ou reproduction par quelque proc d que ce soit constitue rait donc une contrefa on sanctionn e par les articles L 335 2 et suivants du Code de la propri t intellectuelle TABLE DES MATI RES Introduction Bo te outils de la strat gie Voies et moyens 1 La probl matique agir ensemble quations l ments de m thode Coh rences Strat gie thique et jeu 2 La matrice strat gique cinq l ments Projet Organisation Situation Technique M thode 3
59. Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de la strat gie 109 Qu est ce que la crise en effet Un danger et ou une opportunit comme le sugg re le mot chinois Wei ji qui allie les deux significations Le moment du choix comme on peut le traduire du grec Kpivelv Ces deux approches semblent plus conformes la r alit que les interpr tations qu on donne couramment au mot crise le diction naire en souligne d ailleurs plus souvent les aspects strictement n gatifs maladie accident difficult conflit sans jamais faire mention de sa norma lit et de son caract re in luctable voire n cessaire et bienfaisant La crise de l adolescence par exem ple qui mest pas une maladie est bien la p riode d initiation et de transformation qui permet de passer pour la plupart sans drame de l enfance l ge adulte Bien s r la rage de dents une crise de nerfs ou une situation d pressive ne sont pas tr s positives mais d une part elles se soignent et n engagent pas de diagnostic vital d autre part elles sont provisoires et permettent de mieux go ter le retour la normale La crise est tout simplement un ph nom ne du vivant tout ce qui est en vie est critique et la crise ne s ach ve qu avec la mort De m me tout mouvement celui du corps humain ou l volution d une soci t est minemment critique car il doit encha ner des d s quilibres successif
60. LA RECONSTRUCTION STRAT GIQUE ans cette situation de crise et en fonction de D ses caract ristiques la seule attitude qui paraisse pertinente aujourd hui est de promouvoir une strat gie d accompagnement des ph nom nes avec la volont de pouvoir en amont et de l int rieur du syst me r orienter les tendances lourdes qui font les circonstances Pourquoi s acharner vouloir lutter contre le courant du fleuve Autant le suivre car il appartient la nature des choses autant l utiliser pour profiter de son nergie autant le canaliser pour viter ses d bordements C est une strat gie qui n interdit pas le changement mais qui ne le force pas non plus elle le facilite Outre les dispositions d j pr conis es dans l amont du syst me pour rassembler les l ments d une intelligence de la crise ce que nous avons appel penser strat giquement il faut reconsi d rer les deux mod les qui ont servi structurer le syst me strat gique la matrice et ses cinq l ments le m canisme dont le c ur est repr sent par le champ strat gique 168 PR CIS DE STRAT GIE Nous devons le faire par n cessit pour peu qu on adh re au constat de crise mais en ayant pr sentes l esprit les exigences qui sont celles de tout syst me strat gique son efficacit en regard des objectifs sa compatibilit avec la situation sa coh rence avec les besoins humains Pas de classe ment dans cet
61. Le m canisme de l action Combinaison des moyens D clinaison des buts D marche et champ strat gique Invariants 4 Mo odernit et crise de la strat gie Facteurs de la modernit Crise de la strat gie Mar cage strat gique Crise des civilisations 12 17 21 24 31 33 37 37 44 54 65 68 75 77 80 83 89 93 93 97 102 106 VI PR CIS DE STRAT GIE 5 Strat gies compar es Le syst me chinois Le syst me occidental Comparaisons 6 Penser la crise Appr ciation de situation Pr vention et m diation 7 La reconstruction strat gique volution de la matrice Le champ strat gique r nov Conclusion Bibliographie s lective 113 117 127 132 145 152 160 167 170 183 195 199 INTRODUCTION a strat gie est la mode Le mot d faut de la L chose est devenu le s same de tout enseigne ment qui se veut moderne en m me temps que la cl d acc s toute structure entrepreneuriale Pas de mast re aujourd hui qui ne se rev te d habits soi disant strat giques pas d organisme sans direc tion de la strat gie alors que d un c t la strat gie ne rel ve d aucun domaine universitaire qu elle n est enseign e en tant que telle et n est un sujet de recherche dans aucune Facult et que d un autre celui de l entreprise sa suppos e direction recouvre des champs tr s variables allant selon les cas des ressources humaines la communicatio
62. Moore Cette fr n sie des nouvelles technologies influe sur le rythme conomique qui tend adop 188 PR CIS DE STRAT GIE ter un profil lin aire loin des cycles th oriques Le syst me juridique quant lui r gulateur par nature peine s accorder des volutions aussi rapides et surtout dont l impact est aussi multi forme qu impr vu sur les rouages des soci t s Il y a l dans cet enchev trement chaotique des diverses temporalit s un vaste pan du chantier strat gique C est au politique qu choit la responsabilit qui est celle du chef d orchestre en indiquant le tempo ses divers solistes il les met dans une harmonie d o na t la musique La coh rence d faut de la concordance des temps est une des exigences les plus fortes de notre poque Elle doit s exprimer notamment lors de l laboration du projet travers ce que nous avons appel chapitre 3 la d clinaison des objectifs Le projet on l a compris est une orientation qui s inscrit dans le long terme La d marche strat gi que consiste s engager dans cette direction apr s avoir identifi un ou plusieurs objectifs interm diaires qui serviront de rep res et d tapes aux acteurs Ces tapes sont fix es l occasion du travail de planification que doit d clencher tout projet afin d inscrire ce futur souhait dans la r alit du temps Il faut revenir cette ardente obligation de la planifica
63. a pas en effet d analyse s rieuse qui ne r siste la confrontation avec la r alit Seul le terrain parle Il faut aller sur place se faire une opinion et v rifier par soi m me c est le nez de Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 157 l analyste irrempla able Pour gagner en temps et en fiabilit il vaut mieux disposer d un r seau de capteurs humains et techniques aptes d li vrer des signaux d alerte en fonction d une batterie de crit res qui auront t labor s dans le courant de l appr ciation de situation renseignements d ordre politique d mographique sociologique conomique technologique Les messages factuels ou p riodiques d livr s par ces capteurs viennent alors compl ter les dossiers de base et transforment ces outils en v ritables tableaux de bord op rationnels Avec le d veloppement des technologies de l information et la mise au point de ces grilles d analyse il n est pas utile de d ployer de lourds et co teux syst mes de renseignement un r seau mondial fixe d une trentaine de postes quatre ou cinq quipes mobiles pour relever les capteurs et proc der des enqu tes locales cibl es un logiciel de grande puissance capable d ingurgiter et de classer toutes les donn es suivre leur actualisation et mettre jour les tableaux de bord R seau quipes logiciel rien de tout cela n existe en tan
64. a photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 33 la situation et des probl mes qu elle pose par la recherche constante des solutions pour son am lio ration par le souci de r unir les moyens indispen sables la r ussite de l action Pour conduire tout cela la fois il faut effectivement mettre en uvre a a f une nergie consid rable Cela n est possible que dans un syst me coh rent et tourn vers l action Strat gie thique et jeu Les questions suivantes sont centrales et on ne peut y chapper quel est le rapport de la strat gie et de la morale La strat gie peut elle s apparenter un jeu S agissant de la morale la question machiav lienne est dans tous les esprits la fin justifie t elle les moyens M me si elle para t choquante et l encontre du moralement correct la r ponse devrait tre oui sans h sita tion ni ambigu t Mais condition que le probl me soit pos dans le bon sens si les finalit s sont bonnes les moyens pour y parvenir sont justifi s sinon les objectifs sont vains Il n y a pas de bons moyens ou de bonnes m thodes pour atteindre des objectifs immoraux de m me qu il ne saurait y avoir de mauvais moyens pour des buts nobles Or puisqu il s agit en termes strat giques du projet de soci t tel qu il a t tabli par le consensus collectif pour le bien de l ensemble c
65. a stabilit traditionnelle d une part le besoin de coh rence d autre part qui sont des donn es permanentes font de l organisation sociale un param tre strat gique capital qui constitue en symbiose avec les diff rentes variantes du projet niveau 2 ou 3 l axe de toute strat gie Ce ne sont pas en effet jusqu pr sent les diff rences de projets qui ont distingu les soci t s les unes des autres mais bien les caract ristiques originales de leurs organisations sociales Si les contraintes physi ques et le bon sens conduisent les tats repenser leurs modes de d veloppement et s engager vers un projet commun ainsi que nous l avons voqu plus haut se poseront alors un probl me de faisabi lit et une question de m thode sera t il possible partir d organisations sociopolitiques souvent divergentes d avoir des projets communs Dans cet esprit la formule chinoise du socialisme de march a t elle un sens Ou pr figure t elle les compromis strat giques de lavenir Mais avant de repenser laxe matriciel projet organisation et d y tracer d ventuels nouveaux chemins il faut s en tenir aux r alit s du moment C est dans le monde critique du d but du XXI si cle avec de nombreuses 54 PR CIS DE STRAT GIE donn es in dites et la complexit qu elles provo quent qu il faut resituer notre action Situation Le projet ne vaut qu en fonction des r alit s S il en est
66. ain notamment en cas de conflit Le r le de ces ONG pour la dignit de l humanit et pour la protection des populations les plus d sh rit es est d cisif et doit tre mieux pris en compte dans les situations critiques contemporaines Les entreprises 62 PR CIS DE STRAT GIE multinationales dans un registre diff rent ont un poids consid rable certaines d entre elles notam ment les p troli res ayant une surface financi re et des capacit s d action souvent comparables celles de puissances moyennes Leur implantation dans un pays peut tre d cisive pour son d veloppement et influer sur son comportement politique Du point de vue des acteurs la situation est donc in dite au lieu de d pendre de quelques acteurs tatiques uniques ce qui tait le cas au XIX et pendant une moiti du XX si cle l activit mondiale est r gie aujourd hui par des milliers d animateurs plus ou moins l gitimes plus ou moins coordonn s qui contribuent au foisonne ment mais aussi l inintelligibilit du monde contemporain Une situation de crise La prolif ration du nombre des acteurs mondiaux est au sens o personne n en ma trise l accroisse ment avec les deux facteurs de d s quilibres conomiques et d mographiques une des causes et Pun des sympt mes de ce qu il est convenu en langage strat gique d appeler la crise Nous y reviendrons dans le chapitre qui est consacr la cris
67. ais encore faut il qu elle soit organis e Deux instruments peuvent y concourir les services de renseignement et la recherche strat gique 156 PR CIS DE STRAT GIE Syst me de renseignement Le recueil des donn es suppose un syst me de renseignement reconfigur dans ce seul but Il ne s agit plus ici de services secrets ou sp ciaux mais d organismes de collecte d informations dans la plupart des cas plus de 90 ouvertes effectu e en respectant l expression des besoins en renseignement formul e par le commanditaire Le premier probl me r soudre dans un univers o l information est contin ment surabondante est de savoir ce quon veut savoir Le politique n est pas n cessairement le mieux m me de formuler ce type de besoins car ses pr occupations sont d une autre nature et port es sur le court terme En revanche l analyste strat gique est bien plac pour exprimer ces demandes n ayant pas d autres pr oc cupations que de comprendre les situations elles seront alors cibl es en fonction des circonstances et auront pour but de compl ter ou de valider un dispositif pr existant de donn es Pour mettre ses dossiers jour l analyste dispose en effet de ses propres sources celles qu offrent les m dias et Internet certes sujettes caution mais apportant souvent une vision g n rale des sujets celles aussi que lui procure sa fr quentation du terrain il my
68. ale sociale administrative Le confucianisme est arriv point pour en cristalliser les caract res et en faire 118 PR CIS DE STRAT GIE une morale publique autant qu une r gle de vie De la naissance la mort dans sa vie priv e comme publique le Chinois a la place dans la collectivit que lui assigne la tradition il n a pas d autre choix Le collectivisme mest pas une invention du xX si cle il fait partie des m urs du peuple chinois La d mographie commande tout Le nombre des hommes conduit la n cessit absolue de l ordre de la hi rarchie de la soumission et de la moindre mobilit Elle occulte tout l espace et m me au del Pas besoin de r v lation ni d interrogation sur l au del dans un univers clos o le pr sent et la survie requi rent les efforts de tous et la vigilance incessante des responsables La soci t chinoise est une soci t organis e pour vivre dans un pr sent qui soit aussi harmonieux que possible et donc durable Cette soci t en action continue est par essence une soci t strat gique C est une soci t agricole intimement li e la nature et ses rythmes saisonniers La riziculture en est l activit embl matique la fois pour voyeuse de c r ales en quantit s importantes modeleuse du paysage et organisatrice de la vie rurale donc de la vie sociale Elle s inscrit dans le cycle de la nature en particulier celui essentiel de Peau dont la
69. amp strat gique qui reste encore en partie d fricher mais qui se veut suffisamment pratique et accessible pour tre mis entre toutes les mains et utilis si possible titre initiatique et pr ventif sans attendre que le lecteur ait atteint les sommets de la vie sociale ou professionnelle ce stade le d cideur n a plus ni le temps ni le go t de se plonger dans les m andres des arcanes strat giques c est son entourage ses experts et conseillers qui eux doivent prendre de la hauteur par rapport aux circonstances que s adressent ces recommandations Ce livre se place n cessairement au niveau de l tat acteur traditionnel le seul qui soit l gitime et dont les structures aussi corrod es soient elles offrent encore de solides appuis Les autres niveaux sont impuissants avoir une perspective globale dans un monde aussi complexe Mais il ne faut pas faire abstraction des divers acteurs dont nous avons dit que le r le participait d sormais de l action stra Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Introduction 7 t gique collective Comment rendre compte de la complexit partir d un seul point de vue Celui de l auteur strat ge ou strat giste ne peut plus tre unique sil veut rester objectif et embrasser la probl matique actuelle dans son ensemble Il ne peut pas non plus se placer dans la seule perspective de l entreprise consid r e san
70. ance technique pour rester ma tres du jeu ce stade les atouts strat giques sont galement r partis et on peut avancer que rien nest encore jou La Chine a un handicap majeur qui peut la conduire nouveau au d sastre celui de n avoir aucun autre projet que de copier un mod le am ri cain la fois incompatible avec les traditions de la soci t chinoise et irr alisable dans les conditions conomiques contemporaines D un autre c t la crise contemporaine par sa nature et son ampleur mutation ET globalisation a atteint un niveau de complexit tel que les moyens habituels de r gu lation notamment ceux de la gouvernance mondiale ne parviennent plus contenir dans ce contexte il n est pas s r que l habilet tradition nelle des Chinois dans la gestion des crises fasse merveille En revanche elle pourrait exploiter et tirer b n fice des divergences de posture des Occi dentaux dans une conjoncture o les Am ricains apparaissent paradoxalement bismarckiens et port s d nouer les blocages actuels de situation par la guerre et o les Europ ens selon un para doxe inverse seraient plus volontiers wilsoniens et enclins aux solutions pacifiques Il y aurait l une opportunit d viter de retomber dans le dualisme simpliste et dangereux dont nous sortons peine Un monde trois pieds am ricain chinois Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat
71. ant de d couvertes d un autre qui appara t alors la fois compr hensible et int ressant Il faut parier que malgr les diver gences l intelligence des hommes aura le dernier mot l image frappante du dragon dans le maga sin de porcelaine doit rester une caricature de la r alit Pour revenir l actualit la strat gie chinoise a consist pour l essentiel avec un r alisme total choisir le bon moment la phase ascendante de la mondialisation ainsi que les modalit s adapt es le commerce pour se servir au mieux des circonstan ces Mais son but aussi pragmatique soit il r pond mal la question du pour quoi faire celle des finalit s Y a t il un projet chinois de soci t au del de la satisfaction des aspirations l gitimes au bien tre de la population Que fera la Chine de sa puissance retrouv e lorsqu elle sera au milieu du monde et non plus son centre inaccessible On est en droit de s interroger cet gard et il n est pas 140 PR CIS DE STRAT GIE certain que les Chinois y aient eux m mes beau coup r fl chi pr occup s qu ils sont par le trajet harmonieux de leur mergence Pour l Occident le probl me ne sy pose pas dans les m mes termes la strat gie n tant qu une m thode une mani re de faire et non une fa on d tre au service de la politique donc des id ologies qu elle v hicule Les Occidentau
72. as comme le firent les Europ ens le m me besoin de technique m me si elle sait sy adapter rapidement comme le d montre son spectaculaire d veloppement cono mique Tout cela d bouche comme on le dit souvent par d rision sur une strat gie de non action en chinois wu wei qu il serait plus judicieux d appeler une strat gie de non d cision C est dire que la strat gie chinoise se situe plus en amont 122 PR CIS DE STRAT GIE qu au c ur des v nements Le mot strat gie en chinois zhan lue le traduit bien qui signifie planification de la guerre plans de campagne C est proprement parler une strat gie d anticipation et pour peu qu elle soit fond e sur des informations solides et une juste appr ciation de situation elle donne ses protagonistes un voire plusieurs coups d avance sur les v nements ce qui leur permet alors d agir en profondeur pour les orienter selon leurs int r ts En temps de guerre familier la strat gie occidentale o le rapport des forces et la conduite des op rations pr valent la strat gie chinoise ma jamais fait preuve de son efficacit comme en attestent ses nombreuses d faites au XIX et au d but du XX si cle Mais en p riode de crise o les v nements sont pr visibles la strat gie amont ou d anticipation prend toute sa valeur En r gle g n rale l action n a d efficacit durable que si elle r sulte de la convergence de multiple
73. asse des obsta cles face aux contraintes qui s acharnent en limi ter la port e et la rendre en quelque sorte irr alisable 98 PR CIS DE STRAT GIE Dans ce combat pour la libert des millions d hommes vont laisser leur vie et paradoxalement autant vont y perdre leur libert Les plus grands drames de l histoire se d roulent au nom sacr de la libert M me les camps de concentration en d tournaient le sens Arbeit macht frei inscri vait on sur leurs portiques Au nom de la libert des peuples nationalismes et totalitarismes vont provoquer et nourrir les guerres mondiales du XX si cle qui furent l apoth ose de la violence et de la folie humaines Pour satisfaire cette soif d utopie les tats ont en effet tout mis en uvre toutes les ressources disponibles inventant sans cesse de nouvelles tech niques et multipliant les moyens de destruction Ainsi mesure que les finalit s utopiques leur chappaient les peuples mettaient des ressources toujours plus grandes tenter de les atteindre C est ainsi qu explosa le syst me strat gique Il explosa cause de ce qui l avait fait na tre la guerre De rencontre de professionnels limit e au seul cadre espace temps de la bataille avec des objectifs et des risques acceptables pour les parties en pr sence la guerre changea d chelle et de mani re avec la R volution fran aise et ses avatars D livrer les peuples euro
74. ation est dans ce cas le plus souvent hi rarchis e et r gl e par des codes Si en revanche les acteurs sont inspir s par une id ologie donc par une fina lit qui les d passe une transcendance cette relation devient une religion Toute organisa tion r pond ainsi une double exigence celle de la relation interne qui structure le pr sent celle de la religion externe quelle qu elle soit qui projette dans lavenir La premi re assumant les n cessit s de la vie la seconde r pondant aux myst res de la mort Tous ces l ments de m thode de P agir ensemble sont fond s sur un pilier central le savoir Tout se construit sur la connaissance des hommes et des choses La premi re conduit la capacit d informer et de convaincre la seconde celle d expliquer les ph nom nes et de comprendre la nature La connaissance c est la psychologie d une part la physique d autre part La strat gie contribue les associer dans le m me tout Mais le savoir d pend troitement de l information dans son sens g n ral ne serait ce que pour l acquisition des connaissances Ainsi l histoire de la strat gie est elle li e au d veloppement des moyens d infor mation ceux qui permettent de disposer des Dunod La photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 31 donn es techniques et d tablir des relations entre les acteurs et entre les l men
75. ation p troli re est juteuse Le niveau de vie am ricain american way of life pour tous est un leurre il n est pas physique ment possible de l tendre aux 6 5 milliards d tres humains actuels puis aux 8 ou 9 qui peupleront la terre d ici 2050 En revanche satisfaire leurs besoins essentiels et l gitimes aujourd hui comme demain est une obligation Il faut donc nous mettre d accord tous pays et organisations confondus pour fixer de nouveaux seuils et pour les atteindre offrir aux diverses soci t s les voies et moyens d y parvenir Plut t qu une coop ra tion d su te et chichement mesur e qui ne permet tra pas dans les conditions actuelles aux pays concern s de sortir de leur sous d veloppement la promotion de nouvelles sources d nergie bas co t et faible impact sur l environnement est indispensable Mais une fois encore si l on veut reconsid rer le mod le actuel de d veloppement et cest une obligation il faut absolument le faire par consen sus Il faudra y faire adh rer toutes les parties prenantes notamment les conomies les plus puis santes et pas seulement les tats mais aussi les tr s grandes entreprises internationales au premier rang desquelles les financi res Le changement d orien tation et la redistribution de richesses auxquels une partie du monde devra consentir p naliseront les acteurs les plus puissants dans leur course la cr
76. aux inondations qu elles provo x ZX 2 e 2 quent Toutes les soci t s ont t ou sont encore confront es ces catastrophes dites naturelles dont elles cherchent au mieux se pr munir au pire AL ma triser les exc s Le changement climatique l uvre ces derni res ann es oblige reconsid rer les dispositifs ant rieurs qui s av rent insuffisants contenir les d bordements des cours d eau Il en va de m me pour les autres formes de crise dont les effets cumulatifs ont modifi l ampleur La crise est galement comparable aux incendies contre lesquels le vent et la s cheresse aidant il devient tr s difficile de lutter En r alit dans ce cas pr cis le seul dispo sitif de lutte qui soit efficace est pr ventif capteurs 162 PR CIS DE STRAT GIE surveillance alerte coupe feux bornes incendie lacs r servoirs etc travers ces exemples simples et habituels il est facile d imaginer les proc dures de pr vention mettre en uvre dans le cas des crises qui affectent les soci t s Tout dispositif de pr vention est extensible l infini la sagesse populaire dit bien qu on n est jamais assez prudent D o le principe de pr cau tion et le risque de pusillanimit celui de s inter dire d agir toute entreprise pr sentant un certain nombre de risques La pr vention ne doit pas consister tenter de figer une situation par nature volutive mais bien avoir pr vu
77. ble il faut effectuer les op rations l mentaires que sont le recensement le choix et l organisation des moyens elles sont ce stade indispensables la pr paration de l action Les moyens doivent tre disponibles donc r els concrets pr levables maintenant ou court terme Ils sont de trois ordres d abord les ressources humaines les acteurs tant les instigateurs de l action ensuite les forces morales avec les motiva tions qui les animent et sans lesquelles il est vain d entreprendre enfin les moyens techniques mati res premi res finances produits divers moyens de communication et de transport etc qui sont les supports et les vecteurs de l action Parmi cet ensemble il faudra s lectionner et choisir ceux des moyens qui seront le mieux adap Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Le m canisme de l action 79 t s l action projet e et suffisants pour la r aliser Il doit y avoir coh rence entre les moyens disponibles retenus et les fins projet es Mettre en uvre par exemple une strat gie de dissuasion suppose de se doter non seulement d armes nucl aires ou de destruction massive mais aussi de r unir les condi tions politiques conomiques techniques qui puissent rendre cr dible la menace de leur emploi On insistera sur la disponibilit des moyens Elle signifie d abord il est bon de le rappeler qu ils sont existants donc qu ils sont pr l
78. ce des nouvelles technologies Elle sest ensuite d ca l e fuyant syst matiquement les lieux de rencontre habituels pour se r fugier dans une asym trie protectrice et souvent fructueuse Elle ne s exprime plus en termes de gain mais de revendications existentielles identitaires travers des situations in dites o pr valent l incertitude et le provisoire Conflictualit floue alt rit ind finie nous my avons pas gagn en clart 1 ric de La Maisonneuve La Violence qui vient Paris Arl a 1997 148 PR CIS DE STRAT GIE Et pourtant il n y a pas d chappatoire c est bien de cette situation critique qu il s agit d sormais de comprendre les m canismes la place de la guerre objet strat gique familier mais devenu impraticable s est impos e la crise non objet s il en f t en tout cas objet strat gique non identifi tant elle est loign e des crit res retenus jusqu alors pour constituer notre bo te outils strat gique Il ne s agit pas pour autant de r cuser la pens e sur la guerre et son avatar que fut avec la dissua sion la pens e sur la non guerre Mais ce faisant en d crivant l impossibilit d agir militairement ou plut t en d montrant la vanit d esp rance d un gain elle changeait la nature de la guerre pour en faire un objet exclusivement politique Sauf improbable marche arri re de l histoire la crise est notre no
79. consid r comme archa que et qu en tirant l ext rieur toutes les ficelles que lui procure la force de frappe financi re et politique de sa nouvelle puissance L efficacit strat gique de la Chine tait l gen daire au sens propre du terme sans doute parce qu elle n avait jamais t confront e l adversit Apr s ses humiliations et les trait s in gaux du XIX si cle elle a tent plusieurs modernisations entre les ann es 1880 et 1930 qui ont toutes avort non seulement parce que le retard rattraper tait tr s important mais surtout parce que la m thode employ e celle de l Occident tait contre nature pour la soci t chinoise et ne pouvait qu y provoquer la r volution La r action anti occiden tale de Mao Zedong permit de reconstituer l unit chinoise mais sur des bases archa ques et avec des effets d sastreux pour le niveau de vie de la popula tion qui se trouvait la mort du Grand 126 PR CIS DE STRAT GIE Timonier en 1976 dans un tat de profond sous d veloppement La strat gie chinoise est nouveau l preuve aujourd hui mais avec semble t il des chances s rieuses de succ s car fond e la fois sur une appr ciation de situation r aliste des opportunit s offertes par la mondialisation sur une valuation plus nuanc e des rapports forces faiblesses de ses partenaires et concurrents sur une exaltation des qualit s de Phomme chinois et d
80. cques Antoine de Essai g n ral de tactique LHerne 1973 GUIBERT Jacques Antoine de Strat giques LHerne 1977 HANSON Victor D Carnage et culture Flammarion 2001 200 PR CIS DE STRAT GIE HART Liddell Strat gie Librairie acad mique Perrin 1998 JULLIEN Fran ois Trait de l efficacit Grasset 1997 KAGAN Robert La Puissance et la faiblesse Plon 2003 LA MAISONNEUVE Eric de La Violence qui vient Arl a 1997 LA MAISONNEUVE Eric de Strat gie crise et chaos Econo mica 2005 LAO TSEU Zao T king Gallimard 2003 LE GOFF Jean Pierre Les Illusions du management La D couverte 2000 LIANG Qiao et XIANGSUI Wang La Guerre hors limites Payot Rivages 2003 MACHIAVEL Nicolas Premi re d cade de Tite Live La Pl iade MATTELART Armand L Invention de la communication La D couverte 1997 MORIN Edgar L Identit humaine Le Seuil 2001 M NKLER Herfried Les Guerres nouvelles Editions Alvik 2003 PEYREFITTE Alain La Soci t de confiance Odile Jacob 1995 POIRIER Lucien Strat gie th orique II Economica 1996 RIFKIN Jeremy L Age de l acc s La D couverte 2000 RUFFOLO Giorgio Puissance et pouvoir Bernard Contaz 1990 SCHMITT Carl La Notion de politique Flammarion Champs SUN ZU L Art de la guerre Economica 1990 VIRILIO Paul Strat gie de la d ception Galil e 1999 WALLERSTEIN Immanuel L Apr s lib ralisme L Aube 1999 STRAT GIES ET
81. ction c est le comment faire Et cette question de m thode ne peut tre abord e que lorsqu on a commenc de r pondre aux deux premi res Lexact contraire de ce qu on a pris l habitude de faire Tous les malheurs de la strat gie moderne viennent de ce qu on s entiche de th ories diverses sans avoir cherch comprendre le probl me pos Agir est une n cessit collective nous l avons vu parce qu il est inimaginable pour un groupe humain quel qu il soit de ne pas envisager son avenir Il doit s y pr parer et pour cela se projeter dans le futur La strat gie est la traduction en actes de cette n cessit Mais pour passer de la n cessit l action il va falloir contourner ou vaincre un certain nombre d obstacles dont le moindre n est Dunod La photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 27 pas la contingence de l action il faut penser et pr parer un agir qui est par nature contingent Voil qui complique singuli rement la d marche Celle ci s apparente alors une mission impossible si on consid re que la contingence est li e ce qu on appelle en termes gaulliens les circonstances ensemble des ph nom nes sur lesquels nous n avons aucune prise qui sont la fois imparables et impr visibles Les circonstances proviennent des variations des hommes et du temps dont le carac t re insaisissable a d j t voqu Elles sont dues v
82. daient dans la souverainet et le monopole de la force ont perdu sinon de leur importance du moins leur primaut voire leur monopole Produits des volutions et r sultats des circonstances d innombrables sujets sont apparus depuis une soixantaine d ann es des niveaux diff rents et dans des domaines vari s au niveau mondial d abord PONU et ses multiples filiales qui couvrent tout le champ des activit s humaines et dont l aide alimentaire ducative m dicale conditionne la survie de dizaines d tats au niveau des continents ensuite o une forme de f d ralisme tente de faire sa place avec l embl mati que Union europ enne mais aussi le Mercosur l Alena l Union africaine au niveau culturel et 4 PR CIS DE STRAT GIE politique avec la Ligue arabe la francophonie sur le plan de la s curit avec POTAN et POCS Organisation de coop ration de Shangha entre autres sur le plan conomique avec l OCDE et plusieurs dizaines de puissantes multinationales sur le plan humanitaire avec d influentes ONG comme le CICR ou Care au niveau infra tatique enfin o se multiplient dans les r gions dans les villes dans le secteur associatif des lieux d action strat gique d centralis e dont les effets conjugu s p sent sur l orientation desdites soci t s Une telle multitude d acteurs horizontaux tend naturelle ment chapper aux r gles communes labor es
83. de la soci t consid r e et les volutions en cours Sans cette double s rie de mesures la pr vention mest pas envisageable La mise en uvre d un mode de pens e strat gique ayant la crise pour objet suit donc un cheminement imp ratif et logique de l amont vers l aval de l horizontal vers le vertical des cas particuliers au g n ral Les instruments disponibles et encore utilisables dans notre bo te outils actuelle ressortissent pour la plupart d entre eux des modes Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 161 d action ils sont d ordre tactique et op ration nel Or ce dont nous avons besoin au seuil de d clenchement de la crise ce sont d instruments inhibiteurs des emp cheurs d action Tout a t con u jusqu pr sent pour favoriser et faciliter Paction Il nous faut faire marche arri re ou mieux emprunter une autre voie et imaginer les outils du non agir ce stade et dans ce domaine on pourrait s inspirer de la pens e chinoise et de la strat gie de non d cision qu elle pr ne nous en voyons d s lors la pertinence Soit qu on laisse faire la nature des choses en la surveillant et la canalisant A s 2 au cas o endiguement pr ventif du fleuve soit qu on intervienne d s lamont pour viter les d bordements en aval barrage ou d tournement des flux La crise est en effet tr s semblable aux crues des fleuves et
84. de quatre ans Mal nommer les choses c est ajouter au malheur du monde cri vait Camus avec justesse En r alit on appelle crise dans l ordre international tout changement impr vu de situation d un pays dont on ne ma trise plus les manifestations De m me qu on Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de la strat gie 111 appelle complexe un monde qu on ne comprend plus on donne le nom de crise toute situation qui chappe l ordre normal Cette attitude est dangereuse plusieurs titres et ne fait qu aggraver la situation de crise Elle est fond e effectivement sur l in luctabilit du d sor dre cons cutif aux mouvements impr visibles des peuples ainsi qu aux antagonismes naturels des tats qui ne connaissent que leurs int r ts C est partir de ces manifestations violentes dans la plupart des cas lorsque l abc s aura m ri qu on pourra tablir un diagnostic et r unir les conf ren ces internationales ou le Conseil de s curit de PONU pour constater les d g ts et proposer des palliatifs Dans un monde soumis au facteur vitesse cette perte de temps est souvent irrattrapa ble C est ainsi que les Europ ens d saccord s et impuissants ont assist pendant des ann es au drame yougoslave avant de finir par demander au Pr sident am ricain Clinton de bien vouloir inter venir pour son r glement Alors que d s 1989 lors de la comm mo
85. des fronti res ce 60 PR CIS DE STRAT GIE mouvement vers la fragmentation du monde apparemment in luctable serait inachev et devrait se poursuivre selon les estimations des sociologues l humanit comprendrait pr s de trois mille peuples dont plus de deux cents pourraient reven diquer leur autonomie dans les prochaines d cen nies Il s accompagne certes de regroupements sur des bases r gionales comme l Union europ enne qui confortent et justifient l apparition de ces nouveaux tats mais son origine il est toujours provocateur de s paratismes et de ruptures histori ques donc de conflits voire de guerres civiles comme celle qui a ravag l ex Yougoslavie pendant la derni re d cennie du XX si cle La plupart des conflits actuels tant dus ce ph nom ne de frag mentation il est probable qu ils persisteront en nombre et en gravit Cette prolif ration rapide des tats est la cause des faiblesses et carences de nombre d entre eux n s souvent par divorce et h ritiers de situations politiquement instables et conomiquement pr caires ils ne sont pas en mesure d assurer leur propre fonctionnement ni de faire respecter leur r cente souverainet Elle est indirectement la cause de l immobilisme des instances internationa les submerg es par le nombre et tent es par le client lisme Parmi les deux cents tats actuels qui se partagent la plan te deux tiers au moins y jouent un r l
86. doit pr sider toute action humaine individuelle ou collective En effet tout agir humain est interac tif puisqu il met en cause un ou des individus et qu ce titre il tend modifier l environnement ou le comportement des int ress s en les impliquant d une fa on ou d une autre plus ou mois directement et il est probl matique puisque ces individus outre l Acteur strat gique sont libres en th orie de se r partir entre les uns et les autres plus pr cis ment entre amis et ennemis dans le cas de la strat gie militaire entre clients et concurrents dans le cadre de l entreprise entre majo rit et opposition dans un syst me politique toujours dans un jeu acteurs multiples et selon des grilles d affinit s ou de r pulsion qui en font la complexit et le caract re al atoire Il est donc rela tionnel cette derni re notion apparaissant comme une des cl s de compr hension de tout syst me stra t gique Que la relation entre les acteurs soit ou non conflictuelle elle pr existe toute action le lien l autre est d terminant pour l laboration et la conduite de l action la question de l alt rit est le n ud gordien de la strat gie Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Introduction 9 Ensuite cet agir humain complexe et al a toire se d roule dans un cadre espace temps sp ci fique autant par la culture propre chacune des soci t s
87. donn Le moral d une Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 155 soci t ou d une nation est un l ment d terminant de compr hension d une situation Entreprendre une appr ciation de situation sans disposer de la plupart de ces l ments ne peut aboutir qu des analyses incompl tes ou et erro n es C est le cas aujourd hui de la plupart d entre elles non que les analystes soient syst matique ment malhonn tes ou orient s par une vision du monde manich enne mais ils ne disposent pas pour diverses raisons culturelles et techniques des outils adapt s et suffisants pour effectuer ce travail Ceci explique cela et les profondes erreurs d interpr tation et de jugement qui ont maill l actualit strat gique des derni res d cennies Le temps est d finitivement pass o le chef par sa culture et son coup d il son intelligence et son intuition tait capable d embrasser les ensembles et de faire la synth se Les objets strat giques sont trop nombreux et surtout mal identifi s les l ments sont trop mobiles hommes et technolo gies les v nements sont trop pr cipit s et enche v tr s pour que cette vision du haut puisse encore tre elle seule conceptrice et organisatrice de l action Non seulement l appr ciation de situation en fonction de la complexit du r el est le fondement de toute analyse strat gique m
88. e carburant qui nous affran chit des contraintes du cadre espace temps distances nuit froid et chaud sont gomm s et les hommes peuvent se consacrer vivre Elle s incarne enfin dans une nouvelle r volution celle de l infor mation qui ouvre aux hommes les portes de la soci t du savoir Les technologies de l information et de la communication TIC ont fait entrer l humanit dans l re de la post modernit En tablissant la primaut de l intelligence sur la force physique elles remettent en question les relations sociales les hi rarchies la conception du travail elles imposent la parit hommes femmes etc Influant directe ment sur les l ments strat giques les TIC Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 67 devraient offrir les outils d une appr ciation de situation exhaustive en temps r el il mest pas assur que les m dias en aient fait jusqu pr sent le meilleur usage plus occup s en fait pour des raisons financi res distraire qu informer S agis sant des organisations l informatisation des soci t s tend les faire passer de structures verticales et hi rarchiques des syst mes en r seau dont les modes de direction et de gestion sont radicalement diff rents Enfin l information a le m rite de nous ouvrir les yeux et de faire prendre conscience des d s quilibres croissants qui vont bient t rend
89. e champ strat gique doit tre clos Ses limites seront celles que fixeront les acteurs d un commun accord ce sont les r gles du jeu R gles qui permet tent des sportifs de se mesurer lois qui organi sent la vie commune des citoyens et formalisent les interdits c est dire les atteintes aux libert s conventions et trait s qui r gissent les relations internationales lois et contrats qui s appliquent aux collectivit s entreprises associations autant de fronti res l int rieur desquelles l action peut tre engag e et contr l e Pour avancer dans la voie des solutions il faut commencer par faire valoir et confronter les points de vue il faut comme le disait Napol on se rencontrer De tout temps le lieu de rencontre embl matique a t le champ de bataille espace Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Le m canisme de l action 85 restreint de quelques kilom tres carr s dans lequel se d roulait la confrontation des forces la vue des principaux acteurs seul moyen avec la parole ou le geste de suivre les op rations et d esp rer pouvoir les influencer Pour ne plus tre de nos jours n cessairement guerrier il n en demeure pas moins le champ clos des confrontations et de l expression des rapports de forces Et l on peut comme le fit l Empereur Austerlitz choisir son terrain et se l approprier y amener l Autre apr s avoir pris toutes les disp
90. e anecdotique En revanche le tiers actif des tats est en voie de transformation Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 61 avec la perc e des pays dits mergents le d velop pement acc l r de la Chine et de Inde dans une moindre mesure du Br sil et de la Russie modifie non seulement les rapports de forces conomiques mondiaux mais aussi les influences politiques des uns et des autres La lecture des v nements et la pratique des relations internationales deviennent des jeux complexes entr es multiples une vision h tive ou surann e de ce monde pourrait entra ner des contresens lourds de risques pour les quilibres toujours fragiles de la s curit La plupart des instances internationales sont toujours dirig es par ou sous l influence de leurs cr ateurs vainqueurs de la deuxi me guerre mondiale il y a plus de soixante ans L ONU et les institutions de Bretton Woods Banque mondiale FMI datent de cette poque et avaient pour objet de reconstruire et de pacifier un monde ravag par la guerre Elles ont engendr une pl iade de puis santes filiales sp cialis es charg es de subvenir aux divers besoins des populations FAO OMS HCR etc et auxquelles certains pays doivent aujourd hui leur survie Mais leur fonction de soli darit ne pourrait tre remplie sans le secours de milliers d ONG qui prennent le relais sur le terr
91. e c est l Autre celui qui s rige en obstacle en concurrent en fait en adversaire au sens propre du terme et dont l hostilit est la fois n cessaire et rassurante car elle seule elle justifie la voie choisie pour atteindre les objectifs Tout adversaire qui s oppose de fait ma d marche renforce ma propre certitude d tre dans la bonne direction et de suivre un bon chemin C est en cela que lennemi peut para tre n cessaire l exercice de la strat gie Sans adversit quoi bon d ployer tant de moyens et mettre en uvre une d marche aussi complexe et co teuse quoi peut servir par exemple l appareil militaire am ricain actuel et son budget de 470 milliards de dollars soit la moiti du budget militaire mondial sil ne r pond aucune menace pr cise et na pas d adversit d clar e L Autre d faut d ennemi convenable est l indispensable partenaire strat gique sans personne s duire pas de strat gie amoureuse sans ennemi vaincre pas de strat gie militaire sans concurrence pas de strat gie industrielle sans opposition pas de strat gie politique etc Le seul vrai probl me strat gique consiste dans la d signation de l Autre Quel statut lui conf rer 88 PR CIS DE STRAT GIE Faut il n cessairement qu il soit ennemi c est dire du c t du Mal face un Bien suppos Faut il qu il soit rejet dans son opposition et combattu c
92. e collecti vit humaine en r partissant les t ches entre ses membres en fonction de leurs dispositions naturel les de leur sexe de leur ge Pour ce faire elle a Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 45 n cessit d signation et initiation puis modes de savoir faire et rites de perp tuation tout un ensem ble de pratiques et de codes de conduite qui se traduisent en identifiants sociaux et qui se trans mettent d une g n ration l autre C est autour de cette base culturelle que s articule la premi re orga nisation sociale Mais cette base est elle m me aliment e et inspi F4 2 e r e par deux autres facteurs la g ographie et la religion c est dire tout ce qui la relie au monde ext rieur La g ographie est d terminante nature et fertilit des sols climat proximit fluviale ou maritime facilit s de communication tous ces ai l ments influent sur l organisation sociale Ils conduisent des modes de vie diversifi s selon les degr s de s dentarit l abondance due aux capaci t s de stockage et d changes La richesse agricole permet de d passer le premier stade du projet et de conf rer par le commerce une dimension cono mique l organisation sociale et culturelle Mais aucune organisation ne peut ignorer la dimension spirituelle Elle est n cessaire et compl mentaire parce qu il faut justifie
93. e de la strat gie mais il faut d s l tude des l ments strat giques int grer cette donn e essen tielle pour la compr hension du monde actuel un monde dans lequel d s quilibres et in galit s retar Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 63 dent sinon interdisent qu on puisse y pr voir la paix avant longtemps un monde o la guerre au sens classique du terme est devenue impraticable entre puissances rivales un monde dont les diri geants et responsables sont contraints sans cesse de se garantir de dangers multiples et impr vus tout en cherchant saisir les opportunit s que propose une volution permanente et acc l r e C est entre ces deux couples de termes paix et guerre danger et opportunit que se pr sente la situation de crise le premier couple d rivant du grec xpiveiv et corres pondant une d finition n gative le second traduit du chinois wei ji en r v lant le caract re positif Cette approche ambivalente de la crise nous para t bien correspondre sa vraie nature celle d un d s quilibre et d une incertitude qu il faut certes pouvoir ma triser pour en sortir conception occidentale mais qu il faut aussi bien savoir utili ser pour progresser vision chinoise Toute crise est ainsi une occasion d innover par cons quent de d passer les clivages anciens et de retrouver des marges de man uvre la crise est un
94. e la mondialisation aidant rien n interdit d imagi ner des volutions du c t occidental comme de la partie chinoise Une autre diff rence cons quence de la premi re se situe au niveau et au moment d inter vention strat gique Compte tenu de leur percep Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 135 tion du monde les Chinois se placent en amont des choses pour en avoir une vue globale et intervenir en fonction des circonstances bon escient en facilitant le cours normal des v nements ils profi tent au mieux de leur potentiel Comme le signifie zhan lue la strat gie est tout enti re dans la pr paration ici dans les plans de campagne Au contraire des Occidentaux qui ont toujours mis en exergue la finalit de l action tendus vers l atteinte des objectifs ils se situent d embl e dans l action sinon en aval des choses pour imprimer leur marque et forcer le cours des choses le h ros doit affronter l univers c est le mythe de Prom th e Le rapport au temps est alors sans commune mesure La Chine est dans la continuit et malgr des hauts et des bas le prouve depuis cinq mill naires comme le souligne Anne Cheng le mot cl n est il pas mutation qui signifie bien qu une situation n est jamais statique et qu il n est donc pas possible de fixer des r gles m me pour un cas de figure donn En effet la r ponse consiste non pas en une
95. e la p rennit de ses valeurs culturelles La grande intelligence strat gique de Deng Xiaoping et de ses successeurs est d avoir su monter dans le train en marche au bon moment celui o la fin de la guerre froide ouvrait pour le monde une p riode d expansion conomique sans pr c dent En moins de trente ans le succ s est consid rable la Chine est pass e du sous d veloppement au troisi me rang mondial elle a retrouv son prestige et son influence Et il est probable que ce processus est loin d tre parvenu son terme Mais mesure de son irr sistible mont e en puissance dans un monde profond ment d saccord la Chine ne peut que rencontrer sur son chemin de multiples et s rieux obstacles dus d une part la d stabilisation du march mondial qu elle provoque par sa bouli mie de mati res premi res et par sa fr n sie expor tatrice de produits bas prix li s d autre part des modes de relations et des pratiques qui lui sont propres et qui ne respectent pas toujours les r gles Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 127 du jeu international dumping copiage La brutalit de sa mainmise sur le continent africain est ainsi un exemple inqui tant de la conception qu a la Chine de sa dimension plan taire Et au nombre des obstacles il est probable que l expan sion de la Chine la mettra en comp tition directe d s 2020 2025 c est dire
96. ec laquelle il va indi 72 PR CIS DE STRAT GIE quer le tempo aux artistes Le chef est une sorte de strat ge capable par la seule vertu du rythme de coordonner le jeu d une cinquantaine d interpr tes et d en tirer une harmonie la musique voulue par le compositeur La ma trise du temps est ainsi laxe de toute m thode qui se veut strat gique elle consiste 2 A 3 d abord organiser calendrier agenda etc puis Putiliser au profit de l action envisag e pr vision pr paration anticipation cr er l v nement par la surprise Pris isol ment les cinq l ments conservent leurs qualit s et demeurent strat giques ils restent indispensables toute analyse Mais ces qualit s sont en soi dangereuses car elles peuvent faire pren dre la partie pour le tout Le projet aussi louable et n cessaire soit il s il ne tient pas compte des r ali t s est vou l chec or l chec strat gique signi fie toujours un co t humain pour la soci t concern e Les techniques ou les m thodes aussi sophistiqu es soient elles si elles sont leur propre service comme c est leur tentation constante ne m nent nulle part si elles sont au service d un projet insens elles ne peuvent conduire qu aux pires perversions or les perversions sont toujours pay es par les hommes au prix de la souffrance et La matrice strat gique cinq l ments 73 de la vie soit
97. enir r orien ter le projet il va falloir passer de la dictature du vivre mieux l exigence du vivre autrement Dans quel sens faut il r orienter nos efforts l vidence sur le plan conomique qui est ins para ble des volutions politiques dans celui du moin dre co t et la pr servation des quilibres naturels que la plan te demeure vivable tous gards qu il s agisse du climat des ressources de la densit humaine etc De quelle mani re faut il agir Le choix se partage entre deux options principales Soit un ralentissement du m canisme g n ral de la croissance afin de m nager les ressources fond sur une augmentation substantielle multiplication par trois ou quatre des prix de l nergie et des mati res premi res solution injuste au seul profit des puissances dominantes et minemment conflictuelle pouvant conduire des guerres pour les ressources notamment p trole et eau Soit une r orientation vers un d veloppement quitable et durable qui passe n cessairement par la mise sur le march mondial de nouvelles technologies plus conomes en nergie et respec tueuses du futur de la plan te technologies qu aucun pays riche ne semble chercher mettre au 1 Amartya Sen La D mocratie des autres Paris Payot 2005 2 Voir ouvrage de Jeremy Rifkin L Economie hydrog ne Paris La D couverte 2002 174 PR CIS DE STRAT GIE point tant la rente de situ
98. entes celle de la dynamique et celle du rassemblement Ces convergences resteront improbables tant qu on raura pas r duit la probl matique strat gique quelques questions simples auxquelles on a tent au fil des si cles et selon les civilisations d apporter quelques r ponses c est la m thode strat gique l ments de m thode Elle se r sume en fait trois interrogations qui concernent aussi bien l agir que l ensemble Dunod La photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 25 savoir tout d abord celle des finalit s pour quoi faire Ensuite celle de la situation qui englobe les ressources les moyens les circonstances de quoi s agit il Enfin celle de la d marche et plus pr ci s ment de la m thode comment faire La premi re question d vidence est celle qui fonde le syst me strat gique pour quoi faire Le rassemblement d individus n a en effet de sens que s il a un objectif l activit de l ensemble ne peut que se projeter dans un futur envisag par cette collectivit ne serait ce que pour survivre Les hommes n agissent pas encore moins de concert sans objectif ou sans finalit qu ils y soient contraints ou qu ils demeurent libres de choisir leurs buts Quel que soit le cas s ils se rassemblent pour agir ou s ils agissent ensemble c est qu ils envisagent lavenir et veulent s inscrire dans ce futur
99. er l organisation sociale ou de la faire exploser ruinant ainsi tous les efforts de d veloppement et d volution Une partie des l ments constitutifs de l organisation est invariante alors que l autre est soumise la concurrence L organisation est suscep tible aussi bien de stagnations prolong es que de d rives non contr l es Cl cod e de la strat gie elle en est le param tre le plus sensible sur lequel il faut veiller en permanence L organisation est au service du projet et doit rester coh rente avec celui ci S il est conservateur donc inexistant l organisation a tendance nassu rer que sa propre survie et se figer si le projet est provocateur et donc trop exigeant la plus grande partie de la soci t se r tracte sur ses valeurs tradi tionnelles et se refuse voluer si le projet est inadapt aux r alit s du moment l organisation a tendance se fractionner sous la pression des int r ts priv s si le projet est pertinent et mobilisa teur toutes les chances sont alors r unies pour que Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 53 la soci t accepte l id e m me de faire voluer son organisation Mais les r ticences seront d autant plus fortes que l organisation sera ancienne et aura prouv son efficacit D fensives par construction les organisations sont faites pour r sister au chan gement L
100. er par eux m mes et d cider dans le secret de leurs cabinets Le stra t ge est un g neur car il s obstine partir des faits d crire la r alit et celle ci n est pas le plus souvent agr able regarder en face encore moins entendre Pr vention et m diation Ce que n cessite une pens e sur la crise c est un basculement complet de laval vers l amont S agis sant du ph nom ne crise nous avons bien compris 160 PR CIS DE STRAT GIE qu une fois d clench e nous n avions plus le choix qu entre sa stabilisation ou une d gradation de la situation l une et l autre tant co teuses et al atoi res Il est donc indispensable d intervenir en amont des v nements non pour emp cher la crise dont nous avons dit par ailleurs qu elle tait in luctable et souvent n cessaire mais pour la tenir sous contr le et pour en ma triser les effets les plus dangereux L appr hension de la situation et l tat des lieux pr critiques en constituent l tape pr liminaire Il sagit maintenant d utiliser les conclusions qui en sont tir es pour agir efficacement Nous proposons ici deux proc du res qui devraient permettre d anticiper les v ne ments et de nourrir la culture de crise la pr vention et la m diation La pr vention consiste anticiper les v ne ments Elle repose sur la connaissance de la situation sous ses deux aspects les fondamen taux
101. era celui de la conduite de l action il suppose au pr alable l organisation du chantier son dispositif autant pour le d roulement des op rations la dispo nibilit des moyens que la responsabilit des diff rents acteurs De la fiabilit de cette organisation d pendront videmment le rythme de l action et la qualit de la construction elle sera d autant plus efficace qu elle sera m thodique et disposera de tech niques prouv es Introduction 15 On a l les mat riaux essentiels d une matrice strat gique qui servira de trame ce livre Elle se compose ainsi de cinq l ments le projet point d orgue de tout syst me strat gique l organisation qui en est le fondement social et culturel comme la base conomique la sifuation qui prend en compte l environnement g n ral du syst me et les circonstances la sechnique qui fournit les ressources et moyens n cessaires la m thode enfin qui partir des hypoth ses d gag es par l analyse et des choix possibles indique les voies praticables Cette architecture ne doit pas nous faire oublier que toute construction comme toute action n a pour objet que de satisfaire des besoins c est dire d avoir une finalit humaine Dans la mesure o elle se trouve au c ur des actions humaines la strat gie est in vitable C est bien pourquoi il faut en comprendre les m canismes et les imp ratifs Chapitre 1
102. es humaines finan ci res naturelles et sans les techniques qui en sont issues il ny a pas d action envisageable Telles sont les conditions initiales elles appartiennent la logique des choses Au del de ce pr alable la technique est partie prenante du projet et produit de l organisation elle aide en outre la compr hension des situa tions Elle est ins parable d une conception volon tariste de l action dont les promoteurs cherchent toujours se donner les moyens de la victoire du gain ou de la sup riorit elle a ainsi t la cl de la domination du monde gr co romain elle est le 66 PR CIS DE STRAT GIE moteur de la modernit depuis la r volution scien tifique du XVE si cle elle a toujours t d cisive lors des affrontements majeurs elle reste ins para ble de la grandeur des civilisations qui ne valent que par leurs inventions La technique est inscrite dans la modernit et notre modernit doit tout au progr s scientifique Trois dimensions strat giques m ritent d tre souli gn es ce stade La technique se traduit d abord par la capacit industrielle dont les structures et les entreprises sont productrices de biens plus ou moins durables mais qui concourent pour la plupart satisfaire nos besoins et nous lib rer des obligations li es la survie Elle affirme ensuite son omnipr sence par la domestication et la g n ralisa tion de l nergie c
103. es Beaucoup de sagesse et pas mal d hypocrisie dans ce syst me indiff rent aux tats d me L essentiel de la strat gie chinoise se retrouve dans ces caract res sociopolitiques et culturels Soci t organis e et structur e par n cessit dans 120 PR CIS DE STRAT GIE laquelle chaque individu et chaque chose ont leur place assign e de fa on d finitive elle est enti re ment au service de son environnement naturel dont elle embrasse la complexit par une approche globale des choses C est une soci t collective qui a d velopp une civilisation du lien selon l expression de Catherine Coulomb o la relation est sup rieure au bien qui a pens l tre ensemble en priorit parce que le nombre l exigeait et dont d coule toute la conception stra t gique C est aussi et surtout une soci t pragma tique utilisatrice des circonstances elle se fond et se confond dans le r el pour en puiser toutes les potentialit s bienfaisantes Soci t structurellement strat gique la soci t chinoise value le potentiel des l ments et tire les ficelles des v nements sa strat gie est celle du processus Avec Catherine Coulomb on peut relever quel ques observations Pour gagner l adh sion les Chinois ont toujours pr f r la persuasion et l exemple l utilisation de la force du droit ou du commandement Ils privil gient la diplomatie la guerre la pr ventio
104. es concernant les moyens techniques les autres s adressant aux ressources humaines Parmi les moyens disponibles ceux n cessaires l action doivent tre mis en condition op rationnelle c est dire pr par s organis s et r partis selon un dispo sitif De la qualit de la base de soutien et de d part d pend en grande partie la r ussite des premi res phases de l action S agissant des protagonistes de l action il est essentiel de les convaincre de la l giti mit de l action de l importance du r le de chacun d entre eux Expliquer motiver entretenir l ardeur bref se pr occuper du moral des troupes sont des actes minemment strat giques Les moyens de communication modernes sont cet gard d un grand secours pour peu qu on sache les utiliser et condition qu on les ma trise sinon ils se retour nent comme un boomerang et par leur force d impact peuvent ruiner les plans les mieux tablis Lors de la conduite de l action la m thode stra t gique est simple elle doit ne se pr occuper que du rythme de l action Le strat ge en cela est chef d orchestre la partition est crite les divers inter pr tes sont pr sents et comp tents la salle de concert est disponible et le public sollicit tout est pr t pour que la musique soit jou e Le chef d orchestre se pla ant au milieu du dispositif de fa on tre vu de tous les interpr tes n a pour instrument que sa baguette av
105. es guerres du Kowe t puis d Irak la crise survient par m garde La guerre vient du haut du politique la crise survient du bas des v ne ments Un concours de circonstances une d clara tion interpr t e des statistiques inattendues une sp culation incontr l e un d bordement social autant de ph nom nes qui peuvent en quel ques heures et avec un effet de contagion rapide confronter un ou plusieurs pays aux affres de la crise Si le contexte socio conomique est d grad si le pouvoir politique est affaibli ou d stabilis alors la crise peut prendre et s installer voire d g n rer Dans tous les cas sans exception on s aper oit apr s coup que la surprise aurait pu tre 150 PR CIS DE STRAT GIE LA l gt Li vit e qu on avait les informations que tous les f signaux d alerte taient allum s certains depuis longtemps C est toujours l aveuglement le refus de voir la r alit et ou l incomp tence qui pr si dent aux pr misses de la crise Les crises africaines par exemple dont par ailleurs on fait mine de se scandaliser taient pr vi sibles tant les signes annonciateurs en taient mani festes au Rwanda bien avant 1994 en C te d Ivoire d s la fin des ann es 1990 au Soudan o la crise date des ann es 1980 Dans bien des cas soit par provocation soit au fil d un processus de d gra dation continue la crise n est
106. es param tres pas seulement techniques mais psychologiques et donc humains en particulier Comme l appareil militaire au XVII si cle ces entreprises ont besoin pour fonctionner de faire appel des processus qui prennent en compte des l ments qui leur sont ext rieurs et pourtant indispensables mesure qu un syst me technique sincruste dans une soci t et en devient partie prenante il se trouve dans l obligation de d passer ses propres r gles de fonctionnement pour faire siennes les donn es politiques sociales conomiques de ladite soci t En r alit travers ces quelques exemples il appara t que la strat gie hors de toute consid ration technique est commune toutes les activit s humaines Qu elle soit consid r e comme un art celui de la domination ou de la s duction ou comme une science celle de l organisation elle est avant tout m thode de penser et d agir de fa on plus concr te elle est un chemin le tao des Chinois qui conduit dans la direction voulue Cette m thode est g n ralement d finie selon le sch ma occidental travers la d marche qu elle initie comme la dialectique des moyens et des fins ou pour employer un langage usuel le proces sus qui permet d atteindre des objectifs avec des moyens Personne men disconvient mais la formule peut para tre insuffisamment explicite 20 PR CIS DE STRAT GIE quid d abord de cette dialecti
107. espace de man uvre auto Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Le m canisme de l action 91 nomie d action et surtout capacit d innover de cr er la surprise de bouger les lignes Le strat ge est un homme libre Le deuxi me principe l conomie des forces concerne les moyens On ne peut pas faire n importe quoi avec les outils dont on dispose ne pas s asseoir sur les ba onnettes Sachant qu on ne peut agir sans moyens il faut savoir les utiliser bon escient ensuite ne pas les gaspiller inutilement ou dangereusement enfin favoriser leur efficacit par la convergence puis la concentra tion des efforts L encore la d finition de la strat gie indique la voie suivre agir ensemble c est rassembler ses forces cr er des synergies C est un principe de bonne gouvernance Un troisi me principe est souvent m connu c est le souci et la s curit des communications garants de l unit de la strat gie Il faut que tous les points du m canisme soient en permanence reli s entre eux que l information circule et que la situa tion soit toujours connue dans le temps comme dans l espace Le syst me strat gique se nourrit de renseignement autrement il est st rile Au del du fonctionnement des r seaux ce principe requiert la s curit g n rale du syst me Si les v nements sont impr visibles que le fonctionnement du m canisme soit assur c est
108. est un art sans doute simple et tout d ex cution comme celui de la guerre disait on mais art tout de m me qui r pond aux r gles du savoir faire pas de peintre qui ne sache dessi ner pas de compositeur qui ne connaisse ses gammes pas d acteur qui ne ma trise son texte etc Quelle est la meilleure mani re d engager et de conduire l action par quelle d marche dans quelle voie Les intentions les mieux affirm es peuvent se perdre et tous les chemins ne m nent pas Rome ni n cessairement au but certaines voies se termi nent en impasses d autres conduisent directement dans le mur il existe enfin des d viations intermi nables o l on finit par se perdre Comment alors choisir le bon chemin La ques tion commande la r ponse d autant que comme le disait Goethe das Ziel ist im Weg le but c est le chemin Il n y a pas de chemin qui soit garanti comme bon et s r mais des z in raires orient s Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 69 dans la direction voulue Parmi les caract ristiques du chemin il ne faut pas sous estimer sa vuln rabi lit aux d gradations sa propension aux obstacles la faiblesse de son d bit la limitation des charges le manque d quipements etc Or la d marche de l acteur ne peut se concevoir que s il reste libre de s adapter aux circonstances et de pouvoir modifier le rythme et les d
109. et horizontalis e pour faciliter l exercice des libert s sera le mod le d organisation qui permettra d laborer et de conduire le projet envisag pour l avenir La m thode est le cinqui me l ment ce stade de tude il n y a rien en dire d autre qu elle devra pouser les orientations nouvelles du couple projet organisation de chaque soci t Dans la mesure o ces orientations conduiront une convergence des projets et des organisations il est probable qu on verra les soci t s toujours selon leurs propres tropismes culturels voluer vers des processus m dians c est dire moins tranch s et offrant une plus grande vari t m tho dologique Il mest pas question que du jour au lendemain les Chinois agissent lam ricaine et que les tats Unis s initient aux rites chinois mais on pourra voir dans telle ou telle situation des comportements voluer et des fa ons de faire se rapprocher Dans un cadre strat gique en voie de Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 183 transformation r orientation drastique de l axe matriciel projet organisation r volutions techni ques et ce sur fond de fortes turbulences li es aux v nements climatiques conomiques poli tiques etc la d marche c ur m me du m canisme strat gique reprendra son r le central elle incarnera le lieu m thodologique des choix raison
110. eux r ves d absolu Ils ont pens avec orgueil que la ma trise du 96 PR CIS DE STRAT GIE progr s technique les affranchissait des contraintes que faisait peser l environnement humain et natu rel La Zbert finalit ultime leur est apparue port e de main Ces trois facteurs nombre vitesse libert ont t l origine de la plus importante r volution de tous les temps ils ont fait entrer l humanit dans la modernit Le m canisme strat gique mis au point par l Occident europ en des XVIII et XIX si cles qui contenait ces facteurs en germes et a grandement favoris leur essor y a pris une part d terminante Par extension de la base horizontale des moyens et par l loignement vertical des finalit s il a d s adapter et prendre la mesure des v nements qu il avait contribu d clencher La strat gie centrale a connu un largis sement consid rable de son champ et ce faisant la diversification de ses itin raires De grande tactique qu elle tait encore dans l ordre militaire la fin du XVII si cle elle a d prendre en compte la globalit des choses au XX si cle et se trouver de ce fait au centre nerveux de toutes les activit s humaines Tout est devenu par fonction strat gique Dans ces conditions la strat gie aurait pu tre la grande affaire de notre poque il n en a rien t bien au contraire La raison en est simple et e
111. evables parce que r partis de fa on horizontale comme le sont des produits agricoles dans les champs ou des mati res premi res dans les mines ou encore des produits fabriqu s la sortie des usines etc qu ils sont galement utilisables directement ou apr s transformation Cette capacit demploi imm diate ou potentielle rel ve de la connaissance technique elle fait appel au savoir On peut toujours progresser dans la connaissance des moyens et donc en am liorer la qualit et en augmenter la quantit Le strat ge aura donc int r t pour disposer de moyens sans cesse plus perfor mants et mieux adapt s ses projets investir dans la recherche et favoriser le progr s Les techniques peuvent lui assurer sinon le succ s qui d pend de multiples facteurs du moins de limiter la part du hasard dans ses entreprises Les moyens doivent galement tre compatibles entre eux C est dire que leur combinatoire 80 PR CIS DE STRAT GIE pour reprendre le terme consacr par Guibert la fin du XVII si cle doit non seulement tre possi ble mais apporter plus que l addition de deux vecteurs elle doit avoir un effet ou une valeur ajout e Si on prend l exemple militaire l associa tion d un homme et d un armement produit un soldat dont la capacit nouvelle devient directe ment utile indispensable en cas d emploi des forces C est ce stade qu interviennent l organisa
112. gestion complexe doit tre ma tris e autant que le permet la nature Elle a un fort besoin de main d uvre et chappe ainsi la tenta tion m canicienne elle lie profond ment les Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 119 hommes la terre en m me temps qu la collecti vit L individu y est en fait peu de chose un maillon qui compte plus par sa relation aux autres dans la cha ne du syst me les fameuses guanxi que par lui m me respectant le rituel ob issant la fois la nature et la collectivit qui en change lui assurent tant bien que mal les moyens de vivre Dans ce cadre immuable et ces conditions r p titi ves d une g n ration l autre il n y a gu re d espoir ni m me d ambition de changer la vie encore moins le monde mais au contraire d en respecter scrupuleusement toutes les contraintes c est comme a selon l expression courante et fataliste des Chinois Les individus ne cherchent pas se distinguer mais plut t se fondre dans la masse et selon les r gles confucianistes respecter l ordre tabli depuis toujours et le perp tuer Leurs id es de long vit et d harmonie consistent justement ce que tout s am liore mais ce que rien ne change pas d aventure ni de rupture mais une continuit stable gage d quilibre ni passivit ni cr ativit mais un accompagnement des volutions naturel l
113. gies compar es 143 europ en serait effectivement mieux quilibr et moins bellig ne que ce monde deux t tes que la concurrence sino am ricaine laisse augurer C est dire quel point la compr hension de la crise par ses protagonistes essentiels leur analyse strat gique supposer qu ils en proposent une leur gestion des v nements ont une importance d cisive pour l avenir du monde Il ne devrait s agir ni pour les uns ni pour les autres de sortir grandi ou vainqueur d une confrontation mais bien de rendre le monde futur vivable et pour cela d y respecter un certain nombre d quilibres Il reste effectivement aux Chinois comme aux Occidentaux inventer une strat gie m diane qui ne suppose ni domination ni soumission mais qui permette d laborer en commun des objectifs compatibles atteignables par des voies propres chacune des soci t s cette communaut de vues sur les objectifs et la libert de choix sur les chemins emprunt s paraissent galement indispensables pour respecter le droit la diff rence de chaque culture Si nos finalit s s inscrivent dans un projet au niveau mondial peu importe les voies et moyens pour y parvenir on ne peut ni ne doit r clamer de soci t s aussi diverses par la culture et par l histoire qu elles marchent soudain du m me pas sous pr texte de mondialisa tion ou de crise Les Chinois ont pour eux le nombre avec bien des avantages en termes d
114. hine attirer des capitaux chinois d outremer et trangers pour construire des usines et exporter des produits de consommation courante prix bas gr ce une main d uvre surabondante travailleuse habile et peu pay e dans une deuxi me phase utiliser l argent gagn par ce commerce lucratif pour qui per le pays d infrastructures lourdes et pour d ve lopper le march int rieur dans une troisi me phase nous y sommes avec les premi res r ser ves de devises du monde 1 500 milliards de dollars fin 2007 manier le carnet de ch ques pour faire des emplettes sur les march s mondiaux entrepri ses et mati res premi res et aussi pour se consti 124 PR CIS DE STRAT GIE tuer une client le politique Afrique et Am rique latine notamment On peut pr voir les phases ult rieures car il n y a l rien que de tr s logique si on a compris le m canisme on voit bien o il doit conduire le d veloppement de la Chine est con u comme un ensemble le pays marchant sur ses deux jambes l enrichissement int rieur nourrissant l expansion ext rieure et inversement L tat chinois est un tat srrat ge son projet de modernisation du pays est planifi au rythme des plans quinquennaux adopt s par les congr s du Parti Communiste Ayant d clench le mouve ment par sa politique de r forme et d ouverture ax e sur l exploitation de ses avantages comparatifs et sur les changes ext
115. hose l homme moderne subit de plein fouet la d sh rence du politique comme la d structuration sociale S il ne trouve plus dans son pays ou dans l entreprise qui l emploie un cadre favorable son panouissement il se replie lorsqu il le peut sur ses seuls int r ts individualisme est le pire obsta cle du vivre et de l agir ensemble qui est la raison d tre du syst me sociopolitique que doit animer la strat gie Nous sommes pass s en moins d un si cle du cycle vertueux du m canisme strat gique au cercle vicieux d un syst me priv de toute r f rence strat gique Qu elle se manifeste sous ces formes globales en affectant les soci t s dans leur organisation et dans leur fonctionnement ou sous des formes caract re conomique comme la crise du mod le de d velop pement fond sur la croissance la crise que traverse notre monde est avant tout une crise de la modernit Elle signifie que quels que soient les niveaux atteints par les diff rentes soci t s dans la r alisation de leur projet nous assistons un changement d poque Et sous l effet de la mondialisation nous op rons ce changement tous ensemble ce qui entra ne ces ph nom nes d une extr me complexit et d une dimension plan taire Ce changement qui n est en r alit qu une transition ou mieux un passage vers une autre poque de l humanit m rite n anmoins qu on y regarde de plus pr s
116. hotocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 41 Toutes les soci t s sont pr occup es de leur projet Tant qu elles se trouvent dans la qu te de vivre la plupart de leurs efforts sont consacr s cet objectif D s que les conditions conomiques rendent possible le passage au stade suivant celui de vivre mieux ce mieux est alors minemment discutable dans quel sens orienter qu en faire et pour quelle finalit Est ce pour se d fendre pour se d velopper pour conqu rir des territoires pour tendre son influence sur d autres peuples Ce mieux qui est une capacit de faire et un poten tiel d agir est l amorce de la puissance aussi bien politico militaire qu conomique et de l utopie au r alisme Certaines soci t s totalitaires ont pr tendu que le r ve du bonheur tait possible et que c tait l organisation m me de la soci t qui s y opposait elles ont donc pens r aliser leur projet de fa on radicale en b tissant un autre type d organisation collectiviste et unitaire elles ont alors cherch d truire les fondements m mes des organisations initiales et ainsi compromis les garanties de la survie Bien s r ces syst mes se sont croul s dans un grand d labrement conomique et la mis re des populations concern es le r ve de bonheur s est 1 Fernand Braudel La Dynamique du capitalisme Paris Flam
117. i se r v le d abord par une tr s large diversit des espa ces sociaux reflet des diff rences des cultures et des niveaux de d veloppement elle est marqu e par une profonde in galit entre les tres humains qui Dunod La photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 23 aura tendance la transformer en adversit Mais cette alt rit s impose surtout par sa n cessit L homme tant ins parable de la soci t on ne peut envisager d agir que collectivement avec pour ou contre les autres ceux l qui comme tous les constituants strat giques mais leur mani re humaine faite d opinions de sentiments d int r ts sont eux aussi impr visibles C est une des raisons pour lesquelles tout ensemble social est initialement artificiel provisoire fragile Il faut donc que cet ensemble quel qu il soit de la famille nucl aire la soci t la plus complexe ait une bonne raison de se constituer cette raison de vouloir ou devoir tre ensemble on peut l appeler un projet de soci t Il faut ensuite que cet ensemble soit rendu possible par la reconnais sance de valeurs communes d acceptation de l autre Pour que cet ensemble existe r ellement qu il soit reconnu et praticable encore faut il qu il soit maintenu et entretenu et que chacun soit inform motiv convaincu de s engager dans l action ce qui signifie que l ense
118. i serait en perte de vitesse et d ficitaire Si la strat gie est tr s largement un pari elle n est pas un jeu Chapitre 2 LA MATRICE STRAT GIQUE CINQ L MENTS es recherches de d finitions autour du mot strat L gie ont conduit noncer un certain nombre de propositions et identifier des constituants Nous tudierons ici les cinq l ments qu on peut retenir de cette exploration le projet et l organisation alpha et om ga du syst me autant que cl s de vo te du dispositif la situation repr sentative des circonstances et de l environnement la technique qui mesure la capa cit de transformation et le niveau de ma trise des ressources la m thode enfin qui permet d laborer et d optimiser les itin raires strat giques en fonction des autres l ments Projet Si on consid re la strat gie comme la d marche conductrice qui permet d envisager un projet partir d une organisation ce qui d coule des d fi nitions pr c dentes alors le projet est bien la cl de vo te du syst me sa justification comme son 38 PR CIS DE STRAT GIE ultime finalit Il faut ici s int resser ce qu ont pu tre ou ce que peuvent tre les projets projec tions dans l avenir des collectivit s humaines D vidence depuis les origines et quel que soit le type de soci t leur projet n est autre que de vivre Quelles qu en soient les modalit s c est la raison
119. ib ral des techniques l conomie joue contre l tat qu il tend affai blir encore en revanche il se renforce des connexions mondiales pour cr er une superstruc ture financi re et industrielle mue par sa propre logique La strat gie de l entreprise ma le plus souvent de finalit collective autre que sa seule croissance et les b n fices qu elle en tire Ce syst me d grad s loigne consid rablement de ce que devraient tre ses objectifs humains tels qu ils sont cens s exister dans tout projet de soci t Pour strat gique qu elle se pr tende la logique de l entreprise est trop souvent Q ou anti strat gique Apr s les scandales qui ont jet le discr dit sur de tr s grandes soci t s affaire Enron entre autres 102 PR CIS DE STRAT GIE certains responsables commencent s en rendre compte et tentent de replacer l entreprise dans sa fonction au service de la soci t La technocratie suit la m me pente mais en partant d un point diff rent Les id ologies et les politiques qui les sous tendent ont failli entra ner l humanit sa perte il faut alors faire preuve de pragmatisme revenir ces r alit s qui ne mentent pas Les techniciens se pr tendent ainsi les seuls sages de nos soci t s financiers experts conomistes industriels ils sont la source des richesses et du d veloppement ils pensent avoir vocation s emparer d un pouvoir
120. idemment aux v nements ce qui survient de fa on naturelle et toujours catastrophique ou par engrenage ou enfin par hasard Restent les obstacles que les hommes mettent un malin plaisir placer sur le chemin de leurs propres actions ou celles de leurs adversaires Rien de tout cela nest ma trisable mais 4 minima peut tre appr hend voire anticip condition de mettre en place un v ritable syst me qui ait la capacit de faire l appr ciation et l analyse de la situation il permet en outre d viter la surprise ou d entrer dans un engrenage infernal La prise en compte des circonstances en amont des v nements condition d en avoir une claire appr ciation est en fait le vrai moteur de l action Si nous voulons penser l agir cest cause et en fonction des circonstances pour changer un ordre tabli pour r pondre des besoins pour s adapter un environ 28 PR CIS DE STRAT GIE nement pour d velopper de nouvelles technologies et se donner de nouveaux moyens d action Ce dernier point est crucial En effet la finalit de l action est largement conditionn e par les potentialit s des moyens de m me que l arme est normalement destin e la guerre la monnaie est pr dispos e aux changes et au d veloppement Il est vrai que les armes peuvent dissuader de la guerre comme les monnaies peuvent avoir de multiples fonctions ce qui prouve la grande souplesse du syst me
121. ieux Il suffisait sur ce long chemin difficile de renforcer l axe central et d am liorer peu peu son efficacit en jouant selon les cultures avec les apports de l un ou l autre des trois autres l ments techniques et m thodo logiques pour les Occidentaux pragmatiques et circonstanciels chez les Chinois Cette mani re de faire est aujourd hui invalid e du moins va t elle l tre dans les dix ou vingt ans venir aussi convient il l aussi de prendre les devants afin d viter un engagement collectif dans une impasse Ce nest pas que le mod le de d veloppement ne fonctionne pas au contraire il fonctionne trop bien Aussi in galitaire et conflictuel soit il il a permis de sortir nombre de pays d un sous d veloppement profond il a favo ris l mergence de nouvelles puissances comme la Chine l Inde le Br sil Mais sil donne de bons r sultats pour quelques dizaines de pays il reste incapable de faire d coller conomiquement un tiers de l humanit soit environ deux milliards d individus ce qui est consid rable et inaccepta ble tant en termes moraux que strat giques et en 1 Le coefficient de Gini qui mesure les in galit s de revenus entre les m nages 0 tant l galit parfaite a atteint 47 2 en Chine et d passe 50 en Am rique latine source Banque Asiatique de D veloppement Le Monde 8 ao t 2007 172 PR CIS DE STRAT GIE outre impraticable dans le cadre du sys
122. il devrait permettre d tablir le contenant et de recadrer ainsi la probl matique strat gique En second lieu il faudra faire l inventaire du contenu de la bo te outils quelles en sont les composants reconfigur s sous le terme l ments strat giques pour les organiser plus logiquement dans un syst me matriciel Comment ces l ments s embo tent ils pour former un m canisme suscep tible de servir de support l agir Il sera alors int ressant en comparant des m thodes strat giques diff rentes chinoise et occidentale d examiner les raisons pour lesquelles des cultures strat giques peuvent diverger de comprendre comment se manifestent pratique ment ces diff rences de m thode et ventuelle ment d avancer une opinion sur leur incompatibilit suppos e Chemin faisant on tentera aussi de reconstituer la grammaire cet artifice de langage qui permet 6 PR CIS DE STRAT GIE somme toute de savoir de quoi on parle et de le faire avec la rigueur que n cessite un tel exercice de logique En strat gie comme ailleurs les mots ont un sens mais l plus qu ailleurs ils pr tent cons quences et pas n importe lesquelles puisqu il s agit dans tous les cas du devenir collectif donc du n tre individuellement auquel nous sommes tous juste titre attach s Ce livre est avant tout un manuel de r flexion sur les potentialit s et les combinaisons multiples qu offre le ch
123. ines de la vie il doit faire appel ses propres ressources l h ro sme son intelligence cr atrice la technique et sa foi dans le destin le mysticisme pour parvenir dominer la situation et s allier son environne ment Sa survie en d pend L organisation de la cit grecque n est pas fond e sur la n cessit collective comme en Chine mais sur la participation volon taire et disciplin e de chaque citoyen au bien commun L homme gr co romain invente cet effet l id e de d mocratie et y d veloppe la notion du droit concept protecteur de l individu S il ne peut se satisfaire des ressources de son environnement naturel pour survivre la proximit maritime l incite aller chercher ailleurs ce qu il ne trouve pas chez lui Il devient donc marin soldat marchand en quelque sorte d couvreur et conqu rant Cette propension l ailleurs l au del l insatisfaction le conduit organiser la cit selon ces tendances qui font d s ses origines de la soci t grecque une soci t politique Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 129 Exploit s et rig s en syst me par les Romains ces caract res de la culture grecque sont devenus de puissants leviers ils ont permis la place des modestes cit s grecques vaincues de cr er un empire tendu sur tout le bassin m diterran en et une grande partie de l Europe Si le
124. ion de nouveaux produits 18 mois de la loi de Moore Ce sont ces temps d j d saccord s qu il faudrait rendre coh rents entre eux pour pouvoir les projeter dans le futur l o se situe l action Cet agir humain fait donc appel l intelli gence des acteurs et leur rationalit Pour viter l anarchie qui serait due aux divergences de vues de multiples acteurs et aux concours de circonstan ces pour faire en sorte qu agir soit effectivement possible il n cessite de respecter quelques r gles du jeu et de se raccrocher des invariants sortes de bou es de sauvetage dans un oc an d cha n Il s agit dans la plupart des cas de fondements d origine culturelle savoir faire traditionnels ou actes de foi qui permettent de se r f rer du solide et du stable Mais pour autant on n y trouvera jamais de recette ou pour rappeler la tech nique de mode d emploi La rationalit c est l ancrage qui permet de maintenir un quilibre entre le souci l gitime d ordre ou d organisation et la part incompressible du hasard c est ce qui vite d avoir syst matiquement recours faute de mieux cet exp dient qu est l application m ca nique du seul rapport de forces On pourra y ajouter au titre du simple bon sens l observation de quelques principes sans le respect desquels l action ne pourra bien videm ment pas avoir lieu comme ceux de libert d
125. ipovetsky Le Cr puscule du devoir Paris Gallimard 1992 Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 43 destructrice de la plan te il devrait y avoir place pour un v ritable projet de d veloppement condi tion qu on donne au d veloppement un contenu et un sens plus larges que ceux du seul taux de crois sance conomique que ceux ci soient coh rents avec les besoins et les aspirations des soci t s qu ils soient compatibles d une part avec les ressources estim es disponibles d autre part avec le souci d quit et de dignit des hommes et pour reve nir notre projet initial qu ils soient respectueux d un environnement auquel nous devons notre survie condition aussi que le projet s inscrive dans un long terme r aliste et accessible et qu il repr sente alors pour les g n rations futures une esp rance tangible Un tel projet de d veloppement doit devenir l enjeu majeur du politique non seulement l chelle de chaque nation mais aussi puisqu il ne sera durable et r alisable que par une approche commune l chelle de l humanit Malgr le ph nom ne contemporain de l hyper modernit qui t tanise un nombre croissant de soci t s et leur interdit pour l instant de se projeter dans une dur e assur e on peut conclure de cette premi re analyse que les soci t s ont une gale responsabilit l gard du
126. istiques minentes des autres civilisations du monde C est naturellement sur les deux ensembles structurels qui ont t tudi s plus haut la matrice et le m canisme que doit porter l effort de reconstruction strat gique Car il sagit bien d une reconstruction Si la structure th orique reste valable car proc dant d une logique inalt rable la plupart des constituants ont t atteints par les facteurs de la modernit libert nombre vitesse et alimentent la crise de la strat gie En particulier laxe central de la matrice doit tre reconfigur Si le couple projet organisation a pu traverser l histoire pratiquement inchang la situation pr chaotique qui pr vaut oblige r viser les objectifs que se sont fix s les soci t s et par contrecoup faire voluer les organisations qui leur correspondent et seraient en mesure de les poursuivre Le projet de d veloppement fond sur la seule exploitation des ressources et mis en uvre par les types d organisation sociopolitiques classi ques mest plus praticable terme celui de notre horizon strat gique soit une trentaine d ann es au maximum Pour ce qui concerne le m canisme strat gique la plupart des l ments du champ ont vol en 170 PR CIS DE STRAT GIE clats ou m me chang de nature au cours du dernier si cle en priorit sont r viser le statut de l Autre et le concept de limites Il y a l matrice
127. it s Il y a aussi le cadre th orique espace temps et les r gles du jeu comme garde fous mais on sait que ni l un ni les autres ne sont intangibles et qu on peut s en affranchir Il faut alors des rep res plus s rieux Ce sont ces fameux invariants d j voqu s et sans lesquels il para t illusoire d esp rer passer intelli gemment du pr sent au futur des moyens aux fins du possible au souhaitable de l organisation au projet cet gard on ne peut se satisfaire de principes de bon sens il faut du dur sur lequel pouvoir s appuyer Cela dit les principes ne doivent pas tre m connus ni n glig s pour autant Rappelons ceux qui paraissent en tout cas devoir tre respect s Le premier principe la bert d action d coule naturellement de la n cessit de penser stra t giquement Le strat ge confront comme tout un chacun aux circonstances tent aussi bien par les facilit s que procurent les techniques que par les certitudes id ologiques doit pourtant s efforcer de r sister ces tentations Il ne peut le faire que d un point de vue de Sirius en se situant en amont des probl mes r soudre au point le plus lev pour voir avant haut et loin Il doit sy m nager un espace de r flexion et de respiration en clair il doit conserver sa libert d appr ciation et d action et celle ci peut se d cliner sous de multiples formes libert de mouvement
128. l exact contraire du but recherch Chaque l ment strat gique est donc ultra sensible et doit tre mani avec pr caution et en connais sance de cause On peut aussi tenter de les regrou per pour leur donner une place au sein de ce que nous avons appel la matrice strat gique l image du wuxing chinois qui tablit les relations entre les cinq l ments eau feu bois m tal terre on pourrait proposer une matrice dans laquelle s inscriraient un ou plusieurs ordres strat giques partir de l axe projet organisation selon que l on privil gie l un ou l autre des deux termes 74 PR CIS DE STRAT GIE LES CINO L MENTS STRAT GIQUES M thode Situation gt Organisation Technique Le wuxing chinois int gre les cinq l ments eau terre feu m tal bois dans une matrice o ceux ci interf rent les uns sur les autres se g n rant dans un sens et se d truisant dans un autre Nous avons repris cette matrice toutes choses gales par ailleurs pour y int grer les cinq l ments strat giques projet organisation situation technique m thode Le sch ma ci dessus montre autour de laxe projet organisation les deux itin raires couramment utili s s Pun situationniste l autre m thodologique partir de cette matrice on peut imaginer toutes les rela tions et interactions possibles
129. l ny a pas de mauvaises voies toutes m ritent d tre tudi es Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 117 selon deux crit res proprement strat giques celui de l efficacit et celui de l acceptabilit Le dosage entre l une et l autre la voie m diane ne proc de pas n cessairement de la volont des hommes mais surtout de ce qu on appelle les circonstances sur lesquelles ils ont en r alit peu de prise C est pour quoi l tude compar e des strat gies occidentale et chinoise portera d abord sur leurs fondements sociologiques et culturels Les soci t s ne doivent en effet rien au hasard Le syst me chinois Depuis des temps imm moriaux la soci t chinoise se reconna t nombreuse et s dentaire Concentr e dans les riches bassins alluviaux des deux grands fleuves jaune et bleu elle y a d ve lopp une agriculture intensive celle des cinq c r ales dont la riziculture exigeante en main d uvre en organisation collective et en contrain tes techniques La soci t chinoise est depuis ses origines et par obligation une soci t organis e et tellement bien organis e parfaite certains gards qu elle s est immobilis e dans la satisfaction de sa perfection Les dynasties successives depuis les Zhou XII au IIS si cle avant notre re n ont eu de cesse d insti tuer et de renforcer cette organisation famili
130. la culture occidentale ce titre rien n est moins assur que son universalisme Il est probable que les soci t s continueront longtemps de produire les repr sentations politiques qui leur ressemblent En revanche ce quoi nous pouvons travailler c est d tablir une base juridique et morale concernant notamment la garantie des libert s individuelles commune tous les syst mes politiques S agissant de la situation l importance de son valuation a t amplement soulign e au chapitre pr c dent en m me temps qu ont t d velopp s les arguments pour son appr ciation C est 180 PR CIS DE STRAT GIE d elle seule que peut surgir une prise de conscience du r el et d couler la n cessit de r orienter l axe projet organisation de la matrice strat gique C est partir d elle galement qu on pourra mesurer l impact des r formes entreprises L observation d effets ventuellement positifs sur les quilibres mondiaux et sur l environnement sera un stimulant pour poursuivre dans la voie du changement cet gard on n insistera jamais assez sur le caract re primordial des instruments de mesure de la situation capteurs tableaux de bord grilles d analyse C est gr ce la technologie que pourront avancer les chantiers du futur Seule la recherche technolo gique saura inventer et mettre la disposition du projet de d veloppement les mat riaux les combustibles et le
131. la source de toute strat gie il y a un projet lequel pour tre entrepris suppose une organisa tion c est dire que cet ensemble soit structur et agenc en fonction du projet Le couple projet organisation est ainsi la base fondatrice et le tronc commun de toute d marche strat gique Mais lui seul il ne suffit pas en d crire l architecture La deuxi me question tout aussi et pour certains strat ges chinois plus importante que la premi re est celle qui s int resse la situation de quoi s agit il Pos e de fa on militaire par Foch en particulier avant la deuxi me bataille de la Marne en 1915 cette question est en r alit la 26 PR CIS DE STRAT GIE fois basique et centrale Il s agit de savoir dans quel monde nous vivons d valuer dans les circonstan ces du moment le poids du pass et des traditions et la part qu y ont les v nements Dans le monde complexe et agit qui est le n tre les r ponses cette question sont la fois tr s difficiles et essentielles Comment agir de fa on utile et pertinente partir d une situation mal ou m connue Comment parvenir analyser une situation dont certains para m tres sont sous valu s voire ignor s La troisi me question est plus habituelle et famili re cest celle des gens press s qui s int res sent la strat gie plus comme une notice techni que ou une martingale que comme une r flexion sur l a
132. la strat gie 95 cinq kilom tres par heure Le rythme paraissait immuable et donnait au temps ainsi qu l espace une valeur permanente Les donn es physiques taient identiques pour tous et les mentalit s y taient assujetties L information et le savoir taient v hicul s la voix et par la main tout tait donc mesurable et contr lable Le monde tait lointain et largement inconnu et donc indiff rent chacun voyait midi sa porte D s 1820 le chemin de fer pour les transports le t l graphe pour les informa tions vont rendre ces donn es obsol tes et entra ner l Europe puis l humanit dans une course la vitesse dont nous mesurons au XXI si cle tous les effets r volutionnaires La vitesse modifie la vision du monde en rapprochant les soci t s elle tend les familiariser et banaliser les cultures elle rend compte aussi de la petitesse de la plan te et de l unit de l humanit Elle a permis de relier les divers mondes et par la communication de prendre conscience de la dimension globale des probl mes Le d veloppement consid rable de toutes les capacit s techniques a t la cause du changement de perception que les hommes avaient d eux m mes et de leur pouvoir Avec celui ci leurs ambitions ont chang de nature l o ils se satis faisaient de conqu tes territoriales et de gains somme toute limit s ils se sont mis croire qu ils pouvaient enfin r aliser leurs vi
133. lio des situa tions Tout savoir sur tout est devenu impossible en revanche conna tre et surveiller les fonctions les organisations les r seaux les fronti res est essentiel aux situations sociopolitiques d mographie urbanisa tion faits sociaux religieux culturels sont indispen sables la compr hension des volutions car celles ci passent d abord par des changements dans ces domaines Les donn es d mographiques en particu lier sont d une grande utilit strat gique car elles refl tent des tendances de long terme et permettent des projections fiables sur une g n ration Ainsi l tude d mographique d une soci t comme la soci t chinoise par exemple fournit elle des clefs de compr hension de son histoire de sa culture de ses succ s et de ses checs la situation conomique les instruments de mesures conomiques sont les plus performants mais ils ne fournissent des indications strat giquement utiles que si elles sont corr l es et compar es aux autres donn es notamment d ordre sociologique Elles doivent gale ment tre tudi es en tendance et selon leurs effets induits sur les politiques int rieure et ext rieure des tats consid r s L interpr tation de ces mesures est souvent orient e dans un sens ou l autre selon les commanditaires et les crit res retenus aux multiples param tres qui font l tat de l opinion publique un moment
134. lle a un nom la crise Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de la strat gie 97 Crise de la strat gie Qui veut trop embrasser mal treint c est ce qu on pourrait dire de la strat gie d bord e par son propre succ s et vou e l explosion de son cadre rationnel celui qui avait justement construit son efficacit Et ce sont les facteurs m mes de la modernit par leur encha nement interne comme par leur expansion hors des limites de l pure qui ont fini par avoir raison du m canisme strat gique L id e que les hommes se font de la libert et l exploitation qui en a t faite pas les id ologues ont d natur le syst me strat gique En prescrivant au syst me des finalit s la fois l gitimes et utopi ques ils ne pouvaient que le pr cipiter dans un engrenage fatal La libert est un droit inali na ble celle des individus comme celle des peuples il y a donc lieu de tout mettre en uvre pour l atteindre ce tout ayant pris des proportions consid rables en termes humains et techniques sachant d une part que quel que soit le tout il sera toujours insuffisant et parce que d autre part la libert aussi n cessaire soit elle comme l oxyg ne l est la vie est une qu te inlassable et jamais satisfaite Le principe de libert est le plus puissant d clencheur d nergies mais celles ci finissent par se perdre devant la m
135. llectives orient es dans ce but et par extension tout groupe humain qui se serait form en vue de cette finalit Or c est le cas de la quasi totalit des organisations humaines Dunod La photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 35 qui ne se constituent que par conscience de la solida rit des individus car ils savent n avoir in fine d autre int r t que celui de la collectivit Si agir ensemble est une n cessit mat rielle c est aussi une obligation morale car c est dans l action collec tive que chacun peut se r aliser et donner du sens sa contribution En ce sens la strat gie se distingue du laisser faire et s oppose la th orie lib rale selon laquelle ce sont les int r ts individuels qui font l int r t g n ral et selon laquelle aussi il suffirait de laisser faire le march et le libre jeu de la concurrence pour cr er la richesse collective Au del de la m thode la strat gie participe l thique de la soci t d abord parce qu elle oriente dans la direction suppos e bonne qui est celle du projet ensuite parce qu elle encadre en permanence l action dans les limites de ce qui est convenable pour les acteurs c est dire en vitant les carts contraires la ligne initiale fix e Il n y a aucun ang lisme dans ce propos agir strat gique ment c est avant tout tre efficace durable et donc moral
136. lles provoquent et puis aussi surtout des acteurs sociopolitiques dont les r les fonctions et capacit s sont soumis d incessantes variations Tel est l cheveau de la situation qu on pourrait appeler pr strat gique nous de le d nouer Inventaire des facteurs La connaissance puis la compr hension de la crise passent en premier lieu par l inventaire des facteurs strat giques C est la r ponse oblig e au fameux De quoi s agit il question passe partout et lapi daire mais qui pose tr s exactement le probl me de la situation Pour savoir ce qu il se passe nous disposons aujourd hui de voies et moyens multiples et diversi fi s qui devraient compte tenu de leur spectre et de leur abondance apporter tous les l ments d infor mation n cessaires Dans la r alit il n en est rien Les rapporteurs du monde sont naturellement les m dias presse crite radio et t l vision mais dont la fonction directe est plus v nementielle Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 153 qu analytique pour des raisons imp ratives de d lais et d audience Les services de renseignement le r seau diplomatique et d autres organismes char g s de collecter des informations plus labor es sont reli s exclusivement leurs mandants politi ques et conomiques qui n en laissent filtrer que ce qui les sert Enfin il existe une myriade d informa te
137. lles ci den donner une s rie d indicateurs pour en facili ter le diagnostic C est elle qui devrait proposer les signes de reconnaissance du nouvel objet strat gique crise la porte serait alors ouverte la grande aventure intellectuelle de penser la crise Pour tre efficace il faut prendre le probl me par les deux bouts travailler en m me temps sur une th orie des crises le contenant et sur un Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 159 m canisme d appr ciation de situation le contenu L analyse strat gique consisterait alors faire tourner les mod les mis au point par la recher che avec les informations fournies et s lectionn es par le r seau de recueil On d boucherait alors sur une capacit d analyse qui non seulement aurait les moyens d effectuer une appr ciation de situation digne de ce nom mais serait autoris e partir de celle ci mesurer des tendances tablir des hypoth ses peut tre m me dans certains cas proposer des pistes pour lavenir Nous en sommes loin cet appareil amont n existant pas ou alors de fa on tr s partielle faute d outils de veille et de mesure adapt s faute d quipes de chercheurs form s et disponibles faute surtout d int r t et de volont de la part des responsables politiques et autres qui ne veulent pas s encombrer d un tel dispositif Ils veulent continuer d valu
138. m me dominante La seconde est qu il y a autant de types d organisations que de modes culturels il serait vain de vouloir uniformiser autrement que par un rapprochement culturel ce qui est fondamentalement diff rent depuis les origines ce stade l id e d une organi sation universelle para t pr matur e L ordre politique et militaire Repr sentant d sign choisi autoproclam ou lu du corps social le politique a tendance substituer son ordre celui de la soci t pour des raisons de dur e et d efficacit Longtemps l gitim par 48 PR CIS DE STRAT GIE l ordre religieux pour asseoir et perp tuer son auto rit il se place volontiers au dessus de lorganisa tion sociale en tant que m diateur supr me l gard des forces surnaturelles voire comme repr sentant direct du Ciel sur la terre Il chappe ainsi aux contingences humaines comme en atteste son caract re sacr qui finit par le rendre intouchable et inamovible Il est vrai que sa fonction est lourde et qu il a besoin de gr ces d tat pour la remplir Il doit en effet assurer la coh rence de la soci t en harmonisant son fonctionnement par une gestion habile en la prot geant des intrusions trang res en lincitant au changement sur le chemin du progr s Devant la difficult de ces t ches et les opposi tions incessantes il a toujours la tentation de passer en force ou de d tourner l attention en exportant se
139. marion Champs 1988 42 PR CIS DE STRAT GIE r v l comme un norme fiasco Preuve s il en tait besoin que les limites du projet sont celles qui s inscrivent la fronti re toujours repouss e entre le possible et le souhaitable que cet effort vers le progr s ne peut se fonder que sur la solidit souvent la p rennit des quilibres sociaux manant d une organisation capable avant tout d assurer la vie de ses membres Mais en m me temps qu ils s effondraient ces syst mes ont fait p ricliter l id e d un avenir meilleur en condamnant les utopies ils ont pr ci pit le culte actuel de la jouissance d avoir et le r gne sans partage du pr sent celui des soci t s conomiques Pour tre all es trop vite et s tre projet es dans des projets irr alistes les soci t s ont r gress elles se sont repli es sur les seules exigen ces m caniques du pr sent Les buts et finalit s qui permettaient de s inscrire dans un devenir lointain et attirant celui de l tre ont t remplac s par les pr occupations de court terme celles de la vie quotidienne o domine le souci de lavoir le citoyen est devenu un consommateur Cet effon drement d une id ologie du projet est une r gres sion majeure et une des causes de la crise actuelle de la strat gie Entre les r veries de lendemains qui chantaient au si cle dernier et l actuelle surexploitation 1 Gilles L
140. mble soit int ress l action et qu il y trouve son avantage Il peut alors d cider en toute connaissance de cause de sa conduite plus ou moins passive ou active dans l action engag e ce stade on peut se poser la question de savoir quel est le terme principal de cette quation strat gique agir ou ensemble Est ce l action qui exige la convergence des efforts est ce la collectivit 24 PR CIS DE STRAT GIE qui se justifie par l action La dispute n est pas anodine Nous le verrons plus loin chapitre 5 lors de l tude comparative entre strat gie chinoise et strat gie occidentale o la premi re plus pratique et restrictive donne la priorit l ensemble pour des raisons d mographiques et historiques o la seconde enti rement vou e aux finalit s privil gie l agir au d triment de la coh sion de l ensemble en grande partie pour des raisons id ologiques Il mest pas tonnant alors que de telles diff rences conceptuelles dont les origines sont culturelles entra nent les deux modes strat giques sur des voies divergentes donnant la soci t chinoise la configu ration d une soci t strat gique la soci t occi dentale la d marche d une soci t politique Outre les conditions de l action et les raisons d tre ensemble agir ensemble a ses propres exigences celles qui consistent faire converger deux logiques diff r
141. mer ailleurs dans un syst me spatial complexe en cours de gestation l chelle mondiale sous l gide des Nations unies et de sa galaxie d organismes affili s o s dictent des recommandations de bonne gouvernance valeur g n rale au niveau r gional unions ou associations d tats qui tablissent conjointement leur r gles de fonctionnement surtout en mati re conomique Mercosur Alena Union africaine Union europ enne enfin l tage des provinces et des m gapoles proches des lieux de vie et des besoins des habitants o sont mises en application et harmonis es ces cascades de r glementation provenant des niveaux sup rieurs Le principe de subsidiarit chaque tage ses responsabilit s tant encore loin d tre respect chaque niveau ce nouveau syst me spatial est encore bredouillant et largement inefficace dans des domaines cl s Le syst me est encore compliqu par l imposition des deux nouvelles dimensions intra et extra terrestres Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 185 que sont l espace proprement dit l ther et les oc ans Juridiquement libres et ouverts ces nouveaux territoires sont des enjeux strat gi ques majeurs la course la conqu te de l Arctique et ses richesses p troli res sous marines conduite par les Russes qui y ont plant leur drapeau en ao t 2007 en est un
142. mie des moyens Mais on imagine aussi qu il faudra en change consentir une grande libert aux citoyens pour qu ils s adaptent aux nouvelles exigences d un projet contraignant mais raisonnable Si on pense aux transports terres Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 177 tres et a riens symboles des libert s individuelles et la n cessit absolue dans laquelle on sera de les r glementer voire de les limiter ne serait ce que pour leur conserver leur utilit en vitant de gigan tesques thromboses on voit bien que les solutions ne seront ni faciles trouver ni ais es mettre en uvre Sur un plan plus g n ral il faut reconsid rer la privatisation et l externalisation syst mati ques outsourcing qui pour des raisons d conomie s tendent aux domaines dits r galiens l tat doit reprendre son compte ce qui est de sa responsabilit notamment l usage de la force l organisation doit discriminer clairement ce qui appartient au domaine public et ce qui est du ressort de la sph re priv e Deux facteurs doivent tre pris en consid ration et ma tris s pour penser l volution des organisa tions sociales Le premier est li aux questions d mographiques notamment aux flux migratoires La plupart des soci t s observ es sont organis es sur un mode homog ne leurs crit res d apparte nance tant raciaux et culturels Avec l
143. moral utile profitable efficace en fait conforme aux finalit s choisies Non d esp rer changer le monde id e utopique et dangereuse qu aucune strat gie jamais ne pourra pr tendre 12 PR CIS DE STRAT GIE mettre en uvre mais de chercher en tirer le meilleur parti s organiser pour y vivre le mieux possible Non plus de se satisfaire d accompagner la nature en attendant que le fleuve aille la mer mais d orienter le destin comprendre les situa tions les besoins des hommes et le champ du possible partir de l laborer et vouloir r aliser un projet qui sinscrive comme une finalit Ces espaces de libert ouvrent tout un ventail de possibles selon les hommes leur culture leur organisation sociopolitique leur ma trise de l envi ronnement et leur pratique des outils s laboreront des m thodes et des processus diff rents manifes tations de volont s affirm es et de besoins mesur s un moment donn de leur histoire C est dire qu il n y a pas de strat gie en soi mais une infinie vari t de strat gies selon les peuples et les circons tances ceux l s adaptant celles ci Seulement pour tre praticables ces strat gies doivent respec ter un certain nombre de r gles et s inscrire dans une d marche cette m thode strat gique est leur cadre commun Voies et moyens Dans notre poque d intol rance id ologique de r alisations techniques d mesur es et d
144. n la r pression des d lits l ducation la sanction les accommodements aux conflits le compromis et l arbitrage plut t que le recours la loi qui serait consid r comme un signe de faiblesse morale 1 Catherine Coulomb Chine le nouveau centre du monde L Aube 2007 Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 121 On peut aussi trouver quelques cons quences pratiques C est une soci t inventive en effet les Chinois ont tout invent depuis la boussole jusqu la poudre canon en passant par l impri merie mais usage interne pr occup s qu ils taient du fonctionnement de leur syst me et igno rants des autres En revanche c est une soci t peu aventuri re qui n prouve pas le besoin de sortir d elle m me et de chercher autre chose Se concevant comme tant le centre ce qui est ailleurs est p riph rique marginal et de peu d int r t La Chine n a pas conquis le monde ultra marin alors qu elle en avait les moyens du XI au XV si cle sans concurrence mais elle s est content e de pousser ses avantages continentaux d enrichir le centre Elle avait en r alit aucune curiosit pour le reste du monde dont elle a longtemps pratique ment tout ignor et dont il mest pas certain aujourd hui qu elle sy int resse en profondeur Soci t du nombre elle dispose d une main d uvre illimit e et n prouve p
145. n des obstacles sur lesquels bute le mod le lib ral occidental alors le jeu est ouvert entre les diverses possibilit s qu offre la vari t des cultures en particulier entre les deux conceptions qui ont domin ou dominent aujourd hui le monde et qui paraissent premi re vue inconciliables l occiden tale symbolis e par le mod le am ricain l orientale ou asiatique repr sent e par l exemple chinois Ces cultures les modes de vie et d action les comporte ments des peuples et des nations sont ils compati bles et aptes alors faire converger leurs efforts vers des buts communs Ou au contraire sont ils vou s en raison de leurs profondes divergences s opposer voire se confronter dans les prochaines d cennies Comme tous les mouvements de mondialisation qui samorc rent dans l histoire celui ci sera t il mis en chec ne est il pas d j les int r ts des puissances l emportant sur les v ux universels de l humanit Tel est l enjeu des temps venir Quel que soit le point de vue lorsqu on observe les cultures occidentale et chinoise on a l impres sion de deux plan tes trang res l une l autre sans que rien ne permette d tablir entre elles une quel conque passerelle Pour Fran ois Jullien philoso phe qui fait autorit en sinologie la Chine ne se Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 115 situerait pour l Occidental
146. n en passant par la recherche ou le marketing Ici on l utilise comme un proc d technique l on sen m fie et on se garde bien de s aventurer dans une r flexion trop th orique C est dire que si le mot para t plein d importance la chose mest gu re pr cise et m riterait sans doute d tre mieux identi fi e et si possible explicit e Pr ciser tel est l objet de cet ouvrage Loin des recettes et autres martingales que notre poque 2 PR CIS DE STRAT GIE press e et consum riste pousse proposer au chaland l ambition de ce livre se limite rappeler une exigence puis dans sa logique analyser les cons quences qui en d coulent L exigence premi re est qu il faut penser strat giquement En effet nous sommes condamn s agir C est le destin de tout groupe humain qui vit volue se meut dans l espace et dans le temps en r action aux v nements en fonction des id es et des volont s humaines de les faire aboutir Et pour viter que cette collectivit humaine aille n importe o fasse n importe quoi s engage sur des chemins de traverse ou dans des impasses cet agir doit tre pens Il faut absolument le concevoir le planifier en pr parer la conduite et ce quoi qu il advienne malgr les circonstances souvent contre les autres avec toutes les diffi cult s et les obstacles que suppose un tel exercice R p tons le il faut penser strat giquemen
147. nables Ni d cision brutale de mise en uvre des rapports de forces ni attitudes hypocrites d atermoiements ou de duplicit mais maintien permanent de choix multiples et de variantements possibles Dans un environnement aussi perturb il faut pouvoir se raccrocher un ensemble m thodologique coh rent et souple C est pourquoi les itin raires strat giques doivent rester libres d acc s en fonction des cultures et des circonstances Mais c est pourquoi aussi ils doivent tre clairement balis s En tout tat de cause il faut dire ce que l on va faire et si possi ble s en tenir ce que l on a dit Le champ strat gique r nov Le deuxi me chantier concerne le c ur du m ca nisme ce champ strat gique devenu mar cage sous le d luge des effets de la crise ses constituants principaux qui y servaient de jalons ont t malme n s par les grands traumatismes mondiaux du XX si cle 184 PR CIS DE STRAT GIE Le cadre espace temps de l action Le premier l ment affect par la crise de la strat gie a t l enveloppe du syst me le cadre espace temps de l action Des deux espaces de r f rence sur lesquels se focalisait l action le champ de bataille et le territoire national qui en tait l enjeu et le prolongement le premier est devenu inutilisable Le second par l augmentation du nombre des tats se trouve confirm comme espace de r f rence mais oblig de se l giti
148. ncher pour ou contre comme l indi que l tymologie du latin cadere couper alors c est prendre des risques excessifs La strat gie a pour objet de conduire vers le but quelles que soient les circonstances et malgr les obstacles dans les meilleures conditions de co t et d efficacit Elle cherche alors organiser une action qui soit ration nelle et vite de tout risquer sur un coup de t te cet gard la d cision est contraire la nature de la strat gie celle ci doit consister par seul souci d efficacit orienter rythmer l action la soutenir en maintenant en permanence les condi tions qui la rendent possible Qu il faille dans le feu de l action et point par point sur le terrain engager des moyens faire des choix prendre des risques sont des n cessit s qui doivent demeurer d ordre technique Les d cisions prises ici ou l en fonction des v nements ne sauraient en aucun cas ni d aucune mani re remettre en cause le projet dans son essence Il faut savoir distinguer entre l exigence strat gique qu impose le projet et les n cessit s techniques command es par les circons tances Telle est la r gle de la strat gie En m me temps que le choix d un itin raire la m thode consiste adopter les dispositions pr ala Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 71 bles l action Elles sont de deux ordres les un
149. ndamentale et une chance historique de la soci t occidentale Moins la religion en soi d ailleurs que la sortie de la religion ou plus exactement une distance et jusqu une r volte volontairement mise par les hommes entre eux et la religion pour assurer leur libert tout en conservant une r f rence Dieu et la transcendance et qui a d clench le progr s moteur de la modernit Les autres civilisations n ont pas eu cette chance de s paration du spirituel et du temporel ni cet avantage de jouer sur les deux tableaux de la science et de la religion le monde arabe ne parvient pas sortir de l islam le monde chinois n ayant jamais entretenu de relations politi ques avec les religions n a pas eu s en d faire ni se r former H ritage gr co romain la guerre fait partie intrins que de la culture occidentale le conflit est notre p re tous disait H raclite2 Il a t le grand accoucheur de l histoire les Europ ens ayant institu la guerre comme mode normal des rela tions internationales et l ayant mise au service de leur soif d aventure et de leur volont de conqu rir 1 Marcel Gauchet La Condition historique Paris Stock 2003 2 Cit par Victor Davis Hanson dans Carnage et culture Paris Flammarion 2002 Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 131 le monde Tout y a contribu la technique au
150. nduit un constat celui du vainqueur et du vaincu le premier se trouvant alors en situation d imposer sa volont et de progresser vers ses objec tifs Les trait s qui sanctionnent les r sultats des batailles ent rinaient le plus souvent la conqu te ou la possession d un territoire Ainsi le projet national celui de constitution d un pr carr passa t il longtemps par l agrandissement de ce territoire donc par l adjonction de nouvelles provinces celle ci sop rant soit par alliances matrimoniales soit par conqu tes militaires Dans ce dernier cas le cadre espace temps de la guerre est fondamental car il contient lui seul le sort de la nation Cette conception des relations entre tats fond e sur la normalit accept e de la guerre pour r gler les diff rends inter tatiques et d fendre les projets nationaux telle qu elle a t institu e par les Trait s de Westphalie en 1648 suppose que tous les acteurs en respectent les r gles en particu lier que chacun d entre eux ne poursuive jamais d objectif qui puisse mettre durablement en p ril le Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Le m canisme de l action 87 projet de l autre Ce fut la politique d quilibre men e au XVII si cle en Europe reprise apr s l pop e napol onienne et que les ambitions imp riales de l Allemagne finirent par rendre impossi ble Le troisi me et plus important facteur de la rencontr
151. nfin tre limit es on peut agir bon escient Elle permet aussi de communiquer c est dire d tablir des relations de cause effet de condition cons quence mais surtout des uns aux autres au sein m me des soci t s et entre les nations entre les diff rents domaines de la connaissance et secteurs d activit s entre politiques et techniciens Le d faut de relation maintenait ignorance et donc indiff rence le manque d infor mation pouvait susciter incompr hension et inqui tude L omnipr sence de l information cr e une ambiance laquelle personne ne peut se sous traire m me les r gimes politiques les plus hostiles ces vents nouveaux elle seule l information tablit les passerelles et les relations entre les divers acteurs des soci t s Elle oblige en quelque sorte la connaissance des autres sinon leur compr hen 182 PR CIS DE STRAT GIE sion du moins une certaine prise de conscience de leur diversit On ne peut plus demeurer dans l ignorance ou dans l indiff rence de cette r alit volens nolens nous sommes tous concern s l gal de ce que seront les nouvelles sources d ner gie pour le projet futur des soci t s l information est le vecteur autour duquel se r articulera l organi sation sociale La soci t de l information image encore impr cise de ce que seront les soci t s du troisi me type en grande partie d structur e
152. nise c est avec une brutalit inspir e de l ordre militaire et la seule pr occupation de l efficacit il ne sencom bre ni de justice ni d galit Certes l conomie a le pouvoir de faire bouger les lignes on ne conna t pas de soci t sous d velopp e qui soit parvenue spontan ment faire voluer son organisation initiale ce sont au contraire par la croissance conomique que certaines soci t s se sont engag es dans la voie du progr s et ont pu alors inventer des formes plus labor es d associations de struc tures d entreprises de moyens d changes La perspective de l enrichissement rend cr atif et entreprenant elle d bloque les nergies et fait accepter les mutations C est pourquoi il y a fort parier que l mergence conomique dont b n fi cient de nombreux pays au d but du XXI si cle et en particulier la vieille soci t chinoise n ira Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 51 pas sans provoquer d ici une deux d cennies un profond et dangereux mouvement de r organi sation Dans cette course au d veloppement l cono mie r pond ses propres besoins am liore ses capacit s sa productivit son rendement mais pas n cessairement dans l int r t de tous En tant que technique elle ne peut tre que prestataire au service de la soci t et donc d un ordre qui la d
153. nt prioritaire C est pourquoi il faut en revenir au sens litt ral de Dunod La photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 21 OTPATOS ayer qui est celui de l action collective et qu on peut traduire par agir ensemble Cette expression sorte d quation strat gique recou vre non seulement toute la palette des interpr ta tions qui ont t nonc es ci dessus elle permet en outre d expliciter la probl matique strat gique C est donc le sens que nous retiendrons d sormais quations Agir ensemble pose d embl e une double probl matique celle de l agir et celle de P ensemble qui sont dues d une part aux contraintes li es la temporalit d autre part aux diversit s des espaces sociaux La probl matique de l agir est complexe en elle m me autant sur le plan de la temporalit que sur celui des conditions remplir Agir est n cessairement un projet pour demain celui ci pouvant se situer dans un futur plus ou moins loin tain le plus lointain tant videmment le plus recherch Or rien n est plus difficile et al atoire que de penser lavenir tant il est par nature inconnu et impr visible En r alit nous avons penser l agir dans l incertitude puisque les seuls l ments de connaissance dont nous disposons sont ceux d aujourd hui et qu ils vont tre soumis dans l intervalle aux circonstances et di
154. ois Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 175 sance mais ils s y retrouveront largement terme le nouvel lan sera b n fique les investissements seront rentables de nouveaux march s s ouvriront les capacit s de recherche et d innovation accrof tront Surtout les syst mes prouveront que l huma nit n est pas condamn e une voie unique mais qu elle est capable d assumer ses responsabilit s et la libert de ses choix Il sagit l d une action poli tique car elle concerne les finalit s des soci t s leur projet de vie collective Les instances internationa les fr quemment sollicit es l occasion de sommets devraient y consacrer leur temps et leur nergie plut t que de continuer publier d ennuyeux et inutiles communiqu s Revoir les organisations Une telle r orientation v ritable changement de cap du paquebot monde ne pourrait se faire sans une r elle ambition politique de reprendre l initia tive ni sans une r organisation des structures socio conomiques Ce qui tait intangible depuis des si cles voire des mill naires pour de profondes raisons culturelles et parce que cela correspondait s p ci A troitement un projet de soci t lui m me immuable devrait alors se mettre voluer en m me temps que le projet serait r orient Si le projet change l organisation doit bouger Dans
155. ojet organisation selon le processus d crit plus haut Faire l appr ciation de situation de ces divers syst mes c est tre au moins capable d valuer leurs capacit s r elles et potentielles dans deux domaines cl s l conomie et la d mogra phie c est dire en termes de ressources humaines et mat rielles La mondialisation conomique Apr s le ph nom ne guerre qui concentra toutes les nergies europ ennes puis mondiales pendant trois si cles des Trait s de Westphalie en 1648 la fin du second conflit mondial en 1945 l conomie est devenue le principal sinon l unique moteur du monde La guerre est certes toujours pr sente dans les pr occupations des peuples et des tats mais elle est pass e en deuxi me ligne consid r e d sormais plus comme une cons quence des d sordres du monde que comme leur cause Ses checs r p t s r gler les diff rends ses insucc s notoires d signer le vainqueur ses co ts aberrants au regard des objectifs atteints ont conduit les soci t s dynamiques se tourner vers des processus de conqu tes moins risqu s et plus s rement profitables La situation conomique d un pays est aujourd hui encore plus que nagu re 56 PR CIS DE STRAT GIE le crit re principal d appr ciation de sa plus ou moins bonne sant l chelle du monde il en va un peu diff remment En effet si on observe des statistiques globales le monde est
156. omme tel Ne faudrait il pas plut t qu il soit consid r dans sa diff rence source de contestation et donc de compl mentarit La strat gie comme la politique si on se r f re Carl Schmitt pr f re le plus souvent la clart et la brutalit des rapports de forces l ennemi est d sign il a son camp on le peint en rouge il est contrariant et doit ce titre tre combattu Ce syst me sommaire mais simple mettre en uvre a trouv ses limites avec la fin de la guerre froide Lorsque l ennemi consid r comme un Mal absolu est vaincu ou abandonne la lutte et que s ach ve ainsi un duel situ l chelle du monde y a t il une alternative cette adversit disparue Y aurait il d s lors un ennemi de remplacement qui ne serait pas un ersatz d ennemi On voit bien depuis 1990 que ce probl me est central dans les relations internatio nales o le statut de l Autre est incertain On comprend aussi que l existence de lennemi tait la seule justification de la puissance et qu en son absence ce syst me ma plus de sens Y aurait il dans notre monde post strat gique une forme de relation l Autre qui ne serait entach e ni d adver sit ni d amiti mais qui se satisferait de la seule 1 Carl Schmitt La Notion de politique Paris Flammarion Champs 1992 Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Le m canisme de l action 89 notion d alt rit Nous reviend
157. onsid r les objectifs ainsi recherch s ne peuvent 34 PR CIS DE STRAT GIE pas tre mauvais Tous les moyens disponibles et coh rents avec ces bons objectifs sont donc parfaitement justifi s et n cessaires La finalit si elle est labor e comme un projet de soci t justi fie les moyens qui y concourent la guerre n cessite et justifie l existence et l emploi d armes dont la finalit est pourtant d testable paradoxalement et a contrario emp chement de la guerre par la dissuasion n cessite et justifie la d tention selon des r gles de droit international de moyens de destruction massive que sont les armes nucl aires Dans ces conditions il est primordial que le processus d laboration du projet r ponde aux besoins de la collectivit et soit adopt sinon par consensus du moins une tr s forte majorit Ce qui n tait videmment pas le cas des projets utopi ques ou d mentiels des r gimes totalitaires Ils ont t impos s du haut et par une minorit qui a abus des pouvoirs consentis par la collectivit sur un autre projet on ne peut pas promettre le bonheur et les lendemains qui chantent en massacrant les gens On n est plus alors dans un syst me strat gique coh rent et rationnel mais dans un d lire id ologique Si la valeur morale de tout projet de soci t est av r e alors cette dimension thique devrait aussi tre reconnue aux actions co
158. opie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 133 autres et fond s sur des visions aussi diam tra lement oppos es de Phomme et du monde Si nous divergeons de fa on aussi spectaculaire sur la m thode il y a plusieurs bonnes raisons cela Les appr ciations de situation sont faites partir de points de vue diff rents dans l espace comme dans le semps l un est continental et central pour les Chinois maritime et p riph rique pour les Occidentaux l autre est lin aire en Occident et propice aux v nements cyclique en Chine et plus enclin s inscrire dans la dur e Il en va de m me pour l homme et sa conception de la vie son regard sur l Autre consid r ici comme un tre barbare l comme un tre inf rieur De l le foss d ignorance r ciproque entre Chinois et Occidentaux sur la culture et l intelligence strat gique de l Autre beaucoup de Chinois en sont rest s la formule de Fen Guifen la fin du XXe si cle qui affirmait zhongxue wei ti xixue wei yong la culture chinoise comme essence la culture occidentale comme pratique comme si une hi rarchie devait tre institu e entre les deux cultures la chinoise tant ant rieure et sup rieure l occidentale comme si surtout ces deux cultures n taient pas des reflets changeants d un m me humanisme En r alit derri re ces oppositions apparem ment irr ductibles se cachent un certain nombre de ca
159. orisme criminalit prolif ration des armes de destruction massive Crise qui n est pas temp r e par le d veloppe ment simultan et continu des techniques et des nouveaux moyens qu elles mettent sur le march Certes le d veloppement permet l humanit de progresser mais la fa on brutale incoh rente et d s quilibr e dont il s est effectu et se produit aujourd hui encore pose autant sinon plus de probl mes qu il apporte de solutions s agissant notamment de l environnement plan taire et de la r partition quitable des richesses La crise de la Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de la strat gie 101 strat gie n est pas seulement une crise des finalit s c est aussi une crise des moyens Elle s exprime par le triomphe de ses deux mani festations les plus embl matiques le Zh ralisme et la sechnocratie Le lib ralisme c est ce qui reste de la grande utopie libertaire une doctrine molle pour tenter d expliquer comment les int r ts particuliers sont pr alables l int r t g n ral et le fondent Les avatars actuels du capitalisme d noncent cette contre v rit on voit partout que l pret au gain des individus se moque perdument de l int r t g n ral et que les fortunes priv es s enfuient d un pays lorsque leurs b n ficiaires estiment excessif l effort de solidarit qui leur est demand par l tat Le d veloppement l
160. ormer y compris en politique o selon la th orie de Carl Schmitt la d finition de l ennemi opposant devait tre la pierre angulaire de tout r gime d mocrati que Cette notion commode parce que mani ch enne et r ductrice tait par nature conflictuelle Dans des soci t s soumises des probl matiques complexes tant dans leurs relations ext rieures que dans leur conduite interne ces simplifications sont st riles et dangereuses Mais ce constat est difficile admettre pour ceux qui ont longtemps pratiqu ce face face et l volution de la notion d ennemi pourtant indispensable et urgente est lente se manifester La r gle du jeu enfin toute cette horlogerie peut tre d su te mais qui servait borner les fronti res entre l interdit et le licite et qui tait l apanage du pouvoir politique Mont e du lib ralisme affaiblis sement des tats ont ouvert les portes au laisser faire au laxisme et au del ont offert des boule vards la d linquance la corruption la crimi nalit d viances contre lesquelles tout ce beau Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de la strat gie 105 monde sinsurge aujourd hui mais un peu tard Malgr une avalanche de lois nationales et de r gle ments internationaux jamais les arcanes de la complexit n ont laiss autant de failles b antes En quelques d cennies le fameux ordre mondial qui tait
161. ositions pour en tirer le maximum d avantages Outre les exigences de la rencontre le cadre espace temps est alors soumis aux contraintes dues aux moyens Si la bataille se focalise dans un cadre aussi limit un Schwerpunkt comme le d cri vait Clausewitz c est bien en raison du volume de forces disponibles mais surtout cause de capa cit s de commandement restreintes quoi bon des forces normes si elles ne sont pas commandables Faute de moyens de communica tions distance on ne ma trise effectivement que ce qu on voit Napol on parviendra n anmoins conduire simultan ment plusieurs batailles gr ce son sens de l anticipation et au mim tisme de certains de ses mar chaux Le progr s technique depuis le t l graphe jusqu au t l phone satellitaire en supprimant ces contraintes modifie radicale ment la relation de l acteur au cadre spatial dans lequel il volue 86 PR CIS DE STRAT GIE Le temps est galement compt Jusqu au XIX si cle inclus l unit de temps est la journ e dix heures de combat suffisent puiser les munitions et surtout les hommes soumis plusieurs reprises un choc frontal le soir oblige au bilan et quel que fut le sort des armes au repli pour panser les plaies En r alit la rencontre doit respecter les r gles du th tre classique et leurs trois unit s d action de temps et de lieu ce compte l action est payante car elle co
162. ournables d une appr ciation de situation actualis e sont la base de toute analyse strat gi que Ne prendre en compte que des l ments statis tiques conomiques et d mographiques conduirait une vision technocratique du monde alors que celui ci r pond des crit res essentielle ment politiques la crise des soci t s humaines est aussi bien une crise de repr sentation les acteurs qu une crise d interpr tation couple projet organi sation Une juste appr ciation de la situation actuelle malgr les difficult s d approche et la Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 65 complexit des param tres est le fondement sur lequel les l ments strat giques peuvent retrouver une coh rence Encore faut il avoir la volont et se donner les moyens de l entreprendre Technique Certains vont s tonner de voir la technique figurer au rang des l ments strat giques Elle n est effecti vement ce stade que la capacit de mettre en uvre des moyens on pourra l assimiler cet gard la tactique qui rel ve du m me ordre Mais elle est aussi un l ment d clencheur reflet de la cr ativit et de la capacit d avancer ainsi qu une forme d expression de la libert Quelle action collective ou r flexion sur l action pourrait ignorer les capacit s des moyens disponibles et l art de les utiliser Sans ressourc
163. p ens du joug monarchique apporter la libert au monde tels taient ses slogans exigeait d une part des nergies consid rables et allait d autre part coaliser autant d nergies contraires Cette escalade de la guerre se Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de la strat gie 99 termina par un fiasco en 1815 Waterloo et on en revint aux pratiques ant rieures Mais le mal tait fait si l on peut dire les nationalismes ne devaient plus cesser en Europe puis dans le monde entier de mobiliser leur service toutes les ressources disponibles des soci t s les livrant une guerre insatiable Au del des arm es qui s affrontaient les peuples entiers y taient entra n s hors de toutes conventions et des limites que les militaires s taient oblig s eux m mes respecter jusqu alors La guerre sortit ainsi la fois de son cadre spatio temporel et de ses limites conventionnelles elle en sortit au point que ses errements devinrent incon tr lables et d sastreux pour tous les protagonistes Pour avoir t excessive et avoir tu en elle toute humanit camps de concentration explosions nucl aires g nocides elle se mit faire peur aux tats qui la bannirent de leur panoplie de solu tions Sans que pour autant les probl mes pos s par le droit la libert puis par les d s quilibres socio conomiques fussent r gl s Apr s deux
164. par l p e a vocation p rir par l p e Elle est en outre touf fante pour l organisation sociale qu elle fige dans sa rigueur hi rarchique et ses structures verticales Au lieu d inciter au changement et de le faciliter elle contribue par son conservatisme l emp cher accumulant ainsi les d calages et les frustrations qui alimenteront les futures r volutions L ordre conomique L chec de l ordre politico militaire accompagner les soci t s dans la voie de leur projet de d veloppe ment a ouvert grandes les portes l ordre des marchands M pris parce que trivial il a b n fici des r volutions industrielles et des progr s techniques il s est bien veng des affronts anciens pour finir par imposer son ordre soi disant pacifi 50 PR CIS DE STRAT GIE que et efficace Cela para t tre le bon sens m me de donner aux acteurs conomiques les cl s de l organisation et donc les leviers du pouvoir pour amener la soci t satisfaire ses besoins mat riels et au del combler ses aspirations au bonheur Nous sommes parvenus cette tape o apr s avoir exp riment toutes les autres formules nous avons confi dans pratiquement toutes les soci t s l essentiel du pouvoir et de l action strat gique l ordre conomique Or celui ci contrairement aux ordres pr c dents par sa nature m me est paradoxalement d sorganisateur ou alors sil orga
165. qu un aboutissement et le r v lateur de probl mes longtemps ni s et n plig s Dans ses pr misses la crise est rarement prise au s rieux Elle est rampante au contraire de la guerre qui est explosive et ne pr sente dans ses premi res manifestations aucun caract re tragique Elle ne se distingue pas suffisamment de la situation ant rieure pour qu on y reconnaisse un tat particulier comme le furent en leur temps la guerre et la paix La crise ne b n ficie pas de marqueurs aussi visibles concernant l adversit les dispositions prendre les d roulements proba bles etc Dans l incertitude sur ce qu il y a lieu de faire on r unit dans l urgence une cellule de crise qui compulse d p ches d agences et t l grammes diplomatiques pour finir par proposer soit de ne rien faire soit d envoyer sur place un Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 151 l ment militaire d intervention Dans ce brouillard de la crise qui vaut bien celui de la guerre il y a une sorte d indiff rence intellec tuelle pour cet objet strat giquement non identifia ble qui ses premiers signes para t b nin passager et donc sans grand danger et qui s il d g n re chappe l entendement et surtout toute emprise rationnelle Il faut donc commencer par reconna tre la crise pour ce qu elle est un tat de la vie sociale e
166. que et quy a t il derri re le verbe permettre Quid encore de la dimension humaine du probl me du r le de l Acteur Quid enfin du temps qui passe ce d ca lage incompressible entre le temps de la pens e et le temps de l agir Ce sont l les l ments d une probl matique dont les diff rents param tres doivent tre plus pr cis ment identifi s Pour ce faire la meilleure m thode consiste comme toujours revenir l tymologie Le mot strat gie est compos de deux racines grecques OTPATOS qui signifie grand nombre foule arm e et ayeiv qui a le sens habituel d agir mais dans son acception la plus forte celle de conduire Le sens premier qui justifie la termi nologie militaire est bien celui de conduire l arm e le strat ge tant alors synonyme du g n ral Lart de la strat gie de Sun Zu est ainsi un Trait pour le g n ral Cela dit ne nous m prenons pas les dix strat ges qui formaient le gouvernement d Ath nes au V si cle avant notre re n taient pas seulement responsables de la conduite des op rations militaires ils avaient en charge la gestion de toutes les affaires de la cit l origine donc la strat gie n a pas de sp cificit militaire elle est le bras arm ou non du politique elle vaut pour toutes les activit s qui int ressent la cit la d fense de celle ci l exigence de survie en tant bien s r l l me
167. que des pratiques occidentales Dans la pratique les Chinois plus attentistes et patients ont une propension pour les strat gies dites indirectes pour le billard trois bandes pour la subtilit et le moindre risque ne rien faire plut t que mal faire ne pas perdre la face tant en outre une exigence non n gligeable des relations humaines Plus volontaristes et souvent press s time is money les Occidentaux et notamment les Am ricains sont adeptes de l action directe quand ce mest pas de la mani re forte Ils savent Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 137 par exp rience que quel que soit le r sultat elle fait bouger les lignes et accouche de nouvelles opportunit s Ces voies divergentes qui ne sont pas exclusives l une de l autre les Chinois tant capables de la plus grande brutalit et certains Occidentaux d une grande rouerie sont suscepti bles d entra ner des asym tries et des incoh rences sources fr quentes d incompr hension et de danger potentiel Pour reprendre les termes m mes de la symbo lique chinoise on pourrait comparer la strat gie chinoise la position du yin signe du sombre de l eau du compliqu et la strat gie occidentale celle du yang signe de lumi re de feu et de simplicit L o dans cette dualit yin yang les Chinois cherchent mettre en vidence
168. quel sens et de quelle mani re faire bouger ce qui tait inscrit au c ur des soci t s depuis leurs 176 PR CIS DE STRAT GIE origines La question est ouverte et difficile car on ne transforme pas les soci t s par d cret Celles ci sont par construction conservatrices et r fractaires au changement Ce qu on appelait la soci t fran aise est embl matique de ces soci t s bloqu es d un c t dans leurs structures anciennes et d un autre clat es en communaut s arc bout es sur leurs privil ges Il faudrait que les motifs de changement soient puissants et les pouvoirs publics convaincants pour que ces fameuses r formes soient engag es avec des chances d aboutir une r elle redistribution des cartes Il ne s agit pas ici de traiter la l g re et en quelques lignes une affaire qui prendra des d cennies et qui devra remettre en cause des notions aussi ancr es que celles du travail du rendement du profit etc et qui devra reconsi d rer aussi les vertus et capacit s suppos es des diff rents r gimes politiques pour initier et conduire le changement On imagine en particulier qu il faudra beaucoup d autorit tatique pour faire respecter de nouvelles r gles du jeu mondiales et non plus exclusive ment occidentales pour freiner les gaspillages et autres d penses somptuaires voire pour interdire les consommations abusives selon le principe stra t gique de l cono
169. quelles pourra s tablir une dynamique strat gi que Tout agir ensemble suppose en effet une dynamique Ce nest pas tout de faire une belle construction intellectuelle encore faut il qu elle soit applicable et serve le projet de soci t qui est la base de l agir ensemble La dynamique est d abord celle du rassemblement des acteurs enga g s pour laborer un projet commun elle est ensuite celle de la d marche des m mes acteurs entra n s vers la r alisation de ce projet Il y faut une nergie consid rable qu on ne peut puiser que dans la volont collective telle qu elle se traduit travers l organisation Ensemble n cessite une organisation celle ci est soumise l installation de structures au d ve loppement de r seaux dans l un et l autre cas l existence de relations Pas d organisation sociale sans relations entre ses membres pas d organisa tion technique sans dispositif En r alit l organi sation elle m me fond e sur une structure ou un r seau relationnel ne tient que parce que ses membres ont une conscience collective celle de leur appartenance ou de leur d pendance 30 PR CIS DE STRAT GIE l gard des autres ou l gard d un Autre Que cette conscience mane des membres eux m mes ou soit dict e par le pouvoir politique il s agit d une structure sociopolitique dont le but est d assurer la s curit au sens large la rel
170. r e injuste Elle n est donc pas tenable longtemps dans les conditions de gaspillage et d in galit actuelles En termes strat giques cela signifie que les m canismes conomiques doivent tre consid r s comme des param tres instables dont les variations plus ou moins spontan es peuvent avoir des cons quences n fastes et dont il faut surveiller en permanence et avec attention les modifications de rythme et d efficacit L analyse strat gique devrait disposer cet effet d un appareil de veille et d observation v ritable tableau de bord dont les l ments actuellement utilisables sont essentiellement statistiques trop partiels en tout cas insuffisants L engrenage d mographique Le second param tre majeur de la situation est d mographique Tant que lhumanit tait peu nombreuse et la terre vide ce qui fut la r alit jusqu au milieu du XX si cle moins de trois milliards d habitants en 1950 la d mographie tait un crit re brut de puissance Aujourd hui o la plan te est parvenue sinon saturation du moins un tiage raisonnable la d mographie devient un probl me ses propres quilibres ceux des soci t s comme ceux de la plan te sont remis en question Le caract re principal de la d mographie contemporaine est le grand nombre celui de 58 PR CIS DE STRAT GIE l ensemble humanit et celui des pays les plus peupl s comme l Inde et la Chine
171. r l inexplicable et combler tous les vides que le maigre savoir initial humain est bien incapable de remplir Ce sont les croyances puis les religions qui vont jouer ce r le majeur dont l importance sera croissante dans les soci t s mesure que se poseront des questions sans r ponses et que les religions prendront ascen dant sur les autres facteurs pour noyauter les 46 PR CIS DE STRAT GIE organisations L ordre religieux interm diaire entre les hommes les myst res divins et les forces de la nature tentative d explication du monde et conception de la place quy tiennent les hommes s est longtemps impos et s impose encore en terre d islam comme une forme sup rieure d organisation C est lui bien plus que l ordre social qui l gitimait le politique On conna t son influence sur le comportement conomique et social des peuples comme par exemple l ancienne pr vention contre les m tiers d argent dans l glise catholique On sait aussi la part prise par l ordre religieux dans l enseignement et la formation des lites On sait enfin l influence morale sur le comportement des individus et sur les relations sociales Les religions le christianisme en particu lier ont impr gn en profondeur et aid structu rer dans la dur e les modes d organisation sociale L glise catholique a ainsi travers plus de vingt si cles et continue de peser dans tous les domaines o son influence peut
172. ract res moins d finitifs qu on se compla t le dire bien souvent La premi re diff rence dont tout d coule se r f re au syst me central de la 134 PR CIS DE STRAT GIE matrice strat gique laxe organisation projet La soci t chinoise est fond e sur l organisation Comme nous l avons soulign plus haut tout s y joue elle est la cl de compr hension des ph no m nes politiques et sociologiques ainsi que d valuation des v nements Tout y est jug au pr sent et sur un plan horizontal o rien n est jamais tr s important et se noie dans la masse un drame chasse l autre une goutte d eau dans l oc an Si on y invoque souvent le Ciel on n y attend pas pour autant une quelconque mis ri corde divine Dans ces conditions le projet n est pas d cisif il s adapte aux cycles de la vie et de la nature l eau va la mer l autre extr me la soci t occidentale sest toujours d finie par le projet parce qu elle a toujours t domin e par les id ologies religieuses ou autres Elle s inscrit sur une chelle de valeurs dans une verticalit dont l origine est religieuse et dont la finalit est le salut de lindividu L organisation lui est subordonn e laissant ainsi toute latitude l individu d y trouver sa place la mesure de ses capacit s et de son enga gement Mais sur cet axe projet organisation les positions des curseurs ne sont pas fixes et les effets d
173. ration de la bataille fondatrice de la Serbie au champ des Merles au c ur du pays kosovar le Pr sident Milosevic avait clairement affich ses intentions N gliger ou laisser faire la crise avec tous les risques potentiels qu elle rec le de d t rioration de la situation est une vidente faute strat gique Encore faudrait il tre capable non pas de l viter puisque sa nature est d tre in vitable mais de la 112 PR CIS DE STRAT GIE placer sous contr le Pour ce faire il serait n cessaire tout le moins d en tudier les sympt mes d en surveiller les pr misses d avoir son gard une strat gie de pr vention comme on le fait en m decine l encontre de certaines maladies graves C est alors que le sens positif de la crise qu on trouve aussi bien dans le wei ji chinois que dans le Kpivelv grec pourrait tre mis contribution Si la crise est in vitable et n cessaire pour les indi vidus comme pour les soci t s autant en exploiter le potentiel en utiliser l opportunit chaque chose malheur est bon pourrait on dire de la crise avec la sagesse des nations condition toutefois de savoir temps en reconna tre les signes annoncia teurs et de pouvoir en faire une alli e pour la r ali sation du projet Car il ne faut pas l oublier quelles que soient les circonstances ce qu il importe de r aliser ce pour quoi nous faisons soci t
174. re invivable notre plan te terre ils concernent notamment la d gradation de notre lieu de vie mais ils affectent aussi lorsqu ils se traduisent par des in galit s criantes et des d sordres anarchiques une bonne partie de l humanit Ce regard enfin lucide et largement diffus doit nous faire comprendre la n cessit d abandonner notre vieux projet commun de d veloppement fond sur l exploitation de ressources limit es et la consommation illimit e de biens Les techniques disponibles aujourd hui et imaginables demain en termes d nergie de transport d alimentation autorisent de nouvelles approches pour laborer un projet alternatif qui respecte les quilibres naturels satisfasse les besoins de justice de libert et de dignit de tous les hommes Il pourrait alors s inscrire dans la dur e et permettre l humanit d ouvrir une nouvelle page de son histoire 68 PR CIS DE STRAT GIE M thode Il s agit du cinqui me l ment celui qui vient couronner l ensemble et qui fait l originalit d un syst me strat gique par rapport un autre c est le dao des Chinois c est le process des Anglo Saxons c est la d marche la fran aise Lorsque tenants et aboutissants les deux extr mes moyens et fins causes et cons quences du syst me sont actualis s et rassembl s que sont remplies toutes les condi tions de l action reste une question cruciale comment faire C
175. rieurs il lui reste adminis trer quitablement le d veloppement entre provinces de l Est et de l Ouest et parvenir le r guler pour viter d excessives distorsions qui risqueraient de le conduire dans le foss C est cette aune que sera jug e la capacit strat gique chinoise En effet dans un pays de plus de 1 3 milliard d habitants dont les carts de niveaux de vie entre les villes et les campagnes sont de l ordre de 1 10 l harmonisation de la soci t chinoise slogan du Pr sident Hu Jintao est un gigantesque d fi Selon ses traditions strat giques la Chine utilise la mondialisation conomique de fa on subtile liant les avantages qu elle en tire ceux de ses parte naires selon la formule tr s strat gique gagnant Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 125 gagnant employ e l envi par tous les dirigeants chinois en sapprovisionnant directement la source en techniques et technologies de pointe en s ins rant financi rement dans le tissu conomique mondial en nouant des relations politiques privi l gi es avec la plupart des pays de l ex Tiers monde pour lesquels elle repr sente un nouveau mod le Elle ne peut affirmer sa traditionnelle centralit noyau dur de sa conception strat gi que quen maintenant une stricte organisation collective l int rieur du pays m me si celle ci est fond e sur un syst me
176. rons n cessaire ment sur ce point central lors de l laboration des axes futurs de la strat gie Ainsi le champ strat gique n est ni donn ni impos c est un artifice m thodologique On pourrait effectivement laisser faire et abandon ner cette dialectique des moyens et des fins au rythme des v nements et selon les lois de la nature Mais d s lors qu intervient la volont humaine d influer sur le cours des choses alors la strat gie est son expression par laquelle d marche et processus doivent tre facilit s et mis en uvre Au minimum pour avoir un sens qui corresponde Pesprit des hommes l action doit tre encadr e sinon conduite et dirig e Invariants Malgr le s rieux et la rigueur auxquels incite le m canisme strat gique passage oblig pour aller de l id e m me d action son entreprise et ventuel lement son aboutissement on voit bien que la complexit des l ments en jeu comme les al as des circonstances peuvent faire d raper tout moment cet ordonnancement th orique S engager dans le champ strat gique n est pas ais Certes il y a la ligne d objectifs mais ils sont par d finition loin tains et situ s au del d une zone in vitable de brouillard Comment dans ces conditions ne pas s garer en rase campagne sur ce territoire vaste 90 PR CIS DE STRAT GIE parfois mar cageux toujours dangereux en raison des obstacles impr vus et des advers
177. s facteurs au service de finalit s l gitimes Ainsi le projet de d veloppement initi par Deng Xiao ping en 1979 la politique de r forme et d ouver ture avait pour objectif dans un d lai de cinquante ans environ 2030 de rendre la Chine le rang qui tait le sien dans le monde de 1820 o constituant 20 de la population mondiale elle produisait alors un cinqui me de la richesse plan taire Le projet strat gique lorsqu il est formulable consiste tout simplement retrou ver l ordre normal des choses la grande diff Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 123 rence du projet occidental qui a toujours vis changer le monde En l occurrence le projet strat gique chinois peut se lire la fois comme la saisie d une opportu nit l effet de la mondialisation et comme un engrenage vertueux Ce projet devrait permettre en s appuyant sur le g nie chinois du commerce de passer du sous d veloppement 1 de la richesse mondiale au d but des ann es 1980 l mergence environ 5 et le troisi me rang mondial en 2008 puis au rang de grande puissance 20 du PIB mondial attendu vers 2030 voire de puissance dominante cette ch ance Cet engrenage selon un mode cyclique et port par la croissance mondiale consiste dans une premi re phase partir d une s rie de zones franches portuaires situ es sur la fa ade de la mer de C
178. s sont trop nombreuses trop complexes d pass es avant m me d avoir t vot es Du m canisme strat gique qui servait de support et de cadre la d marche de l action il ne reste plus grand chose d utilisable Certains des outils de la bo te y ont conserv une valeur certaine mais usage limit et pour des int r ts particuliers d tourn s de leur fonction d int r t g n ral Sans queue ni t te et le corps disloqu l h ritage strat gique du monde occidental est en cours de naufrage Non seulement il n est pas en mesure d apporter une aide la conduite des soci t s modernes mais il est galement incapable de faire une lecture pertinente du ph nom ne de crise Crise des civilisations Contrairement la th se d fendue par Samuel Huntington qui suppute un choc des civilisations et qui a par l le m rite de tenter la reconstruction d un paradis strat gique perdu les diff rentes civilisations ce que nous appelons ici plus simplement les soci t s sont effective ment en tat de choc mais interne et d chacune pour ce qui la concerne leur inadaptation la modernit et au bouleversement des syst mes Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de la strat gie 107 qu elle provoque Ce qui para t le plus vident aujourd hui en observant le monde c est bien la crise des civilisations Toutes les soci t s partagent
179. s d mographiques Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 59 par leur ampleur p sent lourdement sur les quili bres sociaux et conomiques obligeant tous les syst mes sociopolitiques concern s modifier leur organisation Par tous ces aspects la d mographie s impose d sormais comme une question strat gi que majeure La prolif ration des acteurs Un l ment d terminant et nouveau de la situation du monde en ce d but de mill naire consiste dans la multiplication et la diversit des acteurs tati ques supra et extra tatiques Le nombre et la qualit des acteurs tatiques sont en cours de trans formation rapide et rendent en partie obsol tes des instances internationales con ues la fin de la deuxi me guerre mondiale la mont e en puis sance parall le de multiples organisations non gouvernementales et entreprises multinationales devrait conduire r viser une gouvernance mondiale qui mest plus repr sentative de la r alit et du poids des acteurs Les acteurs tatiques sont pr s de 200 ils n taient que 120 l issue des ind pendances en 1960 et moins de 60 avant la deuxi me guerre mondiale Ils sont le produit de la dislocation des empires ils sont aussi l expression de la grande diversit des peuples et la concr tisation du droit de ceux ci disposer d eux m mes Malgr le prin cipe oppos de l intangibilit
180. s doute de fa on outranci re dans la litt rature strat gique moderne comme l picentre de cette probl matique sa fina lit est trop restreinte limit e qu elle est une tech nique au mieux un secteur d activit s La multiplicit des constituants strat giques exigerait qu exist t un point de vue de Sirius sorte d observatoire g n ral dont jusqu pr sent le poli tique obs d par le court terme ma pas vu la n cessit et dans lequel le technicien sest bien gard d investir trois sous Faute de mieux aujourd hui restons en donc l tat car malgr ses d fauts ses carences et ses faiblesses il a le m rite d exister Tant que nous ne serons pas parvenus inventer mieux il sera indispensable Peut tre vaudrait il mieux d ailleurs plut t que de s apitoyer sur les objets strat giques perdus tenter de les r former et de les faire voluer pour retrouver des acteurs majeurs et l gitimes qui puissent deve nir les sujets strat giques du futur Lointain projet et vaste programme que nous gardons en perspec tive mais dont l ambition d passe largement le cadre de cet essai 8 PR CIS DE STRAT GIE Bo te outils de la strat gie Pour r sumer et donner un avant go t des id es qui seront propos es plus loin il faut indiquer quelques points initiaux essentiels D abord la strat gie hors consid rations partisa nes ou guerri res n est autre que la m thode qui
181. s exercer qu il s agisse des affaires du monde ou de la vie des soci t s le charisme du pape Jean Paul II et la fin du commu nisme europ en le pros lytisme des glises vang liques am ricaine cor enne dans les soci t s asiatiques Pour sa part l islam d montre son emprise intacte sur la vie quotidienne des popula tions musulmanes Modes de vie rites et croyances constituent ainsi la trame initiale des organisations sociales Cultures Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 47 et organisations sont troitement li es d s l origine des soci t s elles sont ensuite ins parables Lors que la culture initiale est forte et influente elle s incruste se r pand et se p rennise au fil des si cles elle devient une civilisation caract ristique d une soci t travers les ges et cette civilisation ne meurt que lorsque la soci t qui la sous tend dispara t ou est d truite comme celle des Am rindiens preuve que son organisation tait insuffisante maintenir ses fonctions premi res On peut en d duire deux conclusions La premi re est que l organisation est aussi immuable que la culture qu elle vit et meurt avec elle qu elle n volue qu en fonction de changements culturels profonds et non coups de r organisations ou par d cret la colonisation a montr cet gard les limites de l influence
182. s finalit s est de pouvoir les inscrire dans un avenir probable Si ce sont des utopies elles seront par d finition inat teignables mais pourront par la fascination qu elles exercent entra ner sur des voies dangereuses Si ce sont des v ux pieux personne de s rieux ne sy laissera prendre et les actions pour peu qu elles soient entreprises s enfermeront dans des impasses Mais les hommes sont incorrigibles ils courent toujours apr s des chim res et seules les utopies parviennent les faire r ver ce titre la paix et le bonheur resteront l horizon ind passable du genre humain Il serait donc vain de nier le carac t re ir nique et virtuel de toute finalit qui s inscrit dans un projet collectif humain en m me temps il faut s efforcer au r alisme Entre un futur proche dont les contours sont perceptibles et un avenir lointain dont les finalit s sont incertaines il y a place pour toute une gamme d objectifs qu il convient de d cliner pour les inscrire dans une logique des finalit s 82 PR CIS DE STRAT GIE La d clinaison des objectifs consiste int grer ceux ci dans le cadre espace temps de l action en les rendant ainsi plus proches et plus visibles donc moins hypoth tiques et moins virtuels Si on veut bien consid rer par exemple la volont affirm e de mettre hors d tat de nuire tous les totalitarismes qui veulent asservir le genre humain et qui sont ainsi contraires ses id
183. s probl mes chez ses voisins Le syst me militaire se pr te volontiers ce mode d action y accroissant son influence sur le destin du pays y acqu rant souvent la possibilit de se confondre avec le pouvoir politique ou m me de se l approprier Rien de plus organisateur en effet que le militaire attach par vocation la protection des int r ts vitaux caract ris e par la d fense voire l agrandisse ment du territoire v ritable mesure du pouvoir soucieux d assurer sa s curit par l implantation de garnisons et de places fortes mais aussi d en faire une base op rationnelle en le quadrillant de routes et de ponts comme le firent les l gions romaines Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La matrice strat gique cinq l ments 49 puis de voies ferr es et autres infrastructures logistiques oblig de structurer l tat pour son propre fonctionnement avec la n cessit de dispo ser de ressources humaines financi res et techniques conduit enfin pour lui m me se penser en tant qu organisation pour la pr paration de la guerre la formation des soldats et la conduite optimale des op rations De ce point de vue l ordre militaire a t un mod le d efficacit Mais cette logique politico militaire mest pas tenable car elle finit par s opposer aux int r ts long terme des soci t s On a vu o elle menait les empires au XX si cle ce qui se construit
184. s produits qui entra neront le changement de cap Fusion nucl aire hydrog ne rayonnement solaire etc autant de sources consi d rables d nergies disponibles qu on finira par ma triser co ts raisonnables mais seulement par la volont et les investissements des pouvoirs publics car la plupart des producteurs actuels d nergie p troliers en particulier ne sont pas press s de s y engager ny voyant pas leur int r t imm diat Dans lattente de ces r volutions nerg tiques qui d cideront de lavenir une autre r volution est en cours depuis quelques d cennies qui transforme les donn es du probl me strat gique celle de Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 181 l information Elle ouvre les portes qui restaient ferm es jusqu pr sent et dont la fermeture avait oblig le m canisme strat gique s articuler du haut vers le bas L absence d information du moins sa raret et sa monopolisation par le pouvoir avaient en effet contribu verticaliser le syst me strat gique y conf rer au chef un poids donc une autorit d mesur s L informa tion d sormais abondante et surtout disponible modifie cette superstructure monovalente Elle permet de savoir ce qui tait secret cach confus et de le constituer en base de donn es fiable l intuition du chef et la part de hasard qui lui tait associ e peuvent e
185. s qui ont pour but de progresser et d atteindre de nouveaux quilibres La crise est donc parfaitement normale elle est m me n cessaire et parfois souhaitable 110 PR CIS DE STRAT GIE Mais elle pr sente un caract re original c est qu elle ne provient pas du syst me spontan e ou provoqu e elle va au contraire contre le syst me Dans une structure ordonn e tout est agenc pour que l tat de normalit perdure Si la crise survient cela proviendra de ses constituants mais pas de la structure On veut dire par l que contrairement au r gime paix guerre initi et tenu en mains par le pouvoir c est dire par le haut du syst me la crise va na tre d un dysfonctionnement ou d une volution mal ma tris e d un ou plusieurs l ments du syst me elle viendra du bas Dans l ordre international les crises paraissent plus graves souvent m me antichambres des conflits parce qu elles mettent en jeu des forces parfois consid rables et le destin d une nation parce qu elles entrent aussi dans un jeu de r les entre des acteurs galement impr visibles la crise internationale n est pas une maladie b nigne il ny a pas non plus de rem de courant Peut tre y a t il d ailleurs son gard confusion sur les termes S agissant de la situation en Irak les observateurs emploient fr quemment le mot crise pour la d noncer alors qu on y est manifestement en guerre depuis plus
186. signe le vainqueur elle r actualise alors la hi rarchie des uns et des autres et cela sans contestation possible puisque la force ultima ratio a parl La pens e strat gique occidentale fix e sur la guerre a t juste titre obnubil e par cette confrontation des intelligences selon la formule de Beaufre Elle s est consacr e la recherche des voies et moyens qui pouvaient conduire un r sul tat victorieux c est dire la d faite de l autre Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 147 la fin du xx si cle la disparition de l autre non comme acteur strat gique mais en tant qu ennemi guerrier vide l objet strat gique habi tuel de son contenu Sans ennemi la pens e sur la guerre n a plus de sens Sans la guerre le statut de l autre est remis en question Exit la guerre exit l ennemi mais le probl me de la violence inh rent aux hommes et aux soci t s demeure entier Ce n est pas en cassant le thermom tre qu on fait bais ser la fi vre Ni pens e ni ma tris e cette violence a m me tendance sinon cro tre ce qui para t difficile eu gard aux sommets atteints dans la d mesure au XX si cle mais se m tamorphoser La violence s est d abord diversifi e attaquant toutes les formes des activit s humaines commencer par l conomie devenue complexe et vuln rable puis l information depuis l mergen
187. sivit Et derri re celle ci non critiquable et saine en soi se r v lent au moindre cart les diff rences culturelles mais aussi plus gravement le nationalisme d une part qu on peut d guiser habi lement en patriotisme conomique et les pratiques ind licates d autre part comme le dumping et autres malhonn tet s Il y a une certaine hypocrisie et une grande fragilit dans les liens commerciaux et dans les relations internationales en g n ral Les uns comme les autres sont particuli rement sensi bles aux v nements l assassinat de l archiduc Fran ois Ferdinand d Autriche Sarajevo en juin 1914 en tant le meilleur et tragique exemple Les nations restent ir fine mues par leurs seuls 194 PR CIS DE STRAT GIE int r ts leurs serments d amiti sont trop souvent des trompe l il la tromperie faisant partie au plus haut degr de l art du g n ral selon Sun Zu On en revient aux fondamentaux de la strat gie Ce qui est en cause dans agir ensemble c est l Autre Cet ensemble qui est la condition primordiale de l action ne dit pas comment il se r alise avec pour ou contre l Autre S il est toujours confrontation d intelligences peut il ne pas tomber dans l hostilit cette opposition de contraires si motivante et excitante pour l acteur plac face un tel d fi La strat gie peut elle chapper la guerre De la fa on dont cette ques tion sera pos e des r
188. t Cette exigence n est plus respect e de nos jours Nous sommes entr s les pays de civilisation occi dentale en tout cas dans une p riode qui se prolonge de vacuit strat gique la pens e de l agir y est devenue quasiment inexistante Sans caricatu rer la situation on peut toutefois tenter de l expli quer Ce vide a une cause g n rale l aspiration cyclonique qu a d clench e la modernit et une origine plus particuli re la fin de la guerre froide avec l extinction de l antagonisme id olo gique qui structurait et rationalisait les rivalit s de Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Introduction 3 puissance Cet an antissement strat gique provient d un brutal changement de paradigmes signe d une mutation sans pr c dent dans l histoire des hommes le monde ne nous est plus directement compr hensible En quelques ann es les objets strat giques habi tuels et familiers comme la guerre sont devenus impraticables ou ont disparu sous l avalanche des effets chaotiques de la modernit Lobjet crise lui m me sympt me principal de cette mutation et qui r pond des crit res risques complexit chaos incorrectement d finis et per us n gative ment est mal identifi et souvent d consid r Par la force des choses les sujets strat giques qu taient les tats dont les arguments majeurs depuis trois si cles r si
189. t internationale Il faut ensuite l identifier et la d fi nir pour en faire un v ritable objet strat gique en lui donnant un cadre et les attributs qui la carac t risent Pour pouvoir en distinguer les sympt mes leur apparition il est n cessaire d en inventorier les causes par un tat des lieux ce qu en langage strat gique on appelle une appr ciation de situation Il sagit de la premi re phase d un long processus qui consiste rechercher le plus en amont des v nements les fondamentaux stables les inva riants sur lesquels la crise n a pas de prise et partir desquels on pourra poser les jalons d une analyse strat gique passage oblig pour laborer une strat gie de crise Il s agit en fait de d terminer les voies praticables pour accompagner et guider le changement Avec humilit et vingt cinq si cles plus tard il faudrait r inventer un Livre des muta tions qui r ponde plus clairement que l original le Yi Jing aux questions majeures pos es par notre poque 152 PR CIS DE STRAT GIE Appr ciation de situation Penser la crise cest d abord y int resser puis la prendre pour ce qu elle est la manifestation aigu des changements auxquels les soci t s modernes doivent s adapter Ces changements s entrecho quent provenant la fois de la nature des choses et de leur volution spontan e de la mise en uvre des techniques et des mutations qu e
190. t me cono mique actuel En effet pour associer ces exclus du banquet mondial c est dire faire passer les revenus par t te de l ordre de 500 dollars 6 000 ou 7 000 dollars consid r s comme le seuil de l mergence le co t en mati res premi res et les d g ts sur l environnement seraient tels que cet objectif serait d finitivement inatteignable Pour suivre le projet des soci t s survivre et vivre mieux sur la base du mod le actuel de d velop pement est devenu physiquement impossible s y acharner conduirait de grandes catastrophes naturelles et humaines moyen terme qui feront r gresser toute l humanit C est le projet lui m me qui est en cause et non les organisations qui ont t con ues pour le mettre en uvre Ne nous trompons ni d objectif ni de m thode cher cher d embl e modifier les organisations suppo s es coupables de cet hiatus ne changerait rien au probl me pos au contraire cela le rendrait inso luble R orienter le mod le de d veloppement Il faut donc modifier notre projet de soci t sans 2 perdre de vue que l objectif final reste au del de la survie de l humanit celui de la Ybert par la dignit et comme l crit Amartya Sen par un 8 y P processus d expansion des libert s r elles dont Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 173 jouissent les individus Pour parv
191. t que tel en 2008 dans un syst me organis de recueil de rensei gnements Ce type de structure pourrait tre mis en uvre par l Administration qui dispose des moyens et des comp tences mais il semble plus judicieux de sous traiter une entreprise priv e ind pendante de toute option politique en principe et soumise une obligation de r sultat par contrat 158 PR CIS DE STRAT GIE Analyse et recherche Le dispositif de collecte et d actualisation des donn es est la base indispensable de tout travail d analyse c est bien la premi re phase de la pens e strat gique Il va contribuer alimenter la recherche strat gique Certes celle ci pratique ment ignor e en France on la confond souvent avec les travaux de prospective ou d intelligence conomique est avant tout une recherche fonda mentale qui se nourrit des tudes de science politi que de sociologie de g opolitique de relations internationales Mais c est aussi une recherche appliqu e dont les objets d tude ne manquent pas s agissant des crises contemporaines L analyse ne peut d boucher sur des valuations pertinentes et utiles que si la recherche lui fournit des mod les et des hypoth ses C est justement la recherche strat gique qui si elle tait effectivement men e pourrait chafauder la batterie de crit res qui permettrait de mieux identifier les facteurs de crise de d finir les limites et donc le cadre de ce
192. te num ration les trois exigences tant prendre dans le m me temps et avec autant d importance C est alors qu il va falloir voir le monde avec d autres yeux pas seulement en Occident dont le syst me pourtant si puissant est en panne et dont le mod le aussi fascinant soit il encore est condamn mais en Orient aussi en particulier en Chine o pour la premi re fois de leur histoire et sans esprit de revanche les Chinois vont devoir composer avec le reste du monde C est une question de vie ou de mort pour toutes nos soci t s personne ne pouvant s en sortir seul nous sommes embarqu s sur la m me plan te et soumis un destin commun Pour que le monde de demain ne soit ni am ri cain ni chinois ventualit s que les trois quarts de l humanit ne souhaitent nullement mais simplement humain nous devons voluer de concert agir ensemble vers un mod le mixte o seront associ es les qualit s des uns et des autres si possible en cartant leurs inconv nients les plus notoires L volution de la crise vers des solutions consensuelles se situe l dans l acceptation d une Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 169 voie m diane qui ferait autant appel au sens inn de la m diation chez les Chinois qu au l gendaire activisme des Am ricains sans oublier l huma nisme des Europ ens ainsi que les caract r
193. tion afin de r accorder projet et temps Elle doit se traduire aussi par une meilleure compatibilit des divers temps culturels Avec la g n ralisation du calendrier gr gorien un pas important vers l harmonisation Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 189 mondiale a t effectu nous pouvons vivre travailler et agir en temps universel Cela dit la notion du temps demeure encore aujourd hui une des cl s de distinction des cultures entre le souci de long vit des uns Chinois et ath es et le d sir d ternit des autres Occidentaux et chr tiens la conception de la vie de l homme de la soci t de la politique qui donne corps l ensemble diff re Se fixer des objectifs communs de long terme devrait chemin faisant d clencher des rapproche ments sur ces sujets essentiels Limites et r gles du jeu Le deuxi me l ment qui a t mis mal par la crise autant que par l id ologie lib rale est celui qui comprend les r gles du jeu et les limites lignes fronti res du syst me Dans le bon sens lorsque des fronti res artificielles comme le rideau de fer ou le mur de Berlin se sont croul es ou lorsque des interdits archa ques qui emp chaient le libre exercice des libert s sont tomb s ou encore lorsque des barri res tarifaires et autres qui freinaient les changes de biens et de personnes ont t abolies Dans
194. tours de son action Le chemin unique n est pas suffisant Il faut donc pr parer des itin raires qui comportent plusieurs chemins possi bles et dont le variantement passage de l un l autre soit rendu possible en toutes circonstances et tout moment C est ainsi quen m me temps que l engagement direct ou frontal doit tre toujours envisag e une entreprise indirecte qui puisse la compl ter ou la relayer C est dire que par principe il faut maintenir deux fers au feu savoir s engager sans br ler ses vaisseaux dispo ser d une r serve conserver une solution de rechange etc recommandations dont il faut aussi savoir que l Autre adversaire ou pas aurait grand tort de se priver Cela signifie que pour tendre vers le but projet aucune solution ne doit tre n glig e sauf se priver de possibilit s d action et donc de chances d avancer vers le but Nous Pavons dit plus haut ce stade le strat ge ne devrait pas avoir se soucier de morale celle ci tant partie int grante du projet Non seulement tous les moyens doivent tre mis en uvre pour atteindre le but poursuivi 70 PR CIS DE STRAT GIE mais aussi toutes les voies possibles doivent tre r pertori es et le cas ch ant emprunt es pour y parvenir Sinon quoi bon agir Ce point est capital et il met en question le probl me de la d cision Si d cider c est couper les ponts tra
195. tout sa culture ses certitu des et ses esp rances On travaille avec un fonds culturel qui est fait de jalons d ancrages qui sont autant de points de rep res mais rien d autre C est dire que le m canisme strat gique d faut d autre chose est une aide indispensable et qu il faut tout mettre en uvre pour le pr server Chapitre 4 MODERNIT ET CRISE DE LA STRAT GIE e m canisme strat gique tel qu il s est consti L tu au XVIII si cle europ en par sa rationalit et son troite adaptation aux r alit s de l poque sest montr d une exceptionnelle efficacit Son exigence d ad quation comme son it ration perma nente entre fins et moyens ont d clench un engre nage vertueux source de progr s technique et politique d un bord l autre de l chiquier strat gique Facteurs de la modernit Dans le vaste domaine des moyens en cherchant optimiser les choix et obtenir le meilleur rende ment le m canisme strat gique a favoris l inven tion de nouveaux proc d s et la production de masse De nouvelles sources d nergie vapeur sen 2 F r lectricit carburants ont d cupl puis remplac la seule force humaine elles ont permis de multi 2 2 plier les techniques innovantes et d acc der en 94 PR CIS DE STRAT GIE moins de deux si cles ce quon appelle aujourd hui le d veloppement Celui ci se traduit par l a
196. tre interpr tation pas si loign e de la strat gie militaire dans la mesure o elle consiste confronter deux volont s dans le domaine tr s volatil des sentiments et travers un jeu de s duction dont la mise en sc ne le cadre et l ambiance sont des l ments d terminants Il y a l aussi une sp cificit de ce type de strat gie dont Stendhal mieux que quicon que a su jalonner les tapes et d crire les ph nom nes Mais elle prouve surtout que toute strat gie pour relationnelle qu elle soit mest pas n cessaire ment guerri re L poque moderne a vu na tre de nouvelles formes de strat gies l image de la strat gie mili taire elles se sont partout impos es l o les th o ries existantes taient devenues insuffisantes int grer tous les effets de la modernit l o la technique ne parvenait plus prendre en compte les cons quences de son propre d veloppement Tous les secteurs d activit s humaines sont concer n s mais c est d abord vrai dans les entreprises dont les enjeux n cessitent l int gration de donn es complexes et changeantes humaines technologi ques financi res thiques etc C est encore plus Dunod La photocopie non autoris e est un d lit la Probl matique agir ensemble 19 vrai pour celles qui sont sp cialis es dans les finan ces ou dans les m dias dont les moteurs monnaies et informations sont li s d
197. ts du syst me Agir dans notre conception est orient vers le projet quant l ensemble il suppose d embl e une organisation celle des ressources disponibles dans ce but aussi bien humaines financi res que techniques tout ce qui peut nourrir l action et faire en sorte que de projet virtuel elle devienne chemin faisant une r alit La strat gie au sens d agir ensemble peut alors se d finir comme la d marche par laquelle une organisation r alise le projet qu elle a con u Coh rences Il faut non seulement que ce que nous appellerons d sormais le syst me strat gique soit quilibr les fonctions tant clairement r parties dans la triade fins moyens d marche ou dans l ensemble politique technique strat gique mais aussi qu il soit enti rement d di et tendu vers l action Cette unit d orientation repose sur ce que le G n ral Lucien Poirier appelle le tr pied syst mique et qui comprend les trois obligations organisation information nergie L organisation na de sens et de valeur que si elle correspond un projet elle doit y tre consa cr e et rien ne doit len d tourner On n organise pas un groupe humain pour la rigueur de l organi gramme ni pour la souplesse des articulations 32 PR CIS DE STRAT GIE hi rarchiques mais dans un but bien pr cis On narticule pas les compagnies d un r giment pour d filer sur les Champs lys es mais
198. ts et combinaison des moyens ne sont pas en ad quation c est dire situ es dans la m me perspective l entreprise n a alors que tr s peu de chances de r ussir Cette d clinaison est galement indispensable pour recueillir l adh sion des acteurs ceux ci ont certes besoin de r ver mais ils sont aussi sensibles au concret et ont besoin de voir le r ve s accomplir ou du moins de sentir que les choses sont en marche L immobilisme si contraire la nature humaine d saccorde les soci t s de leur environnement Le mouvement leur est indispensable mais dans la perspective d un projet et dans le cadre de programmes aussi pertinents que r alistes Pour convaincre s il faudra toujours des id es et des discours mieux vaut encore des r sultats D marche et champ strat gique Peu importe qu il s agisse d une d marche volonta riste ou d un processus m canique l itin raire est identique il s agit d organiser ou faciliter le passage des moyens aux fins leur dialectique inces sante l alchimie n cessaire la transformation progressive des premiers et la red finition perma nente des secondes C est l que se situe le c ur de 84 PR CIS DE STRAT GIE l action engag e d s lors dans un champ strat gique qu il convient maintenant de cadrer et de d finir 2 LA D MARCHE STRAT GIQUE Combinatoire D clinaison Pour que la transformation puisse s y op rer l
199. ugmentation quantitative des biens de la p nurie et d une conomie r duite au strict n cessaire on passe labondance et la complexit L une fit acc der au facteur nombre comme l ment r v lateur de la modernit l autre oblige l organisation des moyens discipline scien tifique qui va prendre une importance strat gique majeure Dans l ordre militaire Carnot inventa le syst me divisionnaire premier stade de la capacit de maniement du nombre et d autonomie des forces Napol on cr a entre autres le train des quipages pour assurer la logistique des forces structures et soutien des arm es d sormais nombreuses et complexes ne cesseront ainsi de faire appel l inventivit des organisateurs pour suivre le d ve loppement incessant des techniques et des arme ments Dans l ordre conomique longtemps calqu sur l ordre militaire il en va de m me avec la cr a tion de l entreprise moderne et son volution permanente en fonction des nouveaux moyens disponibles Lessor technique a impos l organisa tion et en a fait une des clefs de la strat gie La technique a surtout permis un changement d cisif celui de s affranchir du cadre espace temps conventionnel gr ce au facteur vitesse Deux mille ans apr s la phalange grecque ou les l gions romai nes l arm e napol onienne se d pla ait toujours Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Modernit et crise de
200. ulations comme le pros lytisme religieux Cela dit et compte tenu de ce que les modes de vie urbains pour les deux tiers de l humanit auront tendance s uniformiser la mise en valeur de certains l ments communs d organisation lections repr sentations syndi cats associations etc ne pourra que faciliter ce que nous recherchons la capacit d agir ensemble des soci t s elle ne pourra ainsi qu acc l rer la d marche vers un projet unique Dunod La photocopie non autoris e est un d lit La reconstruction strat gique 179 Quant l organisation politique le d bat devrait tre ouvert Si le lien tabli par les Occi dentaux entre le fonctionnement du march et la d mocratie est av r en revanche il ne semble pas exclusif le d veloppement rapide de pays asiatiques dirig s par des r gimes jug s peu d mo cratiques selon nos crit res en fait la preuve On peut d ailleurs se poser la question de savoir si nos d mocraties lib rales auront suffisamment d auto rit politique pour initier et conduire les change ments d orientation des soci t s tels qu ils ont t envisag s plus haut et tels qu ils paraissent indis pensables moyen terme Cela dit ne nous faisons pas d illusions les r gimes politiques sont profond ment ancr s dans la m moire des soci t s et dans les fondements des organisations La d mocratie lib rale appara t bien comme un pur produit de
201. un sens plus contestable lors que ce mouvement de bascule d une r glementa tion tatillonne un lib ralisme d brid a t brutal et excessif L origine du chaos actuel se trouve dans cette d r gulation sauvage tendue quasiment tous les domaines d activit Elle a 190 PR CIS DE STRAT GIE entra n des abus et provoqu de vives r actions on reconstruit des murs pour tanch ifier des fronti res ou marquer la limite de deux mondes Isra l Palestine tats Unis Mexi que ensembles r sidentiels et monde ext rieur etc on essaye de contr ler sinon l acc s du moins le contenu d Internet Chine on conso lide les subventions l exportation on r tablit les quotas l importation pour contourner le libre changisme quand il devient d favorable cas de la politique agricole La d r glementation que pr ne l id ologie lib rale laisser faire le march suppose que toutes les soci t s soient parvenues un stade de d velop pement identique et que dans la pratique elles soient toutes galement vertueuses ce qui est peu probable avant longtemps Partout o triomphe cette id ologie o le seul m canisme du march est invoqu elle fait en m me temps des appels du pied tous les tricheurs et pr dateurs de la plan te elle conduit des exc s et n fine des situations de crise aigu Partout elle a affaibli les tats devenus impuissants
202. urants de la vie physique et sociale en stockant les vivres en se prot geant des rigueurs du climat en transmettant des savoir faire etc Ce projet est banal commun toutes les organisations sociales il repr sente les stades primaires du niveau de d veloppement des soci t s essentielle ment agraires et devenues s dentaires D s ces premiers stades la soci t commence s organiser en fonction de ses moyens et de ses objectifs de sur vie Cette organisation aussi sommaire soit elle par ses seuls effets va progressi vement d gager des marges de man uvre b n fi ciaires en termes d espace et de temps de ressources et de capitaux Elles vont permettre de s engager sur la voie du vivre mieux L intelli gence progressivement et partiellement lib r e des t ches primaires peut alors se consacrer l am lio ration du futur la mise en marche du progr s Cette rupture qui est celle de la modernit permet d chapper l imp ratif du pr sent et d inverser le temps du bonheur esp rant d sormais dans un avenir meilleur plut t que de chercher retrouver un mythique paradis perdu On passe alors d un projet fini connu limit celui du possible un projet par d finition illimit dans l espace et dans le temps mais encore raisonnable car attach la 40 PR CIS DE STRAT GIE connaissance celui du souhaitable Ce passage au troisi me stade du projet est important
203. urbanisation acc l r e et l abandon des modes de vie et des valeurs rurales un nouveau type de soci t est en train de na tre dont il faut configurer les crit res Avec la mondialisation et les d s quilibres d mo graphiques un mouvement de m tissage est enclench qui sil est g r convenablement par les politiques publiques devrait gommer ou att nuer certaines des caract ristiques originales des soci t s 178 PR CIS DE STRAT GIE La d mographie travers ses divers aspects est une arme puissante de r organisation des soci t s Le second facteur prendre en compte est l ducation Ce levier est galement du ressort des pouvoirs publics C est dans la formation des indi vidus que r sident les clefs de Pavenir les choix qui y sont faits en mati re d enseignement de p dagogie de recherche permettent de mettre l accent sur les savoirs les plus utiles au nouveau projet de soci t ils sont en outre la base du syst me de s lection des lites aile marchante de toute r forme Le syst me de formation est le creu set ou le mouroir de l agir ensemble le lieu o se forgent ou non les ressorts de la soci t future Il est vrai qu il n y a pas et qu il n y aura pas avant longtemps d organisation sociale type Les caract res originaux des soci t s l emporteront toujours sur leurs facteurs communs et c est heureux ainsi sauf en faire des instruments de conqu te des pop
204. urs dans les divers domaines notamment finan ciers mais dont le r le est sp cifique au domaine d int r t M me additionn es et recoup es ces diff rentes sources ne sont plus suffisantes aujourd hui pour disposer d une information compl te et objective sur l tat du monde Or l analyse strat gique requiert non seulement la connaissance de tous ces param tres mais en outre leur actualisation r guli re sinon perma nente Un tel recueil des donn es ne supporte pas l peu pr s et n cessite d tre commandit sinon organis par la seule structure qui y soit totalement int ress e et qui dispose de la gamme des moyens l tat Le probl me se pose dans des termes assez semblables au niveau des entreprises mais compte tenu de leur taille et de leur sp cificit celles ci sont amen es d l guer tout ou partie de ce travail d analyse s agissant de l intelligence conomique des structures externes ad hoc Le recueil des donn es doit se consacrer en priorit aux acteurs Etats ONG multinationales autres acteurs mergents ou souterrains La fragmentation du monde et la multiplication rapide des divers 154 PR CIS DE STRAT GIE acteurs 200 tats 2 000 ONG importantes 5 000 multinationales conduisent d abord une d concentration des actions tout en entra nant de nombreuses interf rences entre les acteurs lesquelles rendent encore plus complexe l imbrog
205. us concerne tous ISBN 978 2 10 053585 9 www dunod com RIC DE LA MAISONNEUVE est pr sident de la Soci t de Strat gie et directeur de la revue AGIR G n ral de division 25 il dirige un s minaire de strat gie la facult Jean Monnet Sceaux Paris XI et enseigne dans diff rentes coles et universit s Il est l auteur de nombreux ouvrages et articles sur les questions strat giques B 8 0
206. utre Quant au niveau strat gi que il n a utilit que pour tablir la relation entre Pun et l autre le projet et le r el en aidant rendre possible ce qui est souhaitable en particu lier en donnant son unit et sa coh rence au syst me cr ant ainsi une d marche Le politique proc de par choix le technique par 14 PR CIS DE STRAT GIE d cision le strat gique en tant qu interm diaire se doit de faciliter leur double implication dans l action de faire en sorte que les d cisions techniques servent les choix politiques Il existe ainsi une trinit dont les moyens techniques et les fins politiques sont les tenants et les aboutis sants et dont la d marche strat gique constitue le lien indispensable Voil qui donne une premi re id e de Particula tion du syst me et rend possible la conception de son architecture Dans un premier temps celui de l laboration du projet la relation entre le politique et le strat gique a pour objet d tablir la maquette du projet ses grandes lignes et sa faisabilit en fonction de trois crit res principaux correspondance aux besoins ad quations aux moyens respect des contraintes de l environnement Le deuxi me temps est celui de la communication il faut alors pr voir par une batterie d arguments et d informations d alerter tous les acteurs impliqu s et de les solliciter pour la mise en uvre du projet Le troisi me temps s
207. uvel horizon strat gique C est partir de cette situation qu il faut remettre notre ouvrage sur le m tier commencer par l accepter comme telle puis par chercher la comprendre enfin par tenter d en ma triser les tendances les plus dangereuses celles qui pourraient conduire au chaos La crise est en effet ambivalente comme nous l avons vu au chapitre 4 Ici c est son caract re n gatif qui retient l attention Puisqu elle s insinue dans tous les domaines des activit s humaines de fa on jusqu pr sent impr vue et selon des modes Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Penser la crise 149 souvent in dits elle peut profitant des vuln rabili t s de syst mes soumis aux tensions des facteurs de la modernit et leurs interactions d clencher des ph nom nes cumulatifs De la crise au chaos il y a un engrenage fatal D s que la crise d passe un certain seuil dont il est par ailleurs difficile de pr ciser les modalit s de franchissement les v ne ments chappent tout contr le ils interf rent de fa on al atoire pour atteindre une situation chaoti que non ma trisable et parfaitement a strat gique C est donc en amont au minimum au stade de convergence des facteurs de crise qu il faudrait pouvoir intervenir Contrairement la guerre voulue et d clar e souvent pr par e de longue date voir les mises en sc ne hollywoodiennes des Am ricains pour l
208. ux ci par leurs effets surprenants d rangeants et impr vus cartent d une ligne strat gique ma tri s e Malgr les apparences d efficacit ils renfor cent la crise dans ses aspects chaotiques Ce qui para t n cessaire en l occurrence c est de rendre sa coh rence au temps Cela consistera essentiellement harmoniser les temporalit s de plus en plus divergentes entre lesquelles voluent les acteurs eux m mes plac s sous l influence de vitesses courants flux acc l rations tr s varia bles Le premier d entre eux le politique suit son propre rythme qui est celui des lections 4 Gans en moyenne 5 ans pour les ch ances majeures en France il est pourtant cens tre le ma tre des horloges et c est dans son orbite et selon sa capacit autorit harmoniser que les autres temporalit s doivent s articuler Comme par un fait expr s il se trouve mi chemin entre les deux temporalit s extr mes qui affectent la sociolo gie et la technologie L une suit l volution lente des mentalit s li e la rel ve des g n rations scan d e de fa on immuable tous les vingt ans la limite peut elle tre acc l r e par un syst me d ducation volontariste et ou par le d veloppe ment rapide de nouvelles technologies de l information celui ci est effectivement rapide puisqu il atteint en lectronique un doublement des capacit s tous les 18 mois selon la loi de
209. vers facteurs d volution Comment dans ces condi tions penser l impr visible comment r duire cette 22 PR CIS DE STRAT GIE fracture qu impose la diff rence de temporalit s Contrairement tout ce que les profanes attendent de la strat gie nous serons donc oblig s par honn tet de ne formuler que des hypoth ses et encore pour y parvenir faudra t il que ces hypo th ses soient fond es sur des l ments durs des d nominateurs communs ce que nous avons appel des invariants et qui sont indispensables la solidit et la coh rence de l action Agir suppose en outre que soient remplies un certain nombre de conditions D abord d tre libre de faire de ne pas tre enferm au point initial de pouvoir bouger c est essentiel Ensuite d en avoir les moyens c est dire de pouvoir techniquement se mettre en mesure d atteindre les objectifs souhai t s ce qui n cessite de d clencher une dynamique Enfin dy tre accompagn et favoris par les circonstances il faut que les vents soient porteurs et que le chef ait une bonne toile Au contraire de faire n importe quoi agir strat giquement n est jamais simple et n est jamais ni donn ni acquis Il faut donc le vouloir r solument autant que pouvoir le faire La probl matique de P ensemble n est pas plus simple puisqu elle fait r f rence aux acteurs et pose la question centrale de l afi rit Celle c
210. x n ont jamais fait myst re de leurs id aux humanis tes de leur souci de libert et de leur tentation universaliste Et ils disposent pour parvenir ces fins de moyens techniques tout fait consid rables C est pourquoi l horizon d une vingtaine d ann es lorsque les deux courbes chinoise et occidentale auront tendance se rejoindre l humanit traversera sans doute une zone de turbulences Il semble m me sur le plan de l analyse strat gique si rien d ici l ne vient modi fier ces tendances que le choc des g ants c est dire une confrontation sino am ricaine soit cette ch ance l hypoth se la plus probable Dans limm diat ce qu il importe d valuer et qui d cidera des orientations futures c est l apti tude de chacune de ces strat gies tirer parti de la situation actuelle et ma triser ce que nous avons appel la crise Dans ce contexte souvent la limite du chaotique o il faudrait savoir compren dre la nature des choses d m ler l cheveau de la complexit et savoir anticiper les v nements pour viter les r actions en cha ne et la surprise il appa Dunod La photocopie non autoris e est un d lit Strat gies compar es 141 ra t avec une certaine vidence que la strat gie chinoise est plus souple plus tol rante et donc mieux adapt e aux circonstances que la strat gie occidentale Dans le syst me chinois la crise est int gr

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