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Emettre la réception

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1. assez p n tr des nouveaux mod les culturels pour appr cier lec t intimiste et ludique de l mission ou l attention pr t e une dimension psychologi que assez politis enfin pour suivre les dialoguesle plus directement politiques L mission rencontre en ce cas son r cepteur l gitime En second lieu la correspondance peut tre imparfaite parce que li e un d ca lage sociologique aux quiproquos des relations homologiques c est ce que Hall nomme code n goci et quel on pourrait encore caract riser comme communication d tourn e 23 On peut penser que ce cas de figure corres pond au mode de r ception de Q D par une part de son public g Celui ci regarde vraisemblablement le pro gramme pour des motifs assez loign s des intentions de ses promoteurs L importance de ces communications n goci es ou d tourn es sugg re au passage deux r flexions Elle d signe un point commun entre le travail des professionnels de la poli tique et ceux des responsables de la programmation Si la politique est une activit qui consiste offrir des pro grammes de perception et de transfor mation des r alit s sociales une entre prise politique soucieuse d obtenir une 22 Hall 1980 majorit de suffrages doit formuler ces programmes en des termes assez plas tiques et flous pour donner lieu des perceptions vari es jusqu aux quipro quos qui lui assureront le succ s Lalo gique du
2. D en termes de r ception viennent aussi d ambigui t s de programmation Initialement dif fus e 21h30 l mission revenait 20 h 30 d s sa cinqui me diffusion Les responsables de TF1 ont r guli rement fait valoir qu une diffusion plus tardive aurait t profitable en termes d Audi mat 16 Force est de noter que les premi res missions faisaient 21 h 30 un Audimat comparable celui obtenu actuellement 20 h 30 9 10 points Une diffusion d butant pr s de 22 heures contournerait l cueil de la contre programmation de films et tou cherait le public de t l spectateurs plus tardifs que sont les cadres et les dipl m s de l universit Le maintien de l mission 20 h 30 n est pourtantpasinexplicable Les missions politiques ont un statut bien particulier qui peut suspendre m me pour une cha ne commerciale la loi d airain de l Audimat Tout en visant une audience convenable les cha nes peuvent accep tericiden atteindre ni quantitativement ni qualitativement leurs objectifs Avec les informations les missions t l vi s es contribuent asseoir le standing de la cha ne Mais l argument cl qui expli que la renonciation aux profits d une programmation tardive est un argu ment degaind audience Carla r cep tion des programmes t l vis s ne passe pas par le seul tube cathodique Il faut penser iciau two step flow La percep tion de certains programmes passe pour une m
3. Paris Province PROXIMIT POLITIQUE PC PS UDF RPR FA Sans r ponse Chaque fois ou presque Chaque fois o presque Jamais ou presque jamais Jamais ou presque jamais Vous int ressez vous beaucoup assez peu ou pas du tout aux missions politiques hebdomadaires ou mensuelles la t l vision Beaucoup Assez Sas Peu Pas du tout Ne se prononce pas COMPOSITION PAR AGE DES AUDITOIRES REGULIERS Questions domicile l heure de v rit 18 24ans 25 24 ans 35 44 ans 11 13 12 45 59ans 27 28 30 60 69ans 17 19 22 70 ans et plus 19 23 31 L ge m dian de la population fran aise de 18 ans et plus est de 43 ans
4. e d un titre sarcastique Mitterrand et moi on se dit tout de commentaires sur le bel appartement sis place du Panth on noter le t l phone dans la cuisine Un ton narquois sugg re que L Fabius en fait trop sur le registre du jeune p re de famille Quant l Humanit elle d nonce cette prestation mondaine et esquisse une critique de classe de ces changes insignifiants et frivoles M me La Croix qui avait initialement salu ce style moins solennel moins crisp moins spectaculaire se ravise d s la quatri me mission Les dis cours id ologiques tant en panne s che le jeu politico m diatique quitte petit petit le terrain de argument pour gagner celui des apparences et plus loin le coup de la famille unie on a d j donn 28 06 85 Deux mois auront suffi pour restaurer l orthodoxie d fiante de l crit rappeler un lectorat riche en capital culturel la prudence face aux pi ges de l image Cette traduction rivalit entre m dias crits et lectroniquesne doit cependant pas masquer la dialectique de la concur rence comp tition entre competitors colleagues 18 L antagonisme destribusjournalistiques se double d une collusion fondamen tale Le journaliste n crit il pas d abord pour ses pairs et informateurs On pourrait dire par boutade qu A Sinclair travaille pour JM Colombani qui lui m me uvre l gitimer Sinclair en r alisant un pap
5. es des images Condamn s r percuter des d clara tions produites la t l vision les jour nalistes de l crit ne mobiliseront le cadre et les d cors qu l appui d une th se sous la caution de l int gration un papier de fond Ainsi dans le Figaro C Clerc consacre t elle sousle titre Le Pen un honorable parlementaire en famille un long article au chef de Front national maill de d tails relatifs son domicile Dans le parc fleuri de sa grande villa cossue Dans la salle manger un Cuisinier r unionnais Un bureau Louis XV orn d une pr cieuse lampe de porcelaine chinoise La suite de l article apporte ces in formations le cadre analytique qui les justifie lorsque l auteur conclut la torce des images puisque l mission permet J M Le Pen de devenir membre du club des hommes politi ques 22 05 86 Plussouvent lecompte rendu emprunte au mode ironique de l intellectuel qui ne s en laisse pas compter ou celui d pr ciatif de la condamnation morale Lesstrat gies de distinction des journa listes s accordent ici avec les disposi Colombani Q M Lib ration 12 11 1987 p 45 tions des lectorats C est symptomati quement Lib ration qui prend le plus visible plaisir d pouiller les hommes politiques de leurs habits neufs m dia tiques s empressant d analyser les trucs et strat gies d image Ainsi la perfor mance de L Fabius est salu
6. la mani re d un reportage restituer l ext rieur r gion ville jar din comme une parcelle de v cu sus ceptible de r v ler un mode d existence Ainsi chez Lajoinie la cam ra d A Tarta s attarde t elle sur lacampagne de l Allier sur le village de Saint Pour ain et sur la plaque de laiton indiquant le si ge de la permanence du d put comme si elle r alisait une enqu te sur la vie quotidienne d un d put Mais la s quence introductive au cours de laquelle les deux journalistes pr sentent l invit et le canevas de l mission sert davantage d finir les angles d attaque Cet avant propos o s expose le vou loir faire des animateurs appara t comme la l gitimation du choix de l h te politique et donc l annonce des th mes qui seront abord s Cet expos tr s di dactique vise offrir auditeur le mi nimum de connaissances requises ac tualit politique statut de l h te struc tures institutionnelles pour cerner le personnageinterrog comprendreet ap pr cier la pertinence des questions Ainsi par exemple la visite C Hernu en avril 1986 est elle clairement plac e sous letriple signe de la cohabitation du projet des socialistes et de l apr s Greenpeace Sont donc convi s r pondre la fois l ancien ministre du gouvernement Fabius le vieux routier du socialisme et l ex ministre de la D fense nationale En outre le portrait de C Hernu qui ne b n fici
7. re de l homme public l attente de r v lations surprenantes dr les fracassantes sur les alliances ou les ruptures les adversaires ou les rivaux les tactiques bref la course de chevaux L attrait du domicile fonc tionne conform ment celui analys par O Nora qui dans la visite au grand crivain voit tant t une option f ti chiste qu te des indices de confirma 17 Nora O 1986 p 572 tion du g nie tant tune option voyeu riste qu te des signes d une infirma tion du mythe 17 I semble que ce soit l un r le d volu de fa on privil gi e aux hebdomadaires de t l vision dont le travail de pr sentation qui multiplie les photoset interviews des animateurs tend mettre en valeur le principe de l mission et les prestations journalisti ques L un d eux se fait m me l inter pr te du d sir suppos du public en affirmant que le principe de cette mis sion tr s appr ci e par les t l specta teurs qui s int ressent aux magazines d actualit nous permet de p n trer dans l intimit de l homme politique La s duction des spectateurs par des d clarations ou prises de position poli tiques rel ve davantage des quotidiens et donc des agences de presse qui les informent L mission de L Fabius par exemple est annonc e par une d p che de l ACP promettant du nouveau dans les rapports Fabius Rocard L Fabius veut voquer les enjeux pour la France
8. sion dont ona pu montrer hier que la r ception familiale s associait un mode d mission pr domestiqu faisant des professionnels de la t l vision les pi ces rapport es d une relation familiale entre t l spectateurs et h tes du petit cran 3 Dans le cadre d un travail sur la politi que la t l vision plus sp cialement ax sur le programme Questions domicile que TF1 diffuse depuis mars 1985 ce travail multiforme d adapta tion et d anticipation sur la r ception nous est apparu comme l un des faits les plus saillants qui se d gagent de nos mat riaux interview des responsa bles de l mission tude des missions et des revues de presse constitu es par TF1 partir de l ensemble des annonces et reprises consacr es au programme par la presse crite Si le souci de produire de la lisibilit de formater l mission est fonction de la r ception pr visible ou souhait eestune constante cet imp ratif s impose avec une force exceptionnelle pour les mis sions politiques Pourune cha ne g n raliste la diffusion d une mission politique r guli re est une exigence de standing un moyen aussi de fid liser les hommes politiques pour s assurer leur concours les soirs de rendez vous lectoraux Ces desseins se heurtent l cueil que constitue le peu d int r t d une majorit de t l specta teurs pour la politique d sint r t lui m me indissociable de l incomp
9. te Si l ana lyse permet d voquer un nouveau mod le de codage unenouvelle matrice culturelle dans la mise en forme de l mission elle rencontre aussit t un hiatus travers l enthousiasme mod r 5 Champagne P 1988 du public Le public r el de Questions domicile correspond imparfaitement celui qui semblait cibl par le style de l mission Le constat peut susciter le d pit des producteurs du sociologue Il permet toutefois de pr ter attention une autre facette de la r ception des missions t l vis es Celles ci en parti culier pour la politique ne sont pas uniquement con ues pour une r cep tion directe devant le petit cran Im porte aussi leur conversion en papier Les matrices de lisibilit La lisibilit de Questions domicile les m diations par lesquelles l mission se donne d chiffrer et percevoir peu vent tre pr sent es en deux temps Questions domicile participe en premier lieu d une nouvelle matrice culturelle Le programme refl te dans le cr neau particulier des missions politiques une volution g n rale dans le mode d assujettissement du pu blic les relations entre t l spectateurs et talking heads Mais la lisibilit fonc tionne en quelque sorte en ab me puis que ces codes culturels v ritables mo des de perception l gitimes sont encore appuy s et explicit s par le travail des journalistes pr sentateurs La d valuati
10. viter P Mauroy est ainsi questionn en mars 1987 sur le prochain congr s de PS Lille L Fabius en janvier 1987 sur les affaires Luchaire et Carrefour du d veloppement L actualit politique est enfin rythm e par le calendrier des ch ances lectorales qui s imposent aux journalistes avec lescampagnes les pronostics les alliances les hypoth ses entre juin 1985 et mars 1988 MM Ro card Hernu Fabius et Mauroy s enten dent poser la question du bon candidat socialiste la pr sidentielle Pour tre in vitable la r f rence aux ch ances lectorales n a cependant rien d envahissant Son caract re obli g est m me ironiquement d valoris par les journalistes Revenons la course de chevaux et les protestations rituelles del h te Sans doute faut il voir dans cette r ticence un effet du posi tionnement social et intellectuel des deux journalistes qui tous deux di pl m s de l enseignement sup rieur entretiennent avec le m tier et le pro duit t l vis un rapport qui se veut avant tout intellectuel Une deuxi me contrainte r sulte de l image de l homme politique interrog c est dire de sa notori t et de son profil tel qu il est pr sent comme r sultant dessondages La qualification et le classement des invit s fonctionnent sur un mode tant t implicite tant t explicite M me si les animateurs de lt Q D se donnent pour mission de faire davantage ou mieux conna tre u
11. bl matique L int r t exceptionnelle ment faible du public populaire pour 23 Neveu E 1985 p 384 et sq et Mueller C 1973 chapitre 1 Questions domicile para t bien il lustrer cette hypoth se Ces esquisses de typologies n puisent en rien les questions de la r ception Elles devront se compl ter de d mar ches d enqu te par interview d entre tiens non directifs de travaux quasi ethnologiques Les rares d marches faites ence sens sonten tout cas promet teuses Malgr la dimension tr s res treinte de F chantillon et des mat riaux collect s le travail de Ien Ang sur Dallas ent moigne Les lettres sollicit es aupr s du public hollandais clairent leurs modes d appropriation de la s rie de la Lorimar La cat gorie du r alisme motionnel propos e par I Ang con firme aussi le caract re circulaire de la production t l vis e puisque la fabrica tion du produit prend l vidence en compte les attentes et retraduction en termes d affects chez le public REFERENCES ANG WatchingDallas Methuen 1985 BAXANDALL L Oe l duquatrocento Gal limard 1985 BEAUD P La soci t de connivence Aubier 1984 BEAUD P BIDOU C Lesaventuriersdu quotidien Ed PUF 1985 BOURGES H Une cha ne sur les bras Ed Seuil 1987 CHAMPAGNE P Lat l visionetsonlan gage RFS 1971 CHAMPAGNE P La ARSS n 52 3 1984 manifestation CHAMPAGNE P Le cercle
12. des probl matiques li es d une part l objet politique lui m me d autre part la n cessit de produire un spectacle Ces deux types de contraintes sont fond es sur la n cessit de produire une mission lisible travers une grille politique simple et coh rente mais aussi perceptible sur d autres modes spectacles reportage par des spectateurs souvent int ress s par les missions politiques et dot s d une faible comp tence politique Quant l objet d analyse la premi re exigence satisfaire est celle de l actua lit politique elle m me largement d fi nie par la t l vision et notamment les journaux t l vis s qui jouent un r le d agenda setting Elle peut prendre plusieurs formes dont les r gles peuvent se combiner entre elles et qui ont toutes pour effet de tra duire les probl mes politiques en faits personnalis s ou concrets L actualit peut tre l histoire person nelle r cente de l h te elle peut alors non seulement astreindre poser certaines questions indispensable in terrogation de M Rocard sur sa r cente d mission du gouvernement in vita ble question C Hernu au sujet de l affaire Greenpeace mais aussi con traindre choisir uninvit A Lajoinie candidat officieux du PCF l lection pr sidentielle en novembre 1986 L actualit c est aussi l v nement ou l affaire du jour que m me un journa liste qui refuse l anecdote ne peut
13. et des journalistes consiste alors non seulement montrer et s lectionner ce qui doit tre vu mais aussi lui conf rer sens et valeur Ce faisant il permet aux spectateurs d appr hender le discours non seulement travers des cat gories politiques mais aussi d un point de vue esth tique familial psychologique ou moral il renseigne par exemple sur le go t exquis des Chaban Delmas la grande simplicit de la maison des Mauroy etc et contribue alors la constitution de ce mod le pr contraint qui pour G Cornu dit ce qu est et ce que doit tre la politique d finit le cadre dans lequel doit s inscrire tout discours politique 9 Cette ou plut t ces invitations la lec ture de la prestation politique qui informent autant sur le produit pro pos l attention et la perspicacit du t l spectateur quesur le syst me de classement l univers social des anima 9 Cornu G 1982 p 27 teurs sont perceptibles trois niveaux diff rents Dans la s quence introductive qui explicite les angles d attaque dit au t l spectateur pourquoi il va voir ce qu il va voir Dans le portrait initial qui ancre le commentaire dans un registre cultiv et politique Dans la typologie des questions pos es qui mat rialise une d finition du politi que Durant la s quence introductive des premi res minutes de l mission la cam ra et plus rarement le discours travaille
14. et se poser enchallenger de M Rocard Le Matin et le Quotidien de Paris du 22 01 1987 accrochent eux aussi le lecteur sur ce th me de la course la candidature En aval il faut distinguer deux tapes dans leur conditionnement du pro duit d abord les agences de presse qui contraintes la concision effec tuent un travail de s lection et d inter pr tation qui sert de base et parfois de texte aux quotidiens nationaux et surtout r gionaux Ensuite les jour naux quotidiens qui offrent un relais et parfois une grille delecture suppl mentaire qui vient s ajouter aux commentaires des journalistes et ceux des agences de presse Ainsi le cercle s agrandit T l guide 23 04 1986 Les agences de presse op rent un tra vail de s lection m diatique La forme m me de la d p che jamais plus de trente lignes impose une synth se et plus encore une s lection des informa tions qui conf re un poids accru celles qui suppos es porteuses de l essentiel sontretenues Deuxtechniques semblent s offriraux agences lechoix d un th me directeur auquel sont ramen es toutes les illustrations C Hernu a confort son image de fid le des fid les de F Mitterrand ou le r sum qui passe en revue les diff rents th mes voqu s sans restituer les transitions ni les nuan ces ni bien s r la gestuelle ou les mimi ques Sont donc s lectionn es les formu les br ves synth tiques dont la forme m ta
15. faite de J M Le Pen les hommes politiques m pri s s dans nombre de sondages obtien nent tous ici des r sultats flatteurs Il est rare de trouver moins de quatre quali ficatifs positifs en t te Chev nement image positive L otard tr s bienen sympathie Hernu aim dans tous les partis Malgr l aura suspecte qui s accroche la politique les hommes politiques se voient r habilit s au nom de leurs qualit s humaines Le sondage rel ve aussi d une logique de l gitima tion Rendue plus intelligible et plus simple par les effets combin s de l agenda set ting et de la psychologisation la politi que doit encore tre attrayante C est la loi du spectacle Cette exigence peut tre qualifi e d indig ne dans la mesure o elle fait pr valoir ce que l on peut nommer apr s L Pinto les rites de la tribu 11 Les journalistes y satisfont lorsqu ils privil gient leur appartenance au monde des m dias et plus pr cis ment au monde du spectacle et lors qu ils con oivent leur mission comme une prestation r ussie ou non en fonc tion de crit res relevant de l ordre de l motion plus que de la conviction Mais si la politique t l vis e est un spec tacle il ne peut s avouer comme tel Les journalistes de Q D sont doncastreints la fois jouer une conversation in time et naturelle avec un homme politi que qui les re oit et mettre en uvre en professionnels tous les
16. l int rieur des grands de la politique T l rama ne titrait il pas une enqu te sur l mission Le myst re de l int rieur Pour un public peu au fait des d bats et vocables de la politique la place donn e au portrait psychologi que les interrogations qui moralisent les questions politiques les coups d oeil sur le mobilier le conjoint le chat ou les bibelots offrent des mat riaux d une grande richesse pour la retraduction des enjeux politiques dans les cat gories de la morale domestique Faute de savoir si F L otard dit vrai sur les questions fiscales on peut noter qu il affectionne Tino Rossi Quand C Hernu s il est flou sur Greenpeace son appartement est indiscutablement douillet Cette logique du voyeurisme d une participation par procuration aux pratiques de l lite n est elle pas un s r ressort de vente des publications con somm es par des fractionssouvent g es des couches populaires ou de Ia petite bourgeoisie traditionnelle de Point de vue images du monde France Dimanche via Jours de France Ce n est pas le moindre paradoxe n de la plasticit de la r ception que de voir une mission pens e comme une versionintellectuelle et politique du portrait chinois suscepti ble d une r interpr tation dans une logique qui horrifierait les promoteurs du programme celle de la lecture de Jours de France Sicette perception braconni re pour reprendre une image deM DeCerteau peut expliqu
17. me l image de la d termination et de la t nacit qui jus qu alors lui faisait d faut Solidement 07 install sur le canap du salon le buste projet enavantaux moments forts de sa d monstration ila r p t vouloir aller jusqu au bout de sa d marche le Figa ro au del des nuances du commen taire c est ici la fid lit de l cho rencon tr par le message mis au premier stade de la cha ne au cours de l mission t l vis e qui vaut reconnaissance de r us site elle manifesteen effet l efficacit du message dont t moigne l absence de distorsion entre l mission et la r cep tion M Rocard met tout en uvre pour appara tre d termin il ne le r p te pas moins de cinq fois avec des expres sions vari es et la presse unanime lui accorde un brevet det nacit non seule mentenrapportantses propos maisaussi en soulignant l ad quation entre la stra t gie mise en uvre et l image produite A l inverse le commentaire peut tre verdict d chec Celui ci peut paradoxa lement na tre d un effet petite phrase qui loin d illustrer un propos tenu pour essentiel peut s y substituer La formule sera alors bien reprise par la presse nationale et locale mais sera moins at trayante que r ductrice et pour repren dre la m taphore de M Rocard son bruit couvrira le reste du discours La prestation de P Mauroy sera ainsi honorablement comment e par les quotidiens mais l
18. mobilier Entre 1962 et 1981 le nombre des enseignants et des professions artistiques s est multipli par quatre celui des cadres moyens ing nieurs et cadres administratifs sup rieurs par deux les employ s ont progress de 50 Augmentation du pourcentage de foyers dot s de deux postes apparition de la t l commande et du zapping Voir titre d illustration les ouvrages d A Sinclair C S rillon J P Elkabbach P L S guillon Ega lement le chapitre Croyances chez Rieffel p 179 190 8 Veron E 1981 n l agencement les codes en vigueur dans les studios une gestuelle standardi s e qui ne donnent voir que parci monieusement quelques signes soi gneusement s lectionn s ou qui ont chapp la vigilance des conseillers en communication la particularit de Q D est de proposer de fa on expli cite une grille de lecture et de classe ment du monde social Ainsi A Tarta installe t il ses cam ras dans le domicile priv d une personnalit publique dans le but clairement affirm de jouer et de faire jouer au portrait chinois Cependant la diff rence du jeu habi tuel qui consiste attribuer un indivi du des obijetset des qualificatifs s il tait un arbre G Marchais serait un sapin et V Giscard d Estaing un ch ne etc Q D offre aux spectateurs la possibi lit de v rifier la r alit derelations qu ils pr supposent Le travail du r alisateur
19. politique ARSS n 71 72 1988 CHAMPAGNE P L heure de v rit ARSS n 71 72 1988 24 Ang I 1985 Dalghren P 1990 CORNU G La mise en sc ne t l vis e du politique un mod le pr contraint in Raison pr sente N 61 1982 DALGHREN P Qu en penser Cf R seaux 44 45 Sociologie de la t l vision en Europe 1990 FERRO Cin ma et histoire Deno l Gau thier 1977 GAXIE D Le senscach Ed Seuil 1978 GOFFMAN E La mise en sc ne t l vis e de la vie quotidienne 1 La Pr sentation de soi Ed Minuit 1973 HALL S Encoding Decoding in M dia Culture Language Hutchison 1980 INA DF Uncarrefour dediscours inLe T 1986 LIPOVETSKI G L re du vide Galli mard 1983 MEADEL C Ethnographie de l antenne le travail des gens de radio in R seaux n 9 1984 MUELLER C The Politics of Communi cation Ed OUP 1973 NEVEU E L id ologie dansleromand es pionnage Presses de la FNSP 1985 NORA La visiteau grand crivain in les Lieux de m moires T2 Ed Gallimard 1986 PINTO L L Intelligence en action ke Nouvel Observateur Ed A M M taill 1984 PADIOLEAU G Syst med interaction et rh toriquesjournalistiques Sociologiedu travail vol 18 3 1976 RANNEY A Channels of Powers Basic Books 1983 SCHLESINGER P Putting Reality Toge ther Methuen 1987 SEGUILLON P L Portraits domicile Ed Carr re 1987 S
20. programme t l vis sur le prime time est assez voisine La capaci t d une mission se pr ter des per ceptions contradictoires o divers seg ments d audience trouvent leurs uses and gratifications est dans une logique commerciale un signe d excellence Le poids lev des plus de soixante ans devant Q D peut d cevoir les jour nalistes il manifeste la plasticit d un produit capable d appropriations di verses pour le plus grand b n fice des crit res d Audimat Autre observation incidente cette com munication d tourn e invite regarder le zapping comme le grand paradigme du m dia t l vis puisque celui vaut la fois comme code d mission du m dia possibilit de slalom entre cha nes c est le zapping au sens strict mais encore comme jeu possible sur le ni veau de r ception Le t l spectateur qui consomme Q D en polarisant son attentionsur le mod le id al du couple g que mettent en sc ne les Chaban Delmas ou en jetant un regard sarcasti que sur l appartement de tel lu ne pratique t il pas une forme suppl mentaire de zapping puisqu il quitte le code de perception auquel peut pr tendre une mission politique Enfin lorsque le d calage entre code d mission et possibilit s du r cepteur devient tr s lev et que le produit diffus n offre pas prise une consom mation n goci e c est la prolongation de l coute elle m me qui devient pro
21. tence politique d une majorit de citoyens 4 Les chiffres sontici clairs Les missions politiques n arrivent qu au huiti me rang dans les go ts t l vis s du public apr s films et vari t s mais m me cir que et missions m dicales Au sein du public les diff rences sociales jouent avec force 51 des possesseurs de t l viseurs regardent au moins pisodi quement ces missions Mais les chiffres vont de 56 pour les retrait s 32 pour les 15 19 ans de 65 pour les cadres et professions lib rales 40 pour les femmes au foyer man uvres etOS Les niveaux de dipl mes ouvrent des carts de plus de vingt points La r ussite d une mission politique requiert donc de ses promoteurs un travail exceptionnellement attentif dans l anticipation de la r ception Il s agit la fois de rendre la discussion proprement politique aussi limpide que possible au regard des possibilit s des r cepteurs hantise des chiffres et des tunnels et au del de chercher une d finition de la politique t l vis e qui puisse associer la sacralit du sujet une mise en sc ne qui joue sur le lu Pratiques culturelles des Fran ais minist re de la Culture 1974 1981 1 M adel C 1984 2 Champagne P 1988 3 Champagne P 1971 p 409 et sq 4 Gaxie D 1978 dique ou tout autre code plus accessi ble aux profanes L entreprise tait particuli rement d licate pour TF1 Avec le
22. 409 431 ainsi que Bidou C 1985 et Beaud P 1984 chapitres 11 13 en particulier CI 6 INA DF 1986 p 39 et sq 7 Lipovetski G 1983 le commandaient Il s agit au premier chef des modifications morphologi ques dans la scolarisation et la compo sition de la population fran aise Le r le de ces nouvelles couches moyennes dans le domaine des activit s de repr sentation et manipulation symbolique n a pu qu acc l rer la visibilit de ces mutations Ont jou dans le m me sens les transformations du syst me t l vi suel o la concurrence a desserr les contraintes d une programmation tous publics align e sur le plus petit d nomi nateur commun culturel rendu obliga toire l appel des produits culturels porteurs de l american way of life Il faudrait ajouter ces indications le r le esth thique de la publicit la modifi cation des conditions de r ception Une tude serr e des professionnels de la t l vision clairerait enfin les m ca nismes probables d identit ou d homo logie entre les sensibilit s des nouvelles vedettes du petit cran et l ethos de la nouvelle petite bourgeoisie La simple lecture de l abondante litt rature de t moignage r dig e par des journalis tes de l audiovisuel offre de riches indications ce sujet La sensibilit anti institutionnelle le refus des formes compass es ou agressives de d bat la valorisation de la culture la volont d affi
23. CNET 1990 METTRE LA R CEPTION Pr m ditation et r ceptions de la politique t l vis e Brigitte Le GRIGNOU Erik NEVEU Post scriptum en forme d pitaphe Q UELQUES mois apr s la publi cation decet article Questions domicile se trouvait d finitivement marginalis Si le principe de nouvelles diffusions de cette mission reste affir m par TF1 il faut constater que cet engagement semble davantage r pon dre au souci de m nager la journaliste vedette Anne Sinclair qu un r el souci de pr server un rythme r gulier et serr de diffusion Apr s quelques program mations sporadiques en 1989 l mis sion est entr e en l thargie en 1990 Cette mise au placard d une mission qui voulait renouveler le genre des pro grammes consacr s la politique parti cipe d un climat g n ral Les h ros de l Audimat politique sont fatigu s ti trait le quotidien Lib ration du 17 mai 1989 La grande mission rivale de la seconde cha ne L heure de v rit a subi pour sa part un recul hors du prime time puisqu elle est depuis le d but 1990 diffus e 22 h 30 d pouill e aussi de ses gadgets interactifs coups de sonda ges minitel Cette d valuation des missions politi ques renvoie des facteurs conjonctu rels L accumulation descampagnes l gislatives pr sidentielles municipales et europ ennes sur 1988 et 1989 a pu engendrer un effet de surdose Elle d signe aussi un ma
24. INCLAIR A Une ann e particuli re Foyard 1982 TUNSTALL Journalistsat work Cons table 1971 VERON E La politique qui se donne voir Le Monde diplomatique mai 1981 ANNEXES Sondage IPSOS Le Monde Novembre 1987 Regardez vous chaque fois ou presque environ une fois sur deux quelques fois par an jamais ou presque jamais Chaque fois Jamais ou 7 SUR 7 ou presque presque jamais Ensemble rappel VENTILATIONS SEXE Homme Femme AGE 18 24 ans 25 34 ans 35 44ans 45 59ans 69 69ans 70 ans et plus PROFESSION DU CHEF DE FAMILLE Ind pendant cadre sup rieur Technicien cadre moyen employ Ouvrier Agriculteur Inactif REGION Paris Province PROXIMITE POLITIQUE Sans r ponse QUESTIONS A DOMICILE Ensemble rappe VENTILATIONS SEXE Homme Femme AGE 18 24 ans 25 34ans 35 44 ans 45 58 ans 0 69 ans 70 ans et pius PROFESSION DU CHEF DE FAMILLE Ind pendant cadre sup rieur Technicien cadre moyen employ Ouvrier Agriculteur Inactif REGION Paris Province PROXIMITE POLITIQUE PC PS UDF n RPR FN Sans r ponse L HEURE DE VERITE Ensemble rappel VENTILATIONS SEXE Homme Femme AGE 18 24ans 25 34ans 35 44 ans 45 59 ans 60 69 ans 70 ans et pits PROFESSION DU CHEF DE FAMILLE Ind pendant cadre sup rieur Technicien cadre moyen employ Ouvrier Agriculteur Inactif REGION
25. ables Le moralisme ri gide a vu ses positions d finitivement branl es Les mod les de Miami Vice ou Dallas sont bien loin de Belle et S bas tien Les enfants du divorce sont deve nus personnages banalis s La sexualit devient objet d missions Sexy folies Charmes ne fuit ni les heures d au dience familiale ni les programmes en fantins L thique permissive trans para t aussi dans le contenu ducatif des programmes pour enfants Le mo d le de l adulte d tenteur de savoir et tuteur que symbolisait le nounours de Bonne nuit les petits s estompe C est encore le mod le de division du travail entre sexes qui est profond ment affect Les succ s professionnels Art cit p 42 56 de C Ockrent ou A Sinclair ont une signification qui d passe la sociologie des gens de t l vision Jusque dans les jeux les couples mettent en sc ne une conjugalit plus galitaire plus fond e sur la coop ration de deux parte naires que sur une division compl te des taches dans la cellule familiale Les mutations dans le style des journa listeset pr sentateurs vont dans le m me sens La symbolique de C Ockrent ou C S rillon n est plus celle de L Zitrone ou D Breem Les journalistes ont intro duit dans leur m tier le souci visible d tre per us comme plus que des lecteurs de d p ches dont l aust rit ga rantit la comp tence Ils ont conquis le droit une apparence plus d contrac t e plu
26. aire dans un ouvrage ult rieur Portraits domicile Objet particuli rement remarqu et s lectionn par un il culturel le livre est mis en valeur et sa pr sence c l br il estparfois propos individuellementsur un pr sentoir l ment important mais discret d une culture rudite ou bien ouvert et comme abandonn l instant par unlecteur assidu mais importun la Douleur de M Duras oubli sur la table de nuit de F L otard C est le plus souvent son nombre qui est valoris signe d une curiosit clectique Morin Sartre Durkheim Bergson On trouve tout dans la biblioth que des Fabius Signe irr futable de cette varolisation c est leur biblioth que que les deux journalistes montreraient d abord si 19 Goffman E 1973 p 39 on filmait leur int rieur Les biblioth ques trop sp cialis es trop profes sionnelles sont elles discr tement d pr ci es on fait ainsi remarquer J P Chev nement qu il n y a pas chez lui un seul livre de litt rature et M Rocard qu il poss de plus d essais que d ouvrages litt raires Comment ne pas songer ici la lumi re des missions t l vis es de plus en plus nombreuses qui invitent des hommes politiques pr senter leurs livres pr f r s ou d voiler leur go t en mati re de gas tronomie la constitution d un style aristocratique qui selon E Goffman consiste mobiliser toutes les activit s mineures que les
27. ajorit d acteurs sociaux par la m diation de la presse crite ou de la radio Tel est le cas des missions politi ques Les professionnels de la politique l ont si bien compris qu ils sont Fori gine de l ancrage sur le prime time Une diffusion tardive outre qu elle leur para t une atteinte leur dignit interdirait les reprises dans la presse du lendemain rendant la rentabilit m diatique de leur prestation al atoire et leur participation hypoth tique Des images pour du papier Comme le rappelle J N Jeanneney les discours des hommes politiques la t l vision ont envelopp s ensuite dans un cocon d interpr tations qui elles m mes modifient la fa on dont le mes sage est re u moyen terme bien des citoyens sont influenc s par le com mentaire des journaux le lendemain matin avant de d cider ce qu ils ont vraiment pens d une mission qu ils ont vue la veille Les rapports des journalistes de t l vi sion avec la presse crite la d signent clairement comme destinataire et relais d un m dium dont une des caract ris D o l int r t de Montand Questions domicile En plus de sa popularit voici un h te politique qui ne parle pas trop politique chante et fait des claquettes in Strat gies pr sidentielles Dossiers de l audiovisuel n 17 p 26 Pour un exemple typique de reformulation des perceptions par la presse du lendemain voir le d bat Carter Ford
28. argement r duite au refus de l armistice id ologique et la d nonciation des projets surr alistes de Chirac La presse ici ne restitue aucune strat gie d image et ne donne pas lire le message central mis par l homme politique L chec peut aussi refl ter le flou d une performance t l visuelle honn te mais sans fil directeur sans strat gie d image nette C Hernu Le troisi me et plus significatif as pect du travail de retraduction par l crit r side dans un parti pris de s rieux caract ris par l oubli ou la sous estima tionnon seulement du contexte del mis sion chez J M Le Pen Saint Cloud chez A Lajoinie Saint Pour ain etc mais aussi du contexte de la prestation une s rie t l vis e qui a t pr par e travaill e par les journalistes et leurs h tes Les notations relatives au domi cile de la personnalit politique aussi bien qu la mise en sc ne sont rares et sont l apanage on le verra de quelques journaux nationaux sur un mode parti culier Les notations relatives l image de l invit devant les cam ras sont peu fr quentes exception significative un M Rocard fig end but de prestation Peut tre faut il voir dans ce parti pris de privil gier ce qui est commun ment consid r comme le fond au d tri ment du d cor et de la forme un indice de la conception que se font les journa listes de la presse crite de leur m tier et de ses rap
29. artifices sus ceptibles d assurer un spectacle bien rythm int ressant vari Ma hantise tait qu il s engage dans un tunnel Pour lui le tunnel c tait un d veloppement tr s technique sur le ch mage On n a pas pu l viter il y a un tunnel la fin de l mission Les journalistes di sent encore la n cessit de profiter des br ches pour rythmer la conversation P L S guillond critainsiunentretien A Sinclair est pr te saisir l occasion du moindre silence pour rebondir sur une autre question Je suis concentr guettant le moment d interrompre no tre interlocuteur pour le relancer dans une autre direction 12 Les conditions d un bon d bat se d fi nissent donc comme bri vet et diversi t relancer rebondir autre question autre direction ce qui ne correspond pas pr cis ment aux r gles habituelles de la conversation Cette exigenceexpli que sans doute pour une part l impor tancerelativement r duite des questions ayant trait au domaine conomique raret li e galement la non comp tence avou e des deux journalistes sp cialistes des questions politiques Les probl mes conomiques occupent au maximum quinze minutes de l mission et la s quence qui leur est consacr e est ponctu e de remarques invitant l homme politique conclure rapide ment Voyons tr s rapidement Fai sons un d tour bref Nous sommes oblig s d aller tr s vite C e
30. autres classes laissent en dehors de la d finition des activit s sp cialis es et s rieuses et y incorpo rer tous les signes du caract re de la puissance et de la distinction 10 Par ailleurs le commentaire des journa listes m me la r f rence cultiv e iro nie distance impertinence humour et jugements de valeur pour d signer ce qui est de bon go t etce qui l est moins Sinclair plaisante sur le choix par JP Chev nement de la symphonie la plus connue de Prokofiev C est un peu pompier non Chez L Fabius c est l association de l tre doux de la chemin e vert c ladon avec l id e de veill e et de retraite qui est l occasion d une boutade sur le jeune ge d un d j ancien Premier ministre Chez Lajoinie en revanche on remarque qu il y a peu d objets personnels Cediscoursdes journalistes en premi re partie de Q D o se m lent r f ren ces g ographiques historiques gastro nomiques esth tiques psychologiques etc est ponctu de remarques visant rappeler le caract re politique de l mis sion Les rappels de la politique se font alors souvent sur un mode allusif ou ludique et consistent conf rer un sens politique des objets anodins ou des anecdotes Lejournalistet moignealors la fois de sa comp tence puisqu il est capable de d busquer l id ologie l o on ne l attendait pas et de sa familiarit avec les hommeset la chos
31. critique L envahissement par J imprim devenaitsigne de n gligence un motif de suspicion l gard d un pr tendant l int rieur si n glig Un responsable du service politique d un quotidien r gional relevait dans le feed back de son lectorat au lendemain de la performance de F L otard Fr jus une forte m morisation de l image du pla card rempli de chaussures de sport et un certain tonnement l gard d un foyer o chaque conjoint dispose de sa chambre 20 Ferro 1977 La s lection et l interpr tation des si gnes pertinents semblent bien r v ler une fluidit et un arbitraire absolu Tel t l spectateur fort capital culturel gardera de l mission consacr e P Mauroy le souvenir apitoy d un buffet Henri I tandis qu un lecteur du Monde prend la plume pour d noncer l occasion d une d claration faite en mars 1988 par J P Chev nement la lou che symbolique d un k pi exhib par ce m me J J P Chev nement dans un Questions domicile vieux de trois ans L analyse du travail de commen taire des journalistes sp cialis s suffi rait pour objectiver cette vari t des signes qui servent de support aux com mentaires les plus contradictoires S Daney rendra c l bres les chaussettes d A Lajoinie tandis que la presta tion deJ Chirac permet C Sarraute de gloser sur les go ts musicaux avant gardistes du Premier ministre et B Frappat de consacrer une page au che
32. duit tr s labor presque sophistiqu Ce travail d ancrage se fonde sur le double statut des journalis tes celui de reporter qui a t sur place qui sait parce qu il a vu et celui d analyste politique qui sait parce qu ila appris et travaill Deux types d ancrages peuvent alors tre retenus Une grille culturelle les images de reportage passent par un filtre de r f rences culturelles PR Une grille politique tout signifiant peut devenir objet d analyse politique Le commentaire du film visite offre du partipris culturel et cultiv des commen tateur une illustration presque carica turale De la r f rence herm tique la m taphore audacieuse en passant par l analogie inattendue tout concourt faire de cet expos un v ritable exercice de style qui t moigne de l rudition du brio de la ma trise de la langue et des multiples facettes du talent des journa listes Chez J M Le Pen P L S guillon se livre par exemple propos d un couple de chiens de garde Gronda et Odin une savante digression sur Odin divini t germanique de la guerre gardien du Graal et des secrets initiatiques et propos d une statue ornant le parc de Montretout un exercice po tique mettant en sc ne un ph be songeur et myst rieux chapp d une Bucoliquede Virgile L effet crivain est ici ren forc par le fait que son auteur reprend textuellement son propre comment
33. e L heure de v rit Ce serait surtout n gliger les structures d offre Diffus le jeudi soir Q D se heurte le plus souvent cinq films A2 soigne tout sp cialement sa contre pro grammation cin ma inaugur e en jan vier 1986 Comment ne pas noter que l Audimat de Q D qui tait de 17 points depuis la rentr e 1985 chute pour 1986 9 points apr s contre program mation A l inverse le mercredi soir retenu par L heure de v rit ne se heurte pas une concurrenceaussi pre la soir e repose davantage sur des s ries am ricaines La 5 M6 des t l films des missions culturelles FR3 et des jeux Ilest permis de penser que Sacr e soir e sur TF1 etun ballet classique sur FR3 constituent une alternative moins all chante pour un public jeune et dipl m qu un choix de films o la qualit n est pas absente Notons pour y revenir bient t l impor tance dela programmation dansla capa cit atteindre quantitativement et qualitativement l audience Le r sultat atteint aupr s des plus de soixante ans peut d abord tre relativi s L audience de TF1 est par tradition plus g e La place des plus g s dans les structures d audience doit au moins autant la d fection du public jeune qu un engouement irr pressible du troisi me ge pour Sinclair et P L S guillon Il reste n anmoins que l on peut valuer pr s de 900 000 le nombre de foyers de plus de soi
34. e politiques qui autorise plaisanteries et apparente frivolit sur ce qui au fond est essentiel mais qu il convient parfois de traiter avec la l g ret des sp cialistes Les allusions fonctionnent en outre comme un code de reconnaissance entre initi s puisqu elles supposent pour tre lucid es un savoir relatif l actualit politique r cente ou l his toire bref une certaine culture politi que A Sinclair commente par exem ple chezM Rocard deux gravures dont l une repr sente un Auvergnat l autre un Landais en demandant si le premier vient de Chanonat et le second de Lat ch M me au domicile des Chaban Delmas o le film est assorti d un commentaire tr s descriptif la vision de gravures du th tre de Bordeaux susciteuner flexion sur les rapports de l homme politique et de l acteur et une interrogation sur ses qualit s de trag dien ou de com dien Il convient enfin de d finir une politique s duisante Dans la seconde partie de l mission aux dires m mes des journalistes on aborde le volet plus sp cifiquement politique les reporters doivent d sormais exercer pleinement leur talent de politologues L analyse des questions pos es permet d abord de savoir de quoi parlent les journalistes lorsqu ils parlent de politique la t l vision et fait appara tre clairement les contraintes auxquelles ils se heurtent dans l exercice deleur m tier Iisse voient en effet imposer
35. e R Barre ce qui est la fid le traduction du titre d une des d p ches de l AFP M Fabius prend M Barre comme cible privil gi e Le Progr s de Lyon se contente de repro duire int gralement le texte de la d p che tandis que le Berry r publicain et la D p che du Midi s en inspirent fortement et publient le m me article Le travail effectu par les quotidiens nationaux est plus complexe d une part parce que leursstrat gies dedistinctions affirment nettement dans la teneur des articles consacr s aux discours politiques d au tre part parce que les journalistes ne se contentent pas de diffuser l information mais en d signent le sens Le premier travail du journaliste con siste tablir l importance de Fh te Ainsi M Rocard prince des sondages b n ficie d au moins un article dans neuf quotidiens nationaux l inverse C Hernu est sanctionn d un quasi silence vingt lignes dans cinq quoti diens nationaux France Soir ironise sur la concurrence d loyale que lui font Don Camillo et Hitchcock sur FR3 et A2 Le second travail passe par l valuation du succ s de l invit Ainsi pour M Rocard r serve faite de France Soiretdes Echos tous les quotidiens voquent sa d termination sa t nacit et la plu part se r f rent sa volont de mettre en valeur cette image de lui m me M Rocard a voulu faire passer une image de t nacit la Croix Il s est content de donner de lui m
36. e pas d une notori t nationale doit susciter la cu riosit est donc mis en avant le as particulier Hernu un des hommes les plus populaires de France en d pit de la peu glorieuse affaire Greenpeace La pr sentation qui est faite de l h te l inscrit dans une typologie dont les cri t res de classement fond s sur la noto ri t et la popularit du personnage politique offrent aux spectateurs une image simplifi e personnalis e et quel que peu ludique dela vie politique Cette cotation d termine aussi les bonnes questions poser Le pr ambule d finit une probl mati que que les journalistes s etforceront d imposer aux hommes politiques qui tant t en joueront tant t s en d fen dront Ainsi le th me du capital de popularit de M Rocard sera plu sieurs reprises utilis et mis en relation avec sa r cente d mission du gouverne ment Fabius Que faites vous de cette popularit 7 Quels sont les effets de votre d mission quoi sert d tre populaire Quelle est la rentabilit de cette popularit Par ce biais sont introduits deux types de questions les rapports de M Rocard avec le PS sau ra t il user de ce capital pour s imposer son parti et son image d homme politique peu d termin n y a t il pas un rapport entre sa popularit et le fait qu il ne soit pas per u comme un tueur Face ces questions M Rocard se d fend de tout calcul tac tique refu
37. er la participation cultu rellement impr vue d un public d inac tifs g s il reste rendre compte du succ s tr s moyen de Questions domicile face ce qui tait culturel lement son publiccible les couches moyennes salari es un public plus jeune que la moyenne pour ce type d mission Outre l argument relatif au privil ge d ant riorit et la visibilit acquise par l missionrivaled Antenne Q D a beaucoup souffert d une s ri de hia tus dans sa conception sa pro fa mma tion En termes d image de cha ne TF dif fuse ici un produit de tonalit tr s 42 cha ne plus urbaine au public plusjeurt etplus dipl m Lehandicapseraittenu S y ajoute celui du format d mission Aussi inspir e soit elle des nouveaux mod les culturels l mission de TF1 peut elle conqu rir un public jeune m me chez les plus dipl m s Si 66 des sond s manifestent leur absence d int r t pour ce type d mission nom bre d tudes montrent que le d sint r t pour les formes officielles de la poli tique est sup rieur la moyenne chez les plus jeunes Malgr la greffe inti miste et les vingt premi res minutes de portrait psychologique Q D demeure une mission largement consacr e parler politique comme le rappellent ses animateurs Le d cor est certes dis tinct de celui du studio mais dans une majorit de plans il est peu valoris par des cadrages statiques et co
38. gies tra ditionnelles Il est enfin tentant de sugg rer l hypo th se d une paradoxale expertise du public Et si l une des r ceptions possibles de l mission peine braconni re puisque sollicit e par le parti pris d exploration de la personnalit que revendiquent les journalistes tait pour nombre de t l spectateurs de cerner la psycholo gie la personnalit des invit s Ce sa voir faire est moins que d autre tribu taire du capital culturel ou scolaire Il peut d s lors fonctionner efficacement m me si les enjeux sp cifiquement poli tiques du dialogue restentopaques Mais il se heurte aussi au tr s faible taux de renouvellement des invit s de l mis sion une fois pass s en revue a ving taine de professionnels pr pos s ces interventions Le retour d un person nage d j perc jour diagnostiqu psychologiquement ferait alors chuter les gratifications li es pour le t l spec tateur une lecture psychologique du programme Ces questions en post scriptum ne pr tendent pas au statut de d monstra tion Remarquons toutefois au passage que le malaise m diatique de la politi que n affecte en rien cette ann e 1990 l mission 7 sur 7 Or celle ci consti tue aussi le point le plus avanc d une logique d mission politique qui tend disqualifier les discours et topos or dinaires de la politique Aux observa tions d ja formul es sur ce point en 1988 nous ajoute
39. i rarchiser de se forger une ma trise th orique ou pratique des contenus et conventions d un genre de produit t l vis et par cons quent se doter d un syst me de cotation qui comme celui de l office catholique du cin ma a ses rubriques proscrire viter On devine la difficult des r ussites en mati re de ciblage de la r ception par les programmateurs Il ne suffit pas de bien d finir un style un concept d mission Encore faut il le traduire dans le bon format c est dire dans un genre ad quat de produit TV diffus l heure pertinente avec le rythme la dy namique visuelle les contenus et les formeslangagi res requises Pour Q D la difficult est redoubl e par le fait qu il s agit de proposer un produit sus pect mission politique dont les jour nalistes ne contr lent vraiment ni les contenus 13 puisque l agenda setting vient largement de la classe politique ni le casting et les performances des invit s De plus commel a bien montr P Schle singer la pr m ditation du produit est d autant plus al atoire que les journalis tes politiques ont tendance surestimer le niveau social de leur public 14 et peu se soucier d une connaissance so ciologique des audiences 15 La prise en compte par les journalistes du travail des services d tudes d audience sem blerarement aller au del du quantitatif de l Audimat Enfin les difficult s de Q
40. iences de la communication a abouti r valuer constamment l as pect dynamique vari jusqu l errati que des processus de r ception Les contributions des sociologues et des historiens sont venues confirmer que les 19 Baxandall 1985 ph nom nes de perceptionenapparence les plus vidents et les plus universels taient en r alit profond ment tribu taires du temps historique et de l espace social et culturel M Baxandall a pu partiellement montrer en quoi le regard des contemporains sur la peinture du quattrocento se distinguait de celui que porte aujourd hui le visiteur d un mu s e florentin 19 M Ferro a soulign combien la sanglante all gorie de La Gr ve tait per ue diff remment par les urbains et les paysans 20 Bref dans le domaine des produits cul turels attention s est transport e sur la vari t des r ceptions possibles vari t que ne saurait paralyser les plus subti les consignes de perception introduites dans le produit Sans oser employer propos d chan gesinformels ou d informations parses le mot d enqu te notre propre travail nous a permis de rencontrer les traces de ces lectures et r interpr tations contradictoires Ainsi per ue comme signe d excellence par nombre de nos coll gues univer sitaires la densit des livres empil s dansl appartement parisien des Rocard donnait lieu dans le t moignage d une employ e de bureau un commen taire de
41. ier du Monde qui com 18 Padioleau G 1976 Tunstall J 1971 nn mente les propos tenus au Q D de la veille Mais ce cercle de la connivence peut en cacher unautre celui qui associe leur corps d fendant journalistes et profes sionnels de la politique Cecerclene na t pas tant de trop visibles liens ou des effets de la proximit sociale que du poids des hommes politiques dans la d finition de l agenda des journaux ou de l int r t mutuel la r ussite du spectacle Dire L Fabius qu il est lisse c est aussi lui offrir l occasion d un lifting d image Enfin lesinterrogations indig nes des journalistes sur le m tier politique ne sont pas toujours les plus propices produire de la lucidit sur le fonctionnement r el du champ politi que lorsqu elles passent comme ici par la morale ou la psychologie M me les interpr tations en apparence les plus exigentes peuvent aussi profiter ceux des lus qui par leurssituations ou leurs dispositions sont port s vers des strat gies de r cusation de la politique politi cienne Souligner comme nous l avons tent l importance et la complexit de ces flux d informations qui assurent un v rita ble sous titrage id ologique et s miolo gique pour les r cepteurs ne signifie pas pourautantqueles t l spectateurssoient captifs des programmes de perception quileur sontofferts Contrelesimplisme des mod les en seringue l volution des sc
42. in A Ranney 1983 14 Voir aussi Tunstall 1971 p 253 15 Schlesinger P 1987 chapitre 5 16 Bourges H 1987 tiques singuli res est pr cis ment d tre constitu en objet de traductions de gloseset d ex g ses Carla t l vision ne se contente pas d assurer elle m me sa promotion Elle compte aussi sur les commentaires du vieux monde del crit A Sinclair ne le juge t elle pas plus propice la r flexion l analyse appro fondie lorsqu elle distingue ia t l vi sion faite pour toucher frapper don ner imm diatement voir et la presse qui est l pour donner compren dre C est de fa on tr s explicite que P L S guillon quant lui d signe le r le de la presse commentant la d tini tion par L Fabius du conservatisme rond deR Barreet du conservatisme pointu de Chirac il avoue Cette formule est pour nous pain b nit mijo t e comme il convient servie point nomm pour tre demain matin l objet des reprises dans la presse crite qui en fera quelques titres Les reprises de Q D par la presse crite fonctionnent donc comme une caisse de r sonance Mais la convertion de l image en crit ne s op re pas sans que transparaisse une lutte pour la l gitimit dans le champ journalistique La caisse de r sonance peut s exa miner en deux moments En amont l invitation joue sur deux registres le d voilement de la demeure des pro ches du myst
43. ion d hu mour de refus du trop s rieux Elle valorise des postures plus intel lectuelles une disposition utiliser du capital culturel pour d chiffrer ou surcoder les messages t l vis s Elle fait une part plus large que par le pass un travail de mise en sc ne de son identit et de sa personnalit par la vedette de petit cran Le pr sen tateur n est plus r duit une fonction ou au personnage faussement complice d un gendre ou cousin de t l specta teur R Bautier op re en ce domaine une distinction suggestive Il oppose un mod le d autorit par loignement relatif celui de professeur fausse ment proche de son auditoire des fins p dagogiques qui tait celui des ve dettes d hier la proximit relative des nouvelles stars du petit cran qui partagent effectivement des mod les culturels et langagiers avec le public des nouvelles couches moyennes 6 L identit m diatique du pr sentateur est de moinsen moins d cal e de son identit sociale plus proche aussi de celle d un public capital culturel sup rieur la moyenne Ces rep res provisoires introduisent deux constats Il est d abord ais de rep rer dans Q D gt la trace de ces nou velles matrices culturelles fonctionne ment galitaire du couple de journalis tes intimisme approche de l homme politique par un portrait psychologi que et culturel refus du s rieux agressif desrendez vouspolitiquest
44. laise structurel une crise n e du d calage entre l offre poli tique et les attentes et les insatisfactions souvent informul es du corps social dont attestent la mont e de l absten tion le succ s de nouvelles entreprises politiques Front national Ecologie et le feuilleton des r novations de l oppo sition Mais au del de ce contexte global de malaise dans la repr sentation politi que ce qu il faut bien appeler l chec de Questions domicile vient conforter ou renouveler quelques interrogations la politique en tant que champ de lutte entre entreprises et professionnels ri vaux est elle un produit vulgarisable et attractif aupr s d un large public quelsquesoient les artifices con us pour donner au dialogue journalistes hom mes politiques un tour ludique ou inti miste L influence dominante qu exercent les professionnels de la politique dans la d finition de l agenda ne condamne t elle pas les journalistes politiques un travail de Sisyphe pour rendre digestes des probl matiques et questions tran g res l univers symbolique de nombre d acteurs sociaux L accord implicite entre protagonistes du dialogue sur des listes de questions d cisives qui sont avant tout des questions pour dialogue sur des listes de questions d cisives qui sont avant tout des questions pour d cideurs ne rend il pas vain l espoir de plier la politique un concept d mis sion capable de rompre les litur
45. llas Chez P Chev nement un jeu d checs est l occasion d interroger son propri taire sur la n cessit pour gagner d tre un tueur Chaban Delmas quant lui est convi une m ditation philosophique sur la d fini tion de l exercice du pouvoir comme es th tique ou comme thique Bref en politique ne risque t on pas de perdre son me Les justes ne sont ils pas con damn s l chec Telle pourrait tre la formulation des questions fondamenta les du journalisme politique propos e par Q D Car ici l action politique est interrog e partir de valeurs morales l int grit et le courage distinction propos e Chaban Delmasentre ceux qui r sistent et ceux qui collaborent la sinc rit le commentaire d A Sinclair apr s unexpos d A Lajoinie consacr la lutte contre le ch mage Vous tes merveilleusement passionn le d vouement les questions F L otard sur sa foi le respect de l autre l amiti La r f rence P Mend s France est sur ce point tr s clairante A Sinclair ne cache pasqu elle l a rig en mod le et symbole de l homme politique Le seul qui parle un langage clair et franc Le seul qui utilise un vocabulaire exclu sivement moral dire la v rit trom per trahir flouer Lorsqu elle ajoute C est lui que je dois mon int r t pour la chose politique le lien est nettement tabli entre engagement moral l
46. ne per sonnalit politique il est clair que les journalistes appliquent une cotation qui aboutit distinguer par exemple les hommes politiques vocation g n rale des sp cialistes Aux premiers sont r serv slesconsultationsetinterrogations sur l avenir du r gime ou du pays ou sur les grands projets porteurs d espoir aux seconds les questions plus techniques objet limit Presque toute la seconde partie de l mission chez Mich le Bar zach est ainsi consacr e aux probl mes m dicaux alcoolisme sida drogue procr ation m dicale assist e r forme des tudes m dicales de m me J P Chev nement est il longuement inter rog sur l cole publique dix sept minutes sont consacr es ce point La hi rarchie repose sur des crit res objectifs un Premier ministre vaut plus qu un entrant mais aussi sur les repr sentations des journalistes Alors qu A Lajoinie est cantonn aux topos classiques sur le PCF relations avec l URSS le tr s m diatique F L otard est aur ol d un statut de grand pr tre du lib ralisme l avenir prometteur Mais c est surtout le sondage r alis pour chaque mission qui fonctionne comme caution des classifications journalistiques D s le d but de l mis sion chez L Fabius A Sinclair souligne le myst re du caract re lisse de son h te Il faudra donc l amener s expli quer sur son profil psychologique affirmer son temp rament Le pou
47. nvention nels Malgr la mont e r cente d l ments spectaculaires invit surprise les s quences les plus originales se con centrent sur le d but du programme Enfin m me les l ments qui ancrent ce produit sur les nouvelles tendances de la t l vision intimisme humour r le d une dimension personnelle et psy chologique ne fonctionnent pas tou jours au mieux Pareille appr ciation peut tonner apr s nos analyses sur les nouvelles matrices culturelles Elle prend son sens dans la distinctionentrele style culturel du programme et la traduction visuelle de ce style par le m dia Un exemple et une comparaison pourront expliquer cette distinction L usage du domicile donne indiscuta blement un ton plus intimiste la politi que t l vis e Encore faut il pour le succ s m diatique de l entreprise que l invit sache jouer de ce code intimiste qu il offre un mod le d intimit suscep tible de susciter du public cibl quelque chose de l ordre de la connivence qu il tienne enfin dans ce cadre des propos qui prennent r ellement distance avec les st r otypes du discours politique Cela fait au total beaucoup de condi tions cumulatives La comparaison est offerte par 7 sur 7 Voici une mission pr sent e sur la m me cha ne par la m me animatrice avec des invit s qui passent parfois Questions domicile Or son score se situe au niveau de L heure de v ri t Elle obtient un tau
48. o gr s dans l analyse de la communica tion se sont faits en relativisant progres sivement la port e de ce clivage des recherches r centes incitent d ailleurs construire diff remment la probl matique d tude des m dias Les travaux d A Hennion et C Meadel clairent en particulier le r le des m diateurs leur fonction de repr sentants des r cepteurs absents au p le de la production L tude de RTL r v le ainsi le paradoxe d une construction du public qui se fait d abord par le Ce panorama des mod les recens s par D Mac Quail et S Windahl Communication Models for the Study of Mass Communications Longman Londres 1981 est particuli rement parlant cet gard Voir aussi et M Mattelart Penser les m dias La D couverte 1986 chapitre 8 versant de la station de l metteur 1 A la dichotomie brutale mission r ception il para t plus f cond d opposer les m taphores li es l image du cercle de syst mes en interaction permanente L illustration pathologique enestsans doute fournie par les m canismes de la politique t l vis e o le contenu de la communication est en permanence r ponse et remodelage face aux images de l homme politique dans l opinion publique se sont pr sum s traduire les sondages 2 I n est gu re de communication efficace qui n int gre f intention p dagogique d une prise en compte des destinatai res L observation vaut pour la t l vi
49. on du mod le familiariste P Champagne avait offert au seuil des ann es soixante dixune synth se remar qu e du mod le culturel r gissant la t l vision de service public des ann es soixante Partant du ph nom ne de r ception domestique 5 il d montait le travail de pr domestication des mes sages cathodiques lecture des informa tions les plus complexes selon des grilles inspir es de la vie quotidienne aligne ment dela speakerine sur le langage etla cosm tologie des classes moyennes fa miliarisation du rapport pr sentateurs public reprise dans les programmes du moralisme des couches moyennes tradi tionnelles La t l vision fonctionnait alors partir d une culture syncr tique r sultant du m lange peu coh rent en tre les valeurs et les id ologies attach es aux couches populaires et aux classes moyennes dans la mesure o il faut qu en soient limin s tous les contenus qui risqueraient de diviser profond ment le public Il n est pas utile de brosser un tableau exhaustif du PAF pour voir quel point les formesetles contenus de la program mation ont volu en vingt ans au point de renvoyer le mod le familiariste au statut d analyse d un tat historique du champ de la t l vision La r serve face au monde des choses et de la consommation s est dissip e travers l envahissement publicitaire les jeux o les enjeux impudiques sont loin d tre n glige
50. ondes journalistiqueetintel lectuel A Sinclair ne d signe t elle pas J Daniel comme symbole d une excel lence ins parablement morale intellec tuelle et journalistique et entendent respecter l objectivit de la d ontologie sans jamais renier les valeurs qui struc turent leur identit intellectuelle de gauche Il est permis de s interroger sur la fa on dont cette moralisation noble du poli tique peut tre interpr t e par un public qui n a pas les r f rences culturelles des journalistes L analyse psychologique sera peut tre r duite une r f rence la bonne gueule de l h te Les inter pellations morales retraduites dans l image du panier de crabes ou les mod les de Dallas Abstentionnistes braconniers et traducteurs L examen des donn es d audience devrait offrir une v rification empiri que nos analyses sur les nouveaux codes culturels l uvre dansles conte nus de Q D et le travail journalisti que qui s y d veloppe Les chiffres disponibles il serait plus juste de parler de chiffres indisponibles compte tenu de la politique de r tention de l information que pratique d sormais TF1 sont loin de fournir une confirma tion sansambigu t Jeuneset couches moyennes salari es boudent le rendez vous de l audience Mais ce d calage m me est g n rateur de r flexions sur la grande complexit des m diations qui aboutissent ou non la consomma tion des p
51. phorique ou elliptique dispense d argumentation e trouvent donc sinon naturellement du moins logi quement privil gi es les fameuses petites phrases C est ainsi que les quatre ou cinq d p ches d agence AFP AP ACP retiennent titre d illustra tion la ou les deux m mes formules L expression de C Hernu qui qualifie J Chirac de fier bras est par exem ple reprise dans les quatre d p ches qui rendent compte de l mission Cette fonction de rep rage et de mise en valeur des formules percutantes et des bons mots a un effet pariiculier sur le compte rendu de Q D Dans la me sure o la bri vet du r sum exclut les pr cisions et notamment le cadre le lieu qui caract rise et sp cifie l mission se trouve totalement vacu Ce ph no m ne prend dans le cas de Q D une signification singuli re puisqu il abou tit gommer ce qui est pr sent par les animateurs comme l essentiel Les journaux sont les vecteurs de l amplification m diatique La fonc tion de relais est assur e diff remment par les quotidiens r gionaux et par les journaux nationaux Les premierssecon tentent parfois de reproduire int grale ment une d p che d agence et souvent d en reprendre les citations La couverture de l mission chez L Fabius offre du r le d cho des quo tidiens r gionaux une illustration presque caricaturale Sur une dizaine d articles la moiti porte en titre L Fabius critiqu
52. ports avec la t l vision de leur l gitimit Penseurs contre speakers Serait ce le dilemme des professionnels de l in formation crite La visibilit sociale et l allure conqu rante des journalistes de l audiovisuel peuvent expliquer ces r actions Les propos d A Sinclair en attestent L poque des complexes l gard des journalistes dela presse crite qui avaient d ailleurs tendance se prendre pour des penseurs par opposi tion aux speakers de l audiovisuel est bel et bien r volue L assainissement des relations entre le pouvoir et la t l vision a fait de nous des journalistes comme les autres car Q D est un vrai rendez vous politique ni un maga zine de vari t s dont la star serait un homme politique ni un jeu qui cher cherait la surprendre en train de cuisiner Sinclair A S guillon P L Le Monde 28 03 1985 De fa on plus surprenante J M Co lombani sugg re cette volution des rapports de force lorsqu il pr sente son entr e dans le duo de Q D comme valorisant pour l image du Monde Face au dynamisme des nouveaux venus le monde de l crit adopte un mode de commentaire qui tant t rend compte sur un mode indirect ou allusif de la dimension du spectacle t l vis comme pour d nier la position en bout de cha ne des quotidiens tant t uti lise le registre ironique ou d mystifica teur face la perversit et la frivolit pr sum
53. presque jamais assidus ceux qui regardent chaque fois ou presque pisodiques tous ceux qui regardent irr guli rement mais au moins une fois l an valeursabsolues ou decomparaisonavec L heure de v rit A l inverse un public g dont on peut douter qu il soit le plus sensible aux valeurs post moder nes prend un poids impressionnantdans les structures d audience et les taux de p n tration Le poids des retrait s est certes structurellement fort dans les audiences de t l vision maisill esttout particuli rement ici Les r sultats aupr s des couches moyennes salari es sont m diocres mauvais m me chez les assidus La r f rence aux structures d audience vient nuancer les disparit s entre les audiences des missions politiques de TFI et A2 en particulier chez les piso diques Mais M Souchon a pu montrer que l effet quasi m canique des structu res d audience tait d roder les diff rences qu amplifie la r f rence aux taux de p n tration Le flou des donn es n interdit cependant pas d affiner nos trois constats de d part Le r sultat inf rieur celui de L heure de v rit peut surprendre compte tenu de la part d audience g n ralement su p rieure de 10 points celle d antenne 2 que fait en g n ral TF1 S tonner de cet chec serait oublier la position d outsi der de la Une sur le cr neau particulier des missions politiques ainsi que l en racinement d
54. raditionnels Par ailleurs le caract re provisoire de nos rep res n interdit pas un rapproche mententre cette nouvelle matrice cultu relle et les fines descriptions faites par G Lipovetski de l volution actuelle des valeurset formes de sociabilit 7 La r f rence Lipovetski requiert ce pendant une pr cision sociologique La o le chantre du post modernisme discerne des volutions globales de la soci t il nous para t plusr alistedere p rer des pratiques et mod les cultu rels centr s avant tout sur ce que les sociologues ont tiquet comme nou velle petite bourgeoisie ou classes moyennes salari es Sans convoquer ici l int gralit des analyses sociologiques sur ce qui res semble trop souvent une n buleuse sociale on trouvera les fondements de cette mise au point sociologique dans les travaux de P Bourdieu mais aussi chez C Bidou ou P Beaud En l espace de vingt ans la constante pr domestication desprogrammes t l vis s s estdoncm tamorphos e pre nant plus de proximit l gard des mod les des nouvelles couches moyennes des modifications de la sociabilit domestique Ce glissement ne peut surprendre tant taient puissants les d terminants qui Observation rapprocher des analyses de Brusini et James sur la construction de l information t l vis e Voir la v rit PUF 1982 Voir l in vitable Distinction sur la petite bourgeoisie nouvelle pp
55. rmer une personnalit sont autant d ingr dientsconstants danscenouveau genre litt raire Le travail journalistique ou la paroie oblique Questions domicile offre un lieu privil gi pour discerner les nouveaux mod les culturels de la t l vision et le sens du travail journalistique qui consiste largement ici produire de la lisibilit La t che des professionnels de la t l vision consiste pour une large part favoriser la r ception Iis m nent cette finuneactivit permanente delutte contre l ambigu t des signes se font les interpr tes des questions que doit se poser la vox populi vulgarisent dans des cat gories plus recevables psycho logie morale les complications de la politique De m me critE Veron que la strat gie des acteurs politiques consiste jouer la politique en faisant semblant de jouer autre chose et produit par l m me une parole oblique 8 la t che des journalistes de Q D consiste travailler le propos et plus largement l mission politique afin de la rendre recevable et perceptible travers de multiples codes de lecture Alors que les missions politiques dans le cadre neutre socialement aseptis du studio proposent la curiosit du t l spectateur des hommes politiques uniform ment v tus d un costume de couleur fonc e le plus souvent bleu tant les vertus t l g niques de ce coloris sont priv es contraints par le
56. rogrammes par les r cepteurs vis s Il permet aussi de constater le paradoxe de programmes re us par des destinataires en quelque sorte ill giti mes et m me par ceux qui ne regar dent pas l mission Les al as de la r ception Qui regarde Questions domicile La seule information disponible sur ce su jet provient d un sondage assez rustique publi par le Monde en novembre 1987 Plusieurs indices sugg re les effets d une mission forte connotation cul turelle Les ouvriers manifestent un taux d assiduit d risoire m me pour une mission politique de 1 et une abstention record 66 La forte dif f rence Paris province 11 7 peut elle aussi s associer la sociologie de l audience en r gion parisienne Enfin l importance particuli rement faible dansle public des lectorats o le capital culturel est le plus faible PCF et subsi diairement EN plaide dans le m me sens Mais ces observations ressemblent des lots de consolation que s octroie le sociologue confront desconstats nets etd apparence d plaisante pour ses th ses Si Q D a trouv un public Audimat 10 12 avec des pics jusqu 20 il est loin d obtenir l audience et l assiduit dont jouit L heure de v rit L chec en mati re de p n tration du public jeune est patent qu il s agisse de Nous d signons d sormais comme abstentionnistes les t l spectateurs qui ne regardent jamais ou
57. rons deux compl ments 7 sur 7 ouvre la palette de ses invit s tous les acteurs de l espace public y gagnant en quantitatif Enfin en d finissant l agenda des sujets traiter sur une logique qui est celle de la revue des unes et sujets m diatis s dans la semaine Anne Sinclair parvient cette fois arracher aux invit s politi ques en particulier leur pouvoir domi nant de fixation de l agenda L mis sion la moins d stabilis e du registre politique est aussi celle o le m dia et ses officiants ont le plus r solument r ussi imposer leurs logiques contre celles import es de leur univers par lus et hommes d appareil Propos entendus dans les locaux de TF1 lors d un dialogue entre un collaborateur de Questions domicile et un repr sentant de R Barre pour la pr paration de son passage Choix des musiques On ne va pas mettre du Schubert en permanence a va tre tristounet J ai pr vu un blues sur les photos d enfant Pour la nostalgie de l enfance propos d un t moignage film sur R Barre il est brave gros guinguin il est gentil mais enfin on ne va pas le changer sontrucc estpas c est tr s politique C est pas passionnant Emission contre r ception La plupart des mod les canonis s d analyse de la communication fonttr ner comme deux chiens de faience ces ma tres concepts de la th orie des m dias Et pourtant il serait possible de soutenir que les pr
58. s de modernit et d irr v rence Les liturgies t l vis es les donnent aussi voir comme analystes du r el titulaires d une disposition in tellectuelle interpeller les pouvoirs d fendre des valeurs Au del des professionnels visibles l cran c est dans la programmation m me que transpara t un nouveau rap port la culture La place des c l bra tions emphatiques et populicultrices de la culture l gitime s est effondr e La culture passe d sormais largement par des programmes qui appliquent des dispositions cultiv es des pro duits de l gitimation r cente cin ma rock connaissances scientifiques et techniques ou vantent des uvres r centes plus que les ouvrages canonis s Apostrophes Sans pr tendre tirer de ces notations parses une th orisation d finitive sur les nouvelles matrices culturelles de la t l vision on peut cependant constater une d valuation variable selon les cha nes et les programmes du mod le Cf les Coco girls les bunnies du dessin anim Cobra Cf Tournez Man ge familiariste des ann es soixante L hy poth se la plus plausible r side dans son remplacement par une nouvelle forme de pr domestication du message adapt e aux volutions de la soci t fran aise Trois rep res provisoires pourraient situer les contours de cette nouvelle matrice La nouvelle pr domestication privil gie les valeurs de d contract
59. se toute analyse en termes de rentabilit mais peaufine n anmoins son image d homme d cid L ancrage des signes est facilement d celable dans la partie portrait de l mission qui recourt de fa on privil gi e des codes non politiques juge ments port s sur le d cor analyses psy chologiques ou morales A Sinclair rappelait en 1977 que les Am ricains nomment le meneur de d bats la t l vision anchorman et expliquait Onest l ancre qui emp che les bateaux de d river tous azimuts A condition de pr ciser que les bateaux ne sont pas constitu s des seuls discours explicites desinvit s politiques l ancrage consiste au sens o l entendait R Bar thes conf rer sens tous les signes jug s notables De fait dans le cadre de Q D les images d appartement ou de maison signifient peu et ne sern blent trouver leur signification que dans leur rapport au commentaire d autant qu l exception du film visite lui m me r sultat d un montage le t l spectateur ne dispose que d une vision fragmen taire et al atoire du domicile et doit mettre profit l unique d placement des intervenants en cours d mission pour tenter de restituer par le trajet l organisation des lieux et de d rober quelquesinformations suppl mentaires L analyse du film visite met en lumi re de fa on particuli rement nette ce travail du commentaire qui appara t comme un pro
60. sondage ap pliquant au personnel politique le jeu du portraitchinois L o l onaurait pu s attendre n enregistrer que les asso ciations al atoires de l imagination on observe desr gularit s statistiques dont on ne peut rendre raison qu en suppo sant que loin de proc der au hasard des associations individuelles les person nes interrog es sont guid es dans les mises en relation qu elles op rent par des principes de vision et de division communs Dans ces conditions l attention port e aux consignes de per ception au pr t d coder inclus dans le produit diffus loin de constituer une alternative ou une d n gation des tra vaux sur les jeux de r interpr tation que pratiquent les t l spectateurs en offre le compl ment n cessaire puisque les variantes de la r ception sont large menttributaires de l ad quation entrele code propos par l metteur et ceux des r cepteurs in la Distinction p 625 et suivantes mi La prise en compte de ces correspon dances et d calages entre les normes du r cepteur et celles incorpor es dans le produit peut donc contribuer une typologie des r ceptions dont on trou verait des l ments d approche chez un auteur comme Stuart Hall 22 La correspondance peut tre tr s large Tel serait pour Questions domicile la situation d un t l spectateur dot d assez de capitai culturel pour entrer dans le jeu d un portrait chinois lettr
61. st la m me volont de ne pas en nuyer le t l spectateur voire de le s duire qui pr side au choix de ques tions ayant trait aux rapports person nels entre les hommes et susceptibles JM Colombani propos du passage de P Seguin Lib ration 12 11 87 p 45 11 Pinto L 1984 chapitre 5 12 S guillon P L 1987 p 95 d engendrer la petite phrase qui le lendemain sera reprise par la presse unanime et servira d embl me l mis sion Est ce cette attente qui d termine la fin de l mission apr s les questions politiques conomiques et sociales et alors que la partie portrait semble avoir t vacu e durant la premi re demi heure et close par le sondage le retour des questions personnelles mettant en jeu des qualit s psychologiques et senti mentales Ainsi chez M Rocard apr s une heure d mission nous sommes frapp s par les diff rents aspects du personnage chez F L otard la poli tique ce sont aussi les rapports hu mains Psychologis e la politique est encore moralis e Aux pr cautions usuelles de la d ontologie impartialit s ajoute un v ritable travail de r interpr tation morale des ph nom nes politiques qui prend une dimension tr s visible lt Q D D abord et tr s explicitement est pos e la question des implications morales de la lutte pour le pouvoir ou de son exercice dans un milieu impitoyable Mme Rocard voquera spontan ment Da
62. succ s de L heure de v rit Antenne 2 domine depuis 1982 le cr neau des missions politiques Mise en position d outsider TF1 a eu du mal d finir une strat gie comme en t moi gne la programmation ph m re de Politiques au printemps 1984 L heure de v rit a su condenser les s ductions de la grand messe m diati que et les mises en sc nes t l matiques d un lien interactif avecson public Le c t preuve sportive de l mission symbolis par l entr e de l invit avec ses challengers journalistes sur fond de g n rique tonitruant l int gration du public par le biais de SVP et du minitel condamnaient touteripostesur le m me registre un plagiat suicidaire La strat gie alternative ne pouvait jouer qu contre pied L intimisme contre la solennit une dimension plus person nelle face aux questions convenues du d bat traditionnel Le coup de g nie d Alexandre Tarta aura t de traduire cette obligation dans une forme origi nale le domicile de l homme politique Pour l analyste c est aussi cet usage du domicile priv qui fournit un lieu d observation privil gi en donnant des conditions optimales pour examiner l volution du mod le familiariste pos par P Champagne en confrontant les journalistes une nouvelle facette de leur travail p dagogique qui est de donner lisibilit au brouillard de signes de l environnement domestique et des traits psychologiques de h
63. utte pour la v rit et engage ment politique Dans cette optique le m tier politique appara t moins comme une profession dont on vit que comme un sacerdoce pour lequel on vit Paradoxalement cette lecture psycholo gique et morale de la politique peut s accompagner d une vision id alis e proche des repr sentations des profes sionnels Ainsi la carri re politique est rarement abord e par les journalistes en termes de promotion ou de grati fication sociales La question est pos e C Hernu fils de gendarme de savoir s il a combl le d sir de son p re en deve nant mieux qu un g n ral ce fier mi nistre barbu auquel ob issaient les g n raux une strat gie sociale est substitu un rapport affectif moins sus pect d arnoralisme Mais la diff rence de celles de C Her nu ou de P Mauroy l ascension sociale A Sinclair 1982 p 54 L admiration de P L S guillon pour R Barre et M Rocard qui ont le cerveau universitaire avant de l avoir politique s adressent l intelligence se moquent de plaire illustre la m me conception S guillon 1987 p 269 deJ M Le Pen est explicitement souli gn eet discr tement d pr ci e L h ri tage fait du petit p cheur du Morbihan un bourgeois cossu de Saint Cloud Cette moralisation a priori trang re aux codes officiels du journalisme d in formation peut s expliquer chez des professionnels qui se vivent la char ni re des m
64. val Tang du bureau de Matignon La remarquable vari t des logiques de la r ception peut donner lieu des d marches contradictoires Elle peut ouvrir la voie des enqu tes novatri ces s appuyant sur des d marches de type ethnologique Elle risque aussi de donner un alibi aux avatars de l illusion s miologique Apr s avoir t dans les ann es soixante per us comme des syst mes en autarcie face au social les signes pourraient bien retrouver ce privil ge d extra territo riale sociale au nom des vari t s de leur r ception Vagabondes par nature papillons du sens les images retrouve raient une apesanteur symbolique Le Monde 24 03 88 courrier de lecteurs Le Salaire du zappeur p 34 et sq 21 Hall S 1980 p 130 disponibles pour les interpr tations les plus arbitraires Contre ce risque il faut redire que le s miologique est tributaire du socio logique que les usages et les interpr ta tions des images ne sont pas s parables des propri t s sociales des consomma teurs Les usages et gratifications sont eux m mes structur s par des cadres de compr hension et aussi produits par des relations conomiques et socia les qui donnent forme leur r alisation l extr mit r ception dela cha ne 21 Comment ne pas mobiliser ici les travaux de P Bourdieu sur la photo graphie ou sur un objet dont lalogique est cousine de celle de Questions do micile son analyse d un
65. voir l a t il m ri A t il autant de carac t re que ses rivaux La psychologie est ici cl du politique pisode du trou ble la visite de Jaruzelski Surprise Lesondage confirme peu apr s cette image lisse 20 des sond s ont parmi un choix de douze adjectifs choisi h sitant pour L Fabius Ce sera le seul d faut saillant relev alors m me que 22 du panel a opt pour trop th oricien ce qui est probable ment hors de propos ou plus exactement hors d image On retrouve l les usages politico jour nalistiques des sondages analys s par P Champagne quiremarque lest peu de questions des journalistes qui au jourd hui ne se fondent directement ou indirectement sur les r sultats des son dages pass s qui ne soient suscit es par la parution r cente d un sondage ou qui ne donnent l id e d en faire r aliser un Le registre d usage du sondage diff re cependant ici de celui de L heure de v rit Il rel ve plus du ludique que du verdict Presque toutes les questions pos es renvoient des traits psycholo giques froid sympathique moderne bavard sinc re h sitant m me l ti quette comp tent renvoie l image de comp tence produite par l h te Ce registre engendre un double effet Effet ludique Savez vous comment les Fran ais vous jugent Questions faussement embarrassante sur les failles psychologiques du personnage Effet de revalorisation r serve
66. x de p n tration tr s honorable chez les 18 35 ans 14 d assidus et plus de 40 d occasion nels et les couches moyennes sala ri es Le cr neau de diffusion explique par tiellement ces r sultats Mais l impact de 7 sur 7 ne vient il pas aussi de son format de magazine qui le met l abri de l tiquette repoussoir d mission politique et qui permet aussi aux journalistes sous le pr texte d un commentaire des v nements de la semaine de d finir une autre fa on de parler des probl mes de la cit d laissant ce qu il est convenu 13 Champagne P 1984 p 35 d appeler la politique politicienne au profit de r f rences l actualit et la quotidiennet La densit des ima ges projet es est encore une compo sante de la dynamique de 7 sur 7 En d autres termes la mutation cultu relle qu amorce Q D gt dans les formes de l mission politique n est elle pas men e de fa on plus r solue malgr la convention du studio par 7 sur 7 en cela m me que ce programme ne s affiche pas comme politique Cette d n gation permet alors d chapper au vraisemblable du genre d fini par le consensus de la classe politique et des journalistes Elle modifie les syst mes d attentes et les pr ventions du public La r ception ne saurait se com prendre sans r f rence une culture m diatique medialiteracy grandissante du public qui lui permet de classer des genres de les h
67. xante ans assidus chiffreauquel s ajoutentdeux millions d pisodiques g s On peut tenir pour tr s peu vraisembla ble que ce public g scolaris entre 1925 et 1945 soit massivement tr s di pl m ou tr s riche en capital culturel Les chiffres d un million de foyers g s assidus et de deux millions d occasion nels excluent m me l image d une s duction jouant sur les seuls happy few de la vieillesse socialement privil gi e Tout se passe donc comme si nombre de ces t l spectateurs consommaient une mission politique sans disposer des ressources et comp tences qui assurent le bon d codage de ce genre de pro gramme Certains consomment de la t l vision et non un programme une structure d offre marqu e par des films r put s violents peut ici favoriser la Une Il est plus logique de penser que la con sommation de l mission d A Tartaoffre au public des satisfactions r elles li es un mode d emploi assez d cal par rapport l usage l gitime que propo sent les journalistes Par son intimisme Q D a su euph mi ser au maximum les connotations de violence verbale ou d empoignade qui s associent la perception des missions politiques Les d bats r put s arides y sont on Fa vu limit s au maximum Mais c est avant tout la logique de l irruption dans le domicile qui peut offrir aux profanes le sentiment grati fiant de p n trer l envers des d cors de d couvrir

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