Le transfert et le contre-transfert en rééducation.
Contents
1. En gros ce que je viens de d crire dans la rubrique de l coute tripolaire du transfert correspond une conception de la relation et m me une thique de la relation Elle d finit une zone relationnelle n 2 interm diaire qui se situe entre la zone relationnelle n 1 qui est celle de l enseignement polaris sur l aspect cognitif du moi et la zone relationnelle n 3 qui est celle de la pratique psychanalytique La place du contre transfert en r ducation Tout en ne parlant pas jusqu pr sent du contre transfert je n ai cess de l voquer Les projections et les d clarations de l enfant sont en effet indissociables de l id e qu il se fait du jugement de l autre de ce que l autre d sire entendre ou pas Dans les d buts de la psychanalyse l id e de contre transfert avait une connotation n gative Elle voquait les mouvements d humeur les maladresses l incapacit du psychanalyste contr ler ses r actions spontan es Aujourd hui c est l id e d change d inconscient inconscient qui prime Le terme renvoie la fa on dont nous vivons de l int rieur l autre et ses probl mes et rappelle au psychanalyste son devoir de remise en question de ses attitudes Pour ma part le devoir de bri vet fera que je m en tiendrai une seule question Qu est ce que se mettre en tat d coute lorsqu il s agit de l coute tripolaire Ma r ponse est la suivante la qualit de notre coute pose un probl me de2. P2 C est cette vis e de rupture avec une image de soi n gative qui explique l int r t de cette rencontre pour l enfant et aussi qu il s engage spontan ment dans une dynamique de d sencombrement et de croissance que je qualifierai de processus d auto 6 gu rison Quant aux diff rences avec l coute psychanalytique on peut les r sumer ainsi Alors que le psychanalyste est form pour travailler au niveau du o s articule la dimension accident e et qu il y travaille autant qu il croit devoir le faire le r ducateur compte tenu de sa formation s astreint travailler au niveau du moi Il aborde la dimension accident e d une fa on que j appellerai globale La r ducatrice de Jocelyne ne cherche saisir dans l histoire de l enfant que des d terminants principaux susceptibles d expliquer ce qu elle observe Elle vite de s garer dans les d tails de l anamn se comme le font beaucoup de praticiens qui imaginent que s ils fouillent un peu plus et encore un peu plus dans l histoire de l enfant ils vont d couvrir une sorte de cl explicative magique Or il en est pour les d terminants principaux comme de la Lettre Vol e d Edgar Po Il faut avant tout utiliser son exp rience de la vie son sens humain son bon sens Il s agit de rep rer ce qui dans l histoire d une vie a t susceptible d en modifier le cours Et il faut ensuite imaginer ce qui a pu en r sulter pour l enfant En donnant une coh r
3. glementation des pulsions avec une fa on exigeante de g rer son nom son sexe son image Le r alisme c est d amener l enfant distinguer ce qui se fait de ce qui ne se fait pas l essentiel de ce qui est mineur savoir arr ter les fantasmes avant le passage l acte L un des exercices les plus difficiles est de transmettre l art de proc der la s paration des vies et la s paration des espaces c est dire qu il est lui et pas ses parents tout en tant solidaire d eux et que lorsqu il est l cole il doit s efforcer de laisser de c t ses pr occupations de la maison Mais le r alisme pour ne verser ni dans la fadeur du suivisme gr gaire ni dans la r volte st rile n cessite que la fonction paternelle transmette suffisamment de confiance dans l aventure humaine et dans la place qu on peut y prendre Un de mes patients s est senti gu ri le jour o il a pu dire Je r alise que j ai maintenant en moi quelque chose qui peut tre int ressant pour autrui Ce patient avait compris sans la conna tre une des pens es les plus fortes de Winnicott La cr ativit dit il est un mode de perception qui donne l individu le sentiment que la vie vaut la peine d tre v cue Ce qui sous entend m me si momentan ment elle ne para t pas valoir la peine d tre v cue Quelques mots qui seront moins de conclusion que d ouverture sur une suite A lire cette premi re esquisse de l coute pr sum e
4. moi peau un probl me de moi maison un probl me de conception de la fonction paternelle Moi peau et fonction de tiers Se mettre en tat d coute c est d abord v rifier qu on est porteur de deux paisseurs de peau et non d une seule Notre peau naturelle n est pas celle du professionnel C est celle de tout un chacun Elle d pend de notre sensibilit de la fa on dont les motions nous atteignent Il est in vitable que les probl mes de l autre r sonnent fortement en nous et que dans un premier temps nous recevions de plein fouet ses attitudes et ses angoisses sans trouver le recul n cessaire Le moi peau motionnel peut nous pousser deux erreurs verser dans l coute monopolaire et dans une conception m galomaniaque de la parent de recours L coute monopolaire consiste ne pas prendre d un seul tenant les trois aspects du moi qui entrent dans la conception tripolaire Je risque alors de me faire complice par apitoiement de la tendance du sujet faire du moi accident le tout de son moi Ou l irritation me gagne lorsque je consid re son organisation r actionnelle d rangeante au point que mon appareil penser l autre bloque sur cette irritation Ou je crois na vement qu il suffit de valoriser la partie intacte du moi pour que la partie accident e s efface miraculeusement Le fait de prendre trop au s rieux la parent de recours conduit galement des inconv nients Ou bien mon narcissisme es
5. P3 C est cette vision panoramique et dialectique que j appelle coute tripolaire du transfert La lettre P signifie projet de vie projet de croissance projet identitaire et les trois composantes P1 P2 P3 correspondent trois directions de ce projet identitaire 1 Il est clair que l enfant qui vient en r ducation se sent atteint dans son image identitaire et cognitive Il est porteur d une dimension accident e de son moi On peut consid rer qu en d but de sa vie tout enfant a des projets PI quant sa fa on de se territorialiser dans l espace familial Tant t il le fait sur un mode tyrannique d emprise symbiotique m galomaniaque oedipienne tant t dans un climat d entente idyllique sans nuage Mais l entourage se refusant tre annex par l enfant des conflits en r sultent et font que des exp riences Pl de d faite s ajoutent aux exp riences P1 au point quelquefois de les annuler Il se forme une m moire le plus souvent visc rale et infra verbale de la dimension accident e du moi c est le premier aspect du transfert tripolaire 2 Or nous savons qu la suite d une perte de valeur tout individu met en place un projet P2 d organisation r actionnelle la d faite Les projets r actionnels sont en g n ral de deux sortes ou bien on d cide d tre r aliste et constructif P2 je refuse que la d faite fasse tache d huile et bloque l avenir ou bien P2 je m installe dans l ame
6. l objectif d une r ducation n est pas seulement la remise niveau qu un tel objectif est m me souvent impossible atteindre qu il ne faut pas confondre rattrapage red marrage et r tayage du moi et qu il faut savoir se contenter d objectifs interm diaires 2 L une des raisons pour laquelle la plupart des r ducations ne peuvent se maintenir dans le tout p dagogique est facile comprendre l espace de la relation duelle ou en petit groupe de la r ducation rappelle inconsciemment aux enfants en chec familial l espace des premi res relations duelles Ils sont tent s de l utiliser pour y projeter les syst mes pulsionnels et fantasmatiques qui continuent de les tenailler Je ne sais pas dit une r ducatrice ce que cette fillette de 7 ans transf re mais il faut bien qu il y ait une pouss e int rieure angoissante et tr s puissante pour que d s les premi res s ances elle fasse cette s rie de productions laquelle je ne comprends rien Premier dessin C est l histoire d un b b serpent qui s est mis debout sur ses jambes mais il ne pouvait pas tenir debout C tait un b b fille avec une grande queue je lui ai mis des cheveux Deuxi me dessin C est un b b d homme il a de grosses jambes On va lui faire des cheveux de gar on Il s appelle Gar on il n est pas gentil il veut casser la table Troisi me s ance p te modeler Le p re de Gar on se f che Son p re lui mo
7. TRANSFERT ET CONTRE TRANSFERT EN REEDUCATION LA NOTION D ECOUTE TRIPOLAIRE Intervention de Jacques L vine au 9 me congr s de la FNAREN les 2 3 4 et 5 juin 1993 Strasbourg D licat probl me de l gitimit voire de l galit est il licite et opportun d extraire d un domaine la psychanalyse un outil de travail qui lui appartient en propre le transfert pour l appliquer en toute impunit un domaine fort diff rent la r ducation pour lequel il n a pas t con u Ma r ponse cette question comportera d abord d assez longues consid rations pr liminaires apr s avoir rappel des notions g n rales concernant le transfert J ouvrirai un d bat deux volets l un pour dire l ill gitimit d un tel rapprochement l autre pour le justifier Ce n est qu ensuite que j aborderai le point central de mon propos l explication de ce que j entends par coute tripolaire du transfert coute dont je pense qu elle constitue un mode sp cifique de rapport au transfert en r ducation Je poursuivrai par quelques commentaires sur la notion de contre transfert qu il conviendrait mieux d appeler les difficult s d accueil du transfert et que je pr senterai comme art de faire re grandir lorsque des d faites narcissico cognitives font entrave au processus de croissance Que peut on attendre d une telle r flexion D abord il me semble utile de rompre avec une attitude de fuite le probl me de la relation en r ducatio
8. ation taient ceux qui pr sentaient les difficult s les plus s v res Si bien qu la question que le journal La Croix m a pos l poque En quoi les r ducateurs scolaires sont ils menac s J ai cru bon de r pondre On value leur travail au vu de la capacit r adapter scolairement Or les enfants qu on leur envoie ont d abord besoin d un r tayage au niveau de leur personne d tre moins morcel s moins affol s d sencombr s d motions pathog nes et pour ce qui est de la scolarit ils ont d abord besoin de se remettre des chocs initiaux que leur a inflig e une premi re approche d stabilisante du langage crit La remise niveau d pend moins des r ducateurs que de la capacit de l cole ne pas les replonger trop vite dans le bain qui les a chaud s 11
9. autour d elle C est mots tr s couverts que la p dopsychiatre fait allusion la dimension accident e lorsqu elle confie l enfant la r ducatrice Elle n est ni autiste ni psychotique ni d bile Son inattention vient de ce qu elle a peur de trouver ce qu on lui cache Elle demande la r ducatrice de p n trer le moins possible dans le domaine psychologique Cependant d s les premi res rencontres avec la m re la dimension accident e appara t Le papa n 1 le g niteur l a quitt e Il y a eu un papa n 2 qu elle a chass parce qu il tait l origine d une chute de l enfant Quant la dimension intacte elle se concr tise de deux mani res a une relation de confiance s tablit d embl e entre la r ducatrice et la m re celle ci clarifie beaucoup plus facilement qu on ne pensait les rapports de parent b l enfant se montre tr s diff rente beaucoup moins d cousue en relation duelle qu en classe D s les premi res s ances elle prend en mains la direction des jeux Elle assigne la r ducatrice le r le du b b qui mange salement Elle lui fait respecter les r glements elle la gronde la complimente Mais peu peu on observe un rapport moins dominateur Elle voque des sc nes dramatiques disputes changes de coups appel de la police intervention du docteur et c est elle qui indique la r ducatrice ce qu on doit faire en pareil cas Cette identification en miroir lui per
10. e pour qui d chiffrer repr sente un travail trop formel et le passage une autre appartenance Ils fixent durablement les premi res erreurs vivent durablement l espace du langage crit comme l espace du pi ge parce que malgr le go t de lire qu on a pu leur donner au travers des contes et autres familiarisations l outil de pouvoir social est chez eux la r alisation pratique ou la force physique et non le cognitif abstrait comme fin en soi Au total la situation se caract rise par le fait que les pr occupations dont ces enfants sont porteurs p n trent massivement dans le champ de la r ducation Il est d s lors rarement possible de s en tenir au seul domaine du cognitif La lucidit oblige r aliser que la plupart de ces enfants sont encombr s par trop de ces objets internes que le psychanalyste anglais Bion appelle les l ments b ta 1 Il y a peu encore le r ducateur tait tenu de n tre qu un applicateur de techniques de type scolaire en vue d une remise niveau la plus rapide possible Mettre l accent sur la part du familial du psychologique et du relationnel tait d nonc comme une atteinte au dogme dont le r gne est d ailleurs loin d tre achev du Tout p dagogique Or il est maintenant mieux admis que le m tier requiert un sens aigu de la relation psychologique et pas seulement l indispensable ma trise des techniques de r paration cognitive Plus il commence m me d tre admis que
11. ence globale l histoire de l enfant en l inscrivant dans une logique la r ducatrice a transmis l enfant et la m re l id e relativement apaisante qu il n tait pas aberrant qu elles aient eu l une et l autre les d stabilisations qu elles ont connues Sachant que le processus d auto gu rison est tr s fr quent et qu il suffit de l accompagner sans chercher interpr ter quitte se r f rer en cas de difficult quelqu un dont c est le m tier la r ducatrice a laiss se d rouler les jeux de d nette puis plus tard une succession de dessins dont je n ai pas parl o des b tes attaquent le soleil Elle a fait confiance sans chercher comprendre comme le ferait une psychanalyste la capacit de l enfant de trouver son chemin dans ce travail de r laboration Elle n a pas perdu de vue que l une de ses fonctions essentielles tait de rendre l enfant disponible scolairement Mais c est l enfant elle m me qui lui a donn comprendre qu elle avait d abord le besoin d y voir clair dans sa situation familiale et surtout de pouvoir former une image interne d elle m me ayant valeur d image accompagnatrice Au fond ce qui a guid cette r ducatrice c est l id e que la priorit pour cette enfant tait de pouvoir s individuer Il est remarquable que la rencontre avec les d buts de l criture et avec l id e de classe agr able soit survenue sans intervention de quiconque partir du moment o
12. es psychoses tats limite La place du transfert en r ducation Quel est l int r t de ce qui pr c de pour la r ducation Il est quasi nul si l on part de l id e d une r ducation qui ne serait que technicit dont les proc dures s appliqueraient de fa on routini re et qui ne s adresserait qu des enfants dont l accord ou la capacit recevoir l administration de ces techniques serait acquis d avance Lorsqu un tel consensus existe il suffit que la r ducation se d roule dans un climat d alliance duelle centr e sur la t che Point n est besoin de s attarder sur les processus transf rentiels Le probl me du transfert ne se pose vraiment que lorsqu il y a forte divergence cart important voire rupture entre deux sortes de projets ceux dont l enfant est porteur et dont une grande partie est inconsciente et ceux que l institution veut lui voir adopter Or c est bien dans ce deuxi me cas de figure que se situent la plupart des r ducations qui s effectuent dans les r seaux d aide sp cialis e Lorsqu on examine la composition des enfants qui les fr quentent et qui est fort diff rente de celle que re oivent par exemple les orthophonistes domicile on trouve en gros trois sortes d enfants qui posent probl me e Ceux dont les bases premi res du moi se sont insuffisamment constitu es Leur corps a t mal investi lorsqu ils taient b b Leur moi social s est construit mais sur des fonda
13. in es Mais ce t moin le regarde Ce qui fait que d s les premi res secondes le transfert comporte une dimension potentiellement volutive Car d tre regard fait qu on regarde autrement sa situation ses motions ses repr sentations Le patient pr te au psychanalyste un r le de m diation volutive Il symbolise celui qui peut promouvoir une autre fa on de cohabiter avec l autre dans l autre e Il n y aurait donc pas de transfert si le psychanalyste n tait v cu comme un parent symbolique sur qui on peut ou pas compter et s appuyer pour se d gager de syst mes relationnels invalidants Mais mesure que la cure avance l enjeu se pr cise La condition pour que les d faites narcissiques cessent d tre de mauvais objets toxiques est de passer d un syst me de gestion de soi dominante socio maternelle un syst me de gestion de soi dominante socio paternelle Il y a dans le transfert le vague pressentiment qu il faudra offrir terme cette forme de croissance au psychanalyste et dans une certaine mesure la cure consiste prendre conscience qu on le savait d s le d but J arr te l ce rappel Une description plus exhaustive des processus transf rentiels impliquerait en effet d voquer rien moins que l ensemble des th orisations et savoir faire que la psychanalyse a labor s au cours de ces cent derni res ann es en vue de cerner le montage le fonctionnement le traitement des n vros
14. les probl mes de la maison ne constituaient plus un obstacle l adh sion l cole La notion d avenir et de d veloppement long terme a t plus pr sente dans cette r ducation que ce n est le cas dans une psychoth rapie o le retour sur les v cus de cassure est beaucoup plus accaparant Peut tre peut on dire que le regard tripolaire correspond en gros la substitution du regard cin ma au regard photo Le regard photo c est l oeil fix et bloqu sur le n gatif P1 P2 Le regard cin ma ne nie nullement ce qui fait probl me mais ouvre une temporalit ferm e jusqu alors Il est essentiel que l enfant se sente regard e avec ce type de temporalit qui la r inscrit dans un horizon temporel volutif Ceci dit y a t il lieu de se r jouir outre mesure de l volution de Jocelyne Elle est relativement tr s minime au regard des attentes qu on peut avoir pour un enfant de son ge Du point de vue scolaire le passage en CP se pr sente dans de mauvaises conditions La faiblesse des acquisitions pr alables laisse penser que son adaptation au langage crit sera laborieuse et m me prouvante Mais comme je le disais pr c demment on ne peut demander la r ducation l impossible dans de tels cas C est d j beaucoup d admettre le r le essentiel qu elle joue dans la reconstruction des cha nons manquants du moi c est dire pour la reprise de confiance en soi et pour le d veloppement long terme
15. met de se d gager de ces pisodes dont les affects n avaient pu jusqu alors passer dans le langage Sa fa on d utiliser le je montre qu elle commence s accompagner d elle m me Au cours d une s ance elle s installe au t l phone et imagine que le papa n 1 lui parle L un des premiers dessins qu elle fait repr sente son p re et elle garde ce dessin pr s d elle en classe Dans les dessins qui suivent elle repr sente une maison o chaque parent a sa place Puis elle remplit de la premi re lettre de son pr nom plusieurs feuilles avant de commencer l crire en entier et dessiner sa place dans la classe L institutrice r sume cette volution en disant Maintenant elle est plus dans la r alit ce n est plus le fant me sans consistance et sans identit d avant Sur la base de cet exemple o tout n est pas r solu pour autant j y reviendrai on peut d abord comprendre pourquoi le bureau du r ducateur est attirant C est parce qu il symbolise une attitude d annulation des difficult s Le r ducateur fonctionne certes comme un tranger ventuellement dangereux mais surtout comme un parent id al qui est pr t le pouvoir fantasmatique de faire repartir la vie de l enfant z ro de le r accoucher en tant qu tre inconditionnellement valeureux En classe sa probl matique est de l ordre Pl P2 gt P3 Or le r ducateur ouvre une perspective o Pl P2 gt P3 peut basculer en P3 gt P1
16. n d pit de forces qui s y opposent Probablement s allonger sur le divan est ce se mettre en situation de dire enfin aux parents ce qu on n avait jamais pu leur dire car trop inavouable et scandaleux A la base il y aurait un obscur sentiment de dette de parole qui pousserait rendre compte de la gestion qu on a faite du nom qu on porte c Le sens attribu l espace o se d roule l analyse ainsi qu la personne et au corps du psychanalyste est ordinairement pr sent comme le param tre essentiel En fait le patient fait simultan ment plusieurs utilisations du psychanalyste et pas une seule e Dans l acception populaire transf rer c est tomber amoureux du psychanalyste En tant que d marche inconsciente c est une recherche d emprise s ductrice et de victoire narcissique sur un quivalent parental pour se donner l illusion oedipienne de gagner l o l on avait perdu Du point de vue du d roulement de la cure on sait l utilit de la chose les pouss es libidinales qui se manifestent cette occasion servent de r v lateur de la fa on dont le patient s est n gativement organis face aux accidents d amour infantile qui sont la base de sa n vrose e Dans le m me temps ce n est pas contradictoire le patient semble ne demander rien d autre au psychanalyste que d tre un t moin Il lui donne le r le passif de celui devant qui on d cach te et lit haute voix des lettres qui ne lui sont pas dest
17. n n est pas abord de fa on suffisamment frontale or il est n cessaire de mieux clarifier la nature des v cus qui circulent dans l interactivit entre l enfant et le r ducateur Peut tre pourra t il aussi en r sulter des nonc s plus rigoureux concernant l identit de la profession car il est vident que la pratique r ducationnelle a besoin que ses fronti res par rapport ses deux grands voisins l enseignement d une part les psychoth rapies d autre part aient un trac mieux d fini Le transfert en psychanalyse rappel de quelques donn es A la lecture des textes psychanalytiques trois param tres mergent dont je me h te de pr ciser que la version que je propose n engage que moi a Globalement on peut dire que le transfert correspond du pass inconscient non r solu qui s actualise dans le pr sent C est une parole verbale infra verbale du corps en provenance de ce qu on peut appeler l autre dans l autre Elle se pr sente sous une forme puzzl e elle laisse entendre que les sympt mes et comportements que nous voyons en surface sont aliment s par des revendications pulsionnelles impossibles des batailles anachroniques avec la famille interne des d faites narcissiques de l image secr te de soi des angoisses de mise hors groupe et de d saffiliation b En tant que dynamique le transfert est mu par une contrainte interne transf rer La parole de cet autre dans l autre cherche son chemin e
18. ndre le r ducateur Jouer l apprenti sorcier psychanalyste en confondant les domaines Ignorer ce qui se passe sous ses yeux Cette troisi me voie para t tre la seule issue Encore faut il la d finir L coute tripolaire du transfert Ce n est pas seulement parce que les enfants ont appris qu on joue et qu on dessine dans le bureau du r ducateur ou qu on chappe la classe pour un moment qu ils sont si nombreux souhaiter y aller C est parce que le r ducateur est v cu au niveau fantasmatique et symbolique comme un parent de recours auquel s appliquent bien des aspects que j ai d crits pr c demment propos du transfert en psychanalyse Je reviendrai plus loin sur les avantages et dangers de cette attribution de puissance mythique sur les probl mes consid rables de gestion du contre transfert qui en r sultent Mais pour l instant je voudrais r fl chir sur les raisons qui font que nous d cernons ce label de parent de recours pas seulement aux personnages des contes qui sauvent le h ros pas seulement aux instances c lestes de la religion mais aux m decins aux psys et tous les enseignants pour peu qu ils se pr tent cette attente Si tel est le cas c est parce que nous pensons inconsciemment que ces personnages sont capables de d passer ce dont je vais m expliquer le regard PI P2 et que tout en n occultant aucunement ce que le regard P1 P2 leur fait d couvrir ils y ajoutent le regard
19. nte sur la t te elle rit en pr cisant en p te modeler Alors gar on devient un bonhomme sans t te L histoire est finie Le p re aussi s est cass la t te Il n arrivera jamais retrouver sa t te Vous savez madame il y a toujours du sang quand on coupe les t tes sic Il n est pas tonnant que la r ducatrice soit perplexe Je voudrais bien comprendre pourquoi ces transformations b b fille b b d homme gar on pourquoi ces sc nes de bataille d crasement de coupage de t te Mais ce n est pas mon domaine Les parents refusent d aller au CMPP qui d ailleurs n est pas en mesure de les recevoir Le psychiatre qui a vu l enfant me dit que c est plus spectaculaire que grave et que je dois continuer m en occuper lorsqu elle sera un peu moins encombr e elle acceptera la partie de la r ducation tourn e vers le scolaire Dans d autres cas ce sont des passages l acte ou des d clarations troublantes qui envahissent la r ducation C est moi qui commande ici Je t envoie a la figure Je veux que tu sois ma maman que tu me mettes dans ton ventre Brusquement l enfant d voile une situation parentale grave maladie thylisme d chirements conjugaux secret inceste d linquance etc D autres comp tences seraient n cessaires mais elles n excluent pas que le r ducateur sache accueillir ces probl mes la place o il est Quel est d s lors le parti que peut pre
20. ons qui ont pr c d montrent en effet que le moi social ne saurait lutter contre d in vitables pertes de pouvoir ou de valeur s il ne dispose d un imaginaire riche de la restauration narcissique Il est bien connu que certains psychanalystes psychologues scolaires ou r ducateurs obtiennent peu de dessins signifiants de la part des enfants leur moi strictement professionnel Cette difficult tre entier provoque le m me effet chez l interlocuteur Contre transfert et fonction paternelle La conception tripolaire de l coute implique que les aspects symboliques de la fonction paternelle puissent s exercer plein Les enfants en difficult ont besoin de rencontrer des adultes qui ont la capacit d alliance la capacit de r alisme la capacit de confiance dans l avenir La fonction paternelle qu elle soit exerc e par un homme ou une femme implique que l enfant se sente accompagn de l int rieur par une pr sence qui lui montre de la non peur grandir tout en reconnaissant qu il est l gitime d avoir peur d tre maladroit ou d sorient Elle lui donne des modes d emploi de la vie au travers de sa fa on d tre C est l aspect alliance L aspect r alisme c est l int riorisation du regard du tiers Lorsqu il est v cu comme un alli qu on a plaisir respecter on combine plus facilement le d sir de disposer de soi m me comme on l entend avec les obligations limitatives du c est comme a avec l auto r
21. oute de ces divers l ments contre transf rentiels qui est la base du travail la fois motionnel et intellectuel que je dois faire pour m interroger sur ce qui a g n r la partie accident e pour m interroger sur la fa on dont le sujet vit sa situation pour m interroger sur les moyens de favoriser un basculement du rapport pass avenir au profit de l avenir Moi maison et fonction de tiers Sch matiquement on peut dire que le moi de chacun est organis sur le mode d une maison 4 tages le moi archa que avec ses projets de vie symbiotique m galomaniaque oedipienne les r ussites et les accidents de ces projets le moi social avec les obligations de gestion de soi selon les normes en cours le moi ludique qui correspond l art de trouver les ruses et compromis pour transformer l inaccessible en accessible le moi mythique qui lorsque le moi social se sent insuffisamment prot g propose un syst me de parent et d environnement dont la puissance peut tout sauver Le fait d tre un tiers professionnel non seulement ne nous vite pas d avoir notre propre moi maison mais implique au contraire que nous nous en servions intelligemment pour communiquer avec le moi maison de l autre Nous ne pouvons comprendre ce qui se passe au niveau du moi archa que social ludique mythique de l enfant de l adolescent ou du parent si nous ne faisons pas fonctionner les tages quivalents en nous Toutes les consid rati
22. r ducation Il faut se r jouir que la plupart des r ducateurs supportent mal les limites que cette situation leur impose Leur d sir de mieux comprendre le fonctionnement psychique et d enrichir leur outillage t moigne de leur volont de faire reculer ces limites irritantes Il faut que l institution leur donne la formation et les moyens de parvenir cet objectif difficile mais passionnant Le psychisme est un appareil d assimilation et de transformation Il re oit tant t des produits facilement digestes il a le mode d emploi pour les int grer c est la fonction dite alpha Tant t il re oit des produits indigestes Bion appelle l ments b ta les exp riences motionnelles non int gr es qui restent pr sentes en lui sous forme toxique g n ratrice de malaises 2 L exemple le plus net de l incompr hension de cette situation a t le rapport Mingat 1990 propos duquel le Monde de l ducation titrait Un rapport explosif sur les GAPP Il y tait dit non seulement que les r ducations chouent mais qu elles sont responsables d un surplus d checs scolaires Les enfants r duqu s progressent moins bien que ceux qui ayant les m mes difficult s ne sont pas r duqu s etc videmment trop c est trop Le rapport occultait deux points essentiels ajque le crit re choisi pour valuer les r ducations tait l galisation scolaire le rattrapage int gral bjque les enfants admis en r duc
23. rtume d fensive peur de mal faire paralysante d couragement ou dans la rancoeur offensive arrogance d fi Je suis alors tiquet comme d rangeant et des heurts avec le milieu en r sultent 3 Mais aucun b b enfant ou adolescent n est r duit aux dimensions PI P2 Il existe chez lui des dimensions intactes du moi les projets P3 correspondent la vitalit du sujet son d sir de neutraliser le n gatif En gros c est l aspect virtuel et modifiable du moi les plates formes de r ussite ventuelles sur lesquelles au niveau relationnel et cognitif on peut s appuyer pour d saccidenter pour rendre l enfant un minimum de sentiment de valeur pour le remettre progressivement en dynamique de devenir J emploie le mot virtuel car les ressources P3 ne sont pas forc ment visibles il d pend en g n ral du milieu de les rep rer Disons que ce sont les changements qui adviennent lorsque nous savons mettre en place des dispositifs et des interrelations appropri s Un exemple me permettra d illustrer ce point de vue de mieux faire saisir d o vient le pouvoir transf rentiel du r ducateur et surtout d amorcer une r flexion sur ce qui diff rencie cette coute de l coute psychanalytique Jocelyne 5 ans 4 mois L aspect organisation r actionnelle c est ce que dit d elle l institutrice Je n arrive pas la faire sortir du papillonnement Elle n est jamais elle m me Elle est ce qu elle voit
24. suffisamment bonne on m objectera que ses couleurs sont trop roses qu elle laisse croire que les difficult s du travail de r ducation peuvent tre facilement surmont es On aura raison La r ducation est fond e sur le fantasme que les situations peuvent tre totalement r versibles que le n gatif peut tre int gralement transform en positif Or l exp rience montre que des trois l ments Pl P2 P3 qui 10 interviennent dans la dialectique perte de valeur identitaire et cognitive recouvrement de valeur identitaire et cognitive le plus difficile modifier est P2 c est dire l organisation r actionnelle et les images de soi issues des v cus de venant du plus profond d eux m me les emp che d adh rer compl tement aux acquisitions surtout celles qui concernent le langage crit La responsabilit non des enseignants mais des programmes et de la fa on dont l institution demande aux enseignants de les transmettre est consid rable Mais la r sistance vient aussi d un m canisme psycho biologique la partie intacte refuse de se s parer d finitivement des fa ons d tre que la partie accident e a g n r es Elles font partie de l identit profonde du sujet Paradoxalement celui ci met inconsciemment son honneur faire que les activit s scolaires portent la trace de cette fid lit soi m me Ce probl me est au centre des questions majeures que le transfert et le contre transfert posent en
25. t tellement flatt par la perspective de la toute puissance que je m y pr cipite sans mesurer les dangers Car m engageant implicitement aupr s des parents et des enseignants tre le sauveur qui va faire obtenir des succ s je deviens en cas d insucc s leur otage et leur cible Ou bien j ai si peur de verser dans ce pi ge que je me cantonne dans une technicit distanci e et froide Je coupe par l m me la racine une motivation qui a sa raison d tre Il faut donc ajouter au moi peau motionnel le moi peau professionnel qui correspond la fonction de tiers Cette fonction s alimente au fait fondamental que nous appartenons un corps de m tier Nous ne sommes pas des coutants amateurs et isol s Si nous pouvons trouver la distance n cessaire c est parce que nous travaillons dans un cadre qui nous confirme dans notre appartenance nous rappelle que nous avons re u une formation que nous pouvons nous r f rer des livres des ma tres une exp rience collective Cela nous aide neutraliser le fait que l autre a un corps qui nous meut qu en tant qu tranger il provoque en nous des sentiments ambivalents d int r t ou de rejet et que nous le vivons aussi comme un parent potentiel car il est fr quent que nous nous surprenions en train de jouer le r le d un grand p re qui a envie de faire la le on aux parents ou comme une soeur qui a de la compassion pour leur situation C est la combinaison dans l c
26. tions rest es en non finition N ayant pas t habitu s ce qu on analyse finement ce qui se passe en eux au niveau des affects et des motions non seulement ils ne s appliquent pas eux m mes en tant qu auto parents un regard qui analyse repr sente symbolise ce qu ils sont et ce qu ils font mais ils appliquent au langage oral et surtout crit le m me mode d investissement superficiel d cousu ou affol que celui dont leur corps et leur moi a t l objet e On demande de plus en plus aux r ducateurs de s occuper d enfants marqu s par des drames familiaux qui d passent le seuil du supportable Des bambins de 4 ans sont aujourd hui capables de d sorganiser toute une Maternelle par leurs acc s de violence Il faut un long travail avec les parents et le collectif des enseignants pour que ces enfants se d sincorporent quelque peu du climat familial souvent mortif re qui s est incorpor en eux leur insu De plus en plus nombreux sont les enfants porteurs de d faites familiales intimes non cicatris es jalousie v cus de rejet culpabilit s et surtout ceux qui vivent dans la honte et dans l impuissance d y rem dier les d faites identitaires et sociales de leurs parents comme s ils taient les parents de leurs parents e Pour ce qui est du versant plus directement cognitif encore qu il y ait constamment intrication maison cole les r ducateurs ont recevoir des enfants structure concr te pragmatiqu
Download Pdf Manuals
Related Search