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1. source permanente et non engendr e d engendrement Toute pens e sur le temps et l histoire exige pour se vectoriser des origines donc une origine A celle ci est d volu le pouvoir absolu d engendrement et par cons quent la permanence de ce pouvoir L arch grecque conjoint ces deux sens indissociables du commencement et du pouvoir li la 1 H Arendt La vie de l esprit P U F p 157 8 L ARCHAIQUE l gitimit fondatrice Elle est dans cette conjonction pouvoir de et dans l ant riorit Ce pouvoir l inscrit dans les choses et dans les hommes comme r gne L ar chaique n est donc pas ce qui pr c de les choses et les hommes et qui serait l ori gine Mais il n est pas non plus historique toujours pr sent il est immuable Il n est pas un royaume disparu au cours des temps mais un royaume de tous les temps Ni avant l histoire ni dans l histoire l archaique est proto historique Toute histoire se d tache comme singuli re et ph m re sur ce qui est la fois sa toile de fond et son envers l archa que Ainsi peut s expliquer l h sitation ou le balancement sensibles la lecture des articles de ce num ro qui tant t rapprochent l archa que de l ant rieur en font par exemple un caract re essentiel du pr verbal et tant t l indexent la structure comme sa condition d existence Avant les mots ou envers des mots Ce m me balancement dont on dira que le mouvemen2. en premier recensement certaines caract ristiques La premi re est bien s r l ant riorit g n tique les premiers ges de l activit psychique Et dans ces premiers ges tout comme pour ceux de la vie sur la plan te s op rent des mouvements massifs glo baux Les analystes ne sont pas tent s de parler d archa que propos de mouvements d licats et subtils de l appareil psychique ou de repr sentations fines et diff renci es 6 L ARCHA QUE mais au contraire lorsqu il s agit de processus frustes compacts Les tres qui r gnent en ce domaine les repr sentations mais m ritent elles alors ce nom sont grossiers normes et indistincts la fois monstrueux et parfois ridicules C est une curieuse population qui peut emprunter les figures les plus disparates et si parmi les pr les hautes comme des palmiers qu voque une des derni res notes de Freud se d placent des animaux composites et terrifiants cul de sac de l volution on y trouve aussi bien dans l outrance d risoire et mortelle des tyrans ubuesques La mort est ma tresse en ce domaine et sous les formes les plus sauvages L ar chaique semble d abord plac sous le signe de l oralit et plus pr cis ment du canni balisme Dents et sang corps d mantel s d pec s ing r s certains films sous marins nous le sugg rent dans lesquels l indiff rence intemporelle se rompt d un coup du spasme d un
3. nous pargnant l ironie d un enlisement dans les apories du commencement en cette mati re qui en est riche c est l usage du pr fixe par lequel se signale la fonction de l archaique dans le dis cours ces deux lettres Ur dont dispose la langue allemande pour d signer l origina rit pour peu qu on les adjoigne au terme concern du coup magiquement archais Cette particularit n est pas sans incidence sur la fa on dont l archa que va appa ra tre dans le langage m me dont se sert Freud On remarquera simplement que l archa que ne se pr sente ni comme un adjectif ni comme un nom de plus ni comme un verbe ce n est pas un pr dicat ni une substance propre pas non plus une action seulement un index qui sert par un simple trait d union pointer la fonction de l origine Aussi bien cet usage pourrait il inciter l inflation s mantique soit la cr ation peu de frais d archa que en s rie Un certain usage rep rable dans la mouvance schellingienne du romantisme philosophique allemand rench rissant sur Jacob Boehme en atteste la possibilit il n en est que plus frappant que Freud n abuse pas de cette pr rogative Un nombre limit de termes cl s servent dans son usage linguistique connoter l archa que s lection qui r sonne d j comme une thique du langage archa sant ou tout le moins comme un mode d emploi codifi On voit quel double souci doit animer notre enqu te
4. ordonner selon un t los qui ne peut n anmoins prendre consistance que par ce mouvement auquel il ne saurait m me pr exister C est cette t l ologie secr te de l exp rience freudienne qu il s agit donc de se fier pour comprendre comment l archa que se dessine non comme objet pr existant d un discours mais comme trac d un parcours Tout se passe comme si Freud pis teur forcen d une exp rience qui se r v le lui rayonnant dans tous les sens o cette exp rience le m ne retrouvait des moments d termin s des questions ana logues L unification vient ici de ce que le char en passant par le m me d tour y creuse sa carri re L archa que appara t en ce sens comme une carri re majeure du trajet freudien qui ne cesse de pers v rer dans sa course ce titre il m rite d tre privil gi sur la base du constat qu chacun des virages essentiels la question de l archa que y est impliqu e Faisons cr dit cet apparent hasard afin de Pinter roger plut t que de pr cipiter la psychanalyse d embl e dans la famille des th ories 14 L ARCHA QUE de l archa que Ainsi peut s crire la version freudienne du discours de sur l ar chaique y creusant ses lignes de force ses distinctions et sa hi rarchisation s man tique Alors sera t il temps d valuer comment ce travail fait voluer la probl ma tique de l archaique Sur cette piste un premier fait nous fait signe
5. 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 Narcisses Du secret M moires crire la psychanalyse L id e de gu rison La croyance L enfant Regards sur la psycha nalyse en France La passion R surgences et d riv s de la mystique Dire L emprise Le trouble de penser L archaique A para tre au printemps 1983 27 Id aux LS 82 XII A21888 ISBN 2 07 021888 0 Extrait de la publication 84 FF TC
6. 191 3 Probl me soulev d s l Esquisse de psychologie scientifique Voir sur ce point notre article sur Trouble du penser et pens e du trouble selon Freud in Nouvelle Revue de Psychanalyse n 25 1982 4 Ma vie et la psychanalyse Gallimard L ARCHAIQUE CHEZ FREUD 17 pr cis ment celle partir de laquelle Freud s est mis sur la route de ce secret qui noue au sein de l inconscient le d sir et la r alit En somme le sujet prenait son d sir pour la r alit et Freud prit le r el du d sir pour a r alit Il lui fallut se d prendre de cette conception na vement onto logique de la cause pour d couvrir la paradoxale efficience du d sir c est quelque chose comme le probl me de Hume o dans l ordre du d sir Car si P v nement n tait pas probable au sens litt ral de ce dont on peut assigner une connexion probante il tait vrai quelque part ailleurs sur une autre sc ne celle du d sir Et l on comprend que dans la Traumdeutung Freud met cette trange hypoth se que le r ve pourrait pr senter des caract ristiques explicables par le transfert sur le r cent de la sc ne primitive une sc ne d riverait de l autre par un simple transfert de la mise en sc ne Les Urphantasien l archaique protohistorique Derri re cette premi re instance de l archa que qu est l Urszene appara t le genre dont celle ci est l esp ce savoir les Urphantasien Le term
7. Freud l usage non conceptualis de l adjectif archaisch ne d signe pas l vidence une notion homog ne et il est mettre en regard de ce qui frh est habituellement traduit par pr coce ou archa que et du Ur lori ginaire Mais comment y aurait il traduction exacte de ce qui est sans d finition pr cise Or il semble de la nature m me de l archa que de ne pouvoir pr ter d fini tion Toute d finition est en effet la fois m taphore et d m taphorisation m taphore parce que d finir suppose l emploi de signifiants quivalents ou approch s par lesquels se pr cisent les contours du signifi mais aussi et dans le m me temps mouvement inverse qui vise faire apercevoir la chose m me o Or plusieurs travaux ici en t moignent ce le plus avant que d signerait l archaique ne se soutient que de son mouvement superlatif qui en loigne mesure la saisie sauf d busquer un Avant absolu l origine qui le pr c de absolument Mais com ment concevoir ce qui pr c de l ant c dent La m taphore est donc m taphore de rien d un original radicalement absent comme le souligne ici m me P L Assoun Nous sommes proches du pur contre investissement dont Freud fait le temps absolu du Urverdr ngung du refoulement originaire Ce sont les philosophes grecs crit Hanna Arendt qui ont introduit un commencement absolu arch lui m me non commenc
8. d une part ne pas sys t matiser pr matur ment ces lignes d affleurement de l archa que aussi bien parce qu elles mergent au fur et mesure d une exp rience clinique qui se forme que parce qu elles sont d chiffr es des niveaux de rationalit distincts Il nous fait prendre acte de cette polys mie de l archa que freudien la fois horizontale le long de la s quence d av nement clinique et verticale quant aux prismes selon lequel l archa que se r fracte Mais d j cette mise en forme indique que sans proc der d une unit de prin cipe l archa que doit prendre une consistance signifiante Il nous faut voir clair dans l h t rog n it apparente de ces affleurements th oriques et cliniques afin d en discerner la logique secr te Nous suivrons donc la d marche qu implique ce choix En premier lieu il s agira de d crire dans l ordre de la d couverte o elles se r v lent les figures de i Cf la notion centrale d Urmesen dans la philosophie de Schelling intuition d un principe divin de mobilit ternelle qui joue le r le d alpha et d om ga Aussi bien cet Urgrund est il comme dans la th ologie de Boehme Ungrund L expression puise donc ses racines dans la th ologie n ga tive le plus primitif est aussi bien le plus obscur Cette conception a perdur dans la Naturphilo sophie dont Freud a encore connu la tentation dans sa jeunesse L ARCHAIQUE CHEZ
9. est de cet entre deux que vont surgir toutes les apories dont se nourrit lar cha que conomie conceptuelle par rapport laquelle la psychanalyse se d termine Il nous faut donc l voquer redoublant ainsi le jeu de m taphore que d ploie le registre s mantique de l archa que mais avec l arri re pens e de saisir comment dans ce jeu va se glisser la carte que Freud introduisit de main de ma tre dans toute donne d s lors qu il cr a la figure de la psychanalyse qui porte son nom Car si la psychanalyse travaille dans l archa que au point qu elle est invoqu e lectivement dans ce registre elle en d fait aussi bien certains prestiges troubles les troublant son tour 12 L ARCHA QUE Les apories de l archa que La premi re aporie na t de cette aptitude de l archa que faire signe de l origine ce qui lui permet corr lativement d tre utilis de fa on faire signe l origine C est ce qui en permet un usage amphibologique intensif En effet c est malgr l impossibilit d atteindre l origine que l archaique est voqu mais du m me coup il rend possible implicitement une invocation de l origine L archaique se nourrit du deuil de l origine mais il en retourne le destin en sorte que sans cesse se restaure travers lui le d sir que l origine cesse d tre voil e Corr lativement se dessine l aporie du discours quelles conditions peut on parler de l archa
10. fait place une s rie de retomb es signifiantes c est l ensemble des configurations o un discours sur l origine des processus est impliqu C est cette constellation qui devra servir de circonscription notre enqu te Il n y a donc peut tre pas d Archa que dans l conomie conceptuelle de la psy chanalyse telle que Freud la fixe mais ce terme peut tre utilis comme d signant l ensemble des effets de sens discursifs qui prennent en compte dans le discours freudien un rapport l avant dans les processus psycho sexuels qui constituent le mat riel de l exp rience analytique Les unifier pr matur ment aurait pour effet imm diat de substantialiser cet archa que Mais il s agit aussi bien de dessiner la configuration selon laquelle elle prend consistance comme r sultante de ses divers niveaux d mergence Ce ne peut donc tre un certain concept de l archa que qui guiderait notre enqu te Il convient plut t de se laisser annoncer par le mouvement m me de l ex p rience analytique telle qu elle s est construite sous le regard de Freud les affleu rements successifs de la question de l archa que Aussi bien est ce l une des vertus les plus saisissantes de l exp rience analytique d instaurer le long du fil diachronique de son exp rience une consistance logique qui d ment simultan ment toute unifica tion syst matisante C est la providence singuli re de la clinique de s
11. puisqu il soutient que c est sous la pression de la n cessit ext rieure EindriucRung der usseren Not que l homme est duqu l valuation de la r alit et l observance du principe de r alit Cela revient saper en br che comme le sugg re Freud discr tement la grande consid ration dont jouit la Phantasie en tant qu activit spirituelle Geistest tigReit Cela signifie qu il n y a pas lieu de pr ter un pouvoir cr ateur la Phantasie Freud 1 Histoire de la cr ation des tres organis s 1868 2 G W X p 242 3 G W XI p 386 On remarquera que le terme Begebenheit est suffisamment neutre pour d signer la fois un fait une donn e et un v nement Le ul as ER d DE LR mn Lun ds nc ST Lan Al 2 x Ds ee i T F 3 L D A p PEL h p 4 t I Di 4 i 0 N i i 5 des 5 E j E vi x 1 E HET a na p i g Eo A bi p a E Ll 4 hi j 3 n rss fes I I l LA Tn Len ben j g d ee I Ll i A i EN M La T A TONE vo A 10 11 12 NOUVELLE REVUE DE PSYCHANALYSE Incidences de la psychanalyse Objets du f tichisme Lieux du corps Effets et formes de l illusion L espace du r ve Destins du cannibalisme Bisexualit et diff rence des sexes Pouvoirs Le dehors et le dedans Aux limites de l analysable Figures du vide La psych
12. que Comment treindre par quelque logos ce qui justement marque la d fection de l objet L archa que alimente tout discours par le rapport l alt rit qu il institue en m me temps qu il le menace du silence d o l effet contrast de l archa que sur le discours qu il rend excessivement bavard ou au contraire conscient de son impuissance en atteindre l objectivit Enfin c est la question de la connaissance qui se pose l archa que se joue du c t de la chose en soi qui se d robe autant qu elle se profile dans les ph no m nes De fait le probl me de l archa que est de l identifier c est dire de lui reconna tre un substrat ph nom nal tout en acceptant de le traiter avec ce statut privil gi et suspect la fois de ce qui ne cesse de se masquer c est dire de se refuser au ph nom ne C est donc sur toute la longueur de la s quence que se r plique la nature contra dictoire de l archa que Nous aurons nous souvenir qu il joue sur les trois bords ontologique de la r alit ou de l tre du commencement discursif de la possi bilit d un discours du commencement enfin gnos ologique de la possibilit d une identification cognitive d un principe du commencement Au reste l tre le discours et la connaissance constituent moins des l ments du probl me de l archa que que des moments o rebondit une esp ce de dialec tique blo
13. FREUD 15 l archaique dans le fil de exp rience freudienne En second lieu passant nous m mes de la diachronie la synchronie nous tenterons de voir comment ces figures h t rog nes peuvent faire l objet d une th orisation propre selon les lignes de rationalit rep r es selon des axes th matiques qui sont aussi bien des n uds que des apories de l archa que Enfin nous tenterons de ramener cette th orie dans ses rapports l exp rience singuli re qu elle cherche transcrire ses enjeux cela nous permettra de d finir en conclusion l usage critique de l appr hension sp cifiquement freu dienne de l archaique par rapport aux enjeux d un maniement du concept dans la th orie et la pratique analytiques I FIGURES FREUDIENNES DE L ARCHA QUE LA FONCTION UR L Urszene l archaique du d sir Puisque l archa que nous fait signe dans le discours freudien l aide de ce pr fixe Ur nous d filerons l cheveau s mantique des associ s du pr fixe archaisant en suivant la diachronie de la mise au jour freudienne Or le plus archa que de ces Ur est naturellement l Urszene C est sous ce signe de la repr sentation dans la connotation quasi th trale que l archa que s inscrit l origine dans la concep tualisation freudienne Le d but qui fait sens pour la psych inconsciente c est la sc ne de l avant Ur szene Aussi bien est ce ce qui est vu l origine puisque Freu
14. L archaique NOUVELLE REVUE DE PSYCHANALYSE NUM RO 26 AUTOMNE 1982 Gallimard Extrait de la publication NOUVELLE REVUE DE PSYCHANALYSE Parait deux fois l an au printemps et l automne aux ditions Gallimard Revue publi e avec la collaboration de l Association psychanalytique de France DIRECTEUR J B Pontalis ASSISTANTS DE R DACTION Fran ois Gantheret Michel Schneider COMIT DE R DACTION Didier Anzieu Andr Green Masud R Khan Cor dacteur tranger Jean Pouillon Guy Rosolato Victor Smirnoff Jean Starobinski R daction ditions Gallimard 5 rue S bastien Bottin 75007 Paris T l 544 39 19 La revue n est pas responsable des manuscrits qui lui sont adress s La r daction re oit sur rendez vous Abonnements Nouvelle Revue de Psychanalyse Service Abonnements 49 rue de la Vanne 92120 Montrouge T l 656 89 00 Abonnements pour deux ans 4 num ros France enpays de COMMUNAUT S sen os nement tm ds 210F EO cs a ai cil oc Ot ea A SES Dane 233 F Pour tout changement d adresse pri re de nous adresser la derni re bande d abonnement Extrait de la publication L archaique arf NOUVELLE REVUE DE PSYCHANALYSE Num ro 26 automne 1982 ditions Gallimard 1982 Extrait de la publication Fran ois Gantheret Paul Laurent Assoun Michel Gribinski Lydia Flem Guy Rosolato Jean Clair Jean Michel Labadie Gilbert Lascault Jean Claude Lavie Liliane Abensour N
15. archa sme de la subjec tivation d un kakon essentiellement rep r comme la primordiale enceinte ima ginaire form e par l imago du corps maternel et sa cartographie interne Mais c est pour tout de suite en marquer les remous primordiaux o se dessinent 1 Trait essentiel l archa que comme on le verra ici m me soulign par plusieurs auteurs M Gribinski notamment 2 J Lacan L agressivit en psychanalyse in crits Seuil 1966 p 115 PR SENTATION 7 l identification et la premi re formation du surmoi sans quoi il n est l qu imagi naire triperie f t elle g niale Il est par contre vident que c est chez les Rleiniens qu on trouvera l emploi le plus fr quent et le plus op rant de la notion d archa que et il n est pas fortuit que ce num ro par son th me vienne en 1982 saluer sa fa on un anniversaire celui du centenaire de la naissance de Melanie Klein Nous avons rassembl en der ni re partie de ce volume Avec Melanie Klein les travaux qui lui sont le plus directement consacr s Ce n est point pour autant que l archaique de la langue fran aise soit une tra duction univoque et sans probl me du langage kleinien ou freudien La moins mauvaise traduction possible comme l crit J M Petot du early kleinien Par cha que n en est pas moins confronter d autres cat gories primary et deep en particulier De m me chez
16. constater une diff rence quant aux effets Folgen selon que la r alit ou l imagination a la plus grande part Anteil dans ces v nements infantiles Mais alors ne ressort que plus cr ment le myst re de la r p tition en apparence transindividuelle de ces patterns il reste expliquer qu chaque fois les fantasmes en question sont produits avec le m me contenu L intervient le recours aux Urphantasien Je pense que ces Urphantasien ainsi que je pourrais les nommer ainsi que d autres sont un patri moine phylog n tique phylogenetischer Besitz Autrement dit il me semble tr s possible que tout ce qui nous est aujourd hui racont dans l analyse comme fantai sie fut un jour r alit dans les temps primitifs Urzeiten de la famille humaine et que l enfant fantasmant a seulement combl les lacunes de la v rit individuelle l aide d une v rit pr historique C est donc bien transf r au plan phylog n tique que le fantasme se voit reconnu une r alit litt ralement g n ratrice que l individu module sans la cr er Freud remet donc aux mains de l esp ce le pouvoir cr atif qui est enlev l individu Mais cette th orie ne s explique dans son audace m me que mise en rapport avec le d velop pement qui suit sur la gen se du principe de r alit La gen se esquiss e par Freud appara t singuli rement r aliste et n est pas sans r sonance mat rialiste
17. d n a cess d insister sur l aspect visuel de la sc ne primitive l uvre tant dans la s duction que dans le spectacle du coit parental Mais il ne faut pas perdre de vue sous peine de se laisser aveugler par la sc ne primitive elle m me que cette sc ne a t introduite partir de l exigence riolo gique de la recherche d une cause premi re de la n vrose c est dans le cadre de l exigence de la th orie g n rale des n vroses que se trouve requis un primum movens de la maladie Or cette exigence pist mologique rencontre un autre genre de fait la communication par les patients eux m mes d un r cit dont la sc ne de l avant est la pi ce ma tresse Freud accueillit donc tout naturellement ce t moi gnage comme la confirmation de son exigence tiologique C est de cette conjonction de l exigence causaliste au plan de l explication et du t moignage de l exp rience de langage par le sujet m me du d sir qu est n e la configuration sp cifiquement analytique On voit en quoi l archa que est ici fondateur de l exp rience freudienne il na t de la co ncidence du r quisit que le sympt me ait une cause rep rable dans 1 Nous renvoyons sur ce point notre Introduction l pist mologie freudienne Payot 1981 p 120 16 L ARCHA QUE un processus et de la r f rence du sujet lui m me un avant Ainsi se forge la neurotica freudienne l origi
18. e n apparaissant qu en 1915 on peut parler de g n ralisation Tout se passe comme si Freud ce moment cl de l volution de sa m tapsychologie prouvait le besoin d introduire un concept dot d une port e tiologique sup rieure Ce d calage lui m me a un sens pour la gen se des affleurements de l archaique l index se d place sur la Phantasie Comme si apr s s tre notifi l exp rience sous forme de la sc nographie n vro tique individuelle l archa que servait qualifier la racine m me l activit fan tasmatique Mais c est justement le questionnement du rapport la r alit qui a rendu possible ce nouveau pas le premier effet des Urphantasien est en effet de d passer ou de d caler la question de la r alit ou de la fiction de la sc ne Son caract re v nementiel se trouve transf r au plan de la structure ce qui est rendu possible par l inflexion de l axe ontog n tique l axe phylog n tique Freud fait donc usage pour d bloquer la question de l avant au plan du d ve loppement individuel de la corr lation fondamentale que lui avait fourni d ailleurs d s l origine le n o darwinisme allemand sous la forme de la loi biog n tique fon damentale formul e par Ernest Haeckel L histoire de l volution individuelle ou ontog nie est une r p tition abr g e rapide une r capitulation de l histoire volutive pal ontologique ou de la ph
19. gure de leur invention il y a eu s accordent ils penser voici des milliards d ann es un bang initial une explo sion premi re Explosion de quoi L est l abime ininterrogeable de l origine Mais cette explosion gigantesque fut un formidable feu d artifice un d gagement inou d nergie Inoui et sans spectateurs Pas du tout un t lescope est un instrument qui voit non seulement loin dans l espace mais aussi dans le temps Voir des mil lions d ann es lumi re c est voir ce qui se passait il y a des millions d ann es Eh bien les plus puissants t lescopes permettent de voir l explosion l tat premier de l univers Les astronomes l appellent lueur primitive Elle est l autour de nous dans ce statut impensable d avoir t une fois et d tre toujours Notre com mencement est en nos confins l initial est le no man s land permanent de nos fron ti res Ainsi pensons nous pouvoir dire ce qui tait avant toute parole lavant et l en vers de toute parole De cette n cessaire illusion que peut et que doit faire Pana lyse La d noncer et la r duire au nom de la raison La conforter au nom d un ineffable Ou bien en respectant la n cessit de cette illusion tenir ouverts les sen tiers qui s en approchent parce que ce lieu de l mergence est sans doute celui o peut tre trouv e d o peut tre rapport e toute possibilit de cr ation L archaique en tant que r p titio
20. icole Berry Andr Green Jean Guillaumin Didier Anzieu Jean Michel Petot Franco Fornari Alain Gibeault Annie Anzieu TABLE Pr sentation L archaique chez Freud entre Logos et Anank Personnages archa ques sur la sc ne L arch ologie chez Freud Fragments Retour Renaissance et Restauration Le corps criminel un aujourd hui du pass Notes sur les for ts les grenouilles et quelques autres choses Influx De l autre c t du un La maison pass e pr sente Apr s coup l archa que La blessure des origines AVEC MELANIE KLEIN Comment devient on Melanie Klein L archaique et le profond dans la pens e de Melanie Klein De l originaire la plaine de la v rit Symbolisme primitif et formation des symboles La d pression reconnue 105 121 135 153 173 179 195 217 235 253 273 293 323 L arch ologie est une science moderne Pierre Larousse Grand Dictionnaire Universel du XIX si cle 1866 Fran ois Gantheret PR SENTATION La pens e psychanalytique on le sait n a cr qu un nombre tr s limit de concepts qu elle ait forg s de toutes pi ces Elle proc de davantage par emprunts d tournements de notions appartenant d autres disciplines suivant en cela le mou vement de constitution d un de ses objets initiaux et pr f r s le r ve On a ainsi pu soutenir que le champ analytique se constitue d une reprise d un bricolage et d une for
21. malisation usage interne de restes diurnes issus de domaines connexes biologie anthropologie sciences physiques et chimiques etc aussi bien que de la langue commune Bien entendu si une telle m thode est affirmation et mise en uvre d une congruence d une ad quation formelle de la th orie son objet elle rend dans le m me temps plus probl matique et complexe la question du statut scientifique de la psychanalyse i Certains de ces emprunts peuvent tre saisis au vol dans leur migration le langage analytique s en est d j empar mais l ajustement conceptuel pr cis de cette pi ce import e et rapport e reste faire Il se peut m me qu ils soient immo bilis s en ce point de leur trajectoire et restent en un tat limbique qui r siste un emploi plus d finitif et pr cis Tel pourrait bien tre le cas de cette notion que nous soumettons r flexion et laboration dans ce recueil l archa que L usage de la cat gorie d archa que est en effet aussi fr quent que peu r fl chi dans le langage analytique contemporain On parle d angoisses archa ques de d fenses archa ques de relation d objet archa que g n ralement d crite comme fusionnelle ou encore et surtout d imago archa que le plus souvent maternelle Sous sa forme substantive l archa que sugg re un domaine particulier un ensemble sp cifique de repr sentations et de processus dont on peut distinguer
22. n conclusion C est l affirmation forte et sans doute vraie en sa th se mais point en son constat L illusion existe bien et tenace puisqu il faut la combattre Elle est sans doute n cessaire L ethnologue qui croit en 1982 voir ce qu il aurait pu voir il y a des centaines des milliers ou des millions d ann es cr e sa propre historicit Depuis le fleuve temporel o il navigue il voit des berges immobiles Sans elles 1 CI L vi Strauss La notion d archa sme en ethnologie in Anthropologie structurale Plon pp 113 132 PR SENTATION 9 il ne se saurait pas en mouvement L illusion de l immuable est la condition pour penser le temps L esth tique qu ici G Lascault et J Clair explorent plus particuli rement peut elle nous apporter davantage dans ses emplois de l archa que Que signifient art ou style archa ques D signe t on par l un temps chronologique ou un mode de sensibilit qui emprunte le v tement du temps pour d signer une ant riorit logique On retrouve toujours on le voit le m me balancement la m me h sitation irr ductible Et le m me paradoxe qui lie une interrogation sur l archa que la moder nit Il faut tre essentiellement moderne pour avoir un point de vue transcen dantal sur l antiquit crivait F Schlegel i Nous n avons pas interrog les astronomes ils auraient pourtant peut tre eu leur mot dire ne serait ce que par cette fi
23. n impossible du commencement serait il le lieu du nouveau FRAN OIS GANTHERET Paul Laurent Assoun L ARCHAIQUE CHEZ FREUD ENTRE LOGOS ET ANANK L archaique tient son ambigu s duction de ce qu il signale l origine sans en livrer le secret il d signe ce point de proximit maximum l origine qui lui donne la vertu trange d voquer le commencement tout en r v lant l absence L archaique est ce qui parle de l origine parce que l origine m me est muette L archaique est d s lors intronis de cette d concertante t che rh torique de faire m taphore quelque chose qui n existe pas en original c est le cas o jamais d employer l expression On comprend m me pourquoi il fournit une m taphore litt ralement in puisable c est qu il est en quelque sorte la m taphore absolue ce qui vit de l absence de son objet ou du moins de l impossibilit de le dire en personne Qu on le prenne en amont et on le d finira comme une quasi origine qu on l aborde en aval et on ne l voquera que par un superlatif ternellement d cal ce n est pas seulement ce qui est avant mais ce qui est le plus avant Qu on rebrousse donc le pr sent jusqu au point o l on peut penser en lui le plus d avant et l on se mettra en mesure d voquer l archa que jusqu au point insondable o il se heyr tera l Avant absolu ce par quoi l archa que ne peut s accomplir qu en s abolissant l Origine C
24. ne tout semble s clairer d s lors que l apparition des troubles n vrotiques se trouve d riv e d une sc ne pr coce o s est nou le conflit primitif L volution d cisive se situe entre la fin de l ann e 1896 o Freud sur la base de la conception g n tique de la n vrose formul e dans son tiologie de l hys t rie accueille avec enthousiasme l annonce de la sc ne o se cristallise la catas trophe primitive dont va sortir la f lure ult rieure et ce mois de septembre 1897 o va s op rer la r tractation solennelle Le 21 de ce mois marque en effet l quinoxe de la th orie de la s duction Il faut que je te confie le grand secret qui au cours de ces derniers mois s est lentement r v l Je ne crois plus ma neurotica 1 Ce qui revient dire qu il ne croit plus la possibilit de localiser la cause primitive de la n vrose dans l v nement g n rateur Les raisons de cette d ception sont d autant plus int ressantes examiner pour notre propos Freud voque successivement le caract re tr s partiel de son entreprise de pousser jusqu au bout le processus de r v lation la fr quence peu probable des actes de s duction par un p re pervers qu il faudrait alors postuler la conviction qu il n existe dans l inconscient aucun indice de r alit de telle sorte qu il est impossible de distinguer l une de l autre la v rit et la fiction inves
25. pr dateur avant que ne retombe opaque la stupidit Thalassa est un bon exemple car l archa que est aussi en m me temps que mortel bouillon de culture soupe primordiale o s bauchent de confuses et souvent grotesques formes de vie L archaique est le domaine du maternel en ses formes les plus grossi res les moins objectales appui amniotique muqueuses f condes plantes carnivores C est la clinique et plus particuli rement celle des tats les plus r gressifs qui sollicite ainsi l emploi d une cat gorie o puissent trouver place et esp re t on sens tous ces l ments inqui tants pour l analyste autant que pour le patient Mais la clinique quoi qu on dise ou qu on veuille ne per oit rien sans les instru ments que lui fournit la th orie m me si elle reste ma tresse de la validation de cette derni re La th orie contrairement l affirmation de Charcot et malgr l ad miration freudienne cela peut tr s bien emp cher d exister ou faire exister La notion d archa que est d usage in gal selon les courants ou coles de pens e et cette disparit est elle m me riche d enseignements et doit tre explor e Ainsi l archa que n est certes pas une cat gorie de la pens e lacanienne m me si Lacan rendait Melanie Klein un hommage ambigu en la d signant comme celle qui a os repousser les limites de l investigation jusqu l extr me
26. qu e S il nous faut les distinguer c est qu aussi bien l archaique a l effet de les m ler Ainsi l archa que tend s ontologiser d s lors qu il se pose en r f rent d un discours il se donne conna tre d s lors qu on en parle Sans cesse se reconstruit ainsi la trame qui permet aux apories de l archa que d en renforcer l qui voque L conomie freudienne de l archa que Notre propos est de saisir comment Freud se d termine par rapport cette conomie de l archa que par l exp rience qu il a port e au jour et la th orie qu il en a construite Mais par une sorte d ironie propre la question il semble que L ARCHAIQUE CHEZ FREUD 13 d embl e le probl me g n rique d identification propre au concept d archaique rejail lit sur le discours freudien en tant qu on y cherche la trace de l archaique O le chercher en effet La question se pose tout d abord du fait qu il n y a pas chez Freud de cat gorie homog ne d archa que rep rable comme telle Ce simple constat doit d j servir caract riser ce que n est pas l archa que freudien soit une substance On ne saurait donc d signer le principe qui met en mouvement toutes choses f t ce dans la psych Par l se trouve d samorc l effet chronique de l archa que de substantialiser l ori gine Mais simultan ment cette substance vinc e par le simple silence que lui r serve Freud
27. t m me est l archa que est sensible dans la clinique Immaturit d tresse traumatisme angoisse d fense voil quelques unes des figures de l archa que qui continuent d handicaper le fonc tionnement psychique de l enfant de l adolescent de l adulte du mourant Sommes nous l aux limites de l analysable Est ce une raison majeure du caract re interminable de l analyse Certains le pensent D autres au contraire de la sai sie de l archa que dans le temps et dans le contre pouvoir du langage feront le mouvement essentiel de l analyse Le statut m me de la r gression dans la cure en ses modes g n tiques et fonctionnels est impliqu dans cette question On peut demander des disciplines connexes quelques lueurs sur l archaique ou du moins sur l emploi qu elles en font L anthropologie et l ethnologie en ont fait grand usage sous les esp ces des soci t s archa ques L vi Strauss a fait liti re du concept il ne saurait dit il tre pertinent que pour l arch ologue Il montre que ce qui a pu tre compris comme immuable dans certaines soci t s n est que du r gressif Que l immuable implique une radicale absence de tensisn que l on ne trouve aucun moment dans le vivant D innombrables f lures survivant seules aux destructions du temps ne donneront jamais l illusion d un timbre ori ginel l o jadis r sonn rent des harmonies perdues o crit il e
28. tie d affect enfin le constat que dans les psychoses les plus profondes le souvenir inconscient ne jaillit pas Ces raisons sont donc vrai dire h t rog nes encore qu elles convergent vers le m me rejet de la possibilit d tablir la r alit de la sc ne D un c t Freud constate que le processus ne peut aller jusqu au bout soit par nature soit par carence technique de l autre il bute sur le probl me capital de l indice de r alit 2 Ainsi d un c t l archa que se d robe de l autre et c est la contra diction m me de sa nature on ne sait pas quel indice en reconna tre la pr sence Bien plus tard quand Freud fera son autocritique il se contentera de faire mention d une erreur dans laquelle il tomba pendant quelque temps et qui aurait pu devenir fatale tout son labeur Sous la pression de mon proc d technique d alors la plupart de mes patients reproduisaient des sc nes de leur enfance sc nes dont la substance tait la s duction par un adulte J ajoutais foi ces informations et ainsi je crus avoir d couvert dans ces s ductions pr coces de l enfance les sources de la n vrose ult rieure Ce serait donc simple une erreur de parcours due quelque cr dulit excessive En fait cette erreur archa que de la psychanalyse est 1 Lettre du 21 septembre 1897 in La naissance de la psychanalyse P U F p 190 sqq 2 Ibid p
29. ylog nie conform ment aux lois de l h r dit 1 Hume est en effet parti de l impossibilit de produire une relation transitive entre cause et effet pour construire sa th orie de la connaissance associationniste D s lors un rapport subjectif conventionnel est introduit r duisant la connexion sa r alit ph nom nale 2 C est en effet le moment de r daction des essais de M tapsychologie 18 L ARCHAIQUE et de l adaptation aux milieux 2 Dans cette logique il introduit au c ur d un crit non fortuitement clinique relatif un cas de parano a la notion de fantasmes originaires regroupant les formations fantasmatiques de l observation du commerce sexuel des parents de la s duction de la castration et d autres 2 Cette nouvelle mergence se trouve pour ainsi dire institutionnalis e dans la vingt troisi me le on d Introduction la psychanalyse Il est remarquable que la d finition des fantasmes originaires soit produite juste apr s une r flexion sur la r alit ambigu de l archa que individuel Les v nements infantiles Kin derbegebenheiten qui constituent le r quisit de la n vrose sont form s partir d indices Andeutungen et a compl t s erg nzt par l imagination o 2 Un prag matisme de l effet sert r gler le dilemme pr c dent de la r alit et de la fiction Le r sultat est le m me et nous n avons pas r ussi jusqu pr sent
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