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La cité d`Arvida - Constellation - Université du Québec à Chicoutimi

1. d autres facteurs Quant au portrait des citoyens il porte sur deux g n rations l une de 1926 1945 et l autre de 1946 jusqu 1976 Chacune de celles ci ayant sa typologie propre Dans le chapitre IV les donn es recueillies sont articul es aux fondements conceptuels retenus Nous en d gagerons les constats qui confirment l hypoth se de d part En conclusion les principales observations de ce m moire sont revues pour constater une d structuration industrielle et sociale avanc e AVANT PROPOS VI Le sujet du pr sent m moire est le fruit hybride de la scolarit rattach e au programme de la ma trise en tudes R gionales et aux champs d int r ts d velopp s sur le march du travail ou ailleurs Depuis la fin de mes tudes de premier cycle la recherche de compl ments et de suppl ments ma formation acad mique et professionnelle m a dirig vers trois domaines l conomie r gionale la sociologie urbaine et l urbanisme Sans tre objets de passions ils sont n anmoins objets de raison qui trouvent leur essence principale dans la d marche intellectuelle devant mener l obtention de la ma trise videmment il n y a pas de bons et de mauvais sujets il n y a que des sujets qui ont t bien ou mal trait s soulignent Daniel Latouche et Michel Beaud dans leur ouvrage L art de la th se j ose esp rer que le sujet et surtout son traitement sauront tre des auxiliaires int ressants au
2. TOR ETA Claude Un regard anthropologique sur les mod les de r ussite d entreprises Le cas qu b cois in Revue P M O Chicoutimi Vol I no 6 1986 pp 14 16 Nous reviendrons sur ce sujet 45 La vaillance des Canadiens fran ais et principalement des Saguenayens aussi folklorique que cela puisse sembler est consid r e par l entreprise ALCAN comme premier facteur de sa r ussite au Saguenay Cf Campbell Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN volume I jusqu 1950 s 1 Ontario Publishing Company 1985 pages 104 265 48 On constate n anmoins que l instabilit et les frictions sont apparues partir de l arriv e massive des travailleurs trangers des cadres canadiens fran ais et surtout canadiens anglais ce sujet D C Campbell dans son historique de la soci t ALCAN nous rappellent que beaucoup attribuent la politique linguistique assez lib rale de la soci t la nationalit am ricaine de la vaste majorit des premiers directeurs d Arvida qui de ce fait taient d nu s des pr jug s anti fran ais qui auraient pu ais ment tre le cas d un Canadien anglophone du Qu bec ou de l Ontario voici soixante ans Les nouveaux venus am ricains apportaient avec eux la largueur de vue et la tol rance dans un milieu nouveau pour eux 46 En second lieu on notera que la compagnie propri taire des trente premi res ann es d Arvida s est transform e lentement e
3. Corporate Strategy and Locational Decision Making the Duke Price ALCOA Merger 1925 in Revue d tudes canadiennes Volume 20 0 3 automne 1985 pp 82 101 IGARTUA Jos E de Fr minville Marine Les origines des travailleurs de l ALCAN au Saguenay 1925 1939 in Revue d Histoire de l Am rique Fran aise Volume 37 10 2 septembre 1983 pp 291 308 LAURENT douard Une enqu te au pays de l aluminium Qu bec ditions du Cap Diamant 19 45 pages LEFEBVRE Marc Aluminum Company of Canada et Wartime Housing Limited effort de guerre et d veloppement r gional la cas de 3689 8 0015 5 l s septembre 1986 Loi constituant en corporation la cit d Arvida S Q 1926 16 George V ch 78 101 McGUIRE B J Freeman H E How the Saguenay River Serves Canada in Canadian Geographical Journal november 1947 27 pages POUYEZ Christian Lavoie Yolande et alii Les Saguenayens Sillery P U Q 1983 386 pages ROBY Yves Les qu b cois et les investissements am ricains 1918 1929 Qu bec P U L 1976 250 pages VALODE Jean Claude Enqu te socio conomique sur la cit d Arvida et la municipalit du village de St Jean Eudes Chicoutimi U Q A C 1970 43 pages VIGEANT Pierre Arvida et les autres villes ferm es in Le Devoir Montr al 28 ao t 1954 page 4 102 Aspects th oriques AMIN Samir Le d veloppement in gal Essai sur les formations
4. d tat r unit la puissance des monopoles et celle de l tat en un m canisme unique destin sauver le r gime capitaliste 19 Sans tre aussi dogmatique il appert que l tat qu b cois dans sa b n diction aux entreprises ALCOA puis ALCAN l gitime le mode de production et le type de gestion de l espace et des communaut s locales 18 Selon L nine V I Oulianov il s agirait de la fusion entre le pouvoir financier et celui de l tat Cf Birnbaum Pierre in Grawitz Madeleine amp Leca Jean Trait de science politique Vol 3 L action politique Paris P U F 1985 page 655 L nine Vladimir I Imp rialisme stade supr me du capitalisme Paris Editions sociales 1967 19 Grawitz Leca Op cit page 655 21 En allant plus loin nous avancerons que le capitalisme monopoliste de l tat qu b cois cr ait une nouvelle p riph rie rattach e aux centres d j dominants New York Pittsburg Toronto et Montr al 20 En r sum on notera que la transformation soci tale de la ville d Arvida s est articul e autour de deux l ments le capitalisme et l tat C est en modifiant le mode de production et de reproduction des communaut s r gionales que le capitalisme a assur son h g monie et ce d s le d but de la petite industrialisation 21 Il faut consid rer que l homog n it relative des communaut s a t longtemps maintenue par le caract re seigneurial de
5. deux niveaux D abord la prol tarisation qui s est effectu e pendant les cinquante ann es qui ont suivi l arriv e du chemin de fer Roberval Ensuite cette r luctance s est transpos e au travail dans une fonderie d aluminium et dans les secteurs connexes ce sujet on doit comprendre que la culture industrielle r gionale a t lente s implanter et ce malgr les efforts du trio de type seigneurial tat glise Entreprise la question sp cifique de cette recherche de quelle fa on la s gr gation sociale et spatiale fut elle organis e dans la ville d Arvida nous r pondrons ainsi Au niveau social la s paration des groupes tait articul e 2 Selon le mod le administratif de Fayol Cf Fayol Henri Administration industrielle et g n rale Paris Dunod 1966 151 pages 95 selon bien stir la hi rarchie dans la compagnie mais aussi selon la fid lit permanence l entreprise et le statut civil Au niveau de l espace urbain la s paration suivait les caract ristiques g ographiques vents et rivi re et architecturales duplex et unifamiliale Rappelons que le nord et l ouest de la ville tant les secteurs bien nantis Ces indicateurs nous permettent de v rifier l hypoth se sp cifique de ce m moire Nous sommes en mesure de confirmer cette hypoth se les groupes sociaux sont distribu s in galement en termes socio conomiques et spatiaux sur le territoire de la cit d Ar
6. lix Alcan 191 1 pp 35 78 14 caract re de l existence sociale Signalons que celui ci reprochait T nnies son approche qu il jugait individualiste et psychologiste 7 Quant la notion de soci t la Gesellschaft toujours selon T nnies elle se dessine en Kiirwille ou relations de volont r fl chie qui sont de nature plus individuelle et rationnelle 5 En d autres termes les rapports qui passent outre les r alit s axiologiques organiques sont de nature soci tale Les changes commerciaux complexes et les l gislations gouvernementales en sont des exemples Dans le cas qui nous pr occupe les relations qu entretenait la ville d Arvida avec les repr sentants de l tat central ou avec les d l gu s des entreprises et de leurs extensions ALCOA sont celles de la soci t de Tonnies En effet ces relations taient plus rationnelles la volont r fl chie de T nnies que naturelles la solidarit m canique de Durkheim et ce dans la mesure o celles ci touchent plus les relations de type soci tal que de type communautaire C est ce que Durkheim proposait comme solidarit organique dans les soci t s complexes o sous l influence de la division du travail la compl mentarit unira des parties et des int r ts interd pendants 9 7 Grawitz Madeleine M thodes des sciences sociales Paris Dalloz 1986 page 126 8 Tonnies Ferdinand Communit
7. taient r serv es aux dirigeants de la compagnie La photo num ris e 3 B nous montre les domiciles du boulevard Mellon alou es aux cadres en 1927 1928 Les logements des patrons selon la hi rarchie taient la plupart du temps des maisons unifamiliales de bonnes dimensions aux plans originaux Avec la croissance de la ville et de l usine ces logis furent localis s au nord du boulevard Taschereau Parmi les facteurs d terminants dans l allocation des logements au personnel deux sont primordiaux la hi rarchie et le prix de location Ce dernier est fonction d un certain nombre d l ments le nombre de pieds carr s la finition l quipement la localisation l accessibilit aux services publics etc Dans le cas pr sent signalons que les lieux d habitation des dirigeants au nord et l ouest de l usine b n ficiaient de lots plus vastes et surtout ils taient sous le vent Les vents dominants de cette r gion sont du nord ouest en situant ainsi les habitats des cadres on vite dans les environs les manations fort toxiques et naus abondes de l usine Il s agit d une forme de s gr gation atmosph rique Cette caract ristique se traduisait bien s r dans le co t de location des logis 7 Cf Brevet Roger La carte mode d emploi Paris Fayard Redus 1987 page 205 66 Quant aux habitations des travailleurs elles taient de plusieurs types On peut d gager quatre constructions les plus f
8. 1942 115 Peu apr s le second conflit mondial en 1951 pr s de 84 des citoyens d Arvida taient d origine fran aise Voici comment se traduit l origine nationale des non fran ais R partition de la population non fran aise par nationalit d origine e 1951 anglais E finlandais allemands E italiens polonais E scandinaves B autres source Gouvernement du Canada Recensement du Canada 1951 Ottawa diteur de la Reine 1952 116 Au d but des ann es 1960 85 des Arvidiens ont comme premi re langue le francais Les autres nationalit s se r partissent comme suit R partition de la population non fran aise par nationalit d origine e 196 anglais tch cosl E finlandais allemands H italiens ES polonais FA scandinaves E autres source Gouvernement du Canada Recensement du Canada 1961 Ottawa Editeur de la Reine 1962 117 En 1971 88 des Arvidiens sont des francophones d origine Les quelques 2 305 autres r sidents ont comme origine national R partition de la population non fran aise par nationalit d origine e 197 o anglais FS finlandais I allemands E italiens polonais scandinaves H autres source Gouvernement du Canada Recensement du Canada 1971 Ottawa diteur de la Reine 1972
9. ALCAN au Saguenay 1925 1939 in Revue d Histoi l Am rique F ise Volume 37 no 2 septembre 1983 page 304 22 Brouillette Beno t Industrie de l aluminium au Saguenay in L actualit conomique Montr al octobre 1946 no 3 page 441 23 Igartua de Fr minville Op cit page 305 75 famille risque d tre plus nombreuse puisque le taux de naissance tait de 46 8 1 000 baby boom Avec sa famille il demeure dans les maisons construites par la Wartime Housing Ltd ou par l ALCAN Il est vrai que ce travailleur peut maintenant poss der sa demeure contrairement la g n ration pr c dente Dans ce cas il demeurera longtemps Arvida presque toute sa vie Deux g n rations d Arvidiens se sont donc succ d es l une h t rog ne immigrante et instable alors que celle de l apr s guerre tait plut t homog ne r gionale et relativement stable Le style de gestion seigneurial de l entre prise a t il t plus attrayant Probablement puisque vers la fin de la guerre pr s de 84 de la population tait canadienne fran aise Arvida Soulignons que deux similitudes apparaissent Ainsi les lieux de r sidence sont les m mes pour les deux groupes et les ouvriers mari s ont plus de chance de demeurer Arvida que les c libataires Conclusion Du pr sent examen de la structure spatiale et de la nature sociale d Arvida on d gage quelques indicateurs clefs Le premier constat d importanc
10. Guy Introduction 4 la sociologie g n rale Montr al HMH 1992 685 pages TIEVANT Sophie Les tudes de communaut et la ville h ritage et probl mes in Sociologie du Travail 2 83 pp 243 256 TONNIES Ferdinand Community and Society Gemeinschaft und Gesellschaft New York Michigan State University Press 1957 298 pages TOURAINE Alain La crise de la modernit in Interface Volume 10 no 2 mars avril 1989 pp 30 34 TOURAINE Alain Sociologie de l action Paris Seuil 1965 506 pages WEBER Max L thique protestante et l esprit du capitalisme Paris Librairie Plon 1967 340 pages 106 WHYTE William H Jr L homme de l organisation Paris Librairie Plon 1959 565 pages Ouvrages g n raux AKTOUF Omar M thodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations Sillery P U Q Presses H E C 1987 213 pages BEAUD Michel Latouche Daniel L art de la th se Montr al Les Editions du Bor al 1988 169 pages Biblioth que nationale du Canada Th ses de l Universit de Montr al microfilm es depuis 1972 90 5 avril 1983 181 pages BREVET Roger La carte mode d emploi Paris Fayard Redus 1987 270 pages FAYOL Henri Administration industrielle et g n rale Paris Dunod 1966 151 pages FLEINER GERSTER Thomas Th orie g n rale de l tat Paris P U F 1986 513 pages 107 LAJUGIE Joseph Delfaud Pierre Lacour Cl
11. Il est fort probable qu cause de la nature strat gique du site industriel ce fut plus prudent de ne pas en laisser de trace Il faudra attendre les ann es 1950 et 1960 pour que les installations d ALCAN soient repr sent es 62 Plan 3 C PLAN DE LA CIT D ARVIDA 1949 La source Archives cit d Arvida ville de Jonqui re Nous remarquons galement le fort d veloppement r sidentiel notamment au sud de l usine Tel que soulign au Chapitre II c est la soci t de la couronne Wartime Housing Limited et l ALCAN qui taient responsables de cette croissance L urbanisme initial Photo 3 A a t dans la mesure du possible respect par les entrepreneurs videmment puisque le propri taire l entrepreneur l urbaniste et l employeur ne sont qu une seule personne morale ALCAN 5 5 E g Le Town Planning Commitee d ALCAN pr parait les plans le service technique de l usine Arvida surveillait les travaux et le g rant municipal t r mun r par la compagnie Cf Bouchard Louis Marie Les villes du Saguenay tude g ographique Ottawa Lem ac 1972 page 137 63 En 1950 75 de toutes les propri t s d Arvida appartiennent la compagnie d aluminium Ce n est qu partir des ann es 1960 rappelons le que la soci t se transforme en citoyen corporatif Quels sont les l ments 8 retenir de cette partie Primo pendant 25 ans 1925 1950 le suivi de l urbanisme initial a t a
12. Une p riode statique au niveau urbain et dynamique au niveau du travail s est tendue de 1925 1944 L inverse s est produit de 1945 1976 on assiste alors une extension rapide du sch ma urbain associ une stabilisation de la main d uvre employ e par l ALCAN Dans les deux cas ce sont des facteurs conjoncturels crise et guerre qui en ont d cid ainsi De la s gr gation spatiale en vigueur cette poque on soulignera que c est la hi rachie et la fid lit l entreprise qui d terminaient le rang du r sident et non pas l origine national Dans le chapitre suivant nous verrons comment s articulent les l ments empiriques avec les axiomes th oriques retenus CHAPITRE IV La cit d Arvida une analyse 80 Ce quatri me et dernier chapitre sera le lieu d articulation entre les concepts et les donn es recueillies Les quatre l ments cl s du cadre th orique communaut soci t seigneuralit prol tarisation et s gr gation seront arrim s aux caract ristiques les plus pertinentes du sujet trait C est au terme de cette analyse que la v rification des questions g n rales et sp cifiques de ce m moire sera possible 4 1 Arvida communaut ou soci t Nous avons vu pr c demment que le d veloppement social et spatial d Arvida s est fait en deux temps de 1925 1945 et de 1946 1976 Au premier stade correspond les attributs d une municipalit h t rog ne au
13. ann es la crise conomique et la deuxi me guerre mondiale l ont acc l r La longueur de cette transformation soci tale traduit une certaine r luctance de la part des habitants de la r gion N anmoins les conjonctures conomiques et politiques ont pouss ces derniers la r signation devant l ampleur des modifications structurelles La modernisation et la modernit issues du d veloppement industriel sont donc apparues plus rapidement que les groupes ouvriers saguenayens eux m mes Ces derniers ne s organisant que pendant les ann es 1920 1940 5 Temp ratures tr s lev es vapeurs et fum es toxiques rigidit hi rarchique et combien d autres caract ristiques taient le lot du travail dans une fonderie 86 4 4 Une s gr gation territoriale Nous l avons vu les carts sociaux Arvida se tra aient sur plusieurs plans D abord dans le type de r sidence ensuite dans la localisation de celle ci et enfin selon les crit res tablis par la compagnie 6 Moins ethnique et plus socio conomique que celle de l cole de Chicago cette s gr gation existait malgr tout L examen de la section 3 2 nous apprend que la localisation des diff rentes couches sociales pouvait tre fonction de deux l ments naturels les vents dominants et la proximit de la rivi re Saguenay Plus les habitants taient sous le vent et pr s de la rivi re plus ceux ci se trouvaient dans les chelons sup rieurs de
14. avec l examen des communaut s et de leur dynamique Comme il s agit d un ensemble l tude de la soci t r gionale se rapporte ses l ments ou si on pr f re ses composantes C est une de ses composantes de la r gion du Saguenay Lac St Jean que le pr sent m moire sera constitu soit la ville d Arvida La municipalit d Arvida offre un cadre particuli rement int ressant pour laborer une probl matique plut t n glig e nous le verrons plus loin dans l ensemble des tudes empiriques reli es au contexte r gional du moins dans la r gion en question De plus tout comme la sph re des recherches r gionales les tudes sociales et physiques des communaut s fournissent des donn es dont l analyse enrichit la connaissance de celles ci qui est bien souvent limit e aux seuls aspects socio conomiques L essentiel de ce m moire prendra la forme monographique d une communaut mono industrielle Toutefois nous tenterons d viter les pi ges qui sont tendus par ce genre soit un acharnement technique et statistique ainsi qu un cadrage trop limitatif l entit municipale Si le sujet de la recherche est une ville on ne peut omettre la r gion dans laquelle la ville trouve sa signification sociologique 1 Noter que c est de la cit d Arvida avant la fusion avec les villes de Jonqui re et de K nogami en 1976 dont il est ici question Par ailleurs le genre monographique correspond la conjugai
15. chantier a t l importante expansion de l usine Arvida celle ci vit s ajouter en 32 mois 28 salles de cuves produisant 81081 500 000 tonnes d aluminium annuellement soit cinq fois plus qu en 1939 En mai 1945 Arvida devenait le plus grand complexe d aluminium du monde 36 Les derniers ouvrages ont pour nom Shipshaw Les travaux de cette centrale de 896 000 kW ont co t 71 millions de dollars et se sont chelonn s sur 18 mois La plus grosse usine hydro lectrique du monde l poque n cessita 430 acres de terrains et en tout et pour tout 47 747 employ s Son architecture inspir e des centrales de la Tennessee Valley Authority T V employa en juin 1942 9 863 salari s venus de toute la plan te 37 Le 24 novembre 1942 son nergie alimenta Arvida cette derni re vit se produire une explosion d mographique qu elle ne reverrait plus pr s de 12 000 personnes travaillaient l usine et autant au complexe Shipshaw 38 35 Campbell Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN volume 1 jusqu 1950 5 1 Ontario Publishing Company 1985 page 267 36 Ibidem page 27 37 Ibidem page 270 38 Bouchard Louis Marie Les villes du Saguenay tude g ographique Ottawa Lem ac 1973 page 136 45 Une telle quantit d ouvriers et de militaires qui veillaient la protection des installations n cessita un programme complet d urbanisation Arvida C est le Town Planning Commitee d ALCAN Montr
16. chapitres mettront en relief les questions empiriques inh rentes au corpus 11 Nous utiliserons le terme r sident plut t que r sidant pour d signer l habitant d Arvida Le mot r sident d signant une personne employ e dans un autre lieu que son origine comme la majorit des Arvidiens la cr ation de la ville Le cadre th orique sera la premi re tape du m moire Trois param tres conceptuels susceptibles de confronter l hypoth se sp cifique seront retenus les concepts de communaut et de soci t l tude de la prol tarisation de la paysannerie de la r gion et la notion de s gr gation urbaine qui a vu le jour avec les travaux de l cole de Chicago 22 La seconde tape touchera l historique dans lequel s ins re la cit et la r gion Trois stades ou pisodes formeront les param tres temporels le premier est celui de la colonisation de la r gion 1838 1888 le second stade celui qui int resse le sujet d tude portera sur la modernit 1889 1975 et enfin la post modernit de 1976 nos jours compl tera le tableau Ces balises temporelles ont la vertu de situer l tude dans un contexte historique pr cis apr s avoir revu les consid rations purement conceptuelles De plus cela vite d enfermer la ville tudi e dans un vase clos d influences ext rieures Au niveau empirique c est la nature et la structure de la cit d Arvida qui seront dans un premier temps tudi es Ce
17. d tat 1 3 Le concept de s gr gation urbaine Aux transformations de communaut et de soci t Arvida il faut ajouter le concept de s gr gation urbaine Il ne s agit pas ici de l tude de la s gr gation ethnique ou raciale mais plut t de la s gr gation urbaine nous le soulignons qui est bas e sur les carts ou diff rences fondamentales entre les groupes d une communaut 22 Ce concept est utile dans la mesure o il met en rapport le microcosme qu est Arvida au macrocosme soci tal De la s gr gation urbaine nous retiendrons la d finition nonc e succinctement en Introduction c est dire la s gr gation est l intention de l ALCOA puis de l ALCAN d tablir un cart social empiriquement v rifiable par la distribution des groupes dans l espace urbain d Arvida 3 22 Ce postulat se v rifiant par l espace r sidentiel la communaut de lieu et la communaut d esprit 23 Inspir de Peach Ceri dit par Urban social segregation London Longman text 1975 page 23 1 3 1 L cole de Chicago Ce sont les travaux de Robert E Park Emest W Burgess et leurs collaborateurs dans le Chicago des ann es 1920 1930 qui sont l origine de ce qu on 8 baptis l cole de Chicago En traitant exhaustivement les th ories et les pratiques sociales des cit s cette cole a fait figure de pionni re dans le champ de l cologie urbaine De l ensemble de leurs recherches nous c
18. descriptive travail de terrain et analytique C est la p riode comprise entre 1925 et 1954 qui sera retenue pour cette section partir de 1954 ann e laquelle la soci t ALCAN se d partit intensivement de ses propri t s non industrielles la responsabilit de l urbanisme glisse progressivement du Town Planning Commitee d ALCAN vers la Commission d Urbanisme d Arvida puis au Conseil municipal d Arvida M me si le r le de l entreprise demeure important voire d terminant apr s le date charni re on ne peut plus accorder celle ci la maternit de l empreinte urbaine 1 La Commission d urbanisme d Arvida fond e en 1943 tait un organisme consultatif multipartite entreprise citoyens municipalit charg d tablir des recommandations et des r glementations en b timents et urbanisme A ces d buts elle assurait le lien entre la municipalit et le Town Planning Commitee 58 3 1 1 Transformations de l urbanisme Rappelons d abord que le mandat de la planification d Arvida fut confi par ALCOA en 1925 aux architectes new yorkais Hjalmar E Skooger et Gamble Roger ainsi qu l ing nieur de travaux publics D L Turner Ceux ci con urent une ville avant gardiste inspir e des New Towns anglaises Audacieuses taient les pr visions d mographiques puisque les plans d pos s taient ceux d une ville pouvant accueillir plus de 30 000 habitants alors que 3 000 personnes devaient y r side
19. direction de James Buchanan Duke 14 American Tobacco et de William Price III Price Brothers Company qui met en branle l harnachement du lac et de sa rivi re avec la construction des centrales lectriques d Isle Maligne 15 et de Chute Caron Cependant en 1925 apr s plusieurs tractations l Aluminum Company of America ALCOA prend le contr le des projets de Price Duke pour alimenter ces futures usines d aluminium 16 La soci t Price Brothers s engageait acheter 40 de l nergie pour ces usines de p tes et 13 faut ici souligner l importance de Benjamin A Scott dans les projets hydro lectriques au Saguenay Lac Saint Jean Il tait le bras droit de H J Beemer ami de Haggins p re et fils et fut maire de Roberval pendant 10 ans Il a t un intervenant majeur de l industrialisation du Saguenay Lac Saint Jean 14 Anecdote historique on attribut celui ci de nombreuses innovations dont le paquet de cigarette carton coulissant Cf Campbell Duncan C Mission mon Histoire d ALCAN volum jusqu 1950 s 1 Ontario Publishing Company 1985 page 92 15 Cette usine hydro lectrique fut construite entre 1923 et 1925 elle a une capacit de plus de 400 000 kW ce qui en faisait d ja la plus puissante au monde 16 Girard Camil Perron Normand Histoire du Saguenay Lac St Jean Qu bec I Q R C 1989 page 317 36 papiers et le reste de la production trouva preneur chez le pr sident d ALCOA
20. soci t ALCAN retrouve son potentiel qui plus est celle ci fut clabouss e par le proc s am ricain contre ALCOA sur son monopole 33 Toutefois la compagnie canadienne poursuivait son expansion dans le monde Ainsi la transformation de l aluminium d bute en Grande Bretagne ensuite Toronto Des filiales voient le jour en Australie en Inde et en Allemagne ALCAN Aluminiumwerke G m b H De 4 000 employ s que sont les effectifs d ALCAN dans le monde en 1928 ceux ci passent 12 000 en 1939 34 Avec le d but du second conflit mondial la deuxi me phase en veilleuse depuis dix ans de la croissance des infrastructures d ALCAN au Saguenay d marrait Effectivement la tr s forte demande d aluminium des avionneries canadiennes britanniques et am ricaines firent quintupler les installations industrielles et civiles Arvida La croissance d ALCAN au Saguenay demanda trois chantiers Le premier tait de r gulariser le d bit du Lac St Jean et du Saguenay en construisant deux barrages sur les affluents de la rivi re P ribonka Manouane et aux Passes Dangereuses Ces travaux de grande envergure 33 Campbell Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN volume I jusqu 1950 5 1 Ontario Publishing Company 1985 pp 227 244 34 Ibidem page 196 44 permirent d augmenter le d bit r gulier procurant ainsi plus d nergie lectrique aux centrales d Isle Maligne et de Chute Caron 55 Le second
21. volume I jusqu 1950 s 1 Ontario Publishing Company 1985 page 155 42 Tableau 2 A CONDITION DEMOGRAPHIQUE D ARVIDA 1928 3500 1943 12 280 1958 13 967 1929 1 891 1944 11997 1959 13 869 1930 2000 1945 9 702 1960 14 257 1931 1 835 1946 8 504 1962 14804 1932 1 704 1947 9 689 1963 14 309 1933 1658 1948 10 620 1964 14804 1934 1 777 1949 10 983 1965 15 500 1935 1 924 1950 10 965 1966 15 300 1936 2136 1951 11131 1967 15 257 1937 2 367 1952 11596 1968 15 450 1938 2510 1953 11 895 1970 15 587 1939 2 647 1954 12 347 1971 17 700 1940 3 425 1955 12 264 1972 18 308 1941 4 771 1956 12 810 1973 19 000 1942 7 588 1957 13 470 1974 19 500 Sources Province de Qu bec Villes et cit s towns and cities de 1936 1974 Recueil personnel de M Georges E Carrier Province de Qu bec Annuaire statistique de 1914 1961 Cit in Gagnon Sylvain volution de Jonqui re s 1 s On constate qu en 1928 la cit en question avait une population de 3 500 mes 32 cinq ann es plus tard la ville ne comptait plus que 1 658 r sidents 32 L enthousiasme tait tel que le quotidien La Presse pr tendait trois ann es auparavant que la cit aurait une population de 100 000 mes Cf Nos forces hydrauliques La Presse 19 novembre 1925 page 6 Cit in Roby Yves Les Qu b cois et les investissements am ricains 1918 1929 Qu bec P U L 1976 page 136 43 Il fallut attendre 1936 1937 pour que la
22. 7 Plan 3 3 LOGEMENT OUVRIER 600 pieds 56 m second plancher sont approximatives Plans tir s de Ellison Beth Arvida ville moderne inEngineering and Contract Record july 1945 Plan 3 E LOGEMENT OUVRIER 630 pieds 59 m premier plancher Nota Bene les dimensions sont approximatives Plans tir s de Ellison Beth Arvida ville moderne in Engineering and Contract Record july 1945 68 Plan 3 F LOGEMENT OUVRIER 650 pied 60 m premier plancher second plancher cuisine cuisine 12 x14 12 x14 meee chambre 12x 12 x10 12310 Nota Bene les dimensions sont approximatives 34 Plans tir s de Ellison Beth Arvida ville moderne in Engineering and Contract Record july 1945 Plan 3 G MAISON OUVRIERE 650 pieds 60 m premier plancher second plancher salon 10x18 Nota Bene les dimensions sont approximatives Plans tir s de Ellison Beth Arvida ville moderne in Engineering and Contract Record july 1945 69 Photo 3 C LA RUE OERSTEDT EN 1938 source Soci t Historique du Saguenay Fonds ALCAN circa 1938 Ce facteur important de s gr gation spatiale qu est l accessibilit aux logements tait calcul selon un syst me complexe de pointage La valeur comparative du logis valait 790 points sur 1 000 Alors que la localisation de la r sidence bas e sur le zonage 80 points et l accessibilit aux services publics 130 poi
23. Arthur Vining Davis 17 Cet pisode symbolise d ailleurs l alliance entre le grand capital tranger et l tat qu b cois qui en autorisant l inondation des basses terres du Lac St Jean et la gestion priv e des niveaux de l eau assurait l int gration industrielle de la r gion et de la province aux march s mondiaux 2 2 2 Arvida et l aluminium Au d but de 1925 tous les l ments essentiels l implantation d usines d aluminium taient pr sents au Saguenay Les dessertes ferroviaires et hydro lectriques taient d j op rationnelles avant m me la construction des usines pour lesquelles elles taient destin es Comme les investissements taient de 75 millions de dollars le temps tait compt pour les capitalistes am ricains ils se devaient de construire au plus t t l usine projet e du Saguenay ne serait ce que pour viter le gaspillage de l nergie d Isle Maligne Au printemps de 1925 les repr sentants d ALCOA partirent de Pittsburg la recherche des terrains propices la construction d une usine de grande envergure 17 Anecdote historique les initiales du pr sident d ALCOA Arthur Vining Davis donn rent le nom la cit d Arvida 37 C est le grand ing nieur en chef d ALCOA Edwing F Fickes qui fut la t te d une petite d l gation pour choisir le site Dans ses m moires Fickes rappel son choix L endroit choisi tait peu pr s mi chemin entre Jonqui re et Chicoutim
24. Bouchard Op cit page 139 46 Parall lement aux crises du logement et de l approvisionnement nous devons souligner les conflits dans les relations de travail l usine d Arvida La premi re gr ve eut lieu en juillet 1941 quand sous l effet conjugu des conditions de travail des restrictions de guerre et du non respect de 13 convention collective par l employeur cinq mille travailleurs sortent pour manifester leur m contentement La situation est ce point critique que la police provinciale et l arm e surveillent les activit s sur les lieux Une commission royale d enqu te command e par le Ministre de l approvisionnement C D Howe formule des recommandations plut t que des accusations de sabotage envers les ouvriers en gr ve ill gale Il fallut attendre 1957 o 7 000 salari s sortent en gr ve pour quatre mois 1976 puis 1979 pour revoir des gr ves d importance chez ALCAN 42 2 2 2 2 Une maturit moderne Les d cennies 1960 et 1970 ont t des p riodes de stabilit et de stabilisation tant au niveau spatial qu au point de vue social Au niveau de l espace l extension du sch ma urbain fut troitement li la croissance d mographique de la cit en moyenne 3 par ann e Le processus de d lestage des installations non productives entrepris par ALCAN pendant la guerre s est poursuivi et compl t Il faut ici signaler qu en 1962 la soci t ALCAN a pu conserver ses installations hydro lectriques l
25. CAN soit l Aluminum Company of America ALCOA 6 Peach Ceri dit par Ur ial tion London Longman text 1975 page 1 7 Nous traduirons social distance par cart social A la lumi re de cette probl matique une question g n rale d j se pose la communaut mono industrielle 8 qu est la cit d Arvida a t elle t le th tre d une s gr gation spatiale et sociale Le probl me sp cifique du cas pr sent se traduirait par la volont de la soci t ALCAN de s gr ger la fois l urbain et l individuel Arvida La question qui survient alors serait de quelle fa on la s gr gation sociale et spatiale fut elle organis e dans le ville d Arvida Ce qui nous am ne postuler cette hypoth se g n rale la s gr gation sociale et spatiale existe plusieurs niveaux dans la communaut mono industrielle qu est Arvida Ce qui remet en question l observation du g ographe Louis Marie Bouchard qui signale que Presque homog ne du point de vue des densit s la partie habit e d Arvida est aussi peu diff renci e sur 16 plan social 10 Cette affirmation sera v rifi e par trois indicateurs principaux Le premier est le principe de la prol tarisation de la paysannerie qui est li la naissance du d veloppement de la r gion nous le verrons dans le second chapitre En v rifiant la transformation des modes de vie et du mode de 8 Nous entendons par communaut mono industriell
26. ROUILLETTE Beno t L habitat et les populations du Saguenay in L actualit conomique Montr al janvier 1947 pp 646 671 99 BROUILLETTE Benoit Industrie de l aluminium au Saguenay in L actualit conomique Montr al octobre 1946 0O 3 pp 440 443 CAMPBELL Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN volume I jusqu en 1950 5 1 Ontario Publishing Company 1985 438 pages CANADIEN NATIONAL Inventaire conomique d Arvida Montr al Service de recherche et de d veloppement d cembre 1966 COTE Luc Les enjeux du travail ALCAN 1901 1951 Hull Editions Asticou 1990 300 pages COTE L P L esclavage au Royaume du Saguenay Montr al Imprimerie Populaire 1926 22 pages COUSINEAU Yvon Rapport annuel de la Saguenay Industrial Development Association Arvida S IL D A 31 d cembre 1946 12 pages DUNN Roger Le Saguenay Lac St Jean une exp rience de planification r gionale m moire pr sent l Institut d Urbanisme de l Universit de Montr al mars 1970 126 pages ELLISON Beth Arvida ville moderne in Engineering and Contract Record july 1945 10 pages 100 GAGNON Sylvain Evolution de Jonqui re s 1 s texte ron otyp Giant of the North in Popular Mechanics New York december 1943 pp 9 11 GIRARD Camil Perron Normand Histoire du Saguenay Lac St Jean Qu bec I Q R C 1989 665 pages IGARTUA Jos E
27. UNIVERSITE DU QUEBEC MEMOIRE PRESENTE A L UNIVERSITE DU QUEBEC A CHICOUTIMI COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MA TRISE EN ETUDES R GIONALES PAR JEAN CLAUDE BOUCHARD B A SCIENCE POLITIQUE TRANSFORMATIONS D UNE CITE MONO INDUSTRIELLE ET SEGREGATION SOCIALE UNE ETUDE SUR ARVIDA SEPTEMBRE 1992 Paul Emile Biblioth que mue Mise en garde Advice Afin de rendre accessible au plus grand nombre le r sultat des travaux de recherche men s par ses tudiants gradu s et dans l esprit des r gles qui r gissent le d p t et la diffusion des m moires et th ses produits dans cette Institution l Universit du Qu bec Chicoutimi UQAC est fi re de rendre accessible une version compl te et gratuite de cette uvre L auteur conserve n anmoins 18 propri t du droit d auteur qui prot ge ce m moire ou cette th se Ni le m moire ou 18 th se 1 des extraits substantiels de ceux ci ne peuvent tre imprim s ou autrement reproduits sans son autorisation Motivated by a desire to make the results of its graduate students research accessible to all and in accordance with the rules governing the acceptation and diffusion of dissertations and theses in this Institution the Universit du Qu bec Chicoutimi UQAC is proud to make a complete version of this work available at no cost to the reader The author retains ownership of the copyright of this dissertation or thesis Neither the
28. a 1951 Ottawa Imprimeur de la Reine 1952 Gouvernement du Canada Recensements du Canada 1961 Ottawa Imprimeur de la Reine 1962 Voir les Annexes II pour la r partition ethnique 74 3 2 2 Arvida un portrait humain Tracer un portrait st r otyp du citoyen d Arvida est illusoire Effectivement on peut d celer deux g n rations de citoyens au type bien diff rent La premi re couvre la p riode 1925 1945 et la seconde g n ration s tend de 1946 1975 Le r sident type des vingt premi res ann es est celui qui vient tr s probablement de l ext rieur de la r gion et a une chance sur trois de provenir de l ext rieur du pays Il est g d environ 30 ans a une chance sur deux d tre mari et il ne s agit ni de son premier emploi ni de son dernier Ce travailleur est man uvre et r side Arvida deux fois sur trois 2 Si le citoyen est mari et a des enfants entre 3 et 5 il peut demeurer Arvida jusqu 44 mois selon bien s r sa nationalit d origine Bref s il y reste plus de 4 ans il est fort parier que ses camarades de travail ne sont plus les m mes qu son arriv e Quant au travailleur de la deuxi me g n ration son curriculum est diff rent Il est originaire sinon du Saguenay Lac St Jean du moins du Qu bec ou des Maritimes Son ge moyen est similaire la p riode pr c dente toutefois sa 21 Igartua Jos E de Fr minville Marine Les origines des travailleurs de l
29. al qui assumait les plans directeurs On estime qu entre 1935 et 1945 1 200 maisons furent b ties Arvida dont 700 par ALCAN au nord du boulevard Taschereau 59 Comme cette op ration s av ra insuffisante la Wartime Housing Limited 4 fit construire 450 demeures Arvida et dans les environs Apr s la guerre en 1947 ALCAN acheta les maisons d tenues par cette soci t de la couronne La crise du logement qui s vissait pendant les ann es 1940 pla a les familles issues de la croissance de guerre devant deux options soit accepter un logis trop exigu ou s tablir dans des secteurs o les taxes et terrains sont abordables Ainsi d s 1938 les ouvriers non r sidents Arvida ou dans les municipalit s limitrophes s install rent sur les terres accident es et peu convoit es entre Chicoutimi et Arvida pr s de la rivi re Saguenay La paroisse de St Jean Eudes accueillait alors les travailleurs les plus d munis qui de par leur statut s apparentaient un sous prol tariat industriel Avec les ann es et l am lioration de la qualit de vie la population de ce village d passa 3 000 habitants quand il fut annex Arvida en ao t 1970 4 39 Bouchard Louis Marie Les villes du Saguenay tude g ographique Ottawa Lem ac 1973 page 136 40 Cette soci t de la couronne fut cr e par la Soci t Centrale d Hypoth que et de Logement S C H L qui assumait son financement Cf Bouchard Op cit page 148 41
30. alisme La division du travail les int r ts des groupes sont les indicateurs identifiants une ville s gr g e Dans le cadre de la probl matique de ce m moire le concept et l indicateur division du travail fournissent les l ments menant la v rification de l hypoth se 25 R E Park cit in Grafmeyer Y Joseph I L cole de Chicago Paris Editions Aubier Montaigne 1984 page 88 26 E W Burgess cit in Ibidem page 136 25 Conclusion Au terme de ce chapitre nous r sumerons les l ments qui sont les assises th oriques de ce m moire Dans un premier temps nous nous sommes attard 4 la dichotomie Gemeinschaft Gesellschaft de F Tonnies Nous avons soulign que ce sont les transformations inh rentes aux communaut s par des relations r fl chies qui produisent les soci t s De m me que la transformation des villages en villes les communaut s se modifient selon une loi du capitalisme la division du travail 27 Toujours sous l angle de la communaut l historique d Arvida et de sa r gion nous apprendra la pr sence de relations seigneuriales entre ALCAN et ses censitaires Ce constat renforce le postulat de communaut avec tous ses attributs chez les entit s r gionales 28 Avec l extension du capitalisme et des relations r fl chies les rapports de type seigneurial se sont dissous Parall lement aux transformations sociales mentionn es on doit galement pren
31. ant entre autres de nouveaux adversaires conomiques Ce que l on qualifie de post modernit n est dans les faits que le chant du cygne du d veloppement industriel lourd qui a propuls Arvida et sa r gion dans l ar ne internationale O la d sagr gation relative de la Gesellschaft laisse place aux localismes La structure conomique de la r gion a toujours d et devra toujours se tourner vers New York ou Pittsburg pour conna tre son avenir 51 On peut retracer la fusion forc e l apparition des M R C l int gration de l h pital d Arvida celui de Jonqui re etc 52 On constate ainsi une dichotomie dans l actuelle situation du Saguenay Lac St Jean d une part l conomie donc l industrie est tributaire des march s mondiaux ce qui n est pas nouveau et d autre part l tat qu b cois assure d sormais la gestion spatiale et sociale des collectivit s 52 ce qui est beaucoup plus r cent Si l isolement caract ristique du premier si cle de l histoire r gionale s est att nu la situation de d pendance s articule maintenant deux niveaux fortement int gr s 53 La fonction sociale r gulatrice est graduellement assum e par l tat qu b cois D o l mergence de nouveaux acteurs collectifs les organismes communautaires par exemple dont la satisfaction des besoins d quipements collectifs conduit s parer et s gr ger les citoyens plut t qu les homog n iser Conclusion rup
32. aude Espace r gional et am nagement du territoire Paris Pr cis Dalloz 1979 884 pages LETOURNEAU J ocelyn Le coffre 4 outils du chercheur d butant Toronto _ Oxford University Press 1989 227 pages Gouvernement du Canada Recensement 1931 Ottawa Imprimeur du Roi 1932 Gouvernement du Canada Recensement 1941 Ottawa Imprimeur du Roi 1942 Gouvernement du Canada Recensement 1951 Ottawa Imprimeur de la Reine 1952 Gouvernement du Canada Recensement 1961 Ottawa Imprimeur de la Reine 1962 Gouvernement du Canada Recensement 1971 Ottawa Imprimeur de la Reine 1972 GRAWITZ Madeleine M thodes des sciences sociales Paris Pr cis Dalloz 1986 1 104 pages 108 McGill University Thesis directory 1881 1959 volume I Montreal Faculty of graduate studies and research 1976 930 pages Universit Laval R pertoire des th ses de l cole des gradu s 1941 1973 Qu bec Service d analyse et d indexation 1973 432 pages Universit du Qu bec R pertoire des m moires et des th ses 1969 1986 Sillery U Q 1987 401 pages Universit du Qu bec Montr al R pertoire des publications et des r alisations de recherche et de cr ation Montr al D canat des tudes avanc es et de la recherche 1986 385 pages WOLKOWITSCH Maurice G ographie des transports Paris Armand Colin Collection U 1973 381 pages 109 Divers photos archives Photo 3 A Plan initia
33. aut galement noter que l entreprise en question poss dait la fois terrains et domiciles sur le territoire d Arvida La probl matique suivante s inscrit dans une d marche visant tudier une communaut voluant dans une ville mono industrielle et ultimement jeter un regard sur les transformations soci tales qui affectent la cit d Arvida et la r gion l poque contemporaine C est donc partir des notions de soci t r gionale et de communaut locale que la pr sente recherche trouve son essence A un stade historique li au d veloppement industriel de la r gion la ville d Arvida fait exception La conception la r alisation et le contr le d Arvida taient assur s par une entreprise transnationale vou e l exploitation d aluminium de premi re coul e Sa base fonci rement mono industrielle lui a assur et lui assure encore un certain prestige au niveau r gional voire national En se basant sur ce constat d h g monie de la soci t ALCAN sur Arvida on peut d j d gager un probl me g n ral qui se pr sente sur deux plans Sur le premier plan ce sont les r alit s axiologiques particuli res au corpus une sorte de miroir social de l entreprise qui appara trait Nous entendrons ici par particuli res une diff renciation de cette dynamique par rapport aux autres municipalit s du Saguenay Lac St Jean Ce qui n exclut videmment pas d autres sites similaires qui serai
34. certaines relations Avec l expansion des rapports soci taux r fl chis cette caract ristique s est estomp e Notons qu on peut difficilement tablir une rupture exacte entre les oppositions conceptuelles la cohabitation de celles ci tant plausible T nnies le souligne dans un processus de transformation qui laisse place des concepts dominants Quant l tat sa lente transformation d un r le redistributeur vers un r le r gulateur lui conf re un caract re moins important que les entreprises au 20 Sur les concepts de Centre et de P riph rie voir Amir Samin Le d veloppement in gal essai sur les formations sociales du capitalisme p riph rique Paris ditions de minuit 1973 365 pages Lipietz Alain Le capital et son espace Paris La d couverte Masp ro 1983 178 pages Emmanuel Arghiri L change in gal Paris Masp ro 1979 422 pages 21 Ce que Lipietz nomme le pal ocapitalisme Cf Lipietz Alain Le capital et son espace Paris La d couverte Masp ro 1983 page 59 22 niveau r gional Effectivement le peu d interventions de celui ci m me lorsque le secteur lectrique fut nationalis en fait un acteur silencieux plus pr occup par les ajustements sociaux que par le d veloppement conomique De plus quand la r gulation et la modemisation de l tat qu b cois se sont impos es cela n a fait que confirmer sa vocation caract ristique d un capitalisme monopoliste
35. dans la soci t actuelle mais plut t qu elle renforce l int gration de la soci t locale l ensemble social plus global 57 56 Pierre Wilfrid Boudrealt cit in Klein Juan Luis sous la direction 6 Am nagement et d veloppement vers de nouvelles pratiques in Cahiers de I A C F A S Montr al No 38 1986 page 13 57 Conclusions des travaux de Louise Quesnel lors du colloque sur l am nagement et le d veloppement tenu l Universit du Qu bec Chicoutimi en mai 1985 Cit in Klein Op cit page 195 CHAPITRE IN Nature et structures d Arvida 56 Ce n est pas la conscience des hommes qui d termine leur existence c est au contraire leur existence sociale qui d termine leur conscience Karl Heinrich Marx 57 Ce troisi me chapitre se consacre tablir et tracer les l ments empiriques qui touchent la probl matique de d part Maintenant conscients de postulats historiques et th oriques nous sommes en mesure d examiner ce qui forme l essentiel de la trame urbaine et sociale de la cit d Arvida 3 1 Caract ristiques de l urbain Cette tape se divisera en deux parties La premi re setpenche sur l volution de la structure urbaine de la cit sa conception sa construction et son empreinte spatiale La seconde partie touche le travail et les travailleurs r sidents ou comment se traduit la division du travail dans l espace Ainsi la d marche propos e est la fois
36. dissertation or thesis nor substantial extracts from it may be printed or otherwise reproduced without the author s permission A ma maman et 4 mon papa R sum Ce m moire porte sur une ville mono industrielle situ e dans la r gion du Saguenay au Qu bec Arvida Les questions g n rales qui ont motiv e cette recherche sont les suivantes Quels taient les rapports qui existaient entre l industrie et la cit Cette ville fut elle le th tre d une s gr gation sociale et spatiale Si oui de quelle fa on l empreinte spatiale indique t elle cette s gr gation sociale Nous poserons cette hypoth se sp cifique les groupes sociaux sont distribu s in galement en termes socio conomiques et spatiaux sur le territoire de la cit d Arvida Afin de v rifier cette hypoth se quatre volets formeront le plan de recherche Les deux premiers seront consacr s aux aspects th oriques et historiques du sujet les troisi me et quatri me volets s attarderont aux d monstrations empiriques Cette monographie qui d borde le cadre urbain mentionn est r alis e partir des donn es d archives municipales r gionales et nationales Des ressources documentaires gouvernementales et priv es sont galement utilis es Le premier chapitre d finit le cadre th orique sur lequel est bas e la pr sente tude Quatre concepts centraux fournissent les l ments de r f rence n cessaires l interpr tation des don
37. dre en compte que les modes de production auparavant quasi autarciques sont devenus ceux d un capitalisme moderne La prol tarisation de la paysannerie pal ocapitaliste en salari s tributaires de la division du 27 C est le capitalisme qui a d sint gr e la Gemeinschaft nous dit T nnies 28 Sur le r gime f odal sa nature et ses impacts voir Ouellet Fernand Histoire conomique et sociale du Qu bec 1760 1850 Montr al Fides 1971 pp 351 387 26 travail conjug e avec l arriv e d ouvriers immigr s sont devenus l amorce des modifications sociales et spatiales d Arvida et de sa r gion L artisan principal de cette transformation s identifie comme tant le capitalisme monopoliste d tat Le cadre historique t moignera que le r le tatique s est r sum la d l gation du d veloppement entre les mains du capital anglo saxon Et enfin la s gr gation est l indicateur qui rattache tous les l ments th oriques et dont l essence R E Park nous l a appris est la division du travail La figure ci dessous nous rappelle sch matiquement l quation th orique de ce chapitre Figure 1 B Soci t Ville Division du travail S gr gation spatiale Communaut Campagne Travail non divis Homog n it spatiale Nous concluons ce chapitre en affirmant que la pierre angulaire de ce cadre th orique est la division du travail C est ce concept op ratoire qui guidera la d marche
38. e une entit urbaine situ e dans un espace conomique caract ris par une activit industrielle unique 9 Bouchard Louis Marie Les villes du Saguenay tude g ographique Ottawa Lem ac 1973 212 pages 10 Ibidem page 98 production cela ouvrira sur une avenue qui nous permettra de situer le degr d int gration de la communaut la soci t industrielle naissante Le second indicateur est la planification puis la partition de l espace par la soci t ALCAN cons quences du second mouvement de l histoire r gionale Le dernier indicateur touche la nature et la division du travail taylorisme des employ s r sidents 1 Arvida et dans les communaut s limitrophes Ce sont ces trois indicateurs qui seront utilis s pour la d marche de recherche Ceux ci ne sont pas exclusifs ainsi toutes les donn es utiles seront trait es titre compl mentaire Plus pr cis ment l hypoth se sp cifique du travail s noncerait comme suit les groupes sociaux sont distribu s in galement en termes socio conomiques et spatiaux sur le territoire de la cit d Arvida Cette r partition refl terait sur l urbain les conditions socio conomiques qui s observent l int rieur de l usine Afin de v rifier l hypoth se soulev e pr c demment la m thodologie retenue est la suivante et se fera en quatre tapes Les deux premi res s attarderont aux aspects th oriques et historiques du sujet et les derniers
39. e est que le monopole social culturel et industriel que pratiquait la soci t ALCAN s est maintenu solidement pendant plus de 30 ans Le choix du personnel l usine 25 Brouillette Benoit Industrie de l aluminium au Saguenay in L actualit conomique Montr al octobre 1946 no 3 page 441 25 Gouvernement du Canada Recensement du Canada 1951 Ottawa Imprimeur de la Reine 1952 combin avec la s lection des r sidents ont trac avec une certaine pr cision ol le portrait social d Arvida dans l enceinte urbaine Ainsi les dirigeants taient localis s au nord et l est de l usine et les employ s r sidaient au sud et l est x cat gories socio professionnelles 4 Arvida et dans les environs A cette date yo LLY H Plan 3 R PARTITION DE LA LA CONURBATION DU SAGBENAY R PARTITION BE LA JPEPULETION ACTIVE 1311 1 8 8 81 Professiseseis Co gt ffi 7 f 2 WTA LU de cette derni re Le plan 3 H nous indique la localisation des diff rentes en 1961 l volution urbaine de la cit tait son apog e employ s de bareas ot venders Iravoillenrs Menuets EJ hministratents protessionnsts ET toutes professions tir de Bouchard Louis Marie Les villes du Saguenay tude g ograpique Ottawa Le 1972 page 50 m ac 77 Le second indicateur nous informe d une transformation socio spatiale en deux temps
40. empirique du Chapitre III CHAPITRE II l ments historiques sur Arvida et sa r gion 28 Le probl me de l histoire c est l histoire du probl me Georg Wilhelm Friedrich Hegel 29 Dans le pr sent chapitre nous poserons selon une perspective historique les diff rentes balises n cessaires pour situer la probl matique de ce m moire En sociologie du d veloppement le rappel historique permet d identifier et de d finir les acteurs qui se constituent en force sociale Dans cet objectif nous retiendrons de l historiographie du Saguenay Lac Saint Jean trois pisodes qui illustrent les phases de son d veloppement Ce rapide survol de l histoire r cente nous permettra de cerner les changements de la structure sociale et par cons quent d observer les discontinuit s des p riodes 2 1 La colonisation 1838 1888 Une premi re p riode s chelonne du d but de la colonisation en juin 1838 jusqu l arriv e du chemin de fer en 1888 Nous r sumerons donc bri vement les d veloppements et v nements qui ont affect la r gion pendant cette pop e coloniale qui durera approximativement cinquante ans C est sous le r gime anglais 1763 1867 que la r gion s ouvrira au monde L exclusivit de la traite des fourrures et de la coupe du 015 tant d tenue par la compagnie de la Baie d Hudson celle ci refusa toute intrusion permanente craignant de perdre son monopole 1 La connaissance de l actuelle
41. ent situ s hors de la r gion 5 Nous entendons par r alit s axiologiques les notions relatives l identit au mode de vie aux valeurs etc Cf Mendras Henri Fors Michel Le changement social Paris Armand Colin collection U 1983 pp 211 241 Grawitz Madeleine M thodes des sciences sociales Paris Pr cis Dalloz 1986 page 1045 Quant au second plan il illustrerait des caract ristiques spatiales diff rentes d autres entit s municipales Un des aspects les plus n glig s de l tude sociale des communaut s r gionales est celui de la s gr gation Le terme s gr gation n a pas ici l ampleur raciste que l on voudrait bien lui accorder En fait nous retiendrons comme d finition du concept de s gr gation celle fortement appuy e de Ceri Peach dans l ouvrage Urban social segregation is that the greater the degree of difference between the spatial distribution of groups within an urban area the greater their social distance from each other 6 La s gr gation est une notion qui ob it une intention empiriquement v rifiable soit celle d tablir par la distribution spatiale des groups un cart social 7 rep rable dans l espace urbain et dans les groupes sociaux En ce qui concerne les caract ristiques spatiales elles se traduisent par la trame urbaine ou l empreinte g ographique de la cit d Arvida Cette trame fut d ailleurs con ue de toute pi ce par l entreprise m re d AL
42. i entre la rivi re et le chemin de fer environ un mille au nord de la route r fectionn e entre les deux villes et cinq ou six milles d elles 18 Le choix de l endroit s est effectu en fonction de la proximit de la future centrale de Chute Caron du chemin de fer ainsi que 18 g omorphologie du site comme l ajoute Fickes L tendue du terrain tait une terrasse plane post glaciaire qui se trouvait plusieurs centaines de pieds au dessus du Saguenay avec quelques collines rocheuses ou mamelons peu lev s coup s en plusieurs endroits de profonds ravins aux parois abruptes 19 Le futur emplacement d Arvida appartenait une cinquantaine de cultivateurs qui se partageaient les dix milles carr 6 000 acres 2 de terrains 18 E F Fickes cit in Campbell Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN volume I jusqu 1950 s 1 Ontario Publishing Company 1985 page 115 19 Loc cit 20 Soit en mesure m trique 2 430 hectares 38 convoit s On proposa 200 l arpent 13 85 hectares chaque cultivateur 21 La plupart des contrats furent sign s la mi ao t 1925 22 Il fut d cid quelques ann es plus t t que l usine serait construite sous la direction de la Quebec Development Company 23 Le 24 juin 1925 le Cabinet du Premier Ministre Taschereau approuvait le projet un mois plus tard d butait l rection de l usine et de la ville 24 C est R E Powell qui a assur le suivi de l
43. i es la production d aluminium chappant ainsi la nationalisation de l lectricit du Qu bec par 42 Girard Camil Perron Normand Histoire du Saguenay Lac St Jean Qu bec I Q R C 1989 pp 481 489 47 le gouvernement de Jean Lesage Normand Perron et Camil Girard ajoutent en ce sens En agissant de la sorte l tat qu b cois confirmait le pouvoir consid rable de multi nationales sur le territoire du Saguenay Lac St Jean L tat poursuivait ainsi une politique qui laisse l initiative du d veloppement entre les mains du grand capital 43 Un h tel de ville fut enfin construit en 1963 et la nature seigneuriale de la gestion des terrains et propri t s s est estomp e 4 Pour conclure cette partie nous traiterons des aspects sociaux de la cit et de sa r gion En premier lieu il importe de retracer les facteurs d implantation de l ALCOA au Saguenay videmment l nergie hydro lectrique bon march et les transports ad quats arrivent en t te de liste Le second facteur est la main d uvre peu co teuse et surtout productive 45 43 Girard Camil Perron Normand Histoire du Saguenay Lac St Jean Qu bec I Q R C 1989 page 471 44 Le caract re seigneurial de la gestion spatiale et sociale par ALCOA puis ALCAN a suscit me ip et asp Les premi res sont apparues d s 1926 voir Roby Yves Les Qu b cois et les 1918 1929 Qu bec P U L 1976 page 152 Plus r cemment voir Boucher
44. ies sont des relations naturelles ou de volont organique 2 Pour Madeleine Grawitz ce sont Les relations ob issant la volont organique correspondent aux rapports sociaux de caract re communautaire et forment un type d organisation sociale la communaut Gemeinschaft 3 Ferdinand Tonnies a d fini trois types de communaut la communaut de sang familiale la communaut de lieu voisinage et la communaut d esprit amicale 4 Ce sont donc entre autres les r alit s axiologiques 5 inh rentes au sujet qui sont la gen se de la communaut La typologie d mile Durkheim dans De la division du travail social mentionne que ce genre de relations est en fait de la solidarit m canique ou par ressemblance 6 La solidarit tant pour Durkheim le premier 1 Ferdinand T nnies 1855 1936 fut consid r comme le p re de la sociologie allemande contemporaine Il galement fondateur de la th orie de la communaut Cf T nnies Ferdinand inschaft un llschafi ARa Michigan State University Press 1957 pp 33 102 Rocher Guy Intri tion iologi Montr al HMH 1992 pp 211 227 Grawitz Paris Dalloz TA page 125 2 Rocher Op cit page 212 3 Grawitz Op cit page 126 4 Tonnies Op cit page 42 Rocher Op cit page 216 5 Voir la d finition de r alit s axiologiques dans I Introduction 6 Durkheim Emile De la division du travail social Paris F
45. il faut noter l originalit des m thodes employ es pour l poque Apr s avoir install des rails dans les rues les ouvriers coulaient les fondations avec des moules pr fabriqu s pour ensuite assembler les murs et divisions faits de bois de la Colombie Britannique pr alablement mont s dans un atelier les fen tres de l Ontario taient install s peu apr s et les accessoires du Qu bec compl taient la construction Cf Campbell Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN volume I jusqu 1950 s 1 Ontario Publishing Company 1985 page 129 29 Campbell Op cit page 132 30 Auparavant Northern Aluminum 41 4 juin 1928 le si ge social d ALCOA Pittsburg d clare que la division canadienne sera autonome au chapitre des actifs et de la gestion Un nouveau si ge social sera cr e 4 Montr al et il aura en charge les installations et la cit d Arvida Cette nouvelle compagnie canadienne sera fragile ses d buts au niveau des flux financiers et du personnel La crise des ann es trente porta un dur coup l industrie de l aluminium L impact fut d autant plus grand pour une jeune entreprise comme ALCAN et sa petite fille Arvida Les pertes de la soci t se chiffraient 868 000 en 1929 972 000 en 1932 puis 1 200 000 en 1933 31 Quant la cit le tableau 2 A illustre bien la situation d mographique d Arvida de 1928 1974 31 Campbell Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN
46. intervenus structurellement dans la r gion l implication sporadique des gouvernements n tait que conjoncturelle ou r gulatrice C est le capitalisme monopoliste d tat qui a assum et qui assumera sans doute l injection des capitaux n cessaires au d veloppement de la r gion Certes un capitalisme r gional s est d velopp mais celui ci demeure trop fragile et trop peu financ pour assurer une certaine autonomie face aux centres financiers ou du moins face l tat Au d but de ce si cle on a impos un mod le de d veloppement qui devient d suet voire obsol te L arriv e de troisi me mill naire impose un red ploiement du syst me social et conomique d une entit spatiale si jeune et pourtant d j 51 vieille Mais a c est une autre histoire BIBLIOGRAPHIE 98 Arvida et sa r gion Aluminum Company of Canada La Sentinelle Arvida Volume I VI 1936 1941 ALCAN Le Lingot Arvida Volume I XXIII 1942 1964 A Arvida in Le Progr s du Saguenay Chicoutimi 23 juillet 1926 Arvida ville champignon in Le Devoir Montr al Volume XVII 9 234 8 octobre 1926 Arvida ville de l aluminium in Le Progr s du Saguenay Chicoutimi 14 janvier 1926 B LANGER L onidas La ville de l aluminium in Saguenayensia mai juin 1971 Volume 13 0 3 pp 62 67 BOUCHARD Louis Marie Les villes du Saguenay tude g ographique Ottawa Lem ac 1973 212 pages B
47. ion CHAPITRE III Nature et structures d Arvida 3 1 Caract ristiques de l urbain 3 1 1 Transformations de l urbanisme 3 1 2 Les habitations 3 2 Caract ristiques des citoyens 3 2 1 Les origines et sp cificit s des travailleurs 3 2 2 Arvida un portrait humain Conclusion CHAPITRE IV La cit d Arvida une analyse 4 1 Arvida communaut ou soci t 4 2 La seigneuralit ses formes et acteurs 4 3 Prol tarisation r sistance et r signation 4 4 Une s gr gation territoriale Conclusion 46 49 52 55 57 58 64 71 71 74 75 78 80 82 85 86 87 IX CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE ANNEXE I ANNEXE I 89 97 110 112 LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES Figure 1 A Figure th orique Figure 1 B Figure th orique Tableau 2 A Condition d mographique d Arvida 17 26 42 XI Photo 3 A Plan 3 A Plan 3 B Plan 3 C Photo 3 B Plan 3 D Plan 3 E Plan 3 F Plan 3 G Photo 3 C Plan 3 H LISTE DES PHOTOS ET CARTES Plan initial de la cit d Arvida Trac initial de la cit d Arvida Plan g n ral de la cit d Arvida Plan de la cit d Arvida en 1949 R sidences des cadres en 1927 Logement ouvrier 600 pieds carr s Logement ouvrier 630 pieds carr s Logement ouvrier 650 pieds carr s Maison ouvri re 650 pieds carr s La rue Oerstedt en 1938 R partition de population active 59 59 61 62 64 67 67 68 68 69 76 XII La compr hension des r gions d bute
48. it l alcool les animaux d levage et les taudis La prohibition par exemple fut adopt e le 10 avril 1929 par le r glement 13 et a t maintenue malgr des pressions contraires pendant plus de 25 ans 2 Ainsi l int gration d une partie croissante des travailleurs r gionaux prol tarisation au mod le arvidien a signifi la reconnaissance en terme de communaut de cette ville encore per ue comme trang re Certes il peut sembler contradictoire que la cit soit pass e d un stade de quasi soci t celui de communaut pour ensuite devenir une micro 1 Vigeant Pierre Arvida et les autres villes ferm es in Le Devoir Montr al 28 ao t 1954 page 2 Alcan Le Lingot Arvida Volume X 8 novembre 1951 page 1 Alcan Le Lingot Arvida Volume X 22 novembre 1951 page 1 Alcan Le Lingot Arvida Volume XIII 4 novembre 1954 page 1 82 localit post moderne Pas n cessairement puisque l avant gardisme relatif du sch me social et industriel qui tait propos en 1925 8 d attendre la deuxi me guerre mondiale pour tre accept par l ensemble r gional ou m me national le conflit ayant acc l r l int gration r gionale un ensemble plus global 4 2 La seigneuralit ses formes et acteurs plusieurs reprises dans ce m moire on a fait mention du style seigneurial de gestion de la soci t ALCAN Quoiqu indirectement li e la probl matique de ce travail cette piste offre
49. l Avant cette date 95 des r sidences appartenaient l ALCAN Ce n est qu en 1954 que la soci t d aluminium vend ses terrains et b tisses aux con ditions suivantes 15 comptant 60 en premi re hypoth que bancaire et 25 en seconde hypoth que financ e par la compagnie propri taire En quatre ans mille maisons furent vendues 1 Cf Archives cit d Arvida ville de Jonqui re Chart No 5 R july 1949 12 Au moins jusqu en 1946 la ville tait ferm e Cf Brouillette Beno t Industrie de l aluminium au Saguenay in L actualit conomique Montr al octobre 1946 no 3 page 442 13 Bouchard Louis Marie Les villes du Saguenay tude g ographique Ottawa Lem ac 1973 page 137 71 3 2 Caract ristiques des citoyens Apr s avoir examin ce qu tait Arvida et qui pouvait y r sider il faut se pencher maintenant sur ceux et celles qui y lisaient domicile Gardons en t te que le portrait ici trac est le fruit de l extension du mode de production capitaliste et de la division du travail Les ann es 1960 seront la limite temporelle que nous imposerons pour les m mes raisons retenues dans la partie pr c dente c est dire le retrait d ALCAN du secteur non industriel et les transformations lentes et conjoncturelles de l urbain et du travail 3 2 1 Les origines et sp cificit s des travailleurs Dans une tude effectu e en 1983 sur les origines des travailleurs d ALCAN au Saguenay Jo
50. l de la cit d Arvida Archives Nationales du Qu bec Chicoutimi Fonds Lemay circa 1925 Photo 3 B R sidences des cadres en 1927 Soci t Historique du Saguenay Fonds ALCAN circa 1927 Photo 3 C La rue Oerstedt en 1938 Soci t Historique du Saguenay Fonds ALCAN circa 1938 Ville de Jonqui re Archives Cit d Arvida dossiers divers 1925 1975 Annexe I Jean Marie Claveau Drame Ha Ha Bay Junction Montr al M ridien 1992 ANNEXE I 111 TERRAINS A ARVIDA EN 1925 Quebec Development Co Ltd tir de Claveau Jean Marie Drame Ha Ha Bay Junction Montr al M ri dien 1992 ANNEXE II 113 En 1931 64 de la population d Arvida tait d origine fran aise Le reste de la proportion 36 s tablissait comme suit R partition de la population non fran aise par nationalit d origine e 1931 i m anglais H tch cosl E finlandais 1 allemands E italiens polonais Ea scandinaves B autres source Gouvernement du Canada Recensement du Canada 1931 Ottawa Editeur de la Roi 1932 114 En 1941 la proportion des habitants frangais d origine tait de 73 les autres nationalit s se r partissaient ainsi R partition de la population non fran aise par nationalit d origine e 1941 O anglais tch cosl finlandais m allemands LE italiens source Gouvernement du Canada Recensement du Canada 1941 Ottawa diteur de la Roi
51. la victoire Ce seigneur tout puissant qu est ALCAN b n ficiait d appuis de taille dans la mise en place et l exploitation de ses infrastructures industrielles M me avec toutes les forces en pr sence l int gration des travailleurs r gionaux s est faite tardivement Les Monarques tat et l glise ont ils surestim leur capacit incitative sur la population Probablement Nous croyons toutefois que c est la m connaissance et la crainte des r gionaux du capitalisme p riph rique de type monopolistique qui en tait 18 principale cause 4 Giant of the North in Popular Mechanics New York december 1943 pp 9 11 85 4 3 Prol tarisation r sistance et r signation Comme nous l avons soulign c est la seconde g n ration de travailleurs que la prol tarisation de la paysannerie r gionale s est acc l r e La faible proportion d ouvriers saguenayens dans les premi res ann es de production s explique par une r sistance au travail dans une fonderie associ e une faible sp cialisation Si la pr sence d industries lourdes comme les p tes et papiers avait initi les paysans r gionaux l industrialisation n oublions pas que les usines d aluminium avaient leurs sp cificit s qui taient gu re de nature enthousiasmer les travailleurs potentiels C est pendant la p riode allant de 1889 1945 que la prol tarisation s est effectu e Ph nom ne plut t lent durant les quarante premi res
52. la soci t arvidienne Quant aux r sidents qui taient dans le vent et loign s de 18 rivi re 7 leur statut social tait inf rieur Signalons toutefois que les citoyens b n ficiaient d un confort tr s envi chez les non r sidents Nous retrouvons donc Arvida une s paration non pas bas e sur la race malgr la forte pr sence de non francophones mais plut t sur le statut professionnel Par ce constat nous nous loignons donc du postulat de l cole de Chicago qui concerne l aspect ethnique de la s gr gation Cependant la 6 En plus du rang hi rarchique dans l usine l tat civil et la fid lit l entreprise taient parmi les crit res de s lection retenus par ALCAN 7 Situ s au sud et l est de l usine 87 notion traitant de la division du travail comme facteur de s paration des unit s cologiques est plus utile Ainsi la division du travail dans l usine tait 4 ce point visible sur l empreinte urbaine que nous ne pourrions nier l hypoth se g n rale de cette recherche Conclusion On retiendra de cet examen quelques constats fondamentaux Dans un premier temps on notera que la communaut d Arvida au sens t nnisien n est apparue qu la fin du second conflit mondial En m me temps que la seconde g n ration de travailleurs qui est plus homog ne que la premi re rappelons le Notons galement que la prol tarisation de la paysannerie r gionale a t tr
53. lons et d autre part l entreprise anglo saxonne qui assure un revenu suppl mentaire gr ce au travail en for t des colons De plus pour favoriser cette situation de d pendance les entreprises de Price payaient leurs 2 On doit signaler que derri re cette soci t de colons de Charlevoix appara t de plus en plus l tablissement d un monopole de coupe de bois celui de William Price Celui ci avait sa solde le m tis Peter McLeod qui lui servait de t te de pont dans les concessions foresti res Ce dernier finit par acheter l appareil de production des Vingt et un et entreprend l extension de la coupe foresti re afin de fournir les march s anglais 3 Malgr l interdiction formelle de la compagnie de la Baie d Hudson de pratiquer l agriculture les colons avaient entrepris d ensemencer d s les premi res ann es ce qui pla a les autorit s devant le fait accompli 4 Il est important de noter que le r gime seigneurial n tait pas appliqu au Saguenay m me avant son abolition officielle en 1854 31 employ s en monnaie locale non convertible changeable seulement dans les magasins de la compagnie S il a fallu trois si cles et deux r gimes coloniaux pour que la r gion s ouvre au monde les cinquante premi res ann es mettaient en place les l ments qui allaient tre d terminants pour son avenir Ainsi on constate d s les premi res d cennies une transformation des sources de revenus des habitants qui
54. ment le premier janvier de 1976 que le gouvernement provincial d cr tait la fusion enti re des villes de Jonqui re Arvida et K nogami en une entit unique ville de Jonqui re De plus les d cennies qui suivront am neront de nombreuses transformations structurelles Arvida et dans sa r gion 47 Touraine Alain La crise de la modernit in Interface volume 10 2 mars avril 1989 page 32 48 Ibidem page 34 50 Donc si les citoyens de Jonqui re et de K nogami accueillaient favorablement la fusion les contribuables d Arvida y voyaient un d cret intol rable Pour ces derniers cette fusion forc e par le gouvernement sonnait le glas de leur autonomie et de leur richesse municipale Effectivement l originalit de sa naissance et de son d veloppement faisait de la cit une municipalit unique dans la r gion au Qu bec voire en Am rique De plus et surtout la soci t ALCAN apportait des redevances fonci res qui faisait d Arvida une des villes les plus riches de la r gion 49 Oblig s de partager leur bien tre foncier et leur patrimoine urbain les Arvidiens ne purent que r pondre par le d saveu complet du projet gouvernemental manifestations p titions et discours r probateurs furent de ce lot Cette attitude se v rifie chez les municipalit s fortement autonomes au niveau financier Dans une tude intitul e Community Conflict James S Coleman signale que Thus towns with a self c
55. n es Le rapport communaut soci t de Ferdinand T nnies met en lumi re les stades soci taux de la ville et de sa r gion Le ph nom ne de la prol tarisation de la paysannerie r gionale s appuie sur la lecture de philosophes de la praxis De plus on observe un comportement quasi seigneurial chez les principaux acteurs ce qui nous claire sur le type d organisation et de r gulation de la cit Et enfin l cole de Chicago apporte sa contribution l analyse de la s gr gation urbaine Le second chapitre situe les balises historiques utiles au m moire Apr s avoir pass en revue l histoire de la colonisation au Saguenay Lac Saint Jean nous nous consacrons l poque moderne qui a vu na tre la cit d Arvida Cette p riode 1889 1975 fut marqu e par une croissance industrielle conomique et sociale in gal e dans la r gion On apprend galement que ces ann es ont mis sur la carte la ville d Arvida tant son importance relative tait grande L poque dite post moderne 1976 1990 nous enseigne les limites de la croissance telle que connue et le red ploiement conomique et politique auxquels la r gion et la cit ont t confront es La troisi me partie traite des caract ristiques de l urbanisme d Arvida et de la situation sociale et conomique de ses citoyens De l urbain on en d crit les particularit s spatiales ainsi que la nature et la localisation des r sidences par rapport l usine et
56. n citoyen corporatif qui se d tache de plus en plus de la vie civile Toutefois l empreinte qu elle laisse est encore marqu e dans la trame urbaine et le tissu social Dans un troisi me temps il faut reconna tre que les installations d Arvida furent la locomotive qui assura l int gration conomique et m me sociale de la communaut r gionale la Gemeinschaft au syst me mondial des changes brisant de ce fait l isolement qui marqua l arriv e des premiers colons 46 Campbell Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN volume I jusqu 1950 s 1 Ontario Publishing Company 1985 page 288 49 Donc c est une soci t homog ne relativement d velopp e et marqu e nous le soulignons par l entrepreneurship anglo saxon qui affronte la R volution Tranquille et les signes avant coureurs de ce qu on appellera la post modernit 2 3 La post modernit 1976 1990 nouveau Alain Touraine nous claire sur la post modernit en postulant que celle ci est l impuissance de la raison moderne 47 o le monde des syst mes et le monde des acteurs sont compl tement dissoci s 48 Dans la cas d Arvida nous verrons comment les syst mes de production notamment se d tache de plus en plus de la vie civile monde des acteurs Pour cette rubrique nous retiendrons comme date charni re 1976 C est cette ann e l qu un gouvernement social d mocrate est port au pouvoir Qu bec C est gale
57. nalisme de la science de la technologie des armes de l Occident qui s identifiait la pens e rationnelle 12 Dans le cas tudi le concept de modernit s articulerait avec trois indicateurs industrialisation massive urbanisation planifi e et standardisation C est dans une situation de pr carit et de d pendance chez les habitants que s amorce le d veloppement de l industrie lourde du Saguenay Lac St Jean La fin du XIX me si cle et le d but du XX me annoncent l arriv e des capitalistes am ricains qui remplacent peu peu les industriels britanniques soit le m me ph nom ne qu ailleurs au pays 11 Girard Camil Perron Normand Histoire du Saguenay Lac St Jean Qu bec I Q R C 1989 page 289 12 Touraine Alain La crise de la modernit in Interface volume 10 2 mars avril 1989 page 30 35 2 2 1 L nergie hydro lectrique L industrialisation de la r gion est redevable la capacit nerg tique et dans une moindre mesure aux transports Le fort potentiel hydraulique de celle ci a suscit d s le d but du XX me si cle l int r t des capitalistes qui voyaient l harnachement des affluents du Lac St Jean et du Saguenay comme une source consid rable d nergie lectrique Ainsi en 1900 Thomas L Willson Union Carbide acquiert avec L T Haggins les droits hydro lectriques du Lac St Jean et de la rivi re Saguenay 3 Toutefois c est la Quebec Development Company sous la
58. ndition sociale ethnique et civile des travailleurs la mobilit du personnel entre 1925 et 1939 tait tr s grande plus de 5 000 personnes ont travaill pour la compagnie ALCAN cette poque M me si Arvida se voulait une cit jardin du haut Saguenay construite par l Aluminium Company of Canada Limited 18 et ce avec 370 personnes par mille carr 222 h Km 9 elle ne parvenait gu re garder ses habitants plus de deux ans Par la suite les choses vont changer Les recensements de 1941 1951 et 1961 nous apprennent que cette instabilit s est estomp e principalement pour les Canadien frangais Toutefois la mobilit est demeur e importante pour les autres ethnies mis part les Europ ens de l Ouest les Allemands et les Hollandais surtout 7 17 Igartua Jos E de Fr minville Marine Les origines des travailleurs de l ALCAN au Saguenay 1925 1939 in Revue d Histoire de l Am rique Fran aise Volume 37 no 2 septembre 1983 page 295 18 ALCAN Le Lingot Arvida Volume III no 36 janvier 1946 page 1 19 Densit moyenne de la population Arvida en 1946 comparativement Jonqui re o il y avait 5 200 habitants par mille carr Cf Brouilleue Beno t L habitat et les populations du Saguenay in L actualit conomique Montr al janvier 1947 page 660 20 Gouvernement du Canada Recensements du Canada 1941 Ottawa Imprimeur du Roi 1942 Gouver nement du Canada Recensements du Canad
59. nditions de l occupation de l espace 6 Nombreuses sont les th ories conomiques qui ins rent le facteur transport dans le processus de la localisation des entreprises Avec le principe de la substitution des facteurs 7 ces th ories sont encore dominantes aujourd hui On doit ici indiquer qu en gestion classique si les co ts de transport d passent 5 du co t de production la localisation des infrastructures industrielles est d pendante du transport toutefois entre 2 et 5 du co t r el le facteur transport est non d terminant 8 Il ne fait nul doute que cet aspect du mode de production fut d terminant du mode de vie de certaines communaut s dont celle que nous tudions L exemple de la ville de Roberval en t moigne ad quatement celle ci fut d s l arriv e du chemin de fer en 1888 le centre d attraction majeur voire 6 Wolkowitsh Maurice G ographie des transports Paris Armand Colin Collection U 1973 page 234 7 Cf Lajugie Joseph Delfaud Pierre Lacour Claude Espace r gional et am nagement du territoire Paris Pr cis Dalloz 1979 pp 9 66 8 Wolkowitsh Op cit page 236 33 la plaque tournante de la production r gionale Tout cela malgr un r seau routier fort primitif 9 Certes le transport maritime sur le Lac St Jean et sur le Saguenay n est pas tranger cette situation m me s il tait op rationnel huit mois par ann e 2 1 2 Les p tes et papiers Le premier demi
60. ne M thodes des sciences sociales Paris Pr cis Dalloz 1986 page 125 CHAPITRE I Les concepts de communaut soci t de prol tarisation et de s gr gation 11 La connaissance scientifique est toujours la r forme d une illusion Gaston Bachelard 12 Cette partie sera consacr e la revue et l tude des concepts retenus comme base th orique l argumentation historique et empirique de ce m moire La dichotomie communaut soci t le concept de prol tarisation et les th ories de la s gr gation urbaine formeront les trois axiomes de la d marche ceux ci s ajouteront des l ments compl mentaires utiles au travail Dans le chapitre traitant de l historique du sujet on soulignera les l ments clefs li s aux postulats ci dessus Ici 1 s agit de mettre en rapport certaines donn es historiques avec les donn es conceptuelles pour ensuite se diriger vers une tude empirique 1 1 La dichotomie communaut et soci t Avant tout nous postulerons qu il existe une dichotomie entre les notions de communaut et de soci t Celle ci servira de base l tude des rapports entre la communaut d Arvida par extension celle de la r gion d appartenance et les soci t s qu b coises canadiennes et am ricaines 13 C est Ferdinand T nnies qui en conceptualisant l opposition communaut soci t pr cise la notion de communaut qui sera ici retenue La Wesenwille de T nn
61. ne avec ses attributs quant aux modes de production et aux modes de vie Signalons que dans la pr sente situation il ne s agit pas d une rupture totale entre communaut soci t et ruralit modernit mais plut t d un processus de transformation par osmose et non par r volution la lumi re des postulats nonc s on pourrait repr senter comme suit ce processus de transformation qui a touch la r gion en question de 1889 1990 Figure 1 A 1889 1975 1990 RUTAT Modernit Post modernit Communaut SOCI T este Micro localit Paysannerie Prol tariat Organisation Homog n it H t rog n it Allog n it 18 La figure pr c dente illustre l essentiel de la modification soci tale de la cit et de sa r gion En projetant les observations actuelles la p riode post moderne se dirigerait vers une soci t locale contractuelle 00 les l ments organiques axiologiques seront de moins en moins h t rog nes La post modernit nous r v lera plut t des l ments clat s qui sont diff rents au niveau des identifications et des revendications C est ce que nous appellerons l allog n it Ces transformations sont directement li es aux changements structurels de la soci t 1 2 La prol tarisation de la paysannerie Nous utiliserons essentiellement la th orie marxiste d
62. niveau de la stabilit au travail ainsi qu au niveau ethnique et civil Dans ce cas il est difficile de parler de communaut au sens d fini au Chapitre I tant l instabilit et l h t rog n it par rapport au milieu r gional sont pr sentes La nature artificielle de 13 cit n incite pas non plus qualifier de communaut cette enclave industrielle dans un milieu encore fortement agraire Nous parlerons plut t d une phase d essai de l application d un mod le industriel et social Il s agit en fait d une greffe dont les fruits se sont fait attendre cause de certains facteurs culturels et conjoncturels crise des ann es 1930 r sistance de la paysannerie etc La cit d Arvida n est pas une 81 communaut r gionale durant les ann es 1925 1945 elle r unit cependant les conditions socio conomiques pour une extension du capitalisme monopolistique d tat qui se d ploiera plus tard La plupart des signes d existence d une communaut au sens de T nnies apparaissent apr s le second conflit mondial Une plus grande homog n it sociale s installe avec une identification forte la municipalit C est une communaut de sang de lieu et d esprit qui merge lentement titre d indice il existait pr s de 117 clubs et associations diverses Arvida en 1954 1 et ce pour une population valu e 12 347 habitants Cette solidarit organique au sens de Durkheim allait jusqu bannir de la c
63. nts nous donnent 210 points Incluant le nombre de pieds carr s le solage l quipement la finition le type d habitation l isolation et la qualit du lot 10 Cf Archives cit d Arvida ville de Jonqui re Rental Evaluation Applicable to Detached amp Semi Detached Dwelling Arvida january 1949 Bipkothequs niversk du Qu bec Chicoutims 70 Ainsi chaque habitation tait cot e selon sa valeur en points 400 points 30 mois 500 points 40 mois 900 points 80 mois etc A titre d exemple un logement situ au sud de l usine construit par la Wartime Housing Limited valait en 1949 290 points soit 20 par mois l oppos un domicile situ au nord de l usine sur la rue Radin pr s du Manoir du Saguenay tait cot 862 points ou 75 mensuel Les carts de prix tant tr s forts jusqu 500 les carts sociaux sont facilement rep rables dans la trame urbaine Les habitats et habitations traduisent effectivement une s gr gation spatiale et sociale deux niveaux Le premier touche la s lection du r sident par le propri taire le second est la fixation du prix par ce dernier On comprendra qu cette poque un employ d une autre entreprise m me avec de bons revenus ne pouvait acc der au statut d Arvidien Soulignons ici qu partir de 1941 la compagnie d bute la vente des maisons rig es sur son territoire toutefois l entreprise demeure propri taire du so
64. ons sociales 1982 page 118 13 Grawitz Madeleine M thodes des sciences sociales Paris Dalloz 1986 page 126 14 Nous devons indiquer qu il existe deux courants concernant le r gime seigneurial du Canada fran ais chez les historiens Le premier affirme que le r gime en question n tait qu une extension du syst me f odal fran ais sans plus d adaptation la colonie d Am rique Signifiant ainsi que le seigneur tait roi et ma tre de ses censitaires Le second courant plus mod r propose que le syst me seigneurial en place au Canada n tait en d finitive qu un syst me de peuplement et le seigneur un simple agent de colonisation insensible l app t du gain Cf Ouellet Fernand Histoi nomi 1 Tome II Montr al Fides 1971 page 385 17 Dans le cas qui nous pr occupe on peut douter que les colons saguen ens issus en grande majorit de Charlevoix o le r gime seigneurial tait essoufl voulaient se passer d un syst me qui les a fait fuir leur r gion d origine Cependant ce r gime tait assez bien ancr dans les m urs La pratique seigneuriale une fois pur e de ses l ments irritants tait tol rable chez les premiers habitants Les relations quasi seigneuriales peuvent renforcer le postulat que nous soutenons sur la nature homog ne d Arvida De plus cet l ment illustre ad quatement la lente transformation de la nature paysanne de la communaut vers une soci t moder
65. onserverons pour la pr sente leur perception de la s gr gation urbaine Une citation pr sente bien l essence du concept de s gr gation tel que per u par l cole en question Le processus de s gr gation fa onne des unit s cologiques espaces dont le contenu social est homog ne et diff renci des unit s ext rieures 24 Restons l cole de Chicago pour identifier les caract ristiques de la s gr gation urbaine L o des individus de m me race et de m me profession vivent ensemble dans des groupes s gr g s le sentiment d appartenance au voisinage 24 Ti vant Sophie Les tudes de communaut et 18 ville h ritage et probl mes in Sociologie du Travail 2 83 page 246 24 tend fusionner avec les antagonismes raciaux et les int r ts de classes gt Le voisinage cette communaut de lieu et d esprit d passe les int r ts de classe et de race Burgess ajoute Car la s gr gation offre au groupe et par 14 m me aux individus qui le composent une place et un r le dans l organisation totale de la vie urbaine 26 Ainsi la ville constitue la repr sentation physique de la division du travail qui est le fondement de la s gr gation urbaine En nous renvoyant ainsi a la division du travail comme la source de la s gr gation nous serions tent s d tablir des corr lations avec l analyse marxiste qui consid re celle ci comme moteur du capit
66. ontained economy can generate a most intense response to economically related incidents 5 Encore secou s par les r sultats de la fusion les r sidents durent affronter une autre crise plus grave celle l La crise d abord conjoncturelle puis structurelle qui frappa l industrie mondiale n pargna pas le secteur de 49 Notons les particularit s d une seigneurie moderne autonomie administrative s culaire mono industrie bienveillante identit communale forte etc 50 Coleman James S Community Conflict New York Free Press of Glencoe 1957 page 6 51 l aluminium Nous avons vu que pendant les ann es 1930 les infrastructures industrielles r gionales sont 4 la merci des soubresauts des march s mondiaux Certes sensibles aux fluctuations du march de l aluminium les usines locales ont prouv leur fragilit quand il fut question de restructuration du travail et de modernisation de l appareil de production Ces deux l ments sont encore inscrits aujourd hui dans l agenda de la gestion des installations d Arvida En se d tachant progressivement de la seigneurie qu tait ALCAN la municipalit s est vue confront e des r alit s juridiques et gouvernementales qui lui ont fait perdre son autonomie et son identit l gale 5 Parall lement ce ph nom ne l insertion dans une soci t globale et globalisante la Gesellschaft a remis en question la nature industrielle d Arvida en la confront
67. r gion administrative 02 remonte cependant la d couverte du Canada par Jacques Cartier en 1534 peut tre bien avant si l on consid re les visites des Vikings ou des p cheurs Basques dans l estuaire du fleuve St Laurent C est sous l appellation du Domaine du Roy que pendant le r gime fran ais la r gion demeure un lieu de traite des fourrures et un passage vers la Baie James Nulle colonisation intensive ne s y pratiqua pendant cette p riode soit de 1534 1763 30 Avec la pouss e d mographique dans le comt de Charlevoix les r bellions de 1837 1838 et dans un esprit de self government le gouvernement du Bas Canada ouvre une br che la colonisation en 1837 Effectivement la Compagnie de Baie d Hudson se voyait oblig e d accorder un droit de coupe de pin blanc et d tablissement de scieries des individus regroup s sous l appelation de la Soci t des Vingt et Un Pendant que les premiers colons perdaient leur ind pendance vis vis les ressources foresti res la d sillusion gagnait ceux qui avaient opt pour l agriculture 3 Terrains accident s sols pauvres et climat difficile sont les causes les plus courantes de cette situation Qui plus est les techniques agricoles et les pratiques sociales taient directement issues du r gime seigneurial 4 C est dans ce cadre qu une forte d pendance se cr e envers d une part le gouvernement du Canada Uni qui doit supporter bien souvent la subsistance des co
68. r quemment rencontr es Le plan 3 D de la page suivante nous montre un logement ouvrier de type semi d tach qui se louait 14 50 par mois en 1945 Le dessin 3 E illustre un duplex semi d tach 20 par mois Le plan 3 F expose un duplex 22 50 mensuellement Enfin le mod le 3 G repr sente une maison unifamiliale 4 48 par mois toujours en 1945 8 Pratiquement toutes les r sidences d ouvriers taient mont es en pi ces d tach es Ces maisons comportaient g n ralement six pi ces ce qui tait petit pour la famille saguenayenne de l poque Elles taient mal isol es sans doute d la conception new yorkaise qui s inspirait toutefois de mod les de maisons qu b coises On doit souligner que les quatre mod les d habitation taient diff remment align s sur une rue vitant de cette fa on l homog n it du paysage La photo 3 C en t moigne partiellement Les maisons destin es aux ouvriers taient localis es aux environs imm diats de l usine soit au sud et l ouest de cette derni re Les b timents construits pour les nouveaux travailleurs au cours du second conflit mondial sont situ s au sud et l est de la fonderie d aluminium cet endroit les r sidences sont dans le vent avec les probl mes que cela peut engendrer videmment ces particularit s ont t consid r es dans le prix de location Signalons que le revenu mensuel moyen par m nage tait d environ 200 en 1945 6
69. r dans un premier temps La photo num ris e 3 A de la page suivante montre le plan de l poque noter que le nord est en bas de la photo Le trac en dessous illustre mieux l originalit de la trame urbaine De ce plan originaire on peut retenir quelques caracf ristiques qui ont t maintenues dans les transformations futures Ainsi nous constatons que les quartiers r sidentiels taient planifi s selon des cellules autonomes d habitations Ces derni res tant assez isol es les unes des autres Les quartiers s talaient sur une trame de rues non orthogonales contrastant avec les mod les en damiers plus fr quents 2 Campbell Duncan C Mission mondiale Histoire d ALCAN volume I jusqu 1950 5 1 Ontario Publishing Company 1985 page 126 3 Une maquette trois dimensions de ce plan est toujours visible la Soci t Historique du Saguenay de Chicoutimi 59 Photo 3 A PLAN INITIAL DE LA CITE D ARVIDA Riviere SAGUENAY 60 Notons galement la place centrale qu occupe l usine on l a pr voyait d j norme en 1925 Le quartier des affaires et du commerce est situ pr s de celle ci tout comme pr sentement On doit aussi signaler l usage extensif des terrains proximit de la rivi re Saguenay Aujourd hui ceux ci sont nettement moins utilis s De plus certaines zones laissaient pr sumer une utilisation r cr ative et h teli re Avec la transformation de la propri t de l ent
70. ransformations d une communaut vers une soci t s articulent autour de la division du travail Ce ph nom ne illustre clairement que la modernisation de la r gion entrainait un red ploiement des activit s mat rielles et intellectuelles vers le capitalisme monopoliste d tat Parall lement 4 ces modifications structurelles on remarquait les caract ristiques d un mod le seigneurial dans les rapports qu avait ALCAN avec ses employ s et la communaut Le triptyque tat glise Entreprise l gitimait le r le de Seigneur la soci t d aluminium Il faudra attendre les ann es 1960 et 1970 pour voir dispara tre la seigneuralit industrielle au Saguenay Lac Saint Jean Quant au mode de production capitaliste sa mise en place est directement li e la d l gation tatique et aux investissements massifs du secteur priv De plus il s incrit parfaitement dans l extension du d but du si cle du capital industriel et financier dans les p riph ries 92 Enfin la th orie de la s gr gation labor e par l cole de Chicago nous apprend que la division du travail est la pierre angulaire de la diff renciation sociale que nous appellerons la s gr gation spatiale Dans le cas pr sent l aspect racial de la s paration des groupes a t vacu au profit de la division du travail comme indicateur privil gi Le second chapitre permet de remonter aux sources de la probl matique de d par
71. reprise et la crise des ann es 1930 la planification urbaine d Arvida s est faite plus modeste pour l illustrer le plan d Arvida 3 B de la page suivante paraissait en 1938 dans le journal La Sentinelle le nord est gauche Pendant 13 ans la croissance de la ville a t pratiquement nulle En effet en 1938 la population d Arvida tait de 2 510 habitants soit pr s de 1 000 de moins que dix ans auparavant Cette situation a limit l essentiel la r alisation de la trame urbaine pr vue 61 Plan 3 5 g n ral de la cit d Arvida AL LITMIN UNS PLANT ais Y EN mu al une carte topographique d Arvida indiquant le nom des rucs et leur orientation Elle sora comme un compl ment des r cents articles qui ont t Hans cette page et de ceux qui vont suivre On sait que Io cit d Arvida a tir san nom de ceux de son ancien pr sident M ARthur Vining DAvie source La Sentinelle 30 septembre 1938 suppl ment Avec l expansion du temps de guerre la d cennie 1938 1948 a vu compl ter la majeure partie des propositions d urbanisme Mentionnons que la population a quadrupl pendant cette p riode La carte 3 C de la page suivante trace le portrait d Arvida en 1949 le nord est gauche Elle fournit galement des indications pertinentes la probl matique de ce m moire comme nous le verrons dans les prochaines sections 4 Des plans 3 B et 3 C on notera que l usine n est pas dessin e sur ceux ci
72. ress 1957 pp 64 102 11 Mendras Henri Fors Michel Le changement social Paris Armand Colin collection U 1983 page 41 16 qui traduit le modernisme 12 Secundo au niveau social entre le traditionnel que repr sentent la paysannerie et le moderne qui se caract rise par le salariat prol tariat Bri vement la dichotomie nonc e s exprimerait ainsi L homog n it c est la communaut l h t rog n it c est la soci t 13 Les pisodes de l histoire d Arvida t moignent plusieurs reprises des frictions entre homog n it et h t rog n it le contr le des niveaux d eau de la rivi re Saguenay et du lac St Jean les crises de 1929 et 1981 les gr ves de la p riode des grands travaux et la fusion forc e de 1976 sont des exemples probants 1 1 1 Une caract ristique transitoire la seigneuralit Nous verrons ici le type d autorit qui plusieurs gards peut tre associ au mod le autoritaire connu l poque seigneuriale On doit se rappeler le champ de l autorit de la seigneurie que serait ALCAN Arvida et les comportements des gouvernements successifs l endroit de l entreprise et de ses sujets pour bien saisir l ampleur de ce ph nom ne 14 12 Comme Karl Marx nous l indique La plus grande division du travail mat riel et intellectuel 651 la s paration de la ville et de la campagne in Marx Karl Engels Friedrich L id ologie allemande Paris diti
73. ruction de la ville et de l usine se poursuivait rapidement Les urbanistes pr voyaient construire au d part 270 26 B langer L onidas La ville de l aluminium in Saguenayensia mai juin 1971 Vol 13 no 3 pp 65 66 27 Celui ci fut r ellement le premier maire mais sa citoyennet am ricaine ne l autorisa assumer de telles fonctions 40 maisons vingt seraient allou es 8 la direction cinquante aux contremaitres et employ s de bureau et 200 aux ouvriers 28 Un an et trois jours apr s le d but des travaux soit le 27 juillet 1926 les premiers lingots sortaient de l usine De juillet 1926 octobre 1929 la ville d Arvida atteignit sa premi re phase d expansion En 1927 les rues furent clair es au printemps de cette ann e l un grand nombre d arbres ont t plant s dans une initiative conjointe de la compagnie et des citoyens 29 C est galement en 1927 que le boulevard Taschereau entre Chicoutimi et K nogami fut inaugur Son nom est en l honneur du Premier Ministre de la province qui a t un collaborateur pr cieux des capitalistes anglo saxons responsables de la l industrialisation puis de la modernisation du Saguenay 2 2 2 1 Crises et croissance La seule ombre au tableau qui soit apparue cette poque fut celle de la s paration des corps et biens d ALCOA au Canada en une nouvelle soci t Aluminum Limited qui deviendra Aluminum of Canada Effectivement le 28 Encore ici
74. s GRAWITZ Madeleine Leca Jean Trait de science politique volume MI l action politique Paris P U F 1985 713 pages HUET Armel P ron Ren Sauvage Andr Urbanisation capitaliste et pouvoir local Paris Jean Pierre Delarge Editeur 1977 259 pages 104 KLEIN Juan Luis sous la direction de Am nagement et d veloppement vers de nouvelles pratiques in Cahiers de l A C F A S Montr al 2O 38 1986 200 pages KLEIN Juan Luis D fi au d veloppement r gional Sillery P U Q 1986 169 pages LENINE Vladimir I Imp rialisme stade supr me du capitalisme Paris ditions sociales 1967 LIPIETZ Alain Le capital et son espace Paris La D couverte Masp ro 1983 178 pages MARX Karl Engels Friedrich L id ologie allemande Paris ditions Sociales 1982 279 pages MENDRAS Henri Fors Michel Le changement social Paris Armand Colin Collection U 1983 284 pages MORIN Edgar Le paradigme perdu la nature humaine Paris Seuil 1973 247 pages NIOSI Jorge Les multinationales canadiennes Montr al Bor al Express 1982 220 pages 105 OUELLET Fernand Histoire conomique et sociale du Qu bec 1760 1850 2 tomes Montr al Fides 1971 639 pages PEACH Ceri Edit par Urban social segregation London Longman text 1975 444 pages REX J Moore M Race Community and Conflict A study of Sparbrook Oxford Oxford University Press 1967 ROCHER
75. s E Igartua et Marine de Fr minville tracent un portrait relativement complet de la g n ration d ouvriers 1925 1939 Bien que cette p riode couvre partiellement celle qui est tudi e elle r v le n anmoins les caract ristiques g n rales des travailleurs d Arvida Les racines ethniques des travailleurs de la compagnie ALCAN se r partissaient comme suit 54 6 taient des Canadiens fran ais 36 1 des ouvriers immigrants et 10 3 des Canadiens autres que francophones Des immigrants la plus forte proportion tait finlandaise suivie des Th ques des 14 Igartua Jos E de Fr minville Marine Les origines des travailleurs de l ALCAN au Saguenay 1925 1939 in Revue d Histoire de l Am rique Fran aise Volume 37 no 2 septembre 1983 pp 291 308 15 Gouvernement du Canada Recensements du Canada 1931 Ottawa Imprimeur du Roi 1932 Gouvernement du Canada Recensements du Canada 1941 Ottawa Imprimeur du Roi 1942 72 Yougoslaves et des Polonais Les autres taient Italiens Allemands Ukrainiens et Russes 5 Soulignons que les trois quarts de la main d uvre recrut e provenait de l ext rieur du Saguenay Lac St Jean Cette situation n tait pas due l absence de travailleurs potentiels mais plut t parce que les Saguenayens taient r barbatifs travailler dans une fonderie d aluminium Comme le souligne Albert W Whitaker surintendant g n ral Arvida les habitants de la r gion pr f raien
76. s Rappelons que la s lection du citoyen se faisait par l entreprise au m me titre que la r partition du lieu de r sidence Deuxi mement il faut signaler que 18 cit s est transform e en deux tapes La p riode s talant de 1925 1945 tait sujette un statisme dans le sch ma urbain et un dynamisme quant au roulement de personnel l usine et dans la ville L poque 1946 1976 a produit le ph nom ne inverse expansion spatiale et permanence de la main d uvre r sidente Malgr les efforts de l entreprise pour stabiliser les ouvriers c est la crise des ann es 1930 et la deuxi me guerre mondiale qui sont les principaux responsables de ce ph nom ne 1 Vente des terrains et immeubles financement accessible etc 94 Au niveau de la s gr gation spatiale c est la hi rarchie 2 la fid lit l entreprise et le statut civil qui taient les facteurs d terminants de la s paration des groupes sociaux La quatri me et derni re partie de ce m moire confirme en quelque sorte les soup ons formul s en Introduction Premi rement la communaut d Arvida telle qu entendue dans ce texte n est pas apparue la cr ation de la ville Pr s de vingt ans se sont coul s avant qu elle ne se formalise Une incertitude sociale et conomique coupl e une r sistance des habitants de la r gion a frein ce processus Deuxi mement on doit prendre note que cette r sistance tait pr sente
77. s dans une moindre mesure accorde ou d l gue le d veloppement conomique aux entreprises en leur conc dant notamment des avantages comparatifs importants 55 Qui plus est le soutien tatique s tend jusqu aux assurances financi res sociales et m me militaires en temps de guerre En d lestant ces fonctions sociales civiles hospitali res scolaires etc l entreprise ALCAN supprimait un fardeau financier tout en donnant l tat la mission qu il s est d couvert pendant les ann es 1960 et qu il tente d assumer aujourd hui 54 Pour une explication classique voir Weber Max L thique protestante et l esprit du capitalisme Paris Librairie Plon 1967 page 31 55 Les droits de gestion des eaux la non nationalisation des r seaux hydro lectriques les baux de longue dur e sur les affluents du Lac St Jean et du Saguenay et la protection des installations sont des exemples fort vocateurs 54 Comme le note P W Boudreault sur la conception actuelle de la mission de l tat La soci t est vue sur le mod le de l usine et avant d tudier le r le de la soci t locale eu gard son espace productif on tente d organiser le social selon le mod le de l entreprise 56 Une conclusion de Louise Quesnel de l Universit Laval illustre bien les prospectives qui s amorcent Il ne faut donc pas s attendre ce que la d centralisation programm e du Centre entra ne des modifications profondes
78. s lente Elle s est r alis e partir de l arriv e du chemin de fer en 1889 jusqu au d but de la deuxi me guerre mondiale Dans ce cas il s agit du t moignage d une communaut r calcitrante l industrialisation rapide et massive Nous avons aussi signal plusieurs l ments d un mod le seigneurial pur et modernis Le triptyque tat glise Entreprise assoyait la 88 domination du capitalisme monopoliste d tat sur la r gion et la nation N anmoins une r sistance passive tait pr sente au niveau r gional Et enfin la s gr gation sociale et spatiale tait v rifiable malgr son caract re artificiel En effet contrairement au mod le de l cole de Chicago la s gr gation Arvida n originait que d un seul responsable ALCAN Bref tout indique que l hypoth se g n rale de ce m moire sera confirm e dans la derni re partie qui suit 90 M enfin Gaston Lagaffe 91 Au terme de ce m moire nous r sumerons les indicateurs essentiels au niveau th orique historique et empirique Par la suite on proc dera la v rification de question et de l hypoth se sp cifique de ce m moire En guise de prospective ce sont les th mes relatifs au d veloppement urbain et r gional qui seront questionn s Le premier chapitre nous ram ne aux concepts utiles l analyse historique et empirique La dichotomie Gemeinschaft Gesellschaft de Ferdinand T nnies indique que les t
79. si cle de l histoire r gionale fut celui de la colonisation et de la coupe du bois d uvre le second avec l extension des moyens de transport et la production d hydro lectricit est synonyme d implantation d industries de p tes et papiers Avec la forte croissance de la demande et l am lioration des techniques de production l industrie des p tes et papiers appara t comme la progression logique des entreprises Price dans l expansion de leurs march s Signalons que s ajoutent aux structures locales de plus petites unit s de production souvent ant rieures Price Brothers comme celles de J A Dubuc qui sont d pendantes au niveau de capitalisation du moins des entreprises Price Ces derni res sont rapidement devenues les plus gros employeurs de la r gion devan ant m me l industrie de l aluminium naissante 10 Toute cette activit Bes 9 Girard Camil Perron Normand Histoire du Saguenay Lac St Jean Qu bec I Q R C 1989 page 10 En 1927 la soci t Price Brothers est le plus grand employeur de la r gion du Saguenay Lac St Jean Cf Girard Perron Op cit page 310 34 industrielle s est videmment refl t e sur la d mographie la population r gionale passe de 37 195 mes en 1901 105 977 en 1931 soit une croissance de 185 en trente ans 11 2 2 La modernit 1889 1975 Nous retiendrons la d finition d Alain Touraine pour qui la modernit est synonyme de l expansion mondiale du ratio
80. sociales du capitalisme p riph rique Paris Editions de minuit 1973 365 pages BOUCHER Lysette Gagnon Claude Un regard anthropologique sur les mod les de r ussite d entreprise le cas qu b cois in Revue P M O Chicoutimi Volume I 0 6 1986 pp 14 16 BOURQUE Gilles L tat capitaliste et la question nationale Montr al P U M 1977 384 pages CALVEZ Jean Yves La pens e de Karl Marx Paris ditions du Seuil Points Politiques 1970 375 pages CASTELLS Manuel Godard Francis Monopolville Paris Mouton 1974 496 pages CHEVALIER Jacques Fr mont Armand Soci t M tallurgique de Normandie Caen Centre de publication de l Universit de Caen COLEMAN James 5 Community conflict New York Free Press of Glencoe 1957 27 pages 103 Collectif De l usine on peut voir la 1 11 6 Paris Denis Duclos 1981 397 pages CRITIQUES DE L ECONOMIE POLITIQUE Th orie conomique et pratiques sociales Paris La D couvert Masp ro avril septembre 1983 nos 23 24 294 pages DURKHEIM mile De la division du travail social Paris F lix Alcan 1911 416 pages EMMANUEL Arghiri L change in gal Paris Masp ro 1979 422 pages GOFFMAN Erving La mise en sc ne de la vie quotidienne 1 18 pr sentation de soi Paris Editions de minuit 1973 255 pages GRAFMEYER Yves Joseph Isaac textes traduits par L cole de Chicago Paris Editions Aubier Montaigne 1984 330 page
81. son de la m thode scientifique et l tude de communaut urbaine A cet effet Sophie Ti vant dans ses Etudes de communaut et la ville h ritage et probl mes souligne Donc l tude de communaut permet peut tre de satisfaire au mieux en science sociale aux deux imp ratifs de toute science laborer des hypoth ses partir de la perception empirique des relations entre les ph nom nes pertinents v rifier les g n ralisations par un retour l empirie 2 C est donc la cit d Arvida 3 dans la r gion du Saguenay qui sera le corpus de cette tude Le choix de cette municipalit s explique par trois raisons D abord parce que cette cit a t longtemps une exclusivit contr l e par une entreprise transnationale ALCAN 4 Ensuite la nature r gionale ou p riph rique de cette ville tait incitatrice ce choix Et enfin parce que la cit est relativement jeune 65 ans en 1991 ce qui signifie une source fra che de donn es non disparates 2 Ti vant Sophie Les tudes de communaut et la ville h ritage et probl mes in Sociologie du Travail 2 83 page 250 3 Le terme cit sera utilis sans restriction tymologique celui ci se r f rant la l gislation municipale 4 titre d exemple quand la ville obtint sa charte en 1926 celle ci avait la particularit de conc der le contr le total de la municipalit la soci t ALCAN jusqu en janvier 1931 Il f
82. ssez int gral Seules les conjonctures conomiques crises et politiques guerre ont ralenti ou acc l r le d veloppement d Arvida Les transformations de la trame urbaine en tant que telles ont t assez minces Secundo c est la compagnie ALCAN qui tait le ma tre d uvre des concepts plans terrains infrastructures et difices Ainsi la multinationale tentait de r duire au minimum la sp culation fonci re en maintenant sa mainmise sur les lots et subdivisions Tout comme sur chaque nouvelle construction qui devait tre approuv e par l ALCAN et le Town Planning Commitee M me partir de la cr ation de la Commission d urbanisme d Arvida on ne peut douter de l empreinte de l entreprise sur les sch mas urbains Bouchard Louis Marie Les villes du Saguenay tude g ographique Ottawa Lem ac 1972 page 137 64 3 1 2 Les habitations Cette division touche plus sp cifiquement les habitations qui meublaient Arvida Comme c est le propri taire qui d termine habituellement l emplacement et le taux de location d un logement cela nous permdttra de situer et de visualiser les types d habitations r serv es aux r sidents Il s agit d un indicateur pr cieux pour v rifier le degr de s gr gation en vigueur Arvida cette poque Photo 3 B R SIDENCES DES CADRES EN 1927 source Soci t Historique du Saguenay Fonds ALCAN circa 1927 65 Les premi res maisons construites Arvida
83. struction des barrages le gouvernement du Qu bec a adopt une attitude quelque peu f odale en conc dant lacs et rivi res la bienveillance du secteur priv Et ce sans grande consultation avec la paysannerie r gionale Au cours des ann es qui ont suivi l intervention de l tat qu b cois s est faite tr s discr te face la compagnie d aluminium Quant l tat canadien ses concessions se sont traduites au niveau fiscal ainsi qu la protection des installations industrielles Les avantages fiscaux conc d s la compagnie pendant la guerre ont t les plus importants Cette derni re pouvait b n ficier d un amortissement acc l r de ces infrastructures limitant artificiellement les profits donc l imposition Il s agit d une forme d guis e de subvention destin e r compenser l effort de guerre d ALCAN De plus la protection des usines par l arm e et son 84 intervention pendant les conflits de travail t moignent de l assistance du gouvernement du Canada a la compagnie Enfin m me le gouvernement am ricain a donn son aide 4 ALCAN pendant le second conflit mondial Effectivement pr s de 68 500 000 ont t avanc s par les Etats Unis pour acc l rer les travaux de Shipshaw notamment Et ce en plus des normes commandes fermes d aluminium et des fournitures lourdes destin es aux chantiers Nous avons donc trois Monarques qui ont assist la compagnie d aluminium pour ses efforts vers
84. t la ferme l usine As regards acquiring local French Canadians workers it took a number of years to coax them off the farm in any large number to work indoors particulary to work in the pot rooms and carbon plant Les raisons de cette r sistance sont compr hensibles conditions p nibles de travail l usine m connaissance de l industrie lourde valorisation du travail agricole et probablement une certaine appr hension culturelle et industrielle Le fort roulement de personnel est le second constat important de l tude de Igartua et de Fr minville La dur e moyenne de l emploi est de 20 mois Chez les Canadiens fran ais elle est de 26 mois pour les Europ ens de l Est 15 mois et les Britanniques travaillent en moyenne 10 mois 16 A W Whitaker in Igartua Jos E de Fr minville Marine Les origines des travailleurs de l ALCAN au Saguenay 1925 1939 in R Histoi l Am rique F ise Volume 37 no 2 septembre 1983 page 300 73 On s en doutera les ouvriers mari s travaillent plus longtemps que les c libataires 24 mois contre 16 Pour les man uvres immigrants les motifs de leur d part sont les conditions d emploi p nibles l loignement des familles la langue et la religion diff rentes En ce qui concerne les Canadiens fran ais la r sistance culturelle au sch ma impos associ au milieu de travail difficile sont les causes les plus probables de d fection Enfin peu importe la co
85. t Au fil des d cennies on observe que la d couverte puis le d veloppement c est dire la modernisation de la r gion et d Arvida est du ressort de l entreprise priv e L tat f d ral et provincial ne jouent qu un r le effac du moins jusqu aux ann es 1970 Il est parfois surprenant de constater jusqu quel point l absence d interventions conomiques de l tat alimente la puissance des entreprises de la for t et de l aluminium La responsabilit qui revenait alors aux gouvernements s inscrivait parfaitement dans l arch type de l tat gendarme La compagnie ALCAN avait donc la fin des ann es 1920 carte blanche dans l implantation de ses infrastructures civiles et industrielles Si la question sociale incombait cette derni re force est d admettre que l entreprise a bien tir son pingle du jeu Au m me moment o ALCAN d lestait ses attributs sociaux on assistait une prise en charge par l tat d une 93 part croissante de ce secteur assurance ch mage bien tre social allocations etc Le laisser faire conomique gouvernemental et l autocratisme des entreprises taient donc les fondements politiques et conomiques de la modernisation du Saguenay Lac St Jean et de la cr ation d Arvida Le Chapitre II nous renseigne sur le physique humain et urbain du sujet En premier lieu on constate que la compagnie ALCAN a maintenu un contr le total sur Arvida pendant plus de trente an
86. traduit de plus en plus un tat de d pendance a deux niveaux Le premier touche l espace isolement g ographique agriculture ingrate productivit seigneuriale etc Le second niveau concerne le capital principalement celui des entreprises Price En effet sur le plan salarial le revenu des colons est en somme d termin par le co t des biens et services offerts par leur employeur On peut ais ment tablir la corr lation entre l isolement g ographique et une conomie domestique essouffl e et ce sans oublier l autoritarisme cl rical caract ristique de l poque Ces ph nom nes d marraient un processus de prol tarisation qui allait se compl ter avec l effort industriel du d but du XX me si cle Cette industrialisation fut d ailleurs acc l r e par la modernisation des moyens de transport 5 ce sujet un pamphlet parue en 1926 est fort r v lateur de cette situation Cf C t L P L esclavage au Royaume du Saguenay Montr al Imprimerie populaire 1926 22 pages 32 2 1 1 Les transports Si les ressources naturelles sont attrayantes pour les capitalistes anglo saxons il ne faudrait pas n gliger les moyens de transport principalement le train et le transport maritime comme facteurs de l apparition des structures industrielles au Saguenay Ainsi comme l indique Maurice Wolkowitsh dans son ouvrage G ographie des transports Le syst me de transport intervient comme l ment d cisif des co
87. tte partie sera divis e en deux sections l une touchant l urbain sa conception sa r alisation et son empreinte l autre consacr e au travail et sa hi rarchie l usine et la ville Ces l ments constitueront les indicateurs privil gi s de v rification de la probl matique 12 Cf Grafmeyer Yves Joseph Isaac textes traduits par L cole de Chicago Paris Editions Aubier Montaigne 1984 330 pages C est d ailleurs dans le dernier chapitre du m moire que la d marche th orique et la d marche empirique seront appel es d montrer leurs l ments convergents et divergents tant sur le plan social que spatial Au terme de ce m moire en v rifiant l hypoth se sp cifique nous tenterons d articuler le rapport intime entre la communaut tudi e la Gemeinschaft et celle de la soci t nationale la Gesellschaft 13 Soit entre l ensemble et la composante Et enfin nous nous attarderons 4 questionner le d veloppement urbain la question r gionale et les prospectives qui s y attachent 13 La dichotomie Gemeinschaft Gesellschaft nous provient des travaux de Ferdinand T nnies 1887 consid r comme 16 p re de 18 sociologie allemande et le fondateur de la th orie de la communaut Cf T nnies Ferdinand Community and je meinsch n lschaft New York Michigan State University Press 1957 pp 33 102 Rocher Guy Introduction iologie g n rale Montr al HMH 1992 pp 211 227 Grawitz Madelei
88. ture et int gration Au terme de ce chapitre on peut d sormais d gager plusieurs constats qui seront utiles la d marche de recherche qui suit En respectant la dichotomie pr c demment nonc e on peut regrouper les l ments historiques essentiels en deux sections l une d ordre priv e ou corporative et l autre de nature publique 52 Des structures d concentr es au niveau territorial sont toutefois pr sentes mais nous sommes loin d une r elle d centralisation 53 Girard Camil Perron Normand Histoire du Saguenay Lac St Jean Qu bec I Q R C 1989 pp 595 596 53 En ce qui concerne le secteur priv on doit d abord noter que c est sous le r gime anglais et par des Anglo Saxons que la cit et la r gion se sont d velopp es 54 C est galement avec l implantation d une conomie de march extensive que les cultivateurs paysans se sont transform s en salari s prol taires Parall lement ce ph nom ne il faut souligner la nature quasi seigneuriale de la gestion de l espace et du travail qui s est implant e d s l arriv e des premiers colons pour se d velopper sous une forme capitaliste avec la soci t ALCAN D ailleurs cette derni re b n ficiait de pouvoirs pratiquement illimit s sur Arvida et ses installations entre 1926 et 1953 Tel que mentionn pr c demment le seigneur Arvida se nommait ALCAN Au niveau du secteur public il appara t que l tat encore aujourd hui mai
89. u d veloppement pour cette partie Celle ci s av re pratique parce qu elle offre une clart conceptuelle dans l tude des groupes sociaux et de leurs transformations Ainsi cette seconde rubrique de chapitre s attardera un concept issu de la philosophie marxiste de la praxis la prol tarisation Il s agit d un indicateur clef du changement social dont le mode de production est tributaire Selon les analyses de Samir Amin les communaut s r gionales seraient de nature pr capitaliste il nous le rappelle Toutes les soci t s pr capitalistes sont des formations sociales combinants les m mes l ments caract ris es par 1 la domination d un 19 mode de production communautaire ou tributaire 2 l existence de rapports marchands simples dans des sph res limit es 3 l existence de rapports de commerce lointain 5 Pour sa part P P Rey indique que Le mode de production capitaliste a toujours besoin d un rapport extra conomique pour prendre pied dans une formation pr capitaliste 16 Ce ph nom ne s est illustr par l arriv e massive de travailleurs et patrons immigrants qui par leur culture sociale et conomique constituent une force extra conomique de changement social Et ce au m me titre que les fr quentes alliances entre le grand capital anglo saxon et l tat qu b cois Dans le contexte tudi nous postulerons que la prol tarisation caract ristique du capitalisme est s
90. une repr sentation originale des lites et patrons impliqu s dans le processus de modernisation de la r gion Le portrait que l on trace ici s inspire du pouvoir seigneurial classique glise Roi et Seigneur Le r le de l glise catholique parfois consid r e comme r actionnaire s est vite accomod e du progr s qu implantaient les capitalistes anglo saxons D s 1926 les autorit s religieuses louangeaient les nouveaux arrivants L ordre la m thode l efficacit et la rapidit dans l ex cution sont les principales caract ristiques de l organisation de progr s qui vient de s installer chez nous 3 3 Arvida la ville de l aluminium in Progr s du Saguenay Chicoutimi 14 janvier 1926 83 Maintes et maintes fois les cur s ont f licit les cadres pour le respect qu ils pouvaient accorder au dimanche Il est vrai que les patrons ont vite per u dans l glise catholique une alli e potentielle qu il fallait viter d irriter Les premiers dons de la compagnie d aluminium furent videmment pour les eccl siastiques et leurs fabriques En b nissant du moins de facto les installations et autorit s industrielles l glise catholique l gitimait en quelque sorte le pouvoir temporel de la compagnie ALCAN Le r le de Roi est accord aux tats am ricains canadiens et qu b cois Ces trois gouvernements ont donn pratiquement carte blanche l entreprise en plusieurs occasions D abord d s 18 con
91. uoique pas toujours suivis la lettre les plans directeurs ont t respect s dans leur concept 25 Gagnon Sylvain Evolution de Jonqui re s L s 6 39 La cit d Arvida fut constitu e le 24 mars 1926 16 George V ch 78 avant m me que la premi re maison ait t construite La charte de la ville avait la particularit conc der le contr le total de la municipalit la soci t ALCAN jusqu en janvier 1931 Ainsi l entreprise en question poss dait la fois terrains et domiciles sur le territoire d Arvida De plus il faut souligner que c est la soci t ALCOA qui nommait les trois chevins ceux ci devaient lire le maire parmi leur rang De plus les conseillers municipaux n taient pas oblig s de r sider Arvida La premi re r union du conseil municipal eut lieu le 3 mai 1926 elle tait compos e de Frank E Dickie au si ge num ro trois de J Achille Vallerand au si ge num ro un toujours assum par un Canadien fran ais et de John P Walsh au si ge num ro deux 26 Le premier maire fut F E Dickie assist du secr taire tr sorier Armand Viau et du g rant municipal Harold R Wake 27 Il fallut attendre le 2 f vrier 1953 pour que le maire et les d sormais sept chevins soient lus par les lecteurs propri taires C est effectivement partir de ce moment l que la majorit des citoyens d Arvida furent propri taires de leurs r sidences Depuis le ler juin 1926 la const
92. urbanisme et Arthur Davis lui m me veillait la conformit architecturale Les travaux de l usine de la ville et de la centrale de Chute a Caron suivaient un calendrier charg Le 10 septembre 1925 l excavation pour les fondations d butait en octobre les charpentes apparaissaient et en novembre de la m me ann e les forages n cessaires Chute a Caron taient pr ts 25 21 Voir l Annexe I 22 Selon l historique de la soci t ALCAN il semblerait que l achat de ces terres ne posa aucun probl me et que les offres furent publiques vitant ainsi toute sp culation possible Cette version des faits est n anmoins surprenante compte tenu des difficult s majeures rencontr es au Lac Saint Jean Cf Campbell Duncan C Mission mondi istoire 0 volume I j 1950 s 1 Ontario Publishing Company 1985 page 116 23 Cette compagnie qui appartenait A Duke 75 et Price 25 fut scind e en deux entit s en janvier 1925 La premi re la Duke Price Power Company qui allait devenir Forces Motrices du Saguenay poss dait Isle Maligne et la seconde soci t la Compagnie d lectricit de Chute Caron devenait propri taire du r servoir harnacher Cf Campbell Op cit page 102 24 Les plans de cette derni re furent confi s aux architectes de New York Hjalmar E Skooger et Gamble Rogers Les sch mas urbains taient d avant garde pour l poque ils taient con us l image des New Towns britanniques Q
93. vida Il est toutefois n cessaire d apporter des pr cisions et des nuances cette affirmation En effet aucune donn e n a t retrac e concernant l intention formelle de la soci t ALCAN de s parer en groupes les r sidents d Arvida La s gr gation s tant produite subtilement c est un ensemble de documents cartes tableaux donn es qui furent les indicateurs privil gi s Il ne s agit donc pas d un complot financier et industriel visant asservir la population r gionale Signalons qu avec le transfert des pouvoirs de la compagnie vers la ville pendant les ann es soixante et soixante dix la s paration des groupes sociaux s est institutionnalis e laissant ainsi les lus municipaux et les fonctionnaires poursuivrent l uvre d ALCAN 96 La cit d Arvida tait un laboratoire du modernisme qui laisse place aujourd hui une post modernit encore embryonnaire Le d veloppement urbain est d sormais la que Arvida Il est peu probable que dans un avenir rapproch l empreinte d ALCAN disparaisse L volution de la municipalit se fera au m me rythme que les autres entit s urbaines de la r gion Seule une modification structurelle majeure comme un changement de vocation industrielle transformerait le sujet l tude Le pass n est pas garant de l avenir au Saguenay Lac St Jean Il nous enseigne n anmoins certaines choses que les Etats provincial et f d ral ne sont jamais
94. x tudes avanc es de l Universit de cette r gion Si le pr sent document est l uvre de l auteur il n en porte pas seul la paternit C est gr ce au travail fort minutieux du directeur de ce m moire Monsieur Pierre Wilfrid Boudreault que cette recherche a vu le jour Je m en voudrais d oublier tout le personnel de la Ma trise en tudes R gionales les employ s es des Archives Nationales du Qu bec de la Soci t Historique du Saguenay des relations publiques de S C A L et du service du greffe de la ville de Jonqui re tous et toutes mes remerciements sinc res Jean Claude Bouchard Introduction CHAPITRE I Les concepts de communaut soci t de prol tarisation et de s gr gation 1 1 La dichotomie communaut et soci t 1 1 1 Une caract ristique transitoire la seigneuralit 1 2 La prol tarisation de la paysannerie 1 2 1 Le capitalisme monopoliste d tat 1 3 Le concept de s gr gation urbaine 1 3 1 L cole de Chicago Conclusion CHAPITRE II l ments historiques sur Arvida et sa r gion 2 1 La colonisation 1838 1888 2 1 1 Les transports 2 1 2 Les p tes et papiers 2 2 La modernit 1889 1975 2 2 1 L nergie hydro lectrique 2 2 2 Arvida et l aluminium 2 2 2 1 Crises et croissance VIU page 10 12 18 20 22 23 25 27 29 32 33 34 35 36 40 2 2 2 2 Une maturit moderne 2 3 La post modernit 1976 1990 Conclusion rupture et int grat
95. y and Society Gemeinschaft und Gesellschaft New York Michigan State University Press 1957 pp 66 102 Rocher Guy Introduction la sociologie g n rale Montr al HMH 1992 page 212 9 Grawitz Op cit pp 107 108 15 Tonnies nous apprend galement que l av nement du capitalisme est directement li la d sint gration de la Gemeinschaft Il faut toutefois noter que celui ci consid re que la co existence de ces oppositions conceptuelles est possible 10 En r visant le cadre historique de la cit tudi e on s apercevra que si c est le capitalisme qui 8 fait na tre Arvida cette communaut s est par contre fortement int gr e et ses oppositions aux d crets soci taux Qu bec ou Pittsburg se sont fait sentir avec vigueur jusqu en 1976 Cette attitude n est pas originale comme l indiquent Henri Mendras et Michel Fors dans Le changement social en jouant sur 165 incoh rences de la soci t globale les localit s peuvent poursuivre leurs strat gies selon leur g nie particulier et conserver leur originalit en un mot demeurer elles m mes A la limite 18 dichotomie Gemeinschaft Gesellschaft peut repr senter une opposition sur deux niveaux Primo au niveau de l espace entre le rural le village qui est une forme antique de la communaut et l urbain la ville 10 T nnies Ferdinand Community and i meinschaft und Gesellschaft New York Michigan State University P
96. ynonyme de la transformation des paysans d tenteurs de leurs moyens de production poque 1838 1888 en salari s d pendants des entreprises industrielles 17 Dans le but d appuyer ce postulat nous retenons les notions relatives au capitalisme monopoliste d tat Cet l ment tant le plus susceptible d tablir un lien avec la probl matique de la recherche actuelle 15 Amin Samir Le d veloppement _ in gal essai sur les formations sociales du capitalisme p riph rique Paris ditions de minuit 1973 page 12 16 P P Rey cit in Lipietz Alain Le capital et son espace Paris La d couverte Masp ro 1983 page 34 17 Alain Lipietz aborde cette probl matique sous l angle de l agriculture fran aise Cf Lipietz Alain Le capital et son espace Paris La d couverte Masp ro 1983 pp 37 44 20 1 2 1 Le capitalisme monopoliste d tat La th orie du capitalisme monopoliste d Etat 18 provient des travaux de Rudolf Hilferding Rosa Luxemburg et de V I L nine Cette th orie parfois contest e par les marxistes contemporains apporte une lumi re critique sur le comportement des tats canadien et qu b cois envers les entreprises transnationales op rant au pays et plus particuli rement dans la r gion en question Les analyses marxistes sont en ce sens tr s explicites quant ce comportement en renfor ant le pouvoir des monopoles sur 18 vie nationale le Capitalisme sic monopoliste

La cité d`Arvida - Constellation - Université du Québec à Chicoutimi

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