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Résumé - Papyrus - Université de Montréal

1. la fin du mois ou de r A x r 102 l ann e ou m me apr s plusieurs ann es 102 Ce qu on a appel la crise des sub prime aux Etats Unis en 2008 fut en partie caus e par des achats de propri t s des prix exorbitants et des produits hypoth caires taux croissants ou taux nuls pour les premi res ann es 226 Figure 3 Les investissements pr sentent des structures d allocation diff rentes Il y a videmment toutes sortes de formules et il est souvent difficile de s y retrouver Mais en g n ral les investissements impliquent de payer maintenant et de recevoir plus tard Aussi un agent peut exhiber un probl me de faiblesse de volont m me en prenant une d cision d investissement Si une femme fait pression sur son mari pour qu il investisse une partie de leurs revenus dans un fond de retraite celui ci peut choisir un plan mensuel qui n implique qu une somme minimale et qui par cons quent leur offrira moins de revenus pour leurs vieux jours Mais il n est pas n cessaire d tre contraint faire un investissement pour qu une allocation de ce type soit engendr e par une d cision akratique D cider d investir une partie de ses revenus au lieu des les d penser maintenant n est pas un choix akratique D cider d investir dans un plan qui implique le minimum en co t de renoncement actuel au lieu d un plan plus avantageux sur le long terme est probablement akratique Dans
2. eeeeeeeeececeeeeteeeeeeneeeeeeeeeeeestaeeeeseneeeeenees 195 8 1 3 Des avantages consid rer la faiblesse de volont comme la violation d une intention 197 8 1 3 1 D cider entre des options incommensurables ou indiff rentes cecceceeesceceesneeeeesneeeeesteeeeseeeeeeens 8 1 3 2 Une place pour la force de volont 8 1 3 3 L absence de conflits internes 8 1 3 4 Akrasie tout court et stricte akrasie des sous cat gories en partie exclusives 8 1 3 5 Compatibilit avec des proc dures d cisionnelles vari es 8 1 3 6 La stigmatisation des pisodes de faiblesse de volont 8 2 Quelques difficult s pour la th orie de Holton 8 2 1 R viser et interpr ter une intention et lui d sob ir 2 eee eeeeeeeeeeneceeeeeeeeeeeeeeeeeseaeeeessneeeeenees 8 2 2 Des probl mes avec la notion d intention 8 2 3 Des cas qui restent inexpliqu s 8 3 CONCIUSION Rd ee re ne ENE EEE EEEE nm re ce 9 La th orie du choix intertemporelle 1 partie distribution des cons quences des d cisions akKTATIQUES Sinatra alain min laa abe 213 9 1 Vesne theorie plus generale oii iosi ai re oe seen nes Donne nent tn Tee tee taet ea ste tte ass 213 9 2 Les propri t s intertemporelles des d
3. s il agit l encontre d une pr f rence situ e la jonction de sa d cision Or cela est clairement exclu par la th orie des pr f rences r v l es 4 2 3 Les contenus goistes altruistes des pr f rences Dans la volont des philosophes conomistes et politicologues d apr s guerre d tablir des conceptions plus r alistes de la motivation humaine et une th orie plus syst matique de la rationalit pratique reposant notamment sur des principes axiomatis s et surtout d nu s de toutes r f rences aux attitudes sentimentaliste des personnes irrationnelles r sultats d tapes dans un processus de d lib ration visant identifier le choix le plus clair ou les plus avantageux Je ne nie pas d ailleurs qu il y ait un usage de l expression prima facie qui soit tranger au r sultat d tape dans la d lib ration rationnelle et qui ait plus voir avec l identification d apparences trompeuses que de propri t s r elles ou escompt es que les options sont cens es exemplifier Prima facie ce mod le automobile est plus fiable que l autre Mais apr s une recherche approfondie il s av re que ce mod le est en fait beaucoup moins fiable que l autre On peut s apercevoir qu on s est laiss berner par le caract re rutilant des pi ces apparentes par exemple Ici le jugement prima facie ne doit pas tre consid r lors de la d lib ration rationnelle ce q
4. Incoherence and Irrationality Dialectica vol 39 4 345 54 Davidson Donald 1991 Paradoxe de l irrationalit Paris L clat Davis Lawrence 1979 Theory of action New York Prentice Hall Dawes Robyn W 1979 The Robust Beauty of Improper linear models in Decision Making Psychological Bulletin vol 81 95 106 Dawes Robyn 1990 The Potential Nonfalsity of the False Consensus Effect in Insights Decision Making A Tribute to Hillel Einhorn J amp Hogarth R M dir University of Chicago Press 179 199 Dawkins Richard 1976 The Selfish Gene New York Oxford University Press 295 De Sousa Ronald 1987 The Rationality of Emotion Cambridge Mas MIT Press De Sousa Ronald 2000 Deux maximes de la rationalit motive in Emotions et Rationalit Engehrn E amp Baertschi B Verlag Lausanne Paul Haupt 15 32 De Sousa Ronald 2004 volution et rationalit Paris PUF De Waal Franz 2009 The Age of Empathy Nature s Lessons for a Kinder Society New York Emblem Editions Dennett Daniel 1996 Kinds of Minds New York Brockman Devin Henry Aristotle on Pleasure and the Worst Form of Akrasia Ethical Theory and Moral Practice 2002 5 3 255 270 Dodd Dylan 2007 Weakness of Will as Intention Violation European Journal of Philosophy vol 17 1 45 59 Dutton D amp Aron A 1974 Some evidence for heightened sexual attraction
5. l horizon temporel du court terme Par souci de simplicit les deux allocations exemplifient des moments de plaisir et des moments de d plaisir contigus Les cas r els pr sentent des profils exp rientiels bigarr s o la portion temporelle correspondant au court terme est parsem e d instants de plaisir et de d plaisir Le diagramme montre que si l on d cide de s abstenir d aller chez le dentiste alors qu on a manifestement un probl me dentaire important on opte pour une allocation dont les cons quences positives se concentrent dans la portion correspondant au court terme tandis que les cons quences n gatives seront prouv es sous forme r siduelle sur une p riode 224 subs quente Le plaisir d coulant d une abstention serait initialement intense il peut commencer au moment o l on pensera prendre une d cision et non seulement au moment o l on prend effectivement la d cision et d croitra jusqu atteindre la fronti re de l tat hom ostatique neutre puis d choira dans un d plaisir croissant Ici l horizon du court terme est videmment variable et d termin souvent vaguement par la nature et l tendue des allocations ainsi que les allocations ou plans d ensemble plus globales dans lesquelles elles s inscrivent Le court terme l int rieur d une journ e n est pas le court terme l int rieur d une ann e Pour l exemple qui nous int resse l horizo
6. l achat mais ayant un rendement nerg tique m diocre alors qu il sait qu il y en a de l g rement plus co teux mais beaucoup plus performants il exhibe un souci plus grand pour les cons quences court terme le co t imm diat vs les co ts futurs Ici comme ailleurs l escompte du futur est r v l par les choix effectifs d allocation intertemporelle Dans les cas de faiblesse de la volont les agents exhibent de la m me mani re une pr occupation plus grande pour les cons quences h doniques temporellement rapproch es Mais ce n est que le d but de l enqu te Une analyse fine des motivations qui sous tendent ces choix doit nous permettre de distinguer les cas d akrasie des autres d cisions Aussi cette analyse devrait nous fournir la base n cessaire pour juger l hypoth se de l irrationalit pr sum e de la faiblesse de volont 10 1 2 1 L escompte hyperbolique du futur un trait caract ristique motivationnel de l akrasie Les conomistes ont cru pendant longtemps que les agents devaient escompter le futur selon un taux n gatif mais constant en l absence de modification significative des go ts de l agent des opportunit s disponibles pour lui et de sa capacit de jouissance Depuis la publication des premiers travaux sur les choix d allocation chez les pigeons de Rachlin et Green au d but des ann es 1970 les th oriciens en psychologie ont commenc mettre en doute le caract r
7. pour jouer ce rdle L escompte du futur repr sente synth tiquement l ensemble des 10 T pourrait arriver cependant que des pisodes de faiblesse de volont soient motiv s en premi re instance par des attitudes r trospectives Je peux d cider de succomber la tentation de fumer une cigarette alors que j avais pris la r solution d arr ter pour me punir d une faute morale pass e Je ne sais pas si ce n est toutefois qu une possibilit th orique sans r el fondement empirique 111 C est depuis la publication des travaux fondateurs d Irving Ficher 1930 1970 et de Paul Samuelson 1937 que les conomistes et les psychologues synth tisent les attitudes prospectives dans un seul et unique taux d escompte bien que les premiers travaux sur les attitudes prospectives en conomie remontent aux publications de Rae Senior et Jevon Ces 242 consid rations orient es vers le futur pertinentes pour choisir une allocation plut t qu une autre En d autres mots l escompte du futur est le r sum synth tique de l ensemble des raisons qui font que nous nous pr occupons davantage des cons quences r alisables certains moments du temps plut t qu d autres D ailleurs si la position temporelle des cons quences distribu es est un facteur de choix pour un agent qui escompte le futur leur rapprochement graduel du moment pr sent modifiera par le fait m me leur valeur C est pour cette raison
8. si c est ce que j avais bien s r en t te lorsque j ai form pour moi m me cette r solution Si je prends la r solution de ne jamais manger une deuxi me portion de dessert j exclus de 191 l ensemble des activit s que je ferai l avenir la consommation d un dessert dans les p riodes o j en ai d j mang un Les politiques individuelles que sont les r solutions sont n cessaires parce qu elles visent non pas des activit s isol es mais des habitudes On peut d cider de s abstenir de fumer dans la soir e mais on peut galement d cider de ne plus fumer fout court auquel cas l injonction s appliquera un type d activit non index au temps Je pense que la mention de pr f rences atemporelles dont l usage est critiqu par Heath vise la plupart du temps identifier un motif pour adopter une politique individuelle prenant la forme d une r solution J arr te de fumer parce qu il est pr f rable de ne pas fumer 8 1 1 1 La nature des intentions selon Bratman L une des propositions centrales que Bratman d fend dans son ouvrage classique ainsi que dans les ouvrages et articles subs quents consiste dire que les intentions les plans et les r solutions sont des tats mentaux qu un agent peut former sur la base de ses croyances et de ses d sirs mais ne se r duisent pas pour autant ses attitudes propositionnelles Les intentions rel veraient plut
9. une quation deux variables telles que x y 0 Il existe plus d une solution possible Dans le cas des pr f rences je peux apercevant Julien courir poursuivit par un ours expliquer son comportement en stipulant qu il pense qu un ours le poursuit et qu il d sire manifestement sauver sa peau ou en stipulant qu il pense qu un agent du fisc le poursuive pour fraude et qu il d sire manifestement chapper au fisc etc Lorsque nous attribuons des pr f rences aux agents nous le faisons partir de toute une s rie d hypoth ses auxiliaires relevant de variables contextuelles ex Julien a sans doute vu l ours et non contextuelles ex Julien a une tr s bonne vision et du principe de charit qui vaut que les agents ont la plupart du temps des croyances et d sirs rationnels Or toutes ces hypoth ses sont exclues lorsqu on d cide de se baser uniquement sur les choix effectifs des agents 95 4 3 7 Empirisme naif D ailleurs les probl mes d ambigu t et d ind termination sont tributaires d une sorte d empirisme naif qui se contentant des choix effectifs comme base d inf rence des pr f rences ne nous permet pas de faire des pr dictions non triviales Si un agent choisit a alors il pr f re faire ou obtenir a Si nous souhaitons pr dire ce que choisira un agent tout ce que nous pouvons dire c est que s il pr f re a alors il choisira a Or l utilit d une th orie des p
10. v nements virtuellement r alisables est le crit re qui permet de trancher entre des alternatives galement attrayantes Dutton et Aron ont concoct une exp rience ing nieuse dans laquelle deux groupes d hommes recevaient un num ro de t l phone provenant d une jeune femme inconnue qui leur demandait de l appeler ult rieurement Au moment de la demande les hommes du premier groupe vacillaient sur un pont suspendu alors que ceux du second avaient eu le temps de traverser le pont et avaient donc les pieds sur la terre ferme La jeune femme re ut une quantit significativement plus importante d appels venant du premier groupe L explication de cet cart r side dans le fait que si l on veut la r alisation d un sc nario qui se produira dans un avenir plus ou moins lointain on se base sur les caract res positifs ou n gatifs ainsi que sur le degr de saillance des sensations internes que produit son imagination en fonction de ce sc nario Or bien que cela soit une proc dure d cisionnelle relativement fiable elle comporte des risques de m sinterpr tation Dans l exp rience de Dutton et Aron les hommes attribuaient tort la sensation de chatouillement qu ils prouvaient l interaction qu ils avaient avec la jeune femme et non l interaction qu ils avaient avec le pont chancelant 8 Voir section 5 1 1 8 Dans quelle mesure nous pouvons avoir un contr le conscient sur nos activit s pilot es par des heur
11. J aborderai l hypoth se de la maximisation au prochain chapitre J entends montrer qu il s agit d une hypoth se erron e bas e sur des arguments faibles et que par cons quent elle ne peut pas non plus servir justifier le scepticisme l gard de la stricte akrasie Les raisons qui m nent au rejet de la maximisation nous am nent galement reconsid rer la conception Standard 1 Quelques probl mes avec l hypoth se de la maximisation et ses cons quences pour la conception Standard La vie est l art de tirer des conclusions suffisantes de pr misses insuffisantes Samuel Butler 7 1 Conceptions triqu es du processus d cisionnel et hypoth se de la maximisation Les conceptions du choix rationnel dans la th orie conomique moderne et en philosophie reposent sur une hypoth se fondamentale savoir que les agents rationnels sont des maximisateurs ou des optimisateurs Bien que nomm e ainsi que depuis une p riode assez r cente on la trouvait d j exprim e en filigrane dans Le Protagoras de Platon Cette hypoth se sert de trames de fond aux d bats opposant les partisans de l internalisme et de l externalisme motivationnel et oriente en partie ceux ci En effet la conception Standard mentionne explicitement que l akrat s d cide l encontre de son meilleur jugement comme si la recherche du meilleur choix tait une condition de la rationalit pratique En fait si la faib
12. Loewenstein George Out of control Visceral influences on behavior Organizational Behavior and Human Decision Processes vol 65 272 92 Loewenstein Goerge amp Small Deborah 2007 The Scarecrow and the Tin Man The vicissitudes of human sympathy and caring Review of General Psychology 11 112 26 Martignon L amp Hoffrage U 1999 Why does one reason decision making work A case study in ecological rationality in Simple Heuristics That Make Us Smart Gigerenzer Gerd amp Todd Peter amp the ABC Research Group dir New York Oxford University Press 119 40 McIntyre Alasdair 1990 Is Akratic Action Always Irrational in Identity Character and Morality O Flanagan and A Rorty eds Cambridge Massachusetts MIT Press 379 400 McIntyre Alasdair 2008 Conflicts of Desire in Weakness of Will from Plato to the Present Hoffmann T dir Washington The Catholic University of America Press 276 91 McLeod P amp Dienes Z 1996 Do fielders know where to go catch the ball or only how to get there Journal of Experimental Psychology Human Perception and Performance vol 22 531 543 Mele Alfred 1987 Irrationality An Essay on Akrasia Self Deception and Self Control New York Oxford University Press Mele Alfred 1987 Irrationality New York Oxford University Press 299 Mischel W Shoda Y amp Rodriguez M L 1989 Delay of gratifica
13. P repr sente une qualit observable on peut inf rer que x me semble tre P Or x peut ne peut pas tre P mais me sembler tout de m me tre P Le second point n est pas n cessaire mais s inscrit bien dans une tradition pist mologique qui aime les d bats sur le solipsisme et le fondement de la connaissance Selon Heath postuler des apparences dans l esprit des sujets rel ve d une confusion sur le sens des termes Lorsqu on utilise des expressions comme cela me semble bleu cela m apparait tre une gamme ascendante ou encore je sens que c est pointu c est qu on 206 veut attribuer nos rapports un statut pist mique plus faible que quand on utilise des expressions comme c est bleu c est une gamme ascendante ou c est pointu On sugg re notre interlocuteur que notre rapport est plus ou moins fiable et qu il devrait le prendre ou non avec un grain de sel Pour ce qui est du risque d erreur syst matique Heath se sert de l argument de Sellars pour rejeter cette possibilit L argument est simple si nous croyons syst matiquement que ce qui par exemple est dans la r alit vert mais est en fait transparent c est que le concept que nous utilisons n est pas celui de transparence mais celui de vert propos des intentions Heath avance que les philosophes qui les posent comme des entit s mentales sont coupables de la m me confusion que
14. a propos e Davidson pour solutionner le probl me 6 2 1 Le statut causal de la connexion une question de degr Soutenir que les meilleurs jugements peuvent avoir une connexion interne ou externe avec les d cisions ou les actions repose implicitement sur une conception causale particuli re et simpliste de la motivation Un partisan de l internalisme soutiendra que le meilleur jugement entra ne causalement la r alisation d une d cision s il est sinc re et que l agent est effectivement capable de le faire Un externaliste soutiendra que cet effet n est pas Cela permet galement Davidson de respecter son crit re causal de l agir et d viter du coup de faire des comportements akratiques des actions non intentionnelles compulsives ou pilot es exclusivement par le syst me automatique 127 causalement n cessaire et requiert la r alisation de certains autres processus mentaux pour avoir r ellement ce pouvoir causal Or cela repose sur une confusion On suppose de part et d autre que si l on arrivait a prouver qu une d cision ou qu une action r elle n est pas conforme a un meilleur jugement sinc re alors cela impliquerait que celui ci est causalement inerte et que pour cette raison on devrait le consid rer comme tant externe alors qu en fait les jugements peu importe o ils se situent dans la d lib ration sont des facteurs de d cision Si un agent prend une d cision ou agit l
15. ailleurs souvent confondues avec les actions ou le comportement Il en r sulte une compr hension appauvrie du ph nom ne m me concernant notre compr hension de la motivation Comme je l ai montr au pr c dent chapitre identifier les propri t s pertinentes des choix akratiques ne m ne cependant pas la formulation d un crit re pour la faiblesse de volont Il s agit de conditions n cessaires mais non suffisantes Une analyse compr hensive et d taill e des motivations faire de tels choix devrait fournir la pi ce manquante pour tablir un crit re Pour ce faire on ne devrait pas mettre l emphase uniquement sur le jugement de l agent et ses param tres cognitifs comme ce fut le cas pour une bonne partie de la tradition philosophique mais identifier les param tres d sid ratifs d sirs pr f rences volitions motifs plaisir et souffrance d anticipation et normatifs heuristiques et r gles d cisionnelles des proc dures expliquant les choix akratiques Paradoxalement c est parce qu on a port initialement attention aux propri t s des choix qu on en arrive a une conception plus riche de la motivation Si l on ne se contente que d examiner les 239 motivations on en dressera un portrait incomplet D ailleurs ce qu on peut reprocher aux analyses qu on trouve dans la litt rature philosophique est qu elles mettent exclusivement l accent sur le fait qu une d cision
16. en administrer une dose qu on soit un toxicomane ou un patient qui vient de subir une op ration qui contr le dans une certaine mesure son administration comme c est maintenant le cas dans bon nombre d h pitaux o on laisse les patients s administrer des doses de morphine En revanche on procrastine lorsque vient le temps de s administrer des antibiotiques mauvais au go t des moments o l on se sent bien et dont les cons quences b n fiques ne sont pas aussi importantes au d but du traitement Les approches conceptuelles qu on trouve dans la litt rature philosophique se concentrent exclusivement sur le fonctionnement et les caract ristiques des processus 10 D ailleurs une des hypoth ses les plus probantes pour expliquer pourquoi la m thadone un d riv synth tique de l opium qui est utilis pour sevrer les h ro nomanes n est pas une substance aussi addictive que l h ro ne malgr le fait que ses effets h doniques sont sensiblement les m mes est que son temps de m tabolisation est plus long et produit donc des effets plaisants plus tard et de mani re plus diffuse En fait le temps de m tabolisation des drogues est en partie d termin par le mode d absorption L ingestion produit une m tabolisation moins rapide et engendre un profil h donique plus diffus que l inhalation et cette derni re produit une m tabolisation plus lente et engendre un profil plus diffus que l injection pa
17. est ce qu on identifie hypoth tiquement lorsqu on utilise la clause ceteris paribus 84 on a cru bon d exclure les pr f rences altruistes dans le calcul rationnel Une forme de r alisme extr me en vogue l poque affirmait que les agents sont exclusivement motiv s par des consid rations relevant ne serait ce qu indirectement de leurs int r ts personnels et que par cons quent les consid rations morales ne sont pertinentes d un point de vue explicatif que dans la mesure o elles leur procurent du plaisir ou am liorent leurs conditions d existence Bien que cette hypoth se aille l encontre de certaines de nos intuitions les plus fortes il reste ind niable que certains auteurs ont su d busquer des comportements int ress s l o il semblait y avoir pur altruisme On trouve d ailleurs dans la litt rature romanesque des descriptions fines de l attitude de personnages qui prouvent un plaisir vif dans la charit et l abn gation au point o il est difficile de dire que leur comportement est r ellement d sint ress Or bien que la th orie des pr f rences r v l es ait t initialement labor e en conomie pour expliquer le choix des consommateurs il n est pas conceptuellement n cessaire que les pr f rences doivent avoir un contenu de nature strictement go ste Nous n avons pas besoin d adh rer au mod le de l homo oeconomicus pour accepter la th orie En fait r
18. incertitude Dans ce test les sujets doivent choisir une carte dans un des 4 paquets dispos s devant eux Ils doivent effectuer au total 100 choix On les questionnait apr s les 20 premiers coups sur leur compr hension du jeu puis chaque 10 coups chaque fois que le sujet tourne une carte il obtient ou perd le montant indiqu Deux paquets impliquent statistiquement plus de pertes que de gains tandis que les deux autres offraient statistiquement plus de gains que de pertes La distribution des gains et des pertes dans les s ries est telle que les mauvais paquets pr sentent plus de gains en d but qu en fin de s rie alors que c est l inverse pour les bons paquets Pour chacun des coups on mesure la conductance de la peau pour savoir si le sujet a une r action affective Les r sultats sont importants Les sujets avec l sions ont tendance choisir les mauvais paquets en d pit du fait qu ils arrivent comprendre le jeu et qu ils savent qu il y a des mauvais paquets cette connaissance ne les motive pas choisir les bons paquets Les mesures de conductibilit de la peau de ces sujets montrent qu ils n prouvent pas d motion pendant le processus de d lib ration En revanche on observe une r action motionnelle chez les sujets normaux avant m me qu ils arrivent comprendre le jeu Ces sujets commencent d s lors choisir les paquets plus avantageux et n attendent pas de comprendre la structure des
19. objet de critiques de la part d autrui mais galement de regrets subs quents de la part des personnes qui les font Or la conjugaison de tous ces l ments fait de la faiblesse de volont le paradigme de l irrationalit pratique et pose par cons quent un certain nombre de d fis pratiques et th oriques importants 1 1 1 Les d fis pratiques les strat gies de contr le de soi tant donn la pr valence des cas de faiblesse de volont et leurs cons quences parfois importantes les d fis pratiques que pose ce paradigme de l irrationalit sont aussi sociaux qu individuels Le probl me que repr sente la faiblesse de volont est extr mement pr valent Il touche toutes les couches de la population mais divers degr s et est la racine de plusieurs probl mes sociaux d envergure comme les probl mes de sant publique les grossesses non d sir es et la non observance des ordonnances m dicales le non respect des normes morales comme celles proscrivant le harc lement sexuel Ariely 2008 les probl mes d ducation comme la non assiduit scolaire et le d crochage Pychyl Lee Thibodeau amp Blunt 2000 et les probl mes d ordre conomique comme la quasi inexistence de l pargne des m nages Akerlof 1991 et la pauvret r calcitrante Heath 2009 D ailleurs 15 20 des adultes se disent affect s d un probl me de procrastination chronique et pr s de 95 d entre eux consid rent la proc
20. occuper de sa m re malade Bien que le jeune homme ne puisse tablir laquelle de ces deux options est pr f rable il d cide n anmoins de s engager dans la r sistance Or quand vient le moment d ex cuter sa d cision il se ravise par crainte d y laisser sa vie et demeure chez lui pour s occuper de sa m re On peut sans probl me imaginer que cet homme vit un pisode de faiblesse de volont m me s il n a pas ex 198 hypothesis agit l encontre d un meilleur jugement parce que l incommensurabilit des options ne lui a pas permis d identifier la meilleure 8 1 3 2 Une place pour la force de volont Les personnes qui emploient le terme faiblesse emploient aussi l occasion le terme force pour qualifier la volont de leurs cong n res ou d eux m mes Ces termes s opposent mais partagent le m me arri re plan conceptuel Un agent a une volont faible lorsqu il r vise trop rapidement une intention la faveur de toutes sortes de consid rations qu il devrait n anmoins n gliger Mais un agent a une volont forte lorsqu il est capable de maintenir le cap dans la r alisation de son intention en d pit de tendances contraires plus ou moins fortes et qu il serait irrationnel pour lui de satisfaire Cela permet Holton de distinguer la force de volont de l opini tret L agent opini tre maintiendrait comme l agent ayant une volont forte le cap dans la r alisation de son
21. on le rejette Parfit propose de le remplacer par celui de connexion psychologique Or pour le probl me qui nous int resse la notion de proximit psychologique pourrait expliquer pourquoi nous d valuons le futur et dans une certaine mesure justifier cette attitude prospective Pour Parfit nos relations avec nos alter ego sont essentiellement les m mes qu avec les autres personnes Plus nous sommes proches d une personne plus nous sommes dispos s nous en soucier mais plus elle est loign e moins nous nous en soucions De mani re analogue plus la connexion est grande avec nos alter ego futurs plus nous sommes dispos s en tenir compte lorsque vient le temps de faire des choix Inversement moins elle est grande et moins nous nous en soucions Or comme nos alter ego situ s tr s loin dans le temps ont une moins grande connexion avec nous que ceux qui vivront dans un avenir plus proche il s ensuit que nous nous soucierons davantage de ces derniers Aussi on ne doit pas dire qu il s agit d une faute prudentielle mais seulement d une attitude aussi justifiable qu un traitement diff renci de ses proches par rapport aux trangers D ailleurs Parfit ne dit pas qu on ne doit jamais se soucier du futur mais seulement qu on doit s en soucier en fonction d une connexion avec son moi pr sent Il y a au moins trois critiques qu on peut adresser cet argument 24 Le premier concerne la port e normativ
22. tre pas un agent aux prises avec une d pendance d obtenir un niveau de bien tre optimal mais 85 Un peu comme une jeune femme qui entamerait une d lib ration pour choisir entre deux pr tendants mais qui voyant le r sultat qui se dessine tente de trouver des raisons suppl mentaires pour justifier un choix en particulier En fait son c ur a d j choisi Gigerenzer 2007 Un joueur compulsif devrait d terminer entre autres avant de faire un choix de consommation ou d abstinence la longueur des p riodes d abstinence qui offrent un potentiel maximal de bien tre au point de consommation les contextes familiaux moins vuln rables une consommation ponctuelle l tat d esprit dans lequel il doit tre pour tre en mesure de g rer les conflits familiaux qui en d couleraient hypoth tiquement ainsi que celui qui repr sente le moins de risque pour une ventuelle rechute ex ne pas aller au casino apr s une dispute ou pendant qu on vit un sentiment de spleen etc Or le manque de robustesse de toutes ces informations et surtout les inconv nients que comporte une p riode de rodage pour en acqu rir certaines et ensuite les ajuster militent manifestement en faveur de l usage d une heuristique qui comporte une clause d abstinence compl te 183 elle lui permet certainement d avoir un niveau de bien tre satisfaisant dans l ventualit o ce bien tre est en partie
23. un ou l autre des tableaux mentionn s Restreindre l tendue des opportunit s doit videmment concerner en premier lieu les options ou habitudes qui pr sentent le profil h donique qui 282 d croit le plus rapidement Par contre si un agent akratique se trouve incapable de restreindre ses options ou si le co t pour les restreindre est prohibitif ex briser son t l viseur coups de hache pour ne plus tre en mesure de perdre son temps regarder des missions idiotes il peut modifier la distribution des cons quences d coulant des choix disponibles Une modification ad quate doit porter sur la distribution temporelle des cons quences Les paris priv s et publics par exemple ne sont efficaces que si leurs cons quences potentielles sont distribu es d une certaine mani re Or lorsqu on consid re les paris comme strat gie de contr le de soi notre attention se porte sur la qualit des r compenses et des punitions et non sur la structure temporelle des distributions Un agent qui parie avec lui m me qu il r ussira accomplir une besogne dans les d lais ou s abstenir de consommer une substance devra mettre en jeu une r compense ou une punition exceptionnelle Par exemple je peux parier avec moi m me que si je ramasse les feuilles mortes sur mon terrain cette fin de semaine alors je m autoriserai dans la soir e de dimanche une triple part de g teau au chocolat chose que je ne fais habituellem
24. Cela nous permet d obtenir un ordonnancement plus d taill des pr f rences D ailleurs ces r gles inf rentielles sont si importantes pour la vie sociale qu elles sont impl ment es de mani re inn e dans le cerveau des enfants Elles font partie de ce que les psychologues appellent les th ories de l esprit soit un dispositif cognitif qui permet aux organismes de faire des hypoth ses sur les tats mentaux d autrui et d eux m mes Une avarie ou un d faut de construction rend l identification des pr f rences particuli rement laborieuse Les enfants autistes qui sont r put s avoir des difficult s attribuer des tats mentaux ne r ussissent pas le test de l orientation du regard et de la forme du rictus Lorsqu on leur pr sente une sc ne o l on voit un visage du personnage souriant qui fixe son regard sur un objet figurant dans un panier de biens disponibles et qu on leur demande ensuite de d terminer ce que pr f re le personnage ils semblent donner dans la plupart des cas des 92 r ponses al atoires Baron Cohen amp Frith 1985 Baron Cohen 1999 alors que des enfants de 3 ou 4 ans y parviennent sans probl mes Le plus trange est que les enfants autistes sont capables d identifier les objets que les agents regardent et leurs expressions faciales Seulement ils n en inf rent pas spontan ment des pr f rences Ils doivent apprendre ces r gles et faire initialement des inf rences consci
25. Clarendon Press Pears David 1984 Motivated Irrationality Oxford Oxford University Press Pettit Philip 2004 Penser en soci t Paris PUF Pettit Philip 2010 Deliberation and Decision in A Compagnion to the Philosophy of Action O Connor T amp Sandis C dir Oxford Wiley Blackwell 252 8 Pinker Steven 2000 Comment fonctionne l esprit Paris Odile Jacod Platon 1950 uvres completes t 1 amp 2 Paris Gallimard Platon 1993 M non trad Canto Sperber Paris Garnier Flammarion Platon 1997 Protagoras trad Ildefonse Paris Flammarion Popper Karl 1979 Objective Knowledge Oxford Oxford University Press Prelec Drazen amp Bodner Ronit 2003 Self Signaling and Self Control in Time and Decision Loewenstein G amp Read D amp Baumeister R dir New York Russell Sage 277 300 Proust Jo lle 2005 La nature de la volont Paris Gallimard 300 Putnam Hilary 2004 The collapse of the fact value dichotomy and other essays Boston Harvard University Press Pychyl T A Lee J M Thibodeau R amp Blunt A 2000 Five days of emotion An Experience sampling study of undergraduate student procrastination Journal of Social Behavior and Personality 15 239 54 Quine Willard V O 1951 Two Dogmas of Empiricism The Philosophical Review vol 60 20 43 Rachlin H amp Green L 1972 Commitment choice and self control Journa
26. Or il peut apr s une longue p riode d abstinence d cider d ouvrir de nouveau le dossier et consid rer qu en ne succombant qu une seule fois la tentation dans le courant du mois il maximiserait son bien tre m me si cela comporterait des inconv nients pour sa famille En effet succomber une d pendance apr s une p riode d abstinence cr e un bien tre plus intense que dans les moments o les pisodes de consommation sont plus rapproch s dans le temps T impact h donique de la consommation d un bien d un m me type ne d crit pas une courbe croissante en fonction de la dur e de la p riode d abstinence Les v g tariens disent que leur envie de manger de la viande cro t jusqu un certain point apr s avoir pris la d cision de ne plus en manger mais d cro t rapidement une fois ce point atteint jusqu passer le seuil de d plaisir 182 videmment si je souhaite former un meilleur jugement a l gard de la possibilit de m adonner a mon vice je devrai consid rer beaucoup d autres raisons Mais il n est pas clair que tant donn le fort impact h donique qu une consommation intermittente repr sente j arriverai la conclusion qu il vaut mieux m abstenir de faire une excursion dans un casino Quand on entame un processus complet de d lib ration c est qu on ne conna t pas d j la solution sans quoi on orientera de mani re biais e la recherche d
27. cette source Cette derni re r gle doit sp cifier un nombre d essais avant de retourner en mode al atoire La grandeur typique des grappes devrait nous donner des informations sur le nombre d essais que l organisme doit effectuer avant de passer en mode al atoire Plus les grappes sont petites plus petit sera le nombre d essais etc 167 L imitation est aussi une proc dure qui requiert que des conditions environnementales sp cifiques soient r alis es pour offrir des chances de succ s significatives L observateur et le d monstrateur doivent voluer dans un environnement physique ou social similaire L environnement doit tre relativement stable L imitation est profitable quand l environnement comporte beaucoup de bruits et que les cons quences des lignes de conduite ne sont pas imm diates donc assez difficiles valuer comme les choix politiques et moraux Goldstein et coll 2001 L imitation est d autant plus appropri e lorsque les co ts de l innovation sont prohibitifs Axelrod amp Cohen 1999 L efficacit de take the best ou l limination par aspect est bien document e Martignon Hoffrage 1999 Cette heuristique est cologiquement valide quand les crit res lexicographiques et leur ordre d application correspondent des structures environnementales qui exemplifient des informations non compensables qui se pr tent difficilement un traitement computationnel lin aire
28. cision d aller piqueniquer demain mais que la journ e venue il se mette gr ler j ai une bonne raison de r viser mon intention Peut tre que mon intention comprenait une clause implicite stipulant que je ne dois pas y aller en cas de mauvais temps Mais supposons qu il pleuve en fait des grenouilles j aurais une aussi bonne raison de ne pas ex cuter ma d cision initiale m me s il elle ne contenait pas de clause concernant les grenouilles Mais on peut le faire galement pour de mauvaises raisons auquel cas le terme appropri est peut tre de violer une intention et non pas de la r viser Mais qu est ce que cela veut dire que violer une intention ou de la r viser trop rapidement Selon Holton il n est pas rationnel de reconsid rer une d cision si cette reconsid ration manifeste des tendances qu il n est pas pour l agent raisonnable d avoir Si on ajoute ceci la proposition de Holton mentionn e plus haut il s ensuit que actors show weakness of will when they revise an intention as result of a reconsideration that they should not have performed that is when their reconsideration exhibits tendencies that it is not reasonable for the agent to have 1999 252 Nietzsche voyait plut t dans obstination le signe d un caract re fort 1886 107 196 Bien que cela semble terriblement vague Holton soutient que cette description saisit l essentiel de notr
29. cisionnel putatif de agent akratique Comme nous l avons vu au chapitre pr c dent il est incorrect de nier l existence de la stricte akrasie en se basant uniquement sur une th orie des pr f rences r v l es Lire les pr f rences la surface des d cisions comporte beaucoup trop de probl mes th oriques pour que cela justifie une position sceptique robuste On doit n cessairement tre en mesure de d crire les processus qui am nent les agents d cider rationnellement ou non en faveur d une ligne de conduite ou d une autre S il y a un d bat avoir sur la nature et l existence de la faiblesse de volont on doit montrer quel niveau elle est cens e se produire dans le processus d cisionnel Sp cifier ce ou ces niveaux permet non seulement de camper correctement le d bat mais galement d viter certaines sources de confusion D crire les processus d cisionnels putatifs de l agent rationnel permet aussi d identifier plus pr cis ment les conditions sous lesquelles la conception Standard pourrait tre vraie et ses cas limites La description des processus d cisionnels des agents pr sent e dans ce chapitre doit figurer en toile de fond du d bat philosophique sur l existence qui a court depuis les 50 derni res ann es Il est bien important de la comprendre parce que j aborderai le d bat comme tel dans le prochain chapitre Je ne pr tends pas que la description des processus d cisionnels
30. cisions allant l encontre de leurs int r ts mais galement d crire les propri t s des d cisions elles m mes D ailleurs en tenant compte des propri t s des d cisions akratiques le th oricien se met en meilleure position pour valuer des strat gies de contr le de soi ou formuler des indications utiles pour leur laboration 9 En d pit de leur importance th orique la litt rature philosophique ne s est pas beaucoup int ress e a la question de la nature des d cisions akratiques Aussi on doit se rabattre sur la psychologie th orique et les sciences cognitives pour obtenir des l ments de r ponse 1 2 Positions d fendues et plan du texte L essentiel de mon propos est critique mais comporte galement des th ses et des hypoth ses substantielles sur la nature des deux formes de faiblesse de volont Aussi je m attaquerai en particulier au d bat sur la stricte akrasie et ses sources J exposerai d abord chapitre 2 les premi res tentatives d identification et d explication du ph nom ne de la faiblesse de volont en particulier celles qu on trouve chez Platon et Aristote L examen des dialogues socratiques r v le un certain nombre de propositions th oriques qui sans n cessairement faire cole ont eu une longue vie Platon a d fendu une forme de cognitivisme motivationnel qui n a pas aujourd hui beaucoup d adh rents mais qui trangement semble avoir conditionn ce qui
31. de l instabilit dynamique des go ts impliquent l existence de faiblesses de volont rationnelles Et il est difficile de voir comment une conception non normative pourrait rendre compte du fait que la faiblesse de volont est toujours irrationnelle 262 akratique aurait du choisir une autre allocation que celle qu il a effectivement choisie C est un point qui n est cependant pas aussi vident qu il en a l air La difficult ne r side pas dans le fait que les agents akratiques peuvent l occasion faire des choix qui am liorent effectivement leur condition d existence Par exemple je peux succomber la tentation d acqu rir une maison luxueuse au dessus de mes moyens parce que je veux en mettre plein la vue mes coll gues de travail alors que cette maison s av rera en fait tre un placement financier tr s lucratif Comme pour n importe quel type de choix on ne mesure pas son degr de rationalit strictement en fonction de la r ussite ou de l chec de ce choix On doit examiner les raisons que l agent avait au moment o il a pris sa d cision Si l on estime qu un agent s est tromp en faisant un choix cela n implique pas n cessairement que son choix tait irrationnel On pourra le juger irrationnel uniquement si l on estime qu il avait de mauvaises raisons de faire ce choix Par contre cela n implique pas que la r ussite et l chec effectif ne jouent aucun r le dans un diagnostic de
32. des choix nous disposons de toute une batterie d indicateurs de nature h t rog ne pour conna tre les pr f rences des agents Les descriptions que les agents font de leur propre comportement sont sans doute la source qui offre le degr le plus lev de pr cision C est pourquoi on est enclin questionner les agents lorsque leur comportement nous semble quelque peu nigmatique Or la possibilit du mensonge de la duperie de soi ou tout simplement du manque de connaissance de soi m me montre les limites des comptes rendus en premi re personne d o l utilit d avoir plusieurs indicateurs Les expressions faciales et l orientation du regard sont galement des indicateurs pr cieux et nous permettent dans certaines circonstances d inf rer avec relativement peu d ambiguit s des pr f rences En fait nous nous servons bien souvent mais pas toujours de ces indicateurs en paire et de mani re s quentielle Nous observons d abord l orientation du regard de l agent nous savons alors sur quoi il fixe son attention Nous observons ensuite le rictus de l agent pour d terminer s il prouve du plaisir ou du d sagr ment Nous pouvons alors inf rer que l agent a une pr f rence ou une aversion qui est en fait une pr f rence pour viter quelque chose pour l objet de son regard On peut raffiner ces indicateurs et mesurer en plus le temps de fixation de l attention et de vitesse de formation du rictus
33. encontre de son meilleur jugement cela n implique pas que ce jugement n affecte d aucune fa on la disposition de l agent prendre cette d cision ou agir l encontre de ce m me jugement Un agent qui forme un meilleur jugement augmente la probabilit qu il prenne une certaine d cision et diminue la probabilit qu il en prenne une autre et cela reste vrai m me s il d cide de ne pas s y conformer Cela est analogue au fait que le tabac est un facteur de cancer m me chez les fumeurs qui ne d velopperont jamais de m tastases En tant que facteur d cisionnel interne le meilleur jugement a une connexion causale avec la d cision mais une connexion de nature probabiliste S il l on tient la distinction entre connexions internes et externes alors on devrait l envisager davantage comme une diff rence de degr dans la force des facteurs d cisionnels relevant de la d lib ration D ailleurs m me si un agent d cide ou agit l encontre de son meilleur jugement ce dernier continue d avoir un impact r el et observable et pas seulement sous forme probabiliste Un agent strictement akratique prendra plus de temps pour prendre sa d cision parce qu il tentera de r soudre un conflit interne Il prendra galement plus de temps pour mettre ex cution sa d cision et agira de mani re r ticente ou se montrera h sitant De plus il sera davantage dispos revenir sur sa d cision que s il n a pa
34. f rences 76 Bien que le verbe estimer ait une connotation plus cognitive que d sid rative il demeure assez neutre pour d crire l attitude valuative que les agents ont a l gard des alternatives disponibles sans sp cifier la nature des l ments de base de cette attitude On peut dans un cadre plus technique et conforme aux th ories conomiques modernes consid rer que lorsque l agent estime qu il serait mieux de choisir y que de choisir x il consulte une sorte de menu interne qui fait tat des utilit s associ es la r alisation des alternatives en lice Mais on peut interpr ter la clause estime que dans une optique plus traditionnelle comme une forme de jugement Aussi dans ce qui va suivre je me r f rerai la version CSE plus neutre lorsque je discuterai de la conception Standard 3 2 Conclusion Le r le d une conception Standard de la stricte akrasie est celui d un point de r f rence pour toute discussion de sa nature et de sa possibilit Une telle conception doit tre suffisamment pr cise et neutre pour viter les confusions et nous orienter correctement dans l enqu te philosophique et scientifique mais aussi dans les d bats et les disputes qu elle suscite Puisqu elle fut au c ur de beaucoup de discussions et qu elle est suffisamment claire la conception de Davidson est la meilleure candidate pour jouer ce r le Elle doit par contre subir quelques modificatio
35. galement me demander si les suppos es pr f rences temporelles sont aussi pures non d riv es ou aussi situ es la base de l chafaudage motivationnel des agents que certains auteurs Ainslie amp Haslam 1992 le pr tendent Je mentionnerai seulement quelques critiques parmi les plus int ressantes et les plus significatives pour le d bat philosophique J aborderai deux hypoth ses concurrentes pour expliquer l escompte hyperbolique qui sont particuli rement int ressantes La seconde des deux l est davantage non seulement parce qu elle a acquis une certaine robustesse depuis les derni res ann es mais aussi parce qu elle est susceptible de fournir un appui important aux th ories d inspiration platonicienne qui font une large part aux consid rations de nature cognitive dans l explication des d cisions akratiques 10 3 1 Expliquer la d valuation du futur ou le contr le de soi Une des cons quences qui d coulent de l hypoth se qu il y a des pr f rences temporelles pures et que c est effectivement ce qui motive les agents prendre des d cisions akratiques est que ce qui n cessite une explication est moins le ph nom ne de la faiblesse de volont que le ph nom ne du contr le de soi Ainslie et Haslam estiment que les 269 approches cognitives de l escompte hyperbolique sont insatisfaisantes parce que les informations qu un agent acquiert sur les illusions motivationnelles produites par un ef
36. gard des constituants affectifs et d sid ratifs que sont le plaisir et l attrait du plaisir pour choisir parmi eux Aussi le r le de la raison consisterait dans cette optique assigner de mani re la plus correcte possible conform ment l id al d objectivit des poids ces constituants C est pourquoi ces derniers ne forment pas vraiment le bottom rock motivationnel des agents C est plut t en amont dans la formation du jugement l gard de l intensit et de la quantit des plaisirs que se situe pour Platon ce bottom rock motivationnel Les consid rations affectives et d sid ratives jouent bien un r le dans l explication des motivations d un agent mais seulement sous forme d exhortations hortatory urge C est toujours la raison qui a le dernier mot qui m me choisit de pr ter attention ou non aux demandes des syst mes affectifs et d sid ratifs En simplifiant un peu les choses le psychologue Ainslie soutient que cognitives theories say that emotion motivation just provide one more challenge for reason to meet If we succumb to temptation the problem lies with our reasoning 2001 15 Pour Ainslie le probl me avec ce genre de conception est que le processus consistant donner du poids ses d sirs reste myst rieusement ind termin Si donner du poids des d sirs n est pas lui m me un processus d termin en amont par des d sirs alors cela met fi
37. il d cide par exemple d arr ter d agir de la sorte partir du 17 janvier et qu on l observe dans ses anciennes habitudes le 2 janvier et non partir du moment o il nous fait part de son jugement selon lequel il serait pr f rable de ne pas agir de la sorte 8 2 Quelques difficult s pour la th orie de Holton Comme je viens de le mentionner la conception de Holton comporte beaucoup d avantages elle est simple claire l gante et en plus de s accorder assez bien avec nombre de nos intuitions elle constitue certainement un compl ment utile la conception Standard C est ce qui explique pourquoi je pense elle est aujourd hui tr s influente Pourtant elle a son lot de difficult s Premi rement il est souvent difficile de distinguer les cas o un agent r vise ses intentions la faveur d une modification des circonstances des cas o il les adapte ces nouvelles circonstances De m me il semble que Holton n glige la distinction pourtant intuitive entre les cas o les agents r visent effectivement une intention et les cas o ils ne font qu y d sob ir Prendre en compte ces l ments a pour r sultat d vacuer les consid rations normatives si essentielles aux yeux de Holton Deuxi mement la notion d intention telle que d crite par Bratman et reprise par Holton pr te le flanc a plusieurs critiques D aucuns estiment que les intentions sont d tranges 202 entit s ps
38. il est incapable consid rant sa capacit d attention de r aliser alors il ne se montrera pas akratique s il ne se conforme pas son meilleur jugement voir la notion de contrainte endog ne dans le prochain chapitre On jugera que sa planification tait pour lui trop ambitieuse Cela a sans doute pour effet de restreindre de fa on significative la quantit de cas putatifs de faiblesse de volont Peut tre un peu trop Mais il est clair que la pr sence du facteur ignorance peut nous servir rejeter un diagnostic de faiblesse de volont Dans quelle mesure Cela est une question qui ce que je sache n a pas t suffisamment abord e m me si elle est importante Cela dit ce n est pas parce que l agent dispose d une solution un probl me qu il doit l appliquer en d pit du fait qu il peut acqu rir entre temps de nouvelles informations pertinentes Je peux par exemple choisir un itin raire de voyage qui implique de visiter beaucoup de lieux qui offrent des activit s de plein air Mais si j apprends avant de partir que les pr visions m t orologiques sont plut t d favorables je serai enclin suspendre ma d cision ou r viser mon plan pour les vacances Dans ce cas il se peut que mon meilleur jugement ait chang je juge maintenant qu il est pr f rable pour moi de ne pas suivre cet itin raire Aussi je continue me conformer mon meilleur jugement e plus r cent Or il
39. interagit qu en d pit de leur bonne conscience et de leurs louables intentions les choix qu elles font trahissent en fait ce qu elles d sirent vraiment Mais les avantages s arr tent ici La th orie des pr f rences r v l es apparait certains th oriciens de l conomie politique beaucoup trop triqu e Sen 1987 2002 Elle offre non seulement une compr hension limit e et c est le moins qu on puisse dire du comportement des agents mais elle est aussi erron e Examinons ici quelques unes des critiques que je pense suffisamment s rieuses pour motiver le rejet de cette th orie 4 3 1 Erreurs et m prises La premi re critique qu on peut lui faire est que les erreurs et les m prises sont des contre exemples vidents J ach te un kilo de caf moka java l picerie et me rends compte la maison que je me suis tromp et je pensais avoir achet du caf nig rien Je me dis tant pis et je le bois quand m me Mon choix ne refl te en rien ma pr f rence pour une essence de caf Un partisan de la th orie des pr f rences r v l es pourrait soutenir que mon choix refl te tout de m me une pr f rence pour le caf par rapport aux autres boissons L argument est mauvais pour deux raisons Je peux pr f rer un th rouge au moka java auquel cas j aurais choisi ce th si je n avais eu le choix qu entre ces deux alternatives L autre raison est que ma pr f rence pour le caf nig
40. ment pas engag dans une recherche trop cotiteuse 7 1 2 5 Combinaisons Les heuristiques de d cision sont vari es mais souvent assez compatibles pour tre combin es Les grands maitres d chec par exemple n examinent pas une quantit tres grande de strat gies et de coups mais ils en identifient d abord trois ou quatre qui leur semblent satisfaisants l aide de crit res g n raux pr tablis puis essayent de trouver le meilleur parmi ceux ci en imaginant les issues les plus probables pour chacun d eux pour finalement choisir celui qui leur appara t le meilleur Klein 2001 Des recherches ont m me mis en relief que les grands ma tres optent la plupart du temps pour l un des premiers coups qui leur viennent l esprit lorsqu ils observent une position Ceci sugg re qu un ancrage d cisionnel joue galement un r le dans la prise de leur d cision De m me les choix des consommateurs sont souvent dirig s dans un premier temps par l heuristique de la reconnaissance Ils liminent spontan ment les items dont ils ne connaissent pas la marque et utilisent ensuite une m thode lexicographique ou la m thode d limination des extr mes pour faire le reste du travail En revanche un agent optimisateur n a pas cette latitude Il doit choisir une seule proc dure et s y tenir du d but du processus la fin Les proc dures d optimisation sont en ce sens exclusives La raison profonde de cette
41. mes Par exemple la plupart des personnes ne sont pas dispos es mentir un tre cher parce que cela lui permettrait d obtenir un dollar m me si le mensonge est sans grandes cons quences pour la personne abus e Cela d note chez la personne une pr f rence pour la sinc rit ou une aversion pour le mensonge Cette pr f rence ou aversion est codifi e ou enr giment e par une norme morale qui proscrit le mensonge Pour reprendre une suggestion faite par Joseph Heath dans Following The Rules les principes thiques ou esth tiques peuvent sans difficult tre trait s comme des pr f rences ou aversions pour un type d acte sans gard ses cons quences 2008 71 77 Cela dit rien ne nous permet de conclure que les agents sont exclusivement mus tant t par des pr f rences d ontologiques tant t par des pr f rences cons quentialistes Les pr f rences situ es la jonction des d cisions refl tent souvent des solutions de compromis entre ces deux cat gories de pr f rence Si l on reprend notre exemple du mensonge on dira que si les personnes ne sont pas dispos es mentir pour obtenir un dollar elles sont en revanche pr tes mentir un tre cher si cela leur permettrait d obtenir un million Est ce que dans ces deux situations les personnes sont elles exclusivement motiv es par des consid rations d ontologiques ou cons quentialistes Il y a tout lieu de penser que ce ne n est ni l une ni l autre
42. mes du choix de la bonne description sous laquelle une action est intentionnelle pour un agent En fait le probl me est identique si l on consid re comme je le crois qu une d cision de faire x correspond l intention de faire x et que prendre la d cision de faire x revient former l intention de faire x C est ce qui expliquerait selon Joseph Heath l tat de confusion qui r gne dans le milieu philosophique propos du fait qu il existerait quelque chose comme la stricte akrasie 2008 228 234 73 Conception Standard R vis e 2 CSR2 En d cidant a t de faire x un agent fait un choix incontinent si et seulement si a l agent croit t qu il peut aussi choisir de faire y et b l agent juge at que tout bien consid r il serait mieux de choisir y que de choisir x En indexant les jugements pr f rentiels et les d cisions au temps on pr pare mieux le temps pour un d bat sur la possibilit de la stricte akrasie et la nature de la faiblesse de volont en g n ral C est pourquoi j y ferai toujours r f rence si ce n est qu implicitement lorsque je discuterai des arguments sceptiques et ceux en faveur de la stricte akrasie Mais examinons maintenant en quoi consistent les jugements pr f rentiels des agents puisqu ils jouent un r le si important selon la conception standard CS ou CSR1 2 dans le diagnostic de cas d akrasie La conception Standard formul e initial
43. mes propri t s fondamentales Nous ne d cidons pas l encontre de ce que la tradition philosophique appelle le meilleur jugement dans n importe quelle situation Nous serons dispos s le faire si les choix en lice comportent des profils exp rientiels sp cifiques et pour lesquelles les pr f rences temporelles comme l aversion au d lai de gratification ou la pr f rence pour le d lai de frustration feront la diff rence Reste savoir pourquoi les agents sont dispos s dans certains cas expliciter consciemment leur incoh rence pratique comme dans la stricte akrasie alors qu ils ne sont pas dispos s le faire dans d autres cas La mani re dont les m canismes de r duction de la dissonance cognitive s enclenchent joue sans doute un r le ici Mais il s agit d un probl me connexe et non central quand on essaie d expliquer le ph nom ne de la faiblesse de volont Il y a d ailleurs un point suppl mentaire sur lequel la CIT diff re d une conception fond e sur l irr solution comme celle de Holton Si l on accepte l id e que les comportements d investissement compulsif correspondent des allocations qui sont motiv es par des pr f rences temporelles comme une pr f rence pour le d lai de gratification alors on doit vraisemblablement exclure certains cas d irr solution que Holton est pourtant dispos classer dans la faiblesse de volont Si je suis par exemple r solu reporter
44. mon avis d utiliser la th orie des capabilit s pour justifier Vimposition d chafaudages motivationnels Initialement propos e par l conomiste Amartya Sen la th orie des capabilit s vise pallier les insuffisances de la th orie rawlsienne fond e sur la notion de biens premiers ex s curit opportunit s sant libert intelligence revenus les droits les bases sociales du respect de soi m me etc Pour Sen une distribution maximale mais compatible avec des contraintes galitaires minimales de biens premiers dans la soci t n est pas suffisante pour assurer aux individus des conditions favorables pour la r alisation de leurs propres projets de vie Sen 1993 Les individus doivent tre en plus capables d en faire usage La cr ation 291 d opportunit s pour ne prendre que ce bien premier pour tous ne s accompagne pas de la production d habilet s les exploiter Certains individus seront en mesure de le faire d autres non Par exemple l ducation publique postsecondaire est en principe accessible tous mais il s av re qu un nombre tr s important d individus issus des classes d favoris es n y ont pas acc s ou se trouvent cognitivement incapables de fournir un rendement suffisant pour pouvoir passer d une tape l autre et obtenir finalement un dipl me Bien qu il s agisse d un concept technique il est assez naturel de d finir les capabilit s
45. moyens Mais comme Liberman et Trope l affirment la th orie des niveaux de construction propose that individuals continue to use high level construals for distant future events and low level construals for near future events even when the above mentioned reasons do not exist that is when the information about near future and distant future events is the same and an irreversible decision has to be made at both point of time Our research suggests that 277 temporal construal is an overgeneralised tendency that is applied in situation in which it is neither appropriate nor necessary 1992 249 Les auteurs soutiennent ici clairement qu il s agit d un ph nom ne robuste Il est assez robuste leur avis pour expliquer des cas typiques de renversement de pr f rences d irr solution et de violation de plan qui d coulent d un escompte hyperbolique du futur mais sans faire appel des pr f rences temporelles La conjonction de a et b permet en effet d expliquer le changement intertemporel des valeurs attribu es aux cons quences futures amp it predicts that the value associated with low level construals should be more prominent in a subjective evaluation of near future events whereas the value associated with high level construals should be more prominent in evaluating distant future events ibid 250 On peut avoir de bonnes raisons d adopter des niveaux de construction diff rent
46. nes les paris priv s et publics les strat gies d orientation de l attention etc permettent de contrebalancer les effets de proximit temporelle en nourrissant ou affamant la motivation s engager dans certaines lignes de conduite Les suggestions de Rorty consistent en strat gies explicatives en quelque sorte compl mentaires Rorty identifie les habitudes et les impetus sociaux comme des causes possibles de l akrasie Mele soutient que l implantation d une mauvaise habitude modifie la motivation d un agent s engager dans une ligne de conduite akratique en d pit du fait qu il a de bonnes raisons ses yeux de ne pas s y engager Les impetus sociaux sont un type de facteurs externes qui entretiennent ou d couragent des habitudes en fonction de son degr de conformit avec une pratique socialement partag e Mais la cause la plus importante pour Mele galement identifi e par Rorty est une modification dans l attention que les agents portent sur des points de consommation temporellement distants Le fait de fixer son attention sur certains aspects d un sc nario de consommation et non sur d autres a un effet consid rable sur la motivation des agents a prendre la d cision de les r aliser ou non Mais fixer son attention sur un aspect ne revient pas lui attribuer un poids dans le sens valuatif du terme plus grand dans la d lib ration D ailleurs Mele soutient que les m ca
47. on doit toujours partir des choix et identifier ensuite les pr f rences aux couches sup rieures lesquelles peuvent tre expliqu es par d autres motifs ou pr f rences de niveau inf rieur etc L investigation des motifs doit suivre un sch ma analytique et non synth tique La Th orie du choix rationnel en conomie fait tat de pr f rences partielles ou crit res partiels la base des pr f rences compl tes crit res complets situ es la jonction des d cisions at the point of decision De m me on trouve dans la litt rature philosophique depuis la parution du c l bre article de Davidson sur la possibilit de la faiblesse de volont des r f rences aux jugements partiels Cela reste compatible avec la th orie des 4 Les pr f rences partielles peuvent tre exprim es par d autres types de jugement On peut les exprimer notamment par des jugements pro tanto qui prennent la forme canonique Dans la mesure o P x est pr f rable y Expliquer pourquoi on juge pro tanto qu une option est pr f rable une autre implique qu on identifie une propri t relationnelle qui ferait la diff rence si certaines conditions taient r alis es Mais on peut galement exprimer des pr f rences partielles par des jugements ceteris paribus qui prennent la forme canonique Toutes chose tant gales par ailleurs x est pr f rable y Quand on explique pourquoi ceteris paribus x est pr
48. option de m en abstenir Je peux me r soudre me soumettre une intervention dentaire douloureuse et prendre un rendez vous plus tard dans la semaine avec mon dentiste Le temps passe et une heure avant de subir l intervention je reconsid re ma d cision et value de nouveau les options en lice soit me soumettre l intervention ou m en abstenir Chacune de ces options engendre une distribution particuli re d pisodes plaisants et d plaisants et m me h doniquement neutres D cider de se soumettre l intervention produira une p riode intens ment d plaisante lors de l obturation de ma dent et mod r ment d plaisante pour le restant de la journ e cela tant d l irritation de mes terminaisons nerveuses Le lendemain sera parsem de beaucoup de moments d inconfort lorsque mon attention se portera sur ma condition dentaire Puis ces moments d inconfort seront de plus en plus rares et finiront par dispara tre compl tement dans une semaine Si j opte pour une abstention plus ou moins momentan e je m expose ressentir un mal lancinant plusieurs fois dans les journ es venir et qui sera de plus en plus intense et de plus en plus fr quent Mais en m abstenant j obtiendrai un soulagement momentan Ce soulagement sera d autant plus intense que j ai angoiss une bonne partie de la semaine du fait que j anticipais en imagination un traitement de canal pour une molaire et que par effet de
49. plut t que de rechercher le meilleur choix Par exemple si vous traversez la rue de mani re n gligente et que vous vous rendiez compte en une fraction de seconde qu une voiture 157 fonce sur vous vous n allez pas d lib rer pour savoir si vous devez vous jeter 4 gauche ou droite de la voiture pour l viter Un choix al atoire est pr f rable m me si un c t est plus d savantageux que l autre parce qu il comporte par exemple un obstacle qui repr sente un risque de blessure 7 1 1 7 Heuristique de la reconnaissance Beaucoup d organismes volu s comme les mammif res par exemple rechignent a ingurgiter des aliments qu ils ne reconnaissent pas L heuristique de la reconnaissance est une r gle simple qui consiste effectuer une inf rence a partir de la reconnaissance ou de absence de reconnaissance d un objet d une substance d un attribut ou ensemble d attributs Il s agit le plus souvent d une strat gie d vitement du risque Nous rechignons souvent acheter des biens dont nous ne connaissons pas la marque m me si nous pouvons la plupart du temps les obtenir moindre co t Les publicitaires savent que les consommateurs utilisent fr quemment cette proc dure ne serait ce que pour effectuer un premier tri Les compagnies Apple et Benetton furent sans doute les premi res exploiter cette proc dure avec autant de clart en lan ant des campagnes publicitaires qui
50. plut t limit sur la qualit de notre bien tre g n ral d autres ont un impact beaucoup plus marqu Une quantit consid rable de personnes perdent leur emploi leur famille ou alt rent s rieusement leur sant parce qu ils n ont pu s emp cher de prendre sur une base r guli re de mauvaises d cisions en toute connaissance de cause qu on pense aux toxicomanes et aux alcooliques aux fumeurs aux dilettantes chroniques aux joueurs compulsifs pour ne nommer que les cas les plus patents On dispose d une panoplie de termes pour d crire ce genre de d cision Suivant les cas on parle de compulsivit d impulsivit de d pendance d impatience ou de tentation mais aussi de procrastination de non observance d irr solution ou d apathie Le meilleur terme g n rique qu on peut utiliser pour d crire ces ph nom nes en apparence disparates a t forg initialement par la tradition philosophique Ce genre de d cision rel verait de cas de faiblesse de volont L appellation semble de prime abord un peu inad quate parce que le substantif faiblesse n apparait pas appropri pour d crire des cas d impulsivit ou de Une pr cision s impose ici Ce n est pas parce que des faits de ce genre ne n cessitent pas d explications qu ils ne suscitent pas de probl mes philosophiques Pour d terminer par exemple si une d cision est rationnelle on doit tenir compte des informations dont dis
51. re ce que l angle du regard se modifie sans que la t te bouge est cependant utile pour viter des pr dateurs Ce genre d explication contraste avec les explications comme si Elle est au point de vue de la description plus riche parce qu elle nous donne des informations sur l ensemble 80 Cit par Gigerenzer 2008 21 174 des comportements ou les tapes processus et non pas seulement sur le r sultat final Un agent qui applique l heuristique du regard acc l rera sa course mesure qu il se rapprochera de la balle ce qu on observe mais qu on peut maintenant expliquer Si l agent valuait vraiment le point d impact de la balle il courrait aussi vite que possible vers ce point ce qui n est pas le cas D ailleurs cette heuristique n explique que la mani re dont les joueurs s y prennent pour attraper une balle qui descend Ils se servent d une autre heuristique pour d terminer comment ils doivent se comporter lorsque la balle op re une trajectoire ascendante Si la vitesse de la balle semble acc l rer du point de vue du joueur qui doit l attraper c est que celle ci va atterrir derri re lui Si elle semble d c l rer c est qu elle atterrira devant lui Et si la vitesse semble constante alors elle atterrira dans sa zone Aussi le joueur de baseball se sert d une heuristique diff rente pour orienter ses d cisions l gard de deux phases distinctes de la trajectoire d
52. re tr s marqu e l encontre de leurs propres int r ts Elster 2007 Les d lais obligatoires pour se marier pour divorcer pour contracter un pr t immobilier loi Scrivener pour interrompre une grossesse pour subir une chirurgie esth tique ou pour se faire st riliser sont des mesures institutionnelles qui encadrent les phases finales de processus qui impliquent des d cisions ayant de lourdes cons quences un impact r siduel important et difficile voire dans certains cas impossible r duire une fois la d cision ex cut e Les d lais obligatoires dans l achat des armes d assaut tats Unis se distinguent par le fait que l impact r siduel de telles acquisitions est plus potentiel que r el et est susceptible d affecter davantage autrui que soi m me En imposant un d lai obligatoire on ne limite pas seulement les comportements impulsifs mais on limite galement les comportements trop impatients parce qu on repousse dans le temps la premi re vague de cons quences On peut justifier l imposition de d lais obligatoires par le fait que les citoyens doivent imp rativement pr c der certains types de d cision par une r flexion et qu ils doivent tre dans un tat relativement froid pour les prendre C est d ailleurs la premi re raison qui vient l esprit quand on tente de les justifier Mais les d lais obligatoires ne favorisent pas seulement la r flexion calme elles modifient sensiblemen
53. s A ce moment l l ment normatif que Holton croit d tecter dans le ph nom ne est en fait une norme d interpr tation Aussi la notion d intention comme v nement ou tat mental distincte des croyances et d sirs devient conceptuellement irr prochable si on l assimile celle de d cision orient e vers l avenir Je ne sais pas s il convient ou non de parler ici de difficult mais la th orie de Holton r duit les cas de faiblesse de volont non strictement akratique des cas d irr solution Pourtant certaines formes d apathie de n gligence d imprudence ou d insouciance rel vent intuitivement de cas de faiblesse de volont On ne peut pas d crire ces cas comme des violations d intention ou de r solution De m me certains comportements impatients et impulsifs ne se laissent pas ais ment concevoir comme des cas d irr solution Une personne qui d pense trop et de mani re syst matique n agit pas n cessairement l encontre d une d cision budg taire qu elle se serait donn e m me dans les cas o elle regrette am rement ces actes de consommation Sans que cela soit une critique nous devons constater que Holton ne fournit qu un cadre conceptuel Il n explique pas vraiment pourquoi les agents sont tant t r solus tant t irr solus Sa conception ne s appuie pas sur une th orie g n rale de la motivation qui lui donnerait plus de profondeur J exposerai dans le prochai
54. s avoir pris la r solution d arr ter faire son rapport d imp t syst matiquement apr s la date limite procrastiner lorsque vient le temps de r aliser des besognes domestiques trop acheter avec sa carte de cr dit trop attendre avant de d cider de subir un examen m dical pourtant requis etc n existe pas Seulement dans le cadre de la th orie des pr f rences r v l es ces comportements rel vent plus d une inconstance dynamique des pr f rences que de d cisions contre pr f rentielles Si j acquiers grands frais un appareil d exercice que je remiserai finalement un mois plus tard je change tout simplement de pr f rences Cela n implique pas que je ne souhaite plus tre mince et en bonne forme physique mais seulement que d autres consid rations prennent le pas comme 89 vouloir regarder la t l vision ou lire le dernier roman de notre auteur favori La pr f rence situ e a la jonction des d cisions va invariablement refl ter une solution de compromis qui peut tre l occasion temporaire 4 3 Les cueils de la th orie Au del des aspirations th oriques qu elle incarne la th orie des pr f rences r v l es reste assez peu compr hensive mais n est pas pour autant d nu e de pertinences pratiques part le fait qu elle implique une m thode qui se veut aussi simple que possible pour identifier des pr f rences il est souvent judicieux de rappeler aux personnes avec qui l on
55. t des d cisions et former une intention serait typiquement prendre une d cision l gard du futur Beaucoup de th oriciens ont critiqu la n cessit de postuler des tats mentaux h t rog nes comme les intentions alors que les d sirs et les croyances font correctement l ensemble du travail Bratman soutient que les intentions ne sont pas des d sirs et des croyances pour plusieurs raisons mais il y a deux raisons qui sont particuli rement int ressantes pour la th orie de Holton 1 Contrairement aux d sirs et aux croyances les intentions demeurent relativement stables dans le temps Solutionner un probl me d cisionnel requiert la computation d informations qui demandent du temps Les informations seront peut tre plus disponibles dans l avenir ou m me plus traitables d une fa on aussi efficace Notre tat d esprit peut changer ce qui nous am nera consid rer certaines informations par exemple les facteurs de risques que repr sente une activit d une mani re significativement diff rente Par exemple une intoxication ou une excitation future induira chez nous une modification profonde de notre valuation du risque 88 Bratman a identifi et discut ces raisons dans bon nombre d ouvrages et d articles Je ne mentionne ici que les raisons qui sont pertinentes pour comprendre la conception de Holton 192 Lorsque notre motivation repose enti rement sur des jugements pr f rentiels et
56. ta affectives L examen de ces m ta attitudes peut r v ler beaucoup de choses sur la faiblesse de volont autant du c t de ses facteurs de r alisation que du c t de ses facteurs de r sistance Par exemple un agent peut faire un choix d allocation typique de la faiblesse de volont parce qu il veut rester spontan ou ne pas devenir le genre de personne qui se donne des contraintes ou d cider de ne pas choisir ce type d allocation parce qu il a peur d avoir des regrets subs quents ou parce qu il ne veut pas exacerber un d sir malsain qu il ne veut pas avoir etc La psychologie les neurosciences et l conomie comportementale n ont que peu ou pas du tout investigu du c t de ces m ta attitudes On doit se rabattre sur les descriptions fines des litt raires et romanciers pour avoir un aper u de leur nature et du r le qu elles peuvent jouer dans l explication de la faiblesse de volont et des m canismes de contr le de soi Aussi je les n gligerai dans une large mesure dans l expos des motivations faire des choix akratiques 10 1 2 Attitudes prospectives escompte du futur et choix d allocation au profil d croissant Les chercheurs uvrant dans le domaine de la motivation ont tendance synth tiser l ensemble des consid rations param triques dans un seul et unique vecteur motivationnel Pour les attitudes prospectives les th oriciens ont introduit la notion de l escompte du futur
57. te des avantages et des inconv nients des options dont nous disposons pour r soudre un probl me d cisionnel Pour beaucoup de th oriciens modernes l hypoth se de la maximisation du bien tre est non seulement une hypoth se cr dible ou probablement vraie mais une caract ristique intrins que de la rationalit pratique La plupart des axiomes des th ories du choix rationnel en micro conomie reposent encore aujourd hui sur l id e que les agents cherchent toujours parce qu elles ne nous conviennent pas dans le cas par exemple o elles sont incompatibles avec nos comportements habituels Bien qu elles jouent un r le utile dans les cas de traumatismes psychologiques l adh sion des croyances motiv es contrevient la norme pist mique qui stipule qu on ne doit pas croire en quelque chose seulement ou principalement parce que cela nous convient La question est de savoir si dans les cas de faiblesse de volont les croyances motiv es motivent effectivement les actes de l agent ou constituent seulement des justifications a posteriori Mais m me en tant que justification il y a tout lieu de croire que les croyances motiv es jouent tout de m me un r le causal dans la fr quence des actes akratiques en ce sens qu elles pr parent le terrain pour des actes futurs et r duisent quelque peu la dissonance cognitive anticip e laquelle constitue un frein l accomplissement d acte akrati
58. vasser plus facilement D autres pr f rent tre plus pr s de la porte histoire de s enfuir plus rapidement la fin du cours On peut aussi valuer les coiffures en fonction de la distance esth tique de celle qu on arbore depuis des ann es ou m me de la premi re coiffure qu on a eue dans notre jeunesse cela semble tre le cas de la chanteuse fran aise Mireille Mathieu L ancrage se produit souvent mais pas toujours la faveur d une d cision ou d une exp rience qu on a prises ou eues la premi re fois dans un contexte donn L conomiste Dan Ariely 2008 explique pourquoi les consommateurs ont plus de plaisir acheter un lecteur DVD ou un bien technologique quelconque que d acheter de l essence ou du lait Acheter de l essence ou du lait comporte un l ment d plaisant suppl mentaire Nous comparons spontan ment le prix de ces biens avec le prix du plus lointain souvenir que nous avons du prix qu ils avaient Or comme l essence et le lait co tent aujourd hui beaucoup plus cher qu l poque nous en ressentons un vif d plaisir En revanche l effet d ancrage est positif lorsque nous nous procurons des biens technologiques parce qu ils sont toujours moins chers ceci ne vaut videmment que pour des biens analogues ou 73 comparables Les points de r f rence ne s ancrent pas toujours dans le pass Les agents se servent souvent d exp riences ou de d cision
59. 11 1 Notes sur les strat gies individuelles et collectives de contr le de soi La description et l analyse des choix akratiques sont des t ches importantes en philosophie en psychologie et dans les sciences sociales parce que les mener a bien nous permettrait de comprendre et d expliquer pourquoi les agents humains et non humains agissent souvent a l encontre de leurs propres int r ts ou chouent am liorer suffisamment leur condition d existence en d pit du fait qu aucun obstacle ne leur barre la route La faiblesse de volont est en ce sens le paradigme de l irrationalit pratique Mais elle joue galement un r le important dans l explication de certains comportements non coop ratifs et immoraux Les analyses purement conceptuelles comme on en trouve beaucoup dans la litt rature philosophique ont cet gard une utilit limit e De m me les disputes entourant l existence pr sum e de la stricte akrasie ont tendance faire d vier l enqu te sur autre chose que les choix et les motivations effectives des agents akratiques et oblit rer leurs propri t s les plus significatives Or cela ne nous met pas en bonne position pour laborer des strat gies individuelles de contr le de soi et encore moins faire des recommandations pour des politiques publiques En revanche si l on accepte l hypoth se minimale que les agents akratiques escomptent hyperboliquement le futur on sera en meilleure positio
60. Aristote voit les pisodes de faiblesse de volont comme des manquements ou des errances ponctuelles qui ne peuvent s inscrire dans aucun projet stable Aussi l akrat s n est pas incontinent de nature mais vit seulement des tats transitoires o il exhibe une volont faible Gilbert Romeyer Dherbey amp Aubry 2002 Ce sont des probl mes pratiques ponctuels qu il faut expliquer en identifiant des causes ponctuelles Or Aristote ne propose pas une explication unique des pisodes de faiblesse de volont mais un cocktail explicatif qui comprend par contre beaucoup d l ments communs et qui se recoupent certains endroits Il propose trois explications de la faiblesse de volont Chacune met en relief une d faillance particuli re du raisonnement pratique dont la fonction est d orienter correctement l agent dans sa qu te du bonheur eudemonia La premi re concerne l ignorance de certains d tails pertinents des actions Elle semble au premier abord peu int ressante mais elle met en relief un aspect de la faiblesse de volont un peu n glig par les conceptions philosophiques contemporaines et vaut par cons quent la peine qu on s y attarde un peu La seconde explication met en relief le caract re impulsif de certains comportements akratiques La troisi me explication met en relief le r le que jouent les motions dans le processus de prise de d cision chez les agents akratiques Cette derni re explicatio
61. Cette r gle consiste solutionner un probl me d cisionnel en optant pour la derni re solution qui a fonctionn pour un probl me identique ou du moins analogue Une proc dure qui utilise Take the last offre des r sultats satisfaisants parce qu elle permet d viter des co ts de recherche prohibitifs Or l agent peut tout fait savoir que sa derni re solution n est pas la meilleure toutes choses consid r es mais continuer l appliquer chaque nouvelle occurrence du probl me 7 1 1 4 Choix par d faut et imitation Nous imitons all grement nos consp cifiques autant pour des d cisions dont la port e est insignifiante que pour des d cisions qui engagent une vie enti re L tendue et la sophistication des comportements mim tiques des humains reposeraient sur des capacit s volu es du cerveau leur permettant d analyser dans le d tail le comportement des autres et de le reproduire fid lement Ces capacit s distingueraient notamment les humains des autres primates Les m canismes qui sous tendent l imitation sont souvent inconscients Parfois il semble y avoir un voile si opaque entre la conscience des agents et l origine mim tique de leurs d cisions qu ils refusent souvent de consid rer ces derni res comme de v ritables d cisions Lorsque des adolescents disent qu ils planifient avoir des enfants lorsqu ils seront adultes ils refusent souvent de consid rer qu ils ont pris la d cision d avoir
62. Des chercheurs ont montr qu une proc dure analogue offre de meilleures perspectives de gain notamment au baseball qu une m thode plus lourde consistant tenir compte d une quantit impressionnante d informations relatives aux joueurs et aux forces en pr sence Les publicitaires exploitent souvent le fait que les agents utilisent Take the best pour leur choix de consommation Ils mettent en relief syst matiquement un aspect positif important de leur produit et mentionnent le fait que le produit concurrent ne l offre pas L limination par attribut et Take the best appartiennent la cat gorie des m thodes lexicographiques Une m thode lexicographique offre toujours en principe la possibilit de trancher d s la premi re valuation ou le premier examen On s en sert videmment pour s orienter dans un dictionnaire o la premi re lettre d un mot examin permet de savoir si l on doit chercher plus loin ou revenir en arri re Aussi pour d terminer lequel de deux nombres constitu s de plusieurs chiffres est le plus grand on essaie de d terminer lequel en contient le plus S ils contiennent le m me nombre alors on passe au second attribut le plus important soit la grandeur du premier chiffre des deux s ries Si cela ne permet pas de trancher alors on passe au second chiffre etc Les m thodes lexicographiques lorsqu elles sont ad quates permettent de choisir de mani re fiable et avec
63. En fait on ne peut pas expliquer notre jugement pr f rentiel inconditionnel l aide de raisons ni dans les cas d akrasie comme Davidson le soutient d ailleurs ni dans tous les cas de comportements rationnels Cette derni re implication je pense campe subtilement Davidson dans le camp des sceptiques humiens l gard du caract re cognitif des pr f rences Il y aurait quelque chose d irr ductiblement non rationnel distinguer de irrationnel dans la motivation humaine et qui se trouverait cristallis ou pr cipit dans les jugements pr f rentiels inconditionnels Des forces plus ou moins obscures s immisceraient dans la motivation par le biais il s agit ici d une interpr tation libre du propos de Davidson du jugement pr f rentiel inconditionnel Le terme s immiscer n est m me pas ad quat parce qu il sugg re que ces forces ne seraient qu l occasion pr sentes dans la motivation alors qu elles y seraient toujours pr sentes Ces forces motiveraient dans toute situation l agent sans que celui ci puisse consid rer qu il s agit de raisons qu il pourrait soumettre la critique Ces forces irrationnelles nous pousseraient souvent prendre de bonnes d cisions d autre fois non Les d cisions akratiques et l adh sion des croyances motiv es appartiendraient cette derni re cat gorie Il y aurait videmment beaucoup dire sur cette forme de sceptic
64. La raison est qu on est en principe capable d identifier un point d indiff rence il existe un montant d agent pour lequel les personnes seront indiff rentes l id e de mentir ou de s en abstenir Or au fur et mesure qu on se rapproche de ce montant les personnes prendront plus de temps pour d lib rer ce qui montre qu elles sont en train de pond rer des consid rations h t rog nes savoir un principe et une cons quence fort attrayante Cela dit ce ph nom ne n implique pas que les personnes consid rent dans ce genre de situation tous les montants et qu elles leur attribuent un poids dans leur d lib ration Les montants trop petits peuvent tre typiquement ignor s comme le sont certaines options telles que celles qui consistent pousser hors de son si ge une vieille dame lorsqu on x 48 r rye cherche une place o s asseoir dans l autobus Les normes morales l gales et esth tiques 8 Exemple attribu Heath 88 auxquelles les agents adh rent n assignent pas uniquement des poids a des options mais leur permettent d en ignorer certaines lorsque vient le temps de d lib rer Cela all ge et simplifie grandement le processus de computation des raisons et nous rend d autant plus efficace qu elles les normes limitent les pisodes d ind cision En effet si vous instrumentalisez tous les rapports que vous tes susceptibles d avoir avec les autres si une telle ch
65. Liste des figures Fiere sla tee aan a aa a aa a UT 96 FUGUES 2 anaon oeays tented A A E AAEE E A AA ar ladies A aa aai iaaa 223 FIE an al ia nie aan EAA EA aat 226 Figure RS LE pie ca ined E a een ie NE 227 POUL Sains ies AA LS A ends tateatt A T ea dtel ica cle ta Seat 245 AD ULE OT ne E a ia ten ee 246 Pour Suzanne mes parents mes amis et mes coll gues qui m ont soutenu dans mon cheminement intellectuel xi Remerciements Je n aurais jamais pu mener ce projet doctoral a terme sans le soutien de mon directeur de mes proches et de mes coll gues de travail Je tiens ici leur t moigner ma reconnaissance Je veux d abord souligner les bons conseils les critiques constructives la rigueur la disponibilit et la curiosit de mon directeur de recherche Michel Seymour Bien que Michel ne soit pas un sp cialiste de la question de la faiblesse de volont je l ai choisi pour ses qualit s intellectuelles et humaines Il a accept de me diriger de nouveau en d pit du fait que j avais pr alablement abandonn un projet de th se ant rieur Je ne peux manquer d exprimer ma gratitude envers mes coll gues et amis de travail professeurs de philosophie de sociologie et d conomie Certains m ont intellectuellement nourri en discutant avec moi du contenu d articles et de bouquins D autres m ont encourag et certains m ont divertie dans les moments cruciaux Aussi je remercie plus particuli rement Pierr
66. Pour Holton il s agit d un cas de stricte akrasie mais pas d akrasie ou faiblesse de volont Aussi ce cas est diff rent de celui o je d ciderais en plus d arr ter de manger de la viande mais chouerait a ex cuter ma d cision Dans ce cas uniquement on pourra faire un diagnostic d akrasie ou de faiblesse de volont a propos de mon comportement Egalement je peux me conformer 4 mon meilleur jugement en r visant une d cision irrationnelle que j ai prise pr c demment Ce faisant je peux vivre un pisode d akrasie sans pour autant que mon comportement rel ve de la stricte akrasie Holton mentionne le cas hypoth tique d une femme non mari e l poque victorienne qui d cide de s embarquer dans une affaire amoureuse qu elle sait pourtant potentiellement d sastreuse De plus cette femme consid re que cette relation est moralement condamnable et va s rement la laisser enceinte N anmoins elle d cide d aller de l avant Mais au dernier moment tout juste avant de communiquer un geste d engagement avec l lu de son c ur elle perd son courage et se d siste 8 1 3 5 Compatibilit avec des proc dures d cisionnelles vari es Bien que Holton ne mentionne pas ce fait sa conception comporte un avantage que j estime particuli rement important Elle n est pas tributaire d une conception unique et triqu e des proc dures d cisionnelles rationnelles comme la conception classique Les a
67. agent peut pr f rer a b parce que a est sous un aspect 7 plus avantageux que b et pr f rer b parce qu il est plus avantageux sous l aspect rz Mais en consid rant tous ces aspects imaginons par exemple qu il aurait utilis la m thode de Franklin il pourrait pr f rer a mais choisir tout de m me b Dans ce cas l agent a chou tablir que a est pr f rable b inconditionnellement ce qui l aurait amen se conformer son meilleur jugement 5 La distinction de Davidson lui permet de rejeter l id e que l akrat s commet une faute logique en ne se conformant pas son meilleur jugement Comme on ne peut pas logiquement d river un jugement inconditionnel d un jugement conditionnel m me si celui ci mentionne une infinit de conditions on ne peut pas non plus dire qu ils peuvent tre logiquement incompatibles ni dans les cas d akrasie ni dans les cas de comportements rationnels Or m me s il n y a pas de r gle d ductive qui nous permette de d tacher un jugement pr f rentiel tout court d un jugement pr f rentiel foutes choses consid r es il y a pour Davidson un principe rationnel qui enjoint de le faire Pour viter de tomber dans des sch mas de d cision akratique nous devons appliquer syst matiquement l injonction d accomplir l action jug e la meilleure sur la base de toutes les raisons pertinentes disponibles 1970 64 C est ce que David
68. agents sont cens es tre suffisamment transparentes pour que nous puissions en d river les pr f rences qui les motivent sans que nous ayons faire des hypoth ses hasardeuses sur des processus internes menant la production de ces d cisions En conjonction avec l hypoth se de la maximisation la th orie des pr f rences r v l es implique l inexistence de la stricte akrasie Or je montrerai qu il y a un nombre important de raisons qui nous permettent de croire qu on ne peut faire l conomie d hypoth ses sur ces processus internes J arrive la conclusion que la th orie des pr f rences r v l es est erron e et que par cons quent il est inappropri de rejeter l existence de cas de stricte akrasie sur cette base Si nous ne pouvons faire l conomie d une th orie ou d un mod le descriptif du processus d cisionnels la question se poser alors est quel processus est typique de la stricte akrasie J offrirai chapitre 5 des l ments de r ponse cette question qui permettront d arrimer les deux conceptions traditionnelles de la motivation cognitive et d sid rative ou affective et la conception standard Toujours en conformit avec l hypoth se de la maximisation je montrerai comment les agents forment au moyen de la d lib ration consciente ou inconsciente un meilleur jugement ou une pr f rence synth tique compl te l gard des choix qui s offrent eux Je montrerai qu
69. argument ontologique est plus sophistiqu voire exotique Il a t formul par le philosophe Derek Parfit 1984 et figure dans son ouvrage majeur Reasons and Persons Il consiste en gros dire que comme notre concept de personne a une dimension fictionnelle importante il n y a pas de raisons de ne pas d valuer l avenir Parfit se sert d une exp rience de pens e inspir e de la science fiction pour appuyer l hypoth se que le concept de personne est plus une chim re verbale qu une r alit bien qu il soit impl ment dans la 266 culture occidentale Si sur Terre on met une personne dans un t l porteur qui doit d truire la structure organique de celle ci pour en tirer l information n cessaire sorte de num risation agressive pour reconstruire ensuite cette personne sur Mars est ce que la personne qui en r sulte est la m me que celle qui est entr e dans le t l porteur sur Terre On est tent de r pondre par l affirmative d autant plus que la personne sur Mars a les m mes traits psychologiques que celle sur Terre elles partagent toutes les deux les m mes souvenirs les m mes croyances et les m mes pr f rences etc Mais qu arriverait il si partir des informations obtenues par le premier t l porteur on cr ait deux personnes Qui serait la premi re personne Pour Parfit il s agit d un probl me insoluble qui devrait faire suffisamment douter du concept d identit personnelle pour qu
70. autres sont le r sultat de processus d cisionnels plus ou moins conscients de la part d autrui Dans chacune de ces possibilit s les v nements et les facteurs en cause sont r alis s l ext rieur de notre esprit et ce sont des choses sur lesquelles nous estimons souvent avoir peu de contr le En fonction de la nature de ces processus notre r action ira du bl me s v re si l on estime avoir t l s dans nos droits la r signation spontan e si l on estime avoir t victime d une simple malchance Or la totalit des v nements qui affectent notre bien tre ne se r duit pas ceux qui ont pour origine ces types d v nements et de facteurs Il y a galement toutes sortes de d cisions que nous prenons et toutes sortes d attitudes que nous entretenons qui alt rent pourtant et de mani re non n gligeable nos conditions de vie Que nous soyons l occasion l artisan de notre propre malheur n est pas un fait prima facie nigmatique Je peux boire un verre de d tergent reposant sur le comptoir croyant tort qu il s agissait d une boisson aux fruits et me retrouver l h pital ou je peux tr bucher sur une pierre que je n avais pas vue et me retrouver sur le sol avec un genou endolori Dans la premi re situation je chercherai bl mer un responsable si j en trouve un alors que dans la seconde je finirai par me r signer avoir un genou ab m sans trop rousp ter Ce qui est important ici r
71. avec la th orie contemporaine du choix intertemporel et de l escompte hyperbolique du futur que je pr senterai dans le chapitre 9 Aristote n a pas d gag comme Platon le probleme de la faiblesse de volont du domaine moral Pour le Stagirite les lignes de conduite dans lesquelles s engagent les agents a la volont faible sont sujettes au blame thique Nicomaque 1110a19 Par contre bien qu il ait d fendu l encontre de la position de son ma tre l existence de la stricte akrasie Aristote offre une th orie beaucoup plus complexe de la motivation et cet gard un peu plus touffue que celle de Platon Mais il y a des passages assez clairs sur les processus de d lib ration et les causes putatives de la faiblesse de volont en g n ral et pas seulement sur la stricte akrasie Aristote identifie l akrasie avec le choix impulsif qu il distingue du choix r fl chi et classe les choix akratiques dans la cat gorie du premier Cela s accorde d ailleurs avec nos intuitions selon lesquelles les agents irr fl chis comme les enfants en bas ge par exemple sont plus susceptibles de vivre des pisodes de faiblesse de volont Par ailleurs Aristote offre une explication de la faiblesse de volont qui a fait boule de neige et dont la proposition de base est aussi tr s intuitive Grosso modo Aristote voit dans l motion non enr giment e ou non r form e par la raison la cause de la faiblesse d
72. avez effectivement identifi toutes les alternatives Le magasinage d une paire de chaussures en est un exemple vident moins bien s r que vous sachiez que votre r gion ne comporte que deux ou trois marchands de chaussures En revanche si vous satisfiez vous savez chaque tape quand vous devez continuer votre recherche ou vous arr ter et s lectionner un choix D ailleurs beaucoup de consommateurs modifient en cours de route leurs proc dures de choix et ternisent sans trop s en rendre compte leur d ambulation dans les magasins Une fois qu ils ont trouv un item qui se situe au dessus de leur seuil de satisfaction ils ne le choisissent pas tout de suite et se disent qu il serait pr f rable d aller voir dans une autre boutique pour s assurer qu il n y a pas un item plus avantageux Quiconque fait du magasinage avec son conjoint sait quel point le passage une proc dure d optimisation est quelque chose d exasp rant Une r gle d arr t ne concerne pas exclusivement la recherche d alternatives Elle peut tout aussi bien s appliquer la recherche d attributs de raisons ou m me de preuves pour valuer les alternatives Si je dois par exemple d terminer si je dois m engager dans une relation amoureuse ou demeurer c libataire cela requiert que j examine des raisons Mais est ce que je dois examiner foutes les raisons pertinentes et en valuer les poids relatifs A priori je ser
73. ce cas l agent akratique choisit une allocation qui pr sente le profil h donique le moins d savantageux sur l horizon du court terme figure 4 227 Figure 4 La procrastination structur e dont le philosophe John Perry fait l loge sur son site humoristique d crit le m me profil h donique que les cas de sous investissements Une procrastination peut tre structur e lorsque les agents qui remettent une tache ennuyeuse a plus tard s acquittent n anmoins et de mani re syst matique de besognes un peu moins ennuyeuses La procrastination ne s accompagne pas n cessairement de comportements impatients Lorsqu on a des formulaires administratifs remplir un tuyau qui fuit colmater une pile de chefs d ceuvre de ses tudiants corriger ou une d claration d imp t sur le revenu compl ter on est par magie beaucoup plus dispos faire du rangement passer l aspirateur nettoyer le four de la cuisine ou astiquer son instrument de musique Le plaidoyer que fait Perry de la procrastination structur e repose sur l id e qu il s agit de la meilleure fa on d utiliser notre compte nos propres d fauts en mati re de rationalit pratique D ailleurs pour Perry la procrastination structur e est rationnellement justifiable parce qu elle rel ve d une forme de perfectionnisme Steel 2007 Les personnes perfectionnistes sont souvent d motiv es par l ampleur des t ches qu ils se
74. ce qui m aurait permis d inhiber mon syst me automatique de prise de d cision 5 1 2 Le processus contr l de prise de d cision la d lib ration Il est assez trivial de dire que les processus d cisionnels sont command s par des probl mes d cisionnels Les agents enclenchent de tels processus pour r soudre un probl me qui se pose eux Il n est pas facile toutefois de d finir techniquement ce qu est un probl me d cisionnel Nous avons des intuitions leur endroit Nous les imaginons comme une crois e de chemins entre lesquelles on doit choisir pour atteindre sa destination Mais nous n avons pas de crit res comme tels pour d terminer si l on a affaire un probl me d cisionnel ou non Les probl mes sont vaguement d finis en fonction de nos buts des solutions disponibles ainsi que du degr de leur vidence Cela est cependant une base suffisante pour d crire la nature et la structure de processus d cisionnels Comme les solutions dans un probl me d cisionnel ne sont pas toujours videntes l agent doit l occasion enclencher un processus de computation consciente des informations pertinentes Un processus contr l vise pallier ce manque de caract re vident au moyen de toutes sortes d inf rences Cela ne le distingue pas cependant des processus automatiques Par exemple Steven Pinker a fourni une analyse clairante du processus par lequel l esprit inf re des mod les mentaux tr
75. certains d tails de ma conduite quilibre alternance des pas enjamb es ad quates obstacles vit s etc et pas assez d autres la rue de Steve est parsem e de ch nes matures alors que celle de Philippe est nue Aussi les alarmes qui auraient d sonner ne l ont pas fait Bien que ce ne soit pas toujours pour des raisons d taill es voire m me claires les philosophes contemporains excluent d embl e les actes accomplis la faveur d un manque de contr le intentionnel et sans tre pr c d s de r flexion de la cat gorie des actes akratiques tandis qu Aristote les confondait Le psychologue Keith Stanovich qui a beaucoup document les apports distincts des deux syst mes a mis en relief les difficult s qu prouvent certains individus inhiber le syst me automatique Stanovich 2004 Stanovich et coll 2008 Selon lui ce qu chouent montrer les tests d intelligence est non seulement de mesurer les capacit s de jugement et de recul cognitif critical thinking mais la capacit d inhiber le syst me automatique et d activer le syst me manuel Cette incapacit d inhibition explique pourquoi certaines personnes au demeurant fort intelligentes peuvent produire des jugements sur ce qu il convient de faire ou de croire qui frappent par leur irrationalit Cela dit la difficult d inhiber des processus automatiques de gestion des comportements est typiquement vue par les philoso
76. ceux qui ont postul l existence des apparences Les intentions semblent utiles pour rendre compte de la possibilit de l chec Aussi les agents ne d cideraient pas de r aliser une action mais d cideraient plut t de former une intention de r aliser une action L chec d un agent proviendrait du fait que son intention n a pas r ussi causer l action et c est ce qui expliquerait entre autres les pisodes de faiblesse de volont Pour Heath ce genre d hypoth se rel ve galement d une confusion produite par une mauvaise compr hension du statut pist mique des nonc s d intention Lorsque nous disons quelqu un que nous avons l intention de nous rendre chez un ami nous utilisons une expression qui marque le caract re incertain du d nouement futur de notre action et que notre interlocuteur ne doit pas trop compter dessus De m me si nous chouons syst matiquement r aliser nos intentions c est probablement parce que nous avons en fait d cid de faire autre chose Cette confusion serait responsable selon Heath du caract re trange de la fameuse nigme de la toxine de Kavka 1983 Gregory Kavka a labor le sc nario hypoth tique suivant imaginons qu un excentrique millionnaire vous offre l opportunit de gagner une tr s grosse somme d argent si vous formez l intention de boire un liquide toxique qui vous rendra affreusement malade pendant une journ e mais n entra
77. choice American Psychologist Vol 58 697 720 Kahneman Daniel 2006 New Challenges to the Rationality Assumption in The Construction of Preference Lichtenstein S amp Slovic P dir New York Cambridge University Press 487 503 Kassam K S amp Gilbert D T amp Boston A amp Wilson T D 2008 Future anhedonia and time discounting Journal of Experimental Social Psychology vol 44 1533 7 Kavka Gregory 1983 The Toxin Puzzle Analysis 43 1 33 36 Keith E Stanovich 2004 Balance in Psychological Research The Dual Process Perspective Behavioral and Brain Sciences vol 27 3 357 358 Keynes J M 1930 1971 Perspectives conomiques pour nos petits enfants in Essais sur la monnaie et l conomie les cris de Cassandre Paris Payot 9 Kihlstrom J F 1999 The psychological unconscious in Handbook of personality Theory and research Pervin L A amp John O P dir 2nd ed New York Guilford Press 424 42 Kim Jaegwon 1976 Events as Property Exemplifications in Action Theory Brand M amp Walton D dir Dordrecht Reidel 159 77 Klein Gary 2001 The fiction of Optimisation in Bounded rationality The adaptive toolbox Gigerenzer G amp Selter R dir Cambridge Mas MIT Press Korsgaard Christine 1986 Skepticism about Practical Reason Journal of Philosophy vol 83 5 25 Kosslyn S M 1980 Image
78. conditions il se peut que mon diagnostic initial de faiblesse de volont soit erron Par exemple je peux d cider que je dois travailler au bureau toute la soir e mais tre t moin dans le courant de cette soir e de l agression tr s violente d un tudiant par des individus d guis s en clown Aussi je d cide de lui venir en aide et passe par cons quent le reste de la soir e au poste de police Au moment o j ai form mon intention je n avais videmment pas l esprit ce genre de condition d exclusion Mais je peux raisonnablement consid rer que mon action reste conforme l esprit de mon intention initiale Si cela est correct on peut alors estimer avec Dodd que la principale charge normative de l agent dans une situation de la sorte n est pas de d terminer s il est rationnellement justifi de r viser son intention mais de d terminer s il est rationnellement justifi d avoir telle ou telle interpr tation de son intention initiale Dodd ne nie pas qu on puisse r viser une intention mais soutient que Holton confond souvent les deux et que cela l am ne laborer une conception inexacte Je peux par 203 exemple former l intention de faire du jogging pendant 15 minutes 6 heures du matin toute la semaine Mais apr s quelques semaines je peux reconsid rer ma d cision et en arriver la conclusion que cela ne vaut pas vraiment la peine pour le peu de b n fices que ce
79. cours est sujet des ajustements lesquels compensent les effets des forces qui autrement interf reraient avec le cours du comportement et que l occurrence de ces ajustements ne sont pas explicables par les tats de choses qui les provoquent Le comportement est dans ce cas sous la guidance d un m canisme causal ind pendant et dont l empressement readiness cr er des ajustements tend a assurer que le comportement est accompli 1978 47 48 Ce n est pas parce que le syst me automatique pilote des activit s sans recourir l attention consciente que ces activit s ne peuvent tre consid r es comme des actions Tout ce qui est requis est qu il existe des dispositifs qui alertent l agent lorsque quelque chose ne tourne pas rond et qui lui permettent d op rer des ajustements en cas de besoin Pour utiliser une m taphore je dirais que ce dispositif est compos d un service de monitorage et d un service d intervention muscl e 104 sans porter attention a ce que je fais et me retrouver chez mon ami Philippe Toutes choses consid r es il tait pr f rable que je me rende chez Steve que de me rendre chez Philippe J ai donc accompli une action contre pr f rentielle Mais il ne s agit pas d un pisode de faiblesse de volont Si je m tais rendu compte en chemin que je me rendais chez Philippe alors le diagnostic aurait pu tre diff rent En fait mon dispositif d ajustement s est trop occup de
80. courts ayant une dur e de quelques secondes tant donn la dur e de ces cycles les p riodes pendant lesquelles les agents seront dispos s reconna tre qu ils ont agi de mani re irrationnelle et 251 en prouver des regrets se d rouleront quelques secondes apr s le d but du cycle quelques ann es apr s dans le cas des cycles tr s longs L id e d inclure les d mangeaisons les tics et autres troubles obsessionnels ayant un cycle tr s court ainsi que les d pendances dans la cat gorie des pisodes de faiblesse de volont ne cadre pas tout fait avec ce qu on trouve dans la litt rature philosophique quelques exceptions pr s les philosophes contemporains excluent les comportements irr sistibles des pisodes de faiblesse de volont parce qu ils ne sont pas accomplis ou d cid s de mani re libre Dans la conception standard un agent qui vit un pisode de faiblesse de volont aurait pu agir ou d cider autrement Cela peut sembler repr senter un probl me pour une conception plus g n rale de la faiblesse de volont qui reposerait sur l escompte hyperbolique et des allocations intertemporelles On pourrait avoir des cas d allocation qui pr sentent un profil h donique identique au profile figure 2 et dont les attitudes d anticipation peuvent tre d crites comme un cas d escompte hyperbolique mais ne pas relever d un cas de faiblesse de volont parce que la condition de libert de cho
81. d cisions sur la base d informations dont ils disposent d am liorer quand cela est possible leurs conditions d existence ou du moins d en limiter une d gradation in vitable Or quand nous vivons un pisode de faiblesse de volont nous nous nuisons semble t il en toute connaissance de cause ou nous n gligeons volontairement l examen des cons quences des choix que nous envisageons de faire C est pourquoi bien que ces pisodes soient si communs et certains gards anodins la tradition philosophique et dans une certaine mesure conomique a consid r juste titre la faiblesse de volont comme tant le paradigme de l irrationalit pratique et cet gard le ph nom ne a re u une attention non n gligeable Une fa on de dissoudre en partie le caract re paradoxal du ph nom ne est de distinguer deux formes de faiblesse de volont Il y a la faiblesse de volont au sens large et au sens troit Au sens large la faiblesse de volont consiste en d cisions que les agents prennent l encontre de leur propre int r t parce que leurs pr f rences leurs estimations de leur propre bonheur futur et m me dans certains cas leurs croyances en particulier dans les cas d acquisition de croyances motiv es sont instables On parlera alors de faiblesse de volont diachronique aveugle ou d akrasie tout court Tandis qu au sens troit la faiblesse de volont concerne les d cisions qu on prend s
82. dans chaque contexte l agent ait pris une d cision en fonction de pr f rences qui ont tout simplement chang En effet rien dans les choix effectifs de l agent ne nous permet de supposer que leurs pr f rences sont stables dans le temps Le probl me de l ambigu t est souvent pr sent m me lorsqu on utilise une batterie d indices qui ne reposent pas exclusivement sur les choix Une personne peut rougir si on lui offre une part de g teau Si elle accepte d en prendre on peut inf rer qu elle a une pr f rence marqu e mais qu elle est quelque peu honteuse pour ce type de g terie ou qu elle a une pr f rence inavou e pour la personne qui lui offre etc Mais la diff rence des pr f rences r v l es strictement dans les choix on peut toujours liminer des pr f rences et converger vers une solution en multipliant les indices Pourquoi Parce que ces indices sont non seulement h t rog nes mais permettent d liminer des pr f rences On ne rougit pas par exemple propos de n importe quelles pr f rences Seules les pr f rences incontinentes sexuelles ou amoureuses susceptibles d une d sapprobation sociale subtile ou allant l encontre des conventions produisent un afflux de sang au visage lorsqu elles sont remarqu es par autrui Cela permet de faire un premier filtrage On 94 liminera par exemple des pr f rences comme d sirer tre vue en train de manger du g teau C
83. de diff rences idiosyncrasiques qui peuvent peser lourd dans la d lib ration Mais il peut tre pr f rable de ne pas s engager dans ce genre de d lib ration et de consid rer plut t que l imputation de pr f rences d aversions et de styles de vie par les organismes de sant publique jusqu a preuve du contraire est correcte Il est clair que les agents qui forment le jugement qu ils ne doivent pas fumer sur la base exclusive de l injonction des organismes de sant publique ne connaissent pas n cessairement les facteurs qui rendent leur r gle de d cision valide Ils ne font que Putiliser Aussi quand ils vivent un pisode de faiblesse de volont ils prennent une d cision non pas a l encontre de leur meilleur jugement lequel est d ailleurs inexistant mais l encontre d un jugement qu ils ont form en appliquant une heuristique l heuristique qui consiste se conformer aux injonctions des organismes de sant publique Il s agit ici d un exemple parmi d autres de cas de formation de jugement form l aide d une heuristique qui sert de point de r f rence rationnel pour diagnostiquer un cas de faiblesse de volont Le cas pr sente certes des caract ristiques complexes mais je pense qu on peut d couvrir des processus cognitifs analogues dans la plupart des cas de faiblesse de volont Que ce soit de penser que nous devrions ramasser les feuilles mortes l automne changer la pil
84. de l objectivit Lorsque nous remettons en cause le jugement d une personne parce que nous estimons qu elle n est pas suffisamment objective c est que nous estimons qu elle aurait d faire abstraction ou du moins prendre du recul l gard de certains de ses int r ts pr f rences ou dispositions gt 1 29 motionnelles particuli res et non pas de tous En fait les motions doivent m me tre adapt es aux situations L indignation est plus appropri e que la col re lorsque nous voyons un enfant mourir de faim La col re est plus appropri e lorsque nous apercevons un enfant se faire battre mort Ces diff rentes motions nous motivent faire des choses fort diff rentes militer pour conscientiser les gens donner davantage des uvres de charit d une part nous montrer pr ts nous interposer avec violence d autre part On pourrait tout de m me continuer d fendre quelque chose qui ressemble au mod le vulcain de la rationalit pratique en soutenant que les motions peuvent tre utiles pour prendre des d cisions rapides dans des situations qui l exigent mais que l usage de la raison froide constitue l talon de mesure qui permet en dernier ressort d valuer correctement des d cisions Cela reste compatible avec l id e que les motions ont une fonction adaptative particuli re un syst me d appoint pour les fonctions cognitives plus sophistiqu es Pour repren
85. de mani re exag r e ma consommation un avenir lointain mais que je faillis la t che en consommant maintenant une toute petite partie de ce que je m tais pourtant engag 117 Ces clauses sont galement implicites dans la d finition Standard 260 investir je ne souffrirai pas de faiblesse de volont Si en violant ma r solution j opte pour une nouvelle allocation intertemporelle qui pr sente un profil h donique plus ad quat et qui n est pas motiv e par une sur valuation hyperbolique des cons quences a court terme je ne vis pas un pisode de faiblesse de volont Cela ne d coule pas seulement de la CIT mais d intuitions fortes qu on a l gard de ce genre de cas Mais la plupart du temps lorsqu un agent viole une r solution il choisit une allocation inad quate en fonction d une pr f rence temporelle qui l am ne escompter hyperboliquement le futur C est pourquoi on a tendance les classer spontan ment dans la cat gorie des pisodes de faiblesse de volont 10 2 1 L irrationalit de la faiblesse de volont dans le cadre d une conception intertemporelle Est ce qu une conception de l allocation intertemporelle comme la CIT permet d expliquer pourquoi on doit estimer que la faiblesse de volont est irrationnelle Je pense que c est le cas du moins il est beaucoup plus facile de le faire pour la CIT que dans le cadre de la conception Standard En d valuant
86. des chafaudages que les agents mettent place pour solutionner des probl mes cognitifs mais galement des chafaudages pour solutionner des probl mes motivationnels Un emploi du temps par exemple peut tre labor dans un agenda et orienter notre attention sur les t ches que nous avons faire de mani re s quentielle Consulter notre agenda est une mani re active de g rer notre attention et pas seulement une mani re de se rappeler quelque chose ou de pallier un probl me de m moire de travail Bien s r on peut dire qu on a g r notre attention l aide d un agenda auquel cas la consultation du support est con ue comme quelque chose d externe aux processus de gestion de notre motivation Mais on peut galement dire que la consultation de l agenda est la gestion directe de notre motivation De la m me mani re on peut dire que nous avons crit un courriel l aide d un ordinateur ou ne pas mentionner cet aspect et dire plut t que nous avons tout simplement crit un courriel Clark a d crit comment les dispositifs linguistiques nous aident g rer notre attention et celle d autrui et nombre d autres aspects qui permettent aux agents disposant d une culture linguistique m me minimale d tendre leur esprit l ext rieur de leur cerveau Les philosophes Joel Anderson et Joseph Heath ont exploit l id e de volont tendue dans un article clairant Pour ces chercheurs il es
87. des pr f rences temporelles On trouve des versions plus ou moins labor es de cet argument dans les justifications que certaines personnes font de leurs mauvaises habitudes de consommation Sans faire preuve de mauvaise foi certains fumeurs assument leur d pendance et expriment leurs convictions mollement en disant il faut profiter des choses pendant qu elles passent parce qu on n a pas toute la vie Il y a deux critiques qu on peut faire l argument JA et 1B JA La premi re critique qu on peut faire est qu il pr sente un faux dilemme On ne doit pas choisir en fait entre le court terme et le long terme mais entre le court terme le long terme et toute une s rie d allocations qui distribuent de mani re plus uniforme les cons quences sur le long terme ef le court terme IB La seconde critique est qu il pourrait au mieux tre recevable dans un contexte ou chacun de nous est immortel Pour un organisme immortel il serait peut tre rationnel pour lui de reporter dans le temps ses p riodes de consommation de biens si cela lui permettait gr ce un certain investissement d obtenir un bien futur plus grand De la m me mani re il serait rationnel pour lui de devancer la r alisation de maux si cela lui permettait d viter un plus grand mal dans l avenir Le probl me est que nous ne sommes pas immortels donc nous n avons pas de raisons de privil gier syst matiquement l avenir 2 L
88. des consid rations g n rales explicites sur des normes jug es constitutives de la rationalit et de la mani re dont les agents prennent des d cisions En fait les critiques des tentatives th oriques de conceptualisation et d explication de la faiblesse de volont portent la plupart du temps sur la mani re dont les th oriciens con oivent en g n ral les facteurs processus et normes d cisionnels D ailleurs le principal d fi que pose la faiblesse de volont est de la concilier avec la mani re dont les th oriciens con oivent habituellement la motivation et les processus menant aux d cisions Lorsque les th oriciens proposent des descriptions m me sommaires des processus d cisionnels des agents rationnels la faiblesse de volont acquiert un caract re si paradoxal que nombres d entre eux en viennent penser que 7 malgr les apparences elle n existe probablement pas Il s agit d un probl me particuli rement difficile r soudre et qui a fait l objet d pres d bats depuis l Antiquit Les sources du paradoxe sont multiples Mais la principale vient du fait que la plupart des th ories du choix rationnel estiment que les agents sont des maximisateurs de bien tre ou de satisfaction de leurs pr f rences Aussi les pisodes de faiblesse de volont sont nigmatiques dans la mesure ou nous souscrivons de mani re g n rale l id e que les agents tendent syst matiquement en prenant des
89. des dispositions et des th ories inn es portant sur la structure physique du monde Baillargeon 1987 ainsi que sur les tats mentaux des autres agents Que les v nements du pass d terminent souvent les choix pour l avenir est un fait trivial qui ne contredit pas l id e que les attitudes motivant l agent en premi re instance sont essentiellement de nature prospective Lorsqu on demande un agent d expliquer pourquoi il a pris telle ou telle d cision d allocation c est habituellement par la mention du contenu de l un de ces param tres qu il nous r pond Cela n implique pas cependant que ces contenus soient tous conscients Les agents ont souvent beaucoup de mal expliciter les r gles d cisionnelles qu ils utilisent et des r sultats en neuropsychologie montrent 241 clairement qu ils ne sont pas toujours conscients des d sirs qui les motivent et de leur appr ciation h donique des cons quences Nisbett amp Wilson 1977 Berridge amp Robinson 2003 Mais acceptant l hypoth se que les agents prennent des d cisions la plupart du temps en fonction de l avenir et c est clairement le cas je crois que pour expliquer les d cisions akratiques on doit mettre l accent sur les attitudes prospectives Les attitudes prospectives peuvent tre plus ou moins sophistiqu es Elles deviennent sophistiqu es lorsqu elles comportent des consid rations m tacognitives m ta d sid ratives ou m
90. des enfants plus tard ils affirment spontan ment qu ils n ont rien d cid parce que cela va de soi d avoir des enfants lorsqu on est adulte Aussi beaucoup se montrent surpris l id e de discuter de leur volont d avoir des enfants mais se ravisent lorsqu ils d cident de se pr ter au jeu de la critique des motifs tant t go stes tant t altruistes d avoir des enfants 74 Cit par Dawes 1990 180 75 Certains sp cifient par contre des conditions plus exhaustives comme avoir suffisamment de moyens financiers un conjoint fiable et amoureux une vigueur minimale etc Mais cela ne change rien la nature du probl me 155 Il y a d ailleurs toute une litt rature sur le ph nom ne des choix par d faut que les agents font d une mani re plus ou moins consciente L une des avenues les plus prometteuses est l tude des choix par d faut r v l s par des mod les institutionnels Par exemple le choix de contribuer a un r gime de retraite est dans certains pays un choix par d faut que les travailleurs peuvent changer tout moment La d cision de ne pas donner ses organes apr s sa mort est au Qu bec un choix par d faut alors que c est l inverse en France Comme les banques d organes sont beaucoup plus garnies dans les pays ou le don d organe est un choix par d faut cela justifie ce que Thaler et Sunstein 2003 appellent un lib ralisme paternaliste soit l attitude politique qui
91. discute d un probl me moral avec quelqu un qui tient une position diff rente de la sienne s aper oit s il a suffisamment de recul analytique que ce qui emp che tout le monde de converger vers une solution r side la plupart du temps dans un d saccord sur les faits et rarement dans un d saccord sur des valeurs Putnam 2004 M me dans les cas o les d saccords reposent r ellement sur une divergence de valeurs il existe tout de m me un espace de d lib ration pour questionner l exigence d inclure certaines valeurs au nombre des raisons pertinentes pour r soudre un probl me moral ou pour discuter de la place que ces valeurs doivent occuper dans une chelle de valeurs pertinentes ou pour d terminer le poids relatif des valeurs pour trancher en cas de conflit de valeurs Dans chacun de ces niveaux de discussion on fait intervenir des consid rations factuelles nombreuses Il y a des ant c dents cognitifs multiples et vari s l adh sion des valeurs comme la libert la s curit l excellence le courage la quantit plus grande d opportunit s l intelligence la sant la reconnaissance sociale etc De m me qu il y a pour les agents des ant c dents cognitifs multiples et vari s l adh sion a des chelles de valeurs qu elles soient contextuelles ou absolues Accepter cela n implique cependant pas que tous les conflits moraux se r gleront demain matin si tout le monde accepte de bonne fo
92. doit galement mentionner quand cela est pertinent des cons quences r elles qu ils produisent Dans le cas des d cisions akratiques la mention de ces cons quences est essentielle Ce qui arrive l agent une fois qu il a pris une d cision akratique exemplifie des propri t s particuli res qui entrent dans l explication et la compr hension du ph nom ne Aussi au niveau conceptuel donner une place importante aux cons quences des choix akratiques nous permet de les envisager comme des choix intertemporels Il s agit d une orientation conceptuelle que beaucoup de chercheurs en psychologie du choix et en conomie comportementale ont prise ces derni res ann es Les th ories du choix intertemporelle offrent un clairage nouveau sur le ph nom ne de la faiblesse de volont A l int rieur de ce cadre conceptuel beaucoup de chercheurs ont mis en relief des donn es exp rimentales qui tendent montrer que les agents qui vivent un pisode de faiblesse de volont optent typiquement pour des allocations intertemporelles d crivant un sch ma distinctif 9 2 1 Les choix comme alternatives d allocation intertemporelle intrasubjective Qu est ce qu un choix intertemporelle Grosso modo il s agit d un choix qui refl te en quelque sorte une solution de compromis entre les diff rentes r compenses et p nalit s disponibles et subies diff rents moments du temps Loewenstein amp Elster 1992 217 Fred
93. donnent au quotidien et dans leur vie professionnelle Les objectifs trop ambitieux engendrent souvent une s rieuse inhibition La r ponse cette inhibition se traduit souvent par une autorisation 195 Structuredprocrastination com 1995 2008 228 pour soi m me effectuer de mani re imparfaite une autre t che qui occupe une place plus p riph rique dans notre plan 9 2 2 1 Autres sch mas d allocation moins courants Tous les probl mes de faiblesse de volont ne pr sentent pas n cessairement des profils h doniques potentiels comme ceux d crits par les figures 8 10 Il faut tenir compte des situations o l agent doit d cider entre des allocations qui ne comportent que des b n fices ou que des co ts Dans beaucoup d exp riences de laboratoire on propose des agents humains ou animaux de choisir entre deux biens de valeur diff rente mais disponibles des instants diff rents et non pas entre des biens qui se transforment en maux et des maux qui se transforment en biens Dans une exp rience c l bre Rachlin et Green 1972 offrent des pigeons la possibilit d appuyer sur des touches qui actionnent un m canisme qui distribue des quantit s de nourritures variables des moments diff rents Thaler a mesur pour la premi re fois les effets qu avait sur des humains l offre de deux r compenses diff rentes en argent disponible des instants diff rents Thaler 1981 Je ne connais toutefois
94. du terme que les consid rations sur les probl mes de transmission motrice Trop manger fumer procrastiner surconsommer s endetter l exc s ne pas suffisamment se prot ger lors de rapports sexuels remiser nos appareils d entra nement physique ne pas faire des 61 conomies sont souvent des probl mes de faiblesse de volont mais rarement des probl mes d impulsion motrice 2 3 Conclusion Bien qu erron le cognitivisme motivationnel de Platon est une position th orique beaucoup plus robuste et subtile qu il y parait Nous surestimons spontan ment notre capacit valuer correctement l intensit et la dur e de nos tats h doniques futurs et il n est pas exclu que cette myopie cognitive joue un r le important dans l explication de l akrasie Le fait que la plupart de nos d sirs et un grand nombre de nos motions aient des ant c dents cognitifs rend galement plausible le cognitivisme motivationnel Toutefois il est difficile de d fendre l hypoth se que le soubassement motivationnel d un agent est constitu exclusivement de consid rations cognitives et que par cons quent il agit toujours par jugement et non pas d sirs ou pr f rences D ailleurs le rejet du cognitivisme motivationnel ouvre la porte la stricte akrasie Par contre l hypoth se de la maximisation comme norme constitutive de la rationalit pratique continue tre un l ment de tension important pour t
95. ductibles Il n y a pas pour Holton de descriptions satisfaisantes de la faiblesse de volont qui fassent l conomie de consid rations normatives Aussi 1l rejette la d finition Standard comme caract risation de la faiblesse de volont parce qu elle fait entre autres l conomie de telles consid rations 8 1 3 Des avantages consid rer la faiblesse de volont comme la violation d une intention Holton expose toute une s rie de raisons qui militent clairement en faveur de l id e que non seulement la d finition Standard n est pas satisfaisante pour caract riser les cas les plus communs de faiblesse de volont mais que sa propre conception permet d expliquer bon nombre d intuitions importantes que nous avons l gard de ce ph nom ne Ces raisons sont particuli rement convaincantes et peuvent mon avis tre tout fait compl mentaires aux raisons que j ai donn es dans le chapitre pr c dent ou les recouper pour rejeter la d finition Standard 8 1 3 1 D cider entre des options incommensurables ou indiff rentes Un agent peut former l intention de s engager dans une ligne de conduite plut t qu une autre sans tre pour autant capable de d terminer laquelle est la meilleure parce que les options sont incommensurables Holton mentionne l exemple d un jeune homme qui pendant la Seconde Guerre mondiale doit d cider entre aller combattre le fascisme ou rester la maison pour s
96. en vouloir de ne pas nous tre engag s dans une d lib ration plus sophistiqu e Mais les regrets post hoc ne sont pas n cessairement une raison suffisante pour condamner un choix Des recherches en psychologie sur le ph nom ne de la dissonance cognitive tendent montrer que les personnes regrettent davantage les choix qu ils n ont pas faits que les choix qu ils ont faits Des m canismes de r duction de la dissonance cognitive font le travail d att nuation des d sagr ments li s aux v nements aux tats de choses ou aux personnes qu on ne peut fonci rement viter En outre on estime commun ment qu une d cision importante requiert une proc dure d cisionnelle sophistiqu e Or il s agit d une erreur que je vais expliquer dans la prochaine section Un choix al atoire peut tre la meilleure proc dure pour prendre une d cision importante Lorsqu un agent manque d informations pertinentes pour d couvrir la meilleure option un choix al atoire peut s imposer Un consommateur de billets de loterie gratter ne d lib re pas devant le commis dans le but de d couvrir un billet gagnant m me si un tel billet g t probablement dans le pr sentoir Comme sa d lib ration serait sans fondement il proc dera un choix al atoire Cela dit la d lib ration demande du temps Dans des situations d urgence il est quelquefois pr f rable d opter pour un choix sous optimal et de le faire rapidement
97. es d abord elles deviennent connaissances et ensuite elles restent leur place M non 98a Une fois qu elle se trouve impl ment e dans l esprit la connaissance rend les agents r sistant aux pisodes de faiblesse de volont Protagoras 352d7 E2 352 E6 353a5 C2 357c7 d1 E2 L instabilit de l opinion ou croyance non rationnellement justifi e explique pourquoi les agents sont inconstants et changent d avis ais ment sur les lignes de conduite qu il convient d adopter Comme la connaissance est cens e toujours identifier le bien le plus grand il s ensuit que les agents qui vivent ces pisodes sont mus par l opinion et non par la connaissance 2 1 1 1 La perspective temporelle et le plaisir d anticipation dans le Phil be Dans le dialogue Le Phil be Platon fournit des d tails suppl mentaires pour comprendre son intellectualisme motivationnel Il introduit la notion de plaisir faux pour expliquer les erreurs de jugement qui poussent l occasion les agents adopter des comportements relevant de la faiblesse de volont Les plaisirs faux ne sont rien d autre que des plaisirs que l agent ressent pr sentement l id e fausse de ressentir des plaisirs futurs Dans ce dialogue Platon distingue donc le plaisir d anticipation du plaisir anticip Le Phil be 39d 41a Ce faisant il raffine sa position sur ce qui constitue selon lui le bottom rock de la motivation savo
98. est pr parer le petit d jeuner Aussi la th orie des niveaux de construction semble plus appropri e pour une th orie plus g n rale du mal vouloir se tromper vouloir quelque chose que de la 122 M taphore qu il emprunte Newby Clark et Ross 2003 278 faiblesse de volont Bien que la faiblesse de volont devrait id alement figurer dans un chapitre d une th orie g n rale du mal vouloir l absence d arrimage avec ce qui arrive typiquement aux agents akratiques constitue un d faut L hypoth se des pr f rences temporelles semble cet gard plus appropri e 10 4 Conclusion Les attitudes orient es vers l avenir et non le souci de coh rence avec des jugements ou des d cisions pass s sont la clef pour expliquer les pisodes de faiblesse de volont mais aussi les d crire correctement Le sch me de la th orie du choix intertemporel fournit les meilleurs outils conceptuels pour aborder le ph nom ne Du point de vue empirique on constate qu il n y a pas de diff rences significatives entre les choix strictement akratiques et ceux relevant de la faiblesse de volont diachronique Les deux impliquent des distributions de cons quences pr sentant des profils h doniques analogues La diff rence ne r side pas proprement parler dans les propri t s de ces choix mais dans le fait qu il y a ou non pr sence d un conflit interne qui tire l agent dans des directions oppos es Les
99. est tr s limit e Aussi il ne me viendra pas l esprit d inclure ne serait ce qu implicitement une clause mentionnant cette possibilit La plupart du temps on identifie la teneur des clauses virtuelles post facto On fait des hypoth ses qui ont la forme de conditionnels contrefactuels propos de ce que l agent aurait inclus comme clause sil avait pu pr voir ce qui s est effectivement pass apr s Cela ressemble beaucoup ce que les juristes font lorsqu ils interpr tent les lois la lumi re que ce qu ils appellent l esprit du l gislateur Dodd 2007 Ils se servent de normes d interpr tation de cas jurisprudentiels et de consid rations relatives au cas particulier Mais nous le faisons tous de mani re plus ou moins intuitive propos des autres et de nous m mes lorsque vient le temps de poser un jugement sur le caract re r solu d un comportement Imaginons par exemple je d cide de donner le bain mon chat au grand plaisir de la maisonn e J ach te les produits qu il me faut pour m acquitter de cette besogne mais d cide de sortir avec des copains plut t que de le faire L v nement d clencheur est le simple fait que j ai observ au moment o je m appr tais attraper le chat un h ron passant au dessus de ma maison Ma femme diagnostiquera chez moi une irr solution et cela ne changera pas grand chose si je lui dis Ch rie javais certes pris la d cision de donner
100. et dans certaines situations une seule pour trancher entre des alternatives et n utilisent la d lib ration que dans de tr s rares contextes Aussi si l on accepte l existence de la stricte akrasie la conception Standard nous am nerait en sous diagnostiquer les cas Il est plus appropri de ne pas faire r f rence un jugement foutes choses consid r es ni m me un meilleur jugement dans la 187 conception Standard parce que de toute fa on les agents rationnels ne tentent habituellement m me pas d en former Les agents utilisent pour r soudre la plupart des probl mes pratiques auxquels ils font face des r gles des heuristiques et des proc dures d cisionnelles h t rog nes dont les r sultats peuvent l occasion entrer en conflit Ce genre de conflit est nigmatique dans la mesure o les agents sont r put s d cider conform ment au r sultat d un seul et unique type de processus computationnel savoir la d lib ration rationnelle au sens classique du terme Mais lorsqu on arrive identifier les proc dures en cause le ph nom ne devient plus th oriquement compr hensible Je d laisse pour l instant les disputes sur la stricte akrasie pour aborder la conception de Richard Holton Holton s est moins int ress la stricte akrasie qu l akrasie tout court Il a formul une conception qui jouit actuellement d une assez grande popularit en raison de sa simplicit et de
101. ex s lection de candidat acquisition d une maison choix d un partenaire sexuel appel l expertise etc La s lection et l limination par attribut sont particuli rement adapt es aux environnements qui impliquent pour l agent des co ts lev s d acquisition d information Les heuristiques sont aussi utiles dans des environnements qui comportent des aspects non param triques comme les contextes de choix strat gique La c l bre strat gie donnant donnant d crite par Robert Axelrod illustre bien ce genre d heuristique utilis e dans des contextes de coop ration qui comportent n anmoins des alternatives opportunistes Elle consiste coop rer avec autrui lors de l interaction initiale puis d imiter son comportement jusqu la fin Cette heuristique permit entre autres de voir appara tre la coop ration dans des milieux aussi hostiles que celui des tranch es de la Premi re Guerre mondiale Les soldats de bataillons adverses avaient tout int r t coop rer en feignant de tirer pour tuer mais ne pouvaient s assurer que la partie adverse fasse sa part dans les moments critiques Donnant donnant put tout de m me prolif rer sur le front et cela en d pit des risques de se faire rep rer par les officiers Les conditions environnementales requises pour la prolif ration et la robustesse de donnant donnant sont multiples Elles vont de la capacit commune de punir autrui pour l absence de coop ratio
102. f rences ex ne pas se dire qu on a achet un nouvel ordinateur mais dilapid ses conomies ou associent des activit s h doniques de qualit s oppos es pour raffermir leur motivation ex nettoyer sa salle de bain en coutant de la musique etc Aussi nous n avons pas vraiment besoin de postuler l existence de pr f rences temporelles pures pour expliquer les pisodes de faiblesse de volont Il est th oriquement plus prudent de dire que les agents escompteront hyperboliquement le futur s ils sont contraints de ne se rabattre que sur la computation de certains signaux de mani re analogue l valuation des grandeurs 2 La th orie des niveaux de construction mentale des v nements Il est possible d expliquer pourquoi les agents escomptent hyperboliquement le futur sans postuler l existence de consid rations d sid ratives sp ciales au sein de son espace motivationnel Le param tre cognitif des d cisions peut tre suffisamment complexe et riche pour nous 274 fournir les clefs n cessaires pour expliquer la faiblesse de volont La th orie des niveaux de construction mentale des v nements fournit aux dires de leurs promoteurs ce genre de clefs Les hypoth ses qui forment le c ur de cette th orie sont que a le niveau construction mentale des v nements virtuellement r alisables par les agents d termine en partie leur motivation les r aliser et que b la distance temporell
103. faiblesse de volont nous risquons de la confondre l occasion l akrasie et les caprices Il nous est tous d j arriv de suivre en voiture un ami qui avait choisi un restaurant mais qui par caprice modifie sans cesse son choix en cours de route Nous estimons spontan ment que dans ce genre de cas notre ami pr te l oreille des tendances qu il n est pas raisonnable de consid rer m me s il croyait depuis le d but que son choix initial n tait pas le meilleur choix Les caprices peuvent rendre la coordination intersubjective exasp rante Mais nous n avons pas l intuition qu il s agit d un probl me de faiblesse de volont en d pit du fait que les conditions 3 et 4 ne sont pas respect es dans ce cas 197 Conscient du probl me Holton distingue les intentions qui sont con ues pour tre contraires aux inclinaisons d l t res et celles qui ne sont pas con ues comme telles Si un agent est dispos r viser une intention qui fut au moins en partie con ue pour tre stable face des inclinations d l t res subs quentes alors il vivra un pisode de faiblesse de volont Dans le cas contraire il se montrera seulement capricieux Cela dit si l on inclut parmi les param tres de stabilit des intentions plans et r solutions des injonctions d ignorance relative des inclinaisons d l t res venir il est clair que la conception de Holton comporte des l ments normatifs irr
104. faiblesse de volont a re u dans la litt rature m di vale diff re de ce qu on trouve chez Platon et Aristote Des auteurs comme Augustin Thomas d Aquin Anselme et Burridan ne d tachaient pas clairement les questions th oriques portant sur la motivation des questions portant sur la morale et la religion Dans l optique de Platon et d Aristote la rationalit est un trait constitutif de l esprit humain elle rel ve de ce qu on fait tandis que les erreurs et les garements seraient des accidents ils rel vent de ce qui nous arrive Dans la tradition m di vale les choses sont invers es Celle ci voit dans la constitution de notre esprit source de nos garements class s sous la rubrique de la faiblesse de la chair alors que les sources de rationalit sont attribuables au Divin Ainsli 2001 L existence du p ch originel l explication du mal dans le monde et la doctrine du libre arbitre ont men les auteurs de l poque inf rer l existence d une facult nouvelle la volont Pironet amp Tappolet 2003 Dans ce qu on a par la suite appel le volontarisme m di val la volont est d s lors con ue comme la facult qui est capable d exercer le libre arbitre n cessaire pour choisir entre le bien et le mal Aussi c est dans la volont que r side la possibilit du salut de son me autant que la possibilit de sa d ch ance D une mani re plus prosa que le r le que joue la vol
105. gains et des pertes et leur r partition statistique au travers des paquets Cette exp rience montre que les agents qui doivent faire des choix en situation de risque et pour lesquels les gains et les pertes importent ils ne sont pas dans une situation de choix impartial adoptent des lignes de conduite rationnelle que si et seulement si les bons choix et les mauvais choix sont motionnellement marqu s Le d faut de r action motionnelle 56 3 i x 3 32 n entraine pas un contr le de soi plus accru c est plut t inverse qui se produit L autre conclusion tirer est que les tats motionnels qui motivent certains de nos choix peuvent ais ment passer sous le radar de la conscience Cela ne jette pas seulement un certain discr dit sur nos m canismes d introspection cela relativise aussi limpact des raisonnements conscients dans la prise de d cisions rationnelles Cela dit ces conclusions n impliquent pas en retour que les agents akratiques soient n cessairement en d ficit motionnel Seulement s il y a un d ficit motionnel il y a une probabilit accrue d pisodes de faiblesse de volont Cela n implique pas non plus que les motions ne jouent qu un r le positif dans le processus d cisionnel des agents Il ne fait pas de doute que le type d motion et son intensit jouent un r le dans certains comportements akratiques Il n est pas exclu qu on explique certains pisodes de
106. heuristique d cisionnelle et non pas suite une pond ration compl te des raisons qui sous tendent l ensemble des alternatives qui s offrent lui Comment les gens savent ils par exemple qu il est irrationnel de fumer Il y a videmment beaucoup de consid rations qui entrent en jeu lorsque vient le temps de se d cider ou de s abstenir de fumer et cela autant pour les personnes qui ont acquis l habitude de fumer que pour celles qui se demandent si elles devraient commencer fumer On devient habituellement fumeur pour toutes sortes de raisons et on demeure fumeur pour d autres raisons On commence fumer pour faciliter son int gration un groupe social ou s en distinguer ou pour faire de nouvelles exp riences On continue fumer pour des motifs visc raux comme le manque ou pour retrouver un r confort dans une source de plaisir assur et difficilement rempla able 176 Bref les personnes ont toutes sortes de raisons pour fumer mais ne consid rent pas habituellement qu il s agisse de bonnes raisons Cela est particuli rement vident pour les fumeurs inv t r s qui mettent en garde les plus jeunes du danger de d buter une consommation r guli re pour des motifs sociaux Comme les consid rations sociales sont particuli rement importantes pour l adolescent les mises en garde sont souvent ignor es Et puisque les adolescents ont en g n ral une aversion plut t limit e aux risques les injon
107. information et la pond ration des raisons Il est videmment mieux de respecter une r gle d abstinence compl te qu aucune r gle l gard d un probl me d addiction Seulement rien ne s oppose par principe l id e qu une consommation optimale pour un agent aux prises avec une d pendance consisterait en une consommation intermittente en d pit de certains co ts importants Peut tre qu une consommation intermittente n est pas ici une solution optimale En fait elle repr sente un risque important de rechute Mais rien ne nous permet d exclure a priori l hypoth se qu il puisse s agir d une ligne de conduite optimale Or il est difficile de mesurer le risque r el de rechute pour un individu particulier voluant dans une situation particuli re En raison d un manque de robustesse de l optimisation dans un contexte aussi complexe la marge d erreur est importante et surtout lourde de cons quences Aussi nous avons tous l impression qu un agent aux prises avec une d pendance qui entame un processus de d lib ration qui comporte entre autres une mesure de ce risque en plus d une mesure du plaisir d coulant d une consommation post abstinence ne se comporte pas de mani re rationnelle Il devrait plut t se contenter de suivre la r gle simple si tu souhaites remplir tes obligations familiales ne t engage jamais dans des comportements addictifs Suivre ce genre r gle ne permet peut
108. intention m me s il tait appropri de r viser cette derni re Aussi la force de volont peut se transformer en opini tret quand l agent devient plus ou moins insensible aux diff rents signaux qui militent dans le sens d une redirection de ses efforts La distinction entre la force de volont et l opini tret est quelque peu vague Il existe beaucoup de cas limites pour lesquels les observateurs ne s entendront pas sur le diagnostic Cela n implique videmment pas que la distinction soit erron e mais seulement que tant donn le caract re vague des deux notions l explication de Holton comportera des aspects vagues Avec la conception classique de la faiblesse de volont il devient difficile d offrir une explication de la faiblesse et de la force de volont qui partage un m me scheme On contraste dans la conception classique la faiblesse de volont avec le contr le de soi Le contr le de soi est aussi pr sent dans la force de volont que dans l opini tret et ne permet donc pas de distinguer les deux D ailleurs le probl me que peut repr senter pour un agent le fait d avoir un contr le de soi trop marqu r side dans le manque de spontan it qu il implique Or comme le soutient Holton le manque de spontan it est tr s diff rent de l opini tret 199 8 1 3 3 L absence de conflits internes Pour la conception classique un agent qui vit un pisode de faiblesse de v
109. it were from where motivation occurs 1992 73 Le processus brut dont parlent Ainslie et Haslam refl terait la dynamique motivationnelle de base de bon nombre d organismes et ne serait pas param trable en amont par des facteurs cognitifs d valuation La saillance motivationnelle que les cons quences acqui rent mesure qu elles se rapprochent temporellement reposerait sur des consid rations d sid ratives aussi brutes que notre go t inn pour des aliments sucr s et riches en mati res grasses nos pr f rences la base de notre orientation sexuelle notre aversion la douleur notre d sir de reconnaissance sociale etc Si les pr f rences temporelles font effectivement partie du soubassement motivationnel des agents alors notre attention th orique doit porter sur les m canismes de contr le de soi et non sur la faiblesse de volont Parce que les agents respectent parfois leurs r solutions parfois les violent il semble arbitraire de dire que c est le premier ph nom ne et non le dernier qui requiert une explication sp ciale Mais l histoire de la physique nous offre une raison de penser que cela est une bonne attitude pist mique Se r f rant la 1 loi du mouvement dans la physique newtonienne Ainslie et Haslam affirment que 270 when Aristotelian philosophers looked for propellants rather than retardants they actually found none and had to account for momentum with ad hoc constructs
110. jugement est akratique Aussi la version simplifi e est diff rente de la version longue seulement en ce qu elle ne mentionne pas explicitement les clauses a et b J utiliserais donc indistinctement les deux versions pour le reste de mon propos 66 3 1 1 Pr cisions concernant la conception standard M me si la d finition standard est claire certaines pr cisions sont n anmoins n cessaires On ne peut pas dire que l agent agit intentionnellement l encontre de son meilleur jugement si son comportement est simplement incoh rent inconsistant avec son meilleur jugement Audi 1993 On ne peut pas dire par exemple qu un agent vit un pisode akratique s il n applique pas le r sultat de sa d lib ration parce qu il l a oubli On peut d lib rer pour r soudre un probl me d cisionnel futur et obtenir un r sultat qu on oubliera ensuite dans le feu de l action ou dont on oubliera certains des d tails Je peux par exemple d lib rer pour d terminer quel chemin je dois prendre pour me rendre chez un ami Comme l itin raire choisi est passablement sinueux et que je ne dispose pas de GPS ou de carnet de note pour l inscrire j en oublierai certaines portions et m engagerai dans des avenues inappropri es Il est galement possible qu ayant d lib r sur la mani re dont je dois aborder quelqu un de particuli rement susceptible j oublie en cours de route la ligne de conduite ad quate et
111. jugement quelconque alors cela reste compatible avec les proc dures d cisionnelles que j ai d crites Mais si cela veut dire que en excluant les cas limites les agents d cident de faire ce qu ils veulent faire en se guidant par un jugement toutes choses consid r es alors son analyse reste incompatible avec ce que j ai mentionn dans ce chapitre 7 4 Conclusion L hypoth se de la maximisation qui remonte en fait jusqu Platon est sans doute le principal l ment th orique qui fait appara tre la stricte akrasie comme quelque chose de 186 paradoxale Comment les agents pourraient ils d cider de mani re contre pr f rentielle s ils tentent toujours de maximiser la satisfaction de leurs pr f rences En fait hypothese de la maximisation n est plausible que si l on dispose conceptuellement des seuls d sirs et croyances pour expliquer les d cisions Or lorsqu on d crit dans le d tail les d cisions les s ries de d cisions et les comportements des agents dans des contextes de choix on s aper oit qu ils utilisent toute sorte de r gles d heuristiques et de proc dures d cisionnelles qui font fi de beaucoup d informations pertinentes mais sont suffisamment adapt es aux probl mes pour assurer le succ s de l agent et d une meilleure fa on que s il avait maximis Il est donc difficile de d fendre l id e que les agents ne peuvent pas d cider de mani re contre pr f rentielle o
112. l imp rativisme voir Peter Geach 1965 et Tappolet 2004 5 12 Cela dit Joseph Heath a formul un argument s mantique en s appuyant sur certaines remarques formul es par Sellars 1963 Dans sa critique de la position externaliste Heath cite le dicton de Sellars suivant lequel c est une v rit n cessaire que les personnes tendent de faire ce qu elles jugent devoir faire et c est aussi une v rit n cessaire que les personnes qui occupent une position linguistique de laquelle elles signifient je dois faire A tendent faire A 2008 229 Heath d veloppe assez peu cet argument souhaitant mettre plut t l emphase sur l existence d explications alternatives de la faiblesse de volont comme l instabilit dynamique des pr f rences Mais il estime qu une expression comme vouloir faire x implique essayer de faire x dans nos usages linguistiques socialement enr giment s L externalisme impliquerait selon Heath la possibilit d un d salignement syst matique entre ce qu un agent affirme sinc rement devoir faire et ce qu il fait effectivement Or la perspective d un tel d salignement nous am nerait en fait r viser nos attributions d intention cet agent et cela conform ment aux r gles langagi res qui encadrent l usage de ces expressions 118 c ne mentionnent qu une convention sociale ou une opinion de bon ton ou d ont seulement le sentiment qu i
113. la m thode de Franklin qui tait plus pr s du processus computationnel r el des agents d lib rants La m thode de r gression lin aire plus sophistiqu e consiste tenir compte du poids probabiliste des raisons dans la d lib ration Par exemple si vous faites face une personne dont vous devez d terminer l ge vous allez chercher un certain nombre d indices pertinents la couleur des cheveux la pr pond rance des rides sa posture son go t vestimentaire etc Or si tous ces indices sont pertinents certains sont de meilleurs indicateurs que d autres Id alement votre jugement devra tre non seulement bas sur ces indices mais vous devrez galement peser par le biais d une analyse r gressive le poids probabiliste de chacun de ceux ci en isolant les signaux qui sont de bons indicateurs Hastie amp Dawes 2010 Par exemple si je dois choisir entre Maryse et Denise et que la fid lit est un crit re important alors j isolerai des indices de fid lit et d infid lit potentielles comme l absence de rapport d infid lit provenant des proches l int r t marqu pour les autres hommes etc 110 Mais il y a galement une proc dure lin aire plus simple et plus rapide que l alg bre de Franklin propos e Robyn Dawes la fin des ann es 1970 Dawes soutient que les agents prennent la plupart du temps de bonnes d cisions s ils ne font que faire une liste mentale des raisons positives pour sou
114. la sorte mais logiquement impossible en vertu des r gles qui encadrent l usage des expressions intention et d cision Pour Heath la question de savoir si un agent a l intention de faire quelque chose ne rel ve pas d une question de fait du moins pas d une question qu on peut r soudre avec un scan du cerveau Attribuer une intention particuli re consisterait seulement assigner un statut doxastiquement plus faible l agent que de lui attribuer une d cision On peut tre en accord avec certains des arguments de Heath sans pour autant souscrire son arri re plan th orique et conceptuel L id e que nous devions former des intentions pour agir et non seulement prendre des d cisions est une hypoth se contestable Cela devient particuli rement vident quand les d cisions visent l obtention de quelque chose tandis que leurs intentions corr latives visent autre chose Mais je pense que cela ne rend pas caduque la conception de Holton sur la nature de la faiblesse de volont En fait je ne vois pas pourquoi on pourrait s emp cher d identifier les intentions plans et r solutions avec des d cisions orient es vers le futur mais qui comportent une note sur le caract re incertain de leur r alisation ou m me sur le caract re incertain de l agent lui m me l gard de leur r alisation Cela nous permettrait de pr server l essentiel de la conception de Holton et de son arri re plan th
115. leurs choix et de leurs d cisions On dira plus naturellement qu un agent a choisi une ligne de conduite choisi d emprunter un chemin ou de mani re plus pr cise choisi de faire ceci ou cela tandis qu il est plus artificiel de dire qu un agent a choisi de produire un v nement ou a choisi d engendrer un effet sp cifique Pourtant une analyse de l usage des termes d action r v le qu ils fournissent souvent une information sur des cons quences Feinberg 1970 Bratman 1997 tuer quelqu un implique qu on a caus sa mort acheter un bien implique qu on a caus sa vente ouvrir une porte implique qu on a caus l ouverture de la porte etc Si l on ne souhaite cependant pas mettre l emphase sur certaines cons quences on utilisera des termes d action plus proches du vocabulaire descriptif des mouvements corporels Au lieu de dire que Fulgence a choisi de tuer R al on dira par exemple qu il a choisi de tirer sur la g chette Pour ce qui est des choix ou d cisions d accomplir une action particuli re on a souvent besoin d inclure des informations sur les cons quences pour les sp cifier videmment lorsqu on choisit d accomplir une action sp cifique on ne choisit pas de les accomplir ipso facto sous toutes les descriptions qui mentionnent des informations sur ses cons quences Choisir de tirer sur la g chette n implique pas qu on choisisse de tuer quelqu un en d pit du fait que
116. m canismes subtils du jugement ex l ancrage l effet de halo etc Pour des raisons psychologiques mais aussi culturelles leur attention est davantage orient e vers d autres types de causes plus saillantes Nisbett et Wilson mentionnent tout de m me que s il existe de bonnes raisons de croire que les personnes n ont pas un acc s privil gi leurs processus mentaux ils sont tout de m me un acc s privil gi mais pas automatiquement infaillible aux r sultats de ces processus et dans certains cas des r sultats d tape Donc le rapport introspectif des valuations et motivations les plus fortes que les personnes disent avoir peuvent s av rer tre une source fiable pour tablir leurs r elles valuations et motivations Il est seulement hasardeux de se fier ces rapports pour d crire le processus r el qui a men la formation de ces valuations et motivations Cela laisse le probl me de la stricte akrasie relativement intact Toutefois Lamb et coll 1991 et Fischman et coll 1992 ont labor des exp riences neurologiques qui mettent en relief des d sirs et appr ciations qui passent compl tement sous le radar de la conscience de consommateurs de drogue qui rapportent avoir d autres d sirs et exp riences h doniques 8 C est ce qui expliquerait d ailleurs pourquoi les th ories du complot sont si populaires 139 Lamb et coll ont offert des h roinomanes l occasi
117. ment notre estimation Aussi nous optons pour des allocations intertemporelles avantageuses lorsque les cons quences sont presque enti rement distribu es dans une p riode lointaine Par exemple il est plus facile de prendre la d cision de subir une intervention dentaire lorsque cette derni re a lieu dans un mois que lorsqu elle a lieu le lendemain Si je compare l option de m y soumettre avec l option de m en abstenir j aurai une vue d ensemble plus conforme mon int r t bien pes si les cons quences qu elles engendrent ont lieu dans un avenir lointain Aussi je serai alors dispos prendre un rendez vous chez le dentiste Mais comme le rapprochement temporel des cons quences anticip es en distordra mon valuation je deviendrai davantage dispos annuler mon rendez vous Si je le fais j prouverai typiquement des regrets une fois la date de mon intervention pass e car j aurai alors recouvr une vision claire de mon int r t bien pes L analogie avec les illusions d optique est clairante mais on ne doit pas la pousser trop loin On n est plus leurr par une illusion quand on en conna t ne serait ce que sommairement les m canismes Par contre le fait de savoir que nous escomptons hyperboliquement le futur ne nous met pas l abri des erreurs souvent graves que nous sommes dispos s faire en choisissant certaines allocations L escompte hyperbolique nous pousse de mani re plus ou moins
118. mentale si l agent ne dispose d aucune carte r elle Or Kosslyn 1980 a d couvert que les cartes mentales poss dent des propri t s isomorphiques tonnantes Lorsqu on demande aux sujets d une exp rimentation de fixer leur attention de mani re alternative sur divers points identifi s sur une carte r elle qu ils ont pr alablement examin e on se rend compte que le temps n cessaire pour fixer leur attention est proportionnel la distance r elle qui s pare ces points sur la carte Un sc nario sera labor en fonction de ces aspects et d un arri re plan de connaissances factuelles et causales tacites Dennett 1995 Par exemple voyant l l ment chauffant d un po le devenir rouge je peux me demander si je dois y appos la main quelle dr le d id e J imaginerai alors un sc nario o je touche l l ment et me br le la main parce que je connais des faits pertinents relatifs aux l ments rougis et ce que peut faire la chaleur intense sur des tissus corporels Or la couleur du po le et sa marque de commerce ne sont pas assez pertinentes pour les int gr s au sc nario que je me fais Ma simulation mentale s alourdirait trop si je les int grais par souci de r alisme D ailleurs le caract re conomique du processus d laboration des sc narios imaginaires ne se manifeste pas qu au niveau du degr de d tails et de r solution Ruth Byrne a d crit dans le d tail ce qu elle appelle les
119. motifs qui expliquent pourquoi les agents optent l occasion pour des choix d savantageux ou pas aussi avantageux qu ils pourraient l tre typiques de la faiblesse de volont r sident dans le fait qu ils sur valuent les cons quences court terme par rapport celles r alisables dans un horizon temporel plus lointain Cette d valuation coupl e avec la structure temporelle des allocations disponibles explique l attrait des choix akratiques La nature de ces motifs qui sous tendent la d valuation du futur ne fait cependant pas l unanimit parmi les chercheurs Bien qu on sache qu ils prennent synth tiquement la forme d un escompte hyperbolique dans le cas de la faiblesse de volont il n est pas clair que le motif responsable des pisodes de faiblesse de volont soit une pr f rence temporelle pure comme l aversion pour le d lai de r compense ou la pr f rence pour le d lai de frustration La pr sence d une pr f rence temporelle au sein de l espace motivationnel de l agent est sans doute l hypoth se la plus simple et la plus naturelle Or il est difficile de dire avec certitude s il s agit vraiment d une pr f rence non d riv e de consid rations cognitives plus fondamentales concernant la perception de l avenir et la capacit d en anticiper les d tails D ailleurs comme l escompte hyperbolique ressemble d autres fonctions hyperboliques en particulier celles qui concerne
120. nera aucune s quelle Par Heath parle plut t ici de statut d ontique Il s inspire beaucoup de la s mantique de Brandom qui soutient entre autres que les contenus des d sirs et des croyances sont en partie d termin s par des r gles d autorisation et d engagement qui cautionnent les entr es et sorties du langage Mais il n est pas n cessaire d tre au fait de la th orie de Brandom pour comprendre ici la position de Heath C est pourquoi je pense on peut utiliser la notion de statut pist mique tout en restant conforme au propos de Heath 207 contre vous n avez pas boire le liquide pour tre effectivement r compens seulement former l intention de le faire Pour s en assurer on vous mettra dans un scanneur con u par le Docteur X qui est capable de d tecter des contenus de pens e Pouvez vous former l intention de boire la toxine Si l on adh re une th orie r aliste des intentions le dilemme semble insoluble D une part nous formerions des intentions parce que c est dans notre int r t de le faire et d autre part former ici l intention de boire le liquide toxique va clairement l encontre de notre int r t Ce genre de cas met en relief le fait qu il semble rationnel de former une intention de faire quelque chose mais irrationnel de faire cette chose Heath soutient que dans ce genre de cas il n est pas psychologiquement impossible de former une intention de
121. of my history In these cases the relevant external features are passive Because of their distal nature they play no role in driving the cognitive process in the here and now This is reflected by the fact that the actions performed by me and my twin are physically indistinguishable despite our external differences 1998 14 L externalisme actif de Chalmers et Clark va plus loin que simplement consid rer les supports tels que les listes d picerie les dictionnaires les fichiers informatiques les lignes peintes sur les routes ou les traces d urine pour certains animaux comme des mani res de d charger offloading des informations dans l environnement pour all ger la m moire des agents l aide de supports informationnels les agents peuvent litt ralement traiter les informations l ext rieur de leur cerveau comme lorsqu on fait des calculs sur du papier lorsqu on tape la machine ou m me lorsqu on touche des objets pour en d terminer leur profondeur spatiale Pour Chalmers et Clark ce genre de cas montre que the relevant external features are active playing a crucial role in the here and now Because they are coupled with the human organism they have a direct impact on the organism and on its behavior In these cases the relevant parts of the world are in the loop not dangling at the other end of a long causal chain Concentrating on this sort of coupling leads us to an active externalism as opp
122. orique Par exemple Holton emprunte l id e de Bratman de distinguer les intentions des pr f rences Or si les intentions sont des Te probl me n est pas qu un agent ne puisse essayer suffisamment fort de former ce genre d intention mais il est analogue celui qui consisterait pour un agent essayer de croire qu une pr misse est fausse et que la conclusion qu elle entra ne est vraie alors qu il accepte la validit de l argument Ibid 165 Ce qui est mon cas 208 d cisions l id e de les distinguer ne pose pas de probl mes m me si les deux sont con ues x GE KE 96 comme des tats ou v nements mentaux On pourrait objecter cependant que les intentions ainsi con ues ne peuvent pas jouer le r le contr lant que Holton et Bratman veulent pourtant leur faire jouer Je peux prendre une d cision pour l avenir mais rien ne m oblige respecter cette d cision si cette d cision ne concerne videmment que moi Il n y a pas d obligations qu elles soient de nature morale ou non envers soi m me Alors comment peut on consid rer que les intentions plans et r solutions ont une dimension contraignante pour l agent qui les forme Une r ponse consisterait dire que les agents peuvent se contraindre eux m mes au moyen d un engagement pr alable comme l a d crit Elster 1979 101 114 Je peux contraindre mon moi futur en modifiant pr sentement l tendue des option
123. parce qu il nous permet de prendre nos distances vis vis du mod le classique d interpr tation des actions et des choix reposant sur les croyances et les d sirs Dans le cadre de ce mod le les d cisions akratiques sont vues comme une forme 149 7 1 1 1 Satisfier Herbert Simon a d couvert que les agents conomiques comme les marchands et les conseils d administrations des entreprises ne se comportent pas comme le pr disaient les mod les conomiques de l poque Les strat gies marchandes ne sont pas adopt es la faveur d un calcul de risque sophistiqu qui inclurait des consid rations probabilistes dans une d lib ration rationnelle comme la m thode de Franklin Les agents opteraient plut t pour une proc dure consistant fixer l avance un seuil de satisfaction l aide de crit res pertinents et s lectionner ensuite la premi re option qui se situe au dessus de ce seuil Simon a appel cette proc dure satisfier Intuitivement parlant satisfier n est pas rechercher le meilleur mais seulement ce qui pour nous sera satisfaisant Par exemple si nous cherchons une paire de chaussures il est judicieux de se fixer l avance un seuil partir des propri t s pertinentes comme le prix l apparence la durabilit et le degr de confort Nous pouvons par exemple stipuler qu une paire de chaussures satisfaisante doit co ter en dessous de 100 tre assez belle relativement peu durabl
124. partir de laquelle il travaille Il y a plusieurs variantes de la conception Standard mais je pense que celle que Davidson examine dans l article intitul Comment la faiblesse de volont est elle possible en constitue sans doute la version canonique Conception Standard CS En faisant x un agent agit de mani re incontinente si et seulement si a l agent fait x intentionnellement b l agent croit qu il y a une autre action possible y a sa port e et c l agent juge que tout bien consid r il serait mieux de faire y que de faire x 1970 38 Cette d finition est cens e tre construite de mani re suffisamment g n rale et moralement neutre pour englober tous les cas putatifs de faiblesse de volont et exclure les cas qui n en rel vent intuitivement pas La clause a exclue les actions accomplies sans que l agent ait conscience de certains de ses aspects pertinents Certains des cas qu Aristote traite comme des instances d akrasie ex Un alcoolique en p riode de sevrage qui boit le contenu d une tasse remplie de Margarita en pensant qu il s agit de jus de fruit ne satisfont pas la d finition La clause b permet d exclure galement des cas intuitivement non akratiques ex Un ex alcoolique qui boit intentionnellement un punch alcoolis parce qu il n y a pas autre chose boire et qu il souffre de d shydratation Tandis que la clause c stipule que l agent
125. pas d exp riences qui mettent les agents face des dilemmes de nature morale ou non qui ne comportent que des cons quences n gatives Mais on peut raisonnablement croire que les agents choisissent de la m me mani re que dans les situations o ils ne font face qu des options avantageuses et qu on peut galement y voir des pisodes de faiblesse de volont Je ne sais pas toutefois si les contextes de choix qui ne pr sentent que des options avantageuses ou d savantageuses sont r pandus Beaucoup de probl mes d cisionnels concoct s en laboratoire mettent les agents face un dilemme de gains contre gains Au del du fait que ces situations sont artificielles et ne correspondent pas des probl mes d cisionnels qu on rencontre l ext rieur des laboratoires on peut mettre des r serves sur la description ad quate de ces allocations gain contre gain ou perte contre perte On a l intuition que de renoncer un gain plus petit mais rapproch dans le temps la faveur d un gain plus grand mais plus distant comporte sa part de d sagr ments Si je vous offre 20 maintenant ou 25 dans une semaine vous pourriez ressentir un l ger d sagr ment l id e de devoir renoncer un gain imm diat Dans ce cas l allocation aura un profil h donique ressemblant au profil B figure 2 Si en plus on peut s attendre a ce que le choix d allocation C produise un d croissement de la va
126. pas dans le fait qu il existerait des motivations conflictuelles au sein des m mes agents ce qui est trivialement vrai mais dans le fait que les pr f rences pour les s quences ascendantes portent explicitement sur des allocations intertemporelles alors que les pr f rences hyperboliques portent sur des parties de s quences et que c est dans la plupart des situations ces derni res qui l emportent Mais le probl me n est peut tre qu apparent Dans la plupart des situations nous choisissons des items parce qu ils exemplifient une ou deux propri t s et ignorons le reste ou choisissons d lib r ment de ne pas en tenir compte lors de la computation des raisons C est ce qui arrive notamment lorsque nous utilisons l heuristique de d cision une seule raison discriminante Les agents akratiques peuvent choisir une allocation seulement sur la base de la seule comparaison de deux cons quences virtuellement r alisables deux moments distincts dans deux allocations concurrentes 257 mais ils seraient n anmoins dispos s a d cider autrement s ils comparaient un chantillon plus large de cons quences comme dans les situations o on leur pr sente explicitement des s quences comme des parties importantes d allocation Cela dit certains th oriciens estiment que les pr f rences pour des s quences ascendantes ne sont pas d authentiques pr f rences temporelles car elles sont d riv es de co
127. people s decisions about the future but nothing wrong with their perception of it 2008 1537 Je ne discuterai pas ici du probl me plus g n ral de la pr diction de nos propres tats affectifs futurs affective forcasting problem s Je compte discuter de mani re plus d taill e de ce probl me au chapitre 9 Ce qui est je pense important de retenir ici est qu on ne doit pas rejeter la conception platonicienne de la motivation sur la base d intuitions fortes concernant la capacit des agents mesurer correctement l intensit et la quantit de bien tre qui d coule des choix qui doivent tre faits D ailleurs la difficult des agents a pr dire leurs propres tats affectifs futurs peut nous servir a interpr ter le principe de Phil be du moins a expliquer pourquoi les agents akratiques ne semblent pas s y conformer Si les agents akratiques ne respectent pas ce principe c est a dire s ils ne prennent pas soin de moduler leur tat affectif pr sent de mani re ce qu il soit proportionnel leurs tats affectifs futurs avant de faire un choix c est peut tre parce qu ils mesurent incorrectement ces derniers tats futurs Aussi les ant c dents cognitifs d un agent akratique pourraient jouer un r le plus important dans l explication de ses choix que nos intuitions nous portent le croire Cela dit il ne s ensuit pas que le cognitivisme motivationnel soit correct Les agents peuven
128. plut t sur des d tails ce qui motive souvent les agents poursuivre des objectifs ponctuels et superficiels Or Aristote soutient qu un agent 1 Les consid rations prudentielles sur les fins sont chez Aristote de nature essentiellement morale la vertu est ce qui fait que nos objectifs sont corrects et la sagesse pratique nous y am ne thique Nicomaque 1144a 7 8 18 Par exemple je peux interpr ter un tat somatique de faim comme l envie de manger une pomme et non comme l envie de manger un baril de poulet frit parce que j ai le projet d acqu rir de bonnes habitudes alimentaires lesquelles sont command es par des r gles prudentielles de poursuite du bonheur Mais les consid rations prudentielles ne sont videmment pas suffisantes ici pour isoler le contenu d un app tit On a besoin en plus de consid rations factuelles suppl mentaires sans quoi on pourrait s garer dans l interpr tation de ces app tits Je peux par exemple interpr ter tort un tat somatique engendr par la fr quentation d une personne comme de l admiration alors qu il ne s agit que d une vile envie d obtenir ses richesses Pourtant la vile envie peut rester tout fait incompatible avec mon projet de vie vertueuse 41 peut devenir akratique parce qu il choue concr tiser ses raisons de niveau sup rieur dans i S rye r 19 des raisons de niveau inf rieur portant sur des d tails tels les mot
129. pr sentent un pic de douleur et une finale moins intense ainsi qu une pente descendante sera syst matiquement minimis bien qu il puisse tre globalement sup rieur En outre ceci montre bien qu on ne doit pas seulement distinguer les profils h doniques des attitudes prospectives que les agents ont leur gard mais galement des attitudes r trospectives 225 Dans beaucoup de situations les agents doivent d cider entre des allocations qui concentrent tous les effets b n fiques sur le court terme mais intensit diff rente Un agent akratique optera pour celles qui pr sentent un profil h donique sup rieur sur l horizon du court terme en d pit du fait qu une autre allocation comporte beaucoup moins d inconv nients long terme et que ces inconv nients p sent plus lourd dans la balance que l ensemble des b n fices Il n est pas irrationnel en soi de choisir une option qui concentre ses b n fices sur le court terme et rel gue les inconv nients plus tard S abonner un service de c blodistribution contracter un pr t automobile ou une hypoth que utiliser sa carte de cr dit ou opter pour une formule du type Achetez maintenant payez plus tard peuvent tre l occasion des choix judicieux Ceci s explique par le fait que bon nombre de biens et de services ne sont disponibles que sous ces modalit s D ailleurs comme les revenus et les salaires des personnes ne sont pas vers s sur une ba
130. pr visibles si l on adh re la th orie de l asym trie des options enrichies et appauvries Je ne peux pas du reste passer sous silence la richesse descriptive qu offre l hypoth se que les agents rationnels utilisent une bo te outils adaptative qui comprend plusieurs 173 heuristiques Voici un exemple qui je pense illustre le mieux cette hypoth se a savoir celle de l interception des projectiles en mouvement Critiquant Richard Dawkins qui avangait l id e qu un homme qui attrape une balle en mouvement se comporte comme s il avait r solu inconsciemment une s rie d quations diff rentielles pour pr dire la trajectoire de la balle Gigerenzer offre une description des m canismes r els qui fait l conomie de probl mes computationnels si complexes que m me les plus puissants ordinateurs sont actuellement incapables de les r soudre Pour qu un joueur de baseball par exemple puisse r soudre ce genre de probl me computationnel on doit supposer que le joueur connait intuitivement les familles de paraboles parce que en th orie les balles ont des trajectoires paraboliques Mais pour s lectionner la bonne parabole le joueur a besoin d tre quip d organes sensoriels qui peuvent mesurer la distance initiale de la balle sa v locit initiale et langle de projection Aussi dans le monde r el influenc e par la r sistance de l air du vent de sa rotation la balle n effectue pa
131. que de mani re inconsciente Si je bougonne c est que je sais que mon int r t r side dans le fait de jeter ces contenants directement aux ordures Seulement je ne focalise pas suivant l expression de Pettit sur mon int r t bien pes mais scrute invariablement de fa on p riph rique la ligne de conduite qu il m indique Ce que le mod le focal p riph rique sugg re est qu ils soient ou non conscients ceux qui mettent en uvre des d lib rations orient es vers autrui s autorisent un style de r flexion plus gocentrique dans leur for int rieur aux marges de leur attention 2004 58 Refusant la port e explicative du mod le focal p riph rique Pettit lui substitue celui de r el virtuel sans tre cependant certain que ce dernier mod le est vraiment ad quat Les agents rationnels peuvent tre dans certaines situations de r els altruistes d sint ress s mais demeurer virtuellement go stes On demeure virtuellement go ste lorsqu on est 7 La s lection de parent le donne lieu des changes coop ratifs quelques fois unidirectionnels dont la pr valence et l intensit sont fonction de la proximit g n tique Tandis que les m canismes de r ciprocit sans requ rir de bagages g n tiques communs ne sont possibles que dans des situations qui ont la m me structure qu un dilemme du prisonnier it ratif Or ces formes d altruisme ne rel vent pas strictement parler de com
132. que j exposerai ici ait t dans l ensemble d fendue explicitement par un th oricien qui aurait pris part au d bat 100 Mais on retrouve plusieurs de ces l ments explicitement ou implicitement avanc s ou d fendus dans la litt rature philosophique conomique et psychologique Aussi certains de ces l ments sans avoir t d une quelconque mani re avanc s ou d fendus auraient d l tre ex l existence de processus automatiques et de planification irr aliste pour viter certaines confusions ou du moins pr ciser certaines limites de la conception Standard 5 1 1 Probl me d cisionnel et mod le du double processus Nous prenons r guli rement des d cisions allant l encontre de notre meilleur jugement Par exemple j avais pr vu me rendre l a roport avec mon automobile pour aller chercher un ami seulement je n ai pas pris la bonne sortie et ai emprunt plut t le chemin que j emprunte r guli rement pour me rendre mon lieu de travail Ai je pour autant v cu un pisode de faiblesse de stricte akrasie Bien que des d cisions de la sorte satisfassent la conception Standard elles ne semblent pas relever intuitivement de la faiblesse de volont Chaque jour nous accomplissons des milliers d actions nous d ambulons vers des destinations particuli res nous respirons nous nous grattons nous bougeons la t te nous levons le bras droit nous nous assoyons nous sortons les
133. que la faiblesse de volont La d cision r p t e de subir des interventions douloureuses rapproch es dans le temps a pour effet d aplanir le profil h donique dans ces interventions Il est toutefois ind niable que les d cisions akratiques impliquent souvent la r alisation d une adaptation h donique L absence de mod ration dans la consommation de nourriture et de biens de luxes laquelle pr sentent un potentiel tr s marqu d adaptation h donique rel ve souvent de cas de faiblesse de volont Mais l adaptation h donique ne fait dans ces cas qu accentuer le caract re d croissant du profil h donique de la d cision akratique 9 2 3 1 Sch mas d allocation semblables ne relevant pas de l akrasie et n cessit d une th orie de la motivation Il nous arrive constamment de prendre de mauvaises d cisions de consommation La plupart du temps ces d cisions pr sentent un profil exp rientiel d croissant sans quoi il ne s agirait pas de mauvaises d cisions Je peux m acheter une automobile usag e que j obtiens pour un bon prix mais qui s av rera rapidement tre une source de probl mes importants Je peux m acquitter trop rapidement d une dette qui me laissera dans une situation financi re pr caire Je peux d cider de commander un plat au menu d un restaurant co teux mais qui s av rera peu satisfaisant Dans les cas o je prends une d cision et m en mords ensuite les doigts se
134. que la haine le processus de d cision La col re nous pousse prendre des risques importants et agir l encontre de nos int r ts La haine repose seulement sur des pr misses erron es Politique 1315a 25 31 47 Il se distingue toutefois de Platon en acceptant la r alit de la stricte akrasie et en l expliquant par l intrusion de certaines motions dans les champs de comp tences de la raison au moment de la r alisation du raisonnement pratique Pour utiliser une m taphore politique un agent akratique serait comme un gouvernement qui d cide pour des raisons bassement lectoralistes d utiliser la politique mon taire son profit en passant par dessus la t te de la Banque Centrale ou R serve F d rale en d pit du fait qu en vertu de la Constitution du pays il n est pas autoris le faire mais qui dispose n anmoins de l assentiment d une masse critique de citoyens ce qui lui conf re suffisamment de pouvoir sur le terrain Certains ont critiqu la position d Aristote sur la stricte akrasie en soutenant que les facteurs affectifs ne semblent pas jouer un r le dans bon nombre de comportements akratiques comme succomber des tentations ou se montrer immod r dans la consommation de biens Suivant en cela Austin 1961 Davidson part du constat que nous succombons bien souvent la tentation avec calme et m me avec subtilit 1970 47 48 Il s ensuit qu on ne peut pas expliquer
135. que le concept d akrasie d crirait mieux les difficult s former le vouloir appropri au jugement de l agent Pironet amp Tappolet 2003 C est ce qui distingue l approche m di vale de l approche de Platon et d Aristote La distinction est clairante mais condition qu on interpr te cependant le vouloir de la volont comme une sorte de d cision de choix ou d intention de faire quelque chose et non pas comme une sorte de d sir Si vouloir est une d cision de la volont alors une faiblesse de volont rel verait d une difficult ex cuter au niveau moteur une d cision Il s agirait donc d un probl me neurologique li la formation de commandes dans le cerveau gt gt destin es aux structures musculo squelettiques ou l ex cution de ces commandes dans ces structures comme c est le cas par exemple pour des probl mes de b gaiement et pour la maladie de Parkinson Dans ce cas l akrasie et la faiblesse de volont seraient des ph nom nes radicalement diff rents Mais si l on interpr te le vouloir comme une sorte de d sir comme le propose une analyse de Davidson alors la faiblesse de volont ne rel ve pas d un probl me moteur mais plut t d un probl me de motivation 1978 136 145 Dans ce cas l akrasie et la faiblesse nouveau la r flexion Dans chaque acte de la volont il y a une pens e directrice Et il faut bien se garder de croire que l on peut
136. quences pour la conception SANTA Re ee NE Te nn 145 7 1 Conceptions triqu es du processus d cisionnel et hypoth se de la maximisation 145 7 1 1 Maximiser au sens large ou troit et les proc dures d cisionnelles les plus courantes 147 FAM Vel CS atiSHer yy 2 ove scars used pete sea te een See ete Saeed ee Lens ee Te eines ee states 7 1 1 2 Elimination par attribut et autres m thodes lexicographiques MES CHO pal Aneta Ge se os Te nm an en T A a ie Pan MAT cake asec cheat aa Re emcees 7 1 1 4 Choix par d faut et imitation 0 0 ececcceeeseecceeseeeeesneeeessneeceesneeeeseeeeessaeecessaeecessaeeeeseaeeeceeaeeeeeeaeeeeeegs 7 1 1 5 Elimination des extr mes 0 0 7 1 1 6 Choix al atoire 7 1 1 7 Heuristique de la reconnaissance 7 1 2 Les caract ristiques g n rales des heuristiques d cisionnelles 157 7 1 2 1 Frugalit cognitive et rapidit proc durale 7 1 2 2 Flexibilit dans l ordre partie tout 0 0 ceesceeeeneeeeeenees 7 12 3R vled arr t nm anna EER Mas mate 7 1 2 4 Strat gie non compensatrice eeceeeeseeceesteeeeeeteeeeeenees 1125 COMDINAISONSS EE A le AE ae 7 2 Maximiser ou utiliser une heuristique le choix rationnel 163 7 2 1 Quelques id es fausses concernant l usage des heuristiques d cisionnelles 164 12 2 La rationalit cologiques ni o ie fe brins niet ete de
137. r int gre progressivement mes habitudes conversationnelles nonchalantes Je peux galement garder l esprit le r sultat de ma d lib ration ant rieure mais sans en oublier le d tail accomplir un acte qui n exemplifie pas les propri t s souhait es par simple ignorance distraction l g ret tourderie inadvertance m garde imprudence ou n gligence Je peux savoir que je suis en mesure d accomplir une action qui exemplifie des propri t s souhait es et ce faisant respecter les contraintes endog nes et exog nes inh rentes mes choix mais ne pas la piloter correctement Il s agit d un probl me d ex cution en temps r el d un sc nario choisi par ignorance et non pas un probl me de faiblesse de volont Je sais que ce dernier point peut tre critiqu Les personnes qui souffrent de faiblesse de volont de mani re aigu les procrastinateurs inv t r s et les grands impatients sont souvent comme la recherche en psychologie clinique l a montr facilement distraites et font souvent preuve de n gligence dans leur attitude et leur comportement La capacit de maintenir son attention sur une t che cognitive ou une activit complexe de mani re suffisamment soutenue est une condition n cessaire pour en assurer le succ s Mais on peut traiter mon avis la port e de cette capacit comme une contrainte endog ne au choix des 67 sc narios Si un agent choisit un sc nario qu
138. raisons 1 Limites m morielles Une pratique courante dans le commerce au d tail consiste offrir des biens un co t initial un peu plus lev mais avec la possibilit pour le client de recevoir un rabais postal relativement substantiel Il est cependant de la responsabilit du client de remplir le formulaire appropri et de le poster au fabricant Seulement l achat n est avantageux que dans la mesure o l on se rappellera en temps et lieu d effectuer la requ te tant donn les risques d oubli il peut tre rationnel de s abstenir de choisir l option la plus avantageuse long terme 2 Co ts d opportunit On peut refuser d investir des ressources en vue d une jouissance lointaine parce que cela implique un co t d opportunit actuel somme tout peu important mais qui ferme en revanche des portes pour de meilleurs investissements potentiels Le co t d opportunit repr sente un motif circonstanciel mais r el pour d valuer momentan ment le futur 3 Probabilit s et aversion aux risques Si l on se soucie davantage des cons quences temporellement plus rapproch es cela peut tre parce que la r alisation des cons quences 253 plus loign es dans le temps comporte trop d incertitude Les agents qui ont une aversion au risque m me mod r e pr f reront dans beaucoup de situations un tiens que deux tu lauras Aussi il peut tre judicieux de remettre des t ches ennuyeuses plu
139. rales sont des causes proximales de beaucoup d pisodes de faiblesse de volont et affectent le processus de d lib ration rationnelle un peu de la mani re dont Aristote le con oit ici Les d clencheurs peuvent tre des stimuli d l t res qui causent des pisodes de faiblesse de volont quand ils entrent dans le champ perceptuel de l agent Voir un d sert des amis fumer une seringue la t l vision un poste d ordinateur des biens de luxe un casino ou une machine sous peut causer la rechute d un agent qui avait de saines r solutions Ce type de d clencheur obscurcit bri vement certaines raisons au point qu elles sont ignor es 20 M me si ce n est videmment pas dans cette direction que voulait aller Aristote gt Ici la seconde explication recoupe la premi re 43 ou qu elles ne sont plus suffisamment prises en compte lors d une nouvelle d lib ration Mais les d clencheurs ne sont pas tous de nature perceptuelle Apprendre qu une certaine option est maintenant disponible dans mon environnement sans l observer directement est suffisant dans certains cas pour engendrer un pisode de faiblesse de volont Joueur pathologique repenti je peux vivre une rechute seulement en apprenant qu un casino vient d ouvrir ses portes dans la ville o j habite Dans ce genre de cas je n ai pas de contact direct avec un stimulus d l t re Le simple fait d apprendre ou de savoir qu une cer
140. rationalit ou d irrationalit Avoir de bonnes raisons de prendre une d cision plut t qu une autre est important dans la mesure o cela maximise nos chances de succ s sans tre pour autant une garantie de succ s De Sousa 2004 Aussi lorsqu on utilise l expression aurait du choisir il faut porter attention au sens qu on lui pr te On peut l utiliser comme jugement post hoc pour identifier la bonne d cision qu un agent n a pas prise Mais on peut l utiliser comme jugement normatif selon lequel l agent n avait pas de bonnes raisons de choisir ce qu il a effectivement choisi en d pit du fait qu il ait pu accidentellement r ussir Aussi si l on estime habituellement qu un agent akratique n aurait pas d prendre la d cision qu il a prise c est qu on estime qu il n avait pas de bonnes raisons de le faire En ce sens il s agit d un jugement normatif fond sur des principes prudentiels plus g n raux mais aussi en amont sur des consid rations statistiques 10 2 1 1 La norme prudentielle fondamentale pour exclure les pr f rences temporelles Les agents qui escomptent hyperboliquement le futur de mani re tr s prononc e et dans beaucoup de champs d activit prouvent beaucoup de difficult s am liorer leurs conditions de vie et sont plus prompts d grader celles ci Ils prouvent souvent des regrets et estiment qu ils n auraient pas d d cider comme ils Pont fai
141. relief le fait qu apprendre qu il y a des lieux appropri s pour uriner dans l environnement imm diat d une personne peut accentuer grandement son envie d uriner Elster 2007 Mais dans ce cas ce n est pas parce que la personne apprend qu il y a un cabinet de toilette dans les parages qu elle ressent l envie d uriner mais c est pour cette raison qu elle en ressent davantage l envie 31 Je d crirai plus en d tail dans les chapitres 3 et 4 la nature des motivations et leurs fonctions param triques J aborderai au chapitre 7 la question de l introduction d un param tre suppl mentaire r gles proc durales ignor de la tradition philosophique mais qui nous permet d envisager des explications diff rentes de la faiblesse de volont et de formuler une critique importante de la conception standard du ph nom ne 2 1 1 3 Une conception normative Le r le que joue le principe de Phil be dans les expos s de Socrate semble impliquer que la conception platonicienne est une conception normative et non pas seulement descriptive Dans une conception normative un diagnostic de faiblesse de volont implique n cessairement que l agent a chou se conformer une norme pratique ou pist mique essentielle et non pas de mani re accessoire Parmi les promoteurs actuels d une conception normative on retrouve Bratman et Holton dont je pr senterai les conceptions au chapitre 8 Mais aussi dans une cer
142. rend le processus compl tement opaque et il devient par le fait m me impossible d identifier le lieu l tape ou le m canisme qui serait en cause dans les cas de stricte akrasie Une th orie robuste devrait montrer comment la stricte akrasie est a une tape particuli re du processus possible ou impossible Bien qu on ne trouve pas de descriptions d taill es du processus d cisionnel dans la litt rature philosophique qui traite de la question de la faiblesse de volont il y a un certain consensus sur la nature de l tape du processus qui poserait probl me pour l agent strictement akratique Le prochain chapitre sera consacr la description du processus et l identification hypoth tique du probl me de la stricte akrasie La description exploitera certaines id es classiques comme la maximisation et l id e que les agents rationnels proc dent une d lib ration pour identifier le meilleur choix mais aussi l hypoth se plus r cente suivant laquelle deux types de processus en bonne partie distincts peuvent prendre en charge nos d cisions 5 Le probl me akratique et la formation du jugement et des pr f rences Decision making is a specific executive task Peter F Drucker A good image of what we mean by decision making is of a person pausing at fork in the road and then choosing on path to reach a desired goal or avoid an unpleasant outcome Robyn Dawes et Reid Hastie 5 1 Le processus d
143. rien n est tout simplement pas r v l e par mon choix et qu on a besoin d une autre source d information pour pouvoir l identifier Les erreurs sont du reste fr quentes et ne peuvent pas tre consid r es comme des anomalies la fronti re de la th orie et qu on peut tout simplement ignorer Les habitudes fortement ancr es et la prise en charge de nos lignes de conduite par des syst mes cognitifs automatiques qui font l conomie du maintien de l attention nous font l occasion faire des 90 choix contre pr f rentiels Je peux par exemple prendre la d cision de t l phoner un ami et composer sans m en rendre compte le num ro d un autre ami que j ai l habitude d appeler r guli rement 4 3 2 La fausse indiff rence La th orie des pr f rences r v l es stipule que si les agents ne sont pas capables de choisir entre deux alternatives alors ils y sont indiff rents Ceci est plut t contre intuitif Dans certains contextes de choix l ind cision ne refl te pas une indiff rence l gard des alternatives mais plut t une difficult traiter les informations qui nous permettraient de trancher Nous pouvons suspendre notre d cision si nous avons choisir entre deux emplois qui repr sentent beaucoup pour nous ou entre sa femme et sa maitresse ou entre deux maisons qui comportent des avantages et des inconv nients diff rents et difficilement comparables Mais cela n implique pa
144. se faire de mani re beaucoup plus pr cise dans un mod le bas sur des valeurs que dans le mod le concurrent mais chose plus importante il est beaucoup plus facile de pond rer les poids respectifs des cons quences et de leur probabilit En effet depuis Bernoulli 1700 1782 beaucoup de th oriciens adh rant au mod le bas sur des valeurs consid rent que l utilit esp r e d une alternative doit tre le produit math matique de l intensit du d sir pour l ensemble de ses cons quences et du degr de certitude subjective de leur r alisation Cela dit le mod le bas sur des valeurs reste difficile appliquer consciemment dans un monde complexe et choue certainement capter des aspects importants de la d lib ration 112 des agents dans des situations r elles Sharif Simonson amp Tversky 1993 Il est particuli rement mal adapt a des situations o les options alternatives sont galement attirantes difficiles valuer ou incommensurables o les probabilit s de r alisations des cons quences sont difficiles d terminer ou carr ment inconnaissables C est pourquoi on peut lui pr f rer le mod le bas sur des raisons plus souple en fait on peut consid rer peu pr s n importe quoi comme une raison mais plus vague parce qu essentiellement de nature qualitative 5 1 3 Le r sultat de la d lib ration et le d but du probl me akratique Bien que j aie don
145. se peut que je n aie pas encore rejet mon itin raire tant donn l incertitude des pr visions m t o pour les jours venir mais que je sois tout simplement en train de reconsid rer ma d cision Il est toujours pr f rable pour moi que je me conforme l itin raire pr vu en d pit des pr visions m t o mais je ne d cide pas tout de suite de m y engager Suspendre l accomplissement d une action pourtant conforme un meilleur jugement ne rel ve pas toujours d un pisode de faiblesse de volont Nous pouvons avoir de bonnes raisons de le faire m me si nous ne disposons pas n cessairement d une solution de rechange La conception Standard porte exclusivement sur la forme strictement akratique de la faiblesse de volont et non sur sa forme diachronique De mani re g n rale la faiblesse de volont est un ph nom ne qui consiste la d gradation volontaire de nos propres conditions de vie ou du moins au refus de ne pas les am liorer alors qu il serait facile de le faire On parlera alors de faiblesse de volont au sens large et non technique du terme La 37 On peut je pense se servir de la suggestion qu Audi a faite l gard des comportements compulsifs et classer les cas o l agent ne s est pas conform son meilleur jugement parce qu il est incapable de maintenir son attention de mani re suffisamment soutenue sur une t che le requ rant dans la cat gorie de cas de faibless
146. side dans le fait qu aucune de ces d cisions inad quates n a t prise dans le but de me nuire Si je me suis nui c est que ces d cisions n ont pas t prises la lumi re de toutes les informations pertinentes Si j avais eu ces informations il y a une 2 pierre dans ma trajectoire il y a du d tergent dans ce verre j aurais certainement agi autrement Ces faits sont plut t anodins et ne n cessitent pas d explications particuli res Par contre il existe une classe de d cisions que les agents prennent et d attitudes qu ils entretiennent sachant que cela affectera n gativement leurs propres conditions de vie On reporte les t ches m nag res une visite chez le dentiste la r alisation de travaux scolaires le ramassage des feuilles mortes a l automne la prise d un rendez vous pour une mammographie la lecture de rapports la prise de m dicaments l achat de cadeau jusqu la derni re minute la r daction d une d claration de revenus une rupture amoureuse etc De m me on devance toutes sortes de d cisions alors qu on sait pertinemment que cela n est pas notre avantage de le faire On devance une sortie avec des amis ou le visionnement d un film alors qu on doit s acquitter de t ches plus importantes l achat d un bien lectronique la consommation d une sucrerie ou d un dessert une relation sexuelle alors qu on n a pas pris le temps de se prot ger etc Si certaines de ces d cisions ont un impact
147. ternelle Tandis que si l on mise sur Dieu alors on perd la jouissance de ces moments mais on ne risque pas la damnation ternelle Un simple calcul montre qu une probabilit plus grande que 0 aussi minime soit elle d une souffrance ternelle aussi l g re soit elle p se toujours plus lourd dans la balance que la probabilit de 1 de plaisirs temporellement limit s aussi intenses soient ils Lorsqu on expose l argument des croyants ou des incroyants on assiste souvent une r action d incr dulit L argument ne convainc personne pour une raison particuli re il ne constitue pas une raison pour croire en Dieu mais seulement une raison pour vouloir y croire Or on ne doit pas croire que P soit le cas parce qu on veut ou qu on d sire que P soit le cas fout court En fait cela fut clair dans l esprit de Pascal et c est pour cela qu il proposait une m thode pour arriver croire effectivement que Dieu existe tant donn qu on a une bonne raison selon lui de vouloir y croire Calqu sur la m thode aristot licienne pour devenir vertueux Pascal soutenait que le meilleur moyen de devenir croyant est de se comporter comme un vrai croyant 126 Cela permet a Davidson d expliquer la possibilit de la faiblesse de volont Lorsque l akrat s prend une d cision l encontre de son meilleur jugement ce dernier constitue certes une raison pour d cider autrement mais la cause de son comportement
148. that lacked predictive power such as streams of air doubling back from the front of a thrown stone to push it from behind When we have looked for factors that change preference rather than maintain them we seem to have been equally misled existing theories of irrational or ambivalent behavior are a hodgepodge Given experimental evidence that preference intrinsically tends to change as a function of time it makes sense to look instead for what factors produce constancy ibid 73 74 Ce renversement d attitude vis vis la faiblesse de volont nous am ne reconsid rer certains probl mes notamment celui du conflit interne que vivent les agents akratiques On devrait consid rer des conflits de ce genre comme relativement p riph riques et pas n cessairement pr sents lors d pisodes de faiblesse de volont Les th ories classiques ne peuvent expliquer pourquoi les agents ne vivent pas de conflit motivationnel lorsque les cons quences des choix pr sents ne se r aliseront que dans un futur lointain C est la pr sence occasionnelle des conflits qui n cessite une explication sp ciale et pas le fait que les agents aient des pr f rences temporelles qui les am nent escompter hyperboliquement le futur Une hypoth se par exemple serait que l adh sion plus ou moins consciente au principe d gale consid ration intertemporelle est un facteur de conflit interne ou m me une simple adh sion l id e que nos c
149. they are still somewhat relevant to modern theories An emphasis is made on what is now known as the standard conception of strict akrasia and its supposedly paradoxical nature We argue that a skeptical position toward strict akrasia cannot be based on one version or another of the preference revealed theory and we demonstrate that a description of the decision process is necessary to assign an overall preference or a better judgment We discuss the philosophical debate on internalist and externalist conceptions of the connection between better judgment and decision We then argue that based on experimental results in cognitive psychology and neuroscience the externalist conception although imperfect is stronger But these experimental results are not incompatible with the hypothesis that agents are maximizers when it comes to the satisfaction of their preference This hypothesis continues to justify a form of skepticism toward strict akrasia However we strongly argue against this hypothesis and we demonstrate why maximization is not absolutely necessary to rational choice therefore we have to revise the standard conception of strict akrasia We then discuss Richard Holton s influential theory on non strictly akratic weakness of will Although compatible with a non maximizing conception Holton s theory tends to reduce episodes of weakness of will to irresolution cases Lastly we introduce the theory of intertemporal choice a more
150. tirer la g chette a eu pour r sultat que quelqu un meurt On peut d crire ce comportement comme un meurtre mais on ne dira pas n cessairement qu il rel ve du choix de tuer Ce serait un choix de tuer seulement si la mort tait un effet voulu ou m me seulement attendu de l agent Le point retenir cependant est que la description des choix 216 et des d cisions peuvent et doivent l occasion inclure des consid rations sur les cons quences Il est dans certaines situations tout fait appropri de les inclure et tout fait inappropri de ne pas le faire Ceci tant dit une bonne description des choix akratiques devrait galement inclure des consid rations sur leurs cons quences Aussi un niveau th orique ces consid rations doivent tre suffisamment g n rales pour offrir une bonne conceptualisation de la faiblesse de volont Mais on doit faire attention de ne pas confondre les propri t s des cons quences des choix akratiques avec les motivations les faire Par exemple dans la Th orie du choix rationnel on fait abondamment mention des cons quences des actions mais seulement comme cons quences esp r es et en ne tenant compte que de leur probabilit subjective de r alisation En uvrant l int rieur de ce mod le on demeure du c t de la motivation faire des choix et non du c t des cons quences effectives Or pour caract riser correctement les choix et les d cisions on
151. un jugement Or on peut tout fait interpr ter cette clause comme un simple indicateur de la mani re dont l agent a tabli son jugement pr f rentiel En affirmant que je pr f re toutes choses consid r es a b cela peut vouloir dire de mani re elliptique que je pr f re a b parce que j ai consid r toutes choses ou que je pr f re a b et que cela a t tabli en consid rant toutes choses Je pense que ces interpr tations sont intuitivement au moins aussi valables que celle de Davidson Aussi il est difficile d exclure Vhypoth se que l expression propositionnelle d un jugement pr f rentiel inconditionnel putatif puisse tre en fait une mani re elliptique d exprimer des jugements foutes choses consid r es et m me dans certains cas des jugements prima facie En fait l nonc amp Ce que Davidson refuserait sans doute de faire 131 l agent pr f re x y est passablement ambigu et peut autoriser plusieurs interpr tations Il peut d crire un ordonnancement appr ciatif n importe quelle phase de la d lib ration rationnelle Il peut d crire un r sultat temporaire aussi bien que final Je peux examiner par exemple au cours d une soir e des prospectus proposant des destinations touristiques en compagnie de ma femme et lui demander la fin ce qu elle pr f re Elle pourrait me r pondre du tac au tac qu elle pr f re Paris Rome S agit il d un jugement incondi
152. une conomie de moyen M me si elles ressemblent certains gards une proc dure qui m ne la formation d un meilleur jugement elles n gligent beaucoup d informations pertinentes ex qui garde les buts quels joueurs sont absents etc 7 1 1 3 Choix par ancrage Lorsque nous valuons des options nous nous servons souvent de points d ancrage situ s dans le pass Ces ancrages servent pour ainsi dire de points de r f rence et la distance qui les s pare des options examin es constitue l talon pour valuer ces derni res Par exemple lors de leur premier cours les tudiants choisissent typiquement une place en classe qu ils choisiront par la suite chaque s ance Si lors d une s ance ult rieure ils voient leur place occup e par un autre ils examineront spontan ment une place adjacente pour s y asseoir On ne peut pas expliquer les comportements ult rieurs de s lection d une place par des motivations identiques qui perdurent dans le temps Une 153 quantit significative d tudiants choisissent initialement de mani re plus ou moins al atoire D autres tudiants ont des motifs plus sp cifiques mais ont une pr f rence pour certaines zones que pour les places proprement dites Par exemple certains pr f rent tre assis au fond de la classe parce qu ils pr f rent regarder les autres plut t que d tre regard s D autres pr f rent tre pr s d une fen tre pour r
153. une balle en mouvement Or il appert que les d tails qu on observe dans le comportement des joueurs s ils s expliquent ais ment par l usage de r gles de d cision simple restent cependant gomm s par un mod le de maximisation comme si 7 3 Cons quences pour la conception Standard Le bref aper u que je viens de donner des diverses proc dures qui orientent les agents dans leur d cision a pour but d branler quelques id es re ues concernant la rationalit pratique Il est pertinent de le faire parce que la d finition standard de la faiblesse de volont repose sur l une de ces id es re ues Le processus de maximisation que j ai d crit au chapitre 5 et qui repr sente je pense assez bien la mani re souvent confuse et approximative qu ont les philosophes et les conomistes modernes de concevoir la d lib ration rationnelle et le lieu o r side la source de l akrasie est davantage putatif que r el Les agents rationnels ne s engagent que tr s rarement dans un processus d lib ratif qui aboutit dans la formation d un meilleur jugement Leurs limites cognitives et la structure des probl mes auxquelles ils font r guli rement face requi rent la plupart du temps l usage d heuristiques dont les caract ristiques sont tr s diff rentes des m thodes d optimisation Or les pisodes de stricte akrasie sont en revanche tr s pr valents ce qui a de quoi nous mettre la puce l o
154. ve pas des d sirs ou m me de la cognition Distinguer les deux sens du concept de vouloir nous permet d viter beaucoup de confusion Si vouloir quelque chose se situe en amont d une d cision d un choix effectif ou d une intention alors le ph nom ne de la faiblesse de volont rel ve de probl mes motivationnels au sein de l agent et pose par cons quent une nigme motivationnelle En revanche si vouloir est quelque chose qui se situe en aval d une d cision d un choix effectif ou d une intention alors la faiblesse de volont envisag e comme un probl me de connexion entre la d cision le choix ou l intention avec les syst mes moteurs ne rel ve pas de la motivation comme telle Cela dit je pense que lorsqu on parle de mani re non analytique de faiblesse de volont on traite le vouloir comme un l ment motivationnel La motivation concerne les raisons au sens large incitations proc dure d cisionnelle pr f rences strat gie de contr le de soi motions croyances stimuli aversions etc de d cider ou de former l intention de faire quelque chose Aussi une investigation des facteurs motivationnels conduisant les agents prendre des d cisions contre productives ou allant carr ment l encontre de leur int r t bien pes comme le sont les d marches de Platon et d Aristote ont plus de pertinence pour cerner le probl me de la faiblesse de volont au sens non strict
155. vent plut t d une appr ciation h donique des cons quences et des moyens qu impliquent chacune des alternatives Dans le premier cas on estimera que le processus consiste computer des jugements partiels en vue de l laboration d un meilleur jugement tradition cognitiviste Dans le second cas on estimera que l agent d lib rant synth tise partir des pr f rences partielles une pr f rence compl te cens e r sumer le r sultat de sa d lib ration 5 1 2 2 Deux mod les de comparaisons dans la d lib ration L alg bre prudentielle de Franklin n a d alg brique que le nom En fait Franklin a explicit une proc dure de computation des raisons et non des valeurs la suite de Sharif Simonson et Dversky on peut distinguer le mod le de computation bas e sur les raisons du 111 mod le bas sur des valeurs en exploitant des ressources de calcul et de pond rations fines Sharif Simonson amp Tversky 1993 Dans un mod le bas sur les valeurs la notion d utilit est non seulement centrale mais est l talon unique de toute comparaison Les valeurs num riques repr sentent des quantit s d utilit s esp r es Un mod le bas sur les valeurs permet de pond rer finement les cons quences et m me les moyens qu impliquent le choix d une alternative et d estimer pr cis ment leur probabilit de r alisation Si par exemple je souhaite obtenir une paire de souliers je devrai examiner
156. 1 L escompte hyperbolique du futur un trait caract ristique motivationnel de l akrasie eee 243 10 1 2 2 Comment expliquer que les agents escomptent hyperboliquement le futur 0 eee ee eeeeetteeeeeneeeees 252 10 2 La faiblesse de volont une conception de l allocation intertemporelle 257 10 2 1 L irrationalit de la faiblesse de volont dans le cadre d une conception intertemporelle 260 10 2 1 1 La norme prudentielle fondamentale pour exclure les pr f rences temporelles 262 10 2 1 2 La rationalit des pr f rences temporelles deux arguments peu convaincants eeeeeeeeseeeeeeneeeees 264 10 3 Les pr f rences temporelles pures cons quences et hypoth ses concurrentes 4 268 10 3 1 Expliquer la d valuation du futur ou le contr le de soi ec eeeecceeesneeeeeseeeeeeseeeeeeseeeeesenees 268 10 3 2 Escompte hyperbolique sans pr f rences temporelles pures 271 104 Concl sion at tr ne tete ele ten ee ee te er e ters ennemie At dr ee 278 Ti Con aS tO gg ss RSR Nan nn Nes Nate 280 11 1 Notes sur les strat gies individuelles et collectives de contr le de soi 280 11 2 De l esprit tendu la volont tendue 00 cccceccecesseceeseneeeeeeeneeceseaeeeeeseteeeeseneeeeees 285 Bibliographies intense asi esas Rta at avis 292 RESSOULCES E a TA 2528 creed afer ods loses Cala ni er nette OR dodo t ele ore Sale teak 302 ix
157. 1 La connexion entre le meilleur jugement et la d cision 115 6 1 1 Lantemalisme fort d Hare ss tnt tr de Mint M rte nes tee 116 6 12 Pe externalismie de M l sent nd nest a tar esetanybes des erage et AS 119 6 1 3 L internalisme faible de Davidson 122 6 2 Que penser du d bat internalisme externalisme 126 6 2 1 Le statut causal de la connexion une question de degr 126 6 2 2 L akrasie comme probl me situ en amont du meilleur jugement ou en aval de la d cision 128 6 2 3 Quelques probl mes avec la notion de jugement inconditionnel de Davidson 129 6 2 3 1 Jugements inconditionnels et conditionnels une distinction pr caire 130 6 2 3 2 Former un jugement inconditionnel une tape cognitive superflue ce eecceeeseeceeeneeeeesneeeeeeeeeeeene 133 6 2 3 3 Assimiler les jugements inconditionnels des actions laisser le probl me intact 135 6 2 3 4 Assimiler les jugements inconditionnels des d cisions le spectre de la th orie des pr f rences r v l es Spas PRE Esa VIRE TEE PIE TRS oes sal ota EE ETES POS oen Shiva OL ETS PEU ETES PIS EYE TT Sov ibebiby see sborabun eines bey PER PESTE 135 6 3 Vouloir valuer et appr cier les rapports introspectifs et le m canisme neurologique de la sensibilisation motivationnelle sise 136 GPA CONCIUSION Es nee E rene ete tete tre ete anne E 142 7 Quelques probl mes avec l hypoth se de la maximisation et ses cons
158. 3 181 212 Ressources internet Setiya Kieran Intention The Stanford Encyclopedia of Philosophy Spring 2011 Edition Edward N Zalta ed URL lt http plato stanford edu archives spr201 1 entries intention gt Structuredprocrastination com John Perry 1995 2008 Procrastinus com Pier Steel 2010 2011
159. En revanche si notre conception de r f rence est la stricte akrasie alors on a plus de raisons de penser que Platon en nie la possibilit Comme je Vai mentionn dans l introduction la stricte akrasie consiste pour un agent agir l encontre de son meilleur jugement le plus r cent Or la conception classique ou la plus r pandue de la faiblesse de la volont est justement celle de la stricte akrasie ce qui fait croire que Platon en niait l existence Certains commentateurs Vlastos 1956 apr s avoir distingu les deux conceptions de l akrasie pr tendent que Platon d fendait une conception diachronique et niait la stricte akrasie D ailleurs ces m mes commentateurs attribuent cette interpr tation au Stagirite quand celui ci critiqua la position de son ma tre Les raisons qui motivent Platon d fendre une forme de cognitivisme motivationnel dans l explication de la faiblesse de volont reposent sur la distinction entre opinion et connaissance En parlant des opinions vraies Socrate soutient que aussi longtemps qu elles demeurent en place sont une belle chose et tous les ouvrages qu elles produisent sont bons Mais ces opinions ne consentent pas rester longtemps en place plut t cherchent elles s enfuir de l me humaine elles ne valent donc pas grand chose tant qu on ne les a pas reli es par un raisonnement qui en donne l explication Mais 21 d s que les opinions ont t reli
160. Il devient inaccessible et m me nuisible lors qu on assimile cet id al avec le point de vue cosmique ou le point de vue de nulle part Ce point de vue tel que d crit par Nagel dans un ouvrage devenu classique requiert que nous nous d tachions de nos int r ts particuliers dispositions motionnelles et m me de la structure fondamentale de notre exp rience perceptuelle en particulier de sa relativit et ue P 5 ae 28 son idiosyncrasie bref de toutes perspectives particuli res ou humaines Cela ne 77 Loewenstein et Small ont m me d couvert que l attrait du comportement charitable l gard d une seule victime laquelle on s identifie diminue lorsque lors qu on nous fournit des informations statistiques pertinentes au cas 2007 112 126 8 Le souci d une objectivit d tach e qui se rapproche du point de vue cosmique se trouve exprim chez Aristote dans ce qu on appelle la version non scolaire du syllogisme pratique Un syllogisme pratique est l articulation verbale des inf rences que les agents font lorsqu ils d lib rent en vue d accomplir une action Dans sa version scolaire un syllogisme est constitu d une pr misse qui identifie un but la majeure et une pr misse qui identifie un moyen pour atteindre ce but la mineure Suivant les interpr tations la conclusion indique un choix d action ou une ligne de conduite 51 concorde toutefois pas avec la conception ordinaire
161. Il devrait connaitre certains faits pertinents concernant les lignes de conduite qui s offrent lui mais se refuse en quelque sorte de le faire Aristote mentionne m me l oubli d une conclusion ou une d tape ant rieure du raisonnement pratique comme un facteur important de stricte akrasie Pour lui un agent qui vit un pisode de stricte akrasie oublie un jugement ou une r solution ant rieure Cela dit Aristote en fin psychologue distingue les cas o les agents connaissent certains faits pertinents pour prendre une bonne d cision mais ne les comprennent pas vraiment Il est comme un tudiant capable de r citer par c ur des formules dont il ne mesure pas la port e Aussi un agent qui vit un pisode de stricte akrasie peut sembler connaitre les faits et les principes pertinents qui devraient l orienter dans une autre direction mais par n gligence ne les comprend pas 2 Le probl me de la conclusion h tive Aristote identifie galement des cas d errements pratiques o les agents connaissent et comprennent certains faits pertinents mais sautent h tivement une conclusion qui les gare Je peux estimer par exemple que toutes les boissons alcoolis es sont bonnes au go t et qu il faut rechercher en gastronomie ce qui est bon au go t et boire aussit t un tonneau de bi re Ici Aristote propose une explication de l impulsivit typique de l agent intemp rant Cette explication peut ressembler la
162. Je d velopperai ce point plus en d tail au chapitre 6 46 Aussi les premi res pr f rences correspondent typiquement la voix de la raison alors que les secondes correspondent plut t la voix de la passion C est a dire que nous avons l intuition que les raisons qui entrent dans la formation des premi res sont d nu es d motion alors que les secondes sont clairement noyaut es contamin es par les motions Or nous ne sommes pas seulement enclins a penser ici qu il y a une diff rence au niveau de la structure et des ant c dents motivationnels et justificationnels Nous estimons spontan ment que nous devons accorder notre conduite avec les raisons de niveau sup rieur parce qu elles sont de meilleures raisons et qu il est par cons quent plus rationnel de le faire Elles sont de meilleures raisons parce qu elles rel vent de consid rations vari es mais pertinentes et constituent un arri re plan cognitif plus riche que l arri re plan cognitif constitu par des motions Les raisonnements pratiques passionn s sont cognitivement plus pauvres que les raisonnements d passionn s C est sans doute pour cette raison qu on estime intuitivement dans beaucoup de situations que moins de raisons militent en faveur de choix par trop enthousiastes que de choix plus circonspects En d pit de son raffinement sup rieur la position d Aristote l gard des motions reste sensiblement la
163. Je pense que peu importe la r ponse qu on doit donner ici et il y a sans doute plusieurs solutions elle doit inclure des consid rations sur un jugement de r f rence qui n est pas un meilleur jugement mais un jugement ad quat que l agent akratique aurait d former et auquel il aurait d se conformer Cela a videmment pour effet d introduire dans notre diagnostic des consid rations normatives et pas seulement descriptives comme dans la d finition Standard Je vais justement examiner dans le prochain chapitre l hypoth se de Richard Holton qui veut que des consid rations normatives soient n cessaires pour tout bon diagnostic de faiblesse de volont 7 3 3 Heuristiques et construction des pr f rences Les chapitres 4 et 5 portaient sur la nature et la formation des pr f rences et les param tres classiques consid rer pour faire des diagnostics de faiblesse de volont Or quel est le rapport entre la formation des jugements pr f rentiels et l usage d heuristiques En fait la 184 question est celle de savoir si l on doit toujours consid rer les jugements qui ne sont pas issus d une d lib ration mais de l application d une heuristique comme d authentiques jugements pr f rentiels La question se pose parce que lorsque nous utilisons des heuristiques pour inf rer des jugements portant sur ce que l on doit faire il est contre intuitif de dire qu il s agit de pr f rences Si j
164. Positions d fendues et plan du texte 9 1 3 Soucis th oriques empiriques et m thodologiques ccccssscccessteeceesenceeeeeesteeeeeseteeeeeseaes 13 2 Les premi res th ories sur l AkRTASI Se en ne nee ins 16 2 1 L int r t th orique des conceptions de Platon et d Aristote 2 1 1 La conception platonicienne de la motivation 2 1 1 1 La perspective temporelle et le plaisir d anticipation dans le Phil be 2 1 1 2 Que penser du cognitivisme motivationnel 2 1 1 3 Une Conceptionnonmativ manninnrnannnnnninnnn dns ONAT OTTOA E OO OOE 31 2 1 1 4 L hypoth se de la maximisation du bien tre seeesesseeeeseeeseeressresrrestersrestressresressresreesreneresressresrrestes 2 1 2 Les d faillances du raisonnement pratique les explications d Aristote 2 1 2 1 Manquements pist miques et impulsivit ss 2 1 2 2 L intrusion des motions dans les champs de comp tence de la raison 2 2 La faiblesse de volont dans la tradition m di vale chr tienne 2 2 1 Le volontarisme une conception na ve ss 58 2 2 2 Faiblesse de volont ou faiblesse motrice 59 2 53 COMCIUSIONs SE RE RE PS A Re tn Rss een PEN nes en tete te ee ne ont en teneteha neh tan Ds 61 3 La conception Standard jugement pr f rence et incoh rence eeeeeeeeseeeeeteeeeeeeees 63 3 1 La co
165. Rules Practical Reasoning and Deontic Constraint New York Oxford University Press Heath Joseph 2009 Filty Lucre Economics for People who Hate Capitalism Toronto Harper Collins Herrnstein Richard 1961 Relative and absolute strength of response as a function of frequency of reinforcement Journal of the Experimental Analysis of Behavior vol 4 267 72 297 Holton Richard 1999 Intention and Weakness of Will Journal of Philosophy vol 96 241 62 Holton Richard 2003 How is Stength of Will Possible in Weakness of Will and Practical Irrationality Oxford Clarendon Press 39 67 Holton Richard 2006 The act of Choice The Philosophers Imprint vol 6 3 1 15 Holton Richard 2009 Willing Wanting Waiting New York Oxford University Press Houthakker H S 1950 Revealed preference and the utility function Economica New Series vol 17 159 74 James William 1884 What is a emotion Mind vol 9 188 205 James William 1890 2007 The principles of psychology New York Cosimo Johnson Laird Philip 2009 How we Reason New York Oxford University Press Kacelnik Alex 2003 The Evolution of Patience in Time and Decision Loewenstein G amp Read D amp Baumeister R dir New York Russell Sage 115 38 Kagan Shelly 1989 The limits of Morality Oxford Oxford Clarendon Press Kahneman Daniel 2003 A perspective on judgement and
166. Universit de Montr al La faiblesse de volont conceptions classiques et dynamiques Par Jean Fran ois Labont D partement de philosophie Facult des arts et des sciences Th se pr sent e la Facult des tudes sup rieures et postdoctorales en vue de l obtention du grade de Ph D en philosophie Septembre 2011 Jean Fran ois Labont 2011 Universit de Montr al Facult des tudes sup rieures et postdoctorales Cette th se intitul e La faiblesse de volont conceptions classiques et dynamiques Pr sent e par Jean Fran ois Labont a t valu e par un jury compos des personnes suivantes Christine Tappolet pr sident rapporteur Michel Seymour directeur de recherche Daniel Laurier membre du jury Ronald De Soussa examinateur externe Christine Tappolet repr sentant du doyen Resume La pr sente th se expose analyse et critique les positions classiques et modernes l gard de la nature et des causes de la faiblesse de volont L identification du probl me par Platon et Aristote a donn lieu l explicitation de principes et propositions portant sur la rationalit pratique en g n ral et la motivation en particulier Une discussion de ces principes et propositions est faite dans la mesure o ils ont conserv une certaine pertinence pour les th ories modernes Ce qui est devenu la conception standard de la stricte akrasie ainsi q
167. a pr f rence de Bill ou sachant que Bill lui m me ignore au moment o il prend sa d cision les raisons qui l on amen tablir cet ordonnancement dans le pass ni m me s il s agit de raisons compl tes auquel cas sa pr f rence est un jugement foutes choses consid r es ou partielles auquel cas sa pr f rence est un jugement prima facie Une autre critique qu on peut faire de la distinction de Davidson est que nous n avons pas l impression qu un jugement pr f rentiel inconditionnel est form pour aucune raison mais seulement comme l effet d une cause Or moins d tre sous l emprise d une pens e magique et de se mentir soi m me l akrat s peut reconna tre le fait qu il d cide d agir pour de mauvaises raisons et non en raison de causes trang res son syst me mental 132 conscient comme c est le cas pour les personnes qui entretiennent des croyances motiv es Mais si Davidson a raison alors nous ne pouvons pas demander a quelqu un pourquoi il pr f re une tarte au sucre un bol de fruits tout court en esp rant obtenir une r ponse parce que la r ponse qu il nous donnera nous fera tout simplement changer de sujet Si la personne soutient qu elle pr f re la tarte parce qu elle produira chez lui un plus vif plaisir que de manger un bol de fruits c est que prima facie la tarte au sucre est plus avantageuse en raison de la vivacit du plaisir qu elle donne
168. a alors plus appropri de former une intention orient e vers le pr sent qu une intention orient e vers le futur Mais il s agit ici d une proposition sommaire Il peut tre dans certains cas rationnel de s engager dans un processus de formation d une intention dirig e vers l avenir m me si l on sait pertinemment que des informations cruciales ne seront disponibles qu au moment d agir parce que cela a un effet apaisant sur notre excitation actuelle ou que cela nous vitera des 7 89 regrets futurs en cas d chec Une coll gue conomiste me disait un jour que les institutions bancaires prennent des d cisions financi res importantes sur la base de pr vision du taux pr f rentiel anticip des r serves centrales et que les conomistes sp cialis s dans la pr diction de ces taux se trompent une fois sur deux Or ce fait est bien connu des institutions et pourtant elles continuent de proc der comme si ces pr visions avaient un taux de succ s significatif Je ne vois que deux hypoth ses pour expliquer cela soit les conseils d administration tentent d viter des blames futurs de leurs actionnaires en cas de pertes importantes ou ces conseils consid rent qu il vaut mieux avoir un mauvais plan pour l avenir que de ne pas avoir de plan du tout Cette derni re proposition est appropri e dans un contexte strat gique o l initiative constitue un avantage crucial Au jeu d chec les d butants appre
169. a pens e rationnelle voulu par la nature mais pertinentes Ce jugement identifie un plan de vie qui inclut n cessairement selon Rawls 1973 457 464 un d sir pour les biens premiers Les biens premiers s curit opportunit sant intelligence vigueur imagination etc sont des choses que tous les agents rationnels doivent d sirer parce que ces biens offrent des conditions favorables la poursuite de leurs objectifs et cela peu importe en quoi ces derniers consistent Gert soutient que Rawls avec sa condition de d lib ration compl te adh re la th orie du cool moment Il avance que la th orie du cool moment ne permet pas de justifier rationnellement une pr f rence pour les biens premiers et une aversion pour le manque de ces biens Un agent peut dans un tat d esprit calme et serein analyser les cons quences d une ablation volontaire d un membre pourtant en sant et proc der ensuite dans un tat calme ou motif l ablation du membre en question On jugera intuitivement le d sir de cet agent irrationnel pourtant il passe le test du cool moment Il s agit peut tre d un cas limite Mais on peut trouver beaucoup d exemples communs de d cision motiv e par des d sirs qui ne passent pas le test mais qui sont intuitivement rationnels Ce qui montre que non seulement la th orie du cool moment n est pas assez restrictive pour certaines cat gories de d sirs mais qu el
170. a th orie des pr f rences r v l es mais cette diff rence pr s que ce sont seulement certaines pr f rences les jugements inconditionnels qui sont la surface des d cisions ou intention d agir et non toutes les pr f rences de l agent Or comme pour toute pr f rence con ue comme tant la surface des d cisions les jugements inconditionnels ne conf reraient aucun caract re pr dictif et non trivialement vrai la th orie qui les utiliserait Pour ce qui est de l hypoth se de la n cessit du caract re holiste du jugement inconditionnel on aurait de bonnes raisons de la trouver insatisfaisante Peut tre existe t 1l 135 de tels jugements mais il est plut t vident qu on peut s en passer pour d crire ce qui se passe lorsqu un agent tente de r soudre certains probl mes cognitifs Par exemple pour additionner de grands nombres nous devons proc der par tapes et nous concluons par la derni re tape en esp rant que nous n avons commis d erreurs aucune d entre elles Or en concluant nous avons notre r ponse et n avons pas besoin d appr cier l ensemble du processus pour l apposer nous pouvons l apposer comme un simple r sultat d tape 6 2 3 3 Assimiler les jugements inconditionnels des actions laisser le probl me intact Dans sa volont de distinguer les deux types de jugement sur des bases autres que celle de leur structure logique Davidson semble su
171. aboration du calcul des probabilit s Au 20 si cle des l ments de ce type de calcul ont t int gr s aux divers mod les de rationalit pratique comme la fameuse Th orie de l Utilit Esp r e Newman Morgenstein 1944 Bien que l abandon de la recherche de certitudes marque un pas important dans l laboration de mod les normatifs plus r alistes il n en demeure pas moins que ces mod les restaient tributaires d une conception d monique de la rationalit Mais au lieu d avoir un d mon laplacien uvrant dans un monde enti rement d termin au sens m taphysique du terme en guise de point de r f rence on lui substituait un d mon uvrant dans un monde en partie ind termin d o la n cessit d inclure un calcul probabiliste dans la d lib ration rationnelle Dans les ann es 1950 l conomiste Herbert Simon mis en relief une proc dure d cisionnelle cognitivement moins exigeante mais plus r aliste pour d crire des comportements r pandus et la structure computationnelle qui les sous tend Ce fut le d but de la recherche sur les heuristiques d cisionnelles Depuis des chercheurs issus surtout des d partements de psychologie et d conomie comportementale ont mis en relief toutes sortes de r gles de d cision qui tiennent compte de la rationalit limit e des agents et de la fugacit informationnelle de leur environnement J exposerai dans cette section certai
172. acile de d clencher des r actions motives inconscientes l aide de stimuli inconscients ou partiellement inconscients image subliminale d sinformations orientation de l attention etc Damasio propose quant lui de distinguer les motions qu il con oit comme un programme r actionnel d clench par un stimulus externe ou interne des sentiments d motion Ces derniers seraient des sortes de cartes mentales portant sur l tat du corps ou de certaines de ses parties au moment o une motion est r alis e Damasio 1995 2010 Les sentiments d motion ne sont pas une condition n cessaire pour la r alisation d un programme motionnel ce qui laisse place la possibilit d motions inconscientes Berridge amp Winkielman 2003 D ailleurs nous estimons intuitivement que les nourrissons et les mammif res prouvent des motions simples sans pour autant en avoir conscience et il nous est tous d j arriv d tre le t moin abasourdi de cris prof r s par une personne qui niait de mani re col rique tre en col re Ce qu on peut inf rer de ce qui pr c de est qu on ne peut pas critiquer la position d Aristote au sujet des causes motionnelles en ne se basant que sur nos propres rapports 5 James r suma dans une phrase c l bre sa conception des motions that our feeling of the same changes as they occur IS the emotion 1884 199 49 concernant nos tats moti
173. ag s ne le permet pas prima facie En discutant avec des coll gues conomistes nous en venions cependant la conclusion que l optimisation sous contrainte apparaissait comme une bonne solution qui pr serverait en partie le mod le d agent rationnel optimisateur Aussi je ne comprenais pas pourquoi certains d tracteurs de ce mod le estimaient qu ajouter des contraintes temporelles la recherche de la meilleure option alourdissait le processus Je pense que je comprends maintenant la teneur de cette critique Un agent qui examine des alternatives ou des raisons ne peut savoir quel moment le co t d un prolongement de cette recherche surpasse les b n fices escompt s qu au terme de cette recherche Comment puis je savoir par exemple que je dois arr ter ma recherche de chaussures la quatri me paire examin e dans l ventualit o cette paire constitue un choix optimal tant donn e la quantit de ressources que je devrai d penser pour continuer ma recherche En fait rien ne me dit que je ne d nicherai pas une paire de chaussures beaucoup moins ch re plus belle 170 beaucoup plus durable et confortable dans la prochaine boutique inscrite sur ma liste Il est toujours possible qu avec un minimum d nergie suppl mentaire je tombe sur un choix dont la sup riorit surpasse de loin les choix ant rieurement examin s On ne peut donc tre capable d identifier le meilleur choix compte tenu des ressources
174. aimerait croire et pourtant plusieurs donn es exp rimentales tendent a montrer que les agents ont une conception relativement peu claire de la qualit de l intensit et de la dur e de leurs tats h doniques futurs Dans beaucoup de contextes de choix les agents prouvent beaucoup de difficult s faire des pr dictions fiables sur leurs tats affectifs futurs Aussi les d cisions qu ils prennent en fonction des cons quences futures refl tent souvent une mauvaise anticipation de leurs propres tats mentaux corr latifs Kassam Gilbert Boston et Wilson ont montr 2008 par exemple comment des participants appartenant des groupes mixtes d hommes et de femmes anticipent leur 29 niveau de bien tre futur dans un contexte o ils doivent choisir entre un gain mon taire disponible maintenant et un gain disponible dans 3 mois En ayant exclu l hypoth se que les agents confondent dans leur mesure subjective leurs tats affectifs futurs avec leurs tats pr sents au moment de choisir une option et en ayant exclu aussi l hypoth se que les agents estiment que la seule pr diction de leurs tats futurs modifiera en retour ces derniers les r sultats attestent l hypoth se que les agents valuent la baisse l tendue et l intensit de leurs tats h doniques futurs Cela va l encontre de l hypoth se standard de l attitude des agents vis vis le futur savoir that there is something wrong with
175. aire davantage leurs int r ts court terme ou maintenant que leurs int r ts long terme ou plus tard Par cons quent il peut tre commode de dire que l agent akratique est tout simplement celui qui choisit de favoriser ses int r ts court terme alors qu il ne devrait pas le faire C est une caract risation essentiellement correcte mais la condition qu on offre des pr cisions sur les cat gories du court et du long terme 250 On utilise souvent la notion de long terme pour des laps de temps de plusieurs mois voire plusieurs ann es Or a ne s applique pas aux d cisions qui consistent manger son dessert avant son repas principal ou a prendre un verre de trop Il est plus judicieux de consid rer la distinction comme une distinction fonctionnelle et non cat gorielle En tant que distinction fonctionnelle le court terme ou le maintenant est d fini contextuellement a partir de lintervalle de temps le plus petit n cessaire pour r soudre un probl me pratique dans un domaine sp cifique Tandis que le long terme ou le plus tard est d fini partir de l intervalle le plus long pour les r soudre Par exemple dans le contexte d un jeu vid o le court terme est souvent en deca d une seconde et le long terme de quelques minutes tout au plus Par contre dans le contexte d un plan de vie le court terme s tend sur plusieurs mois et le long terme sur plusieurs ann es La version fonction
176. ais tent de r pondre par l affirmative Mais en y regardant de plus pr s force est de constater qu il difficile de savoir o je dois m arr ter dans ce processus Je peux par exemple estimer qu tre c libataire comporte l avantage de ne pas avoir l obligation de visiter et d entretenir des relations avec une belle famille cependant estimer le poids relatif de cet inconv nient est une t che non seulement ardue mais suffisamment complexe pour qu il soit difficile de dire si l on a assez d informations pour le faire correctement Pour tre rigoureux je devrai laborer toutes sortes d hypoth ses auxiliaires concernant la 161 quantit et la dur e des rencontres familiales ainsi que la qualit moyenne ou la quantit de d plaisir et de plaisir que je peux escompter avoir en fr quentant ma belle famille ou le potentiel qu elle repr sente pour la modification de mon propre caract re etc En fait pour chaque probl me qu on soul ve dans la d lib ration un sous probl me auxiliaire appara t dans cette m me d lib ration D ailleurs les probl mes d cisionnels complexes comportent tant d aspects pertinents qu il est difficile voire souvent impossible de savoir si l on en a fait le tour Chercher des raisons n est pas une activit cognitivement plus simple que de rechercher des alternatives dans un monde qui en offre tant D o l id e que nous devons nous appuyer sur une r gle d ar
177. akrasie que la stricte akrasie mais assez pr cise pour capturer ses traits les plus importants et assez informative pour orienter la recherche La conception qu on peut formuler partir de ce qui a t dit plus haut peut tre raffin e et faire l objet de rajouts ult rieurs Mais elle correspond dans une version assez d taill e la conception suivante CIT Un agent vit un pisode de faiblesse de volont si et seulement s il choisit une allocation intertemporelle en raison de pr f rences temporelles qui les am nent escompter hyperboliquement le futur l int rieur d un horizon temporel cat goris fonctionnellement 116 Soulign par moi Voir galement le 45 du m me ouvrage sur l irrationalit des pr f rences intertemporelles 258 La CIT pour Conception Intertemporelle de la faiblesse de volont comporte plusieurs l ments sur lesquels on peut s arr ter Le premier est que ce sont les d cisions ou les choix et non les comportements qui sont centraux dans le ph nom ne voir le chapitre 3 pour une explication Le deuxi me est que les agents choisissent des allocations intertemporelles lorsqu ils vivent un pisode de faiblesse de volont Il n est toutefois pas n cessaire de mentionner cette condition On peut se contenter de dire que les agents choisissent en raison de pr f rences temporelles qui par d finition portent sur des allocations ou des parties d allocations distr
178. akratique est inconsistante soit avec un jugement toutes choses consid r es inconditionnel relatif etc qu on a ant rieurement form soit avec une d cision intention plan r solutions etc qu on a ant rieurement prise Ce faisant on n glige le fait que les agents prennent dans une tr s large proportion des d cisions pour am liorer leur sort dans l avenir et que par cons quent la clef de la faiblesse de volont ainsi que son caract re irrationnel r side en bonne partie dans les motivations prospectives de l agent Du reste d faut d avoir une conception claire de la nature des choix que les agents akratiques font et de ceux qui leur sont disponibles il devient difficile de voir en quoi la faiblesse de volont est irrationnelle Si l on n a pas pris le temps d identifier les propri t s de ces choix alors on ne peut pas appr cier clairement leurs cueils et la mesure de leur chec Et si tel est le cas alors on ne voit que de mani re confuse l irrationalit de ces choix 10 1 1 Motivation choisir une allocation intertemporelle les attitudes prospectives Les choix d allocation intertemporelle typique de la faiblesse de volont sont ils motiv s en amont par des consid rations distinctes des autres choix d allocation au profil d croissant Sur la base des r cents r sultats de la psychologie de la neurologie et de l conomie exp rimentale on peut estimer que c est le cas T
179. al et activer leur syst me contr l de prise de d cision Le syst me manuel prend en charge le processus de d lib ration consciente Une fois la d cision prise ce niveau le reste du travail est fait par le syst me automatique jusqu ce qu un nouveau probl me d cisionnel surgisse Le mod le du double processus dual process est un objet d investigation pouss e dans les sciences cognitives actuelles Il remonte en fait William James 1890 qui distinguait la pens e associative du vrai raisonnement Il estimait que le contenu repr sentationnel de pens e associative est d termin par les exp riences pass es alors que celui du raisonnement v ritable porterait sur des situations originales ou sans pr c dents La description du fonctionnement des deux processus computationnels s est raffin e notamment depuis la publication des travaux de Kahnemann 1999 2004 sur les heuristiques du jugement Le psychologue Keith Stanovich 2004 est sans doute un des plus fervents promoteurs de ce mod le En dehors de celles mentionn es plus haut les propri t s des syst mes qui pilotent g rent et monitorent les deux processus peuvent tre 102 tr s abstraites mais nous sommes capables la plupart du temps de distinguer les moments o nos comportements sont pilot s par nos syst mes automatiques et contr l s Nous savons intuitivement qu il y a une diff rence qualitative importante entre la mani re don
180. al des proc dures d optimisation 76 Tout d pendant de la m thode de calcul utilis e on peut aussi soustraire 162 Une proc dure comme satisfier par exemple ne fait pas jouer les attributs les uns contre les autres Les crit res qui entrent dans la confection d un seuil sont respect s si et seulement si une note de passage est obtenue par une option pour chacun de ces crit res Il n y a donc pas de calculs lin aires d addition et de soustraction des valeurs des attributs pertinents La m me chose vaut pour les m thodes lexicographiques comme la s lection ou l limination par attribut Si je cherche me procurer une automobile neuve il sera judicieux que je fixe au d part une s rie de crit res qui me permettront de trancher entre plusieurs v hicules Je peux stipuler que la voiture doit co ter en dessous de 20 000 J liminerai alors une quantit tr s grande de mod les Mais s il en reste alors je devrai utiliser un autre crit re dans l espoir qu il me permettra de trancher entre les mod les restants Je peux alors stipuler que la voiture doit avoir re u une note de fiabilit lev e dans les grandes revues sp cialis es S il reste deux mod les je proc derai alors leur examen l aide d un nouveau crit re par exemple la consommation d essence ou la beaut relative etc Mais m me si j ai utilis ici plusieurs crit res pour solutionner mon probl me d cisionnel aucu
181. and Mind Cambridge Ma Harvard University Press Lamb R J amp Preston K L amp Schindler C W amp Davis F amp Kartz J L amp Henningfield J E amp Golberg S R 1991 The reinforcing and subjective effects of morphine in 298 post addicts A dose response study Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics vol 259 1165 73 Ledoux Joseph 1998 The emotional brain the mysterious underpinnings of emotional life New York Simon amp Schuster Liberman N Trope Y Macrae S amp Sherman S J 2007 The effect of level of construal on the temporal distance of activity enactment Journal of Experimental Social Psychology 43 143 9 Liberman Nira amp Trope Yaacov 2003 Construal Level Theory of Intertemporal Judgment and Decision in Time and Decision Loewenstein G amp Read D amp Baumeister R dir New York Russell Sage 245 276 Loewenstein George amp Ariely Dan 2006 The Heat of The Moment The Effect of Sexual Arousal on Sexual Decision Making Journal of Behavioral Decision vol 19 87 8 Loewenstein George amp Prelec Drazen 1993 Preference for Sequences of Outcome Psychological Review vol 100 1 91 108 Loewenstein George 1988 Frames of mind in intertemporal choice Management Science 34 200 214 Loewenstein George 2005 Hot cold empathy gaps and medical decision making Health Psychology 24 4 49 6
182. ant c dents cognitifs qu on peut mettre en relief lors d un examen critique On peut juger que la col re d une personne l gard d une autre est inappropri e parce qu elle repose sur une interpr tation erron e de ses intentions ou qu elle est disproportionn e tant donn la gravit du geste Mais on ne critiquera pas le plaisir qu elle prouve uriner ou ingurgiter des aliments sucr s du moins pas en identifiant des ant c dents cognitifs Pour peu qu ils soient complexes ou situ s des niveaux sup rieurs les motions et les d sirs ont des ant c dents cognitifs et c est sans doute ce qui nous inciterait voir dans le cognitivisme motivationnel une conception plausible Toutefois les facteurs cognitifs constituent un param tre de choix parmi d autres c t des param tres d sid ratifs et affectifs On peut modifier le comportement d un agent en jouant sur l un ou l autre de ces param tres Mais on peut penser qu il y a des param tres affectifs et d sid ratifs de base suffisamment fixes et essentiels au maintien des fonctions vitales qui constituent le soubassement de la motivation des agents pour que certaines modifications soient difficiles NAT 10 voire impossibles r aliser 10 Par contre on peut accepter l id e que des facteurs cognitifs modulent l occasion des tats motionnels aussi simples que celui d avoir envie d uriner Elster a mis en
183. ar un niveau d alcool mie trop grand rendent les agents plus dispos s prendre des risques importants dont prendre leur voiture avec des facult s affaiblies Sous l influence de l alcool notre d lib ration est de mauvaise qualit parce que bon nombre d aspects pertinents de la situation ne sont pas ou sont insuffisamment pris en compte Les tats de manque des consommateurs de drogue la soif excessive qui motive les naufrag s boire de l eau de mer ou leur urine la faim v ritable par opposition la gourmandise l envie d uriner et de d f quer sont tous des 44 changements corporels qui r sultent d un processus initi l int rieur du corps et non la faveur d un stimulus Les d clencheurs et les motivations visc rales expliquent beaucoup de cas d impulsivit Ces causes obscurcissent certaines raisons pourtant pertinentes et poussent les agents tirer trop rapidement des conclusions Qu on accepte ou non ces l ments de classification des causes de l impulsivit on peut cependant critiquer la position d Aristote sur un point Il n est pas toujours irrationnel d agir de mani re impulsive Or comme la faiblesse de volont est le paradigme de l action irrationnelle il s ensuit que l analyse d Aristote est ici dans le meilleur des cas incompl te Il lui faudrait expliquer pourquoi certains comportements impulsifs rel vent de la faiblesse de volont alors que d autres n
184. aravant Il ne s agit pas d un probl me psychologique de croyance motiv e ou d un ph nom ne de r duction de la dissonance cognitive mais d un probl me neurologique touchant des fonctions fondamentales d autor gulation du corps Damasio 1995 2010 70 de vue cognitif et cela peut constituer un probl me dans le diagnostic de cas de faiblesse de volont Une autre raison de r viser en ce sens CS est que cela permet de consid rer des cas o l agent agit en accord avec son meilleur jugement mais semble n anmoins vivre un pisode de stricte akrasie Je peux estimer qu il est pr f rable toutes choses consid r es de ne pas sauter en parachute ce weekend Or pris d un enthousiasme d brid je me rends au club de parachutisme et m inscris dans la liste des passagers sauteurs du premier vol de la journ e de samedi Au moment o je dois embarquer dans l avion je suis si transi de peur que je ne me r sous pas monter a bord Aussi je n agis pas a l encontre de mon meilleur jugement Par contre j ai clairement pris une d cision a l encontre de mon meilleur jugement quand j ai choisi de me rendre au club dans l espoir de sauter en parachute Cela dit contrairement aux conomistes et psychologues les philosophes sont plus enclins parler d intention que de d cision pour expliquer les comportements des agents Auquel cas il est peut tre plus appropri d utiliser cette derni re not
185. atients Mais les recherches auxquelles a donn lieu la d couverte de l escompte hyperbolique ont permis d en identifier plusieurs param tres importants Un des param tres importants est la qualit des cons quences anticip es Il semblerait que les agents escomptent de mani re plus accentu e les cons quences positives que les cons quences n gatives Sign Effect Les personnes sont dispos es a payer moins maintenant pour retarder le paiement futur d un bien qu ils viennent d obtenir qu a payer maintenant pour obtenir un bien qui leur est promis dans l avenir Thaler 1981 Cela explique pourquoi les activit s qui pr sentent la fois des attributs n gatifs et positifs tr s marqu s sont plus souvent l objet d pisodes de faiblesse de volont Pour un saut en parachute par exemple on escomptera les risques de mort d une mani re bien plus marqu e que des cons quences comme l ivresse de la sensation de voler Un autre param tre est celui de magnitude Magnitude Effect Les agents escomptent moins les cons quences importantes que les cons quences plus n gligeables Les personnes qui sont indiff rentes 15 aujourd hui et 60 dans un an seront en moyenne galement indiff rentes 25 aujourd hui et 35 dans un an 3000 aujourd hui et 4000 dans un an Thaler 1981 En fait plus les cons quences sont importantes pour nous plus nous serons dispos s nous montrer pat
186. au de stress moyen niveau de consommation moyen etc d autre part Comme pour tous les probl mes complexes les donn es statistiques et exp rimentales comportent des anomalies D ailleurs ces anomalies sont souvent mises en relief par des chercheurs qui se pr sentent souvent mais pas toujours comme des rebelles ou des underdogs de la science L id e de consid rer exclusivement l opinion des autorit s publiques en mati re de sant est justifiable dans la mesure o ces autorit s refl tent un relatif consensus parmi les sp cialistes lequel consensus gomme pour ainsi dire les anomalies et l opinion de chercheurs rebelles plus int ress s par la qu te de prestiges sociaux que par le caract re rigoureux de leurs propres recherches videmment quand les anomalies sont trop importantes pour tre n glig es on s attend ce que les autorit s de sant publique modifient leurs injonctions Mais d faut d une telle modification on peut estimer que l injonction refl te un consensus suffisamment important pour qu il soit justifi de n gliger certaines informations contradictoires Pour ce qui est des informations idiosyncrasiques il est pr f rable de se fier l imputation que les organismes de sant publique font l gard de pr f rences d aversions et de styles 179 de vie que de faire soi m me ce calcul Les moyennes tablies qui servent de base a ces imputations font fi
187. aussi bien que dans un horizon temporel de quelques secondes Cela nous permet de traiter des cas de violation de plan financier aussi bien que des cas de grattage compulsif des plaies comme des pisodes de faiblesse de volont pr sentant les m mes propri t s fondamentales La CIT comporte videmment des clauses implicites Elle dit implicitement que les agents qui vivent des pisodes de faiblesse de volont disposent d autres options d allocation 259 qu ils seraient capables de rep rer et de choisir Cela est d ailleurs implicite la notion m me de choix effectuer un choix implique l existence de plusieurs alternatives Cela dit la CIT est une conception mon avis plus basique de la faiblesse de volont que les conceptions qu on trouve sur le march philosophique d coulant de la d finition standard ou d une conception fond e sur l irr solution Elle ne fait pas de diff rence entre les cas d akrasie et les cas de stricte akrasie les deux pr sentent les m mes propri t s fondamentales au niveau de leurs choix d allocation et au niveau de leurs motivations les choisir La formation ou non au sein de l agent d un jugement selon lequel il devrait choisir une autre allocation que celle qu il s appr te effectivement choisir est une caract ristique plus accessoire que centrale D ailleurs l examen des cas de stricte akrasie qu on peut observer dans le r el r v le les m
188. bien estimer qu il serait pr f rable maintenant que je ne fume pas mais comme je fume il s ensuit que je pr f re fumer L hypoth se de la maximisation n est pas qu une simple hypoth se auxiliaire n cessaire la th orie des pr f rences r v l es pour la d rivation d une conclusion sceptique Cette hypoth se qui remonte Platon est en fait au c ur de toutes les positions sceptiques qu on trouve sur le march philosophique et sur celui des sciences comportementales J estime qu il s agit d une hypoth se erron e mais je compte en faire seulement la critique au chapitre 7 Pour l instant examinons la nature des pr f rences que la th orie voit la surface des choix effectifs des agents et la port e de la th orie pour expliquer les d cisions des agents tant dans des contextes moraux que prudentiels 4 2 La nature des pr f rences et la grande port e de la th orie La notion de pr f rence dans la th orie des pr f rences r v l es ne correspond pas parfaitement la notion qu on utilise dans le langage ordinaire Il s agit d un concept technique qui est une extension de la notion conomique d utilit esp r e laquelle est en quelque sorte la version num rique sur une chelle cardinale de la premi re sur chelle ordinale La diff rence entre la notion ordinaire et la notion technique est analogue celle entre la notion ordinaire de poids et celle de masse Ces notion
189. c des coll gues de probl mes philosophiques qui n ont rien voir avec les probl mes que j aborde dans mon manuel d cider d aller prendre une bi re visiter r guli rement la machine distributrice de friandises etc De plus les intentions filtrent les stimuli qui peuvent jouer le r le de sources de distraction ou filtrent les recherches de ces sources Par contre les intentions ne filtreront pas des activit s comme uriner ou discuter avec mon patron s il me le demande en d pit du fait que ces activit s orientent mon attention sur autre chose que ce que j ai planifi de faire Dans la r alisation d une intention beaucoup de stimuli et d tats somatiques luttent pour avoir l attention de l agent et le d tourner de cette r alisation Un agent peut introduire en cours de route des modifications dans l ordre de priorit des activit s qu il s est initialement donn sous forme de plan tout en reste fid le l esprit du plan ou de l intention On comprend que les tats somatiques peuvent devenir si saillants que l agent n a d autres choix que de faire quelque chose pour r tablir un tat hom ostatique stable s il veut tre efficace dans la r alisation de son plan ou de son intention Pour ce qui est des stimuli externes certains doivent tre trait s en priorit m me si nous n avons pas initialement pris de d cision en ce sens Lorsque nous formons une intention orient e vers le fu
190. cepter l id e d Aristote de faire des consid rations affectives un des principaux facteurs de faiblesse de volont Seulement la conception du r le des motions et des d sirs de plus bas niveau dans le processus d cisionnel qu il promeut est aujourd hui largement contest e Aristote se fit l ap tre comme Platon et beaucoup d autres penseurs de son poque d un mod le de la rationalit qu on pourrait qualifier de vulcain et c est ce qui explique pourquoi il fut si prompt a bannir les motions Pour ceux qui ne connaissent pas la s rie t l vis e Star Trek Spock le fid le compagnon de route du capitaine du vaisseau USS Enterprise James Kirk appartient au peuple qui habitait avant sa destruction la plan te Vulcain Les vulcains ont une caract ristique motivationnelle et cognitive singuli re comme ils ne ressentent pas d motions ils peuvent analyser la lumi re des principes les plus froids de la rationalit chaque situation avant de prendre une d cision Ce mod le de 26 Damasio Ibid 50 rationalit est largement r pandu dans la population La plupart des personnes estiment que prendre des d cisions rationnelles requiert un tat mental d pourvu d motions Si Spock fut le personnage le plus populaire de la s rie c est probablement en partie parce que les t l spectateurs partagent le pr jug qui veut que les motions soient incompatibles avec les canon
191. cisions ccccescceeesseeceeeetneceesenneeeeseeteeeessnteeeeeseaes 215 9 2 1 Les choix comme alternatives d allocation intertemporelle intrasubjective 216 9 2 2 Les sch mas d allocation typiques de la faiblesse de volont ce eeeececeeesseceeeeteeeeeeteeeeeseneeeess 221 9 2 2 1 Autres sch mas d allocation moins courants 00 0 ee eee eeeeeeseeeeeeeseeeeeecseeseaeessneceseecsaeessieessaeeesaeenaeees 228 9 2 2 2 Le probl me des mauvaises habitudes et des d cisions impact n gligeable eee eeeeeeeeeeeeeteees 231 9 2 3 Akrasie et adaptation h donique des sch mas d allocation semblables pour des profils exp rienitiels semblables 5 2 fnrsn ain nn ne MAL a ha cea nih PER aa 234 9 2 3 1 Sch mas d allocation semblables ne relevant pas de l akrasie et n cessit d une th orie de la motivation sn rte rt er caus et ta et tn net einen tante ro E E 236 9 3 OO ALI ETO A eaten eae 237 10 La th orie du choix intertemporelle 2 partie les ant c dents motivationnels des d cisions ARTATIQUE SR AR RSR ER ee A RE nr ne 238 10 1 Une th orie de la motivation pour les choix intertemporels cc ccceeeeeceeeetteeeesetteeeeees 238 10 1 1 Motivation choisir une allocation intertemporelle les attitudes prospectives 239 10 1 2 Attitudes prospectives escompte du futur et choix d allocation au profil d croissant 241 10 1 2
192. comme des habilet s exploiter des ressources au sens large du terme disponibles Si un agent est capable de nager hic et nunc alors il poss de l habilet n cessaire pour le faire et a acc s un plan d eau proximit Mais rien ne s oppose inclure galement des facteurs motivationnels dans l quation Des individus peuvent se r v ler incapables d arr ter de fumer bien qu ils disposent des habilet s minimales pour le faire il n est pas difficile d craser une bonne fois pour toutes En mettant en place des chafaudages motivationnels ad quats on rend des personnes akratiques capables d am liorer significativement leurs sorts Agir sur les motivations des agents par le biais de dispositifs institutionnels est politiquement et thiquement d licat Le spectre du paternalisme d tat peut toujours tre brandi dans les d bats publics sur la question Mais il ne fait pas de doute que l mergence sans pr c dent dans l histoire humaine d une quantit aussi vaste et toujours plus grande d opportunit s et de sources de distractions pose de nouveaux d fis politiques La faiblesse de volont est l un de ceux l Au del des enjeux th oriques que posent les solutions institutionnelles aux probl mes de la faiblesse de volont envisager socialement de telles solutions implique un changement profond d attitude envers nos d sirs Non seulement H raclite avait raison de dire que le
193. conditions cognitives de la cr ation d alternatives la r alit Le caract re limit de la m moire de travail se refl te clairement dans le processus d laboration des sc narios et cela plusieurs endroits Les agents ne peuvent garder l esprit qu un nombre limit de sc narios hypoth tiques et all gent leur m moire en n examinant que les plus probables ou en ne modifiant qu un seul param tre d un environnement con u par ailleurs comme tant tout fait stable Cette stabilit putative de tous les autres param tres et les variables de l environnement imagin est pour des raisons de limitation de la m moire de travail typiquement exag r e C est un facteur important d inad quation de certains sc narios selon Byrne 2009 15 40 57 Cette mani re de concevoir les probl mes d cisionnels ne nous oblige pas adh rer une conception purement instrumentale de la rationalit pratique On peut soutenir du coup qu une solution ad quate un probl me d cisionnel ne repose pas exclusivement sur le choix des moyens mais galement sur le choix des fins Aussi d une mani re g n rale solutionner un probl me d cisionnel pourrait revenir utiliser un moyen ad quat pour atteindre une fin galement ad quate Tout d pend des contraintes qu on souhaite donner notre th orie du choix rationnel pour la cat gorisation des solutions 107 Certains ont critiqu le mod le du raisonne
194. consid rations On postule une autod termination absolue de la volont ce qui a pour r sultat que ce qu on souhaite au d part expliquer l akrasie ou la stricte akrasie n est pas du tout expliqu parce qu on ne sait pas pourquoi la volont choisirait tant t des lignes de conduite appropri es tant t des lignes de conduite inappropri es Si l on souhaite expliquer les choix de la volont alors on s expose une r gression l infini Ryle 1949 On devra conform ment l esprit du volontarisme postuler une m tavolont suppl mentaire r p ter ensuite la proc dure conceptuelle pour expliquer les choix de la m tavolont et ainsi de suite Cela dit le concept de volont n est videmment pas jeter aux orties Il a re u dans l histoire de la philosophie un traitement vari qui recoupe toutes sortes de probl matiques allant de la dynamique des impulsions motrices issues d un syst me centralis la responsabilit morale en passant par l id al d autonomie du contr le de soi et de la nature wok 33 Peer de l exp rience subjective du moi Aussi il n est pas toujours facile de d m ler les usages 3 C est ce qui a fait dire Nietzsche Vouloir me semble tre avant tout quelque chose de compliqu quelque chose qui ne poss de d unit qu en tant que mot dans tout vouloir il y a avant tout une multiplicit de sensations qu il
195. consiste maintenir les libert s de choix tout en orientant les citoyens vers des choix socialement plus judicieux en exploitant la possibilit des d cisions par d faut Ce genre de mesure institutionnelle participe de ce que ces auteurs appellent le paternalisme libertaire 7 1 1 5 Elimination des extr mes Typiquement une d lib ration est une comparaison Mais il arrive souvent que les agents doivent faire face a une s rie d options difficilement comparables avec les informations dont ils disposent Ce n est pas que les options comportent des aspects incommensurables mais que certains de ces aspects sont inconnus Et alors la pr sence des autres aspects ne permet pas d identifier un choix qui se d marque positivement des autres en tous points Face un probl me d cisionnel de la sorte les agents peuvent s engager dans une co teuse recherche d informations mais souvent ils refusent de s engager dans une telle d marche et utilisent une r gle simple qui consiste liminer les extr mes Par exemple vous d sirez vous acheter un t l viseur HD Vous aimez faire de bonnes affaires ce qui vous am ne examiner 3 t l viseurs que les marchands de votre r gion vendent au rabais 1 un t l viseur Sony de 60 po 1680 2 un Panasonic de 52 po 1320 et 3 un Samsung de 46 po 950 Vous reconnaissez les trois marques mais ne connaissez pas grand chose aux caract ristiques d arri re plan
196. contraste j am liorais du tout au tout ma condition affective court terme Dans cette situation j ai le choix entre deux allocations intertemporelles qui ont des structures compl tements diff rentes Si j opte pour l abstention je choisis alors une allocation qui concentre la plupart des cons quences positives dans les instants suivant ma 223 d cision Mais les cons quences n gatives s taleront sur une p riode beaucoup plus longue et iront sans doute en s accentuant Mais j viterai aussi des cons quences hautement n gatives court terme d coulant directement d une intervention dentaire p nible en d pit du fait que leurs impacts r siduels sont minimes on est rarement traumatis par une visite chez le dentiste Les deux allocations imagin es d crivent des sch mas typiques de choix binaire qui comportent un risque important pour l agent qui souhaite am liorer son sort long terme On peut repr senter ces sch mas comp titifs en les simplifiant l extr me l aide du diagramme suivant Figure 2 Ce diagramme d crit le profil h donique de deux allocations intertemporelles A et B disponibles en m me temps sous forme de choix binaire Le diagramme d crit deux profils tablis sur la dur e en fonction d un point de r f rence h donique neutre N au dessus de N les cons quences sont plaisantes en dessous elles sont d plaisantes D repr sente un point de d cision et
197. correcte cela signifie qu il n y a pas proprement parler de d cisions strictement akratiques ou d pisodes de faiblesse de volont synchronique Beaucoup du scepticisme contemporain l gard de la possibilit de la stricte akrasie est tributaire du moins implicitement de cette conception de l agent rationnel Pour ce qui est de la faiblesse de volont en g n ral Platon en identifie la cause dans une Par contre je ne m explique pas le peu d int r t qu ont les philosophes actuels pour le probl me de la motivation pour des agents non humains Si Platon a eu raison de traiter l occasion l akrasie comme un probl me de motivation humaine en g n ral l autre pas consisterait examiner du moins la possibilit qu il y ait de la faiblesse de volont chez les animaux Or il n y a pas ce que je sache de consid rations de ce genre dans la litt rature philosophique Pourtant comme je vais le montrer au chapitre 9 des chercheurs en psychologie ont mis en relief des traits importants de la faiblesse de volont par des exp rimentations animales Il est difficile de dire cependant si ce manque d int r t d coulerait d une sorte de spectre moral qui planerait encore sur les conceptions philosophiques de la motivation humaine 18 forme d ignorance et une erreur de mesure Ce point est particuli rement int ressant parce qu il s accorde dans une certaine mesure et sous certaines conditions
198. ct h donique d interventions m dicales douloureuses comme la colonoscopie intervalles rapproch s les patients qui subissaient l intervention devaient rapporter l intensit de leur tat de douleur sur une chelle de 0 100 o 0 repr sente un tat neutre ou sans douleur et 100 la pire douleur qu ils puissent imaginer Les chercheurs pouvaient obtenir un profil h donique pr cis Cependant lorsqu ils ont demand au patient de faire un bilan h donique de son intervention une fois termin e ceux ci tablissaient leur estimation d une mani re compl tement diff rente et par cons quent arrivaient des r sultats souvent diff rents Contrairement ce qu on aurait tendance faire si l on disposait d une vision r trospective d taill e de nos moments h doniquement charg s ils se basaient essentiellement sur 3 variables pour d terminer le niveau de douleur globale l intensit du pic de douleur l intensit de la phase finale ainsi que la pente globale ascendante ou descendante de l exp rience totale Cette heuristique d valuation r trospective du profil h donique est utile dans la mesure o les agents ont des capacit s mn siques limit es mais doivent tout de m me faire des bilans h doniques pour s orienter dans l avenir Mais cette heuristique produit ce que les chercheurs nomment le biais de n gligence de la dur e L impact d interventions m dicales beaucoup plus longues mais qui
199. ctement la position internaliste Aussi si l on persiste nier l existence de la stricte akrasie on ne peut pas le faire a partir d une position internaliste Le meilleur jugement peut affecter causalement le comportement de l agent mais il est possible que d autres motifs conscients ou non aient un poids plus important et qu ils orientent l agent dans une autre direction Une position sceptique est sans doute toujours possible mais doit reposer sur d autres bases Une des options envisageables pour un sceptique r side mon avis du c t de l hypoth se de la maximisation M me si les agents peuvent d cider l encontre de leur meilleur jugement ils tentent n anmoins toujours d une mani re ou d une autre de maximiser la satisfaction de leur pr f rence Seulement le processus d valuation des alternatives est essentiellement inconscient et peut ne pas s enligner avec les valuations conscientes En d autres mots les agents ne peuvent pas prendre des d cisions contre pr f rentielles strictement akratique bien qu ils puissent d cider l encontre de leur meilleur jugement Il s agit videmment d une position sceptique beaucoup plus faible Mais l attention th orique se d place dor navant des jugements aux pr f rences D ailleurs si l on accepte d aller au del de la th orie des pr f rences r v l es comme on est oblig je pense de le faire le processus de sensibil
200. ctement sur ce probl me et plus pr cis ment sur l existence de la stricte akrasie morale En s attaquant ce d fi les philosophes mais galement les chercheurs en sciences cognitives et en conomie ont labor des mod les quelques fois simples quelques fois complexes des processus d cisionnels Les mod les propos s sont cens s appuyer les positions de chacun l gard du caract re paradoxal de la forme synchronique de la faiblesse de volont Aussi le d bat sur l existence de la stricte akrasie se transforme souvent en d bat sur les l ments motivationnels de base et d riv s sur les proc dures d cisionnelles sur les normes d valuation des choix ou les normes d interpr tation de ceux ci trangement la description et l explication de l akrasie tout court ou faiblesse de volont diachronique sont dans la litt rature philosophique souvent d laiss es Comme son caract re paradoxal est plus facile dissoudre on estime plus stimulant de s attaquer la stricte akrasie Pourtant l examen de ces cas est tout aussi int ressant et qui plus est fournit des l ments importants pour comprendre les cas putatifs de stricte akrasie La mani re dont les agents choisissent l encontre de leurs int r ts exemplifie des propri t s communes toutes les figures de la faiblesse de volont Or on ne doit pas seulement d crire les motivations qui poussent les agents prendre des d
201. ctions relatives a la sant n ont pas le m me impact que chez un adulte Sur quoi se basent les personnes inform es pour consid rer que malgr tout le plaisir que procure la cigarette pour un fumeur il est pr f rable de ne pas fumer On est tent de croire qu ils font reposer leur jugement sur une consid ration compl te des tenants et aboutissants de l inhalation de fumer et de la m tabolisation de la nicotine Or il n en est rien Les fumeurs ne consid rent que certaines informations et ignorent le reste Ils consid rent l avis des experts en sant publique et n gligent par exemple de calculer le v ritable rapport co t b n fice de fumer l occasion quelques cigarettes Examinons ici ces deux d marches pist miques Comme on l a vu bri vement d terminer si je dois tenir compte d une information l aide d un appel l expertise revient utiliser une m thode lexicographique Nous utilisons un seul crit re la fois pour trancher Pour ce qui est de la cigarette nous utilisons un seul crit re celui de l opinion de l organisation de sant publique du pays Ce seul signal motive la plupart du temps notre adh sion la croyance qu il est pr f rable de s abstenir de fumer m me si nous ne vivons pas actuellement de probl mes de sant significatifs Dans la formation de ce jugement nous n gligeons videmment l examen des raisons qui poussent les autorit s de sant publique a fair
202. culi rement int ressant pour une th orie de l allocation intertemporelle Les d pendances des substances drogues alcool caf etc ou des activit s jeux pornographie t l vision travail etc ainsi que toute une panoplie de mauvaises habitudes produiront plus ou moins long terme une accentuation de la d croissance de leur profil h donique Le processus de sensibilisation du syst me dopaminergique tel que d crit par Berridge et Robinson 1993 2003 2008 ne rend pas seulement certains stimuli plus saillants pour la motivation Il s accompagne galement d une diminution de l appr ciation d coulant de la consommation ou de la fr quentation de ces sources de stimuli Il s agit d un effet particuli rement pervers des d pendances On a toutefois tendance minimiser l impact r siduel d une seule d cision Prelec et Bodner ont montr comment la perception par nous m mes de nos propres d cisions peut 233 produire des cons quences positives ou n gatives tr s marqu es Ils proposent un mod le d autodiagnostic self signaling de la motivation pour expliquer pourquoi les agents h sitent prendre des d cisions sans cons quence n gatives mais qui peuvent s av rer tre les premiers pas vers une mauvaise habitude Pour Prelec et Bodner the model rests on a distinction between two types of reward utility causal reward that flows directly from the consequences of choice whe
203. d valuation consciente des alternatives de choix Ces r sultats sont suffisamment probants pour branler s rieusement un scepticisme s appuyant sur la conception internaliste de la motivation Je m attaquerai ensuite chapitre 7 P hypoth se de la maximisation qui est sans doute le pilier de la position sceptique Il s agit d une hypoth se qui semble particuli rement robuste parce qu elle peut se d cliner en plusieurs variantes et porter sur des l ments motivationnels de notre choix consid rations cognitives d sid ratives ou affectives ou avoir une forme interpr tative comme si En fait j entends montrer que la maximisation est une hypoth se erron e parce qu inapplicable dans la plupart des contextes r els de choix Les agents rationnels utilisent toutes sortes de r gles d cisionnelles qui les am nent n gliger des informations pertinentes pour la d lib ration mais leur offrent des perspectives de r ussite plus attrayantes l aide d exemples document s par des recherches sur les heuristiques d cisionnelles je mettrai en relief le fait que tr s peu de d cisions voire presque aucune ne sont motiv es par un meilleur jugement ou par une pr f rence synth tique compl te En plus de dissoudre une partie du caract re paradoxal de la stricte akrasie rejeter l hypoth se de maximisation a des implications importantes pour 12 la conception standard Elle implique notamment que la co
204. d arriver l heure un rendez vous majeure il est bien d utiliser un v hicule si cela me permet d arriver l heure d un rendez vous majeure prendre ma voiture permet d arriver l heure de mon rendez vous mineure ceci est ma voiture mineure je prends donc ma voiture conclusion Cette version du syllogisme pratique apparait particuli rement artificielle Les d sirs des agents sont trait s dans des formules qui minimisent voire font dispara tre leur idiosyncrasie ce qui laisse croire qu on gagne en objectivit L erreur philosophique qui consiste assimiler l objectivit au point de vue cosmique rel verait peut tre d une simple g n ralisation h tive Nathanson 1994 52 rapide lorsqu il emprunte des circuits motionnels que lorsqu il emprunte des circuits d lib ratifs Des motions fortes comme la peur nous font typiquement pr f rer une action imm diate a une action diff r e Or l action imm diate pr sente dans certaines situations un avantage adaptatif ind niable d faut d utiliser l artillerie lourde de la d lib ration rationnelle mieux vaut se rabattre sur l motion Mais lorsque nous disposons de suffisamment de temps il est plus judicieux de sortir les gros canons C est toujours la d lib ration rationnelle et l usage de nos capacit s cognitives les plus sophistiqu es qui ultimement nous permettent d obtenir le fin mot de l histoire La rationa
205. d cisions ex cutables hic et nunc avec les actions ce qui est une erreur 7 Le probl me du caract re contraignant qu une intention repr sente pour soi m me est au c ur de d bat actuel sur la nature des normes sociales et la possibilit de la coop ration Gautier 1997 Les chercheurs s entendent pour dire que la coop ration requiert dans beaucoup de situations que les agents soient en mesure de punir les autres en cas de choix opportuniste de leur part Or la punition est co teuse et les agents ont besoin de faire des menaces explicites ou implicites pour motiver les autres s abstenir d adopter des comportements opportunistes Pour que les menaces soient efficaces un agent doit donc tre dispos ex cuter une punition m me s il est rationnel pour lui de ne pas l ex cuter au moment venu parce que cela consisterait ajouter des co ts suppl mentaires associ s punir et prendre le risque d une escalade de violence des co ts qu il a d j pay s associ s la d fection Aussi faire des menaces cr dibles ressemble en quelque sorte l nigme de la toxine Il est rationnel de former l intention de punir autrui en cas de non coop ration de sa part mais pas d ex cuter cette intention advenant un comportement non coop ratif de sa part 8 Ruwen Ogien a formul une s rie d objections l opinion qui veut qu on puisse avoir des obligations envers soi m me du moins des devoirs str
206. d lai tait long moins les pigeons avaient tendance choisir la plus petite r compense Si l on ajoutait un d lai de 10 secondes pour l obtention des r compenses donc 10 secondes pour obtenir la petite r compense et 14 pour obtenir la plus grande les pigeons appuyaient syst matiquement sur le levier vert Ils exhibaient alors plus de contr le de soi et se montraient donc moins impulsifs partir d une certaine distance temporelle ce n est plus 245 le d lai entre deux r compenses qui est le facteur pr dominant de choix mais la diff rence dans la quantit relative de celles ci Thaler a observ le m me sch ma chez des sujets humains auxquels on offrait des r compenses en argent et dont on mesurait l impact motivationnel des d lais d obtention Thaler 1981 On demandait des personnes des tudiants pour la plupart d imaginer qu ils ont gagn une somme d argent la loterie On leur demandait ensuite de sp cifier des montants d argent suppl mentaires encaisser et pour lesquels ils seraient dispos s attendre pour recevoir le paiement du lot principal Les personnes devaient sp cifier les montants pour des d lais d un mois d un an et de dix ans Les r sultats furent comparables ceux obtenus avec les pigeons Les personnes demandaient proportionnellement au d lai plus d argent pour renoncer des gains rapproch s d eux dans le temps que pour des gains plus distan
207. de consid rations avant qu ils prennent effectivement une d cision Cela peut prendre quelques millisecondes plusieurs heures suivant la nature des choix faire et peut tre tr s simple ou tr s complexe Aussi il est m thodologiquement trange de ne pas en consid rer le d tail pour sp cifier la nature des d cisions et des pr f rences des agents et isoler le probl me akratique D ailleurs bon nombre de r sultats exp rimentaux et de leurs interpr tations mettent en relief le fait que les agents tablissent ou construisent leur pr f rence en comparant des alternatives et ne consultent pas une sorte de menu interne ordonnancement des alternatives qui leur indique clairement et sans ambig it ce qu ils doivent faire Par exemple le comportement des consommateurs qui choisissent x dans la suite x y et y dans la suite x y z peut sembler trange En fait les consommateurs peuvent choisir majoritairement x dans la premi re s rie o il est difficile de comparer les options de cette s rie En amp revanche si y est facilement comparable z et exemplifie des propri t s relationnelles plus Figure 1 appr ciables alors les consommateurs 97 opteront en majorit pour y si la seconde suite leur est pr sent e Dan Ariely 2008 1 21 illustre ce ph nom ne l aide d une publicit sur laquelle il est tomb alors qu il feuilletait une revue scientifique La public
208. de le faire et s il est en notre pouvoir de le faire 1952 20 Hare et ses commentateurs ont d ailleurs fourni une version s mantique de cette position soit pour la critiquer ou pour la d velopper La version s mantique de l internalisme motivationnel est l imp rativisme L imp rativisme stipule qu un nonc tel que je dois faire x entraine logiquement l imp ratif fais x Mais je m en tiens ici la version substantielle ou empirique de la th se de Hare et non sa version s mantique Cela dit Hare fournit tout de m me une explication des cas putatifs de stricte akrasie Pour lui les agents que la tradition philosophique voit comme tant strictement akratique a ne sont pas vraiment libres de d cider de faire x parce qu il y a trop de contraintes ou b ne sont pas vraiment sinc res ou sont carr ment hypocrites lorsqu ils affirment qu il est pr f rable de faire x alors qu ils d cident de faire y comme dans la mauvaise foi sartrienne ou Ce genre d analyse s mantique a cependant une port e tr s limit e Premi rement l analyse des nonc s ne nous apprend pas grand chose sur les ph nom nes ou v nements d crits par ceux ci Deuxi mement une analyse s mantique pr suppose ou implique qu on a d j r gl certaines questions factuelles concernant notamment l existence de certaines choses alors qu elles sont l objet du d bat Pour une discussion de
209. de vie future En fait cela est analogue a ce qu on trouve dans les th ories modernes de justice distributive qui impliquent un engagement envers le principe d une gale consid ration de tous les citoyens mais qui restent plus ou moins ind cises sur les distributions de ressources de droits et d obligations de capabilit s etc les plus efficientes La raison est simple un principe d galit politique est compatible avec toutes sortes de distributions allant des plus efficientes aux moins efficientes L utilit d un principe d galit politique r side plut t dans le fait qu il joue le r le d un filtre pour les consid rations susceptibles d entrer en ligne de compte soit dans la r alisation effective d une distribution ou dans le design des institutions qui devront encadrer ces distributions Par exemple toutes les versions acceptables du principe d galit politique proscrivent les crit res raciaux ou sexistes comme crit res de distribution Une norme prudentielle d gale consid ration pour toutes nos tranches de vie futures joue essentiellement le m me r le Elle ne permet pas d identifier les allocations optimales elle est compatible avec toutes sortes d allocation des meilleures aux pires Toutefois elle proscrit les pr f rences temporelles pures comme crit res de choix pertinent Aussi s y conformer n est pas n cessairement un gage de succ s mais nous vite de prendr
210. des raisons de penser que le meilleur jugement sinc re garde toujours un lien causal avec la d cision h sitations promptitudes la r vision etc m me dans les cas de stricte akrasie Je ne sais pas si cela affecte en profondeur les termes du d bat ou seulement de mani re superficielle On doit par contre tenir compte du poids causal des motifs meilleur jugement vs les autres raisons dans la caract risation du d bat 143 J ai galement expos s des raisons de croire qu en d pit du degr de sophistication de l analyse de Davidson celle ci repose sur des distinctions conceptuelles trop artificielles et pr caires pour expliquer les cas de stricte akrasie a l int rieur d une position internaliste L introduction de la notion de jugement inconditionnel comme une caract risation du r sultat de la d lib ration ne permet pas de formuler une solution de compromis satisfaisante entre les positions internalistes et externalistes J ai expos ensuite des raisons de croire que l explication de la stricte akrasie par une forme de d salignement de l valuation consciente et de la motivation comme le propose Mele est une bonne avenue Les r sultats obtenus par Berridge et ses acolytes attestent que les zones neuronales responsables de la motivation sont fonctionnellement diff rentes des zones responsables de l appr ciation et que les premi res peuvent s activer l insu des agents Cela contredit dire
211. des t l viseurs Vous pouvez lire la liste de ces caract ristiques mais vous avez de la difficult soit les comprendre ou en mesurer l importance Pour d couvrir la meilleure affaire vous devrez vous engager dans une recherche pouss e et certainement tr s co teuse en temps Refusant cette ventualit vous allez probablement choisir le t l viseur Panasonic Ce faisant vous vitez le risque de payer trop cher et le risque d tre d u par un item qui ne vous en donne pas assez 156 Encore une fois votre proc dure d cisionnelle n est pas cens e d boucher sur la formation d un meilleur jugement Vous ne savez pas s il s agit du meilleur choix faire compte tenu du fait que vous n avez pas consid r toutes choses avant de vous d cider 7 1 1 6 Choix al atoire Lorsque les alternatives sont en tous points incommensurables que notre d lib ration manque de fondements ou que le temps de d cision est une variable importante un choix al atoire peut tre judicieux Les proc dures de d cision ne sont ad quates que dans la mesure o elles permettent de maximiser les chances de succ s de nos entreprises Mais quand nous avons trancher entre des options tr s incommensurables il arrive que nous ayons l impression que l usage d une proc dure d cisionnelle plus sophistiqu e que le choix al atoire ne maximise pas vraiment nos chances de succ s Si nous vivons un chec nous pouvons nous
212. diff rents sc narios d achat Je comparerai des souliers en tenant compte de plusieurs crit res partiels tels que le niveau de confort la durabilit le caract re tendance ou ringard et le prix Pour chacun de ces crit res partiels je coterai chacune des paires examin es sur une chelle de 1 10 Pour chaque paire de souliers j op rerai une sommation de la valeur de chacune de ses caract ristiques et tablirai sur cette base un ordonnancement complet des sc narios Je serai de cette mani re en mesure d identifier celui qui est pr f rable entre tous videmment les crit res partiels peuvent avoir des poids diff rents Si je privil gie le confort sur toute autre consid ration alors je devrai pond rer ce crit re en cons quence Par exemple si j estime que le confort est peu pr s deux fois plus important pour moi que chacune des autres caract ristiques prises individuellement alors je pourrai mesurer le confort l aide d une chelle de 1 20 ou m me de 20 20 si j estime qu un manque de confort repr sente un inconv nient majeur ou m me multiplier la valeur correspondant aux poids relatifs des sc narios et en faire ensuite la sommation Les probabilit s de r alisation des cons quences sont un facteur de choix important On peut difficilement identifier le meilleur choix si l on n a pas une certaine id e des risques et des probabilit s de r ussite Or non seulement leur estimation peut
213. divide half a Sheet of Paper by a Line into two Columns writing over the one Pro and over the other Con Then during three or four Days Consideration I put down under the different Heads short Hints of the different Motives that at different Times occur to me for or against the Measure When I have thus got them all together in one View I endeavor to estimate their respective Weights and where I find two one on each side that seem equal I strike them both out If I find a Reason pro equal to some two Reasons con I strike out the three If I judge some two Reasons con equal to some three Reasons pro I strike out the five and thus proceeding I find at length where the Balance lies and if after a Day or two of farther Consideration nothing new that is of Importance occurs on either side I come to a Determination accordingly And tho the Weight of Reasons cannot be taken with the Precision of Algebraic Quantities yet when each is thus considered separately and comparatively and the whole lies before me I think I can judge better and am less likely to take a rash Step and in fact I have found great Advantage from this kind of Equation in what may be called Moral or Prudential Algebra 58 Avant lui Darwin 1887 232 233 avait abord le probl me en explicitant les raisons qui devraient selon lui lui permettre de trancher la question de savoir s il devait ou non se marier Toutefois sa description du processus d lib ratif est moi
214. doit avoir form un jugement selon lequel une ligne de conduite qu il En fait Davidson traite l expression faire x intentionnellement comme une description sous laquelle une action est intentionnelle pour l agent qui l accomplit et non comme une description qui r f re une action et identifie une de ses propri t s circonstancielles Davidson 1971 Pour Davidson et la plupart des th oriciens de l action toutes les actions sont intentionnelles sans quoi il ne s agit pas d action mais de simples comportements Seulement les actions n apparaissent pas intentionnelles sous toutes les descriptions Certaines descriptions incluent des indications sur des cons quences de l action alors que d autres non Par exemple affirmer que Fulgence tuer intentionnellement Ad lard n est pas la m me chose que de dire que Fulgence a boug le doigt ou tir sur la g chette bien que ces trois descriptions portent sur une seule et m me action un mouvement corporel de Fulgence caus par ses croyances et ses d sirs Le fait d inclure dans nos descriptions d action des indications sur certaines de leurs cons quences a t initialement d sign par Joel Feinberg 1970 119 151 comme effet accord on On peut parler d effet accord on lorsqu on d crit une action en indiquant des cons quences de celle ci que l agent lui m me anticipait croyait causer visait par son action Si Fulgence a intentionnelleme
215. donique positif qu une fois accomplies et souvent un impact n gatif pendant qu elles sont accomplies tant donn e l ampleur de l impact h donique r siduel certaines de ces activit s auront une signification particuli re pour l agent et occuperont par le fait m me une place importante dans son histoire 5 Le caract re non n cessairement conscient con ues de cette mani re on se rend compte peu de d cisions ne rel vent pas d une forme ou d une autre d allocation intertemporelle Les cas paradigmatiques d allocations intertemporelles sont se marier choisir un emploi poursuivre ou non des tudes entamer un r gime minceur placer de l argent procr er ou fumer Pour peu que les agents fassent face des choix dont les cons quences pertinentes sont distribu es dans le temps ou perdurent dans le temps leur d cision rel vera d un choix intertemporel D ailleurs cela ne nous emp che pas de consid rer que des organismes qui n ont pas une conscience du d roulement du temps effectuent n anmoins ce genre de choix La condition tant que la valeur de ces choix mesur e en facteur de fitness la capacit d engendrer un maximum de copies de son g nome par le biais de la reproduction d pende de variables dont la valeur sera d termin e dans le futur Dans un article sur les facteurs volutionnels qui ont men la formation de m canismes de patience Kaselnik 2002 sugg re que m me des tr
216. dre un exemple qu Elster a propos dans Alchimie of Mind je peux faire une promenade dans la for t et apercevoir sur mon chemin quelque chose qui ressemble un serpent et sous le coup de la peur d cider sur le champ de m enfuir dans la direction oppos e Si ce que j ai pris pour un serpent s av re tre en fait une branche j ai alors couru pour rien Mais il est pr f rable que je me sois tromp en prenant une branche pour un serpent qu un serpent pour une branche Le processus de prise de d cision est plus particuli re ou est elle m me cette action ou cette ligne de conduite Par exemple me demandant comment je dois m y prendre pour me rendre un rendez vous je peux faire l inf rence suivante je souhaite arriver mon rendez vous a l heure pr misse majeure prendre ma voiture est un bon moyen pour arriver mon rendez vous l heure pr misse mineure je prends donc ma voiture conclusion La version scolaire du syllogisme exprime clairement une inf rence inductive suivant le sch ma fin moyen Par contre on trouve dans l uvre d Aristote une version diff rente du syllogisme pratique Il exprime une inf rence d ductive suivant le sch ma universel particulier La majeure est cens e exprimer un bien universellement d sirable tandis que la mineure un fait particulier pertinent pour d terminer l action accomplir Si je reprends mon exemple j obtiens quelque chose comme il est bien
217. e avec une description d taill e des tapes du 11 processus d cisionnel on vite de confondre des cas authentiques de stricte akrasie avec d autres types de d cisions irrationnelles et de probl mes motivationnels m me s ils semblent satisfaire les conditions nonc es par la conception standard Aussi une description d taill e du processus permet d isoler avec plus de pr cision le probl me motivationnel putatif de l agent strictement akratique et l objet du d bat moderne sur l existence de la stricte akrasie J examinerai ensuite chapitre 6 le d bat entre internalistes et externalistes portant sur la possibilit d chec dans l application du r sultat de la d lib ration le meilleur jugement de l agent Je pr senterai l internalisme fort de Richard Hare la position classique dans ce d bat l externalisme d Alfred Mele ainsi que l internalisme faible de Donald Davidson Je mettrai en relief certaines difficult s qu on peut isoler dans les termes m mes du d bat et surtout sur la notion de jugement inconditionnel qui est au c ur de l approche davidsonienne et qui est incontournable dans les d bats actuels Je mentionnerai finalement certains r sultats exp rimentaux notamment en neurologie qui militent manifestement en faveur de l hypoth se externaliste Ces r sultats mettent en relief le fait que les agents sont pourvus d un syst me motivationnel distinct de leur syst me
218. e certaines d cisions qui produisent statistiquement des profils h doniques globalement peu avantageux 10 2 1 2 La rationalit des pr f rences temporelles deux arguments peu convaincants Choisir une action ou une ligne de conduite simplement parce que certaines de ses cons quences positives sont plus pr s de nous dans le temps est irrationnel puisque cela ne nous permet pas d am liorer notre sort aussi bien que nous le pourrions Les pr f rences temporelles pures comme l aversion au d lai de gratification ou la pr f rence pour le d lai de frustration sont soit des motifs de choix pernicieux soit des motifs non pertinents parce que n ayant pas d impact sur le bien tre global de l agent D o l vidence du principe prudentiel de l gale consid ration pour tous les moments de notre vie 265 Pourtant il y a deux arguments en faveur de l id e que les pr f rences qui am nent les agents escompter hyperboliquement le futur puissent rationnellement motiver ceux ci prendre des d cisions Il y a l argument du surinvestissement et l argument ontologique 1 L argument du surinvestissement est une sorte de preuve par l absurde Nous devons faire des choix en fonction de pr f rences temporelles pour le court terme parce que sans cela nous repousserons syst matiquement plus tard les activit s plaisantes et la consommation de biens Il s ensuit que nous devons faire des choix motiv s par
219. e plaisir sentiment sensation positive etc actuelle d coulant de la consommation de certains biens alors on a des raisons de croire que l valuation et la motivation ne sont pas les deux faces d une m me pi ce Mais si par valuation on entend un processus conscient ou inconscient d anticipation d un tat h donique futur il est plus difficile de trancher Examinons d abord pourquoi on a des raisons de penser que l valuation est une appr ciation subjective et peut tre un processus d coupl de celui qui est responsable de la motivation Berridge et coll ne se sont pas content s d affirmer et de d fendre l hypoth se que les agents peuvent avoir l occasion des d sirs inconscients et proc der des appr ciations inconscientes Ils ont mis galement en relief le fait que dans certains cas l appr ciation liking m me inconsciente d coulant de la consommation de certaines substances n affecte pas la motivation wanting des toxicomanes obtenir ou viter celles ci En fait il y aurait deux substrats neuronaux distincts des ph nom nes de l appr ciation et de la motivation Berridge Robinson 2003 Berridge Robinson 2008 Pour Berridge et Robinson le neurotransmetteur qui fut traditionnellement le plus mesur pour valuer le plaisir sensoriel la dopamine s av re tre ni n cessaire ni suffisant pour g n rer une appr ciation 2003 509 L injection d une subs
220. e que nous rejetions la fiction de l identit diachronique de la personne et que nous justifiions l id e d une d valuation des cons quences loign es dans le temps il resterait justifier l id e que cette d valuation doit avoir la forme d un escompte hyperbolique Or la marche est haute Parfit ne fournit en fait qu un param tre externe analogue l incertitude et l instabilit anticip e des go ts Comme il ne nous montre pas en quoi il serait rationnel d avoir des pr f rences temporelles pures comme celles qui expliqueraient les choix d allocations typiques des agents akratiques il ne fournit pas une justification rationnelle de la faiblesse de volont 2C La seconde critique est de nature empirique Le th oricien de la d cision Shane Frederick 2003 a voulu tester si la proximit psychologique que les agents disent avoir avec leur moi ant rieur ou ult rieur expliquerait et justifierait une d valuation du futur comme le suppose Parfit Dans quelle mesure demande Frederick les agents ne sont pas rationnellement tenus de se soucier de leur alter ego futur au del de ce qui est requis par leur connexion psychologique Frederick a fait passer des tests d estimation prospective et r trospective du degr de similarit psychologique que des personnes pensent avoir avec elles m mes divers moments du futur et du pass Il a tent d observer sans succ s une corr lation des r sultats obtenus av
221. e si nous sommes pr ts faire des compromis sur ce point mais en revanche tr s confortable Une fois le seuil fix nous pouvons commencer la collecte d informations Si nous rencontrons au cours de nos d ambulations dans les boutiques une paire de chaussures qui est en dessous de 100 et au moins assez belle peu durable et tr s confortable nous savons que nous devons la choisir Satisfier est une proc dure conjonctive parce que le seuil pr alablement fix est constitu par la conjonction de crit res dont chacun doit tre satisfait par une option pour que celle ci soit ligible Ce qu il faut comprendre ici est que m me si l agent qui satisfie utilise les m mes crit res de choix que celui qui recherche la meilleure option ou cherche former un meilleur jugement il ne les utilise pas de la m me fa on Si je souhaite d couvrir a meilleure paire de chaussures je ne dois pas me fixer un seuil l aide des crit res pertinents pour moi mais plut t examiner l ensemble des chaussures disponibles et s lectionner la paire qui maximise mes crit res positifs l apparence confort durabilit et qui minimise mes crit res n gatifs prix Si nous avons pr alablement des crit res de d chec ou de r ussite subtile dans la maximisation de la satisfaction des d sirs tant donn es les croyances de l agent C est ce qui participe d une certaine mani re son caract re paradoxal Or l inc
222. e volont Aussi les tats motifs sont typiquement vus comme un facteur potentiel d irrationalit pratique Si l homme coute son c ur et non sa raison il est davantage susceptible de se montrer faible M me si Aristote labore un appareil th orique complexe et sophistiqu pour expliquer la possibilit de la stricte akrasie et la faiblesse de volont en g n ral le r sultat s accorde assez bien avec certaines de nos intuitions communes et pr analytiques sur les causes du ph nom ne savoir qu en chacun de nous vit une sorte de pulsion irrationnelle agir l encontre de nos int r ts et des principes moraux qu on accepte pourtant et qu on doit harnacher par la force de notre raison Je vais pr senter et examiner maintenant certaines propositions que Platon et Aristote ont faites l gard de la faiblesse de volont et de la stricte akrasie Je vais mentionner ensuite certaines critiques qu on peut leur adresser 2 1 1 La conception platonicienne de la motivation L identification du probl me de la faiblesse de volont et ses premi res explications th oriques par la tradition gr co latine furent d embl e camp es dans le domaine moral Video meliora proboque deteriora sequor Je vois le bien je l approuve et je fais le mal affirmait la M d e d Ovide M tamorphoses VII 20 De m me Hippolyte d Euripide comprend un passage qui identifie le m me probl me L
223. e Alexandre Morneau Caron Pierre Blackburn Tuan Nguyen Thierry Toutant Julien Lachapelle David Meilleur Kavin H bert Vincent Pierre Martineau Mathieu Lavoie V ronique Grenier Philippe Langlois Steve McKay et le D partement de philosophie du C gep de Sherbrooke pour leur soutien Je remercie galement le C gep de Sherbrooke dont le Service des ressources humaines a bien voulu m octroyer un cong avec traitement diff r la session d hiver 2011 pour la r daction de la th se Je ne peux manquer de t moigner mon immense gratitude envers Nadia Deslauriers qui par ses bons conseils linguistiques me permet limiter les maux de t tes de mes valuateurs Il est difficile de trouver des mots pour exprimer ma reconnaissance l gard de ma femme Suzanne Poitras Sa participation indirecte la r alisation de la th se ne s est pas r sum e un soutien ind fectible et des encouragements r p t s Elle a due renoncer un certain nombre de choses qui comptaient beaucoup ses yeux et aux miens comme des vacances en amoureux et des moments intimes libres de soucis intellectuels Heureusement xii je compte bien rattraper le temps perdu avec la personne qui occupe la place la plus importante dans ma vie Avertissement Pour les r f rences la litt rature anglophone j ai utilis les traductions fran aises des articles et uvres cit s lorsque celles ci taient disponibles et me semblai
224. e bien nous le connaissons notre raison le con oit Mais nous nous rebutons devant l effort qu il exige soit qu il contrarie notre mollesse soit qu aux plaisirs de la vertu nous en pr f rions quelque autre Hippolyte porte couronne 380 384 La premi re bauche d explication de ce ph nom ne se trouve dans la doctrine du cognitivisme moral de Platon Dans le M non Socrate soutien que les gens m chants ne d sirent pas le mal puisqu ils ignorent ce qu il est mais qu ils d sirent ce qu ils croyaient tre le bien m me si en fait ce bien est mal De sorte que s ils ignorent le mal et le prennent vraiment pour un bien il est vident que c est le bien qu ils d sirent M non 78a Ainsi pour Platon les agents moraux ne peuvent faire le mal volontairement c est dire qu ils ne peuvent accomplir des actes moralement r pugnants que s ils ignorent des faits pertinents ou qu ils y sont contraints par une force ext rieure L hypoth se d un bagage informationnel inad quat comme facteur exclusif de faute morale dans les contextes o l agent est libre a fait couler beaucoup d encre et figure comme la premi re clef pour comprendre le ph nom ne de la faiblesse de volont En effet Platon calque son approche du probl me de la motivation en g n ral sur celui du probl me moral Dans Le Protagoras Socrate identifie la poursuite du Bien avec la recherche du plaisir Il rejette l id e que les agents q
225. e cette injonction Nous ne connaissons habituellement m me pas le pourcentage de risque que repr senterait notre consommation de cigarettes d avoir des probl mes de sant s rieux et si cela est compens par le plaisir certain que comporte nos habitudes de consommation D ailleurs les tudes scientifiques les plus rigoureuses restent des tudes g n riques Elles n offrent qu une partie de l information pertinente pour d terminer si je dois continuer fumer tant donn es les conditions idiosyncrasiques qui sont les miennes ex le stress reli mon emploi la nature de mes loisirs la quantit de plaisir que je retire de la consommation de cigarette la quantit de cigarettes que je consomme etc Mon jugement selon lequel il est pr f rable 177 que je ne fume pas ne tient pas compte de toutes les informations pertinentes mais souvent d une seule pi ce d information l opinion d une organisation de sant publique L heuristique utilis e alors par les agents ici est une instance de take the best Si les organismes de sant publique dignes de confiance font des injonctions prends des d cisions compatibles avec elles Mais fait on un choix rationnel si l on ne consid re que cette information et qu on n glige le reste L information que nous en tant que non sp cialistes consid rons exclusivement pour condamner la cigarette est ad quate parce qu elle refl te en quelque so
226. e concept de faiblesse de volont en mettant en relief le param tre normatif qui le sous tend Rien ne nous emp che de sp cifier un peu plus la nature de ces tendances Habituellement il est raisonnable selon Holton et Bratman d avoir des tendances a reconsid rer des intentions 1 dans les situations qui ont chang a un point tel que les objectifs que nous poursuivions en formant ces intentions ne seront pas atteignables si nous continuons de nous y conformer 2 dans les situations qui pr sentent pour nous des aspects particuli rement d plaisants ou qui sont des sources de souffrance mais dont nous n avons pas tenu compte lorsque nous avons form notre intention Il est aussi raisonnable d avoir des tendances ne pas reconsid rer des intentions 3 dans les situations qui nous emp chent d avoir l esprit clair propos des circonstances qui ont donn lieu la formation de ces intentions 4 dans des situations o nous avons justement form ces intentions dans le but de nous motiver passer par dessus une r ticence agir Ces tendances restent tout de m me assez vagues Mais Holton soutient que cela tient au fait que notre concept de faiblesse de volont est vague et que la pr sence de vague dans l explanandum correspond au vague qui se trouve dans l explanans Cela dit si nous avons une connaissance plus ou moins consciente de ces conditions d arri re plan pour tablir un diagnostic de
227. e d explications d taill es et empiriquement mieux appuy es En revanche d crire les comportements et les proc dures d cisionnelles en mettant en relief l usage d heuristiques nous permet de les rendre plus transparents donc plus faciles pr dire Si je postule qu un consommateur qui magasine pour une paire de chaussures optimise il sera par exemple difficile pour moi de pr dire quand il arr tera sa recherche et pour quelle paire il optera m me si je connais l ensemble de ses crit res de choix et l ensemble des alternatives disponibles pour lui Par contre si je connais le seuil de satisfaction qu il s est fix je pourrai non seulement pr dire quelle paire il choisira s il l a rencontr sur son chemin mais galement les diff rentes paires qu il choisirait s il empruntait tel ou tel itin raire Consid rons un autre exemple celui d un choix binaire dans une situation o l on demande aux agents soit de s lectionner l une des options ou d en liminer une Du point de vue d un mod le d optimisation le r sultat est cens tre le m me Conform ment la m thode de Franklin nos d cisions rationnelles devraient d pendre du moins partiellement des poids que nous assignons aux avantages et aux inconv nients de celles ci Toutefois comme Shafir Simonson et Tversky le font observer les avantages ou attributs positifs d une option p sent plus lourd dans la balance lors
228. e d un v nement d termine en partie son niveau de construction mentale Par niveau de construction mentale Liberman et Trope entendent la mani re dont on cat gorise les v nements ou les objets On classifie spontan ment les choses l int rieur de cat gories en d pit du fait qu elles ne sont pas identiques Aussi cat goriser consiste a ignorer implicitement des caract ristiques uniques mais a prendre une d cision pist mique sur les caract ristiques communes plus centrales et celles qui sont plus p riph riques Cat goriser un objet comme une chaise consiste mettre l emphase sur des caract ristiques st r otypiques de la plupart des chaises comme celle de servir de repose fesses et celle d tre une pi ce d ameublement Ces caract ristiques sont centrales lorsqu on utilise la cat gorie chaise alors que la couleur ou la mati re restent p riph riques En revanche lorsqu on cat gorise le m me objet comme une pi ce de bois alors la fonction de repose fesses et le fait d tre une pi ce de mobilier deviennent p riph riques et la mati re constitutive devient plus centrale Ce qui est central et p riph rique dans les cat gories est sujet des variations idiosyncrasiques Le plaisir peut tre une caract ristique centrale ou p riph rique des rapports sexuels d pendamment de son background culturel ou motionnel Beaucoup de cat gories sont organis es autour de buts Pour c
229. e d cisions et de comportements autant chez les agents humains que chez les organismes v g taux Or elle expliquerait galement les pisodes de faiblesse de volont Les grands avantages de la conception inter temporelle sont qu elle nous permet d une part d unifier d une mani re simple et l gante l explication de la stricte akrasie et de l akrasie tout court et d autre part de fournir une explication substantielle et non simplement formelle de l irrationalit de la faiblesse de volont J exposerai la conception inter temporelle en deux volets Le premier chapitre 9 porte sur les propri t s des alternatives de choix en concurrence et sur les d cisions akratiques elles m mes Ce volet fournit des l ments d explication du caract re irrationnel de la faiblesse de volont Le second chapitre 10 porte sur les propri t s des attitudes prospectives qui motivent le choix d une alternative typiquement akratique L identification des attitudes responsables chez l agent akratique de sa d valuation du futur a fait l objet d une litt rature abondante notamment en psychologie du choix Beaucoup de chercheurs estiment qu il y a une pr f rence temporelle au sein de l espace motivationnel de l agent qui expliquerait une telle 13 d valuation Mais il n y a pas de consensus sur le fait de savoir s il s agit d une pr f rence pure ou d riv e ou si la d valuation du futur ne serait pas pl
230. e dans la volont 68 stricte akrasie serait un ph nom ne plus restreint d incoh rence entre un jugement et une action Bien que la stricte akrasie donne r guli rement lieu une d gradation des conditions de vie de agent elle n engendre pas n cessairement cet effet Un agent strictement akratique peut agir en conformit avec son int r t mais en faisant valoir celui ci l encontre de l int r t d autrui dans des cas de stricte akrasie morale Quand les agents agissent l encontre de principes moraux qu ils estiment sup rieurs leur propre int r t du moment ils vivraient th oriquement un probl me de stricte akrasie 3 1 2 Deux r visions mineures et n cessit d une conception canonique plus g n rale On a de bonnes raisons de penser que la conception Standard de l akrasie CS qui contraste le meilleur jugement de l agent et son action est incorrecte Elle est un peu trop triqu e et est en plus un facteur de confusion C est la notion d action qui est responsable de ces d fauts Par contraste la notion de d cision est plus g n rale et aussi plus appropri e pour d crire le ph nom ne On ne doit pas consid rer seulement les cas o l agent agit l encontre de son meilleur jugement mais ceux pour lesquels il d cide l encontre de ce dernier Je peux former le jugement selon lequel qu il est pr f rable toutes choses consid r es que je limite ma co
231. e de l absence d identit personnelle diachronique Peut tre que le fait que nos alter ego soient loign s dans le temps nous permet d en tenir moins compte lorsque vient le temps de prendre des d cisions qui auront des cons quences long terme Mais cela n implique pas qu on doive moins en tenir compte Par analogie des grands parents ne doivent pas moins tenir compte de leurs petits 267 enfants que de leurs enfants m me si ces derniers sont psychologiquement plus li s eux Si c tait le cas alors on devrait consid rer les grands parents g teaux comme des personnes injustes ce qui est plut t contre intuitif 2B En fait Parfit n offre pas une justification rationnelle de la d valuation du futur d crit comme un escompte hyperbolique Il identifie plut t un crit re fondamental atemporel et affirme clairement dans certains passages que l escompte d un agent qui d value le futur n est pas motiv par une pr f rence temporelle pure My connectedness to my future may correspond to the degree of connectedness between me now and myself in the future since connectedness is nearly always weaker over long periods I can rationally care less about my further future This claim defends a new kind of discount rate This is a discount rate not with respect to time itself but with respect to connectedness 1984 313 314 M me si nous acceptions la th se de la connexion psychologiqu
232. e de volont ou pr senter des traits de caract re typiques d agents dont la volont est faible Donc si la conception de Holton est correcte un agent ne s exposerait vivre un pisode de faiblesse Ces cas furent entre autres identifi s par Ogien 2003 Audi 1990 et McIntyre 1990 211 de volont que dans la mesure o il fait des choix pour l avenir Cela exclut donc l hypoth se qu une personne vivant dans la compl te indolence ou oisivet prouve des probl mes de faiblesse de volont Mais cela exclut galement le fait que des animaux non 1 100 humains vivent de tels pisodes D ailleurs si l on accepte l id e que l impatience et la procrastination rel vent de la faiblesse de volont alors on voit que l analyse de Holton est trop restrictive Il y a beaucoup de cas d impatience et de procrastination qu on ne peut pas traiter comme des cas d irr solution Reste l option de les traiter comme des cas de stricte akrasie Mais comme je l ai montr dans le chapitre pr c dent tr s peu de jugements sont issus d une d lib ration Les agents utilisent dans la plupart des situations des r gles d cisionnelles plus simples et adapt es m me quand ils se montrent impatients ou procrastinateurs Du reste la conception de Holton ne nous dit rien du caract re akratique mais seulement des pisodes comme tels de faiblesse de volont L indolence la paresse et l aboulie c
233. e du bien et de l vitement du mal thique Nicomaque 1140b 21 Se montrer prudent est pour Aristote l exercice par excellence de la rationalit pratique Mais la prudence ne porte pas seulement sur les moyens pour atteindre nos fins Elle fixe les buts qui valent la peine pour 5 Pour Jon Elster la mise en relief des ant c dents cognitifs interpr tatifs par Aristote est une des avanc es majeures dans l tude des motions mais qui ne fut malheureusement pas suffisamment prise en compte par la tradition philosophique et psychologique 1999 118 119 l6 Aristote affirmait que le physicien et le dialecticien peuvent tous deux parler des affections du corps mais en des termes diff rents Le physicien d finirait la col re comme une bullition du sang ou d une substance chaude entourant le c ur cependant que le dialecticien la d finira comme l app tit de rendre la souffrance pour la souffrance etc De Anima 403a17 29 32 40 agent de poursuivre et d termine certains de ceux qui n en valent pas la peine ou que l agent doit viter Aussi pour Aristote les finalit s tablies par la raison pratique de l agent prudent constituent les points de r f rences ultimes pour valuer les app tits de niveau inf rieur ou m me d terminer leur contenu cognitif Ces finalit s servent de point de d part normatif du raisonnement pratique et filtrent en quelque sorte les app tits de plus bas niveau Ma
234. e du d tecteur de fum e s abstenir de manger des friandises faire nos travaux scolaires telle heure enfourcher notre v lo au lieu de prendre notre voiture ou prendre nos antibiotiques jusqu au bout de la prescription rarement nous proc dons une valuation compl te des avantages et des inconv nients de chacune des options disponibles avant de prendre une d cision Nous consid rons la plupart du temps certaines informations et n gligeons le reste Je pense que l exemple de la cigarette est un contre exemple convaincant 7 3 2 Des jugements plus ad quats comme point de r f rence dans la stricte akrasie Si ce qui pr c de est correct alors il devient difficile de maintenir une version de la conception Standard qui fait r f rence au meilleur jugement de l agent akratique Le conflit interne que vit typiquement un agent dans des pisodes de stricte akrasie peut tre le fruit de l application de deux proc dures d cisionnelles dont aucune ne vise la production d un meilleur jugement 180 Si l on reprend l exemple de la cigarette je peux apr s avoir t mis en contact avec un stimulus comme un paquet de cigarettes ou des amis qui sortent fumer a la pause m imaginer en train de fumer et mesurer l impact affectif qui s ensuit Si ce dernier a une valeur h donique tr s positive je serai enclin prendre la d cision de succomber une fois de plus mon vice Mais je peux tre en p riode de sevrag
235. e et me rappeler l injonction de Sant Canada Comme j applique la r gle qui veut qu on doive adopter des comportements compatibles avec les injonctions des organismes de sant publique dignes de confiance je vivrai un conflit Or comme je l ai montr l application de cette derni re r gle est loin d tre un processus culminant dans la formation d un meilleur jugement pr f rentiel Le jugement l effet que je ne dois pas fumer n est pas un jugement foutes choses consid r es donc ne peut pas tre un meilleur jugement Par contre si je succombe et d cide de sortir pour fumer alors je d cide d agir l encontre d un jugement que d aucuns pourraient consid rer comme tant plus ad quat ou plus juste que le premier jugement 7 3 2 1 Double processus conflit interne et cons quence paradoxale de l usage de proc dures de maximisation non adapt es Dans le cadre du mod le de Pesprit double processus dual process les heuristiques r RE de Agr 83 sont souvent class es par les th oriciens du c t des processus automatiques Mais rien 8 Dutton et Aron 1974 ont tabli que les agents construisent dans certaines circonstances leur volont en utilisant Vheuristique du proxy affectif L heuristique du proxy affectif appartient la famille des m thodes lexicographiques ou m thodes une seule raison discriminante L impact h donique que procure la simulation interne d
236. e les checs par exemple comportent une solution Pour tous les tours il y a au moins un meilleur coup Hypoth tiquement un joueur n aurait qu a laborer un arbre de d cision comprenant toutes les possibilit s de coup et partir des r sultats qu il souhaite obtenir pour remonter la chaine jusqu sa position actuelle Il s lectionnera alors le coup qui comprend le r sultat qu il vise dans son arbre Or comme les parties possibles aux checs sont de l ordre de 16 ce genre de d marche s talera sur plusieurs millions voire plusieurs milliards d ann es De m me rechercher l itin raire le plus court entre plusieurs destinations peut rapidement devenir un probl me computationnellement insoluble Comme la quantit de possibilit s est exponentielle on a montr que les plus puissants ordinateurs ne peuvent r soudre dans un temps raisonnable le probl me d identifier le trajet le plus court pour un touriste qui souhaiterait visiter les capitales des 50 tats tats uniens 159 Ce que ces cas montrent c est qu on peut tre certain qu il existe un meilleur choix dans certaines situations mais le temps n cessaire pour le d couvrir peut nous amener a y renoncer Vaut mieux parfois nous contenter d une solution sous optimale que de nous engager dans une d lib ration compl te pour r soudre un probl me d cisionnel 7 1 2 2 Flexibilit dans l ordre partie tout Les proc dures classiques de formati
237. e magasine une paire de chaussures et que j utilise un seuil de satisfaction pour piloter ma recherche je ne pourrai pas dire sans tordre un peu l usage courant du terme que je pr f rerai la premi re paire que j examinerai et qui se r v lera tre au dessus de mon seuil De m me on ne peut pas vraiment dire d un agent qui imite ses cong n res en adoptant une certaine ligne de conduite qu il pr f re cette ligne de conduite Pour tablir une pr f rence l agent doit comparer des options C est en comparant qu il arrive tablir un ordonnancement plus ou moins complet de ces options en fonction de leur valeur h donique actuelle anticip e ou pass e Or l usage d heuristiques implique que l agent fasse fi de la comparaison ou du moins n en fasse qu un usage parcimonieux Mais bien que les jugements form s par l application d une heuristique ne soient pas proprement parler des pr f rences les agents ont bien souvent besoin de conna tre certaines de leurs pr f rences m me de mani re imparfaite pour tre en mesure d appliquer correctement bon nombre d heuristiques Un agent qui utilise une heuristique pour d terminer ce qu il doit faire pour solutionner un probl me d cisionnel entame la plupart du temps une recherche avec un stock de pr f rences de base Satisfier requiert que nous sachions minimalement ce qui nous voulons obtenir ou viter d obtenir Nous laborons un seu
238. e nous plairont hypoth tiquement qu l int rieur d un horizon temporel limit Dans ces circonstances le changement de go t peut nous motiver diminuer l ampleur des sacrifices que nous tions pourtant pr ts faire pour nous assurer un meilleur avenir Par exemple je peux investir une partie de mes conomies dans un r gime de retraite en fonction d un profil de d pense que j escompte avoir apr s 65 ans La quantit de ressources dont je devrai me priver maintenant et sur une base r guli re d pend de mon esp rance de vie et de la consommation que je juge aujourd hui tre satisfaisante dans un avenir lointain Si je pense que je vais m adonner pendant les 15 ann es qu il me restera vivre des activit s de loisir co teuses comme jouer au golf et voyager et non du b n volat dans ma collectivit alors je devrai restreindre davantage ma consommation actuelle Mais d faut de conna tre avec pr cision la nature de mes go ts futurs il est prudent de r viser la 254 baisse certains projets d investissement Mais si cela se traduit par une d valuation du futur il ne s agit pas intuitivement de cas de faiblesse de volont Les 4 types de consid rations que je viens de mentionner expliquent pourquoi les agents d valuent le futur dans certaines situations sans que cela ne rel ve de cas de faiblesse volont Les limites m morielles les probabilit s de r alisation d un v ne
239. e penser que la notion de meilleur jugement inconditionnel est plus un artifice th orique que le r sultat d une conclusion naturelle tir e de l observation des tapes du processus d cisionnel r el des agents Bien que la th orie de Davidson soit l gante elle semble davantage reposer sur une analyse de la structure grammaticale et des propri t s logiques des phrases et nonc s cens s exprimer ou d crire les tapes de la d lib ration que sur la d lib ration elle m me Aussi j exposerai dans les prochaines sous sections des critiques que suscite l introduction de la notion de meilleur jugement inconditionnel et de son statut th orique Non seulement la distinction entre jugements conditionnel et inconditionnel est pr caire mais il s agit d une tape cognitive superflue D ailleurs je ne crois pas qu un mouvement th orique qui assimilerait les jugements inconditionnels des actions ou des d cisions pour les rendre moins suspects serait satisfaisant parce qu il ne permettrait pas de solutionner le probl me de la stricte akrasie 6 2 3 1 Jugements inconditionnels et conditionnels une distinction pr caire Il n est pas clair que la distinction entre jugements conditionnel et inconditionnel a les reins suffisamment solides pour faire le travail conceptuel que Davidson veut lui faire faire Davidson tient pour acquis que la clause toutes choses consid r es attribue une propri t intrins que
240. e plaisirs laquelle est proscrite par le principe de Phil be Si tel est le cas alors Platon propose une conception normative de la faiblesse de volont Mais il est vident que ce principe est un principe 32 pratique qui s inscrit dans l id al platonicien de recherche de l autonomie appliquer ce principe est une mani re de brider ses passions dans la poursuite du Bien Cela dit le fait que Platon d fende une forme de cognitivisme motivationnel nous am ne a penser qu il n y a pas pour lui que des normes pratiques qu on enfreint n cessairement lorsqu on choisit une ligne de conduite akratique mais aussi des normes pist miques L agent akratique ne fait pas que s loigner de l id al d autonomie il s loigne galement de l id al d objectivit Il s loigne de ce dernier parce qu il ne se guide que par l opinion et non par la connaissance Beaucoup de choses ont t dites sur la distinction entre opinion et connaissance et le fait de la faire intervenir peut facilement obscurcir le propos Davidson 1970 Mais ce qui est pertinent de mentionner ici est qu un agent a des devoirs pist miques conformes l id al d objectivit entre autres celle de s efforcer d avoir des croyances vraies ef rationnellement justifi es Or il s av re que l agent akratique en ne se guidant qu avec ses opinions ne s acquitte pas de son devoir pist mique minimal Aussi l agent a
241. e premier est quelquefois suffisant pour qu on adopte la bonne attitude a l gard de la personne et quelques fois non Nous chercherons alors a r viser ou raffiner l hypoth se en identifiant d autres indices Si la personne semble particuli rement maladroite et peu spontan e lorsque nous lui adressons la parole nous pourrons en inf rer qu elle a un b guin pour nous et non pour les g teaux Aussi exhiber des comportements maladroits et non spontan s ne rel ve pas d un choix C est plus quelque chose qui nous arrive que quelque chose que nous faisons Mais rien n emp che que nos indices suppl mentaires soient des choix Les comportements mim tiques sont souvent de bons indicateurs d une pr f rence sexuelle ou amoureuse Le probl me de l ind termination devient impossible r soudre lorsque nous nous servons exclusivement des choix effectifs des agents pour identifier leurs pr f rences 4 3 6 Ind termination Le probl me de l ambiguit dans la th orie des pr f rences r v l es a galement t mis en relief par Davidson mais d une fa on plus radicale En fait Davidson soutient que la th orie des pr f rences r v l es souffre d un probl me plus grave d ind termination Selon Davidson pour conna tre les pr f rences des agents on doit tenir pour acquis qu ils ont certains d sirs et certaines croyances Le probl me est qu on ne peut faire les deux en m me temps C est analogue
242. e r aliste de la th orie standard qui veut que les agents escomptent le futur en fonction d un taux n gatif constant Les donn es exp rimentales bien document es tendent montrer que certains mammif res escomptent en fait le futur en fonction d un taux d croissant et non d un taux n gatif constant Strotz 1955 Chung amp Herrnstein 1967 Ainslie 1974 Un taux constant implique que les pr f rences intertemporelles sont temporellement consistantes time consistent ce qui signifie grosso modo que les derni res pr f rences confirment les pr f rences ant rieures Frederick Loewenstein O Donoghue 2003 En effet si une alternative future x est pr f r e une autre alternative 244 future y et que agent les escompte toutes les deux en fonction d un taux constant c y ne sera jamais pr f r e x malgr le fait que les valeurs de chacune de ces alternatives croissent au taux c au fur et mesure qu elles se rapprochent temporellement Les premi res donn es empiriques qui tendent montrer que certains animaux n escomptent pas le futur de cette mani re remontent l exp rience de Rachlin et Green 1972 Les deux chercheurs ont montr que les pigeons n escomptent pas du tout les r compenses futures en fonction d un taux constant Dans l exp rience chaque pigeon tait confront deux leviers pourvus d un indicateur lumineux respectivement rouge et vert Les indicateurs s a
243. e r guli rement cette activit Les raisons d un autodiagnostic peuvent tre instrumentales quand l agent ne se pr occupe que des cons quences qu une disposition particuli re engendre Par exemple le fait d tre une personne qui fume ne me pose pas de probl me comme tel mais si je deviens fumeur j augmente substantiellement les risques de maladie Finalement les raisons d un autodiagnostic sont magiques quand l agent se pr occupe des dispositions sous jacentes parce qu elles seront corr l es aux dispositions d un bassin de population et pr diront les comportements de leurs membres Un exemple de ce genre de raisonnement est la d cision d un agent d aller voter pour tel candidat parce qu il estime que cela est le signe que plusieurs autres iront voter pour ce candidat 234 Il ne fait pas de doute que l autodiagnostic est un facteur de contr le de soi D ailleurs c est ce qui explique les rechutes des personnes au comportement addictif Des d cisions ou choix ayant premi re vue un impact h donique r siduel n gligeable ont un impact beaucoup plus grand s ils s accompagnent d autodiagnostics Toutefois cela n arrive pas dans tous les cas de faiblesse de volont qui impliquent la r alisation de d cisions isol es a impact n gligeable Le mod le de Prelec et Bodner met en relief des cons quences des choix qui avaient jusque l pass sous le radar Si une th orie de l allocation in
244. e sur les conditions de l existence vertueuse et heureuse et l on peut galement trouver des l ments de r ponse dans De Anima un trait sur la nature humaine et les principes de la vie en g n ral Comme je l ai mentionn plusieurs commentateurs soutiennent qu Aristote interpr tait la position de Platon comme une n gation de l existence de la stricte akrasie et non de la faiblesse de volont comme un ph nom ne plus g n ral Dans sa critique de la position platonicienne il d fend la possibilit de la stricte akrasie et offre des l ments pour une explication de celle ci Aristote jugeait n cessaire de fournir de telles explications parce pour lui le cognitivisme motivationnel est contredit par nos intuitions les plus fortes thique Nicomaque 1145b24 32 Par contre certains commentateurs soutiennent que les explications fournies par Aristote ne lui permettent pas vraiment de faire l conomie du cognitivisme motivationnel 5 Je suis conscient qu il faut tre prudent quand on discute de la position d Aristote sur ce genre de probl me Le Stagirite ne semble pas d fendre un ensemble de th ses qu ils jugent solidement assises mais formule souvent des hypoth ses provisoires qu il tend r viser ou raffiner Aussi mon propos repose sur une s lection de certaines hypoth ses d Aristote que je juge les plus int ressantes pour expliquer le ph nom ne de la stricte akrasie 36 Cela dit
245. ec la disposition qu a chacune de ces personnes escompter le futur de mani re hyperbolique disposition qu il a mesur avec des questionnaires portant sur des alternatives de gain versus gain typique pour tablir en laboratoire le taux d escompte d un agent Il en est aussi ressorti le fait int ressant que les 268 personnes ne regrettent pas moins des actes pass s m me si ceux ci ont t commis par des alter ego psychologiquement tr s loign s d eux ex le regret d avoir vol un jouet alors qu on tait enfant et tr s immature Par contre les r sultats de l enqu te de Frederick n impliquent pas que les agents ne d valuent pas le futur en partie en fonction de facteurs de connexion psychologique mais seulement qu il ne le d value pas de mani re hyperbolique 10 3 Les pr f rences temporelles pures cons quences et hypoth ses concurrentes L hypoth se de l existence de pr f rences temporelles pures a donn lieu une abondante litt rature et une s rie d exp rimentations en milieu contr l Elster amp Loewenstein 1992 Loewenstein Read amp Baumeister 2003 Le nombre de probl mes et de questions qu elle soul ve ainsi que ses cons quences pour toute th orie empirique de la d cision est norme Aussi je ne compte ici mentionner qu une cons quence importante mon avis pour le traitement philosophique du probl me de la faiblesse de volont Je compte
246. egr de d sirabilit des options disponibles soit en rendant certaines options plus d sirables soit en rendant d autres options moins d sirables Par exemple en annon ant nos connaissances qu on a pris la d cision d arr ter de fumer on rend l option de fumer du moins en public moins attrayante parce qu on risque les railleries En pariant avec quelqu un qu on serait capable d accomplir une besogne dans les d lais on peut risquer de perdre une somme suffisamment importante pour nous motiver le faire l inverse en tudiant avec des coll gues de classe on joint l utile l agr able et en d cidant d int grer les Alcooliques Anonymes on obtiendra des f licitations et des signes d encouragement d coulant de notre abstention de boire Aussi les strat gies d vitement des stimuli d l t res entrent dans cette cat gorie m me si elles ne consistent pas modifier le degr de d sirabilit des options En vitant par exemple d emprunter pied un trajet qui implique de passer proximit d un fast food d gageant des effluves titillantes je maintiens le degr d attrait d un repas m diocre pour la sant suffisamment bas ce qui revient d une certaine mani re agir sur mes pr f rences Si la distribution temporelle des cons quences est le principal facteur de faiblesse de volont alors on doit n cessairement en tenir compte lorsqu on d cide d agir sur l
247. elques suggestions de la philosophe Am lie Rorty 1980 Ainslie aurait selon Mele conceptuellement et empiriquement cern un ph nom ne susceptible d expliquer un nombre consid rable de cas de stricte akrasie Le rapprochement temporel de consommations de biens ou de maux modifierait consid rablement notre 121 motivation les obtenir ou viter d obtenir en d pit du fait que ces consommations n exemplifient pas de nouvelles propri t s Par exemple je peux avoir le lundi un mal de dent terrible que j estime avoir pour cause une carie et prendre par cons quent un rendez vous pour une obturation pr vue le vendredi Je sais que l obturation sera tr s d plaisante mais j ai si mal que je juge pr f rable de la subir Or j annule mon rendez vous le vendredi matin pr textant un emp chement L explication de ce qui s est pass est qu en d pit du fait que j ai toujours autant de raisons de subir cette intervention j ai perdu ma motivation aller mon rendez vous parce que le point de consommation est beaucoup plus pr s de moi dans le temps qu au moment o j ai d cid de prendre mon rendez vous Ce facteur temporel n am ne pas tous les agents et dans toutes les situations prendre des d cisions akratiques Les strat gies de contr le de soi comme l engagement pr alable sorte de contrainte soi m me analogue celle qu Ulysse utilisa pour viter de tomber dans le pi ge des Sir
248. emble t il l encontre de son int r t mais en toute connaissance de cause et en estimant que d autres options sont sup rieures On parlera alors de faiblesse de volont synchronique les yeux ouverts ou de stricte akrasie Prima facie les deux formes sont paradoxales parce qu elles vont toutes deux l encontre de l hypoth se de la maximisation Mais en fait la premi re forme n est pas plus paradoxale que le sont les mauvaises d cisions et les erreurs en g n ral Comme aucun agent n est omniscient m me dans l erreur il peut demeurer un maximisateur Dans les cas o il n y a manifestement pas d erreur mais un changement dans les pr f rences ou les 8 go ts les cas de faiblesse de volont seront vues comme la maximisation de la satisfaction des pr f rences du moment La tradition philosophique ne s est que peu ou pas du tout int ress e a cette forme C est la seconde forme qui a suscit d pres d bats qui perdurent depuis Antiquit Dans le cas de la stricte akrasie il est beaucoup plus difficile de dissoudre le paradoxe On ne peut pas dire que l agent strictement akratique ignore certains faits pertinents ou que ses pr f rences sont instables Le d fi principal que la faiblesse de volont a pos pour la tradition philosophique est celui de l existence putative de la stricte akrasie Aussi la plus grande portion de la litt rature consacr e au sujet porte dire
249. ement beaucoup de non d clar s Si la conception Standard CSE est correcte la th orie des pr f rences r v l es implique n cessairement l inexistence de la stricte akrasie Il s agit donc d une position sceptique forte et ma connaissance la plus radicale Pour toutes ces raisons le prochain chapitre lui sera consacr 4 La th orie des pr f rences r v l es une position sceptique radicale Deux conomistes contemplent une Ferrari lorsque l un d eux dit J aimerais en avoir une L autre r torque aussit t Ce n est manifestement pas le cas Blague populaire parmi les conomistes 4 1 La proposition de base de la th orie Pour beaucoup de th oriciens la conception Standard de la faiblesse de volont d crirait un ph nom ne si paradoxal que d aucuns verront en lui une sorte de chim re conceptuelle Les raisons qui motivent ce scepticisme sont par contre tr s vari es Dans le domaine philosophique beaucoup estiment qu il s agit d une impossibilit logique conceptuelle ou m me dont l existence irait l encontre des r gles s mantiques qui encadre l usage des termes d cision intentionnel pr f rences ou jugement Heath 2008 Mais il existe galement des consid rations m thodologiques et pist miques pour nier l existence du ph nom ne Je r serve le traitement des premiers arguments au chapitre 6 et me concentrerai ici sur l exam
250. ement par Davidson met l emphase sur une incoh rence entre un jugement de l agent et son action ou d cision Il s agit mon avis d une conception un peu trop restrictive de la stricte akrasie Si l on suppose au pr alable que les agents rationnels agissent ou d cident en fonction de jugements la conception est alors pleinement op rationnelle c est dire qu on peut s en servir pour identifier tous les cas de stricte akrasie Mais si l on estime plut t que les agents rationnels agissent ou d cident en fonction de pr f rences d sirs go ts app tits espoirs convoitise penchant etc la conception perd quelque peu de sa port e Intuitivement parlant on peut consid rer des cas de d cisions contre pr f rentielles ef sur cette seule base comme des cas putatifs de stricte akrasie Je pourrais dire que je pr f re tout bien consid r ne pas fumer mais d cider tout de m me d acheter un paquet de cigarettes 3 1 3 Deux traditions en th orie de la motivation et l inclusion de la clause estime que Ce qui pr c de peut sembler tre un point relativement mineur Mais comme il y a deux traditions th oriques concernant la nature des constituants ultimes de la motivation on doit en tenir compte lorsqu on labore une conception de la stricte akrasie Il y a la tradition th orique qui fait des jugements les constituants fondamentaux de la motivation Comme on l a vu cette tradition r
251. emonte au moins Platon et Aristote Dans cette tradition les consid rations d sid ratives et affectives rel vent de simples inputs 74 dans le processus d lib ratif C est au final le jugement de l agent qui assigne des poids a des consid rations en fonction id alement de leur importance r elle et motive la d cision Il s agit clairement d une forme de cognitivisme motivationnel Dans ce cadre la stricte akrasie apparait paradoxale Elle devient possible seulement si le jugement peut l occasion chouer se connecter au circuit motivationnel de l agent parce qu une cause plus forte de nature irrationnelle l emp che de le faire ou prend le relais La tradition fond e sur les pr f rences dont les th ories h donistes en sont les principaux repr sentants fait des consid rations d sid ratives et dans certains cas affectives les constituants fondamentaux de la motivation Par le fait m me elle fait jouer un r le plut t p riph rique aux jugements La premi re version un tant soit peu labor e d une conception h doniste de la motivation remonte Bentham Pour Bentham nature has placed mankind under the governance of two sovereign masters pain and pleasure t is for them alone to point out what we ought to do as well as to determine what we shall do On the one hand the standard of right and wrong on the other the chain of causes and effects are fastened to their
252. en d un argument m thodologico pist mique Comment peut on nier l existence d un ph nom ne comme celui d crit par la conception Standard sur une base m thodologique et pist mique La r ponse vient non pas d une th orie philosophique mais d une th orie conomique du choix rationnel Il s agit de la th orie des pr f rences r v l es Formul e initialement la fin des ann es 1930 par l conomiste Paul Samuelson 1938 et raffin e par la suite par Hendrik Houthakker 1950 cette th orie traduit un souci m thodologique clair il est inutile de faire des hypoth ses sophistiqu es sur les pr f rences des agents quand on peut les d duire directement et exclusivement des choix ou d cisions que ces derniers prennent effectivement Simple l gante et hautement syst matis e la th orie des pr f rences r v l es est constitu e par une s rie d axiomes cens s initialement expliquer le choix des Voir galement la description et la critique qu en fait Amatya Sen 2005 103 109 79 consommateurs a l gard de diff rents paniers de biens Je n ai pas l intention ici de pr senter ces axiomes Ils sont abstraits et ne sont pas particuli rement int ressants pour l enqu te philosophique Bien qu il y ait plusieurs versions de cette th orie j aborderai seulement une proposition fondamentale qui forme le c ur de cette th orie On peut formuler succinctement cette proposition s
253. en he would have 204 been acting against a policy he still had by smoking Then he would have been weak willed 2007 54 Il n est videmment pas toujours ais de distinguer les cas de r vision des cas de violation d intention Mais dans la mesure o l on peut le faire il semble qu on n ait plus besoin de faire r f rence des consid rations normatives constitutives comme celles que Holton estime tre n cessaires pour une caract risation ad quate de la faiblesse de volont et son diagnostic Pour Dodd les consid rations normatives peuvent intervenir mais seulement pour diriger les interpr tations des intentions initiales J ajouterais que comme l interpr tation d une d cision n est n cessaire que dans les cas ambigus ou peu clairs cela nous am ne affaiblir grandement la dimension normative que Holton consid re pourtant centrale pour toute bonne conception de la faiblesse de volont 8 2 2 Des probl mes avec la notion d intention La n cessit de poser des intentions comme entit mentale pour expliquer le comportement des agents a suscit beaucoup de commentaires et de critiques dans le milieu philosophique Il n est pas dans mon intention ici de relater l ensemble de ces critiques La question des intentions est complexe et recouvre des ph nom nes h t rog nes On peut faire appel aux intentions et mettre en relief le r le qu elles jouent dans la rationalisation que les age
254. ence cela n implique pas que les agents deviennent des zombies ou des pantins mus par des Dans ce mod le le syst me automatique se distingue notamment par le fait qu il est capable de traiter en parall le les informations n cessaires l accomplissement d une t che complexe ce qui explique sa rapidit Tandis que le syst me contr l traite les informations de mani re s rielle ce qui explique sa lenteur relative D lib rer est un processus conscient de traitement de l information en s rie Nous ne pouvons valuer qu une seule option ou pi ce d information la fois Le processus est analogue celui qui consiste lire des phrases Nous ne pouvons fixer notre attention que sur un seul mot la fois et pour comprendre le texte nous devons passer en revue les mots dans l ordre prescrit par celui ci En revanche lire les mots contenus dans une phrase fait davantage appel un traitement en parall le des informations Nous traitons les mots crits comme des touts part la premi re et la derni re lettre nous pouvons changer l ordre de toutes les autres sans en alt rer significativement la compr hension Puvoez vuos cpromenrde ce que vuos lesiz en ce mmeont Le truc consiste lire la phrase rapidement de mani re nous assurer que notre syst me manuel n essaye pas de prendre le commandement du traitement de l information Les chercheurs ont identifi beaucoup de propri t s distinctiv
255. ent accessoire mais inutile voire n faste dans la plupart des situations de choix 147 7 1 1 Maximiser au sens large ou troit et les proc dures d cisionnelles les plus courantes Pour Jon Elster il y a un proverbe norv gien qui r sume les th ories du choix rationnel On ne traverse pas la rivi re pour puiser de l eau Ce proverbe exprime bien selon lui Vhypoth se transculturelle que les agents sont des maximisateurs Il s agit en effet d une hypoth se particuli rement robuste condition toutefois qu on la prenne dans son sens troit Maximiser dans le sens troit consiste tout simplement choisir la meilleure option quand on la connait d j Aussi on maximise spontan ment dans un contexte de choix trivial o l on n a pas besoin d effectuer une recherche Or dans un sens large maximiser est plus un processus de recherche et de computation que de choix comme tel On maximise au sens large dans des contextes de choix non triviaux o l on doit se mettre en qu te d informations Dans ce genre de contexte il est toutefois tr s difficile et presque toujours inappropri de maximiser Aussi ma critique de l hypoth se de la maximisation porte sur son sens large et non troit Dans toutes sortes de situations les agents utilisent des proc dures et des m thodes de d cision vari es pour faire des choix Elles sont tr s diff rentes de celles qui sont cens es d boucher sur un meille
256. ent de la volont ou des plans globaux de modification du caract re D une mani re g n rale les strat gies de contr le de soi labor es par les psychologues cliniques ainsi que les personnes qui vivent sur une base r guli re des probl mes de faiblesse de volont s appuient souvent sur des conceptions intuitives de ses cas de figure Les personnes qui vivent ces probl mes d cisionnels mettent en place souvent spontan ment des strat gies relativement efficaces sur la base d une connaissance somme toute assez limit e de la nature du probl me Si ce n est pas suffisant ils font dans certains cas appel des psychologues professionnels pour forger des strat gies plus adapt es qui tiendront compte des traits caract riels de leurs patients Certaines des strat gies mises en place sont efficaces alors que d autres apparaissent clairement douteuses Dans un ouvrage de psychologie populaire sur la procrastination on sugg re par exemple aux personnes de devenir pour elles m mes leur plus grand fan Burka amp Yuen 1983 D ailleurs d faut d une th orie d taill e la litt rature de psychologie clinique et populaire a tendance proposer toujours les m mes recettes et ignorer les strat gies environnementales et sociales Ce qui manque l laboration des strat gies de contr le de soi efficaces et conomiques est un arri re plan conceptuel et th orique d taill et suffisamment robu
257. ent et les avares sur valuent syst matiquement les gains futurs par rapport aux gains imm diats Ils sont dispos s se priver l extr me en vue d une satisfaction toujours repouss e dans le temps L conomiste Keynes fustigeait d ailleurs ce genre d attitude l gard du futur dans un propos plein d esprit De mani re humoristique il affirmait que DE 1 l homme plein d intentionnalit celui qui est occup viser des buts est toujours en train de chercher procurer ses actes une immortalit illusoire et factice en projetant dans l avenir l int r t qu il peut leur porter Il n aime pas son chat mais les chatons de son chat ni m me en v rit les chatons mais les chatons des chatons et ainsi de suite jusqu la consommation des temps dans l univers des chats Pour lui de la confiture n est pas de la confiture moins qu il s agisse d une caisse de confiture pour demain et jamais de confiture pour aujourd hui m me Ainsi en rejetant toujours sa confiture loin dans l avenir essaie t il d assurer l immortalit son acte confiturier 1930 133 256 Les pr f rences pour les d lais de gratification et l escompte hyperbolique portent sur des cons quences isol es r sultats gratifications moments de souffrance gains pertes etc r alisables deux moments du temps distincts l un plus pr s l autre plus loin Loewenstein et Prelec 1993 ont mis en relie
258. ent pas En fait un pari priv n est qu une mani re hypoth tique d allouer des biens ou de distribuer des ressources dans le temps Un agent qui se promet une triple part de g teau n engloutira pas n cessairement plus de parts au final Il ne fait que distribuer les parts diff remment dans le temps Mais la chose la plus importante est que la r compense exceptionnelle doit tre temporellement aussi proche que possible du moment de r ussite Il ne sert rien de me promettre une triple part dans six mois si et seulement si je ramasse les feuilles la prochaine fin de semaine Une telle mesure aura un impact motivationnel insignifiant Les choses seront diff rentes si la r compense suit de pr s l accomplissement complet de la besogne La m me chose s applique aux paris publics Si un pari public a un impact motivationnel important cela ne d pend pas exclusivement de l ampleur de l enjeu mais galement de la position temporelle de la punition en cas de perte Une punition relativement b nigne comme d amicales railleries peut avoir un impact motivationnel suffisamment grand pour qu un pari public fonctionne Cela tient au fait que les railleries sont temporellement rapproch es des points de consommation de cigarette Au niveau social on peut exploiter par le biais des institutions la structure dynamique des choix intertemporels pour orienter les citoyens ou limiter l occurrence de d cisions allant 283 de mani
259. entes Cela dit ces r gles ont galement leur limite Elles ne sont applicables que dans des situations o les biens v nements ou personnes susceptibles de faire l objet d une pr f rence ou aversion sont pr sentes sous forme de stimuli visuels imm diats Et la tromperie est toujours possible D o l id e que nous devions disposer d indicateurs suppl mentaires au cas o les pr visions que nous faisons partir des pr f rences hypoth tiquement inf r es se r v leraient inad quates Aussi si nous nous contentons des choix effectifs des agents pour d terminer leurs pr f rences nous nous condamnons in vitablement une c cit mentale qui nous rapproche en quelque sorte de la condition des autistes 4 3 5 Ambig it s Une autre critique qu on peut adresser cette th orie est qu elle pr sente un degr trop lev d ambiguit dans l identification des pr f rences Je peux tre assis table avec ma femme alors que nous nous appr tons manger un dessert Il y a une part de g teau au fromage et une part de tarte au citron Je choisis la tarte Qu est ce que je pr f re Il n est pas vident de r pondre la question en nous basant seulement sur l indice du choix effectif Je peux pr f rer la tarte au citron au g teau au fromage comme je peux pr f rer faire plaisir ma femme en lui lassant ce que je pense qu elle pr f re La derni re possibilit reste tout fait compatib
260. ents ont d j filtr en amont les alternatives qui sont impraticables pour eux En fait ce filtre ne fonctionne pas toujours avec une grande pr cision Les agents ont tendance surestimer leurs capacit s cognitives en particulier la fiabilit de leurs m moires et le maintien de leur attention Aussi ils sont plus prompts s engager dans des lignes de conduite qu ils ne pourront pas tenir longtemps Autrement dit les agents ont tendance laborer des plans irr alistes du point 38 Nos limites motrices sont appr ci es au moyen de situations tests comme les jeux et les sports et l exp rience que nous en avons depuis la tendre enfance Mais ces limites sont galement appr ci es par le biais de dispositifs proprioceptifs et int roceptifs qui nous permettent de connaitre soit en temps r el soit de mani re diff r e l tat de notre charpente musculo squelettique et l tat de nos visc res Les personnes atteintes d anosognosie ont des handicaps moteurs importants paralysie d un membre ou de tout un c t du corps mais nient cat goriquement les avoir Des l sions du cerveau dues souvent une attaque c r brale alt rent significativement de mani re irr versible le fonctionnement de ces dispositifs Il en r sulte un trouble des plus tranges M me si les malades observent que leur membre ne bouge pas ils continuent d affirmer sinc rement qu ils ont conserv les m mes capacit s motrices qu aup
261. erick Loewenstein amp O Donoghue 2003 Plus concr tement lorsqu un agent fait face a des alternatives entre lesquelles il doit choisir il value prospectivement ne serait ce que de mani re sommaire la distribution temporelle des cons quences d coulant de chacune d elle et choisit entre ces distributions On peut conceptuellement traiter ces distributions comme des allocations intertemporelles Quand on parle de probl mes d allocations on a souvent en t te des probl mes de distribution de ressources et de charges au sein d une population Disposant d un sac de bonbons je peux distribuer ceux ci un groupe d enfants suivant une r gle d allocation particuli re Cette r gle peut tre plus ou moins complexe mais elle sp cifiera qui doit avoir des bonbons combien de bonbons ils pourront avoir et quelle sorte dans l ventualit o certains sont meilleurs que d autres Elle devra correspondre a la pr f rence de certains enfants et non pas d autres etc Mais je peux galement dans un geste go ste garder les friandises pour moi seul Dans ce cas toute d cision de consommation sera une allocation intertemporelle dans la mesure ou je ne serai pas indiff rent aux instants de ma consommation J tendrai alors ma consommation dans le temps en p riodes rapproch es ou distantes Je choisirai combien de bonbons manger en s ries ininterrompues lesquels manger avant lesquels manger apr s e
262. ersonne exprime en fait une th orie sur les raisons pour lesquelles les gens aiment en g n ral se rendre des f tes Les th ories que les personnes utilisent la plupart du temps de mani re implicite reposeraient sur des r gles de jugement portant sur la probabilit ou fr quence de 138 r alisation d v nements sur la qualit ou la repr sentativit des chantillons sur des caract ristiques g n rales de la causalit et sur des st r otypes culturels Tous les facteurs qui sont susceptibles d alt rer l un ou l autre de ces param tres sont par cons quent susceptibles de modifier les rapports introspectifs Par exemple la plupart des personnes adh rent implicitement l id e que les causes doivent tre proportionnelles aux effets Elles filtreront certaines causes possibles de leurs comportements dans l ventualit o celles ci ne sont pas proportionnelles ceux ci Aussi les insomniaques attribuent spontan ment leur difficult dormir des sources de stress importantes ou leurs conditions actuelles de vie et non des v nements anodins comme des activit s excitantes avant d aller au lit les heures de couch irr guli res ou la temp rature trop lev e de leur chambre coucher etc Pour Nisbett et Wilson les personnes ont de mani re g n rale tendance ignorer l impact causal d l ments contextuels d l ments absents des comportements non verbaux et de
263. es agents ignorent certaines informations pertinentes font de mauvaises inf rences ou utilisent des outils de mesure inappropri s Or le cognitivisme r alisme ou rationalisme moral est apparu plusieurs comme une doctrine na ve du moins dans sa version platonicienne En fait les arguments qui vont l encontre de celui ci s appliquent galement au cognitivisme motivationnel Il ne suffit pas d clairer coquins et m chants pour que ceux ci deviennent ipso facto dispos s r former leur conduite m me dans les situations o ils comprennent le sens et la port e de ce qu on leur dit De m me il ne suffit pas d clairer les personnes propos des cons quences n fastes de telle ou telle d cision ou habitude pour qu ils r forment leur conduite de sit t 23 Je ne compte pas ici relater l tat des d bats actuels sur la plausibilit du cognitivisme moral Aussi je n en dirai que ce qui est n cessaire pour comprendre je pense la position de Platon l gard de la motivation en g n ral Le cognitivisme moral semble intuitivement erron notamment parce que les d bats moraux s enlisent souvent dans des conflits tr s polaris s o les parties prenantes ne convergent pas vers une solution au fur et mesure que leur position se d finie et se raffine Ces d bats semblent s enraciner dans un conflit de valeurs si profond qu aucune solution n apparait envisageable Cependant quiconque
264. es cat gories les caract ristiques seront centrales ou p riph riques relativement ces buts Par exemple si nous faisons un r gime minceur les calories deviendront une caract ristique centrale de la cat gorie des aliments tandis que leur bon go t leur texture leur degr de craquant et leur caract re labor seront plus p riph riques Comme tous les autres types de cat gories les cat gories orient es vers des buts sont subsumables sous d autres cat gories orient es vers des buts plus g n rales de la m me mani re que les buts peuvent tre inclus dans des hi rarchies de buts plus g n raux l int rieur de telles hi rarchies les choix ou activit s sont int gr s verticalement de mani re ascendante at the superordinate level par la r ponse qu elle donne la question du pourquoi doit il tre r alis ou de mani re 275 descendante at the subordinate level par la r ponse qu elle donne a la question du comment doit il tre r alis Liberman et Trope distinguent les niveaux d int gration aff rents des caract ristiques orient es vers des buts comme les caract ristiques construites au bas niveau et des caract ristiques construites au haut niveau Les caract ristiques de haut niveau et de bas niveau ne se distinguent pas seulement partir de leur mode d int gration dans une hi rarchie des buts mais aussi partir du changement de comportement que leur alt ratio
265. es d une allocation intertemporelle En ce sens une fois qu on a pris une d cision il faut vivre avec les cons quences Si j ai choisi des modalit s de paiement en achetant une maison en pensant que je pourrai ult rieurement les changer je dois accepter le fait que je devrai d penser un peu de temps et d nergie pour rencontrer le repr sentant de l institution financi re et le convaincre de bien vouloir modifier mes modalit s de paiement Mais si je veux que les attentes l gales de paiement que ma d cision a engendr es cessent tout fait je devrai soit vendre ma maison soit d clarer faillite Dans les deux cas le co t de modification est norme Or la possibilit de modification d une allocation et son co t subs quent est un aspect particuli rement important pour comprendre les cas de faiblesse de volont qui rel vent d un changement d avis irrationnel ou de la non observance d une r solution Mais il s agit aussi d un aspect important pour expliquer comment et pourquoi les agents sont capables de maintenir le cap dans un projet de r sister aux tentations et de respecter les d lais notamment au moyen d engagements pr alables 3 Le caract re plus ou moins vague Cela dit la distribution des cons quences ne doit pas toujours tre vue comme quelque chose de pr cis ou de bien d fini Les cons quences distribu es s av rent souvent diffuses Contracter une hypoth que engendre une poncti
266. es l gislatives mais de la responsabilit des banques centrales Non seulement cela permet d viter que la politique mon taire soit l objet de vell it s partisanes mais la structure de l organisation les connaissances de ses membres leurs ind pendances vis vis des autres organes du pouvoir et la fonction g n rale de l organisation telle que constitutionnellement prescrite favorisent la prise de d cision en fonction de l int r t mon taire du pays plus ou moins terme Elster 2007 Les minist res de l environnement seront peut tre appel s un jour tre d senclav s de la m me fa on que les organes de d cision mon taire pour r pondre aux d fis environnementaux que pose la justice interg n rationnelle La pollution et la dilapidation des ressources naturelles d coulant de l exploitation intensive du territoire ne sont politiquement cautionn es que dans la mesure o elles sont le r sultat de la poursuite d objectifs sociaux plus ou moins court terme et concernant les quelques g n rations qui en sont les tributaires actuels 285 11 2 De l esprit tendu la volont tendue Les strat gies individuelles et mesures institutionnelles que les personnes et groupes mettent en place sont souvent suffisamment efficaces pour leur assurer une r ussite minimale dans la poursuite d objectifs long terme La poursuite de ces objectifs n cessite la plupart du temps l accomplissement de nomb
267. es qu ont ces syst mes et la nature des t ches qu ils permettent d accomplir et cela en particulier dans le domaine de la cognition et moins dans le domaine de la motricit Les propri t s du syst me automatique sont holistiques automatiques associatives cognitivement conomiques relativement rapides acquises biologiquement par exposition r p t e et la faveur d exp riences personnelles Les propri t s du syst me contr l sont analytiques contr l es bas es sur des r gles cognitivement exigeantes parce qu elles requi rent de fixer son attention relativement lentes acquises culturellement et de mani re plus formelles Les t ches auxquelles le syst me automatique est adapt sont hautement contextuelles personnalis es de nature conversationnelle et sociale tandis que les t ches auxquelles le syst me contr l est plus adapt sont non contextuelles d personnalis es et non sociales Pour un r sum des travaux sur le sujet voir Stanovich 1999 144 148 103 causes ext rieures leur esprit En fait nous pouvons faire des choses qui sont g r es par nos syst mes automatiques et contr l s en m me temps Je peux d lib rer pour savoir si je vais me faire un repas gourmet ou aller au restaurant tout en marchant et en m chant de la gomme Qu est ce que tout cela nous apprend sur la faiblesse de volont Nous ne pouvons pas consid rer que les activit s qui sont enti rement pil
268. es qui sont compl tement myopes l gard du futur font galement des choix intertemporels Au printemps un arbre doit d terminer combien de mati re ligneuse et de nouvelles branches il doit amorcer la pousse mais aussi combien de feuilles et de fleurs Le degr de pollinisation par les insectes la m t o la quantit d oiseaux diss minant des graines le croisement des arbres adjacents sont autant de facteurs cruciaux pour d terminer la ou les bonnes allocations Mais contrairement aux agents conscients ces choix sont enti rement d termin s par des m canismes aveugles impl ment s par la s lection naturelle D ailleurs seuls les agents disposant de circuits neuronaux pouvant produire du plaisir et du d plaisir 221 sont susceptibles de choisir des distributions en fonction de consid rations h doniques Mais la pr sence de ces circuits dans un organisme ne s accompagne pas n cessairement de structures neuronales responsables d une forme m me primitive de conscience de soi Si la faiblesse de volont consiste en un sch ma d allocation intertemporelle inad quat cela autorise en th orie d observer des cas de faiblesse de volont animale qui semblent a premi re vue assez loin des cas humains 6 Les formes pertinentes des allocations Bien qu il n y ait pas ma connaissance de typologies d taill es des allocations dans la litt rature psychologique et conomique on peut estimer qu
269. esprit scientifique Paris Vrin Baillargeon Robert 1987 Object permanence in 3 and 4 4 month old infants Developmental Psychology 23 655 664 Baron Cohen S 1999 La c cit mentale dans l autisme Th orie de l esprit anc tre pr curseurs et dysfonctionnements Revue des Presses Universitaires de France n 3 1 285 293 Baron Cohen S Leslie A M amp Frith U 1985 Does the autistic child have a theory of mind Cognition vol 21 37 46 Batson C D 1991 The altruism question Toward a social psychological answer Hillsdale Erlbaum Batson C D 1998 Altruism and prosocial behavior in The handbook of social psychology Gilbert D amp Fiske S T dir vol 2 262 316 Baumeister Roy amp Heatherton Todd amp Tice Diane 1994 Losing Control How and Why People Fail at Self regulation San Diego Academic Press Bechara A amp Damasio H amp Damasio A R 2000 Emotion decision making and the orbitofrontal cortex Cerebral Cortex vol 10 295 307 Becker Gary 1976 The Economic Approch to Human Behavior Chicago University of Chicago Press Bentam Jeremy 1789 1988 Introduction to the Principles of Morals and Legislation New York Prometheus Books Berridge K C amp Robinson T E 2003 Parsing reward Trends in Neurosciences 26 9 507 13 Berridge K C amp Robinson T E 2008 The incentive sensitization theory of addic
270. est devenu la conception standard de la stricte akrasie savoir le fait d agir l encontre de son meilleur jugement Il a galement expos sans lui donner cependant de nom une conception maximisante du bien tre comme norme constitutive du processus d cisionnel En conjonction avec son cognitivisme motivationnel la norme de maximisation constitutive justifie sa position sceptique l gard de la stricte akrasie L explication platonicienne de l akrasie tout court r side quant elle dans la difficult de choisir en conformit avec une norme de proportionnalit du plaisir anticip et de l anticipation du plaisir Du c t d Aristote les explications sont plus vari es et ne sont donc pas unifi es en une seule th orie Elles vont de l oubli d informations pertinentes ou d attitudes n gligentes la contamination de la d lib ration rationnelle par des motions Cette derni re explication est particuli rement int ressante parce qu elle est fond e sur l id e r pandue que les motions figurent parmi les principaux facteurs d irrationalit pratique Or il s agit d une hypoth se tr s contestable la lumi re des r sultats exp rimentaux en neurologie du choix il semblerait m me qu un d ficit motionnel expliquerait certains cas pathologiques de comportements impulsifs J exposerai galement bri vement le volontarisme m di val qui pour des raisons essentiellement th ologiques a d
271. et Mep SeS nn nn nn loess sees ein eee ae eis om ie ee a ews 89 4 3 2 La fausse diff rence sn nt sente E E EE er ane 90 4 3 3 Automatisme douloureux 5eme nie disent i E E E E E eanes 90 4 3 4 Exclusion des indicateurs h t rog nes 91 A 3 SSJAMDIQUITES 25 r E A E A an Met seen A ne tn nn ann tt EEEE 92 A 350 ING StermMn MAHON ass e M et Mr e rides des desea eae are 94 4 37 EMPITISMENMAL esse ev set cet aeestady ordres e ste tente een een ner ne lere tn Net tvaen 95 4 3 8 Les eftets de COMPArAISON sssr ar ra aa N eeart 96 REOT aT LERATO i a nrsimrininnnninininnninnitinnnnnnnnonnninannnnmsnsentintinsl 97 5 Le probl me akratique et la formation du jugement et des pr f rences eeeeee 99 5 1 Le processus d cisionnel putatif de agent akratique 99 5 1 1 Probl me d cisionnel et mod le du double processus gt ccsccccccsescccessseceeeeseeeeeeeeeeesnseeeeesnneeeess 100 5 1 2 Le processus contr l de prise de d cision la d lib ration 105 5 1 2 1 Former un meilleur jugement ou une pr f rence synth tique compl te mode d emploi ss sssesesseeees 107 5 1 2 2 Deux mod les de comparaisons dans la d lib ration 110 5 1 3 Le r sultat de la d lib ration et le d but du probl me akratique 112 9 2 CONCIUSION EE E E A A E 113 6 Linternalisme et Mexterria liste 35452545 anus ane aa iaei a EAEE A A aa 115 6
272. et un argument clair dans les ann es 1950 et 1960 en faveur de l hypoth se internaliste Pour Hare former le jugement que je dois faire x revient formuler mon endroit un imp ratif qui a une force motivationnelle suffisante pour que je d cide de faire x Le scepticisme de Hare a l gard de la stricte akrasie repose sur l id e que les jugements valuatifs comme le sont les pr f rences entretiennent une connexion particuli re avec l action que n ont pas les jugements factuels Les premiers ont le caract re sp cial d une directive aussi partielle soit elle pour la conduite Hare 1952 1963 On ne peut pas r pondre de mani re satisfaisante la question Que dois je faire en ne relatant que 117 des faits On doit offrir dans sa r ponse un commandement ou un imp ratif de nature prudentielle ou morale Or nous dit Hare c est justement la fonction des commandements et des imp ratifs que de servir de guide pour l action Si un agent s engage dans une ligne de conduite particuli re alors il y a un jugement valuatif qui lui commande ou lui ordonne de le faire Si cet agent est sinc re lorsqu il rapporte son jugement alors ce jugement concordera ce qu il essaie effectivement de faire parce que c est une sorte de fautologie que de dire que nous ne pouvons pas asserter un commandement que nous nous adressons sans en m me temps l ex cuter si on a l occasion
273. ette t che Or dans le cerveau des psychopathes les chercheurs ont observ que ce sont plut t des r gions associ es l attention et au monitorage des actions en fonction d un r sultat soit le cortex orbito frontal le cortex frontal m dian et les aires temporo pari tales qui sont sollicit es pour identifier les motions d autrui Comme le disent Sommer et coll les auteurs de l tude bien que les psychopathes ne montrent pas de d ficits lorsqu ils raisonnent propos des motions des autres personnes quand on leur demande explicitement de le faire ils utilisent des strat gies de processus neuronaux qui sont plus reli s la rationalit et aux processus cons quentialistes outcome oriented processes 2010 92 Comme les psychopathes n ont en g n ral pas de carences cognitives en fait beaucoup d entre eux r ussissent mieux des tests d intelligence vari s que les personnes normales biaisant syst matiquement leurs jugements la faveur de croyances irrationnelles et ce m me dans des domaines sp cifiques leur cas discr dite en partie le cognitivisme moral 26 Bien que le sujet soit controvers et qu il y ait toute une litt rature qui en traite je ne compte pas en discuter ici Mais on peut penser que le cognitivisme moral est erron parce qu il y a un fondement motionnel qui ne repose pas sur des consid rations factuelles plus fondamentales aux yeux des agents On re
274. eu robustes une personne peut utiliser des strat gies de contr le de soi externes tr s efficaces justement parce qu elles s av rent m nager sa volont de la m me mani re que de faire une liste d picerie permet de m nager sa m moire Dans les deux cas les agents tendent des dispositifs l ext rieur de leur cerveau soit pour faciliter le traitement informationnel soit pour faciliter la prise de d cision conforme au principe d gale consid ration de toutes les phases temporelles de l agent Ignorer le r le que jouent les chafaudages motivationnels dans le contr le de soi nous am ne selon Anderson et Heath adopter une conception mentaliste individualiste et volontarisme du choix rationnel alors que l autodiscipline est en fait une propri t contextuelle n e de l interaction entre la situation et la personnalit de l agent 290 D ailleurs l acc s des chafaudages non volontaires est un d fi politique important Les r glements concernant la consommation d alcool comme les points de vente limit s des succursales contr l es directement par l tat les taxes surtaxe des produits bas de gamme les modes de vente talages et choix libres ou distribution par commande ou les last call dans les brasseries restreignent la consommation en all geant les dispositifs internes de contr le de soi Or on ne pourrait pas obtenir les m mes r sultats si l on abrogeait ces r gle
275. evenir chez lui en taxi s il consomme plus d un verre de bi re dans la soir e sera dispos r viser son intention apr s intoxication parce qu il aurait entre autres une aversion au risque beaucoup moins lev ou alors inexistant Mais en d pit du fait que son esprit a chang et qu il ne semble pas prouver le moindre conflit interne on sera justifi de diagnostiquer dans son cas un pisode de faiblesse de volont Les diagnostics en 3 personne sont plus fiables parce qu ils font fi des m canismes de r duction de la dissonance cognitive l uvre chez les agents akratiques Ces m canismes sont souvent responsables des sous diagnostics que ces agents font r guli rement propos d eux m mes 8 1 3 4 Akrasie tout court et stricte akrasie des sous cat gories en partie exclusives L analyse de Holton lui permet de distinguer les cas de stricte akrasie et les cas d akrasie auxquels cas il r serve plut t le terme faiblesse de volont Cela lui permet de dire que 200 sa conception est compl mentaire de la conception classique et ne vise pas vraiment a la remplacer Conform ment la d finition Standard nous vivons un pisode de stricte akrasie lorsque nous agissons l encontre de notre meilleur jugement Aussi je peux toutes choses consid r es juger pr f rable de ne pas manger de viande entre autres pour des raisons morales tout en continuant d en manger
276. exclusivit r side dans le fait qu elles ne sont pas frugales et qu elles doivent tenir compte de toutes les informations pertinentes 7 2 Maximiser ou utiliser une heuristique le choix rationnel La formation d un meilleur jugement est classiquement vue comme l exercice par excellence de la rationalit Les auteurs classiques et modernes estiment typiquement qu un choix v ritablement rationnel repose n cessairement sur un examen complet des tenants et aboutissants de toutes les alternatives disponibles Bien qu il s agisse d un r quisit que certains estiment tre trop contraignant il y a tout de m me un pr jug favorable mais erron en faveur des proc dures d optimisation D ailleurs il existe depuis les ann es 1970 tout un programme de recherche initi par Kahneman et Dverski orient dans Pidentification et la description d illusions cognitives produites par l usage de r gles de 164 d cision et de jugement simple telles que les heuristiques Ce programme vise mettre en relief seulement les situations o les agents qui utilisent des heuristiques font des erreurs syst matiques Les chercheurs participant ce programme n gligeaient l tude du caract re utile et adaptatif de ces proc dures de d cision ainsi que l tude de la nature des situations dans lesquelles elles s av rent tre des strat gies gagnantes Il a fallu attendre les travaux de Gigerenzer Todd Selter Goldstei
277. f rable y on identifie habituellement une propri t qui ferait la diff rence si toutes les autres taient identiques Mais la litt rature philosophique voit typiquement les pr f rences partielles comme des jugements prima facie depuis Davidson Davidson 1970 Il est naturel de le faire parce que les jugements partiels peuvent tre consid r s comme des 83 pr f rences r v l es Diff rents jugements pr f rentiels partiels peuvent orienter les agents dans des directions diff rentes et incompatibles sans qu ils soient eux m mes logiquement incompatibles Les pr f rences situ es la jonction des d cisions doivent souvent refl ter AER 46 une solution de compromis trade off entre l ensemble des diverses consid rations Thierry peut opter pour Clarisse m me si Clara a une chevelure plus abondante et qu il pr f re de mani re partielle pro tanto prima facie les femmes qui ont des chevelures abondantes et ce choix n a rien d nigmatique ou de paradoxal Lorsqu on souhaite mettre en relief le caract re paradoxal de la faiblesse de volont on ne peut pas le faire en mentionnant seulement des jugements pr f rentiels partiels tant donn es les pr f rences de Thierry pour les chevelures abondantes on ne dira pas qu il vit un pisode de faiblesse de volont s il choisit de s acoquiner avec une femme chauve Par contre on dira qu il vit un tel pisode conform ment CSE
278. f de mani re exp rimentale une pr f rence temporelle pour les s quences de cons quences qui sont pr sent es aux agents comme des choix explicites d allocation intertemporelle et pas seulement pour des cons quences isol es Les personnes pr f rent les allocations qui pr sentent une s quence d am lioration aux allocations qui pr sentent une s quence de d pr ciation de leur situation financi re en d pit du fait que la s quence de d pr ciation offre un rendement global l g rement plus grand Les travailleurs pr f rent une hausse progressive de leur salaire m me si la quantit globale d argent qu ils en obtiendraient tait gale ou inf rieure une s quence d croissante Ce type de pr f rence temporelle nous motive par exemple choisir de recevoir les mauvaises nouvelles avant les bonnes et pour certains manger leur dessert apr s le repas principal Ce qui est int ressant avec ces pr f rences temporelles est qu elles poussent les agents dans des directions oppos es de celles qui d crivent l escompte hyperbolique Les agents qui reportent syst matiquement les gratifications dans le futur ne souffrent pas d un probl me de faiblesse de volont mais plut t d une forme d exc s de volont Le cas des pr f rences pour les s quences ascendantes pose des probl mes pour toute th orie qui expliquerait la faiblesse de volont l aide de l escompte hyperbolique Le probl me ne r side
279. faiblesse de volont ne r sident pas enti rement dans la t te des agents Une des difficult s acad miques les plus importantes pour bon nombre d tudiants qui entrent au c gep est due un probl me de procrastination syst matique exacerb justement par le fait que leur milieu de vie ex int gration du premier appartement a radicalement chang et que les signaux qui d clenchaient auparavant des ex cutions de plan ex les attentes des parents les couvre feux les risques de r primandes etc ne sont plus pr sents et que les stimuli d l t res abondent ex nouvelles occasions de sortie entre amis disponibilit tendue du t l viseur etc Cela prend un certain temps avant que les tudiants arrivent int grer un mode de gestion plus efficace de leur volont fond e sur des chafaudages ex tudier la biblioth que entre les cours avec des coll gues de classe et certains n y parviennent jamais Cela milite en faveur de l id e que la faiblesse de volont est au moins dans certains cas un probl me motivationnel situ en partie l ext rieur de la t te des agents Des personnes continentes qui transitent dans des environnements tr s diff rents peuvent devenir du jour au lendemain incontinentes Elles ne peuvent plus dans certains cas s appuyer sur des structures d incitations qui att nuent grandement leur d valuation du futur Au demeurant avec des m canismes internes assez p
280. faiblesse de volont par l emprise d une motion forte et de la mauvaise qualit du processus d lib ratif qu elle contamine un peu comme le voit Aristote D ailleurs on sous estime semble t il m me la profondeur du changement que les motions sont susceptibles d entra ner dans nos propres dispositions adopter des comportements allant l encontre de nos propres int r ts et de nos principes moraux les plus forts L conomiste Dan Ariely et le psychologue George Loewenstein ont mesur la profondeur de ce changement l aide d une exp rience men e sur des tudiants universitaires m les du MIT 2006 87 98 On demandait aux cobayes de mesurer subjectivement leur disposition accomplir des actes caract re sexuel Ces actes appartenaient diff rentes cat gories allant de la mesure du degr d attraction d activit s comme avoir des rapports sexuels avec quelqu un d extr mement gros ou envers lequel on entretient une haine visc rale la probabilit d accomplir des actes moralement r pr hensibles comme encourager une femme boire de l alcool ou la droguer pour maximiser ses chances d avoir des rapports sexuels avec elle Le premier groupe de cobayes devait effectuer cette mesure d abord froid c est dire dans un tat affectif calme Le second groupe devait effectuer la mesure dans un tat d auto excitation sexuel avanc Les r sultats sont surprenants Nous sav
281. faut d composer la sensation du point de d part de la volont la sensation de l aboutissant la sensation du va et vient entre ces deux tats et ensuite une sensation musculaire concomitante qui sans que nous mettions en mouvement bras et jambes entre en jeu d s que nous voulons De m me donc que des sensations de diverses sortes sont reconnaissables comme ingr dients dans la volont de m me il y entre en deuxi me lieu un ingr dient 59 du terme Mais il est difficile de voir si le concept de volont des auteurs m di vaux correspond davantage aux notions plus modernes de d sir ou bien d intention ou encore de d cision ou de choix Par contre le postulat d autod termination absolue est clairement erron peu importe interpr tation qu on veut bien choisir J 2 2 2 Faiblesse de volont ou faiblesse motrice La tradition m di vale a orient son attention davantage sur l aspect ex cutoire des volitions que sur leur formation Aussi les probl mes relatifs au raisonnement pratique la d lib ration et au jugement jouent un r le secondaire par rapport la mani re dont la volont une fois form e cause l action ou les mouvements m caniques du corps Selon Pironet et Tappolet le concept de faiblesse de volont d crit mieux la difficult pratique que vit l agent lorsqu il choue mobiliser les ressources internes n cessaires pour ex cuter une action voulue tandis
282. fet de rapprochement temporel n affectent pas sa motivation Par contraste le fait de connaitre la nature des illusions d optique change notre approche de ces probl mes Un ceil duqu arrive estimer correctement l amplitude et les proportions des objets situ s a diff rentes distances Et quand nos estimations comportent une marge d erreur trop grande nous utilisons volontiers des instruments de mesure pour les viter Aussi nous ajustons nos valuations en fonction des transformations dans notre champ visuel et de toutes sortes d informations auxiliaires sans ressentir une forme ou une autre de conflit interne Pour Ainslie et Haslam this is the heart of the temporary preference hypothesis The original evaluation of delayed goods takes place in the same way as the perception of other magnitudes but a person cannot learn to correct it as well A larger image on the retina does not of itself motivate a person one way or another and thus does not resist transformation by abstraction Satisfaction on the other hand is the fundamental selective force of choice and however the person perceives or categorizes it with his telescopic faculty he is still acted upon by its direct influence That is to say there is a raw process of reward that constitutes the active determinant of value While value can be perceived abstractly it does not motivate differently because of this abstraction Abstraction occurs downstream as
283. fficile de voir si l on accepte cette proposition qu on est oblig de nier la possibilit de la faiblesse de volont Seulement il n est pas vrai que la conjonction de PPR et de CSE entra ne elle seule l inexistence de cas de stricte akrasie On doit galement inclure l hypoth se que les agents sont des maximisateurs d utilit s esp r es de plaisir ou de bien tre En effet on peut bien dire que les d cisions des agents refl tent leurs pr f rences mais on doit en plus sp cifier laquelle Avec l hypoth se de la maximisation on est forc de dire que ce sont les pr f rences dominantes des agents qu ils satisfont en choisissant Sans cette hypoth se on pourrait d duire de l observation que 80 Paul a choisi une pomme plut t qu une poire qu il a une pr f rence plus grande pour la poire Or hypoth se de la maximisation exclut ce genre d inf rence Si Paul a choisi la pomme c est n cessairement parce qu il a une pr f rence plus grande pour ce fruit que pour l autre Aussi la conjonction de PPR de CSE et de l hypoth se de la maximisation entra ne la conclusion qu il n y a pas de d cision qui satisfait CSE Comme les jugements pr f rentiels des agents sont exclusivement refl t s dans les choix qu ils font alors ils ne peuvent pas pr tendre pr f rer une autre ligne de conduite que celle qu ils adoptent parce qu ils sont des maximisateurs d utilit Je peux
284. fout court d pend la fois de la variable fin et de la variable moyen les agents doivent consid rer que la variable fin est en partie fix e au d part m me si c est de mani re temporaire et relativement floue dans ses d tails poss A 4297 sans quoi le processus d cisionnel tournera vide 6 Bien qu il n y ait pas de consensus sur le sujet beaucoup de raisons militent en faveur de l hypoth se que les m canismes qui pr sident l laboration des sc narios alternatifs sont essentiellement ceux de l imagination Laird 2009 Byrne 2005 L imagination sorte de simulateur interne des choix a un avantage adaptatif consid rable Il permet aux organismes qui en sont capables de tester des d cisions sans risquer d tre limin s Karl Popper 1979 avait bien saisi ce trait lorsqu il affirmait que le propre des hypoth ses scientifiques est qu on peut les laisser mourir notre place Les sc narios n ont pas besoin d tre identiques dans leurs d tails aux sc narios qui se produiraient r ellement si l on optait pour le choix sc naris Seuls certains aspects pertinents ont une correspondance isomorphique Les aspects isomorphiques peuvent vari s en fonction de la nature du probl me d cisionnel abord par l agent Les probl mes d orientation dans un environnement physique qui comporte des portions qui sont l ext rieur du champ visuel de l agent requi rent l usage d une carte
285. fs des agents Si un agent affirme qu il a un souci pour autrui mais qu on ne peut observer chez lui aucun comportement altruiste on doit en conclure qu il n a pas de telles pr f rences Cela exclut aussi l hypoth se que des agents puissent vivre des pisodes de stricte akrasie morale 4 2 4 Le caract re d ontologique cons quentialiste des pr f rences Les pr f rences ne portent pas seulement sur des fins mais dans certaines situations sur des moyens Les restrictions que les conomistes donnent toute th orie des pr f rences scientifiquement rigoureuse excluent l id e que les agents sont non seulement mus par des consid rations cons quentialistes mais aussi d ontologiques Pourtant cela n est pas conceptuellement exclu par la th orie des pr f rences r v l es Dans beaucoup de situations les agents sont typiquement mus par des consid rations relevant de normes autant que par des consid rations relatives aux cons quences esp r es altruistes ou goistes bien que leur comportement semble prima facie motiv exclusivement par l une ou l autre de ces consid rations Comme ils adh rent des normes 87 morales l gales et esth tiques qui leur interdisent d emprunter certaines lignes de conduite m me si elles se r v lent tre le seul moyen pour atteindre une fin d sir e les agents ne sont pas seulement indiff rents aux cons quences de leurs actions mais a ces actions elles m
286. gents peuvent utiliser toutes sortes d heuristiques dans la formation de leur jugement ou la prise de leur d cision Ils peuvent faire des choix par d faut satisfier liminer les extr mes choisir al atoirement faire un choix en fonction d une seule raison discriminante se servir d un proxy affectif etc Du moment qu ils ont form l intention de faire quelque chose dans le futur en d pit des inclinations d l t res qui sont susceptibles de les faire d vier de leur objectif initial ils peuvent vivre des pisodes de faiblesse de volont 201 Ceci rend la conception de Holton particuli rement attrayante Elle laisse ouverte la question de savoir comment les agents d cident C est une question empirique et les philosophes ne sont certainement pas les chercheurs les mieux positionn s pour y r pondre Par contre ils peuvent sp cifier assez bien les conditions normatives de r vision rationnelle des d cisions ant rieures 8 1 3 6 La stigmatisation des pisodes de faiblesse de volont Holton soutient que sa conception nous permet de comprendre pourquoi on stigmatise spontan ment les agents akratiques Un ami ou un parent peut soutenir devant nous qu il serait pr f rable pour lui de s abstenir de fumer de manger des friandises ou de sortir du lit en retard le matin On sera d accord avec lui et l on ajoutera que s il tait continent il s abstiendrait d agir de la sorte On le stigmatisera cependant s
287. gg rer dans un autre article qu un jugement inconditionnel est si intimement connect l action qu il se confond m me avec elle On ne peut associer directement les jugements prima facie des actions car il n est pas raisonnable d accomplir une action parce qu elle a une caract ristique d sirable Le fait que l on croie qu une action a une certaine caract ristique d sirable constitue une raison d agir mais le fait que l action soit accomplie constitue un autre jugement se on lequel la caract ristique d sirable tait suffisante pour nous pousser agir c est dire que d autres consid rations ne l ont pas emport sur cette caract ristique Le jugement qui correspond ou peut tre qui est identique l action ne peut donc pas tre un jugement prima facie ce doit tre un jugement cat gorique ou inconditionnel qui si nous devrions l exprimer en mots aurait la forme suivante Cette action est d sirable 1978 140 On voit que Davidson ici oscille entre l id e de traiter les jugements pr f rentiels inconditionnels comme des actions ou des attributs d action et l id e de les traiter comme des ordonnancements d actions Si les jugements inconditionnels sont des actions alors il n a pas expliqu comment l akrasie est possible si ce n est qu il y a un foss logique entre les jugements foutes choses consid r es et les actions 6 2 3 4 Assimiler les jugemen
288. h t rog nes nous avons tout de m me l intuition forte que l irr solution certaines inconsistances dynamiques de nos pr f rences les cas de d salignement des m canismes de motivation et d valuation et m me les cas de stricte akrasie comportent des traits communs fondamentaux qui nous permettent de les classer dans la cat gorie des choix irrationnels Holton ne fait que nous donner des indications que d aucuns consid reraient trop vagues sur certaines normes de r vision que les agents doivent respecter sans quoi ils s exposent des pisodes de faiblesse de volont Par contre je pense que Holton a raison de soutenir qu une conception purement descriptive est inad quate Si l on accepte l id e que la faiblesse de volont est le paradigme de l irrationalit pratique alors on doit d une mani re ou d une autre inclure des consid rations normatives dans sa caract risation En s abstenant de le faire comme c est le cas pour la d finition Standard on d couvre alors une panoplie de cas de faiblesse de volont qu il est rationnel d avoir La seconde raison pour laquelle la conception de Holton est insatisfaisante est qu elle ne porte que sur la non observance d une autoprescription ant rieure Or nous avons tous intuition que m me les personnes qui ne prennent pas de r solutions ou ne s engagent pas faire des activit s dans l avenir peuvent vivre des pisodes de faibless
289. hait de devenir esclave ou de se couper un membre parce que ces d sirs pourraient pour 31 certaines personnes passer le test du cool moment 30 La peur est associ e l activation de noyaux dans l amygdale une zone tr s ancienne du cerveau LeDoux a montr que l amygdale est capable d associer la peur des types de stimuli obtenus par perception tactile olfactive visuelle auditive Sans utiliser des fonctions du cortex c r bral donc sans amorcer un processus de pens e consciente LeDoux 1998 3 Une des cibles principales de Gert est la conception que Rawls se fait de la planification rationnelle de sa vie Pour faire court Rawls soutient qu un plan de vie rationnel est choisi en fonction des principes abstraits du choix rationnel coh rence efficience inclusivit maximisation etc et dans un contexte de d lib ration compl te full deliberative rationality La d lib ration compl te est cens e produire un jugement clair par l ensemble des consid rations 53 Je mets de c t ici la question de savoir si la critique de Gert est correcte Il existe des donn es empiriques beaucoup plus solides a l encontre du mod le de rationalit vulcain et de sa version cool moment theory Non seulement il appert qu on ne prend pas ou tr s peu de d cision importante dans un tat de froideur totale mais il semble que les agents qui se trouvent la suite de la formation de l si
290. hoix doivent tre coh rents lorsque les cons quences des alternatives d allocation se rapprochent suffisamment de nous Le conflit lui m me est insoluble parce que chacune des alternatives d allocation est dominante diff rents moments L existence de pr f rences temporelles pures au sein de l espace motivationnel des agents n implique pas qu ils succombent toujours la tentation ou que leurs conflits intrasubjectifs sont invariablement r solus la faveur de ces pr f rences C est plut t qu en l absence de motivations contraires suffisamment fortes les agents AS rer 119 choisiront en raison d une pr f rence temporelle 119 videmment poser l hypoth se de pr f rences temporelles pures n implique pas que celles ci n ont pas de param tres plus fondamentaux Baumeister et coll Baumeister Heatherton amp Tice 1994 ont propos les param tres d impulsivit le degr auquel un agent choisit de mani re spontan e de compulsivit le degr auquel un agent fait des plans prend des r solutions et les ex cute et d inhibition la capacit d inhiber les r ponses automatiques des motivations visc rales comme les app tits et les motions qui d clenchent de telles r ponses pour expliquer le poids des pr f rences temporelles Il ne s agit toutefois pas de motifs proprement parler ce ne sont pas des raisons de choisir mais plut t de facteurs importants affectant ce
291. hoix rationnel affirmait propos du choix d un projet de vie que la d lib ration rationnelle est en fait une activit comme une autre et la question de savoir jusqu o s y engager est elle m me tranch e par une d cision rationnelle La r gle formelle appliquer est que nous devrions d lib rer jusqu au moment o les avantages probables dus une am lioration de notre projet compensent exactement le temps et l effort de la r flexion suppl mentaire D s que nous prenons en consid ration les co ts de la d lib ration il est d raisonnable de se pr occuper de trouver le meilleur projet celui que nous choisirions si nous avions une information compl te Il est parfaitement rationnel de suivre un projet satisfaisant d s que le souci de la r flexion n est pas compens par les avantages que procureront plus de calculs et d information 1973 459 J ai longtemps pens comme Rawls que l inclusion de contraintes temporelles la formation d un meilleur jugement r glait une partie du probl me que pose le mod le de la maximisation Mais beaucoup de chercheurs uvrant au sein de l ABC Group affirment que la maximisation sous contrainte est en fait une proc dure cognitivement plus lourde que la maximisation fout court et ne devait pas par cons quent tre une bou e de sauvetage pour quiconque souhaite s engager dans la formation d un meilleur jugement alors que la structure des probl mes envis
292. i re option satisfaisante et n examinera pas les suivantes D ailleurs les attributs recherch s dans une option ne sont pas maximis s ou minimis s D s que l examen d un attribut r v le qu il passe le seuil d acceptabilit l agent n glige la distance qui s pare l attribut de ce seuil En d autres termes ce qui compte est de savoir si l option obtient la note de passage pour l ensemble des crit res pr alablement tablis L agent peut et doit n gliger le reste Pour ce qui est de la rapidit proc durale il ne fait pas de doute que l optimisation prend beaucoup plus de temps dans la plupart des situations que usage d une heuristique Peser le pour et le contre de chacune des options disponibles peut rapidement devenir une qu te qui engage toute une vie Les choix amoureux en sont je pense de bons exemples Rechercher toutes les informations pertinentes pour d terminer laquelle de deux soupirantes doit avoir les faveurs de notre c ur peut durer de nombreuses ann es Dans des cas de ce genre les informations pertinentes ne sont connues que par fr quentations r p t es des options dans des situations vari es susceptibles d tre tal es sur une longue p riode On peut mentionner galement toutes les situations de choix dont les solutions optimales existent mais sont computationnellement irr solvables ou du moins pas sur une p riode temps raisonnable Les th oriciens des jeux savent qu
293. i qu ils reposent sur une ignorance de certains faits pertinents Les d bats scientifiques perdurent souvent pendant de nombreuses ann es bien qu ils ne reposent pas ou peu sur des divergences de valeurs D ailleurs toutes sortes de superstitions de pr jug s et de croyances fausses sont plus coriaces que beaucoup de positions morales en d pit du fait qu ils reposent sur des consid rations factuelles gt Voir l int ressant recueil Le r alisme moral Ogien 1999 Bien que les valeurs jouent galement un r le dans la discussion la s lection et le rejet des hypoth ses et th ories scientifiques Mais il s agit videmment de valeurs pist miques et non morales comme la simplicit la force pr dictive et explicative l l gance l op rationnalit la conformit avec des hypoth ses existantes etc 24 inad quates La discussion de telles croyances tourne souvent a vide parce qu il est souvent difficile d identifier les v ritables raisons qui motivent l adh sion de certains agents a celles ci Aussi il est difficile de leur couper l herbe sous le pied Mais quand nous arrivons les identifier et montrer l agent que ces raisons ne sont pas acceptables ou pas suffisantes pour en inf rer sa croyance cela augmente la probabilit qu il r vise son jugement Et l on n a pas de raison de croire qu il n en va pas de m me pour les jugements moraux Cela dit le cognitivisme mora
294. ib ration est conceptualis diff remment selon qu on se trouve dans la tradition philosophique cognitiviste ou dans la tradition h doniste Dans la tradition cognitiviste une d lib ration r ussie aboutie la formation d un meilleur jugement tandis qu elle correspond la formation d une pr f rence compl te dans la tradition h doniste Bien qu il s agisse de deux sch mes conceptuels distincts on y con oit la fonction de la d lib ration de mani re semblable identifier le meilleur choix en maximisant certaines valeurs de nature h donique ou non Mais comment y arrive t on Par d finition la d lib ration est un processus computationnel contr l qui consiste peser le pour et le contre des alternatives qui s offrent nous La tradition philosophique s est souvent content e d affirmer que la d lib ration est une sorte de balance qui nous permet d identifier les meilleurs choix tant donn les informations souvent partielles que nous avons sans d crire dans le d tail les tapes du processus De mani re analogue on 108 conseille l occasion un ami aux prises avec un probl me d cisionnel important de bien prendre le temps d examiner les alternatives avant de faire un choix et de choisir ce qui p se le plus lourd dans la balance Mais on ne lui fournit comme telle aucune m thode explicite pour le faire On prend pour acquis que cela se fait naturellement et de mani re plus ou
295. ibutions plus ou moins compl tes de cons quences dans le temps Mais comme la nature de l objet du choix importe dans une telle conception et constitue une diff rence majeure avec les autres conceptions de la faiblesse de volont il est utile de l inclure Le troisi me l ment consid rer est le r le que jouent les pr f rences temporelles dans le choix d une allocation Lorsqu on dit habituellement qu un agent a choisi en raison de tel ou tel motif on soutient par l que non seulement tel ou tel motif a fait partie de son espace motivationnel au moment o il a pris une d cision mais que c est ce motif qui a fait la diff rence Le quatri me l ment exprime l id e que les pr f rences temporelles doivent amener l agent escompter hyperboliquement le futur Comme nous l avons vu plus haut il y a d autres types de pr f rences temporelles pures ou d riv es qui n impliquent pas un tel escompte pr f rences pour les d lais de gratification et pr f rences pour les s quences ascendantes Il est utile de mentionner ce dernier l ment m me s il n est pas n cessaire Les agents escomptent toujours l avenir l int rieur d un horizon temporel fonctionnellement cat goris Mais mentionner cet l ment est pertinent dans la mesure o les agents sont susceptibles de vivre des pisodes de faiblesse de volont lorsqu ils s adonnent des activit s qui s tendent tr s loin dans le temps
296. icts envers soi m me 2007 33 57 L objection la plus forte s appuie sur une analogie avec les devoirs envers les autres Pour faire court une obligation que j ai envers autrui a une force contraignante que si je ne m en acquitte pas ef qu autrui ne la r silie pas de son plein gr La d cision de r silier une obligation ne peut pas venir de moi mais de celui qui est le b n ficiaire de cette obligation Mais comme je peux toujours r silier un contrat que j tablis avec moi m me il s ensuit qu il ne peut tre contraignant La port e de cette objection est cependant limit e Holton soutient que les engagements pratiques engendr s par les intentions ne sont pas de nature morale Mais il est difficile d en saisir le caract re engageant dans un contexte intrasubjectif 209 prennent des d cisions pour l avenir sans modifier la structure des opportunit s disponibles pour eux Comment peut on alors parler de contr le quand les agents restent libres de faire ce qu ils pr f rent en d pit du fait qu ils ont pris une d cision pour l avenir Je pense qu on peut accepter l id e que les d cisions pour l avenir comportent des aspects contr lants contrairement aux jugements pr f rentiels ou aux jugements inconditionnels sans pour autant que ces d cisions cr ent des contraintes ext rieures Les d cisions peuvent enclencher des s ries d inhibitions virtuelles ou r elles des reconsid rati
297. id rablement la sensation subjective de manque Ils ont tabli que m me si les sujets affirment ne pas vouloir obtenir une dose de drogue et m me si la desipramine produit chez eux une sensation d plaisante lorsqu ils s en administrent une cela ne change rien la fr quence laquelle ils continuent de s en administrer La desipramine aurait entre autres pour effet de bloquer certaines voies de communication l int rieur du cerveau n cessaire la computation consciente de volitions et d appr ciations Pour Berridge et coll Berridge amp Winkielman 2003 Berridge amp Robinson 2003 la non conscience des motifs r els de choix est analogue au ph nom ne trange de la vision aveugle blindsight Les patients atteints de ce syndrome sont capables d identifier dans une certaine mesure des objets et de d crire leurs formes et positions spatiales sans qu ils soient conscients de ce qu ils voient Lorsqu on leur demande de situer dans l espace un objet ils r pondent spontan ment qu ils en sont incapables tant donn leur tat de c cit mais arrivent tout de m me le faire avec assez de succ s lorsqu on leur demande de proc der de mani re al atoire 140 La r ponse a la seconde question mentionn e plus haut est un peu plus difficile parce qu elle d pend de la mani re dont on interpr te le terme valuer S il s agit d une forme ou d une autre d appr ciation subjectiv
298. id ration pour les cons quences r alisables n importe quel moment du temps derniers insatisfaits du mod le d Adam Smith ont tent d expliquer la richesse des nations par le d sir d accumulation des citoyens et leur promptitude diff rer leurs d penses Bien que s inscrivant au d part dans un mod le fond sur les valeurs Th orie de l Utilit Esp r e Th orie des Perspectives la notion d escompte du futur s av re galement utile dans un mod le fond e sur les raisons On peut expliquer pourquoi un agent escompte le futur de telle ou telle fa on en d crivant un calcul d utilit qu il aurait au pr alable fait ou en d crivant un raisonnement pratique qui inclut des consid rations d sid ratives cognitives motionnelles ou normatives pertinentes parce qu elles font la diff rence dans le choix d une allocation plut t qu une autre 243 La mani re dont les agents akratiques escomptent le futur fournit une ressource conceptuelle claire et simple pour tenter d expliquer pourquoi ils optent pour des allocations pr sentant un profil h donique d croissant qu il y ait pr sence ou non d une adaptation h donique Dans les cas de faiblesse de volont les agents escomptent le futur d une mani re qui trahit leur plus grande pr occupation pour les cons quences plus rapproch es d eux dans le temps Lorsqu un agent choisit d acheter par exemple un climatiseur peu co teux
299. idge Ma MIT Press Chalmer David amp Clark Andy 1998 Extended Mind Analysis vol 58 10 23 CHUNG Shin Ho amp HERRNSTEIN Richard 1967 Choice and delay of reinforcement Journal of the Experimental Analysis of Behavior vol 10 67 74 Cialdini R amp Schaller M amp Houlihan D amp Arps K Fultz J amp Beaman A 1987 Empathy based helping Is it selflessly or selfishly motivated Journal of Personality and Social Psychology vol 52 749 58 Clark Andy 2010 Supersizing the Mind Oxford Oxford University Press Coombs C H amp Avrunin G 1977 Good things satiate and bad things escalate A Theorem of Single Peaked Preference Fonctions in One Dimension Journal of mathematic psychology 16 261 266 Damasio Antonio 1995 L Erreur de Descartes La raison des motions Paris Odile Jacob Damasio Antonio 2010 L autre moi m me Paris Odile Jacob Darwin Charles 1887 2002 Autobiography New York Penguin Classics Daston L J 1988 Classical probability in the Enlightenment Princeton Princeton University Press Davidson Donald 1970 Comment la faiblesse de volont est elle possible in Actions et v nements Paris PUF 35 65 Davidson Donald 1971 L agir in Actions et v nements Paris PUF 67 91 Davidson Donald 1978 Avoir une intention in Actions et v nements Paris PUF 119 45 Davidson Donald 1985
300. idimensionnels partir de pr misses bidimensionnelles fournies par notre appareil perceptuel Pinker 1997 Conduire une automobile requiert galement une s rie de d cisions automatiques complexes reposant sur des anticipations d v nements non r alis s et pas seulement sur des r actions l gard des v nements qui se produisent en temps r el La mani re dont les agents utilisent des processus contr l s de prise de d cision indique qu ils vont pareillement au del des pr misses fournies par leur appareil perceptuel Le processus contr l de prise de d cision par excellence est la d lib ration Lorsqu un agent d lib re m me rapidement il labore et examine mentalement des sc narios 106 alternatifs qu il n observe pas ce moment La d lib ration comme la plupart des processus qui engendrent des repr sentations mentales part de pr misses et en inf re un certain nombre de conclusions Par exemple depuis Aristote on con oit commun ment les solutions des probl mes d cisionnels comme l usage de moyens appropri s pour atteindre une fin qu on peut galement d crire comme des buts des objectifs des desseins des r sultats souhaitables des intentions des vues des vis es des motifs cibles etc On ne peut trouver de solution un probl me d cisionnel que si l on a une id e de la fin qu on souhaite atteindre Si l on admet qu une solution ad quate ou une solution
301. ien ne s oppose conceptuellement l id e que des pr f rences puissent porter sur des options qui produisent un impact h donique positif sup rieur voire exclusif sur autrui Cela laisse une place l explication d une classe importante de comportements moraux l int rieur du cadre conceptuel de la th orie des pr f rences r v l es et permet de statuer sur les cas de faiblesse de volont et d accidie morale Il existe toute une litt rature sur le probl me de l altruisme v ritable et je n entends pas ici en exposer l ensemble des tenants et aboutissants Je mentionnerai les travaux exp rimentaux classiques de Batson qui a d montr que les personnes sont souvent motiv es aider des trangers en d tresse et m me quelques fois dispos s recevoir une d charge lectrique leur place Batson 1991 Bien que Cialdini ait par la suite montr que les personnes sont par contre moins dispos es fournir leur aide dans les situations o ils ont un moyen pour att nuer leur propre inconfort sans aider autrui Cialdini et coll 1987 il n en demeure pas moins que les personnes dispos es payer un certain prix pour tirer autrui d une mauvaise situation Batson 1998 La coop ration avec des trangers comme c est d ailleurs la norme dans les soci t s de grandes dimensions requiert des explications diff rentes des m canismes de s lection de 85 parent le et d altruisme
302. ients Le param tre de l asym trie des d lais de livraison et de l acc l ration de livraison Delay speedup asymmetry permet aussi de d terminer le taux d escompte d un agent Il semble que nous soyons plus dispos s payer pour acc l rer la r alisation d une cons quence positive prochaine dont on pensait initialement la r alisation imm diate qu payer pour obtenir imm diatement cette r alisation alors qu on pensait qu elle aurait lieu dans le futur Loewenstein 1988 Il semble que le co t de renoncement pour un gain soit en partie d termin par un point de r f rence temporel fix par une attente initiale et partir de duquel l agent escomptera un gain futur 249 Cela dit escompte hyperbolique fournit un l ment descriptif de la motivation essentielle pour rendre compte des cas d irr solution et de non observance comme ceux sur lesquels des th oriciens comme Bratman et Holton mettent l accent Comme nous avons une vision davantage conforme notre int r t bien pes lorsque les cons quences des choix sont plus loign es dans le temps nous sommes par cons quent plus dispos s prendre de bonnes d cisions pour l avenir lorsque nous avons suffisamment de recul Comme il a t mentionn au chapitre 7 nous prenons des d cisions pour l avenir intentions plans et r solutions parce qu il s agit de bons moyens cognitifs pour atteindre des objectifs plus ou moins long
303. ier ma pr f rence Or il persiste toujours un degr d ambiguit assez lev pour que cette th orie nous apparaisse insatisfaisante Par exemple je peux une semaine plus tard avoir une fringale J ouvre alors mon r frig rateur et aper ois encore une part de gateau au fromage et trois parts de tarte au citron Je choisis encore la tarte Qu est ce que je pr f re Si l on se base strictement sur l observation de mes choix il semble que je pr f re la tarte Mais si vous me le demandez je r pondrai le g teau Je vous expliquerai mon choix en disant la premi re fois que je savais que ma femme pr f re galement le g teau au fromage et que je voulais lui laisser La seconde fois je savais que la tarte tait beaucoup plus fra che que le g teau et c est pour cela que je l ai choisie Sur la base exclusive des choix que j ai effectivement faits peut on tablir que j aie une pr f rence alimentaire pour les tartes au citron les g teaux au fromage les tartes au citron fra ches les g teaux au fromage frais les tartes au citron dans un contexte social les tartes au citron dans un contexte o ma femme est pr sente M me si nous ajoutons la liste d indices un plus grand nombre de choix dans l espoir de r duire l ambigu t nous multiplions ce faisant les contextes de d cision donc les traits susceptibles de rentrer dans la description des pr f rences D ailleurs rien ne nous emp che de stipuler que
304. il partir de nos pr f rences et de nos aversions et entamons ensuite notre recherche De m me l heuristique de l limination des extr mes repose minimalement sur une connaissance des aspects pour lesquels on a une aversion En examinant le menu d un restaurant haut de gamme j liminerai les plats trop dispendieux et les plats qui semblent offrir trop peu parce que je n aime pas payer trop cher et tre insatisfait par un plat 87 videmment comme tous les organismes complexes les personnes naissent avec des pr f rences par d faut Ces pr f rences ou ces aversions sont des param tres plus ou moins fixes comme le sont la peur des hauteurs l aversion la douleur ou le go t pour les aliments sucr s chez les mammif res Avec un entra nement ou un contact r p t avec certains stimuli on peut arriver en alt rer l impact ou les exacerber 185 Si l on s en tient une d finition stricte des pr f rences comme un ordonnancement complet des options disponibles pour un agent alors il est clair que les jugements obtenus par l application d une heuristique n en sont pas Mais si ce qu on entend par pr f rence est simplement ce que nous voulons faire obtenir ou viter alors je ne vois pas d inconv nient les traiter comme des pr f rences Je pense que c est souvent en ce sens qu on dit pr f rer acheter telle marque de soupe en bo te ou vouloir tel t l viseur apr s avoir u
305. il est pr f rable d attendre pour obtenir deux guimauves plut t qu une Dans cette situation les enfants ne disposent de rien d autre que d un plaisir d anticipation faible par comparaison avec l excitation que produit en eux la vue d une guimauve pr sente pour r sister la tentation La plupart du temps nous ne nous laissons pas berner par les distances relatives diff rentes des objets par rapport nous lorsque vient le temps d valuer leur grandeur De m me pour Rachlin et Raineri les pisodes de faiblesse de volont sont relativement peu fr quents dans la journ e d un agent normal Les agents utilisent une panoplie de strat gies de contr le de soi et d valuation du futur qui rendent l ex cution de leurs plans plus que probable Ils vitent les sources de stimuli d l t res ex prendre un autre chemin que celui qui implique de passer devant un fast food modifient leur environnement imm diat pour stabiliser leur attention sur les t ches qu ils doivent accomplir ex vendre son t l viseur ou s enfermer dans un cubicule la biblioth que font des paris priv s ex si je tonds le gazon aujourd hui je m autorise exceptionnellement une glace au chocolat ou publics ex dire tous ses amis qu on a arr t de fumer se donnent des sous objectifs ex aujourd hui je dois crire deux pages de ma th se red crivent des choix pour stabiliser leurs pr
306. il y a 3 types fondamentaux 1 il y a les allocations qui concentrent les cons quences h doniquement positives dans le futur imm diat et les cons quences n gatives dans le lointain 2 les allocations qui distribuent plus uniform ment les cons quences 3 puis les allocations qui concentrent leurs cons quences n gatives dans le futur imm diat et les cons quences positives dans le lointain De mani re plus simple on dira que l allocation du premier type pr sente un profil h donique d croissant celle du second type un profil uniforme et celle du troisi me type un profil croissant Les sch mas d allocation en faveur desquels optent les agents akratiques correspondent des types d allocation avec profil h donique d croissant 9 2 2 Les sch mas d allocation typiques de la faiblesse de volont Pour d terminer si l on a affaire un pisode de faiblesse de volont on doit d abord examiner les allocations intertemporelles disponibles pour l agent Si parmi toutes les allocations disponibles pour lui il en a choisi une qui est clairement d croissante on peut suspecter un pisode de faiblesse de volont En fait les pisodes d akrasie d crivent des sch mas d allocation typiques assez simples et qu on peut ais ment reconna tre Dans chaque cas on observe que l agent fait passer ses int r ts court terme devant ses int r ts long terme et cela en d pit du fait que ces derniers p sen
307. incidence ne porte pas tant sur le degr de d sirabilit des choix et des activit s bien qu elle le fasse en partie que sur leur qualit h donique Les constructions de haut niveau conf rent aux choix et aux activit s un caract re plaisant ou du moins attirant alors que les constructions de bas niveau leur conf rent un caract re d plaisant ou du moins ennuyeux Acqu rir une grande ma trise de son instrument de musique favori est un choix plus attirant que de faire des gammes avec un m tronome 121 Exemple de Liberman et Trope 276 plusieurs heures par jour m me s il s agit fonci rement de la m me activit Contrairement la question du pourquoi la question du comment produit typiquement une d flation dans l attrait motivationnel d un choix ou d une activit Nous sommes souvent enthousiastes l id e de faire telle ou telle activit mais cet enthousiasme fond notre grand tonnement comme neige au soleil partir du moment o nous commen ons consid rer les moyens concrets qu il faut mettre en uvre pour l accomplir Aussi la cat gorisation avec le pourquoi en trame de fond a un impact motivationnel plus positif qu une cat gorisation avec le comment qui a un effet contrastant nettement n gatif b La seconde hypoth se de Liberman et Trope est que la distance temporelle d un choix ou d une activit affecte notre cat gorisation de celles ci Nous utilis
308. ion etc mais simplement des co ts 107 T s agit d une injonction qu on doit cependant raffiner tant donn que les biens comportent des aspects positifs dont la consommation continue profiter l agent ef des aspects dont la consommation accentue le caract re n gatif La consommation de bi re par exemple peut largir notre champ de comparaison et raffiner notre go t mais galement nous faire prendre des kilos en trop L valuation synth tique des divers aspects positifs et n gatifs de la consommation r p tition d un certain bien fut th oris e de mani re succincte et l gante par Coombs et Avrunin 1977 261 266 236 d opportunit s que ma d cision initiale a engendr s ex manque d argent privation excessive etc Une autre mani re de distinguer les d cisions akratiques des d cisions produisant une adaptation h donique est le fait qu il existe un autre type d adaptation h donique qui ne pr sente pas un profil d croissant On ne s adapte pas seulement aux bonnes choses mais heureusement galement aux mauvaises choses S acquitter d une besogne devient plus doux au fur et mesure que nous avan ons Aussi on obtient un profil exp rientiel croissant lorsqu on d cide de s acquitter d une besogne d un seul trait Les d cisions d allocation intertemporelle qui impliquent une adaptation h donique ne pr sentent donc pas toujours le m me profil exp rientiel
309. ion peut minimiser les chances de succ s ou maximiser les risques d chec si le temps de d cision est un param tre important C est notamment ce qui se passe dans les situations 45 d urgence Dans ce genre de situation il est plus rationnel de s en abstenir m me si cela d bouche l occasion sur de fausses alertes Le probl me pour l agent rationnel n est pas de prendre une d cision impulsive quand une alerte sonne mais de savoir si les conditions de l alerte fiable sont remplies Si je me trouve au Qu bec par exemple ma r action impulsive devant une branche sera surprenante Les serpents qu on trouve dans les for ts qu b coises ne sont que d inoffensives couleuvres Ma r action sera par contre compr hensible si j ai pass quelques ann es en Arizona ou dans les Everglades Je sais toutefois que je devrai m adapter l environnement naturel qu b cois de mani re ce que les alarmes cessent de retentir chaque fois que je risque de mettre le pied sur une branche qui ressemble un serpent 2 1 2 2 L intrusion des motions dans les champs de comp tence de la raison La troisi me explication d Aristote est sans contredit la plus int ressante des trois parce qu elle vise rendre compte non seulement de la faiblesse de volont en g n ral mais de la stricte akrasie en particulier L incompatibilit des lignes de conduite qui sont motiv es par des raisons de niveau sup rieur iss
310. ion pour d finir la faiblesse de volont Les agents sont r put s akratiques lorsqu ils forment l intention d agir l encontre de leur meilleur jugement Dans ce contexte les deux expressions ont le m me sens Par contre il faut distinguer l intention d agir et l intention dans l action L intention de faire x quivaut logiquement d cider de faire x Mais faire x intentionnellement n quivaut pas avoir d cid de faire x Faire quelque chose intentionnellement peut vouloir dire qu on a pris la d cision de le faire ou peut vouloir dire que lorsqu on l a fait on connaissait certaines cons quences pertinentes qui n taient pas voulues ou vis es Demander quelqu un s il a par exemple intentionnellement crev l 1l du chasseur qui se tenait pr s du gibier lorsqu il tira dans la direction de ce dernier c est lui demander s il estimait au moment o il a pris la d cision de tirer que cela comportait un risque important pour I ceil du chasseur ou s il estimait qu il n y avait pas de tels risques S il estimait qu il y avait un tel risque alors on dira qu il a intentionnellement crev l 1l du chasseur m me si cela ne 3 Cela je crois correspond la mani re habituelle de diagnostiquer un probl me de faiblesse de volont Chacun estime qu un ex toxicomane ou un ex alcoolique vit une rechute au moment o il d cide de consommer des substances addictives et non pas sim
311. ions Aussi les motions ou app tits ne sont pas que des contaminants possibles qui doivent tre filtr s par la raison pratique mais jouent un r le essentiel pour r gler les d tails de nos vies C est pour cela qu il est important de bien les filtrer et de les int grer notre bagage motivationnel sous tendant de saines habitudes de vie Un agent qui a acquis de saines habitudes concernant les t ches m nag res sera moins susceptible de les repousser de mani re irrationnelle parce qu il aura plus souvent envie de les faire dans les d lais 2 1 2 1 Manquements pist miques et impulsivit La premi re explication d Aristote le facteur ignorance est int ressante plusieurs gards Elle met en relief des conditions cognitives n cessaires au diagnostic de faiblesse de volont Si ces conditions minimales ne sont pas remplies il ne peut pas diagnostiquer un pisode de faiblesse de volont Par exemple il y a une diff rence majeure entre l attitude des fumeurs des ann es 1950 et celles des fumeurs des ann es 2000 du moins en Occident Les premiers ne poss daient pas le bagage informationnel pour estimer ad quatement le degr de nocivit Aussi on ne peut consid rer que leur consommation relevait de la faiblesse de volont Les choses sont diff rentes pour les seconds D ailleurs la distinction entre agir dans l ignorance et par ignorance est utile et n est mon avis pas suffisamment expl
312. ions Parent A revenu moyen sant moyenne quantit moyenne d heures de travail relation raisonnable avec l enfant ayant une vie sociale relativement stable AY Parent B revenu au dessus de la moyenne tr s bonne relation de proximit avec l enfant ayant une vie sociale extr mement active voyage beaucoup pour son travail probl mes de sant mineurs L chantillon tait divis en deux groupes dont le premier avait pour t che d attribuer la garde d un enfant unique et le second la t che de d nier ce droit Du premier groupe 36 souhaitaient attribuer la garde au parent A tandis que 64 souhaitaient l attribuer au parent B Du second groupe 45 des personnes d niaient la garde au parent A mais 55 la d niaient au parent B Ici l option enrichie est dans une plus grande proportion choisie lorsque l agent d cideur doit s lectionner mais aussi liminer Ces r sultats sont explicables par l usage d une heuristique dont le r sultat est pr visible Mais si l on persiste croire que les agents se comportent ici comme s ils taient des maximisateurs dans la formation de leur jugement alors on devrait faire toute sorte d hypoth ses plus ou moins gratuites sur leurs pr f rences de mani re pr server une certaine coh rence interne Or m me si ces hypoth ses s av raient tre sophistiqu es on serait toujours contraint de les faire post facto Tandis que ces r sultats sont
313. ir Eldar amp Simonson Itamar amp Tversky Amos 2006 Reason Based Choice in The Construction of Preference Lichtenstein S amp Slovic P dir New York Cambridge University Press 411 33 Shefrin Hersh amp Thaler Richard 1992 Mental Accounting Saving and Self Control in Choice over Time Loewenstein G amp Elster Jon dir New York Russell Sage 287 330 Shelling Thomas 1966 Comments in Strategic interaction and conflict Archibald K dir Berkeley University of California Press 150 301 Sidgwick Henry 1874 2009 The Methodes of Ethics New York BibioBazaar Simon Herbert 1956 Rational Choice and the Structure of Environment Psychological Review vol 63 129 38 Simon Herbert 1982 Models of bounded rationality Cambridge Ma MIT Press Smith Michael Internal Reason Philosophy and Phenomenological Research 1995 vol 55 1 109 31 Soman D Ainslie G Frederick S Li X Lynch J Moreau P Mitchell A Read D Sawyer A Trope Y Wertenbroch K Zauberman G 2005 The Psychology of Intertemporal Discounting Why are Distant Events Valued Differently from Proximal Ones Marketing Letters 16 3 4 347 360 Sommer M Sodian B D hnel K Schewedtner J Meinhardt J Hajak G 2010 In psychopathic patients emotion attribution modulates activity in outcome related brain areas in Psychiatry Res vol 182 2 88 95 Stan
314. ir le plaisir Si les agents rationnels cherchent maximiser leur plaisir dans les limites de la justice on ne doit pas seulement tenir compte du plaisir qui d coulera des cons quences de leurs choix dans le futur mais galement du plaisir qu ils prouvent dans le pr sent l id e que ces cons quences se r aliseront Or il arrive que le plaisir d anticipation ne soit pas proportionnel au plaisir anticip Dans ce cas l agent chouera maximiser son profil h donique Il pourrait par exemple sous estimer la quantit de plaisir qu il prouvera dans un futur lointain d coulant du fait d investir maintenant des capitaux dans un fond de retraite parce qu il ne ressent pas pr sentement suffisamment de plaisir l id e de disposer d un bon fond de retraite De m me il pourra galement surestimer le plaisir qu il prouvera dans le futur d coulant de l achat actuel d une voiture de luxe qu il a peine les moyens de se payer parce qu il ressent trop de ne pas confondre avec la notion de faux plaisirs d signant des pisodes affectifs positifs illusoires comme le sont les manifestations affect es de plaisir dans un contexte o aucune cause r elle du plaisir n est r alis e 22 plaisir pr sentement l id e de disposer d une voiture de luxe dans le futur en d pit du fait qu il devra se serrer la ceinture Bien qu il ne soit pas clairement exprim dans le texte du dia
315. irr sistible vivre des pisodes de faiblesse de volont Les illusions sont sources d tonnement parce qu elles ne concordent pas avec les informations auxiliaires qui nous orientent dans d autres directions Mais la plupart d entre nous connaissent mal la mani re dont nous escomptons le futur Nous pouvons sans peine identifier la plupart des attitudes prospectives qui nous motivent faire tel ou tel choix mais nous n avons pas une vue d ensemble de la dynamique de ces attitudes Aussi nous sommes souvent dispos s nous r abonner la salle d entra nement refaire une di te nous promettre de remettre cette session tous nos travaux dans les d lais ramasser les feuilles mortes cet automne avant les premi res chutes de neige etc et ce bien que nous nous soyons fait les m mes promesses et ayons pris les m mes r solutions dans le pass et que nous ne les ayons pas respect es C est comme si nous n apprenions pas de nos erreurs pass es parce que nous en ignorions la cause globale et que nous ne cherchions qu identifier des facteurs p riph riques lorsqu on nous interroge sur le sujet 248 L escompte hyperbolique permet d expliquer pourquoi les agents akratiques optent pour des allocations qui pr sentent des profils h doniques inad quats ou peu avantageux C est en quelque sorte un effet de perspective temporelle qui motive les agents a procrastiner et a adopter des comportements imp
316. is lorsqu un app tit force les mailles du filtre ou le contourne il motive plus ou moins directement l agent s engager dans une ligne de conduite incontinente La satisfaction des app tits de l agent incontinent l loigne de son bonheur par une contamination de son raisonnement pratique Par exemple si je dois rechercher le bonheur alors mon envie de consommer de l alcool jusqu plus soif ne devra pas tre consid r e dans une d lib ration pratique parce que satisfaire cette envie engendre des probl mes de sant qui m loigneraient du bonheur Or je le consid re de mani re plus ou moins irr sistible et cela me motive abuser de l alcool Mais Aristote ne bannit pas pour autant les motions app tits sensibles et intellectifs de la qu te du bonheur Les motions peuvent jouer un certain r le dans cette qu te Les motions doivent tre compatibles avec les objectifs principaux qui sont fix s par la raison pratique pour deux raisons La premi re est qu il est pr f rable que les agents aient du plaisir poursuivre leurs objectifs thique Nicomaque 1105a 14 La seconde plus importante pour notre propos est que les motions semblent jouer pour Aristote un r le motivationnel que ne peut pas jouer ou peut difficilement jouer la raison pratique La raison pratique fixe de mani re prudentielle les objectifs g n raux et sp cifie les moyens d y parvenir tandis que les motions portent
317. is comme toutes les d cisions appellent une ex cution elles produisent du moins potentiellement ce genre de facteur de contr le Je suis conscient que je n offre ici qu une r ponse sommaire l objection qui veut que les d cisions que l on prend pour l avenir ne puissent avoir la dimension contr lante postul e par Holton et Bratman Bien que chacun accepte l id e que les plans et r solutions servent de guide pour l action il est plus difficile d accepter l id e que ces guides cr ent des contraintes internes dans la poursuite d objectifs divergents 210 8 2 3 Des cas qui restent inexpliqu s Les analyses conceptuelles comme celle de Holton souffrent toutes du m me d faut En essayant de formuler un crit re identifiant les conditions n cessaires et suffisantes d un ph nom ne aussi complexe et vari dans ses manifestations Holton en restreint trop la classe des cas putatifs Je ne critique pas ici sa d cision de distinguer les cas de faiblesse de volont ou akrasie des cas de stricte akrasie Il peut tre judicieux de scinder l analyse d un ph nom ne qui comporte des aspects h t rog nes en des chapitres diff rents Mais mon avis l analyse de Holton bien qu ing nieuse est quelque peu insatisfaisante et cela pour deux raisons La premi re est que Holton ne nous montre pas ce que la faiblesse de volont a de commun avec la stricte akrasie Bien que regroupant des l ments
318. isation neuronale neural sensitization d crit par Berridge ne poserait pas vraiment de difficult s On doit seulement distinguer les valuations prospectives inconscientes des valuations 144 correspondant aux appr ciations actualis es Un agent d u par la r alisation d un sc nario qu il anticipait tre plus positif peut tre consid r tout de m me comme un agent maximisateur qui d cide conform ment ses pr f rences Dans le cas de la sensibilisation neuronale un agent valuera la hausse le degr de d sirabilit d une alternative tout en faisant une exp rience positive de plus en plus pauvre Cela dit l hypoth se de la maximisation peut recevoir une interpr tation qui rend la stricte akrasie conceptuellement impossible M me si la description empirique d taill e des processus d cisionnels montre que ceux ci n ont rien voir avec une forme de maximisation due par exemple aux limites cognitives et aux ressources temporelles des agents les agents se comportent comme si ils maximisaient la satisfaction de leurs pr f rences et ce titre ne peuvent pas tre d crit comme des agents strictement akratiques La maximisation comme si serait en fait une condition n cessaire l interpr tation des d cisions des agents rationnels et m me de l attribution de croyances et de d sirs ces agents Aussi un diagnostic de stricte akrasie violerait une sorte de v rit conceptuelle
319. isionnelle plus simple mais plus adapt e que des proc dures de maximisation il aura plus chance d am liorer ses conditions d existences Comme je l ai mentionn dans la section pr c dente il existe un pr jug voulant que plus on consid re d informations plus on maximise ses chances de prendre de bonnes d cisions Ce pr jug est faux parce que les proc dures de d cision ne produisent statistiquement de bonnes d cisions que si elles sont adapt es la structure du probl me Or il peut arriver qu un agent forme un jugement l aide d une heuristique l effet qu il doit faire x mais que en consid rant plus d informations il arrive la conclusion qu il doit faire y quand x et y sont incompatibles Si l heuristique est adapt e au probl me alors que ce n est pas le cas pour la maximisation il s ensuit qu il devrait suivre son premier jugement Si ce qui pr c de est dans l ensemble correct un agent pourrait paradoxalement s engager dans un processus de maximisation plus lourd dont le r sultat lui prescrirait d adopter un comportement qui intuitivement rel verait d un pisode de faiblesse de volont Comment cela est il possible Un agent peut estimer que son d pendance pour les jeux de hasard est mauvaise pour lui parce qu elle ne lui permet pas de remplir ses obligations familiales Il peut tablir son jugement sur la base de cette seule raison et n gliger les autres
320. isme humien et l on pourrait sans doute lui consacrer une th se compl te Mon objectif ici n est pas de mentionner des arguments que je juge suffisamment convaincants pour rejeter la distinction S6 Dans sa version plus classique le scepticisme humien consiste nier que le contenu de nos d sirs de nos aversions de nos souhaits de nos envies de nos go ts de nos penchants de nos sentiments de nos motions de nos feelings etc ait un caract re rationnel ou irrationnel D o l injonction que les go ts ne se discutent pas Mais on peut rejeter la th se sceptique l gard du contenu de ces appr ciations tout en continuant d fendre la th se qu il y a quelque chose d irr ductiblement non rationnel dans la motivation d un organisme faire quelque chose la suite de Heath 2008 134 137 on peut qualifier cette position de version extr me du scepticisme humien 133 de Davidson mais seulement d identifier un aspect qui est beaucoup plus controvers qu il ne le semble premi re vue Du reste il n est pas d nu d int r t de mentionner ici une nouvelle orientation donn e a la th orie de la d cision en conomie comportementale et en psychologie du choix savoir l tude du ph nom ne du mal vouloir miswanting Des chercheurs de premier plan comme Daniel Kahneman 2006 Timothy T Wilson et Daniel T Gilbert 2000 ont mis en relief le caract re cognitif de la plupart de
321. isodes de stricte akrasie La capacit des agents inhiber leur processus automatique et enclencher un processus contr l de d lib ration rationnelle est une condition pour la formation d un meilleur jugement ef son ex cution Bien que le processus ne m ne par toujours la formation d un jugement appropri l agent tient minimalement compte de ses capacit s de ses croyances et de ses d sirs ou pr f rences et motions dans l valuation des alternatives qui s offrent lui Avec ces consid rations en arri re plan le probl me que pose la stricte akrasie dans le d bat philosophique devrait tre celui de savoir si le r sultat de la d lib ration motive tout coup l agent prendre une d cision s y conformant alors qu il contr le consciemment le processus menant la prise de d cision et l ex cution de celle ci J aborderai dans le prochain chapitre porte sur le d bat classique qui oppose les partisans de l internalisme ceux de l externalisme l gard du lien entre le meilleur jugement et la d cision Apr s avoir expos les positions oppos es et une position mitoyenne que je vais du reste critiquer dans le d tail je vais exposer des raisons empiriques solides et d cisives de croire que le lien entre le meilleur jugement et la d cision est externe et non interne M me si on adh re au mod le du double processus et qu on exclu les cas o les 114 agents ne sont pas en
322. istiques d pend de plusieurs facteurs comme la nature de la t che qu elles nous permettent d ex cuter son domaine d application et son degr de n cessit adaptative pour les organismes qui les utilisent Par exemple les heuristiques perceptuelles qui nous permettent de colmater les points aveugles dans notre champ visuel au moyen de la reproduction des portions de stimuli qui entourent ces points sont fixes et inalt rables que nous le voulions ou non nos points aveugles sont colmat s de cette fa on Les heuristiques d cisionnelles semblent tre en revanche plus mall ables Nous pouvons apprendre consciemment comment nous y prendre pour choisir efficacement une propri t immobili re ou m me un conjoint par l application d heuristiques ou modifier celles qui guident d j nos d cisions dans ces domaines Mais rien n exclut en principe que certaines heuristiques d cisionnelles soient aussi fixes et peu mall ables que les heuristiques perceptuelles 181 n emp che leur utilisation en parall le avec une proc dure contr l e de maximisation Un agent vivra une sorte de conflit interne s il utilise en parall le une heuristique d cisionnelle et une proc dure de maximisation par exemple la m thode de Franklin et les r sultats des deux sont incompatibles Dans des cas de ce genre le choix rationnel n est pas toujours celui qui est dict par la maximisation Si l agent utilise une proc dure d c
323. istote de sp cifier de mani re plus pr cise la nature des motions qu en mesurant les diff rences d intensit et de dur e La col re par exemple est d clench e par la croyance qu on ait t l objet d un affront ou d une humiliation imm rit e et est orient e vers des individus particuliers tandis que la haine peut s orienter vers des classes d individus comme des groupes ethniques ou des nations Si l on r sume la position d Aristote avec un vocabulaire contemporain on dira que les app tits sont soit des tats somatiques soit des d sirs ou aversions qui ont un contenu propositionnel Mais la satisfaction d un d sir ou d une aversion a des r percussions 5 a as fas 4 x 16 somatiques qu Aristote avait identifi es comme un apaisement de l excitation et que la neurologie actuelle identifie comme un retour a un tat hom ostatique stable Les forces intellectuelles sont rationnelles et se divisent galement en deux syst mes Il y a l intellect contemplatif qui correspond la raison th orique Il concerne les raisons de croire et les r gles pist miques qui encadrent l inf rence de ces croyances Et il y a intellect pratique qui correspond la raison pratique Il concerne les raisons de faire et les r gles prudentielles qui encadrent l accomplissement d actions Aristote appelle prudence la disposition g n rale a utiliser des r gles pour s orienter dans notre qu t
324. it galement un tas d autres processus cognitifs qui n ont rien a voir avec les pr f rences temporelles Ils mettent m me en relief certains processus purement physiques qui produisent une valuation hyperbolique Par exemple que l valuation l aide d un d tecteur de l intensit d un son mis par une source d croit en raison de l inverse du carr de la distance qui s pare le d tecteur et la source On observe dans ce cas un renversement d ordre d intensit des sources une certaine distance si les sources sont elles m mes situ es des distances diff rentes du d tecteur Hypoth tiquement parlant l accroissement de l intensit mesur e devrait se conformer une fonction exponentielle taux fixe Or trangement la fonction d accroissement r ellement observ e est plut t hyperbolique La fonction d accroissement hyperbolique s observe pour une source d nergie en g n ral son lumi re etc La m me chose vaut pour l valuation dans le champ visuel de la grandeur relative des objets laquelle est d termin e par une sorte de fonction hyperbolique g om trique Dans la sph re psychologique la m moire de rappel offre 12 Voir par exemple l illusion d optique dans la section sur la caract risation de l escompte hyperbolique 272 galement un exemple de fonction hyperbolique La saillance d un v nement pass dans la m moire d croit moins lentement au f
325. it offre 3 modalit s d abonnement la revue The Economist la premi re offrait un abonnement annuel une version web au co t de 59 la seconde offrait une version papier seulement pour 125 tandis que la derni re offrait une version web et papier pour 125 Ariely a cru d abord que l offre comportait une erreur qui voudrait de la seconde option En sondant des tudiants du MIT susceptibles de vouloir un abonnement The Economist Ariely a tabli que la seconde option joue le r le de faire valoir decoy pour la troisi me Les r sultats qu il a obtenus en sondant deux groupes de 100 tudiants auxquels on pr sentait l offre telle quelle et l offre sans la pr sence du faire r 52 valoir sont sans quivoques Puisque la pr sence d un faire valoir modifie de mani re significative les pr f rences des agents la meilleure explication est que ceux ci tablissent leur pr f rence en comparant les options plut t qu en consultant une sorte menu interne leur indiquant leur valeur respective Ariely compare l effet de comparaison de nos pr f rences avec l illusion bien connue des cercles Lorsqu entour de petits cercles un cercle semble plus gros que lorsqu il est entour de cercles plus grands Bien que les propri t s intrins ques de ces deux cercles soient les m mes leurs propri t s relationnelles produisent en nous l illusion qu ils sont de tailles diff rentes figure 1 4 4 Conc
326. ivement une raison ou un crit re particulier ce qui n est pas le cas du second type de jugement La formation de jugements conditionnels ponctuerait l ensemble de la d lib ration d un agent Celui ci formera typiquement des jugements conditionnels prima facie relativement une raison ou crit re puis formerait ensuite des jugements prima facie relativement plusieurs raisons ou plusieurs crit res jusqu l obtention d un meilleur jugement Or nous dit Davidson le meilleur jugement est lui aussi un jugement conditionnel puisqu il a la forme logique x est pr f rable y pour la raison r r2 rn O 71 r2 rn repr sentent l ensemble des raisons pertinentes pour l agent Les jugements inconditionnels ont la forme logique x est pr f rable y Ils consistent comme les premiers en un ordonnancement d actions ou de sc narios mais pas 124 relativement un ensemble de raisons ou de crit res Ils sont situ s dans la d lib ration la toute fin c est dire au point de d cision Dans toutes les situations o un agent prend une d cision ou accomplit un acte intentionnel il forme un jugement de ce type Si cette analyse est correcte que peut on dire d un agent qui vit un pisode de faiblesse de volont L akrat s chouerait se conformer son meilleur jugement parce qu ce jugement ne correspond pas un jugement inconditionnel au point de d cision Un
327. ix n est pas respect e Les d mangeaisons les tics et les cas de d pendance s v res seraient de cette mani re exclus des cas akratiques Cependant on peut arguer que tout ceci d pend de ce qu on veut dire par tre capable de Si r sister un tic nerveux est de m me ampleur que la t che de courir le 100 m tres en moins de 9 secondes alors on ne sera pas plus faible en chouant le contr ler qu en chouant courir le 100 m tres en moins de 9 secondes Mais si cela signifie que ce n est pas hors de port e ou qu avec un entra nement on y arriverait dans des d lais raisonnables m me en tenant compte de ses pr dispositions et de ses limitations g n tiques alors on peut classer ces comportements dans les cas de faiblesse de volont En fait rien ne nous permet de conclure a priori que de r sister un tic est une t che hors de notre port e comme courir le 100 m tres en moins de 9 secondes l est Les th rapies cognitivo comportementales con ues pour les sujets atteints de TOC troubles obsessionnels compulsifs visent justement tablir les bases d une capacit de contr le de soi permettant d endiguer ou d ignorer certaines motivations visc rales 14 Watson 1977 a critiqu en d tail l id e que ce qui diff rentiel les pisodes de faiblesse de volont authentiques des comportements irr sistibles Il soutient que la faiblesse de volont consiste toujours en un chec ne nos
328. kratique agit en fonction de raisons mais pas de bonnes raisons Etre motiv par des opinions apparait chez Platon comme une condition n cessaire toutefois pas suffisante pour l identification d un pisode de faiblesse de volont Les opinions au sens platonicien motivent des tas de comportements qui n ont rien voir avec la faiblesse de volont Le non respect du principe de Phil be est cet gard un trait constitutif plus ad quat pour servir de crit re normatif l Dans la litt rature ex g tique mais galement en pist mologie notamment depuis la publication du c l bre article de Gettier 1963 qui mettait en relief un probl me conceptuel concernant une version moderne de la distinction celle entre croyance vraie et croyance vraie rationnellement justifi e L id e platonicienne d int grer des consid rations normatives pist miques dans la conception de base de la faiblesse de volont a contrairement aux consid rations normatives pratiques quelque chose de peu intuitif si l on n accepte pas le cognitivisme motivationnel Il est difficile de soutenir que l agent qui vit un pisode de faiblesse de volont n a pas quelque part fait ses devoirs pist miques et cela en d pit du fait qu il puisse l occasion mal valuer la qualit l intensit et la quantit de ses tats h doniques futurs En revanche il ne fait pas de doute que beaucoup d pisodes de faiblesse de volont s
329. l agent une saillance motivationnelle acquise par un processus de sensibilisation neuronale La sensibilisation sensitization neuronale l gard de certains signaux serait le fruit de processus d apprentissage associatifs de type stimulus stimulus stimulus r ponse ou stimulus renforcement ou cognitifs comme les attentes de r compense ou la compr hension d un lien causal impliquant une r compense Berridge amp Robinson 1995 2003 Aussi pour Berridge et Robinson Les d pendances seraient dues au vouloir sensibilis pas l appr ciation Normalement appr cier le plaisir engendr par la rencontre d une nouvelle incitation sert d amorce pour activer et diriger le vouloir via l apprentissage associatif La force d un vouloir l gard d une incitation ordinaire d pend essentiellement du degr d appr ciation Mais chez les toxicomanes en raison de la sensibilisation sensitization de leur vouloir ces deux processus en viennent tre d coupl s 1995 73 74 Si l on se fie ce que les recherches dans ce domaine sugg rent la mani re dont fonctionne le syst me dopaminergique fait de la motivation quelque chose qui ne consiste pas en premier lieu pousser l agent dans une recherche de plaisir mais plut t dans une recherche de ressources Cela correspond d ailleurs aux comportements d achat de certains consommateurs qui recherchent avant tout de bonnes affaires san
330. l gumes chaque jour ou faire de l exercice quand je peux Elles peuvent stipuler galement qu un certain type d activit doit tre exclu de ma liste des choses a faire ex manger des sucreries ou visionner des films tard le soir en semaine La diff rence entre les intentions orient es vers le futur et les plans r side seulement dans le degr de complexit de chacun Les intentions identifient habituellement une activit seulement qu on s engage a accomplir dans le futur Les plans identifient habituellement une s rie d activit s et suivant la nature du probl me qu ils visent a solutionner un ordre de r alisation ainsi que le moment o celles ci doivent tre r alis es Aussi les plans correspondent en quelque sorte a une liste mentale ou inscrite sur un support externe d activit s dont chaque option est marqu e par un ordre de priorit L utilit de former des plans et des intentions ne se r sume pas la r solution de probl mes de coordination intersubjective et intrasubjective Les r solutions que Bratman identifie aux politiques individuelles intention policy visent l inclusion ou l exclusion de certaines activit s lors de p riodes sp cifiques et plus ou moins longues de notre vie Par exemple si je prends la r solution de faire de l exercice durant l ann e je m engage donc inclure l activit de faire de l exercice quelques fois dans la semaine pendant toute l ann e
331. l of the Experimental Analysis of Behavior vol 17 1 15 22 Rachlin H amp Raineri A 1992 Irrationality Impulsiveness and Selfishness as Discount Reversal Effects in Choice over Time Loewenstein G amp Elster Jon dir New York Russell Sage 93 118 Rachlin H 2006 Notes on discounting Journal of the Experimental Analysis of Behavior 85 3 425 35 Rawls John 1973 1987 Th orie de la justice Paris Seuil Rizzolatti G Folgassi L amp Gallese V 2007 Les neurones miroirs Pour la Science 44 9 Rorty Amelie 1980 Where Does the Akratic Break Take Place Australasian Journal of Philosophy vol 58 333 47 Ross William David 2002 The Right and the Good Oxford Oxford University Press Ryle Gilbert 1949 Concept of Mind Londres Hutchinson Saarinen Risto 1994 Weakness of Will in Mediaval Thought From Augustine to Buridan New York E J Brill Samuelson Paul A 1938 A note on the pure theory of consumer s behavior Economica vol 5 17 61 71 Seligman M E P amp Csikszentmihalyi M 2000 Positive psychology An introduction American Psychologist vol 55 5 14 Sellar Wilfrid 1963 Some Reflexions on Language Games in Science Perception and Reality Londres Routledge amp Kegan Paul Sen Amatya 1993 thique et conomie Paris PUF Sen Amatya 2005 Rationalit et libert en conomie Paris Odile Jacob Shaf
332. l se heurte cependant une difficult importante Il semble qu il y ait des choses qu on doive valoriser pour elles m mes et qui doivent faire l objet d aucun compromis avec d autres valeurs le bien tre le bonheur la joie la satisfaction la pl nitude ou le contentement Notre sensibilit l gard de la condition affective d autrui est une condition minimale pour avoir des attitudes morales C est pourquoi l analyse des arguments voqu s dans une discussion morale tend montrer que les agents moraux partagent une sorte de bottom rock normatif indiscutable comme l id e qu on doive valoriser le bien tre individuel et collectif lorsque vient le temps de promouvoir ou de d fendre des institutions et des modes de vie Ces normes de base n ont pas d ant c dents cognitifs mais sont enracin es dans une disposition affective de nature altruiste Bien que cela reste encore d battu parmi les sp cialistes de biologie volutionniste il semble que m me dans sa forme minimale qui consiste en une non indiff rence l gard de la souffrance d autrui une disposition altruiste est une condition n cessaire aux comportements moraux authentiques full fledged Les agents qui n ont pas cette sensibilit minimale restent imperm ables aux arguments moraux Si ces agents prouvent en plus un irr pressible plaisir dominer compl tement autrui ils risquent d adopter des comportements psychopa
333. la caract risation de la faiblesse de volont 2 La possibilit et le co t de r vision Si l on accepte la description que je viens de donner des allocations intertemporelles il va sans dire qu elles ne sont pas des d cisions in luctables et elles peuvent dans certaines situations tre modifi es a posteriori Si je prends une d cision d allocation celle ci engendrera causalement des cons quences pour moi m me Certaines de ces cons quences sont in luctables alors que d autres peuvent tre limit es ou accentu es par ma propre intervention ou par une intervention ext rieure Contracter une hypoth que pour l achat d une propri t immobili re engendre dans le monde ext rieur des attentes de paiements l galement contraignantes et des risques de saisies ou de d valuation d une cote de cr dit Une fois que la transaction et l hypoth que sont officiellement cautionn es par les parties dans le cabinet d un notaire ces cons quences sont automatiquement engendr es si personne ne fait rien pour qu il en soit 219 autrement Sans pouvoir revenir comme tel sur ma d cision je peux n anmoins sous certaines conditions revoir la distribution des charges et m entendre avec mon institution financi re concernant les modalit s de paiement Je peux a la rigueur revendre la propri t si je juge que ces paiements repr sentent finalement un fardeau trop grand Mais il y a toujours un co t pour parer aux cons quenc
334. la personne D s lors que nous apprenons marcher ou attacher nos lacets nous n avons plus besoin de prendre toute une s rie de d cisions ponctuant chacune des tapes de ces activit s Par exemple dans le cas des lacets pr sent que je sais comment proc der je n ai plus me demander si je dois commencer par le bout droit du lacet ou par celui de gauche ce que je dois en faire et une fois termin avec le premier ce que je dois faire avec l autre etc la rigueur tout ce dont je dois me demander est si je devrais faire une boucle simple ou double pour plus de solidit parce que je compte aller faire une randonn e en montagne Aussi la plupart des choses que nous faisons dans une journ e sont pilot es par un syst me automatique Mais il arrive des situations ou ce syst me n est pas tr s efficace et si nous continuons nous fier lui nous courons tout droit la catastrophe Les parents apprennent leurs enfants toujours regarder de chaque c t de la rue avant de traverser parce qu ils savent que les enfants sont tr s impulsifs et qu ils ont du mal engager un processus d cisionnel Or leur impulsivit les pousse souvent prendre des risques importants risques qu ils pourraient pourtant viter facilement Aussi on inculque aux enfants inhiber leur syst me automatique au moyen d une sorte de dispositif de contr le de soi dont le si ge est situ en bonne partie dans le cortex pr front
335. la repr sente pour ma sant Il est clair ici que je prends la d cision de r viser mon intention Par contre on peut tout fait agir l encontre d une intention comme une politique individuelle sans l annuler pour autant La diff rence entre r viser ou annuler une intention et la faiblesse de volont est analogue la diff rence qu il y a entre l abrogation d une loi gouvernementale et la d sob issance des citoyens l gard d une loi encore en vigueur Aussi pour Dodd un agent vit un pisode de faiblesse de la volont si et seulement s il viole une intention ou d sob it un plan ou une r solution et non s il l a r vise Il n est toutefois pas toujours ais de distinguer ces deux types de cas Les intentions ne sont pas toujours clairement explicites et l agent n en a pas toujours conscience La pr sence de regrets subs quents peut tre un indice utile pour faire un diagnostic de d sob issance Si je prends la r solution d arr ter de fumer partir de demain mais que vous m observiez succomber la tentation une semaine plus tard vous allez suspecter un pisode de faiblesse de volont Si je regrette am rement mon cart de conduite ensuite vous aurez alors une bonne raison de croire que je n ai pas r vis ma r solution avant de fumer que celle ci est toujours en vigueur et non que j ai form une nouvelle r solution Cela n emp che pas cependant qu au moment de ma
336. le avec le fait que j ai une pr f rence pour le g teau au fromage Mon choix refl te t il une pr f rence de nature altruiste ou une pr f rence alimentaire Il faudrait examiner d autres choix qui impliquent des desserts sucr s pour Les auteurs mettent en relief pour la premi re fois les capacit s d attribution d tats mentaux des autistes en les contrastant avec ceux des enfants normaux et des enfants trisomiques notamment sur l attribution de croyances fausses partir du test Sally Anne En fait ces deux ventualit s ne sont pas incompatibles Je peux avoir ces deux types de pr f rences Mais si l on veut expliquer pourquoi j ai choisi la tarte on doit identifier a raison qui m a motiv e faire ce choix soit la raison qui avait le plus de poids dans ma d lib ration ou celle qui ferait hypoth tiquement la diff rence dans des situations du m me type Certaines cons quences des d cisions des agents peuvent tre pr vues et m me voulues par eux sans qu on puisse en inf rer que ces cons quences constituent la raison qui explique pourquoi les agents ont pris telle ou telle d cision Je peux par exemple savoir que si je me rends au salon de coiffure j aurai droit aux derniers potins sur la vie des vedettes hollywoodiennes et souhaiter que cela arrive Mais cela n explique pas le choix de me rendre au salon Je peux m y rendre parce que veux que mes cheveux soient coup s 93 pouvoir identif
337. le bain au chat mais il est dans l esprit de cette d cision que je m abstiendrais de le faire si un h ron passe au dessus de notre maison 195 8 1 2 R viser une intention une conception normative Les caract res stables et contr lants des intentions plans et r solutions permettent Holton de formuler une conception originale de la faiblesse de volont Pour Holton a person exhibits weakness of will when they revise their intention in circumstances in which they should not have revised it This should is not meant in a moral sense Rather it is the should which is generated by the norms of the skill of managing one s intentions A person is weak willed if they revise their intention too readily 1999 247 La stabilit et le contr le des intentions sont n cessaires pour atteindre des objectifs indirects ou plus ou moins long terme Sinon l instabilit dynamique de nos pr f rences nous en d tournerait trop facilement Or cette stabilit et ce contr le ne doivent pas videmment d g n rer chez les agents dans une forme d obstination L obstination est une attitude irrationnelle et les agents le savent Aussi ils se donnent habituellement le droit de r viser leurs intentions ou octroie ce droit aux autres en cas d impr vus ou de modification importante des situations On peut r viser une intention un plan ou une r solution pour de bonnes raisons Si je prends la d
338. le dos venant d un ami Les agents rationnels utilisent des heuristiques tant pour faire des choix importants que des choix triviaux L nonc 4 est erron parce que paradoxalement il peut tre judicieux d ignorer des informations qui n cessiteraient une computation complexe susceptible de saper encore une fois la robustesse des r sultats Les comportements d investissement illustrent bien ce point L conomiste Harry Markowitz a obtenu le Prix Nobel pour ses travaux sur les allocations optimales des placements entre diff rents fonds Il en est venu la conclusion qu il est dans bon nombre de situations statistiquement avantageux pour un investisseur d allouer tout simplement ses capitaux galement entre ses fonds sans gard pour les perspectives diff rentes qu offrent ces fonds 7 2 2 La rationalit cologique Comme je l ai mentionn les recherches actuelles tendent montrer que la justesse voire la sup riorit des heuristiques sur les proc dures d optimisation r side en partie dans la structure des probl mes que celles ci visent solutionner Aussi le fait qu une heuristique soit adapt e son probl me peut prendre plusieurs formes Une de ces formes consiste pour un agent qui utilise l heuristique appropri e faire faire la plus grande partie du travail 77 Comment par Gigerenzer 2008 8 9 166 computationnel par l environnement lui m me avant de le trai
339. le dt 165 vii 7 2 3 Maximisation sous contrainte une avenue praticable cceccccessceeeeseneeeeeeeeeeeseneeeeeseeeeens 169 7 2 4 La maximisation COMME ST D c ccesecccsscccsseceseeeeseeessseecsaeecscecsseecssaeessaeecsaeecseesenaeeesaeeseeeseaeeesn 170 7 3 Cons quences pour la conception Standard cccccssccccessseeeeeseneeeeseneeeeseeteeeeessteeesseaas 174 7 3 1 De la stricte akrasie sans meilleur jugement 175 7 3 2 Des jugements plus ad quats comme point de r f rence dans la stricte akrasie eee 179 7 3 2 1 Double processus conflit interne et cons quence paradoxale de l usage de proc dures de maximisation NOM adapt e Si nue store cous Ponte see s ane sr E de see E de dns sesadechdevssesddesbseedduaddevecdelcedsaueduesddecsdaaedestaeeseaes 180 7 3 3 Heuristiques et construction des pr f rences 183 P LOEO EEE aveaiiess radian aa icine aden eae 185 8 Actions planifi es et bris de r solution la clef pour comprendre la faiblesse de volont GIACITONIGUC Lust ati il ride nat 188 8 1 Lasth orie d Richard Holtoni sssssss sente peste en she tte ten nm Lots t te tre tt en ns Edo Rte ete Ut tt non te 188 8 1 1 Intentions plans et r solutions o 2 s ccsscceeecsazsceeesusceccdsiceevessaceeveciacesversacesveseuses ereicesuezsieeeseeeneeevece 189 8 1 1 1 La nature des intentions selon Bratman 191 8 1 2 R viser une intention une conception Normative
340. le est trop restrictive pour d autres Par exemple beaucoup de femmes enceintes souhaitent viter l pidurale afin d obtenir un accouchement le plus naturel possible Seulement la plupart d entre elles se rebiffent lorsque la douleur des contractions devient aigu Certaines d entre elles le regrettent m me apr s lorsqu elles r int grent leur tat plus froid Doit on consid rer leur d sir d obtenir une injection contre la douleur comme irrationnel parce qu il ne passe pas le test du cool moment Gardez la t te froide rel ve plut t d une injonction utile dans nombre de situations qu une propri t constitutive du comportement rationnel 54 non pas le sujet pensant S il s agit d motions agr ables nous les ressentons comme un luxe si elles sont d sagr ables nous les endurons comme des perturbations non souhait es 1995 79 Damasio en est venu la conclusion que les motions constituent des l ments essentiels la prise de d cisions dans un nombre consid rable de situations en tudiant le cas d Elliot Elliot est un patient dont une tumeur canc reuse a comprim et d truit une partie du cerveau mais fut extraite avec succ s Les proches d Elliot observ rent alors un changement radical de personnalit Auparavant homme d affaires comp tent et consciencieux Elliot se mit prendre des risques inconsid r s en s associant avec des personnes douteuses pou
341. le futur les agents akratiques s exposent plus qu il ne le faut l chec Ils n atteignent pas ou difficilement leur objectif long terme et en particulier quand ces objectifs impliquent la r alisation de t ches ennuyeuses d plaisantes ou carr ment douloureuses ce qui est d plaisant faire mais dont on aime le r sultat En dehors des interf rences ext rieures les raisons qui motivent les agents adopter des comportements akratiques constituent le principal cueil pour l action planifi e Dans un article c l bre l conomiste R H Strotz 1955 avait d j mis en relief le fait que les pr f rences temporelles sont une source d inconsistances qui met en p ril la r alisation de plans rationnels Il offre en fait une d monstration technique de l cueil que Bratman et Holton voient dans la faiblesse de volont pour la planification rationnelle Or le caract re irrationnel de la faiblesse de volont ne se limite pas au fait qu elle constitue un obstacle important pour la r alisation de nos plans Faire des choix qui refl tent une d valuation du futur alt re d une mani re g n rale nos conditions de vie et plus sp cifiquement les conditions qui nous permettent d atteindre nos objectifs Les travaux fondateurs de Walter Mischel dans les ann es 1970 document rent des observations sur des enfants auxquels on offrait deux guimauves apr s un d lai d attente si et seulement s ils r sis
342. les acceptent l id e que des tats h doniques sont l horizon ultime de nos choix mais que la qualit de d lib ration ou de la r flexion peut tout de 75 m me faire la difference Dawes amp Hastie 2010 Je ne discuterai pas ici davantage des m rites de l approche h donique ou saveur h donique de la motivation Comme je Pai mentionn dans le 1 chapitre assigner des poids des pr f rences est un processus lui m me d termin par des poids Ce que je veux mettre en relief ici est le fait qu une d finition standard de la stricte akrasie doit tre suffisamment neutre pour tre interpr table dans le paradigme des deux traditions de la motivation m me si la tradition h donique est conceptuellement et empiriquement sup rieure En fait si les agents n agissent pas ou ne d cident pas par jugements consid rations cognitives mais par pr f rences consid rations d sid ratives alors la stricte akrasie telle que d crite par la conception Standard ne pose aucun probl me th orique comme les d cisions sont motiv es par autres choses que des jugements il n est pas paradoxal que les agents d cident l encontre En revanche si l on substitue dans la d finition Standard la clause pr f re que juge que et qu on pr tend que les agents choisissent par pr f rence alors la stricte akrasie garde son caract re paradoxal Dans les deux cas cependant on a affai
343. les comportements relevant de la stricte akrasie par des soubresauts motionnels par des penchants d sirants par des convoitises par des aspirations exaltantes ou m me par quelques autres motions cependant plus tranquilles et lancinantes Nous pouvons semble t il vivre des pisodes de faiblesse de volont alors que r r j 3 24 nous sommes dans des tats d pourvus d motions Cette critique d Aristote n est cependant pas aussi solide qu il y para t On a au moins deux raisons de penser que la critique de Davidson n est pas concluante La premi re porte sur la fiabilit des rapports conscients que les agents font l gard de la r alisation en eux d une motion La seconde porte sur l apport des motions dans l orientation de l attention 1 Les rapports en premi re personne d une exp rience motionnelle peuvent faire l objet de plusieurs erreurs La plus recens e dans la litt rature de psychologie exp rimentale est l erreur d attribution causale et d interpr tation Nisbett amp Wilson 1977 Murphy amp Zajonc 1991 Mais l tat des recherches r centes en psychologie et en neurologie atteste Jon Elster critique galement la th orie motiviste de l akrasie Selon lui le ph nom ne de la dynamique des pr f rences temporelles et l escompte hyperbolique du futur sont des contre exemples suffisamment convaincants pour discr diter cette th orie du moins dans sa pr te
344. lesse de volont appara t si paradoxale ce n est pas tant qu elle Il y a videmment des variations entre les th ories sur la port e et l interpr tation correcte donner cette hypoth se Dans les th ories conomiques modernes ce qui est maximis est la satisfaction des d sirs et des pr f rences peu importe le fait que cette satisfaction procure l agent ou aux autres une exp rience h donique positive C est ce que Kahneman appelle l utilit de d cision decision utility C est une conception plut t formelle et empiriquement pauvre de la notion d utilit Cela contraste avec les conceptions substantielles comme celle de Bentham notamment qui fait une large place l anticipation d tat h donique futur au sein de l espace motivationnel de l agent C est ce que Kahneman appelle l utilit h donique hedonic utiliy C est ce genre de conception qu on retrouve actuellement dans le programme de psychologie positive initi par Selligman et Csikszentmihalyi 2000 qui est un programme de recherche sur les causes du bonheur Sur la port e de l hypoth se de maximisation certains prouvent des r serves l id e d en faire une condition de la rationalit parce que cela peut aller l encontre des principes moraux qui doivent orienter nos conduites On peut consid rer que les principes moraux sont des pr f rences pour des moyens disponibles et que l agent
345. leur h donique positive qui d choit 229 en d plaisir en raison du regret subs quent de ne pas avoir choisi le gain plus grand alors le profil h donique correspondra comme tel a A figure 2 C est pour ces raisons qu on peut je pense consid rer que les choix d allocations typiques auxquels fait face l agent akratique pr sentent des profils h doniques sch matis s dans les figures 2 4 Dans quelle mesure il existe des contextes de choix temporels qui pr sentent des alternatives de purs gains ou de pures pertes est une question empirique pour laquelle il est difficile de fournir une r ponse Le simple fait que les agents puissent se rem morer des choix pass s et ressentir des regrets a leur gard brouille certainement les cartes Que cela existe et soit r pandu ou non l important se situe dans le fait qu un agent qui vit un pisode de faiblesse de volont opte pour une allocation qui concentre ses b n fices a l int rieur d un horizon de court terme et d laie la majeure partie de ces co ts au del de cet horizon Ceci je pense permet d expliquer les deux cat gories fondamentales de la faiblesse de volont a savoir l impatience et la procrastination On est impatient lorsqu on d cide de faire quelque chose qu on aurait pourtant avantage a reporter dans le temps La procrastination est premi re vue un ph nom ne inverse Elle consiste rapporter dans le temps quelque chose qu on pou
346. lhouette Comme je l ai mentionn au chapitre 6 rien ne permet d exclure a priori que des d cisions akratiques puissent relever d une maximisation du bien tre en bonne et due forme Le profil h donique d une d cision akratique peut tre optimal si celle ci a peu ou pas d impact r siduel Comme Elster l a d j fait remarquer cet gard certaines d cisions akratiques posent un probl me analogue pour toute th orie de la rationalit pratique au fameux paradoxe du vote Elster 1989 Il est difficile d expliquer pourquoi les citoyens pris individuellement se d placent pour voter alors qu ils savent que leur vote ne changera pas l issue du scrutin Du moins il est difficile de l expliquer dans un cadre cons quentialiste Beaucoup de th oriciens ont voulu relever le d fi que pose ce paradoxe pour le cons quentialisme Ce n est pas le lieu pour discuter de ces r ponses Un auteur comme Boudon les a justement critiqu es et en est venu la conclusion que le paradoxe du vote d montre clairement que le 105 Point que j ai voqu et expos un peu plus en d tail au chapitre 7 232 cons quentialisme est erron Boudon 1999 2003 Est ce que cela d ment notre proposition selon laquelle les d cisions akratiques pr sentent typiquement un profil exp rientiel d croissant ou potentiellement d croissant La distribution des cons quences et leur profil h donique demeurent une caract ristique ce
347. lit froide nous permet de distinguer les faux positifs des faux n gatifs mais il reste statistiquement avantageux dans des situations o nous devons r agir rapidement des sources potentielles de dangers d orienter notre action en fonction de faux n gatifs que de faux positifs Cet argument permet il de pr server le mod le vulcain En un sens oui Mais dans une version plus faible Un agent rationnel pourrait se guider en fonction d motions m me fortes dans certaines situations d urgence mais il devra valuer post facto son choix par l exercice de sa froide raison Cette version correspond ce que Bernard Gert a appel la cool moment theory une hypoth se normative pour valuer les d sirs en g n ral et pas seulement ceux motivant la prise de d cision en situation d urgence 1988 42 44 La th orie du cool moment stipule qu un d sir est irrationnel si et seulement si sa satisfaction implique la frustration de d sirs qui dans un moment de d lib ration froide sont jug s plus importants Aussi s il est irrationnel d adopter des comportements akratiques c est que ces comportements satisfont des d sirs qui sont jug s dans des moments froids moins importants que les d sirs dont ils impliquent la frustration Gert critique cette hypoth se normative parce que selon lui elle ne permet pas de consid rer comme irrationnels certains d sirs qui sont pourtant clairement irrationnels comme le sou
348. lle contamine les conditions g n rales n cessaires la poursuite d objectifs quels qu ils soient Si notre sant par exemple est alt r e par des comportements impatients et procrastinateurs nous aurons beaucoup plus de mal atteindre nos objectifs de vie peu importe la nature de ces derniers Cela dit les raisons que je viens de mentionner sont tr s g n rales mais somme toute assez vagues Est ce qu on pourrait l occasion choisir de mani re rationnelle des allocations en fonction d une pr f rence temporelle d crite par un escompte hyperbolique Si cela s av rait tre le cas alors la CIT serait incompl te dans la mesure o nous avons de bonnes raisons de croire que la faiblesse de volont est le paradigme de l irrationalit pratique Mais je ne pense pas que ce soit le cas Cependant pour montrer que la faiblesse de volont est toujours irrationnelle il faut je pense montrer pourquoi on doit estimer qu un agent 8 Te suis conscient que ce point ne fait cependant pas l objet d un consensus parmi les philosophes Certains th oriciens comme Ogien 2003 et McIntyre 1990 estiment qu il peut tre rationnel de se comporter dans certaines circonstances de mani re akratique Mais ces auteurs supposent que la conception Standard est correcte et d crit la plupart des cas de faiblesse de volont En fait des conceptions purement descriptives comme la conception standard de la stricte akrasie ou
349. lleur choix les agents peuvent liminer les options l aide d un attribut saillant S il reste des options en lice apr s l agent peut utiliser un autre aspect saillant et r p ter les phases d limination jusqu ce qu il ne reste qu une option en lice laquelle sera s lectionn e Cette proc dure d cisionnelle initialement d crite par le prix Nobel Amos Tverski 1972 est largement utilis e dans la vie de tous les jours On s en sert par exemple pour attribuer une charge d enseignement dans une institution scolaire Le bureau des ressources humaines op re un premier tri des candidats en liminant les CV de candidats qui ne poss dent pas le bagage acad mique requis Puis si la quantit de candidats permet une marge de man uvre importante le bureau limine ensuite les candidats qui n ont pas d exp rience de travail dans le domaine de l enseignement Les autres candidats sont convoqu s pour une entrevue On limine ensuite les candidats qui semblent ne pas s tre suffisamment pr par s puis les candidats qui ne semblent pas capter suffisamment l attention de leur auditoire S il en reste plusieurs en lice apr s ces phases successives d limination on limine ceux qui manquent d entregent et semblent susceptibles de s isoler ou d entretenir des conflits avec leurs coll gues 151 Dans un processus d embauche l ordre des crit res d limination n est pas arbitraire Il peu
350. llumaient en m me temps et signalaient qu une certaine quantit de nourriture devenait disponible en un simple coup de bec Lorsque l indicateur rouge s allumait le pigeon n avait qu piquer le levier pour obtenir imm diatement une quantit de nourriture pendant 2 secondes Lorsque l indicateur vert s allumait une plus grande quantit de nourriture devenait disponible pendant 4 secondes mais n cessitait un temps d attente de 4 secondes Apr s avoir essay successivement les deux alternatives les pigeons marquaient une nette pr f rence pour la r compense imm diate en d pit du fait qu elle est deux fois plus petite Les pigeons manquent cet gard de contr le de soi Rachlin et Green ont ensuite modifi les conditions de l exp rience Les pigeons impatients devaient maintenant se contenter d appuyer sur le levier qui offre une grande r compense parce que seul l indicateur vert s allumait r p tition pendant une p riode plus ou moins longue Les pigeons apprenaient de cette mani re devenir plus patients Mais la variante la plus significative de l exp rience et celle qui fit couler le plus d encre est celle qui consistait varier les d lais respectifs des r compenses Les chercheurs se sont rendu compte qu en ajoutant un d lai d attente toujours plus grand avant que les indicateurs s allument on pouvait observer un renversement de pr f rence chez les pigeons Plus le
351. logue Ronald de Sousa sugg re d appeler Principe de Phil be la maxime pratique qui veut que lorsque nous nous appr tons faire un choix dont les consid rations h doniques priment nous devons nous assurer que le plaisir d anticipation soit toujours proportionnel au plaisir anticip De Sousa 2000 De Sousa fait des plaisirs d anticipation des sortes de m ta motions qui portent sur d autres plaisirs Cependant il semble que Platon ne va pas jusque l et se contenterait plut t d affirmer que les faux plaisirs sont des opinions que l agent akratique entretient pr sentement sur des plaisirs escompt s D ailleurs Platon n examine pas dans ce dialogue l hypoth se d une confusion de l agent akratique qui prendrait ses plaisirs anticipant pour des plaisirs anticip s au moment o il choisit une ligne de conduite d savantageuse La cause semble r sider exclusivement dans l estimation erron e de l intensit et de la qualit des tats h doniques futurs Ce qui reste tout fait conforme son intellectualisme motivationnel 2 1 1 2 Que penser du cognitivisme motivationnel Il est naturel de penser que le cognitivisme motivationnel de Platon est pour l essentiel calqu sur sa conception du jugement moral Les agents font des choix irrationnels pour les m mes raisons qu ils errent au niveau moral Il n a donc qu en partie d gager la faiblesse de volont de la perspective morale Dans tous les cas l
352. lques unes de ces intuitions D ailleurs les r centes d couvertes et r sultats exp rimentaux en neurologie science cognitive psychologie de la motivation th orie de la d cision et conomie comportementale jettent une lumi re nouvelle sur le ph nom ne qui ne cadre pas toujours bien avec nos intuitions les plus fortes Aussi ma d marche sera en partie guid e par des intuitions qui sont jusqu preuve du contraire suffisamment robustes et par des r sultats exp rimentaux Les strat gies de contr le de soi que les personnes mettent en place pour eux m mes ou que les professionnels prescrivent sont galement de pr cieuses sources d informations Les strat gies qui obtiennent un taux de r ussite important de m me que celles qui impliquent syst matiquement un chec nous aident dresser un portrait des difficult s motivationnelles de l agent akratique m me si elles sont labor es de mani re intuitive 9 14 Aussi je ferai r f rence en de multiples occasions a ces strat gies autant pour critiquer des positions que pour en appuyer Du point de vue th orique ma d marche sera guid e par des mod les conceptuels des processus d cisionnels r alistes et suffisamment riches pour rendre compte de d tails signifiants Mettre profit des r sultats exp rimentaux pour s lectionner les bons mod les n est pas une t che ais e Le ph nom ne de la faiblesse de volont a t l objet d une qua
353. ls devraient faire x et rapportent en fait verbalement ce sentiment mais sans plus ou e vivent une sorte de division de leur moi dont une partie les pousse a s engager dans une ligne de conduite qu ils jugent mauvaise ou f ne r alisent pas vraiment la port e de leur affirmation notamment concernant l application de cette affirmation leur propre cas comme chez Aristote Une analyse fine des cas putatifs de stricte akrasie comme celles qu on retrouve dans les ceuvres litt raires de Balzac et de Proust devrait r v ler si on en croit Hare qu ils rel vent individuellement de l une ou l autre de ces possibilit s Cela m nage en partie nos intuitions que nous interpr tons spontan ment comme des intuitions portant sur des cas r els de stricte akrasie C est un avantage important de la conception de la motivation de Hare Toutefois isoler et d crire ces possibilit s ne milite pas vraiment en faveur de l hypoth se internaliste Leurs existences restent compatibles avec une position externaliste En fait l argument principal qu labore Hare en faveur de l internalisme est une sorte de preuve par l absurde Hare avance que nous ne pouvons pas souscrire l externalisme parce qu il implique des choses que nous ne pouvons pas accepter parce que cela va l encontre de nos intuitions les plus fortes l gard de la motivation Selon Hare l externalisme est une position err
354. lsivit rel veraient typiquement d un probl me de s lection des alternatives Ce serait galement le cas de l ind cision d coulant d une ambivalence l ambivalence tant la difficult de trancher entre deux options galement attrayantes mais pour des raisons diff rences Mele appelle last ditch akrasia certaines difficult s ex cuter une action post d cisionnelle Cela peut relever d un probl me moteur sur inhibition ou sous inhibition ou d une difficult maintenir suffisamment son attention sur l objectif et ses tapes de r alisation On a affaire alors des formes d apathie ou de suractivit motrice Tous les probl mes mentionn s peuvent tre la source de cas d akrasie Par fiat d cisionnel on peut par contre stipuler que ces cas ne rel vent pas de la stricte akrasie mais sont des instances de faiblesse de volont dans un sens plus g n ral Dans ce cas le d bat internaliste externaliste devient par contre moins central dans le traitement th orique du probl me de la faiblesse de volont 6 2 3 Quelques probl mes avec la notion de jugement inconditionnel de Davidson Comme il a donn lieu une panoplie de commentaires et de critiques depuis sa publication on peut dire que l article de Davidson est une r f rence pour n importe quel philosophe qui aborde le probl me de la faiblesse de volont Mais malgr ses qualit s je ne suis pas s r qu il pr sente le
355. lusion Une conception g n rale plus r aliste et riche de la motivation a besoin de d crire ce qui se passe en amont des d cisions avec des clefs vari es et pas uniquement les choix des agents Adh rer l hypoth se de la maximisation implique que si nous devons voir les pr f rences seulement la surface des d cisions alors nous devons exclure l existence de cas de stricte akrasie tels que d crits par CSE Or voir les pr f rences la surface des d cisions pose gt En conomie comportementale ce ph nom ne est d crit comme un cas de dominance asym trique qui viole l axiome de l ind pendance des options Pour le premier groupe la premi re option avait la pr f rence de 16 personnes la seconde aucune tandis que la troisi me tait pr f r e par 84 personnes Pour le second groupe la premi re option tait pr f r e par 68 personnes tandis que la troisi me ne l tait que par 32 personnes 98 tant de probl mes que cela ne peut pas constituer une bonne raison d tre sceptique l gard de la stricte akrasie Une position sceptique ou non sceptique plus robuste doit reposer sur une conception beaucoup plus riche de la motivation et des processus d cisionnels S il existe un probl me de stricte akrasie celui ci devrait hypoth tiquement tre situ en amont de la d cision quelque part dans le processus de comparaison des alternatives Or la th orie des pr f rences r v l es
356. lusion de proc dures d cisionnelles et de consid rations normatives vari es dans notre arsenal explicatif affaiblit ce caract re 150 choix nous ne pouvons satisfier en les appliquant directement aux options examin es Nous devons observer une tape interm diaire soit laborer un seuil partir de ces crit res Cette proc dure conjonctive est extr mement r pandue Elle pilote beaucoup de choix allant du choix d un conjoint lachat d une maison D ailleurs elle ne concerne pas seulement le domaine des d cisions pratiques mais galement th oriques En effet on peut choisir une hypoth se ou une avenue th orique satisfaisante sans examiner l ensemble des avenues disponibles Par exemple les enqu teurs qui doivent r soudre une s rie de crimes graves dirigeront leurs efforts d investigation sur le premier individu qui leur semble suspect Ils concentreront leurs efforts dans l examen de la premi re hypoth se qui leur appara t satisfaisante avec des crit res de choix comme l ant c dent judiciaire du pr venu son int r t marqu dans la perp tuation du crime le dernier contact avec les victimes etc 7 1 1 2 limination par attribut et autres m thodes lexicographiques Un agent peut galement utiliser un seuil non pas pour s lectionner un choix mais pour en liminer un d faut d avoir rapidement et peu de frais acc s l ensemble des informations n cessaires pour effectuer le mei
357. m canismes de contr le de soi et de l absence de tels m canismes 252 10 1 2 2 Comment expliquer que les agents escomptent hyperboliquement le futur Bien que repr sentant une d couverte importante l escompte hyperbolique ne constitue pas comme telle une explication des cas de faiblesse de volont Il s agit plut t d une description dynamique obtenue en comparant les attitudes prospectives a l gard des v nements qui se rapprochent dans le temps et synth tique sans donner de d tails sur les motifs sous jacents des raisons qui motivent les agents choisir certaines allocations globalement moins avantageuses Une analyse des raisons qui motivent les agents a d valuer le futur comme ils le font lorsqu ils l escomptent hyperboliquement devrait r v ler les motivations fondamentales a prendre des d cisions akratiques Cela nous am ne poser deux questions a pourquoi les agents akratiques d valuent le futur et b pourquoi ils le d valuent de mani re hyperbolique a En fait on peut identifier plusieurs motifs de nature h t rog ne pour d valuer le futur et opter pour une allocation au profil d croissant alors que des allocations moins d croissantes homog nes ou croissantes sont disponibles La plupart de ces motifs n ont intuitivement rien voir avec la faiblesse de volont et constituent m me l occasion de tr s bonnes raisons pour faire des choix Examinons quelques unes de ces
358. m me niveau d int r t pour les psychologues et les th oriciens de la d cision Je pense qu on peut adresser Davidson un certain nombre de critiques et de remarques qui relativisent consid rablement sa contribution Il semble en premier lieu que la solution de Davidson laisse compl tement intact le probl me de la stricte akrasie Comme l on fait remarquer Bratman 1979 et Mele 1987 beaucoup de cas de faiblesse de volont impliquent des agents qui semble t il d cident l encontre non seulement de leur meilleur jugement mais de leur jugement pr f rentiel inconditionnel Par exemple les fumeurs qui souhaitent se d partir de leur mauvaise habitude sans en tre capables n estiment pas seulement qu il est pr f rable toutes choses consid r es de ne pas fumer mais qu il est pr f rable tout court de ne pas fumer Ce point ne doit pas faire l objet d une critique si cette critique pr suppose comme elle semble le faire que la stricte akrasie est un ph nom ne r el et non pas l objet du litige Nous avons des intuitions vagues selon lesquelles la stricte akrasie existerait Mais nous ne pouvons pas 130 faire une critique substantielle de la position de Davidson sous le pr texte que la conception qu il d fend de la nature de la d lib ration est incompatible avec ces intuitions car nous risquerions alors de nous voir accuser de faire une p tition de principe Par contre nous avons des raisons d
359. m me que celle de Platon Les consid rations affectives ne doivent motiver les d cisions que dans la mesure o elles s accordent avec les orientations g n rales de la froide raison Elles facilitent la r alisation d actions rationnelles dans le meilleur des cas mais l entravent dans beaucoup d autres Aussi pour Aristote les pisodes de faiblesse de volont sont largement explicables par l intrusion d motions inappropri es dans le raisonnement pratique Sans adh rer pour autant au cognitivisme motivationnel Aristote reste conforme certaines propositions platoniciennes notamment celles qui conf rent la raison la t che d attribuer des poids aux diverses motivations en fonction de leur importance relative r elle ce titre la conception aristot licienne de la motivation pr te le flanc aux m mes critiques que celles de Platon assigner des poids des d sirs et des motions est galement d termin par des poids issus de d sirs et d motions M me si un raisonnement d passionn peut arriver au m me r sultat qu un raisonnement passionn Je peux avoir des raisons vari es et pertinentes d accepter une loi en faveur de la peine de mort ou de ressentir de la col re suscit e par l examen sommaire d un cas d homicide volontaire Par contre comme le fait remarquer Elster il semble y avoir des motions plus compatibles que d autres avec le calcul rationnel La col re obscurcie plus
360. ma typique de l appel l expertise tel qu on l enseigne dans les coll ges Il existe galement une autre proc dure discriminante qui consiste non pas liminer successivement des options mais les s lectionner sur la base d un seul attribut la fois C est la proc dure appel e Take the best par Peter Todd Gerd Gigerenzer et les membres de ABC group de l Institut Max Planck Take the best consiste tenter de s lectionner l option choisir l aide de l attribut le plus appropri ou cologiquement valide selon ces auteurs et de passer ensuite au second meilleur attribut jusqu ce qu on r ussisse isoler une seule option laquelle sera choisie Cette proc dure est tr s utile par exemple dans le cas des paris sportifs Si vous deviez parier avec un ami f ru de hockey sur l issue d une partie vous maximiseriez vos chances si vous utilisiez l attribut du pointage pour s lectionner une quipe S il y a une diff rence de plus ou moins 10 points au classement en faveur d une quipe vous devez miser sur elle Si ce premier attribut ne vous permet pas de d partager les quipes alors vous devez mesurer le nombre de parties gagn es et perdues dans la s quence des 10 derni res parties 152 Si vous observez une diff rence de plus ou moins 2 points s lectionnez l quipe qui a fait mieux sinon passez au dernier attribut Choisissez l quipe qui joue domicile
361. me satisfier est une proc dure particuli rement adapt e aux environnements qui pr sentent aux agents des options nombreuses et qu ils ne peuvent qu examiner de mani re s rielle ex les biens de consommation pour lesquels il faut magasiner Si l environnement est en plus particuli rement instable satisfier devient une strat gie incontournable ex chercher une maison sur le march de l immobilier usag 78 Cette hypoth se fut initialement propos e illustr e et d fendue par Herbert Simon au cours des ann es 1950 Simon croyait que l efficacit d une r gle de d cision et de traitement de l information devait refl ter la structure de l environnement Aussi en examinant cette structure nous sommes en mesure d inf rer des caract ristiques fondamentales de l esprit des organismes qui ont du succ s dans cet environnement Par exemple si l on observe qu un organisme volue dans un environnement qui pr sente des sources de nourriture distribu es de mani re al atoire on peut en inf rer que l organisme suit galement une r gle al atoire de recherche nutritive Mais si son environnement comprend des sources constitu es en grappe mais distribu es al atoirement ses capacit s cognitives seront diff rentes Il utilisera initialement une r gle al atoire S il tombe sur une source de nourriture il passera une r gle qui lui commande de rechercher ensuite dans les zones adjacentes
362. ment la tradition philosophique que les agents akratiques sont logiquement incoh rents m me s ils sont clairement irrationnels En d veloppant sa conception du probl me de la faiblesse de volont Davidson tente de montrer qu on peut agir l encontre de son meilleur jugement sans commettre de faute logique Son argument est tr s sophistiqu mais lui permet d am nager une position th orique qui refl te un compromis entre l internalisme et l externalisme ce titre il vaut la peine qu on s y attarde En premier lieu Davidson soutient qu il est indubitable que les comportements akratiques existent Mais ce qui a pu faire croire leur inexistence est qu ils semblent incompatibles avec deux lois psychologiques tout aussi indubitables L Si un agent veut faire a plus qu il ne veut faire b et s il se croit libre de faire a ou b alors il fera intentionnellement a s il fait soit a soit b intentionnellement L Si un agent juge qu il serait meilleur de faire a que de faire b alors il veut faire a plus qu il ne veut faire b 123 Davidson ne nie pas la justesse de ces deux lois Le fait qu il souscrive L le range du c t des internalistes puisque cette loi tablit une connexion entre le meilleur jugement valuatif d un agent et sa motivation agir ou d cider d agir Mais comment un agent peut il alors aller a l encontre de son meilleur jugement La solution de Davidson pour co
363. ment et les co ts d opportunit rel vent du param tre motivationnel cognitif L aversion au risque le changement de go t et la capacit de jouissance rel vent des param tres d sid ratifs et affectifs Ces consid rations h t rog nes ne motivent pas toujours l agent faire des choix rationnels mais restent grosso modo conformes certains canons de la rationalit pratique ex toujours tenir compte de ses limites cognitives lorsque vient le temps de faire un choix qui implique des cons quences sur le long terme b D ailleurs ces consid rations peuvent expliquer pourquoi les agents peuvent d valuer le futur mais pas pourquoi ils le d valuent de mani re hyperbolique Elles n expliquent pas pourquoi l approche temporelle de cons quences est fortement corr l e avec une inflation croissante et non avec une inflation fixe Pour expliquer pourquoi les agents d valuent le futur de mani re hyperbolique beaucoup de th oriciens ont inf r l existence de pr f rences temporelles non d riv es pure time preference Si nous escomptons hyperboliquement le futur alors nous avons une aversion pour les d lais de gratification et ou une pr f rence pour les d lais de frustration au sein de notre espace motivationnel Aussi l l ment qui expliquerait l escompte hyperbolique r siderait dans notre param tre d sid ratif et non dans les param tres cognitifs affectifs ou normatifs de notre motivation Mai
364. ment pratique d inspiration aristot licienne parce qu il n int gre pas le concept de sc narios alternatifs Pour Jaakko Hintikka par exemple cela a des r percussions importantes pour le d bat sur l existence de la stricte akrasie En effet la stricte akrasie implique que les agents laborent mentalement au moins deux sc narios alternatifs dont l un est conforme la droite raison et l autre akratique Or s il n y a pas au d part simultan ment deux alternatives repr sent es mentalement alors il ne peut y avoir de stricte akrasie Hintikka 1973 Cela dit rien ne s oppose l id e d int grer des raisonnements moyen fin l int rieur d un sch me d lib ratif portant sur des alternatives C est d ailleurs ce que les agents font ne serait ce qu implicitement lorsqu ils d lib rent 5 1 2 1 Former un meilleur jugement ou une pr f rence synth tique compl te mode d emploi La tradition philosophique et la sagesse populaire voient dans le processus de d lib ration l une des expressions abouties de notre nature rationnelle La prudence veut que nous examinions l ensemble des sc narios praticables avant de faire un choix qui devrait au final refl ter une consid ration de tous les aspects pertinents de ceux ci Les d cisions rationnelles ne se prennent pas de mani re automatique mais sont cens es couronner un processus de d lib ration compl te Le r sultat d une d l
365. ments et offrait la place des strat gies d intervention psychologique directe utilis es sur une base volontaire ex essayer d viter de diriger son attention sur les points de vente de produits alcoolis s prendre des douches glac es pour renforcer sa volont se rappeler dans les moments cruciaux les inconv nients li s la surconsommation etc Les agents peuvent modifier volontairement leurs environnements physiques et sociaux de mani re a chafauder ad quatement leur volont Mais cela demande minimalement un diagnostic de ses propres probl mes de faiblesse de volont ainsi que de savoir comment laborer des chafaudages efficaces et identifier des strat gies suffisamment indirectes pour qu elles soient l int rieur de la port e de notre motivation Les in galit s dans l acc s aux chafaudages motivationnels posent galement un d fi politique La concentration de certains stimuli d l t res ex machine sous fast foods cotit prohibitif des aliments sains d labrement des infrastructures pr teurs sur gages boutiques insta meuble etc dans des quartiers d favoris s peuvent faire l objet de mesures cibl es Bien que de telles mesures doivent tre valu es en fonction de leur efficience elles doivent galement se justifier au niveau abstrait des principes sans quoi elles risquent d tre des mesures plus ou moins arbitraires a saveur paternaliste Une des pistes serait
366. mesure d inhiber leurs syst mes automatiques d ex cution de d cision il resterait beaucoup trop de contre exemples a la conception internaliste pour que celle ci soit viable 6 L internalisme et l externalisme In any moment of decision the best thing you can do is the right thing the next best thing is the wrong thing and the worst thing you can do is nothing Th odore Roosevelt 6 1 La connexion entre le meilleur jugement et la d cision Le d bat philosophique contemporain au sujet de l existence de la stricte akrasie tourne autour de la nature du lien entre le meilleur jugement de l agent et la d cision de s y conformer Bien que le d bat porte sur un probl me de motivation comme tel il a surtout eu lieu et continue ce jour de l tre dans le domaine de la th orie morale William 1979 1980 Korsgaard 1986 Railton 1986 Smith 1994 Les th ories morales ne sont pas toujours clairantes ce propos parce qu elles ont tendance traiter les consid rations normatives d ordre moral comme ayant un statut particulier au sein de l espace motivationnel de l agent En fait les discussions portent plus sur l internalisme normatif que motivationnel L internalisme motivationnel concerne la nature de l explication des d cisions r elles des agents alors que l internalisme normatif concerne la force motivationnelle des raisons que l agent devrait avoir Le d bat entre internali
367. met en question les choix collectifs en mettant en relief le fait qu ils ne sont pas de bons moyens pour atteindre le bien tre d au moins une partie de la population ou qu il existe des moyens plus appropri s On ne remet pas en question cependant l objectif d atteinte du bien tre social Cela n implique cependant pas que les soci t s gardent de facto toujours le cap sur cet objectif Celui ci peut tre oubli en cours de route souvent quand on met l emphase sur les moyens institutionnels plut t que les fins ou les indicateurs de bien tre ex le tout l conomie et l accroissement du PIB national Bien qu il soit commun ment admis que Platon d fendait une forme de cognitivisme moral il est plus difficile de savoir avec certitude s il loge la m me enseigne pour ce qui est de la motivation en g n ral Je pense qu il est assez naturel de penser que c est le cas et que sa conception du jugement pratique est une extension de la conception du jugement moral C est cependant une question technique d ex g se que je veux laisser ouverte aux fins de cet exercice Mais que doit on penser du cognitivisme motivationnel apparemment adopt par Platon Il y a tout lieu de croire que les difficult s que rencontre le cognitivisme moral sont aussi rencontr es par le cognitivisme motivationnel Les consid rations qui motivent en fin de compte les agents ne rel vent pas proprement parler de leurs cro
368. moins inconsciente et d ailleurs on serait bien en mal d expliciter ce processus qu on estime pourtant la base des d cisions rationnelles La description des raisonnements pratiques propos e par Aristote ne fournit qu une seule pi ce du puzzle d lib ratif En fait tout ce que le raisonnement pratique montre se r sume dans l id e que l on doit choisir en fonction d un quelconque but ou d une chose dont on souhaite viter la r alisation Aristote ne nous donne pas de clefs pour choisir entre des alternatives trangement une partie de la r ponse provient historiquement d une lettre que Benjamin Franklin adressa son neveu le chimiste Joseph Priestley Franklin explique comment on doit identifier le meilleur choix dans un probl me d cisionnel concret comme celui auquel Priestley tente de trouver une solution In the Affair of so much Importance to you wherein you ask my Advice I cannot for want of sufficient Premises advise you what to determine but if you please I will tell you how When these difficult Cases occur they are difficult chiefly because while we have them under Consideration all the Reasons pro and con are not present to the Mind at the same time but sometimes one Set present themselves and at other times another the first being out of Sight Hence the various Purposes or Inclinations that alternately prevail and the Uncertainty that perplexes us To get over this my Way is to
369. n Ils en conviendraient Si donc nous consid rions que l activit r ussie consistait choisir dans nos actions les grandes dimensions et d viter dans nos actions les petites dimensions qu est ce qui manifestement assurerait la sauvegarde de notre vie Est ce l art de la mesure ou la puissance de l apparence Ne faut il pas dire que celle ci nous garerait nous ferait souvent tout mettre sens dessus dessous nous conduirait nous repentir dans nos actions et dans nos choix du grand et du petit alors que l art de la mesure rendrait cette illusion sans force et en faisant conna tre le vrai prodiguerait le repos de l me qui trouverait sa stabilit dans le vrai et sauverait sa vie Les hommes accorderaient ils que c est l art de la mesure qui nous sauve en cela ou que c en est un autre Protagoras 357 358d Beaucoup de commentateurs ont soutenu que Platon nie en fait l existence de la faiblesse de volont Or c est une position ex g tique controvers e Tout d pend de la conception qu on a de la faiblesse de volont et de la mani re dont on peut s en servir pour interpr ter les propos de Socrate Si notre conception de r f rence est que la faiblesse de volont est une sorte de changement d avis irrationnel l gard des options qui s offrent nous faiblesse de volont diachronique ou aveugle akrasie tout court alors on peut dire que Platon accepte la r alit du ph nom ne
370. n la capacit pour les protagonistes de garder en m moire la nature et l initiateur du comportement opportuniste en passant par 168 le caract re ind termin de la quantit d interactions futures avec les m mes protagonistes etc Axelrod 1984 La vari t des heuristiques et leur exploitation de la structure des probl mes font de l ensemble de ces proc dures d cisionnelles une v ritable bo te outils adaptative Il est pr f rable d avoir beaucoup d outils faciles d usage et bien adapt s aux t ches qu on souhaite r aliser que d avoir un seul et unique outil complexe et difficile utiliser et relativement peu adapt Il y a des situations qui se pr tent bien la formation d un meilleur jugement d autres non En fait la plupart des situations de choix comportent des aspects qui rendent difficile l optimisation On peut pratiquer l optimisation lorsqu on fait face une quantit tr s restreinte d options qui comportent leur tour tr s peu d aspects pertinents plut t stables dans le temps et dont on peut mesurer ais ment et sans urgence le poids relatif D ailleurs l optimisation est aussi souvent utilis e pour faire des valuations post facto Ces valuations sont parfois complexes mais peuvent tre r alis es dans des d lais raisonnables parce qu on conna t alors l impact ou le poids relatif qu ont effectivement eu les divers attributs des choix ce qu o
371. n pisode de faiblesse de volont il se comporte de fa on irrationnelle Avant de pr senter chacune de ces raisons cependant je vais examiner la notion centrale que Holton met au centre de son analyse le concept d intention Je ferai un examen critique des arguments de Holton dans la derni re section 8 1 1 Intentions plans et r solutions La conception que d fend Holton est largement tributaire de l analyse que fait Michael Bratman de la notion d intention Holton reprend son compte de larges parts de l analyse que Bratman a expos e dans son ouvrage d sormais classique Intention Plan and Practical Reason Je vais galement pr senter quelques unes des propositions centrales de Bratman pertinentes pour comprendre la position de Holton Pour Bratman nous sommes des agents planificateurs Nous avons la capacit de nous donner des objectifs ou de valoriser des tats de choses que nous ne pouvons pas remplir ou obtenir directement Mais nous avons galement la capacit d laborer mentalement des lignes de conduite plus ou moins complexes souvent structur es par tapes pour les remplir ou les faire advenir Il s agit de la confection de plans et la formation d intentions orient es vers le futur Aussi des agents planificateurs comme nous poss dent divers degr la capacit non seulement de former des buts difficiles atteindre directement et de former des plans ou des intentions pour y arri
372. n une description tr s sommaire du processus de d lib ration il correspond dans ses grandes lignes assez bien je crois la mani re dont les philosophes et th oriciens du choix rationnel l envisagent C est essentiellement de cette mani re que les agents maximisateurs de nature arrivent identifier le meilleur choix ne serait ce que de mani re plus ou moins inconsciente Une fois que l agent a form un jugement l gard du meilleur sc nario disponible pour lui tant donn les informations dont il dispose il n a qu le r aliser En fait c est habituellement ici que les philosophes isolent un probl me de faiblesse de volont et non en amont dans le processus de d lib ration Conform ment la conception Standard vivre un pisode akratique c est d cider l encontre de ce qu on estime pourtant M me quand on peut faire un bilan a posteriori il est souvent impossible de quantifier les gains et les pertes v ritables des choix Par exemple il est difficile de quantifier les gains et les pertes de comportements n gligents comme ceux qui ont caus le d versement de millions de barils de p trole brut dans le Golf du Mexique pendant l t 2010 Il ne fait pas de doute que bien que les co ts furent astronomiques mais chiffrables pour la p troli re B P il est difficile d valuer le co t total pour l environnement et pour les g n rations futures que repr sente cette ca
373. n d une certaine mani re l analyse du choix S il n y a pas de mani re d tablir un lien entre les facteurs affectifs et d sid ratifs d une part et le jugement d autre part alors on devra accepter l id e qu il y a une sorte de petit homoncule dans l esprit qui tant t incline du c t des d sirs et motions tant t non mais dont on ne peut pas expliquer les choix Or non seulement il s agit d une position th orique st rile mais on sait maintenant que m me les processus cognitifs les plus froids intervenant dans la d lib ration pratique sont orient s par des m canismes affectifs et d sid ratifs plus fondamentaux Par exemple la formation du jugement dans un contexte de choix est en partie d termin e par des m canismes d attention lesquels sont en partie d termin s par des consid rations affectives 28 et d sid ratives Le simple fait que notre esprit enclenche un processus d lib ratif pour r soudre un probl me comme par exemple le fait de savoir si je dois commettre l adult re avec une ou plusieurs autres femmes est d termin en partie par l attention involontaire que je porte aux corps f minins que je croise dans mes d ambulations Si je ne portais jamais attention aux femmes ou a certains de leurs traits je n entamerais jamais de processus d cisionnels ayant l adult re comme enjeu Aussi si j tais insensible aux charmes f minins si j tais un homosex
374. n rale du ph nom ne Aussi je propose maintenant d aborder les l ments conceptuels fondamentaux d une th orie plus g n rale qui permet de rendre compte autant des intuitions que nous avons sur le ph nom ne que des donn es exp rimentales mises en relief ces derni res ann es par les psychologues et les conomistes Ces l ments devraient nous permettre de fournir des l ments de r ponse satisfaisants toute une panoplie de questions relatives au ph nom ne ainsi que d en soulever de nouvelles qui sont susceptibles de recevoir un traitement empirique Une des questions les plus importantes mais trangement rarement abord e dans la litt rature philosophique est celle de savoir pourquoi les d cisions strictement akratiques faiblesse de volont synchronique et akratiques tout court faiblesse de volont diachronique concernent les m mes activit s ou portent sur les m mes v nements Grosso modo notre volont s affaiblit lorsque vient le temps d accomplir certaines activit s ou de 214 subir certains traitements malgr le fait que nous ayons ou non pr alablement form un jugement selon lequel qu il serait appropri de les faire ou de les subir D ailleurs en utilisant ces l ments nous devrions tre plus facilement en mesure de savoir pourquoi nous vivons des pisodes de faiblesse de volont dans certaines situations mais pas dans d autres et pourquoi nous sommes plus susceptibles de p
375. n chapitre les l ments d une th orie plus g n rale de la motivation qui se veut assez puissante et empiriquement robuste pour expliquer autant les cas de stricte akrasie que les cas d akrasie tout court Cette th orie n est cependant pas une alternative aux conceptions discut es jusqu ici mais une sorte de compl ment conceptuel robuste sur la base duquel on peut orienter la discussion du probl me de la faiblesse de volont 9 La th orie du choix intertemporelle 1 partie distribution des cons quences des d cisions akratiques Some Choices we live not only once but a thousand time over remembering them for the rest of our life Richard Bach 9 1 Vers une th orie plus g n rale La conception Standard et la th orie de Holton sont insatisfaisantes pour les raisons que j ai mentionn es Parce qu elle repose sur une conception erron e et id alis e des processus d cisionnels et de formation des jugements la conception classique aboutit un surdiagnostic des pisodes de faiblesse de volont M me si la conception de Holton est compatible avec une vari t de processus d cisionnels elle aboutit quant elle un sous diagnostic de ces pisodes parce qu elle traite la faiblesse de volont exclusivement comme un probl me de non observance de r solution L analyse conceptuelle de Holton reste n anmoins ing nieuse et peut certainement constituer un chapitre important d une th orie plus g
376. n du court terme s tendra sur quelques heures Aussi la fronti re du court terme ne se situe pas toujours l instant o la valeur h donique des cons quences change de qualit ici en 2 Mais c est souvent cet instant que les agents prouvent le regret de ne pas avoir choisi l allocation sup rieure et consid rent alors avoir d cid sur la base d une sur valuation des consid rations court terme Le probl me pour l agent qui choisit l allocation A dans ce genre de situation n est pas tant que la quantit et ou l intensit des instants plaisants est globalement inf rieure celles des instants d plaisants Un agent peut ne faire face dans certaines situations qu des allocations globalement d savantageuses Aussi le probl me r sidera dans le fait qu une autre allocation disponible pr sente un profil h donique global sup rieur 191 Bien que cela soit assez intuitif on obtiendra de mani re rigoureuse la valeur d un profil h donique en multipliant l intensit du plaisir par sa dur e et l on soustraira du r sultat le produit de l intensit du d plaisir et de sa dur e tablir un profil h donique complet n est videmment possible qu en utilisant des mesures psychom triques r p t es intervalles rapproch s et cela dans le contexte d une intervention tr s limit e dans le temps C est ce qu ont fait Ariely et Carmon 2003 lorsqu ils ont voulu mesurer l impa
377. n est plus sophistiqu e et a servi de r f rence pour toute la tradition gr co latine et moderne Mais elle est galement conforme certaines de nos intuitions communes sur les causes de la faiblesse de volont Aussi j en discuterai plus longuement 1 L ignorance de certains d tails pertinents de nos actions Aristote identifie des cas d errements pratiques o les agents ignorent certains faits mani res cons quences circonstances principes d action etc relatifs leur action Il soutient que les agents ne sont pas susceptibles de bl me dans ces cas parce que leur action n tait pas volontaire Si l agent ignore que son action exemplifie certaines propri t s en vertu du fait qu elle est accomplie de telle mani re qu elle comporte telles cons quences ou est accomplie dans telle circonstance l agent est dit agir dans l ignorance A ce titre l agent est susceptible de provoquer l indulgence voire la piti thique Nicomaque 1109b30 et 1110b24 Par contre 1l existe des cas o les agents commettent des errements pratiques mais sont susceptibles de bl me C est le cas des agents qui agissent par ignorance Ces agents ne se trouvent pas dans un tat d ignorance malgr eux mais par n gligence Ces agents ont pour ainsi dire refus de faire leurs devoirs pist miques et pratiques 37 Pour Aristote le comportement de l agent akratique est blamable parce qu il agit par ignorance
378. n est susceptible d engendrer chez l agent Habituellement modifier des caract ristiques de haut niveau produit des changements plus substantiels que l alt ration de caract ristiques de bas niveau Par exemple changer le sujet d une conf rence annonc e est un changement plus significatif que le changement de son heure de programmation Si vous demandez quelqu un pourquoi il souhaite assister telle ou telle conf rence il ne dira pas que c est parce qu elle a lieu telle heure mais parce qu elle porte sur tel sujet L heure de pr sentation est une caract ristique p riph rique des conf rences et nous aide plus r pondre la question de savoir comment pourrais je y assister ex je devrais prendre un taxi et non les transports publics parce que je veux tre s r d arriver l heure pour le d but de la conf rence que de savoir pourquoi je devrais y assister Les auteurs distinguent galement les constructions de niveaux diff rents par leur degr d abstraction Les constructions comme largir son esprit sont typiquement plus abstraites que des constructions comme lire un livre ou plus concr tes comme tourner des pages m me si elles s appliquent aux m mes activit s a Une des hypoth ses que Liberman et Trope d fendent est que le niveau des constructions cat gorielles des choix et des activit s a une incidence importante sur leur attrait motivationnel Cette
379. n et du ABC Group qui s inspiraient d une relecture des travaux classiques d Herbert Simon pour op rer un renversement de paradigme Ces chercheurs ont d montr sur la base d exp riences et de donn es exp rimentales que l usage des heuristiques correspond non seulement la mani re dont les agents raisonnent la plupart du temps mais qu elles offrent des chances de succ s sup rieures dans les situations appropri es Les r sultats exp rimentaux sont suffisamment robustes pour r cuser quelques id es fausses mais tenaces concernant l usage des heuristiques pour r soudre des probl mes cognitifs et d cisionnels Je pense qu il est utile de les mentionner ici si l on souhaite montrer qu il peut tre rationnel de ne pas s engager dans la formation d un meilleur jugement voire de le n gliger m me lorsqu on y a acc s 7 2 1 Quelques id es fausses concernant l usage des heuristiques d cisionnelles J emprunte ici Gigerenzer Rationality for Mortals la liste des pr jug s d favorables l gard des heuristiques dans la formation des jugements ou la prise de d cision 1 Comme les heuristiques produisent toujours des solutions de deuxi me ordre l optimisation est toujours meilleure 2 Notre esprit utilise des heuristiques seulement parce qu il est cognitivement limit 3 Les agents utilisent des heuristiques seulement pour prendre des d cisions routi res jamais pour prend
380. n fonction notamment de l intensit du plaisir qu ils me procurent si je les ai consomm s dans tel ou tel ordre Mais je peux aussi d cider de manger une s rie tout de suite et me garder les autres pour une p riode de consommation ind termin e Ce qui est important de comprendre ici est que les allocations intertemporelles qui sont int ressantes pour une conception de la faiblesse de volont sont des allocations dont le principal tributaire est l agent qui en est lui m me responsable bien que certaines des cons quences affecteront plut t d autres organismes ou des objets inanim s Par ricochet une d cision d allocation intertemporelle peut affecter indirectement l agent qui l a prise comme dans le cas o je fais une promesse quelqu un La promesse cr e une attente chez autrui qui le motivera ult rieurement demander des comptes ou me punir en cas de d fection Aussi faire une promesse modifie le caract re d sirable de certaines lignes de conduite qui seront disponibles dans l avenir On peut isoler des caract ristiques g n rales et pertinentes des allocations de la mani re suivante 218 1 Le profil exp rientiel La classe des cons quences qui importe le plus est celle des cons quences qui affectent directement ou indirectement l agent qui proc de l allocation Ariely et Carmon 2000 appellent profil exp rientiel la mani re dont ces cons quences distribu es dans le temps affec
381. n n avait pas comme information lors de l valuation ante facto Par exemple je peux refuser de miser sur un athl te participant une comp tition parce que je viens d apprendre qu il vient tout juste de perdre ses parents dans un accident tragique Apr s coup il se peut que l athl te en question ait t positivement affect par cet v nement en ce sens qu il a senti na tre en lui une force nouvelle et l urgence de vivre 100 km h sentiment qui du reste est en partie responsable de sa premi re place au classement Mais les valuations post facto ne sont pas toujours aussi faciles produire Dans les sports et les jeux l tendue des coups permis est clairement d finie C est pourquoi l issue est rarement contestable Par contre dans les d bats politiques les choix existentiels ou esth tiques il est plus difficile d identifier un gagnant L tendue des strat gies disponibles n est pas clairement d finie Aussi il est difficile de les valuer donc de d terminer s il s agit d un choix optimal 169 7 2 3 Maximisation sous contrainte une avenue praticable Apr s la publication des travaux d Herbert Simon beaucoup d conomistes ont tent de modifier leur conception du choix rationnel en y incluant des consid rations sur la contrainte temporelle Stigler 1961 De m me Rawls conscient du probl me que loptimisation repr sente pour une th orie r aliste du c
382. n pour valuer ou laborer des strat gies personnelles et des dispositifs institutionnels command s par l int r t bien pes Les personnes peuvent bien adh rer au principe d gale consid ration pour chacune de leur phase temporelle ils doivent n anmoins adopter des strat gies ou faire l objet de strat gies de contr le qui tiennent compte du fait qu ils sur valuent les cons quences court terme 281 Les strat gies les plus efficaces se distinguent par le fait qu elles agissent non pas seulement sur la disponibilit des options et leur degr de d sirabilit mais plus sp cifiquement sur la distribution temporelle de leurs cons quences En effet il est commun ment admis que les strat gies de contr le de soi peuvent jouer sur deux tableaux Sur le premier l agent modifiera l tendue des options disponibles Cela correspond la strat gie d Ulysse Un alcoolique videra son stock de bouteilles dans les toilettes un toxicomane ira en cure loin des centres de distribution de drogue un tudiant ira faire ses travaux la biblioth que o il n y a pas de t l visions ou de consoles de jeux un retardataire matinal arrachera le bouton snooze de son cadran un conjoint adult re vitera les bars et lieux de rencontre une personne d pensi re optera pour une formule de retrait automatique sur ses paies destination d un compte ferm etc Sur le second tableau l agent modifiera le d
383. n pour leurs d cisions valuation et r action motives mais pas pour des processus perceptifs ou mn siques Les personnes avouent d embl e ne pas savoir par exemple pourquoi ils sont victimes de telle ou telle illusion d optique ou pourquoi ils se souviennent si bien dans certaines occasions de choses peu importantes et moins des choses plus importantes En revanche les personnes ont toujours une r ponse donner lorsqu on les questionne sur un choix ou une valuation qu ils ont r alis e Pourtant les personnes sont susceptibles de tromper tout autant sur leurs processus d cisionnels et valuatifs Les r sultats exp rimentaux qui ont obtenu montrent que les personnes n ont pas un acc s privil gi via l introspection aux processus qui lient les stimuli aux r ponses qu ils induisent Lorsque les stimuli sont des causes non plausibles aux yeux de la personne celle ci a tendance l exclure des explications potentielles ou m me dans certaines situations ignorer son existence En fait les personnes consultent moins leur m moire lorsqu on le demande d expliquer une de leurs r actions qu ils ne forment un jugement de plausibilit sur les causes probables de leur r action Si l on demande une personne d expliquer pourquoi elle a t aussi contente de se rendre une f te particuli re et qu elle r pond que c est parce qu elle appr cie les gens qui s y trouvent il est probable que la p
384. nalisme externalisme sur la possibilit de la stricte akrasie soul ve deux questions tr s g n rales au sujet de la motivation La premi re question concerne la fiabilit des rapports introspectifs portant sur les motivations r elles des agents Si j affirme qu il est pr f rable toutes choses consid r es que je choisisse x est ce que je peux me tromper sur 137 mes motivations r elles m me si je suis capable d num rer des motifs La seconde question concerne la possibilit du d couplage entre les valuations des alternatives et la motivation a les choisir En d autres termes si j estime qu il est pr f rable que je choisisse x est ce que cela implique que j aurais une motivation a le choisir La r ponse la premi re question est visiblement positive Les agents peuvent en d pit de leur sinc rit se tromper sur leurs motivations r elles Ils peuvent rapporter avoir consult le menu interne de leurs pr f rences ou avoir d lib r ment form des jugements dans leur qu te d une solution un probl me d cisionnel mais rester aveugles leurs v ritables motifs pour ces choix Depuis la publication du c l bre article de Nisbett et Wilson Telling More Than We Can Know Verbal Reports on Mental Processes 1977 on mesure un peu mieux le degr de fiabilit de certains types de rapports introspectifs Les chercheurs ont mis en relief le fait que les agents humains ont toujours une explicatio
385. nception Standard de la stricte akrasie cccccecessceesenneeceeenneeeeeseneeeeseeneeeesseteeeenseaes 63 3 1 1 Pr cisions concernant la conception standard cccsccccesssceesenceeeeeeeeceesnneeeeseneeeeesneeeeseneeeeeeees 66 3 1 2 Deux r visions mineures et n cessit d une conception canonique plus g n rale 68 3 1 3 Deux traditions en th orie de la motivation et l inclusion de la clause estime que 00 73 3 2 COUCIISION A rare nd er On NA er nr hen te SR Pe em R ST de ahora nn desert Rent tete 76 4 La th orie des pr f rences r v l es une position sceptique radicale 78 4 1 La proposition de base de la th orie cceecccceceesscceeenneeeeesnneeeeeseneeeeeseaeeeeseseeeessetseeeeseaes 78 4 2 La nature des pr f rences et la grande port e de la th orie 80 4 2 1 Le caract re valuatif des pr f rences 2 0 0 ceeccceeeescceessseeeceeneeeeeseseeeceeeeeeeseeecesenseeeeseneeeesseeeeess 81 4 2 2 Des choix aux pr f rences une relation analytique 82 4 2 3 Les contenus goistes altruistes des pr f rences cecccceesssceeeseneeeeeeneeceeeeeeeeeenaeeeeesteeeesseeeeess 83 4 2 4 Le caract re d ontologique cons quentialiste des pr f rences 86 4 2 5 Quelle faiblesse de volont pour la th orie des pr f rences r v l es 88 4 3 Les cueils de la th orie wii ceeeccecccccccceseseseeccccssceesusececccssseusueeseecccsseeuuueseecceseseuuunsseeeess 89 4 3 Erreurs
386. nception standard produit un sous diagnostic des cas de stricte akrasie Je me tournerai ensuite chapitre 8 vers la th orie de la faiblesse de volont de Richard Holton Jouissant actuellement d une forte popularit sa th orie ne vise pas a r soudre le d bat sur l existence de la stricte akrasie Holton s int resse plut t l akrasie tout court qu il d crit comme une forme irrationnelle de r vision de plans et de r solutions En plus de d placer le centre d attention vers l autre forme de faiblesse de volont Holton propose une th orie qui ne repose pas sur l hypoth se de la maximisation et qui est tout fait compatible avec toute une vari t de proc dures et de r gles d cisionnelles Sa difficult cependant vient du fait qu elle n offre pas vraiment un mod le complet pour d crire expliquer et comprendre la dynamique motivationnelle des agents et r duit l akrasie la classe trop limit e des cas d irr solution J exposerai finalement chapitre 9 et 10 la conception inter temporelle du choix Cette conception offre je pense les meilleurs l ments de r ponse au probl me de la faiblesse de volont Elle s appuie sur l id e que les agents ne sont pas indiff rents la mani re dont sont temporellement distribu es les cons quences attendues des alternatives de choix et choisissent en fonction de ces distributions Loin d tre exotique cette attitude explique toutes sortes d
387. ncilier ces deux lois avec la faiblesse de volont est de consid rer que juger que a est meilleur que b n quivaut pas logiquement juger que a est meilleur que b toutes choses consid r es Aussi lorsqu un agent agit ou d cide a l encontre de son meilleur jugement il peut se conformer n anmoins un jugement qu une alternalive est pr f rable une autre tout court la premi re lecture on a le sentiment que l auteur essaie de nous mystifier Mais en y regardant de plus pr s on se rend compte que la distinction n est pas sp cieuse Davidson d veloppe son argument en identifiant les propri t s logiques de chacun de ces deux types de jugement pr f rentiel C est int ressant plusieurs titres Notamment parce qu il tente de mettre mon avis en relief certains aspects importants de la structure logique de la d lib ration rationnelle et des proc dures issues du mod le bas sur les raisons comme la m thode de Franklin ou la r gle de Dawes Au c ur de la distinction de Davidson on trouve la distinction entre les jugements conditionnels et les jugements inconditionnels Il est donc n cessaire de comprendre cette derni re pour expliquer la possibilit de la faiblesse de volont Davidson met en relief le fait que les jugements conditionnels ont la forme logique x est pr f rable y pour la raison t Ces derniers jugements tablissent un ordonnancement d actions ou de sc narios relat
388. ndent des assignations subjectives de valeur des options qui peuvent avoir un lien tr s indirect ou inexistant avec l tat hom ostatique de l agent Ces valeurs peuvent tre corr latives de pr f rences tr s abstraites ex l esp rance de la r alisation d une utopie ou tr s concr tes ex l appr ciation anticip e d une tarte au sucre On peut en faire l exp rience de mani re visc rale comme lorsqu on a un penchant une envie ou une haine mais nos pr f rences peuvent aussi passer sous le radar mental et s av rer plut t discr tes comme nos pr f rences pour un environnement sain ou pour le respect des r gles de bonne gouvernance dans nos institutions Les options comme telles objets des pr f rences doivent tre des alternatives et non des choses qu on peut obtenir ou des actes qu on peut accomplir de mani re non mutuellement exclusive On n a pas choisir si l on ira au cin ma samedi ou au restaurant s il n existe pas de consid rations externes qui nous forcent en quelque sorte renoncer l une de ces options Je peux me donner un budget de sortie qui ne me permet pas d aller au restaurant et au cin ma la m me semaine L assignation des valeurs au travers des d cisions des agents produit un ordonnancement ranking des alternatives en fonction de leur valeur Si je consid re les options d achat a b c dans une boutique on obtiendra un tableau ou un menu de m
389. ne faisaient aucun talage de leurs produits mais exposaient le nom de leur marque de commerce Comme pour le choix al atoire l heuristique de la reconnaissance appartient au lot des proc dures d cisionnelles les plus loign es des m thodes d optimisation comme la m thode Franklin le calcul de l utilit esp r e ou m me la r gle de Dawes 7 1 2 Les caract ristiques g n rales des heuristiques d cisionnelles Bien que fort vari es les heuristiques comportent n anmoins des caract ristiques communes qui les distinguent clairement des d lib rations compl tes ou quasi completes comme le requiert la formation d un meilleur jugement Je pense qu il est appropri d en parler ici parce que ces caract ristiques nous permettent de voir en quoi 1l peut tre rationnel de s engager dans la plupart des situations dans un processus cognitivement plus l ger 7 1 2 1 Frugalit cognitive et rapidit proc durale Les r gles simples de d cision que sont les heuristiques sont cognitivement frugales si on les compare aux proc dures d cisionnelles d optimisation Par frugale un chercheur 158 comme Gigerenzer entend le fait de n gliger intentionnellement des informations pertinentes 2008 20 45 Un agent qui satisfie par exemple n examinera pas toutes les alternatives disponibles pour en identifier la meilleure ni m me toutes les propri t s pertinentes Il s arr tera la prem
390. ne solution de compromis ne fut n cessaire dans l valuation des options la valeur d un seul attribut comptait chaque tape du processus d cisionnel Pour chaque question que l agent se pose une tape du raisonnement pratique il doit fournir une r ponse l aide d un seul crit re sans gard aux r ponses subs quentes qu il obtiendra en usant d un autre crit re si sa recherche devait se prolonger Comme le co t d acquisition d informations pertinentes est souvent important la s lection ou l limination par attribut permet l agent d viter de s engager dans une recherche trop co teuse condition bien s r que les attributs utilis s soient les meilleurs ou les plus adapt s En revanche un agent maximisateur n liminera aucune alternative en partant Par exemple il n exclura pas d un examen subs quent les automobiles de plus de 20 000 parce qu il estime avoir des chances de d nicher une voiture un peu plus ch re mais qui offre beaucoup plus de fiabilit d efficacit de consommation et de qualit s esth tiques Ce faisant il devra pond rer la valeur relative de ces attributs et le co t suppl mentaire qu ils repr sentent Aussi un agent qui utilise une m thode lexicographique renonce d une certaine mani re la meilleure option Au terme de sa recherche il peut estimer qu il n a 163 probablement pas identifi a meilleure option mais ne s est assur
391. ne th orie de la faiblesse de volont implique n cessairement une conception normative est aujourd hui objet de d bats M me s il est commun ment admis que la faiblesse de volont est l exemple paradigmatique de l irrationalit pratique beaucoup de philosophes estiment qu on peut en fournir une conception purement descriptive Aussi ce qui est devenu la conception de r f rence de la faiblesse de volont sur la sc ne philosophique actuelle savoir qu elle consiste agir a l encontre de son meilleur jugement est avant interpr tation purement descriptive 2 1 1 4 L hypoth se de la maximisation du bien tre Le cognitivisme motivationnel de Platon est en fait une cons quence intuitive de l hypoth se que les agents tentent toujours de maximiser leur bien tre lorsqu ils sont confront s des probl mes d cisionnels S ils chouent maximiser leur bien tre la meilleure explication r side n cessairement dans le fait qu ils ignoraient certains faits pertinents ou que certains v nements ext rieurs ont interf r avec le cours de leurs actions L hypoth se de la maximisation est clairement exprim e dans les passages des dialogues qui traitent des plaisirs et de leur mesure La mani re dont Platon envisageait la maximisation est tout fait conforme l id e que s en font les th oriciens modernes maximiser notre bien tre consiste rechercher le meilleur r sultat dans la balance compl
392. nelle de la distinction est ad quate pour d crire correctement les pisodes de faiblesse de volont Elle permet de rendre compte de ce que Ainslie a d crit comme des cycles d impatience typique des pisodes de faiblesse de volont 2001 64 Un cycle complet coincide avec un profil h donique qui d bute par un accroissement rapide de l exp rience positive qui apr s avoir atteint un pic maximal d croit plus ou moins rapidement et d choit dans une longue p riode de d plaisir apr s avoir franchi un seuil h doniquement neutre On peut d crire ce cycle de mani re non technique on est tent on succombe et on le regrette ensuite am rement Ainslie classe les compulsions dans les cycles qui s tendent sur plusieurs mois ou ann es Le travail compulsif les attitudes socialement condamnables comme le m pris et la p danterie en sont des exemples Les d pendances ont des cycles s tendant sur des heures voire des jours Elles concernent le jeu la consommation de mat riel pornographique les substances ou drogues les attitudes col riques et promptes au reproche Les envies et les app tits enclenchent des cycles qui s talent sur des minutes et des heures Ils induisent des comportements comme le vagabondage sur Internet et les postes de t l vision la surconsommation de nourriture la paresse Les d mangeaisons et les tics ont aussi le m me profil h donique escompt mais elles engendrent des cycles beaucoup plus
393. nes des heuristiques d cisionnelles les plus courantes et mettrai en relief leurs caract ristiques les plus importantes J examinerai les raisons qui motivent certains chercheurs consid rer que ces proc dures et m thodes m nent dans la plupart des cas des d cisions rationnelles L objectif principal de l exposition de ces 7 3 7 ee 52 70 proc dures est de montrer clairement des alternatives viables la maximisation 72 Je ne discuterai pas de l une des cons quences importantes qui d coulent du fait que les agents utilisent des heuristiques et proc dures d cisionnelles vari es savoir qu un bon mod le d interpr tation des choix ne met pas seulement en relief les d sirs et les croyances des agents D crire l usage de ces proc dures met en relief le fait que l explication des choix des agents rationnels ou irrationnels ne doit pas seulement identifier des consid rations d sid ratives affectives et cognitives mais galement des consid rations normatives comme des r gles de choix et de proc dures d cisionnelles Ces derni res consid rations forment un param tre distinct En l occurrence si deux agents partagent initialement les m mes d sirs dispositions motionnelles et croyances ils peuvent n anmoins tre amen s prendre des d cisions diff rentes parce qu ils utilisent des r gles d cisionnelles diff rences Ce fait est mon sens particuli rement significatif
394. nformation essentielle pour tablir une connaissance robuste sur ces tats affectifs Aussi le comportement des psychopathes serait d en partie un manque de connaissances Or cette hypoth se semble d mentie par l tude du cerveau des psychopathes Une tude qui porte sur la capacit des psychopathes inf rer des tats motionnels partir de situations o les agents r ussissent r aliser ou non leurs intentions tend montrer que ces premiers sont capables de raisonner sur les tats motionnels lorsqu une valuation explicite de ceux ci leur est demand e Bien que les psychopathes cobayes r pondent de mani re inad quate aux tats motionnels des autres personnes ils sont n anmoins capables d identifier ceux ci aussi bien que les personnes normales Ce n est donc pas un d ficit dans la connaissance de la condition affective d autrui qui explique pourquoi les psychopathes y r agissent de mani re si peu ad quate En observant avec un appareil de r sonnance magn tique IRMf les circuits de neurones qui contribuent cette identification on se rend compte que ceux ci ne sont pas les m mes que ceux que les personnes normales activent Chez ces derni res outre le syst me des neurones miroirs deux r gions soit le gyrus supramarginal dans le cortex sup rolat ral et le gyrus sup rieur dans le cortex pr frontal r gion impliqu e dans le ph nom ne de conscience de soi sont activ s pour accomplir c
395. nismes de l attention sous tendent l effet de proximit temporelle et aussi les habitudes et les impetus sociaux La proximit temporelle 122 produit une modification de notre motivation parce que plus un point de consommation est pr s de nous dans le temps plus certains de ses aspects attireront notre attention Pour ce qui est des habitudes elles seraient conditionn es par des patterns rigides d attention Tandis que pour les impetus sociaux on pourrait expliquer leurs effets sur la motivation par le fait qu ils impliquent des r compenses et punitions socialement induites implicitement autant qu explicitement plus ou moins rapproch es dans le temps La possibilit du d salignement de l valuation au niveau de la d lib ration et de celle qui produit effectivement la motivation prendre une certaine d cision requiert une conception externaliste du lien entre le meilleur jugement de l agent et sa d cision Ce lien ne peut tre suffisant ni m me n cessaire parce qu il d pend de facteurs contingents relevant de la direction que prennent les d sirs motivants situ s au second niveau 6 1 3 L internalisme faible de Davidson La position de Donald Davidson est sans doute celle qui a suscit le plus de commentaires dans la litt rature sur la faiblesse de volont Dans son article c l bre Comment la faiblesse de volont est elle possible Davidson explique pourquoi on ne doit pas consid rer contraire
396. nnent rapidement qu il vaut mieux pour eux de former un mauvais plan que de g rer les probl mes quand ils se pr sentent Former un mauvais plan comporte tout de m me l avantage d acqu rir l initiative dans certaines positions obtenues la faveur d une erreur commise par l adversaire Euwe 1969 Je ne sais pas toutefois dans quelle mesure cela s applique au monde financier 193 2 La formation d une intention donne lieu a l activation d une s rie de m canismes de pilotage des actions mais aussi une gestion computationnelle des moments qui pr c dent l accomplissement de l action Pour Bratman les plans et les intentions tourn es vers l avenir de l agent tant qu il ne les remet pas en cause en r visant son jugement contraignent et d limitent l ventail des options qu il peut rationnellement prendre en compte dans ses d lib rations ult rieures et sa planification venir 1997 77 C est la dimension de controle des intentions que Bratman met ici en relief et qui les distingue des pr f rences Les intentions plans et r solutions servent de filtre de possibilit dans un traitement computationnel Par exemple je peux planifier de travailler toute la soir e au bureau sur un chapitre d un manuel scolaire que je r dige La d cision de travailler toute la soir e filtre en partant toute sorte de possibilit s comme naviguer sur Internet pour le plaisir discuter ave
397. nom ne peu robuste ce qui s av rerait au final peu convaincant 2 Les premi res th ories sur l akrasie Tout art et toute recherche de m me que toute action et toute d lib ration r fl chie tendent semble t il vers quelque bien Aussi a t on eu parfaitement raison de d finir le bien ce quoi on tend en toutes circonstances Aristote 2 1 L int r t th orique des conceptions de Platon et d Aristote Il est utile de d buter en faisant une br ve excursion historique du c t des premi res th ories sur la faiblesse de volont Je vais examiner plus pr cis ment les conceptions et les l ments th oriques qu on trouve dans l uvre de Platon et d Aristote On peut estimer que d un point de vue strictement historique les conceptions de ces philosophes occupent une place de choix parce qu elles repr sentent les premi res tentatives de poser le probl me de le conceptualiser et de l expliquer Mais j estime pour ma part que l int r t pour les uvres de Platon et Aristote ici va au del d un int r t pour l tude des conceptions primitives Sans d nigrer les enqu tes historiques et l ex g se des textes comme des activit s en soi les conceptions de ces auteurs de l Antiquit pr sentent encore en d pit de leur caract re un peu surann un int r t th orique indubitable pour quiconque tudie le ph nom ne de la faiblesse de volont aujourd hui Platon et Aristote par
398. non sur des d cisions ant rieures elle pr sente une instabilit dynamique importante Or une intention dirig e vers l avenir nous offre une forme de stabilit n cessaire pour atteindre des objectifs qui autrement seraient trop difficiles atteindre Ne pas diriger sa vie au moyen des intentions revient faire du pilotage vue Certaines personnes montrent beaucoup de r pugnance a prendre des d cisions pour l avenir Elles font les choses quand elles le sentent Or leur horizon d esp rance est plut t limit parce que rien ne leur permettrait de maintenir le cap si ce ne sont des contraintes ext rieures impos es par leurs proches Beaucoup de facteurs expliquent cette r pugnance Certains prouvent des difficult s activer des m canismes de contr le de soi situ s dans leur n o cortex d autres choisissent un mode de vie qui fait une tr s grande place la spontan it ou d autres encore ne veulent tout simplement par tre le genre de personnes qui se donnent des contraintes pour l avenir Bratman n estime pas que lorsque nous le pouvons nous devons d cider pour l avenir mais seulement qu il est parfois appropri de le faire si cela augmente nos chances de succ s Souvent 1l est rationnel de ne pas s engager dans une valuation des options disponibles dans le futur parce que notre computation requiert des informations qui ne seront disponibles qu au moment o nous devrons agir Il ser
399. ns d taill e et plus expressionniste que celle de Franklin 109 Wishing sincerely that you may determine for the best I am ever my dear Friend Benjamin Franklin 1706 1790 L alg bre prudentielle de Franklin est une m thode de d lib ration qui consiste donc a rechercher toutes les raisons positives et n gatives pertinentes la solution d un probl me d cisionnel les additionner de mani re voir de quel c t la balance penche La m thode ne semble adapt e qu aux dilemmes d cisionnels Or si on affaire une s rie comportant plus de deux alternatives il est toujours possible de ramener le probl me un probl me de choix binaire unique ou de diviser le probl me initial en s quences de sous probl mes binaires Par exemple au lieu de me demander si je dois prendre mes vacances dans Charlevoix Paris ou Bruxelles je peux me demander si je dois prendre mes vacances au pays ou l tranger Si la balance penche du c t de l tranger alors je comparerai les avantages d savantages relatifs de Paris et Bruxelles toujours en utilisant la m thode de Franklin De mani re plus technique la m thode de Franklin est une proc dure qui consiste soupeser de mani re lin aire les combinaisons de raisons peser et additionner Il y a d autres proc dures lin aires apparent es celle de Franklin Le psychologue Egon Brunswick a galement propos dans les ann es 1950 une variante de
400. ns pour tre suffisamment pr cise et g n rale Il est plus appropri qu elle porte sur des d cisions que sur des actions Mais surtout elle ne doit pas pr juger de la mani re dont les agents proc dent pour d cider s ils le font partir de jugements ou partir de d sirs ou de pr f rences Avoir en main une conception Standard n a pas que des avantages Les disputes philosophiques auxquelles une conception de r f rence peut donner lieu peuvent trop orienter l attention sur la conception elle m me que ce sur quoi elle est cens e porter Cela peut donner l impression que le d bat porte sur un probl me cr de toutes pi ces par les philosophes et que ceux ci oublient le probl me r el que pose la faiblesse de volont pour la rationalit pratique ex pourquoi je continue fumer alors que cela m empoisonne ou pourquoi je fais toujours mon rapport d imp t apr s la date limite Ou pourquoi je ne peux m arr ter de d penser quand je vais dans les boutiques etc Aussi on doit toujours garder l esprit que les disputes sur la possibilit de la stricte akrasie sont en fait des disputes sur la motivation des agents 77 Avec la conception Standard CSE en guise de r f rence j aborderai la th orie des pr f rences r v l es Il s agit d une th orie plut t aust re de la motivation qui a beaucoup d adh rents d clar s surtout parmi les chercheurs en micro conomie mais gal
401. nsables de la force de volont ne jouent aucun r le dans l ex cution de plans plus ou moins long terme Ils jouent en fait un r le essentiel Un agent rationnel doit tre minimalement capable de repousser dans le futur voire renoncer des satisfactions sans quoi il ne pourrait m me pas faire usage de strat gies comme celle d Ulysse En effet mettre en place de telles strat gies implique un minimum d efforts et de d sagr ments ex mes chers marins attachez moi au mat Par contre comme le soutiennent Anderson et Heath If the demands of individuals for processing decisions and resisting various temptations is on the rise in increasingly complex societies these individual capacities might easily become overtaxed if pure willpower were all that people could rely on It is however unclear to what extent the average person actually relies on individual self discipline to avoid or to limit procrastination Our suspicion is that its role is greatly exaggerated Much of the time what looks like sheer willpower is the result of more or less well orchestrated attempts by individuals to 289 arrange their lives in such a way as to economize on willpower by avoiding situations that call for its exercise 2010 239 En acceptant l id e que les agents peuvent tendre leur volont l ext rieur de leur cerveau on doit je pense accepter galement l id e g n rale que les probl mes motivationnels comme la
402. nse des tats Unis sous le mandat de George W Bush Le probl me des d cisions politiques prendre dans un contexte international aussi compliqu que le n tre est que non seulement il y a des inconnues mais galement des inconnues inconnues 2002 113 tre le mieux Cela suppose que l agent a d faire face un probl me d cisionnel qu il a su inhiber son syst me automatique de prise de d cision et enclencher un processus de d lib ration lequel a finalement abouti a la formation d un jugement ou d une pr f rence l gard du meilleur sc nario r alisable par lui D cider l encontre de son meilleur jugement ou une pr f rence compl te a quelque chose de paradoxal parce que l agent qui entame et qui m ne bien un processus de d lib ration rationnel le fait parce qu il fait face un probl me d cisionnel sans solution vidente et tente de trouver une solution en enclenchant ce processus qui am liorera au mieux sa condition ou la d gradera le moins C est comme si nous faisions face un probl me pratique que seul un outil nous permettrait de r soudre que nous nous procurions l outil mais refusions de nous en servir L agent akratique est selon la conception Standard celui qui choue tre suffisamment motiv par le r sultat de sa d lib ration 5 2 Conclusion Il est n cessaire de prendre en compte le mod le du double processus sans quoi on surdiagnostiquerait des p
403. nsid rations plus fondamentales Discutant des projets de vie rationnels Rawls adopte un point de vue semblable lorsqu il affirme que toutes choses tant gales par ailleurs nous devrions organiser les tapes les plus pr coces de fa on permettre dans celles qui leur succ deront une vie heureuse Il semble qu en g n ral il faille pr f rer une augmentation des attentes avec le temps Si la valeur d une activit est tablie relativement a sa propre p riode en admettant que cela soit possible nous devrions expliquer cette pr f rence par les plaisirs plus grands de l anticipation par rapport ceux de la m moire M me si la somme totale de joies est la m me l augmentation des attentes procure une satisfaction qui fait toute la diff rence 6 1973 461 462 Si les consid rations que Rawls met en relief sont celles qui motivent effectivement les agents choisir des allocations dans des situations o elles sont pr sent es explicitement comme telles qui pr sentent un profil croissant alors il ne s agit pas de pr f rences temporelles comme les pr f rences hyperboliques et les pr f rences pour les d lais de gratification 10 2 La faiblesse de volont une conception de l allocation intertemporelle On est maintenant en mesure de formuler une conception de base de la faiblesse de volont assez g n rale pour diagnostiquer servir de crit re pour identifier ses pisodes autant l
404. nsommation d aliments sucr s mais d cider ensuite de me procurer un norme g teau au chocolat Il peut s agir d un cas de faiblesse de volont m me si au moment venu j choue obtenir un g teau au chocolat ou que je n accomplisse pas l action n cessaire pour l obtenir partir du moment o je d cide d adopter une ligne de conduite allant l encontre de mon meilleur jugement pr f rentiel je suis r put vivre un pisode de stricte akrasie Il est trivial de dire qu un agent rationnel doit laborer des sc narios r ellement praticables par lui Il ne sert rien de d lib rer sur des alternatives qu on ne peut pas de toute fa on choisir Toutefois on risque de n gliger cette lapalissade si l on se contente de CS sans clauses limitatives ou pr cisions suppl mentaires Je peux prendre une d cision contre pr f rentielle ou l encontre de mon meilleur jugement parce que je suis finalement incapable de respecter un plan que je me suis pourtant donn Cela n implique videmment pas que je vis un pisode de faiblesse de volont Mais on peut oublier cette limitation si 69 notre attention est port e exclusivement sur les facteurs physiques qui sont susceptibles de contraindre la r alisation de nos plans et d cisions pour l avenir En effet les contraintes dont on doit tenir compte dans la planification rationnelle de nos activit s ne doivent pas se r duire des contraintes ex
405. nt les perceptions 279 spatiale et auditive sur la base desquelles l esprit fonde certaines valuations en l absence d indicateurs h t rog nes vari s il est difficile de dire si les suppos es pr f rences pures constitutives de notre espace motivationnel ne sont pas en fait form es seulement en l absence d incitations vari es La th orie du choix intertemporel soul ve beaucoup de questions l gard de certains aspects de la faiblesse de volont mais aussi beaucoup de questions au sujet des m canismes de contr le de soi Adh rer au principe d gale consid ration pour toutes nos phases temporelles futures est rationnellement justifiable la lumi re des meilleures raisons mais n est qu un l ment parmi d autres susceptibles d enclencher de tels m canismes L adh sion ce principe est au c ur de bon nombre mais pas de tous de conflits internes typiques de la stricte akrasie mais l enclenchement des m canismes de contr le de soi repose sur toute une s rie de facteurs qui n cessite autant d explications que le ph nom ne de la faiblesse de volont lui m me 11 Conclusion L instabilit de l tat social vient a favoriser l instabilit naturelle des d sirs Au milieu de ces fluctuations perp tuelles du sort le pr sent grandit il cache l avenir qui s efface et les hommes ne veulent songer qu au lendemain Tocqueville De la d mocratie en Am rique
406. nt tu Ad lard alors Fulgence estimait qu il causerait sa mort en appuyant sur la g chette Beaucoup de th oriciens rejettent cette analyse Les partisans de la description grains fins de l action comme Goldman 1970 et Kim 1976 d fendent l id e que des descriptions comme celles mentionn es portent sur des actions diff rentes con ues comme des exemplifications de propri t s et non sur une m me action d crite de mani re diff rente Ces th oriciens prennent donc la lettre l opinion commune qu il y a des actions intentionnelles et non intentionnelles 65 n adopte pas est meilleure plus avantageuse plus judicieuse plus ad quate etc que celle qu il adopte Cela nous permet d exclure des cas o l agent s engage dans une ligne de conduite clairement sous optimale parce qu il n a pas t capable ou en mesure d en identifier une meilleure Aussi la nature du jugement auquel on fait r f rence dans la d finition standard est importante Il n est pas question ici de jugement de fait dans le sens ordinaire du terme mais de jugements sur ce que l agent estime devoir faire Si un agent juge qu il est meilleur plus avantageux plus ad quat etc de faire x alors il est pr f rable selon lui de faire x Cela n implique videmment pas que l agent ait une sagesse totale concernant ce qui est pr f rable de faire dans l absolu auquel cas on agirait la plupart du temps de mani
407. ntion de th orie g n rale Je discuterai en d tail de ces notions dans le dernier chapitre 48 galement l existence d motions inconscientes Cela contredit la conception classique des motions depuis Williams James Pour James les motions sont des r troactions sensorielles de r actions involontaires des v nements per us par un agent Aussi la conscience de la qualit plaisante ou d plaisante d une motion n est pas un trait accessoire de l motion mais une de ses caract ristiques essentielles Or Zajonc 1991 Kihlstom 1999 Berridge et Winkielman 2003 ont mesur et document des exp riences affectives marqu es chez des sujets pourtant incapables d identifier ou m me de reconna tre qu ils vivent une motion au moment o elle est caus e Pour ces chercheurs les rapports en premi re personne ne sont qu une source relativement peu fiable d information l gard de la condition motive d un sujet L observation d taill e des expressions faciales involontaires du tonus musculaire des mouvements de la langue des choix de consommation de la conductance de la peau et diverses m thodes de scanographie du cerveau constitue des sources d information beaucoup plus fiables Les chercheurs ont mis les sujets dans des situations contr l es qui comportaient des stimuli qui passaient la plupart du temps mais pas tout le temps sous le radar de la conscience Il est particuli rement f
408. ntit impressionnante d articles dans diverses revues de psychologie th orique et d conomie comportementale Aussi il n est pas toujours facile de s y retrouver Ceci vaut la peine d tre mentionn parce que parmi les difficult s que le philosophe prouve lorsqu il aborde la litt rature en psychologie on trouve au premier chef l absence d une synth se globale des derni res avanc es r sultat d un travail pr alable de m ta analyse qui prend la forme d une th orisation des ph nom nes Elster Lowenstein 1992 et l absence d un idiome commun La litt rature psychologique propose souvent l gard de la faiblesse de volont des explications moins ambitieuses que celles qu on trouve dans la litt rature philosophique et conomique quelques exceptions pr s les th oriciens qui m nent des tudes dans le domaine de la psychologie n abordent pas le probl me de la faiblesse de volont dans toute sa g n ralit mais concentrent leurs efforts sur des cas de figure comme la procrastination et l impatience l ind cision et l irr solution les caprices l imprudence et l accidie la non observance les compulsions et la d pendance Les enqu tes empiriques dans lesquelles ils s engagent visent la plupart du temps identifier des facteurs corr l s avec ces diverses figures De l ensemble de ces recherches il en r sulte une mine d informations dont la vari t et la richesse n ont d gal que le manq
409. ntrale des pisodes de faiblesse de volont Seulement dans certains cas elles ne sont pas engendr es par des d cisions isol es mais par des groupes ou des s ries de d cisions d un m me type Ce qu on appelle commun ment les mauvaises habitudes pr sente des profils h doniques d savantageux sans quoi on ne les jugerait pas mauvaises Aussi si l on veut d terminer si une d cision ou un choix rel ve d un pisode de faiblesse de volont on doit l occasion ne pas regarder seulement du c t de son impact r siduel On doit galement d terminer si la d cision s inscrit dans une politique ou une habitude qui elle a un impact r siduel Par exemple fumer la cigarette ou consommer de la pornographie ne rel ve pas comme tel de la faiblesse de volont Initialement on commence fumer pour faire de nouvelles exp riences pour s int grer un groupe pour d fier l autorit parentale ou pour d autres raisons qui n ont rien voir avec le caract re addictif de la nicotine Il ne s agit pas de faiblesse de volont a le devient par contre au moment o fumer devient une habitude De la m me fa on consommer de la pornographie l occasion ne rel ve pas d pisodes de faiblesse de la volont C est seulement quand cela devient une habitude qui contamine les autres aspects de la vie qu on entre dans l akrasie Du reste le probl me des mauvaises habitudes et des d pendances est parti
410. nts font de leurs propres comportements dans une situation o ils doivent rendre des comptes autrui Thomson 2008 Ce genre de rationalisation permet entre autres d identifier pour des observateurs les objectifs principaux secondaires ainsi que les effets collat raux voulus ou non engendr s par la poursuite de ces objectifs C est ce qui arrive lorsqu on demande quelqu un de nous expliquer pourquoi il fait A Il peut r pondre qu il fait A parce qu il a l intention de faire B mais n a pas l intention de faire C m me si C d coulerait probablement de la r alisation de B etc On parlera d avoir l intention de X dans ce genre de situation L expression serait utilis e en conjonction avec d autres vouloir que savoir que etc pour tablir une sorte de carte de la structure motivationnelle que repr sente pour l agent son environnement Pour un aper u voir l entr e Intention de Kieran Setiya dans The Stanford Encyclopedia of Philosophy 205 On peut galement mettre en relief le r le qu elles peuvent jouer pour tablir des cas de n gligence criminelle Dans un cas de n gligence criminelle l agent n a pas l intention de faire quelque chose qui cause du tort autrui Il ne fait qu ignorer certaines cons quences n fastes que son action produit sur autrui Davis 1979 Il ignore ces cons quences alors qu il aurait d prendre des dispositions minimales pour les conna tre avan
411. oit e dans la litt rature contemporaine sur la faiblesse de volont Elle met relief les attitudes n gligentes dans l explication de certains pisodes de faiblesse de volont Je peux par n gligence ne pas m informer suffisamment sur les cons quences de la consommation d alcool sur le f tus et boire par cons quent davantage que ce qui est recommand par les autorit s m dicales Il n est pas contre intuitif de supposer que ma volont est faible dans ce cas si j ai d lib r ment n glig l examen ant rieur d informations pertinentes qui pourtant sont disponibles Mais on pourra argumenter que je n ai pas v cu un pisode de faiblesse de volont au moment o j ai d cid de boire trop d alcool mais plut t au moment o j ai d cid de ne pas m informer davantage On peut toutefois estimer qu Aristote a raison de consid rer la n gligence Aristote parle d un chec de concr tisation d une id e universelle dans l id e du particulier comme d une d faillance suppl mentaire du raisonnement pratique Ethique a Nicomaque 1102b 28 30 42 pist mique comme un des facteurs de faiblesse de volont en g n ral sans qu elle soit un facteur de stricte akrasie Ce dernier point est important parce qu il met en relief des cas de faiblesse de volont qui chappent aux analyses actuelles bas es sur la planification rationnelle Bratman 1987 Holton 1999 2009 Aussi j en dirai da
412. olont vit en son for int rieur n cessairement un conflit Si un agent akratique vit un pisode de faiblesse de volont alors il doit s engager consciemment dans une ligne de conduite sous optimale en d pit du fait qu il pense conna tre une ligne de conduite optimale Lorsque nous faisons un diagnostic propos de nous m mes nous nous servons bien souvent de la tension interne que nous prouvons comme indice que nous vivons un pisode de faiblesse de volont Or nous ne faisons pas toujours la m me chose lorsque vient le temps de faire un diagnostic en 3 personne Nous nous contentons de conna tre la d cision initiale que l agent a prise l gard de ses activit s futures s il l a ex cut ou non et dans le l ventualit ou ce n est pas le cas nous essayons d identifier de bonnes raisons dont il aurait pu apprendre l existence et sur la base desquelles il aurait d cid de r viser son intention initiale Nous n avons pas besoin de faire des hypoth ses sur la teneur d un suppos conflit interne que vit l agent parce qu il se peut tr s bien qu il n en vive tout simplement pas L agent peut avoir plus ou moins subi une modification de son tat d esprit de mani re ce qu il consid re maintenant moins importantes les raisons qu il avait au moment o il a form son intention La consommation d alcool diminue typiquement l aversion au risque Un agent qui a pris la d cision de r
413. omme trait de caract re ne sont pas explicables dans la conception de Holton parce que les agents qui ont ces traits ne prennent pas n cessairement des r solutions pour l avenir certains vivent au jour le jour et il est difficile de justifier l id e que leur volont est faible si on adh re la conception de Holton 8 3 Conclusion Ce qui est int ressant avec la th orie de Holton est qu elle fait partie des trop rares th ories qui portent sur la forme diachronique de la faiblesse de volont et non sur la stricte akrasie Pour avoir une th orie aussi labor e on doit remonter Platon et Aristote La th orie pr sente cependant certaines difficult s Mais ces difficult s ne sont pas insurmontables Elles ne n cessitent que quelques pr cisions et am nagements sommaires Par exemple il peut tre conceptuellement difficile de distinguer les violations d intention des simples r visions et l on peut critiquer l id e qu introduire dans la th orie un l ment normatif pr tendument constitutif du ph nom ne Or on faire reposer la distinction sur nos intuitions communes pour les cas clairs et sur l interpr tation de l esprit de l intention pour Si bien s r on accepte l id e que les animaux en raison peut tre de l absence de comp tences langagi res r f rentielles ne peuvent avoir de d sirs index s au temps comme le sugg re De Sousa 1987 205 233 212 les cas ambigu
414. on Comme d lib rer prend du temps l urgence d une situation peut commander une action sur le champ Aussi la perception d une urgence cr e en nous une motion qui nous pousse tirer une conclusion sans avoir au pr alable examin tous les tenants et aboutissants Sans court circuiter pour autant nos processus de d lib rations agir sous le coup d une motion forte peut consister ad contourner compl tement ces processus en vue d une r ponse plus rapide une situation probl matique ou per ue comme probl matique Il y a ici un avantage adaptatif indubitable r agir impulsivement dans certaines situations Il est pr f rable de surestimer que sous estimer des dangers potentiellement mortels Par exemple je peux apr s avoir confondu bri vement une branche d arbre avec un serpent d guerpir sans prendre le temps d interpr ter correctement le stimulus Il est pr f rable de d guerpir quand j ai affaire une branche qui ressemble un serpent que de m en abstenir quand j ai affaire un serpent qui ressemble une branche Bien entendu il est pr f rable que je ne d guerpisse que lorsque le danger est r el Pour m assurer que le danger est bien r el je dois d lib rer et tenir compte de plus d information Or les processus de d lib ration prennent du temps et il est bon de s y engager lorsque cela augmente les chances de succ s ou diminue les risques d chec De sorte qu une d lib rat
415. on e parce que selon le point de vue consid r l externalisme il n y a rien de plus bizarre dans le fait de penser que quelque chose est la meilleure chose faire dans les circonstances mais ne pas la faire que dans le fait de penser qu il y a une pierre ronde dans les environs et en prendre une autre la place Il n y a rien qui requiert une explication si je choisis ce que je consid re comme tant la pire chose en laissant de c t ce que je pense tre la meilleure 1964 68 69 Pour Hare il est clair que les jugements valuatifs ont une fonction motivationnelle que n ont pas les jugements de fait M me si l on doit avoir des informations factuelles pour s orienter dans une direction particuli re celles ci ont toujours pour trame de font des valuations portant sur des tats du monde possible Si par exemple j essaie de convaincre un ami de ne pas acheter tel mod le de voiture parce qu il n est pas fiable je juge 119 implicitement que mon ami pr f re vivre dans un monde ou ceteris paribus il poss de une voiture fiable que dans un monde ou il poss de une voiture non fiable Hare ne stipule pas par contre que la distinction entre fait et valeur au sens large du terme est une dichotomie Les jugements de fait et de valeur sont situ s aux pdles oppos s d un continuum Des termes comme bon valide fiable ou ad quat par exemple en viennent a avoir un conten
416. on mon taire r currente une date pr cise voire une heure pr cise Prendre une bi re de trop provoque des haut le c ur lancinants et assure un mal de t te pour le lendemain Cependant les cons quences d une allocation peuvent ne pas tre en acte mais seulement en puissance C est le cas du potentiel de risque que repr sente la consommation de cigarettes et le potentiel de jouissance que comporte la possession d un bien ou de moyens financiers m me s ils ne seront jamais utilis s ou d pens s 4 L impact r siduel Les d cisions d allocation engagent souvent les agents dans des activit s qui ont un impact h donique positif imm diat mais presque aucun impact r siduel Manger une pomme se gratter l oreille couter une pi ce de musique ou contempler un coucher de soleil sont des activit s qui peuvent tre voulues et appr ci es au 220 moment ou elles sont accomplies mais elles ne laissent que rarement des traces h doniques r siduelles Elles n apparaissent habituellement pas comme un chapitre de l histoire d une personne Par contraste il y a des activit s qui sont voulues par les agents en vertu de leurs cons quences h doniques mais dont l impact positif est purement r siduel Se soumettre une intervention dentaire lutter pour obtenir une promotion faire une demande de subvention payer son compte de taxes nettoyer son garage sont des activit s qui n ont un impact h
417. on d abaisser des leviers reli s un dispositif cens leur administrer soit une dose d h ro ne soit une solution d eau saline Apr s avoir actionn plusieurs reprises les dispositifs les sujets devaient tablir un verdict d appr ciation des doses administr es Sans surprise les sujets ont affirm n avoir pas senti d effets h doniques positifs d coulant de l activation du premier dispositif l eau saline et que par cons quent ils ne seraient pas dispos s essayer de s en procurer sur le march noir Et sans surprise ils ont galement affirm avoir prouv une sensation plaisante la suite de l activation du second dispositif et qu ils seraient par cons quent dispos s employer des ressources importantes pour s en procurer Le plus int ressant est que les sujets ont valu consciemment des toutes petites doses d h ro ne de la m me fa on que les doses d eau saline Les chercheurs ont ainsi observ que les sujets ont en fin de compte activ autant de fois le dispositif leur administrant des petites doses que celui leur administrant de plus fortes doses Pour les chercheurs la fr quence des auto administrations de drogue est un meilleur indicateur de leur volont et de leur r elle appr ciation que les rapports conscients Fischman et coll ont labor une variante de cette exp rience avec des coca nomanes auxquels on administrait du desipramine une substance qui r duit cons
418. on de mon poids il est appropri que j avance cette jambe etc Mais je devrai inventer quelque chose de plus alambiqu pour expliquer le fait que j ai sans m en rendre compte pos le pied sur exactement une dalle la fois jusqu mon bureau On peut all guer que l on ne peut pas conna tre le d tail de chacun de nos comportements mais que cela n implique pas qu ils ne peuvent tre des actions Il doit exister une description vraie sous laquelle mon comportement est intentionnel et si mon comportement est intentionnel sous au moins une description alors il est caus par un d sir et par une croyance Davidson Ibid 71 En fait je peux d crire chacun de mes pas en disant que je me rends mon bureau Si cette suggestion est correcte alors rien n emp che de consid rer que les comportements pris en charge par le syst me automatique ne peuvent pas tre des actions On peut toujours red crire une s rie complexe de comportements pilot s par le syst me automatique comme des phases menant la r alisation d un but Cela dit le crit re causal de l action n est pas le seul ni le meilleur Le crit re de la guidance propos par Frankfurt qui s inspire beaucoup de propositions faites par Nagel 1977 271 est plus appropri et est aussi tout fait compatible avec l id e que le syst me automatique peut piloter seul des actions Pour Frankfurt Les comportements sont intentionnels purposive quand leur
419. on du meilleur jugement prescrivent un examen de l ensemble des alternatives disponibles et de l valuation de chacune d elle l aide de crit res positifs et n gatifs Ces crit res ne sont pas n cessairement connus au d part Un processus de d lib ration complet devrait ternir compte galement des aspects originaux que comporte une option pour l valuer correctement Aussi dans la formation d un meilleur jugement les agents doivent partir des alternatives disponibles et ensuite identifier successivement leurs attributs pertinents Une fois ces deux tapes r alis es un agent rationnel devrait effectuer un calcul d utilit avec la m thode de son choix L ordre des deux premi res tapes est important On parle de priorit tout partie lorsqu on identifie l ensemble des alternatives avant d identifier leurs attributs Mais certaines heuristiques d cisionnelles renversent cet ordre Satisfier par exemple implique que l on sache au d part ce que l on souhaite retrouver dans une option avant de commencer notre recherche d alternatives On d bute donc par s lectionner des attributs et ensuite on s lectionne ou limine des alternatives Dans ce cas on parlera d une priorit des parties sur le tout Par exemple rechercher efficacement une propri t immobili re requiert que nous s lectionnions d abord ce que nous souhaitons y retrouver On formera un seuil avec les crit res dont nous disposon
420. on ordonnancement a gt b gt c si et seulement si je choisis a alors qu on me propose en plus les alternatives b et c 82 et b alors qu on me propose c Mais dans chacun des cas mon choix devrait r v ler une pr f rence dominante pour une alternative Si je me montre ind cis cependant cela est cens montrer qu il n y pas une pr f rence dominante pour une des options dans la s rie qui s offre moi mais une indiff rence entre au moins deux options qui ont pour moi la m me valeur 4 2 2 Des choix aux pr f rences une relation analytique Dans la d finition Standard CSE on mentionne le fait que l agent akratique estime toutes choses consid r es qu une option est meilleure qu une autre Or il n est pas n cessaire de mentionner cela si l on adh re la th orie des pr f rences r v l es Dans le cadre de cette th orie on n a pas besoin de savoir comment les agents ont tabli par comparaison leur ordonnancement des alternatives puisqu il se d duit compl tement des choix effectifs Par contre cela n implique pas qu on ne puisse pas investiguer et donner des d tails sur les processus qui ont men leur formation Car si c tait le cas la th orie des pr f rences r v l es serait un dispositif th orique st rile qui coupe l herbe sous le pied de quiconque cherche d couvrir les motifs fins et subtils qui expliquent quelques fois les d cisions des agents Seulement
421. onnels pendant un pisode de faiblesse de volont Peut tre qu Aristote a tort de pointer les motions comme cause principale des comportements de stricte akrasie comme le fait de succomber a une tentation ou de surconsommer Mais nos rapports en premi re personne ne sont pas une source d information suffisamment fiable pour trancher la question 2 L autre raison r side dans l hypoth se plus populaire que les motions semblent faire partie int grante de tous les processus d cisionnels qui portent sur des options qui ont une importance particuli re pour l agent choix gocentriques ou qui comporte des cons quences h doniques significatives pour lui choix int ress s De Sousa sugg re que m me dans les situations o les agents akratiques succombent la tentation froid les m canismes de l attention sont en partie d termin s par des r actions motionnelles 1987 243 244 Selon Ainslie les int r ts court terme que favorisent les actes akratiques pr sentent une structure dynamique de r compenses qui g re l attention de l agent Cela explique pourquoi il est souvent si difficile de maintenir le cap dans l ex cution de plan et de r solution long terme 2001 76 77 Si les motions sont un input important des m canismes d attention il y a tout lieu de croire qu elles jouent un r le ne serait ce qu indirectement dans les choix akratiques Cela dit on peut ac
422. ons dans certaines zones de leur cerveau dans un perp tuel cool moment souffrent d un d ficit important de contr le de soi qui les poussent adopter des comportements impatients voire impulsifs Le neurologue Antonio Damasio est c l bre pour avoir mis en relief les d ficits motionnels et leurs cons quences chez des sujets ayant subi des l sions c r brales En tudiant le comportement et les capacit s cognitives de patients qui avaient subi des l sions importantes dans les lobes pr frontaux et dans certaines couches sous corticales Damasio a pu mesurer le r le jou par les motions dans la prise de d cision Damasio 1995 2010 Il est tabli depuis les premi res cartographies du cerveau que les aires responsables du contr le de soi se situent dans le cortex frontal Damasio a tabli que bien que les zones plus anciennes que sont les aires sous corticales aient un r le important jouer dans la production et la perception des motions les zones plus modernes du cerveau y jouent galement un r le Contrairement l opinion commune il n y a pas de traitement de l information en vue d une d cision dans les aires modernes comme le n ocortex et d ajout subs quent d une couleur motive Fustigeant cette opinion Damasio la d crit de la mani re suivante Nous nous repr sentons g n ralement la capacit de ressentir des motions comme une facult mentale surnum raire un c t de l
423. ons de consommation ou de fr quentation qui impliquent une adaptation h donique L adaptation h donique est le processus psychologique qui sous tend le rendement h donique d croissant de certaines de nos d cisions de consommation ou fr quentation sous certaines conditions de rapprochement temporel de point de consommation Il ne s agit pas proprement parler de d cision Beaucoup de d cisions akratiques impliquent l activation d un m canisme d adaptation h donique C est souvent le cas pour les comportements de surconsommation Mais cela n est pas toujours le cas Je peux par exemple succomber la tentation d acheter un mobilier de luxe largement au dessus de mes moyens Or comme ce mobilier est destin meubler mon chalet et que je ne le visite pas souvent le plaisir d coulant de l usage et de la contemplation du mobilier sera renouvel chaque fois Pourtant en d cidant d acheter ce mobilier grand prix d cision akratique j opte pour une distribution de cons quences qui concentre des exp riences h doniques positives ex plaisir d acqu rir un bien de luxe sentiment de distinction ou de r ussite sociale mettre fin la pression interne exerc e pas les m canismes de contr le de soi etc dans l imm diat et n gatives dans un futur plus loign Or ces derni res cons quences ne d coulent pas directement de ma consommation du bien dans le futur ex usage contemplat
424. ons futures ou simplement orienter l attention Les personnes qui prouvent des difficult s enclencher de telles inhibitions sont typiquement capricieuses ou ont du mal garder leur attention sur leurs objectifs principaux D ailleurs le contr le qu un agent peut exercer sur lui m me ou sur un autre ne r sulte pas n cessairement en une restriction des options disponibles mais peut r sulter dans la modification du caract re d sirable de ces options Les lois d un pays ne rendent pas n cessairement physiquement non r alisables des options qu ils veulent interdire mais ils rendent co teuse leur r alisation au moyen de dispositifs l gaux comme les amendes De la m me mani re le fait que j ai pris une d cision ant rieure l gard d une ligne de conduite particuli re comme une politique personnelle peut rendre les autres lignes de conduite moins attrayantes Ceci peut s expliquer par le fait que d vier de ma ligne de conduite fera de moi une personne irr solue ce qui est incompatible avec l image que je me fais de moi m me Mais cela peut galement s expliquer par le fait que l ex cution de ma d cision initiale a n cessit un investissement en temps et en nergie dont je devrai assumer la perte si je m engage dans une autre ligne de conduite Il est vrai que dans ce cas c est l ex cution d une d cision qui rend son abrogation plus co teuse et non la d cision elle m me Ma
425. ons intuitivement que nous sommes tous En fait comme Damasio a tenu pr ciser les dommages aux r gions corticales mentionn s plus haut n abolissent pas vraiment les r actions motionnelles pas plus que l activation de ces r gions suffit produire une r ponse motionnelle forte Plut t ces dommages alt rent la connexion cognitive entre les r actions motives et l anticipation d v nements et les cons quences des d cisions et des strat gies de choix bas s sur des motions Bechara Damasio amp Damasio 2000 57 davantage dispos s accomplir certains actes lorsque nous nous trouvons dans un tat d excitation sexuel mais la diff rence est tr s marqu e dans certains cas ex on observe une augmentation de 125 de la disposition willingness tenter d obtenir des rapports sexuels avec une femme qui a pourtant clairement signifier un refus Ce qui fait dire Ariely qu en chacun de nous vivent la fois un docteur Jekyll et un Mr Hide 2008 87 108 Seulement notre situation froid est peut tre pire que celle du pauvre docteur puisque nous prouvons et c est un des r sultats les plus int ressants de l exp rience de la difficult pr dire partir de notre tat d esprit actuel les comportements que nous serons susceptibles d adopter lorsque celui ci se modifiera 2 2 La faiblesse de volont dans la tradition m di vale chr tienne Le traitement que la
426. ons spontan ment des cat gories de haut niveau pour des actions plus loign es dans le futur et des cat gories de bas niveau pour les actions envisag es dans un avenir rapproch Par exemple on va davantage envisager un d m nagement comme le commencement d une nouvelle vie s il a lieu dans un futur lointain mais on l envisage comme le transport de bo tes s il a lieu demain matin De m me des sujets auxquels on demande d imaginer qu ils ferment clef la porte de leur domicile demain ne d criront pas de la m me fa on l activit si on leur demande d imaginer le faire dans une ann e Dans le premier cas ils utiliseront une cat gorie plus concr te comme tourner la clef dans la serrure alors qu ils diront plus spontan ment qu ils s curisent leur domicile dans le second cas On peut se demander pourquoi on associe la construction de niveaux cat goriels l escompte du futur Une hypoth se plausible serait de dire que les informations que les agents ont l gard du futur sont d autant moins fiables que ce futur est lointain Mais en fait les agents continuent de former des niveaux de construction cat gorielle diff rents m me quand les d tails des v nements lointains sont connus ou faciles obtenir Une autre hypoth se consiste dire que plus les v nements sont temporellement lointains plus il est facile de revenir sur sa d cision ce qui rend peut tre inutile la planification des
427. ont des cas d irr solution Nous exposons finalement la th orie du choix intertemporel Cette th orie est plus puissante parce qu elle d crit et explique partir d un m me sch me conceptuel autant la stricte akrasie que l akrasie tout court Ce sch me concerne les propri t s des distributions temporelles des cons quences des d cisions akratiques et les attitudes prospectives qui 11 motivent les agents les prendre La structure de ces distributions coupl e la d valuation l gard du futur permet galement d expliquer de mani re simple et l gante pourquoi la faiblesse de volont est irrationnelle Nous discutons de l hypoth se qu une pr f rence temporelle pure est la source d une telle d valuation et mentionnons quelques l ments critiques et hypoth ses concurrentes plus conformes une approche cognitiviste du probl me Mots clefs Philosophie volont akrasie d cision motivation jugement rationalit maximisation intertemporel iii Abstract This thesis explains analyses and examines the classical and modern positions on the nature and causes of the weakness of will Since Plato and Aristotle s identification of the problem many principles and propositions on the subject of practical rationality in general and motivation in particular have been examined in details These principles and propositions are being discussed on the basis that
428. ont dans le volontarisme est celui d ultime d cideur le tiers acteur qui tranche entre les d sirs issus de la passion et les exigences de la raison Il revient en quelque sorte aux passions et la raison de faire des propositions et la volont d en disposer 58 2 2 1 Le volontarisme une conception naive Bien que le volontarisme motivationnel apparaisse d abord et avant tout comme une doctrine d inspiration th ologique il n est pas d nu d int r t psychologique Il met l emphase sur la nature conflictuelle de la stricte akrasie et s accorde m me avec nos intuitions introspectives selon lesquelles nous sentons d une certaine fa on que nous choisissons librement entre des consid rations incompatibles lorsque nous adoptons des comportements akratiques ou lorsque nous y r sistons Il a aussi un int r t philosophique dans la mesure o il propose une alternative claire au cognitivisme motivationnel Les agents peuvent agir l encontre de ce qu ils estiment le plus appropri de faire parce qu ils sont tout simplement libres de le faire On a tent de voir dans le volontarisme une conception qui soul ve plus de probl mes th oriques qu elle n en r sout et de surcro t il s agit de probl mes insolubles Elle semble avoir peu de puissance explicative parce qu elle pose l hypoth se d une facult qui choisit entre des consid rations sans tre elle m me d termin e par des
429. ont motiv s par des croyances motiv es que l agent ne devrait pas avoir et cela donne un certain cr dit une conception normative de nature pist mique Une croyance est motiv e lorsque les raisons de croire sont en fait des raisons de vouloir croire Une croyance motiv e prend typiquement la forme d une pens e magique wishful thinking qui consiste prendre ses d sirs pour des r alit s mais peut aussi prendre la forme d un mensonge soi m me self deception Ce type de croyance vise r duire ce que les psychologues appellent la dissonance cognitive La dissonance cognitive apparait lorsque nous nous rendons compte que nous adoptons des croyances ou des lignes de conduite incoh rentes La dissonance cognitive apparait aussi lorsque nous devons vivre une existence normale alors que nous avons v cu un traumatisme important Beaucoup de personnes minimisent l impact d un traumatisme pour r duire la dissonance cognitive dans le fonctionnement de leur esprit La mani re typique dont les croyances motiv es permettent certains agents de r duire leur souffrance psychique s exprime dans le fait que l impact des v nements traumatisants est sous estim dans leur repr sentation mn monique Gilbert 2006 Si notre seuil de tol rance des dissonances est atteint nous allons suivant les situations accepter des croyances parce qu elles nous conviennent ou rejeter des croyances 33 Le fait de savoir si une bon
430. ose est possible vous multiplierez les occasions de tricherie potentiellement praticables Or comme la tricherie implique des risques et un certain degr d incertitude qu il est souvent difficile de mesurer en raison de son caract re strat gique il s ensuit que sa consid ration requiert une d lib ration plus sophistiqu e Accepter l id e de traiter les principes comme des pr f rences sur des moyens a pour effet de restreindre norm ment l tendue des cas putatifs d akrasie morale Les agents peuvent bien affirmer ensuite qu ils prouvent de la culpabilit apr s avoir agi l encontre de normes morales qu ils ch rissent ou dire qu ils ne se contr laient pas mais cela n exclut pas la possibilit qu ils aient agi de mani re maximiser la satisfaction de leurs pr f rences Dans le cadre de la th orie des pr f rences r v l es les cas putatifs de stricte akrasie qui impliquent des principes moraux l gaux ou esth tiques sont aussi chim riques que les cas putatifs d akrasie morale qui impliquent des attitudes altruistes 4 2 5 Quelle faiblesse de volont pour la th orie des pr f rences r v l es Le ph nom ne que d crit la conception CSE n est pas possible si l on estime que les choix sont les uniques indicateurs fiables des pr f rences Mais cela n implique pas que la faiblesse de volont telle que nous semblons la voir l uvre dans des comportements comme fumer apr
431. osed to the passive externalism of Putnam and Burge Le traitement des informations par l esprit peut avoir lieu en partie l ext rieur de son cerveau La division du travail intellectuel en est sans dote l exemple le plus vident Demander l avis d un expert pour solutionner un probl me revient enclencher un processus de traitement de l information que nos cerveaux non experts sont incapables d assumer seuls Mais les cerveaux ne sont pas toujours r duits fournir des informations des syst mes externes qu ils ne contr lent pas dans le but de r colter ensuite les donn es utiles Ils peuvent jouer un r le actif dans le traitement externe de l information et m me en tre les principaux agents C est ce qui se passe lorsqu on manipule des lettres au Scrabble lorsqu on effectue une division en s aidant d un crayon et d une feuille lorsqu on labore 123 Thid 287 une carte et qu on s en sert pour se diriger lorsqu on classe des items en fonction de cat gories pour les retrouver plus facilement ou lorsqu on utilise des proc d s mn motechniques comme l inclusion de donn es dans une s quence complexe mais plus facile retenir 7 Bien qu ils ne d veloppent pas cet aspect de l externalisme actif Chalmers et Clark sugg rent que l esprit tendu doit comprendre un chapitre sur la volont tendue Si cela est effectivement le cas il y aurait non seulement
432. ot es par le syst me automatique peuvent tre akratiques Je peux d lib rer et arriver la conclusion qu il est pr f rable que je me rende chez mon ami Steve Je peux emprunter le chemin de sa maison et d ambuler On peut critiquer l hypoth se que le syst me automatique peut prendre des d cisions On r serve habituellement le terme d cision des v nements mentaux conscients Mais nos intuitions ne sont pas toujours coh rentes ce sujet Nous critiquons volontiers une personne qui a pris l habitude de faire des remarques d sobligeantes m me si elle ne s en aper oit pas Nous estimons qu il s agit en quelque sorte de choix pour lesquels elle a une responsabilit m me s ils ne sont pas d lib r s D un point de vue plus technique certains pourraient tout de m me contester le fait de consid rer les choix pilot s par le syst me automatique comme d authentiques choix parce que les comportements qu il engendre ne sont pas des actions Or s il ne s agit pas d actions mais de simples mouvements du corps il ne peut y avoir de d cisions intentionnelles en amont Ce genre de critique atteint sa cible seulement si l on adopte le crit re causal de l action Le crit re causal stipule que ce qui distingue les actions des seuls comportements ce que je fais de ce qui m arrive est que ces premi res sont caus es par des croyances et des d sirs alors que ce n est pas le cas des secondes Da
433. otre d finition fonctionne on doit semble t il stipuler une contrainte de pr cision concernant la mani re de d crire les d cisions akratiques Si par exemple je forme le jugement qu il est pr f rable pour moi de cesser ma consommation de crack mais d cide ensuite de me rendre chez mon ancien dealer ma d cision de me rendre chez lui n est pas proprement parler un cas de d cision akratique Mais si cette d cision est motiv e par le fait que je pourrai m y injecter une dose alors il sera plus appropri de d crire celle ci comme une d cision de consommer du crack auquel 72 respectant l esprit de la conception standard CS Le lecteur peut penser qu une r vision de la sorte de la d finition standard est somme toute mineure et ne requiert pas d tre mentionn e Il est vrai que cela ne semble pas changer significativement la mani re d interpr ter les positions et th ories philosophiques sur l akrasie Or je pense que la CSR1 est pertinente Comme je l ai mentionn dans l introduction on peut distinguer clairement les conceptions de la faiblesse de volont identifiant le probl me dans le processus qui pr c de la d cision akratique des conceptions identifiant le probl me dans le processus qui suit cette d cision On peut galement juger judicieux de r viser la CS en y ajoutant des clauses temporelles qui sp cifient les instants ou les moments o l akrat s prend une d cision croit et es
434. our nous offrir des d tails sur les allocations optimales Un agent peut savoir qu une allocation respecte la norme sans pour autant savoir s il s agit ou non d une allocation optimale En fait comme nous l avons vu au chapitre 6 moins qu ils soient confront s un probl me d cisionnel trivial qui comporte tr s peu de choix d aspects pertinents tous commensurables avec peu d incertitudes et d impacts r siduels etc les agents rationnels ne cherchent pas maximiser leur bien tre mais plut t faire des choix satisfaisants satisfacing Avoir trancher entre des alternatives d allocation intertemporelle est rarement trivial Il est tr s difficile d estimer correctement et dans le d tail les profils exp rientiels aff rents La plupart du temps nous nous basons sur des estimations sommaires obtenues en appliquant consciemment ou non toutes sortes de r gles et de proc dures d cisionnelles quelquefois sophistiqu es souvent tr s simples Nous pouvons par exemple faire un calcul co t b n fice de nature strictement p cuniaire pour trancher entre l option d acheter une propri t ou de demeurer locataire Nous pouvons imiter simplement notre entourage pour d terminer l ge o il est appropri de concevoir des enfants Aussi je peux dans chaque cas ignorer quel est le choix d allocation 264 optimale mais tout de m me avoir une gale consid ration pour toutes mes tranches
435. ous forme du principe m thodologique suivant Principe des pr f rences r v l es PPR Un agent estime at qu il est pr f rable de faire x plut t que y si et seulement si a l agent croit t qu il peut aussi choisir de faire y b l agent d cide at de faire x PPR est une proposition qui pr sentait initialement un attrait important Elle exprimait un souci m thodologique qui s inscrivait alors dans la vague b havioriste de l poque laquelle manifestait un d nigrement des concepts mentaux jug s incompatibles avec l enqu te scientifique rigoureuse D ailleurs la science conomique de l poque aspirait produire des explications autonomes qui ne sont tributaires d aucune autre science si ce n est la science des math matiques On laissait aux sociologues l tude des comportements irrationnels et l on cherchait d psychologiser les notions de micro conomie La th orie des pr f rences r v l es d note notamment ce souci de d psychologisation La th orie pr sente galement une valeur intuitive importante Nous faisons r guli rement des hypoth ses sur les pr f rences les d sirs les go ts les souhaits ou les esp rances d autrui sur la base du simple examen de ses choix Il nous arrive m me l occasion de penser que nos hypoth ses sont plus fiables et robustes que les rapports introspectifs qu autrui nous pr sente ou se pr sente lui m me Il n est pas di
436. oute la litt rature qui porte d une mani re ou d une autre sur les attitudes prospectives des agents c est dire la mani re dont ils envisagent le futur fournit des clefs qui nous permettent de solutionner certains probl mes caract ristiques de l akrasie ex l instabilit dynamique des pr f rences le regret subs quent la motivation prendre des r solutions la procrastination l impatience etc et de fournir un portrait plus complet du ph nom ne Le fait que certains organismes puissent anticiper l avenir leur permet plus ais ment de moduler leurs allocations et de les r viser s il y a lieu C est notamment le cas des humains Pour les autres les m canismes d allocation sont plut t rigides Ils sont d termin s par des algorithmes plus ou moins simples et ne permettent pas toujours une r vision des allocations inad quates Mais la capacit que les organismes comme nous ont de 240 produire du futur pour reprendre une expression de Dennett 1996 au moyen de dispositifs cognitifs et motionnels comme l imagination ainsi que des artefacts culturels ex support d information au sujet des dangers li s l usage du tabac permet de faire des choix allocatifs tr s sophistiqu s et tr s tal s dans le temps du moins pour ce qui est des humains Les attitudes prospectives qui motivent les choix d allocation ont les m mes param tres que les motivations pratiques en g n
437. oute th orie qui accepte l existence de la stricte akrasie Les mod les explicatifs que propose Aristote sont plus vari s mais pas n cessairement incompatibles avec celui de Platon La n gligence et le raisonnement incomplet peuvent expliquer dans certains cas pourquoi les agents chouent am liorer leur sort tandis la contamination affective du raisonnement pratique serait un meilleur candidat pour expliquer les cas plus particuliers de stricte akrasie Or contrairement ce qu Aristote pensait il s av re que les motions sont en fait n cessaires pour prendre des d cisions rationnelles du moins des d cisions qui concernent directement l agent Par cons quent l hypoth se d une contamination affective du raisonnement pratique doit tre rejet e ou du moins r vis e Abstraction faite du caract re surann des raisons th ologiques qui justifient le volontarisme m di val ce dernier offre tout de m me une r ponse st rile au probl me de la faiblesse de volont en g n ral et de la stricte akrasie en particulier Postuler l existence d une facult de choix compl tement autod termin e implique certes la possibilit de l existence de la stricte akrasie mais rend tous les choix inexplicables par des ant c dents motivationnels 62 L existence de la stricte akrasie est devenue le principal d fi th orique que pose le probl me de la faiblesse de volont depuis les premi res tentatives d ex
438. ovich K E 2004 Balance in psychological research The dual process perspective Behavioral and Brain Sciences vol 27 357 358 Stanovich K E West R F amp Toplak M E 2008 Heuristics and biases as measures of critical thinking Associations with cognitive ability and thinking dispositions Journal of Educational Psychology vol 100 930 941 Stanovich Keith 1999 Who is Rational Studies of Individual Differences in Reasoning Mahwah Erlbaum Steel Pier 2007 The Nature of Procrastination A Meta Analytic and Theoretical Review of Qintessentiel Self Regulatory Failure Psychological Bulletin Vol 133 No 1 65 94 Stigler G J 1961 The economics of information Journal of Political Economy vol 69 213 25 Strotz R H 1955 Myopa and Inconsistency in Dynamic Utility Maximization in Review of Economic Studies vol 3 3 165 80 Sunstein Cass amp Thaler Richard 2003 Libertarien Paternalism Is No an Oxymoron University of Chicago Law Review vol 70 1159 202 Sunstein C amp Thaler R 2006 Libertarian Paternalism Is Not an Oxymoron in The Construction of Preference Lichtenstein S amp Slovic P dir New York Cambridge University Press 689 708 Tappolet Christine 2003 Emotion and the Intelligibility of Akratic Action in Weakness of Will and Practical Irrationality Stroud S amp Tappolet C dir Oxford Oxford University Pre
439. phes contemporains comme des cas de compulsion ou de d pendance dans lesquels l agent a certes un contr le moteur orient vers un but et ce titre ils rel vent d action mais pas de contr le conscient C est pour cette raison que ces comportements ne sont pas d crits comme des cas de stricte akrasie ni m me de 5 Audi par exemple insiste sur la distinction entre la faiblesse de la volont akrasie avec la faiblesse dans la volont compulsion dont l agent veut consciemment se d faire A low level of strength in the overall faculty of will such that as compared with people of stronger will there are more deeds or more deeds of relevant kinds which one can be compelled to do even if one judges one should not Someone sufficiently strong willed exhibits neither kinds of weakness but one can suffer from weakness in the will without being incontinent circumstances being favorable volitional weakness as a feature need not be reflected in volitionally weak action 1993 322 105 faiblesse de volont au sens large du terme Or l incapacit d inhiber des processus d cisionnels ou cognitifs ne rel ve pas toujours de compulsion Si je ne m engage pas dans la bonne sortie sur l autoroute par exemple parce que je suis trop habitu de continuer mon chemin je n agis pas n cessaire de mani re compulsive Je n ai simplement pas port suffisamment attention ce que je faisais
440. plement au moment o il en consomme effectivement Aussi la p riode risque o tout peut basculer pour eux ne se situe pas entre la d cision de r int grer leurs anciennes habitudes et le point de consommation mais entre les premi res sensations de manque et la d cision de combler ce manque Une fois la d cision prise il est souvent trop tard C est pourquoi des groupes de soutien comme les Alcooliques Anonymes concentrent leurs strat gies d interventions critiques sur la p riode d ind cision qui pr c de une rechute possible 71 constituait pas pour lui un r sultat vis ni m me simplement souhait peut tre souhaitait il seulement maximiser ses chances d abattre le gibier et jugea le risque qu il faisait courir l autre chasseur comme le prix payer Dans cette situation on ne dira pas que l agent avait l intention de crever l 1l du chasseur ou qu il a pris la d cision de lui crever l il et cela m me si l agent estimait que le fait que le chasseur ait l il crev avait quelque chose de d sirable Bien que le terme d cision de faire x ait la m me extension que le terme avoir l intention de faire x je continuerai n anmoins utiliser la notion de d cision en d pit du fait que la notion d intention est privil gi e dans la litt rature philosophique parce qu elle ne charrie pas autant d ambiguit s Faire r f rence aux actions est aussi un facteur de confu
441. plication dans l Antiquit et au Moyen ge Depuis le renouveau des enqu tes philosophiques sur le sujet initi au milieu du 20 si cle les philosophes ont fait porter principalement leurs efforts th oriques dans la solution ou la dissolution du probl me de la stricte akrasie C est pourquoi j aborderai dans le prochain chapitre ce qui est devenu la conception Standard de la stricte akrasie et qui sert maintenant de point de r f rence pour les d bats actuels 3 La conception Standard jugement pr f rence et incoh rence Ce que l incontinence a de particulier est que l agent ne parvient pas se comprendre lui m me il reconna t dans son comportement intentionnel quelque chose d essentiellement sourd Donald Davidson Actions et v nements 3 1 La conception Standard de la stricte akrasie l poque de Platon et d Aristote on concevait plut t confus ment le ph nom ne de la faiblesse de volont On avait l intuition forte qu il s agissait d une faute l gard des canons de la raison et non strictement un garement moral et il s agissait l d une avanc e consid rable dans l identification du ph nom ne Seulement on avait tendance confondre le probl me avec d autres types de comportements plus ou moins rationnels Comme je l ai mentionn dans le chapitre pr c dant Aristote expliquait par exemple certains comportements akratiques par un manque de connai
442. portements d sint ress s 86 sensible a certaines alarmes qui s allument quand une ligne de conduite qu on s appr te a adopter ou qu on est en train d adopter implique un co t d opportunit pour soi m me trop important Lorsque l alarme retentit les agents consid reraient leurs int r ts et les mettraient dans la balance d lib rative Cela n implique pas pour autant qu ils prennent une d cision go ste mais que les consid rations go stes permettent d expliquer certains aspects de leur d cision par exemple le temps utilis pour la prendre le manque d empressement la cr ation de subtils signaux montrant que si l on est pr t coop rer on n est toutefois pas dispos nous faire exploiter ou qu on s attend un retour d ascenseur en cas de besoin etc Je ne discuterai pas davantage de la robustesse de l hypoth se de l altruisme d sint ress Mon but ici est simplement de montrer qu on peut am nager une place conceptuelle hypoth se que les agents d cident dans certains contextes d agir en fonction de pr f rences qui peuvent tre des solutions de compromis entre diverses consid rations dont certaines sont altruistes Cela reste compatible avec l hypoth se de la maximisation parce que les agents peuvent avoir des pr f rences altruistes dont ils cherchent maximiser la satisfaction Seulement on doit toujours pouvoir d duire ces pr f rences des choix effecti
443. posent les agents et non seulement des informations disponibles dans la structure de l environnement On peut mettre l accent sur le point de vue de l agent dans la recherche d un crit re de rationalit Ou a contrario estimer que le point de vue de l agent est insuffisant pour d terminer si une d cision est rationnelle ou non Car si l on ne s appuie que sur ces facteurs internes il devient tr s difficile de condamner des d cisions comme tant irrationnelles alors qu elles sont vou es l chec Ogien 2003 3 compulsivit o les personnes semblent vouloir avec trop de force quelque chose Mais cela n est pas justifi parce que si une personne veut trop quelque chose alors elle ne veut pas assez quelque chose d autre Pour tous les cas mentionn s plus haut il semble y avoir en amont une sorte de d ficit motivationnel Bien que le concept de faiblesse de volont ait acquis aujourd hui un contenu tr s technique tant en philosophie qu en psychologie ou en conomie le ph nom ne qu il est cens d crire est relativement facile identifier partir d une conception intuitive Les d cisions prises lors d pisodes de faiblesse de volont ne sont pas motiv es par de bonnes raisons ou par des raisons qui sont suffisamment fortes et produisent par le fait m me des r sultats qui vont syst matiquement l encontre de l int r t de ces personnes Ces choix font d ailleurs r guli rement l
444. potent theory that describes and explains with the same conceptual schema both strict and non strict akrasia This schema concerns the properties of temporal distribution of akratic decision s consequences and the prospective attitudes that motivate agents to make those decisions Also the structure of these distributions along with the devaluation of the future allows us to explain clearly and simply why weakness of will is irrational We discuss the hypothesis iv that this devaluation of the future is due to a pure temporal preference and we mention a number of critical elements and rival hypothesis more in keeping with a cognitive approach to the problem Keywords Philosophy will akrasia decision motivation judgment rationality maximization intertemporal Table des mati res RESUME jcis5ctaasisgeasechapetecivns a aa ea eather asain Maa A AE AS a A A aa iA i ADS TAC Se n ae aan Sa caren a a ain a an ean ee iii Table des manieres ER n a ne v Liste des PUTES oine i Ea E RE AEA E A hdi ix Remerciements sn nn E R en fe Tr RS xi PASUA EEA aE AE RES E E E E E E xii A SITE OU ENT seeen a au oes a Oa apes nae nea enced ee me 1 1 1 Le probl me de la faiblesse de volont ou l art d tre son pire ennemi 1 1 1 1 Les d fis pratiques les strat gies de contr le de soi 3 1 1 2 Les d fis th oriques de la faiblesse de volont sa nature ses formes et son caract re paradoxal 6 1 2
445. poubelles ou nous faisons le m nage nous lisons nous nous couchons nous parlons etc Parmi ces actions certaines sont faites de mani re plus ou moins consciente alors que d autres requi rent toute notre attention Dans le cas des premi res la quantit de d cisions conscientes que nous prenons pour les accomplir est tr s restreinte Je peux par exemple d cider de marcher jusqu mon lieu de travail au lieu de prendre ma voiture Cela n implique pas que je devrai prendre une multitude de d cisions conscientes concernant la quantit de pas que je ferai le rythme de mes pas le choix de la jambe mettre ma marche en branle devrais je commencer par la droite ou par la gauche le choix de la port e de mes pas etc Tous ces aspects sont en quelque sorte d termin s par un syst me automatique de prise de d cision Ce syst me prend en charge la plupart des t ches que nous accomplissons lorsque nous nous adonnons des activit s particuli res comme la marche Ce syst me comporte des avantages vidents il est moins nergivore il est moins fatigant tr s discret il n encombre pas nos esprits de toutes sortes de pens es ne n cessite pas beaucoup de concentration il peut piloter un nombre tr s important de t ches diff rentes simultan ment et est tr s rapide Ce syst me peut tre inn comme dans le cas des m canismes r flexes 101 ou acquis comme dans le cas des habitudes bien implant es dans
446. pr c dente On est tent de croire dans le cas de l intemp rance gastronomico alcoolique que l agent qui boit un tonneau ignore des faits pertinents concernant l ingurgitation de grandes quantit s d alcool Mais ce n est pas n cessairement le cas Un agent peut connaitre ces faits mais n en a pas tenu compte dans son raisonnement pratique Il a conclu trop rapidement partir du principe suivant lequel il faut rechercher ce qui est doux en gastronomie et de la croyance que l alcool est un aliment doux Aristote explicite les tapes et la structure du raisonnement d un agent l aide du syllogisme pratique Un syllogisme pratique est un ensemble de pr misses qui en viennent tre mentalement connect es et produisent ce moment une conclusion Les pr misses expriment des buts ou des principes majeures et des moyens ou comptes rendus perceptuels mineures sur la base desquelles une conclusion est tir e par l agent La 38 conclusion d un syllogisme n a pas de contenu propositionnel mais est l action qui suit imm diatement la connexion des pr misses Aussi pour reprendre notre exemple gastronomico alcoolique on pourrait dire que l agent est all trop vite et aurait d inclure dans ses pr misses celle suivant laquelle il ne faut pas abuser des choses bonnes au go t majeure S il avait pris en compte ce principe et qu il avait pu au pr alable tout fait le conna tre et le comprend
447. propri t s putatives des jugements inconditionnels avant de faire un choix Une fois qu un agent a au moyen d une d lib ration rationnelle tabli ce qui est pr f rable de faire la lumi re de tous les faits qu il estime pertinents il peut semble t il prendre une d cision motiv e par cette pr f rence En fait on ne voit pas comment on pourrait tester empiriquement l hypoth se que la couche de jugements pr f rentiels inconditionnels constitue un engrenage essentiel la prise de d cision Si l on demandait des personnes de prendre une d cision aussit t qu ils ont form un jugement pr f rentiel conditionnel et d autres de le faire seulement apr s avoir form un jugement inconditionnel observerait on des diff rences Les premiers 134 seraient ils plong s dans l ind cision On peut en douter La d lib ration rationnelle pour reprendre Rawls 1973 est une activit comme une autre et le fait de savoir jusqu ou s y engager peut faire l objet d une d cision rationnelle Si je gagne du temps en sautant l tape de la formation d un jugement pr f rentiel inconditionnel et que cela ne m expose pas de mani re significative l chec alors je dois m abstenir de franchir cette tape On peut r pondre cette critique en stipulant que les jugements inconditionnels tels que Davidson les voit ne sont pas form s dans une phase particuli re de la d lib ration par synth ses
448. qu on doit y investir qu une fois l ensemble des alternatives et des raisons connues Qui plus est on doit galement colliger des informations sur les ressources utilis es chaque tape de la recherche ef calculer une fois la recherche achev e le moment o on aurait d faire un choix Cela alourdit consid rablement le processus de d lib ration Je pense que ce qui pr c de constitue une bonne raison pour croire que l optimisation sous contrainte n est pas une avenue praticable pour ceux qui estiment qu un agent rationnel agit n cessairement en conformit avec son meilleur jugement Le co t de formation d un meilleur jugement est dans la plupart des situations si prohibitif qu un agent rationnel doit se contenter d une solution sous optimale 7 2 4 La maximisation comme si Les partisans de l optimisation peuvent conc der que leur mod le n est pas r aliste mais que les agents se comportent tout de m me comme si ils optimisaient Donc on peut continuer parler d agents qui forment de meilleurs jugements et qui tant t s y conforment tant t ne s y conforment pas La conception Standard de la stricte akrasie peut tre de cette mani re pr serv e et garder toute sa port e descriptive Il n est pas dans mon propos ici de r futer cette affirmation Je n ai pas l espace ni m me les comp tences requises pour le faire ici Il s agit d une question empirique plus q
449. qu une description de l escompte du futur doit mentionner un faux d escompte qui caract rise pour un agent l ampleur de sa d valuation des cons quences futures Th oriquement le taux d escompte pour un agent dans le domaine financier correspond grosso modo au taux d int r t minimal auquel il serait pr t effectuer des placements Si je ne suis dispos me d partir maintenant de 100 que pour obtenir au moins 130 dans un an alors j escompte le futur un taux annuel de 30 Par contre les taux d escompte ne sont pas toujours aussi faciles calculer que dans le domaine financier D ailleurs les agents n escomptent pas le futur de la m me mani re pour tous les domaines d activit s On peut escompter le futur un taux beaucoup plus lev pour les cons quences d coulant par exemple de l ingurgitation de mati res grasses que pour les cons quences d coulant de l achat de mat riel informatique ludique Les agents au caract re akratique n prouvent pas dans la plupart des cas des probl mes de faiblesse de volont dans tous les domaines d activit Les taux d escompte vari s synth tisent le poids des motivations h t rog nes des agents pour l obtention d allocations aux profils h doniques croissants d croissants ou uniformes Un taux d escompte n gatif correspond une d valuation du futur un taux positif une sur valuation du futur et un taux neutre une gale cons
450. que Est ce que tous les pisodes de faiblesse de volont sont ne serait ce que de mani re partielle toujours motiv s par des croyances motiv es Il est difficile de le dire m me si nos intuitions nous portent croire que ce n est pas le cas Une chose est s re cependant les croyances motiv es peuvent tre extr mement subtiles et passent donc facilement inaper ues 34 a maximiser leur bien tre ou du moins leurs pr f rences goistes ou altruistes D ailleurs les th oriciens ne consid rent plus du moins depuis Bentham que le cognitivisme motivationnel soit une cons quence logique de l hypoth se de maximisation L mergence des th ories morales utilitaristes va de pair avec l id e qu il y a des l ments motivationnels de base de nature affective et d sid rative r compenses punitions plaisirs d plaisirs etc Aussi la maximisation en est venue porter exclusivement sur des l ments motivationnels beaucoup plus bruts raw que ceux qui ont voir avec l importance r elle qu ils sont suppos s avoir et identifiable par un exercice appropri de la raison L existence putative d pisode de faiblesse de volont repr sente une difficult pour toute th orie qui comporte l hypoth se de maximisation Une solution saveur platonicienne consiste comme on l a vu jouer sur le param tre cognitif Les agents qui chouent maximiser leurs int r ts bien pes s ignorent ce
451. que nous nous proposons de s lectionner un choix tandis que ce sont les inconv nients ou attributs n gatifs qui p sent plus lourds cet gard on peut consid rer les mod les de rationalit comme si comme ce que Bachelard appelait des obstacles pist mologiques savoir des causes de stagnation et m me de r gression de l enqu te scientifique Parce que la connaissance du r el nous dit Bachelard est une lumi re qui projette toujours quelque part des ombres 1938 5 Mais il n est pas toujours facile de distinguer dans l imputation de comportements rationnels les raccourcis pist miques utiles des tapes trop vite br l es 172 lorsque nous nous proposons d liminer un choix Shafir Simonson amp Tversky 1993 Si l on prend en consid ration la remarque de ces chercheurs on peut pr dire par exemple le choix d un jury qui doit trancher pour attribuer la garde d un enfant a un des deux parents en instance de divorce S il y a une option enrichie ici la garde par le parent A et une option appauvrie ici la garde par le parent B donc une asym trie dans le degr relatif de la saillance des attributs positifs et n gatifs on peut s attendre a ce que les jurys soient dispos s s lectionner ef liminer e m me choix un chantillon de 170 personnes on a demand de se mettre dans la peau d un membre de jury qui doit trancher sur la base de ces seules informat
452. qui maximise ne fait pas que consid rer des cons quences mais peut galement consid rer des conduites morales Un th oricien mal l aise avec ce genre de proposition peut tout de m me estimer que les agents rationnels maximisent l occasion l int rieur de contraintes morales On peut par exemple me consid rer comme un agent maximisateur m me si je ne consid re pas dans ma d lib ration l option de cracher au visage d une personne g e pour obtenir son si ge dans l autobus mais me contente de m asseoir un peu plus loin Comme agent maximisateur je vais seulement consid rer les options moralement praticables et tenter d identifier parmi celles ci la meilleure 70 Voir la section 2 1 1 4 146 exemplifierait un suppos manque de connexion entre les jugements et les d cisions mais qu elle semble tre un contre exemple l hypoth se que les agents maximisent leur bien tre ou la satisfaction de leurs pr f rences On a vu quelques propositions externalistes mais surtout internalistes visant 4 r soudre le paradoxe Aucune de ces solutions n est cependant enti rement satisfaisante et celui ci semble demeurer intact Pourtant il y a tout lieu de croire que ce paradoxe d coule d une hypoth se erron e Les agents rationnels ne maximisent pas ou du moins rarement leur bien tre ou la satisfaction de leurs pr f rences L hypoth se de la maximisation implique que les agents d lib rent o
453. r ciproque que les biologistes ont mis en relief dans le monde animal Les humains et peut tre quelques esp ces de primates semblent tre les seuls capables de comportements altruistes d sint ress s L existence de comportements d sint ress s s accorde du reste tr s bien avec nos intuitions les plus fortes en particulier quand l agent ne connait pas et n a aucun contact psychologique avec le b n ficiaire Par exemple je peux nettoyer mes contenants de lait ou de bo tes de conserve souill s afin de les mettre au recyclage bien que je n en ai pas du tout envie Je le fais seulement parce que j estime devoir ne pas d grader les conditions de vie des g n rations futures Je n en retire aucun plaisir et le fait m me en bougonnant D ailleurs je pourrais prouver un plaisir r el d avoir ainsi particip un effort collectif de r duction des d chets mais cela n implique pas qu au moment o j ai pris la d cision de nettoyer ces contenants j escomptais obtenir une certaine dose de satisfaction Je lai peut tre fait par souci pour les g n rations futures m me s il en a r sult chez moi un plaisir inattendu lequel aurait t sans doute suffisant pour me motiver nettoyer mes contenants Un partisan du r alisme go ste comme l conomiste Gary Becker 1976 soutient que m me dans ce genre de situation on garde toujours l esprit une notion de notre int r t ne serait ce
454. r f rences est qu elle est cens e nous aider a pr dire ce que les agents feront et ce d une mani re non triviale Une th orie non triviale repose sur toute une s rie d hypoth ses sur ce que les agents feraient dans telle ou telle situation ou sur ce qu ils auraient fait s ils y taient plong s hypoth ses contrefactuelles En testant les premi res nous pouvons lever l ambigu t des choix et arriver raffiner nos attributions de pr f rence En th orie de la d cision nous gardons toujours l esprit une situation hypoth tique id ale dans laquelle l agent satisfait sa pr f rence Si j ai une pr f rence pour les g teaux au fromage alors il existe une situation id ale o j ai faim et o mon acte n a aucun impact sur les autres ni sur moi m me si ce n est le plaisir qu il me conf re etc et o je d cide d opter pour le g teau et non pour la tarte au citron Lorsque les conomistes font des pr dictions reposant sur les pr f rences des agents consommateurs lecteurs etc ils s appuient en fait sur toutes sortes d hypoth ses auxiliaires factuelles et contrefactuelles pour identifier ces choix Comme ces hypoth ses figurent implicitement dans leurs calculs les th oriciens ont tendance croire qu ils peuvent en faire l conomie ce qui conf re une sorte de cr dit imm rit la th orie des pr f rences r v l es Cela dit l empirisme naif de la th orie des p
455. r f rences r v l es fait d elle non seulement une th orie peu informative mais elle repose galement sur une position pist mologique moribonde savoir que nos meilleures th ories doivent tre surd termin es par l exp rience empirique Or depuis la publication du c l bre article de Quine 1951 Les deux dogmes de l empirisme il y a un relatif consensus parmi les philosophes sur le fait que nos meilleures th ories soient r solument sous d termin es par l exp rience ce qui n est SAM ASE pas comme Quine le souligne incompatible avec l id e que seule l exp rience d termine en fin de compte nos meilleures th ories Je ne crois pas que la th orie des pr f rences r v l es ait beaucoup d ascendant sur la communaut philosophique Elle est d ailleurs beaucoup critiqu e en micro conomie et 96 surtout dans le domaine de l conomie comportementale Il s agit d une version radicale et par trop simplifi e de la conception platonicienne de la motivation Elle ne permet ni d expliquer pourquoi la stricte akrasie est possible ni de comprendre la faiblesse de volont en g n ral Pour ce faire une th orie de la motivation qui d crit plus finement le processus de d cision nous est n cessaire 4 3 8 Les effets de comparaison Les probl mes d cisionnels non triviaux auxquels font face les agents rationnels dans la vie de tous les jours requi rent l examen de toutes sortes
456. r side dans le fait qu il d sire autre chose L akrat s peut reconna tre que certains d sirs ne constituent pas des raisons pour d cider de s engager dans une ligne de conduite particuli re comme il peut reconna tre que certains tats mentaux ne sont pas des raisons pour croire en quoi que ce soit Cette avenue th orique est jug e ad quate par Davidson parce qu elle nous permet de relever un d fi auquel doit faire face le th oricien qui veut expliquer le ph nom ne de la faiblesse de volont savoir qu il ne doit pas en mettant en relief les raisons de l agent faire apparaitre celui ci finalement rationnel 1991 115 1985 347 L akrat s est irrationnel parce qu il n a pas vraiment de raison de faire ce qu il fait mais ses actions A ee 64 demeurent tout de m me dirig es par des causes mentales 6 2 Que penser du d bat internalisme externalisme Beaucoup de th oriciens en philosophie pratique ont pris part au d bat en prenant position pour l une des deux conceptions et en critiquant l autre Mais on peut mettre certains doutes sur les termes m mes du d bat ou sur la capacit des conceptions oppos es de rendre compte des cas putatifs de stricte akrasie Je mentionnai ici deux critiques qui je le pense sont assez s rieuses pour que l on consid re que ce d bat ne doit pas tre au c ur du probl me de la faiblesse de volont et une critique de la notion de jugement inconditionnel qu
457. r t claire et r ellement praticable par des agents cognitivement limit s 7 1 2 4 Strat gie non compensatrice Dans une d lib ration compl te les agents doivent soupeser les avantages et les inconv nients de chacune des options disponibles Soupeser consiste non seulement pond rer les options qui s offrent nous mais les faire se contrebalancer afin de d terminer la quantit de poids suppl mentaire que repr sente un avantage ou un inconv nient par rapport l autre Une r gle de compensation peut tre aussi simple que l injonction de Franklin qui consiste dire qu on doit liminer les avantages et les inconv nients relatifs aux alternatives concurrentes qui ont sensiblement e m me poids Un calcul plus rigoureux consiste attribuer une cote n gative aux inconv nients et une cote positive aux avantages que pr sentent les options laquelle cote est alors multipli e par un facteur probabiliste comme dans les th ories modernes du choix rationnel On additionne toutes ces cotes et l on s lectionne l option qui obtient le plus haut score Quand on additionne de la sorte les valeurs des raisons susceptibles de motiver une d cision on a alors affaire une strat gie compensatrice Or les heuristiques d cisionnelles ne comportent pas en g n ral de r gles de compensation de la sorte Ces r gles de compensation sont cognitivement plus exigeantes et participent clairement au caract re peu frug
458. r intraveineuse Ainslie 2001 231 cognitifs internes de l agent et n gligent l examen des caract ristiques des choix et la structure des probl mes d cisionnels Les processus d cisionnels des organismes refl tent pourtant la structure des probl mes auxquels ils font face et ils sont d autant plus efficaces quand ils y sont bien adapt s 9 2 2 2 Le probl me des mauvaises habitudes et des d cisions impact n gligeable Lorsqu on traite des cons quences des choix akratiques on a souvent l esprit les impacts n gatifs r els ou probabilistes tr s marqu s de d cisions isol es D cider de faire sa d claration de revenus apr s la date butoir prendre le volant en tat d ivresse boire de l eau de mer lorsqu on est assoiff annuler un rendez vous chez le dentiste alors qu on a mal aux dents comportent des d savantages vidents Mais que dire de la d cision de fumer une cigarette ou de se r galer d une part de g teau En fait si on met dans la balance les alternatives de fumer une seule cigarette et contr ler son envie de le faire ou manger une seule part de g teau et accomplir un acte d autocontr le di t tique il appert que les premi res sont des alternatives qui produisent un meilleur profil exp rientiel Aucune d cision de fumer une seule cigarette n accro t significativement les risques pour la sant de m me qu aucune d cision de manger une part de g teau n alt re la si
459. r le contenu qu il devrait avoir dans le but d viter de rechercher l aveugle des solutions ou de faire du pilotage vue dans la gestion de notre motivation beaucoup de questions et de probl mes mergent Les solutions apport es ces probl mes n ont toutefois pas toutes une incidence pratique Certaines sont d ordre conceptuel d autres sp cifient les constituants ultimes de la motivation alors que d autres encore portent sur les proc dures d cisionnelles et les normes de la rationalit pratique Mais l identification des probl mes et des solutions acceptables contribue notre compr hension g n rale du ph nom ne et doit servir d arri re plan th orique et conceptuel pour l laboration de solutions ad quates de la m me mani re que les th ories et concepts en biologie fondamentale servent l laboration de m dicaments de mesures de pr vention et d interventions m dicales Une enqu te sur quelque ph nom ne que ce soit ne commence pas partir de rien from scratch et une enqu te sur la nature de la faiblesse de volont ne fait pas exception la r gle Les th oriciens abordent le ph nom ne avec initialement une conception ou une th orie de base de la motivation des normes de rationalit ou des proc dures d cisionnelles typiques des agents rationnels voire des agents tout court M me les toutes premi res tentatives d explication qui remontent Platon et Aristote incluent
460. r mener des affaires galement douteuses Elliot perdit son emploi et prouva des difficult s importantes diriger sa vie Il semblait m me prouver des difficult s importantes prendre des d cisions aussi anodines que de choisir une place o garer sa voiture ou choisir un restaurant En fait chaque fois qu Elliot devait faire face une situation probl matique dans le cadre de ses activit s quotidiennes il demeurait trangement longtemps dans un tat d ind cision Et lorsqu il se d cidait enfin c tait souvent la faveur d une ligne de conduite inappropri e pour laquelle il manifestait une obstination incompr hensible Au travail il pouvait passer une journ e enti re classer les documents sur son bureau Damasio lui fit passer toute une batterie de tests d intelligence visant mesurer toutes sortes de capacit s cognitives comme le maintien de l attention la m moire de travail la logique et la capacit de r soudre des probl mes inf rentiels partir d informations limit es etc La surprise de Damasio fut grande lorsqu il se rendit compte que son patient obtenait des r sultats soit moyens soit au dessus de la moyenne pour l ensemble de ces tests Elliot ne souffrait d aucun d ficit au niveau de ces comp tences cognitives les plus froides En revanche Elliot exhibait constamment une humeur calme et ne semblait pas tre particuli rement affect par sa condition En fait Elliot ne semblai
461. ral Choisir une allocation d pend videmment de consid rations d sid ratives les go ts et pr f rences pour certaines cons quences ou moyens pour les produire la volont de r aliser un r sultat etc Choisir une allocation d pend en partie de consid rations cognitives la probabilit estim e de la r alisation de certaines cons quences la visualisation de l ordre de r alisation d tapes pour obtenir un r sultat vis l estimation de la qualit la dur e et l intensit de l exp rience h donique d coulant de l obtention de ce r sultat profil h donique anticip etc Le choix d pend galement de consid rations motives les humeurs les feelings les sentiments et les appr ciations subjectives actuels d coulant de l anticipation d v nements futurs Et finalement le choix d pend de consid rations normatives heuristiques d cisionnelles r gles d valuation des allocations m thode d optimisation etc Il n est pas exclu que les attitudes prospectives soient motiv es en amont par d autres attitudes qui ne sont pas proprement parler des attitudes prospectives Les consid rations cognitives portant sur la r alisation d un v nement futur reposent la plupart du temps sur les donn es de la m moire d observation de relations causales pass es sur des liens d inf rence atemporels obtenus par d duction induction inf rence la meilleure explication etc sur
462. rastination mauvaise et souhaiteraient la r duire Steel 2007 Or l laboration de strat gies de contr le de soi est le principal d fi pratique que pose la faiblesse de volont Les strat gies les plus ad quates ne sont pas n cessairement de nature 4 individuelle Les dispositifs institutionnels peuvent tre mis en place pour pallier les d fauts de volont des citoyens dans certaines sph res d activit bien pr cise Par exemple les mesures encadrant la vente et la distribution d alcool les r gles de d lai obligatoire minimal pour se marier ou pour faire l acquisition d armes meurtri res sont des facteurs de refroidissement qui limitent la surconsommation et l impulsivit D ailleurs les destinataires des mesures visant un contr le accru de soi ne sont pas non plus n cessairement des personnes prises individuellement Il peut s agir de groupes sociaux plus ou moins importants ou m me des nations enti res Elster 1986 2007 Les dispositifs constitutionnels par exemple les r gles encadrant la politique mon taire d un pays et la d l gation de sa responsabilit aux banques centrales permettent d viter qu elle soit utilis e des fins partisanes pour la poursuite exclusive d int r ts court terme En fait lorsqu on parle de strat gies de contr le de soi on doit garder l esprit qu elles ne sont pas toutes au m me niveau op rationnel et qu elles peuvent former une
463. rcices de mani res r guli res Les stimuli qui sont pr sents dans ce genre d environnement nourrissent voire exacerbent l envie de fournir un effort physique important sur une p riode temporelle plus longue que si nous restons la maison M me si nous disposons de tout l quipement n cessaire observer des personnes fournir des efforts ainsi que le r sultat que l entra nement physique a eu sur eux constituent souvent le principal incitatif qui nous pousse in situ continuer en d pit du fait que les r sultats esp r s ne commenceront se faire sentir que dans plusieurs mois D ailleurs ce n est pas seulement la pr sence de certains stimuli qui fait la diff rence pour la motivation mais l absence de certains autres Bien que beaucoup de clubs de mise en forme poss dent des t l viseurs rares sont ceux qui poss dent en plus des canap s confortables et offrent des boissons alcoolis es Dans ce genre de sc nario c est la gestion des stimuli qui distingue souvent la r ussite de l chec Cette gestion peut tre tr s complexe suivant les cas Certains agents doivent en plus pr parer leur d cision de se rendre au club en planifiant l heure de d part un moment o les sources de distraction ont un impact minimal ex tout de suite apr s le travail et non apr s le souper pendant la plage t l visuelle la plus int ressante Cela n implique pas que les m canismes internes de contr le de soi respo
464. re des d cisions non maximisantes qui engendrent syst matiquement des r sultats sous optimaux Dans le cadre de tradition h donique l agent akratique choue maximiser son bien tre con ut comme un tat h donique de satisfaction tandis que dans le cadre de la tradition cognitive il choue maximiser son bien tre con u cependant comme des tats non affectifs comme l eud monia aristot licienne par exemple ou le salut chr tien On peut je pense reformuler l nonc de la conception Standard en rempla ant la clause juge que par la clause estime que Cette derni re est beaucoup plus neutre l gard de la nature des l ments qui forment le soubassement de la motivation Conception Standard largie CSE En d cidant at de faire x un agent fait un choix incontinent si et seulement si a l agent croit at qu il peut aussi choisir de faire y et b l agent estime t que tout bien consid r il serait mieux de choisir y que de choisir x Il serait plus pr cis et plus correct de dire ici que l assignation de poids dans le processus de d cision est sous d termin e mais d termin e tout de m me par des poids Comme je le montrerai dans le chapitre 7 les agents rationnels utilisent consciemment ou non toute une s rie de r gles et de proc dures d cisionnelles vari es qui les am nent faire des choix diff rents partir d un m me stock initial de pr
465. re akratique Mais compte tenu des informations dont il dispose et de ses aspirations d sirs et aversions l agent pr f rera une ligne de conduite toute autre ou du moins sera indiff rent entre plusieurs lignes de conduite ex quo qui sont cependant pr f rables toutes les autres Une version simplifi e de la d finition standard de la faiblesse de volont consiste dire qu un agent est akratique si et seulement s il agit l encontre de son meilleur jugement Ici le meilleur jugement de l agent correspond non pas un jugement qu il estime tre meilleur mieux inform mieux appuy que les autres jugements mais un jugement l effet qu une ligne de conduite est pr f rable toutes les autres Ce point semble toutefois constituer un cart avec la d finition standard longue Mais il n en est rien Si un agent estime que x est pr f rable y cela n implique pas que pour lui x est pr f rable z lorsque z fait partie des options en lice Il se peut que z soit l option pr f rable toutes autres Cependant si l agent qui consid re ces options n opte pas pour z ce que lui indique son meilleur jugement alors il sera r put akratique parce qu il satisfait la d finition standard longue En d autres termes la d finition standard longue implique qu un agent akratique agisse l encontre de son meilleur jugement et que tout agent qui agit l encontre de son meilleur
466. re il n aurait pas agi de la sorte Le raisonnement pratique qui en r sulterait d boucherait sur une conclusion diff rente savoir une consommation mod r e d alcool 3 Le probl me de la contamination affective du processus d cisionnel La troisi me explication fait appel certaines caract ristiques g n rales de la m canique du raisonnement pratique et au r le d l t re que peuvent y exercer l occasion les motions Tout ce processus s enracine dans l anthropologie aristot licienne Dans le livre II de De Anima Aristote d crit les puissances et les fonctions de l me pour toutes formes d organisme vivant c t des puissances v g tatives sensitives locomotives il y a les puissances app titives et intellectives dont Aristote se sert pour expliquer la stricte akrasie et la faiblesse de volont en g n ral Seuls les humains cumulent l ensemble de ses puissances et sont pourvus d intellect Mais comme Aristote th matise l akrasie comme une sorte de discorde entre les app tits et les forces intellectuelles seuls les humains sont susceptibles d akrasie Les app tits correspondent en fait aux motions Aristote distingue au sein des app tits ceux qui sont de nature sensible de ceux qui sont de nature intellective Les app tits sensibles sont enracin s dans la partie sensible de l me La faim la soif la douleur l angoisse les frissons dus au froid et l envie d uriner sont de
467. re des d cisions importantes 4 Plus on a d informations et plus on utilise des ressources computationnelles plus on a des chances de prendre de bonnes d cisions ou de former de bons jugements L nonc 1 est erron parce qu on ne tient pas compte des situations dans lesquelles la formation d un meilleur jugement n est pas computationnellement r alisable dans des 165 d lais raisonnables Mais il est galement faux parce que le meilleur jugement manque de robustesse dans la mesure o la pond ration des raisons comporte une marge d erreur trop grande Cela explique jusqu a un certain point pourquoi nous ne sommes pas convaincus par des arguments sophistiqu s et trop longs m me si nous sommes capables d en suivre correctement le cours L addition des erreurs d estimation sape la justesse d un meilleur jugement L nonc 2 est erron parce que nous nous servons des heuristiques pour des raisons qui ont a voir avec la structure du probl me tel que son caract re computationnellement irr solvable les cueils qu il repr sente pour la robustesse des solutions et son urgence L nonc 3 est erron parce que l importance qu un probl me repr sente pour nous ne fait pas partie de sa structure Nous pouvons par exemple parier sur le gain d une quipe de hockey lors d un match a venir et dont l enjeu peut tre aussi bien la fortune de toute une vie qu une petite tape dans
468. re qui ne s appliquerait pas aux cas de stricte akrasie Pour Holton une meilleure caract risation des pisodes de faiblesse de volont consiste dire que les agents qui vivent ces pisodes chouent se conformer leur intention Aussi la faiblesse de volont apparaitrait quand les agents sont trop facilement dispos s reconsid rer leurs intentions 1999 1 Une telle caract risation du ph nom ne comporte pour Holton beaucoup d avantages qui vont au del du fait qu elle corresponde mieux aux cas intuitifs de faiblesse de volont Concevoir la faiblesse de volont comme une sorte de violation d intention nous permettrait de rendre compte des cas o les agents prennent des d cisions dans un contexte de choix 189 qui pr sentent des options incommensurables ou pour lesquelles l agent a une indiff rence marqu e La conception d Holton nous permettrait galement d expliquer autant les cas de faiblesse que les cas de force de volont les cas qui ne pr sentent pas de conflits internes apparents et m me des cas o les agents vivent des pisodes de stricte akrasie sans vivre des pisodes de faiblesse de volont et des pisodes de faiblesse de volont sans stricte akrasie D ailleurs et c est sans doute ici un des points les plus importants Holton soutient que sa caract risation lui permet d expliquer de mani re plus ad quate pourquoi on estime commun ment que lorsqu un agent vit u
469. rechute j ai pu tenter pour moi m me et pour les autres de justifier rationnellement le fait de m allumer une cigarette ce qui laisse penser que j ai r vis ma r solution Mais comme la duperie de soi est un ph nom ne souvent corr latif des pisodes de faiblesse de volont on doit rechercher d autres indices pour tablir un diagnostic plus robuste Aussi comme le soutient Dodd whether an agent A has a certain policy at t cannot always be determined by consulting a synchronic description of A at t but can often only be determined by a diachronic description of A Whether he really did cancel the old policy will be shown by how he acts and feels later Subsequent guilt feeling promises never to do that again and the like are all again that the policy was still in effect and broken A lack of such things combined with a stable disposition to affirm the one has decided not to quit smoking after all would show that one really did decide to cancel the old Stop smoking policy Regardless if an agent really did cancel the old policy of refraining from smoking and only then smoked his smoking wouldn t be a case of weakness of will Because the policy was canceled there would be no policy the agent had which he would be breaking However if the subsequent behavior and affirmations of the agent reveal he never did cancel that old policy in spite of what he might have said to the contrary as was giving into temptation th
470. reille Mais comment concilier ces deux faits 175 Je pense que l hypoth se privil gier est tout simplement qu on peut vivre des pisodes de stricte akrasie sans avoir pr alablement form de meilleurs jugements ni m me essay de le faire Si c est effectivement le cas ce que je pense alors la d finition standard devrait tre abandonn e S il ne s agissait que de cas limites la conception Standard pourrait tre maintenue mais tant donn la raret des meilleurs jugements et la pr valence des cas de faiblesse de volont il serait plus appropri d laborer une autre conception Mes conclusions ici sont toutefois davantage n gatives que positives Une conception qui pr suppose que les choix rationnels rel vent d une forme ou d une autre de maximisation comme cela est pr suppos dans la conception Standard manque non seulement de fondements empiriques mais nous pousse th oriquement surdiagnostiquer des cas de faiblesse de volont Je ne propose pas ici une conception alternative mais identifie plut t une limitation s rieuse de la conception Standard et une piste de solution pour les cas de stricte akrasie 7 3 1 De la stricte akrasie sans meilleur jugement Un agent peut d cider d adopter un comportement qui rel ve de la faiblesse de volont m me s il n a pas form de meilleur jugement Sa d cision peut aller l encontre d un jugement d ment form par l application d une
471. reuses besognes d activit s d plaisantes et de p riodes de renoncement qui impliquent l occasion des exp riences h doniques n gatives assez marqu es L examen des strat gies les plus efficaces met cependant en relief le fait que les personnes mettent en place des chafaudages scaffolding cognitifs et motivationnels dans leur environnement dont la disparition m me momentan e engendre une accentuation du caract re hyperbolique de leur escompte du futur La description empirique des chafaudages cognitifs a donn lieu dans la litt rature philosophique une reconsid ration de la notion d esprit David Chalmers 1998 et Andy Clark 1998 2010 ont d velopp l id e que la fronti re de la peau est un l ment non pertinent pour circonscrire les processus cognitifs Par exemple la confection d une liste d picerie la r solution d une quation math matique sur une feuille de papier la d limitation d un territoire l aide de piquets ou d urine le fait de tourner sur elle m me une pi ce tridimensionnelle pour essayer de la faire passer par un orifice sont des v nements qui doivent tre d crits comme des phases importantes de processus cognitifs qui ont lieu en partie l ext rieur du cerveau Dans le cadre d une conception internaliste classique de l esprit rechercher des mots au Scrabble par exemple revient former des images mentales ou repr sentations plus abstraites de mot
472. rocrastiner lorsque vient le temps d accomplir des besognes et de s adonner a des vices Ces l ments devraient pouvoir nous orienter dans l examen des facteurs endog nes et exog nes de changement des pr f rences et d sirs qui produisent des pisodes de faiblesse de volont mais galement des facteurs de contr le de soi et diverses m thodes pour accentuer ce contr le Ils nous permettent galement de voir pourquoi la faiblesse de volont est un paradigme de l irrationalit ce qui est beaucoup plus difficile a faire dans le cadre de la conception Standard et m me dans la th orie de Holton Ils s inscrivent du reste dans une conception beaucoup plus g n rale de la motivation ce qui permet entre autres choses de mettre en perspective des id es philosophiques re ues comme l id e que la faiblesse de volont est un ph nom ne paradoxal ou nigmatique qu il faut expliquer plut t que les m canismes de contr le de soi Bien que cela ne soit pas une cons quence logique de la th orie du choix intertemporel cette th orie oriente notre attention sur les capacit s de contr le de soi qu acqui rent et raffinent les agents au cours de leur vie et qui leurs permettent en retour de repousser voire de renoncer des gratifications importantes dans le futur Je me propose donc d examiner dans ce chapitre les propri t s des choix intertemporels et ceux des d cisions akratiques en particulier Je
473. rrait accomplir avant Mais on aurait tort de penser que la procrastination est rigoureusement le ph nom ne inverse de l impatience Lorsqu un agent procrastine ou se montre impatient il opte en fait pour une allocation intertemporelle qui a la m me structure Certes les activit s qu on est dispos remettre plus tard ne sont pas les activit s qu on est impatient d accomplir On procrastine lorsque vient le temps de faire des besognes ou de s acquitter de t ches ennuyeuses et l on s impatiente lorsque vient le temps de s adonner des loisirs ou des activit s hautement excitantes et grisantes Mais m me si les besognes et les loisirs pr sentent des structures d allocation diff rentes l allocation intertemporelle a la m me structure Habituellement si l on s acquitte de certaines besognes ce n est pas pour des raisons masochistes mais bien pour leur impact r siduel positif on n aime pas faire la vaisselle mais on aime que la vaisselle soit faite De m me on ne vide pas son compte de banque en achetant des biens pour des raisons masochistes on n aime pas que l argent soit d pens mais on aime d penser de l argent Aussi dans ces deux cas la partie de l allocation qui importe le plus pour nous en tant 230 qu agents procrastinateurs et impatients est l ensemble des cons quences cooccurrentes l activit et non l ensemble des cons quences qui suivent l activit La
474. rs c est plus ou moins en r f rence cette hypoth se que plusieurs philosophes ont ni l existence de la stricte akrasie Heath 2008 et ce qui va s imposer comme la conception standard moderne de la 35 faiblesse de volont agir l encontre de son meilleur jugement y fait implicitement r f rence Malheureusement ou heureusement l hypoth se de la maximisation est fausse La description empirique des proc dures d cisionnelles depuis les premiers travaux d Herbert Simon dans les ann es 1950 jusqu aux r cents travaux des membres du ABC Group de l Institut Max Planck montrent tr s clairement que les agents sont des pi tres maximisateurs mais tirent leur pingle du jeu en utilisant toutes sortes de r gles d cisionnelles simples et efficaces fast and frugal heuristics Je vais pr senter quelques unes des conclusions les plus importantes de ces recherches au chapitre 6 Ces conclusions jettent mon avis un clairage nouveau et important sur les d bats conceptuels l gard de la faiblesse de volont 2 1 2 Les d faillances du raisonnement pratique les explications d Aristote Bien que le premier usage attest du terme akrasia se trouve dans l uvre d Aristote il y est difficile de cerner une th orie ou un syst me explicatif complet de la faiblesse de volont Aristote aborde le probl me plusieurs endroits dans l thique Nicomaque un trait qui port
475. rsuivre Au second niveau elles fournissent l impulsion n cessaire pour la production d une d cision Au premier niveau donc les consid rations d sid ratives participent l valuation des alternatives alors qu au second niveau elles motivent les agents les choisir Le d couplement du processus d valuation et de motivation explique pourquoi on peut vivre des pisodes de stricte akrasie L agent akratique a un probl me de d salignement du processus d valuation du premier niveau avec celui du second niveau responsable de la motivation Aussi lorsque nous affirmons qu un d sir a un poids cela peut signifier qu il a une certaine priorit dans l valuation des sc narios r alisables pour un agent mais cela peut galement signifier qu il a une certaine force motivationnelle susceptible de pousser un agent prendre une d cision particuli re Cette ambigu t rendrait le ph nom ne de la stricte akrasie nigmatique Mais si l on accepte la proposition de Mele alors le paradoxe se dissout Il reste par contre expliquer pourquoi les agents prouvent l occasion des difficult s d alignement de leur processus d valuations Pour expliquer le ph nom ne putatif de la stricte akrasie Mele utilise certains r sultats de recherches en psychologie de la motivation et notamment la mani re dont le psychologue George Ainslie Ainslie 2001 Ainslie amp Haslam 1992 les a interpr t s et qu
476. rtains de nos motifs de choix les pr f rences temporelles en premier lieu 271 10 3 2 Escompte hyperbolique sans pr f rences temporelles pures L hypoth se qu il y ait des pr f rences temporelles pures qui am nent les agents escompter hyperboliquement le futur ne fait pas l unanimit Il y a plusieurs hypoth ses concurrentes et document es divers degr s dans la litt rature Je ne compte pas les pr senter et les examiner toutes ici tant donn l espace que cela prendrait Mais il y a deux hypoth ses qui pr sentent un certain attrait philosophique et une certaine robustesse empirique La premi re est une hypoth se propos e initialement par Rachlin 1992 2006 et Raineri 1992 selon laquelle l escompte du futur n est pas la seule fonction hyperbolique de l esprit et qu elle ne d coule donc pas n cessairement de pr f rences temporelles pures La seconde fut propos e par Liberman et Trope Liberman amp Trope 1992 Liberman Trope Mccrae amp Sherman 2002 et repose sur l id e que les agents escomptent le futur en fonction d un niveau de construction cognitive de leurs d tails Examinons ces hypoth ses tour tour 1 La fonction hyperbolique r pandue des valuations et la n cessit des signaux h t rog nes Dans un article important et critique de la position d Ainslie et Haslam Rachlin et Raineri montrent que la fonction hyperbolique qui d crit l escompte du futur d cr
477. rtains faits pertinents de mani re ponctuelle ou persistante Dans le cadre d une th orie d inspiration utilitariste on pourra expliquer le ph nom ne en jouant sur les param tres affectifs ou d sid ratifs Si des agents par ailleurs maximisateurs adoptent des comportements manifestement sous optimaux c est que leurs dispositions motionnelles ou leurs d sirs ont subi un changement Si je remise par exemple mon appareil d entrainement physique que j ai pourtant acquis grands frais il y a peine un mois c est que je pr f re maintenant m avachir sur le canap plut t que de suer Si je d cide de prendre ma voiture avec un taux d alcool mie lev alors que je m tais pourtant r solu appeler un taxi plus t t dans la soir e c est que l alcool a r duit mon aversion et ma sensibilit globale au risque Bien que ce point semble tre n glig dans la litt rature sur la motivation les th ories de l action et du choix rationnel l hypoth se de la maximisation est un des legs les plus importants sinon le plus important que nous ait laiss Platon Qu elle figure comme axiome explicite dans les th ories normatives et descriptives en micro conomie ou implicitement a la base des consid rations intuitives pratiques des personnes ou encore comme condition d arri re plan n cessaire a l interpr tation des actions d autrui l hypoth se de la maximisation reste largement accept e D ailleu
478. rte la structure du probl me Je pense qu on peut d crire les l ments de cette structure de la mani re suivante 1 Les informations pertinentes ne sont accessibles qu ceux qui poss dent d j des comp tences pist miques pouss es et ma trisables qu apr s un long entra nement 2 Ces informations sont n anmoins synth tisables et transmissibles par des r seaux sociaux fiables ou dignes de confiance 3 La synth se de ces informations qui fait fi des anomalies mineures et des idiosyncrasies augmente paradoxalement la probabilit que celles ci soient correctes Je vais expliquer ici chacun de ces l ments L l ment 1 justifie en fait une saine division du travail pist mique dans un monde social o il est difficile d acqu rir certaines informations importantes et o on le fait au prix de recherches m thodologiquement lourdes et d une formation pouss e cet gard on peut dire que fumer la cigarette est une option particuli re sous au moins deux aspects fumer a une bonne propension addictive et comporte des cons quences n fastes subtiles pour un avenir proche mais importantes pour un avenir lointain et qui plus est incertaines La connaissance du caract re addictif s tablit relativement facilement par fr quentation Tous les fumeurs sont capables de reconna tre les effets du manque de nicotine ex maux de t te irritabilit bouche p teuse e
479. s Different from the Sum of Its Parts in Time and Decision Loewenstein G amp Read D amp Baumeister R dir New York Russel Sage pp 323 49 Ariely Dan 2010a Predictably Irrational Revised and Expanded Edition The Hidden Forces That Shape Our Decisions New York Harper Perennial Ariely Dan 2010b The Upside of Rationality The Unexpected Benefits of Defying Logic at Work and at Home New York Harper Collins Aristote 1991 thique Eud me trad D carie Paris Vrin Aristote 1999 De l me trad Bod s Paris Garnier Flammarion Aristote 2004 thique Nicomaque trad Bod s Paris Flammarion Aristote 2004 Politique trad Bod s Paris Flammarion Aubry Romeyer Dherbey amp Gwena lle Gilbert 2002 L excellence de la vie sur l thique Nicomaque et l thique a Eud me d Aristote Paris Vrin Audi Robert 1990 Weakness of Will and Rational Action Australasian Journal of Philosophy vol 68 3 270 81 Audi Robert 1993 Action Intention and Reason New York Cornell University Press Austin J L 1961 A Plea for Excuse Philosophical Papers Oxford Clarendon Press Axelrod Robert amp Cohen Michael 1999 Harnessing Complexity Organizational Implication of a Scientific Frontier New York The Free Press 293 Axelrod Robert 1984 The evolution of cooperation New York Basic Books Bachelard Gaston 1938 1980 La formation de l
480. s On pourra par exemple stipuler que la propri t doit se trouver l int rieur d une zone de 15 km de notre lieu de travail co ter moins de 300 000 avoir un sous sol habitable et plus beaucoup de r novation effectuer d s l acquisition etc On examinera ensuite des offres sur le march en fonction de nos crit res On se concentrera d abord sur les propri t s qui se trouvent dans la zone convoit e puis on liminera celles qui co tent plus de 300 000 etc Toutes les heuristiques ne proc dent toutefois pas de cette fa on Les m thodes lexicographiques peuvent chercher trancher l aide d un seul attribut jug plus valide ou plus saillant que les autres entre des alternatives dont l agent conna t d j l tendue 160 Mais les heuristiques sont plus flexibles a cet gard que les proc dures d optimisation La raison en est simple lorsqu on priorise les parties sur le tout cela implique n cessairement une recherche frugale ce qui est incompatible avec l optimisation 7 1 2 3 R gle d arr t Ce qui rend les proc dures d optimisation particuli rement difficiles suivre est le fait qu elles ne comportent pas de r gles d arr ts toujours videntes ou m me praticables Vous pouvez savoir que vous devez arr ter votre recherche d alternative lorsque vous les avez toutes identifi es mais il est souvent difficile voire carr ment impossible de savoir quand vous
481. s hommes ne s en tireraient pas mieux s ils obtenaient syst matiquement tout ce qu ils veulent mais nous devons consid rer que la r ussite personnelle n implique pas toujours la satisfaction des d sirs mais quelques fois et plus souvent qu on le pense leur frustration Bibliographie Ainslie George amp Haslam Nick 1992 Hyperbolic Discounting in Choice over Time Loewenstein G amp Elster Jon dir New York Russell Sage 57 92 Ainslie George amp Haslam Nick 1992 Self Control in Choice over Time Loewenstein G amp Elster Jon dir New York Russell Sage 177 211 Ainslie George 1974 Impulse Control in Pigeons Journal of the Experimental Analysis of Behavior vol 21 485 9 Ainslie George 2001 Breakdown of Will Cambridge Cambridge University Press Akerlof G A 1991 Procrastination and obedience American Economic Review vol 81 2 1 19 Anderson Joel amp Heath Joseph 2010 Procrastination and the Extended Will in The thief of Time Andeou C amp White M New York Oxford University Press 233 52 Anne Marie Kalis Andreas Mojzisch T Sophie Schweizer Stefan Kaiser 2008 Weakness of will akrasia and the neuropsychiatry of decision making An interdisciplinary perspective Cognitive Affective amp Behavioral Neuroscience vol 8 4 402 17 Ariely Dan amp Carmon Ziv 2003 Summary Assessment of Experiences The Whole I
482. s parer cette pens e du vouloir comme s il restait encore apr s cela de la volont 1886 19 Dans l p tre aux Romain 7 Paul t moigne Je vois une autre loi dans mes membres qui combat contre les lois de mon esprit 35 En particulier dans les noyaux gris centraux et dans le thalamus cet gard les noyaux gris jouent un double r le Ils fournissent les impulsions n cessaires aux mouvements mais sont capables de les inhiber en p riode de repos 60 de volont seraient des ph nom nes qui se recoupent partiellement ou en quasi totalit mais pourraient se situer des niveaux diff rents de l chafaudage motivationnel et la distinction de Pironet et Tappolet devient plus superficielle Il y a cependant de bonnes raisons de croire que c est la premi re interpr tation qui est correcte Le c l bre argument de l ne de Buridan repose sur une interpr tation du vouloir de la volont comme une d cision et non comme un d sir Un ne assoiff situ gale distance entre deux sources d eau galement attrayantes ne mourra pas de soif mais optera pour une des deux alternatives Saarinen 1994 Il s agit initialement d un argument en faveur de l hypoth se de l autod termination absolue de la volont mais il exprime bien l id e que le vouloir de la volont est une sorte de d cision et non pas une sorte de d sir puisque ce qui tranche en faveur d un choix ici ne rel
483. s app tits command s par notre nature sensible et se retrouvent chez la plupart des animaux Pour Aristote ces motions repr sentent des forces purement irrationnelles qui peuvent nous mouvoir mais de mani re aveugle Contrairement ces derniers les app tits intellectifs ont des contenus 14 I est contre intuitif de stipuler que l agent agit ou prend une d cision aussit t le processus de d lib ration achev On a l impression qu on peut obtenir un r sultat la suite d une d lib ration et s en servir plus tard au moment o l on jugera opportun de prendre une d cision La mani re dont Davidson interpr te Aristote sur ce point est int ressante Le processus de d lib ration compl t l agent agit ou prend une d cision sur le champ parce qu il n y a pas lieu de distinguer les conditions sous lesquelles l agent est en position d inf rer qu une action qu il est libre d accomplir est d sirable des conditions sous lesquelles il agit 1970 51 52 39 cognitifs Le d sir de manger un burger l envie de boire du vin la peur du voisin par exemple ont un contenu cognitif que n ont pas leurs motions brutes correspondantes savoir la faim la soif et l angoisse Ce contenu est d termin essentiellement par deux param tres soit l intentionnalit son objet et l ant c dent interpr tatif Jes croyances l gard de leur cause Ces param tres cognitifs permettent notamment Ar
484. s ceteris paribus form un meilleur jugement allant dans la direction contraire Tout ceci nous indique que la connexion entre le meilleur jugement et la d cision exemplifie des propri t s subtiles qui sont difficilement explicables dans le cadre du d bat internaliste externaliste 128 6 2 2 L akrasie comme probl me situ en amont du meilleur jugement ou en aval de la d cision La faiblesse de volont est traditionnellement vue comme une forme d chec pratique qui ne r sulte pas d interf rences externes d un manque de ressource ou d un probl me de coordination avec d autres agents ou objet en mouvement car c est un chec dont la cause r side l int rieur de l agent lui m me Mais isoler le probl me akratique au niveau de la connexion du r sultat de la d lib ration et de la d cision peut sembler r ducteur dans la mesure o nombre de cas intuitifs d pisodes de faiblesse de volont n impliquent pas ce genre de probl mes On peut la suite d Am lie Rorty 1980 identifier au cours de toutes les tapes du processus qui m ne la formation du meilleur jugement des d faillances et points de rupture qui seraient responsables d pisodes de faiblesse de volont Par exemple au niveau de la g n ration des alternatives un agent amorphe acidique ou apathique chouera enclencher une recherche d options plus satisfaisantes Avachi sur le sofa je peux par exemple constater q
485. s de gratification qui fera la diff rence ex choisir entre des activit s plaisantes Mais si c est au niveau des cons quences n gatives ce sera la pr f rence pour les d lais de frustration ex choisir entre des besognes Il y a videmment beaucoup de cas mixtes notamment les cas o l on se montre impatient en procrastinant ex choisir de faire la f te pour s viter de r diger un travail important Poser l hypoth se de pr f rences temporelles fournit une explication simple et l gante A l gard de la structure dynamique trange de l escompte hyperbolique il est de surcroit assez naturel de postuler des pr f rences qui ne portent pas sur des cons quences comme telles mais sur leurs instants de r alisation D ailleurs il ne s agit pas n cessairement d une hypoth se ad hoc On peut observer d autres types de pr f rences temporelles qui motivent les agents prendre des d cisions distinctives l gard des allocations intertemporelles Il y a ma connaissance deux types de pr f rences temporelles dont la litt rature sur le sujet fait tat Il y a les pr f rences pour les d lais de gratification et les pr f rences pour les s quences ascendantes Une pr f rence pour les d lais de gratification s observe surtout chez les agents qui recherchent compulsivement des ressources en d pit du fait qu elles leur procurent peu de gratification Les forcen s de l investissem
486. s de la rationalit Seulement on observe dans plusieurs pisodes de la s rie un Spock qui se montre incapable d identifier le choix le plus ad quat dans des situations complexes o les consid rations morales sont importantes et hautement charg es affectivement Les t l spectateurs ont l impression que la raison froide du personnage n est pas clair e par un fond motionnel et qu elle reste en quelque sorte aveugle un niveau de r alit pourtant important Cette derni re opinion s accorde avec nos intuitions morales et esth tiques fondamentales Si nous ne sommes pas touch s par la situation d plorable d une personne sur laquelle le sort s acharne ou par les conditions de vie mis rables des enfants affam s du tiers monde ou par l inventivit pr sente dans un chef d uvre nous avons l impression que quelque chose nous chappe ou que nous ne comprenons pas bien la situation Faire des exp riences nouvelles pour tendre notre sensibilit est sans doute un bon moyen d acqu rir des connaissances auxquelles nous avons difficilement acc s en nous contentant d informations discursives comme celles qu on retrouve dans les livres les articles et les journaux Je ne remets pas en cause ici l id al d objectivit que les philosophes ch rissent depuis l Antiquit En fait cet id al vaut non seulement la peine d tre poursuivi mais est m me accessible lorsque correctement con u
487. s disponibles pour lui Par exemple je peux d cider de ne sortir qu avec la quantit d argent liquide n cessaire pour faire mes achats et laisser chez moi mes cartes de cr dit et de d bit Aussi s il me vient l envie de faire des d penses inconsid r es je serai limit par les moyens financiers dont je dispose ce moment Or le probl me avec cette r ponse est que seulement certaines intentions prennent la forme d engagements pr alables La plupart du temps les agents 6 Pour Holton former une intention un plan ou r solution est une sorte d acte mental dont les agents font l exp rience et dont ils ont impression qu elle rel ve de leur volont libre Mais cette exp rience ph nom nale n est pas seulement pr sente pour les intentions orient es vers le futur Nous avons tous une exp rience de la formation d intention dont nous souhaitons la r alisation hic et nunc Nous ne d cidons pas n cessairement pour l avenir mais galement pour le pr sent Aussi on peut tre tent d identifier les intentions orient es vers le pr sent avec les actions qu entreprend pr sentement un agent Pettit 2010 Cela reste d ailleurs dans l esprit de la conception aristot licienne de la rationalit pratique Pour Aristote les actions d un agent suivent imm diatement la d lib ration et elles repr sentent en ce sens sa conclusion Mais identifier les intentions avec des actions revient identifier les
488. s motiv es par des attitudes gocentriques pour anticiper le comportement des autres et motiver ainsi l usage d une ligne de conduite strat gique de pr f rence une autre ou tout simplement pour mesurer la force d une intuition personnelle Thomas Schelling affirmait un jour que You can sit in your armchair and try to predict how people will behave by asking yourself how you would behave if you had your wits about you You get free of charge lots of vicarious empirical Bla pr valence de l ancrage dans les choix de consommation explique aussi pourquoi en p riode d inflation les producteurs de denr es sous dimensionnent leurs produits au lieu d en augmenter le prix Ils savent que les consommateurs rechigneront acheter un bien plus cher m me s ils ont une pr f rence marqu e pour ce bien Il est plus facile d tablir un prix de r f rence par ancrage qu une quantit de r f rences par ancrage dans les cas ou la mesure de ces quantit s est subtile plus difficile a tablir parce que moins saillante 154 behavior Schelling 1966 Schelling d crivait la m thodologie des chercheurs dans les sciences du comportement de l poque Mais cela d crit galement la mani re dont nous proc dons souvent pour faire des pr dictions concernant la conduite des autres et orienter par cons quent notre propre conduite Une autre forme de choix par ancrage est l usage de la r gle Take the last
489. s ne correspondent pas tout fait mais entretiennent une relation de proche parent Je vais me tenir ici une version non technique de la notion parce que cela n apporterait rien de significatif la discussion que d utiliser une notion trop technique 81 4 2 1 Le caract re valuatif des pr f rences Les pr f rences refl tent la valeur que les choses ont pour nous La notion de pr f rence est un terme g n rique qui embrasse toutes sortes de consid rations d sid ratives comme les d sirs les souhaits les penchants les envies les espoirs les convoitises les app tits les ambitions les caprices mais aussi des aversions corr latives comme des peurs des r pugnances des appr hensions des r pulsions etc Les pr f rences peuvent tre tr s idiosyncrasiques comme le sont les d sirs et les go ts pour telle ou telle organisation de notre jardin ou pour les sortes de bi res ou plus impersonnelles et transculturelles comme les pr f rences pour la sant la s curit et les opportunit s Au niveau de l conomie de base des organismes vivants les pr f rences correspondent aux valences de leurs tats internes Comme les organismes tentent de maintenir un tat hom ostatique stable situ dans une fourchette pr alablement fix e les ressources externes seront valu es en fonction du maintien de l tat hom ostatique Damasio 1995 Pour des agents rationnels sophistiqu s les pr f rences correspo
490. s pour les v nements lointains et rapproch s comme les deux mentionn es plus haut Mais il ne fait pas de doute que cela constitue un obstacle de taille pour l action planifi e Et qui plus est c est un obstacle qu on ne remarque pas facilement Toutefois il n est pas certain que la th orie des niveaux de construction soit plus appropri e pour expliquer la faiblesse de volont que l hypoth se des pr f rences temporelles pures Elle pourrait tr s bien expliquer pourquoi nous faisons si volontiers des plans irrationnels pour l avenir lointain C est un point qui est d ailleurs mis en relief par le psychologue Daniel Gilbert 2006 Comme un champ de ma s observ du ciel beaucoup d v nements lointains pr sentent une douceur qu ils perdent lorsqu on les contemple de plus pr s Cela pousse des personnes s engager dans des activit s qu ils sont susceptibles de regretter par la suite Je peux offrir des services de gardiennage une tante qui part une semaine pour l tranger parce que je me repr sente l v nement comme une occasion de me rapprocher de mes neveux et ni ces Mais je peux m en mordre les doigts la veille parce que je traite mentalement des informations pour d terminer comment je devrais passer la semaine avec eux et en particulier comment je devrais passer la journ e de demain avec eux Faire du gardiennage dans un mois est une manifestation d amour en faire demain c
491. s prendre le temps d valuer leur besoin Ces consommateurs se retrouvent avec toutes sortes de biens dont ils ne tirent qu une jouissance limit e La prise de conscience de ce fait n est souvent pas suffisante pour les orienter dans des habitudes de consommation plus ad quates cet gard le cerveau de ces consommateurs compulsifs ressemble ceux des toxicomanes d crits par Berridge Cela dit l un des faits les plus troublants que Berridge et coll ont d couverts est que le processus de sensibilisation accrue des signaux particuliers ne s accompagne pas d une appr ciation accrue au point de consommation c est plut t l inverse qui se produit Plus un signal acquiert une saillance motivationnelle pour un agent moins la substance le bien ou l activit qui lui sont causalement associ s auront un impact h donique positif pour lui Par exemple il y a des jeux vid os qui se distinguent des autres par le fort degr 142 d accoutumance qu ils produisent Ces jeux procurent initialement beaucoup de plaisir mais offrent un rendement marginal d croissant important qui ne s accompagne pas d une baisse de son attrait pour son consommateur En fait le consommateur a tendance a jouer de plus en plus en d pit du fait que son exp rience h donique s appauvrit Tout ce qui pr c de milite manifestement en faveur d une position comme celle de Mele Les agents peuvent se m prendre sur leurs propres moti
492. s que nous sommes indiff rents au choix de ces options 4 3 3 Automatisme douloureux Il semble que les agents s adonnent l occasion des activit s d plaisantes qu ils ne veulent pourtant pas faire Par exemple William James mentionnait que les personnes qui ont mal une dent ont tendance la t ter continuellement du bout de la langue ce qui produit chaque fois une douleur vive Pourtant on ne peut pas en inf rer que ces personnes ont une pr f rence pour la douleur Un partisan de la th orie des pr f rences r v l es pourrait arguer que le tripotage douloureux de la dent est compens par le fait d acqu rir de l information afin de savoir si elle fait toujours mal Il s agit d une r ponse bizarre parce que les maux de dents ne disparaissent pas sans interventions m dicales et aussi parce que quand une partie de notre bouche est la source d une douleur lancinante on peut tre peu pr s certain que la tripoter accentuera la douleur sans m me tre en train de le faire actuellement Hastie amp Dawes 2010 Une r ponse insatisfaisante serait de dire que les agents ont des go ts qui ne se discutent pas de gustibus non disputandum Nous n avons pas besoin d tre masochistes pour nous adonner automatiquement ce genre d activit 91 4 3 4 Exclusion des indicateurs h t rog nes Cela m am ne la seconde critique qui porte sur les indices r v lateurs de pr f rences A c t
493. s qui commandent la sortie output des actes d agencements de lettres Si le r sultat n est pas satisfaisant de nouvelles transformations mentales sont initi es partir de l agencement pr alablement obtenu et disponible en entr e input Ici la r solution de probl me implique des s ries de boucles d actions et r troactions entre les processus cognitifs d une part et les agencements d autre part Mais dans le cadre d une conception externaliste comme celle que proposent Chalmers et Clark l agencement des lettres fait partie int grante du processus cognitif Pour ces chercheurs manipuler des lettres r elles n est pas essentiellement diff rent que de manipuler des lettres mentales C est pour cette raison qu ils se font les avocats d un externalisme actif en philosophie de l esprit Cette position se distingue de l externalisme 286 issu du c l bre d bat portant sur les d terminants de la r f rence des mots et du contenu des croyances dont Putman et Burge furent les plus grands partisans Pour Chalmers et Clark when I believe that water is wet and my twin believes that twin water is wet the external features responsible for the difference in our beliefs are distal and historical at the other end of a lengthy causal chain Features of the present are not relevant if I happen to be surrounded by XYZ right now maybe I have teleported to Twin Earth my beliefs still concern standard water because
494. s si chacun des deux types de pr f rences temporelles constitue lui seul une condition n cessaire et suffisante pour un escompte hyperbolique ceux ci ne jouent pas le m me r le dans l explication de comportement akratique L aversion pour les d lais de gratifications expliquerait mieux les comportements impatients tandis que les pr f rences pour les d lais de frustration la procrastination En 15 La difficult d anticiper des changements substantiels dans nos go ts peut n anmoins favoriser la production de d cisions akratiques Loewentein 2005 a mis en relief le fait que les agents sous estiment l impact des motivations visc rales ex excitation curiosit enthousiasme etc sur leurs go ts et leurs comportements futurs hot cool empathy gap Aussi ils n gligeront de prendre des mesures profilactiques de contr le de soi alors que ces motivations les rendront dispos s choisir des allocations aux profils nettement d croissants voire accomplir des actes moralement r pugnants Mais la difficult d anticiper les changements majeurs dans mes go ts n est pas ce qui explique pourquoi je choisirais dans l avenir une allocation au profil d croissant 255 fait on doit examiner le profil exp rientiel des allocations en concurrence Si les allocations se font concurrence au niveau des instants o seront r alis es les cons quences positives les plus saillantes alors ce sera l aversion aux d lai
495. s tard et de d penser des montants d argent importants au lieu de les investir si l on n est pas s r qu on sera encore en vie demain Le fait de consid rer moins l avenir que le pr sent n est videmment pas toujours irrationnel Les probabilit s d interf rence que repr sentent les facteurs externes dans la poursuite de nos objectifs militent en faveur d une d valuation de l avenir Mais c est le cas aussi de notre aversion subjective au risque en tant que param tre d sid ratif Une aversion importante l gard du risque motivera le choix d allocation avec un profil d croissant tr s marqu Les aversions au risque trop importantes de m me qu une surestimation des probabilit s d chec pousseront videmment les agents a faire des choix irrationnels mais ils ne seront pas akratiques pour autant 4 Changement de go t et de capacit de jouissance Nous pouvons tre plus ou moins certains de la r alisation d une cons quence future mais tr s incertains de la mani re dont elle nous affectera Je peux l ge de 65 ans entreposer un vin mill sim qui sera point lorsque j aurai 75 ans mais comme je ne suis pas convaincu d tre capable d en jouir pleinement je le consommerai avant Il en est de m me en ce qui concerne l incertitude quant au changement futur de nos go ts pour nous motiver consommer plus rapidement certains biens ou pour nous adonner certaines activit s qui n
496. s une parabole Par cons quent le joueur doit en plus tre capable d estimer la vitesse et la direction du vent pour chaque point de la trajectoire de la balle dans le but d en computer le chemin r sultant et le point o la balle tombera et estimer la course effectuer jusque l 1976 96 Pour Gigerenzer ce genre d explication repose sur une conception id ale d omniscience et d omnipotence des agents Pour r soudre un probl me computationnellement aussi complexe les agents doivent laborer sur une p riode extr mement br ve une repr sentation compl te de leur environnement c est dire de conna tre la totalit des facteurs pertinents pour r soudre le probl me et tre capable de computer efficacement l ensemble de ces repr sentations Or McLeod et Dienes 1996 ont montr que ce n est pas du tout ce qui se passe lors que des organismes interceptent des objets en mouvement Les joueurs de baseball par exemple fixent du regard la balle en mouvement dans un angle pr cis et courent dans sa direction en maintenant autant que possible l angle du regard constant Les joueurs ajustent donc en cours de route leur vitesse en fonction de cet angle Les joueurs appliquent dans ces situations l heuristique du regard C est une heuristique qui est particuli rement utile pour les organismes qui doivent intercepter leur proie une variante de cette heuristique celle qui consiste se comporter de mani
497. s volitions en les assimilant des anticipations ou pr dictions d tat affectif futur et plus pr cis ment d tats h doniques En observant les enfants en bas ge acqu rir la ma trise de mots comme vouloir et aimer on se rend compte affirment Wilson et Gilbert qu ils ont appris ces mots tr s t t dans leur d veloppement linguistique et en tandem Cela laisse croire que ces mots d crivent des processus compl mentaires et dont l un de ces processus la formation de la volont a un caract re cognitif indubitable En fait beaucoup d exp riences de laboratoire et dans des environnements moins artificiels tendent mettre en relief le fait que les agents anticipent pi trement leurs tats affectifs futurs notamment dans des situations d incertitude Ces recherches sont videmment hautement pertinentes pour raffiner notre conception de la faiblesse de volont et j en discuterai dans le chapitre portant sur la cause de l akrasie 6 2 3 2 Former un jugement inconditionnel une tape cognitive superflue Une autre question qu on peut se poser est pourquoi il est n cessaire pour les agents de former un jugement inconditionnel pour s engager dans une ligne de conduite moins d identifier ces jugements avec des actions ou des d cisions ou intentions d agir on ne voit pas en quoi il serait pertinent ou important pour l agent de former une couche suppl mentaire de pr f rence qui aurait les
498. se Mele soutient la th se que the balance of an agent s motivation can be out of line with it decisive better judgment event about something to be done here and now 1987 84 L externalisme qui sert de repoussoir Hare est une forme extr me que peu de th oriciens seraient pr ts d fendre On peut accepter l hypoth se que des valuations induites par des pr f rences des d sirs des go ts des souhaits des esp rances etc sont des constituants n cessaires pour motiver les agents prendre des d cisions mais estimer qu un meilleur jugement peut l occasion ne pas motiver suffisamment la personne qui l a pourtant form 120 L agent strictement akratique serait motiv par des consid rations d sid ratives et non seulement par des consid rations cognitives jugements de fait estimation des probabilit s anticipation de la r alisation d tat h donique futur etc Aussi il n est pas requis d adopter une forme d externalisme extr me qui veut que les consid rations d sid ratives ne soient pas n cessaires pour motiver une d cision Mais pour Mele les consid rations d sid ratives sont toutefois trait es deux niveaux diff rents dans l esprit Au premier niveau elles servent d input la d lib ration et participent la d termination de l importance des raisons leur poids aussi bien que des alternatives et de l ordre de priorit des objectifs pou
499. se journali re mais le plus souvent hebdomadaires ou bimensuels cela pose certaines contraintes temporelles que les formules de financement et d abonnement exploitent Mais ce n est videmment pas parce qu il peut tre judicieux de choisir parmi des options qui exemplifient une telle structure d allocation qu un agent est l abri d un choix akratique Il y a une diff rence importante du point de vue du choix rationnel entre faire cr dit une picerie frugale et faire cr dit une picerie gloutonne lorsque nos sources de revenu futur sont plut t maigres Un agent akratique optera typiquement pour un usage peu mod r des diverses formules de financement m me dans les situations o il n a pas vraiment le choix d en utiliser une Il optera pour une formule qui repr sente un profil h donique sup rieur sur l horizon du court terme et n gligera l option qui engendre moins d inconv nients au del de cet horizon en d pit du fait que cette derni re pr sente un profil global plus avantageux figure 3 Un agent akratique choisira par exemple un forfait de c blodistribution co teux qui offre une quantit trop importante de cha nes pour la consommation qu il en fait choisira des options co teuses pour une automobile neuve ach tera une propri t immobili re trop grosse et dispendieuse parce que les co ts souvent prohibitifs de ces choix ne seront assum s que dans un avenir plus ou moins lointain
500. sion Agir l encontre de son meilleur jugement peut tre attribuable un probl me moteur et non motivationnel Avec la notion de d cision ou choix effectif acte de choix formation d une intention on vite ce genre de confusion puisqu une d cision est un v nement mental qui se situe entre le r sultat de la d lib ration formation du jugement et son ex cution action Aussi un agent peut souffrir d un probl me moteur dans l ex cution de ses d cisions tout en faisant des choix rationnels et en restant r solu Si ce qui pr c de est correct cela nous am ne donc r viser la d finition standard de mani re suivante Conception Standard R vis e 1 CSR1 En d cidant de faire x un agent fait un choix incontinent si et seulement si a l agent croit qu il peut aussi choisir de faire y et b l agent juge que tout bien consid r il serait mieux de choisir y que de choisir x Ici la clause a de CS a disparu dans la version r vis e parce que superflue Comme on ne peut pas d cider de faire quelque chose de mani re non intentionnelle on peut se passer de cette clause Je pense que cette d finition est intuitivement plus ad quate tout en Voir Holton 2006 pour une d fense de l hypoth se que les d cisions sont des v nements mentaux distincts des croyances et des d sirs qui jouent un r le important dans l explication des actions 4l Par contre pour que n
501. son l gance Ma critique sera encore une fois plus n gative que positive Je mettrai en relief des difficult s et des limitations importantes de sa conception 8 Actions planifi es et bris de r solution la clef pour comprendre la faiblesse de volont diachronique L irr solution d une part puis l inconstance et l instabilit sont le plus commun et apparent vice de la nature humaine Charron 8 1 La th orie de Richard Holton Dans une s rie d articles influents le philosophe Richard Holton a galement critiqu l id e que la faiblesse de volont rel ve de d cisions qu un agent prend l encontre de son meilleur jugement Holton ne nie pas l existence de cas putatifs de stricte akrasie Ces cas existent m me s ils sont loin d tre aussi r pandus que les philosophes le pensent en g n ral Les m canismes de r duction de la dissonance cognitive limiteraient beaucoup la pr valence de ces cas Aussi Holton distingue les cas de faiblesse de volont des cas de stricte akrasie et soutient qu une bonne caract risation de ces derniers ne s applique pas aux premiers Holton mentionne une panoplie de cas qui vont l encontre de la d finition Standard mais qui demeurent n anmoins des cas tr s intuitifs de faiblesse de volont Mais comme il le dit il ne vise pas offrir une conception qui remplacerait compl tement la conception classique mais offrir plut t une conception compl mentai
502. son appelle le principe de continence Si on n applique pas ce principe on se comportera de facto de mani re akratique C est ce qui fait que la position de Davidson rel ve d une forme d internalisme faible Mais Davidson se rapproche de l internalisme fort lorsqu il soutient qu il ne peut y avoir d action intentionnelle accomplie l encontre d un jugement inconditionnel qui nous oriente dans la m me direction qu un meilleur jugement Comment un agent peut il juger que a est pr f rable toutes choses consid r es b mais pr f rer toute de m me b a tout court Davidson rejette l id e que l agent akratique serait 125 victime d une confusion logique et avance l hypoth se que les causes du comportement akratique ne sont tout simplement pas des raisons L explication que donne Davidson de la stricte akrasie ne se r sume pas dire que les agents chouent appliquer le principe de continence Il fait un parall le avec les croyances motiv es pour expliquer sa possibilit Si r est la raison que quelqu un a de soutenir que P alors le fait qu il soutient que r doit tre je pense une cause du fait qu il soutient que P mais et c est ici le point crucial le fait qu il soutient que r peut tre la cause du fait qu il soutient que P sans que ceci soit sa raison pour cela et bien entendu l agent peut m me penser que r soit une raison de rejeter P 1970 63 Une croyance motiv e e
503. sorte de mille feuille motivationnel Les strat gies vont des mesures psychologiques directes ex faire un effort pour maintenir son attention fix e sur son objectif se rappeler pourquoi on accomplit telle besogne d plaisante red crire ses options pour modifier leur degr d attraction ou de r pulsion etc aux mesures environnementales ex vider ses bouteilles d alcool dans les toilettes tudier la biblioth que arracher le bouton snooze de son r veille matin etc et sociales les plus indirectes ex promettre quelqu un qu on arr tera de fumer se retrouver dans une situation o l on est encadr par des parents tablir une loi limitant la quantit de machines sous dans les quartiers d favoris s etc On peut faire un usage individuel et collectif d une s rie de strat gies diff rentes situ es divers niveaux pour r soudre un m me probl me de faiblesse de volont Le choix des strat gies doit tre command par leur efficacit et leur co t d implantation et par l ampleur du probl me qu on vise r soudre En fait une bonne partie de la litt rature psychologique tant scientifique que populaire qui porte d une mani re ou d une autre sur la faiblesse de volont aborde le probl me partir d une perspective purement pratique On tablit un diagnostic sur les causes probables et facteurs corr l s et l on tablit ensuite des strat gies directes de renforcem
504. ss 97 120 Tappolet Christine 2004 Le prescriptivisme universel de Hare Recherches sur la Philosophie et le Langage Jean Yves Goffi dir vol 23 177 95 Thaler Richard 1985 Mental Accounting and Consumer Choice Marketing Science vol 4 1999 214 Thaler Richard 1981 Some Empirical Evidence on Dynamic Inconsistency Economic Letters vol 8 201 207 302 Thompson Travis 2008 Self Awareness Behavior analysis and neuroscience The Behavior Analyst 31 137 44 Tversky Amos amp Kahneman Daniel 1974 Judgement under uncertainty Heuristics and biases Science 185 1124 1130 Tversky Amos 1972 Elimination by aspects A theory of choice Psychological Review vol 79 4 281 99 Vendler Zeno 1957 Verbs and Times The Philosophical Review Vol 66 2 143 60 Watson Gary 1977 Skepticisme About Weakness of Will Philosophical Review vol 86 3 316 39 West R F Toplak M E amp Stanovich K E Heuristics and biases as measures of critical thinking Associations with cognitive ability and thinking dispositions Journal of Educational Psychology 2008 vol 100 930 941 Williams Bernard Internal and External Reasons in Rational Action 1979 Ross Harrison dir Cambridge University Press 101 13 Winkielman P amp Berridge K C 2004 What is an Unconscious emotion Current Directions in Psychological Sciences 13
505. ssance l gard des faits pertinents la situation Aussi les Anciens avaient une conception la fois vague et triqu e de la rationalit humaine incompatible avec les motions Les motions et autres passions de lame taient vues comme quelque chose qui arrive de l ext rieur aux personnes par ailleurs con ues comme rationnelles par essence Ils avaient donc tendance pointer les motions non seulement pour expliquer les cas putatifs d akrasie mais galement pour les diagnostiquer L tat de la recherche philosophique sur le sujet n a malheureusement pas fait de progr s significatifs pendant plusieurs si cles Les auteurs chr tiens ont plac le probl me sous la rubrique de la faiblesse de la chair et la diff rence des Anciens ont plut t vu l akrasie comme une propri t constitutive des personnes et la raison comme une propri t constitutive de Dieu En d pit de certaines tentatives moyen geuses et modernes de d finir clairement le ph nom ne il a fallu attendre jusqu au 20 si cle pour voir se dessiner un portrait beaucoup plus pr cis du ph nom ne La multiplication des travaux des articles et des ouvrages sur le sujet encourag e par l mergence des th ories philosophiques de 64 l action a favoris une convergence dans la d finition de l akrasie et des probl mes th oriques qu elle suscite Aussi le th oricien se retrouve maintenant avec une conception Standard a
506. st une croyance laquelle un agent adh re parce qu il veut y adh rer ou parce que cela lui permettrait de solutionner un probl me de dissonance cognitive Nous estimons tous que nous ne devons pas croire quelque chose simplement parce que cela fait notre affaire Pourtant les cas de croyances motiv es sont r els Il y a donc des tats mentaux qui ne peuvent tre des raisons pour adh rer une croyance mais qui n anmoins causent une adh sion cette croyance De plus il est manifestement irrationnel d entretenir des croyances motiv es ce qui rend le parall le d autant plus pertinent Davidson mentionne un exemple intersubjectif de causes d origine mentale qui ne peuvent tre des raisons Je peux vouloir qu une femme que j affectionne mais qui est indiff rente mon gard se rende dans un restaurant o je compte aller Aussi je peux faire en sorte qu elle croit que la personne qu elle ch rit le plus se trouvera dans ce restaurant Or si elle s y rend il est clair que mon d sir a caus son action mais qu il ne constituait certainement pas pour elle une raison d y aller amp C est d ailleurs ce qui explique notre r action spontan e au fameux pari de Pascal Le pari de Pascal consiste miser sur l existence de Dieu parce que si on la refuse alors on jouit certes davantage de moments discr tionnaires qu on ne gaspille pas dans les lieux de culte mais on risque la damnation
507. ste de la faiblesse de volont Un tel arri re plan devrait fournir des indications pr cieuses pour l laboration de strat gies efficaces tant pour les personnes qui prouvent des probl mes motivationnels que pour les psychologues cliniques les l gislateurs et professionnels qui participent des programmes d ing nierie sociale Cette t che incombe la psychologie cognitive la neurologie et l conomie comportementale mais aussi la philosophie qui a une longue tradition dans l examen du ph nom ne et de sa conceptualisation Parmi la liste pour le moins tr s h t rog ne des causes les plus communes et les facteurs corr l s les plus forts de la faiblesse de volont ont trouve l ge et le sexe l intoxication par une substance addictive l anxi t d valuation le refus d autorit le caract re attrayant ou repoussant des t ches effectuer la distance temporelle des r compenses et punitions les traits de caract re comme l estime de soi et la d pression l ouverture aux nouvelles exp riences l incertitude des r sultats l impl mentation d habitude le perfectionnisme et m me des facteurs g n tiques Steel 2007 6 1 1 2 Les d fis th oriques de la faiblesse de volont sa nature ses formes et son caract re paradoxal Avec une conception intuitive on peut diagnostiquer la plupart des cas de faiblesse de volont Par contre lorsqu on essaie de raffiner le concept et de sp cifie
508. stes et externaliste motivationnel porte sur la nature de la connexion entre ses raisons r elles et sa d cision Par contraste dans le cadre du d bat entre internalistes et externalistes normatifs on se demandera par exemple si l on peut condamner les choix d Hitler alors qu il n tait pas du tout sensible au sort des peuples dont il a exig la pers cution Cela ne concerne pas directement le probl me motivationnel que repr sente la faiblesse de volont Qui plus est ces th ories propos es dans le cadre du d bat entre internalistes et externalistes normatifs identifient souvent la faiblesse de volont comme une sorte de cas limite et estiment qu une force de volont minimale constitue le pr requis l tablissement d une connexion entre le jugement moral de l agent et la d cision de s y conformer Les th oriciens qui estiment que le meilleur jugement motive n cessairement et ou de mani re suffisante les agents prendre une d cision s y conformant sont r put s adopter 116 une conception internaliste de la motivation Les th oriciens d fendant plut t l hypoth se que ce lien est contingent et peut tre l occasion insuffisant adoptent une conception externaliste Il y a des variations importantes entre les th ories et les mani res d envisager le probl me mais elles portent toutes essentiellement sur la nature du lien entre le r sultat de la d lib ration et la d cision de l agen
509. stification of the Moral Rules Oxford Oxford Press Gettier Edmund 1963 Is Justified True Belief Knowledge Analysis 23 121 123 Gigerenzer G Todd P amp the ABC Research Group 1999 Simple Heuristics That Make Us Smart New York Oxford University Press Gigerenzer Gerd 2007 Gut Feeling The Intelligence of The Inconscious New York Viking Adult Gigerenzer Gerd 2008 Rationality for Mortals Oxford Oxford University Press Gilbert Daniel amp Wilson Timothy 2006 Miswanting Some Problem in the Forecasting of Future Affective State in The Construction of Preference Lichtenstein S amp Slovic P dir New York Cambridge University Press 550 63 Gilbert Daniel Todd 2006 Strumbling on Happiness New York Vintage Books Goldman Alvin 1970 A Theory of Human Action New York Prentice Hall Golstein D G amp Gigerenzer G amp Hogarth R M amp Kacelnik A amp Kareev Y amp Klein G amp al 2002 Group report Why and When do simple heuristics work in Bounded Rationality The Adaptative Toolbox Cambridge Ma MIT Press 173 90 Hare Richard 1952 The Language of Moral Oxford Oxford University Press Hare Richard 1963 Freedom and Reason Oxford Clarendon Press Hastie Reid amp M Dawes Robyn 2010 Rational Choice in an Uncertain World the psychology of judgment and decision making Londres Sage Heath Joseph 2008 Following the
510. straire ensuite celle ci l ensemble des raisons n gatives 1979 95 106 L alternative qui se trouve avoir le plus de raisons positives ou le moins de raisons n gatives est celle qui l emporte Cette m thode est connue sous le nom de la r gle de Dawes Peu importe la m thode qu on utilise cependant les raisons qui permettent de soupeser les alternatives ne doivent pas tre fortement corr l es Par exemple si je dois choisir entre deux automobiles et que entre autres leurs propri t s relationnelles esth tiques m importent je n inclurai pas dans ma d lib ration l ensemble des raisons suivantes est plus belle que est plus attrayante que est plus jolie que est plus gracieuse que et a un meilleur look que Toutes ces raisons se recoupent trop pour toutes les inclure dans ma d lib ration Je devrai en choisir une seule sans doute celle qui ressort du lot comme tant la plus g n rale ou qui recoupe au maximum les autres La d lib ration telle que Franklin la con oit est compatible avec n importe quelle conception fondamentale de la motivation On peut accepter l id e que Franklin a rendu explicite l essentiel du processus d lib ratif et consid rer que les raisons computables rel vent d une estimation de l importance r elle des caract ristiques propres chacune des alternatives De m me qu on peut l accepter mais consid rer que les raisons computables rel
511. structure des allocations intertemporelles ne permet pas seulement de fournir les bases d une analyse conceptuelle de la faiblesse de volont elle permet aussi de faire un classement raisonn des activit s susceptibles de pr senter un risque pour l agent la volont faible Les th ories et conceptions qu on trouve dans la litt rature philosophique n gligent l examen des caract ristiques temporelles des alternatives repr sentant un probl me d cisionnel Aussi on ne tente pas d expliquer pourquoi on ne peut pas devenir d pendant une substance qui produit des effets n gatifs aigus comme des tourdissements des naus es des sueurs froides des courbatures et une migraine dans une p riode qui suit imm diatement sa m tabolisation mais qui produit des effets agr ables comme la sensation de flotter l ivresse l absence de soucis et d inhibition et l euphorie beaucoup plus tard Et pourtant on peut devenir tout fait d pendant des substances qui ont les m mes effets mais dont la distribution temporelle est invers e L explication intertemporelle peut fournir l explication Choisir entre deux substances qui ont les m mes effets positifs et n gatifs mais distribu s dans un ordre temporel diff rent revient choisir entre deux allocations compl tement diff rentes Cela dit la structure de l allocation des drogues est en g n ral telle qu on ne procrastine pas lorsque vient le temps de s
512. successives de pr f rences de niveau inf rieur mais qu ils refl tent en quelque sorte ou r sument dans une concision maximale le processus en entier Un tel jugement aurait un caract re holiste alors qu un jugement pr f rentiel conditionnel aurait un caract re analytique On pourrait toujours d composer les pr f rences tablies sur des raisons en d autres pr f rences jusqu ce qu on atteigne le bottom rock des pr f rences fondamentales Tandis que les pr f rences inconditionnelles ne pourraient pas tre d compos es de la sorte Si ma lecture de Davidson est correcte il avait probablement une hypoth se de ce genre en t te lorsqu il affirma dans une formule vague que fout jugement est effectu la lumi re de toutes les raisons en ce sens qu on l effectue en pr sence de et qu il est conditionn par cette totalit 1970 63 D ailleurs ce serait ce reflet ou r sum ou appr ciation holistique qui permettrait l agent de sortir de l ind cision et d enclencher une s rie d actions d o son caract re n cessaire et l impossibilit d agir intentionnellement l encontre Or je pense que si l on consid re que les jugements pr f rentiels inconditionnels ne sont pas des r sultats d tape dans un processus de traitement de l information en s rie comme la d lib ration alors c est qu on d fend une position qui s apparente une version faible de l
513. t Dans le cadre de la conception internaliste on peut accepter et on doit accepter l id e que les agents puissent d cider l encontre de leur meilleur jugement lorsqu ils pilotent leurs activit s l aide de leur syst me automatique On peut galement accepter l id e qu il puisse y avoir un d lais important entre le moment o un meilleur jugement est form et le moment o l agent prend effectivement une d cision motiv e par celui ci Mais si l agent ne dispose pas de meilleures raisons pour d cider autrement il se conformera son meilleur jugement Il n y a donc pas pour un internaliste de stricte akrasie seulement des changements d avis plus ou moins rationnels En revanche elle demeure toujours une possibilit pour un partisan de la th se de l externalisme motivationnel J exposerai tour tour les arguments du philosophe Richard Hare qui a exprim et d fendu un internalisme motivationnel fort et ceux de l externalisme d Alfred Mele Je pr senterai et critiquerai plus en d tail l internalisme faible de Donald Davidson parce qu il repr sente sans doute a position de r f rence dans tout ce d bat mais j exposerai ensuite quelques l ments critiques g n raux sur les termes m mes du d bat 6 1 1 L internalisme fort de Hare Bien qu il ne soit pas la source du label d au philosophe W D Falk 1948 Richard Hare a formul le premier une position labor e
514. t Ces regrets sont justifi s dans la mesure o ils sont motiv s par la conscience qu on a enfreint une norme 263 prudentielle importante savoir que nos d cisions doivent toujours refl ter une gale consid ration pour toutes nos tranches temporelles futures Cette norme prudentielle d gale consid ration intertemporelle n est videmment ad quate que dans la mesure o nos tranches temporelles sont galement divis es En effet on ne doit pas avoir une gale consid ration pour des tranches qui s tendent sur plusieurs ann es d une part et des tranches qui ne s tendent que sur quelques secondes d autre part Cette clause est donc implicite dans l nonc de la norme d gale consid ration intertemporelle Des th oriciens comme Sidgwick 1874 Rawls 1973 Elster 1979 1986 et Broome 1991 ont insist sur l id e qu un agent rationnel doit avoir une attitude de neutralit temporelle parce qu il doit consid rer dans la mesure du possible sa vie comme un tout et non comme un ensemble de parties disjointes Ne pas consid rer sa vie comme un tout implique que nous consid rons naturellement que le pilotage vue est la meilleure fa on de diriger sa vie Or cela nous expose par le fait m me de plus grands cueils ou du moins une vie peu satisfaisante Bien que triviale la norme d gale consid ration intertemporelle n est pas suffisamment pr cise p
515. t ad quates Putilise abondamment le terme alternative dans des contextes linguistique o il s agit pourtant d une faute s mantique et d un anglicisme En fran ais alternative d note une situation qui comporte deux et uniquement deux possibilit s entre lesquelles on doit choisir Or j ai fait un usage du terme identique son usage en anglais c est dire qu il d note des situations qui pr sentent plusieurs alternatives et pas seulement deux Je pense qu il est cependant appropri de le faire parce que les termes options et choix plus conformes l usage codifi ne correspondent pas certains aspects s mantiques importants du terme anglais Contrairement au terme anglais le terme options n implique pas n cessairement le caract re mutuellement exclusif des possibilit s et le terme choix est souvent utilis pour d noter l ensemble d un processus d cisionnel Aussi le terme alternatives me semble plus pr cis et tre moins une source de confusions que les deux autres termes 1 Introduction Les choses n iraient pas mieux si les hommes obtenaient justement ce qu ils voulaient H raclite Fragments 1 1 Le probl me de la faiblesse de volont ou l art d tre son pire ennemi Toutes sortes d v nements affectent notre niveau de bien tre tout au long de notre existence Certains sont le r sultat de processus naturels aveugles alors que d
516. t avoir des difficult s importantes estimer leur bien tre futur et que cela explique en partie le fait qu ils soient dispos s prendre des d cisions d savantageuses mais que la recherche de ce bien tre est motiv e par des consid rations d sid ratives et affectives plut t que cognitives Ibid p 1537 Soulign par les auteurs 30 En fait le tableau est plus complexe qu il n y parait On ne peut pas non plus d fendre l id e que la motivation rel ve strictement des motions et ou des d sirs On peut d fendre en m me temps l id e que les param tres motivationnels les plus fondamentaux rel vent d tats h doniques de base ayant une saveur motionnelle particuli re et ou des d sirs visant leur r alisation et accepter en m me temps l id e que les d sirs et les motions de niveau sup rieur ont des ant c dents cognitifs C est d ailleurs en identifiant ces ant c dents qu on arrive critiquer les d sirs et les r actions motionnelles d autrui ou les n tres On dira par exemple un ami qu il ne devrait pas d sirer acheter telle ou telle maison parce qu il estime tort qu elle est dans un quartier tranquille ou quelle est en bon tat ou qu il n y a pas de meilleure candidate sur le march Mais on ne critiquera pas son d sir d am liorer son sort ou d tre plus heureux en achetant une maison De mani re analogue les motions complexes comme la col re ont des
517. t beaucoup plus lourd dans le profil h donique de l agent que les premiers Aussi l agent akratique choisira une allocation qui pr sente un profil h donique globalement inad quat Plus pr cis ment une d cision d allocation typique de faiblesse de volont pr sentera des cons quences positives sup rieures en quantit et en intensit dans un avenir rapproch mais des cons quences n gatives sup rieures en quantit et en intensit dans un avenir plus distant C est pour 222 ainsi dire l inverse d une d cision d investissement L agent akratique choisira cette allocation inad quate en d pit du fait qu il y a une autre allocation intertemporelle disponible pour lui qui pr sente un profil h donique sup rieur Les allocations sup rieures n glig es par l agent akratique peuvent pr senter des profils h doniques plus uniformes ou des profils qui impliquent des r compenses beaucoup plus importantes mais susceptibles de l affecter lors d une p riode temporellement plus distante C est donc en vertu du fait que certaines d cisions peuvent tre con ues comme des d cisions d allocation intertemporelle et que ces d cisions pr sentent des sch mas de distribution particuliers qu on peut les diagnostiquer comme des pisodes de faiblesse de volont Par exemple si je crois avoir une carie qui produit un mal r current je consid rerai alternativement l option d aller chez le dentiste et l
518. t d accomplir son action On essaiera de savoir si le pr venu a fait X intentionnellement dans ce genre de situation Ces usages de la notion d intention sont relativement non probl matiques Par contre faire des intentions des tats mentaux r alis s dans le cerveau des agents et distincts de leurs pr f rences appara t certains comme tant un pas de trop Pour Heath par exemple les intentions jouent le m me r le que les apparences les donn es sensorielles ou les qualia que les philosophes ont de mani re erron e pos s entre les stimuli qui affectent les sujets connaissants et les rapports qu ils font leur propos Pour expliquer le fait que les sujets connaissants peuvent fournir des rapports erron s sur les objets qu ils observent pourtant directement les philosophes ont cru bon de postuler des entit s mentales situ es entre ces objets et les croyances qu ils entretiennent leur gard Les croyances ne portent pas directement sur le monde ext rieur mais sur des apparences que le monde cause en nous Cette astuce th orique permet soutient Heath d tablir d une part un lien incorrigible entre les apparences et les croyances et d autre part la possibilit que nos croyances soient syst matiquement fausses 2008 160 165 Le premier point semble n cessaire parce que de toutes les affirmations que nous faisons propos des objets dont nous faisons l exp rience et qui ont la forme x est P o
519. t incorrect de croire que les probl mes motivationnels r sident enti rement dans la t te des agents Si l on enl ve des agents l acc s des dispositifs externes de traitement de l information ils verront une r duction importante de leurs capacit s cognitives De la m me mani re si on leur enl ve l acc s 124 Par exemple on apprend aux enfants du primaire se rappeler des conjonctions de coordination l aide de la s quence mais ou et donc car ni or Non seulement la s quence est plus facile retenir que les conjonctions prises individuellement mais il est galement facile d inf rer les conjonctions partir de la s quence on ne compte pas le et et l on extrait les conjonctions partir de leurs propri t s sonores 135 Voir Supersizing The Mind 3 Le langage permet en outre d encoder des informations pour faciliter leur traitement ou l tendre dans des proportions autrement impossibles obtenir Par exemple on voit mal comment les capacit s d valuations des quantit s auraient pu se d velopper sans l utilisation de marqueurs num riques m me minimaux comme des traits grav s sur une paroi ou des objets qui jouent un r le dans un syst me d appareillage biunivoque 288 des chafaudages motivationnels les agents se montreront davantage impatients ou procrastinateurs Par exemple il est en g n ral pr f rable d tre abonn un gymnase pour effectuer des exe
520. t la structure des incitations L induction d une telle modification peut ou non produire un renversement de pr f rences Si une personne n a plus envie de contracter un pr t hypoth caire parce qu il apprend que celui ci ne peut l galement tre contract que dix jours plus tard alors on peut estimer qu elle escompte l acquisition d une propri t immobili re de mani re tr s prononc e auquel cas le dispositif institutionnel lui a peut tre permis d viter une allocation d sastreuse de ses ressources Les obligations de d lais ont souvent pour effet d att nuer l escompte du futur mais cela n implique pas que les l gislateurs les ont con us dans ce but Le mariage en est un bon exemple Les d lais prescrits vitent les mariages sur un coup de t te et incitent les personnes moins impulsives planifier l v nement et pr voir un moment appropri Mais ce qui a motiv initialement l adoption de ce genre de r gle tait du moins pour le cas du Qu bec que le d lai permettait l annonce publique du mariage et minimisait par le fait m me le risque d union de personnes d j mari es La structure intertemporelle des choix et l escompte hyperbolique jouent galement un r le dans certains comportements immoraux et peuvent faire ce titre l objet de modifications 284 institutionnelles La tricherie et autres comportements de resquilleur free riding sont beaucoup plus attiran
521. t nos activit s sont prises en charge par ces deux syst mes Il y a une diff rence entre prendre la d cision de mettre un pied devant l autre de faire une inf rence de classifier des objets de les d nombrer de faire une hypoth se etc et faire ces choses de mani re automatique sans y penser D ailleurs la confusion des processus de pilotage des activit s donne quelques fois lieu des quiproquos Les individus qui ont sauv des personnes au p ril de leur vie ne comprennent souvent pas pourquoi on devrait les consid rer comme des h ros Ils soutiennent qu ils taient dans une sorte d tat second o ils ne mesuraient pas les risques avec acuit et ne semblaient m me pas s appartenir tout fait Aussi ils estiment que n importe qui aurait fait la m me chose parce que les circonstances imposaient le comportement qu ils ont adopt On attribue spontan ment cette r action de la vraie ou fausse humilit alors qu une autre hypoth se est sans doute plus probable Ces h ros ont accompli des gestes tonnants parce que leur ligne de conduite n a pas t pilot e par un syst me de planification intentionnelle mais par le syst me automatique De mani re analogue c est ce qui se passe lorsque nous faisons face sans pr paration une situation d urgence comme un incendie ou lorsqu une voiture fonce sur nous Cela dit si ces m canismes fondamentaux se situent typiquement en de de la consci
522. t pas prouver la moindre motion Il parlait de lui m me et de ce qui lui arrivait comme un spectateur impartial Apr s l tude de nombreux cas analogues l aide notamment d appareils de r sonnance magn tique Damasio en arrive la conclusion que les motions jouent un r le essentiel dans la r solution de probl mes d cisionnels concernant la mani re dont un agent peut am liorer ou viter d alt rer ses conditions d existence en particulier son statut social Lorsque les probl mes r soudre n cessitent un degr de d tachement important comme la r solution de probl mes de logique formelle ou de statistique les agents dont les circuits motionnels sont alt r s obtiennent des r sultats comparables ceux 55 dont les m mes circuits sont intacts Les choses se corsent lorsque les probl mes a r soudre concernent le bien tre de ces personnes Il semble que dans ce domaine de comp tence ce que Damasio appelle les marqueurs somatiques permettent d orienter et d encadrer efficacement le processus de d lib ration L hypoth se des marqueurs somatiques provient des r sultats obtenus par des sujets normaux et par des sujets atteints de l sions un test de s lection de cartes appel le jeu de Iowa qui est un jeu de hasard Ce test a t d velopp pour mesurer et valuer les d ficits des patients atteints de l sions en les pla ant dans un contexte d cisionnel comportant de l
523. t que la veille de ces v nements De m me nous pouvons prouver du d plaisir l id e de subir un triple pontage coronarien ou d annoncer notre intention de rompre une liaison amoureuse la principale personne int ress e mais pas autant que la veille de ces v nements Mais la principale d couverte que les chercheurs ont faite en d crivant l escompte hyperbolique est que les cons quences qui sont temporellement plus pr s de nous gagnent de l importance beaucoup plus rapidement que les cons quences plus loign es m me si toutes ces cons quences avancent vers nous la m me vitesse Comme les psychologues George Ainsli et Nick Haslam lont judicieusement fait remarquer le ph nom ne est analogue l illusion d optique qui survient lorsqu on marche en direction d difices de hauteurs diff rentes Ainsli amp Haslam 2003 A mesure que nous nous rapprochons d eux l difice le plus pr s semble grandir plus rapidement que celui qui est plus loign Aussi lorsque nous arrivons un certain point les deux semblent avoir la m me hauteur et pass ce point le plus pr s semble maintenant plus lev que le second Une fois les difices derri re nous l illusion se dissipe figure 5 Figure 6 247 Bien que nous soyons en mesure d estimer la hauteur relative de chacun des difices lorsque nous sommes a bonne distance un effet de perspective peut en venir a distordre momentan
524. t varier d une institution l autre mais il est cens repr senter l importance relative que les institutions attribuent chacun des crit res pour mesurer la comp tence d un travailleur Les crit res les plus importants sont habituellement les premiers utilis s pour discriminer les candidats sauf dans les situations o il est plus commode ou plus facile d utiliser un autre crit re On utilise une m thode lexicographique analogue lorsqu on value la pertinence ou l acceptabilit d une information provenant d un expert pour s orienter dans un domaine qu on conna t peu On se demande d abord si la personne qui fournit l information est impartiale Si elle ne l est pas on rejette l information ou refuse d en tenir compte Si la personne est impartiale on doit se demander ensuite si elle est vraiment une experte Si elle ne l est pas alors on rejette l information Si elle l est alors on doit se demander si elle est une experte dans le domaine qui nous int resse ici Si elle ne l est pas on rejette l information Si elle l est alors on doit ensuite se demander si l information fournie par cet expert fait l objet d un consensus relatif dans la communaut des experts dans le domaine Si ce n est pas le cas on doit rejeter l information tandis que si c est le cas on a alors une bonne raison de tenir compte de cette information pour prendre une d cision Il s agit ici du sch
525. tach et isol les d cisions de ses d terminants motivationnels autant cognitifs que d sid ratifs et affectifs Cela a impliqu la postulation 10 d une facult mentale volitive ind pendante laquelle est une hypoth se douteuse mais a galement conduit la tradition m di vale voir dans la faiblesse de volont un probl me moteur ou un probl me d ex cution de d cision et non pas un probl me motivationnel Apr s une discussion des positions de Platon d Aristote et du volontarisme m di val j exposerai chapitre 3 ce qui est devenu aujourd hui la conception standard de la stricte akrasie Je ferai quelques amendements que j estime essentiels notamment l id e de faire porter la conception sur des d cisions plut t que sur des actions et l id e de d crire l attitude des agents comme des estimations plut t que comme des jugements La r f rence aux d cisions est plus appropri e parce que plus conforme nos intuitions Tandis que la r f rence aux estimations est conceptuellement plus neutre parce qu elle s accorde autant avec les conceptions d sid ratives et motives de la motivation qu avec la conception cognitive Avec la conception Standard comme r f rence j examinerai ensuite chapitre 4 ce que j estime tre une des positions sceptiques les plus fortes a l gard de la stricte akrasie savoir la th orie des pr f rences r v l es Selon cette th orie les d cisions des
526. tagent des intuitions des pr suppos s et des positions th oriques qu on retrouve au c ur de certaines conceptions et th ories sophistiqu es en vogue actuellement ou l gard desquels certaines th ories et conceptions actuelles s inscrivent en porte faux C est dans cela que r side le principal int r t th orique des conceptions platoniciennes et aristot liciennes et c est la raison pour laquelle j y consacre un chapitre Mais je compte aussi mettre en relief certaines id es avanc es par Platon et Aristote qui ont moins bien vieilli et mentionner quelques l ments critiques leur gard Les ex g tes voient dans l uvre de Platon et en particulier dans le dialogue Le Protagoras les premi res discussions sur l akrasie Or il ne revient pas seulement Platon d avoir t le premier philosophe crivain identifier le probl me de la faiblesse de 17 volont m me s il revient Aristote de l avoir identifi conceptuellement avec le terme akrasie Il a orient d une certaine mani re la discussion sur le ph nom ne de la motivation en g n ral Il a su d gager en partie les probl mes de philosophie de l action du giron moral Ce qui en fait ce titre un des premiers th oriciens de l action au sens moderne Il a t capable de concevoir le probl me de la faiblesse de volont comme un probl me de motivation qui dans certaines situations n a pas grand chose voir a
527. taient l attrait d une seule guimauve Il s av ra 15 ans plus tard 261 que les enfants qui s taient montr s plus patients avaient de meilleurs r sultats scolaires taient plus appliqu s dans la r alisation de leurs t ches scolaires et avaient par le fait m me beaucoup plus de chances d entrer dans les meilleures universit s Mischel Shoda amp Rodriguez 1989 Joseph Heath 2009 d fend l hypoth se que ce qui expliquerait la pauvret r calcitrante dans les pays d velopp s la pauvret qui persiste en d pit d une certaine redistribution des richesses reposerait en partie sur l id e que certains consommateurs sont beaucoup trop impatients d utiliser la partie de leur revenu assign e aux d penses discr tionnaires En fait peu importe nos objectifs nous avons besoin pour des raisons instrumentales de ce que Rawls 1973 a appel des biens premiers comme la sant la s curit les opportunit s l intelligence la libert la richesse et les pouvoirs etc A moins d avoir une d ficience psychologique profonde nous pr f rons ceteris paribus avoir davantage de ces biens que d en avoir moins Or les pisodes de faiblesse de volont nous loignent de ces biens ou dispersent ceux que nous avons Aussi la faiblesse de volont ne touche pas seulement la poursuite d objectifs idiosyncrasiques que les agents se donnent et pour lesquels ils adoptent des plans ou forment des intentions E
528. taine option est maintenant disponible dans mon environnement est un facteur de faiblesse de volont Beaucoup de salari s par exemple pr voient payer leurs dettes aussit t qu ils obtiendront leur paie mais changent d avis aussit t qu ils lont effectivement obtenue A ce moment beaucoup d options d achat deviennent disponibles et cela motive des comportements d pensiers D ailleurs les d clencheurs ont un effet motionnel important Nous avons plus envie d uriner lorsque nous voyons une toilette m me s il n y a pas un volume d urine plus grand dans notre vessie ce moment Nous avons davantage envie de fumer dans les lieux o nous avons le droit que dans les lieux o c est rigoureusement proscrit Contrairement aux d clencheurs les motivations visc rales sont des facteurs endog nes de changement des pr f rences Elster 2007 Loewenstein amp Preleck 1993 Elles peuvent l occasion pousser les agents accomplir des actions qu ils regretteront ensuite Elles consistent grosso modo une motion forte caus e par le mangue ou le surplus d une substance ou d une quantit calorique dans l organisme de l agent Lorsque le niveau de ces l ments dans l conomie de l organisme atteint un certain seuil inf rieur ou sup rieur il enclenche un tat motif qui capte l attention de l agent et l oriente dans une nouvelle direction comportementale Les tats d ivresse engendr s p
529. taine mesure Donald Davidson qui a propos de faire du principe de continence agis toujours de mani re tre conforme ton meilleur jugement un principe constitutif de la rationalit pratique que l agent akratique enfreint n cessairement Davidson 1970 La conception de Platon peut tre vue comme tant normative parce que pour lui l agent akratique choue se conformer une norme pratique le principe de Phil be Ce principe comme je l ai mentionn nous enjoint nous assurer que le plaisir d anticipation doit tre proportionnel au plaisir anticip quand on value des options dont les cons quences sont distribu es dans le temps Or l agent akratique choue d une mani re particuli re appliquer ce principe il choisit alors que son plaisir d anticipation est soit trop grand soit trop petit Platon ne nous donne cependant pas beaucoup de d tails ici Il est permis de penser que Platon estimait que le plaisir d anticipation a tendance tre trop grand lorsque l agent consid re des activit s plaisantes mais dont le r sultat est moins plaisant ex la surconsommation alimentaire et trop petit lorsqu il consid re des activit s d plaisantes mais qui conduit un r sultat plaisant ex les besognes Platon ne nous dit pas cependant si nous devons consid rer que tous les pisodes de faiblesse de volont consistent n cessairement dans une forme de disproportion des deux types d
530. tance antagoniste au syst me dopaminergique a permis aux chercheurs d isoler les substrats neuronaux responsables de la motivation et de l appr ciation h donique Les agents dont le syst me dopaminergique est inhib demeurent capables d appr cier des r compenses comme des cigarettes des drogues ou des aliments sucr s sans toutefois manifester la moindre disposition essayer de les obtenir Cette d couverte a donn un clairage nouveau au ph nom ne de la d pendance L explication standard du comportement du toxicomane est qu il cherche obtenir du plaisir en se droguant ou cherche viter du d plaisir li au manque Or ce genre d explication est pour Berridge incomplet Beaucoup de toxicomanes cherchent obtenir une dose m me s ils savent que la quantit disponible n est pas suffisante pour leur procurer du plaisir De m me un toxicomane peut avoir envie de consommer alors qu il ne vit pas un pisode de manque Cette envie devient m me exacerb e lorsqu il vient tout juste de consommer 141 Aussi m me apr s une p riode de sevrage prolong e et quand les effets du manque se sont dissip s beaucoup de toxicomanes retournent a leurs anciennes habitudes Pour expliquer ces ph nom nes Berridge d veloppe l hypoth se d un probl me d alignement entre l appr ciation et la motivation dans la d pendance Le syst me dopaminergique serait activ par des signaux externes qui poss dent pour
531. tastrophe Pour ce qui est des gains cela a permis de conscientiser davantage les gens aux pratiques de l industrie p troli re et la fragilit des cosyst mes Mais jusqu quel point Est ce que cela sera suffisant pour pr venir une catastrophe encore plus grande On ne peut pas r pondre ces interrogations Le probl me de l incommensurabilit fut d ailleurs consid r par Sidgwick 1874 comme l un des principaux cueils pour toute th orie de la d lib ration rationnelle Un exemple d incommensurabilit est le dilemme auquel fait face la plupart des tudiants Dois je opter pour un appartement situ 20 minutes du campus mais est 80 plus cher ou pour celui 40 minutes du campus 6l Les th ories de la d cision en conomie distinguent le risque de l incertitude Le risque est une probabilit d chec connu de l agent alors que l incertitude rel ve d une variable inconnue de l agent Dans certaines situations une recherche approfondie permet de transformer les incertitudes en risque Mais dans beaucoup de situations l incertitude est plus robuste et l agent n a d autre choix que de se contenter d une vague approximation de l tendue des risques que comportent les sc narios praticables Or m me ces approximations ne constituent pas toujours des avenues que l agent peut emprunter en dernier recours Pour reprendre une expression utilis e par Donald Rumsfeld secr taire la d fe
532. tc Par contre les fumeurs et les personnes en g n ral ne sont pas capables de diagnostiquer un cancer du 178 poumon ni d attribuer une telle maladie l usage r p t de tabac L information pour faire ces diagnostics est en quelque sorte extractible de l environnement mais ils n y ont pas directement acc s moins d avoir fait de longues tudes en oncologie L l ment 2 consiste dans le fait que m me s il est difficile pour un agent d acqu rir par lui m me l information pertinente celle ci est en revanche disponible par l interm diaire des experts Qui plus est si le r seau des experts est digne de confiance l information qui en provient sera statistiquement plus valide La confiance est n cessaire parce que les experts ont toujours la possibilit de faire des choix pist miques peu rigoureux pour toutes sortes de raisons Et cette confiance repose la plupart du temps sur la r putation de ceux ci ou des organismes pour lesquels ils travaillent L l ment 3 est un peu plus complexe que les deux autres Un organisme de sant publique fait reposer ses injonctions essentiellement sur deux familles de consid rations des donn es statistiques et exp rimentales d une part et des imputations de pr f rences ex pour demeurer en sant pour vivre longtemps par aversion au risque assez grand etc et autres consid rations sur le style de vie moyen des fumeurs ex nive
533. tent l agent Un profil exp rientiel n inclut pas n cessairement l ensemble des cons quences qui affectent effectivement la structure de l organisme de l agent mais plut t celles qui ont un impact h donique suffisant pour qu elles puissent en principe appara tre sur son radar mental Boire une tout petite gorg e de jus de fruit a une cons quence h donique vidente tr s court terme mais engendrera aussi un apport calorique minimal ult rieurement et dont l impact h donique sera peut tre nul Le meilleur moyen de mesurer le profil exp rientiel d une allocation reste le rapport verbal que les agents sont dispos s faire pour chaque instant de la p riode o ils subissent la distribution Mais les tests psychom triques plus sophistiqu s peuvent tre n cessaires pour d tecter dans certains cas la pr sence d motions inconscientes comme Berridge et Winkielman 2004 l ont montr Dans tous les cas le profil exp rientiel d une allocation est tabli en fonction de plusieurs param tres et comporte habituellement des informations sur le moment et la dur e d une exp rience h donique sa qualit plaisante d plaisante ou neutre ainsi que son intensit Je ne dis pas ici que tout ce qui importe lorsque vient le temps de prendre une d cision d allocation intertemporelle r side dans son profil exp rientiel mais seulement que ce sont les consid rations h doniques qui sont pertinentes dans
534. ter par ses propres ressources TE 78 cognitives Par exemple Goldstein et Gigerenzer 2002 ont tabli que l heuristique de la reconnaissance offre de bons r sultats pour valuer les populations relatives des grandes villes les perspectives de gain des quipes sportives et des fonds de placement Si vous demandez des citoyens am ricains de d terminer laquelle de D troit ou de Milwaukee est la ville la plus peupl e ils obtiendront des r sultats statistiquement moins bons que les citoyens allemands Contrairement aux Am ricains la plupart des Allemands peuvent utiliser l heuristique de la reconnaissance pour r pondre la question Ils reconnaissent D troit et non Milwaukee et en inf rent correctement que la premi re est plus peupl e que la seconde Pourquoi obtiennent ils de meilleurs r sultats alors qu ils en connaissent beaucoup moins sur ces deux villes que l Am ricain moyen La structure de l environnement est telle que plus une ville est importante plus elle fera parl e d elle dans les m dias et plus on parle d elle dans les m dias plus il a y aura de chance que des personnes en entendent parler La distance g ographique qui s pare les Allemands du continent am ricain est telle que si les signaux m diatiques concernant D troit se rendent dans les foyers allemands mais pas les signaux concernant Milwaukee c est probablement parce que la premi re est plus importante que la seconde De m
535. terme Ce que la conception de Holton passe sous silence est le fait significatif que les conditions sous lesquelles l agent planifie de faire quelque chose ne sont pas les m mes que les conditions sous lesquelles il s appr te ex cuter son plan La structure des incitations a chang m me si la structure de l allocation intertemporelle demeure la m me Une th orie de l allocation intertemporelle comprenant un chapitre sur l escompte hyperbolique permet d aller plus loin et elle constitue un compl ment essentiel des th ories comme celle de Holton Mais elle permet de rendre compte de cas de faiblesse de volont qui ne comportent pas de r solutions ant rieures comme les cas de n gligence et d habitudes nocives non diagnostiqu es par l agent lui m me Les agents qui ont un probl me d akrasie chronique peuvent tre ou non des agents qui prennent syst matiquement des d cisions pour le futur qui refl tent leur int r t bien pes Du moment qu ils escomptent le futur de mani re hyperbolique ils sont sujets vivre des pisodes de faiblesse de volont Cela dit les consid rations sur les r solutions et les plans nous laissent cependant croire que l escompte hyperbolique concerne exclusivement les attitudes prospectives que les agents entretiennent l gard des cons quences sur le long terme Aussi il est naturel de dire qu escompter le futur de mani re hyperbolique motive les agents satisf
536. ternes comme l interf rence d un tiers ou la non r alisation des conditions minimales de r alisation ni des contraintes internes comme nos capacit s motrices Il est vrai que si j estime qu il est pr f rable de me rendre une soir e pour 21 h et que le meilleur moyen est que je coure 50 km h pour m y rendre je ne vivrai pas un pisode de faiblesse de volont si je n arrive pas maintenir cette vitesse ou m me si je ne l atteins pas J ai tout simplement mal valu au d part mes capacit s Souvent notre connaissance intime et tacite de nos propres capacit s motrices filtre en amont les alternatives que l on va consid rer dans notre d lib ration Ce filtre fonctionne souvent correctement mais il peut arriver qu il laisse passer trop ou trop peu Beaucoup de blessures par exemple s expliquent par une surestimation de nos capacit s motrices Cela est galement vrai des contraintes internes qui sont de nature cognitive Des capacit s cognitives comme la m moire de travail et la m moire pisodique le bagage informationnel dont nous disposons comme le savoir factuel et proc dural les habilet s logiques et les capacit s d attention sont fonci rement limit es Aussi l agent qui les ignore s expose des risques d checs importants Ce dernier fait a tendance passer inaper u lors de diagnostic de cas de faiblesse de volont simplement parce qu on suppose d embl e que les ag
537. tertemporelle de la faiblesse de volont est correcte alors elle ne devrait pas seulement porter sur des d cisions isol es mais galement sur des s ries de m me type 9 2 3 Akrasie et adaptation h donique des sch mas d allocation semblables pour des profils exp rientiels semblables Les agents prennent beaucoup de d cisions qui pr sentent un profil h donique d croissant mais qui ne rel vent pas proprement parler de cas de faiblesse de volont C est le cas de nombreuses d cisions de consommation qui impliquent une forme ou une autre d adaptation h donique L adaptation h donique consiste en une d croissance marqu e du profil exp rientiel que pr sente la consommation d un bien particulier ex une voiture neuve d un type de bien ex du chocolat ou de la fr quentation d une personne particuli re Obtenir une cuisine neuve une nouvelle cha ne st r o un nouvel ordinateur portable une nouvelle coupe de cheveux une nouvelle maison un nouveau mobilier produit au d but une quantit de plaisir importante qui provient de l usage de la contemplation et du rappel imaginaire de ces biens Mais le plaisir qu on en retire d cro t au fur et mesure que la consommation s tend dans le temps Le nouveau mobilier pourtant acquis grands frais n est m me plus remarqu six mois apr s Pour une certain cat gorie de biens et de personnes leur surconsommation ou surfr quentation prod
538. theory A book of readings 49 51 New York Wiley Reprinted from American Economic Review 8 335 37 Frankfurt Harry G 1978 2001 The Problem of Action in The Philosophy of Action Mele A dir Oxford Oxford University Press 42 52 Frankin Benjamin 1706 1790 1956 Mr Franklin A Selection from His Personal Letters Whitfield J Bell Jr amp Leonard W Labaree edit New Haven Yale University Press 296 Frederick Shane 2006 Valuing future life and future lives A framework for understanding discounting Journal of Economic Psychology Vol 27 667 80 Frederick Shane amp Loewenstein George amp O Donoghue Ted 2003 Time Discounting and Time Preference A Critical Review in Time and Decision Loewenstein G amp Read D amp Baumeister R dir New York Russell Sage 13 88 Frederick Shane amp Loewenstein 2008 Conflicting Motives in evaluation of sequences Springer Science Business Media LLC 10 1007 Frederick Shane 2003 Time Preference and Personal Identity in Time and Decision Loewenstein G amp Read D amp Baumeister R dir New York Russell Sage 89 114 Gauthier David 1997 Intention et d lib ration in Les limites de la rationalit t 1 Dupuy J P amp Livet P dit Paris La D couverte 59 75 Geach P T 1965 Assertion Philosophical Review vol 74 449 65 Gert Bernard 1988 Morality A New Ju
539. ther these consequences are immediate or delayed and diagnostic reward which is the pleasure or pain derived from learning something positive or negative about one s internal state disposition ability or future prospects 2003 279 Dans certaines situations l impact h donique ne proviendrait pas directement des d cisions ou des choix effectifs mais indirectement d un autodiagnostic Par exemple prendre un verre pendant la matin e est un signe d alcoolisme choisir de faire un exercice physique difficile est un signe de sant consommer de la pornographie est un signe de probl me sexuel dans son couple acheter un item dispendieux cr dit est le signe d une irresponsabilit financi re s abstenir de voter est le signe d une irresponsabilit citoyenne faire un don un organisme de charit est le signe qu on est une personne altruiste etc L autodiagnostic peut tre en amont motiv par des consid rations que les auteurs classent en trois cat gories intrins que instrumentale et magique 2003 281 Les raisons d un autodiagnostic sont intrins ques quand l agent se pr occupe davantage des traits ou dispositions pour eux m mes que des d cisions ou comportements qu ils engendrent Je peux par exemple refuser d aller la chasse non pas parce que je suis contre la pratique de tuer des animaux pour le plaisir mais simplement parce que je ne veux pas tre le genre de personne qui s adonn
540. thiques 7 Bien que les donn es sur le sujet fassent encore l objet de pol miques beaucoup de chercheurs en neurosciences expliquent cette d sensibilisation par un dysfonctionnement des neurones miroirs sp cialis s dans la simulation des tats motionnels d autrui Frans de Waal 2009 G Rizzolatti L Folgassi amp V Gallese 2007 Si l on est indiff rent la situation affective d autrui et qu on prouve m me du plaisir dominer physiquement et int gralement on ne cherchera pas faire le mal pour le mal mais on s engagera dans une ligne de conduite aussi moralement r pugnante soit elle comme des actes de torture et de s questration Certains psychopathes savent n anmoins que leurs comportements en d pit du plaisir qu ils en retirent sont moralement r pr hensibles Seulement le d plaisir produit par les neurones miroirs et par la honte subs quente n est pas suffisamment important pour que cela motive ces agents s abstenir d accomplir de tels actes Il y a pour ainsi dire un compromis entre d une part le d plaisir que procure un acte entendu comme moralement r pugnant et d autre part le plaisir qui d coule de certains de ses aspects mais nettement en faveur de ces derniers en d pit de l ampleur du mal qui est produit 25 L absence d une sensibilit minimale a l gard de la condition affective d autrui peut cependant tre envisag e comme l absence d une source d i
541. throne They govern us in all we do in all we say in all we think every effort we can make to throw off our subjection will serve but to demonstrate and confirm it 1789 1 Dans son ouvrage classique Introduction to the Principles of Morals and Legislation Bentham a d crit les diverses sources de plaisir et de douleur qui enclenchent des r ponses d approche ou d vitement Il avan ait n anmoins l id e que l ensemble des motifs de choix est synth tisable dans un seul et unique motif qu il appela l utilit La notion d utilit fut ensuite largement adopt e par les th oriciens en philosophie morale en th orie conomique du choix en psychologie comportementale et par les sciences cognitives La nature de l utilit dans les th ories saveur h donique varie toutefois norm ment Comme Kahneman l a fait remarquer la notion d utilit telle que Bentham la concevait concerne plus les tats et les processus affectifs engendr s par des cons quences de ses choix que de la d sirabilit stricto sensu de ces m mes cons quences 2006 489 Cette derni re interpr tation de la notion est plus conforme aux th ories et aux dispositifs conceptuels labor s dans la science conomique moderne du moins depuis les travaux fondateurs de l conomiste Irving Fisher 1916 49 51 Beaucoup de th ories et d approches contemporaines en neurologie en sciences cognitives et en science comportementa
542. tiens d embl e pr ciser que bien que les d cisions akratiques exemplifient des propri t s temporelles sp cifiques ces propri t s forment des conditions n cessaires mais non suffisantes pour diagnostiquer un pisode de faiblesse de volont Les d cisions akratiques partagent leurs propri t s intertemporelles avec d autres types de d cisions Ce qui les distingue toutefois se situe en amont au niveau de leurs motivations Je discuterai de ces motivations dans le chapitre 10 215 9 2 Les propri t s intertemporelles des d cisions Comme nous l avons vu aux chapitres 2 a 4 les probl mes d cisionnels pr sentent aux agents des alternatives de choix virtuellement praticables par lui En d cidant en faveur d un choix l agent produit un certain nombre de cons quences pour lui m me et ou pour les autres Ces cons quences ne sont pas toujours ce qui importe exclusivement l agent dans sa s lection ou limination de choix dans toutes les situations S il adh re des principes moraux ou esth tiques pertinents au probl me d cisionnel l agent s lectionnera son choix en fonction des actions per se ou des propri t s intrins ques qu elles exemplifient et pas seulement en fonction de leurs cons quences Bien que la r alisation de cons quences soit ce qui motive les agents faire certains choix dans la plupart des situations il semble qu on n en tient pas toujours compte dans l identification de
543. tilis une heuristique d cisionnelle videmment ce genre de pr f rence s inscrit mieux dans un mod le bas sur les raisons que dans un mod le bas sur les valeurs La mani re dont les agents ordinaires d crivent leur raisonnement pratique fait plus de place aux raisons qu des valeurs num riques ou des poids d lib ratifs sur lesquels ils op rent des calculs Un chercheur comme Gigerenzer qui est sans aucun doute le plus grand promoteur du programme de description des heuristiques et de leurs conditions cologiques d ad quation avance que les explications par les pr f rences sont compl tement diff rentes des explications par les heuristiques Gigerenzer 2007 Je ne contredirai pas ici son opinion mais je pense que ce qu on doit garder l esprit est que le terme pr f rence dans le langage courant a un sens non technique qui le rapproche plus du vouloir que de l ordonnancement d options Ce point n est sans doute pas tr s important Mais il y a une ambigu t qu il est utile de mettre en relief car certains auteurs comme Joseph Heath d fendent l id e que la plupart du temps les agents qui vivent des pisodes de faiblesse de volont ne s engagent pas dans des lignes de conduite contre pr f rentielles en excluant les cas o les agents sont pilot s par leur syst me automatique Si cela veut dire que les agents d cident de faire ce qu ils veulent faire en se guidant par un
544. time qu une ligne de conduite est pr f rable une autre En sp cifiant correctement ces instants ou ces moments on vite de confondre la stricte akrasie avec une simple inversion des pr f rences Une des erreurs qu il est facile de commettre est de consid rer que les agents ont des pr f rences suffisamment stables dans le temps pour qu on soit tent de traiter leurs jugements pr f rentiels comme des pr f rences atemporelles Cela a pour effet de multiplier les cas de stricte akrasie Lorsqu on constate par exemple qu un agent estime qu il est pr f rable de ne pas fumer on conclut ipso facto qu il accomplit un acte de stricte akrasie s il s allume une cigarette Or il y a toutes sortes de facteurs externes mais aussi internes qui permettent d expliquer pourquoi des agents au premier abord rationnels modifient sans crier gare leurs pr f rences Leurs pr f rences peuvent tre affect es en profondeur par des stimuli tels que des d clencheurs perceptuels ou cognitifs ainsi que par des motivations visc rales comme d crites dans le chapitre 1 En ajoutant des clauses temporelles la d finition pour viter de confondre la stricte akrasie avec un probl me d instabilit dynamique des pr f rences on obtient quelque chose comme cas je d ciderais clairement l encontre de mon meilleur jugement Du reste les probl mes de pr cision dans l identification des d cisions font cho aux probl
545. tion some current issues Philosophical Transactions of the Royal Society B 363 3137 46 Berridge K C amp Winkielman P 2003 What is an unconscious emotion Cognition amp Emotion 17 181 211 Berridge K C amp Robinson T E 1995 The mind of an addicted brain neural sensitization of wanting versus liking Current Directions in Psychological Science vol 4 71 6 Boudon Raymond 1999 Le sens des valeurs Paris PUF Boudon Raymond 2003 Raison bonnes raisons Paris PUF Bratman Michael 1997 What is the Accordion Effect The Journal of Ethics Vol 10 1 2 5 19 Bratman Michel 1987 Intention Plans and Practical Reason Cambridge Mas Harvard University Press Bratman Michel 1997 Pour une th orie modeste de l action planifi e r ponse a Gauthier et Dupuy in Les limites de la rationalit t 1 Dupuy J P amp Livet P dit Paris La D couverte 75 87 294 Bratman Michel 2001 Two Faces of Intention in The Philosophy of Action Mele A edit Oxford Oxford University Press Broome John 1991 Weighing Goods Equality Uncertainty and Time Oxford Basil Blackwell Broome John 1992 Discounting the Future Philosophy amp Public Affairs vol 20 128 56 Burka Jane B amp Yuen Lenora M 1983 Procrastination Why You Do It What To Do About It Now Da Capo Cambridge Byrne Ruth 2005 Rational Imagination Cambr
546. tion in children Science 244 933 8 Mischel Walter amp Shoda Yuichi amp Rodriguez Monica 1992 Delay of Gratification in Children in Choice over Time Loewenstein G amp Elster Jon dir New York Russell Sage 147 66 Murphy J L amp Zajonc R B 1991 Affect cognition and awarness Affective priming with optimal and suboptimal stimulus exposures Journal of Personality and Social Psychology 60 181 92 Nagel Ernest 1977 Goal directed Processes in Biology Journal of Philosophy vol 74 271 ff Nathanson Stephen 1994 Ideal of Rationality A Defense Within Reason Chicago Open Court Newby Clark LR amp Ross M 2003 Conceiving the Past and the Future Personality and Social Psychology Bulletin 29 807 818 Newman Von J amp Morgenstern O 1953 Theory of games and economic behavior New York Wiley Nietzsche Friedrich 1886 1987 Par dela le bien et le mal Paris Gallimard Nisbett Richard E amp Wilson Timothy D 1977 Telling More Than We Can Know Verbal Reports on Mental Processes Psychological Review vol 84 3 231 259 Ogien Ruwen 1999 Le r alisme moral dir Paris PUF Ogien Ruwen 2003 Le rasoir de Kant Paris L clat Ogien Ruwen 2007 L thique aujourd hui Maximalistes et minimalistes Paris Gallimard Ovide 1992 Les m tamorphoses Paris Gallimard Parfit Derek 1984 Reason and Person Oxford
547. tion pr sentant un meilleur profil est la port e de l agent Le choix d une allocation d croissante ou insuffisamment croissante ne constitue pas cependant une condition suffisante pour diagnostiquer un pisode de faiblesse de volont Rares sont les contextes de choix non triviaux o il est pour l agent facile d identifier le 1 L agent utilise souvent des heuristiques pour d couvrir des choix choix optima satisfaisants alors que des choix optimaux sont disponibles Il ne s ensuit pas qu il vit alors un pisode de faiblesse de volont Comme je vais le montrer dans le prochain chapitre tout d pend des raisons qui le motivent opter pour une allocation d savantageuse 10 Voir chapitre 7 10 La th orie du choix intertemporelle 2 partie les ant c dents motivationnels des d cisions akratiques La sagesse c est la pr voyance T rence 10 1 Une th orie de la motivation pour les choix intertemporels Une analyse conceptuelle satisfaisante de la faiblesse de volont devait selon moi comporter essentiellement deux chapitres importants traitant des deux concepts fondamentaux n cessaires pour comprendre le ph nom ne Un chapitre portant sur les choix et un autre sur la motivation faire ces choix Historiquement les philosophes ne se sont int ress s qu aux motivations qui poussent les agents prendre des d cisions akratiques et tr s peu aux d cisions elles m mes d
548. tionnel prima facie ou toutes choses consid r es La structure logique putative du jugement n est d aucun secours dans ce genre de situation Tout ce qu on peut dire est que jusque l ma femme pr f re aller Paris qu Rome et si la d cision lui revenait et qu elle devait la prendre maintenant elle choisirait d aller Paris Je pense qu on peut critiquer Davidson d avoir confondu les propri t s logiques des nonc s qui expriment des pr f rences avec les propri t s des pr f rences Il est plus judicieux de concevoir les jugements pr f rentiels comme des ordonnancements appr ciatifs prospectifs ou r trospectifs d l ments virtuels ou r els qui ponctuent les phases de la d lib ration et dont les propri t s intrins ques ne varient pas en fonction de la mani re dont on les d crit En ajoutant les clauses prima facie toutes choses consid r es et m me tout court notre description on ne fait qu indiquer des propri t s extrins ques comme la mani re dont l agent est arriv cette conclusion pratique ou quel r sultat d tape il en est rendu dans sa d lib ration Ou alors on indique qu on n a pas cette information ou m me que l agent n a pas cette information Dans ce dernier cas je peux expliquer par exemple pourquoi Bill s est comport de telle fa on en disant que c est parce que Bill pr f re a b tout court ignorant les raisons expliquant l
549. tributaire du respect de valeurs familiales L usage d une heuristique d abstinence int grale requiert de l agent qu il n glige l examen d une grande quantit d informations pourtant pertinentes D aucuns diront que ce genre de r gle simple a fait ses preuves Pourtant si un agent aux prises avec une d pendance entame un processus de d lib ration complet et arrive la conclusion qu il devrait succomber par intermittence son vice et s il prend effectivement une d cision dans ce sens je pense qu on peut estimer qu il vit un pisode de faiblesse de volont m me s il se conforme son meilleur jugement Le probl me ici est de savoir si l on doit attribuer l agent qui succombe la tentation un jugement plus ad quat qu il aura pr alablement form par l application d une heuristique adapt e la situation ou non Les agents akratiques vivent souvent des conflits internes Dans ces circonstances un jugement plus ad quat lui indique souvent une meilleure direction mais reste incompatible avec un autre jugement qui lui indique une option plus attrayante Mais quand un agent qui succombe la tentation estime que son jugement le plus ad quat est justement celui qui lui indique cette avenue ce qui arrive quand on observe chez l agent une modification en profondeur de son tat d esprit sur quoi peut on se baser pour diagnostiquer un pisode de faiblesse de volont
550. ts L exp rience de Thaler fut reprise et raffin e par plusieurs chercheurs Les r sultats obtenus pointent dans une direction le fait que les agents escomptent le futur en fonction d un taux d croissant Toute une litt rature s est d velopp e au sujet du ph nom ne que les th oriciens appellent escompte hyperbolique en raison de la forme hyperbolique qu on obtient en d crivant le poids h donique ou motivationnel d options concurrentes pour chaque instant d anticipation figure 5 m x gt y x lt y x gt y Figure 5 1 En ce sens l escompte hyperbolique est contraster avec l escompte exponentiel qui correspond une courbe d crite par un taux constant 246 Avec l escompte hyperbolique on voit que des options disponibles ou des cons quences subies des moments distincts acqui rent un poids motivationnel plus rapidement lorsqu elles se rapprochent du moment pr sent Nous avons tous l intuition que le poids motivationnel des options ou des cons quences temporellement distantes s accentue au fur et mesure que les d lais qui nous en s parent r tr cissent Les motions que nous ressentons l id e de subir des cons quences positives ou n gatives qui se rapprochent deviennent de plus en plus vives Nous sommes sans doute excit s l id e que nous allons acqu rir la maison de nos r ves dans 6 mois ou revoir un tre cher apr s plusieurs ann es d absence mais pas autan
551. ts inconditionnels des d cisions le spectre de la th orie des pr f rences r v l es Mais on peut douter de l hypoth se que Davidson ait vraiment eu l intention d assimiler les jugements inconditionnels des actions m me si certains passages de son uvre le sugg rent Aussi nous avons certaines intuitions selon lesquelles que les jugements inconditionnels tels que d crits pas Davidson se situeraient en quelque sorte entre les jugements prima facie et les actions Par exemple un m canicien peut soutenir que tous les 57 Soulign par moi 136 indices qu il a observ s militent en faveur de l hypoth se que le syst me d injection est d faillant et non le syst me de prise d air sans pour autant conclure que c est le syst me d injection qui est d faillant et tenter ensuite de le r parer Seulement il y a tout lieu de penser que dans cette situation conclure qu une hypoth se est pr f rable fout court est moins une pr f rence qu une d cision ou un choix l gard de l hypoth se privil gier Cela revient tout simplement dire que apr s un examen des options en lice j en choisis une Et il n est pas contre intuitif de dire que les d cisions des agents peuvent autant porter sur le choix d une hypoth se abstraite que sur des actions concr tes on peut d cider d accomplir une action mais galement d adh rer une opinion une croyance une cause une hypoth se
552. ts si la jouissance des b n fices ou l vitement des co ts sont accessibles dans l horizon du court terme Certaines personnes sont syst matiquement dispos es mentir m me si elles savent que le risque de se faire prendre est tr s grand voire in vitable Mais en mentant elles vitent des d sagr ments imm diats Aussi les personnes sont d autant plus enclines se conformer leurs principes moraux si les b n fices de la d fection sont temporellement loign s La promptitude punir les tricheurs a souvent un effet correcteur plus grand que la grandeur de la punition Du point de vue l gislatif la fonction pr ventive des punitions ne peut tre remplie de mani re satisfaisante que si les proc dures entam es contre les coquins sont enclench es dans des d lais assez courts suivant les d lits Les strat gies institutionnelles de contr le adapt es la structure intertemporelle des choix et l escompte hyperbolique ne visent pas seulement les individus mais peuvent galement porter sur les groupes sociaux voire des nations enti res Jon Elster voit par exemple dans les l ments constitutionnels dont se dotent les tats des dispositifs contraignants pour lavenir analogues la strat gie d Ulysse et produisant des r sultats issus de processus d cisionnels encadr s favorisant des int r ts long terme Par exemple les politiques mon taires des tats ne sont pas sous la juridiction des assembl
553. tur nous ne sp cifions pas l ensemble des clauses d exception qui nous autorisent ajourner sa r alisation Le lecteur de Bratman s apercevra que j utilise des termes que Bratman n utilise pas pour exprimer ses positions La libert que je prends ici cet gard reste tout de m me fid le son propos 194 Evidemment la question des clauses incluses dans la d cision de faire quelque chose dans le futur peut tre une question d licate en particulier dans un contexte juridique Les clauses peuvent tre implicites comme dans le cas o je d cide d aller faire du ski ce week end moins que toute la neige ne soit fondue d ici la Aussi on ne me reprochera pas d tre irr solu si j examine d autres alternatives de loisir voyant que la neige fond vue d ceil bien que personne ne m ait entendu exprimer la clause moins que toute la neige ne soit fondue d ici l Cela dit il se peut tr s bien que je n aie pas dans certaines situations labor m me implicitement une clause d exception mais que l on consid re que mon intention inclut virtuellement une telle clause Je peux d cider d aller visiter la Vall e des Rois en gypte mais de me raviser ensuite parce que les premiers signes d une r volution closent dans ce pays Je peux ne rien conna tre de la situation politique des gyptiens ne pas savoir qu un r gime autoritaire y r gne et que la libert de presse
554. u il n y a rien de bon la t l vision mais tout de m me m ennuyer la regarder parce que je ne me demande m me pas ce que je pourrais faire d autre D ailleurs une hyper g n ration d alternatives peut avoir un effet contraire d hyperactivit mais dilue pour ainsi dire les objectifs Une personne hyperactive s engage spontan ment dans toutes sortes d activit s qui ne sont cependant pas orient es du d but la fin par des objectifs ou des buts stables Il se peut que hyper g n ration d alternatives surcharge en aval le reste du processus d lib ratif comme l valuation et la s lection des options Kalis et coll 2008 Mais peu importe l explication certains cas putatifs d akrasie rel veraient en fait de ce genre de difficult proc durale Un agent peut se montrer trop ind cis ou apathique parce qu il g n re mentalement trop d options examiner ou tre incapable de se montrer r solu parce que les alternatives qu il choisit manquent d orientations et sont sujettes une constante r vision L akrasie peut galement r sulter d un probl me situ non pas au niveau de la g n ration des alternatives mais au niveau de leur s lection Un agent intoxiqu par l alcool ou sexuellement excit vit notamment une modification dans son aversion au risque et est par cons quent plus dispos accomplir des actions qu il regrettera par la suite L impulsivit 129 et la compu
555. u effectuent des calculs pour d couvrir la meilleure option parce que cela est la seule mani re de le faire Or peu de situations requi rent que nous traitions les informations de la sorte Les agents rationnels utilisent des proc dures d cisionnelles vari es et adapt es aux probl mes qu ils souhaitent r soudre et qui n ont rien voir avec des proc dures d optimisation Ce fait a des cons quences importantes sur notre mani re de penser non seulement la motivation en g n ral mais la faiblesse de volont en particulier Cela rend la conception Standard manifestement inad quate Si les agents rationnels ne maximisent que rarement alors la conception Standard nous am ne surdiagnostiquer les pisodes de faiblesse de volont Dans l ventualit o l on souhaiterait restreindre la conception Standard la stricte akrasie alors non seulement cela laisserait intact le probl me de faiblesse de volont mais cela r duirait aussi le propos l examen d un ph nom ne beaucoup plus rare que ce qui est estim par les th oriciens En exposant ces proc dures et en d crivant leurs propri t s fondamentales je pense tre en mesure de montrer que le fait de d cider l encontre de son meilleur jugement n est pas une condition suffisante ni m me n cessaire pour diagnostiquer un pisode de faiblesse de volont Le principe de continence que Davidson juge constitutif de la rationalit pratique est non seulem
556. u factuel ou appr ciatif plus pro minent suivant les situations 1963 164 Mais l internalisme de Hare va un peu plus loin qu impliquer que les jugements valuatifs sont des ingr dients n cessaires pour motiver les agents prendre des d cisions Il soutient que les jugements valuatifs qui r sultent d une d lib ration ou qui sont situ s au point de jonction avec la d cision motivent suffisamment les agents prendre une d cision allant dans leur sens C est pourquoi on peut qualifie la position de Hare d internalisme fort 6 1 2 L externalisme de Mele Certains philosophes consid rent qu il n y a pas de lois psychologiques qui lient causalement et invariablement le meilleur jugement de l agent et sa d cision Pour Alfred Mele par exemple il n y aurait pas de connexions n cessaires entre le meilleur jugement de l agent et sa motivation suffisante prendre une d cision particuli re m me si l agent effectue une d lib ration pleine et enti re Cette hypoth se rel ve de l externalisme motivationnel et Mele est sans doute son plus f roce partisan Pour Mele nos intuitions les plus fortes militent en faveur de l id e que le caract re valuatif de nos d sirs et leur force motivationnelle ne sont pas les deux faces d une m me m daille ou le reflet l une de l autre mais que leurs poids respectifs peuvent cro tre diff remment et m me inversement Dans une formule plus conci
557. u strictement akratique parce qu ils sont r put s toujours maximiser R viser l hypoth se de la maximisation en incluant dans le calcul les ressources temporelles limit es maximisation sous contrainte ne permet pas de sauver l hypoth se parce que cela implique non pas un all gement mais un alourdissement de la t che cognitive des agents La maximisation comme si n est pas non plus une avenue satisfaisante parce sa puissance descriptive pr dictive et explicative est peu pr s nulle Or l identification des r gles des heuristiques et des proc dures d cisionnelles offre une solution de rechange la maximisation La conclusion qu on doit en tirer est cependant plus n gative que positive Le sceptique est peut tre dans le vrai il n y a peut tre finalement pas de d cisions contre pr f rentielles Le probl me est qu il ne peut pas inf rer cela de l hypoth se de maximisation m me dans ses versions plus faibles maximisation sous contrainte et comme si De plus cela a certaines r percussions sur la conception Standard qu il vaut la peine de mentionner La conception Standard fait r f rence une estimation jugement ou pr f rence toutes choses consid r es Or comme les agents rationnels utilisent la plupart du temps des r gles frugales pour d cider ils sont tr s loin de consid rer toutes les informations pertinentes Ils ne tiennent compte que de quelques informations
558. ue philosophique bien que les cons quences philosophiques soient mon avis importantes Les d bats entourant la n cessit et la port e du principe de charit dans la description et l valuation des choix et du comportement des agents sont souvent tributaires d une conception comme si de la rationalit On postule que les agents sont rationnels au sens o ils se comportent comme s ils maximisaient la satisfaction de leurs pr f rences et minimisaient la r alisation de leurs aversions Cette conception est aussi la base de la th orie des pr f rences r v l es telles que d crites au chapitre 3 171 Le probl me que les chercheurs du programme sur les heuristiques comme boite a outils adaptative voient dans cette conception est qu elle laisse le processus d cisionnel et celui de formation du jugement compl tement opaque Nous ne savons pas vraiment comment les agents traitent les informations mais nous connaissons le r sultat de ce processus de computation et nous postulons a posteriori qu il est compatible avec un processus d optimisation et qu il est donc appropri ou m me normativement n cessaire de le consid rer comme issu de ce type de processus Contrairement aux apparences cette conception de la rationalit comme si rel verait non pas d une sorte d inf rence la meilleure explication ce qui serait en fait une bonne chose mais une mani re de couper court la recherch
559. ue de rep res g n raux Aussi il est plus facile pour le philosophe de se retrouver dans la litt rature conomique malgr le fait que cette derni re fait une utilisation pouss e d quations math matiques souvent absconses En fait le niveau diff rent de f d ration des idiosyncrasies dans ces disciplines donne au philosophe l impression que l conomie ressemble un jardin fran ais et la psychologie davantage un jardin anglais En effet la psychologie th orique et m me l conomie comportementale offre un ensemble de petites th ories ou explications plus ou moins h t rog nes mais pas de th ories unifi es Aussi le travail de synth tisation que doit faire le philosophe qui discute d un probl me qui est trait si diff remment du point de vue th orique et empirique dans les disciplines 15 scientifiques va n cessairement tre incomplet et reposer quelques fois sur des interpr tations approximatives Mon travail th orique ne fait pas l conomie de ce genre de difficult s mais essaye de les limiter En fait un des d fis th oriques importants dans l explication de la nature de la faiblesse de volont est justement de montrer que le ph nom ne n est pas particuli rement exotique mais est intelligible dans le cadre des meilleures th ories g n rales de la d cision et de la motivation Sinon on serait oblig de faire des hypoth ses ad hoc qui entra neraient une conception du ph
560. ue son caract re pr tendument paradoxal sont mis de l avant Nous argumentons qu une position sceptique l gard de la stricte akrasie ne peut pas reposer sur une version ou une autre de la th orie des pr f rences r v l es et montrons qu une description du processus d cisionnel est n cessaire pour attribuer une pr f rence synth tique ou un meilleur jugement Nous abordons le d bat philosophique qui oppose une conception internaliste du lien entre le meilleur jugement et la d cision une conception externaliste et soutenons sur la base de r sultats exp rimentaux en psychologie cognitive et en neuroscience que cette derni re conception est plus robuste bien qu imparfaite Ces r sultats ne vont pas toutefois l encontre de l hypoth se que les agents sont des maximisateurs dans la satisfaction de leur pr f rence laquelle hypoth se continue de justifier une forme de scepticisme l gard de la stricte akrasie Nous exposons par contre des arguments solides l encontre de cette hypoth se et montrons pourquoi la maximisation n est pas n cessairement requise pour le choix rationnel et que nous devons par cons quent r viser la conception standard de la stricte akrasie Nous discutons de l influente th orie de Richard Holton sur la faiblesse de volont non strictement akratique Bien que compatible avec une conception non maximisante sa th orie r duit trop les pisodes de faiblesse de vol
561. uel int griste je n y porterais m me pas attention Le processus d cisionnel n est pas seulement enclench par des consid rations affectives et d sid ratives mais est noyaut du d but la fin par ces consid rations Cela dit les critiques qu on adresse spontan ment au cognitivisme motivationnel comme celles qu on adresse spontan ment au cognitivisme moral ne sont pas correctes pour autant Elles reposent souvent sur des consid rations intuitives et restent la surface du ph nom ne du processus d cisionnel On dira par exemple qu on peut savoir que le cancer guette si l on n arr te pas de fumer et continuer en d pit de cette croyance ou encore estimer qu on est en pleine p riode de procrastination alors qu on sait devoir r diger un travail important Aussi l acquisition d informations pertinentes ne semble pas toujours suffisante pour qu on d cide d emprunter une ligne de conduite plus ad quate Un individu peut bien continuer fumer en d pit du fait qu il connaisse parfaitement bien les cons quences d sastreuses du tabagisme Un autre peut s adonner la procrastination tout en connaissant les impacts n gatifs que cela aura sur son bien tre futur Dans les deux cas le savoir ne semble pas une donn e manquante Les individus poss dent toutes les connaissances n cessaires pour l adoption de la meilleure ligne de conduite et cela appara t indubitable C est ce qu on
562. ues de la raison ou de l intellect et des raisons de niveau inf rieur issues des syst mes app titifs ou motionnels r sume le conflit int rieur typique des agents akratiques Lorsque nous nous appr tons prendre une seconde portion de dessert alors qu il y a une petite voix int rieure qui nous enjoint de nous en abstenir nous mettons en concurrence des raisons et des pr f rences de niveaux diff rents D ailleurs nous avons des intuitions relativement claires sur ce qui distingue ces niveaux et n avons pas besoin de conna tre la th orie aristot licienne pour le mettre en relief Les raisons de niveau sup rieur entrent souvent dans la formation de pr f rences atemporelles et souvent impersonnelles objectives comme on ne devrait pas fumer on devrait toujours tenir ses promesses ou il est pr f rable de faire ce que les professeurs nous demandent etc Tandis que les raisons de plus bas niveau entrent dans la formation de pr f rences index es au temps et plus personnelles subjectives comme j ai envie de fumer tout de suite je pr f re pour cette fois seulement ne pas tenir ma promesse ou je n ai pas envie de faire mes devoirs ce soir m me si le professeur me l a demand Pour tre plus pr cis c est la structure du probl me d cisionnel qui commande ou non une d lib ration rationnelle compl te et dont l ch ancier n est qu un aspect parmi d autres
563. ui n est du reste pas le cas de jugements prima facie qui identifient r ellement des propri t s que l agent cherche maximiser ou minimiser Cette confusion des usages se refl te notamment dans la critique qu a fait Kagan de l usage de l expression prima facie dans la th orie morale de David Ross 1930 Ross a d fendu l id e que la morale doit reposer sur un corpus de devoir prima facie c est dire des devoirs auxquels nous devons intuitivement nous conformer moins qu il existe un autre devoir dont nous avons l intuition qu il pr vaut dans la situation sur le premier Kagan sugg re de remplacer dans ce contexte prima facie par pro tanto all guant qu une raison pro tanto doit toujours avoir du poids dans la d lib ration m me si c est moins qu on le pensait au d but alors qu une raison prima facie a typiquement du poids au d but de la d lib ration mais aucun dans vers la fin 1989 17 Je n utiliserai pas l expression prima facie dans le sens de Kagan mais je me conformerai l usage philosophique qu elle a en th orie de l action et du choix rationnel et non l usage qu elle a dans les domaines m taphysique ou d pist mologie fondamentale 6 Dans le cadre de la th orie on peut th oriquement isoler chacune de ces consid rations en demandant l agent de faire des choix dans d autres contextes en modifiant qu une seule variable la fois C
564. ui vivent un pisode de faiblesse de volont sont en fait vaincus par les plaisirs Au contraire pour Socrate il faut rechercher maximiser son plaisir dans les limites de ce que commande la justice Si tu p ses l agr able avec l agr able il faut toujours choisir le plus grand et le plus nombreux si tu p ses le p nible avec le p nible il faut choisir le moindre et le plus petit si tu p ses l agr able avec le p nible et si l agr able est en exc s par rapport au d sagr able que le long terme l emporte sur l imm diat ou l imm diat sur le long terme tu dois agir en respectant toutes ces donn es si le d sagr able est en exc s par rapport l agr able il ne faut rien faire Protagoras 357 358d Le probl me de la faiblesse de volont r side dans le fait que les agents chouent identifier les lignes de conduite qui maximisent effectivement notre plaisir global Par une s rie d analogies clairantes Socrate assimile cette difficult des ph nom nes 20 d illusions et dont la solution r side dans la pond ration inform e des options qui s offrent a nous S il en est ainsi r pondez moi dirai je Les m mes grandeurs vous paraissent la vue plus grandes de pr s et plus petites de loin ou non ils diront que oui M me chose pour les paisseurs et quantit s Et m me des sons quivalents paraissent plus forts de pr s et moins forts de loi
565. uit non seulement moins de plaisir marginal mais renverse un certain point la qualit de l exp rience h donique Le meilleur g teau au caramel devient rapidement c urant le meilleur ami devient ennuyeux lorsqu on le c toie longueur de journ e Pour ces cas il 1 T adaptation h donique est le pendant psychologique du ph nom ne conomique de l utilit marginale d croissante La notion d utilit marginale d croissante fut initialement introduite pour expliquer pourquoi des biens pourtant essentiels comme l eau potable valent moins cher sur le march que des biens accessoires comme les biens de luxe 235 existe un point de sati t au del duquel la consommation et la fr quentation pr sentent un rendement marginal n gatif Cela dit adaptation h donique n est pas comme telle fonction du nombre de points de consommation ou de fr quentation Une adaptation h donique ne se produit que lorsque les points de consommation ou de fr quentation d un bien d un type de bien ou d une personne sont temporellement rapproch s Je suis content de voir mon meilleur ami a condition que nos rencontres soient suffisamment espac es C est ce qui justifierait d ailleurs rationnellement l injonction aristot licienne de rechercher la mod ration en toute 107 chose Bien qu ils pr sentent des profiles exp rientiels d croisant semblables on peut distinguer les d cisions akratiques des d cisi
566. ulement certains d entre eux rel vent d pisodes de faiblesse de volont 108 On peut utiliser son profit le m canisme d adaptation h donique en s abstenant de prendre des pauses lorsqu on accomplit des activit s d plaisantes et en s en imposant lorsqu on accomplit des activit s plaisantes Ariely 2010b 237 C est pour cette raison que la description de la structure temporelle des choix d allocation ne permet pas d identifier l ensemble des conditions n cessaires et suffisantes des d cisions akratiques L examen des allocations nous permet d identifier les conditions n cessaires des cas de faiblesse de volont On doit galement examiner la nature des motivations qui poussent les agents faire des choix d allocations au profil d croissant pour tre en mesure de formuler un crit re op rationnel 9 3 Conclusion Les propri t s temporelles des distributions des cons quences sont des caract ristiques centrales de la faiblesse de volont autant dans sa forme synchronique que diachronique L ignorance de ce fait conduit surestimer les diff rences entre les cas de stricte akrasie et les cas d akrasie tout court Or les cas d irr solution d addiction de n gligence de non observance de procrastination d impatience de surconsommation compulsive de non assiduit de gloutonnerie de compulsivit ou d apathie pr sentent tous un profil d croissant alors qu une op
567. under conditions of high anxiety Journal of Personality and Social Psychology vol 30 510 17 Elster J amp Loewenstein G 1992 Utility from Memory and Anticipation in Choice over Time Loewenstein G amp Elster J dir New York Russell Sage 213 34 Elster Jon 1979 1986 Le laboureur et ses enfants Paris De Minuit Elster Jon 1999 Alchemy of Mind Rationality and the Emotion Cambridge Mas Cambridge University Press Elster Jon 2000 Ulysses Unbound Studies in Rationality Precommitment and Constraints Cambridge Mas Cambridge University Press Elster Jon 2007 Agir contre soi Paris Odile Jacob Euripide 2002 M d e Paris Jai Lu Euwe Max 1969 Les checs jugement et plan Paris Payot Fabienne Pironet amp Christine Tappolet 2003 Faiblesse de la Raison ou Faiblesse de Volont Peut on Choisir Dialogue vol 42 04 627 44 Feinberg Joel 1970 Doing and Deserving Princeton Princeton University Press Fischman M W amp Foltin R W 1992 Self administration of cocaine by humans A laboratory perspective in Cocaine Scientific and Social Dimensions Bock G R amp Whelan J dir vol 166 Chichester Wiley 10 Fisette Denis amp Poirier Pierre 2000 Philosophie de l esprit Etat des lieux Paris Vrin Fisher I 1918 Is utility the most suitable term for the concept it is used to denote A N Page Ed Utility
568. une id e une valeur une th orie un principe etc Or si d cider ou choisir semble correspondre d une certaine mani re au jugement inconditionnel alors on se retrouve de nouveau la case d part En effet chez un agent strictement akratique il y aurait justement un probl me de connexion entre son meilleur jugement et la d cision de s engager dans une ligne de conduite particuli re D ailleurs si l on persiste assimiler les jugements inconditionnels des d cisions alors cela nous oblige adh rer proposition centrale de la th orie des pr f rences r v l es PPR On peut rejeter cette implication parce qu on estime que la th orie des pr f rences r v l es repose sur un souci m thodologique et des pr suppos s pist mologiques douteux Mais si l on situe les jugements inconditionnels la surface des d cisions des agents alors on peut se passer des autres types d indices pour ces pr f rences comme un partisan de la th orie des pr f rences r v l es Comme je l ai entre autres mentionn dans ma critique de la proposition PPR situer les pr f rences trop pr s de la surface des d cisions et choix effectifs a pour effet de rendre nos attributions de pr f rences trivialement vraies mais non informatives et sans caract re pr dictifs 6 3 Vouloir valuer et appr cier les rapports introspectifs et le m canisme neurologique de la sensibilisation motivationnelle Le d bat inter
569. ur et mesure que le moment d apprentissage et le moment du rappel croissent Jost s fist law ce qui cr e une forme de myopie r trospective Mais on observe une fonction hyperbolique a l uvre dans la rapide d pr ciation des automobiles neuves ainsi que dans la disposition g n reuse d croissante donner autrui mesure que la distance sociale qui le s pare de soi s agrandit Rachlin 2006 videmment les m canismes fondamentaux qui sous tendent la fonction hyperbolique dans chacun de ces cas de figure ne sont pas de m me nature Ce qui explique la d pr ciation rapide des automobiles neuves asym trie d informations dans le march de l usager bassin plus grand d acheteurs pour les vieilles bagnoles etc n explique pas la diff rence de mesure des sources d nergie situ es des distances diff rentes Aussi ce qui expliquerait hypoth tiquement l escompte du futur savoir des pr f rences temporelles pures n est videmment pas requis pour expliquer les autres ph nom nes hyperboliques de mesure Par contre Rachlin et Raineri mettent en relief le fait int ressant que la fonction hyperbolique des ph nom nes mesur s dispara t lorsque plusieurs sources d informations ou de signaux sont mises contribution Par exemple imaginez que vous soyez plong dans une chambre noire et que vous ayez valuer la distance relative de deux poteaux lumineux qui se rapprochent de vous Vous deve
570. ur jugement comme la m thode de Franklin ou la R gle de Dawes Ces proc dures et m thodes sont commun ment appel es heuristiques Leur utilisation est prescrite par un mod le de rationalit limit e et s oppose au mod le de rationalit illimit e qu on retrouve dans la tradition philosophique et conomique Bien que les agents rationnels soient r put s avoir des capacit s cognitives et des ressources principalement du temps et des nergies limit es les mod les de rationalit pratique que les philosophes et conomistes ont labor s au fil des si cles ne semblent pas en avoir tenu compte Pour valuer les d cisions la tradition philosophique depuis Aristote utilisait des normes qui ne s appliquent en fait qu des agents qui ressemblent plus des d mons laplaciens qu des organismes pourvus d une quantit de neurones certes grande dans certains cas mais tout de m me limit e Les jugements pratiques corrects comme les jugements th oriques taient con us comme des preuves aussi certaines que des preuves math matiques On assista pendant les Lumi res une 7 Entretien au Coll ge de France La Lettre no 21 148 modification de ce paradigme Le fameux pari de Pascal illustrait une forme de raisonnement pouvant tre jug correct mais qui abandonnait du coup la recherche de certitudes Daston 1988 Todd amp Gigerenzer 1999 Ce fut la premi re impulsion pour l l
571. ut t attribuable un probl me cognitif de repr sentation des v nements futurs Comme les d bats sur le sujet sont r cents j exposerai ces points de discorde sans prendre position Je mentionnerai cependant une cons quence importante que l hypoth se de la d valuation du futur semble avoir pour le d bat philosophique celle d inverser le probl me Que la faiblesse de volont soit le r sultat d une pr f rence temporelle pure ou d une myopie cognitive il appert que c est moins son occurrence qui requiert une explication que son absence 1 3 Soucis th oriques empiriques et m thodologiques L utilit d une investigation th orique du ph nom ne de la faiblesse de volont pour l laboration de solutions ne doit videmment pas impliquer un d dain pour les intuitions communes sur le sujet d faut d avoir une th orie constitu e suffisamment robuste et pleinement op rationnelle nos intuitions sont souvent de bons points de d part pour entreprendre une investigation et tester nos hypoth ses en cours de route Cela n implique pas pour autant qu elles arriveront toutes intactes au point d arriv e Il est utile de suivre le principe qu il faut dans la mesure du possible m nager nos intuitions lorsque vient le temps de traiter un probl me aussi commun que celui des checs motivationnels mais pour faire suite une argumentation serr e on peut arriver la conclusion qu on doit d lester que
572. vantage au chapitre consacr l exposition de ces analyses Chapitre 7 Cela dit Aristote en distinguant la compr hension v ritable d une connaissance si superficielle qu elle quivaut en gros de l ignorance anticipe d une certaine mani re les critiques sceptiques contemporaines sur la possibilit de la stricte akrasie L insinc rit la mauvaise foi l hypocrisie le bon ton et quelques formes de duperie de soi reposent souvent sur cette forme d ignorance et expliqueraient beaucoup de cas de faiblesse de volont Davidson 1970 J aborderai ces arguments sceptiques dans le chapitre 5 La seconde explication d Aristote est galement int ressante Il ne fait pas de doute que nombre d pisodes de faiblesse de volont sont motiv s par des conclusions h tives La n gligence peut galement y jouer un r le comme dans l explication pr c dente N gligeant de faire mes devoirs pist miques je ne pousse pas ma d lib ration assez loin et tire par cons quent une conclusion h tive sur ce que je dois faire Mais les motions peuvent jouer un r le analogue Sous le coup d une motion forte je peux abr ger ma d lib ration et tirer une conclusion h tive Ce type d explication vise le caract re impulsif de certains pisodes de faiblesse de volont Cela s accorde avec l tiologie de bon nombre d pisodes de faiblesse de volont Les d clencheurs et les motivations visc
573. vations m me si on leur a demand de former un meilleur jugement Toutefois rien ne nous emp che d identifier des facteurs de choix comme la saillance motivationnelle un crit re d valuation relevant non pas de l appr ciation r elle du r sultat des alternatives mais de l anticipation de ce r sultat Dans un cas de stricte akrasie un agent pourrait inconsciemment anticiper plus de plaisir qu il n est dispos a le reconna tre avant l acte mais regretter am rement son choix parce qu il appr cie peu les r sultats pendant et apr s l acte Selon Berridge et Robinson cela est caract ristique des d pendances Cela ne sauverait pas l internalisme puisque le meilleur jugement de l agent ne dirige pas comme telle la d cision m me s il l affecte un certain niveau mais plut t une autre valuation produite par un processus qui n a rien voir avec la d lib ration consciente 6 4 Conclusion Le d bat sur la connexion du meilleur jugement et de la d cision soul ve plusieurs probl mes La nature du jugement et ses liens logiques avec ses ant c dents ou avec les causes v ritables de la d cision akratique la fiabilit des rapports en premi re personne sur les motivations la force causale de ces jugements mais surtout la possibilit d un d salignement de la motivation et des attitudes valuatives conscientes sont au c ur du d bat entre internalistes et externalistes J ai expos
574. vec la d faillance morale Platon semble sugg rer que les agents recherchent tant t maximiser leur plaisir tant t s orienter en fonction de l id e de justice mais sans fournir pour autant une th orie de leurs interactions possibles au sein de processus cognitifs de d lib ration Mais ce qu il est important de rappeler est l orientation platonicienne vers une conception des probl mes motivationnels hors du domaine strictement moral La philosophie de l action a au 20 si cle achev un renversement de l ordre explicatif On accepte aujourd hui tout naturellement l id e qu il y a des motivations au sens large du terme en plus des motivations proprement morales Et que l explication de ces derni res doit figurer comme un chapitre d un ouvrage plus g n ral pour ce qui motive les agents prendre telle d cision plut t qu une autre agir de telle fa on plut t qu une autre Mais l int r t th orique le plus important que pr sente ici la th orie de Platon est qu il a formul en quelque sorte une proto version de ce qui est devenu par la suite la doctrine de l agent maximisateur d utilit esp r e labor e au 20 si cle dans la discipline de la micro conomie cette th orie complexe fond e sur des axiomes de coh rence formelle des pr f rences et des choix a joui et jouit toujours d une grande popularit parmi les th oriciens des sciences sociales Si cette th orie est
575. ver mais de se conformer sur une p riode plus ou moins longue ces plans et ces intentions Bratman explique que sans les plans et les intentions nous aurions beaucoup de difficult s nous coordonner dans nos activit s avec les autres et beaucoup de difficult nous coordonner nous m mes dans nos propres activit s Ce serait le cas si par exemple mon 190 ami et moi souhaitions faire une activit ensemble mais que cela requ rait que nous nous rencontrions pr alablement dans un lieu situ quelque part entre chez lui et chez moi Si je suis incapable de former l intention de me rendre un point de rencontre dans le futur et de me conformer a cette intention nous chouerons a nous coordonner efficacement Bratman soutient que les intentions sont galement n cessaires pour nous coordonner efficacement avec nous m mes et en particulier lorsque nous devons accomplir une s rie d activit s dans un ordre d termin Un plan pour ma journ e par exemple me donnera des indications sur ce que je dois faire du temps qui m est imparti pour cette p riode et dans quel ordre je dois le faire Les r solutions en revanche ne comportent pas toujours des indications sur l ordre des activit s faire Dans leur forme la plus simple elles stipuleront seulement qu une activit doit faire partie de ma liste des choses a faire sans sp cifier a quel moment je dois la faire ex je prends la r solution de manger plus de
576. vidson 1971 Goldman 1970 Aussi quand nos activit s sont exclusivement g r es par le syst me automatique les croyances et les d sirs semblent n y jouer aucun r le Or beaucoup de ces activit s sont indubitablement des actions et non de simples comportements Il s ensuit que le syst me automatique ne peut piloter g rer monitorer etc lui seul des actions lesquelles doivent tre pilot es par des syst mes int gr s Cet argument n est pas convaincant Il est vrai que les activit s que les psychologues estiment tre pilot es ou prises en charge exclusivement par le syst me automatique sont souvent des actions Le probl me vient peut tre du crit re causal Ind pendamment du fait qu on adh re ou non au mod le du double processus le crit re causal semble trop restrictif Il ne permet pas de cat goriser des structures d taill es du comportement comme des actions Je peux dire que ma d ambulation dans un corridor est une action parce qu elle est caus e par mon d sir de me rendre mon bureau et la croyance que c est le moyen le plus appropri de m y rendre Mais que dire du d tail de ma ligne de conduite Est ce que chacun de mes pas peut tre expliqu par des attitudes propositionnelles Je peux le faire mais l explication aura l air soit particuli rement artificielle soit ad hoc Je peux dire que le troisi me pas fut caus par le d sir d avancer et la croyance que tant donn e la r partiti
577. yances ou bagages cognitifs Il n y a pas d ant c dents cognitifs pour motiver de mani re g n rale la poursuite du bonheur d tat de satisfaction de f licit de paix int rieur ou toute autre forme de bien tre Un nonc du genre a serait bien pour moi d tre heureux sonne plus comme une tautologie que comme un nonc informatif Aussi le plaisir qu il soit dans ses formes les plus sophistiqu es plaisir d accomplissement de reconnaissance satisfaction de justice rendue etc ou les plus l mentaires plaisir d uriner d absorber des mati res comestibles de r aliser un tat hom ostatique optimal etc constitue un objectif dont les agents estiment avec raison ne pas avoir justifier l attrait La seule justification rationnelle 8 M me s il est judicieux de faire comme s il tait vrai dans les d bats saveur morale 27 concernant la poursuite des plaisirs porte davantage sur la fa on de les r aliser et sur la mani re de les distribuer dans les temps que ce pourquoi on doit les r aliser Socrate nous exhorte certes rechercher le maximum de plaisir dans les limites de la justice sans fournir de raison plus fondamentales Cela laisse croire que des tats motionnels forment le soubassement de la motivation et non des tats cognitifs Mais il sugg re en m me temps que les agents autonomes et ma tres d eux m mes peuvent prendre suffisamment de recul l
578. ychologiques et seuls certains philosophes croient en leur existence Il est par cons quent hasardeux d en faire le concept central d une th orie quelle qu elle soit Troisi mement il y a beaucoup de cas putatifs de faiblesse de volont qui ne correspondent pas au portrait que fait Holton pas plus qu ils ne correspondent au portrait de la conception Standard notamment les cas de n gligence ou d apathie 8 2 1 R viser et interpr ter une intention et lui d sob ir Le philosophe Dylan Dodd a formul une critique int ressante de la conception de Holton Il remet en question l hypoth se que la faiblesse de volont advient dans des situations o les agents proc dent la r vision de leurs intentions Pour Dodd les r visions ou les annulations d intention dont parlent Bratman et Holton ne correspondent pas la plupart des cas r els Si je forme l intention d aller piqueniquer demain et que le lendemain il pleut je ne r viserai pas mon intention si je m abstiens d y aller Je n agirai pas l encontre de mon intention parce qu elle comporte notamment des clauses implicites concernant la m t o Mais comme je l ai mentionn plus haut nos intentions ne comportent pas des clauses pour toutes les situations possibles C est ici que l interpr tation entre en jeu Je peux interpr ter une d cision ant rieure et juger que mon action actuelle se conforme son esprit Si j ai raison dans ces
579. z le faire avec un seul ceil ouvert vous ne pouvez pas bouger ni voir quoi que ce soit d autre dans la chambre et vous ne connaissez pas non plus la position initiale des poteaux Vous allez juger la grandeur relative des poteaux strictement en fonction de la dimension de l image r tinienne qu ils produisent Or cette image cro t de mani re hyperbolique ce qui vous am nera donc consid rer tort un poteau plus grand que l autre parce qu il entrera l int rieur d une certaine distance de vous Mais d s que les lumi res sont allum es le second il ouvert et qu il vous est permis de bouger vous n allez plus vous laisser berner La computation d une multitude de signaux pertinents passifs ou que vous sollicitez activement dans l environnement ex en bougeant vous permettra d obtenir une valuation plus lin aire que si vous ne vous serviez que du seul signal de la grandeur de l image r tinienne dans un seul il Dans le cas de la motivation ces auteurs estiment que c est souvent le manque de signaux ou d chafaudages actifs d incitation dans l environnement qui expliquerait les cas de 273 faiblesse de volont Par exemple la c l bre exp rience de Mischel sur la r sistance des enfants l attrait d une guimauve montre ceux ci dans une situation o ils doivent attendre pendant plusieurs minutes sans rien faire d autre et sans qu aucune personne en autorit ne leur dise qu

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