Développement durable et démocratie - mpOC
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1. Revue suisse de science politique 10 4 pp 158 169 Bourg D Boy D 2005 Conf rences de citoyen mode d emploi les enjeux de la d mocratie participative Descartes et cie Charles L opold Mayer Paris Bourg D 2002 Quel avenir pour le d veloppement durable Le Pommier Paris Bourg D 2003 L avenir de l environnement in Le nouvel ge de l cologie Descartes amp cie Paris pp 101 112 Castoriadis C 2005 19921 L cologie contre les marchands in Une soci t la d rive Seuil Paris pp 237 239 Castoriadis C 2005 1986 Les enjeux actuels de la d mocratie in Une soci t la d rive Seuil Paris pp 155 160 Castoriadis C Cohn Bendit D 1981 De l cologie l autonomie Seuil Paris Constant B 1997 1819 De la libert des anciens compar e celle des modernes in Ecrits politiques Gallimard Paris pp 589 619 Felli R 2005 D veloppement durable et participation la d mocratie introuvable Belgeo Revue belge de g ographie 4 pp 425 434 Finley M 1985 L invention de la politique Flammarion Paris Gorz A 1978 Ecologie et politique Seuil Paris Illich I 1973 La convivialit Seuil Paris Jonas H 2000 19931 Une thique pour la nature Descl e de Brouwer Paris Lefort C 1986 La question de la d mocratie in Essais sur le politique XIXe XXe si cle Seuil Paris pp 17 32 Lopreno D 1982. table de leurs actions Les citoyens exercent un contr le a posteriori de leurs dirigeants en choisissant de les r lire ou non ce qui produit un effet r el sur la politique men e par les repr sentants durant leur mandat Manin 1996 228 Cette responsabilit est la contrepartie de la d l gation de pouvoir dont ils b n ficient La d mocratie participative tente de concilier ces deux principes oppos s Elle suppose l existence de gouvernants repr sentants ou autres mais elle leur adjoint des enceintes o tout un chacun formelle ment peut participer c est dire donner son avis Elle mobilise ainsi l imaginaire d lib ratif gt de la d mocratie et les effets positifs qui lui sont associ s Blondiaux 2004 Manin 20041 tout en restant dans le cadre formel du gouvernement repr sentatif Comme nous l avons vu les proc dures participatives du d veloppement durable ressortent essentiellement de deux objectifs l information des gouvernants et l adh sion des citoyens la consultation et le consensus Critique de la participation Cette participation suppose donc qu il existe deux enceintes s par es entre le d bat et la d cision Bourg 2003 112 2002 48 49 Alors que le mod le direct et le mod le repr sentatif font co ncider ces deux lieux le mod le participatif les s pare D une part se trouvent des enceintes formellement ouvertes tous pour participer Les cito
3. La participation n est jamais qu une face de la d mocratie la d cision est son revers Tant que ces deux sph res ne co ncident pas il est illusoire de parler de d mocratie L cologie politique tait porteuse d une vision radicale de rupture avec la soci t productiviste de consommation Elle proposait une alternative au sens propre du terme et en tirait les conclusions aff rentes en particulier en mati re d organisation politique L id o logie du d veloppement durable est le produit d une poque d affaissement des grandes alternatives une tentative kitsch de concilier les contraires La vision de la participation qu elle d veloppe est l avatar logique de ce consensus mou Comme le dit Ranci re Ranci re 2004 110 Je me demande pourtant si cette notion qu on donne comme solution aux probl mes de la d mocratie n est pas plut t une solution aux probl mes de sa critique la menue monnaie des grandes alternatives d chues Bibliographie Ascher F 2001 Les nouveaux principes de l urbanisme La fin des villes n est pas l ordre du jour l Aube La Tour d Aigues Bacqu M H Rey H Sintomer Y 2005 Gestion de proximit et d mocratie participative Une perspective comparative La D couverte Paris Bevort A 2002 Pour une d mocratie participative Presses de Sciences Po Paris Blondiaux L 2004 Prendre au s rieux l id al d lib ratif un programme de recherche
4. et h donistes la d mocratie serait le r gime de l imm diat incapable de prendre en compte les int r ts de l Humanit dans son ensemble en particulier ceux des g n rations futures contre ce genre de critique voir Jacques Ranci re Ranci re 2005 Hans J onas un des penseurs favoris des tenants du d veloppement durable repr sente typiquement cette position anti d mocratique Sa volont d instaurer une tyrannie bienveillante compos e d un comit de sages charg s de veiller au bien commun de l humanit est connue Alors que la chute du communisme staliniste dans lequel il puisait son inspiration tait consomm e J onas ne d mordait pas de sa critique de la d mocratie Malgr les checs patents notamment dans le domaine environnemental du dirigisme sovi tique Il ne s ensuit pas pour autant que notre d mocratie actuelle avec son syst me d lection tous les quatre ans que cette d mocratie pl biscitaire se r v le meilleure long terme Elle ne s oriente pas v ritablement dans cette direction mais bien plut t vers la satisfaction des int r ts quotidiens et proches Il est donc tout fait clair que les int r ts court terme l emportent pour l instant toujours sur les obligations lointaines J onas 2000 57 58 Cette double critique de la d mocratie la fois trop lente et incapable de prendre en compte le temps long se retrouve dans la pens e du d veloppement durabl
5. largement issu des Etats et s appuie sur l appareil tatique afin de mettre en oeuvre ses politiques ou solutions techniques La participation est son mode d organisation politique vis vis des citoyens Insistons ici sur le fait que cette distinction entre cologie par en haut et cologie par en bas est id al typique Dans la r alit sociale on rencontrera essentiellement des acteurs sociaux et des discours qui empruntent des id es et des pratiques l un et l autre p le de ce continuum cologique Il y a l galement une part de positionnement strat gique Par exemple certains partis verts trouveront plus pr sen table d emprunter au discours d sormais plus consensuel du d veloppement durable plut t qu au discours plus radical de l cologie politique N anmoins il nous semble int ressant du point de vue conceptuel de durcir cette opposition afin d en montrer les caract ristiques les plus saillantes L cologie politique une vision politique d mocratique L cologie par en bas comme pens e de l autonomie place au coeur de ses pr occupations l exigence d mocratique En tant qu elle consid re les individus comme fondamentale ment gaux et responsables et qu elle ne se repr sente pas la politique comme un savoir l cologie politique ne peut que promouvoir une version forte de la d mocratie une d mo cratie en r alit et non pas en paroles Castoriad
6. 9 Le concept de post industrialisme Essai critique sur la transformation du tissu industriel genevois Le Concept Moderne Gen ve McPherson C B 1985 Principes et limites de la d mocratie lib rale La D couverte et Bor al Express Paris et Montr al Manin B 1996 Principes du gouvernement repr sentatif Flammarion Paris Manin B 2004 D lib ration et discussion Revue suisse de science politique 10 4 pp 180 192 OCDE 2002 La gouvernance pour le d veloppement durable Etude de cinq pays de l OCDE OCDE Paris OCDE 2001 D veloppement durable Quelles politiques OCDE Paris ONU 1999 1993 Earth Summit Agenda 21 The United Nations Programme of Action From Rio United Nations Publications Gen ve Prieto L J 1975 Pertinence et pratique essai de s miologie Minuit Paris Ranci re J 2004 Aux bords du politique Gallimard Paris Ranci re J 2005 La haine de la d mocratie La Fabrique Paris Rui S 2004 La d mocratie en d bat Les citoyens face l action publique Armand Colin Paris Schumacher E F 1978 Small is beautiful une soci t la mesure de l homme Le Seuil Paris The World Commission on Environment and Development 1987 Our Common Future Oxford University Press Oxford New York rapport Brundtland Vernant J P 1962 Les origines de la pens e grecque PUF Paris Notes 1 Cet article est issu d une communication pr sent
7. D veloppement durable et d mocratie la participation comme probl me Romain Felli Institut d tudes politiques et internationales IEPI et Observatoire Science Politique et Soci t OSPS Facult des sciences sociales et politiques SSP Universit de Lausanne UNIL www unil ch 2006 R sum Le concept de participation est fortement li celui de d veloppement durable Une analyse en termes d histoire des id es permet de comprendre les diff rences entre cologie politique et d veloppement durable Cette distinction claire en retour les diff rences entre d mocratie directe repr sentative et participative La d mocratie participative doit tre comprise comme une simple modalit de la d mocratie repr sentative et ne constitue pas en soi un facteur de d mocratisation L article conclut en montrant les affinit s entre les id es de participation et de d veloppement durable L id e de d mocratie participative l chelle urbaine en particulier est devenue tr s la mode Pas une municipalit qui ne se dote de son Agenda 21 local mettant en oeuvre les principes d une gouvernance participative tentant de rapprocher le citoyen des lieux de pouvoir essayant d infl chir l action politique en y int grant de nouveaux enjeux Rui 20041 La ville est le terrain de pr dilection de la mise en oeuvre de ces principes participatifs tant il est vra
8. e L accent qu il met sur des solutions techniques consensuelles des probl mes vidents l incite peu go ter au d bat d mocratique Le processus lectoral en particulier est stigmatis Pour l OCDE dans les syst mes d mocratiques la prise de d cision ob it g n ralement au cycle lectoral 4 5 ans ce qui emp che d adopter une perspective de long terme OCDE 2002 33 N anmoins la diff rence de J onas il n est pas question d instaurer une dictature bienveillante pour rem dier au temps long de la d mocratie Des r formes institutionnelles sont possibles On attend dela d centralisation qu elle vite la fois les inconv nients des proc dures de consultation trop longues et la trop grande politisation des d bats nationaux OCDE 2002 37 Il s agit de soustraire au d bat politique et sa temporalit les questions trop importantes touchant aux r formes du d veloppement durable La participation comme suppl tif d mocratique A la d mocratie repr sentative affubl e des maux que nous avons vu le d veloppement durable oppose la participa tion Il se pose ainsi comme plus d mocratique que les syst mes traditionnels N anmoins cette mise en avant de la participation n est en rien un gage de d mocratie suppl mentaire d autant plus que la participation au d veloppement durable a un caract re technique plus que politique Le rapport Brundtland est as
9. e au Colloque D veloppement urbain durable gestion des ressources et gouver nance Une premi re version remani e de cette contribution a d j paru dans Belgeo Revue belge de g ographie voir Felli 2005 L auteur tient remercier J r me Savary pour ses perti nentes critiques sur le manuscrit de m me que J ean Philippe Leresche pour avoir incit l criture de cet article Mathieu Gasparini et Antoine Chollet ont fourni l impulsion initiale de ces recherches sur les rapports entre cologie et politique Merci enfin Gilles Burnand pour sa relecture attentive 2 Charte des villes europ ennes pour la durabilit Charte d Aalborg Disponible sur www ecologie gouv fr IMG agenda21 textes aalborg htm r f rence du 29 mai 2005 Romain Felli est g ographe et politologue dipl m de l Universit de Lausanne et de l Institut d Etudes Politiques de Paris Assistant de la chaire d histoire des id es politiques de l UNIL ses travaux portent sur l cologie politique les th ories de la justice globale et les r fugi s climatiques Pour d autres articles sur la d mocratie voir www liege mpOC be rubrique Articles D mocratie Autres livres Chollet Antoine D fendre la d mocratie directe Presses polytechniques et universitaires romandes 2011 122 p Sintomer Yves Petite histoire de l exp rimentation d mocratique Tirage au sort et politique d Ath nes nos jours La D couv
10. e uniquement comme la r sultante d un mode de production particulier il est galement l pour prot ger les lites contre les assauts du peuple comme l a admirablement montr Bernard Manin Manin 1996 N anmoins pour ce qui nous int resse conservons l esprit le lien entre syst me conomique productiviste et n cessit de sp cialiser l activit politique au travers de repr sentants dans sa forme la plus d mocratique Comme nous l avons vu plus haut l cologie politique anti productiviste refuse la sp cialisation outrance des soci t s industrielles Elle met donc en avant une conception directe de la d mocratie qui se d cline notamment sur le th me de l autonomie individuelle et de l auto gestion Le d veloppement durable n abandonne pas le sch ma productiviste Il souhaite une r orientation de la base productive de l conomie d o les th matiques du d couplage ou de l cologie industrielle mais ne 3 5 remet pas en cause la croissance Dans sa volont de concilier de mani re non dialectique les contraires il tente une synth se entre la n cessit productiviste de sp cialiser l activit politique et l imaginaire politique de la d mocratie directe La solution qu il apporte la participation ne conduit pas n anmoins une d mocratisation de l activit politique Les types id aux de la d mocratie Afin de mieux comprendre pourquoi et de cerner le
11. e vis e d autonomie pour les individus et les communaut s Ce faisant elle pose une radicale galit entre les citoyens et d nonce la sp cialisation croissante des soci t s Elle valorise une ma trise imm diate de leur environnement par les individus et la soci t civile d non ant la volont de puissance de la soci t indus trielle tatique et productiviste Elle critique la technique qui par l accroissement du pouvoir de l action de l homme sur son environnement lui appara t comme responsable de la perte de ma trise donc d autonomie et comme provo quant la crise environnementale et sociale Elle pr ne une autolimitation politique et conomique qui s incarne dans la d mocratie directe et le changement radical de mode de production vers une soci t conviviale souvent synonyme de d croissance Elle est largement issue de la mouvance de la deuxi me gauche des ann es 1960 70 Partant d un principe de survie de l humanit et agissant au nom des g n rations futures le d veloppement durable pense qu il est possible condition d tre dot d un certain savoir scientifique et technique de r orienter l conomie et la soci t afin de les rendre durables Il suppose que le d ve loppement de techniques nouvelles d une ing nierie environnementale permettront de ne pas venir buter contre les limites de la plan te impos es par l tat technologique et les stocks naturels Il est
12. erte 2011 336 p 5 5
13. i que notre imaginaire d mocratique est marqu par l identit entre polis et politique D sormais pour Fran ois Ascher Ascher 2001 94 95 la gouvernance urbaine implique un enrichissement de la d mocratie repr sentative par de nouvelles proc dures d lib ratives et consultatives La diffusion spectaculaire de ces principes doit tre mise en relation avec l av nement de l id ologie du d veloppement durable qui est d sormais cens e inspirer les politiques publiques toutes les chelles du global au local Cet article visera tenter de clarifier l id e de d mocratie participa tive coupl e l id ologie du d veloppement durable du point de vue de la th orie politique Les pratiques partici patives se construisent certes en r f rence et par opposi tion au gouvernement repr sentatif mais tout autant contre l id e de d mocratie directe bien qu elles lui empruntent une partie de son imaginaire comme nous le montrerons Cette entre deux pose n anmoins probl me Or le d veloppement durable est lui m me une id e de l entre deux Nous devrons commencer par consid rer qu il existe deux th ories politiques de l cologie qui s opposent sp cifi quement sur toute une s rie de points l cologie politique et le d veloppement durable Apr s avoir bri vement esquiss les diff rences fondamentales entre ces deux conceptions nous traiterons plus en d tail pour chacune d e
14. is 2005 1992 238 Puisqu il n y a pas de savoir qui devrait diriger les actions humaines et qu il ne peut y avoir d experts dans ce domaine toutes les opinions en mati re politique se 15 valent et seul le gouvernement de tous par tous para t acceptable Castoriadis 2005 1986 156 De plus les proc dures d l gatives ou repr sentatives paraissent suspectes l cologie politique en tant qu elles participent d une h t ronomie Surtout ces derni res impliquent une sp cialisation et une centralisation du domaine politique qu elle refuse Le gouvernement repr sentatif est en effet li l origine et dans ses principes aux conditions m mes que d nonce l cologie par en bas la sp cialisation l industrialisation la formation de l Etat moderne Ainsi donc si le gouvernement repr sentatif offre la possibilit aux citoyens de peser sur les choix politiques les principes qui ont pr sid sa cr ation et qui le dirigent sont intrins que ment contraires aux valeurs de l cologie par en bas Le gouvernement repr sentatif est peut tre n cessaire pour une communaut d une taille importante mais la pens e du small is beautifull Schumacher 1978 conduit l cologie politique valoriser des petites communaut s d centralis es et capables de s autogouverner A la d mocratie repr senta tive elle pr f re des formes plus directes de d mocratie Elle associe d mocratie et autogestio
15. ley 1985 111 144 Ranci re 2005 Notre raisonnement portera sur les institutions et les possibilit s formelles de cette participation Il existe par ailleurs de nombreuses tudes sur les modalit s effectives de r alisation des proc dures participatives portant notamment sur la sociologie de leurs utilisateurs Bevort 2002 Rui 2004 Bacqu Rey et Sintomer 2005 Bourg et Boy 2005 N anmoins nous nous en tiendrons un raisonnement formel qui permet de mettre en vidence certains m canismes r pondant nos questions Contre la d mocratie repr sentative productiviste La d marche participative du d veloppement durable comme la d marche directe de l cologie politique doivent se comprendre comme une mise distance du mod le de gouvernement repr sentatif port par l id ologie lib rale productiviste Le gouvernement repr sentatif est la cons quence logique d une soci t industrielle productiviste qui a besoin de se sp cialiser afin de cro tre Les Anciens pouvaient bien s occuper eux m mes des affaires politiques car ils n entendaient pas grand chose au commerce Les Modernes que nous sommes pris par le besoin d accro tre leurs richesses doivent confier la marche des affaires communes quelques uns suivant le principe de division du travail appliqu la politique Constant 1997 1819 615 Evidemment l av nement du gouvernement repr sentatif ne doit pas se comprendr
16. loierons duquer et former non seulement le grand public mais encore les repr sentants lus et le personnel des administrations locales la durabilit 2 La participation telle qu entendue par la th orie du d veloppement durable repose donc sur l id e qu il faut largir l acc s l information pour des individus et des groupes particuliers En retour ces individus et ces groupes constituent une source d information privil gi e pour le pouvoir central Les individus en participant prennent conscience des enjeux du d veloppement durable et acceptent ses r formes n cessaires Deux ou trois d mocraties Directe participative et repr sentative En r alit l enjeu soulev par l accent mis sur la participation tient au lien entre formes directe et repr sentative de la d mocratie Par d mocratie nous entendons la capacit du peuple c est dire de n importe qui a priori de prendre effectivement part la d cision politique Cette galit politique est l isonomia grecque voir Vernant 1962 56 Manin 1996 28 29 Evidemment de nombreuses autres d finitions du terme d mocratie existent et sont en concurrence N anmoins celle ci l avantage de d gager un crit re strict permettant de mesurer l cart entre l id al et le r el Par ailleurs la plupart des effets r put s positifs ou non de la d mocratie proviennent de cette galit fondamentale Fin
17. n autogouverne ment ou autonomie N anmoins comme le d clare Cornelius Castoriadis Castoriadis 2005 1992 239 Une soci t d mocratique est une soci t autonome mais autonome veut dire aussi et surtout autolimit e Cette autolimitation qui vaut dans le domaine conomique s applique galement au domaine politique Seule une soci t autonome sera authentiquement prudente limitant sa puissance envers les individus respectant les droits des minorit s autant que l environnement Le d veloppement durable une id ologie instrumentale technique M fiance et critique de la d mocratie L cologie par en haut s est montr e plus m fiante vis vis de la d mocratie Comme elle se fonde sur un savoir qui n est pas partag galement entre tous elle peut consid rer que les questions ayant trait la survie de l esp ce humaine ne devraient pas tre soumises aux r gles d mocra tiques Ou du moins que la d mocratie n est pas le meilleur moyen pour parvenir ses fins Deux points essentiellement sont reproch s la d mocratie se rapportant sa tempora lit La d mocratie serait la fois trop lente et trop rapide Trop lente parce que les proc dures d mocratiques parle mentaires les lieux de pouvoirs clat s et les contre pouvoirs emp cheraient de prendre rapidement les bonnes d cisions Trop rapide parce que soumise aux passions aux volont s contradictoires
18. ntre elles de leur rapport la d mocratie Nous verrons que si l cologie politique favorise l id e de d mocratie directe le d veloppe ment durable s y oppose et met au contraire en avant la notion de participation Nous formulerons alors trois types id aux de la d mocratie directe participative ou repr sentative et insisterons en particulier sur trois crit res de diff renciation la participation au d bat le lieu de d cision et le m canisme de responsbilit Nous verrons alors que l id ologie du d veloppement durable adopte le principe d entredeux qu est la participation Ce faisant elle choue atteindre l objectif de d mocratisation des choix politiques A cette aune il nous para t difficile de consid rer que la participation telle qu entendue par le d veloppe ment durable soit v ritablement plus d mocratique que le principe repr sentatif Les deux mes de l cologie Contrairement une pr sentation r pandue il existe non pas une mais deux th ories politiques de l cologie s opposant sp cifiquement Felli 2005 Nous les nommons cologie par en haut et cologie par en bas et elles correspondent au d veloppement durable par exemple Brundtland 1987 OCDE 2001 et 2002 ONU 1999 respectivement l cologie politique par exemple Gorz 1978 Illich 1973 Castoriadis et Cohn Bendit 1981 L cologie politique est d abord un
19. oivent permettre d une part une meilleure remont e de l information vers le pouvoir central d autre part faire mieux admettre et appliquer des projets d cid s en amont La participation consultation Se trouve ainsi d velopp e l id e que la participation permettrait une meilleure circulation de l information dans le syst me de pilotage politique Parce que les pratiques quotidiennes et les d sirs des individus ne seraient pas connus ou compris des gouvernements de mauvaises d cisions seraient prises en particulier en mati re environnementale Les proc dures participatives au 2 5 contraire permettraient d institutionnaliser une mani re de faire remonter les savoirs et les d sirs locaux afin que le pouvoir politique puisse d cider en connaissance de cause Il ne s agit donc pas par la participation de cr er un espace de d bat politique mais plut t d instaurer une modalit technique de l information gouvernementale Les discussions doivent alors tre s rieusement encadr es L laboration d une strat gie interne coh rente de consultation et de participation du public qui pr ciserait notamment quel stade doit intervenir la consultation puis la d finition de principes qui r giraient avec pr cision les m canismes retenus dans cette strat gie notamment un accord sur les moyens mettre en oeuvre la marche suivre par chaque participant et les modalit s d exploitation des r s
20. ons ou proc dures participatives vont l encontre d un autre trait fondamental de la d mocratie qui est l ind termination a priori du d bat Que ce soit dans l agora ath nienne ou dans les parlements repr sentatifs les participants ont la ma trise des sujets dont ils veulent d battre et ne sont pas soumis une loi ext rieure Claude Lefort fait m me de l ind termi nation la caract ristique fondamentale de la d mocratie Lefort 1986 Les proc dures participatives au contraire supposent la passivit des citoyens auxquels on pose une question pr cise La participation consiste s exprimer sur un plan d urbanisme sur un am nagement local sur une question thico technologique etc La participation est donc une proc dure visant faire d battre un groupe de citoyens sur une question d termin e Le fait de poser cette question la d cision d ouvrir une proc dure participative ainsi que la d cision finale sur cette question restent tous du ressort des gouvernants Les assembl es participatives n ont ainsi pas vocation s autosaisir d un probl me particulier C est d ailleurs ce qui distingue ce type de lieux de d bats d autres lieux pr sents dans la soci t civile associations lobbys La participation c est l organisation par l Etat ou ses entit s subordonn es d une modalit particuli re de consultation des citoyens Il n y est pas question de d mocratie comme
21. partage galitaire du pouvoir 4 5 Conclusion la participation dans l entre deux La participation telle qu entendue par le d veloppement durable au niveau urbain en particulier appara t donc comme une id e hybride dans l entre deux b tarde m me pour Ranci re Ranci re 2004 110 Elle tente de r concilier un imaginaire d mocratique galitaire d lib ratif avec une soci t industrielle productiviste et sp cialis e En ce sens elle est bien fille du d veloppement durable cette pens e contemporaine qui vise r concilier les contraires de mani re non dialectique et dont merge sans cesse des concepts kitsch au sens que donne Lopreno 1989 61 62 tels que des strat gies doublement voire triplement gagnantes ou l cologie industrielle Le d veloppement durable est une conception qui refuse le tragique de la d cision politique La participation qui merge dans ce contexte de diffusion de la pens e du d veloppement durable de m me que dans celui d une soi disant crise de la repr sentation ou autres maladies de la d mocratie Ranci re 2005 a toutes les apparences pour s duire N anmoins un d tour par la th orie politique nous a permis de voir que tant qu elle est entendue au sens du d veloppement durable c est dire comme proc dure d information et de consensus elle choue pr senter une d mocratisation de l action politique
22. s Il est d ailleurs symptomatique de noter qu une des grandes modalit s de la d mocratie participative en France se nomme justement conf rence de consensus Bourg 2002 47 50 L exemple des Agendas 21 locaux Les deux modalit s de proc dures participatives du d veloppement durable sont particuli rement importantes dans le cas de l application des Agendas 21 locaux l chelle urbaine L Agenda 21 est le programme d action de l ONU pour la plan te nonc Rio Il se d cline en programmes locaux au niveau des r gions des municipalit s ou des quartiers sous le nom d Agenda 21 locaux Suivant la Charte d Aalborg sign e en 1994 de nombreuses villes europ ennes participent ce d veloppement et incluent d sormais des proc dures participatives notamment en mati re d am nagement local pour le d veloppement durable Il s agit en fait d adapter le vieux principe de mise l enqu te en mati re d urbanisme au go t du d veloppement durable en l largissant et le modernisant La participation consultation en est un facteur essentiel comme le mentionne explicitement cette charte au point 1 13 Nous baserons donc nos efforts sur la coop ration entre tous les acteurs concern s nous veillerons ce que tous les citoyens et les groupes d int r t aient acc s l information et puissent tre associ s aux processus d cisionnels locaux et nous nous emp
23. s diff rences principales entre ces conceptions nous proposons un sch ma id al typique des trois conceptions de leur rapport la d mocratie et surtout de trois crit res politiques fondamentaux dans la th orie politique Il s agit de localiser le lieu du d bat politique puis le lieu ultime de d cision politique r pondant la question classique qui en derni re instance a le pouvoir dans ce syst me Enfin il s agit d identifier le m canisme de responsabilit l oeuvre dans chaque syst me Ma ee os D bat D cision Responsabilit Contestation nu unes er Tom CI e i os ar x a 5 Fe qui Repr sentants Gouvernants Dilu e illisible Seenaa Dea Repr sentants Rop snans Rene tableau 1 Types id aux de d mocratie Felli 2005 431 La d mocratie directe pr n e par l cologie politique suppose que tout un chacun prend une gale part au d bat et la d cision politique Il n existe pas une classe s par e de gouvernants mais un peuple qui s autogouverne La responsabilit est donc imm diate c est dire que les individus subissent directement les cons quences de leurs choix La d mocratie repr sentative se caract rise par le fait que si tous les citoyens peuvent formellement participer au choix de leurs lites les repr sentants ce sont ces derniers qui ont le pouvoir de d battre et de d cider N anmoins ces repr sentants sont responsables accoun
24. sez laconique cet gard puisqu il ne mentionne qu une fois cette id e et encore de mani re tr s g n rale Brundtland 1987 65 Pour Dominique Bourg n anmoins Bourg 2003 111 le sc nario d mocratique de l cologie s inscrit dans le cadre de ce rapport fondateur et repose notamment sur les proc dures participatives Quant l ONU d apr s elle la participation consiste permettre aux citoyens concern s d avoir acc s l information environnementale comme le demande le dixi me principe de la d claration de Rio ONU 1999 10 C est cette politique de participation que pr ne galement l Organisation de coop ration et de d veloppe ment conomiques OCDE en encourageant am liorer la transparence et la participation du public tous les niveaux des gouvernements A En permettant la participation effective des entreprises des travailleurs des consomma teurs et des organisations non gouvernementales aux d bats sur les modes de production et de consommation de mani re faciliter la transition vers le d veloppement durable B En donnant au public un acc s l information et des moyens efficaces de faire entendre sa voix par exemple les proc dures judiciaires OCDE 2001 29 Le d veloppement durable met les proc dures participatives au coeur de sa politique Mais plus que leur aspect d mocra tique ce qui l int resse est leur fonction instrumentale Ces proc dures d
25. ultats contribueraient rehausser la qualit des consultations OCDE 2001 65 Dominique Bourg insiste sur le fait que les proc dures participatives ne doivent rester que consultatives et non d cisionnelles Bourg 2002 49 2003 112 A cet gard nous pouvons parler de participa tion consultation la participation n tant appr hend e que comme une mani re de fournir des renseignements La participation consensus Par ailleurs la participation serait un moyen de faire comprendre et accepter les d cisions politiques l ensemble des citoyens En leur donnant l occasion de participer de discuter de d battre des projets les citoyens seraient ainsi amen s comprendre les motivations fondant ces politiques et les accepter plus facilement Il ne s agit donc nullement d organiser un d bat sur le bien fond des projets pr sent s mais de les faire comprendre et accepter parce que n cessaires Comme le dit l OCDE OCDE 2001 65 La transparence des activit s des pouvoirs publics est n cessaire pour offrir des possibilit s de participation active des citoyens au d bat sur le d veloppement durable et forger un consensus sur les r formes n cessaires La participation serait donc un moyen de gouvernement qui permettrait d viter des blocages ou des oppositions trop nombreuses en incorporant les d sirs et les demandes des citoyens Cette seconde modalit pourrait se nommer participation consensu
26. yens peuvent y venir librement et donner leur avis mais rien ne garantit qu ils seront cout s Car d autre part existe une enceinte l gitime de d cision qui ne comprend que les gouvernants Certes il peut exister de fortes incitations pour que les gouvernants suivent les discussions et avis forg s au sein des institutions participatives mais il n y a l aucune obligation A l inverse les gouvernants peuvent utiliser l existence d enceintes participatives afin de diluer ou esquiver leur responsabilit Ils peuvent ainsi jouer gagnants sur deux tableaux avoir le pouvoir effectif de d cision et rejeter la responsabilit d une d cision sur les citoyens qui ont particip celle ci Ainsi la d mocratie participa tive n appara t pas comme une troisi me forme de d mocratie apr s la directe et la repr sentative mais essentiellement comme un m canisme adjoint au mod le repr sentatif Les raisons sociales qui poussent cette adjonction m riteraient d tre investigu es plus avant mais comme nous l avons vu la participation d un point de vue formel n apporte pas un surcro t de d mocratie comme partage du pouvoir de d cision N anmoins cela ne signifie pas n cessairement que ces pratiques participatives sont utilis es afin de renforcer de mani re cach e le pouvoir des organes repr sentatifs Bien que cela puisse tre objectivement le cas Par ailleurs ces instituti
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