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1. ua il Article Le projet ducatif des Fr res des coles chr tiennes dans la ville de Qu bec 1860 1940 modernit urbanit et objet de pol mique Marie Jos e Larocque tudes d histoire religieuse vol 67 2001 p 183 195 Pour citer cet article utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 10067 72ar DOI 10 7202 1006772ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 14 SCHEC tudes d histoire religieuse 67 2001 183 195 Le projet ducatif des Fr res des coles chr tiennes dans la ville de Qu bec 1860 1940 modernit urbanit et objet de pol mique Marie Jos e Larocque Universit Laval R S2. Jacques Rousseau Les cahiers des Dix 35 1971 p 10 cit par Voisine 1991 p 239 194 LINTEAU Paul Andr Ren Durocher et Jean Claude Robert Histoire du Qu bec contemporain tome I Montr al Bor al 1989 758 p TURCOTTE Paul Andr L enseignement secondaire des fr res ducateurs 1920 1970 Utopie et modernit Montr al Bellarmin 1988 220 p VOISINE Nive Les Fr res des coles chr tiennes au Canada tome I tome II et tome II Sillery Anne Sigier 1987 1991 1999 443 p 471 p et 407 p 195
3. pour une sp cialisation utilitariste trop pr coce de crainte de former des automates Malgr ces consid rations les lasalliens estiment cependant que leur enseignement est aussi une pr paration gagner sa vie Leur projet ducatif n est pas qu id alis ou utopique et comporte aussi t t qu en 1874 des fins pragmatiques lorsque par exemple ils implantent et cherchent pro mouvoir l enseignement du dessin puis de la chimie et de la physique ces connaissances si utiles l homme disent ils En 1929 ils sont convaincus que l enseignement secondaire doit aussi servir les int r ts de la science de l industrie et du commerce En fait il s agit de pr parer ad quatement la jeunesse prendre demain la direction de notre vie conomique c est pourquoi il faut favoriser l acc s plusieurs facult s universitaires comme le font les High Schools am ricains De m me les lasalliens sont soucieux d inscrire leur projet ducatif dans un contexte urbain En fait ils consid rent le milieu rural peu propice leurs activit s ducatives ne serait ce parce que l enseignement simul tan y est peu applicable Ils valorisent d ailleurs tr s peu la formation agri cole et consid rent en 1920 que les programmes d tudes sont trop ruralis s et que l on devrait plut t former de futurs industriels et commer ants chez les fils de cultivateurs Les lasalliens de Qu bec constatent a
4. Laval puis facult d Administration en 1965 et d autre part un projet exp rimental du nouveau programme coll gial en 1965 Ce sera le C gep de Sainte Foy l un des tout premiers de la province Somme toute il n est pas tonnant que nombre de propositions et id es des fr res ducateurs se soient 193 retrouv es dans les propos du rapport de la Commission Parent En r a lit 1960 a commenc 30 ans plus t t et Marie Victorin le p re de l uni versit moderne au Qu bec en a t un des plus brillants initiateurs En 1930 on semait en 1960 on r coltait Bibliographie BENO T J ean Bourgeoisie d affaires lite et identit conomique de la ville de Qu bec la fin du XIX et au d but du XX si cle Actes du 28 congr s de la F d ration des soci t s d histoire du Qu bec Montr al F d ration des soci t s d histoire du Qu bec 1993 144 p CHARLAND Jean Pierre L entreprise ducative au Qu bec 1840 1900 Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval 2000 452 p CROTEAU Georges Les fr res ducateurs 1920 1965 Promotion des tudes sup rieures Modernisation de l enseignement public Ville LaSalle Hurtubise 1996 193 p DANYLEWICZ Marta Profession religieuse Un choix pour les Qu b coises 1840 1920 Montr al Bor al 1988 247 p DENAULT Bernard et Beno t L vesque l ments pour une sociologie des communau t s religieuses au
5. Le projet lasallien une ducation moderne empreinte d urbanit L analyse du projet des lasalliens ne peut faire l conomie de prendre d abord en compte les crits fondateurs de la communaut qui guident son action et d terminent une bonne part de sa marge de man uvre car la com munaut y est tr s fid le malgr quelques accommodements Cet h ritage de saint Jean Baptiste de La Salle est notamment constitu et consign par La conduite des coles chr tiennes un ouvrage p dagogique publi depuis 1720 r dit et modifi de nombreuses fois Les pr ceptes pr n s par le 7 Donn es compil es partir de Marc Des Roches 750 ans au service des Qu b cois Histoire de la Commission des coles catholiques de Qu bec 1846 1996 Qu bec CECQ 1995 p 97 et de L uvre d un si cle Montr al Les Fr res des coles chr tiennes 1937 p 193 8 Estimation d apr s l Association de La Salle Liste des noms d l ves inscrits l Acad mie commerciale de Qu bec de 1874 1940 s d Archives des Fr res des coles chr tiennes Qu bec AFECQ 188 fondateur sont clairement tablis l enseignement primaire doit tre gratuit pour les enfants du peuple la lecture et l criture sont vulgaris es l cole est organis e en classes multiples enseignement simultan l apprentis sage aupr s des adultes et des jeunes en difficult de m me qu un ensei gnement de type professio
6. Qu bec Montr al Les Presses de l Universit de Montr al Uni versit de Sherbrooke 1975 220 p DUMONT Micheline et Nadia Fahmy Eid Les couventines L ducation des filles au Qu bec dans les congr gations religieuses enseignantes 1840 1960 Montr al Bor al 1986 318 p DUSSAULT Gabriel en collaboration avec Gilles Martel Charisme et conomie Les cinq premi res communaut s masculines tablies au Qu bec sous le r gime anglais 1837 1870 Qu bec D partement de Sociologie Facult des Sciences sociales Universit Laval 1981 149 p HAMELIN Jean Histoire de l Universit Laval les p rip ties d une id e Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval 1995 341 p HARE John Marc Lafrance et David Thiery Ruddel Histoire de la ville de Qu bec 1608 1871 Montr al Bor al Mus e canadien des civilisations 1987 399 p HEAP Ruby Lib ralisme et ducation au Qu bec la fin du XIX si cle Yvan Lamonde dir Combats lib raux au tournant du XX si cle Montr al Fides 1995 p 99 118 LAPERRI RE Guy Les congr gations religieuses De la France au Qu bec 1880 1914 tome I et tome II Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval 1996 1999 228 p et 597 p LAURIN Nicole Danielle Juteau et Lorraine Duchesne la recherche d un monde oubli Les communaut s religieuses de femmes au Qu bec de 1900 1970 Montr al Le Jour 1991 424 p Louis Philippe Audet
7. UM Dans l histoire ducative du Qu bec certains projets scolaires ont cherch r pondre aux d fis pos s par l industrialisation l urbanisation et la modernit de la soci t qu b coise C est le cas du projet ducatif des Fr res des coles chr tiennes que ce texte propose d explorer dans la ville de Qu bec L implantation de cette entreprise scolaire de la seconde moiti du XIX si cle aux ann es 1940 ne s est d ailleurs pas effectu e sans susciter plusieurs r actions ABSTRACT In the history of Quebec s school system some educational projects attempted to take up the challenges of industrialization urbanization and modernity of society The Christian Brothers educational project is one of these This paper examines it s realization in the city of Quebec From the second half of the 19th century to the 1940 s this educational initiative has been carried out with much controversy L cole et l glise ont grandement contribu fa onner la soci t qu b coise par le biais de projets scolaires notamment L une de ces entrepri ses ducatives qui a rejoint un tr s grand nombre de jeunes g n rations est certainement celle des Fr res des coles chr tiennes L analyse du projet des disciples de Jean Baptiste de La Salle est donc d un int r t certain pour la compr hension de l histoire ducative au Qu bec 1 Pr sentement tudiante au doctorat la Facult des sciences
8. bl mes de sous scolarisation et o le Parti patriote d fend un pro gramme d ducation nationale et d mocratique Comme l a expliqu Charland 2000 des projets ducatifs prennent forme et risquent d offrir une forte concurrence l institution catholique et son autorit On peut mentionner le projet ducatif protestant qui propose gr ce la loi des coles de syndics des institutions accessibles qui deviendront les futurs High Schools ou certains projets propos s par des la cs tel le protonotaire J F Perrault de Qu bec qui favorisent la formule d un enseignement par les pairs dans des coles mutuelles ou lancastrienne ce qui constitue une alter native int ressante au manque chronique d instituteurs L glise catholique a cependant d autres projets pour l ducation des Canadiens fran ais et la cl ricalisation du personnel enseignant en fait partie Cette situation sociale et ducative des d cennies 1820 et 1830 incite donc les Sulpiciens entre prendre des d marches pour obtenir l arriv e au Qu bec de l Institut des lasalliens qui ne pourront r sister cet appel Les premiers fr res des coles chr tiennes qui d barquent Montr al en 1837 puis Qu bec en 1843 sont n anmoins les d positaires d une congr gation qui a son propre projet du catif Il s agit d une communaut religieuse centralis e et autoritaire Voisine 1987 qui a effectu une longue r flexion sur l c
9. culture institutionnelle de l tablissement Voici ce que r v le l analyse de ces documents en ce qui a trait au projet ducatif des lasalliens de Qu bec son volution et la r currence de certains th mes Tout d abord s il est un l ment essentiel pour les Fr res des coles chr tiennes c est bien que l ducation se doit d tre int grale c est dire tout autant religieuse et morale que physique intellectuelle et professionnelle Cet aspect est pr sent d s les prospectus de 1891 et 1900 Les fr res expriment aussi clairement l id e qu il faut rendre l ducation accessible chaque l ve selon ses capacit s peu importe le milieu d ori gine Pour les fr res les jeunes gar ons sont peu diff rents entre eux et poss dent des facult s et aptitudes communes tous Aussi et cela re viendra de plus en plus dans leurs discours les fr res consid rent que les tudes de culture g n rale sont fort importantes et ne devraient jamais tre The Brothers of the Christian School s Commercial Academy 1891 4 p AFECOQ Commercial Academy conducted by the Brothers of Christian Schools 1900 4 p AFECQ 10 Commercial Academy 1900 AFECQ 11 Fr re Stanislas Objet de l cole primaire ses divers degr s 1940 non pagin Archives des Fr res des coles chr tiennes Montr al AFECM 189 abandonn es pour une orientation professionnelle superficielle ou
10. de l ducation de l Universit Laval Marie Jos e Larocque est membre du Centre interuniversitaire d tudes qu b coises Ayant b n fici d une subvention de recherche de la communaut des Fr res des coles chr tiennes elle est actuellement boursi re du CRSHC et du Fonds FCAR 183 Bien s r lorsque l on s int resse aux communaut s religieuses on ne peut faire table rase de la riche historiographie sur le sujet On peut penser aux ouvrages de Denault et L vesque 1975 de Dussault 1981 et de Laperri re 1996 1999 qui ont fort bien balis le terrain de la recherche sur les congr gations religieuses en expliquant notamment leur d veloppe ment leur charisme et le contexte de leur arriv e au Canada De plus gr ce aux tudes sur les communaut s religieuses f minines la recherche histo rienne a t consid rablement renouvel e par des travaux tels que ceux de Dumont et Fahmy Eid 1986 Danylewicz 1988 ou Laurin Juteau et Duchesne 1994 Pour ce qui est de la production historiographique sp cifique aux com munaut s religieuses masculines les travaux de Croteau 1996 et de Turcotte 1988 m ritent une attention sp ciale car en s int ressant leur implication en ducation ces tudes ont mis en vidence le discours mo derne de leur projet Ces auteurs ont d montr que les fr res ducateurs n taient pas que des courroies de transmission de l glise catholique offi ciel
11. ens n a pas que des d tracteurs En fait au fil des ans des appuis se 4 Allumez vos lampes s il vous pla t L enseignement de l anglais La d sertion des campagnes Les coll ges commerciaux 1921 AFECQ 5 Le Devoir 18 septembre 1920 192 sont constitu s aupr s d individus isol s ou regroup s en amicale d anciens qui plaident en faveur de l enseignement des sciences et de leur utilit dans le progr s conomique Certains professeurs de Laval ou encore des poli ticiens comme Lomer Gouin en 1905 et plus tard le premier ministre Taschereau appuieront le projet des fr res tout comme certaines figures importantes de la hi rarchie catholique le cardinal Villeneuve par exemple un ancien l ve des Fr res des coles chr tiennes faut il le souligner Mais l appui le plus ind fectible viendra de la petite bourgeoisie locale com pos e de commer ants d hommes d affaires d industriels d assureurs de constructeurs de membres de la Chambre de commerce et d associations corporatives qui fournissent tous un appui total au projet ducatif de l Aca d mie quand ce n est pas un soutien financier comme en t moignent les listes de souscription aux uvres de l Institut de Qu bec Finalement c est gr ce ces appuis et en parant certaines critiques que le projet ducatif des lasalliens s impose graduellement en milieu urbain Ainsi malgr les r actions hostiles leur projet et
12. g ne Toutefois l utilisation de la langue anglaise persiste de 1860 1920 5 Le fait de concentrer mes recherches sur la ville de Qu bec me permettra aussi de suivre la trajectoire des tudiants des lasalliens ou encore d tablir un parall le avec leurs actions Montr al par exemple 6 Ainsi la monographie de Hare Lafrance et Ruddel 1987 se termine en 1871 Plus r cemment et gr ce la cr ation de la Commission de la capitale nationale quelques ouvrages ont cependant t publi s mais sur des aspects li s justement son statut de capitale son architecture etc Quelques th ses et tudes par exemple celle de Beno t 1993 ont abord la conjoncture conomique de Qu bec l re industrielle par le biais des certains groupes sociaux ou de diverses probl matiques particuli res 186 et t moigne la fois des vestiges d une lite perdue et d une volont de poursuivre un r le dans l conomie du Qu bec Sous l influence d un na tionalisme ax sur la langue ce n est que plus tard dans les ann es 1930 que la culture fran aise appara tra menac e particuli rement en milieux urbains Linteau Durocher et Robert 1989 706 L anglais deviendra suspect surtout en enseignement Bref la ville conserve quelques avantages li s son statut de capitale et demeure un centre de d cision relativement important mais son avenir est incertain car Qu bec a du mal prendre le vira
13. ge de l industrialisation Son conomie doit se diversifier et miser davantage sur le secteur des ser vices et sur l industrie manufacturi re De plus les ouvriers des usines Canadiens fran ais et Irlandais pour la plupart travaillent dans des condi tions tr s difficiles et vivent les effets n fastes de l industrialisation et de l urbanisation logements v tustes conditions de vie p nibles pauvret etc Graduellement sous l influence du lib ralisme Heap 1995 commence se r pandre l id e qu une meilleure formation et qu une ducation davan tage en lien avec l industrialisation serait une fa on d am liorer la fois le sort de la ville et sa productivit conomique et celui des milieux ouvriers qui gr ce une meilleure qualification am lioreraient leurs conditions de vie sans en passer par une remise en question de l ordre social C est ce quoi les Fr res des coles chr tiennes voudront r pondre dans le domaine ducatif Ainsi lorsque les lasalliens s installent dans la ville partir de 1843 le paysage urbain de Qu bec est en changement et de plus en plus marqu dans sa division g ographique par la hi rarchie sociale c t d une rela tive aisance dans la haute ville la pauvret des familles de la basse ville emp che ces derni res d assumer l instruction de leurs enfants Des soci t s d ducation sont mises sur pied pour promouvoir la scolarisation des jeu
14. giversations C est que comme l a bien expliqu Jean Hamelin l entr e dans la modernit suscite bien des inqui tudes chez ceux qu il appelle Za vieille garde du S minaire et certains bien pensants de l lite de Qu bec On le pressent telle qu elle se pr sente cette question le cours commercial des fr res d range une triple h g monie celle du cours classique celle des professions lib rales traditionnelles celle des pr tres s culiers sur l enseigne ment sup rieur En bref ce projet ne met en cause rien d autre que l ordre tabli et le cours naturel des choses Hamelin 1995 148 149 En effet le projet lasallien heurte de front le projet d ducation classique et l enseignement universitaire qui dans l esprit des fondateurs de Laval du moins s adresse des individus tri s sur le volet qui poss dent d j un capital non pas conomique comme c est le cas pour la petite bourgeoisie besogneuse mais culturel acquis dans les coll ges classiques M me s il poss de avec le projet lasallien des ressemblances une formation int grale une ducation en extension de la famille etc le projet ducatif dit classique s en loigne passablement car il ne consid re pas que la mission des Canadiens fran ais est de manier les capitaux mais bien plut t de faire rayonner la pens e et la religion catholique bien s r N anmoins et ce fait demeure encore trop m connu le projet des lasalli
15. i en recherche on s int ressait peu Qu bec comme une cit moderne et industrialis e Pourtant d s 1860 1870 l industrialisation commence se faire sentir Qu bec Hare Lafrance et Ruddel 1987 269 et des transformations socio conomiques et culturelles importantes sont amen es Sans relater tous ces changements on peut tout de m me retenir quelques ph nom nes qui ne sont pas sans influencer le contexte scolaire dans lequel s inscrit le projet des lasalliens D abord au point de vue co nomique et politique la ville amorce vers 1870 un certain d clin notam ment cause de la diminution de ses activit s portuaires Par cons quent m me si elle continue d tre une capitale politique et religieuse importante elle perd de son prestige et de son emprise sur l conomie et l avenir de la province Son urbanisation ralentit galement car en plus du d part de nombre de militaires et de fonctionnaires une partie de sa bourgeoisie an glophone dans une large mesure quitte pour Montr al qui est davantage industrialis e N anmoins ces mutations cr ent des ouvertures une nou velle petite bourgeoisie r gionale et francophone cherche se tailler une place dans le monde des affaires Peu peu avec ces mutations conomiques et d mographiques et malgr l arriv e massive d immigrants irlandais dont une partie quittera aussi pour les ports montr alais la ville devient plus fran aise et homo
16. iscours elle est synonyme d industrialisation et se vit dans un contexte essentiellement urbain Comme l a aussi observ Serge Gagnon on chercherait en vain des accents agriculturistes dans le projet des Fr res des coles chr tiennes qui met un point d honneur comme ils l affirment adapter l enseignement aux besoins de lieu et de temps V Quelques r actions suscit es par le projet ducatif des Fr res des Ecoles chr tiennes Dans ce contexte on peut comprendre que comme lavait soulign Croteau 1996 le projet ducatif des fr res enseignants d fie le conserva tisme des autorit s scolaires dont le comit catholique du Conseil de l Ins truction publique De m me selon Turcotte 1988 le haut clerg s culier en sera l un des plus f roces adversaires D autant plus que le projet des fr res ducateurs se veut r solument tourn vers le mod le nord am ricain des High Schools ce qui est mal vu dans le Qu bec nationaliste d alors Voisine 1991 359 2 Commission p dagogique des Fr res des coles chr tiennes de Qu bec Rapport 1942 p 23 AFECQ 21 Le Voilier 1934 p 59 2 Gagnon a quant lui analys des manuels scolaires dont le livre de lecture des lasalliens Le nouveau trait des devoirs d un chr tien envers Dieu voir Serge Gagnon De l oralit l criture Le manuel de fran ais l cole primaire 1830 1900 Sainte Foy Les Presses de l Un
17. iversit Laval 1999 p 137 2 Fr re Stanislas Suggestions 1941 4 p AFECM 191 Au niveau local les r actions sont tout aussi v h mentes chez les auto rit s en place et culminent dans les ann es 1920 Une r elle pol mique est d ailleurs suscit e par l enseignement donn par les fr res Elle met dos dos des acteurs aux positions bien camp es d un c t d anciens l ves quelques d put s certains instituteurs la cs et enseignants religieux tous fervents d fenseurs du projet ducatif lasallien de l autre le clerg promo teur des humanit s et coll ges classiques pour qui l enseignement dispens par les fr res l Acad mie de Qu bec est bassement mat rialiste dangereux pour l anglicisation des jeunes tudiants sans compter qu il attire en ville certains fils d agriculteurs acc l rant la d sertion des campagnes Parmi ces d tracteurs on note MF Ross qui d nonce vertement l enseignement commercial des fr res croit on que l avenir de notre race son salut son influence d pendent du nombre de petits commis qu on aura gav s d arithm tique et d anglais Du c t de l Universit Laval les r actions seront tout aussi n gatives et les fr res auront beaucoup de mal faire reconna tre leur cole sup rieure de commerce la section avanc e de l Acad mie commerciale Son affiliation Laval ne se fera qu en 1938 apr s moult ter
18. le qu ils ont jou un r le actif de pr curseurs et de r formateurs en du cation et qu ils ont activement particip la d mocratisation de l ducation I L int r t d une analyse du projet ducatif lasallien Mes recherches sur les Fr res des coles chr tiennes et la ville de Qu bec poursuivent de pareilles fins mais se distinguent des travaux de Turcotte et Croteau D abord m me s ils discutent des communaut s reli gieuses masculines en g n ral ces auteurs illustrent leurs propos l aide du cas des Clercs de Saint Viateur et de l cole Saint Louis du Mile End de Montr al Turcotte et Croteau d crivent ainsi le projet ducatif viatorien soit le cours primaire sup rieur qui est l anc tre du cours secondaire pu blic Par cons quent leurs analyses se concentrent sur la p riode d butant en 1920 Le projet ducatif lasallien quant lui pouse plut t les contours du cours commercial une formation qui a fait l objet de peu d tudes au Qu bec et qui a pr par la voie au primaire sup rieur En fait le cours commercial le primaire sup rieur puis le cours secondaire sont inscrits dans une continuit comme l a d ailleurs reconnu Croteau 1996 31 En ce sens les Fr res des coles chr tiennes ont jou un r le de pionniers dans la promotion de l accessibilit aux tudes Il faut ainsi consid rer le projet 2 Contrairement au projet ducatif des coll ges classiques
19. le discours agriculturiste d une grande partie de l glise catholique les lasalliens ont contribu r pandre un mod le ducatif plus moderne et plus urbain en prise avec le milieu socio conomique de sa client le tudiante Conclusion En fait c est aussi le contexte social et conomique c est dire l in dustrialisation la modernisation et l urbanisation accrues de la soci t qu b coise qui militeront le mieux pour des projets r formateurs et des chan gements ducatifs d envergure Comme l avaient d j soulign Laurin Juteau et Duchesne 1991 pour les communaut s f minines les congr ga tions enseignantes tels les Fr res des coles chr tiennes ont ainsi particip l urbanisation du Qu bec Cela a t possible selon Nive Voisine car en Am rique du Nord loin du c ur de l Institut en France existent bien des vell it s de changement que suscite l immersion dans un milieu g o graphique et culturel tout nouveau Voisine 1987 229 Le projet ducatif des lasalliens de Qu bec tel qu exprim dans divers m moires et rapports a port de telles volont s de changement Par la suite les fr res lasalliens poursuivront leur uvre et participe ront aux grands d bats sociaux qui s amorceront bient t sur la d mocrati sation et l accessibilit de l ducation En 1952 leur Acad mie commerciale deviendra pour une part la facult de Commerce de l Universit
20. nes Depuis 1845 on a aussi cr deux commissions scolaires confessionnelles Compos s de commissaires choisis par le Conseil de ville o les commer ants tentent une perc e ces organismes prennent sous leur responsabilit quelques coles de la ville Mais du c t catholique ce sont toujours les congr gations religieuses qui dirigent plus de la moiti des institutions scolaires de la ville en 1860 ce moment on peut d ailleurs consid rer que les lasalliens disposent d j apr s des d buts chaotiques incendies insalubrit des maisons d coles et probl mes financiers d un ensemble d institutions bien tablies pour v hiculer leur projet ducatif En 1870 1880 ils disposent d une dizaine d institutions scolaires qui forment une chelle locale un quasi r seau scolaire complet pour l poque la basse ville des coles l mentaires et des coll ges pour gar ons par exemple dans les paroisses Saint Roch Saint Sauveur Jacques Cartier Notre Dame de la Garde etc Depuis 1862 ils 187 poss dent aussi en haute ville une institution qui pr tendra rapidement une formation de niveau avanc l Acad mie commerciale Cette institu tion qui deviendra le fleuron de leurs coles Qu bec est d abord anglaise et sise dans le quartier commercial Saint Louis pr s de Grande All e On y dispense un programme en lien avec les besoins socio conomiques susci t s par l indust
21. nnel sont promus les ma tres doivent recevoir une formation culturelle et p dagogique enfin une certaine importance est accord e la langue maternelle des enfants Outre cet h ritage fondamental les lasalliens adaptent leur projet du catif et leur discours la r alit comme en t moignent la correspondance les rapports et les m moires pr sent s par les fr res aux autorit s religieu ses et civiles les prospectus qui explicitent les objectifs de leurs d institu tions scolaires etc Il s agit bien s r du discours officiel de la congr gation ce qui ne garantit pas une application compl te du projet mais ces docu ments offrent des informations fort pertinentes quant aux finalit s poursuivies par les lasalliens De m me l analyse de deux publications exclusives la communaut de Qu bec malgr le fait qu elles ne commencent para tre que vers la fin de notre p riode d tudes a compl t nos informations Il s agit d abord partir de 1936 de la revue mensuelle La voix du travail l organe de liaison entre les fr res du district et la Commission des tudes une instance de gestion et de r flexion sur l enseignement des fr res La deuxi me publication analys e l album Le Voilier para t annuellement compter de 1934 Cette publication luxueuse tait distribu e aux visiteurs et finissants de l Acad mie lors d une c r monie de fin d ann e et se vou lait le v hicule de la
22. non pagin AFECM 1 D fense pour des Hautes tudes commerciales Qu bec f vrier 1924 non pagin AFECM 190 devrait tre de favoriser l individualit sans perdre de vue les exigences et les besoins de la soci t Mais l industrialisation n a pas que des aspects positifs pour eux Surtout apr s la crise conomique de 1929 appa raissent de plus en plus dans leurs discours les dangers de la libre concur rence dans le commerce et l industrie Les Fr res des coles chr tiennes craignent les Trusts ces organismes d exploitation humaine et l crase ment des plus faibles Tout en faisant la promotion de la modernisation de la soci t et du progr s conomique et social la plus grande prudence est de rigueur chez les lasalliens et face au communisme et aux conflits mondiaux notamment ils se montrent soucieux O la jeunesse va t elle diriger ses pas inquiets Elle est sollicit e de toutes parts Certainement pas vers nous ducateurs si nous nous obstinons tre retardataires dans cette course affol e si nous nous figeons dans un traditio nalisme de m thode qui touffe la jeunesse d aujourd hui il faut tre ultra moderne devancer son temps renseignons nous ayons un regard assez large pour regarder outre fronti re La voix du travail 3 13 1939 p 119 Bref la modernit parfois crainte mais aussi exalt e est pr sente dans le projet lasallien Dans leur d
23. ole et qui pr serve d ailleurs jalousement son autonomie p dagogique et sa conception de l ducation Toutefois avant d interpr ter ce projet ducatif lasallien Qu bec il importe de le situer rapidement 3 Il est impossible ici de couvrir toute la p riode o ce projet a t mis en application C est pourquoi les d buts incertains de l uvre lasallienne de 1843 1859 et la fin de leur projet les ann es particuli rement fertiles comprises de 1940 1960 ont t exclus 4 l int rieur m me de la communaut le projet n a pas t sans causer plusieurs fric tions surtout lors de la pr sence du fr re R ticius au Canada 185 III La cit de Qu bec et l uvre des Fr res des Ecoles chr tiennes La ville de Qu bec comme lieu restreint d implantation d un projet ducatif comporte certains avantages car une telle micro analyse favorise l identification des liens complexes entre certains protagonistes locaux qui ont pris part aux d bats scolaires Cela permet de suivre l volution des positions par exemple des pr tres du S minaire ou encore des repr sen tants de la petite bourgeoisie industrielle et commerciale de la ville Cependant comparativement Montr al Qu bec a fait l objet de peu de monographies et elles ne s tendent gu re au XX si cle Les tudes historiques sur la ville qu b coise ont surtout privil gi les p riodes colo niales comme s
24. qui a fort bien t tudi voir Claude Galarneau Les coll ges classiques au Canada fran ais 1620 1970 Montr al Fides 1978 287 p la formation professionnelle et technique a t peu scrut e et le cours commercial encore moins Dans sa synth se Jean Pierre Charland L enseignement sp cialis au Qu bec 1867 1982 Qu bec Institut qu b cois de recherche sur la culture 1982 482 p a volon tairement mis de c t ce type d enseignement 184 lasallien bien avant 1920 et pour les besoins du pr sent texte j ai choisi de l analyser partir du moment o il est bien implant soit dans les ann es 1860 et cela jusqu aux ann es 1940 Je veux ici d montrer que dans l his toire ducative du Qu bec d s la fin du XIX si cle le projet des Fr res des coles chr tiennes tait en lien avec les besoins de l industrialisation que son discours tait moderne et urbain et cela malgr les oppositions qu il a suscit es II Un contexte propice l arriv e des Fr res des Ecoles chr tiennes au Canada Pour cette d monstration il est essentiel de revenir aux ouvrages de Voisine 1987 1991 1999 sur les Fr res des coles chr tiennes et leur histoire institutionnelle En d crivant ce qu il appelle le mode d emploi de la communaut Voisine brosse le contexte social et ducatif qui a pr c d son arriv e au Canada une poque o le parlement du Bas Canada d bat des pro
25. rialisation L Acad mie commerciale veut aussi combler une lacune importante Qu bec qui ne poss de pas d institutions scolaires avanc es accessibles aux milieux populaires Comme ailleurs au Qu bec cette poque la formation offerte aux gar ons est alors limit e et seuls les mieux nantis peuvent esp rer se rendre l universit via la voie royale cons titu e par les coll ges classiques Bref pr s de cent ans apr s son arriv e Qu bec la congr gation des Fr res des coles chr tiennes occupe une certaine importance dans le secteur scolaire de la ville Sur les 207 religieux qui enseignent Qu bec la fin des ann es 1930 127 sont des lasalliens et sur les 9 258 gar ons qui fr quentent les coles de la ville plus de 5 000 sont des l ves des fr res de La Salle l aube des ann es 1940 l Acad mie commerciale de Qu bec aura t fr quent e par plus de 10 000 gar ons Leur projet ducatif a ainsi trouv sa place parmi les institutions scolaires de la ville et dans une voie que les fr res ducateurs consid rent inoccup e Cela n aura pas l heur de plaire certains de leurs d tracteurs qui y voient une concurrence indue et une ing rence dans la chasse gard e que constituait la formation post l mentaire des gar ons Pour saisir ces r actions il importe de cerner davantage le contenu propos par le projet ducatif des Fr res des coles chr tiennes de Qu bec IV
26. ussi que si on avait un outillage comme les HEC Hautes tudes commerciales Montr al la richesse de la communaut de Qu bec et du district augmen terait D autant plus que selon eux Qu bec est toujours en 1928 d sesp r ment en d ficit d hommes d affaires C est pourquoi les fr res affirment qu il faut que l enseignement soit en ville plus pouss et plus sp cialis que l apprentissage de l anglais y soit plus intense f Ainsi le projet ducatif lasallien doit servir se d velopper et se te nir en ligne avec le progr s du commerce et de l industrie C est ce qu ils entendent par l expression une ducation moderne celle dont l objectif 1 Comit des fr res enseignants de la ville de Qu bec M moire sur l enseignement pr sent son minence le Cardinal Jean Rodrigue Villeneuve Archev que de Qu bec 1939 1940 10 p AFECQ 3 Commission p dagogique des Fr res des coles chr tiennes de Qu bec Rapport sur l objet de l cole 1942 p 25 AFECQ 14 Fr re Stanislas Suggestions sur l enseignement 1941 non pagin AFECM 15 Commission p dagogique des Fr res des coles chr tiennes de Qu bec Rapport 1942 34 p AFECQ 16 D fense pour des Hautes tudes commerciales Qu bec f vrier 1924 non pagin AFECM 17 Cours sup rieur de commerce l Acad mie commerciale 1928 4 p AFECQ 18 Fr re Stanislas Suggestions 1941
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