L`engagement syndical : les conditions de l
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1. seulement En France le fait d tre syndiqu n ouvre pas de droits sociaux Il existe d autres diff rences Certains syndicats sont par construction unitaires comme en Su de L interlocuteur du patron est donc unique Ensuite il existe des syndicats unifi s comme en Allemagne ou au Royaume Uni Ces syndicats ont un pass et ont progressivement fusionn pour constituer des syndicats unifi s qui n gocient en interne avant de n gocier avec le patronat Troisi mement 1l existe des syndicats pluralistes qui se mettent d accord avant une n gociation comme c est le cas en Italie ou aux Pays Bas En cas de n gociations les syndicats forment alors une repr sentation syndicale unitaire Enfin il existe des syndicats pluralistes et divis s comme en France et dans une moindre mesure en Espagne En France les 9 de travailleurs syndiqu s se r partissent entre 5 Conf d rations dites repr sentatives sans parler des autres comme la structure construite autour de SUD On ne parle donc pas de la m me chose lorsque l on parle de syndicats en Europe Sur le plan des relations entre organisations patronales et syndicats L Allemagne par exemple applique le syst me de la co d termination La n gociation sous la forme de participation effective des salari s est quotidienne Dans d autres pays dans lesquels il n existe pas de co d termination des pactes sont pass s entre organisations patronales et syndical2. L engagement collectif se red finit il peut tre intermittent Il pr suppose la red finition des rapports entre vie priv e et vie militante le rejet des dispositifs de d l gation la valorisation et l utilisation des comp tences individuelles comme l ment central d efficacit du groupe mobilis Vakaloulis 2003 Les mots d ordre de l appareil sont discut s analys s parfois rejet s par des militants qui de ce fait chappent son contr le La primaut du leader ou du porte parole tend dispara tre Par del le jeu institutionnel entre partenaires sociaux Etat repr sentants patronaux et syndicaux il s agit de favoriser la participation directe pour d finir le mode d emploi des luttes Le militant n est plus une entit vierge mais une singularit ayant le droit de s auto d finir de d cider d influer sur le cours des choses Vakaloulis 2003 La CFDT quoiqu elle en dise en fait cruellement l exp rience depuis un an et ses positions sur la question des retraites sur le dossier des intermittents du spectacle ont conduit bon nombre de ses adh rents parmi les plus jeunes d serter ses rangs non pas forc ment pour abandonner l action syndicale mais en direction d organisations concurrentes qui leur ouvrent largement les bras Par exemple dans l enseignement priv la syndicalisation au sein de la CGT est en plein essor Le mouvement est massif tel point que la struct
3. s et l on esp re qu il sera galement la source blanche que tout ressorte un autre endroit au moment opportun Sa participation de longue date aux rouages de l Universit l rige en m moire vivante des relations salariales Alors que les dirigeants se sont succ d s 1l rappelle l institution les r ponses qu elle a pr c demment apport es des probl mes qui se posent nouveau Il retrace l histoire et jette les bases d une analyse trans historique mais aussi transversale puisque les salari s l impliquent dans ce qui se passe dans tous les instituts qui constituent l Universit Ceci est un atout fort utile dans une soci t cloisonn e divis e en d partements sur une base disciplinaire et qui ont peu l habitude de la coop ration Interface au sein de l tablissement entre les salari s et la direction il l est galement l ext rieur au sein de l UDESCA En un certain sens les salari s impliquent les d l gu s syndicaux d opposition dans la narration d une succession de petits scandales d injustices de spoliation dans milles probl mes petits et grands Cette accumulation sur de nombreuses ann es inspire la condamnation irr vocable de la structure parce que si les dirigeants changent les pratiques demeurent Faute d une rationalit identifiable en vertu du manque de professionnalisme suscit e par une certaine conception de la gestion associative l approximation dans l app
4. v lateur d une red finition des appartenances et des identit s sociales dans une configuration post moderne d clatement de pluralisme d sordonn Vakaloulis 2003 et prend appui sur l individualisme d sormais largement analys par la litt rature sociologique Elias 1987 Giddens 1993 Ainsi les identit s sociales deviennent plus fluides plus mobiles et prot iformes avec un renforcement des contraintes et la privatisation des comportements et attitudes D o la fois les difficult s des Ou alors dans l exemple que nous donnerons de l implication syndicale l Universit Catholique de l Ouest il est plut t question de choisir le repr sentant syndical le plus conforme aux v ux de la direction Entretien avec Michel Vakaloulis par Jean Claude Oliva f vrier 2000 l Humanit individus rejoindre les formes traditionnelles de l action collective et une sous estimation de leurs capacit s r elles peser sur le cours des v nements Par ailleurs la d r gulation sociale l impuissance des institutions de contr le inspection du travail tout comme la d mission des instances r gulatrices du lien salarial Prud Hommes organes paritaires rendent particuli rement tendues les relations de travail L exercice syndical s est galement complexifi les militants syndicaux et sp cialement le d l gu syndical v ritable homme orchestre de la vie syndicale se doivent de poss d
5. elle est forte en Italie et en Su de mais pratiquement interdite en Allemagne Quoi qu il en soit dans tous les pays le mouvement est le m me et consiste vider de 6 leur contenu les accords sign s en haut Les accords de branche sont ponctuels et les accords de branche g n raux n existent plus On descend progressivement dans la gestion de l emploi et des salaires au niveau local ce qui correspond au besoin de flexibilit des entreprises et au besoin d individualisation des rapports sociaux La r cente Loi Filllon de modernisation sociale affiche clairement cet objectif II Quelques caract ristiques de l activit syndicale 1 L individualisme Au m me titre que l ensemble des activit s sociales l activit syndicale est travers e par la tendance dominante l individualisme faite d absence ou de perte de lien de solidarit d isolement et de solitude des individus d intrumentalisation des rapports inter individuels et de privatisation des comportements et des attitudes D o un sentiment d impuissance face des changements r put s in luctables un scepticisme vis vis de la port e et de l efficacit des actions collectives en m me temps qu une forte demande de type chient liste vis vis des repr sentants syndicaux Il n est pas rare que l on fasse la tourn e des d l gu s syndicaux ind pendamment de leur appartenance afin de recouper les informations
6. relations sociales de sa structure et recherche son soutien pour la r solution des probl mes quotidiens dont il a la charge Comme animateur de la vie syndicale dans l tablissement il doit s impliquer dans des activit s qui sont parfois sans rapport avec son action syndicale sa pr sence est n cessaire lors des temps forts institutionnels Il se pr occupe des projets manant des salari s 14 et on lui demande de les impulser On peut citer en exemple la r flexion qui a port sur la cr ation d une cr che l Universit la participation l organisation d un pique nique par le comit d entreprise En lien direct avec ses attributions syndicales il s implique personnellement dans le refus de c der aux injonctions de la direction avec les cons quences que cela peut entra ner ou dans des actions devant les prud hommes pour ne pas laisser partir seuls les salari s Le d l gu syndical a une forte implication dans l Universit tant au niveau conomique que des ressources humaines et de la communication Il d ploie des comp tences associ es aussi diversifi es que la compr hension des bilans financiers que l intuition des dysfonctionnements et des strat gies perdantes de l entreprise que lui procure un habitus aguerri travers les diff rents conflits qui ont jalonn es son exercice il a acquis une bonne ma trise du droit du travail et des conventions collectives et une capaci
7. L engagement syndical les conditions de l implication l Universit Catholique de l Ouest Jean Max Estay et Christine Fourage CREAM IMA UCO BP 10808 49008 Angers cedex 01 France Jean Max Estay ima uco fr CERIPSA IPSA UCO BP 10808 49008 Angers cedex 01 France Christine Fourage uco fr D Introduction Cette communication vise explorer une des dimensions de l implication le fait de s impliquer Elle a pour ambition partir de l exp rience syndicale de contribuer la r flexion sur les sp cificit s de cet engagement confront ce qu on d signe commun ment par la crise du syndicalisme Ion 1997 Selon Labb Labb 1996 au cours de ces quinze derni res ann es la France a connu une sorte de r volution silencieuse et mal comprise la quasi disparition du syndicalisme sur les lieux de travail sur fond de dissension syndicale et de remise en cause de la l gitimit de l action syndicale En effet on assiste de plus en plus au passage du formel vers l informel et l interlocuteur privil gi lors des n gociations n est pas exclusivement le d l gu syndical On constate donc un glissement des accords vers des quasi accords Linhart 1998 La crise syndicale n est pas sp cifique la France les autres pays europ ens connaissent eux aussi une remise en cause du lien syndical qui se distend de plus en plus Dufour 1998 Elle est plut t le r
8. L implication syndicale des salari s De longue date deux organisations sont pr sentes l Universit la CFTC et la CFDT Leurs repr sentants si gent en commission paritaire nationale Depuis janvier 2004 une section syndicale CGT a t cr e avec les r actions de stupeur que l on peut supposer Celles ci rel vent de repr sentations dignes des ann es 60 et les commentaires peu am nes sur l arriv e des Soviets la Catho circulent Cette section syndicale est l manation de transfuges de la CFDT en d saccord avec les positions de cette centrale Il n y a pas de remise en cause de l action locale c est pourquoi une intersyndicale s est rapidement mise en place L intersyndicale CFDT CGT a pr sent une liste commune pour les lections des d l gu s du personnel et au Comit d entreprise en mai 2004 Pour Saint Paul p tre aux Corinthiens Il n est pas d autorit qui ne vienne de Dieu Face la virulence des propos du d l gu syndical CFDT une salari e membre de la d l gation CFTC lui reprochait de traiter d gal gal avec le recteur Selon elle l attitude qu il aurait du adopter est celle de l tudiant vis vis d un professeur 7 la d l gu e syndicale CGT si ge galement en commission paritaire nationale participe aux commissions ex cutive nationale du SNPEFP CGT elle repr sente son syndicat aupr s de l organisme collecteur des fonds de formation conti
9. cale CFTC a transform cette intention louable en une arme redoutable pour l unit syndicale Par souci de pragmatisme et pour soutenir le recteur dans sa volont affich e de pacification elle a sign seule avec la direction un accord d entreprise d am nagement et de r duction du temps de travail ne respectant pas certaines dispositions de la convention collective Il faut signaler qu avant l arriv e de cette repr sentante l intersyndicale CFDT CFTC d fendait une ligne commune dans les n gociations portant sur le passage aux 35 heures des enseignants Dans le droit fran ais l application d un accord d entreprise est subordonn e la signature d un seul syndicat d s lors la CFTC s oppose aux demandes des autres organisations Pourtant parfois l employeur les reprend son compte Le paritarisme se nourrit de rapport de confiance lorsque celle ci est mise mal la radicalisation des positions s installe Dans le pass les organisations syndicales avaient accept d oublier certaines irr gularit s pour permettre l employeur d y rem dier aujourd hui les syndicats d opposition n acceptent plus rien qui ne soit pas conforme au droit du travail Les d l gu s syndicaux ne le pourraient d ailleurs pas quelques salari s exacerb s par l iniquit de l accord d ARTT se sont renseign s aupr s d eux se sont syndiqu s ont demand audience l inspection du travail ont consult
10. clin du syndicalisme Le Cas de la CFDT Paris PUF 1992 Tixier 1996 Tixier Pierre ric Un impossible compromis social fran ais L Entreprise comme fondement de la r gulation sociale V Congr s de l Association fran aise de sciences politiques 22 26 avril IEP Aix en Provence 1996 Thuderoz 1998 Thuderoz Christian L individu la forme syndicale et l entreprise sociologie et soci t s Vol XXX n 2 automne 1998 Vakaloulis 1999 Vakaloulis Michel Travail salari et conflit social PUF 1999 Vakaloulis 2003 Vakaloulis Michel direction avec Fran oise Duchesne M dias et Luttes sociales Editions de l Atelier f vrier 2003
11. conditions il ne faut pas s tonner que la cr dibilit de ces diff rentes institutions soit entach e que les salari s d veloppent des appr ciations fatalistes du pot de terre contre le pot de fer constamment d bout de ses droits en un combat perdu d avance Or le travail syndical qui peut conduire proposer une action en justice pour r soudre un conflit ou contraindre l employeur ouvrir des n gociations s en trouve particuli rement affaibli 3 Le r le central du d l gu syndical Le Code du travail fran ais enchev tre fortement vie repr sentative et syndicale sur les lieux de travail Les syndicats ont le droit d tre pr sents dans les tablissements c t des instances lues au suffrage universel ils y d tiennent un quasi monopole de n gociation renforc par l obligation faite l employeur de n gocier avec eux p riodiquement et ils ont une priorit dans la pr sentation des candidats l lection En m me temps les r les repr sentatifs se trouvent plus fortement compartiment s les r clamations individuelles et le suivi des conventions collectives rel vent des comp tences des d l gu s du personnel les droits d information et de consultation avec l employeur sont la pr rogative du comit d entreprise ou d tablissement la n gociation sur les salaires et l am nagement des horaires est du ressort des d l gu s syndicaux l intervention sur les questions de sant et de s cu
12. d livr es pour des besoins strictement individuels Le choix se portera sur celui qui appara t comme le professionnel le plus comp tent en mati re de l gislation sociale le plus attentif et le mieux m me de d fendre les int r ts du salari Cela d bouchera ou non sur une adh sion syndicale L autre face de l individualisme se traduit par le souci de soi la volont de l auto r alisation la recherche d une plus grande libert de mouvement au sein de la vie en commun Nous pouvons citer le cas d une salari e qui ayant fait travaill de nombreuses reprises un d l gu syndical sur son dossier y compris la veille des lections au sein de l entreprise a vot le lendemain pour un autre syndicat Comme si le r flexe partisan s tait soudainement r veill Ainsi on peut tre pr t syndiqu ou sympathisant assister aux r unions de sections ou participer l organisation des consultations professionnelles encore faut il que le temps qu on y consacre n empi te sur le temps hors travail qui sera toujours privil gi Il s agit de construire librement son identit en se d barrassant des tutelles pesantes D o une tendance certaine au zapping syndical l intermittence 2 La d r gulation du travail Celle ci est particuli rement perceptible au niveau des instances de contr le Citons en exemple l impuissance des inspecteurs du travail qui ont sous leur
13. ent la t che et on feint d ignorer qu elles ne peuvent pas s appliquer la Catho Ainsi les vacataires sont employ s aux conditions du secteur public avec une r mun ration moindre les enseignants permanents sont conduits assumer au del de leur temps plein des heures de cours dites compl mentaires alors qu elles sont en r alit des heures suppl mentaires Pour mettre en place des strat gies d entreprise on bricole tr s souvent en marge de la loi et on feint r guli rement d oublier que l on n est pas assujetti la m me l gislation que le public 2 Une m fiance culturelle l gard du fait syndical Faut il vraiment le rappeler la religion catholique est une religion d ob issance la hi rarchie qui a longtemps consid r l engagement politique et syndical Fourage 1990 comme un facteur de division et s en m ler c tait se salir Pourtant L Eglise Catholique s est impliqu e dans le mouvement social en France au travers d institutions qu elle contr lait de pr s ou de loin En ce cas elle a pr f r la r solution des conflits de la soci t industrielle par le recours l association professionnelle dans l organisation de la soci t D s lors l action syndicale qui s carte de cette ligne directrice toutes les chances de se voir d pr cier surtout si elle se heurte frontalement aux repr sentants de la direction et met mal des dispositions multi
14. ept une place 10 Qu on songe seulement que certains salari s souhaitant rencontrer les d l gu s syndicaux demandent que le rendez vous soit pris l ext rieur de l UCO Devant la r ticence de quelques uns uns aux contacts t l phoniques devant transiter par le standard la d l gu e syndicale CGT a demand ce que lui soit octroy e une ligne directe 11 vigilance de tous les instants qui doit tre d ploy e Or dans une institution endormie cela en passe par un effort p dagogique sans cesse r p t difficilement compris surtout aupr s du personnel enseignant que l on pourrait qualifier de travailleurs ind pendants salari s qui d veloppe des r flexes individualistes propres l exercice de leur activit professionnelle En premi re ligne de la n gociation paritaire les d l gu s syndicaux sont des personnages publics qui ici comme ailleurs cumulent les mandats assistent aux r unions du comit d entreprise et incarnent le contre pouvoir L implication est sociale et relationnelle tout autant que syndicale Avec pr s de trente ans d anciennet le d l gu syndical CFDT est le r ceptacle privil gi des informations d rangeantes Les salari s font appel lui en cas de probl me et le consultent pour obtenir informations et soutien mais par del ce r le traditionnel il est le trou noir de ce qui se passe dans l tablissement Les dysfonctionnements lui sont rapport
15. er une r elle comp tence juridique et technique Ils sont les animateurs de la n gociation et de la vie des sections Ils ont trouver les moyens pour intervenir sur les volutions conomiques et techniques de l entreprise etc Dans l exemple que nous d velopperons celui de l implication des d l gu s syndicaux au sein de l Universit Catholique de l Ouest UCO Angers il faut galement noter que le fait syndical ne va pas de soi tant la culture de l tablissement regarde avec suspicion l action syndicale Celle ci est consid r e avec m fiance toujours trop revendicative ou tatillonne surtout lorsqu elle rappelle la n cessit de la conformit la r gle et se heurte des dispositions multi s culaires de respect de la hi rarchie de droit divin et de soumission ID La syndicalisation en France une exception europ enne Il a 25 ans les syndiqu s repr sentaient un quart des salari s en France soit 4 millions En 1993 ils ne d passent de peu la barre des deux millions environ 10 des salari s aujourd hui sans en conna tre les chiffres exacts on parle de 5 de syndiqu s Encore faut il remarquer qu il y a plus d un retrait pour cinq syndiqu s et que cette proportion n a cess d augment depuis les ann es 60 Linhart 1998 Dans son ouvrage Syndicats et syndiqu s en France depuis 1945 D Labb d s l introduction pr cise les contours de la syndicalisat
16. es pour s accorder sur les revenus l emploi ou la dur e du travail Aux Pays Bas ou en Irlande un pacte social annuel est sign Sous une forme moins explicite l Espagne a agi de cette mani re Dans ces pays des r gles du jeu sont donc claires et sign es La troisi me situation est celle de la France et de l Italie des pays habitu s la signature d accords interprofessionnels Enfin en Grande Bretagne les relations sociales organis es sont rares Il convient de rappeler que le gouvernement de M Thatcher avait fait voter des lois r duisant les possibilit s d action des syndicats Le taux de syndicalisation est pass en 15 ans 4 Taux de syndicalisation dans certains pays d Europe Su de 91 1 Danemark 80 1 Italie 44 1 Grande Bretagne 32 9 Allemagne 28 9 Pays Bas 25 6 Suisse 22 5 Espagne 18 6 France 9 1 Source ILO International Labor Office B I T Gen ve 1995 de 40 30 Mais cette moyenne est trompeuse Des entreprises ont plusieurs Unions alors que d autres n en ont pas du tout En outre la l gislation du travail est r duite Outre Manche Une autre diff rence entre les pays europ ens tient la hi rarchie des normes Dans ce domaine encore la position de la France marqu e par le poids pr pond rant de la loi est unique La n gociation sociale a une grande importance dans les pays du Nord Par ailleurs la place de l interprofessionnel peut varier
17. ion en ces termes depuis maintenant une vingtaine d ann e aucune organisation aucun secteur du salariat n a chapp la d syndicalisation les syndiqu s se trouvent essentiellement dans le secteur public ou dans une grande entreprise nationale dans la plupart des entreprises du secteur priv la syndicalisation est tr s faible voire inexistante Au fond dans la France contemporaine le syndicalisme est devenu l apanage d une classe moyenne d ge m r et disposant d un emploi stable ainsi que des garanties collectives Labb 1996 Le mouvement social de l automne 1995 a r v l sur fond de d fection syndicale g n ralis e qu il existe une rosion du mod le traditionnel du militantisme redoutable en termes de mobilisation collective au profit de formes d engagement diversifi es dont les motivations sont plus personnelles Ainsi on passe de la figure du militant syndical fortement int gr l organisation dans un rapport troit et hi rarchique son organisation sur fond d appartenances sociales stables et irr versibles un rattachement distanci volatile ou encore l indiff rence quand ce n est pas la d pr ciation de l action syndicale laquelle d ailleurs est tr s largement orchestr e par les m dias qui en la mati re s imposent en faiseurs d opinion insistant jusqu l outrance sur les perturbations engendr es par les mouvements sociaux revendicatifs
18. juridiction plusieurs centaines d entreprise qui sont soumis la pression des entreprises mettant en balance la pr servation des emplois et un respect jug toujours trop tatillon du code du travail Le plus souvent l inspecteur du travail bornera son action une information ou un clairage juridique sur tel ou tel aspect d un accord d entreprise Il re oit seulement les d l gu s syndicaux sur rendez vous exceptionnellement les salari s encore faut il qu ils soient accompagn s par un repr sentant syndical ou du personnel Lorsque celui ci interpell par un d l gu syndical prend position par crit et rappelle la norme juridique il sait qu il n a pas les moyens de la faire respecter Un peu comme si un agent de police se contentait de constater un d lit sans pouvoir verbaliser De m me les organes paritaires saisis en cas de litige sur l interpr tation ou l application des conventions collectives rendent des avis qui ne sont pas suivis d effet certaines entreprises pr f rant prendre le risque du d saveu public puisqu elles savent que les salari s se saisiront rarement de celui ci pour ester en justice Enfin il arrive que le Conseil des Prud hommes autre instance de r gulation du lien salarial soit amen constater des manquements aux droits du travail mais omette d sormais de sanctionner l entreprise contrevenante l argument est toujours celui de la pr servation des emplois Dans ces
19. les conseils juridiques syndicaux se font assister par l avocat de la CGT et attendent de la d l gu e syndicale qu elle les soutienne Pouss e par sa section celle ci se voit aujourd hui amen e leur embo ter le pas et r clamer avec eux ce qu elle gardait dans ses cartons Elle est press e au nom de la l gitimit de son action s impliquer personnellement alors qu elle 1 La commission paritaire nationale saisie par la CFDT pour appr cier la conformit de cet accord la convention collective a l unanimit jug que celui ci contrevenait certains articles 13 l avait fait jusque l au nom du syndicat On lui demande de prendre ses responsabilit s et de rer les conclusions d un contournement de la loi aboutissant au non paiement des heures suppl mentaires V Conclusion L implication du d l gu syndical d opposition l UCO est lire plusieurs niveaux Par le r le qu il joue dans l tablissement il est impliqu dans un tissu relationnel complexe au carrefour des probl mes individuels et collectifs des salari s Sur le plan humain cette implication est parfois lourde porter Les salari s exer ant leur activit professionnelle dans une institution o la l gitimit syndicale est toujours conqu rir ne s adressent au d l gu syndical qu bout de souffle parfois apr s plusieurs ann es de souffrance souvent en tat d exasp ration Duran
20. nue OPCA EFP 8 C est m conna tre que quelques pr tres ouvriers ont fait le choix de l engagement syndical tel que Jo Patron pr tre ouvrier c g tiste de Saint Nazaire 10 Traditionnellement la CFDT tait consid r e au sein de l UCO comme le syndicat le plus revendicatif Avec l arriv e de la CGT et la cr ation de l intersyndicale il s est cr e un p le que l on peut qualifier de syndicats d opposition Globalement les salari s per oivent qu il y a un risque fr quenter de pr s ou de loin les syndicats d opposition Etre sympathisants ou adh rents c est tre contre L engagement qu on le vive ainsi ou non est impliquant de fait Les salari s qui ont fait ce choix sont fr quemment amen s l expliquer aupr s de leurs pairs Sur un mode certes humoristiques on les appelle les Rouges ou les R volutionnaires Appara tre sur la liste de l intersyndicale demande une r elle prise de distance et parfois un courage certain Des sympathisants et adh rents CFDT et CGT expriment leurs craintes de r percussion sur le d roulement de leur carri re A l occasion d une red finition de la classification du personnel administratif et de service quelques uns ont fait le lien entre leur appartenance syndicale et la non prise en compte de leurs comp tences r elles 4 Les d l gu s syndicaux d opposition L UCO est une soci t anomique sur le plan des relations sociales d
21. r hension des questions sociales devient lassante alors que les repr sentants syndicaux par leur permanence ont acquis une r elle comp tence sur le paritarisme et en droit du 1 Ts ont par exemple fortement pes pour que le comit d entreprise soit l initiative d un audit sur l organisation et la gouvernance la Catho 12 Organe qui f d re les cinq universit s catholiques de France 12 travail Au fil du temps cela conduit une d gradation de la relation D gradation qui s est install e et qui nourrit une d fiance r ciproque La crispation des rapports sociaux d bouche fr quemment sur un affrontement o l employeur retrouve des r flexes anciens de patron de droit divin fond s sur Pinfallibilit Des m canismes archa ques pour discr diter l action syndicale sont tour tour utilis s instrumentalisation de certains cadres dont on accepte qu ils contestent la l gitimit syndicale n gocier les accords d entreprise m pris du paritarisme absence de transparence dans la gestion du personnel mise en place d exceptions et de passe droit favorisant les salari s les plus dociles propagation de rumeurs Lors de son investiture le recteur de PUCO proche de la CFTC pour avoir t membre de sa d l gation lors de commissions paritaires par le pass a mis en avant sa volont de pacifier l tablissement durement secou par le licenciement de son pr d cesseur La nouvelle d l gu e syndi
22. re compte la sp cialisation en mati re de repr sentation IV L implication syndicale dans une Universit Catholique 1 L Universit Catholique de l Ouest une structure juridique sp cifique L UCO est g r e par une association l association Saint Yves ce titre elle rel ve du droit priv Dans le m me temps elle est sous la tutelle canonique de l Ev que d Angers Chancelier des Universit s Le recteur de l Universit doit la fois rendre des comptes aux institutions la que et religieuse Sur proposition du Conseil des Ev ques il est nomm par Rome cependant son employeur est l association Saint Yves pr sid e par un la c mais qui r unit en son sein des membres de la soci t civile et des dignitaires de l Eglise La gestion de l Universit est assum e par des b n voles du r seau associatif qui n ont pas forc ment une comp tence professionnelle de manager Les ressources dont on s entoure sont les ressources relationnelles du milieu associatif alors que la logique du secteur priv r clamerait pour une institution de cette taille environ 9000 tudiants deux cent salari s permanents des centaines de vacataires des partenariats multiples le recours des cadres form s la direction L UCO se veut concurrentielle avec le secteur public mais elle est soumise des contraintes financi res plus lourdes Dans le rapport salarial on importe les pratiques du public qui simplifi
23. rit rel ve d un comit sp cialis le CHSCT Comit d hygi ne et de s curit conditions de travail Les instances de repr sentation quelque peu influentes se donnent un homme orchestre dans la figure du d l gu syndical A lui rarement elle revient alors outre la prise en charge des t ches explicitement d finies la n gociation l animation de la vie syndicale le r le informel de l impulsion de la vie repr sentative arr ter les grands choix pr sidant la politique du CE en mati re d activit s sociales et culturelles assurer la libert d intervention des d l gu s du personnel trouver les moyens appropri s pour intervenir sur les volutions conomiques et technologiques de l tablissement coordonner le travail d une quipe d lus ventuellement pluri syndicale et souvent en situation de cumul de mandats Le dualisme prescrit se trouve donc largement d pass par ce trait commun la prise en charge de fait et non de droit d un double mandat repr sentatif et syndical exerc par des personnages cl s des syst mes repr sentatifs Le mandat repr sentatif et syndical interne se trouve souvent prolong par l engagement dans un ou plusieurs mandats syndicaux externes On observe galement que ce type de repr sentants interlocuteurs incontournables des directions qui leur reconnaissent une technicit de haut niveau tend occuper tout l chiquier des fonctions repr sentatives et r cuse pour son prop
24. s culaires de respect de la hi rarchie de droit divin et de soumission Ceci est peu propice au dialogue social et ce d autant plus que par tradition l institution n a pas obligatoirement de compte rendre au pouvoir civil D velopper une comp tence g rer les ressources humaines n est pas une priorit et l Universit s est structur e autour d un service du personnel employant seulement trois personnes sans direction des ressources humaines S il est vrai que l on a les dirigeants que l on m rite alors il faut convenir que la tradition militante d un syndicalisme revendicatif ou tout simplement critique est tr s marginale Cette culture de la soumission est partag e par les salari s travers s par l indiff rence et l individualisme qui en un r flexe corporatiste de pr servation de leur emploi et de leur statut ne sont pas loin de penser que pour vivre heureux il faut vivre cach s Ainsi l action syndicale surtout quand elle vise le respect des r gles est souvent per ue comme trop tatillonne cherchant le mal partout la limite pathologique Elle est dangereuse quand elle est soutenue par des organisations qu on se repr sente comme incompatibles avec les valeurs de l Universit Elle est surtout dangereuse lorsqu elle s offre aux regards de l opinion publique par le biais de conf rence de presse qui furtivement vont r v ler des secrets qu on veut garder m me si on en p tit 3
25. t expliciter aux salari s et la direction les avantages et inconv nients de telle ou telle option dans la gestion des relations sociales BIBLIOGRAPHIE Elias 1987 Elias Norbert La Soci t des individus 1987 trad 1991 Paris Gallimard Dufour 1998 Dufour C Hege A L gitimit syndicale et identit sociologie et soci t s Vol XXX n 2 automne 1998 Fourage 1990 Fourage Christine Analyse d un corpus pistolaire m moire de DEA sous la direction de J P Molinari 1990 Universit de Nantes 103p Giddens 1993 Giddens Anthony Identit de soi transformation de l intimit et d mocratisation de la vie dans M Audet et H Bouchikhi dir Structuration du social et modernisation avanc e Autour des travaux de Anthony Giddens Qu bec Presses de l universit Laval 1993 Ion 1997 Ion Jacques La fin des militants Paris Editions de l Atelier 1997 Labb 1996 Labb Dominique Syndicats et syndiqu s en France Paris L harmattan 1996 les d l gu s syndicaux d opposition ont refus de signer un avenant leur contrat de travail suite l accord d ARTT ils ont publi sur le site WEB de l intersyndicale leur courrier de refus 15 Linhart 1998 Linhart Daniel Linhart Robert Malan Anna Syndicats et organisation du travail un rendez vous manqu sociologie et soci t s Vol XXX n 2 automne 1998 Tixier 1992 Tixier Pierre ric Mutation ou d
26. t l entretien une parole se lib re parce qu on rencontre enfin un interlocuteur qui manifeste un int r t qui apporte une r ponse ce qu on vivait confus ment comme une injustice Les salari s en conviennent eux m mes ce n est pas l organisation syndicale qui les int resse mais la comp tence du d l gu et la qualit de la relation humaine qui se noue Sur le plan organisationnel il est le partenaire oblig de la direction qui par tradition s accommode mal du contre pouvoir des syndicats Un bon repr sentant syndical est celui qui signe sans broncher les textes qu on lui propose sans montrer de vell it s sur le contr le de la l galit qui accepte le discours r current sur l insuffisance des moyens financiers conduisant des sacrifices pour tous Il est galement le relais des salari s aupr s des instances nationales paritaires De ce fait il est en contact avec les autres organisations syndicales et les repr sentants de sa centrale dans les autres tablissements catholiques d enseignements sup rieur En retour 1l informe en interne ses coll gues du climat social au sein de l UDESCA Par les changes et les rencontres qu il noue avec les diff rents niveaux de d cision de son syndicat il fait rentrer les mots d ordre nationaux dans son tablissement et transmet les pr occupations port e g n rale portant sur des grands dossiers sociaux Il renseigne sa centrale de l tat des
27. u respect des droits des salari s et de la relation paritaire On privil gie l individualisation du rapport C est un syst me client liste favorisant les arrangements gagnant gagnant au d triment de la l galit et du respect des accords d entreprise Les irr gularit s sont nombreuses et portent notamment sur le non paiement des heures suppl mentaires sur le statut des vacataires l ill galit de certains contrats de travail la m connaissance des dispositions de la convention collective et sa transgression Le droit syndical y est galement conqu rir C est dans ce cadre que se d veloppe l action des d l gu s syndicaux d opposition A minima celle ci a pour objectifs de rationaliser les relations de travail et de mettre l tablissement en conformit avec la loi Il s agit le plus souvent de rappeler l vidence on ne peut pas appliquer une r glementation inspir e du secteur public quand elle n est pas l gale dans le secteur priv Il y a tellement faire que l implication pourrait s apparenter une guerre de gu rilla Pour moraliser les rapports sociaux autant que faire se peut c est une Pour la constitution des listes aux lections de mai 2004 les candidats pressentis demandaient fr quemment tre rassur s sur les risques encourus en figurant sur la liste de l intersyndicale Une fois expliqu le r le des lus au sein de l Universit la quasi totalit des personnes a acc
28. ure se trouve d pass e en terme organisationnel D s lors on r invente le r pertoire des actions militantes en privil giant souvent les actions fort contenu symbolique comme c est le cas pour les intermittents du spectacle plut t que de faire du nombre par entre autre un usage des m dias et un appel l opinion publique A ce propos sur le plan r gional en Pays de Loire l assembl e g n rale du SNPEFP CGT Syndicat National Pour l enseignement et la Formation Priv e a r v l que la grande majorit des militants sont des anciens de la CFDT ayant eu des responsabilit s par le pass d l gu syndical d l gu s du personnel conseiller prud homal dont le secr taire acad mique Pour autant sur le plan de la syndicalisation la France m me si elle arrive en queue de peloton ne fait pas figure d exception partout en Europe on constate ce recul de l adh sion La tentation de la comparaison entre les diverses situations est trompeuse et risquerait de penser le cas fran ais comme singulier Il faut donc se garder d argumenter h tivement d une certaine mani re tous les pays europ ens ont leurs sp cificit s La syndicalisation des salari s varie en Europe de 91 en Su de 9 en France Ces deux chiffres sont tr s parlants Ils tiennent l histoire En Su de pour b n ficier des prestations de ch mage il faut tre syndiqu On peut donc s tonner de ce chiffre de 91
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