James Rosenquist : temps — espace — mouvement
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1. Article James Rosenquist temps espace mouvement gt Andr Vigeant Vie des Arts n 51 1968 p 58 61 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 58234ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 23 James Rosenquist temps espace mouvement par Andr Vigeant de la Galerie nationale du Canada Des critiques et historiens d art ont fait du art classification la fois simpliste et englobante une cole d un nombre d usagers de l imagerie banale qui t moignent beaucoup plus d une similitude d esprit que de technique Warhol Dine Wesselman et tous les autres ont chacun leurs mani res bien pe2. la densit 1 poursuit cette veine dans Forest Ranger 1967 install au Palais Grassi Venise en 1967 Les dimensions d cette pi ce sont si imposantes qu il est difficile de se pro mener autour d elle Ce n est qu en y p n trant que se r v le la multiplication de l es pace par la transparence la superposition la d couverte active des plans et de leurs images Le spectateur ne suit pas un parcours trac mais il emre o il est pouss aller Tout le sens de la vue per oit et ressent l uvre le point de vision central tout aussi importante la vision p riph rique Le sens du toucher vient ajouter la sen sation visuelle par le ir lemem des bandelettes qu faut carter pour circuler La couleur joue le r le de catalyseur accentuant ou d truisant l effet de l espace ou d autres couleurs Les jambes de l homme dans ntit eg 1962 aux tons d lav s bon dissent vers l avant alors qu il existe dans le tableau des l ments plus vivement color s Rosenquist respecte pas les proportions telles que nous les avons tablies dans notre esprit entre les images qui composent ses ensembles Ceci la de l espace et oblige le spectateur un nouvel examen des notions acquises Comme le visionnement du tableau dure car l itin raire que l il doit suivre pour tout le poss der est relativement long l artiste introduit la notion de temps qui devient celui de la participation acti
3. pi ce Ce serait une erreur de voir dans l uvre de Rosenquist qu un commentaire social Sa production ne releverant alors que de inventaire du chroniqueur Or il est pr occup par l espace indissociable de son usage de la couleur de la notion de temps et de mouvement l met toutes les techniques l preuve dans cette investiga Il He l id e d espace au concept de l environnement qu il exploite physique ment par la toile de grandes dimensions et psychologiquement par utilisation de couleurs et d images appropri es 7 7 7 de 1965 toile de 86 pieds de long couvre les quatre murs d une pi ce entoure compl tement le spectateur et le plonge dans l at d termin e par le peintre 11 peut m me alors se passer du grand format et atteindre son but l action est lanc e En variant l angle de vue pour chaque image du tableau vues de face de trois quarts l envers en plong e il disperse le specta teur simultan ment divers endroits qui font ressentir ce dernier l espace comme une exp rience r ellement physique L artiste projette quelquefois des parties en avant de la surface du tableau Elles apparaissent tant t en relief tant t elles semblent r int grer le plan de la toile Il affirme et nie la fois des moyens picturaux la notion d espace en profondeur Capillary Action 1 1962 illustre ce point Le m me ph nom ne la disparition ou le relus d une dimension s
4. 533 4 Painting der the American Nagin 1962 B Huile sur toile 80 2210 202 24 53 c t du cin ma qu il faut aller chercher des influences ils ont pu y d couvrir des sibilit s et des implications Les expressionnistes abstraits aussi avaient besoin d u grande surface pour que leur geste ne soit g n La grande toile est la fois collecti et intime elle peut tre per ue par plusieurs simultan ment et parce qu elle remplit champ de vision d un spectateur lui appartenir en propre En soufflant l chelle I tiste joue avec la perception psychologique autant que physique par les taches mes de couleur par les gros plans 11 s agit de participation communautaire et indr duelle Remplir son il est le meilleur moyen de saisir une r alit Combien de fi a t on dit un enfant Eloigne toi de la t l tu te feras mal aux veux apprenait par Immersion Ce qui me semble le plus important c est que l artiste par la juxtaposition d l ments les plus disparates o il m le l intime au public le m canique la natu l humain au v g tal impose une nouvelle chelle des valeurs celle o tous l ments qui composent notre monde sont sur le m me pied d galit et affecte galement l quilibre total C est un essai vers galit non vers l uniformit Com une classification par importance est alors impossible l ordre du monde est sa directement sans l interm diaire l ordre des mots qui
5. e de ses travaux L artiste avouait lors de l inauguration que c tait pour lui la premi re occasion de constater une continuit dans son uvre ses toiles se vendent habituellement mesure qu il les peint et il les perd souvent de vue Hosenquist fait l apprentissage du langage pictural comme tudiant et peintre d affiche On a parl beaucoup trop peut tre de l influence de cette derni re occupa tion Certes la technique y est m me jusqu la perfection acad mique Elle n en demeure pas moins le v hicule de la sensibilit de l artiste et de ce qu il veut expri mer Celui ci parle souvent d change orient occident occidentalisation des orien aux orientalisation des occidentaux En Am riqu ph nom ne a gagn surtout la classe intellectuelle Je crois que la cl de l uvre de Rosenquist r side l une pe s e profond ment influenc e par la philosophie orientale l approche int rieure contenu se cache derri re cette facade la mode publicitaire l approche visue de la pr sentation me para t plus difficile d tablir un rapport troit entre le spec teur et une uvre de Rosenquist avec les autres artistes cause de l vidence images employ es et du mode d emploi La publicit et le panneau r clame n ont pas donn la toile de grand format les peintres am ricains c est entre autres sources parce qu il y en a plus d une i 3
6. e est plac e devant la toile et peinte de facon dispara tre s le spectateur la visinnne d un point pr cis o les couleurs de la Tumbleweed Fil barbel plagu chrom et proc d s divers Collection Castelli Gallery New Fort chaise coincident avec celles de la toile Cette apparition disparition d place l uvre entre la surface de la toile et le spectateur elle d crit un espace variable et ind fini Depuis 1966 Rosenquist abandonne les images multiples limitant son sujet un seul l ment dont le grossissement la prise de vue compliquent identification dans certain cas Deep Pile et Waco 1966 sont de cette veine ainsi que Pole dont il a d j t question Que retirer de tout ceci D abord que Rosenquist en s attaquant aux canons tablis repousse les fronti res de l art 11 pr sente une uvre plastique approfondie des exp riences sans cesse renouvel es adresse une invitation pressante se d faire des pr jug s en envisageant le pr sent tel qu il est qu le refuse par le retour des valeurs d pass es ou non c est avec ce pr sent que l on pourra mieux se r aliser participant l ordre du monde Un double but est atteint par ces images couleurs sur le plan psychophysique Les uvres de Rosenquist sont comme les anecdotes qu il raconte en r ponse aux questions qu on lui adresse Leur propos apparait quand on y met le effort que l artiste fil
7. e reproduit dans l exploration des trois dimensions Capi lary Action 11 avec la pr sence d un arbre v ritable de la lumi re au n on de parues projection se pr sente comme une uvre en deux dimensions qui doit tre vue de face Par contre Tumbleweed 1963 constitue un usage formidable de la lumi re qui accentue avec l opposition entre la masse des pi ces de bois et le fil barbel lacca parement d un espace beaucoup plus tendu que celui d fini par les strictes dimen sions physiques de la sculpture Cette recherche dans le domaine spatial l amena rarement plus loin que dans Ae Swallowed the Chain 1963 o des pi ces de toile brute peinte de plastique peint la mam re expressionnist sont reli es par des ficelles un noyau central et de celui ci une tige de bambou plac e verticale ment en avant de la toile Stellar Structure innove et ouvre une dimension toute nouvelle l artiste Ily traite du mouvement r el la pi ce est faite de bandes de Mylar sur lesquelles les images sont peintes dispos es sur plusieurs plans qui se coupent Les mouvements de l air suffisent animer les bandelettes et faire vibrer l ensemble Le spectateur peut p n trer dans la structure devenir un l ment additionnel al atoire et faire vivre la pi ce L artiste comble ainsi le foss entre l art et la en permettant l entr e d un participant vivant qui vient modihier son uvre 11 conf re l espace
8. le trahit toujours autre invit la participation Quand Rosenquist d crit le Japonais typique comme un r serv en apparence mais bouillant l int rieur on sent bien qu il trace un autopi trait et qu il le fait en toute simplicit Je crois que c est dans cet esprit qu il sig pas ses toiles refusant le vedette cependant ses outils y figurent dans Wom de 1963 Vie des Arts No 36 page 36 11 expose des faits sans agressivit ni gt mes AOSENQUIST Look Alive 1961 Huile sur toile avec mimir 67 x 582 170 2 x 148 6 cm Collection Famille Harry N Abrams New York Stellar Structure 1958 sur mylar 70 x 72 727 1778 x 1829 r 182 9 cm Collection M et Mme Roger Davidson yonisme Sans ni acceptation b te mais avec cette assurance procure la sagesse Rosenquist veut pas offenser son interlocuteur si dernier ne partage Das son point de vue il l arrosera pas de napalm ou de bombes billes a pas besoin de l accord ou du d saccord du spectateur Pourtant 11 est lui m me impliqu Il a contribu au programme de Congress Racial Equality Rosenquist d teste le manque de naturel et d honn tet le pseudo la frime Dans Painting for the American Negro on retrouve le g teau la vanille avec gla age au chocolat les verres teint s qui le paysage la lentille polaroid ajuste ment p
9. our rendre volont le sujet plus pale ou plus fonc Cette pi ce maintenant dans une collection canadienne n a certes perdu de son propos pour avoir tranchi la fronti re vers le nord Les images diff rentes juxtapos es sur la toile en composent le sujet Le spectai ne doit pas 5 ing nier reconnaitre les uns la suite des autres les l ments r u S imaginer avoir vid la toile de son sens et passer une autre uvre II doit d cou le nouveau sujet est dire les relations qui surgissent par la juxtaposition images diverses Le rassemblement d images peut repr senter le fouillis des sollic tuons qui assaillent notre esprit par l entremise d images publicitaires dont nous sOUvenons partie per ues lorsque nous sommes en mouvement appro d une ville par exemple o l an nous invite manger tel restaurant faire le ple tel poste d essence ou porter telle marque de sous v tement L iconographie de Rosenquist a ses leitmotive l automobile la femme la nou ture sont des th mes trait s plus souvent que les autres comme des objets de production pour grande consommation ou pour remplacer des objets inaccessibles Des formes dures c tovent des formes plus sensuelles La sensualit envahit les tableaux par l entremise de formes aux contours arrondis et aux d grad s savants d tails de visages Servant de fond ou jambes constituant l l ment principal L angle de vue devient com
10. plice d voilant des moments intimes L exploitation de la sensualit est moins apparente que celle d autres sujets mais certes plus efficace cause de cela L aruficialit des sourires congel s des mains manucur es anonymes des dentitions parfaites manufactures qui font de femme une commodit nous font appr cier par l absurde les sourires vrais les mains expressives et les dents m me un peu jaunies du moins la femme temme Le pavillon am ricain l Expo 67 montrait une toile g ante 43 pieds de haut de Rosenquist Ere Pole Vie des Arts No 48 page 42 L artiste dit que cette toile avait un rapport avec les v nements du Viet Nam voit les pieds d un pompier glissant le long du traditionnel poteau mais la t te du sauveteur et l endroit o il va aboutir sont cach s est il Le champion de la libert ou l agresseur O t 11 D fendre bonne cause ou prot ger des milliards investis chacun de d brouiller la situation donc force nous est d y penser alors m me que tout un syst me bien rod et que mille opinions diverses en embroullent l issue R quisitoire pour l honn tet et la franchise que le personnage s identifie qu il d finisse l action dans laquelle 11 est engag 1 fait le proc s de tout un peuple de l humanit enti re Et m me l comment en tre s r que l artiste ne nous l impose pas de force peut chafauder un expos quivalent pour chaque
11. rsonnelles 115 utilisent des images vues et revues r pandues par les moyens de communication de masse t l vi sion p riodiques affiches pour forcer toute une soci t r agir au visionnement de leurs uvres lettrage publicitaire bandes dessin es bo tes de conserve enfin le r pertoire Produit par excellence de cette civilisation dite de 1 science et d NS gs la technique mais qui se manifeste comme nulle autre sur le plan artistique le pop art et en particulier l uvre de Jim Rosenquist peut tre appr ci par le specta teur s il saisit la dialectique et la dualit de la pens e de l artiste et de la pr sen tation des pi ces Ces images fracassantes publiques de tout repos superficielles suscitent des r actions silencieuses intimes inqui tantes profondes Rosenquist est bien repr sent dans les collections canadiennes La Galerie na uonale du Canada a acquis deux pi ces majeures Painting for the American Negro 1962 63 et CapiNary Action 1963 Deep Pile 1966 Stellar Structure 1966 Circles of Confusion 1965 66 tont partie de collections particuli res Toronto La lithographie intitul e Fol Down 1965 66 figure l inventaire de 1 Gallery of Ontario L exposition de 32 peintures gravures et sculptures de l artiste en f vrier dernier la Galerie nationale tant la plus importante r trospective jamais organis
12. ve qui rend impossible d abstraire les parues du tout c est un tour de force de pouvoir r ussir ceci dans une toile comme 77 7 Pour tracer succinctement volution de Hosenquist apr s qu il e t adopt le nou veau r alisme et ses images il laut dire que les stades de cette volution ne sont pas imperm ables et que des caract res voyagent de l un l autre De plus il revient p rig diquement des uvres tridimensionnelles Ses premi res toiles tendent vers la monochrome du blanc au noir en passant par toute la gamme des gris 11 introduit des couleurs peine perceptibles comme sur les doigts des gants et des mains de Flower Garden 1961 o autour du visage f minin de Fhe Light That Won t Fail I de la m me ann e qui ajoutent un c t insolite une atmosph re d j dramatique La disposition des images dans des cadres g om triques plac s c te c te est encore rigide Puis ces images seront d barrass es de leurs cadres et elles volugront hbrement non seulement juxtapos es mais aussi sup rpos es comme dans Mhe Lines Were Deeply Erched On the Map of her Face 1962 Les tableaux se colorent ensuite de plus en plus vivement jamais cette explosion de couleur ne deviendra cependant agressive l instar d autres artistes de la m me cole Rosenqust utilise des objets dans ses Euvres et mieux que quiconque 11 sait amalgamer le ready made l objet trouv et l objet peint Dans Director 1964 une chais
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