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View/Open - Université de Sherbrooke

1. LE DEVOIR 13 f vrier 2003 Le rapport sur la concentration de la presse la FPJQ manifeste de fortes r serves Le Devoir Montr al p B7 LEMAY Michel 19 f vrier 2004 Libre opinion Dans la zone grise de l information Le Devoir Montr al p A6 NORMAND Gilles 12 f vrier 2003 La proposition d une loi sur l information suscite de vives oppositions La Presse Montr al p A6 P LOQUIN Tristan 7 f vrier 2003 Une loi pour prot ger le droit du public l information La Presse Montr al p A6 SCHMOUKER Olivier Janvier f vrier 2001 L app tit des grands nfo Presse Communications Vol 16 No 5 p 36 136 TURCOTTE Claude 22 mai 2008 Une ann e encourageante Le Devoir Montr al p B3 R f rences Internet Note la date de la derni re v rification de la validit des liens hypertextes est indiqu e entre crochets BLEVINS Fred 1997 The Hutchins Commission Turns 50 Recurring Themes in Today s Public and Civic Journalism Montana State University Northern http mtprof msun edu Fall1997 Blevins html 28 08 05 CC Commission de la culture 2001 Mandat d initiative portant sur la concentration de la presse http www assnat qc ca fra publications rapports rapcc3 htmlI 28 08 05 CEM Centre d tudes sur les m dias 2003 Presse quotidienne Difficile de maintenir les tirages la hausse http www cem ulaval ca OBS
2. The press must if it is to be wholly free know and overcome any biases incident to its own economic position its concentration and its pyramidal organization Leigh 1947 p 18 Ainsi bien que les m dias voluant dans un r gime de responsabilit sociale soient essentiellement de propri t priv e cela ne constitue en aucun temps une raison d ignorer la mission de service public qu ils doivent remplir D autre part la Commission Hutchins rappelle que le Premier Amendement de la Constitution am ricaine n a jamais eu pour but de cr er une cat gorie d entreprises 78 privil gi es The First Amendment was intended to guarantee free expression not to create a privileged industry Leigh 1947 p 81 La TRS est ainsi loin de proclamer que les garanties constitutionnelles quant la libert de la presse puissent tre d tourn es des fins uniquement int ress es Ainsi de ce qui a t dit pr c demment nous pouvons affirmer que les m dias doivent d abord servir l int r t public et ensuite si cela est possible sans affecter la qualit du service public chercher leur propre int r t Toute entreprise m diatique ne respectant pas cet ordre hi rarchique entre les objectifs ne pourrait pr tendre juste titre respecter les principes de la responsabilit sociale Si cela n tait pas clair la critique de la gauche nous aura permis de le pr ciser La TRS une menace pour la libert Les penseurs s
3. En ce qui concerne le Qu bec le niveau de concentration soul ve de nombreuses inqui tudes Le Conseil de presse du Qu bec CPQ exprimait ainsi ses craintes en 2001 Le niveau de concentration de la presse qu b coise a atteint un seuil que nous consid rons critique Ce seuil lev est porteur d un certain nombre d effets potentiellement pervers CPQ 2001 p 7 Au nombre de ces effets se trouvent le risque d uniformisation et de standardisation des contenus m diatiques d une monopolisation du march publicitaire pouvant mettre en p ril la survie d entreprises de presse ind pendantes une subordination de l information aux imp ratifs conomiques et 99 une perte d autonomie des salles de r daction CPQ 2001 p 7 Dans le m me ordre d id es la FPJQ constate que la concentration de la propri t de la presse a atteint au Qu bec un niveau qu aucun pays d mocratique ne tol rerait FPJQ 2001 p 2 La FPJQ poursuit une telle concentration nuit l indispensable diversit qu on doit trouver dans la presse et qui est la base de la vie d mocratique de notre soci t FPJQ 2001 p 2 Si les effets d cri s par le CPQ et la FPJQ se font r ellement sentir au Qu bec il ny a aucun doute qu ils vont contresens des id aux de la responsabilit sociale La concentration de la propri t des m dias constitue donc elle aussi un obstacle l application effective des principes de la responsabilit
4. satisfaire les grands besoins en information des soci t s d mocratiques Malgr les vives critiques de tous ordres adress es la th orie de la responsabilit sociale nous croyons que l id al qu elle propose est toujours valable et pertinent Aussi ce n est pas parce que les cinquante ann es suivant son laboration n ont pas suffi pour corriger totalement la situation probl matique que nous devons conclure l inefficacit de cette th orie Un tel constat d chec nous semble pr matur et nous croyons n cessaire de donner la TRS un souffle nouveau une nouvelle opportunit de se 123 d ployer et d offrir un id al valide pour les m dias et la d mocratie L histoire des id es nous apprend que les changements sociaux se font lentement sur de longues p riodes de temps Par exemple la d mocratie la libert et l galit sont des id aux qui s inscrivent de plus en plus avec du temps et de la volont dans les pratiques humaines De m me pour la responsabilit sociale des m dias le temps et la volont des acteurs impliqu s nous le souhaitons permettront aux m dias de s ajuster afin de mieux servir les communaut s qui leur accordent la libert Nous croyons par ailleurs que les travaux d Olson sur les paradoxes de l action collective apportent une nouvelle justification l implication de l tat Ce paradoxe de l action collective pourrait expliquer la difficult que rencontrent les principes de la re
5. aux m dias nonce essentiellement la m me id e As applied to the mass media the simple meaning of public interest is that the media carry out a number of important even essential tasks in a contemporary society and it is in the general interest that these are performed and performed well McQuail 2000 p 142 Ainsi la position privil gi e accord e aux m dias gr ce la libert de la presse ne l est que pour autant que ceux ci soient responsables envers la soci t dans l int r t g n ral On peut ainsi penser que pr vaut dans la TRS une logique de l int r t public alors que c est plut t une logique de l int r t individuel ou priv qui pr vaut chez Merrill Nous nous retrouvons devant deux visions bien diff rentes de la libert pour Merrill la libert est inconditionnelle alors que dans la TRS la libert est conditionnelle la responsabilit Et plus l entit b n ficiant de la libert est puissante plus elle doit tre responsable Cela nous am ne la deuxi me critique de Merrill voulant que les quelques abus d coulant de la libert soient pr f rables la diminution de la libert impos e l ensemble par la responsabilit sociale Cette logique qui peut tre fort juste dans certains cas notamment pour les d buts de la presse ne semble gu re s appliquer la r alit m diatique contemporaine La Commission Hutchins rappelons nous tenait le discours suivant
6. offrir la soci t les m dias dont elle avait pourtant besoin La soci t et ses besoins avaient chang depuis _ l laboration premi re du lib ralisme les m dias n avaient presque plus rien voir avec la presse du XVIII ou du XIX si cle Les r gles du jeu m diatique n taient plus les m mes vu la concentration croissante de la propri t et les besoins toujours plus grands en capitaux pour se lancer ou se d velopper dans le champ des communications Cependant malgr tous ces changements la bonne marche de la soci t continuait de reposer sur l existence de m dias libres contribuant enrichir le processus d mocratique gr ce leur position sociale privil gi e Il fallait donc trouver une fa on de composer avec le nouveau milieu m diatique profond ment reconfigur et les besoins d mocratiques de la soci t plus pr sents et plus imp rieux que jamais Si les r gles du jeu traditionnelles ne donnaient plus de r sultats probants et ne parvenaient plus rencontrer les objectifs d finis il devenait n cessaire d en formuler de nouvelles La TRS peut ainsi tre comprise comme une tentative de red finir le 63 statut et les fonctions des m dias dans une soci t transform e de fa on s assurer qu ils contribuent bel et bien la bonne marche de cette nouvelle soci t L exigence de responsabilit sociale des m dias constituait une fa on de rectifier le tir pour les m dias s tant quelque
7. ruiner son inspiration Voyenne 1962 p 286 3 L exigence de la responsabilit ne constitue en aucun cas une invitation la tyrannie au contraire elle a pour objectif de prot ger la libert de la presse qui est la libert de tous les citoyens avant d tre la libert des entreprises qui uvrent dans le domaine 4 105 Cette version actualis e de la th orie de la responsabilit sociale comme la th orie initiale demeure une th orie normative c est dire qu elle propose et promeut un id al vers lequel orienter nos actions et nos r flexions Une telle th orie n exige pas d tre appliqu e int gralement et sur le champ Cependant elle sera p riodiquement invoqu e pour appr cier les changements effectu s et rappeler le travail qu il reste accomplir Principes g n raux 1 2 3 4 5 6 Les entreprises m diatiques ne sont pas des entreprises comme les autres dans la mesure o elles sont investies d une mission d int r t g n ral qui consiste donner aux citoyens les moyens de s informer de s duquer de d battre et de faire des choix clair s tant sur le plan individuel que collectif La libert de la presse doit tre la plus tendue possible Cela ne veut toutefois pas dire qu elle soit inconditionnelle au contraire la libert de la presse est conditionnelle la responsabilit de la presse Plus les moyens dont dispose l entit b n ficiant de la lib
8. sociale est un concept anglo am ricain Siebert Peterson et Schramm 1963 p 75 Toutefois tant donn l tendue limit e de ce m moire nous concentrerons notre analyse uniquement sur l origine am ricaine de l id e de responsabilit sociale 29 Les id es ayant germ suite la Commission Hutchins ont t mises en forme et th oris es dans la section pertinente de l ouvrage Four Theories of the Press Siebert Peterson et Schramm 1963 Cet ouvrage ainsi que le rapport de la Commission Hutchins qui l a inspir permet de retracer la gen se de l id e de la responsabilit sociale de la presse C est le plus souvent ces deux sources primaires que r f reront par la suite les penseurs du monde m diatique pour parler de la responsabilit sociale de la presse Toutefois il nous faut distinguer les deux ouvrages dans la mesure o c est seulement dans Four Theories que l on peut parier d une th orie de la responsabilit sociale formul e par Theodore Peterson Bien s r les r sultats de la Commission ont servi de mati re premi re la TRS c est pourquoi on note un lien troit entre les deux ouvrages Mais la Commission Hutchins n a pas voulu construire une th orie elle voulait retracer les probl mes rencontr s par les m dias dans l accomplissement des r les qui leur incombent et proposer des solutions pour augmenter leur qualit Bien que Peterson dise que les membres de la Commission did a
9. Elle consid re qu il est du devoir des m dias de viser plus haut que la demande dans le but d lever cette demande Nous comprenons des propos de la Commission que des m dias qui viseraient plus haut que la demande ne feraient pas de mauvaises affaires good practice in the interest of public enlightenment is good business as well Leigh 1947 p 91 92 Ainsi des m dias qui offriraient un service public ad quat pourraient peut tre court terme voir leurs profits diminuer mais ils contribueraient long terme rendre les consommateurs plus exigeants et les citoyens plus clair s Nous d duisons alors que ces consommateurs et citoyens clair s opteraient pour les m dias qui offrent la plus grande qualit ce qui long terme favoriserait les m dias ayant t les plus responsables et les plus innovateurs 2 Nous sommes par contre sceptiques envers ce raisonnement Nous croyons plut t en l existence d un paradoxe d action collective en mati re d information qui n incite pas les m dias tre plus responsables que les autres Voir le Chapitre 4 o nous appliquons le th or me d Olson l information en d mocratie 99 Actions issues du public Le public est aussi dans l obligation d tre responsable Celui ci d tient le pouvoir d exiger des m dias l accomplissement d un service de qualit mais encore faut il qu il exerce ce pouvoir Le public doit pour cela effectuer un certain nombre de prises de consc
10. Rien dans la th orie traditionnelle ne disait que les m dias devaient repr senter les divers points de vue au contraire le choc entre les id es d fendues par les diff rents m dias devait tre suffisant pour faire merger la v rit Or dans la TRS on revient sur le droit de publier certaines id es et d en ignorer d autres parce que le syst me m diatique n est plus constitu de multiples petits m dias ind pendants The reason for this requirement is 92 that control of the press has become vested in fewer and fewer hands Siebert Peterson et Schramm 1963 p 90 La concentration de la propri t des m dias dans les mains de propri taires de moins en moins nombreux menace s rieusement la diversit des points de vue exprim s et d fendus par les m dias et ce d autant plus que les entreprises m diatiques appartiennent pour la plupart l lite conomique Cette appartenance commune nuirait la diversit des opinions diffus es les m dias d fendraient les int r ts de leur milieu le milieu des affaires C est pourquoi il importe d exiger des m dias qu ils soient des forums o les id es se rencontrent et qu ils n usent pas de leur position privil gi e pour supprimer ou ignorer les id es qui ne vont pas dans le sens de leurs int r ts Puisque la comp tition au sein du libre march des id es d cline en m me temps que le nombre de propri taires la seule libert n est plus suffisante pour
11. Un peu comme le connais toi toi m me de l Oracle de Delphes au niveau individuel les m dias doivent contribuer ce que la soci t r fl chisse et d batte sur ses valeurs et ses objectifs afin de pouvoir s en rapprocher 54 La cinqui me et derni re fonction des m dias est d offrir un plein acc s aux connaissances l intelligence du temps Siebert Peterson et Schramm 1963 p 91 Leigh 1947 p 28 Puisque les citoyens ont besoin d une grande quantit d informations pour mener bien leur existence personnelle leurs affaires et leur implication sociale les m dias doivent rendre accessibles les connaissances existantes sur le plus grand nombre de sujets possible La Commission reconnait que toutes les informations ne seront pas tudi es et analys es par tous les citoyens plusieurs personnes vont s en remettre des leaders en qui ils ont confiance pour prendre leurs d cisions Cependant comme ces leaders ne sont pas identifi s et qu ils peuvent changer constamment le seul moyen de les informer est de rendre l information accessible tous Leigh 1947 p 28 Il s agit de donner quiconque le souhaiterait les moyens de comprendre d analyser et de juger une situation donn e il s agit d offrir tous les informations n cessaires pour prendre des d cisions clair es qu elles soient individuelles ou collectives Il s agit en fait du droit du public l information auquel les m dias doivent r pondre
12. fait que la v rit merge du choc avec le mensonge Mais le raisonnement qui pousse reconna tre la libert des individus est utilitariste la libert individuelle y compris la 17 libert de presse doit tre reconnue pour le plus grand bien du plus grand nombre But the peculiar evil of silencing the expression of an opinion is that it is robbing the human race posterity as well as the existing generation those who dissent from the opinion still more than those who hold it If the opinion is right they are deprived of the opportunity of exchanging error for truth if wrong they lose what is almost as great a benefit the clearer perception and livelier impression of truth produced by its collision with error Siebert Peterson et Schramm 1963 p 46 Ainsi tel que nous comprenons le lib ralisme de John Stuart Mill la libert individuelle ne s oppose pas l int r t g n ral En effet l absence de contr le sur les opinions publiquement mises serait profitable pour l ensemble de la soci t Dans la grande marche vers la d mocratie ces arguments philosophiques pour la libert de presse sont fondamentaux Affirmer la n cessit de la presse libre c est affirmer que le peuple doit pouvoir s informer des affaires publiques doit pouvoir valuer et juger les actions du gouvernement et doit pouvoir former librement ses opinions politiques Autrement dit rendre la presse libre c est donner le pouvoir
13. l importance relative de ces th mes et ceux qui feront l objet d une attention particuli re l avenir En m me temps les m dias pourraient en profiter pour faire une synth se des critiques positives et n gatives qui leur ont t adress es pendant l ann e coul e Ce bilan pourrait aussi faire tat des plaintes formul es aux diverses instances justice conseil de presse etc par le public Ce bilan annuel pourrait tre diffus le jour anniversaire de la fondation du m dia ce qui serait une bonne fa on de faire le point En vitant que tous les m dias rendent des comptes la m me date on permet au public d tre expos plusieurs fois par ann e cet exercice d autocritique qui n a rien d une s ance publique d autoflagellation Many observers believe that the news media also need scrutiny some watchdog of the watchdogs Journalism is too important to all of us to be left entirely to journalists It needs independent and critical monitoring Some of the instruments that have been suggested over the years to monitor news media performance are news councils ombudsmen journalism reviews reporters regulary covering journalism and university schools of journalism or communications All of these have been and are beign used but there is no national or regular audit of news media performance The only watching most of the watchdogs get comes from their own audiences Philop Meyer Kenan professor of journa
14. obligations and the press which enjoys a privileged position under our government is obliged to be responsible to society for carrying out certain essential functions of mass communication in contemporary society Siebert Peterson et Schramm 1963 p 74 Dans la TRS la libert de la presse n est plus consid r e uniquement comme un droit naturel individuel Elle est plut t un droit moral selon l expression de la Commission Hutchins et de Peterson c est dire qu elle est accord e pour autant que les entreprises de presse en fassent un usage responsable Nous verrons dans cette partie en quoi consiste pr cis ment l usage socialement responsable de la libert de la presse ou en d autres mots les exigences de qualit auxquelles les m dias doivent satisfaire Les fonctions des m dias dans les soci t s d mocratiques Dans l optique de la th orie de la responsabilit sociale es m dias ne sont pas des entreprises comme les autres tant donn leur position centrale au sein de la soci t le pouvoir d influence qui est entre leurs mains ainsi que les espoirs d mocratiques fond s sur eux les m dias constituent dans leur ensemble une institution sociale La Commission Hutchins pr sente les m dias comme les mandataires d un service public essentiel No public service is more important than the service of communications Leigh 1947 p 77 Il ne faut toutefois pas comprendre cette id e de service p
15. sauvegarder conserver transmettre au public par t l communication ou par l Internet pr ter distribuer et vendre des th ses partout dans le monde des fins commerciales ou autres sur support microforme papier lectronique et ou autres formats L auteur conserve la propri t du droit d auteur et des droits moraux qui prot ge cette th se Ni la th se ni des extraits substantiels de celle ci ne doivent tre imprim s ou autrement reproduits sans son autorisation In compliance with the Canadian Privacy Act some supporting forms may have been removed from this thesis While these forms may be included in the document page count their removal does not represent any loss of content from the thesis Canada Conform ment la loi canadienne sur la protection de la vie priv e quelques formulaires secondaires ont t enlev s de cette th se Bien que ces formulaires aient inclus dans la pagination il n y aura aucun contenu manquant ii TABLE DES MATI RES R SUM p iv AVANT PROPOS p v INTRODUCTION p 1 Pertinence de la recherche p 3 Plan et m thode p 4 Remarques pr liminaires p 6 Libert de presse libert de la presse Droit du public l information et responsabilit sociale des m dias M dias et m dias d information CHAPITRE 1 SITUATION INITIALE LA TH ORIE LIB RALE ET SON SYST ME M DIATIQUE p 9 Les principes philosophiques la base du lib ralisme p 10 Lib ralisme
16. tre libre devant les pressions d int r ts particuliers Siebert Peterson et Schramm 1963 p 74 La TRS adh re aux trois premi res fonctions mais consid re que les m dias ne se sont pas montr s capables de les assumer correctement Elle accepte que les m dias soient au service du syst me conomique tant que cette fonction n est pas remplie au d triment du processus d mocratique ou de l ducation du public La TRS accepte que les m dias offrent du divertissement tant que celui ci demeure du bon 17 Cette distinction est tablie notamment par Louis W Hodges dans Deni Elliott 1986 Responsible journalism Voir Cornu 1997 p 71 90 divertissement Enfin que les m dias cherchent assurer leur autosuffisance financi re est accept mais n est pas obligatoire La TRS con oit en effet qu il soit possible d exempter certains m dias du besoin de tailler seuls leur place au sein du march Siebert Peterson et Schramm 1963 p 74 Peterson n entre malheureusement pas plus dans les d tails ce sujet ce qui nous contraint pour l instant en rester l Nous aurons n anmoins l occasion de distinguer plus amplement la TRS de la th orie traditionnelle en pr sentant les cinq fonctions m diatiques jug es essentielles au bon fonctionnement de la soci t Les cinq l ments de responsabilit sociale des m dias ont t d termin s par la Commission Hutchins et repris par Peterson dans l laboration de la
17. 127 p DAY Louis A 1991 Ethics in Media Communications Cases and Controversies Belmont CA Wadsworth Publishing Company 365 p DERVILLE Gr gory 1997 Le pouvoir des m dias mythes et r alit s Grenoble PUG 158 p DENNIS Everette E 1989 Reshaping the Media Mass Communication in an Information Age London Sage Publications 205 p ELLIOTT Deni 1986 Responsible journalism Beverly Hills Calif Sage Publications 187 p GAUTHIER Gilles 1992 Les enjeux thiques de la communication publique sous la direction de Rodrigue B langer Cahiers de recherche thique 17 Ethique de la communication publique et de l information Montr al Fides p 11 25 138 GIROUX Guy 1992 L information en d mocratie sous la direction de Rodrigue B langer Cahiers de recherche thique 17 thique de la communication publique et de l information Montr al Fides p 101 112 GOODWIN Eugene H 1987 Groping for Ethics in Journalism Ames lowa lowa State University Press 1 edition 1983 411 p HAARSCHER Guy et Boris LIBOIS 1993 Les m dias entre droit et pouvoir Red finir la libert de la presse Bruxelles Editions de l Universit de Bruxelles 124 p LAMOUREUX Diane 1992 La libert de la presse sous la direction de Rodrigue B langer Cahiers de recherche thique 17 Ethique de la communication publique et de l information Montr al Fides p 45 57 L
18. Cela parce que la survie et la prosp rit des m dias d pendent de leur capacit _ d gager des profits Si chaque individu est libre de choisir parmi les m dias au sein du march et ce faisant vote en quelque sorte pour le m dia qui correspond le mieux ses besoins les meilleurs m dias n auront pas de mal survivre et prosp rer alors que les autres dispara tront faute de profits suffisants Rappelons que dans la th orie lib rale le public sait choisir les m dias qui lui conviennent le plus Cela parce que l homme sait distinguer le bon grain de l ivraie et qu il optera tout naturellement pour le meilleur choix L id e que le public pourrait choisir des m dias qui ne remplissent pas ad quatement leur r le n est pas pr sente dans la th orie lib rale de la presse Cela constituera plus tard un des principaux objets de la critique de la th orie de la responsabilit sociale La n cessit pour les m dias d assurer leur ind pendance en augmentant leurs revenus notamment par le biais de la publicit et par l augmentation des ventes aux consommateurs a eu Une cons quence majeure sur leur contenu L objectif des m dias cherchant attirer les revenus publicitaires n est plus de susciter des pol miques par des prises de position radicales mais plut t d attirer le plus possible de consommateurs sans gard leurs all geances id ologiques La recherche de publicit a ainsi t une des raisons poussan
19. Desc teaux 22 mars 1999 La mission du journal est sans contredit d mocratique nous ne voulons pas nous contenter d tre un simple t moin de l actualit Nous voulons poser les probl mes les d busquer et les r v ler Informer sera le premier geste de notre journal qui ensuite analysera commentera d battra et proposera Desc teaux 22 mars 1999 Manifestement l objectif de la rentabilit conomique n est jamais nonc que comme un moyen permettant au journal de survivre pour tre en mesure de poursuivre ses objectifs fondamentaux Cela n a pas t sans apporter au Devoir son lot de difficult s Les contradictions issues du double statut des entreprises m diatiques sont mises en lumi re par la fragilit financi re qui perdure au Devoir depuis ses tout d buts Pour les artisans de ce journal le mot ind pendance a son revers De tout temps ils ont eu composer avec une p nurie de moyens qui mille fois leur a fait craindre le pire Mais mille fois leurs convictions et celles des lecteurs ont eu raison des difficult s impos es tant t par une conjoncture conomique difficile tant t par des adversaires qui refusant la pluralit d une presse diversifi e auraient souhait que ce journal disparaisse Desc teaux 22 mars 1999 Le choix du Devoir est clair face au conflit de valeur entre rentabilit et service public sa mission sociale passe avant la rentabilit Toutefois comme n importe quel
20. HarperColllins Publishers 569 p ALTSCHULL J Herbert 1990 From Milton to McLuhan The ideas behind American journalism New York Longman 447 p ANDERSON H AI 1977 An Empirical Investigation of What Social Responsibility Theory Means in Journalism Quarterly Spring 1977 p 33 39 AXELROD Robert 1984 The Evolution of Cooperation New York Basic Books 241 p AXELROD Robert 1997 The Complexity of Cooperation Agent Based Models of Competition and Collaboration Princeton Princeton University Press 232 p BAGDIKIAN Ben H 2000 The Media Monopoly Boston Beacon Press 288 p BERNIER Marc Fran ois 2001 L thique et la d ontologie comme l ments de la l gitimit du journalisme sous la direction de Patrick Brunet L fhique dans la Soci t de l information Sainte Foy Presses de l Universit Laval p 33 45 BLANKS HINDMAN Elizabeth 1992 First Amendment Theories and Press Responsibility The Work of Zechariah Chafee Thomas Emerson Vincent Blasi and Edwin Baker Journalism Quarterly no 69 p 48 65 CHRISTIANS Clifford G Kim B ROTZOLL Mark FACKLER 1991 Media Ethics Cases amp Moral Reasoning 3 dition New York Longman 445 p COHEN Elliot D dir 1992 Philosophical issues in journalism New York Oxford University Press 273 p CORNU Daniel 1997 L thique journalistique coll Que sais je Paris Presses Universitaires de France
21. Nous croyons avoir bross grands traits dans ce dernier chapitre le c ur d une th orie de la responsabilit sociale actualis e Nous consid rons aussi que la responsabilit sociale des m dias est une responsabilit tripartite c est dire partag e entre les m dias le public et l tat qui doivent voir chacun leur fa on ce que la libert de la presse soit effectivement au service de l int r t public Il faudra une bonne dose de courage politique un important mouvement de la soci t civile et l appui des journalistes qui croient solidement en la responsabilit sociale pour que celle ci 34 Le despotisme doux est une id e de Tocqueville qui r f re l tat d mocratique o les individus consentent remettre leur libert dans les mains d un tat paternel et bienveillant pour autant qu ils puissent jouir d un confort tranquille Voir Toqueville 1986 Id e d Etienne de La Bo tie La r f rence La Bo tie est bien entendu imag e 119 devienne r alit Toutefois tant que les entreprises m diatiques seront laiss es elles m mes pour composer avec leur double statut d entreprises priv es et de service public il est fort probable qu aucun changement majeur ne soit pr voir Puisque cette position inconfortable d coule de la timidit de la soci t adopter officiellement pour son syst me m diatique le r gime de la responsabilit sociale il faut d s que possible proc der la
22. Presses de l Universit Laval 214 p CANADA 1981 Commission royale sur les quotidiens Commission Kent Ottawa La Commission 323 p COMEAU Robert et Luc DESROCHERS dir 1996 Le Devoir un journal ind pendant 1910 1995 Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 368 p CPQ Conseil de presse du Qu bec 2001 M moire du Conseil de presse du Qu bec sur la concentration de la propri t des organes d information au Qu bec 16 p DESCARTES Ren 1999 Le discours de la m thode Pour bien conduire sa raison et chercher la v rit dans les sciences Paris Librio 94 p FONDATION ROI BAUDOUIN 2002 M dias et citoyens sur la m me longueur d onde Bruxelles Fondation Roi Beaudouin 233 p 133 FORTIN Pierre 1992 Quelques enjeux thiques et la pratique du journalisme sous la direction de Rodrigue B langer Cahiers de recherche thique 17 Ethique de la communication publique et de l information Montr al Fides 1992 p 59 83 FPJQ 2001 M moire de la F d ration professionnelle des journalistes du Qu bec sur les mouvements de propri t dans l industrie des m dias 22 p GINGRAS Anne Marie 1999 M dias et d mocratie Le grand malentendu Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 237 p HEATH Joseph 2002 La soci t efficiente Pourquoi fait il si bon vivre au Canada Montr al Presses de l Universit de Montr al 432 p JACQUES Daniel 2002 duca
23. TRS serait la moins pire des th ories m diatiques Armande Saint Jean malgr sa position critique l gard de la TRS exprime en d autres mots cette id e de compromis Au del de toutes ces critiques il n en demeure pas moins que le r gime de la Responsabilit sociale des m dias constitue la seule proposition th orique qui ce jour ait tent d harmoniser les diff rentes composantes compl mentaires et contradictoires qui cohabitent l int rieur du syst me de l information Saint Jean 2002 p 93 Nous consid rons donc que la TRS est un lib ralisme social ayant voulu corriger les d fauts inh rents une position lib rale pure et dure Dans l ensemble nous croyons que cette posture th orique est pr f rable une position extr me qu elle soit de droite ou de gauche Toutefois une critique particuli re issue de la gauche m rite d tre consid r e plus longuement Cette critique bien qu elle ne r siste pas l examen attentif de la th orie de la responsabilit sociale du moment que l on accepte la filiation lib rale de la TRS a 27 Cette id e de lib ralisme social est avanc e par Ralph Lowenstein 1971 La th orie dite social libertarian de Lowenstein est pr sent e par Whitney R Mundt dans Global Media Philosophies Merrill 1991 p 17 77 le m rite de mettre en quelque sorte les tenants de la TRS au d fi d aller jusqu au bout de leurs id es et de
24. The press must know that its faults and errors have ceased to be Pour une r flexion sur l int r t public associ aux m dias voir Denis McQuail 1992 Voir aussi Trudel 1994 p 179 189 Fortin 1992 p 74 76 L tourneau 2001 p 67 71 et Bernier 1995 p 72 83 83 private vagaries and have become public dangers Leigh 1947 p 18 19 L augmentation de la taille des entit s m diatiques media units et la concentration croissante de la propri t font en sorte d amplifier l incidence des erreurs et des carences L impact social d un journal local d tenu et dirig par un propri taire unique au XIX si cle n est pas le m me que celui d une cha ne de quotidiens d tenant le quart des parts de march l chelle nationale Que le premier ne publie que du fait divers ou m me des mensonges est bien moins probl matique que si c est la cha ne de quotidiens qui le fait Puisque l impact social cro t avec la taille et les moyens des m dias plus ceux ci ont de grands moyens plus la soci t est en droit d exiger d eux une conduite responsable Le degr de responsabilit requis est ainsi proportionnel aux moyens et la puissance de l acteur du moins dans l optique de la responsabilit sociale Une r ponse possible cette critique de la part de Merrill pourrait s noncer ainsi les cons quences des choix et des actions des m dias sont devenues trop importantes pour que la soci t n ait pas son mot
25. bonifier en profondeur les pratiques m diatiques moins que ce ne soit l incapacit de la soci t aller de l avant dans la voie de la responsabilit sociale En effet nous pouvons noncer une des le ons que cette tude nous aura permis de tirer la responsabilit sociale en ce qui concerne l information et la d mocratie n est pas l apanage exclusif des m dias La volont d opter officiellement pour le r gime de la responsabilit sociale des m dias doit maner de la soci t civile Ce n est qu une fois l opinion publique convaincue de la n cessit de cette responsabilit que nous pourrons esp rer un r el changement d attitude de la part des m dias ainsi que la prise en charge du dossier par les gouvernements Mais nous en sommes conscient mobiliser 121 autant d acteurs est loin d tre simple Nous ne croyons pas qu il sera chose facile de mettre en route la seconde phase de l application de la th orie de la responsabilit sociale o le public et l tat assument leur part de responsabilit apr s la premi re phase d autor glementation Les tenants d une th orie qui cherche modifier les m urs les habitudes et les id es d une soci t car c est bien de la soci t enti re dont il s agit doivent s attendre rencontrer de vives oppositions ainsi qu composer avec le temps que prennent les changements sociaux pour s enraciner dans une soci t Bien entendu notre d marche ne pe
26. de la presse telle que d velopp e par Fred S Siebert trouvent leur origine aux XVII XVIII et XIX si cles dans les soci t s o les id es de d mocratie de tol rance religieuse et de libre change associ es l esprit des Lumi res ont sap peu peu les assises du pouvoir absolu Siebert Peterson et Schramm 1963 p 3 Ce sont ces id es qui progressivement agenc es dans le syst me de pens e que l on conna tra plus tard sous le nom de lib ralisme sont la base de la nouvelle conception de la presse Liberalism as a social and political system has a set framework for the institutions which function within its orbit and the press like other institutions is conditioned by the principles underlying the society of which it is a part Siebert Peterson et Schramm 1963 p 39 La presse selon les id es lib rales qui s implantent progressivement n est plus l instrument du gouvernement mais bien un partenaire dans la recherche de la v rit Siebert Peterson et Schramm 1963 p 3 Comme nous le verrons plus loin la conception de la v rit particuli re au lib ralisme exige un syst me o le laisser faire conomique et id ologique doit tre prot g le plus possible 7 Une remarque qui vaut pour l ensemble de ce m moire doit tre faite au sujet d une difficult linguistique qui surgit lors de la r daction du texte Comme notre m moire porte essentiellement sur des th ories et non sur des
27. de la v rit d peints dans la th orie lib rale s ils ne cherchent pas volontiers s informer et confronter leurs id es alors on ne peut plus croire que la libert de la presse pourra elle seule donner les meilleurs r sultats Les tenants du lib ralisme croyaient que si on accordait la libert d expression et la libert de publier aux individus ceux ci allaient s exprimer Siebert Peterson et 38 Schramm 1963 p 76 p 99 Et aussi que m me si les individus taient somme toute libres de ne pas le faire leur nature allait les y pousser Men with ideas were not obligated to speak others were not obligated to listen but given the nature of man it was inconceivable that they would not Siebert Peterson et Schramm 1963 p 96 La m me logique s appliquait la libert de la presse dans la th orie lib rale If the press were unhampered it would feed information and ideas into the market place and from their interchange truth would emerge triumphant Siebert Peterson et Schramm 1963 p 93 L id e que la nature de l homme allait donner les meilleurs r sultats lorsque celui ci est le plus libre qu on tenait pour acquise dans la th orie lib rale est donc s rieusement remise en question dans la TRS Si on ajoute la d sillusion quant la nature de l homme le fait qu il soit devenu tr s difficile d entrer dans le libre march des id es il ne semble plus possible de placer une confiance av
28. dire ou pour laisser les m dias n en faire qu leur t te De la m me fa on que Montesquieu affirmait que le pouvoir devait arr ter le pouvoir au sein du gouvernement pour pr server la libert Montesquieu 1979 p 293 la th orie de la responsabilit sociale exige que des acteurs ind pendants des m dias aient les moyens de v rifier si les m dias utilisent leur pouvoir au service de la soci t ou s ils ignorent leurs devoirs En ce sens autant le pouvoir des m dias sert baliser et surveiller le pouvoir de l tat autant celui du public ou de l tat doit baliser le nouveau pouvoir des m dias Merrill critique par ailleurs l arrogance et l litisme de la Commission Hutchins et celui de toute d marche ext rieure aux m dias visant d finir les crit res de responsabilit m diatique II nous semble au contraire que les efforts de la Commission Hutchins ont consist principalement refuser l litisme conomique ou l litisme de classe 84 des m dias de l poque devenus du big business de plus en plus coup s de la population Par ailleurs les membres de la Commission Hutchins n accordaient pas leurs conclusions ou leurs recommandations un statut d finitif Au contraire ils consid raient n avoir tent qu un d but Leigh 1947 p 101 dans la r flexion sur les crit res de performance des m dias dans les soci t s d mocratiques modernes Par ailleurs les recommandations d
29. dont l objectif premier est la rentabilit conomique Cela pose un certain nombre de difficult s pour l application des principes de la responsabilit sociale dans la mesure o ces grandes entreprises m diatiques priv es sont tr s loign es de l id e qu on peut se faire d un service public In the modern marketplace journalism becomes more like a conventional enterprise and less like a quasi public social franchise It becomes bigger and riskier business blended increasingly into corporate America and more subject to control by managers schooled in profit making than by editors passionate for fierce journalism Lichtenberg 1990 p 193 Phillip H Ault abonde dans le m me sens Since group ownerships and conglomerate corporations have taken control of a large percentage of media outlets especially newspapers concern is growing that corporate profit goals rather than service to the public will dominate the thinking of media decision makers Agee Ault et Emery 1989 p 135 De tr s grandes entreprises m diatiques risquent d tre g r es de la m me mani re que les autres entreprises de taille quivalente et non comme les mandataires d un service public dont les profits ne constituent qu un moyen et non une fin Le rapport de la Commission Kent portant sur la concentration de la presse crite au Canada non ait 98 clairement cette id e en 1981 Selon ce rapport il y a une corr lation entre le typ
30. droit du public une information de qualit et diversifi e m rite une attention particuli re _ Paul Ricoeur dans la pr face qu il a r dig l ouvrage de Jean Schwoebel 1968 r sume bien la situation probl matique quant la tension permanente entre les deux vocations des m dias services publics et entreprises priv es Le probl me c est celui ci l information a aujourd hui acquis la fonction d un service d int r t public mais elle n a pas recu le statut juridique qui correspond cette fonction Il faut donner l information les institutions qui correspondent son r le Schwoebel 1968 p 7 Par ailleurs la plupart des journalistes s entendent pour reconna tre la mission de service public Toutefois ces gens oeuvrent pour la plupart au sein d entreprises qui ont aussi des comptes rendre au conseil d administration ainsi qu aux actionnaires de 44 l entreprise Tel que nous l avons dit pr c demment une soci t d mocratique comme le Qu bec en ce qui concerne ses m dias n est plus tout fait dans le r gime lib ral mais n est pas non plus pass e officiellement au r gime de la responsabilit sociale Afin de donner une v ritable chance aux principes de la responsabilit sociale d tre appliqu s concr tement il faut en tant que soci t opter officiellement pour le r gime de la responsabilit sociale Autrement dit il faut offrir aux m dias qui adh
31. essence m me Saint Jean 2002a p 75 Saint Jean parle aussi de l adoption de ce r gime au Qu bec Saint Jean 2002a p 87 Autrement dit la responsabilit sociale des m dias ne serait pas un id al vers lequel tendre mais bien une r alit et l autor glementation en serait la manifestation concr te Les conseils de presse les bureaux d ombudsman les associations professionnelles de journalistes et les codes de d ontologie illustreraient concr tement le passage effectif du r gime m diatique lib ral vers le r gime de la responsabilit sociale Si nous comprenons la TRS en ce sens c est dire si nous l entrevoyons comme une description du monde m diatique actuel force est de constater que la TRS aurait chou vu la persistance des abus et des travers reproch s aux m dias Cependant l hypoth se qui guide ce pr sent m moire est que nous ne nous situons pas encore dans le r gime de la responsabilit sociale parce que seule une partie de la th orie savoir l autor glementation a t mise de l avant De fa on pallier les travers des entreprises de presse recherche de profits au d triment de la qualit du contenu mont e du sensationnalisme information convertie en produit de consommation etc la th orie de la responsabilit sociale initiale a sugg r en premier lieu la voie de l autor glementation du milieu journalistique par la mise en place de moyens d valuation et de correction du mili
32. et de divertissement alors qu elles ne sont pas mentionn es dans la th orie de la responsabilit sociale D autres fonctions peuvent ainsi tre attribu es aux m dias par leurs propri taires et leurs artisans Toutefois ces fonctions suppl mentaires ou secondaires ne doivent pas pour tre en accord avec la TRS tre remplies au d triment des six fonctions pr sent es ici 108 Principes touchant l information 1 L information ne doit pas tre pens e comme un spectacle ou comme un produit commercial Elle ne doit pas tre d grad e pour devenir un simple divertissement ou un v hicule publicitaire 2 Les imp ratifs de vitesse qui vont de pair avec l information continue le direct et la recherche du scoop ne doivent pas limiter la possibilit pour les journalistes de faire des reportages approfondis et de longue haleine ou de couvrir des sujets d int r t public moins spectaculaires 3 La course l audimat ne doit pas faire sombrer les m dias dans l exigence de m diocrit Jacques 2002 p 120 en s adressant au plus bas d nominateur commun afin de ratisser les auditoires les plus larges Cela compl te la synth se des principes actualis s de la th orie de la responsabilit sociale Nous croyons que ces principes puis s aux sources de la th orie initiale puis interpr t s et pr cis s la suite des critiques constructives pr sent es au chapitre 3 constituent un id al valable
33. gager les id es et les principes de la TRS qui conservent encore aujourd hui un int r t pour clairer et orienter le syst me m diatique Enfin dans le quatri me et dernier chapitre nous serons en mesure de proc der l actualisation de la th orie de la responsabilit sociale Le but de cette partie consistera reformuler une TRS renouvel e et rafra chie constituant un id al toujours valable pour nos soci t s d mocratiques contemporaines Nous croyons que par cette actualisation critique les travaux de la Commission Hutchins et de Theodore Peterson pourraient susciter nouveau l int r t des chercheurs en communication et des milieux journalistiques Les besoins communicationnels des d mocraties sont normes et nous croyons que la th orie de la responsabilit sociale constitue plus que jamais un guide indispensable pour repenser et r orienter nos pratiques m diatiques Remarques pr liminaires Libert de presse libert de la presse Par presse la Commission Hutchins ainsi que les auteurs de Four Theories r f rent aux principaux agents de la communication de masse pris dans leur ensemble Ainsi donc la libert de la presse renvoie autant aux journaux la radio la t l vision au cin ma aux magazines et aux livres Leigh 1947 p v Siebert Peterson et Schramm 1963 p 1 En usant de la m me logique et par extension nous devrions inclure dans l appellation presse les nouvelles
34. great deal toward making social responsibility a new integrated theory Siebert Peterson et Schramm 1963 p 75 nous ne retrouvons pas dans leurs travaux la mention th orie ou la volont d en cr er une Nous croyons que les travaux de la Commission Hutchins ont contribu la construction de la TRS de la m me fa on que Milton Jefferson et Mill ont contribu la th orie lib rale de la presse Ces auteurs sont r solument l origine des id es de la th orie mais n ont jamais pr tendu construire la th orie lib rale Ainsi lorsque nous parlons de la fh orie de la responsabilit sociale nous faisons directement allusion aux travaux de Peterson qui pour sa part s est bas sur l id e ou l exigence de responsabilit sociale telle qu nonc e par la Commission Hutchins La th orie de la responsabilit sociale peut tre comprise comme une extension revue et corrig e de la th orie lib rale de la presse cet effet les auteurs de l ouvrage 30 d sormais classique Four Theories of the Press expliquent qu il y a eu au d part seulement deux th ories principales de la presse ayant donn lieu dans l histoire r cente deux nouvelles versions de ces th ories Les th ories dites communiste sovi tique et de la responsabilit sociale d couleraient respectivement selon Siebert Peterson et Schramm des th ories autoritaire et lib rale de la presse Ceux ci consid rent cependant que le
35. il fallait remettre en question et reformuler les id es qui ne correspondaient plus la r alit S il nous est possible de soutenir que la TRS est une extension revue et corrig e de la th orie lib rale de la presse c est parce qu elle a cherch l adapter la r alit du XX si cle En effet de nombreuses volutions ont marqu la soci t am ricaine au XX si cle ainsi que la plupart des soci t s occidentales tant sur les plans technologique politique conomique social que philosophique Afin de comprendre la raison d tre de la TRS nous pr senterons les principales volutions la source des remises en question de la libert de la presse et des fonctions des m dias au sein de la soci t Bien qu on y traite des volutions de la soci t am ricaine il est possible de les g n raliser la plupart des soci t s occidentales modernes Contexte m diatique les d buts du big business Les changements ayant marqu le syst me m diatique ont t importants et multiples notamment depuis le d but du XX si cle En premier lieu la r volution technologique et industrielle a transform le visage des tats Unis ainsi que le mode de vie des Am ricains Au niveau du syst me m diatique la r volution technologique a permis d accro tre la taille la vitesse et l efficacit des m dias traditionnels Elle a par ailleurs apport la soci t de tout nouveaux moyens de communication c
36. la TRS prend racines dans le postulat d mocratique democratic assumption selon lequel des citoyens bien inform s ayant les moyens de prendre des d cisions clair es contribuent la sant de la d mocratie Altschull 1995 p 139 Blevins 1997 p 3 Elle ne saurait donc s appliquer des soci t s non d mocratiques Bien que quelque chose de similaire la responsabilit puisse exister dans les r gimes autoritaires il ne s agit pas de la responsabilit laquelle font allusion la Commission Hutchins ou Peterson La responsabilit de la TRS tire sa source de la libert pr alablement accord e aux m dias dans le but de contribuer au processus d mocratique En ce sens if n y a pas 88 de responsabilit sans libert Deuxi mement la composition du syst me m diatique de ces soci t s d mocratiques doit s tre diff renci e du r gime de presse lib ral o une multitude de petits acteurs s opposaient dans un march ouvert et facilement accessible tous En fait la TRS ne peut logiquement s appliquer qu aux soci t s d mocratiques dites d velopp es pluralistes et connaissant une concentration accrue des m dias Cela parce que la TRS a t con ue expr s pour r pondre aux besoins sp cifiques de ces soci t s Certainement d autres soci t s comme les pays en d veloppement ou les nouveaux pays d mocratiques peuvent s inspirer de la TRS pour construire l id al devant guider leurs
37. la mesure o elle permet de r fl chir la direction vers laquelle volue la libert de la presse Siebert Peterson et Schramm 1963 p 75 si la TRS n tait alors pas totalement int gr e dans les m urs du milieu m diatique elle n en constituait pas moins une tendance r elle It is a trend not an academic exercise Siebert Peterson et Schramm 1963 p 5 Les diteurs avaient commenc avant la Commission Hutchins associer la libert avec la responsabilit mettre sur pieds des codes de d ontologie et avaient tent de diriger leurs m dias en vue du bien commun The press developed a sense of mission requiring it to serve the general welfare Siebert Peterson et Schramm 1963 p 83 Ainsi la TRS conserve une port e normative par l id al qu elle propose mais sans pour autant tre trop loign e de la r alit laquelle elle cherche s appliquer Toutefois cette tendance vers la responsabilit sociale n tait apparemment pas suffisante il fallait faire de cette tendance encore timide une pratique courante et g n ralis e 32 Les volutions la source de l exigence de responsabilit Les id es voluent au gr des changements de la soci t dans laquelle elles s enracinent Lorsque la r alit ayant donn lieu certaines id es n est plus la m me il est normal et sain de remettre ces id es en question C est ce quoi r pond la th orie de la responsabilit sociale
38. les clarifier Ainsi donc la TRS est critiqu e par la gauche de ne pas s embarrasser avec le fait que les m dias soient contr l s par le capital priv et que la libert de la presse soit un mythe commode prot geant les entreprises de presse de toute intervention tatique Nerone 1995 p 29 cette critique une r ponse en deux temps est possible D une part la TRS accepte le fait que le profit constitue un objectif pour les m dias Toutefois cette recherche de profits ne doit pas s effectuer au d triment des autres fonctions consid r es comme essentielles C est ce que Peterson signifie lorsqu il dit ceci it the social responsability theory accepts the role of the press in servicing economic system but it would not have this task take precedence over such other functions as promoting the democratic process or enlightening the public Siebert Peterson et Schramm 1963 p 74 Ainsi le profit peut trouver sa place dans la hi rarchie des valeurs et des objectifs guidant les m dias cependant il ne doit pas tre situ dans les premiers chelons Si tel tait le cas c est dire s il s av rait que les m dias cherchent d abord la rentabilit sans gard au service public qu ils doivent remplir cela entrerait en contradiction avec les principes de la TRS De plus la Commission Hutchins n ignore pas le danger ou le biais inh rent la propri t priv e concentr e des m dias Au contraire elle affirme ceci
39. m dias Cependant ces soci t s seraient mieux servies par d autres th ories du r le des m dias telles que la th orie dite d mocratico participative Fondation Roi Baudouin 2002 p 7 la th orie du d veloppement development theory McQuail 2000 p 155 ou ce qu Altschull appelle le development journalism Altschull 1995 p 229 237 Ainsi la signification de la responsabilit sociale des m dias ne peut tre modifi e loisir Du moins pas lorsqu on fait directement r f rence la d marche de la Commission Hutchins et de Peterson Les principes de la TRS sont clairement nonc s et ne sauraient tre remplac s par des principes radicalement autres Si cela tait le cas il faudrait alors pr ciser qu on ne parle plus de la responsabilit sociale des m dias en r gime d mocratique mais bien dans un autre contexte Clifford G Christians dont les id es concernant la responsabilit sociale sont pr sent es par Saint Jean soutient que la responsabilit sociale des m dias est moins floue que ses d tracteurs le disent et qu elle fournit des rep res qui sont explicites pour ceux qui veulent bien les voir Saint Jean 2002a p 29 On pourrait ici r torquer que la d marche du pr sent m moire visant actualiser la TRS montre bien quel point cette th orie peut se pr ter toutes sortes d interpr tations Or comme nous le verrons lorsque nous 89 proc derons l
40. m dias ce qu ils doivent faire ou ne pas faire Il consid re que la volont de rendre les m dias responsables est une d marche arrogante et litiste Merrill 1974 p 78 p 88 p 91 p 94 Que certains individus aient une opinion concernant les crit res de responsabilit des m dias ne pose pas de probl me pour Merrill Cependant ces individus doivent comprendre qu il ne s agit que d opinions personnelles et qu elles ne peuvent pr tendre tre g n ralis es et encore moins impos es aux m dias Merrill 1974 p 88 Merrill va encore plus loin There is not only something arrogant about most of these non journalistic responsibility definers but also something of a spirit of authoritarianism Merrill 1974 p 88 L esprit de la responsabilit sociale ouvrirait toute grande la porte une intervention indue de l tat ou du moins l intervention d une entit ext rieure au 2 Merrill vise principalement la Commission Hutchins mais aussi toute entit ext rieure aux m dias qui chercherait d terminer les crit res de responsabilit 80 monde m diatique La logique de Merrill est la suivante la responsabilit des m dias d un r gime lib ral est d finie par les m dias eux m mes Or la Commission Hutchins et les penseurs de la TRS ne sont pas satisfaits par la fa on dont les m dias lib raux ont agi Donc la d finition des crit res de responsabilit sera effectu e par a powe
41. mise en place de mesures destin es soit inciter les entreprises m diatiques se responsabiliser soit pallier les exc s ou les carences d coulant d une concentration marqu e de la propri t de ces entreprises L existence d un paradoxe de l action collective en mati re d information illustre aussi bien la n cessit de se contraindre collectivement pour le bien de tous 120 CONCLUSION G N RALE Ce m moire constitue en quelque sorte un point de d part on pourra reprendre ses conclusions pr sent es dans le chapitre 4 comme autant de principes appliquer dans la r alit afin que les m dias soient effectivement au service de la d mocratie Par ailleurs il va sans dire que tous les acteurs impliqu s ont leur part de responsabilit Et en ce sens on pourrait pratiquement parler de la th orie de la responsabilit sociale tripartite des m dias du public et de l tat Sans une prise de conscience et la volont d agir du public sans le courage politique que requiert l application des principes de la TRS et sans la volont r affirm e des m dias journalistes ef propri taires compris s engager durablement dans la voie de la responsabilit sociale il y a fort parier que dans cinquante ans nous r p tions le m me constat la responsabilit sociale est absolument n cessaire pour le bon fonctionnement des d mocraties or nous sommes contraints de conclure l incapacit de cette th orie
42. owes it to his conscience and the common good Siebert Peterson et Schramm 1963 p 97 Les individus d tiennent la libert d expression en tant que droit moral ce qui implique qu il ne peuvent pas abandonner ce droit comme ils abandonneraient un int r t personnel Siebert Peterson et Schramm 1963 p 96 Freedom of expression is not something which one claims for selfish ends It has a value both for the individual and for society It is society s sole source of intelligence the seeds from which progress springs Siebert Peterson et Schramm 1963 p 96 Nous pouvons comprendre ce droit moral d expression tel que pr sent par Peterson comme la responsabilit sociale des individus envers la soci t Si les individus sont amorphes la soci t ne recevra pas l afflux d id es nouvelles dont elle a besoin pour s enrichir Si les individus sont conformistes le brassage d id es que les m dias ont le devoir de faire ne sera gu re fructueux Les m dias ont donc la responsabilit de repr senter les divers points de vue pr sents dans la soci t et les individus la responsabilit d enrichir la soci t de leurs id es nouvelles 41 Cette libert devoir d expression telle que pr sent e par la Commission pr cise toutefois Peterson n oblige pas les m dias accepter toute requ te de tout individu d sirant s exprimer publiquement Le fait d tre publi ou diffus par un m dia de masse ne pe
43. parties du m moire Ainsi la lecture des chapitres qui pr c dent nous semble cruciale pour bien comprendre les arguments qui supportent les affirmations qui suivent 103 nonc de la th orie actualis e de la responsabilit sociale des m dias Nous ne pourrons jamais exprimer assez clairement combien il est primordial pour une soci t d mocratique d tre nourrie et clair e par une information de qualit Ainsi Ja libert de la presse est essentielle Mais la responsabilit de la presse est tout aussi essentielle Pour mieux comprendre notre monde et les enjeux auxquels nous devons faire face pour favoriser l mergence d id es nouvelles et pour prendre des d cisions individuelles et collectives clair es il est imp ratif que la libert de la presse soit assortie d une exigeante responsabilit Pour que la d mocratie ne soit pas qu une id e les informations doivent pouvoir circuler librement les id es nouvelles doivent tre diffus es et entendues les d bats fondamentaux doivent avoir lieu et ce perp tuellement Pour que cet id al s ancre de mani re effective dans la r alit il ne suffit plus comme l ont pens John Milton ou Thomas Jefferson d accorder la libert de la presse Il faut aussi tre exigeant envers ceux qui se r clament de cette libert car celle ci conf re un important pouvoir Entendez nous bien il ne s agit pas de limiter la libert de la presse il s agit de surveiller l utilis
44. pas explicite au sujet de la fonction de publicit 21 qui est g n ralement per ue comme allant de soi dans un syst me lib ral Il s agit moins d une fonction au sein de la soci t que d une t che accomplir de fa on pr server l ind pendance financi re du m dia Siebert Peterson et Schramm 1963 p 51 La publicit sous toutes ses formes a d abord t un moyen suppl mentaire pour assurer la rentabilit des m dias The early newspapers and magazines soon discovered a lucrative source of revenue from the sale of notices or advertisements and thus developed an additional function for the press to stimulate consumption and sell products Siebert Peterson et Schramm 1963 p 52 Il appert que le fait de stimuler la consommation de biens et services n est pas une fonction primaire mais une fonction secondaire des m dias Cette fonction r pond la n cessit pour les m dias de faire des profits en vue d tre financi rement ind pendants notamment en face du gouvernement A third function was developed as a necessary correlate to the others to provide a basis of economic support and thus to assure financial independence This was the sales or advertising function Siebert Peterson et Schramm 1963 p 51 Cette fonction ne serait donc pas une fin en elle m me mais bien un moyen pour que les m dias puissent convenablement remplir leur r le du moins tel que le pr sente Siebert ducation du peup
45. peu loign s de leur trajectoire initiale Plus d une cinquantaine d ann es s parent l poque contemporaine du moment o ont t officiellement labor es les id es de responsabilit sociale des m dias Une cinquantaine d ann es qui de surcro t ont vu des volutions de toutes sortes prolif rer et transfigurer nouveau les soci t s occidentales et dont les cons quences sont loin d tre totalement connues tant donn ces importantes mutations qui ont touch peu pr s tous les aspects de la vie en soci t depuis le moment o la th orie de la responsabilit sociale a t labor e il nous faut voir si la tentative d appliquer ses principes de nos jours serait une d marche st rile ou si au contraire les principes de la TRS pourraient toujours tre pertinents pour comprendre et orienter le syst me m diatique contemporain Pour ce faire nous proc derons dans le chapitre qui suit une discussion critique de la TRS en pr sentant les principales objections lui ayant t formul es depuis son laboration jusqu aujourd hui ainsi que les limites propres ces objections s il y a lieu L id e d une responsabilit sociale des m dias a fait couler beaucoup d encre nous tenterons de synth tiser les principales critiques lui ayant t faites L existence de ces critiques et leur discussion loin d enlever toute pertinence la TRS seront plut t des points d appui servant clarifier certaines
46. r affirmation des principes fondamentaux de la th orie de la responsabilit sociale des m dias en prenant soin de pr ciser certaines id es tant rest es embryonnaires dans sa formulation initiale Cela constituera l essentiel de la th orie de la responsabilit sociale actualis e Par la suite nous pr senterons une nouvelle assise pour l argumentaire qui soutient ce qui semble tre la pierre d achoppement de cette th orie lorsque l on aborde la question de la responsabilit la n cessit d une intervention parcimonieuse et limit e de l tat dans l espace public afin d assurer la qualit et la diversit de l information et des id es qui y circulent pour la bonne marche de la d mocratie Nous consid rons qu il existe un paradoxe de l action collective au niveau de l information au sens o l entend Mancur Olson 1987 qui commande une telle intervention de l tat 39 Tel qu annonc dans ce m moire cette actualisation est l aboutissement des chapitres qui pr c dent nous avons d abord pr sent la th orie de la responsabilit sociale dans sa version initiale Ensuite nous avons nonc ses limites et pr cis certains de ses aspects la suite des critiques lui tant adress es Dans cette partie nous pr sentons la th orie de la responsabilit sociale de la presse telle que nous l interpr tons quelques cinquante ann es apr s son laboration Ce texte est donc une synth se qui renvoie de nombreuses
47. remercier S bastien Charles qui en tant que vice doyen la recherche m a aid e d crocher une bourse institutionnelle me permettant de me consacrer mes recherches J aimerais aussi remercier M Charles cette fois en tant que professeur pour avoir patiemment critiqu ce m moire lorsqu il tait encore au stade de projet Merci aux membres du personnel de la Facult de th ologie d thique et de philosophie pour leur support convivial et leur disponibilit Merci aux membres de ma famille et mes amis pour leur support et leurs encouragements Enfin j aimerais remercier plus sp cialement mon conjoint ric Langlois sans qui je n aurais pu me consacrer avec autant d intensit dans ce projet d tude Je lui suis profond ment reconnaissante d avoir tenu le fort de la maison pendant ces quatre ann es o j ai t investie totalement dans l enseignement et la recherche universitaire INTRODUCTION Un lien troit unit information et pratiques d mocratiques L information d tient en effet une position centrale et significative dans l laboration des enjeux qui traversent la soci t Puisque c est pour une bonne part sur la base de l information re ue par les m dias que les citoyens forgent leurs opinions et effectuent leurs multiples choix politiques il importe que celle ci soit suffisamment plurielle et diversifi e pour pr senter les diff rents points de vue et alimenter les d bats publics En ce sens
48. t pour les perspectives lucratives qu ils offrent il devient plus difficile d imaginer les m dias se plier volontairement aux exigences de la responsabilit dans la mesure o la responsabilit peut exiger dans 91 certaines situations que la rentabilit soit limit e Enfin le contexte g n ral d incertitude financi re dans lequel voluent la plupart des entit s m diatiques media units ne laisse gu re aux m dias la possibilit de se soucier des crit res de responsabilit The abstract goal of social responsibility can come to be viewed as an outdated impractical luxury that must yield in the face of contemporary corporate insecurities Lichtenberg 1990 p 192 La responsabilit sociale serait elle effectivement un luxe que ni les m dias ni la soci t ne peuvent s offrir La TRS devant le double statut des entreprises m diatiques M me si les penseurs de la TRS envisagent l ensemble des m dias comme tant une institution sociale accomplissant un service public essentiel la bonne marche de la d mocratie il ne faut pas oublier que la grande majorit des m dias sont la base des entreprises priv es voluant dans un syst me capitaliste La tension permanente qui caract rise le milieu m diatique entrave le succ s de l application des principes de la TRS parce que les m dias sont cartel s entre deux vocations la maximisation de la rentabilit et le service public d information Le
49. th orie lib rale de la presse Toutefois le principe demeure certains contenus ne peuvent tre publi s parce qu ils contreviennent la loi La pornographie infantile en est un exemple L id e du fardeau de la preuve se trouve dans la th orie de la responsabilit sociale de la presse Cependant son auteur la pr sente comme tant partag e par la th orie lib rale de la presse 19 th orie lib rale de la presse Si certaines fonctions semblent aller de soi comme celle d tre les chiens de garde de la d mocratie et de surveiller les actions du gouvernement une fonction telle que la stimulation de la consommation para t plus loign e de l id e g n rale que l on se fait du r le des m dias en soci t Voyons d s pr sent les fonctions que doivent remplir les m dias en soci t selon la th orie lib rale et la logique qui leur est sous jacente Recherche de la v rit et r solution des probl mes sociaux D un point de vue plus philosophique l objectif sous jacent aux m dias est d aider d couvrir la v rit et par l de contribuer la r solution des probl mes politiques et sociaux en rendant les diff rents points de vue accessibles au public La th orie lib rale conc de qu travers toutes les id es et toutes les informations atteignant le public certaines seront fausses ou infond es Malgr tout il ne revient en aucun temps l tat de voir corriger les id es fausses ou restreindre leu
50. tre trop d savantag s Les m dias retrouvent ainsi leur concurrence mais ont fait reculer d un cran la responsabilit sociale ce stade il se trouvera un m dia pour modifier autre chose afin d tre encore plus rentable que les autres attirant ses comp titeurs qui ne sont pas dupes dans la m me direction C est pourquoi on parle d une course l ab me Cela s explique par le fait que l avantage qu un m dia peut obtenir sur les autres ne se situe g n ralement pas au niveau de la responsabilit mais bien au niveau de la rentabilit En effet un m dia priv qui a des comptes rendre ses actionnaires n a pas avantage tre plus responsable que les autres en supposant que la responsabilit sociale engendre des co ts Il y a par contre toujours un avantage tre plus rentable que les autres La tendance n est donc malheureusement pas l mulation Pour se d p trer de ce cercle vicieux il n existe qu une solution efficace la contrainte collective appliqu e quitablement l ensemble des acteurs pour le bien de tous Seule une contrainte ext rieure peut stopper cette course l ab me et rehausser la qualit et la diversit de l information au sens large L tat d tenteur du pouvoir l gislatif et garant de l int r t commun est le seul qui peut effectuer une telle contrainte Comme les m dias ne sont pas uniquement des v hicules d informations s rieuses L id e d une course l ab me
51. 8 Une deuxi me avenue par laquelle le public peut contribuer augmenter la qualit du service m diatique est de cr er des centres de recherche et d tude portant sur le champ des communications We do see a need for centers of investigation graduate study and critical publication Leigh 1947 p 99 Par ailleurs les tudiants 60 en journalisme devraient recevoir l ducation et la culture g n rale les plus compl tes qui soient Leigh 1947 p 100 Enfin la Commission recommande la mise en place d une agence ind pendante qui value chaque ann e les performances des m dias Il s agirait en quelque sorte d un rapport annuel faisant tat des r alisations positives et des carences du milieu m diatique ainsi que des mesures mettre de l avant pour rencontrer les exigences de qualit Yet it seems to us clear that some agency which reflects the ambitions of the American people for its press should exist for the purpose of comparing the accomplishments of the press with the aspirations which the people have for it Leigh 1947 p 100 Cette agence serait ind pendante la fois du gouvernement et de la presse et contribuerait duquer le peuple sur les exigences l gitimes formuler aux m dias La Commission pr sente les 10 mandats qui reviendraient une telle agence The activities of such an agency would include 1 10 Continuing efforts through conference wit
52. D PARTEMENT DE PHILOSOPHIE Facult de th ologie d thique et de philosophie Universit de Sherbrooke LA TH ORIE DE LA RESPONSABILIT SOCIALE DE LA PRESSE PR SENTATION DISCUSSION ACTUALISATION par JULIE BERNARD Bacheli re s lettres politique appliqu e de l Universit de Sherbrooke M MOIRE PR SENT pour obtenir LA MA TRISE ES ARTS PHILOSOPHIE Sherbrooke Novembre 2005 E Library and Archives Canada Published Heritage Branch 395 Wellington Street Ottawa ON K1A ON4 Canada Canada NOTICE The author has granted a non exclusive license allowing Library and Archives Canada to reproduce publish archive preserve conserve communicate to the public by telecommunication or on the Internet loan distribute and sell theses worldwide for commercial or non commercial purposes in microform paper electronic and or any other formats The author retains copyright ownership and moral rights in this thesis Neither the thesis nor substantial extracts from it may be printed or otherwise reproduced without the author s permission Direction du Patrimoine de l dition Biblioth que et Archives Canada 395 rue Wellington Ottawa ON K1A ON4 Your file Votre r f rence ISBN 978 0 494 17272 8 Our file Notre r f rence ISBN 978 0 494 17272 8 AVIS L auteur a accord une licence non exclusive permettant la Biblioth que et Archives Canada de reproduire publier archiver
53. E BOHEC Jacques 1997 Les rapports presse politique mise au point d une typologie id ale Paris L Harmattan 253 p LIBOIS Boris 2002 La communication publique Pour une philosophie politique des m dias Paris L Harmattan 350 p MERRILL John C 1997 Journalism Ethic Philosophical fondations for News Media New York St Martin s Press 248 p MILTON John 1961 Areopagitica ou Pour la libert d imprimer sans autorisation ni censure London Oxford University Press 160 p O MALLEY Tom et Clive SOLEY 2000 Regulating The Press London Pluto Press 244 p RIVERS William Theodore PETERSON Jay W JENSEN 1971 The Mass Media and Modern Society San Francisco Rinehart Press 342 p RIVERS Wiliam L et Wilbur SCHRAMM 1969 Responsibility in mass communication New York Harper amp Row 1 dition 1957 314 p RYAN Michael Winter 1986 Public Relations Practitioners Views of Corporate Social Responsibility Journalism Quarterly p 741 747 p 762 SCHMUHL Robert dir 1984 The Responsibilities of Journalism Notre Dame Indiana University of Notre Dame Press 138 p SERVAN SCHREIBER Jean Louis 1972 Le pouvoir d informer Paris Robert Laffont 512 p SILK Leonard 1984 The Ethics and Economics of Journalism sous la direction de Robert Schmuhl The Responsibilities of Journalism Notre Dame indiana University of Notre Dame Press p 86 92 SOCI T RADIO CA
54. ERVATIONS 72 html 28 08 05 CEM Centre d tudes sur les m dias 2002 Portrait de la propri t dans le secteur des quotidiens au Qu bec et au Canada Nhttp vww cem ulaval ca CONCauot pdf 28 08 05 CPQ Conseil de presse du Qu bec Les droits et responsabilit s de la presse http www conseildepresse ac ca content _ cpadresp htm 28 08 05 LE DEVOIR COM Le Devoir une histoire http www ledevoir com histoire html 28 08 05 QUEBECOR INC 2004 Notice annuelle Exercice clos le 31 d cembre 2003 161 p http www quebecor com Gallerv AIF 2004 francais avec annexes pdf 28 08 05 QUEBECOR INC 2003 Notice annuelle Exercice clos le 31 d cembre 2002 148 p http www quebecor com Gallery sc AIF 2003 fr pdf 28 08 05 QUEBECOR IN Star Acad mie ou le pouvoir de la convergence page Web http wvww quebecor com NewsCenter PressReleasesDetails aspx PostingName 0805 2003 28 08 05 Note cette r f rence tait au d part sur une page sp cifique Pour y avoir acc s il faut maintenant aller au bas de cette page R f rences compl mentaires ABEL Elie 1984 Hutchins Revisited Thirty five Years of Social Responsibility Theory sous la direction de Robert Schmuhl The Responsibilities of Journalism Notre Dame Indiana University of Notre Dame Press p 39 48 137 AGEE Warren K Philip H AULT Edwin EMERY 1991 Introduction to Mass Communications Tenth Edition New York
55. Mill philosophe utilitariste anglais du XIX si cle la libert consiste pouvoir penser et agir son gr pourvu qu aucun tort ne soit fait autrui Siebert Peterson et Schramm 1963 p 45 46 Appliqu es la presse ses id es sur la libert se traduisent ainsi First if we silence an opinion for all we know we are silencing the truth Secondly a wrong opinion may contain a grain of truth necessary for finding the whole truth Third even if the commonly accepted opinion is the whole truth the public tends to hold it not on rational grounds but as a prejudice unless it is forced to defend it Last unless the commonly held opinion is contested from time to time it loses its vitality and its effect on conduct and character Siebert Peterson et Schramm 1963 p 46 Il est donc dans l int r t g n ral de laisser toutes les id es circuler et s opposer librement dans la mesure o c est le seul moyen de ne pas passer c t de bonnes id es qui pour une raison donn e n auraient pas t vues au premier abord comme de bonnes id es C est aussi le seul moyen de pr server la rationalit de la soci t si les id es vraies ou bonnes ne sont plus remises en question elles ne persisteront socialement que par habitude et par pr jug Et ces attitudes ne caract risent pas une soci t qui se gouverne de fa on rationnelle Le plaidoyer de Mill au sujet de la v rit s inscrit dans l esprit du lib ralisme par le
56. NADA 1982 Politique journalistique dition bilingue Ottawa Soci t Radio Canada 140 p Pour le c t en fran ais 139 UNIVERSIT LAVAL D PARTEMENT D INFORMATION ET DE COMMUNIATION COLLOQUE LOUVAIN LAVAEL 1994 Journalisme communication publique et soci t actes du colloque Louvain Laval Qu bec D partement d information et de communication Universit Laval 103 p
57. TRS Ces cinq l ments peuvent se comprendre comme des crit res permettant de mesurer le niveau de qualit du syst me m diatique Siebert Peterson et Schramm 1963 p 87 La premi re fonction de la presse dans les soci t s d mocratiques contemporaines est de fournir un compte rendu des v nements du jour qui soit v ridique exhaustif et compr hensible dans un contexte qui donne du sens aux v nements Sieber Peterson et Schramm 1963 p 87 Leigh 1947 p 20 Cela a deux implications selon Peterson La premi re que la presse doive tre exacte qu elle ne doive pas mentir La deuxi me que les m dias doivent identifier les faits comme des faits et les opinions en tant qu opinions et non se servir des nouvelles par exemple comme armes politiques Siebert Peterson et Schramm 1963 p 87 88 Cependant l objectivit du compte rendu que la presse guid e par les principes lib raux s tait d j fix e comme objectif n est pas suffisante selon la TRS It is no longer enough to report the fact truthfully It is now necessary to report the truth about the fact Siebert Peterson et Schramm 18 Traduction de la premi re fonction inspir e de Saint Jean 2001 p 91 Les traductions des autres fonctions sont de l auteure o 51 1963 p 88 Leigh 1947 p 22 Selon la Commission les faits bruts sont pour le public des demi v rit s ils sont incomplets et incompr hensibles L essentiel pour les m dia
58. a r affirmation des principes fondamentaux de la TRS ceux ci restent fondamentalement les m mes Ce sont les moyens d application distinguer rappelons nous de la th orie en tant que telle qui pourront changer de fa on tre plus adapt s la r alit m diatique contemporaine ou tre plus efficaces Les principaux obstacles l application de la TRS La th orie de la responsabilit sociale des m dias est une th orie normative elle pr sente les responsabilit s qu un syst me m diatique devrait id alement assumer dans les soci t s d mocratiques La pertinence et l utilit des th ories normatives reposent pour une bonne part sur le niveau de leur applicabilit Puisque l essence de ces th ories est d offrir un id al vers lequel doit tendre la pratique il est n cessaire que cet id al puisse s arrimer de fa on minimale avec la r alit Pour cette raison il nous semble important de prendre la mesure des obstacles l application des principes de responsabilit sociale dans la pratique Bien que les artisans de l information rencontrent de nombreuses difficult s dans l exercice de leur profession nous porterons notre attention sur l l ment qui nous semble le plus fondamental les pressions de l environnement conomique et de la nature priv e des entreprises m diatiques qui doivent pourtant remplir un service public Nous croyons que ces difficult s particuli res que rencontrent au quotidien les
59. acables la mesure du d veloppement du secteur Wolton 1997 p 220 Les entreprises m diatiques priv es doivent donc faire face de nombreuses pressions et incertitudes financi res qui s accordent mal avec la mission de service public dont la rentabilit n est pas assur e En fait il appert que les exigences de responsabilit sont loin d aller de soi dans un syst me m diatique principalement priv et o les entreprises de grande taille doivent faire face la comp tition et aux imp ratifs du capitalisme Cela soul ve une question fondamentale s il est vrai que la responsabilit sociale a un co t conomique est il l gitime qu une soci t demande ses entreprises priv es voluant dans un syst me capitaliste d absorber le co t de la responsabilit sociale En d autres mots s il est dans l int r t collectif d avoir un syst me m diatique de qualit et que cette fonction essentielle la vie en soci t a un prix ne revient il pas la soci t dans son ensemble d assumer son co t Par extension est il r aliste d attendre des grandes entreprises priv es qui poss dent les m dias qu elles soient socialement responsables si cela entre en contradiction avec les int r ts qu elles auraient autrement poursuivis tout naturellement y aurait donc un nouvel obstacle l applicabilit de la TRS savoir la quasi absurdit pour une soci t d exiger de ses entreprises m diatiques priv es qu e
60. acteurs de l information d coulent pour l essentiel de cet obstacle principal Advenant cet obstacle fondamental lev nous croyons que de nombreuses difficult s pos es l thique ou la responsabilit sociale tomberont d elles m mes 32 Les acteurs et les penseurs du milieu m diatique sont nombreux traiter des difficult s inh rentes aux divers m tiers du journalisme pour qui souhaite agir de fa on thique et responsable Un grand corpus de la litt rature porte sur l thique et la d ontologie sur l objectivit sur les liens oblig s mais risqu s avec les firmes de relations publiques sur les rapports entre la presse et la politique sur les rapports avec les annonceurs sur l imp ratif de vitesse et d efficacit sur les contraintes de l information en temps r el etc Toutefois nous consid rons que ces probl matiques pr cises rel vent du domaine d tude des communications Pour cette raison et vu les limites fix es par notre probl matique nous ne jugeons pas opportun de nous attarder toutes ces difficult s 90 D un point de vue pragmatique la TRS est d cri e comme tant une mission hautement id aliste na ve Baker 2002 p 156 et comme tant constitu e de v ux pieux qui sont inapplicables compte tenu du contexte dans lequel voluent les m dias Saint Jean 2002a p 61 Saint Jean qui rapporte les propos de Raymond Williams explique que selon celui ci il est impossible p
61. an Bertrand 1997 p 68 69 126 ANNEXE Il LES JOURNALISTES ET LA RESPONSABILIT SOCIALE Extraits de la politique journalistique de la Soci t Radio Canada 1982 La libert de la presse crite et audiovisuelle est indissolublement li e la libert car celle ci ne s panouit que s il existe une communication constante des id es des opinions et des informations Cette interd pendance est au c ur de l id al d mocratique et s impose comme essentielle la d fense des libert s individuelles Devenu une composante toute puissante du syst me d information le journalisme audio visuel doit en plus de jouir des droits inh rents ce r le se plier aux obligations qui en d coulent cause de la complexit de la vie contemporaine le foss ne cesse de s largir entre ce que nous savons et ce que nous devons savoir pour prendre des d cisions raisonn es et lucides l existe donc un besoin capital de moyens d information r ellement efficaces et cr dibles La confiance qu ils peuvent inspirer est d une extr me importance de plus en plus clair le public exige davantage des m dias tant sur le plan de l information que sur celui de sa qualit Ne pas r pondre cette attente risquerait de d vailoriser la notion de libert et d ind pendance de la presse et par l m me la libert de parole et d opinion Pour viter cet cueil les m dias doivent concevoir leur r le dans toute sa dimension
62. and groupe m diatique Le Devoir a la particularit de n appartenir personne tant g r par un dispositif unique de type fiduciaire et qui laisse chaque directeur une ind pendance totale Desc teaux 22 mars 1999 Certains documents et ditoriaux noncent clairement les orientations du Devoir depuis sa fondation par Henri Bourassa en 1910 Comme le rapporte le directeur actuel du Devoir Bernard Desc teaux Henri Bourassa souhaitait qu on mette la libert de la presse au service de notre soci t Desc teaux 22 mars 1999 Le Devoir est une ce sujet la convention collective du Devoir est d un grand int r t Nous avons consult la convention collective 2000 2002 gracieusement remise par Paul Cauchon journaliste et chroniqueur m dias au Devoir Voir aussi Avant le combat le premier ditorial du quotidien r dig par Henri Bourassa Pour conna tre plus en d tails l volution des orientations du journal consulter le site Internet du Devoir l adresse suivante www ledevoir com histoire html Consult en date du 28 ao t 2005 94 entreprise m diatique priv e mais cela ne l emp che pas de tenir en premier lieu respecter son engagement envers la communaut Le Devoir doit tre un journal qui permette aux lecteurs de mieux conna tre et de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons Un journal qui leur permette d tre pr sents un monde en profonde mutation
63. ant la responsabilisation des entreprises m diatiques Responsabilit s du public et de l tat 1 2 3 4 5 L tat en tant que repr sentant l gitime des citoyens doit promouvoir activement la libert de la presse et la responsabilit qui l accompagne Par cons quent l tat a la responsabilit de voir ce que les m dias remplissent convenablement leur mission sociale L tat doit par contre fixer des limites claires et publiques son pouvoir d intervention et les respecter scrupuleusement L tat peut offrir un service public qui compl te l offre m diatique en pr sentant des contenus d laiss s par les m dias priv s En plus d entrer lui m me dans le champ des communications l tat doit faciliter l entr e de nouveaux joueurs dans l information en accordant en priorit son soutien aux m dias qui s engagent formellement respecter la responsabilit sociale Le public est aussi dans l obligation d tre responsable en exigeant des m dias qu ils accomplissent convenablement leur mission sociale Cela implique qu il fasse conna tre ses exigences aux m dias ainsi que ses dol ances et ses satisfactions Afin de susciter l implication du public le d veloppement de son sens critique envers les m dias et la prise de conscience de l importance de l information pour la d mocratie l tat doit encourager et soutenir les initiatives d ducation aux 107 m dias et la citoyen
64. arce qu il n est plus accessible qu un nombre tr s limit de joueurs de plus en plus puissants On ne peut plus parler d une r elle libert de la presse puisque le march n est plus accessible tous D o l importance pour la sant de la d mocratie d intervenir dans le march m diatique pour s assurer d faut de retrouver dans le march une multitude de petits acteurs qui s affrontent dans une saine comp tition que les acteurs en pr sence diffusent toutes les informations et id es pertinentes 46 Plusieurs penseurs de l thique des m dias ont propos diverses solutions pour am liorer la qualit et la diversit de l information mais nous recommandons particuli rement la lecture du Rapport Saint Jean pour d couvrir un ventail de solutions int ressantes Saint Jean 2003a Voir aussi Bernier 1994 ainsi que l Annexe V 111 supposer que le march m diatique soit bel et bien libre et ouvert tous supposer que quiconque souhaite participer l information et aux d bats publics ait la possibilit r elle de le faire aucune intervention tatique n est plus l gitime selon les tenants de la TRS Autrement dit l implication de l tat pour assurer la responsabilit sociale ne se justifie que dans la mesure o deux conditions sont remplies 1 les citoyens d pendent des m dias pour la mise en uvre de leur droit l information et 2 les m dias ne r pondent pas ad quatement aux besoins en inf
65. assurer un brassage d id es efficace Les m dias doivent dor navant y voir sciemment La troisi me fonction que les m dias se doivent de remplir selon la Commission Hutchins et la TRS est de projeter un portrait repr sentatif de la soci t et des groupes qui la constituent Siebert Peterson et Schramm 1963 p 91 Leigh 1947 p 26 L objectif sous jacent cette exigence est de chercher viter que des pr jug s ou des perceptions erron es influencent les d cisions prises par l ensemble de la soci t Cela parce que les gens ont tendance prendre leurs d cisions en fonction de l image favorable ou non de certaines groupes Siebert Peterson et Schramm 1963 p 91 Un portrait non repr sentatif de ces groupes peut fausser les jugements la base des d cisions et la Commission consid re qu il est du devoir des m dias de contribuer mieux conna tre et comprendre les diff rents groupes composant la soci t ou du moins ne pas alimenter de pr jug s indus leur sujet Responsible performance here simply means that the images repeated and emphasized be such as are in total 53 representative of the social group as it is Leigh 1947 p 26 Le r le des m dias n est pas de masquer les l ments pouvant alimenter l intol rance envers certaines communaut s il s agit de d peindre la v rit propos de tous les groupes ce qui inclut tout autant les valeurs et les aspirations que les faibl
66. aste public Par exemple les nouvelles presses qui produisaient les journaux tr s grande vitesse co taient beaucoup plus cher que les presses traditionnelles Alors m me que beaucoup de petits m dias ne sont pas parvenus survivre il devenait de plus en plus difficile pour les nouveaux venus d entrer dans le champ des communications tant donn les moyens gigantesques que cela demandait Siebert Peterson et Schramm 1963 p 78 On voit donc clairement que l id e lib rale des chances gales de tous les individus d marrer leur propre m dia n est dor navant plus aussi cr dible qu elle pouvait l tre une poque ant rieure 34 Si les d tenteurs de la libert de la presse ne sont plus les petits propri taires des premiers jours mais qu ils s apparentent plut t et de plus en plus de grandes entreprises qui se partagent un march lucratif il n est plus certain qu une libert de la presse absolue servira l int r t commun Cela parce que la concentration de la propri t des m dias a rendu d su te l id e d une multiplicit de petits m dias entrant en comp tition au sein du march The press became one controlled by a relatively few owners Siebert Peterson et Schramm 1963 p 78 partir de ce moment selon Peterson la presse ne pouvait plus tre un libre march des id es tel que l avait con u Mill ou Jefferson L id e d un libre march est branl e par la nouvelle difficul
67. at est donc selon nous ce compromis entre un tat autoritaire mena ant et l tat minimal que souhaitaient les lib raux La solution de la TRS est de cette fa on moins radicale que celle de la th orie traditionnelle qui consistait priver le gouvernement du plus grand nombre possible de fonctions et de pouvoirs Les penseurs de la TRS per oivent l tat comme l alli et le promoteur de la libert pour autant que son seul pouvoir soit de permettre la soci t de b n ficier d un syst me m diatique qui r pond ad quatement ses besoins Cela ouvre ainsi la porte une intervention parcimonieuse et appropri e du gouvernement porte qui tait rest e ferm e cl s par la th orie lib rale volution des pratiques journalistiques Une derni re volution ayant favoris l mergence de la th orie de la responsabilit sociale de la presse concerne la profession journalistique elle m me L apparition des coles de journalisme au d but du XX si cle et l esprit professionnel qui s est par la suite g n ralis y ont jou pour beaucoup The growing professional spirit was no doubt fostered in part by schools of journalism which began springing up in the first years of this century and which not only taught the techniques of journalism but also in time showed increasing concern with the responsibilities of the media Siebert Peterson et Schramm 1963 p 83 Peterson explique qu partir du milieu du XIX si cl
68. ation oublie que la TRS pr voit que d autres instances ont une responsabilit dans l information le public et l tat Si les m dias ne parviennent pas seuls r pondre aux besoins de la soci t le public et l tat doivent intervenir On ne peut donc conclure l inefficacit de la TRS sur la base de l chec de l autor glementation parce que la TRS ne se limite pas cette seule dimension Il est ainsi possible de distinguer au moins deux phases majeures dans l application de la TRS d abord une phase d autor glementation que nous pouvons situer dans la derni re moiti du XX si cle et qui connut un succ s mitig puis une phase d imputabilit et d engagement envers le public qui ferait intervenir les deux acteurs absents dans la premi re phase savoir le public et l tat Cette phase n est cependant pas amorc e officiellement C est pourquoi l tude de la th orie de la responsabilit sociale conserve un int r t certain pour clairer notre pr sent nous avons besoin d elle pour parcourir le chemin qui reste pour que nos m dias soient la fois libres et responsables 4 Sur l intervention du public et de l tat dans la TRS voir p 57 et 61 70 Bien que nous croyions fermement en la validit de la TRS celle ci a n anmoins soulev de nombreuses pol miques et s est attir les foudres d un bon nombre de penseurs Il est maintenant temps d aborder ces critiques envers la th orie de la res
69. ation qui en est faite De la m me fa on que les citoyens surveillent leur d put que les partis d opposition surveillent le gouvernement ou que les m dias surveillent tous les pouvoirs il est dor navant n cessaire que les citoyens surveillent leurs m dias Cela non pas pour entraver leur mission fondamentale qui consiste tre des vecteurs de d mocratie mais bien pour s assurer qu ils remplissent effectivement ce r le Et ce r le avec le temps s est pr cis et s est largi il s agit encore et toujours de d pister les abus de pouvoir de toute sorte mais il s agit en plus de nourrir la d mocratie par des apports vari s et continuels 0 Il est possible de voir des recoupements entre les conclusions pr sent es dans cet nonc de principes et celles de bon nombre de chercheurs en thique de l information Des conclusions similaires se trouvent notamment chez Saint Jean voir les 12 recommandations du Rapport Saint Jean Les effets de la concentration des m dias au Qu bec tome 1 et 2 et chez Bernier 1994 et 1995 Or si les conclusions sont partag es par plusieurs chercheurs les d marches et les argumentaires qui les soutiennent sont distincts il est toutefois int ressant de noter que ces diff rentes d marches ind pendantes arrivent en empruntant diff rents chemins des conclusions tonnement similaires 104 d informations d id es et de d bats D aucuns disent qu il y aurait eu dans certains cas usu
70. au peuple Pouvoir de s informer de d battre et de d cider Avant d arr ter notre attention sur le statut et les r les des m dias il importe de rappeler que la libert de presse telle qu elle fut historiquement d fendue et promue par les penseurs lib raux n tait pas une libert absolue En effet la th orie lib rale n est pas une th orie anarchiste de la presse la libert d fendue tant par le pass qu aujourd hui n est pas un total laisser faire Les penseurs lib raux sont pr ts _ consid rer certaines limitations la libert de la presse dans le but de pr server l ordre social All libertarian philosophers agree that freedom of expression is not absolute but limited Siebert Peterson et Schramm 1963 p 53 54 Cependant une importante difficult reste surmonter quant la d termination des limitations appropri es la libert d expression des m dias de masse Le probl me persiste 18 explique Siebert parce que la th orie lib rale n offre pas de principes clairs pouvant aider le r soudre Siebert Peterson et Schramm 1963 p 53 54 Selon nous l objectif du lib ralisme est d accorder aux m dias la plus vaste libert possible en sachant qu ils ne sont pas pour autant au dessus de la loi ils doivent la respecter comme toutes les autres entit s de la soci t Ainsi certaines limitations ont t g n ralement accept es telles que la protection de la r putation des personnes
71. auteurs th orie lib rale de la presse th orie de la responsabilit sociale de la presse et comme ces th ories ne sont pas associ es un petit nombre d auteurs bien d limit il est facile de succomber l impression de la personnification Par exemple la th orie de la responsabilit sociale a du se r ajuster Nous sommes conscient que la th orie de la responsabilit sociale ne peut rien faire et qu en bout de piste ce sont ses tenants qui critiquent ou qui se r ajustent Le probl me vient du fait que les tenants de ces deux th ories constituent un groupe de personnes aux fronti res peu d finies et non un ou quelques auteurs auxquels il est simple de se r f rer En effet lorsque Siebert et Peterson r digent leur chapitre respectif sur la th orie lib rale et la th orie de la responsabilit sociale ils ne sont pas les seuls cr ateurs de ces deux th ories qui existent d j au stade embryonnaire ils les reconstituent et en parlent comme des entit s ind pendantes et objectives quoique bien s r ils jouent un r le essentiel dans leur d finition Nous tenterons donc dans la mesure du possible et sans trop alourdir le texte de limiter les occurrences de la personnification des th ories Mais nous prions le lecteur de tol rer les passages qui pourraient encore porter confusion 10 la mani re de la main invisible de Adam Smith la v rit aura le plus de chances d clore et d tre reconnu
72. b raux une conception positive de la libert On parle de la libert en tant que possibilit effective de faire quelque chose freedom for which call for the presence of the necessary implements for the attainment of a desired goal Siebert Peterson et Schramm 1963 p 93 Appliqu e la presse cette conception positive de la libert implique qu on ne peut plus se pr occuper uniquement de la libert d entrer ou non dans le march ou plus g n ralement d exprimer ou non ses id es ce qui reste somme toute une libert vide Afin de rendre la libert de la presse effective il ne faut pas seulement laisser le march ouvert tous il faut encore que ceux qui n ont pas d acc s aux m dias soient bien repr sent s et bien servis par la presse Cela est une id e nouvelle Freedom of the press the Commission argues is a somewhat empty right for the person who lacks access to the mass media His freedom too must be implemented by a press which carries viewpoints similar to his own by media operated by government or nonprofit agencies to provide him with the required services which the commercial press does not provide Siebert Peterson et Schramm 1963 p 94 Cette nouvelle conception de la libert de la presse devenue une libert positive dans la th orie de la responsabilit sociale implique la possibilit d exiger des m dias qu ils offrent un contenu vari et de qualit id e qui ne serait pas venu
73. bert Peterson et Schramm 1963 p 45 51 70 Par analogie cela refl te bien la philosophie lib rale voulant que si chacun tend d fendre ses int r ts et ses id es il en r sultera au bout du compte une harmonie spontan e plus riche que si un homme ou un groupe m me sage et clair tait intervenu 13 Le lib ralisme a mis en place et fortifi un syst me social bas sur l individualisme en r action toute forme d autoritarisme The important contributions of liberalism in this area were the insistence on the importance of the individual the reliance on his powers of reasoning and the concept of natural rights of which freedom of religion speech and press became a part Siebert Peterson et Schramm 1963 p 43 44 Bien que Siebert n explicite pas beaucoup la logique individualiste l uvre dans le lib ralisme nous pouvons la d duire de ce qui pr c de D une part la coordination des multiples int r ts individuels r sulte du choc entre les int r ts de chacun D autre part la rationalit de l ensemble r side dans l quilibre spontan entre les rationalit s individuelles luttant pour s affirmer Ainsi pour que la soci t soit harmonieuse et rationnelle les individus doivent _ d tenir la plus grande marge de man uvre possible pour promouvoir leurs id es et leurs int r ts Puisque c est l agr gation des mouvements individuels int ress s qui donne le meilleur agencement possible le pouvo
74. bsence de certitude quant aux cons quences que l on pourrait comparer un ch que en blanc accord la soci t ou une entit charg e de d finir la responsabilit et de imposer serait ainsi comme une p e de Damocl s suspendue au dessus des libert s individuelles une porte ouverte l autoritarisme ou la tyrannie de la majorit 81 R ponse La th orie de la responsabilit sociale est comme nous l avons dit pr c demment un lib ralisme social et pour cette raison elle d plait autant la gauche qu la droite Cette pr cision tant faite nous pouvons aborder la discussion des critiques nonc es par John Calhoun Merrill Celles ci sont nombreuses et m ritent d tre consid r es s par ment D abord selon Merrill la libert et la responsabilit s opposent irr m diablement comme les deux termes d un jeu somme nulle Donner l un des termes c est enlever l autre La seule fa on d viter cette opposition est pour Merrill de laisser l exercice de la responsabilit au niveau individuel et priv c est dire librement selon l id e ou l opinion que chacun ou chaque m dia se fait de ses devoirs envers soi m me et les autres Selon ce point de vue les m dias d un r gime lib ral sont de facto responsables puisqu ils sont libres de d finir eux m mes leurs devoirs et leurs objectifs Merrill 1974 p 93 il ny a ainsi aucune raison l gitime d exiger plus de
75. cationnels d une soci t d mocratique volution du climat intellectuel Si les id es lib rales ont t branl es par les changements sociaux concrets elles ont t parall lement remises en question d un point de vue philosophique Les conceptions traditionnelles de l homme de la soci t du gouvernement et de la v rit 36 ont t s rieusement critiqu es par les penseurs issus du climat intellectuel propre au XX si cle Selon Peterson ce nouveau climat intellectuel de plus en plus sceptique envers les postulats lib raux a favoris l mergence des id es de responsabilit sociale Siebert Peterson et Schramm 1963 p 81 La nouvelle conception de l homme sur la base de laquelle est fond e la th orie de la responsabilit sociale est plut t loign e de l individualisme optimiste de la th orie traditionnelle On se souviendra de la foi plac e par les lib raux dans les capacit s des individus chercher et d couvrir la v rit ainsi qu leur tendance inn e se laisser guider par elle On se rappellera par ailleurs du self righting process de Milton et de la main invisible de Adam Smith qui devaient parvenir guider le syst me m diatique dans la bonne voie et agencer pour le mieux les int r ts des individus en l absence de toute r gulation ext rieure Or ces id es optimistes ont avec le temps perdu la confiance des intellectuels et de la soci t en g n ral But somewhe
76. construite sur la base de ces d sillusions Les penseurs de la th orie de la responsabilit sociale sont beaucoup moins optimistes que ceux de la th orie lib rale quant la nature de l homme Celui ci n est plus consid r comme tant motiv de fa on inn e chercher la v rit et s en servir comme d un guide et ce bien qu il soit dou de raison En fait on pr sente l homme comme tant davantage motiv satisfaire ses besoins et ses d sirs personnels qu chercher tout prix la v rit Siebert Peterson et Schramm 1963 p 100 Under the social responsibility theory man is viewed not so much irrational as lethargic He is capable of using his reason but he is loath to do so Siebert Peterson et Schramm 1963 p 100 Il ny aurait donc pas syst matiquement une force l uvre en chaque individu le poussant vers la v rit au contraire nous dit Peterson c est plut t une force d inertie une paresse qui le maintient dans un tat de conformit non r fl chie unthinking conformity Cela a pour cons quence de rendre les individus plus vuln rables et moins enclins questionner les id es qu ils re oivent His mental faculties have become stultified and are in danger of atrophy Siebert Peterson et Schramm 1963 p 100 Cette conception plus n gative de l homme aura d importantes cons quences sur les exigences formul es envers les m dias Si les individus ne sont plus les chasseurs
77. contre la diffamation ou le refus de la publication de mat riel obsc ne Aussi il fut convenu aux tats Unis que la libert d expression pouvait tre limit e en temps de guerre ou d urgence lorsque ia situation repr sentait a clear and present danger Siebert Peterson et Schramm 1963 p 58 Mais jusqu o la r gulation peut elle aller pour r pondre aux besoins d harmonie et de s curit de la soci t sans museler cette libert n cessaire au choc entre les id es La question reste ouverte Toutefois dans la th orie lib rale le fardeau de la preuve revient aux tenants de la limitation la libert de la presse Siebert Peterson et Schramm 1963 p 99 De la m me fa on que les individus sont consid r s comme innocents jusqu preuve du contraire toute intervention ou toute l gislation dans le syst me m diatique lib ral est consid r e comme mauvaise jusqu ce que l vidence le d mente Les fonctions des m dias en d mocratie L mergence de la presse libre s inscrit dans le large mouvement du d veloppement des id es lib rales d individualisme et de libert en face de l arbitraire du pouvoir absolu Cela a profond ment influenc les fonctions attribu es aux m dias par la 10 11 est n cessaire de rappeler que les questions de la moralit publique et de ce qui est consid r comme du mat riel obsc ne ou ind cent se posent diff remment aujourd hui qu l poque o Siebert r dige la
78. dienne les exigences sociales et d mocratiques Ils ont 56 pens qu en pratique les m dias allaient accepter d tre responsables ne serait ce que pour viter que l tat ne vienne s ing rer dans leurs affaires Mais ils ont aussi envisag la possibilit que les m dias ne collaborent pas ou ne parviennent pas spontan ment r pondre aux grands besoins m diatiques de la soci t Dans le cas o les m dias ignoreraient les exigences de responsabilit sociale comme dans celui o ils ne parviendraient pas y r pondre les penseurs de la responsabilit sociale croient possible de rem dier la situation par des actions provenant soit des m dias soit du public soit de l tat ou encore par les actions combin es de toutes ces parties La nomenclature des actions possibles de responsabilisation du milieu m diatique est notre avis constamment sujette changement Ces actions ne connaissent selon nous que la limite de notre capacit en imaginer de nouvelles et voluent en m me temps que le milieu m diatique D ailleurs Peterson disait au sujet de la TRS qu il tait trop t t pour discerner sa forme d finitive full blown form Siebert Peterson et Schramm 1963 p 103 Il tait aussi trop t t pour envisager toutes les solutions possibles Actions issues du milieu m diatique C est d abord au sein du milieu m diatique que les tenants de la responsabilit sociale souhaitent retrouver les initiatives pour as
79. dividuellement et collectivement l oppos de notre int r t commun Cette avenue est consid rer s rieusement dans la mesure o notre soci t ne peut sans en payer le prix accepter que les m dias ignorent leurs responsabilit s Pour construire nos id es et nos valeurs pour faire des choix clair s en tant au individu ou en tant que collectivit pour transformer le monde dans lequel on vit nous sommes tributaires de la presse qui doit r ussir le tour de force d tre la fois libre et responsable Libre parce que sans la libert on ne peut plus parler de d mocratie r gime imparfait mais n anmoins prot ger et perfectionner Responsable parce que la presse est aujourd hui devenue un gigantesque r seau de m dias de masse et que son ampleur lui conf re un grand pouvoir sur l avenir de nos soci t s Car plus long terme si la tendance n est pas redress e il appara t difficile de prot ger et de d velopper une culture de l information critique pourtant n cessaire l existence d une r elle d mocratie Si une soci t compos e d une lite clair e et d une masse divertie ne correspond pas ce que nous souhaitons il semble n cessaire que nous refassions le pari d mocratique Le pari qu un peuple peut par l ducation et les lumi res de chaque citoyen arriver mieux d fendre les int r ts de chacun Le pari que l information bien public immat riel permet chacun d tre acteur et no
80. e l esprit des penseurs lib raux Si ce ne sont pas les m dias commerciaux qui s en chargent on juge tout fait l gitime que des m dias but non lucratif ou de propri t publique viennent compl ter le paysage m diatique Un autre lieu de divergence entre les th ories lib rale et de la responsabilit sociale de la presse est celui de la libert d expression La logique est sensiblement la m me 40 que pour la libert de la presse Dans la th orie traditionnelle accorder la libert est suffisant pour garantir qu elle sera utilis e Au contraire dans la TRS il ne faut pas seulement accorder la libert d expression il faut exiger des individus qu ils s expriment La libert d expression est ici envisag e comme un droit moral qui comprend sa contrepartie d obligation et non comme dans la th orie lib rale un droit naturel n impliquant en retour aucun devoir Siebert Peterson et Schramm 1963 p 96 Comme nous l avons vu on consid re dans la th orie lib rale que les individus allaient spontan ment mettre profit leur libert d expression et exprimer toutes leurs id es en argumentant avec les autres Or la d sillusion concernant la nature de l homme qui est plut t envisag comme un tre paresseux a incit la Commission Hutchins exiger des individus qu ils expriment leurs id es If a man is burdened with an idea says the Commission he not only desires to express it he ought to express it He
81. e la profession de journaliste a attir de plus en plus de gens d ducation et de principes qui ont tabli des normes lev es pour la profession Joseph Pulitzer aujourd hui connu notamment par le prestigieux prix qui porte son nom indique en 1904 que seuls les plus hauts id aux la plus scrupuleuse anxi t agir correctement la connaissance la plus pr cise des probl mes rencontr s et un sens sinc re de responsabilit morale sauveront le 44 journalisme d un asservissement aux int r ts commerciaux qui ne poursuivent que des fins go stes s opposant au bien tre public Siebert Peterson et Schramm 1963 p 83 C est partir de l que furent labor s les premiers codes de d ontologie professionnelle du journalisme et que les m dias ont commenc reconna tre les exigences de leur responsabilit devant la communaut Ce faisant dit Peterson le milieu journalistique de l poque a sem les graines d une th orie coh rente de la responsabilit sociale de la presse Siebert Peterson et Schramm 1963 p 83 Les volutions dont nous venons de traiter ont favoris l mergence des id es de responsabilit sociale des m dias envers la soci t Ces volutions sont troitement interreli es non seulement entre elles mais encore avec la s rie de critiques ayant t faites la presse am ricaine de la premi re moiti du XX si cle critiques que nous pr senterons rapidement dans la partie qu
82. e compte tenu des particularit s du milieu m diatique dans les soci t s d inspiration lib rale les bonnes intentions des m dias ne suffisent pas garantir la qualit du service m diatique Les m dias doivent s engager formellement tre responsables la soci t doit s assurer qu ils le sont effectivement et pour cela exiger d eux des comptes D ou le fait que la Commission parle d une libert imputable de la presse Freedom of the press for the coming period can only continue as an accountable freedom Leigh 1947 p 19 Notons au passage que le terme accountability d tient en anglais plusieurs sens reli s mais toutefois distincts Ce mot renvoie autant l id e de responsabilit qu celles de rendre compte et 15 Tant en France qu en Am rique du Nord on consid re qu il y a service public chaque fois que la collectivit estimant qu une t che ou fonction ne peut tre laiss e totalement l initiative priv e d cide d y pourvoir par l interm diaire d une entreprise d Etat ou d en laisser la gestion l entreprise priv e tout en intervenant par voie r glementaire afin de sauvegarder ce qui para t tre l int r t public Trudel 1981 342 fs Ces cinq fonctions seront pr sent es plus loin dans ce chapitre 49 d imputabilit Cette meilleure connaissance du terme anglais aide prendre la mesure de son exigence En effet l id e d accountability est en anglais pl
83. e dans un libre march o les id es et l information peuvent circuler librement l abri de la censure Le meilleur garde fou contre les d rapages ou les abus des diff rents pouvoirs r side dans la reconnaissance d une libert de presse absolue qui en retour permet d atteindre a v rit Siebert Peterson et Schramm 1963 p 3 4 Cette conception de la presse ainsi que le syst me politique et social qui lui donne lieu s est largement implant e aux tats Unis et en Grande Bretagne Elle y est demeur e solidement enracin e jusqu au XX si cle o elle fut remise en question notamment par les conclusions de la Commission sur la libert de la presse la Commission Hutchins Siebert Peterson et Schramm 1963 p 4 l poque o Siebert r dige ces lignes le lib ralisme au sens large re oit cependant encore largement l adh sion de la plupart des soci t s except for the countries under Communist domination most nations at least theoretically have based their social and political organizations on the theories of liberalism Siebert Peterson et Schramm 1963 p 39 C est donc moins le lib ralisme qui sera remis en question par la Commission Hutchins que le syst me m diatique qu il a engendr aux tats Unis Les principes philosophiques la base du lib ralisme _ De fa on comprendre la th orie lib rale de la presse il importe de pr senter les principes la base du syst me philosophique qui la sup
84. e de propri t et la qualit de l information Les m dias ind pendants seraient plus ax s vers le service public alors que les conglom rats seraient orient s vers le rendement Quant aux cha nes de journaux non ind pendants mais ne faisant pas partie d un plus grand groupe elles se situeraient entre les deux Raboy 2000 p 84 Cette logique constitue une menace importante la responsabilit sociale la recherche du profit maximal risque ainsi de r duire toute diversit sur le plan culturel et tout contenu ou toute forme non rentable Raboy 2000 p 89 Ainsi la grande taille des entreprises m diatiques peut constituer un obstacle la responsabilit sociale par le fait qu elle incite les m dias adopter une logique marchande et orient e vers les profits Le corollaire de l augmentation de la taille des entreprises m diatiques est la concentration de la propri t Plus les entreprises croissent en acqu rant de nouveaux m dias ou des cha nes de m dias plus le niveau de la concentration est lev Pour la responsabilit sociale cela ajoute une nouvelle difficult Continuing concentration has the potential of reducing the incentive for social responsibility by taking decision makers farther from local affairs elevating business considerations over social and journalistic values and further aligning media managers with the power class institutions of business and government Lichtenberg 1990 p 190
85. e la Commission loin d exclure le public de la r flexion et de l action dans une optique litiste cherchaient plut t lui donner une voix r elle au chapitre Il nous semble ainsi que les reproches concernant l arrogance ou l litisme de la d marche de la Commission Hutchins ne sont pas justifi s Cependant il est possible de comprendre autrement la critique concernant l litisme de la Commission Hutchins Merrill s oppose l id e qu un groupe ext rieur aux m dias d termine de fa on unilat rale les crit res de responsabilit Une volont d am liorer la qualit des m dias sans tenir compte de l avis des principaux int ress s minerait d entr e de jeu les chances d y parvenir Mais puisque les m dias n ont pas fait la preuve qu ils pouvaient tre d embl e responsables au sens de la TRS il est primordial que leur pouvoir soit minimalement encadr et orient par la soci t civile en vue de l int r t g n ral ce titre nous aurions int r t nous inspirer des m canismes d imputabilit ayant pour but de baliser le pouvoir des m dias propos s par certains penseurs de l thique m diatique comme Marc Fran ois Bernier ou Claude Jean Bertrand Merrill critique enfin le fait que la TRS ouvre toute grande la porte une intervention d une entit ext rieure dans les affaires des m dias et notamment un contr le tatique Cependant il nous semble que le caract re d mocratique des
86. e la place des autres m dias priv s ou diriger leur contenu il doit tenter de rendre le service m diatique le plus complet et vari possible Leigh 1947 p 128 Par ailleurs puisqu on consid re dans la TRS que les m dias offrent un service public essentiel il est de la responsabilit de l tat de voir ce que ce service soit bel et bien rendu Rappelons que la Commission compare ce service celui rendu par les coles priv es l tat est le garant de la qualit du service et il n intervient que si le public n est pas servi ad quatement Leigh 1947 p 126 62 Nous tenons mettre en lumi re que la th orie de la responsabilit sociale envisage l action gouvernementale parcimonieuse et limit e comme tant un possible alli des citoyens et de la d mocratie Une action gouvernementale d mocratique balis e et circonscrite n est plus consid r e dans la TRS comme l ing rence inadmissible de la th orie traditionnelle CONCLUSION Ce second chapitre nous aura donn l occasion de pr senter la th orie de la responsabilit sociale des m dias dans sa version originale telle qu elle fut labor e aux tats Unis suite aux nombreuses critiques auxquelles la presse industrialis e et les nouveaux m dias de l apr s guerre ont d faire face L id e de responsabilit sociale de la presse voulait r pondre aux carences et aux exc s qui semblaient tre dus l incapacit du r gime de presse lib ral
87. elle de 1989 parce qu elle permettait mieux de saisir l essentiel de la position philosophique lib rale ou libertaire au sujet de la responsabilit sociale de la presse 79 therefore should be anathema to libertarians Merrill 1974 p 80 Comme d autres lib raux ont pu l affirmer avant lui Merrill consid re qu il vaut mieux tol rer les carts ou les abus d coulant d une plus grande libert que de limiter la libert de l ensemble des individus It seems to me however that it would be better that a society tolerate the small amount of harm it might suffer from those of its members who are harmed by too much freedom than to protect them at the expense of the general freedom among all the citizens Merrill 1974 p 96 Cela ne l emp che pas de reconna tre et d accepter un type de responsabilit celle de l individu choisie par l individu Toute autre forme de responsabilit est une entrave la libert individuelle The only obligations acceptable to the free man are those which he chooses to place on himself and when journalists abide by obligations and responsibilities under any kind of pressure or duress or because they have been led by an outside force to believe that a course of action is what good and responsible journalists do then they are no longer free Merrill 1974 p 80 Merrill critique grandement le fait que des individus uvrant l ext rieur du milieu m diatique puissent indiquer aux
88. en mettant en lumi re des informations pertinentes qui autrement seraient rest es cach es La TRS ajoute ainsi un droit suppl mentaire la th orie lib rale o l on croyait qu en prot geant la libert d expression toutes les informations et les id es allaient tre publiquement mises Puisque ce ne fut pas le cas notamment quant la transparence de l tat la TRS affirme ce droit du public l information et exige des m dias qu ils s assurent de le rendre effectif Siebert Peterson et Schramm 1963 p 91 92 La Commission consid re que ces cinq fonctions peuvent et doivent tre bon droit exig es des m dias par la soci t Leigh 1947 p 28 C est partir de cet id al m diatique que la Commission valuera la qualit des m dias am ricains de l poque et qu elle en arrivera un constat d chec relatif entre l id al th orique et la pratique 99 Bien que nous ne pr sentions pas le portrait d taill de la presse am ricaine de l apr s guerre nous garderons l esprit qu elle ne parvenait alors pas remplir ad quatement les mandats d termin s par la Commission et ce m me si elle y adh rait en th orie Siebert Peterson et Schramm 1963 p 92 En vue d am liorer concr tement la qualit des performances du syst me m diatique la Commission s est pench e sur diff rentes avenues pouvant inciter ou contraindre les m dias la responsabilit Selon elle trois parties sont concern es pa
89. enne de la libert de presse s inscrit la fois dans l esprit des Lumi res et dans l esprit individualiste du lib ralisme Dans l esprit des Lumi res parce qu elle met l accent sur la n cessaire ducation du peuple et dans l esprit lib ral parce qu elle tend limiter l intervention de l tat au profit de la libert de chacun poursuivre son int r t personnel Bien que ces deux courants aient pu s opposer dans l histoire de la philosophie les Lumi res et le lib ralisme semblent aller de pair chez Jefferson l un concourant l autre La th orie lib rale de la presse retiendra de Jefferson l id e que la Les id es de Jean Jacques Rousseau par exemple quoiqu elles soient profond ment enracin es dans la tradition des Lumi res ne sont gu re compatibles avec le lib ralisme et son individualisme 16 presse doit clairer les individus ainsi que surveiller et critiquer sans cesse le gouvernement C est l id e bien connue depuis de la presse comme chien de garde de la d mocratie et des droits et libert s devant la tendance naturelle pr sum e des gouvernants abuser de leur pouvoir Elle retiendra aussi que cela aura le plus de chances d tre r alis dans un environnement o l tat intervient le moins Les arguments de John Stuart Mill r dig s au XIXe si cle sont bien s r empreints d utilitarisme dont la logique de base consiste chercher le plus grand bonheur pour le plus grand nombre Pour
90. er en quoi elle constitue toujours un id al valable vers lequel les soci t s d mocratiques devraient tendre Le but de ce m moire est de clarifier et de promouvoir cet id al non d indiquer la marche suivre pour y arriver Plan et m thode Le premier chapitre pr sentera la th orie lib rale de la presse et le syst me m diatique qu elle met de l avant de fa on mieux saisir l originalit de la TRS En effet afin de comprendre le contexte dans lequel a merg l id e de la responsabilit sociale des m dias il importe de pr senter le syst me contre lequel elle s est d velopp e Car la TRS n a pas t pens e ind pendamment de toute autre conception du statut et des fonctions des m dias elle s est d velopp e en r action au syst me m diatique lib ral envers lequel elle exprimait un certain nombre de dol ances Dans le second chapitre nous pr senterons la version initiale de la th orie de la responsabilit sociale de la presse telle qu elle fut labor e par Theodore Peterson en s inspirant des conclusions de la Commission Hutchins Theodore Peterson affirme que la th orie lib rale de la presse du moins dans sa forme la plus pure est devenue obsol te Siebert Peterson et Schramm 1963 p 103 et que la libert de la presse ne peut plus tre consid r e comme un droit absolu tel qu on le d fend dans la th orie lib rale Siebert Peterson et Schramm 1963 p 97 La presse a le devoir remplir ce
91. er le plus possible une telle situation De leur c t devant deux quotidiens diff rents les citoyens consommateurs peuvent d cider de ne pas d bourser davantage pour des m dias de qualit ou des m dias sp cialis s en se contentant des m dias commerciaux moins co teux ou qui offrent les avantages combin s d une information l g re et d un divertissement garanti Ou encore m me si le prix n est pas un crit re pour certains clients le fait que la lecture d un journal s rieux soit plus exigeante et moins spectaculaire peut inciter un nombre de lecteurs potentiels acheter le journal plus l ger en se disant que d autres citoyens se chargeront bien d tre vigilants et critiques Ainsi les m dias plus sp cialis s ou plus s rieux bien qu ils soient de qualit ne parviennent pas survivre ou se d velopper faute de clients et par l de recettes publicitaires Par cons quent toute la soci t se voit priv e d un apport important en information tant l information existante que l information de chaque citoyen Par ailleurs les citoyens qui seraient int ress s par ce genre de m dias doivent ou bien s en priver ou bien payer un co t important pour y avoir acc s ce qui ne constitue pas ST Voir chapitre 3 116 un incitatif s informer de mani re responsable II y a donc de multiples int r ts contradictoires en jeu qui expliquent la tendance ne pas maximiser l utilisation d
92. ert de la presse sont importants plus cette entit doit tre responsable compte tenu de son influence et de sa port e sur la soci t La soci t civile est en droit d avoir son mot dire sur le pouvoir des m dias car leurs choix et leurs actions d tiennent une grande influence sur la soci t et son avenir La libert de la presse n est pas consentie par la soci t pour cr er une cat gorie d entreprises privil gi es qui l utiliseraient sans gard au service public qu elles doivent rendre Les m dias ne doivent pas tre per us en premier lieu comme une source de profits et n ont pas n cessairement g n rer de grands revenus Bien entendu la responsabilit sociale ne signifie pas qu il faille refuser les profits Cela signifie que l entreprise de presse doit hi rarchiser ses valeurs de fa on telle que la rentabilit ne passe pas devant la mission de service public 7 8 106 De la m me fa on que les soci t s d mocratiques ont des gouvernements responsables c est dire qui doivent rendre des comptes aux citoyens et parce que l imputabilit est le prix du pouvoir en d mocratie les m dias doivent s engager formellement tre responsables devant la soci t Ce faisant ils doivent tre pr ts rendre des comptes aux citoyens Advenant l chec des m canismes d autor glementation la soci t civile est en droit par le biais du pouvoir public de prendre des mesures favoris
93. es fonctions des m dias en soci t Toutefois dans la mesure o notre int r t nous porte tudier les fonctions des m dias en tant qu institution contribuant la d mocratie nous n aborderons ni la th orie autoritaire ni sa version communiste sovi tique Cela parce 1 Ci apr s Four Theories Th orie lib rale de la presse th orie autoritaire de la presse th orie de la responsabilit sociale de la resse th orie communiste sovi tique de la presse The authoritarian libertarian social responsibility and soviet communist concepts of what the press should be and do que la question qui nous int resse n est pas celle du r le des m dias dans n importe quelle soci t mais bien dans les soci t s d mocratiques Pertinence de la recherche Bien que la grande majorit des ouvrages consacr s la libert de la presse ou l thique des m dias fassent r f rence la th orie de la responsabilit sociale de la presse rares sont ceux qui s y attardent en d tail Du point de vue pr sent le plus souvent la TRS telle qu elle fut labor e l origine ne conserve qu une valeur historique elle est une tape majeure mais historiquement dat e dans l volution de l thique m diatique Certes il est vrai que les contextes politique conomique et social ont beaucoup volu depuis les ann es cinquante ce qui remet en cause l utilit de la TRS dans sa version initiale pour comp
94. es mandats d une telle agence de surveillance de la qualit m diatique sont l image de la th orie de la responsabilit sociale en g n ral ils sont fort exigeants Cela d montre le s rieux avec lequel les m dias et le public doivent prendre en mains l tablissement d un service m diatique de qualit Les soci t s d mocratiques modernes ont d importants besoins communicationnels et doivent voir ce qu ils soient combl s La responsabilit premi re revient aux m dias mais le public doit aussi assumer la sienne Actions Issues du gouvernement Le r le du gouvernement comme nous l avons vu pr c demment est envisag par la Commission de fa on positive Though we may like to think of government merely as a policeman we know that it does play a positive role at many points in our society and that in any highly industrialized society it must do so Leigh 1947 p 81 Celui ci peut faciliter l entr e de nouveaux venus dans le champ des communications ou encore y entrer lui m me La Commission consid re qu il n est pas dangereux pour la libert de la presse que le gouvernement participe aux communications de masse Que ce soit pour d fendre ses propres positions pour compl ter le paysage m diatique priv ou pour donner l exemple en se fixant des standards lev s le gouvernement peut d marrer ses propres m dias Leigh 1947 p 81 p 89 Cependant le gouvernement ne doit pas par ses actions chercher prendr
95. es medias au Qu bec Tome 2 probl matique recherche et consultations Rapport du Comit conseil sur la qualit et la diversit de l information 71 p SCHWOEBEL Jean 1968 La presse le pouvoir et l argent Paris Seuil 297 p S MINAIRE M DIAS ET VIE D MOCRATIQUE 2002 S minaire tenu Qu bec le 1 novembre 2002 Sainte Foy Centre d tudes sur les m dias Qu bec 150 p SIEBERT Fred S Theodore PETERSON Wilbur SCHRAMM 1963 Four Theories of the Press The Authoritarian Libertarian Social Responsibility and Soviet Communist Concepts of What the Press Should Be and Do Chicago University of Illinois Press 1 dition 1956 153 p SMITH Adam 1976 Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations 17 76 Paris Gallimard 445 p TOCQUEVILLE Alexis de 1963 De la d mocratie en Am rique Paris Union G n rale d ditions 378 p TRUDEL Pierre et autres 1981 Le droit l information mergence reconnaissance mise en uvre Montr al Presses de l Universit de Montr al 454 p TRUDEL Pierre 1994 L int r t public en droit fran ais et qu b cois de la communication dans L int r t public Principe du droif de la communication Actes du colloque franco qu b cois 19 20 et 21 septembre Paris Victoires Editions p 179 189 VOYENNE Bernard 1962 La presse dans la soci t contemporaine Paris Colin 366 p 135 VOYENNE Bernard 1970 Le d
96. esses Leigh 1947 p 27 Plus concr tement cela signifie que si par exemple une tude sur les habitudes des personnes b n ficiant de l aide sociale r v le l existence d abus les m dias devraient la diffuser mais sans tomber dans le sophisme de la g n ralisation h tive ou la stigmatisation de l ensemble des individus du groupe en question La m me logique s applique pour tous les groupes femmes personnes g es d linquants etc et toutes les communaut s arabe juive italienne fran aise etc La quatri me fonction qui revient aux m dias est d exposer et de clarifier les buts de la soci t ainsi que les valeurs qui y sont pr sentes Siebert Peterson et Schramm 1963 p 91 Leigh 1947 p 27 Dans le m me ordre d id es que pour la fonction pr c dente les m dias doivent offrir un portrait r aliste des v nements et des forces qui militent en faveur de l atteinte de buts sociaux ou contre ceux ci La fonction ducative des m dias laquelle nous faisions r f rence pr c demment appara t clairement dans ce contexte The agencies of mass communication are an educational instrument perhaps the most powerful there is and they must assume a responsibility like that of educators in stating and clarifying the ideals toward which the community should strive Leigh 1947 p 27 28 Il s agit en quelque sorte de prendre le pouls id ologique de la population et de lui permettre d en prendre conscience
97. est tir e de Heath 2002 p 91 Nous sommes parfaitement conscient que la situation est beaucoup plus complexe que cette pr sentation sch matique le laisse croire Nous croyons tout de m me que cette simplification peut contribuer la compr hension de la situation 118 comme les individus ne sont pas uniquement des citoyens concern s par les affaires publiques comme l information exige des investissements en argent en temps et en nergie et malgr le fait que tous aient int r t vivre dans une soci t inform e et critique il existe bel et bien un paradoxe de l action collective en mati re d information Une tendance ou une tentation au nivellement vers le bas qu il nous faut refuser individuellement et contre laquelle de nombreux artisans de l information luttent tous les jours Mais de la m me mani re que pour le syndicalisme ou les dispositifs anti pollution nous avons int r t nous contraindre parce qu il est trop facile de se contenter de peu si la contribution l information de qualit reste optionnelle Nous contraindre supporter les m dias ind pendants exiger plus des m dias de masse encourager les actions m diatiques responsables etc Et si nous avons l impression individuellement que nous pouvons nous contenter de peu en mati re d information nous am nagerons pour l avenir un espace pour un despotisme doux ou pour une servitude volontaire au choix CONCLUSION
98. et libert de la presse p 13 Les fonctions des m dias en d mocratie p 18 Recherche de la v rit et r solution des probl mes sociaux Etre les chiens de garde de la d mocratie Faire vendre par la publicit Education du peuple et autres fonctions Le statut des m dias dans la soci t p 22 Accessibilit des m dias p 24 CONCLUSION p 25 CHAPITRE 2 EN R ACTION LA PRESSE LIB RALE LA TH ORIE DE LA RESPONSABILIT SOCIALE p 27 Gen se de la TRS p 28 Les volutions la source de l exigence de responsabilit p 32 Contexte m diatique les d buts du big business Nouveaux besoins de la soci t volution du climat intellectuel volution des pratiques journalistiques Les critiques la source de l exigence de responsabilit p 44 _ La responsabilit sociale des m dias p 46 Les fonctions des m dias dans les soci t s d mocratiques p 47 Que faire en cas d irresponsabilit p 55 Actions issues du milieu m diatique Actions issues du public Actions issues du gouvernement CONCLUSION p 62 iji CHAPITRE 3 DISCUSSION CRITIQUE DE LA TRS p 64 La TRS th orie inefficace p 65 La TRS un paravent universel p 70 R ponse La TRS au service du big business p 73 R ponse La TRS une menace pour la libert p 78 R ponse La TRS une th orie vide de sens p 86 R ponse Les principaux obstacles l application de la TRS p 89 La TRS devant le double statut des entreprises m d
99. eu par le milieu lui m me La Commission Hutchins avait bon espoir que l autor glementation r ussisse corriger les d fauts inh rents au syst me m diatique lib ral sans avoir recourir une intervention ext rieure aux m dias Or cette autor glementation est de plus en plus enracin e dans les pratiques journalistiques non seulement aux tats Unis mais 22 C est nous qui soulignons Cette autor glementation est aujourd hui polymorphe conseils de presse codes de d ontologie journalistique bureaux d ombudsman associations professionnelles de journalistes m tajournalisme etc Pour plus d information voir Marc Fran ois Bernier 1998 69 aussi dans les autres pays occidentaux ce qui peut laisser croire que la TRS est bel et bien int gr e aux pratiques m diatiques Mais il faut viter de faire l ad quation entre la th orie de la responsabilit sociale et l autor glementation Cette derni re n est qu une premi re tape dans l application de la TRS Nous soutenons que si l autor glementation le principal mais trop souvent le seul l ment retenu lorsqu on parle de responsabilit sociale a montr ses limites i n en est rien avec la th orie de la responsabilit sociale Certes l autor glementation tait la meilleure solution ou encore la solution pr f r e de la Commission Hutchins Toutefois la critique disant que la TRS est inefficace sur la base de l chec de l autor glement
100. eugle dans les capacit s des individus qui sont dor navant plus impuissants devant les forces du march m diatique La TRS se distingue aussi de la th orie traditionnelle au niveau de la conception de la libert Avec ce qui pr c de nous comprenons que les penseurs lib raux avec leur confiance absolue dans les capacit s de l homme ont voulu lui am nager la part de libert individuelle la plus grande possible Cette libert individuelle qui allait tre maximis e par les individus allait concourir en bout de piste au bien de l ensemble de la soci t Par ailleurs la libert telle qu nonc e dans le lib ralisme est une libert n gative et individuelle In sum negative liberty consisted of leaving the individual free to work out his own destiny Siebert Peterson et Schramm 1963 p 93 C est une libert comprise en tant qu absence d obstacles ou de contraintes freedom from external restraint Bien que les penseurs de la TRS ne rejettent pas la libert n gative du lib ralisme ils la consid re comme tant insuffisante et inefficace 2 Voir Chapitre 2 p 32 34 39 Negative liberty according to this view is an empty liberty it is like telling a man that he his free to walk without first making sure that he is not crippled Siebert Peterson et Schramm 1963 p 93 94 Ainsi la libert doit tre effective selon les penseurs de la responsabilit sociale qui soutiennent au contraire des li
101. eut le droit l information qui fait partie des droits conomiques et sociaux Trudel 1981 p 259 Ce faisant il ne s agit pour l instant que d un objectif vers lequel doit id alement tendre l tat dans la mesure de ses moyens et cela sans aucune obligation l gale Trudel 1981 p 266 Le droit du public l information est distinguer de la th orie de la responsabilit Sociale parce qu il s nonce sur le plan juridique alors que cette derni re pr sente un id al philosophique politique et social de ce que devraient tre et faire les m dias dans les soci t s d mocratiques Pour approfondir le sujet du droit du public l information voir notamment Voyenne 1970 Trudel 1981 Cornu 1997 Le terme juridique signifie ce qui se rapporte au droit et qui traite du droit alors que l adjectif l gal s emploie pour signifier ce qui r sulte de la loi ce qui est conforme la loi ou ordonn par celle ci Huard 15 novembre 2000 Ces deux notions se rejoignent cependant en un point si une intervention de l tat s av re n cessaire pour assurer la responsabilit sociale elle devra tre justifi e au plan juridique au nom du droit du public l information Sur le plan juridique parce que du point de vue philosophique la th orie de la responsabilit sociale pr sente son propre argumentaire en faveur d une intervention tatique Philosophiquement parlant la th orie de
102. exc s des m dias de l poque Les conclusions de cette commission ont vu le jour dans un document intitul Free and Responsible Press qui annonce par son titre le nouvel objectif la responsabilit sociale de la presse En 1956 cet appel la responsabilit m diatique s est vu th oris par trois universitaires am ricains Fred Siebert Theodore Peterson et Wilbur Schramm dans l ouvrage intitul Four Theories of the Press ayant donn naissance une importante vague de remises en question du journalisme aux tats Unis Cet ouvrage pr sente diff rentes th ories du r le et du statut des m dias au sein de la soci t offrant ainsi plusieurs mod les normatifs des pratiques m diatiques Parmi ces quatre th ories c est surtout la th orie de la responsabilit sociale TRS qui a retenu l attention des milieux journalistiques et universitaires tant aux tats Unis qu travers le monde C est l tude de cette th orie sa discussion et son actualisation que se consacrera notre m moire Les th ories de la presse pr sent es dans Four Theories peuvent tre qualifi es de th ories normatives AU contraire des th ories uniquement descriptives ou explicatives ces th ories normatives cherchent d finir ce que la presse devrait tre et ce que la presse devrait faire tel que l indique le sous titre de l ouvrage Les quatre th ories pr sentent ainsi autant de r ponses distinctes la question du statut et d
103. h practitioners and analysis by its staff to help the press define workable standards of performance a task on which our Commission has attempted a beginning Pointing out the inadequacy of press service in certain areas and the trend toward concentration in others to the end that local communities and the press itself may organize to supply service where it is lacking or to provide alternative service where the drift toward monopoly seems dangerous Inquiries in areas where minority groups are excluded from reasonable access to the channels of communication Inquiries abroad regarding the picture of American life presented by the American press and co operation with agencies in other countries and with international agencies engaged in analysis of communication across national borders Investigation of instances of press lying with particular reference to persistent misrepresentation of the data required for judging public issues Periodical appraisal of the tendencies and characteristics of the various branches of the communication industry Continuous appraisal of governmental action affecting communications Encouragement of the establishment of centers of advanced study research and criticism in the field of communications at universities Encouragement of projects which give hope of meeting the needs of special audiences The widest possible publicity and public discussion on all the foregoing Leigh 1947 p 101 102 61 L
104. hent l erreur de n offrir aucune alternative v ritable Nerone 1995 p 7 la limite les auteurs remettent en question la TRS en disant qu il ne s agissait peut tre que d une volont de faire de meilleures affaires sur le plan conomique compte tenu de la vive critique que rencontraient les m dias d alors et non d une impulsion pour un v ritable changement social Nerone 1995 p 83 p 101 Les auteurs de Last Rights vont m me plus loin et consid rent que l id e d une presse libre au service de la soci t pr sent e notamment dans la th orie de la responsabilit sociale mavait pour but que de justifier un ordre conomique servant les int r ts conomiques des entreprises de presse The myth of free press in the service of society exists because it is in the interest of media owners to perpetuate it Four Theories seems to explore this myth actually it provides an intellectual ratification of t Nerone 1995 p 29 Autrement dit la bonne volont manifest e par les m dias telle que la pr sentaient Peterson et la Commission Hutchins ne serait qu une feinte commode permettant aux m dias de mieux profiter du syst me conomique capitaliste Le fait que la th orie de la responsabilit sociale de la presse ait t tiquet e comme un lib ralisme par les auteurs de Last Rights venait non seulement lui 75 enlever son originalit pr tendue en face de la th orie lib rale de la pre
105. houn dir 1991 Global Journalism Survey of International Communication 2e dition New York Longman 1 edition 1983 401 p MONTESQUIEU Charles de Secondat baron de 1979 De l esprit des lois I Paris Garnier Flammarion 507 p 134 NERONE John C dir 1995 Last Rights Revisiting Four Theories of the Press Urbana Urbana University of lilinois Press 205 p OLSON Mancur 1987 Logique de l action collective 2 dition Paris Presses universitaires de France 200 p PIGEAT Henri 1997 M dias et d ontologie R gles du jeu ou jeu sans r gles Paris Presses universitaires de France 336 p RABOY Marc 2000 Avec la collaboration de Genevi ve Grimard Les m dias qu b cois presse radio t l vision inforoute 2 dition Boucherville QC G Morin 409 p SAINT JEAN Armande 2002a thique de l information Fondements et pratiques au Qu bec depuis 1960 Montr al Presses de l Universit de Montr al 304 p SAINT JEAN Armande 2002b Quand la logique marchande pr domine M dias et vie d mocratique S minaire tenu Qu bec le 1 novembre 2002 Sainte Foy Centre d tudes sur les m dias p 123 129 SAINT JEAN Armande 2003a Les effets de la concentration des m dias au Qu bec Tome 1 Analyse et recommandations Rapport du Comit conseil sur la qualit et la diversit de l information 30 p SAINT JEAN Armande 2003b Les effets de la concentration d
106. i suit Les critiques la source de l exigence de responsabilit D importantes remises en question et critiques ont t formul es envers les m dias partir de la deuxi me moiti du XIX si cle au moment o la presse s est industrialis e et est devenue gigantesque Siebert Peterson et Schramm 1963 p 78 Nous pr senterons bri vement les principales critiques recens es dans la TRS en gardant l esprit que ces critiques sont troitement li es aux volutions dont nous avons pr c demment trait S il est difficile de d terminer avec pr cision les critiques la source des volutions et les volutions la source des critiques il demeure n anmoins clair que toutes ont globalement contribu la mise en place de la th orie de la responsabilit sociale de la presse Peterson num re sept axes par lesquels la presse a t critiqu e 1 The press has wielded its enormous power for its own ends The owners have propagated their own opinions especially in matters of politics and economics at the expense of opposing views 45 2 The press has been subservient to big business and at times has let advertisers control editorial policies and editorial content 3 The press has resisted social change 4 The press has often paid more attention to the superficial and sensational than to the significant in its coverage of current happenings and its entertainment has often been lacking in substance 5 The pres
107. iale de la presse ne soit pas la seule source des critiques faites la th orie lib rale elle pr sente l avantage de r unir au sein d une position d taill e et coh rente les principales critiques ayant t faites la presse lib rale Certaines positions et certains principes du lib ralisme quoique attrayants par leur simplicit et leur clart avaient besoin d tre remis en question suite l volution des contextes politiques conomiques sociaux et culturels des soci t s d mocratiques modernes 27 CHAPITRE 2 EN R ACTION LA PRESSE LIB RALE LA TH ORIE DE LA RESPONSABILIT SOCIALE Les m dias du XX si cle ne sont plus ce qu ils taient aux XVIII ou au XIX si cle No longer was the typical pattern a multiplicity of small media units representing different political viewpoints from which the reader could select Siebert Peterson et Schramm 1963 p 4 Tant que la presse tait d tenue par une multiplicit de petits propri taires les tenants de la th orie lib rale pouvaient bon droit soutenir qu il n y avait pas de danger accorder la presse la plus grande libert possible Toutefois les m dias ont acquis au cours du XX si cle suffisamment de puissance et d ampleur pour que l on reconsid re l usage qu ils font de leur libert Par ailleurs la libert de la presse a constitu pour certains m dias une immunit permettant de faire n importe quoi Les propos de William Peter Ha
108. iatiques La TRS devant la taille et la concentration de la propri t des m dias La TRS devant les rigueurs du march CONCLUSION p 101 CHAPITRE 4 ACTUALISATION DE LA TH ORIE DE LA RESPONSABILIT SOCIALE p 102 nonc de la th orie actualis e de la responsabilit sociale des m diasp 103 Pr cisions pr liminaires Principes g n raux Responsabilit s du public et de l tat Fonctions des m dias au sein des soci t s d mocratiques Principes touchant l information Le paradoxe de l action collective en mati re d information p 110 CONCLUSION p 118 CONCLUSION G N RALE p 120 Rappel des grandes lignes de ce m moire p 122 ANNEXE INFORMATION ET DIVERTISSEMENT p 125 ANNEXE Il LES JOURNALISTES ET LA RESPONSABILIT SOCIALE p 126 ANNEXE Ill LES RECETTES PUBLICITAIRES DES M DIAS 2001 p 129 ANNEXE IV L IMPUTABILIT DES M DIAS AUTRES PROPOSITIONS p 130 ANNEXE V M A R S MOYENS D ASSURER LA RESPONSABILIT SOCIALE p 131 TABLEAU 4 1 Synth se du paradoxe de l action collective en mati re d information p 116 BIBLIOGRAPHIE p 132 iv R SUM Ce m moire s attarde la question du lien troit entre information et d mocratie en prenant comme point de d part la th orie dite de la responsabilit sociale de la presse TRS tele que formul e par Theodore Peterson dans l ouvrage Four Theories of the Press 1956 et inspir e du rapport de la Commission Hutchins tenue aux tats Unis de 1942 1947 e
109. ibert de la presse tout au long de l tude moins de r f rer sp cifiquement aux d buts de la libert de presse Droit du public l information et responsabilit sociale des m dias tant donn la multiplicit des interpr tations possibles de ces deux notions il importe de distinguer dans le cadre de ce m moire le principe juridique du droit du public l information de l id al normatif de la responsabilit sociale des m dias Bien qu on puisse associer ces deux notions dans les d bats publics ou dans la r flexion sur l thique journalistique il s agit de deux d marches parall les et distinctes En effet tudier l id e du droit du public l information constituerait une toute autre recherche C est pourquoi nous souhaitons pr ciser la distinction entre ces deux notions afin de mieux circonscrire notre sujet d tude et d analyse Le droit du public l information qui est une notion juridique Trudel 1981 p xxi trouve sa formulation officielle dans la D claration des droits et des devoirs des journalistes de Munich en 1971 Le droit l information la libre expression et la critique est une des libert s fondamentales de tout tre humain De ce droit du public conna tre les faits et les opinions proc de l ensemble des devoirs et des droits des journalistes Bertrand 1999 p 57 Au Qu bec c est l article 44 de la Charte des droits et libert s de la personne qui nonce et prom
110. id es doivent pouvoir tre communiqu s sans contraintes ni entraves Les journalistes ont le devoir de d fendre la libert de presse et le droit du public l information sachant qu une presse libre joue le r le indispensable de chien de garde l gard des pouvoirs et des institutions lls combattent les restrictions les pressions ou les menaces qui visent limiter la cueillette et la diffusion des informations Les journalistes servent l int r t public et non des int r ts personnels ou particuliers Ils ont le devoir de publier ce qui est d int r t public Cette obligation pr vaut sur le d sir de servir des sources d information ou de favoriser la situation financi re et concurrentielle des entreprises de presse Les journalistes consid rent leur r le avec rigueur Les qualit s d ontologiques qu ils exigent de ceux qui font l actualit ils les exigent d eux m mes Ils ne peuvent pas d noncer les conflits d int r ts chez les autres et les accepter dans leur propre cas Source http www fpiq org cqgi bin bienvenue cfm section 5 128 Extrait du code de d ontologie de la Soci t des journalistes professionnels tats Unis La soci t des journalistes professionnels croit que le devoir des journalistes est de servir la v rit Nous CROYONS que les organisations de communication de masse sont des v hicules de d bat et d information au nom du mandat et de la libert d apprendre et de rapporter
111. ience Or la Commission d plore le fait que le public am ricain de l poque ne soit pas suffisamment critique et elle souhaite par le biais de son rapport le rendre plus exigeant envers les m dias E We have the impression that the American people do not realize what has _ happened to them They are not aware that the communications revolution has occurred They do not appreciate the tremendous power which the new instruments and the new organization of the press place in the hands of a few men They have not yet understood how far the performance of the press falls short of the requirements of a free society in the world today Leigh 1947 p 96 97 Si le public s aper oit qu il peut et doit exiger davantage des m dias qui meublent son horizon m diatique il pourra mettre de l avant certaines actions Le public peut mettre sur pieds des institutions but non lucratif qui contribuent augmenter la vari t et la qualit du service m diatique Les m dias ont un tr s grand potentiel ducationnel pouvant donner des b n fices autres que commerciaux ce qui fait dire la Commission That is why we worry about their exclusive appropriation by agencies engaged in the pursuit of profit Leigh 1947 p 97 Rien n oblige tous les m dias chercher les profits et le public peut contribuer en cr er qui puissent rendre les services que les entreprises commerciales ne peuvent offrir en visant la rentabilit Leigh 1947 p 9
112. inscrivant id ologiquement droite dans le continuum des positions philosophiques qu ils soient lib raux traditionnels ou conservateurs s en prennent aux fondements m mes de la th orie de la responsabilit sociale des m dias Pour ceux ci toute tentative visant exiger des m dias une attitude socialement responsable constitue une entrave grave ou une menace dangereuse la libert Afin de pr senter leurs critiques nous nous baserons principalement sur les crits de John C Merrill notamment dans l ouvrage The Imperative of Freedom A philosophy of journalistic autonomy 1974 ouvrage qui a l avantage de synth tiser l essentiel des critiques pouvant tre formul es d un point de vue lib ral Selon Merrill libert et responsabilit s opposent irr m diablement et entre les deux son choix est clair la libert est plus importante que la responsabilit Obligations and responsibilities are contradictory to freedom for they limit freedom or restrict it and 28 importe de mentionner que Merrill est revenu en 1989 sur l opposition entre libert et responsabilit pour souligner l importance de r concilier les deux concepts ce sujet voir Marc Fran ois Bernier 1994 p 57 o il fait allusion l ouvrage de Merrill intitul The Dialectic Journalism Toward a Responsible Use of Press Freedom paru en 1989 aux ditions Louisiana State University Press Nous avons choisi de pr senter la position de 1974 et non c
113. ique 13 524 pour l ann e 2002 pour des revenus de 14 376 530 Turcotte 22 mai 2003 Cela constitue un maigre b n fice d exploitation de 0 09 En consid rant tous ces l ments il nous semble possible d affirmer que le quotidien Le Devoir est un m dia responsable au sens o on l entend dans la th orie de la responsabilit sociale En affirmant ceci nous ne disons pas que Le Devoir a atteint la perfection Nous disons plut t qu il rencontre les exigences de responsabilit 1 parce que les directions successives du Devoir ont toujours affich publiquement leurs orientations 2 celles ci sont clairement orient es vers le service public et 3 la direction du quotidien a accept plusieurs reprises de faire reculer la rentabilit pour rester fid le aux orientations nonc es Voir la rubrique volution financi re et corporative de l entreprise sur la page suivante http www ledevoir com histoire html Consult en date du 28 ao t 2005 Ces trois crit res nous semblent une bonne mani re de v rifier si une entreprise m diatique est socialement responsable ou non On peut noncer ainsi ces trois crit res 1 rendre ses orientations publiques 2 les orientations doivent tre ax e sur le service public 3 advenant que la rentabilit s opposent aux orientations la direction de l entreprise doit accepter de limiter ses profits pour respecter ses orientations 96 Par ailleurs Florian Sauvageau as
114. ir absolu soutenu par l id e de la n cessit d un commandement unifi et coh rent perd toute l gitimit C est pourquoi le seul mandat l gitime de la soci t est celui d offrir la structure pour faciliter l interaction de ces mouvements individuels The principal function of the state is to maintain a stable framework within which the free forces of individualism may interact Siebert Peterson et Schramm 1963 p 53 La soci t n a pas penser et agir pour ses membres elle doit seulement leur permettre de penser et d agir par eux m mes le plus librement possible Lib ralisme et libert de la presse Parmi les droits et libert s consid r s comme n cessaires la bonne marche des soci t s d mocratiques se trouvent la libert d expression et son corollaire la libert de la presse Historiquement c est au XVIII si cle que la presse est pass e d un syst me 14 autoritaire un syst me de plus en plus lib ral En transposant la presse la logique qui justifiait la libert individuelle il est devenu de plus en plus difficile de l gitimer les interventions autoritaires sur la presse de la part des pouvoirs en place The power of the Crown to regulate the press had been abandoned the church had been removed as a regulatory agency and state monopolies in publishing had been abolished Siebert Peterson et Schramm 1963 p 44 La r flexion sur la libert de presse a t aliment e par plusieur
115. it de liaison Conseil de presse local Conseil de presse national r gional Formation continue Film mission 6 Claude Jean Bertrand 1999 p 86 100 132 BIBLIOGRAPHIE Monographies AGEE Warren K Phillip H AULT and Edwin EMERY 1989 MainCurrents in Mass Communications Second Edition New York HarperCollins Publishers 379 p ALTSCHULL J Herbert 1995 Agents of Power the Media and Public Policy 2e dition New York Longman 1 dition 1984 461 p BAKER C Edwin 2002 Media Markets and Democracy Cambridge Cambridge University Press 377 p BALLE Francis 1997 M dias et soci t De Gutenberg Internet 8 dition Paris Montchrestien 821 p B LANGER RODRIGUE dir 1992 Cahiers de recherche thique 17 thique de la communication publique et de l information Montr al Fides 184 p BERNIER Marc Fran ois 1995 Les planqu s Le journalisme victime des journalistes Montr al VLB Editeur 206 p BERNIER Marc Fran ois 1994 thique et d ontologie du journalisme Sainte Foy Presses de l Universit Laval 288 p BERTRAND Claude Jean 1999 L arsenal de la d mocratie M dias d ontologie et M A R S Paris Economica 372 p BERTRAND Claude Jean 1997 La d ontologie des m dias coll Que sais je Paris Presses Universitaires de France 128 p BRUNET Patrick J dir 2001 L thique dans la soci t de l information Sainte Foy
116. it sociale ce faisant il ne refl te que bien partiellement l accueil r serv la th orie et peut laisser l impression d une th orie largement discr dit e Or cela est loin d tre le cas car la TRS a t une source d inspiration et une influence pour bon nombre d auteurs et de syst mes m diatiques travers le monde Merrill 1991 p 16 Merrill 1974 p 86 Saint Jean 2002a p 75 p 87 Altschull 1995 p 139 Baker 2002 p 154 Cette discussion critique a par ailleurs contribu pr ciser et affirmer certaines id es fondamentales de la th orie ainsi qu mettre en lumi re les principaux obstacles qui se dressent devant la responsabilit sociale Nous pourrons donc dans le dernier chapitre entamer le dernier objectif du pr sent m moire savoir l actualisation de la th orie de la responsabilit sociale 102 CHAPITRE 4 ACTUALISATION DE LA TH ORIE DE LA RESPONSABILIT SOCIALE Nous voici rendus au point culminant de ce m moire l actualisation de la th orie de la responsabilit sociale notamment la lumi re des critiques lui ayant t formul es L hypoth se qui guide ce m moire consiste penser que la TRS conserve une grande validit pour clairer et orienter la r alit m diatique contemporaine Cependant cela exige que nous proc dions une actualisation de la th orie ce que nous ferons dans le cadre de ce quatri me et dernier chapitre Nous commencerons par proc der la
117. it donc retourn e contre elle m me en plus du caract re infructueux des tentatives de son application les m dias l ont invoqu e des fins qui s opposaient ses objectifs initiaux R ponse Devant cette critique nous ne pouvons que d plorer totalement ce revirement de situation Les entreprises de presse qui abusent de la situation privil gi e dans laquelle elles se trouvent au d triment du service public ne devraient en aucun temps pr tendre agir de fa on socialement responsable Si les entreprises de presse ont pu utiliser la rh torique de la responsabilit sociale pour viter de s y astreindre v ritablement et si le public ou l tat n ont rien trouv redire de leur conduite que lon pr sume non exemplaire vu la critique c est qu il manque un instrument efficace d valuation des performances Devant un public muni d un tel instrument d analyse les m dias n auraient pas pu pr tendre longtemps tre responsables alors qu ils ne l taient pas du 72 moins pas totalement Et si les m dias se sont servis de la TRS pour persister tre irresponsables c est que nous sommes loin du compte pour ce qui est de la responsabilit sociale des m dias et qu il reste beaucoup de chemin faire Jamais la th orie de la responsabilit sociale ou la Commission Hutchins n ont eu l intention de l gitimer ou d excuser des pratiques irresponsables Au contraire elles ont ambitionn de subordonner les m dias l i
118. itical structure determines to a large extent what responsibilities the press and the citizen owe society every country s press quite naturally considers 87 itself or might logically be considered as being socially responsible Merrill 1974 p 92 La responsabilit sociale selon ces critiques n est donc pas uniquement l apanage du r gime de la responsabilit sociale En d autres mots c est le contenu de la responsabilit qui change selon les r gimes non l exigence de responsabilit On se retrouve ainsi en face d un certain relativisme quant la responsabilit sociale chacun peut la d finir sa fa on sans tre pour autant dans l erreur R ponse Ces critiques quoique fort utiles pour permettre la TRS d tre ciarifi e peuvent tre cart es pour la raison suivante Les critiques disant que tous les r gimes sont responsables ou que la responsabilit est une notion relative ou un concept vide font l erreur d oublier que la th orie de la responsabilit sociale est con ue pour s appliquer dans un type de soci t en particulier Si l id e d une responsabilit ou un concept similaire se trouve dans tous les r gimes de presse cela est loin d tre le cas de exigeante th orie de la responsabilit sociale Pour tre compatible avec la TRS une soci t doit r pondre deux crit res Premi rement la soci t doit tre d mocratique et reconna tre la libert de la presse En effet
119. itique de fa on pouvoir remplir leur r le de chien de garde de la d mocratie et des droits et libert s Cette ind pendance se traduit concr tement par la propri t priv e des m dias n ayant de compte rendre qu aux propri taires et aux consommateurs les m dias peuvent ais ment critiquer les actions du gouvernement duquel ils n attendent rien Du point de vue lib ral la propri t priv e est une condition n cessaire et suffisante pour garantir la pleine ind pendance des m dias Pour avoir le plus de chances d accomplir effectivement les fonctions qui leur incombent les m dias doivent voluer dans un syst me capitaliste Cela va de soi dans la th orie lib rale o l on place une confiance quasi absolue dans le march pour assurer la coordination des multiples int r ts individuels Siebert Peterson et Schramm 1963 p 52 Les m dias doivent tre des entreprises priv es c est la seule fa on de garantir leur ind pendance non seulement en face du gouvernement mais aussi en 23 face de toutes les autres sources de pression Si on opte pour la propri t priv e des m dias et pour leur libre comp tition au sein du march c est pour que ce soit en bout de ligne le public qui d cide et non quelque organisme gouvernemental qui serait potentiellement biais In the end the success of the enterprise would be determined by the public which it sought to serve Siebert Peterson et Schramm 1963 p 52
120. l on puisse sans doute adresser au r gime de la Responsabilit sociale est d avoir contribu entretenir un syst me de privil ges dont les m dias d information profitent au nom des libert s 25 Voir entre autre Saint Jean 2002a p 62 et Saint Jean 2003a p 7 71 fondamentales sans avoir s astreindre v ritablement un processus rigoureux et syst matique d imputabilit Saint Jean 2002a p 94 Selon Saint Jean les m dias ont affirm qu ils taient socialement responsables et ce m me si cela n tait pas totalement av r dans la pratique Ce faisant ils ont en quelque sorte effectu un d tournement de la th orie de la responsabilit sociale Ils ont transform la TRS en une rh torique qui vise le contraire de ce qui tait initialement souhait en disant qu ils sont responsables m mes s ils ne le sont pas r ellement les m dias ont chapp l intervention de l tat ou du public intervention qui s av rerait justifi e selon elle Saint Jean 2002a p 106 C est malheureusement en utilisant trop souvent une rh torique grandiloquente o les grands principes sont constamment invoqu s que les m dias d information ont r ussi la plupart du temps du moins jusqu pr sent chapper toute forme d imputabilit que les autorit s politiques ou la soci t civile auraient pu souhaiter leur imposer Saint Jean 2002a p 4 La th orie de la responsabilit sociale se sera
121. l achievements to its credit When we look at the press as a whole however we must conclude that it is not meeting the needs of our society Leigh 1947 p 68 Dans le m me ordre d id es Peterson soutient que la TRS s accorde avec la th orie lib rale quant aux fonctions des m dias dans la soci t sur lesquelles nous 31 reviendrons plus loin mais non sur l interpr tation de ces fonctions The social responsibility theory reflects a dissatisfaction with the interpretation of those functions by some media owners and operators and with the way in which the press has carried them out Siebert Peterson et Schramm 1963 p 74 Les id es constitutives de la TRS trouvent leur source dans le constat d chec relatif de la presse r pondre effectivement aux besoins notamment d mocratiques de la soci t La TRS exprime ainsi des exigences envers la presse que la th orie lib rale n avait pas cru bon noncer croyant que la presse allait spontan ment y r pondre La libert de la presse qui tait inconditionnelle quoique non absolue devient dans la TRS conditionnelle la reconnaissance par les m dias de leurs responsabilit s envers la soci t et surtout leur accomplissement Peterson rappelle que la TRS est principalement une th orie en sous entendant que ses principes du moins cette poque n taient pas int gralement appliqu s par le Syst me m diatique Mais il soutient son importance dans
122. l des principales critiques ayant t formul es aux m dias qu une analyse approfondie de ces critiques Pour cette raison nous nous en tiendrons ce bref survol Nous sommes maintenant en possession des l ments th oriques dont nous avions besoin pour aborder de front l exigence de responsabilit sociale comme telle Nous connaissons la th orie lib rale traditionnelle et les diff rences avec la TRS diff rences qui s expliquent pour la plupart par les volutions de tous ordres ayant boulevers la 46 fois les m dias et la soci t dans son ensemble La pertinence de la TRS r side dans le fait que certaines r gles du jeu ont consid rablement chang depuis l laboration initiale de la th orie lib rale Si certaines r gles ont chang il tait normal de revoir l ensemble du jeu La responsabilit sociale des m dias Une libert de la presse accord e sans gard l usage qui en est fait peut donner lieu des pratiques ill gitimes du point de vue de la responsabilit sociale C est en r action des propos comme les suivants qu on a affirm l exigence de responsabilit As Charles Beard has said freedom of the press meant the right to be just or injust partisan or nonpartisan true or false in news columns and editorial column and truth telling had little or nothing to do with it Siebert Peterson et Schramm 1963 p 76 Dans la TRS il n est plus possible de penser de la sorte es m dia
123. la Commission Hutchins celui ci tait toujours applicable et pertinent pour envisager les probl mes de la presse et de la soci t Sa conclusion qu elle juge surprenante compte tenu de la diff rence marquant les contextes des deux poques se pr sente ainsi It is somewhat startling to find how contemporary the directives of the Commission are and how unchanging the problems of the press in America appear to be Certainly there are dated items but generally they capture the essence of an ideal that newspapers ought to be responsible to society Hartung Fall 1981 p 433 Cela refl te bien notre constat l id e de responsabilit sociale est pour diff rentes raisons plus pertinente que jamais toutefois malgr les tentatives multiples d int grer ses recommandations aux pratiques m diatiques force est de constater que les exc s et les carences reproch s au syst me m diatique lib ral n ont pas t enti rement corrig s Ce constat d chec est aussi partag par Madame Armande Saint Jean professeure au d partement de lettres et communications de l Universit de Sherbrooke figure 21 Par exemple le mariage discutable entre l information et le divertissement a donn lieu un nouveau genre m diatique l infotainment Voir Annexe 66 majeure de la recherche en thique des communications journalistiques et journaliste d exp rience Madame Saint Jean critique s v rement la th orie de la resp
124. la libert accord e la presse La r alit contemporaine n est plus la m me que celle pr valant lors de l laboration premi re de la philosophie lib rale Le r gime de presse et la philosophie d fendus par Merrill semblent ainsi d pass s par les v nements du moins aux yeux des tenants de la responsabilit sociale notre avis la th orie de la responsabilit sociale est plus int ressante que le r gime m diatique purement lib ral parce qu elle offre une adaptation des id es lib rales devenues d su tes avec le passage du temps Au fond son objectif principal est de demeurer fid le l id al lib ral d une soci t d mocratique vigoureuse nourrie par l action de m dias diversifi s et de qualit L expression de Bernard Voyenne en ce sens traduit parfaitement cette id e il faut d passer le lib ralisme sans ruiner son inspiration Voyenne 1962 p 286 En ce sens la TRS est loin d tre assimilable un quelconque 86 r gime autoritaire ou arbitraire de contr le des m dias comme Merrill le laisse penser Les critiques de Merrill auront ainsi permis de rappeler 1 que la TRS n est pas une invitation la tyrannie envers les m dias et ce m me si l tat doit intervenir 2 que la libert accord e aux m dias est conditionnelle la responsabilit parce que 3 la bonne marche de la d mocratie repose pour une bonne part sur la qualit du service public d information et de discussio
125. la responsabilit sociale est donc ind pendante du droit du public l information Toutefois puisque toute action tatique doit se faire l int rieur du cadre de la loi les tenants de la responsabilit sociale devront avoir recours au droit du public l information pour d montrer la validit et la l gitimit d une telle intervention s il y a lieu Ainsi la th orie en tant que telle est distinguer de ce droit Et c est cette th orie uniquement que nous consacrerons ce m moire M dias et m dias d information Dans le cadre de ce m moire lorsque nous utiliserons le terme m dias nous ferons r f rence aux m dias d information c est dire tous les m dias qui participent de pr s ou de loin que ce soit rarement ou en tout temps la diffusion des faits d actualit des opinions et des d bats Les m dias auxquels nous ne faisons pas r f rence sont ceux qui n ont absolument aucun lien avec l information et qui n offrent qu un pur divertissement comme un cahier de mots crois s par exemple Aussi nous excluons de cette cat gorie les publications destin es un usage uniquement priv comme par exemple un journal interne d entreprise qui ne s adresse qu ses employ s et qui ne souhaite en aucun temps conna tre une diffusion publique CHAPITRE 1 SITUATION INITIALE LA TH ORIE LIB RALE ET SON SYST ME M DIATIQUE Les conceptions philosophiques la base de la th orie lib rale
126. la vivacit de l espace public est tributaire du niveau de qualit et de la quantit d informations qui y circulent et qui s y confrontent Il est donc essentiel pour assurer la p rennit des pratiques d mocratiques de voir ce que l ingr dient principal l information honn te et compl te s y trouve bel et bien Or il est possible de constater une dissym trie un d s quilibre prononc entre d une part e statut des m dias principalement des entreprises priv es et leurs responsabilit s en tant que service public d information Leurs droits correspondent g n ralement ceux des entreprises priv es mais leur impact global au sein de la soci t d passe largement celui de la plupart des autres entreprises Cette prise de conscience nous a amen questionner le statut et le r le des m dias au sein des soci t s d mocratiques tant donn les importants besoins communicationnels de ces soci t s les m dias ont ils le devoir d assumer un certain nombre de fonctions au sein de l espace public En d autres mots la libert de la presse farouchement prot g e par le milieu m diatique comporte t elle une part de responsabilit Ce questionnement n est pas nouveau aux tats Unis de 1942 1947 Robert H Hutchins ancien recteur de l Universit de Chicago a pr sid une commission d enqu te priv e portant sur la libert de la presse ainsi que sur les solutions pouvant rem dier aux vices et
127. le entreprise priv e il lui est impossible d ignorer les imp ratifs conomiques qu impose la survie au sein du march Comme les autres entreprises m diatiques les revenus du Devoir proviennent essentiellement de la vente de publicit et des ventes l unit Desc teaux 22 mai 2003 Les tenants de la responsabilit sociale doivent tre conscients que la responsabilit a un prix conomique pour les propri taires du m dia On peut lire sur le site Internet du journal que les directions successives du Devoir ont 95 toujours privil gi la vocation premi re de l institution un journal d opinion ind pendant Cette ind pendance a souvent eu un prix conomique Perte de revenus publicitaires d abonn s Si ce prix conomique est trop grand c est au bout du compte la qualit du journal qui en souffrira Le Devoir doit donc chercher la rentabilit conomique comme les autres entreprises de presse Cependant les raisons qui motivent cette recherche sont diff rentes des entreprises ax es d abord sur la rentabilit Nous avons appris vivre en entreprise responsable et fait la preuve que ce journal peut g n rer quelques b n fices Il faut poursuivre dans cette voie non pour devenir riches mais tout simplement pour faire un meilleur journal le meilleur possible et ainsi mieux servir la collectivit Desc teaux 22 mars 1999 Toutefois les profits nets du Devoir sont loin d tre grands un symbol
128. le et autres fonctions La vie dans un syst me d mocratique exige de la population adulte qu elle atteigne un seuil minimal d ducation et d information au sujet des affaires publiques The success of democracy was posited upon an intelligent and informed electorate and the mass media along with public schools were charged with providing the public with educational materials Siebert Peterson et Schramm 1963 p 56 57 Ainsi les m dias deviennent l instrument principal de l ducation des citoyens lorsqu ils ont quitt l cole 22 Les penseurs de la th orie lib rale font aussi allusion aux fonctions de divertissement de d veloppement des arts et des sciences de l l vation des go ts du public et de l am lioration des affaires pratiques de la vie quotidienne Siebert Peterson et Schramm 1963 p 51 et p 57 Toutefois on ne trouve pas d autres pr cisions concernant ces fonctions Le statut des m dias dans la soci t La presse dite libre s est d velopp e contre les vis es ou les tendances absolutistes des pouvoirs en place Because liberalism was forced to struggle for several centuries against authoritarianism it considered the established government its greatest enemy Siebert Peterson et Schramm 1963 p 56 Cela n a pas t sans effets sur le syst me m diatique Le principal imp ratif respecter quant au statut des m dias dans la soci t a donc t l ind pendance en face du pouvoir pol
129. les faits que leur donne la Constitution Nous CROYONS que ces responsabilit s entra nent des obligations qui exigent que les journalistes exercent leur m tier avec intelligence objectivit exactitude et quit I Responsabilit Le droit du public conna tre les v nements d importance et d int r t public est la vocation primordiale des m dias de masse L objet de la distribution des nouvelles et des opinions clair es est de servir le bien g n ral Les journalistes qui utilisent leur statut professionnel pour des motifs personnels ou sans valeur trahissent la haute confiance qui leur est accord e Il Libert de la presse La libert de la presse doit tre d fendue dans une libre soci t comme un inali nable droit du peuple Elle entra ne avec elle le droit et la responsabilit de discuter de poser des questions et de mettre en cause les actes et les d clarations de notre gouvernement et de nos institutions publiques et priv es Les journalistes soutiennent le droit d exprimer des opinions impopulaires et le privil ge d tre d accord avec la majorit 5 Henri Pigeat 1997 p 288 290 129 ANNEXE III LES RECETTES PUBLICITAIRES DES M DIAS 81 Olivier SCHMOUKER Janvier f vrier 2001 p 36 130 ANNEXE IV L IMPUTABILIT DES M DIAS D AUTRES PROPOSITIONS La presse pourrait une fois l an rendre des comptes publics en diffusant un bilan des th mes dont elle a trait
130. lism at the University of North Carolina has proposed an Ethical Audit that individual newspapers could use to periodically assess their performance on factual effors staff members conflicts of interest audience attitudes and a number of things that could be learned from various kinds of research 82 Marc Fran ois Bernier 1994 p 49 83 U Eugene Goodwin 1987 p 338 131 ANNEXE V M A R S MOYENS D ASSURER LA RESPONSABILIT SOCIALE DES M DIAS AUTOR GULATION ET IMPUTABILIT M A RYS INTERNES AUTOR GULATION Encadr de correction Chroniqueur sp cialis a Critique interne Conseil de discipline Page mission sur les m dias Circulaire interne Code de d ontologie a Audit d ontologique Conseiller en d ontologie M diateur tudes d opinion Soci t des r dacteurs M A R S EXTERNES IMPUTABILIT m Revue critique a Petit m dia contestataire Rapport livre critique D claration publique a ONG ou fondation li e aux m dias Observatoire des m dias Recherche sans but lucratif ducation universitaire Les m dias l cole Association de d fense des consommateurs Association de citoyens Soci t d usagers Radiot l vision publique Instance de r gulation M A R S COOP RATIF AUTOR GULATION ET IMPUTABILIT Courrier des lecteurs Publicit d opinion Questionnaire d exactitude et d quit Consultation des usagers Com
131. lit sociale est bel et bien un lib ralisme tel que lui reprochent les auteurs de Last Rights en soutenant qu elle n apporte rien de nouveau sous le soleil Nerone 1995 p 78 Elle est pr sent e d s le d part dans Four Theories comme nous l avons vu comme un nouveau lib ralisme Siebert Peterson et Schramm 1963 p 4 et comme une modification de a th orie lib rale traditionnelle Siebert Peterson et Schramm 1963 p 2 ce que les auteurs de Last Rights identifient clairement Nerone 1995 p 23 Or si la th orie 76 s affiche ouvertement comme tant une extension revue et corrig e d une th orie lib rale l tat pur il est difficile de lui reprocher de l tre moins de condamner toute forme de lib ralisme Les auteurs de Last Rights quoiqu ils reconnaissent et approuvent cette tentative de critiquer le lib ralisme rejettent la TRS parce qu elle n est pas suffisamment radicale Or nous consid rons qu une des qualit s de la TRS est justement ce compromis entre les id es plus lib rales et plus communautaires Bien s r cela attirera les foudres la fois des critiques de la droite et de la gauche qui la jugeront trop ou pas assez progressiste Loin de lui enlever tout int r t cela nous semble plut t le signe d une meilleure applicabilit et d un plus grand r alisme Nous nous risquons une analogie avec la d mocratie consid r e comme le moins pire des r gimes politiques la
132. lles sacrifient leurs profits dans l int r t g n ral en ne pouvant pas garantir que leur survie soit assur e au sein du march Dans un tel contexte m me la meilleure volont des entreprises m diatiques tre responsables risquerait de chanceler Les obstacles l int gration effective des principes de la responsabilit sociale aux pratiques m diatiques sont nombreux et fondamentaux les tenants de la responsabilit sociale des m dias doivent r aliser l norme difficult pour le syst me m diatique dans sa forme actuelle de satisfaire volontairement aux exigences de responsabilit sociale Bien entendu nous n avons pas pu pr senter tous les obstacles pouvant entraver les 101 initiatives de responsabilit Mais nous croyons avoir mis en lumi re la tension fondamentale qui caract rise les m dias savoir leur double statut souvent antagoniste d entreprises priv es et de service public CONCLUSION La quantit et la vari t des critiques ayant t formul es envers la th orie de la responsabilit sociale loin de la priver d int r t sont plut t le reflet de son impact tant dans les milieux journalistiques qu universitaires Cette th orie bien que contest e pour de multiples raisons demeure incontournable pour quiconque cherche penser les r les des m dias au sein des soci t s d mocratiques Ce chapitre de discussion critique a laiss de c t l apport des d fenseurs de la responsabil
133. milton du Wall Street Journal propos refl tant la position des diteurs dans la th orie lib rale indiquent vers quels exc s celle ci peut tendre lorsqu elle se pr sente l tat pur newspaper is a private enterprise owing nothing whatever to the public which grants it no franchise It is therefore affected with no public interest It is emphatically the property of the owner who is selling a manufactured product at his own risk Siebert Peterson et Schramm 1963 p 73 Ces propos permettent de comprendre la volont d exiger plus de responsabilit de la part des m dias envers la soci t Le XX si cle quoique fortement attach aux principes fondamentaux du lib ralisme a ainsi pris ses distances avec une stricte th orie lib rale de la presse Siebert Peterson et Schramm 1963 p 73 La tenue de la Commission sur la libert de la presse les conclusions qu elle a tir es et l acceptation du moins dans les discours sinon dans la pratique assez g n ralis e de ses recommandations dans la plupart des milieux m diatiques en sont des exemples patents 28 Gen se de la th orie de la responsabilit sociale TRS C est en 1942 que Henri R Luce de Time Inc a fait appel Robert M Hutchins afin d tudier l tat pr sent ainsi que l avenir de la libert de la presse aux tats Unis D s 1943 la Commission sur la libert de la presse aussi d sign e Commission Hutchins d bute ses d lib rations Bien
134. mocratique des m dias Le tableau 4 1 synth tise le paradoxe de l action collective en mati re d information Int r t commun Existence d une information de qualit telle qu exig e par la TRS pour le bien de la d mocratie Existence de citoyens inform s critiques et participatifs pour la vigueur de la d mocratie Tableau 4 1 Synth se du paradoxe de l action collective en mati re d information Situation id ale pour chaque agent rationnel Minimisation des co ts et maximisation des profits des entreprises de presse en plus de l existence d une information de qualit Minimisation des d penses consacr es au devoir d information des individus consommateurs en plus de l existence d une information de qualit Economie de temps et d nergies pour d autres activit s que l information ou la participation aux discussions publiques en plus de vivre dans une soci t o les autres participent et investissent temps et efforts dans l information Cons quence de la recherche de la situation id ale Tendance sacrifier l information moins rentable moins d un b n fice individuel plus grand le faire qu ne pas le faire Tendance choisir un m dia moins co teux ou ne pas payer pour s informer moins d un b n fice individuel plus grand le faire qu ne pas le faire Tendance ne pas choisir une information plus s rieuse ou plus exigeante ain
135. n spectateur de sa soci t Le pari que chaque tre humain duqu et inform peut mieux d velopper ses potentialit s enrichir son existence et contribuer au progr s de sa soci t Si l on ne croit pas cela la libert de la presse perd sa valeur il ne sert plus rien de la d fendre Remettons la ceux qui sont capables de nous gouverner transformons notre t l vision en poste de divertissement demandons la radio de nous rappeler de bons souvenirs oublions le reste du monde et nos responsabilit s puis fermons les yeux l esprit tranquille a serait bien plus facile 125 ANNEXE INFORMATION ET DIVERTISSEMENT L infotainment la libert sans les responsabilit s Nous sommes dans la zone grise La zone grise de l infotainment dont les occupants jouissent du meilleur des deux mondes et vivent de la confusion des genres les pratiques et l thique journalistiques ne s appliquent pas eux mais ils b n ficient de la m me libert que celle exceptionnelle dont jouit la presse Et nombreux sont les travailleurs de la zone grise De morning men en francs tireurs les infotainers ne font pas de journalisme au sens strict les faits ont pour eux une importance relative leur degr d aspiration l objectivit varie du tout au tout ils nous pr sentent souvent leurs intuitions et leurs hypoth ses comme des faits et des conclusions Leur fonds de commerce est fait de provocation d humour de convictions pe
136. n ud central autour duquel s enroule la contradiction r side dans l antinomie qui oppose parfois de mani re irr conciliable les int r ts de la collectivit sociale et ceux des m dias vou s au profit Saint Jean 2002a p 30 Comme le souligne Saint Jean la raison d tre des entreprises de presse modernes est bien davantage conomique qu thique Saint Jean 2002a p 61 Ce double statut d coule d un rapport ambigu entre les m dias et la libert de la presse et constitue un obstacle majeur la responsabilit sociale 33 Voir p 47 48 et 82 D une part il s agit principalement d entreprises priv es qui par nature cherchent maximiser leur rentabilit d autre part ces m mes entreprises sont mandataires d un service public essentiel sans lequel les besoins communicationnels des d mocraties ne sont pas satisfaits Ces entreprises ont donc composer avec deux vocations qui sont le plus souvent antagonistes 92 Rappelons qu au d part la libert fut r clam e par la presse pour que les id es circulent librement dans la soci t ce qui est indissociable du projet d mocratique de l poque La libert de la presse tait alors comprise comme la libert de chaque individu d exprimer publiquement ses id es et ses opinions la libert du peuple de discuter et de s informer C tait aussi la libert et le droit pour chacun d avoir acc s aux informations et aux discussions Toutefois avec les tra
137. n bout de ligne on per oit l tat non comme une menace la libert mais comme l agent qui la rend possible Appliqu e la libert de la presse et au droit d expression cette conception implique que l tat doive voir ce que les m dias remplissent ad quatement leurs fonctions sur lesquelles nous reviendrons plus loin Governement remains the residuary legatee of responsibility for an adequate press performance Siebert Peterson et Schramm 1963 p 95 Le gouvernement se retrouve ainsi dans la TRS jouer un r le actif en face du syst me m diatique Toutefois ce r le en est un de dernier recours L tat doit intervenir pour assurer la qualit de la presse si et seulement s il est convenu qu elle ne remplit pas par elle m me ses fonctions The government should intervene only when the need is great and the stakes are high and then it should intervene cautiously Siebert Peterson et Schramm 1963 p 95 Cela parce que si l tat est assez puissant pour assurer que la libert soit effective il l est aussi suffisamment pour la mettre en p ril On ne juge cependant pas que cette difficult soit insurmontable l tat peut et doit fixer des limites son pouvoir Siebert Peterson et Schramm 1963 p 96 Il n en 43 demeure pas moins qu une intervention tatique socialement b n fique est possible Cela est une autre nouveaut importante Ce qui distingue la TRS de la th orie lib rale au sujet de l t
138. n de remplir ad quatement leur mission de service public Les m dias priv s doivent ainsi composer avec le conflit de valeurs suivant advenant que le service public entre en contradiction avec la rentabilit conomique laquelle de ces deux 35 Voir Le contexte m diatique les d buts du big business p 32 34 93 valeurs vont ils accorder la priorit Les m dias doivent dans l laboration de leurs objectifs faire ce choix pour le moins pineux Afin d illustrer l opposition relative entre rentabilit et service public nous proposons d observer succinctement le cas du seul quotidien ind pendant au Qu bec Le Devoir Ainsi le cas du Devoir nous permet de constater que l application des principes de la TRS n est pas incompatible avec le statut priv d une entreprise m diatique Toutefois nous verrons que la valeur rentabilit a d reculer dans l ordre des priorit s pour que le quotidien soit en mesure de respecter sa mission sociale Le quotidien Le Devoir est une entreprise priv e qui r colte en moyenne 3 du tirage des quotidiens francophones au Qu bec CC 2001 p 5 Bien que sa taille soit sans commune mesure avec les deux autres principaux quotidiens francophones au Qu bec Le Journal de Montr al et La Presse Le Devoir n en constitue pas moins un joueur important de l information au Qu bec Le Devoir est aussi le seul quotidien ind pendant c est dire qui n est pas affili un plus gr
139. n offert par les m dias La TRS une th orie vide de sens Plusieurs critiques ont port sur la nature obscure floue ou vide de sens de l id e de responsabilit sociale Le constat de J Herbert Altschull est clair And yet the painful reality is that the term social responsibility is devoid of meaning Put another way it is a term whose content is so vague that almost any meaning can be placed on it 1995 Altschull p 446 Le concept de responsabilit sociale serait donc une coquille vide de la m me fa on que le concept de libert dont la signification varie selon le lieu l poque et l utilisateur Neither can be defined in a universal way Each depends entirely on our ethical system on our set of values Altschull 1995 p 447 La notion de responsabilit sociale n aurait donc aucun sens intrins que ou universel dans la mesure ou une attitude peut tre consid r e comme socialement responsable dans un r gime mais socialement irresponsable ailleurs Dans le m me ordre d id e Merrill affirme qu Altschull consid re que les m dias agissent de fa on socialement responsable quel que soit le r gime dans lequel ils voluent Altschull believes that truth is a goal of the press in all three philosophies as is socially responsible behaviour Merrill 1991 p 21 Le m me raisonnement est tenu par Merrill lui m me Since in any country the organization of society its social and pol
140. n the air waves Regulation was necessary if only for the allocation of frequencies Siebert Peterson et Schramm 1963 p 65 De la m me fa on qu il n est pas simple de d terminer des crit res pour limiter la libert d expression tout en respectant les id es lib rales il n est pas simple de choisir les crit res sur la base desquels les fr quences sont assign es La seule id e d une r gulation gouvernementale entre en contradiction totale avec les principes lib raux a government license to operate was abhorrent to libertarian principles Siebert Peterson et Schramm 1963 p 66 Les penseurs de la th orie lib rale ont eu ainsi faire des concessions compte tenu de la nature particuli re des ondes utilis es par la radio et la t l vision Cependant il nous est permis de penser que la r gulation gouvernementale perdrait toute l gitimit d un point de vue lib ral si le support emprunt par la radio et la t l vision permettait un acc s illimit ou quasi illimit sans que l ensemble du r seau n en soit perturb CONCLUSION Nous avons maintenant en mains l essentiel des principes du lib ralisme et du syst me m diatique qu il promeut De la th orie lib rale de la presse nous retenons notamment la libert de la presse la plus tendue possible sans toutefois mettre en 26 p ril l ordre ou la s curit publique les m dias se livrant une comp tition au sein du libre march pour r pondre le mieu
141. ndre l id al normatif D autre part il y a les solutions concr tes propos es par la Commission _ et partiellement mises de l avant par le milieu m diatique dans le but d appliquer les principes th oriques dans la pratique I y a donc d un c t l id al et de l autre le chemin variable flou et sinueux pour l atteindre Bien que les recommandations concr tes de la Commission aient t pr sent es comme faisant partie de la th orie de la responsabilit sociale notamment chez Peterson nous consid rons qu elles n en font partie qu accessoirement Le rapport Hutchins pr sente d abord les principes fondamentaux qui constitueront plus tard le 67 c ur de la TRS et propose ensuite des pistes de solution celles ci sont toutefois limit es celles ayant pu tre envisag es dans les tats Unis de l apr s guerre Notre hypoth se consiste penser que les pistes de solution ne constituent pas une partie intrins que de la th orie de la responsabilit sociale mais qu elles d coulent plut t de la volont de l appliquer dans la r alit Par cons quent il ne faut juger la TRS que sur la base de ses principes et de l id al qu elle met de l avant car les solutions propos es par la Commission Hutchins n avaient pas la pr tention d tre d finitives Si on accepte les principes de la th orie il est ensuite n cessaire de voir par quels moyens on peut les appliquer moyens nouveaux ou non et variant avec le lieu e
142. nement Siebert Peterson et Schramm 1963 p 56 On pourrait toutefois objecter que le gouvernement n tant pas autoritaire mais d mocratique n a pas de raisons d outrepasser les bornes de son pouvoir Bien que la tradition lib rale reconnaisse que le gouvernement d mocratique soit au service du public elle ne lui accorde toujours pas sa confiance Yet even though the government is subservient to and responsible to the public at large it is not thoroughly trusted to identify its ends with the ends of its citizens Siebert Peterson et Schramm 1963 p 50 Le gouvernement selon les lib raux constituera toujours une menace pour les droits et libert s et pour la d mocratie menace qu il faut garder l il Cependant si les m dias remplissent convenablement leur r le de chien de garde le gouvernement peut devenir un alli du lib ralisme Governmental authority however could be made to serve the interests of liberalism if strong and effective checks on its use could be found The press was an instrument which together with other safeguards could fulfill this function Siebert Peterson et Schramm 1963 p 56 Ainsi la fonction politique _ des m dias d passe la simple surveillance du gouvernement et de ses actions il s agit aussi de contribuer ce que le gouvernement devienne un alli des principes du lib ralisme et non plus leur ennemi Faire vendre par la publicit La th orie lib rale de la presse n est
143. net et ce en tentant de rejoindre le plus vaste public possible Fonctions des m dias au sein des soci t s d mocratiques 1 Fonction d information fournir un compte rendu des v nements qui soit v ridique exhaustif et compr hensible dans un contexte qui donne du sens aux v nements 2 Fonction de d bat public offrir de multiples forums pour l change de commentaires et de critiques et ce tant sur les diff rents sujets d actualit que sur les actions des m dias en g n ral 3 Fonction de repr sentation s assurer de fournir un ventail repr sentatif des id es pr sentes dans la soci t en permettant chacune d elles d tre d fendue quitablement et ce m me si elles vont l encontre des int r ts des m dias 4 Fonction de veille exercer une surveillance sur les activit s des secteurs politiques conomiques juridiques sociaux et r v ler s il y a lieu les abus et les accrocs aux droits et libert s 5 Fonction d ducation contribuer diversifier les go ts du public en tablissant une strat gie long terme qui ne se contente pas de r pondre la demande imm diate 6 Fonction de d mocratisation du savoir offrir un plein acc s aux connaissances du temps 1 est noter que ces fonctions ne sont pas exclusives au sens o elles seraient les seules admissibles Rappelons nous que la th orie lib rale de la presse incluait les fonctions de publicit
144. notions rest es floues et d gager de la th orie originale historiquement dat e les principes pouvant servir actualiser la th orie de la responsabilit sociale 64 CHAPITRE 3 DISCUSSION CRITIQUE DE LA TRS Bien que la grande majorit des ouvrages qui traitent de fl thique ou de la d ontologie du journalisme et des m dias pr sentent la notion de responsabilit sociale telle que formul e par la Commission Hutchins et Theodore Peterson comme une id e fondamentale et bien que de nombreux l ments de la r alit m diatique contemporaine soient directement issus de la TRS celle ci est encore loin de faire l unanimit Nous sommes en pr sence d une th orie consid r e comme tant incontournable dans l volution de l thique m diatique mais qui a soulev de vives critiques tant au niveau de ses principes qu au niveau de ses cons quences et de son efficacit Il est donc crucial de faire plus amplement le point sur ces critiques Dans le cadre de ce chapitre nous pr senterons les principales critiques adress es la TRS critiques provenant aussi bien de la gauche de la droite que des tenants de la responsabilit sociale eux m mes Nous pr senterons aussi une critique de nature pist mologique ayant t faite la th orie de la responsabilit sociale Nous tenterons dans la mesure du possible de mettre en lumi re les limites propres ces critiques Il appara tra mesure que nous pr
145. nsformations que les m dias ont connues au XX si cle la libert de la presse est plut t devenue la libert des entreprises de presse et non plus de chaque citoyen Il y a en effet dans l id e m me de libert de la presse deux libert s distinctes la libert d expression et la libert d entreprise Souvent la libert d entreprise a pris le dessus sur la libert d expression Et ce sont ces deux types de libert s qui conf rent aux m dias un double statut d une part le statut de l institution sociale qui assume un r le crucial dans la d mocratie et d autre part le statut de l entreprise priv e qui cherche la rentabilit et qui uvre dans l int r t du propri taire et des actionnaires Le principal probl me vient du fait que les comptes rendre aux actionnaires s opposent souvent avec les comptes rendre aux citoyens Bref le mandat de rentabilit des entreprises m diatiques semble mal s accorder avec le mandat d mocratique Avec leur double statut et leur double mandat les m dias se retrouvent coinc s entre deux logiques bien diff rentes la logique marchande et la logique de service public Par exemple on consid re dans la TRS que les m dias doivent offrir des contenus de grande qualit qui n offrent pas l assurance de profits imm diats Siebert Peterson et Schramm 1963 p 92 En d autres mots cela signifie que les entreprises m diatiques devront dans certains cas limiter leur rentabilit afi
146. nt r t public Saint Jean 2002a p 91 The freedom of the press can remain a right of those who publish only if it incorporates into itself the right of the citizen and the public interest Leigh 1947 p 18 Ainsi nous affirmons que l usurpation des principes de la TRS par les entreprises de presse afin de justifier leurs privil ges est inadmissible Par ailleurs comme nous l avons mentionn plus haut la responsabilit sociale n est pas le r gime dans lequel voluent nos m dias pour reprendre l expression de Saint Jean N tant pas effective mais toujours chercher la responsabilit sociale ne pourrait donc pas tre invoqu e pour prot ger de fa on indue les privil ges des entreprises m diatiques Pour cela le milieu m diatique et la soci t en g n ral ne doivent cependant pas se complaire dans l id e fausse d une responsabilit sociale acquise et voir en face la r alit il reste du travail faire pour que les m dias soient pleinement responsables Ainsi donc les critiques formul es par Saint Jean ont permis de constater un cart entre le discours tenu par les entreprises m diatiques affirmant qu elles sont responsables et la pratique o les exc s les abus les travers nombreux Saint Jean 2002a p 101 sont toujours pr sents Ces critiques nous permettent de r affirmer que les exigences de responsabilit sociale doivent tre invoqu es dans l int r t public et non par des e
147. ntreprises les ayant r cup r es leur seul avantage Si certaines entreprises de presse ont d tourn la TRS des fins int ress es en ignorant les 73 devoirs inh rents la libert qui leur est accord e il importe de remettre les pendules l heure Il faudrait donc si Pon souhaite que l id e de responsabilit sociale ne se retourne pas contre elle m me proc der un examen minutieux des pratiques concr tes des entreprises m diatiques et d noncer les cas o la responsabilit sociale est invoqu e des fins indues ou abusives Un m canisme de d pistage de l utilisation indue de l id e de responsabilit sociale devrait cette fin tre mis sur pied Aussi des mesures devraient tre mises de l avant pour assurer une v ritable imputabilit des m dias notamment par un engagement public et des comptes rendus p riodiques La TRS au service du big business Les tenants d une position id ologique gauche ne refusent pas l id e de mettre profit les m dias en vue de lint r t g n ral mais consid rent que la th orie de la responsabilit sociale pr sente le d faut irr parable d tre un lib ralisme malgr des apparences plus sociales Social responsibility is clearly a species of liberalism Nerone 1995 p 99 Une pr sentation d taill e de ce point de vue se trouve dans l ouvrage dirig par John C Nerone Last Rights Revisiting Four Theories of the Press Sel
148. omme la radio le cin ma et la t l vision L industrialisation et l urbanisation qui l a accompagn e en rassemblant de nombreuses personnes dans les agglom rations urbaines ont encourag l apparition de journaux grand tirage Le march pour les produits 33 m diatiques s est aussi largi gr ce la hausse du niveau d ducation des citoyens Siebert Peterson et Schramm 1963 p 77 78 La Commission Hutchins r sume bien la situation nouvelle the press has been transformed into an enormous and complicated piece of machinery As a necessary accompaniment it has become big business Leigh 1947 p 15 En cons quence de l augmentation de leur taille de leur vitesse et de leur efficacit les m dias ont connu une concentration de leur propri t de plus en plus prononc e As these units of communication grew large their ownership and management came to involve huge amounts of money Siebert Peterson et Schramm 1963 p 4 Les multiples petits m dias ont ainsi t remplac s par quelques grands empires m diatiques ce qui n est pas sans pr senter des similitudes avec l poque ancienne du r gime autoritaire de la presse The press as in the old authoritarian days is falling into the hands of a powerful few Sieber Peterson et Schramm 1963 p 4 Peterson explique que les am liorations technologiques ont fait en sorte que seuls quelques m dias ont pu acqu rir les moyens de rejoindre un v
149. omposantes du syst me m diatique dont les moyens doivent tre gigantesques Le cas du Devoir nous permet de saisir la tension perp tuelle que doivent g rer les m dias tension qui provient de l opposition entre la logique marchande qui les guide et la logique de l int r t public qui devrait aussi id alement les guider Cependant la nature priv e des entreprises m diatiques ne constitue pas un obstacle insurmontable En d autres mots ce n est pas parce qu une entreprise est priv e qu elle ne peut choisir en premier lieu la responsabilit 97 Pour mieux cerner l obstacle qu est la nature priv e de la plupart des m dias il nous faut ajouter un autre l ment l analyse savoir la taille des entreprises m diatiques Nous verrons comment la responsabilit sociale s harmonise difficilement avec la logique interne des entreprises m diatiques de tr s grande taille En effet il semblerait que les conglom rats m diatiques sont plus orient s vers les profits que vers la mission de service public au contraire des m dias de taille plus modeste Corollaire de la grande taille des entreprises la concentration de la propri t soul ve aussi un certain nombre de probl mes l application des principes de la TRS La TRS devant la taille et la concentration de la propri t des m dias Dans la plupart des soci t s occidentales contemporaines la grande majorit des m dias sont g r s par de grandes corporations
150. on est l oxyg ne de la d mocratie et ayant les moyens de le r aliser les gigantesques moyens communicationnels pourraient brillamment servir une d mocratie participative peut sous des conditions g n rales ne rien faire pour le promouvoir disons ne pas le promouvoir suffisamment Le cas des entreprises de presse est similaire au cas des constructeurs automobiles tous les citoyens ont int r t vivre dans une soci t o la d mocratie est ad quatement nourrie par l information les d bats publics l change d id es etc Cependant cette information de qualit engendre des co ts plus grands et des 115 b n fices moindres pour les entreprises de presse comme en t moigne le cas du quotidien Le Devoir Ce faisant peu d entreprises de presse sauf de rares exceptions choisiront de faire une grande place cette information de qualit qui co te cher et qui ne rapporte pas plus de lecteurs ou d auditeurs Le Devoir ne r colte que 3 du tirage au Qu bec malgr le fait qu il soit consid r comme un quotidien de grande qualit N ayant pas de grandes marges de profits ou d importantes recettes publicitaires les m dias qui choisissent de faire passer le service public avant la rentabilit ne pourront probablement pas concurrencer les m dias plus commerciaux au niveau du prix de vente ou d abonnement Comme les m dias voluent dans un environnement capitaliste ils chercheront naturellement vit
151. on les auteurs de Last Rights la th orie de la responsabilit sociale des m dias ne saurait tre int ressante ou utile dans la mesure o elle ne remet pas en question les pr suppos s lib raux Par exemple on n y remet pas en question l utilit du libre march des id es on souhaite le r tablir en exigeant des m dias qu ils pr sentent les points de vue en d saccord Ou encore bien que la Commission Hutchins admette l existence d un quasi monopole quant la propri t des entreprises m diatiques elle ne souhaite pas le briser mais seulement le rendre plus responsable Nerone 1995 p 99 Last Rights offre ainsi une critique autant de la th orie lib rale que de la th orie 2 Voir ce sujet Marc Fran ois Bernier 1994 ainsi que Saint Jean 2003a Voir aussi Annexe IV 74 de la responsabilit sociale nulle part on ne questionne le fait que les m dias soient contr l s par le capital priv Selon les auteurs qu ils voluent dans un r gime lib ral ou un r gime de responsabilit sociale les m dias ne sont pas au service de la soci t Media are instruments assigned specific roles namely to reproduce and multiply capital to serve the interest of capital because they are owned and directed by capital Nerone 1995 p 29 Bien que les auteurs conc dent que Four Theories a fourni des raisons historiques et th oriques pour remettre en question les conceptions philosophiques lib rales ils lui reproc
152. onsabilit 1979 Pour consid rer un acteur responsable selon Jonas 1 l action de cet acteur doit avoir des cons quences sur une entit personne groupe institution ou autre et 2 cette entit doit tre vuln rable c est dire qu elle ne peut pas r agir ou se soustraire seule aux cons quences de cette action Jonas 1990 notamment p 133 134 112 m dias pour s informer d battre juger et d cider Nous tayerons cette affirmation en nous inspirant des travaux de Mancur Olson sur l action collective Mancur Olson publie en 1965 un ouvrage intitul The Logic of Collective Action Public Goods and The Theory of Groups Ce qu on appelle depuis le th or me d Olson Olson 1987 p 19 se r sume ainsi Un groupe inorganis de personnes ayant un int r t commun conscientes de cet int r t commun et ayant les moyens de le r aliser peut sous des conditions g n rales ne rien faire pour le promouvoir Olson 1987 p 8 Nous donnerons deux exemples pour permettre de mieux comprendre l tonnant th or me d Olson le premier est tir de son ouvrage Logique de l action collective le second nous a t indirectement inspir par la lecture de La soci t efficiente de Joseph Heath 2002 Premier cas de figure classique le probl me du syndicalisme Tous les employ s ont int r t maximiser leurs conditions de travail et la mise sur pied d un syndicat est un bon moyen d y parvenir pourvu qu il
153. onsabilit sociale dans son ouvrage thique de l information 2002a Selon Saint Jean qui s inspire ici des critiques de Altschull la TRS est inefficace elle a t incapable de corriger les d fauts qu elle reproche aux m dias Bien qu elle constitue l armature principale de l argumentation rh torique avec laquelle l industrie des m dias d fend ses privil ges et sa position d ind pendance la th orie de la Responsabilit sociale demeure encore aujourd hui m connue obscure et surtout inefficace Elle repr sente l id ologie officieuse des m dias tout en demeurant un mod le un objectif aux contours vagues largement ignor dans la pratique Saint Jean 2002a p 93 Cela nous am ne afin de clarifier le statut de cette th orie dont les principes semblent pertinents mais dont les r sultats ne sont pas enti rement probants distinguer deux l ments dans la d marche de la Commission Hutchins et de la TRS Afin de ne pas jeter le b b avec l eau du bain en disant que la TRS a chou par son inefficacit il importe d effectuer une distinction entre les fins et les moyens D une part il y a l nonc des principes voulant que la libert de la presse soit ins parable de la responsabilit envers la soci t qui l accorde et que les fonctions des m dias soient d une importance capitale pour la bonne marche des soci t s d mocratiques Cela constitue le noyau de la th orie en tant que telle la fin attei
154. ont maximiser leurs int r ts individuels ce faisant ils contribueront faire avancer la civilisation pour reprendre le terme de Siebert La soci t lib rale placera donc comme but ultime la satisfaction des individus la poursuite de cet objectif incombera autant l homme lui m me qu la soci t et l tat qui devront y concourir Siebert Peterson et Schramm 1963 p 40 Le but de la soci t est le bonheur et le bien tre des individus Siebert Peterson et Schramm 1963 p 40 Le lib ralisme que pr sente Siebert est fonci rement atomiste dans la mesure o la soci t est un instrument au service des individus pris s par ment _ et ne saurait tre consid r e comme autre chose que la somme de ses parties Liberal philosophy does not accept the proposition that a society becomes a separate entity of 8 L expression libertarian peut porter confusion On ne doit pas confondre la pens e libertaire de la fin du XXe d but XXIe si cle et l emploi de l expression dans Four Theories 1963 o elle e signif e simplement lib rale 12 greater importance than the individual members which comprise it Siebert Peterson et Schramm 1963 p 41 Avec une telle conception de la soci t il devient impossible de proc der au sacrifice de l individu sur l h tel du bien commun ou de l int r t g n ral Quant la v rit celle ci est consid r e par les penseurs lib raux comme
155. ormation des citoyens Or nous consid rons que la justification de l intervention de l tat en mati re d information qu on trouve dans la TRS initiale est incompl te dans la mesure o elle ne se penche que sur un cas de figure celui o les citoyens ne poss dent pas individuellement les moyens de s informer et de participer aux discussions d mocratiques Comme ce cas de figure correspond la r alit que nous connaissons la critique que nous adressons ici la TRS ne remet pas en question sa pertinence pour clairer notre pr sent Toutefois il nous semble int ressant de proposer une seconde justification l intervention de l tat et du public pour prot ger la qualit de l information a savoir l existence d un paradoxe de l action collective en mati re d information II s agit l d une voie nouvelle pour la r flexion sur les m dias et la d mocratie Nous tenterons donc ici qu esquisser grands traits cette mani re nouvelle de justifier l implication de l tat pour assurer la responsabilit sociale des m dias Ii nous semblerait donc que l engagement officiel de l tat envers la responsabilit sociale des entreprises de presse engagement justifi l galement au nom du droit du public l information soit n cessaire et ce que les citoyens d pendent ou non des 7 Ces deux conditions implicite dans la TRS peuvent tre mises en parall le avec les deux crit res que Hans Jonas nonce dans son Principe resp
156. our les m dias d assumer une telle responsabilit dans une conomie capitaliste Saint Jean 2002a p 93 Les imp ratifs conomiques entreraient en contradiction avec les exigences de la responsabilit sociale et limiteraient consid rablement ses possibilit s concr tes d application Par ailleurs selon Carl Sessions Stepp la th orie de la responsabilit sociale est vuln rable dans la mesure o elle est tributaire de la bonne volont des m dias respecter les crit res de responsabilit Or selon Stepp certains l ments de la r alit contemporaine sont de nature pousser les m dias laisser tomber les exigences de responsabilit Lichtenberg 1990 p 189 Par exemple la concentration accrue de la propri t des m dias peut pousser les d cideurs faire passer les consid rations conomiques devant les valeurs journalistiques Aussi le fait qu un nombre de plus en plus grand de m dias soit poss d par des corporations n ayant qu un int r t secondaire ou accessoire dans le journalisme n est pas sans soulever un certain nombre d inqui tudes An obvious danger of such intermingling is the submergence of the press operations into an overall strategy in which they become simply one more profit venture Lichtenberg 1990 p 190 Si les m dias ne sont pas poss d s et dirig s avec l objectif premier de participer linformation ou de contribuer aux besoins communicationnels de la soci t mais plut
157. ponsabilit sociale La TRS un paravent universel Armande Saint Jean prend ses distances comme nous l avons vu plus haut avec la TRS Malgr tout nous jugeons que son discours g n ral s accorde avec les principes de la th orie de la responsabilit sociale Saint Jean adh re la notion de l id al de service public et elle est critique face la d responsabilisation globale du milieu journalistique Saint Jean 2002a p 52 70 Elle va m me jusqu dire que l tat devrait agir de fa on donner au r gime de la Responsabilit sociale des m dias une assise concr te et fonctionnelle Saint Jean 2002a p 106 Nous consid rons donc que les critiques qu elle formule envers la TRS refl tent une profonde insatisfaction quant aux r sultats obtenus mais non quant aux principes de responsabilit sociale en tant que tels Les critiques de Saint Jean contribueront ainsi mettre en lumi re une juste utilisation des principes de la TRS en face des abus rh toriques qu elle d nonce La critique principale de Saint Jean consiste dire que l id e de responsabilit sociale a constitu un pr texte commode utilis par les m dias pour viter toute intervention gouvernementale La TRS s est transform e en un paravent universel derri re lequel se positionnent les entreprises de presse pour prot ger les privil ges exceptionnels qui leur sont accord s Saint Jean 2002a p 110 Le plus grand reproche que
158. porte Nous analyserons ici la philosophie lib rale telle que pr sent e par Fred S Siebert The principles of libertarian philosophy as of authoritarianism are based on the answers to questions about the nature of man the nature of society and man s relation to it and the nature of 11 knowledge and of truth Siebert Peterson et Schramm 1963 p 40 Nous pr senterons donc avec Siebert les r ponses lib rales ces questions philosophiques Dans la th orie lib rale de la presse l homme est d crit comme un animal dou de raison capable de promouvoir par lui m me ses int r ts Il se distingue des autres animaux dans la mesure o il peut penser se souvenir mettre profit ses exp riences pass es et en tirer des conclusions M me si les hommes n agissent pas de fa on rationnelle dans tous les cas et en particulier pour r soudre les probl mes pos s par la vie en soci t ils tendent long terme faire progresser la civilisation Siebert Peterson et Schramm 1963 p 40 Bien que Siebert n y fasse pas directement r f rence on peut dire que l id e de la main invisible mise dans la th orie conomique de Adam Smith s applique cette conception de l homme Smith 1976 p 256 L agr gation des d cisions individuelles sans aucune intervention ext rieure donnera les meilleurs r sultats pour l ensemble des individus qui composent la soci t Si les hommes sont libres d entraves ils chercher
159. pour les m dias d information d une soci t d mocratique Voici en compl ment l actualisation des principes de la responsabilit sociale une r flexion sur l existence d un paradoxe de l action collective en mati re d information Il nous semble en effet que l existence de ce paradoxe au niveau de l information est un argument majeur dans la justification d une contrainte collective appliqu e au milieu m diatique Nous consid rons que cet argument vient compl ter et enrichir le discours de la th orie de la responsabilit sociale lorsqu il est question du r le de l tat en mati re d information 2 Par exemple comme l a soulign Saint Jean le t l journal est con u en fonction de l ge mental moyen des auditeurs tabli 13 ans On consid re par ailleurs que le public a une capacit maximale de compr hension et de r tention de 12 secondes Saint Jean 2002b p 124 Il est difficile d esp rer avec une telle conception du public que les m dias proposent r guli rement des r flexions pouss es 109 Nous sommes conscient que parler d intervention de l tat est hautement impopulaire dans le milieu m diatique et que cela constitue souvent une menace grave aux libert s _ de presse et d expression Toutefois nous croyons que le type d intervention bien pr cis propos dans la TRS une intervention limit e au niveau des r gles du jeu et non au niveau des contenus ayant pour seul but de prot ger le
160. pulaire dans la suite de la lutte pour la reconnaissance de la libert de la presse Milton was confident that 15 Truth was definite and demonstrable and that it had unique powers of survival when permitted to assert itself in a free and open encounter Siebert Peterson et Schramm 1963 p 44 La th orie lib rale de la presse retiendra cette id e de Milton que nous connaissons aujourd hui sous le nom de libre march des id es Les th ses de Milton rest es lettres mortes son poque deviendront populaires au cours du XVIII si cle o elles ont t largement diffus es en Angleterre et en Am rique Siebert Peterson et Schramm 1963 p 45 Selon Thomas Jefferson philosophe et p re fondateur de la nation am ricaine la presse doit tre libre du contr le de l tat et ce m me si elle est dans l erreur ou qu elle vitup re contre les actions du gouvernement La libert de la presse est n cessaire l accomplissement de certaines fonctions essentielles la d mocratie duquer les individus et servir de garde fou contre les d rapages du gouvernement Quant ce dernier son r le doit se borner selon Jefferson mettre en place et maintenir une structure l int rieur de laquelle les individus peuvent poursuivre leurs propres fins L intervention gouvernementale dans la vie des individus doit tre r duite au maximum Siebert Peterson et Schramm 1963 p 46 47 La conception jeffersoni
161. que la Commission f t principalement financ e par Time Inc 200 000 US et par Encyclopaedia Britannica Inc 15 000 US elle obtint une autonomie totale pour son d roulement et quant la nature de ses conclusions R unissant treize intellectuels et experts provenant de milieux vari s conomie droit philosophie science politique anthropologie thique histoire etc la commission a entendu les t moignages de nombreux intervenants du milieu m diatique et a tudi 176 documents lui ayant t soumis La Commission Hutchins ind pendante et multidisciplinaire avait les moyens et la marge de man uvre n cessaire pour aborder l pineuse question de la libert de la presse simple en apparence mais beaucoup plus dense et complexe qu on ne le croit au premier abord Apr s dix sept rencontres de quelques jours chelonn es de 1943 1947 la Commission Hutchins a livr un rapport relativement court et succinct offrant l essentiel des conclusions de l tude sans s encombrer de faits plus ou moins utiles leur compr hension Leigh 1947 Bien que la Commission soit g n ralement d sign e comme la source des id es de responsabilit sociale ces id es taient aussi en d veloppement en Angleterre la m me poque o une Commission royale sur la presse tudiait les effets de la concentration et les moyens d am liorer la performance des m dias C est ce qui fait dire Peterson que la th orie de la responsabilit
162. r acc s au public Toujours m fiants envers l tat les lib raux croient que toute intervention tatique tendra in vitablement supprimer les id es qui le critiquent ou qui ne vont pas dans le sens de ses int r ts Siebert Peterson et Schramm 1963 p 51 Comme chez Milton le lib ralisme place sa confiance dans la capacit du public faire la part des choses Ultimately the public could be trusted to digest the whole to discard that not in the public interest and to accept that which served the needs of the individual and of the society of which he is a part Siebert Peterson et Schramm 1963 p 51 Plut t que de s en remettre l tat qu ils tiennent sous haute surveillance les lib raux vont s en remettre l opinion publique pour distinguer le vrai du faux le bon du mauvais et le juste de l injuste Les m dias doivent pour cela pouvoir publier toutes les id es dans les limites de la loi sans craindre la censure 20 tre les chiens de garde de la d mocratie Du point de vue de l organisation sociale la presse peut tre consid r e comme une institution politique The press was charged with the duty of keeping government from overstepping its bounds Siebert Peterson et Schramm 1963 p 51 C est essentiellement la fonction que l on conna t sous le nom de chien de garde de la d mocratie consistant rep rer et mettre au jour toute action arbitraire ou autoritaire de la part du gouver
163. r elite Merrill 1974 p 91 une lite ext rieure aux m dias ce qui brime ind niablement l autonomie que Merrill souhaite pour ces derniers Merrill 1974 p 66 Il s oppose ainsi au nom de la libert toute intervention ext rieure dans les affaires des m dias Any power to make the press responsible or accountable is the negation of liberty if society or a press council or a judge or a jury or any other non journalistic group assumes the power to define for the press what responsible journalism is then liberty is surrendered It is just that simple Merrill 1974 p 83 Contrairement la position des auteurs de Last Rights qui disaient que la TRS tait clairement un lib ralisme n apportant rien de nouveau sous le soleil Merrill consid re plut t que l id e de responsabilit sociale est une menace au lib ralisme et aux libert s qui y sont inh rentes La responsabilit sociale est une menace parce que les cons quences des actions jug es irresponsables ne sont pas d finies Merrill reproche la notion de responsabilit sociale qui est relative et floue nous reviendrons l dessus dans la partie portant sur les critiques de nature pist mologique de laisser place la sp culation quant aux cons quences de lirresponsabilit sociale Merrill 1974 p 87 p 89 Merrill demande en quelque sorte Si certains m dias ne sont pas responsables que va t il se passer Cette a
164. r l air pur mais ils ont aussi int r t ne pas payer plus pour un v hicule cologique devant l offre moins co teuse d un v hicule quivalent mais plus polluant ou encore ne pas diminuer leurs 114 profits en mettant sur le march des automobiles plus co teuses bien que moins polluantes Ainsi aucun constructeur ne va de l avant avec les dispositifs anti pollution et toute la population court moyen et long terme en paie le prix en dollars cologiques La solution pour maximiser le b n fice individuel de tous avoir un environnement de meilleure qualit est de contraindre tous les constructeurs des standards minimums au niveau des manations polluantes Si tous les constructeurs se retrouvent avec la m me obligation la concurrence reste pr serv e les conditions sont les m mes pour tous et aucun constructeur n est d favoris par rapport aux autres De l toute la population y compris les individus constructeurs b n ficie d une mesure qui ne nuit aucun constructeur en particulier Voil l int r t public respect et les int r ts particuliers m nag s La m me logique s applique notre avis l information Reprenons le th or me d Olson en l appliquant l information Un groupe inorganis de personnes ayant un int r t commun l information de qualit pour la vigueur de la d mocratie conscientes de cet int r t commun on reconna t partout que l informati
165. r la question et peuvent agjir les m dias eux m mes le public et l tat Nous verrons pour clore ce chapitre certains moyens propos s par la Commission afin que les m dias assument les fonctions qui leurs reviennent et ce m me s ils ne sont pas spontan ment ou volontairement responsables Nous devons cependant pr ciser que nous ne pr senterons pas dans le d tail toutes les recommandations de la Commission En effet la plupart de celles ci sont historiquement dat es et ne concernent que les m dias am ricains d apr s guerre Comme cela ne nous serait pas d une tr s grande utilit nous nous en tiendrons aux principes sous jacents ces moyens certes int ressants mais trop loign s de la r alit contemporaine Nous pourrons par la suite actualiser ces principes dans le quatri me chapitre et voir ce qu ils impliquent pour aujourd hui Que faire en cas d irresponsabilit Les grandes lignes de la th orie de la responsabilit sociale de la presse sont assez simples la libert de la presse est accord e afin que les m dias remplissent un certain nombre de fonctions vues comme essentielles la d mocratie et pour autant qu ils les remplissent effectivement Si les m dias ne s auto disciplinent pas la soci t se trouvera dans l obligation d y voir Id alement les tenants de la th orie de la responsabilit sociale souhaiteraient que les entreprises m diatiques int grent d elles m mes leur pratique quoti
166. re along the way faith diminished in the optimistic notion that a virtually absolute freedom and the nature of man carried built in correctives for the press Siebert Peterson et Schramm 1963 p 77 C est au fond l esprit des Lumi res qui est progressivement remis en question avec le passage des ann es Cet esprit contest est d crit par Peterson de la fa on suivante Its basis was the perpetual motion world machine of Newton which ran timelessiy according to certain immutable laws of nature the natural rights philosophy of John Locke with its insistence that freedom was inherent and that man was a rational creature the doctrines of classical economics with their emphasis on a minimum governmental interference and their faith that as men worked for their own self interest they would inevitably work for the common good and the self righting process of John Milton which held that truth would emerge from the free encounter of ideas in the open market Siebert Peterson et Schramm 1963 p 81 Les d couvertes scientifiques et l volution des sciences sociales combin es aux changements apport s au mode de vie des individus par les r volutions technologique 37 et industrielle ont certainement jou pour beaucoup dans la d sillusion du XX si cle o certains se sont mis douter de l optimisme des lib raux Cela a contribu l mergence de la th orie de la responsabilit sociale qui s est principalement
167. rendre et orienter notre r alit m diatique contemporaine Toutefois il nous para t possible de proc der une actualisation de l id e de responsabilit sociale des m dias de fa on conserver les principes qui gardent un int r t pour aujourd hui tout en laissant de c t les l ments rendus d suets par le passage des ann es Si le contexte a chang les questions fondamentales de la th orie ainsi que les probl mes qu elle mettait en lumi re sont quant eux rest s sensiblement les m mes Nous croyons que la th orie de la responsabilit sociale de la presse une fois actualis e peut donner sinon des r ponses du moins des pistes de solution pour repenser les rapports entre m dias et d mocratie ainsi que le statut et les fonctions des m dias au sein de la soci t En d autres mots la TRS ne conserve pas qu un int r t historique elle peut faire peau neuve la suite des critiques lui ayant t adress es et par la suite tre adapt e aux nouvelles r alit s m diatiques II nous semble donc pertinent d effectuer un retour aux sources de la th orie en consacrant ce m moire l tude et la discussion de la TRS Toutefois ce m moire n a pas la pr tention de constituer un mode d emploi pour les m dias ou pour la soci t en g n ral Nous souhaitons simplement montrer que cette th orie normative souvent mal interpr t e ou jug e d su te est toujours d actualit Nous souhaitons r v l
168. rent la responsabilit un appui social clair il faut cr er un climat social propice susciter la 43 Voir Annexe ll 4 Voir Chapitre 3 p 67 69 45 Tel que d fini dans le chapitre 1 du m moire 110 responsabilit et aider les m dias acqu rir les moyens d tre responsables Afin de cr er ce climat propice la responsabilit sociale des m dias une intervention de l tat parcimonieuse et limit e s av re n cessaire Qu il s agisse de l laboration d une loi sur l information obligeant les m dias la transparence et une v ritable imputabilit de la mise en place d un fonds d aide pour venir en aide aux m dias ind pendants ou ceux qui s engagent envers la responsabilit sociale du financement de la recherche sur les m dias de la cr ation d un observatoire o l on pourrait valuer leurs performances ou de toute autre moyen l tat peut et doit au nom du droit du public l information assumer ses responsabilit s envers la soci t civile et l avenir de la d mocratie Nous croyons que cette intervention est n cessaire compte tenu des arguments pr sent s dans l actualisation de la TRS mais aussi parce qu il existe un paradoxe de l action collective en mati re d information Le paradoxe de l action collective en mati re d information Les partisans de la th orie de la responsabilit sociale justifient la n cessit de l intervention de l tat parce que le march n est plus libre p
169. responsabilit cela serait en fait une atteinte grave la libert La philosophie sous jacente la TRS consid re les choses sous un autre angle Un acte libre n est pas n cessairement comme chez Merrill un acte socialement responsable La libert en elle m me n offre aucune garantie quant aux comportements de ses d tenteurs Dans la TRS les m dias doivent reconna tre qu ils jouent un r le essentiel la bonne marche de la soci t et tenter de le jouer le mieux possible Les tenants de la TRS consid rent que les m dias dans leur ensemble constituent une institution sociale d tentrice sinon d un grand pouvoir du moins de fonctions primordiales au sein de la d mocratie Comme les autres institutions sociales ducation sant transports etc les m dias sont consid r s comme un service public comme investis d une mission d int r t g n ral Altschulil 1995 p 139 Leigh 1947 p 76 77 Saint Jean 2002a p 27 Voyenne 1962 p 282 Libois 1993 82 p 32 Bertrand 1997 p 4 Compte tenu des grands besoins communicationnels des d mocraties information changes d bats entre les citoyens les lus les experts etc et puisque les m dias sont les principaux v hicules d information et d changes publics au sein de la soci t ceux ci se retrouvent responsables de pourvoir ces besoins C est une question d int r t public Denis McQuail qui pr sente l id e d int r t public associ
170. rir une l gitimit No democracy however certainly not the American democracy will indefinitely tolerate concentrations of private power irresponsible and strong enough to thwart the aspirations of the people Eventually governmental power will be used to break up private power or governmental power will be used to regulate private power if private power is at once great and irresponsible Leigh 1947 p 80 I nous faut toutefois garder l esprit que les interventions gouvernementales constituent une solution de dernier recours dans le cas o les entreprises m diatiques seraient la fois puissantes ef irresponsables La Commission ne fait pas l apologie de l intervention gouvernementale au contraire Mais elle pr vient par l les m dias de ce qui les attend s ils persistent n gliger le service public essentiel la soci t qu ils doivent remplir Leigh 1947 p 80 II ne fait pas de doute que les m dias doivent rester des entreprises priv es la Commission ne propose nulle part que l tat remplace les m dias priv s Toutefois les m dias ne sont pas des entreprises ordinaires they are affected with a public interest Leigh 1947 p 90 91 Les m dias doivent demeurer de propri t priv e mais cela ne les dispense en aucun temps de remplir les fonctions qui leur reviennent Avant d en arriver une intervention gouvernementale la Commission sugg re des pistes de solution pouvant tre mises de l a
171. roit l information Paris Aubier Montaigne 221 p WOLTON Dominique 1997 Penser la communication Paris Flammarion 403 p Articles de p riodiques ASSELIN Pierre 13 f vrier 2003 La FPJQ d ue du rappor Saint Jean Le Soleil Qu bec p A8 BERNIER Marc Fran ois 1998 L autor gulation pragmatique du journalisme en Am rique du Nord Recherche en communication no 9 p 47 70 BOURASSA Henri 10 janvier 1910 Avant le combat Le Devoir Montr al CAUCHON Paul 16 septembre 2000 Devenir gros et le rester Le Devoir Montr al p C9 CAUCHON Paul 10 f vrier 2003 M dias un comit en attente de r sultats Le Devoir Montr al p B7 DESC TEAUX Bernard 22 mars 1999 Une voix libre et ind pendante Le Devoir Montr al p A6 DESC TEAUX Bernard 22 mai 2003 Une contribution essentielle aux d bats qui secouent la soci t Le Devoir Montr al p A7 DESC TEAUX Bernard 10 f vrier 2003 l appui du Conseil de presse Le Devoir Montr al p A6 HARTUNG Barbara W Fall 1981 Attitudes Toward the Applicability of the Hutchins report on Press Responsibility Journalism Quarterly p 428 433 _ HUOT Isabelle 15 novembre 2000 L gal juridique et judiciaire Le Journal du Barreau Volume 32 Num ro 19 disponible en ligne l adresse suivante http Awww barreau qc ca journal vol32 n019 etymologie htmi
172. rpation de la libert de la presse des fins int ress es et que cette usurpation se ferait au d triment de l int r t g n ral Si tel est le cas c est toute la soci t qui cope II est donc temps de revoir encore une fois l utilisation qui est faite de la libert de la presse et de s assurer au nom des id aux d mocratiques que ses d tenteurs n oublient pas leur importante mission sociale Depuis la Commission Hutchins de 1947 et la publication de Four Theories of the Press en 1956 la th orie de la responsabilit sociale a fait son chemin dans la soci t et dans les milieux m diatiques Elle a t critiqu e de nombreux gards ce qui la contraignant se d lester de ses allures v tustes obligea ses d fenseurs la pr ciser la r viser et l expliciter Les principes qui suivent synth tisent l essentiel de son actualisation et de sa r affirmation Pr cisions pr liminaires 1 La responsabilit sociale des m dias n est pas un luxe pour une soci t d mocratique elle constitue un investissement durable et n cessaire pour l avenir en refusant de garder l attention du public riv e sur le court terme le superficiel ou le sensationnel 2 L objectif premier de la th orie de la responsabilit sociale des m dias est de demeurer fid le l id al des premiers penseurs de la libert et de la d mocratie les penseurs lib raux La TRS consid re qu il faut d passer le lib ralisme sans
173. rsonnelles toutes choses qui n ont rien voir avec le journalisme Information et divertissement emm l s Une caract ristique regrettable du d bat sur la d ontologie c est l omission du divertissement Ceci est d autant plus grave que la limite entre information et divertissement se brouille de nos jours Les m dias souffrent d un manque de hi rarchisation Ils devraient mieux distinguer entre les nouvelles divertissantes et importantes et privil gier celles qui peuvent affecter la vie d un groupe social de la soci t d un pays de l humanit Que doit on penser du sondage annuel des directeurs de quotidiens US r v lant que pour eux le plus grand v nement de 1999 avait t l affaire O J Simpson l poque des massacres du Rwanda Et tout au long de 1998 les m mes m dias ont concentr leur attention sur l enqu te concernant la br ve liaison de Monica Lewinsky et du pr sident Clinton une p riode o les crises se multipliaient dans le monde entier Certes chaque m dia a besoin de tenir compte de son audience le public d lite veut des donn es utiles mais le public populaire aime les facto des distrayants Mais bien des m dias m langent les deux sans toujours s en rendre compte Le divertissement m diatique n est nullement m prisable Mais il ne doit pas carter ou vulgariser la v ritable information et prendre une place dominante 7 Michel Lemay 19 f vrier 2004 58 Claude Je
174. rtaines fonctions essentielles pour la soci t elle doit dor navant tre responsable Siebert Peterson et Schramm 1963 p 74 Nous utiliserons dans ce m moire la m thode de notation auteur date Ainsi les r f rences abr g es sont pr sent es m me le texte entre parenth ses Les r f rences compl tes se trouvent dans la bibliographie Bien que le contexte historique soit important pour comprendre les facteurs ayant contribu l mergence des id es lib rales et de responsabilit sociale de la presse nous mettrons sp cifiquement l accent sur la dimension normative de ces th ories Notre objectif consiste moins retracer l histoire de ces th ories qu d gager les principes et les implications qu elles sous tendent Le troisi me chapitre proc dera la discussion de la TRS en synth tisant les principales critiques lui ayant t adress es depuis son laboration Car si la TRS est consid r e comme un classique parmi les th ories de la communication et du journalisme elle a n anmoins t l objet de critiques nombreuses et vari es Dans la mesure du possible nous tenterons de r pondre ces critiques en montrant pourquoi certaines d entre elles ne r sistent pas un examen attentif Par ailleurs loin d enlever toute pertinence la TRS ces critiques nous serviront de points d appui pour clarifier certaines notions rest es vagues ou embryonnaires dans sa version initiale et pour d
175. rtuelle et la possibilit effective de tout un chacun d marrer son propre m dia On se borne plut t d clarer que le march est ouvert tous The libertarians argued that anyone citizen or alien who had the inclination should have the unrestricted opportunity to own and operate a unit of mass communication This field was open to all Siebert Peterson et Schramm 1963 p 52 Siebert conc de que la r alit n a jamais concord parfaitement avec cet id al th orique Some men had superior abilities for verbal expression some men had the interest energy and drive to express themselves and some had more direct access to public audience than others Siebert Peterson et Schramm 1963 p 52 Si les individus ont tous le m me droit de s exprimer publiquement sans gard la v rit ou la fausset de leurs propos ils n ont pourtant 25 pas tous les m mes moyens Cette critique sera reprise dans la th orie de la responsabilit sociale Si la presse crite est vraisemblablement accessible tous il en va autrement pour les m dias plus r cents que sont la radio et la t l vision Les tenants de la th orie lib rale de la presse ont d r ajuster leurs principes du moins envers ces nouveaux m dias qui ont la particularit contrairement la presse crite d tre mat riellement limit s Obviously not everyone could establish a radio broadcasting station without producing complete chaos o
176. s est de s assurer que le public puisse avoir une compr hension compl te de la situation donn e en repla ant les nouvelles dans le contexte appropri Les m dias ont ainsi un certain travail d interpr tation des faits effectuer ce qui n est toutefois pas sans poser quelques difficult s Siebert Peterson et Schramm 1963 p 88 89 Toutefois outre cette exigence d interpr tation des faits cette premi re fonction met en lumi re le r le ducatif des m dias le public ne doit pas seulement conna tre les v nements d actualit il doit aussi avoir acc s un bagage de connaissances compl mentaires lui permettant de les comprendre Cela s ajoute donc la simple fonction d information des m dias La seconde fonction qui revient aux m dias est d offrir un forum pour l change de commentaires et de critiques Les grandes agences de communications de masse doivent se concevoir en tant que v hicules de discussions publiques common carriers of public discussion Siebert Peterson et Schramm 1963 p 89 Leigh 1947 p 23 Peterson pousse plus loin l id e In simple terms it means that the giants of the press should carry views contrary to their own without abdicating their own right of advocacy Siebert Peterson et Schramm 1963 p 90 Cela implique que les m dias doivent tenter de repr senter tous les points de vue pertinents et non pas seulement ceux avec lesquels les dirigeants des m dias sont d accord
177. s auteurs ayant plaid en sa faveur dont les plus connus sont John Milton au XVII si cle Thomas Jefferson au XVIII et John Stuart Mill au XIX Siebert Peterson et Schramm 1963 p 44 Sans voir en d tail leur position respective il convient de pr senter les arguments qui sont encore aujourd hui utilis s par les tenants du lib ralisme en vue de d fendre le caract re inviolable de la libert de la presse John Milton po te et philosophe anglais irrit par la censure qui s abattait sur ses propres crits a entrepris la r daction d un plaidoyer pour la libert intellectuelle et contre le contr le autoritaire de la presse s inscrivant ainsi tout fait dans le nouveau courant lib ral Dans l Areopagitica ou Pour la libert d imprimer sans autorisation ni censure Milton soutenait en 1644 que les hommes sont capables de distinguer le vrai du faux le bien du mal en autant qu ils peuvent avoir un plein acc s aux id es et aux r flexions des autres hommes Siebert Peterson et Schramm 1963 p 44 Par extrapolation nous pouvons dire que le message envoy par Milton aux autorit s est d avoir confiance en la capacit des hommes faire la part des choses Toute tentative de contr ler les id es circulant dans la soci t constitue un paternalisme abusif qui tient les hommes en tat de d pendance et qui les emp che d exercer librement leurs facult s John Milton est par ailleurs l origine d une id e devenue tr s po
178. s deux nouvelles versions des anciennes th ories de la presse ont acquis suffisamment d ind pendance pour tre consid r es comme des th ories part enti re d o le fait qu ils continuent parler de quatre th ories de la presse Siebert Peterson et Schramm 1963 p 2 Pour ce qui est de la TRS Peterson parle en effet de la greffe de nouvelles id es sur la th orie traditionnelle Siebert Peterson et Schramm 1963 p 75 Les auteurs de Four Theories parlent m me d un nouveau lib ralisme en faisant r f rence la TRS Siebert Peterson et Schramm 1963 p 4 Cela permet de comprendre que la TRS ne s oppose pas la th orie lib rale de la presse dans la mesure o elle ne rejette pas ses objectifs contrairement par exemple la th orie autoritaire Au contraire les id es de responsabilit sociale ont t nonc es pour r duire le risque de sombrer dans le totalitarisme The theory poses social responsibility of the media as a safeguard against totalitarianism Siebert Peterson et Schramm 1963 p 82 Cependant si la TRS ne rejette pas les objectifs de la th orie lib rale ses tenants sont insatisfaits des r sultats concrets du syst me m diatique guid par les principes lib raux L insatisfaction est manifeste chez les membres de la Commission Hutchins qui en sont arriv s la conclusion suivante apr s avoir tudi en d tail la presse am ricaine the American press has great technica
179. s has endangered public morals 6 The press has invaded the privacy of individuals without just cause 7 The press is controlled by one socioeconomic class loosely the business class and access to the industry is difficult for the newcomer therefore the free and open market of ideas is endangered Siebert Peterson et Schramm 1963 p 78 79 Malheureusement Peterson n explicite pas en d tail chacun des sept axes de critique envers les m dias Bien qu il passe en revue les critiques adress es chaque type de m dias en particulier journaux livres magazines cin ma etc il napprofondit pas la question Pour l instant nous nous contentons de rappeler que l volution majeure connue par le syst me m diatique est une des raisons expliquant le mieux l apparition des critiques envers les m dias Tant que les m dias n taient que de petites entreprises nayant somme toute que tr s peu de pouvoir ou de moyens leur port e respective ne pouvait pas perturber profond ment la soci t Toutefois depuis que les m dias sont devenus de gigantesques businesses la logique qui les guide dor navant n est plus n cessairement celle du petit m dia ind pendant Cette logique commerciale qui place la rentabilit en priorit sur l chelle des valeurs expliquerait beaucoup des d rapages des abus ou des carences reproch s aux m dias Toutefois Peterson n est pas tr s explicite ce sujet il pr sente plus un ventai
180. s ont une trop grande influence sur la marche de la soci t pour qu ils puissent prendre leur r le la l g re Le verdict de la Commission Hutchins sur l influence des m dias en soci t est assez tranch les m dias peuvent faciliter ou touffer les changes et les discussions faire progresser ou contrecarrer la civilisation d grader ou enrichir la culture de la population favoriser la paix ou la mettre en danger offrir un traitement objectif des nouvelles ou faire varier l importance et la signification de certaines d entre elles Ces pouvoirs tendent par ailleurs s accro tre la mesure des d veloppements techniques et des nouveaux instruments qui leur sont accessibles Leigh 1947 p 3 Compte tenu de ce pouvoir polymorphe la libert de la presse ne peut plus tre utilis e de fa on irresponsable si les m dias sont irresponsables c est la soci t toute enti re qui en souffrira ce sujet la Commission est assez claire the press must know that its faults and errors have ceased to be private vagaries and have become public dangers Leigh 1947 p 18 19 La libert de la presse ne peut plus tre inconditionnelle parce 47 qu elle a acquis une port e et une influence consid rables sur la soci t Le principe fondamental de la th orie de la responsabilit sociale est que la libert de la presse ne va pas sans responsabilit pour ceux qui en b n ficient Freedom carries concomitant
181. senterons les critiques qu un bon nombre de r ponses pouvant leur tre faites proviennent directement de la TRS originale Cela pourrait indiquer qu elle n a pas fini de r v ler tout ce qu elle rec le Par ailleurs nous consacrerons une partie de ce chapitre la pr sentation des principaux obstacles l application de la TRS Mais avant de pr senter les critiques officielles et pr cises adress es la TRS ainsi que les obstacles qu elle doit surmonter il importe de faire le point sur une critique fondamentale de laquelle d pend toute la pertinence de ce m moire la TRS serait inefficace 65 La TRS th orie inefficace En effet la commercialisation de l information la concentration accrue de la propri t des m dias le sensationnalisme la confusion des genres etc sont des exemples de ces ph nom nes inqui tants qui pourraient laisser croire que la TRS est inefficace D aucuns pourraient affirmer ironiquement que si la TRS demeure toujours d actualit aujourd hui c est pour une bonne part parce qu elle n a pas permis de r gler les probl mes auxquels ses penseurs s taient attaqu s Il est vrai que si l tude de la TRS est toujours pertinente c est parce que l impression d irresponsabilit sociale des m dias tend persister et se g n raliser plut t qu se dissiper Cela tait d j le cas en 1981 lorsque Barbara W Hartung a voulu savoir si 34 ans apr s la publication du rapport de
182. si qu participer minimalement aux discussions publiques moins d un b n fice individuel plus grand le faire qu ne pas le faire Cons quence situation paradoxale En l absence d incitatifs individuels d autres int r ts ou de contrainte diminution de l information de qualit au profit d autres contenus m diatiques et r duction du nombre de citoyens qui assument leur devoir d information et de participation aux discussions publiques Il suffit donc qu un m dia ne place pas l information de qualit en priorit sur son chelle de valeurs et qu il joue la carte du spectaculaire du l ger du divertissement afin d attirer un public parfois rebut par une information trop s rieuse un reportage de 1500 mots sur les massacres du Darfour n est pas de nature rendre le c ur l ger et une analyse s rieuse du budget national ne provoque pas d motions intenses pour 117 qu il soit conomiquement avantag par rapport aux autres Plus de clients plus de revenus publicitaires plus d actionnaires plus de moyens promotionnels encore plus de clients etc Les m dias se retrouvent ainsi entra n s dans une course l ab me une situation qui a tendance se d grader de plus en plus Aussit t qu un m dia modifie ses fa ons de faire pour attirer plus d annonceurs ou un plus grand public les autres sont presque irr m diablement pouss s l imiter pour ne pas
183. simile le Devoir ce qu il nomme les quality papers journaux pouvant tre qualifi s de responsables Bref ces journaux se rapprochent de l id al fix la presse en 1947 par la c l bre Commission Hutchins ils situent actualit dans un contexte qui lui donne un sens Dans tous les cas les ditoriaux et les commentaires constituent le c ur des quality papers Les grands d bats de soci t se font dans leurs pages Ce sont d ailleurs ses sections d opinions et d analyses bien plus que ses pages de nouvelles qui permettent au Devoir de pr tendre appartenir ce groupe d lite Comeau et Desrochers 1996 p 334 Le cas du Devoir d montre qu il est possible pour une entreprise priv e de ne pas chercher la rentabilit en premier lieu et par l de pouvoir rester fid le la responsabilit Cependant puisque Le Devoir constitue un cas d exception au Qu bec cette possibilit nest pas g n ralis e la pratique courante du milieu m diatique Le cas du Devoir soul ve ainsi certaines interrogations auxquelles nous ne pouvons malheureusement pas r pondre dans le cadre de ce m moire Comment se fait il qu un quotidien qui semble r pondre aux crit res de la responsabilit sociale attire seulement 3 des lecteurs de quotidiens En serait il de m me pour tout autre m dia qualifi de responsable Si la responsabilit a un co t conomique est il r aliste de l exiger galement de la part de toutes les c
184. soci t s contemporaines change la donne et permet de consid rer diff remment le r le de l tat L tat d mocratique intervient dans d autres domaines selon certaines modalit s claires 31 Voir Annexes IV et V 89 et rendues publiques sans pouvoir l gitimement outrepasser les bornes du pouvoir pr alablement d fini La Commission Hutchins disait que si l tat devait intervenir il allait aussi devoir fixer des limites son pouvoir d intervention de fa on prot ger la libert Leigh 1947 p 8 Ainsi un r gime de la responsabilit sociale o l tat interviendrait de fa on r fl chie et pos e selon des crit res d termin s l avance ne peut tre confondu avec l arbitraire d un pouvoir politique d brid Ici encore nous sommes en pr sence de deux fa ons oppos es d envisager les choses Pour Merrill accorder au gouvernement un r le dans les affaires des m dias offre celui ci une opportunit de trop d abuser de son pouvoir alors que pour les tenants de la responsabilit sociale une intervention balis e du gouvernement ou d une autre entit pr vue cette fin peut tre parfois n cessaire pour viter les d rapages li s l important pouvoir priv et donc non balis par le vote citoyen des grands m dias En conclusion nous soutenons avec la Commission Hutchins et Peterson que l volution des contextes politique conomique et m diatique exigeait une reconsid ration de
185. sociale La TRS devant les rigueurs du march Enfin ces obstacles la responsabilit sociale que sont la nature priv e la grande taille et la concentration des entreprises m diatique s ajoute une autre difficult l application des principes de la TRS repose principalement sur une reconnaissance et un engagement volontaires de la part des m dias pour la plupart de grande taille et orient s vers les profits ne pas chercher leurs int r ts propres au d triment des int r ts de la soci t Or l environnement conomique capitaliste et la rude comp tition entre les m dias ne sont pas de nature inciter les m dias adopter des pratiques socialement responsables au sens o on l entend dans la TRS En d autres mots le syst me capitaliste ne fournit pas les incitatifs n cessaires une v ritable responsabilit sociale Comme le mentionne Carl Sessions Stepp les rigueurs du march font de la TRS une th orie vuln rable puisque le niveau accru de concentration peut inciter les m dias consid rer la responsabilit sociale comme un luxe qu ils ne peuvent s offrir Lichtenberg 1990 p 189 En plus de la concentration s ajoutent donc les pressions de l environnement conomique capitaliste lui m me Comme le souligne Dominique Wolton les lois du capitalisme qui ont toujours t omnipr sentes dans le secteur de 100 la presse car il ne faut pas id aliser le pass ont aujourd hui des effets impl
186. sociale Le journaliste en effet n est qu un agent du citoyen charg de recueillir des informations et des connaissances ce titre il est investi de la confiance du public et jouit d une grande influence Dans ces circonstances les organes de presse doivent pr senter une information impartiale exacte compl te et quilibr e Cette obligation incombe particuli rement un service public de radiodiffusion comme Radio Canada dont la responsabilit s exerce par l interm diaire de son conseil d administration non seulement devant le Parlement mais devant la collectivit nationale toute enti re On voit combien dans ces conditions la confiance du public est essentielle Concevoir la libert de la presse comme le droit de faire du journalisme en dehors de toute obligation d quit et d int grit risque d entra ner la d saffection du public et la d valorisation de la profession Afin de pr senter une information quilibr e et quitable un organisme de presse doit s assurer que le plus vaste ventail possible de points de vue est diffus La plupart des opinions sont susceptibles de conduire la v rit mais il faut aussi tenir compte de l importance r elle ou ventuelle d une opinion et du poids de ses d fenseurs Les id es comme l opinion publique voluent et ces changements doivent tre refl t s dans la programmation journalistique Celle ci ne doit pas se limiter une ventilation des points de
187. sponsabilit sociale s enraciner durablement dans la pratique Nous reconnaissons tous le r le important que jouent les m dias pour la d mocratie et la n cessit pour les citoyens d une d mocratie digne de ce nom de s informer de d battre de critiquer de juger afin d tre en mesure de choisir et d agir Nous reconnaissons que nous partageons un int r t commun savoir la pr sence d une information de qualit diversifi e profonde et compl te Pourtant la tendance ne va pas dans ce sens L information est souvent sensationnelle et superficielle on pr f re le spectacle l analyse en profondeur Le pur divertissement occupe une tr s grande place sur les ondes l ind pendance des m dias envers les publicitaires ou les grands actionnaires est souvent limit e le march capitaliste pousse la rationalisation des co ts et les perc es technologiques entra nent les journalistes dans une logique d efficacit et de vitesse qui s accorde mal avec le temps que requiert la r flexion critique S il est vrai que nous avons en commun un int r t savoir l information de qualit et l existence de citoyens inform s critiques et actifs alors il faudrait travailler r soudre le paradoxe qui s Pour un aper u global et critique de la relation entre les m dias et la d mocratie des contraintes organisationnelles qui enserrent les m dias de l effet de la logique marchande voir Gingras 1999 124 nous entra ne in
188. sse mais venait de plus lui enlever l int r t qu elle aurait pu avoir combin e une philosophie plus communautaire Rather than being a true communitarianism and rather than posing a serious threat to class and corporate control of the media social responsibility theory actually endorses the status quo by erecting standards of performance that can make monopoly media system seem like the voice of the people even as the media keep the people silent and stupid Nerone 1995 p 78 79 Ainsi donc la critique de la gauche ne s en prend pas tant l exigence de responsabilit sociale qu aux postulats lib raux et capitalistes qui demeurent non questionn s par la th orie Les auteurs proposent en contrepartie une th orie marxiste qui aurait l avantage d insuffler les changements conomiques politiques et sociaux n cessaires selon eux une meilleure orientation des m dias qui sans voluer dans un r gime totalitaire pourraient tre des institutions but non lucratif Nerone 1995 p 123 p 146 R ponse La querelle philosophique et id ologique opposant la gauche et la droite semble vou e ne jamais tre r solue Ces deux positions du moins dans leur formulation extr me s opposent et sont irr conciliabies Nous ne pr tendrons donc pas ici tenter de convaincre la gauche du bien fond du lib ralisme ou vice versa nous pr ciserons par contre quelques points essentiels La th orie de la responsabi
189. surer la responsabilit sociale des m dias et la qualit de leur performance The Commission has repeatedly recorded its conviction that the press itself should accept responsibility for performance in the public interest Leigh 1947 p 69 L id e tant que si les m dias parviennent d eux m mes offrir la soci t le service m diatique dont elle a besoin il n est plus n cessaire de recourir la r gulation tatique ou un contr le de la part du public C est l id e bien Par exemple Claude Jean Bertrand a publi en 1999 un livre imposant sur les M A RYS les moyens d assurer la responsabilit sociale L id e des M A R S est int ressante dans la mesure o ces moyens peuvent varier d une poque l autre et d un contexte m diatique l autre Il est donc possible et souhaitable de revoir et de r inventer perp tuellement les outils de la responsabilit sociale des m dias Voir l Annexe V pour un aper u synth tique des M A RYS 97 connue et r pandue dans la plupart des milieux journalistiques d autor gulation self regulation Un syst me m diatique qui parviendrait s autor guler de fa on r pondre ad quatement aux besoins de la soci t n aurait pas craindre d interventions ext rieures Cependant si le milieu ne parvient pas s autor guler de lui m me ou si l autor gulation ne donne pas les r sultats escompt s les interventions ext rieures appropri es pourront acqu
190. t entrer dans le march pour faire entendre ses id es tant devenu mobilis par quelques joueurs puissants on ne pouvait plus sinc rement soutenir que le libre march des id es tait ouvert tous No longer can the individual with something to say reach the necessary audience with the unaided human voice no longer can he found a newspaper or magazine no longer can he issue his ideas in pamphlets which will have the prestige that the mass media confer upon their content Siebert Peterson et Schramm 1963 p 90 La nouvelle configuration du march m diatique conf re ainsi aux m dias qui restent un pouvoir qui avait t jusque l inexistant But the very fact that control of the press is so limited puts a new and uneasy power into the hands of media owners and managers Siebert Peterson et Schramm 1963 p 4 L apparition de ce nouveau pouvoir des m dias est une des principales raisons ayant rendu n cessaire une r vision de la libert de la presse dans la th orie de la responsabilit sociale L incertitude entourant les cons quences de la concentration de la propri t des m dias rendait n cessaire une remise en question de la libert quasi absolue qui leur tait accord e remise en question laquelle nous reviendrons plus loin 35 Nouveaux besoins de la soci t Selon la Commission Hutchins non seulement le milieu m diatique a t profond ment transform par la r volution technologique e
191. t comme la principale menace pesant sur la libert individuelle Les penseurs lib raux ont donc cherch limiter consid rablement les pouvoirs du gouvernement sur la vie des individus de fa on am nager un espace de libert qui soit le plus grand possible Yet by and large freedom came to mean freedom from the hold of the state and the best form of government came to be taken as that which governed least Siebert Peterson et Schramm 1963 p 95 Cette conception de l tat 42 comme menace la libert et par extension la libert de la presse a pouss les lib raux consid rer a priori comme ill gitime et dangereuse toute intervention du gouvernement au sein du syst me m diatique Le seul r le l gitime du gouvernement pour les lib raux est d assurer par la mise en place des structures appropri es que les m dias soient libres Or les tenants de la TRS consid rent que ce r le essentiellement n gatif de l tat est insuffisant As under traditional theory one function of government is to maintain order and personal security But that is essentially a negative function which leaves the exercise of freedom to chance and it is not sufficient in modern societies Siebert Peterson et Schramm 1963 p 95 Dans la TRS on consid re que l tat ne doit pas seulement accorder la libert mais aussi la promouvoir activement puisqu il est le seul agent assez puissant pour assurer qu elle soit effective E
192. t industrielle mais les besoins de la soci t am ricaine moderne ont galement connu d importantes modifications Les soci t s urbanis es ont des besoins m diatiques plus grands tant en diversit qu en qualit que toute autre soci t ant rieure parce que les citoyens ne peuvent plus g rer leurs affaires communes par la discussion directe entre les personnes Les citoyens sont ainsi beaucoup plus d pendants des moyens de communication et d information que par le pass pour participer l organisation de la soci t Siebert Peterson et Schramm 1963 p 87 La Commission Hutchins le formule de la fa on suivante The citizen is dependent on the quality proportion and extent of his news supply not only for his personal access to the world of event thought and feeling but also for the materials of his duties as a citizen and judge of public affairs Leigh 1947 p 17 Cela est une autre raison la source de la remise en question de la libert de la presse telle que promue dans la th orie lib rale traditionnelle Puisque les citoyens avaient besoin plus que jamais d un syst me m diatique r pondant leurs besoins communicationnels les m dias ne pouvaient plus dans l optique de la responsabilit sociale voluer leur guise sans se soucier de ces importants besoins Les ignorer quivaudrait en quelque sorte abuser de la libert qui est accord e pr cis ment dans le but de r pondre aux besoins communi
193. t l poque La Commission Hutchins avait donc selon nous tent de franchir ces deux tapes distinctes dune part l nonc des principes la th orie en devenir et d autre part les propositions pour faciliter leur application Mais il s agit bien de deux moments distincts et il ne faudrait pas confondre les deux Si certaines recommandations de la Commission n ont pas port fruit il est l gitime de reconsid rer leur utilit Mais il importe surtout notre avis de poursuivre la recherche de nouvelles avenues emprunter pour rendre effective la responsabilit sociale des m dias Du moment que l on consid re la TRS non pas comme un mode d emploi d finitif mais comme un id al normatif vers lequel orienter nos r flexions et nos actions il est valable de continuer chercher les moyens d am liorer la qualit du syst me m diatique Nous souhaitons par ailleurs mettre en lumi re la source d une possible confusion quant l efficacit de la TRS selon certains penseurs du syst me m diatique et selon certains m dias la th orie de la responsabilit sociale serait d j int gr e dans les normes de la pratique Pour ne donner qu un cas de figure citons les propos de Saint Jean Ce panorama nous conduira d crire la th orie de la Responsabilit sociale 68 des m dias e r gime dans lequel nous nous situons tant au Qu bec qu ailleurs en Occident et le mod le d autor glementation qui en constitue l
194. t les m dias d velopper un type de journalisme objectif de fa on liminer le plus possible les biais politiques pouvant choquer une partie des clients The news agencies instructed reporters and writers to 24 remember that their writings were being distributed to both Democratic and Republican clients and had to be acceptable to both Siebert Peterson et Schramm 1963 p 60 Bien que la recherche de profits ne soit pas la seule raison ayant motiv les journalistes laisser de c t leurs opinions personnelles pour adopter un point de vue de spectateur objectif nous pouvons quand m me affirmer que la nature commerciale des m dias a largement contribu au glissement du journal d opinion vers les m dias de nouvelles r put es objectives Le journalisme objectif bien qu il soit n cessaire l information des citoyens sera toutefois critiqu dans la th orie de la responsabilit sociale o l on juge que les seuls faits bruts sont insuffisants pour assurer la bonne compr hension des enjeux sociaux Siebert Peterson et Schramm 1963 p 61 Accessibilit des m dias Les tenants de la th orie lib rale consid rent que tous les individus ont la m me chance d avoir acc s au public par le biais des m dias L id e est simple comme les m dias ne sont pas contr l s par l tat n importe qui a la possibilit de lancer son propre journal On ne fait toutefois pas de distinction entre cette possibilit vi
195. t portant sur la libert de la presse Nous retournons ainsi puiser aux sources de cette th orie normative qui pr sente les responsabilit s que devraient id alement assumer les m dias au sein des soci t s d mocratiques Notre objectif est triple d abord pr senter la TRS en opposition avec la th orie lib rale de la presse Ensuite proc der la discussion critique de la TRS afin d tre en mesure en dernier lieu de d gager de la th orie initiale les principes d une th orie actualis e de la responsabilit sociale Le m moire se termine en compl tant l actualisation de la th orie par une r flexion sur l existence d un paradoxe de l action collective en mati re d information au sens o l entend Mancur Olson L existence de ce paradoxe constitue notre avis un argument nouveau et int ressant pour justifier une ventuelle intervention de l tat qui viserait donner une assise solide aux principes souvent ignor s de la th orie de la responsabilit sociale des m dias REMERCIEMENTS J aimerais tout d abord remercier chaleureusement mon directeur de m moire Alain L tourneau Ses commentaires critiques qui quelques reprises ont donn ce m moire une nouvelle direction taient toujours judicieux M L ftourneau tait disponible lorsque mon travail devait tre supervis et compr hensif lorsque j ai d mettre ce m moire entre parenth ses pour me consacrer l enseignement Je souhaite aussi
196. tant accessible et pouvant tre d montr e tous les hommes dot s de raison Pour comprendre la source de cet optimisme il faut se rappeler le contexte de l mergence de l id e lib rale de la v rit Les d couvertes scientifiques et les r ussites techniques des XVI et XVII si cles ont donn une grande confiance dans la capacit de l homme atteindre la v rit Nous rappellerons seulement Descartes selon qui les hommes devaient ventuellement pouvoir par un d veloppement continu des connaissances devenir comme ma tres et possesseurs de la nature Descartes 1999 p 77 La confiance et l optimisme g n r s par les r ussites scientifiques des hommes ont ainsi t g n ralis s tous les autres domaines de connaissance ce qui explique la tr s grande confiance plac e dans la capacit de l homme trouver la v rit II ne faudrait toutefois pas penser que cette recherche de la v rit se fasse sans heurts entre les individus c est bien plut t la comp tition entre les id es soumises au libre examen qui fait merger la v rit Although the path to truth might lie through a morass of argument and dispute that which lay at the end of the path was definite provable and acceptable to rational men Siebert Peterson et Schramm 1963 p 41 Cette correction spontan e de la v rit l int rieur du libre march des id es est connue en anglais sous le nom de self righting process Sie
197. technologies de l information et de communication La libert de la presse renvoie donc la libert de l ensemble des m dias diffuser des messages un public quelle que soit la nature de ces m dias Par ailleurs quoique nous utilisions le concept de libert de la presse nous utiliserons le plus souvent les m dias pour r f rer la presse en conservant toutefois la m me signification Le mot nous semble plus juste et renvoie plus clairement la r alit qu il d signe que presse qui peut porter confusion lorsque vient le temps de parler de la presse crite Aussi nous adopterons la distinction faite par Armande Saint Jean entre la libert de presse et la libert de a presse Dans le premier cas il s agit de la premi re formulation des pr rogatives d ind pendance et d autonomie reconnues d s le XVIII si cle aux diteurs de journaux de gazettes de revues et de publications d information de toutes sortes ainsi qu aux journalistes Quant la libert de a presse elle renvoie lensemble de ces pr rogatives reconnues aux entreprises de presse aux journalistes et aux artisans qui participent de l information entendue comme une institution et une partie int grante de la d mocratie Saint Jean 2002a p 18 Puisque la libert dont nous traiterons correspond plus celle d une institution centrale pour la d mocratie nous utiliserons donc l appellation l
198. tion d mocratie et m dias M dias et vie d mocratique S minaire tenu Qu bec le 1 novembre 2002 Sainte Foy Centre d tudes sur les m dias p 117 121 JONAS Hans 1990 Le principe responsabilit Paris Cerf 336 p LA BO TIE tienne de 1983 Discours de la servitude volontaire Paris GF Flammarion 220 p LEIGH Robert D dir 1947 Free and Responsible Press General Report on Mass Communication Newspapers Radio Motion Pictures Magazines and Books By the Commission on Freedom of the Press Chicago University of Chicago Press 133 p L TOURNEAU Alain 2001 Remarques sur le journalisme et la presse au regard de la discussion dans l espace public sous la direction de Patrick J Brunet L thique dans la soci t de l information Sainte Foy Presses de l Universit Laval p 47 71 LIBOIS Boris 1993 thique de l information Bruxelles Presse de l Universit de Bruxelles 138 p LICHTENBERG Judith dir 1990 Democracy and the Mass Media Cambridge Cambridge University Press 410 p McQUAIL Denis 2000 Mass Communication Theory 4 dition London Sage Publications 1 dition 1983 542 p MCQUAIL Denis 1992 Media Performance Mass Communication and the Public Interest London Sage Publications 350 p MERRILL John Calhoun 1974 The Imperative of Freedom A Philosophy of Journalistic Autonomy New York Hasting House 228 p MERRILL John Cal
199. tionnellement de fa on maximiser leurs int r ts et de cette lutte entre les int r ts individuels merge le bien de l ensemble La v rit existe et tous les individus dot s de raison peuvent la d couvrir sur une base individuelle Par ailleurs la v rit merge de la confrontation entre les diff rentes id es et opinions qu elles soient valables ou non D o l importance selon les tenants de la th orie lib rale de la presse d accorder la libert la plus grande possible aux m dias et de limiter au maximum toute intervention tatique et toute contrainte collective La th orie de la responsabilit sociale quant elle oppose cet optimisme une critique s v re le march m diatique n est plus ouvert tous si tant est qu il l ait d j t et est depuis quelques d cennies contr l par une poign e d acteurs tr s puissants qui ne sont li s ni par des comptes rendre aux citoyens ni par des engagements formels envers la qualit de l information Qui plus est ces acteurs ont tendance n gliger la satisfaction des besoins particuliers en information des citoyens C est pourquoi il est crucial selon les tenants de la TRS d exiger la responsabilit sociale des entreprises de presse et leur imputabilitt devant les citoyens Pour ce faire l autor glementation du milieu journalistique est la premi re solution toutefois le public et l tat devront intervenir si l autor glementation ne parvient pas
200. ublic en 13 Si une entreprise m diatique perd son droit moral la libert de la presse elle n en perd pas pour autant automatiquement son droit l gal La Commission Hutchins distingue entre les deux types de droit Voir Leigh 1947 p 122 123 4 Nous reviendrons sur cette id e notamment au Chapitre 3 48 t Au contraire les m dias tant que fonction publique attach e au gouvernemen doivent tre ind pendants du gouvernement Cette notion de service public des m dias est plut t analogue au service public rendu par les coles priv es The analogy is closer to an educational enterprise in which private schools enjoying the advantages and risks of experimental initiative are yet performing a necessary public function for which a measure of social accountability would be appropriate Leigh 1947 p 126 Ce service public essentiel se traduit par les cinq fonctions d termin es par la Commission Hutchins et ayant t reprises par Peterson pour l laboration de la th orie de la responsabilit sociale I nous faut sp cifier que si le milieu m diatique lui m me reconnaissait alors l importance de ces fonctions la Commission ne se satisfaisait pas de ses performances Although the press itself seems to accept those standards the Commission detects a wide breach between the acknowledgment of those standards by the press and its actual practice Siebert Peterson et Schramm 1963 p 92 Cela nous porte penser qu
201. un syndicat pour le d fendre ou encore un syndicat trop faible C est pourquoi dans de nombreux pays dont le Canada la cotisation syndicale est obligatoire et non l adh sion lorsqu un groupe d employ s est repr sent par un syndicat Cette mesure l gale la cotisation obligatoire est une contrainte en vue du bien de chacun et en y r fl chissant tous les individus devraient en comprendre la n cessit L autre exemple inspir par la lecture de Joseph Heath 2002 est le cas fictif mais n anmoins r aliste de constructeurs automobiles qui peuvent ou non choisir d innover en installant des dispositifs anti pollution sur leurs v hicules Tous les individus de la soci t ont avantage individuellement ce que les manations polluantes des automobiles soient diminu es Les automobiles polluantes engendrent effectivement des externalit s n gatives pour tous elles polluent l air que tous respirent Or si les dispositifs anti pollution ne sont pas obligatoires pour tous les constructeurs il est fort peu probable qu un constructeur d cide d assumer les co ts lev s de recherche et d ing nierie en sachant que d autres constructeurs ne le feront pas Cela parce qu il n est pas dupe il sait que les automobiles des autres constructeurs co teront moins cher ou qu ils feront plus de profits attirant par l plus d actionnaires et probablement encore plus de profits Tous les individus ont donc int r t prot ge
202. us riche que la simple id e de responsabilit en fran ais Ainsi parler de responsabilit sociale des m dias c est aussi parler de leur imputabilit devant la soci t La th orie de la responsabilit sociale se distingue de la th orie lib rale de la presse dans la mesure o sa conception du r le des m dias au sein de la soci t d passe les fonctions contenues dans la th orie traditionnelle Bien qu on y accepte les six fonctions de base de la th orie lib rale on ne se satisfait ni de l interpr tation qui en a t faite par le milieu m diatique ni de leur application Siebert Peterson et Schramm 1963 p 74 Ce faisant on propose dans la TRS cinq fonctions qui lui sont propres bien qu elles puissent certains gards recouper les fonctions nonc es dans la th orie lib rale Voyons d abord les fonctions m diatiques de la th orie lib rale traditionnelle pr sent es par Peterson Elles sont au nombre de six 1 tre au service du syst me politique en fournissant de l information des discussions et des d bats sur les affaires publiques 2 clairer le public pour qu il soit capable de s autogouverner 3 tre les chiens de garde des droits individuels contre les abus du gouvernement 4 tre au service du syst me conomique en permettant aux vendeurs et aux consommateurs de se rejoindre par le biais de la publicit 5 Offrir du divertissement 6 Maintenir son ind pendance financi re afin d
203. ut tre compl tement satisfaisante dans le cadre d un m moire de ma trise Elle exige tant de r flexion et surtout de concertation qu il est impossible d y parvenir dans ce cadre et encore moins seule Aussi nous sommes conscient que ce m moire rencontre une limite importante il s est maintenu au niveau de l id al normatif et th orique et n a pas cherch num rer une liste d actions et de solutions concr tes Toutefois notre objectif tait de pr senter de questionner et de clarifier l id al de la responsabilit sociale de la presse tel que d fini par la Commission Hutchins et Theodore Peterson Nous croyons avoir rencontr cet objectif Nous croyons par ailleurs que ce m moire offre des pistes int ressantes notamment dans les r f rences bibliographiques sugg r es a et l pour poursuivre la recherche et l tude de ces solutions concr tes Ce travail est en effet d j amorc par de nombreux penseurs de l thique de l information au Qu bec comme ailleurs dans le monde Ces solutions propos es souvent dispers es ou bien oubli es m riteraient une recension et une compilation critique Ce travail de recherche et de compilation critique constituerait la suite logique de ce m moire l autre versant de la responsabilit sociale apr s l nonc des principes l nonc des solutions 122 Rappel des grandes lignes de ce m moire Dans le lib ralisme on soutient que des individus libres agissent ra
204. ut tre r clam comme un droit Peterson n explicite pas davantage cette limite au droit d expression mais la Commission explique que si tous les individus ne peuvent avoir acc s aux m dias de masse le tri des id es effectu par les m dias doit refl ter la diversit des id es pr sentes dans la soci t This does not mean that every citizen has a moral or legal right to own a press or to be an editor or have access as of right to the audience of any given medium of communication But it does belong to the intention of the freedom of the press that an idea shall have its chance even if it is not shared by those who own or manage the press Leigh 1947 p 9 Ainsi le droit d expression des individus se comprend non comme le droit d acc s individuel une tribune m diatique mais bien comme le droit de voir ses id es d fendues sur la place publique et ce m me si elles entrent en contradiction avec les int r ts particuliers des m dias Les m dias ont par cons quent le devoir de refl ter et de diffuser la multiplicit des id es pr sentes dans la soci t cela peut tre juste titre r clam comme un droit par les individus qui la composent Enfin une autre distinction entre les deux th ories r side dans leur point de vue philosophique sur la nature et les fonctions du gouvernement Dans la th orie lib rale qui s est d velopp e contre l arbitraire et absolutisme du pouvoir on a toujours consid r l ta
205. vant par les m dias eux m mes Le principe sous jacent toutes les recommandations de la Commission est que les m dias sont les mandataires d un service public We suggest that the press look upon itself as performing a public service of a professionnal kind Leigh 1947 p 92 II s agit pour 58 les m dias de d velopper et d adopter un esprit professionnel qui reconna t les responsabilit s de la profession dans son ensemble et qui ne permet pas de faire n importe quoi pour de l argent Siebert Peterson et Schramm 1963 p 92 Peterson r sume par la suite ainsi les autres pistes de solution pour am liorer la qualit du service m diatique Specifically the press should assume the responsibilities of common carriers of information and discussion should experiment with high quality content which offers no immediate promise of financial return should engage vigorous mutual criticism and should seek to improve the caliber of its personnel Siebert Peterson et Schramm 1963 p 92 D aucuns pourraient objecter que de telles exigences risquent de pousser les m dias la faillite Des entreprises priv es dont le succ s se mesure l importance de leurs profits ne peuvent ainsi sacrifier leurs int r ts pour offrir le service que la soci t attend d elles L id e de viser plus haut que la demande des consommateurs est illogique et mine les chances de succ s du m dia Or la Commission n accepte pas ce raisonnement
206. vue elle doit approfondir les situations tout en captant leurs dimensions et leurs particularit s Sans ces l ments les programmes seraient trop simplistes pour permettre une compr hension valable des questions soumises l attention du public Voir Soci t Radio Canada 1982 127 Extrait du site Web du Conseil de Presse du Qu bec Toute l gitime qu elle soit la libert d entreprise qui r pond une logique commerciale et conomique ne doit pas tre confondue avec la libert de la presse Cette derni re se situe dans le prolongement des libert s d expression et d opinion et constitue l un des fondements de toute soci t d mocratique et pluraliste Le r le imparti la presse dans notre soci t rel ve d une fonction sociale et comporte un caract re de service public envers les citoyens Source http www conseildepresse ac ca content _ cpadresp htm Extrait du site Web de la F d ration professionnelle des journalistes du Qu bec FPJQ Le r le essentiel des journalistes est de rapporter fid lement d analyser et de commenter le cas ch ant les faits qui permettent leurs concitoyens de mieux conna tre et de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent Une telle information compl te exacte et pluraliste est une des garanties les plus importantes de la libert et de la d mocratie Les informations d int r t public doivent circuler librement et en tout temps Les faits et les
207. x possible aux besoins des consommateurs la surveillance des actions du gouvernement en tant que chien de garde de la d mocratie la recherche de la v rit par la confrontation des diff rents points de vue existants sur une question donn e Nous retenons par ailleurs la m fiance chronique de la part des m dias envers l tat et cause de cette m fiance la n cessit d assurer la rentabilit des entreprises de presse afin qu elles ne d pendent en aucun temps d une quelconque aide gouvernementale Nous retenons enfin que le laisser faire demeure la meilleure solution pour agencer les diff rents int r ts et les diff rentes id es pr sents dans la soci t Le libre march conomique se charge de trier les m dias en fonction de leur aptitude r pondre aux besoins du public et le libre march des id es s occupe de d gager la v rit de la multitude de positions et d opinions v hicul es dans la soci t De cette fa on le syst me m diatique s assure selon les tenants de la th orie lib rale de la presse d offrir la plus grande qualit possible aux consommateurs et de donner le plus de chances possible la v rit d tre d couverte pacifiquement par les individus faisant usage de leur raison Avec ce que nous avons pr sent de la th orie lib rale de la presse et du syst me m diatique qui en d coule nous sommes maintenant m me de proc der leur critique Bien que la th orie de la responsabilit soc
208. y ait une mobilisation suffisante de la part des employ s Dans ce cas tous les employ s ont int r t ce que tous les employ s adh rent et militent au sein du syndicat Or adh rer et financer le syndicat engendre des co ts individuels et le militantisme exige du temps et des nergies Dans une telle situation chaque employ est aussi conscient qu il aurait encore plus int r t ne pas adh rer au syndicat et donc viter les co ts individuels tout en profitant du b n fice individuel g n r par l action collective Il y a donc un double int r t l int r t voir ses conditions de travail bonifi es et l int r t ne pas s impliquer pour autant que les autres 48 Pour une r flexion plus large sur la comp tition la coop ration le dilemme du prisonnier et la th orie des jeux voir principalement Axelrod 1984 et 1997 En fran ais Logique de l action collective Paris Presses universitaires de France 1978 2 dition 1987 50 Voir Syndicalisme et conomie lib rale Olson 1987 p 89 124 113 s en chargent Or comme tous les employ s sauf quelques rares altruistes ou insens s tiennent le m me raisonnement peu de personnes adh rent au syndicat et aucun employ n obtient tous les avantages qu il aurait t possible d aller chercher par la force du nombre Au bout du compte l employ se retrouve suite ses choix pourtant rationnels dans la situation la moins avantageuse auc

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