Le réseau comme outil d`apprentissage organisationnel [ : ] L
Contents
1. ENTRETIEN Avec Monica GATHER THURLER R alis par Fran oise CROS LE R SEAU COMME OUTIL D APPRENTISSAGE ORGANISATIONNEL L exp rience de La R NOVATION de L ENSEIGNEMENT PRIMAIRE AU Canton de GEN VE Fran oise Cros Vous avez t l une des pilotes de la r novation genevoise de l enseignement primaire la lumi re de cette exp rience pouvez vous nous clai rer sur le r le que pourraient jouer les r seaux Monica Gather Thurler Comme toutes les organisations humaines modernes nos syst mes scolaires s orientent actuellement vers un fonctionnement moins bureaucra tique et mieux adapt leur destin e d organisations complexes contradictoires et parfois incoh rentes comme tant d autres Les nouveaux mod les organisationnels nous ont appris consid rer l cole comme un syst me qui entretient des liens souples et flexibles avec une constellation de sous ensembles les tablissements sco laires ou l int rieur de ceux ci les quipes p dagogiques voire des projets ponc tuels qui se composent et se recomposent en fonction des priorit s et enjeux poli tiques th oriques et sociaux souvent ponctuels et par cons quent peu durables Les sous ensembles sont en principe organiques et peu structur s et se caract risent par des prafiques mouvantes et incertaines des objectifs peu clairs ainsi que par une cohabitation pour la plupart assez surprenante entre le formel et l informel la rat2. les quipes p dagogiques concevoir et faire voluer une gamme tr s large de modalit s organisationnelles Certaines coles ont passablement avanc dans la conception d une approche modulaire exigeant une coop ration professionnelle per formante ainsi qu une d finition souple des r les respectifs alors que d autres pr f raient s en tenir une organisation plus traditionnelle et moins exigeante sur le plan de l harmonisation des pratiques Dans toutes les coles les quipes p dago giques se sont cependant fortement impliqu es pour assurer une coh rence optimale entre les objectifs collectifs et les dispositifs d enseignement apprentissage que les uns et les autres proposaient aux l ves RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 m ss Entretien 5 Au bout du compte l emprise des acteurs sur leur destin La recherche insiste depuis longtemps d j sur l importance pour les acteurs concern s les l ves les enseignants les parents d avoir un sentiment d emprise sur leur destin Vue ainsi l innovation appara t donc comme une sorte de pari dont le succ s est li la capacit collective d y participer activement De nombreuses recherches montrent r ailleurs l importance du lien entre la d termination du syst me de s orienter vers aigen et sa capacit et sa volont d accorder aux acteurs du terrain une cer taine autod termination pour qu ils puissent faire leur le projet initialemen
3. avec Weick 1995 7 Mintzberg 1992 8 Boltanski et 2 Authier M et L vy P Les arbres de connaissance Paris ditions de la D couverte 1996 3 Callon M et Latour B Comment suivre les innovations Clef pour l analyse socio tech nique in Prospective et Sant publique num ro sp cial sur l innovation 1978 Callon M dir La Science et ses r seaux Gen se et circulation des faits scientifiques Paris La D cou verte 1989 Latour B Aramis ou l amour des techniques Paris La D couverte 1992 4 Huberman M et Gather Thurler M De la recherche la pratique l ments de base et mode d emploi Berne Lang collection Exploration 1991 5 Huberman M Professional Careers and Professional Development Some Intersec tions in T Guskey et M Huberman dir Professional Development new paradigms and new practices New York Teachers College Press 1995 b pp 193 224 6 Senge PM et al La danse du changement Maintenir l lan des organisations appre nantes Paris ditions G n rales First 1999 7 Weick K E Sense Making in Organizations London Soge Publications 1995 8 Mintzberg H Structure et dynamique des organisations Paris d d Organisation 1992 RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien Chapiello 1999 9 et Guillaume 1999 10 sur l id e que l analyse en termes de r seaux offre l int r t de substituer une vision dynamique une vision sta
4. n rale de l enseignement primaire ces journ es ont rencontr un franc succ s Quels ont t les effets Malgr quelques insatisfactions les coles faisant partie du dispositif estiment avoir t bien inform es d autant plus que les coordinateurs assu maient une grande partie de l information par voie orale De l avis g n ral les ensei gnants critiquent l invasion de leurs coles par les crits de toute sorte surtout ceux de caract re th orique Le recours l crit reste m me dans ces coles le privil ge d une partie des enseignants seulement faute de temps faute d envie faute d im pression d y trouver rapidement les r ponses aux questions concr tes qu on se pose Globalement les coles en innovation confirment cependant l id e qu il faut des canaux multiples oral crit visuel pour am liorer lako naiba De r gle g n rale les enseignants liront plus volontiers des textes courts proches de leurs pratiques et li s une discussion et formation collective en cours F C Quels ont t les liens avec l Universit M G T Notons d embl e qu il existe Gen ve une longue histoire de collabara tion entre l instruction publique et l universit plus sp cifiquement la Facult de psy chologie et des sciences de l ducation Le texte de l orientation a t r dig en col laboration avec l un des professeurs qui fut galement l un des concepteurs et coordinateurs de la formation in
5. seaux dans la recherche d veloppement in M Bonami et M Garant dir Syst mes scolaires et pilotage de l innovation Bruxelles De Boeck 1996 pp 170 184 14 Lieberman A et McLaughlin M Networks for educational change Powerful and pro blematic in Phi Delta Kappan 73 9 1992 pp 673 699 RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien domaines de responsabilit rencontrent des probl mes semblables mais les per oi vent et les r solvent parfois diff remment ce qui peut donner des id es Les observations et exp riences concr tes men es durant la phase d exploration intensive conduite de 1994 1999 dans l objectif de construire les bases de la r forme de l enseignement primaire du canton de Gen ve qui d butera d s 2001 permettent de compl ter ces consid rations d ordre th orique Elles montrent le r le central que peuvent jouer les r seaux dans une logique d action visant relier volont du changement et d veloppement professionnel d marches formelles et informelles pilotage n goci en termes de construction collective et exigence de qualit Mais elles montrent galement la fragilit de ces m mes r seaux d s lors qu ils se retrouvent confront s au retour du refoul et aux contradictions des acteurs sociaux expression paralysante de l incapacit de nos syst mes assumer leurs choix et jouer la carte de k coh rence E C Pouvez vous nous parler plus pr cis
6. N 34 2000 Entretien Dans le cadre de la r novation genevoise l ensemble des acteurs chacun son niveau et dans son champ de comp tences a accord une grande importance l in formation R trospectivement je pense toutefois que cn a t tr s mal g r e si j en prends comme t moin l tat g n ral pr occupant de sensibilisation du corps enseignant par rapport aux objectifs et contenus de la r novation Diverses analyses convergent pour imputer une raison de ce dysfonctionnement aux particularit s structurelles de l enseignement primaire dans la mesure o les coles primaires genevoises fonctionnent sans directeur il n y a pas de v ritables relais pouvant assumer la diffusion dans les coles en innovation la mise en place de coordinateurs dont l information de leurs coll gues faisait explicitement portie de leur cahier des charges a permis une am lioration partielle Une autre raison est sans doute due au manque de professionnalisation d un corps enseignant cause de la culture de l individualisme encore largement r pandue ce dernier n est gu re int ress s informer et porticiper aux dynamiques collectives qui exigent une implication et des comp tences de lecture et d criture la recherche de formules attrayantes d information les autorit s scolaires ont d ve lopp des strat gies d information un journal mensuel et des bulletins d information qui force d tre r duit
7. empiriques dans le domaine social et de la formation ont permis depuis longtemps de confirmer l importance des r seaux dans la construction col lective du sens du changement Elles montrent notamment la n cessit de penser l in novation et la recherche comme processus sociaux le caract re interactif des rap rts innovation recherche le r le des r seaux dans la production d innovation de jid construction et de leur pilotage leur r le majeur dans l acc l ration du chan gement social mergent Traditionnellement les chefs d tablissement voire quelques enseignants en charge de fonctions sp cifiques acc dent en priorit de tels lieux d change Il est impor tant pour une volution positive des porcours professionnels des enseignants que ceux ci puissent avoir acc s aux r seaux existants n gocier la mise en place de pro grammes de formation recherche participer l organisation de journ es d change d exp riences et de forums centr s sur des sujets d actualit changer leurs outils et leurs exp riences sur les r seaux lectroniques L exp rience de la phase d exploration de la r novation genevoise montre qu un pilotage attentif et n goci est essentiel pour faire en sorte que les r seaux devien nent et restent des lieux d apprentissage hors de l tablissement et contribuent de fait penser et vivre le sens du changement RECHERCHE et FORMATION N 34 2000
8. membres des quipes L id e d aller chercher des conseils et de l aide dans d autres coles est ainsi progressivement entr e dans la culture des coles en innovation et depuis 1998 des coles en r flexion participant au dis positif En quatri me les liens entre les coles en innovation et les parents Conform ment aux exigences du texte d orientation les coles en innovation ont organis d s l acceptation officielle de leur projet et tout au long des ann es de l exploration de nombreuses s ances d information l intention des parents Dans plusieurs coles la r novation a t m me l occasion de cr ation d associations nouvelles ou de groupes ad hoc constitu es comme lieux de d bat et de suivi des transfor mations en cours Alors que les premi res s ances avaient t souvent difficiles cause de l inexp rience des enseignants d une part et d autre part d une demande pressante de la part des parents angoiss s quant l avenir de leurs enfants les coles en innovation ont pu par la suite d velopper des formules int ressantes et satisfaisantes pour assurer l information des parents F C La circulation des informations peut elle jouer un r le et comment M G T Tout en restant tr s perplexe quant la mani re dont il est possible et n cessaire d organiser et de g rer la circulation des informations je continue tre persuad e de son importance primordiale RECHERCHE et FORMATION
9. ment de la mani re dont s est engag e cette r novation sans gal aupr s des coles primaires du canton de Gen ve M G T Depuis la rentr e scolaire d ao t 1995 trente et une coles volontaires ont particip la phase d exploration intensive quinze et depuis la rentr e 1998 dix sept coles en innovation ont b n fici de ressources et franchises sp ciales et accept en contrepartie de travailler en r seau d tre troitement accompagn es par un groupe d enseignants d tach s et de rendre visible la progression de leurs travaux par ailleurs seize et depuis 1998 quatorze coles en r flexion ont avanc sur les m mes objets dans un contrat plus l ger et en tant suivies par leurs inspecteurs 1 5 Quatre ann es plus tard ce parti pris s est av r non seulement r aliste mais ga lement tr s mobilisateur permettant aux diverses coles de trouver leur propre de min tout en adaptant les trois axes de la r novation 16 en fonction de leurs res sources propres On est d embl e frapp d une part par la mani re tr s diverse dont les quipes sont entr es en mati re et ont paursuivi leurs objectifs et d autre port par la cr ativit et la coh rence qu elles ont manifest es lors de leur mise en uvre Bien que cette diversit ait conduit certaines coles r inventer la roue alors qu elles auraient pu adopter des solutions labor es ailleurs dans les dix sept coles en innovation l
10. La responsabilisation collective et la libert d action Actuellement on peut constater la lecture des bilans r dig s par chacune des coles que la responsa bilisation des membres des diff rentes quipes est effective On observe peu pr s partout des r f rences explicites une meilleure r partition de l animation de la rise de parole et des diverses t ches d organisation qui montrent que les quipes none comme des entit s organisationnelles et p dagogiques Les coles en innovation sont donc actuellement capables k onctionner en quipes de mani re efficace et satisfaisante l chelle de l tablissement On constate en tout cas qu un bon fonctionnement d quipe est une priorit de bose pour toutes les coles et qu il est une condition certes indispensable une entr e dans l autonomie Au del des caract ristiques formelles celle ci se caract rise toutefois par une plus grande volont des uns et des autres expliciter les d marches p dagogiques partager des difficult s ou doutes ressentis et n gocier des priorit s p dago giques communes mieux conna tre et reconna tre les comp tences et domaines de respansabilit r ciproques tous l ments allant dans le sens de la confiance et de la transparence Une A mentionne par exemple dans son rapport d activit que la confiance entre les partenaires a amen une plus grande autonomie aux commis sions de travail et les a rendues plus perf
11. a progression de l ensemble des coles a t frappante Elle n a certes pas t aussi rapide qu elles m mes ou que les respansables du dispasitif l auraient souhait mais elle s est paursuivie de mani re irr versible et souvent 15 L enseignement primaire du canton de Gen ve accueille les l ves de 4 11 ans Sur le plan num rique cela correspond peu pr s 30000 l ves 220 coles et 2000 ensei gnants 16 individuoliser les porcours de formation des l ves Il travailler ensemble IIl mettre l l ve au centre de l action p dagogique RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 CE ss Entretien irr sistible au vu de la mani re dont les principaux partenaires l ves parents for mateurs etc y ont progressivement adh r Or s il y a r ellement autant de fa ons de changer qu il y a d coles la question se posait videmment de savoir comment offrir ce foisonnement d id es et de pra tiques un fil rouge qui tienne le syst me ensemble et le fasse aller dans le bon sens Dans le versant j E visible ce sont certainement les trois axes d finis par le texte d orientation qui ont constitu le fil rouge durant les quatre ann es d exploration intensive Le versant plus invisible et probablement le plus durable et efficace se situe sur un autre plan il concerne la mani re dont ces coles 17 et avec elles leurs divers partenaires sont parvenues adopter progr
12. a recherche de l association professionnelle et des parents le r tr cissement progressif du groupe inter projets qui d un organe originaire ment con u pour r unir l ensemble d partenaires des coles en innovation s est vu progressivement transform en lieu de r unions des coordinateurs des coles en innovation des d l gu s des coles en r flexion et des collaborateurs du groupe de recherche et d innovation sporadiquement largies quelques ins pecteurs ou formateurs ces derniers n tant plus encourag s participer par la direction g n rale en rupture avec le groupe de pilotage le climat difficile dans certaines coles o les enseignants n ont pas pu ou su n gocier des accords satisfaisants pour l ensemble des parties produisant soit des divergences et des conflits allant jusqu la r organisation de l quipe soit une forme de coexistence pacifique mais peu dynamique 18 En d pit de ces difficult s il convient d affirmer ue kalt des acteurs portici pant au dispositif s est fortement impliqu pour n gocier des accords et les compro mis n cessaires au fonctionnement du dispositif F C Quels ont alors t les moyens mis en uvre pour instaurer un r seau vivant entre les coles innovantes M G T Nous avons mis en place au moins quatre situations favorables au d ve loppement de ce r seau En premier le groupe inter projets GIP Ce dernier s est r uni r guli re
13. ans une d marche qui se voulait commune Internet a galement jou un r le non n gligeable Progressivement toutes les coles en innovation ont t dot es de l acc s Internet b n ficiant ainsi la fois de la messagerie et de la consultation possible des pages r novation dispo nibles depuis le site Internet de l enseignement primaire genevois Quelques coles en r flexion galement quip es d Internet ont aussi pu tre reli es au r seau RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien t l matique des coles en innovation Les pages r novation disponibles sur Internet depuis juin 1998 ont offert un support volutif qui a t constamment mis jour pour r pondre aux besoins et aux int r ts des coles Le dispositif a produit plusieurs cassettes vid o avec pour objectif de rendre visibles certains aspects de la r novation v nements marquants de la r nova tion reflets des joum es des coles en innovation le fonctionnement du Conseil d cole les modalit s de diff renciation externes et internes d cloison nements modules dans les coles en innovation etc Vers la fin de l exploration le r seau a galement organis plusieurs journ es de partes ouvertes prioritairement r serv es aux enseignants des coles pri maires genevoises mais galement ouvertes aux visiteurs d autres cantons Sou tenues par les inspecteurs et la direction g
14. bservation plut t qu un endroit de production la cha ne C est en somme une des conditions paur assurer la r flexivit qui permet l volution des pratiques comme l une des conditions principales de l apprentissage organisationnel Dans ce sens l autod termination des enseignants l o elle va de pair avec une qu te d am lioration des pratiques et de la qualit de l enseignement devient un levier important pour d passer l immobilisme et la recherche de confort mais aussi le risque de ditponeabiisalion et de prol tarisation qui guette le m tier d ensei gnant dans les syst mes bureaucratiques La confrontation et le d bat en taient les moteurs essentiels Dans la mesure o la culture de coop ration professionnelle est construite sur fond de n gociation et de concertation le d saccord et les affrontements sont bien plus fr quents qu ailleurs En effet les acteurs instaurent et alimentent un d bat constant propos des fina lit s des valeurs et des interd pendances entre les divers choix p dagogiques et id ologiques et les pratiques Ils acceptent le fait que la r alit collective ne soit pas fig e mais mane d un processus de construction interactive qui reste adapter en RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien permanence Il nous semble que la collaboration professionnelle l int rieur des r seaux renforce cette d marche dans la mesure o elle n accepte pas seulement l exist
15. des sciences sociales semble mon avis traduire un d placement dans le regard que les acteurs sociaux chercheurs et praticiens posent sur la r alit En connotant l id e d informel de circulation d change de confiance de gouvernance la notion de r seau offre l int r t de mettre l accent sur des r alit s rest es longtemps inaper ues et pourtant cruciales pour comprendre les interactions sociales ou le fonctionnement implicite d une organisation Proc der l analyse des r seaux oblige ainsi porter l attention sur les relations qu entretiennent les acteurs sociaux individuellement et collectivement sur le plan horizontal plut t que sur le plan vertical autrement dit hi rarchique De nombreuses tudes empiriques dans le re social et de la formation ont ainsi contribu la compr hension de l innovation et de la recherche en tant que processus sociaux du 1 Allemand S Les r seaux nouveau regard nouveaux mod les in Sciences Humaines n 104 2000 RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien caract re interactif des rapports innovation recherche du r le des r seaux dans la roduction d innovation de leur construction et de leur pilotage voire dans l acc kton du changement social mergent Authier et Levy 1996 2 ont insist sur le r le des r seaux pour faciliter l change de comp tences Callon et Latour 1978 1992 3 les ont mis au centre de leur th o rie de la tra
16. duction par laquelle ils expliquent la gen se et la circulation des faits scientifiques Dans ce m me sens Huberman et moi m me avons d crit la contribu tion des r seaux formels et informels au rapprochement des plan tes de la recherche et de la pratique Huberman et Gather Thurler 1991 4 En poursuivant cette r flexion Huberman 1995b 5 affirme la n cessit pour une volution posi tive des porcours professionnels des enseignants que les professionnels puissent avoir acc s aux r seaux existants artaj mise en place de programmes de for mation recherche porticiper l organisation de journ es d change d exp riences et de forums centr s sur des sujets d actualit changer leurs outils et leurs exp riences por exemple via les r seaux lectroniques Senge et al 1999 6 insis tent sur la fonction humanisante qu assurent les r seaux au sein des organisa tions apprenantes Dans la mesure o ils sont fond s sur le tissage de relations tr s concr tes entre personnes ils sont l antidote indispensable au recours toujours plus important aux technologies nouvelles et permettent ainsi de compenser l effet d shumanisant et d personnalisant d aux multiples innovations tant concep tuelles que technologiques Vus ainsi les r seaux sont g n rateurs de coh rence et d ad quation Sans vraiment succomber la tentation de voir dans la notion de r seau un nouveau paradigme j insisterais
17. e des moments forts et indispensables pour toutes les quipes des coles en innovation dans la mesure o elles leur permettent de visualiser leur progression tout en d finissant les objectifs qu elles poursuivront l ann e suivante RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien Ces d marches se fondent sur une approche commune toutes les coles en inno vation mise en route lors de la deuxi me ann e d exploration et consistant pour les quipes identifier leurs objectifs prioritaires d terminer les moyens mettre en uvre pour les atteindre avec parfois la mise sur pied d une formation continue en lien avec ces objectifs et enfin isoler les crit res ou indicateurs de r ussite per mettant de prouver de fa on concr te l atteinte ou non des buts fix s L outil d auto valuation mis leur disposition depuis 1998 leur a permis dans la pluport des cas de mani re positive de se situer es leur projet mais galement face au projet global de r novation Toutefois on a trouv ici ou l mention d un certain malaise face cet outil dans le sens o quelques uns l ont trouv un peu pr fabriqu loign des pratiques ou des projets des coles et correspondant peut tre davantage aux attentes de l institution qu aux r elles priorit s d finies par les quipes Ce sentiment a pu d boucher chez certains sur une attitude quelque peu critique par rapport l outil voire m me dans un ca
18. ence de ce genre de ph nom nes mais les inscrit explicitement et pertinem ment dans leur fonctionnement La confrontation et la r flexion collective deviennent des sources constantes de force et de motivation pour maintenir l investissement pro fessionnel pour se pr server du burn out et pour concevoir et mettre en uvre les r gulations et changements qui s av rent indispensables Cette d marche est rendue possible par la s curit fondamentale qu assure lexis tence de relations fortes entre les acteurs concern s des relations fortes qui se sont construites au sein des r seaux mis en place durant l exploration Gr ce cette s cu rit il est possible de d velopper des changes bas s sur l ouverture et la transpa rence de s attaquer des probl mes relationnels ou des dysfonctionnements struc turels qui sont habituellement rel gu s dans les zones bre voire m me dans le registre des tabous F C Pour conclure quel est votre avis sur l apprentissage au del des murs de l tablissement scolaire 2 M G T mon avis les tablissements qui prennent une part active dans le d ve loppement professionnel sont rapidement conduits construire des liens changes partenariats et coalitions avec d autres acteurs collectifs engag s comme eux oi des d marches exploratoires et constituer des r seaux r gionaux m me de d ve lopper et d alimenter des processus de changement Diverses tudes
19. ener les divers acteurs du dispositif admettre l utilit de d finir des priorit s d tablir des calendriers de oct r gu li rement des bilans et des synth ses d valuer de mani re continue la progres sion r alis e par les coles et de recadrer les priorit s de l tape suivante D abord parce que nous avons travaill avec des enseignants tr s motiv s et parce que l en semble du dispositif surfait sur une vague commune d enthousiasme et d implication 17 Les divers apports ont t notamment v cus comme une aide pr cieuse lors de la conception et la mise en uvre des cycles Plusieurs membres du r seau insistent aujourd hui sur la richesse des apports pren re us et expriment leur crainte que cette collaboration ne se poursuive pos durant la phase d extension RECHERCHE et FORMATION e N 34 2000 Entretien tr s fortes Ensuite parce qu il tait relativement facile de puiser dans un r pertoire existant d outils conceptuels et concrets pour assurer une animation qui tenait la route voire paur construire les outils faisant d faut Enfin parce que le dispositif a b n fici d une certaine latitude et libert de mouvement qui le prot geait dans l en semble quelques exceptions confirmant bien entendu la r gle des habituelles tra casseries bureaucratiques Au del de la transformation des pratiques au sein des coles en innovation la p riode d exploration s attaquait toutefois un probl me bien
20. es Comme dans toute organisation com plexe il n a pas t possible d viter qu aux interfaces les plus Di aon du disposi tif les d saccords conceptuels se A en conflits de pouvoir et de personnes dont les cons quences n gatives ne pourront s valuer qu Li terme Parmi celles ci citons la d cision prise par le syndicat des enseignants de se retirer du groupe de pilo tage au d but de la deuxi me ann e suite aux d bats autour des restrictions Ra g taires bien que le syndicat ait r int gr le groupe de pilotage dix huit mois plus tard la rupture des contacts durant cette p riode a provoqu un d sinvestissement du dossier par le syndicat la recomposition du groupe de pilotage au cours de la troisi me ann e et sa sup pression annonc e la fin des quatre ann es d exploration intensive cette recom position a t le r sultat de conflits permanents autour du r le et du mandat du groupe de pilotage entre certains de ses membres et la direction g n rale cette derni re profitant du retour des repr sentants du syndicat a pr f r se retirer en RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 m E Entretien ne laissant qu un de ses membres assurer la pr sidence et en esp rant que le groupe de pilotage allait se dissoudre au gr des conflits la surprise g n rale le groupe de pilotage a enfin commenc bien fonctionner cr ant une forte alliance entre les repr sentants de l
21. es au strict n cessaire contiennent trop peu d l ments pour permettre aux acteurs int ress s de se faire une opinion compl te Les autres la plu part les mettent de c t pour des jours de pluie ou les jettent imm diatement la corbeille La revue syndicale L ducateur qui est de tr s bon niveau n est lue que par une minorit S ajoute cela qu une petite portie seulement des enseignants et des coles primaires ont acc s Internet Et parmi ceux ci une autre petite partie seulement a pris l habitude de consulter r guli rement les pages concernant le d ve loppement du syst me voire leur pee d veloppement a Il est int ressant de s interroger s il a t possible de d passer une portie de ces pro bl mes dans le r seau des coles en innovation qui a connu des canaux et des modalit s d change d information diff rents dont la fonctionnalit a vari selon les p riodes de d veloppement d exploration Les divers organes de mise en r seau entre coles ont trouv leur prolongement dans un bulletin de liaison le PL qui a paru r guli rement pour informer sur les travaux du GIP pour faire part des exp riences faites dans les coles et pour transmettre les r flexions en cours Tout au long des quatre ann es de l exploration le dispasitif a publi de nom breux documents t moignant de la progression du d bot et visant impliquer l en semble des acteurs de l enseignement primaire d
22. essivement une posture apprenante Cette pasture leur a permis de faire valoir les m mes principes de fonctionnement et de gestion travers divers niveaux du syst me qu il s agisse de la classe des coles faisant partie du syst me ou du dispositif d accompognement savoir accepter l individualisation Le parcours non seulement pour les l ves mais galement pour les quipes p dagogiques viser la coop ration tant pour les l ves que pour les adultes instaurer l valuation formative tant paur g rer la progression des l ves que paur suivre et r guler le d veloppement professionnel au sein des quipes p da gogiques et dans le syst me dans sa globalit favoriser la concertation l appro priation active et la construction du sens non seulement pour les l ves confront s aux apprentissages mais galement pour tout acteur confront aux exigences du changement de ses pratiques d velopper des pratiques plus efficaces de l organi sation du travail tant au sein des coles qu au sein i dispositif d exploration E C Vous avez donc permis cet ensemble de s tablir en un syst me permettant des mises en synergie M G T L un des objectifs majeurs de la p riode d exploration consistait en effet d velopper les synergies n cessaires pour construire le lien entre des actions inno vatrices SduEl s et l volution du syst me dans sa globalit Sur le plan de la m thode il ne fut pas tr s difficile d am
23. ion de la roue force d incapacit s de capitalisation des acquis et des exp riences efficaces men es ici et ailleurs Parmi ces nouveaux principes organisateurs le fonctionnement par r seaux mobili sateurs et coop ratifs offre sans Le un moyen int ressant non seulement d assu rer l information et la confrontation entre les divers groupes d acteurs mais gale ment de leur permettre une compr hension syst mique des dynamiques impliqu es le sens se construit travers cette compr hension au gr des controverses engag es et des exp riences que les uns et les autres font en cours de route Notons ce sujet qu eu gard d autres disciplines m decine sciences cogni tives l usage de la notion de r seau dans les sciences sociales paro t assez tar divement Bien que la racine tymologique r tis ensemble de lignes entrelac es soit ancienne Allemand 2000 1 les entit s fond es sur un ensemble de liens for mels et ou informels taient tout simplement d sign es autrement cercle diaspora clan clique Pas plus que les r seaux construits des fins de sociabilit de clan destinit de pratiques religieuses voire les r seaux des notables ou mafieux n ont pas attendu les sociologues pour exister les r seaux ne seraient donc qu une notion nouvelle pour d nommer des r alit s anciennes Davantage que l mergence de ph nom nes radicalement nouveaux l introduction de la notion de r seau au sein
24. ionalit et l ind termination Les analyses comparatives nationales et internatio nales des tablissements scolaires montrent en effet qu en d pit voire ind pen damment des actions men es au sommet les tablissements scolaires varient consi d rablement selon les caract ristiques sociologiques de leurs l ves les modalit s de gestion les relations professionnelles et les modalit s d exercice de pouvoir et de Monica Gather Thurler Facult de psychologie et des sciences de l ducation de Uni versit de Gen ve Fran oise Cros INRP Mission Innovation et Recherche Pages 83 99 RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 EE Entretien leadership leur mani re de d finir leurs missions et priorit s p dagogiques leur capacit d exploiter et de d velopper les comp tences deb au service d une gestion optimale de la progression des l ves Cette complexit n exclut aucunement l id e du changement au contraire condi tion que le syst me scolaire se donne au niveau de toutes ses instances de nouveaux principes organisateurs Ceux ci doivent tre d une part suffisamment souples et adaptatifs pour prendre en compte les sp cificit s et les besoins des diverses logiques d action D autre part ils doivent tre raisonnablement d termin s pour viter que l incertitude et le fou conduisent les divers acteurs investir trop d nergies dans le ttonnement et dans la r invent
25. itiale des enseignants licence mention enseigne ment LME qui a officiellement d but en m me temps que la phase d exploration et dont l une des finalit s tr s explicite consiste pr parer les futurs enseignants de mani re ce qu ils puissent s ins rer dans la future cole primaire r nov e La phase d exploration a t en partie l occasion d intensifier la collaboration entre l universit et les protagonistes de la r novation l occasion des consultations et d interventions durant des formations continues au sein des coles en innovation voire durant la r daction du rappart final Dans le sens inverse les collaborateurs du groupe de recherche et d innovation ainsi que des coordinateurs et enseignants des eoi en innovation ont t plusieurs reprises invit s informer les tudiants de la formation licence mention enseigne RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 e a Entretien ment diff rents cours et s minaires traitant d objets en LME au sujet des travaux en cours au sein de l exploration intensive et participer en lien avec la r novation chaque reprise ils ont pu constater le vif int r t des tudiants en ce qui concerne la r novation Cet avis a t largement partag par les enseignants des coles en innovation assumant la fonction fA ma tres de stage d o la demande souvent insis tante des coles en innovation que les nouveaux enseignants engag s pour collab
26. ment tous les quinze jours dans un authentique climat de confiance et de solidarit Selon leurs passibilit s certains inspecteurs et formateurs se sont joints ce groupe Durant la derni re ann e les d l gu s de sept coles en r flexion y ont galement particip de mani re tr s suivie Contrairement aux pr occupations des anciens du groupe cet largissement a finalement profit l ensemble des parties concern es Sans b n ficier des ressources et franchises auxquelles avaient acc s les coles en innovation les coles en r flexion qui ont ridai GIP au cours de la quatri me ann e d exploration ont ainsi pu et su s ins rer un r seau qui selon leurs dires les a fait beaucoup progresser Le GIP tait l organe par excellence pour pr parer n gocier et ent riner toute une s rie de proposi tions voire m me des d cisions que les coordinateurs allaient por la suite de aupr s de leurs coles 18 Le climat a t particuli rement difficile dans les coles o certains enseignants avaient d cid de ne pas participer l exploration intensive RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien Notons que ce groupe a permis aux coordinateurs des coles en innovation de construire les comp tences n cessaires et de d velopper les id es propices la construction d un leadership coop ratif et transformationnel dans leurs coles res pectives Mais il leur a galement permis de co
27. nstruire des contacts personnels et des relations d entraide qui ont fonctionn bien au del des r unions En deuxi me les journ es des coles De 1996 1998 le r seau a organis trois journ es des coles en innovation auxquelles les coles en r flexion se sont jointes d s 1997 Des journ es initialement pens es comme lieux informels dehonce exclusivement r serv s aux enseignants des coles en innovation elles se sont transform es en forums th matiques accueillant de nombreux visiteurs externes Sur insistance du GRI Groupe de recherche innovation la journ e organis e en octobre 1998 et intitul e Cap sur les cycles traduisait la volont du dispositif de s orienter vers une r elle transformation structurelle et p dagogique En troisi me les liens formels et informels entre enseignants Pendant la dur e de l exploration les liens formels et informels entre les enseignants des coles se sont intensifi s visites d enseignants ou de coordinateurs suivies de s ances de travail communes t moignages de coordinateurs d autres coles lors de r unions sur une th matique particuli re valuation relation aux familles formations communes approche modulaire diff renciation s ances communes pour assurer la conti nuit d un cycle l autre ou lors d assembl es de parents Pour certaines coles la mise en r seau d abord effective entre coordinateurs s est ainsi largement tendue aux autres
28. o rer dans leurs quipes soient des enseignants provenant de la formation LME La r novation a sgalan t l objet de nombreux travaux de recherche Notons ga lement que deux des coordinateurs dans les coles en innovation enseignent depuis deux ann es temps partiel dans le cadre de la LME Dans l ensemble les rapports avec l universit ont t v cus comme une aide pr cieuse notamment en ce qui concerne la t che complexe de la construction de repr sentations nouvelles et communes pour la future organisation par cycles la d finition du futur plan d tudes encore en cours l laboration de nouvelles pratiques d va luation tant des l ves que des pratiques professionnelles la d finition des futures comp tences professionnelles exig es de la port des enseignants Plusieurs membres du r seau insistent aujourd hui sur la richesse des apports concepluels re us et expri ment leur crainte que cette collaboration ne se poursuive pos durant la phase d ex tension hypoth se assez probable au vu des tensions qui traversent actuellement les relations entre les autorit s scolaires et l universit F C Au del m me du canton ces coles avaient elles des liens avec d autres organismes M G T Les coles en innovation ont install un certain nombre de relations avec les autres cantons plusieurs reprises les membres du GPR et du GRI ainsi que les coordinateurs et les enseignants des coles en inn
29. ormantes Elles se sont r unies r guli re ment et ont produit des documents crits qui ont servi de base aux r unions p da gogiques de l quipe Deux autres coles mentionnent l autonomie des quipes de cycle ce qui tend montrer que le travail en cycles p dagogiques n est pas l pour cr er au nom de la respansabilit collective et de la collaboration une d pendance des enseignants trop rigide les uns par rapport aux autres sur tout le cursus scolaire Au contraire une bonne r partition des t ches que ce soit sur le plan structurel ou sur le plan des aspects p dagogiques permet d affiner les responsabilit s de chacun et de g rer des entit s s par es tout en ayant toujours en vue la coh rence et la continuit du cursus 3 Le rendre compte Les coles ont toutes int gr la notion de rendre compte traduction francophone du concept accountability et sont toutes convaincues de la n cessit de cette d marche tout au moins dans l optique de se rendre compte c est dire de proc der une auto valuation permettant des ajustements et des r gulations de leur propre fonctionnement Outre la proc dure de fin d ann e qui aboutit la r daction d un rapport d activit certaines quipes proc dent ga lement des bilans interm diaires leur permettant de d finir des rem diations et d affiner leurs priorit s imm diates ou pour l ann e suivante L ensemble de ces d marches repr sent
30. ovation ont t sollicit s pour infor mer des enseignants cadres ou membres d institutions de recherche et de formation des cantons de Fribourg Neuch tel Vaud Argovie Soleure du Valais et du Tessin int ress s par les d marches d velopp es Le coles en innovation De nombreuses personnes appartenant ces cantons ont galement particip des journ es portes ouvertes aux journ es des coles en innovation aux s ances du GRI et du GIP voire rencontr diff rents groupes d acteurs des occasions formelles ou informelles Enfin les documents crits et vid os produits durant la phase d exploration ont pro voqu de nombreuses sollicitations de la part des autres cantons qui sont galement en train de d velopper de nouvelles d marches p dagogiques proches des trois axes de la r novation genevoise Le dispositif de la r novation a galement construit des liens avec le r seau INIS Ber telsmann En f vrier 1996 le dispositif de la r novation avait fait l objet d une exper tise entreprise par la fondation allemande Bertelsmann visant faire merger les crit res de qualit d une s rie de syst mes innovateurs sur le plan international RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien Suite cette expertise le r seau INIS 19 a t mis en place dans l objectif de d ve lopper et de diffuser les nouvelles connaissances en mati re d innovation scolaire Des membres du dispositif ont par
31. plus complexe ins faurer une communication efficace entre les diff rents lieux de r flexion et d action permettant d impliquer la totalit des partenaires dans une construction collective du changement cette fin le texte d orientation avait con u un dispositif plusieurs tages qui a t mis en place formellement d s le d but de la r novation e un groupe de pilotage dont la mission tait de guider le dispositif r unissant autour de la direction ii l enseignement primaire les divers partenaires concern s par le changement e un groupe de recherche et d innovation charg d accompagner les coles en innovation e un groupe inter projets r unissant les coordinateurs des coles en innovation et depuis la rentr e 1998 les d l gu s de sept coles en r flexion les inspecteurs des coles concern es les d l gu s des services de l enseignement primaire ainsi que les membres du groupe de recherche et d innovation e des coles en innovation et en r flexion Ce dispositif ne s est pas mis en place du jour au lendemain mais a exig un temps et une nergie consid rables Au bout des quatre ann es il a passablement pro gress dis la perspective d engager l ensemble des acteurs concern s dans un pilo tage interactif L organigramme s est ainsi au fil des ann es complexifi reliant plu sieurs lieux et niveaux de d bats d changes de construction d id es d identification et de r solution de probl m
32. s sur un sentiment de pro fond d couragement voire de m contentement de l quipe Ces difficult s mises part qu il faudra prendre en compte pour am liorer les d marches ult rieures les avis concordent pour saluer la grande qualit des rap ports d activit d pos s en juin 1999 qui refl tent tr s bien la comp tence d velop p e par les coles non seulement pour documenter l volution de leurs pratiques mais galement pour se donner de v ritables outils de planification et de ji tion internes 4 Des modalit s organisationnelles souples L orientation vers les cycles entra ne la r flexion sur des modalit s organisationnelles plus souples mieux m me de rendre en compte les besoins des l ves et de mettre en synergie les forces eais existantes Face des choix antagonistes en rester une division connue du travail en classes et en degr s au risque de perdre le b n fice d une organisa tion en cycles ou se lancer dans des fonctionnements si novateurs et si complexes qu ils deviennent difficiles d coder et ma triser la voie de la sagesse a en effet consist ne pas imposer une organisation du travail unique aux coles Les r alit s locales tr s diverses nombre d l ves por cycle stabilit des vol es com p tences et disponibilit des enseignants histoire de l quipe d finition des r les et fonctions au sein de l quipe culture de coop ration nature du quartier ont amen
33. sformation en organisations apprenantes la notion de r seau est mon avis un outil int ressant et bar oble Elle incite faire vo luer les relations professionnelles tant l int rieur des grands tablissements sco laires qu entre tablissements scolaires entre tablissements scolaires et unit s de formation et ou de recherche associations professionnelles associations de parents groupements politiques etc vers des d marches partenariales davantage n go 86 ci es et bas es sur l identification et la r solution communes de probl mes Elle sug g re d instaurer des coop rations de dur e et d intensit diverses entre acteurs appartenant des univers diff rents Elle contraint les uns et les autres prendre conscience que d autres acteurs travaillant dans d autres lieux ou dans d autres 9 Boltanski L et Chapiello E Le Nouvel Esprit du capitalisme Paris Gallimard 1999 10 Guillaume M L empire des r seaux Paris Descartes amp Cie 1999 11 Gather Thurler M L innovation n goci e une porte troite in Revue Fran aise de P dagogie n 130 janvier mars 2000 12 Perrenoud Ph L tablissement scolaire entre mandat et projet vers une autonomie relative in G Pelletier dir Autonomie et valuation des tablissements l art du pilotage au temps du changement Montr al d de l AFIDES 1999 13 Demailly L La gestion de l innovation en ducation le r le des r
34. t d ve lopp por ceux qui ont con u la d marche et construire par et pour eux m mes le sens du changement qu on leur demande Sans cette construction de sens les effets de stress et les impressions subjectives de surcharge augmentent ir s rapidement et paralysent les d marches entreprises provoquent es tensions des r sistances et des d fections Il est important que les divers acteurs au sein de l tablissement aient l occasion de prendre la mesure des avantages et des enjeux d un engagement collectif dans la ma trise des probl mes li s leur profession dans le sens d un processus apparent ce que les Anglo saxons Ps empowerment qu on peut traduire par prise de pouvoir sur son travail ou avec des connotations moins politiques gestion appropriative Ce processus a lieu gr ce une valuation s rieuse des fonctionnements et dysfonctionnements des besoins et des voies prioritaires de d ve loppement Mais il entra ne galement une d formation du projet initial d forma tion permettant son adaptation aux contraintes concr tes du travail contextuelles et localement d finies cette condition les enseignants professionnels per oivent leur lieu de travail comme un centre d initiative et d action un foyer de changement au lieu de le vivre comme cible de r formes venues d en haut ils le per oivent comme un lieu de recherche et de d veloppement comme un terrain d exp riences et d o
35. ticip aux trois rencontres internationales organi s es d avril 1998 ao t 1999 en Ecosse au Canada et en Allemagne Notons comme premier r sultat de cette coop ration l adaptation et introduction dans les coles en innovation d un outil commun d auto valuation F C Il semble que cette r novation s adossait un certain nombre de principes que vous aviez d gag s lors de vos expertises et recherches pr c dentes Pouvez vous nous les d crire et pr ciser en quoi ils consistaient dans cette r novation et sans doute d une fa on plus g n rale M G T Oui ces principes sont au nombre de cinq autonomiser les tablissements scolaires permettre une responsabilit collective et une libert d action instaurer la notion du rendre compte avoir des modalit s organisationnelles souples enfin que tout cela conduise une responsabilit plus grande des acteurs sur leur destin 1 l autonomie des tablissements La plupart des enseignants faisant partie des coles en innovation tout comme par ailleurs ceux des coles en r flexion voire de la grande majorit des coles primaires du canton de Gen ve n taient pas des n ophytes en mati re de coop ration professionnelle Un grand nombre parmi eux avait d j collabor dans les quipes p dagogiques des ann es 70 avait par ticip des projets comme RAPSODIE 20 ou sai partie de r seaux tels que le GGEM 21 La nouveaut consistait po
36. tique de la r alit des organisations sociales modernes Cette vision dynamique qui induit par cons quent une nouvelle logique d action met l accent sur la circulation et les fx plut t que sur l accumulation des pouvoirs au sommet de la pyramide sur les pro cessus de coordination de coop ration de r gulation et d innovation n goci e Gather Thurler 2000 1 1 plut t que sur les pratiques autoritaires top down encore trop souvent adopt es par les autorit s politiques et scolaires Selon cette vision sys t mique de la gestion les acteurs concern s qu ils soient des individus des orga nisations et des tats apparaissent la fois autonomes et d termin s par les accords sociaux qui ne pourront tre obtenus que par la n gociation De fait la notion du r seau nous rappelle que les acteurs au sein du syst me scolaire sont sou mis aux contraintes que nt peser sur eux les acteurs auxquels ils sont reli s sur le plan horizontal et non pas vertical Perrenoud 1999 12 Mais j adh re aussi aux mises en garde de Demailly 1996 13 ou de Lieberman et Mclaughlin 1992 14 qui rendent attentif la fragilit des r seaux leur tendance trop pie de se clairsemer de se durcir en chapelles de se fermer de perdre la flexibilit et la densit qui en font des lieux d mergence d innovations Transpos e au fonctionnement des syst mes scolaires et utilis e comme m taphore pour penser et analyser leur tran
37. uvoir dans le cadre d une exploration collective et offi ciellement reconnue disposer d un espace d autonomie suffisant pour construire une d marche propre adapt e au contexte local et correspondant aux priorit s des membres de l quipe En contrepartie de cette autonomie les membres de l quipe s engageaient collectivement assumer la responsabilit pour la r ussite de tous les l ves s organiser de mani re am liorer constamment l efficacit de leur fonctionnement interne et rendre compte r guli rement de l volution de leur travail 22 Plusieurs bilans constatent que les efforts investis ont port les fruits esp r s gr ce au fait d avoir pu voluer au sein d un r seau participer une dynamique collec 19 R seau INIS International Network of Innovative Schoolsystems 20 Rapsodie Recherche action sur les pr requis scolaires les objectifs la diff renciation et l individualisation de l enseignement 21 GGEM Groupe genevois d cole moderne 22 Dans le cadre de leur formation continue de mars 1996 les coordinateurs et les membres du GRI ont adapt le mod le de Marbach mod le d velopp dans le cadre de la Fondation Jacobs la r alit des coles en innovation RECHERCHE et FORMATION N 34 2000 Entretien tive d exploration b n ficier d un soutien Poe etth orique solide et continu de mani re progresser sur le plan tant conceptuel que pratique 2
Download Pdf Manuals
Related Search