Autoformation dans les entreprises - Vers une conceptualisation de l
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1. les acquis de l exp rience les relations sociales existantes dans la formation par la m diation des autres ou du monde inspir l innovation la 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD cr ativit mises jour dans le processus de construction de savoirs informels et de transformation autodirig e des pratiques que leur valeur dans le monde marchand valeur conomique capitalis e par l organisation En effet l encouragement affich de la cr ativit et la valorisation des pratiques professionnelles non prescrites trouvent leurs limites dans une s lection des pratiques assimilables par l organisation en fonction de leur utilit et l incitation leur reproduction C est ainsi que dans les entreprises o l empreinte des principes de l organisation taylorienne est encore forte l volution vers le mod le de l organisation apprenante se traduit par celui de la learning bureaucracy A Moisan 1997 dans lequel c est l organisation qui apprend en reprenant son compte des pratiques rep r es dans les zones informelles pour d finir de nouvelles r gles ou proc dures dont il s agit d inscrire la trace dans la m moire de l entreprise pour les transmettre ses membres selon le mod le traditionnel La formation par l exp rience et par l action formalis e en vue de sa diffusion via les nouvelles technologies peut devenir pour ceux qui en sont les r cepteurs l application2. Intranet dans les entreprises semble prometteur au moment o une r cente prise de conscience de l existence du savoir informel et de la n cessit de mobiliser l intelligence des acteurs au travail incite la fois la promotion des apprentissages autonomes la valorisation des savoirs pratiques et leur diffusion Les nouvelles technologies apparaissent alors comme le vecteur privil gi de la diffusion des apprentissages informels et des bonnes pratiques C est ainsi que les changes de pratiques et de savoirs acquis de fa on informelle encourag s de fa on explicite parfois organis s sous la forme de s minaires ou de rencontres en y consacrant un volume de temps non n gligeable et un budget important paraissent pouvoir tre g n ralis s gr ce aux outils de la soci t de l information sans contrainte de temps ni de lieu Des pratiques qualifi es d innovantes diff rentes de la simple ex cution d op rations prescrites sont valoris es et formalis es en vue de leur diffusion par les diff rents modes de communication disposition tandis que les contacts entre coll gues sont encourag s Pouvons nous interpr ter ces tendances comme le signe d un changement de mod le La notion d autoformation serait elle sur le point d tre ainsi traduite et apprivois e dans les entreprises dans ou hors des syst mes de la formation professionnelle sous d autres formes que celle des dispositifs individualis s ou bien ces
3. diation des autres en particulier par les changes avec les pairs Nos observations portent donc sur la place des outils de la soci t de l information dans la perspective de l mergence d une ing nierie nouvelle de l aide l autoformation permettant aux entreprises de d velopper une aide l autoformation permanente J Dumazedier 1995 qui ne serait pas limit e la fourniture ou au financement d outils de transmission d informations mais qui deviendrait accompagnement de la co construction de savoirs professionnels l occasion d v nements ou de l analyse des pratiques de travail Ces nouveaux outils peuvent trouver une place soit dans les syst mes de formation formels soit dans des situations d apprentissage professionnel lorsqu une volution se dessine vers l int gration quotidienne pour ainsi dire immanente de la formation la vie de l entreprise A Riboud 1987 Simuler la situation de travail autoformatrice Les simulations de situations de travail rendues possibles gr ce aux nouvelles technologies ne se limitent pas toujours des s ances d entra nement bas sur le mod le du conditionnement mais peuvent aussi favoriser les apprentissages bas s sur l exp rience des situations partir 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD des v nements P Zarifian 1994 et articuler apprentissage individuel et dimension collective Les nouveaux outi
4. par l espace social C est le concept d autodirection informelle P Carr 1995 ou d autodirection sociale qui caract rise la ma trise au moins partielle qui s exerce sur les ressources de l environnement social et naturel comme lorsque l espace professionnel devient un lieu privil gi d accumulation d exp riences un espace d opportunit pour soi R Sainsaulieu 1994 L enjeu de l utilisation des technologies de l information est donc de permettre dans des conditions de ma trise au moins identiques l acc s un environnement largi qui soit au moins autant que l espace social professionnel imm diat source d exp rience de 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD questionnement et d auto questionnement ressource d apprentissage lieu d interaction et d changes avec des m diateurs choisis mettant en jeu des pratiques individuelles et sociales bas es sur des processus d changes et de communication se distinguant ainsi nettement de la r ception individuelle de savoirs ritualis s Le sens de l action dans l espace social professionnel Les apprentissages informels autodirig s que l apprenant conduit lui m me en dehors des syst mes de formation institu s ou organis s sont ceux qui lui permettent de donner un sens son action dans son environnement professionnel Or le sens pour la personne qui apprend ne se confond pas avec l efficacit ou l utilit pour l
5. 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD TECHNOLOGIES DE L INFORMATION ET CHANGES DE SAVOIRS PROFESSIONNELS Marie H l ne Carr L UTILISATION DES OUTILS DE LA SOCI T DE L INFORMATION DANS LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES DISPOSITIFS INDIVIDUALIS S L CHANGE DES SAVOIRS PRATIQUES Des dispositifs individualis s souvent limit s la r ception d informations L utilisation des nouvelles technologies dans les syst mes de formation professionnelle est principalement associ e au d veloppement de dispositifs de formation individualis s ou la mise disposition de m thodes et d outils permettant l acc s individuel un plus grand nombre d informations Ces dispositifs qui semblent traduire dans les entreprises la notion d autoformation se situent dans le courant identifi comme technico p dagogique par P Galvani 1991 ou du c t de la l autoformation ducative de la galaxie de l autoformation propos e par P Carr 1996 Or les salari s ne sont souvent consid r s que comme r cepteurs d informations via les nouvelles technologies dans ces syst mes qui se r v lent alors n tre qu un nouveau mode p dagogique prescrit mis en place dans un souci de recherche de productivit des syst mes de formation plus que d autonomisation des apprenants La mise jour de pratiques d autoformation professionnelles en entreprise en dehors des syst mes de forma
6. apitalisables Par ailleurs l change d exp riences via les nouvelles technologies peut favoriser le questionnement ou l exp rimentation partir des pratiques diffus es si cet change est accompagn ou si la capacit s autoformer est un pr alable Sinon pour le destinataire de savoir faire codifi s l apprentissage risque fort de se limiter la reproduction ou l imitation l exp rience des autres devenant savoir th orique transmis par un canal technique comme dans une conception traditionnelle de la formation o le travail ne peut tre que le terrain d application de l apprentissage th orique qui n cessairement le pr c de L apprentissage par la m diation des autres Les modalit s d apprentissage informels par communication et la m diation des autres peuvent se placer sur un continuum de m me nature que l apprentissage par exp rience Autodirection ET transmission d informations observation imitation recherche d expertise confrontation de pratiques co formation la m diation des autres Fig 3 Pratiques d apprentissage l aide de la m diation des autres et degr d autodirection 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD Les savoirs informels se co construisent aussi avec les autres et par confrontation avec les autres c est dire des m diateurs choisis parmi les pairs en dehors du contr le de l organisation selon des crit res labor s par l apprenan
7. ce pratique P Zarifian 1995 par une pratique r flexive D Sch n 1993 et de d velopper des savoirs d action construits collectivement Les savoirs professionnels correspondent dans ce cas une volution vers le mod le de la figure 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD professionnelle H Minzberg 1987 qui laisse une grande place la praxis les apprentissages informels jouent alors un r le diff rent A Moisan 1997 Changer le mode de construction des savoirs c est dire admettre d apprendre autrement passer de l acquisition individuelle de savoirs normes routinis s la construction collective de pratiques nouvelles implique de ne pas ma triser les relations entre les diff rents acteurs De m me admettre que les relations entre les individus dans l entreprise changent c est dire se produisent en dehors des relations codifi es implique d admettre de ne pas ma triser les savoirs qui vont tre construits Accompagner les apprentissages informels autodirig s et en particulier les changes de savoirs professionnels source de productivit p dagogique et porteurs d une valeur conomique potentielle c est favoriser les conditions de leur mergence dans une organisation qui ne consid re les salari s ni comme de simples ex cutants de proc dures ni de simples consommateurs d informations et de mod les impos s puisque l apprentissage est l
8. de l autoformation 2 me colloque europ en sur l autoformation cahiers d tudes du CUEEP n 32 33 mai 1996 COURTOIS B PINEAU G 1990 La formation exp rientielle des adultes Paris La Documentation Fran aise DUMAZEDIER J 1995 Aides l autoformation un fait social d aujourd hui in Education Permanente n 122 GALVANI P 1991 Autoformation et fonction de formateur Lyon Chroniques sociales GAUDIN T 1997 L conomie cognitive Les ditions de l aube LORINO P 1991 L conomiste et le manageur La D couverte Paris MEIRIEU P 1996 Frankenstein p dagogue ESF MINZBERG H 1987 Structure et dynamique des organisations Les ditions d organisation Paris MOISAN A 1997 Formation des savoirs et organisations actes pr liminaires du ler colloque mondial sur l autoformation Montr al PAIN A 1985 L Autoformation dans les entreprises quelques conditions pr alables in Education Permanente n 78 79 PAIN A 1990 L ducation informelle L Harmattan PINEAU G 1992 L autoformation paradigme des soci t s ducatives postmodernes Etudes et exp rimentations en formation continue n 13 RIBOUD A 1987 Rapport au Premier Ministre Modernisation mode d emploi Paris Union G n rale SAINSAULIEU R 1994 Les mondes sociaux des entreprises Descl e de Brower SCHON D 1993 The Reflexive Practioner How professionals think in action New Yo
9. de mod les et la simple ex cution de bonnes pratiques accompagnant un mouvement de re taylorisation de la production le taylorisme tant vu comme une tentative efficace de r duire le savoir faire des savoirs en le passant la moulinette de la formalisation T Gaudin 1997 L utilisation des outils de la soci t de l information ne peut donc en elle m me accompagner les pratiques d changes et de construction collective du savoir au contraire en permettant la diffusion rapide et permanente de mod les de bonnes pratiques en vue de leur industrialisation dans une approche conomique et rationnelle centr e sur l efficacit de tels outils risquent d entretenir l illusion de l mergence d un mod le nouveau d autoformation professionnelle alors qu ils contribuent renforcer une conception traditionnelle de la formation de type transmissif UN CONCEPT CL L AUTODIRECTION Apprendre autrement plut t que rapidement Le d veloppement des outils de la soci t de l information pour faire apprendre et adopter de nouvelles m thodes rapidement traduit une conception h t ro dirig e de la formation selon laquelle l apprentissage serait le r sultat automatique d une prescription de formation L change impos de savoirs et de pratiques professionnelles ne risque t 1l pas alors de 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD devenir comme l autoformation obli
10. e du continuum les modalit s d apprentissages informels traduisent une distance de plus en plus grande par rapport une formation professionnelle subie plut t que choisie La confrontation directe avec la situation de travail concr te est la principale occasion qui d clenche l apprentissage c est souvent une situation non famili re difficile ou perturbante qui est l origine d apprentissages par auto questionnement ou de type exp rientiel 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD Lorsque l utilisation des nouveaux outils de la soci t de l information permet de simuler une situation de travail dans laquelle et par laquelle l exp rience professionnelle et la capacit agir peuvent se construire les modes d apprentissage se situent sur la droite du continuum Pour les personnes incit es changer leurs pratiques ou leurs savoirs informels via Intranet la formalisation peut tre une occasion de d velopper l apprentissage par exp rience en entra nant une r flexion sur la pratique pour la mettre en mots et l expression sur des savoirs informels Nous avons pu ainsi observer lors de l accompagnement d une phase de formalisation de pratiques identifi es comme novatrices en vue de leur diffusion via Intranet que cette phase pouvait tre source d apprentissage r flexif D Sch n 1993 condition qu un contr le externe ne s exerce pas pour s lectionner les savoirs c
11. entreprise comme une approche conomique classique pourrait le croire car le sens c est bien autre chose que l utilit P Meirieu 1996 L action qui produit du sens est celle qui contribue la ma trise partielle de l environnement s inscrit dans les interactions entre pairs et ne se confond pas avec l op ration efficace dans une logique de production L enjeu de l utilisation des technologies de l information est de permettre l change des pratiques et des savoirs professionnels en conservant leur sens sans les r duire par une formalisation en savoirs de routine pour des op rations efficaces en vue de leur diffusion Savoirs et relations dans l espace professionnel L change programm et contr l de savoirs et de pratiques professionnelles l aide des technologies de l information concoure aux objectifs classiques de la formation formelle c est dire le d veloppement de la pratique intelligente J M Barbier 1996 individuelle une pratique instrument e centr e sur l utilisation de m thodologies l application de th ories selon une conception sous jacente des savoirs professionnels comme tant de nature essentiellement technique codifi s distanci s par rapport l affectivit le savoir comme techn Au contraire les apprentissages informels qui mettent en jeu des pratiques sociales d changes et de communication autodirig es par les salari s leur permettent d acqu rir une intelligen
12. gatoire dans certains dispositifs individualis s un nouveau march de dupes P Carr Or l effectivit des apprentissages informels autodirig s c est dire le r sultat effectif de la modification et de la transformation des pratiques professionnelles est indissociable de leur degr d autodirection c est dire de la possibilit pour les salari s de conduire eux m mes leurs apprentissages dans l espace professionnel Les outils de la soci t de l information peuvent soit accompagner les apprentissages informels et favoriser la construction et l change des savoirs soit au contraire renforcer les mod les anciens dissimul s derri re l alibi des nouvelles technologies selon que l utilisation de ces outils laisse ou non place l autodirection des apprentissages L apprentissage par l exp rience et par l action Les modes d apprentissages informels conduits par les salari s eux m mes peuvent tre repr sent s sur un continuum selon un degr croissant d autodirection les modalit s d apprentissage par exp rience se placent sur un tel continuum de la fa on suivante Autodirection reproduction entra nement exp rimentation essai erreur auto questionnement apprentissage exp rientiel l exp rience Fig 2 Pratiques d apprentissage par exp rience et degr d autodirection Au fur et mesure de l avanc e sur la droit
13. i l ind termination A Moisan 1997 Les outils de la soci t de l information peuvent y contribuer mais ne peuvent pas eux seuls transformer les pratiques puisque leur utilisation s inscrit dans un syst me dans lequel le mod le sous jacent est l h t ro direction ou l autodirection des apprentissages Autodirection H t rodirection Nature de l change Mutualisation Capitalisation Forme de l change Confrontation de pratiques Mod lisation Nature des relations Oro Coop ration Relations impersonnelles entre pairs Mode de coop ration Ajustement mutuel Standardisation des proc d s Utilisation des outils de la de ne Mise en relation Diffusion soci t de l information Accompagnement M diation A Transmission des apprentissages Aide l autoformation Fig 4 Echanges de pratiques et de savoirs professionnels et autodirection des apprentissages 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD BIBLIOGRAPHIE BARBIER J M sous la direction de 1996 Savoirs th oriques et savoirs d action Presses Universitaires de France BOLTANSKI L THEVENOT L 1991 De la justification les conomies de la grandeur Gallimard CARRE P 1995 L autodirection en formation in L Autoformation en chantiers Revue Education permanente n 122 CARRE P 1996 A la recherche d une nouvelle galaxie Pratiques d autoformation et d ai
14. irs effectivement utilis s par ailleurs recherch s pour tre diffus s via les nouvelles technologies et qui leur conf re une valeur conomique potentielle puisque la source principale de la productivit r side dans la mise en coop ration des savoirs des intentions et des actions de ceux qui participent la production concr te P Zarifian 1990 est indissociable de leur degr d autodirection Au del des modalit s utilis es en partie autodirig es c est la d marche personnelle de recherche de savoirs professionnels avec les exigences et les crit res que le salari se fixe lui m me dans un agir qui prend ses distances avec l application d instructions qui caract rise ces apprentissages comme pratiques d autoformation professionnelle L utilisation des technologies de l information ne peut accompagner les changes de savoirs professionnels que si elle s inscrit dans un mod le selon lequel l autoformation professionnelle est une action volontaire par laquelle l individu sort du subi pour choisir et g rer sa formation A Pain 1990 Les conditions de l effectivit des apprentissages l aide des outils de la soci t de l information La ma trise de l environnement Les changes de pratiques et de savoirs professionnels autodirig s par les salari s correspondent l autoformation sociale dans la galaxie de l autoformation P Carr 1996 c est dire la formation dans et
15. la mise en place de dispositifs individualis s les changes de pratiques et de savoirs professionnels l aide des nouvelles technologies sont parfois institutionnalis s dans une logique de productivit de type industrielle fond e sur le couple production de masse consommation de masse en assimilant moyens et r sultats et en entra nant la confusion entre l efficacit du syst me et r flectivit des apprentissages 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD La tentation de la recherche d efficacit industrielle R duire le temps et les co ts de transmission Alors que les outils de la soci t de l information proposent d utiliser de fa on souple le temps et l espace la diffusion des pratiques professionnelles l aide des nouvelles technologies pour en permettre l change s accompagne souvent d une focalisation sur l augmentation du volume et l conomie de temps de transmission que les outils rendent possibles consid rant implicitement le r sultat comme automatique assimilant savoir faire et faire savoir T Gaudin 1997 en ignorant le processus de production de savoirs construits de fa on autodirig e par les salari s La recherche d efficacit associ e l obsession de la rapidit de r ponse li e aux imp ratifs conomiques incite l utilisation des outils de la soci t de l information pour diffuser les savoirs professionnels dans une logique de productio
16. ls parce qu ils rendent possible la reproduction fid le de la situation concr te de travail y compris des v nements rares fortuits ou per us comme impr visibles permettent en effet de rapprocher la situation de formation des apprentissages informels qui se produiraient en situation r elle Nous avons pu par exemple observer le cas des simulateurs de conduite utilis s pour la formation des conducteurs de trains La simulation de la situation professionnelle r elle permet de passer du mod le classique de l application de directives enseign es au pr alable ou de l entra nement des gestes m caniques une situation de formation proposant des conditions proches de certaines caract ristiques de l autoformation comme la relation troite entre savoir et action l int gration de la formation l action quotidienne de l individu A Pain 1990 et qui peuvent donner une place centrale l apprentissage par l exp rience par essai erreur par auto questionnement propos d un v nement ou par apprentissage exp rientiel au sens d velopp par B Courtois 1990 c est dire sans m diation sans zone tampon en contact direct avec la situation professionnelle Les nouvelles technologies permettent ainsi l apprenant d tre confront des situations de crise y compris les incidents lorsque la s curit est mise en cause Chacun mesure l int r t des outils de simulation qui permettent l acc
17. n industrielle avec pour corollaire le retour au mod le ducatif transmissif selon lequel la transmission des connaissances se fait de l enseignant au form m me si l enseignant appara t sous une forme modernis e Lorsqu l atout essentiel de r duction du temps et du co t de la diffusion s ajoute la promesse de gagner du temps sur les changements de pratiques vus comme l adoption des bonnes pratiques l utilisation des outils de la soci t de l information s inscrit alors dans un retour au mod le transmissif orientation normative Capitaliser les savoirs Les outils de la soci t de l information peuvent favoriser la formalisation de savoirs auparavant difficiles faire merger et diffuser pour en faciliter la reproduction rapide l identique gr ce une diffusion large et permanente L importance croissante des valeurs industrielles d efficacit et d utilit entra ne la valorisation des pratiques identifi es comme efficaces et le rep rage des savoirs informels consid r s comme utiles Favoriser les changes de pratiques gr ce aux nouvelles technologies peut ainsi se r duire un moyen pour l organisation de transmettre de nouveaux savoirs ou savoir faire normalis s et d acc l rer la mise en oeuvre d op rations efficaces selon le principe de la standardisation des proc d s Une telle approche privil gie les valeurs du monde industriel l efficacit et ne retient des valeurs du monde domestique
18. ompagnement de l acquisition de savoirs d action dans des domaines o la formation tait jusque l n cessairement tr s h t ro dirig e changer des pratiques professionnelles et changer sur les pratiques De plus l utilisation possible des outils de simulation en groupe permet aussi d apprendre en communiquant avec les autres d int grer l change propos d un v nement simul co formation l change sur la pratique professionnelle confrontation de pratiques et de faire merger le savoir faire collectif existant dans le groupe de pairs m me pour un m tier apparemment solitaire comme celui de conducteur de train Les nouvelles technologies peuvent dans ce cas tre identifi es comme outils d accompagnement des changes entre pairs et de l autoformation collective en situation condition toutefois que le formateur ait rompu avec le r le de m diatiseur ou utilisateur d outils multim dia au service de sa pratique de formateur traditionnel pour devenir m diateur c est dire facilitateur de l apprentissage autodirig par l apprenant dans la situation professionnelle simul e 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD D autre part une tendance se dessine vers l utilisation des pratiques de la soci t de l information en dehors des syst mes de formation pour accompagner et favoriser l change des pratiques professionnelles Le d veloppement d outils comme
19. rk Basic Books 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD ZARIFIAN P 1990 La nouvelle productivit Paris L Harmattan ZARIFTAN P 1994 Le travail et l v nement Paris L Harmattan MH Carr Apprentissages informels et Productivit P dagogique m moire DESS Strat gie et Ing nierie en Formation d Adultes Universit de Nantes 1996 E L ducation un tr sor est cach dedans Rapport l Unesco de la Commission Internationale sur l ducation pour le vingt et uni me si cle pr sid e par J Delors Editions Odile Jacob 1996 D veloppement des comp tences Intranet un virage bien n gocier in Entreprises et Carri res n 452 octobre 1998
20. sque associ s au d tournement des r gles de production ou au rejet des formes de formation institu es les apprentissages informels savoirs tacites savoirs implicites seraient ils sur le point de devenir une nouvelle norme de comportement pour r pondre aux besoins conomiques et aux imp ratifs de r sultat dans les entreprises La recherche d efficacit et la promesse de r sultat semblent en effet conduire reconna tre que la formation d borde des syst mes formels pour l enrichir et favoriser la reconnaissance de l change d exp riences et de savoirs acquis en dehors des syst mes formels comme sources d apprentissages professionnels Comment et quelles conditions l utilisation des outils de la soci t de l information accompagne t elle cette tendance L illusion d un r sultat automatique Alors que les changes d exp riences organis s sous forme de forums s minaires ou rencontres sont pr par s avec soin et que leur co t souvent lev se justifie par un objectif annonc en termes de motivation consid rant implicitement le r sultat comme incertain et la n cessit d une d marche des participants non acquise priori il est surprenant de constater que lorsque les outils comme Intranet prennent le relais l objectif devient centr sur la diffusion des exp riences et des pratiques l utilisation de l outil apportant l illusion d un r sultat consid r alors comme automatique Comme lors de
21. t lui m me Lorsque les outils de simulation sont utilis s collectivement les changes possibles avec les pairs dans et sur la situation simul e dans une logique d ajustement mutuel permettent des modes d apprentissage qui se situent galement sur la droite du continuum D autre part la possibilit d changer des pratiques professionnelles l aide des outils de la soci t de l information peut tre un moyen pour permettre chacun d identifier des m diateurs possibles pour confronter ses pratiques ou rechercher une expertise Cependant si les contacts ne sont pas directs et libres ou en l absence de capacit pr alable autodiriger ses apprentissages le risque est de passer du m diateur choisi selon ses propres crit res un m diateur institutionnel anonyme devenu enseignant impersonnel d tenteur de savoir norm repr sent par les savoirs accessibles via les nouvelles technologies L apprentissage ne peut alors se produire que selon les modalit s situ es gauche du continuum par imitation ou simple transmission d informations Les changes ne se font plus avec des pairs ou des m diateurs choisis d s lors qu une autorit contr le la formalisation et la diffusion des savoirs qui semblent appartenir davantage l organisation qu au collectif de travail Ceci explique peut tre les r ticences constat es dans certaines exp riences de mutualisation des savoirs tent es en entreprise avec l aide des no
22. tendances correspondent elles parfois au d veloppement de nouvelles formes d h t roformation Les apprentissages nocturnes G Pineau 1992 sont ils sur le point d tre mis en lumi re ou seulement d appara tre en clair obscur derri re d autres mod les sous jacents LA PREPONDERANCE DE LA NOTION D EFFICACITE ET DES ENJEUX ECONOMIQUES Un compromis apparent pour une promesse de r sultat Dans les discours des entreprises l change de pratiques professionnelles semble associer dans un compromis apparemment parfait les justifications des diff rents mondes L Boltanski L Thevenot 1991 celle du monde industriel efficacit rationalit valorisation du faire celle du monde marchand les changes marchands le contexte conomique l int r t la valeur 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD celle du monde domestique la reconnaissance des acquis de l exp rience l int gration sociale dans le collectif de travail la notion d quipe et celles du monde inspir l innovation la cr ativit La prise en compte des apprentissages informels et autonomes serait devenue une n cessit conomique depuis que l id e se r pand que la valeur productive int gre de plus en plus de puissance intellectuelle et de cr ativit P Lorino 1991 Auparavant cantonn s dans la clandestinit en marge des syst mes formels voire l expression de leur contestation pui
23. tion sous la forme d apprentissages informels autodirig s nous a conduite nous interroger sur l utilisation des outils de la soci t de l information pour accompagner le d veloppement de tels apprentissages dans la formation professionnelle en entreprise Les nouveaux outils utilis s pour l accompagnement des apprentissages informels Les apprentissages informels que nous avons rep r s loin de l image de l autodidacte solitaire en marge de l organisation ou du consommateur d informations accessibles via les nouvelles 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD technologies mettent en jeu des processus d changes et de communication avec les autres se produisent et se construisent partir de questionnements et d v nements dans la pratique professionnelle en conjuguant des modalit s plurielles l auto documentation l exp rience la confrontation personnelle avec la situation de travail et des interactions au sein du collectif de travail l auto documentation l exp rience la m diation des autres Fig 1 les apprentissages professionnels informels et autodirig s Or si les outils de la soci t de l information ouvrent l vidence des possibilit s nouvelles pour faciliter l auto documentation un questionnement nous a paru possible quant leur utilisation lorsqu ils semblent pouvoir contribuer la formation par l exp rience et par l action ainsi que par la m
24. uvelles technologies un travail d analyse pour identifier les informations susceptibles d tre mises en commun pour l instant les connect s ne r agissent pas et se contentent de consulter Sur le sch ma repr sentant l apprentissage par l exp rience les modalit s d apprentissage se d placent vers la gauche du continuum du c t de l h t ro direction au fur et mesure que la situation de l utilisateur des outils s loigne de la confrontation directe avec la situation de travail r elle ou virtuelle et qu elle se rapproche de celle d un r cepteur d informations ou de savoirs codifi s De m me sur le sch ma repr sentant l apprentissage par la m diation des autres les modalit s d apprentissage se d placent vers la gauche du continuum du c t de l h t ro direction au fur et mesure que les changes sont maf tris s par l organisation Le degr d autodirection des apprentissages se heurte au degr de contr le de l organisation dans une logique de capitalisation et de diffusion des savoirs selon un principe d efficacit et une 10 4 Colloque europ en sur l autoformation 10 12 d cembre Dijon 1998 ENESAD conception h t ro dirig e de la formation qui ignore l apprenant et le processus d apprentissage Pourtant l effectivit des apprentissages informels c est dire leur r sultat sous forme de pratiques professionnelles non prescrites et effectivement mises en oeuvre ou de savo
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