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Misère du capital - Hussonet

1. vidence Y a t il vraiment une sup riorit absolue de la monnaie unique correspondant un besoin conomique r el si on le rapporte au co t de sa mise en place On peut en douter les entreprises et les gouvernements ont besoin de stabilit mon taire mais une fixit raisonnable des taux de change est suffisante pour atteindre la plupart des objectifs poursuivis Ces interrogations n en font qu une quoi sert finalement l entreprise maastrichtienne De la nature de Maastricht L extraordinaire rigidit du sch ma maastrichtien puis l obstination le maintenir contre l vidence s expliquent probablement par la rencontre non programm e de deux orientations Il y a d abord un machiav lisme f d ratif incarn par Jacques Delors et que l on pourrait interpr ter comme une strat gie de construction europ enne par d s quilibres successifs Pour aller vite la voie maastrichtienne est tellement rigide et incompl te que sa r alisation cr e des tensions et des d s quilibres qui rendent le retour en arri re impossible et appellent la n cessit d un degr d int gration politique Maastricht serait donc un moment d une dialectique qui pourrait rebondir par le passage un stade sup rieur d unification politique et d harmonisation sociale L absence de volet social ou institutionnel si l on accepte cette lecture peut tre tol r parce que l unification mon taire en cr era ventuellem
2. fordisme correspond ainsi la r gle selon laquelle la part des salaires est constante moyen terme On peut parler ici d accumulation quilibr e dans la mesure o le salaire r el augmente autant que la productivit du travail ce qui assure la r alisation de la valeur Pour que le taux de profit soit maintenu il suffit que ces gains de productivit n entra nent pas un accroissement exag r de la composition en capital Dans l accumulation in gale au contraire le salaire r el fluctue autour d une r f rence de moyen terme constante ou faiblement croissante Dans ces conditions une bonne partie voire l int gralit des gains de productivit sont affect s la plus value de telle sorte que la part des salaires tend baisser durablement Ce mod le est donc caract ris par un d s quilibre permanent du point de vue des d bouch s puisque les salari s produisent toujours plus alors que leur pouvoir d achat tend stagner Il n y a que deux issues ce probl me la premi re est une croissance de l accumulation qui progresse mais plus vite que le produit social de telle sorte que l on assiste un auto d veloppement de la section des moyens de production qui entra ne effectivement une croissance rapide de la composition organique du capital et d bouche terme vers une baisse du taux de profit La seconde conform ment l intuition de Rosa Luxemburg consiste ouvrir la production c
3. lev s charges sociales trop fortes hi rarchie des salaires insuffisamment ouverte et travail non qualifi trop r mun r ch mage trop bien indemnis licenciements trop difficiles horaires pas assez flexibles etc Pour en sortir la voie royale consiste d r glementer le march du travail supprimer le salaire minimum r duire les prestations sociales Toute la philosophie patronale est r sum e dans cette formule lapidaire Il y a du travail mais pas n importe quel prix Ce langage est int gralement repris par l OCDE dont le secr taire g n ral Jean Claude Paye d clare qu il vaut beaucoup mieux avoir des gens qui ont un salaire peut tre pas tr s lev que d avoir des gens au ch mage La Tribune Desfoss s 3 juin 1994 Or dans sa pr sentation la presse du Livre blanc Delors a explicitement fait r f rence ce rapport et indiqu que les deux approches taient ses yeux compatibles Effectivement le Livre blanc reprend son compte des explications maintenant bien connues une insertion dans la division du travail qui a n glig les march s d avenir le co t relatif lev du travail peu qualifi le vieillissement des syst mes d emploi enfin et surtout la concurrence des co ts d fiant toute 76 concurrence des nouveaux pays en cours d industrialisation Le social delorisme est donc battu l chelle europ enne m me si on ne peut lu
4. Dans un autre rapport r cent consacr l Am rique Latine Banque Mondiale 1993b la Banque Mondiale souligne la tendance au creusement des in galit s et la mont e de la pauvret plus d un tiers de la population latino am ricaine vit aujourd hui en dessous du seuil de pauvret environ 340 F par mois et 18 dans l extr me pauvret moins de 170 F par mois Et ce n est pas le moindre des paradoxes de voir la Banque d couvrir qu une meilleure r partition des fruits de la croissance est peut tre plus importante que la croissance elle m me Ind pendamment m me de ces effets sociaux d testables les politiques d ajustement m me assorties de filets protecteurs ne peuvent d finir un mode de d veloppement coh rent et il est important de comprendre pourquoi L argument principal renvoie ici au fait que les d bouch s pour les exportations du Tiers Monde sont limit s en moyenne les exportations par t te taient en 1989 de 1900 dollars au Nord et de 74 au Sud En admettant m me hypoth se naturellement absurde que le Sud se substitue int gralement aux changes commerciaux entre pays du Nord cela ne repr senterait que 340 dollars par habitant du Tiers Monde soit encore trois fois moins que le niveau actuel de la Cor e Coutrot et Husson 1993 A partir du moment o les d bouch s potentiels ne sont pas suffisants pour tirer l ensemble des conomies du Sud et de l Est la priorit
5. Il ne s agit d j plus d une mesure d ordre technique et conomique mais de l esquisse d une autre soci t d un projet qui ne se d finit plus par r f rence un mod le r ellement existant mais fraie son chemin partir de l expression d aspirations imm diates Nous sommes entr s dans une phase du capitalisme o des exigences aussi l mentaires que le droit un emploi et des conditions d existence civilis es acqui rent un contenu quasiment subversif compte tenu de l incapacit croissante du capitalisme satisfaire ces besoins essentiels La convergence d interventions sociales jusque l disparates devrait dans ce contexte nouveau donner naissance un mouvement politico social relativement in dit dans ses formes Il ne s agit encore que d une perspective peine bauch e mais une chose devient de plus en plus vidente pour jeter les bases d un anti capitalisme contemporain il n est plus besoin de demander la lune Il suffit aujourd hui avec obstination et sans se perdre sur les chemins de traverse de demander le possible 124 BIBLIOGRAPHIE Aglietta M 1976 R gulation et crises du capitalisme Calmann L vy Aglietta M 1980 La d valorisation du capital tudes des liens entre accumulation et inflation Economie appliqu e Tome XXXIII n 2 Aglietta M et Boyer R 1982 Une industrie comp titive en France et dans le monde in Une politique indu
6. The Competitive Advantage of Nations The Free Press New York Pr obrajensky E 1926 La nouvelle conomique EDI 1966 Proissl W 1994 La privatisation entra nerait la perte de 800 000 emplois en Europe Le Monde 28 mai Raffinot M 1991 Dette ext rieure et ajustement structurel Edicef Reich R 1993 L conomie mondialis e Dunod Robin J 1995 Quand le travail quitte la soci t postindustrielle GRIT Robinson J 1972 L accumulation du capital Dunod Rosanvallon P 1985 L emploi et les modes de consommation du temps Temps libre automne Sauvy A 1980 La machine et le ch mage Bordas Salama P et Tran H H 1992 Introduction l conomie de Marx La D couverte Samary C 1988 Plan march et d mocratie L exp rience des pays dits socialistes Cahiers d tudes et de recherche IIRF Amsterdam Schumpeter J 1969 Capitalisme socialisme et d mocratie Payot 131 Solow R 1987 We d Better Watch Out New York Times Book Review July 12 Sterdyniak H ef alii 1994 Lutter contre le ch mage de masse en Europe Revue de l OFCE n 48 janvier Sue R 1993 Les mirages du partage du travail Le Monde 26 mai Sue R 1994 Temps et ordre social PUF Summers L et Pritchett L 1993 The Structural Adjustment Debate American Economic Review mai Supiot A 1993 Le travail libert partag e Droit
7. a pas chang 1 Entre le travail contraint et le loisir ali nant la politique du temps vise ouvrir un nouvel espace social fait d exp rimentation d authenticit de cr ativit Echange et projets 1980 2 Tel est l enjeu fondamental de la r duction de la dur e du travail ouvrir l espace hors du salariat d une seconde vie de loisirs et d activit cr atrice ou non de valeurs socialement utiles mais ne n cessitant pas de capital ne s organisant pas selon les formes de l entreprise et qui pourra largir la qualit de la vie compensant et au del la stagnation de la consommation marchande Lipietz 1984 3 la r ponse ad quate la troisi me r volution industrielle doit tre r volutionnaire Il s agit de d clarer un nouveau droit de l homme le droit pour tout salari de fixer son temps de travail comme il l entend Albert 1982 5 Les fronti res disparaissent entre le temps de travail structur et les nouvelles formes d activit s et chez un m me individu entre le travail subi le travail voulu le passe temps Minc 1982 Belle co ncidence en effet si de cette crise du travail pouvait merger un nouveau contrat social Il ne s agit pas d amalgamer ces diverses d clarations mais de faire ressortir leur postulat commun qui porte sur le caract re quasi automatique d une sortie harmonieuse de crise faisant en somme de n cessit vertu Par del le
8. droite L un des plus labor s est sans doute celui de la semaine de quatre jours Larrouturou 1995 qui fournit l occasion de dresser un d compte pr cis faisant appara tre les param tres importants La dur e du travail passe de 39 32 heures et baisse donc de 18 La baisse de salaire compensatoire est de 5 et les effectifs augmentent de 10 Gr ce la suppression des cotisations ch mage tout cela est possible sans augmentation du co t salarial unitaire qui pourrait m me baisser l g rement Ce montage appelle cependant plusieurs remarques La premi re est que le chiffrage surestime le recyclage des cotisations sociales valu es 8 8 de la masse salariale Or le rapport 1993 de l Unedic value 16 7 milliards de francs le rendement d un point de taux d appel Comme les recettes de l Unedic sont de 133 milliards de francs cela fait 8 points Mais 8 de quoi Il suffit de jeter un coup d oeil la compatibilit nationale pour obtenir la r ponse les soci t s ont vers 1657 milliards de salaires et traitements bruts auxquels se sont rajout s 575 milliards de cotisations employeurs C est donc 8 de la masse salariale hors cotisations employeurs 133 1657 mais seulement 6 de la masse salariale totale En outre la mesure ne cr ant que 10 d emplois le nombre de ch meurs baisse d un peu plus de la moiti de telle sorte que l on ne peut r affecter l int gralit des cotisation
9. elle met en jeu C est pourquoi la r duction du temps de travail ne peut repr senter un progr s et un moyen de faire reculer le ch mage que s il s agit d un dispositif universel et obligatoire qui doit pour cette raison 114 prendre la forme d une loi cadre qui en pr cise les modalit s quitte ouvrir ensuite mais ensuite seulement la possibilit de n gociations traduisant ses principes g n raux au niveau de chaque r alit professionnelle Il ne faut pas craindre le reproche d tatisme qui tait adress cette d marche au d but des ann es quatre vingt lorsqu on nous promettait que la n gociation d centralis e nous permettrait d arriver sans dommage aux trente cinq heures en 1985 Les faits ont suffisamment montr l inconsistance d une telle strat gie pour qu on n y revienne pas A condition de bien en fixer les modalit s la r duction du temps de travail est donc l outil principal pas le seul d une offensive contre le ch mage Du point de vue des tudes techniques la r f rence actuellement disponible reste l tude de l OFCE selon laquelle le passage aux 35 heures pourrait cr er entre 1 8 et 2 5 millions d emplois au bout de cinq ans Confais ef alii 1993 C est un r sultat consid rable qui appara t plus optimiste que d autres travaux tels ceux men s autour du XI me Plan et dont l estimation se situait plus bas entre 1 et 1 2 millions d emplois cr s La discu
10. faire des pronostics L explication la plus naturelle d j pr sente chez Kondratieff 1992 consiste rapprocher cette p riodicit d un quart de si cle de la dur e de vie des grands quipements Cette lecture pose la question de la cyclicit qui consiste se demander si l on peut transposer aux cycles longs les outils de l analyse des cycles courts Ce d bat avait t d j soulev dans une critique fameuse que Trotsky adressait en 1923 la tentative 24 de Kondratieff d tudier les poques class es par lui comme cycles majeurs avec la m me cadence invariable que nous observons dans les cycles mineurs c est une fausse g n ralisation vidente partir d une analogie formelle 1975 Ce point de vue devrait aller de soi le cycle court dit aussi cycle Juglar correspond un comportement de l accumulation du capital largement admis aujourd hui et bien formalis par le mod le combinant acc l rateur et multiplicateur Pour r sumer simplement le comportement d investissement anticipe les perspectives de profit et r agit plus que proportionnellement aux variations de la demande On peut donc dire que ce cycle est le produit des m canismes internes du syst me conomique qu il constitue donc un ph nom ne endog ne et auto r gul en ce sens les inflexions la hausse ou la baisse du cycle ne d pendent pas d v nements ext rieurs favorables ou oppos s mais encore une fois du fonct
11. il y a l id e que le capitalisme contemporain est devenu suffisamment plastique pour qu il soit capable d inventer de nouveaux compromis de nouveaux dispositifs et formes institutionnelles permettant de nouer de nouveaux compromis sociaux Dans son livre qui est l origine de la th orie de la r gulation Aglietta envisageait d embl e une telle possibilit Un nouveau r gime d accumulation intensive le n o fordisme sortirait de la crise en faisant progresser l accumulation capitaliste sur la transformation de la totalit des conditions d existence du salariat alors que le fordisme tait ax sur la transformation de la norme de consommation priv e la couverture des frais sociaux capitalistes demeurant la lisi re du mode de production capitaliste Aglietta 1976 En d autres termes la crise devait trouver une issue dans l extension aux consommations collectives sant ducation transports de ce que le fordisme avait r alis pour la consommation priv e logement et quipement m nager voiture individuelle Cette analyse rencontrait une version plus technologiste de l cole de la r gulation mais tout aussi coh rente qui faisait de la fili re lectronique le lieu privil gi d une issue la crise en fonction d un raisonnement d coulant logiquement de l analyse du fordisme notre explication de la crise correspond notre perception de son issue Les nouveaux lieux d
12. universelle aux exportations a pour effet une mise en concurrence g n ralis e des pays du Tiers monde entre eux Contrairement l image d magogique de d localisations massives vers le Sud le rapport de forces qui en r sulte est parfaitement dissym trique et permet gr ce la volatilit des capitaux de maintenir une pression constante la baisse des salaires Ces derniers ne peuvent pas augmenter faute de perdre l avantage comparatif par rapport son voisin L objectif de comp titivit entre donc durablement en contradiction avec une croissance significative en extension du march int rieur L un des exemples les plus frappants de ce m canisme est fourni par la d cision r cente de Nike de ne plus produire en Malaisie ou en Philippines et d adresser ses commandes Nike fonctionne exclusivement par sous traitance la Chine dans cette course infernale les salaires vers s en Malaisie ou en Philippines sont donc devenus trop lev s Cette extraversion syst matique de l conomie interdit donc un auto centrage de la croissance avec augmentation parall le des salaires et du march int rieur Elle implique non pas comme une erreur mais comme une partie constituante du mod le le blocage du march int rieur et la mont e des in galit s A cela s ajoute le r le excluant de la technologie qui interdit durablement l crasante majorit des pays de mener une politique industrielle autonome Enfin la fr n sie
13. usage N importe quel mode de consommation n est pas compatible avec les conditions g n rales de la reproduction et on ne peut donc s en tenir une analyse de la valeur examinant comment celle ci se ventile globalement entre salaires et plus value Il faut encore que la structure de la production soit ad quate celle de la consommation du point de vue des valeurs d usage autrement dit des besoins sociaux Cette condition suppl mentaire conduit distinguer diverses modalit s de la reproduction et introduire une dimension sp cifique dans la crise de r gulation du capitalisme contemporain La m thode des sch mas de reproduction La question th orique de la r alisation de la valeur autrement dit de la n cessaire correspondance entre production et revenu a t abord e dans la tradition marxiste l aide des sch mas de reproduction Cet instrument th orique a pour objet d examiner les conditions n cessaires la reproduction du capital c est dire la non rupture du cycle qu il doit parcourir Deux grandes sections sont d finies partir de l usage des biens produits La section des biens de consommation est en quelque sorte la partie aval du circuit c est celle qui produit les marchandises destin es la consommation finale des m nages La section des moyens de production se situe en amont et assure la production des biens produits interm diaires et biens d investissement qui servent eux m
14. valuent 4 du PIB le suppl ment d investissement n cessaire au soutien de la croissance Toute la question est alors de savoir sur quoi porteraient ces investissements Le Livre blanc pr voit de d penser d ici an 2000 250 milliards d cus dans les r seaux de transports 150 milliards d cus dans les t l communications et 174 milliards d cus dans les grands projets environnementaux Ce r le central imparti aux r seaux transeurop ens est galement une id e force du rapport de la Table ronde patronale La conception de fond qui sous tend cette orientation appara t mieux quand on la rapproche des propositions avanc es par un groupe d conomistes r unis autour de Jacques Dr ze et Edmond Malinvaud qui privil gient des investissements cibl s vers des secteurs o les besoins ne sont pas satisfaits comme le logement social la r novation et le transport urbain les r seaux transeurop ens sont cit s mais avec une r serve quant leur valeur sociale Les m mes privil gient le principe de subventions l emploi qui consiste approuver des projets sp cifiques et verser une subvention proportionnelle au contenu en travail de ces projets Une telle approche semble n cessaire si l on souhaite concentrer les subventions sur des projets qui sinon n auraient pas t mis en oeuvre et qui soient porteurs d un rendement social ad quat Dr ze et Malinvaud 1993 Cette red couve
15. La rationalit qui s en d gage existe mais sa port e est restreinte la production est planifi e l int rieur des grands groupes mais cela ne peut les soustraire aux al as qui d coulent de la concurrence entre capitaux Le socialisme ou la logique des besoins L ventuelle sup riorit d un socialisme ne peut r sider finalement que dans le r le dominant accord la logique des besoins Le mod le pourrait tre le suivant il faut et c est la pi ce ma tresse que la soci t exprime directement ses pr f rences quant l allocation de l effort d investissement Cette fois le besoin n est plus seulement une condition vide de contenu garantissant la r alisation de la valeur l intensit du besoin d finit une hi rarchie qui doit tre respect e les priorit s de la soci t en quelque sorte L conomiste sovi tique Kantorovitch 1963 a bien exprim cette logique en termes math matiques Le fonctionnement de la soci t socialiste est ainsi formalis il faut produire compte tenu des ressources disponibles la plus grande quantit de marchandises selon des proportions qui sont fix es directement par la soci t On a trop souvent assimil cette pr sentation celle d Oscar Lange et sans doute tort La grande diff rence r side en effet dans le fait que le programme analogue dans le cas du capitalisme admet pour objectif la maximisation du profit et que la proportion dans laquelle sont produits les dif
16. Wishart Londres Gubian A et alii 1992 Mosa que la nouvelle version du mod le OFCE trimestriel Observations et diagnostics conomiques Revue de l OFCE n 40 Guillen P 1994 Le travail diff renci annexe au rapport Minc Harrod R 1969 Money McMillan Herzog P 1991 Tu imagines la politique Messidor Editions Sociales Husson M 1990 Le r tablissement du profit dans l industrie fran aise La Revue de l IRES n 4 Husson M 1991a Dynamiques compar es de l emploi La Revue de l IRES n 6 Husson M 1991b Du salaire l emploi une relation complexe La Revue de PIRES n 7 Husson M 1992 Les ajustements de l emploi Une comparaison France Royaume Uni La Revue de l IRES n 9 Husson M 1993 Les quatre contradictions conomiques de Maastricht Politis La Revue n 2 128 Husson M 1994a Le volume de travail et son partage Etude comparative de sept grands pays Probl mes conomiques n 2365 Husson M 1994b Salaire emploi l conom trie difficile Document de travail IRES n 94 O1 Husson M 1994c Le contenu en emploi de la demande finale La Revue de PIRES n 14 Husson M 1995a Emploi et co t du travail les incertitudes de l conom trie La Revue de PIRES n 18 Husson M 1995b Les trois dimensions du n o imp rialisme Actuel Marx n 18 PUF Khan M 19
17. apr s vingt ans de croissance m diocre mais elle tait dominante au moment m me de l entr e en crise avec la r cession g n ralis e de 1974 1975 Cette notion de r cession g n ralis e n est pas une formule gratuite Elle signale la nouveaut qui caract rise cette r cession Celle ci se distingue en effet non seulement par son ampleur mais par sa simultan it l une expliquant l autre Jusque l les r cessions intervenant dans chaque pays taient nettement moins marqu es et surtout restaient relativement d synchronis es le d calage des conjonctures nationales interdisant une amplification de la r cession C est donc aussi un effet de transmission internationale qui fait ainsi irruption au milieu des ann es soixante dix et qui renvoie la fois l ouverture au commerce international qui caract rise la fin des ann es soixante notamment en Europe mais aussi sans doute la crise du syst me mon taire international qui devient vidente avec la crise du dollar de 1971 Cette premi re r cession g n ralis e se traduit par une chute simultan e du taux de profit et du taux de croissance Elle marque l ouverture d une nouvelle longue p riode que l on va maintenant s attacher d crire de mani re plus d taill e Imm diatement apr s la r cession de 1974 75 s ouvre une premi re phase durant laquelle sont men es des politiques de relance de la demande dites keyn siennes Il s agit d appliquer
18. celle des biens durables typiquement fordistes est stabilis e et celle des services augmente Il faut maintenant examiner les implications de ces mutations du point de vue du potentiel de productivit On utilisera ici les r sultats d une analyse sectionnelle simple qui consiste regrouper les diff rentes activit s conomiques en fonction de la destination finale Les grandes sections distingu es ici utilisent les cat gories de la Comptabilit Nationale sans ventiler les consommations interm diaires En d pit de sa rusticit une telle approche livre des r sultats assez nets le tableau 2 montre en particulier que les progr s de productivit sont fortement diff renci s d une grande section l autre D un c t la section industrielle qui regroupe l investissement les exportations et la consommation des m nages en produits industriels conna t une progression assez rapide de la productivit du travail de 3 9 par an entre 1980 et 1990 En revanche la consommation des m nages en produits non industriels et celle du secteur public se caract risent par une productivit beaucoup plus faible qui ne progresse pour cet ensemble que de 0 9 entre 1980 et 1990 Mais en m me temps on constate que cette section non industrielle est la plus dynamique dans la mesure o la demande y progresse de 3 contre 2 6 seulement pour la section industrielle et 2 1 pour la consommation des m nages en bie
19. complexit on est rapidement conduit de telle sorte que tout cela semble ramener une ind cision g n ralis e Le second probl me pos par l utilisation des sch mas de reproduction est de raisonner uniquement en valeur La condition de reproduction fondamentale revient dire que la masse salariale totale laquelle on rajoute la part des profits consomm e doit tre gale la valeur globale des biens de consommation Cette approche est videmment correcte puisqu elle refl te la nature et la finalit du capitalisme mais appara t incompl te dans la mesure o il faut aussi que la structure de la consommation soit adapt e aux besoins sociaux Cette sous estimation correspond une lecture unilat rale du marxisme dont les tenants se sont souvent montr s exag r ment soucieux de ne faire aucune concession la th orie de la valeur utilit On peut montrer qu il s agit d une interpr tation restrictive dans la mesure o la correspondance entre consommation et production est pr sente dans l approche de Marx Un chemin de fer qu on n emprunte pas n est ni us ni consomm c est un chemin de fer titre virtuel et non r el Sans production pas de consommation mais Sans consommation pas de production non plus car la production serait alors inutile Marx II La dialectique consommation production est galement pr sente puisqu il note aussi que ce n est pas seulement l objet de la conso
20. d j remises en causes par en haut par la mondialisation En effet la th orie de l attractivit territoriale implique assez logiquement que chaque r gion soit libre de jouer sa carte et que l Etat abandonne progressivement ses fonctions d am nagement et de redistribution Mais le grand facteur de nivellement est videmment la libert de d placement de capitaux qui prennent de plus en plus la forme du capital financier Gen se et fonctions de la financiarisation La contradiction fondamentale laquelle se trouvait confront le capitalisme au d but des ann es quatre vingt opposait profits et d bouch s En pleine p riode de restructurations et de mutations technologiques les principaux pays capitalistes engageaient ou approfondissaient un tournant vers des politiques ultra lib rales visant freiner la progression du pouvoir d achat et la d connecter des gains de productivit ainsi qu revenir sur les acquis sociaux et autres rigidit s L objectif central tait le r tablissement d un taux de profit largement rogn par l entr e en crise et que les recettes traditionnelles mises en oeuvre entre les deux r cessions n avaient pas r ussi restaurer Mais cette compression des salaires men e grande chelle et en m me temps par tous les pays risquait assez vite de d boucher sur un nouvel accident de parcours r sultant pour l essentiel cette fois d un r tr cissement des d bouch s La raison fondame
21. est l qu on retrouve cette distinction fondamentale entre quilibre et dynamique il en va tout autrement des biens d investissement L acte d investissement est l exercice d un pouvoir de d cision sur la direction prise par une conomie en croissance Il ne doit donc pas exister d exercice individualis de cette fonction strat gique Aucune personne ou groupe de personnes parce qu ils poss dent une entreprise et qu elle a fait des profits ne devraient pouvoir investir sans consid ration pour les priorit s sociales essentielles La socialisation de l investissement signifie que l ensemble des profits est mis dans un pot commun et ensuite utilis non pas selon les strat gies particuli res de tel ou tel capitaliste mais en fonction des priorit s sociales d termin es d mocratiquement M me si ce processus se d roule au niveau r gional et ne doit pas entrer dans un d tail absurde il y a bien dans l id e de planification celle de centralisation comme moment n cessaire de cette ma trise sociale C est pourquoi les nationalisations sont l outil incontournable de la planification Mais l encore les mots ont vieilli Si Pon admet le postulat d mocratique il ne s agit pas de nationalisations au sens juridique de groupes qui fonctionneraient ensuite selon les m mes crit res mais de nationalisations permettant d orienter l conomie autrement La planification passe notamment par la d finition d une politique industrie
22. flexion connu depuis longtemps des conom tres est un r v lateur du sous emploi souterrain qui s ajoute au ch mage officiellement recens Il module la relation entre emploi et ch mage mais ces deux grandeurs ne sont pas pour autant d coupl es Le principal argument avanc par Supiot et par beaucoup d autres est d une nature diff rente si la r gle de trois ne peut pas fonctionner c est que le travail n est pas homog ne peu mall able et qu on ne peut le partager volont Autrement dit ceux qui demandent un emploi ne poss deraient pas les m mes caract ristiques que ceux qui en occupent un La porte est alors ouverte la th matique de l inemployabilit selon laquelle il existerait une h t rog n it fondamentale et irr ductible l int rieur de la population active En cas de r duction de la dur e du travail on s apercevrait que les embauches compensatoires seraient tout simplement impossibles en raison de l insuffisante qualification des ch meurs et on postule implicitement que ce d sajustement mismatch ne saurait pas non plus tre r sorb par une politique de formation Dans ce cas effectivement la r duction du temps de travail n est pas une r ponse au ch mage et constitue en plus une mesure dangereuse puisqu elle risque de se r soudre en intensification suppl mentaire du travail 112 Heureusement cette pr sentation ne correspond pas la r alit L
23. mes raisons un cadre juridique calibrant les normes salariales et la protection sociale pourrait viter le processus de dumping social d j l oeuvre o la concurrence entre syst mes sociaux fait que la mauvaise protection sociale tend chasser la bonne C est bien cet largissement de la gamme des choix possibles que devrait servir la construction europ enne qui se traduit au contraire dans sa forme actuelle par une d multiplication des contraintes Le paradoxe europ en Les logiques nationales n ont pas disparu et c est notamment ce niveau que se nouent les rapports sociaux C est pourquoi toute perspective d avanc e sociale se heurte une v ritable contradiction d un c t si une exp rience sociale originale mergeait dans un pays donn elle devrait envisager de se prot ger d un environnement hostile exer ant une pression multiforme Mais d un autre c t la r ussite durable d une telle exp rience d pend de sa capacit contaminer le reste de l Europe ce qui encore une fois demande du temps Faut il en conclure que l on doit d abord construire l Europe pour la compl ter ensuite d un volet social Cette d marche consiste soutenir Maastricht comme premier pas vers la construction europ enne tout en se promettant d y ajouter un contenu plus social Il s agit notre avis d une incompr hension absolue de la m thode maastrichtienne dont la
24. mocratie sociale principe de r gulation de l conomie socialiste La pr sentation de Kantorovitch a l int r t de bien mettre en valeur la dissociation que suppose le mode de fonctionnement de l conomie socialiste Ses objectifs sont d termin s en quelque sorte extra conomiquement par opposition aux lois du march capitaliste qui en m me temps qu elles en assurent la r gulation mod lent ses propres fins selon un processus qui n est pas socialement ma tris La possibilit m me de cette dissociation repose sur ce que l on pourrait appeler l hypoth se de la d mocratie socialiste pour fonctionner selon cette logique sup rieure la soci t doit s tre dot e des moyens d objectiver ses propres choix collectifs travers un plan d mocratiquement tabli faute de quoi le calcul conomique va en somme fonctionner sur des donn es fausses L chec conomique des pays de l Est renvoie fondamentalement au fait que l on y a supprim ce qui permet au capitalisme de fonctionner sans mettre en place ce qui est la condition n cessaire d existence du socialisme savoir la d mocratie ouvri re La planification bureaucratiquement centralis e a donc supprim les rapports sociaux sous jacents au march g n ralis capitaliste Mais elle ne les a pas remplac par des rapports sociaux socialistes il ny a aucun contr le des producteurs associ s sur les choix de production il ny a pas de d mocratie cono
25. s de mani re s par e de la dynamique g n rale de l accumulation On retrouve la limite la pauvret des analyses n o classiques de la croissance qui expliquent celle ci par r f rence un progr s technique autonome ou un facteur r siduel qui ne mesurent rien d autre si l on veut bien y r fl chir que l ignorance des conomistes Ce d bat est videmment fondamental et on le retrouve pos en des termes un peu diff rents lorsque l instar de Mandel on introduit une distinction entre le retournement la baisse passage de la phase A la phase B et l amor age d une nouvelle phase d expansion L mergence d une nouvelle onde longue expansive ne peut pas tre consid r e comme le r sultat endog ne autrement dit plus ou moins spontan m canique autonome de londe longue r cessive qui pr c de quelle qu en soit la dur e ou la gravit Ce ne sont pas les lois du mouvement du capitalisme mais les effets de la lutte des classes de toute une p riode historique qui d cident du point de retournement Ce que nous supposons ici c est l existence d une dialectique entre les facteurs objectifs et subjectifs du d veloppement historique o les facteurs subjectifs sont caract ris s par une autonomie relative c est dire qu ils ne sont pas directement et unilat ralement pr d termin s par ce qui s est produit auparavant du point de vue des tendances 25 de fond dans l acc
26. s souvent non d mocratique du fait que la socialisation des relations des activit s dans nos soci t s a fortement progress et qu il n y a pas de soci t s modernes 92 aujourd hui qui puissent fonctionner totalement selon les normes d un capitalisme pur Vincent 1991 Tout cela est incontestable mais conduit au come back surprenant d une vieille grille de lecture revenant de fait aux formulations les plus ambigu s de L nine et notamment cette fameuse citation d ailleurs reprise en exergue de leur Trait PCF 1971 par les conomistes du PCF le capitalisme monopoliste d Etat est la pr paration mat rielle la plus compl te du socialisme l antichambre du socialisme l tape de l Histoire qu aucune autre tape interm diaire ne s pare du socialisme L nine 1917 L id e sous jacente que l on retrouve aujourd hui chez des th oriciens proches du PCF qu ils en soient encore membres ou non est qu il existerait en quelque sorte une continuit lin aire entre les l ments de planification et de logique de service public mis en place par le capitalisme et leur extension comme r gle de fonctionnement dominante On comprendrait pourtant bien peu de choses la r alit du capitalisme contemporain si l on oubliait que c est le principe de concurrence entre capitaux qui continue de dominer et de r gler l volution de l conomie capitaliste mondiale Cependant ce qui nous int resse
27. selon les estimations entre 70 000 et 250 000 C est relativement peu et il est assez facile de comprendre pourquoi compte tenu de son mode de financement une telle mesure repr senterait un transfert net vers les entreprises et r duirait d autant le pouvoir d achat des m nages et donc la demande int rieure La conclusion g n rale de l OFCE est claire il faudrait envisager des pertes massives du pouvoir d achat des m nages beaucoup plus importantes pour obtenir une baisse significative du niveau du ch mage Confais et alii 1993 Une autre id e en vogue consistait instituer sur le salaire minimum une d cote de 20 pour les jeunes L encore cette proposition s appuyait sur une tude conom trique en provenance de l OCDE Bazen et Martin 1991 dont il tait pourtant facile de montrer la grande fragilit Husson 1991b Un sc nario tabli par l INSEE Cette et alii 1993b livre une estimation assez prudente Nos chiffrages indiquent avec leurs incertitudes que l instauration d un salaire minimum jeunes inf rieur de 20 au salaire minimum adulte pourrait aboutir terme au bout de cinq dix ans la cr ation d environ 100 000 emplois L encore ces estimations sont fragiles et reposent sur des hypoth ses ad hoc Husson 1994b Ce qui est frappant en tout cas c est que m me avec la meilleure volont du monde on ne fait pas appara tre de rendements tr s lev s pour ce type de m
28. t ronome puisse s effacer devant l autonomie A cette question essentielle Gorz apporte deux r ponses La premi re se borne enregistrer le recul du travail L conomie n a plus besoin et aura de moins 94 en moins besoin du travail de tous et de toutes Nous avons d j montr ce qu il y avait d insatisfaisant dans cette r ponse ce recul en volume n implique en rien une perte de dominance du rapport social qui lui est associ et on peut reprendre mutatis mutandis les arguments que Zarifian adresse Sue La seconde r ponse se trouve dans les transformations qui devraient selon Gorz aller de pair avec le recul du travail salari Ce mouvement devrait d abord distendre les liens existant entre revenu et travail h t ronome de telle sorte que la sph re h t ronome perdrait progressivement une de ses fonctions essentielles qui est de r gler la r partition des revenus La seconde transformation consisterait placer le secteur h t ronome sous un r gime de planification qui conduirait pour reprendre l expression de Gorz sa trivialisation L existence d un secteur de production et de distribution centralement planifi capable d assurer chacun et tous tout le n cessaire et de d finir la quantit de travail socialement n cessaire d par chacun pour tre l abri du besoin fait de la sph re de la n cessit une sph re bien part clairement circonscrite dans laqu
29. un simple habillage de la d fense des rentiers De mani re plus g n rale il faut s interroger sur les v ritables fonctions et modalit s du processus d unification europ enne Le tournant vers la d r glementation 72 Il faut commencer par r cuser l id e selon laquelle Maastricht serait la continuation naturelle et univoque d un processus engag depuis longtemps avec le Trait de Rome Il y aurait selon cette conception une voie pr d termin e suivre les march s la monnaie l Etat Rien n est plus inexact La premi re raison est qu il y a eu avec le tournant lib ral rupture avec le processus ant rieur Pour reprendre les rep res propos s par Albert et Boissonnat on passe de l harmonisation la d r glementation et la mise en place d une concurrence entre syst mes sociaux L harmonisation visait rapprocher dans l ordre la fiscalit la protection sociale et le droit du travail En mati re de TVA pour prendre cet exemple on avait d termin un syst me type deux taux vers lequel les pays europ ens devaient chercher se rapprocher ce qui a d ailleurs t le cas en ce qui concerne la France Il s agissait en l occurrence de mettre les marchandises galit de chances dans la mesure o la TVA p se sur les prix relatifs et fait fonction d instrument protectionniste Non seulement cette logique d harmonisation ne s est pas tendue facilement aux conditions d existen
30. une pr sentation traditionnelle emprunt e un ouvrage de vulgarisation de la grande poque du marxisme l ninisme Il est bien connu qu avec le d veloppement des techniques industrielles la quantit de capital investie dans les installations b timents et outillage c est dire capital fixe augmente beaucoup plus rapidement que la quantit de capital investie dans les salaires En g n ral m me l introduction d une machine perfectionn e remplace le travail d un certain nombre d ouvriers Autrement dit nous voyons que la composition organique du capital social tend s lever rapidement Si le taux de la plus value n augmente pas le taux du profit doit baisser c est ce qui se produit effectivement Baby 1949 Le taux de profit est une fraction au num rateur figure le taux de plus value au d nominateur la composition organique du capital Cette derni re cro t de mani re continue alors que le taux de plus value ne peut pas augmenter ind finiment Conclusion le taux de profit doit baisser au bout du compte et c est en ce sens que la loi est tendancielle Cette pr sentation classique ne peut tre consid r e comme satisfaisante pour une raison essentielle l volution du taux de profit ne d pend pas de deux grandeurs ind pendantes taux de plus value et composition organique du capital parce que ces deux grandeurs ne sont pas en g n ral ind pendantes Il faut en r alit faire
31. C est pourquoi il n est pas inutile ici de d tailler l exemple fran ais sur la p riode 1987 1994 qui correspond un cycle assez homog ne Le d ficit de l Etat repr sente 2 3 du PIB en 1987 et termine 5 en 1994 On peut facilement v rifier que ce d rapage ne correspond pas vraiment une augmentation des d penses courantes fonctionnement et transferts dont l volution ne fait que suivre la conjoncture Leur part dans le PIB commence donc par baisser de plus de deux points entre 1987 et 1991 durant les ann es de croissance plus soutenue Puis vient la r cession et cette part augmente pour fl chir de nouveau avec la reprise de 1994 Au total on passe de 20 4 19 2 du PIB L id e souvent sugg r e selon laquelle l Etat tendrait accro tre ind finiment sa ponction est donc fausse La cause du d rapage renvoie fondamentalement au recul des recettes qui repr sentent 19 8 du PIB en 1987 et seulement 16 9 en 1994 Cette volution est li e en partie la mont e des transferts de recettes fiscales vers les collectivit s locales de telle sorte que l on observe une stagnation si l on raisonne sur l ensemble des administrations publiques Un tel tassement s explique son tour par la d fiscalisation n olib rale qui all ge en priorit les imp ts directs Ce mouvement est progressif et peu sensible la conjoncture il s agit d une tendance de fond qui ne correspond en rie
32. Monde offrent aux investisseurs internationaux Il faut donc s interroger sur la racine conomique de ce nouveau type de rapports sociaux qui a bien t mise en lumi re par Rosanvallon partir d une distinction entre le secteur de la production et celui qu il appelle secteur de soins Dans le premier les objets consomm s sont porteurs d conomie de temps Si on ach te une machine laver qui co te peu pr s 150 heures de travail moyen on conomise environ 200 heures de travail par an le temps d amortissement d une machine tant 5 ans on d pense 150 heures de travail pour conomiser 1000 heures de travail domestique Fonction de substitution productive qui se traduit par l accroissement du temps libre Rosanvallon 1985 En revanche dans le secteur des services le temps consomm est gal au temps d autrui Il ne s agit plus de socialiser les t ches m nag res afin qu elles absorbent moins de temps l chelle de la soci t il s agit au contraire que ces t ches occupent le plus de gens et absorbent le plus de temps de travail possible mais sous la forme cette fois de services marchands Le d veloppement des services personnels n est donc possible que dans un contexte d in galit sociale croissante o une partie de la population accapare les activit s bien r mun r es et contraint une autre partie au r le de serviteur Gorz 1988 L alternative fond e exclus
33. Mondiale value 177 milliards de dollars ce qui est videmment consid rable Malheureusement ce renversement de tendance n a pas que des aspects positifs Quand on y regarde de plus pr s la majeure partie de ces mouvements de capitaux c est la Banque Mondiale qui l crit correspond au rapatriement de capitaux qui taient sortis des pays concern s Cela doit attirer l attention sur le caract re hautement sp culatif de ces capitaux attir s par des taux d int r t attractifs et qui doivent donc le rester L investissement tranger direct repr sente 30 de ces apports mais une bonne partie va en r alit des op rations de privatisation notamment en Am rique latine Par d finition il s agit dans ce cas d une op ration qui n est pas renouvelable Ce mouvement correspond enfin tout simplement une reprise de l endettement o le secteur priv les grandes entreprises occupe une place pr pond rante C est cette fois le prix payer pour le tout l exportation qui tend creuser des d ficits commerciaux importants L exemple typique est le Mexique qui n a pas attendu la signature de l ALENA pour d velopper ses exportations aux Etats Unis Mais ses importations ont augment encore plus rapidement de telle sorte que ce pays se trouve devant une contrainte ext rieure renforc e Un monde fractionn La figure qui domine aujourd hui est alors celle du fractionnement Ce terme comme ceux de morc
34. aller vite du volume de machines par poste de travail et le sens de son volution est sans ambigu t A l exception des effets des guerres on peut parler en toute rigueur d une tendance la hausse du capital par t te En France sur la base 100 en 1896 cette grandeur vaut 187 en 1939 226 en 1960 et 976 en 1994 Mais et c est l qu on peut v rifier l importance de cette d composition toute la question est de savoir si cette hausse est ou non compens e par une progression quivalente de la productivit du travail Cette question est a priori ouverte ce qui veut dire que l volution du coefficient de capital est ind termin e il peut monter augmenter ou rester constant moyen terme Cependant cette ind termination n est pas absolue dans la mesure o le num rateur et le d nominateur ne mesurent pas des volutions ind pendantes pour une simple et bonne raison l l vation du niveau de productivit du travail est le r sultat de l augmentation du capital par t te C est ce que rel ve Marx de nombreuses occasions Si nous faisons abstraction des diverses actions perturbatrices dont l examen n a pas d int r t pour ce que nous recherchons ici le mode de production capitaliste a pour tendance et r sultat d augmenter sans cesse la productivit du travail C est dire qu il accro t constamment la masse des moyens de production transform s en produit par un m me travail Marx IV Cette lec
35. cle 1896 1994 la productivit horaire a t multipli e en France par un peu plus de 13 Admettons que la part des salaires ait t de 50 en 1896 et imaginons que les salari s n aient profit de ces gains de productivit ni sous forme de r duction du temps de travail ni sous forme d augmentation du salaire r el Un si cle plus tard la part des salaires ne serait plus que de 7 7 Et le taux de plus value serait pass de 100 1200 L intuition d une progression limit e du taux de plus value n est donc pas v rifi e dans l absolu parce que la progression de la productivit n est pas born e par la dur e de la journ e de travail Cet exemple permet de souligner un autre point important savoir que l volution du taux de plus value est conditionn e non seulement par l volution relative de la productivit du travail et du salaire r el mais aussi par les conditions de r alisation Ce qui emp che au fond le taux de plus value de monter ind finiment c est la n cessit de d bouch s c est donc une condition qui se situe dans la sph re de la circulation et c est d ailleurs pourquoi le taux de profit est une grandeur synth tique qui exprime non seulement les modalit s de la production de plus value mais aussi celles de sa r alisation La contrainte de rentabilit La formule tablie plus haut quant l volution du taux de profit peut s expliciter ainsi l exigence du maintien du taux d
36. d une certaine mani re in vitable un surinvestissement qui n est pas compens par des gains suppl mentaires de productivit qu il engendre Ou pour dire les choses autrement il faut proportionnellement plus de capital pour obtenir le m me gain de productivit L cole r gulationniste partage au moins le constat sinon les consid rants il semblerait qu il faille de plus en plus d investissements pour soutenir une m me progression de la productivit du travail la d t rioration de l efficacit de l investissement finit par se reporter sur le coefficient de capital Boyer 1987b Le second volet porte sur le r glage du salaire et donc sur la contradiction rentabilit d bouch s Dans ce cas la loi se manifeste par le difficile maintien d une voie interm diaire entre deux cueils soit un partage d favorable aux salari s mais qui n assure plus des d bouch s endog nes suffisants soit une inertie du rapport salarial qui peu peu se trouve d connect des gains de productivit notamment par la socialisation croissante d une partie des salaires La baisse du taux de profit refl te l ensemble de ces difficult s et la crise est donc indistinctement une crise de productivit et une crise des formes institutionnelles que rev t le capitalisme chacune de ses phases La formulation de la loi que l on trouve chez Marx appara t donc trop troite Certes la baisse du taux de profit renvoie en derni re in
37. de 1993 contre un franc dont les fondamentaux taient pourtant favorables on pr te la sp culation le raisonnement suivant La r cession est tellement marqu e en France le probl me du ch mage se pose avec une telle acuit que le gouvernement singuli rement en p riode pr lectorale va relancer l conomie Pour relancer il faut baisser les taux d int r t et comme la relance va r duire l exc dent commercial le franc va baisser Donc on vend du franc et donc le franc baisse Ce raisonnement imparable correspond sans doute la mani re dont la sp culation se repr sente l conomie Mais on pourrait avancer une lecture bien diff rente et si l objectif de la sp culation n tait pas de d courager toute baisse des taux d int r t tout simplement parce que la sp culation d fend ses revenus Et si derri re cette fantasmagorie il n y avait au fond que la d fense d int r ts parfaitement identifiables les rentiers contre les salari s La derni re question que l on ne peut manquer de se poser porte sur la plausibilit de la mise en place d une monnaie unique Le calendrier comporte trois phases La premi re correspond la lib ration financi re et l autonomie donn e la Banque centrale de chaque pays Puis le ler janvier 1994 est mis en place l Institut mon taire europ en IME charg de guider la troisi me phase qui conduit l instauration de parit s irr vocableme
38. de 38 en 1973 43 en 1983 et 48 en 1993 Mais cette progression prend principalement la forme de cr ation d emplois temps partiel en 1994 28 des femmes salari es occupent un emploi temps partiel contre 16 en 1981 Cette proportion atteint 35 chez les moins de vingt cinq ans De telles modifications dans la structure des emplois impliquent des volutions encore plus fortes si l on examine les flux d emplois nets Ainsi entre 1983 et 1993 on constate que le nombre d emplois occup par des hommes baisse de 432 000 alors que les emplois f minins progressent de 826 000 Mais plus de 90 de ces emplois nets cr s sont des emplois temps partiel et ce mouvement jusque l assez sensible au cycle conjoncturel ne s est pas infl chi avec la reprise r cente Le travail temps partiel est par ailleurs encourag par des mesures de soutien qui connaissent un assez large succ s en 1994 ce sont 220 000 embauches de salari s temps partiel entre 16 et 32 heures par semaine qui ont b n fici d une r duction de 30 des charges sociales Un ch mage capitaliste 49 Le capitalisme est un syst me conomique qui pr f re ne pas produire plut t que de produire sans profit Voil comment on pourrait condenser en une formule notre compr hension du ch mage Il est le fruit empoisonn d un v ritable d ni de production d un refus du capitalisme qui consiste ne pas satisfaire un certain no
39. de 800 000 emplois Ces r sultats ont t obtenus en extrapolant l effet des privatisations r alis es en Grande Bretagne o l effectif des soci t s concern es est pass de 736 000 salari s en 1980 455 000 en 1993 Dans le cas fran ais les suppressions d emplois potentielles sont valu es 70 000 dans l nergie 55 000 dans les t l communications 20 000 dans les banques et assurances et le reste dans le secteur public nationalis Rh ne Poulenc Renault A rospatiale Snecma Usinor Sacilor et P chiney 82 Les modalit s de cr ation des 15 millions d emplois promis demeurent donc une nigme dont la cl ne peut se trouver que dans le r le sp cifique que l on entend faire jouer une forme tr s particuli re de r duction de la dur e du travail Certes le Livre blanc proc de par d n gation en affirmant que l orientation propos e implique des changements importants mais pas une d r glementation pure et simple des march s du travail en Europe Mais une lecture attentive permet de dessiner au moins en creux une r ponse plus globale qui met en jeu la dur e du travail Le Livre blanc analyse la contribution de la r duction de la dur e du travail aux cr ations d emploi au cours des ann es quatre vingt et propose d avancer dans cette voie en formulant un premier objectif qui est de reconna tre les changements qui sont d j en cours dans le march du travail notamment dans le
40. de l agriculture paysanne mexicaine tait prot g de cette concurrence gr ce des droits l importation des prix de garantie et des r seaux sp cifiques de commercialisation Il vivotait difficilement faute d une politique d investissement notamment en mati re d irrigation Mais avec l Alena ce secteur re oit un choc qui conduit la ruine de nombreux petits producteurs et m me leur disparition en tant que producteurs Cela signifie une d pendance alimentaire et un exode rural aggrav s La mise en concurrence directe ne peut conduire une mise niveau une convergence encore moins un rattrapage Elle implique l viction autrement dit la mise hors jeu de secteurs non comp titifs et cela ne concerne pas seulement l agriculture mais des pans entiers des industries traditionnelles d velopp es avec les mod les dits de substitution d importations A ce tableau pessimiste on peut en th orie opposer une premi re objection selon laquelle les nouveaux pays industriels auraient un autre moyen d action que la pression la baisse sur les salaires savoir les gains de productivit Ceux ci permettraient en effet de d nouer la contradiction en maintenant la comp titivit ext rieure tout en autorisant une certaine croissance du march int rieur Cette voie n est cependant accessible qu un nombre restreint de pays et se heurte la strat gie des groupes qui vise assurer et reproduire une dominatio
41. de r sorber de mani re indolore ces sureffectifs En r alit il existe toujours une forte sensibilit des effectifs la croissance dont le cycle r cent donne une bonne illustration 355 000 emplois ont t d truits entre mars 1991 et mars 1994 322 000 ont t ensuite cr s entre mars 1994 et mars 1995 Gissot et M ron 1995 La reprise r cente est donc relativement riche en emplois sans pour autant faire mieux qu effacer les effets de la r cession du d but des ann es quatre vingt dix C est surtout la nature des emplois qui change Ce que l on doit souligner en effet c est l impressionnante mont e en puissance des emplois dits aid s dont le nombre passe seulement entre 1991 et 1994 de 1 1 7 millions Il s agit l d un gigantesque effet de substitution les emplois normaux reculent au profit des emplois aid s parmi lesquels on doit principalement compter les CES pour le secteur non marchand et dans le secteur priv des mesures comme les CRE Contrats de retour l emploi ou les contrats d apprentissage DARES 1995b Sur plus longue p riode encore la r partition de la population active fait appara tre un recul impressionnant de la proportion d emplois salari s standard Tableau 2 Tableau 2 Structure de la population active 1970 1994 Salari s stables 76 0 55 0 Non salari s 21 5 12 0 Ch meurs 2 5 12 0 Pr caires 21 0 48 Source INSEE Ce cons
42. diverses mani res La plus probable en tout cas la plus r pandue consiste tordre la r partition des revenus de mani re conserver l ad quation favorable quitte en passer par de v ritables d nis de production qui reviennent en pratique ne pas produire plut t qu produire des marchandises qui d primeraient le taux de profit Telle est la cause profonde du ch mage de masse contemporain Il y a donc conflit entre deux modes d affectation du travail social qui mettent en oeuvre des crit res dont rien ne garantit la convergence D un c t la recherche du profit maximum et de mani re plus pr cise encore des perspectives de profit un niveau le plus lev possible sur une longue p riode de temps conduit une r gle que l on peut assez simplement r sumer ainsi les capitaux tendent spontan ment s investir dans les secteurs assurant la plus forte croissance possible de la productivit car celle ci est la base et la garantie d un taux de profit lev L autre logique que l on pourrait avec Engels appeler celle des effets sociaux utiles conduit donner la priorit aux besoins sociaux les plus urgents ou les plus intenses en relativisant les gains potentiels de productivit qui leur sont associ s Sous le capitalisme cette logique est pr sente mais reste domin e on ne peut vendre des marchandises qui ne r pondent aucun besoin social et la satisfaction minimale de certains b
43. donc entr e dans une phase d instabilit profonde o risquent de germer les formes les plus barbares de perp tuation d un syst me conomique et social aujourd hui d pass Il serait possible aujourd hui et pour les d cennies venir d assurer l ensemble de la population mondiale un acc s la satisfaction des besoins l mentaires les potentialit s conomiques existent y compris en tenant compte des contraintes cologiques Il est de plus en plus clair que ce sont au contraire les exigences irrationnelles du syst me capitaliste qui font obstacle ces aspirations l mentaires de l humanit Reste encore une autre possibilit envisager celle de la croissance de la consommation issue des revenus des classes moyennes qui permettrait de combiner une certaine croissance du march int rieur avec les exigences de la comp titivit Ce point de d bat permet d introduire une id e tout fait d cisive quant aux configurations de classe internes aux pays domin s L imp rialisme ne s est jamais r duit un rapport entre nations et parler de nations prol taires serait particuli rement hors de propos aujourd hui Le fractionnement de l conomie mondiale n est pas en effet seulement g ographique il est essentiellement social puisque le partage des eaux est trac par l aust rit salariale Le mod le de reproduction esquiss plus haut pour les pays du Centre est g n ralisable l ensemble de l c
44. du tout l export implique un usage intensif de toutes les ressources puisement des sols par viction de l conomie paysanne bradage des for ts et des ressources mini res concentration de l activit dans des m galopoles pollu es et insupportables vivre etc L ouverture commerciale tend d stabiliser la croissance des pays du Sud d une autre mani re pour pouvoir exporter il leur faut faire preuve de bonne volont libre changiste et commencer par ouvrir leurs propres fronti res conform ment aux dogmes dor navant 58 codifi s par l Organisation Mondiale du Commerce Dans un tr s grand nombre de pays cette ouverture conduit une croissance des importations sup rieure celle des exportations avec une tendance permanente au d ficit commercial et la perte de substance de la monnaie La crise du peso mexicain est l exemple typique de ce m canisme qui r v le le maintien sous des formes renouvel es de rapports de d pendance extr mement contraignants L ouverture incontr l e fait jouer plein les ph nom nes d viction qui apparaissent in vitablement lorsque l on met en contact direct des zones conomiques niveaux de d veloppement qualitativement diff rents L exemple des petits paysans producteurs de ma s au Mexique permet d illustrer ce processus Leur co t de production est de deux trois fois sup rieur celui de leurs concurrents des Etats Unis Jusque l le secteur
45. emploi de 2 repr sente une rupture tr s nette avec un mode de formation des salaires qui ob it jusqu ici la logique de la fameuse courbe de Phillips toute reprise de l emploi s accompagnant de gains salariaux M me si l on admet ce tournant on se trouve face une nouvelle difficult la masse salariale augmente en fonction des emplois cr es donc de 2 et la croissance est de 3 Comment combler durablement cet cart Pourquoi le taux d investissement passerait il la vitesse sup rieure si l ensemble de la demande salariale europ enne n augmente que de 2 Compter sur la seule rentabilit revient reproduire l erreur de perspective qui a emp ch de voir venir le retournement violent de l investissement au d but des ann es quatre vingt dix Le Livre blanc cherche pourtant apporter une r ponse la lancinante question des d bouch s II renvoie ainsi une r forme des services publics visant dissocier les diff rentes fonctions des autorit s publiques en ce qui concerne la fourniture de ces services en tant qu entit s charg es de la production de l achat et de la r glementation dans des secteurs tels que la sant publique et les t l communications Ces r formes devraient permettre de mieux r pondre aux besoins des utilisateurs en r duisant le co t budg taire de ces services et en d veloppant les d bouch s potentiels Il s agit donc semble t il de remettre
46. esprits press s de d passer l ali nation du travail et les suj tions du salariat Un tel d passement repr senterait une r volution culturelle de grande ampleur Il est d s lors paradoxal qu une responsabilit aussi crasante soit d l gu e aux groupes les plus fragiles et les plus d munis tels les allocataires du RMI Cela tant rappel le d bat plus prospectif ram ne la discussion avec Gorz qui dans ses Adieux au prol tariat d signait la non classe des non travailleurs comme le sujet social potentiel de l abolition du travail Gorz 1981 Il y d fendait un projet de soci t explicitement dualiste o la sph re de l h t ronomie serait subordonn e aux buts de la sph re de l autonomie Toute la question qu il faut maintenant creuser est de savoir comment s articulent ces deux sph res Gorz r cuse la fois l id e d une parfaite autosuffisance de la sph re autonome mais aussi le postulat selon lequel il doit tre possible d englober et de dissoudre la sph re de l h t ronomie dans celle de l autonomie La dialectique qui s instaure entre les deux sph res repose sur l alternance autrement dit sur la possibilit de passer de l une l autre Cette possibilit rend videmment les individus extr mement exigeants et critiques quant la nature et aux finalit s du travail socialement n cessaire mais en m me temps les dispense d avoir chercher dan
47. est ce qui en fin de compte distingue ces deux formes de consommation Il y a le fait que la sant passe par le syst me de s curit sociale mais ce n est pas l essentiel La vraie diff rence renvoie au fait que le gros des d penses de sant l h pital plus que les m dicaments ne sont pas susceptibles de productivit rentabilit Si c tait le cas il n y aurait plus aucune objection ce type particulier de consommation dont on voit mal pourquoi elle devrait repr senter une part fixe du revenu national En sens inverse d un point de vue lib ral la subvention l achat d automobile n a aucune l gitimit sinon de doper une industrie potentiellement rentable En d autres termes le capitalisme ne traite pas galit les diff rents types de besoins La crise acquiert du coup un tour particulier qui contribue expliquer la mont e du ch mage moderne 40 CHAPITRE 3 GENERATION CHOMAGE La conception lib rale du monde repose sur l id e que le march est la solution tous les d s quilibres Si ceux ci subsistent cela ne peut provenir que des entraves que l on met son fonctionnement Le ch mage ne peut avoir d autres causes que la r sistance des salaires la baisse et dans ces conditions la probl matique th orique des n oclassiques se borne proposer des mod les visant rendre compte de cette rigidit A l int rieur de ce cadre troit de v ritables tr sors d imagin
48. est de ne pr voir aucune forme de compensation puisqu il s agit de rattraper dix ou quinze ans de n olib ralisme in galitaire pas de perte de salaire pas d intensification du travail et au contraire contr le des travailleurs sur l organisation du travail et les cr ations d emploi La d fense du droit l emploi des femmes contre les formes excluantes de r duction de la dur e par la voie du travail temps partiel impos doit tre une dimension constitutive de ce projet L id e d une l gislation harmonis e et contraignante sous forme d une loi cadre europ enne pourrait alors symboliser la volont d une r duction harmonis e g n ralis e et impos e comme nouvelle norme aux entreprises Une baisse imm diate de l ordre de 10 du temps de travail sans contrepartie et avec contr le des embauches compensatoires doit pouvoir cr er une proportion presque quivalente d emplois compte tenu cependant de la r sorption du temps partiel La poursuite du mouvement vers les 30 heures doit tre organis e l galement ce quoi correspond l id e de loi cadre Les travaux de l OFCE et du CEPI Sterdyniak et alii 1994 montrent que c est la mesure la plus riche en potentiel d emplois m me si l tude en question assortit la baisse du temps de travail d une baisse du salaire qui en r duit l effet et ne profite pas de la dimension europ enne pour passer outre la contrainte de comp titivit L exercice
49. est donc un minorant et montre qu une r duction de 10 de la dur e du travail aboutit une r duction de pr s de moiti du taux de ch mage en Europe En m me temps il faudrait chercher harmoniser le statut de salari sous forme d un syst me europ en de minima de salaires d allocations ch mage et d une extension coordonn e des conventions collectives De le m me fa on on devrait aller vers une harmonisation des services publics postes t l communications transports etc au moins aussi indispensable qu une monnaie unique Enfin un Fonds Europ en tabli sur le chiffre d affaires des entreprises pourrait servir accompagner une convergence europ enne des syst mes de protection sociale Dans un tel cadre un plan d abolition du ch mage pourrait alors combiner trois grands leviers d action Outre la r duction massive du temps de travail on pourrait jouer sur une relance centr e sur les besoins sociaux M me des conomistes peu suspects d h t rodoxie comme Dr ze et Malinvaud 1993 en viennent reconna tre que l initiative d Edimbourg est insuffisante falls short of what is needed alors qu existent des besoins recens s et des retards rattraper Il existe d importants besoins dans le domaine du logement priv en particulier pour les familles bas revenus Il s agit de plus d un secteur o les projets d investissement sont relativement cr ateurs d emplois et o la
50. est une bonne chose et on ne peut s en remettre une impalpable dialectique Etat soci t civile pour r pondre la question essentielle du mode de d cision et de gestion On retrouve donc ce niveau fondamental de la politique la critique majeure que l on peut adresser la vision dualiste de Gorz renoncer la ma trise sociale de la sph re h t ronome c est accepter que sa logique domine les conditions d existence de la sph re autonome On ne peut laborer un projet social coh rent sur la base de postulats aussi contradictoires l un consistant souligner la 95 n cessit d une planification centrale l autre revenant dire qu une telle centralisation est impossible voire pernicieuse Le sch ma avanc par Gorz renvoie au fond sa conception sartrienne de la morale Pour lui en effet il ne peut y avoir de moralit ni de moralisation des rapports que s il existe une sph re d activit s autonomes dans laquelle l individu est l auteur souverain de ses actes sans n cessit ni alibi ni excuse et si cette sph re est non pas subordonn e mais pr pond rante dans la production de chacun par soi m me et du tissu de ses rapports avec les autres Gorz 1981 Nous serons videmment d accord pour dire qu il ne saurait y avoir de socialisation possible de la tendresse de l amour de la cr ation et de la jouissance ou de l extase esth tiques de la souffrance du deuil de l an
51. finales de la plus value soit l accumulation de capital soit la consommation bref une demande adress e effectivement l une ou l autre des deux grandes sections de l conomie n existe pas de tiers usage stable qui serait la sp culation Celle ci entra ne une complexification du cycle du capital mais ne change rien son d roulement g n ral L ajustement structurel contre le d veloppement Outre la mondialisation et la financiarisation la tendance majeure a t l imposition la majorit des pays du Sud et ensuite l Est de programmes dits d ajustement structurel visant ouvrir l conomie de ces pays et accorder la priorit absolue aux exportations Ils s appuient sur la th orie dite de l approche mon taire de la balance des paiements qui d bouche sur trois interdits ne pas se prot ger ne pas stimuler l activit par la cr ation mon taire ne pas chercher contr ler les sorties de capitaux Et l on conna t bien dor navant le mode d emploi de ces programmes qui comportent toujours les m mes recettes baisse des d penses publiques privatisations d valuation lib ralisation mon taire et financi re ouverture des fronti res suppression des subventions etc 56 Ces programmes ont t con us dans les institutions internationales comme le FMI et la Banque Mondiale et en grande partie impos s en utilisant la pression de la dette Les r chelonnements ou les pr ts re
52. formation et de qualification de la main d oeuvre se sont d j en grande partie vapor s en m me temps que ces soci t s enregistraient un processus tr s profond de d structuration sociale L hypoth se d une tiers mondisation est en train de prendre forme un rythme acc l r La notion de d veloppement in gal et combin s applique donc parfaitement au capitalisme contemporain La dialectique fractionnement int gration appara t en effet aujourd hui comme le mouvement principal de l conomie mondiale Avec l effondrement des soci t s bureaucratiques on peut dire que le capitalisme imprime sa marque l ensemble de la plan te sur laquelle il exerce sa domination peu pr s sans partage et sans gard pour les fronti res nationales Mais il a perdu sa capacit tendre en profondeur sa logique et il fonctionne comme une norme machine exclure plut t que d assimiler sa logique les couches sociales et les zones g ographiques il exerce un tri syst matique et rejette tout ce qu il ne r ussit pas int grer sa logique C est le ch mage et les exclusions dans les pays riches la croissance du secteur informel dans les pays pauvres En mettant en concurrence des formations sociales qui se situent des niveaux de productivit extr mement disparates il introduit la r gression sociale d un c t et touffe dans l oeuf tout progr s social de l autre L conomie mondiale capitaliste est
53. galit s sociales qui ne saurait sans doute tre impos aux exclus sans recours des formes modernes de coercition Mais seule l intervention consciente des acteurs sociaux peut r ussir infl chir des tendances lourdes qui sont l oeuvre depuis assez longtemps pour que ce pronostic n apparaisse pas comme le fruit d un pessimisme de principe C est pourquoi cet ouvrage cherche aussi esquisser une alternative en partant de la critique des multiples projets qui veulent faire contre mauvaise fortune bon coeur et cherchent inventer des formes de progr s social compatibles avec les lois d airain de l conomie mondialis e Le point de vue d fendu ici est que l on ne peut dessiner les contours d une r elle alternative qui soit autre chose qu un catalogue de mesures d accompagnement et de filets de s curit sans poser la question centrale d un autre mode de fonctionnement de l conomie Il s agit donc de r fl chir sur ce que pourrait tre un socialisme moderne rompant absolument avec la sinistre exp rience des pays de l Est mais ne cherchant pas pour autant une conciliation impossible avec les m canismes de l argent roi Pour donner chair cette discussion aujourd hui forc ment abstraite il faut jeter des ponts vers une soci t lib r e du ch mage et de la mis re en s appuyant sur les aspirations port es par les mouvements sociaux actuels pour en d gager les l ments de recons
54. intensive du capital Th se Universit de Paris 1 Bloch London C ef alii 1994 Les processus locaux de partage du travail Travail et emploi n 59 avril Boukharine N 1917 L conomie mondiale et l imp rialisme Anthropos 1967 125 Boyer R 1979 La crise actuelle une mise en perspective historique Critiques de l conomie politique n 7 8 avril septembre Boyer R 1987a R flexions sur la crise actuelle ID Revue fran aise d conomie vol IL 3 t Boyer R coord 1987b Aspects de la crise Tome III Les conomies au milieu du gu Plan Cepremap Boyer R et Orl an A 1991 Les transformations des conventions salariales entre th orie et histoire D Henry Ford au fordisme Revue conomique mars Boyer R et Mistral J 1978 Accumulation inflation crises PUF Boyer R et Mistral J 1983 Le temps pr sent la crise Les Annales novembre Cartelier L 1991 March unique et syst me productif europ en les fondements d une politique industrielle commune Revue fran aise d Economie vol VI 4 automne Castel R 1995 Les m tamorphoses de la question sociale Fayard Castoriadis C 1957 Le contenu du socialisme 10 18 1979 C li H 1994 Acquis sociaux et concurrence internationale AC Donn es et arguments Editions Syllepse CERC 1992 Salaires et co ts de la main d oeuvre dans les principaux pays
55. intervenir trois grandeurs qui sont le salaire r el la productivit du travail et l efficacit du capital Ce constat renvoie la d composition arithm tique d une expression simplifi e du taux de profit qui rapporte le profit d fini comme la diff rence entre la valeur ajout e et les salaires au capital fixe selon la formule suivante Valeur ajout e Salaires Taux de profit Capital Pour manipuler cette expression et faire appara tre les composantes significatives du taux de profit on doit introduire une distinction entre des prix et des volumes et on cesse donc de raisonner sur des agr gats en valeur faute de quoi on ne peut faire appara tre cette variable cl que constitue la productivit du travail La masse salariale est donc d compos e de mani re distinguer le salaire moyen w et le nombre de travailleurs N Pour la valeur ajout e et le capital on s pare un volume de produit Q et un volume de capital K que l on peut interpr ter comme des unit s physiques conventionnelles Le taux de profit R s crit alors pQ wN R pK Cette formule peut tre r organis e de mani re faire appara tre de nouvelles grandeurs significatives 1 wN pQ 1 e R ou encore R K Q k Le taux de profit s exprime donc en fonction de deux grandeurs significatives qui sont la part des salaires dans la valeur ajout e e wN pQ et le coefficient de capital k K Q ce qui revien
56. l argument d inemployabilit comme un levier visant en fait d stabiliser l ensemble du salariat La majorit des travailleurs priv s d emploi est parfaitement employable moyennant un effort transitoire de formation et de mise niveau Finalement la conception purement quantitative du travail qui caract riserait l approche macro conomique n est pas aussi fruste et abstraite qu elle en a l air Si elle n implique pas obligatoirement que toutes les heures de travail soient parfaitement interchangeables elle tient en revanche pour acquis la plasticit moyen terme de la force de travail qui permet de soutenir que le ch mage n est pas li une absence d ajustement de l offre la demande Car c est bien cela que revient toute cette construction la cause ultime du ch mage serait une qualification de la main d oeuvre inadapt e aux besoins des entreprise Une telle interpr tation n est tout simplement plus soutenable aujourd hui apr s une g n ration de ch mage de masse Et paradoxalement c est dans cette critique sociologique d une approche trop conomiste du travail que l on trouve une conception autrement rigide qui consiste prendre l exact contre pied d une hypoth se de parfaite plasticit et postuler une s paration absolument rigide entre ceux qui ont un emploi et les autres Le quantitativisme de la macro conomie n est qu apparemment d pass au p
57. l on a pu appeler compromis institutionnalis s entre les divers groupes sociaux La mondialisation ne supprime pas cette fonction mais elle en modifie les conditions d exercice dans la mesure o elle engendre un fractionnement social aussi bien que territorial On peut reprendre ici la proposition de Michalet 1992 pour qui l Etat dans ces conditions doit se borner rev tir l uniforme du gendarme et du militaire l habit de l ambassadeur et la robe du juge Peut tre pourra t on lui permettre de veiller aux grands quilibres mais sous la surveillance troite d institutions financi res supranationales Les fonctions imparties l Etat s alignent progressivement sur celles qui lui taient reconnues avant la r volution keyn sienne la loi et l ordre La perte de coh rence entre Etat appareil productif monnaie soci t est donc aggrav e par les m canismes de dislocation sociale et ces difficult s conduisent en un sens une demande d Etat plus forte qui peut prendre les formes extr mes d un national protectionnisme dans ses diff rentes variantes mais brise en tout cas le type de consensus social relativement homog n isateur des ann es de croissance L Etat doit la fois pr voir des filets de s curit pour les exclus tout en maintenant un ordre social dont la l gitimit est mise mal par le ch mage et l ins curit sociale C est ce qui permet de comprendre les difficult
58. la concurrence internationale sans aucune d termination r ellement endog ne La crise est au moins europ enne et il est vain d esp rer y opposer une alternative qui n esquisse pas une perspective simultan e d un autre fonctionnement de l conomie l int rieur et d une autre articulation avec l conomie mondiale l ext rieur Le social protectionnisme n est rien d autre qu une modalit r gressive de mise en concurrence des travailleurs Mais ceci est difficile expliquer de mani re populaire parce que ce discours a pour lui l vidence des recettes simplistes on ne doit pas sous estimer son influence potentielle et donc le risque majeur qu il repr sente notamment parce que l absence de coh rence de ses expressions civilis es conduit forc ment un glissement vers les formes fascisantes de ce discours Les mesures prises pour prot ger les mesures de lutte contre le ch mage auraient un tout autre contenu social que ce protectionnisme l Elles auraient d abord une vidente logique d extension au niveau europ en Le premier pays le n tre ou un autre qui d ciderait de s attaquer r solument au probl me du ch mage disposerait d une l gitimit vidente en proposant l extension des mesures prises au niveau europ en C est l que r side la diff rence essentielle entre les deux formes de protectionnisme celui auquel on pense g n ralement est un protectionnisme d excep
59. la question est de savoir comment il entend atteindre cet ambitieux objectif Les exercices men s l occasion d livrent un message assez ambivalent que l on retrouve point par point dans un document plus r cent de la Commission adopt en octobre 1995 En premier lieu le prolongement des tendances actuelles conduit moyen terme un enlisement voire une aggravation de la situation sur le march du travail telle que la mesure le taux de ch mage L horizon semble donc gravement bouch et la crise sociale n a aucune raison de ne pas s approfondir Et pourtant une am lioration radicale de cette situation n appara t pas compl tement hors de port e des modifications relativement marginales de la croissance et de la productivit transforment assez sensiblement les projections Les principaux r sultats chiffr s disponibles sont les suivants Dans le cas d une croissance m diocre de l ordre de 1 8 aucun emploi ne serait cr et le taux de ch mage europ en d passerait 14 en Pan 2000 soit 21 millions de ch meurs pour l ensemble de la Communaut Si emploi augmentait entre 1995 et 2000 la m me vitesse que sur la p riode 1980 1991 soit environ 0 5 par an cela conduirait en l an 2000 un taux de ch mage peu pr s inchang de 11 8 Il faut donc une progression de l emploi d au moins 1 pour aboutir une baisse significative du taux de ch mage Avec l hypoth se plus opti
60. la sant publique et les t l communications aux forces du march Mais on ne voit pas tr s bien comment un tel processus de privatisation pourrait en soi fournir la Communaut un cadre ad quat pour la cr ation de d bouch s On aurait plut t tendance voir dans cette d r glementation une source suppl mentaire de suppressions d emplois Cet aspect concerne particuli rement la France avec sa tradition d un secteur public important Avec Maastricht Air Inter La Poste France T l com SNCF EDF sont sur la sellette De nombreuses directives de la Commission comme la r gle de l acc s des tiers au r seau visent explicitement au d mant lement de certaines entreprises publiques selon le principe suivant une soci t vend un service transports t l communications lectricit eau et c est une autre qui g re l infrastructure en accueillant sur le r seau des op rateurs concurrents L impact de ces ventuelles privatisations a t valu par un r seau d organismes de pr vision de six pays Proissl 1994 Le nombre de soci t s privatisables s l ve en Europe 120 Elles totalisent 3 5 millions d emplois et r alisent un chiffre d affaires de 400 milliards d cus en France 21 soci t s repr sentent 1 2 million de salari s et un CA de 160 millions d cus Les suppressions d emploi atteindraient 290 000 en France 180 000 en Italie et 140 000 en Allemagne soit un total europ en
61. les recettes qui ont conduit avec un certain succ s la ma trise des fluctuations durant les ann es d expansion Ainsi en France Jacques Chirac alors premier ministre proc de une relance notamment du logement d une ampleur que d aucuns jugeraient aujourd hui irresponsable Le pronostic dominant consiste encore dire que cette r cession n est pas vraiment de nature diff rente de celles qui avaient pu la pr c der et que seule l augmentation du prix du p trole suffit en expliquer l ampleur inattendue Il ny a donc pas de raison de modifier fondamentalement le type de politique conomique dans une telle circonstance Au d but ces politiques semblent donner les r sultats esp r s l activit conomique red marre et le taux de profit regagne un peu du terrain perdu C est particuli rement vrai en Italie et en Grande Bretagne o le taux de profit retrouve presque son niveau d avant cales a l est beaucoup moins au Japon o la baisse du taux de profit a t consid rable et o le terrain perdu ne sera jamais rattrap Mais en r alit ces politiques ne sont pas ou plus la mesure de l ampleur de la crise et la seconde r cession g n ralis e de 1980 1982 vient rapidement mettre fin cette seconde phase les taux de profit replongent encore plus bas perdant un ou deux points suppl mentaires l exception de l Italie Le recul de la croissance est encore plus net qu en 1974 1975 et tr s sync
62. main d oeuvre peu qualifi e peut tre mobilis e La r novation urbaine au sens large permettrait d engager des programmes permettant de relancer l emploi Il s agit par ailleurs d une relance non productiviste qui vise satisfaire les besoins de base am liorer le cadre de vie et non pas tendre l infini la consommation de marchandises individuelles Enfin un dernier levier passe par la cr ation d emplois dans les services publics sant ducation cadre de vie tant les principaux Ces cr ations d emplois peuvent et doivent tre d concentr es et 118 passer en grande partie par les collectivit s locales Mais elles ne doivent pas instituer un sous secteur subventionn ou b n ficiant de statuts sp ciaux il doit s agir d emplois standard Elles peuvent tre r alis es du pratiquement du jour au lendemain C est en un sens le moyen le plus simple de cr er un emploi La dimension europ enne donne sens au projet et fait tomber une s rie d objections classiques quant sa fiabilit conomique En particulier l argument de la comp titivit dispara t si tous les pays europ ens prenaient en m me temps des mesures de r duction du temps de travail l effet sur la comp titivit relative des diff rents partenaires serait neutralis Or le commerce intra europ en est largement majoritaire de l ordre de 70 dans les changes ext rieurs des pays concern s Pour les m
63. march global qui tend devenir l horizon strat gique naturel des grandes firmes l effondrement des soci t s bureaucratiques l Est ne faisant videmment qu amplifier le mouvement Cependant on commettrait une erreur fondamentale et l on manquerait la sp cificit du capitalisme contemporain en pr sentant ce mouvement de mondialisation comme une simple recherche des d bouch s n cessaires l coulement d une production exc dentaire ou comme la mise en place d une division internationale du travail fond e sur la d localisation des segments productifs fort contenu en main d oeuvre Une homog n isation contradictoire La caract ristique essentielle du processus de mondialisation actuel est au contraire la pr dominance des mouvements d investissement direct et leur concentration dans les pays du Nord Chesnais 1994 Ce mouvement de mondialisation est l oeuvre d oligopoles mondiaux g rant sur une base plan taire la conception la production et la distribution de leurs produits et services Petrella 1989 Avec la mondialisation les strat gies des grandes firmes multinationales se transforment elles raisonnent d embl e par rapport au march mondial et entretiennent entre elles des relations complexes de concurrence toujours aussi pre mais aussi d accords de coop ration notamment dans la recherche technologique Elles ont des int r ts communs qui r sultent de la n cessit de d fendre leur s
64. mes produire les biens de consommation L id e fondamentale est que l on doit assurer une compatibilit entre les productions respectives des deux sections et les revenus qu elles distribuent L galit de base la conditions respecter se trouve au fondement de la macro conomie elle indique que la somme des salaires et profits consomm s doit tre gale la production de biens de consommation Cela peut sembler une vidence mais cette vidence ne s tablit qu apr s coup ex post disent les conomistes Dans la mesure o les d cisions conomiques sont prises dans un tr s grand nombre de lieux disjoints rien ne garantit ex ante que cette n cessaire galit se r alisera un niveau optimal Si on produit trop par rapport aux salaires distribu s une partie de la production dispara tra provisoirement ou d finitivement du circuit et n acc dera donc pas au statut de marchandise Toute la th orie du sous emploi de Keynes repose sur ce type de repr sentation du circuit conomique qui constitue un acquis de la macro conomie moderne Dans le champ du marxisme une mauvaise compr hension du statut th orique de ces sch mas a souvent conduit des interpr tations unilat rales Certains se sont servi des sch mas pour d montrer que le capitalisme pouvait en toutes circonstances fonctionner de mani re quilibr e et harmonieuse alors que d autres au contraire ont cherch les dynamiser a
65. mode de croissance de mani re le faire tenir de force dans les limites dun mode de production d sormais triqu Alors que s ouvre au moins en puissance l re de l abondance le capitalisme est amen r aliser un grand renversement qui est la condition de sa perp tuation Ce renversement est extr mement dangereux parce qu il est porteur d une soci t d exclusion fond e sur l in galit et la soumission de l ensemble de la soci t des couches privil gi es bien adapt es aux crit res conomiques dominant et b n ficiant d avantages relatifs toujours un peu plus tranch s Cette barbarie lectronique est en train d merger dans les pays capitalistes d aujourd hui et l une de ses composantes les plus pernicieuse est l humiliation impos e aux perdants et la n gation m me de leur exploitation sous pr texte de modernisme M me par rapport ses propres crit res et en tout cas par rapport celui de la satisfaction des besoins le capitalisme contemporain fonctionne de plus en plus mal Ce qu il est incapable de faire sur le fond c est d organiser les relations entre des sph res se situant diff remment par rapport au progr s technique Car ce dernier n agit pas de la m me mani re sur la productivit sociale dans tous les secteurs ni dans toutes les r gions du monde Plut t que de se diffuser pour que toute l humanit en profite les technologies de pointe s inscrivent alors dans un pro
66. n est pas r ellement en mesure d assumer L exp rience de la r unification allemande est l pour le prouver m me avec une volont politique forte et des moyens financiers normes l assimilation demeure un processus contradictoire et difficile Cela sera donc encore plus vrai de pays trop pauvres ou trop vastes pour se pr ter une telle assimilation L encore la logique dominante va consister trier parmi les pays ceux qui pr sentent un int r t suffisant et peuvent dans une certaine mesure tre agglom r s l Europe capitaliste La Hongrie la R publique Tch que et la Pologne paraissent les mieux plac es ce qui signifie que d autres pays seront cart s voire cartel s Le pr c dent yougoslave est sans doute un cas limite mais les tensions internes ont videmment t renforc es par l attraction diff rentielle exerc e par l Europe sur les diff rentes composantes de la Yougoslavie La Russie devrait jusqu un certain point retrouver un r le de centre conomique vis vis de pays comme l Ukraine sans pour autant stabiliser les zones de d s quilibres et de tensions L absence de relais ext rieur va donner au processus restaurationniste une allure sp cifique en accentuant la tendance un d veloppement d un capitalisme parasitaire relativement incapable de s emparer du noyau central de l conomie Les avantages 63 sp cifiques que l on attribuait aux pays de l Est notamment en mati re de
67. p riodisation Le terme d onde longue d signe un mouvement de long terme de l conomie capitaliste dont la th orie a t syst matis e en particulier par Ernest Mandel 1995 Si cette th orie a suscit des d bats nourris la r alit empirique est facilement observable et peu contest e le XX me si cle fait clairement appara tre deux ondes longues encore appel es cycles Kondratieff Gr ce Pierre Villa 1994 on dispose pour l conomie fran aise d une pr cieuse source de donn es permettant de proposer une repr sentation tr s lisible de cette succession de deux cycles longs s par s par la Seconde Guerre Mondiale graphique 1 Chacune de ces deux ondes longues se subdivise en deux phases que l on baptise traditionnellement phase expansive phase A et phase r cessive ou d pressive phase B On peut donc proposer le d coupage suivant assorti de d nominations approximatives destin es rendre cette chronologie moins abstraite Onde longue I Phase A 1896 1924 La Belle Epoque Phase B 1925 1939 L Entre deux guerres Onde longue IlI Phase A 1949 1973 L Age d or Phase B 1974 L Aust rit GRAPHIQUE 1 LES ONDES LONGUES EN FRANCE TAUX DE CROISSANCE DU PIB EN Ce d coupage soul ve une premi re difficult qui est la mani re de classer la p riode 1919 1924 marqu e par une tr s forte croissance de 5 6 par an On consid re g n ralement l entre deux guerres comme une ph
68. pas seulement source d in galit s et de diff renciations mais pose une s rie de probl mes suppl mentaires la tendance produire les biens loin de leur lieu de consommation n est certes pas un ph nom ne nouveau mais elle s accompagne d un flux accru de mati res premi res et de marchandises qui implique un co t cologique important sous forme de consommation superflue d nergie de d veloppement des r seaux routiers d mission de gaz polluants etc Un tel mod le conduit par ailleurs la d gradation des conditions de travail de s curit de sant et de vie avec une augmentation des accidents du travail des catastrophes cologiques etc Dans certains cas on assiste l exportation directe du Nord vers le Sud d usines contaminantes ou dangereuses et m me de r sidus toxiques et radioactifs Parall lement au protectionnisme conomique les pays riches imposent un protectionnisme l gard de l immigration qui est en grande partie une r ponse aux effets n fastes du syst me global que ces pays soutiennent et d veloppent Les m mes consid rations p sent sur les processus de restauration l oeuvre dans les pays de l Est qui sont en grande partie surd termin s par le nouvel agencement de l conomie mondiale Loin de constituer une nouvelle fronti re une zone d expansion sans limite pour l accumulation du capital les pays de l Est repr sentent d une certaine mani re une charge que le capital international
69. pays o la droite a su installer un rapport de forces 75 favorable au moins lectoralement l offensive lib rale a repris un cours r solu au Royaume Uni elle profite d une reprise apr s une r cession sans pr c dent tandis qu elle patauge dans la r cession en France Quant l Allemagne et plus g n ralement les pays europ ens mod le social d mocrate pays scandinaves Autriche auxquels on pet ici rajouter la Suisse l enfoncement dans le n olib ralisme ainsi que les contrecoups de l umification dans le cas allemand provoquent des br ches importantes dans des mod les sociaux jusque l donn s en exemple On assiste un processus assez tonnant de convergence vers un taux de ch mage moyen dont aucun pays n est dor navant pr serv Ce rapide tableau montre que chaque pays constitue un cas d esp ce qui justifie un traitement ad quat Encore une fois cela n est pas contradictoire avec le constat d une convergence de fait des politiques conomiques men es mais cette convergence ne passe pas par une impulsion coordonn e au niveau europ en Elle est le r sultat de l action spontan e et diversifi e dans ses modalit s des diff rentes gouvernements L clatement mon taire est en quelque sorte l expression de ce processus de recentrage sur des trajectoires nationales Un projet fonctionnel La voie maastrichtienne est cependant rationnelle car elle permet aux gouvernements d
70. planifi e porte sur la motivation si aucune sanction ne me menace perte de revenu faillite licenciement si mes possibilit s individuelles de gain sont limit es quoi bon m appliquer quoi bon tout simplement travailler Ils font semblant de me verser un salaire et moi je fais semblant de travailler l URSS a fourni de ce point de vue l exemple d une monstrueuse schizophr nie sociale o les citoyens producteurs en faisaient un minimum tandis que les m mes citoyens consommateurs ne trouvaient rien dans les magasins La r ponse ne peut ici qu tre abstraite elle r side dans la socialisation du travail c est dire l ensemble des dispositifs qui font que l homme au travail a non simplement l impression de travailler pour son propre bien tre individuel mais en m me temps de contribuer son bien tre social Cela passe par plusieurs canaux essentiels qui d limitent les sp cificit s d une conomie socialiste Le premier est une r partition du revenu plus juste qui n est pas d ailleurs l objet principal de la planification qui vise mieux orienter le mode de d veloppement de l conomie la sup riorit d une telle conomie ne r side pas tant dans une meilleure r partition des fruits de la croissance que dans la qualit de ce d veloppement Mais les choses sont videmment li es notamment en ce qui concerne la motivation des travailleurs Et le capitalisme ici non plus ne constitu
71. planification doit donc tre consid r e comme un processus de va et vient entre le local et la national entre le particulier et le g n ral Les projets labor s au niveau local ne sont pas forc ment compatibles entre eux int r ts contradictoires doublons possibles ressources globales insuffisantes Il existe de toute fa on des choix faire qui au bout du compte seront effectu s d une mani re ou de l autre La proc dure de planification avec sa respiration gt de d centralisation centralisation doit viser rendre ces choix transparents et ma tris s collectivement Une r ponse ad quate la crise des rapports marchands L alternative sociale doit se d finir avant tout par rapport la crise du travail Celle ci comme on a essay de le montrer va bien plus loin qu une simple crise de d bouch s puisqu elle remet en cause le principe m me de la loi de la valeur Citons sur ce point un passage clairant o Marx dit du capital qu il est malgr lui l instrument qui cr e les moyens du temps social disponible qui r duit sans cesse un minimum le temps de 108 travail pour toute la soci t et lib re donc le temps de tous en vue du d veloppement propre de chacun Cependant il tend toujours lui m me cr er du temps disponible d un c t pour le transformer en surtravail de l autre S il r ussit trop bien cr er du temps de travail disponible il souffrira de surproduction et le t
72. premi re assure la production programm e planifi e de tout ce qui est n cessaire la vie des individus et au fonctionnement de la soci t le plus efficacement et donc avec la moindre consommation d efforts et de ressources Dans la seconde les individus produisent de fa on autonome hors march seuls ou librement associ s des biens et services mat riels et immat riels non n cessaires mais conformes aux d sirs aux go ts et la fantaisie de chacun Autrement dit l mancipation du travail dans le travail est une utopie Comme le r sume M da le travail ne pourra plus tre un lieu d autonomie parce que cette rationalit est construite autour de la mise en valeur du capital et non de l homme et qu elle pousse toujours plus diviser bureaucratiser et priver de sens le travail M da 1995b Le travail h t ronome est donc forc ment ali n priv de sens et tout ce que l on peut faire c est de le r duire au maximum pour d velopper c t du salariat dans la sph re du travail autonome c est dire hors travail les conditions de la lib ration humaine La perte de centralit du travail Pouss e jusqu au bout cette conception dualiste peut conduire des postions absurdes dont les analyses de Sue 1994 sont une parfaite illustration Sa m thode est simple et part du constat suivant pour l individu moyen dont le temps de travail ne repr sentait d j
73. prix payer pour que le d ficit des Etats Unis puisse soutenir la croissance qui a permis de repousser de plusieurs ann es la troisi me r cession g n ralis e En Europe c est le r le cl jou par l conomie et la monnaie allemandes comme axe de stabilisation qui a repr sent le second levier la hausse des taux accentu e ensuite par le processus de r unification La financiarisation est galement en ad quation interne avec le sch ma de reproduction n olib ral que nous avons d crit plus haut D un point de vue th orique il est crucial de relier le processus de financiarisation sa base mat rielle et d viter de faire comme si l conomie tait devenue en quelque sorte virtuelle Seule cette articulation permet de comprendre comment le capitalisme a pu mener une politique d aust rit salariale sans sombrer dans une crise chronique de d bouch s et pourquoi aussi la mont e du ch mage est indissociable de celle des revenus financiers Du coup la mont e des taux d int r t r els acquiert une autre signification et sa fonctionnalit appara t diff remment il s agit d une cl de partage de la plus value permettant une redistribution aussi bien sociale que g ographique vers les revenus susceptibles de la consommer puisque les occasions d investissement productifs rentables ne croissent pas la m me vitesse que le d gagement de plus value Il n y a d ailleurs au bout du compte que deux affectations
74. proc d s invent s pour faire tenir ensemble ces multiples d cisions cessent de remplir leur fonction le surinvestissement et la qu te des d bouch s viennent peser sur les conditions de rentabilit Les ondes longues Ce survol rapide s inscrit dans la th orie des ondes longues telle que lont formul e Ernest Mandel 1980 et 1995 ou encore avec des variantes Pierre Dock s et Bernard Rosier 1983 Avant d enrichir cette pr sentation volontairement sch matique il convient d apporter un certain nombre de consid rations de m thode La premi re devrait aller de soi le fait de constater l alternance de phases dans l histoire du capitalisme rel ve de l analyse empirique mais ne sugg re pas en soi une lecture que l on pourrait qualifier de th orique Ce rep rage ne doit en aucun cas d boucher sur une vision f tichis e de l conomie capitaliste qui conna trait en somme sa propre respiration Une telle approche conduit une position limite parfaitement absurde mais implicite dans bien des pr sentations superficielles selon laquelle vaches maigres et vaches grasses alterneraient tous les vingt cinq ans Nous serions donc tout pr s d un retournement vers une nouvelle phase d expansion pour de simples raisons de calendrier Pour viter de tels d rapages il est n cessaire de produire des sch mas d interpr tation permettant de rendre compte de cette succession de phases et ventuellement de se risquer
75. produit des transactions marchandes La d mocratie est donc la condition m me de fonctionnement d une telle organisation sociale et cette conception conduit poser autrement l articulation entre plan et march La place du march La planification n implique pas la suppression du march comme instrument de r gulation Car ce n est pas le march en soi qui impose la logique de rentabilit mais essentiellement le fait que ce sont des personnes priv es ou en tout cas des cat gories sociales troites qui d cident de l investissement en fonction de strat gies de capitaux individuels Une fonction minemment sociale celle de savoir vers quelles priorit s la soci t tourne ses efforts est ainsi exerc e par des entit s priv es et cela de mani re de plus en plus concentr e C est pourquoi la planification appara t essentiellement comme le moyen de socialiser l investissement pour reprendre l expression fameuse de Keynes Si l on imagine que se mettent en place un syst me d institutions d mocratiques d expression et de d finition des besoins quelles pourraient tre les modalit s de fonctionnement de la planification Le premier principe serait coup s r de ne pas supprimer le march si par march on entend les magasins de biens de consommation La r gulation par les prix est encore le moyen le plus simple pour r aliser l affectation du revenu non socialis et moduler l ajustement entre offre et demande Mais et c
76. provisionn e par les banques de telle sorte que son annulation n ouvrirait pas une ch ance financi re bien redoutable La stabilisation du cours de mati res premi res devrait marquer un point d arr t dans la d gradation des termes de l change C est un domaine o les institutions internationales pourraient remplir un r le particuli rement efficace ce que l on sait peu pr s faire pour les agriculteurs des pays riches devrait tre possible pour les paysans et les mineurs des pays pauvres Les surcapacit s des pays riches pourraient tre mises contribution pour fabriquer des biens d quipement adapt s aux besoins des pays en d veloppement et qui leur seraient vendus bas prix par exemple selon un taux de change bonifi ou chang s dans le cadre d accords commerciaux de moyen terme De mani re plus g n rale il faut trouver les moyens d un d veloppement plus autocentr qui ne suppose pas pour autant une impossible autarcie La mondialisation conduit alors poser en d autres termes la n cessit de la solidarit Nord Sud La r sistance aux orientations propos es par le GATT et POMC dont la fonction premi re est d interdire toute mesure permettant aux pays du Sud de r aliser une d connexion minimale du march mondial dessine la voie d une convergence d int r ts des peuples qui fonde la possibilit d un nouvel internationalisme Il n y a en effet aucune contradiction objective ent
77. que l on ne voit plus pourquoi il s efforce sans succ s depuis plus de vingt ans retrouver les recettes de l Age d or Une version affaiblie de la loi consiste donc dire quelque chose comme ceci les conditions de fonctionnement du capitalisme peuvent tre r unies pendant une p riode assez longue mais les dispositifs assurant leur obtention ne sont pas stables ou en tout cas ne peuvent tre reproduits durablement Parce que d une certaine mani re ce n est pas dans sa nature Et c est l que l on retrouve les 22 invariants structurels du syst me et les deux d terminants fondamentaux de la loi de la baisse tendancielle La concurrence capitaliste pousse constamment la suraccumulation et cela renvoie aux rapports de production essentiels On se permettra sur ce point un petit d tour par le fameux th or me d Okishio 1961 dont l id e est assez simple puisqu aucun capitaliste ne sera assez irrationnel pour introduire des proc d s de production qui feraient baisser son taux de profit l addition de ces comportements devrait garantir le maintien du taux de profit global La r futation pratique et th orique de ce th or me permet de situer la raison qui tend d traquer l quilibre entre capital et produit alourdir le poids relatif du capital fixe ce qui vient son tour peser sur le taux de profit C est la concurrence que se livrent les diff rents capitaux qui rend possible et
78. rateur Sue a au moins l int r t en poussant le raisonnement l absurde de souligner ce probl me social qui est la non additivit ou plut t la non soustractivit des temps sociaux la baisse du volume du travail salari ne signifie pas que les rapports sociaux capitalistes s effacent m caniquement devant d autres formes de lien social lib r es du joug salarial C est un point absolument fondamental dont l oubli rend possible des convergences contre nature Autour de ce postulat peuvent en effet se retrouver certains courants de l ultra gauche qui entendent construire le communisme par simple d p rissement du salariat en marge d un capitalisme dont la sph re d expansion se r tr cit l id e de cr er des emplois par r duction du temps de travail serait au fond r actionnaire dans la mesure o elle ne conduirait qu prolonger la dur e de vie d un syst me conomique moribond Il existe une version tiers mondiste et anti productiviste de cette position qui mythifie le secteur informel des pays du Sud comme la pr figuration d un autre type d organisation sociale Pour tous ces courants le point de rencontre est au fond le suivant tout recul du salariat est un progr s vers la lib ration du travail C est pourquoi le CJD recopie presque la lettre certaines formules de Gorz Il suffit de remplacer travail h t ronome par emploi et travail autonome par activit ce qui n est pas vraiment forc
79. re marchande au strict minimum Ces quelques pistes dessinent un projet de soci t qui n a videmment pas grand chose voir avec le socialisme r el des pays de l Est et qui repr sente une alternative globale l impasse capitaliste en d gageant les l ments d une contre coh rence Le mouvement social aura de plus en plus besoin d une telle r f rence et c est lui aussi qui pourra contribuer rendre plus concr te cette utopie Nous n en sommes videmment pas l et la question qui se pose aujourd hui est d abord celle d un projet qui puisse tre pris en charge imm diatement 109 CHAPITRE 8 LA REDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL UN PROJET RADICAL Si l on admet les grandes lignes de l analyse du capitalisme contemporain qui a t d velopp e jusqu ici on se trouve confront une situation qui n est pas facile Le fantastique levier qu a pu constituer l esp rance en une soci t meilleure et qui avait continu fonctionner alors m me que les mod les disponibles taient en train de p ricliter a t entra n dans leur d b cle Les exp riences de gestion sociale du capitalisme se sont enlis es dans la crise et ont contribu d consid rer le principe m me de solutions radicales Or ce sont de telles solutions qu appelle la profondeur sans pr c dent de la crise sociale dans laquelle nous sommes en train de sombrer Il faut donc du temps pour reconstruire une nouvelle utopie m
80. rieur m me de la sociologie n gation de l importance sociale et personnelle des rythmes de la biographie calculer une journ e moyenne en fusionnant les diff rents ges de la vie est une absurdit en ce qu elle nie radicalement l existence concr te objective et le v cu subjectif du temps n gation du travail domestique n gation du caract re structurant du temps professionnel comme du temps domestique Zarifian 1995 Ces b vues doivent tre rapproch es de la le on que Sue pr tend donner aux partisans de la r duction du temps de travail Tout d abord et contrairement un slogan facile pour 87 manifestations on ne partage pas aussi facilement le travail que le pain Certains emplois exigent une technicit et une exp rience qui ne se trouvent pas si ais ment sur le march actuel du travail Sue 1993 Cette objection ne semble pas s appliquer l emploi de sociologue et elle permet de pointer la vraie b vue arithm tique sur le travail Celle ci ne consiste pas tant penser que toutes les heures de travail sont interchangeables ce qui est une approximation l gitime court terme et une hypoth se correcte moyen terme pour les raisons voqu es plus haut L erreur magistrale est celle qui consiste penser que toute heure de travail salari en moins est gagn e au temps lib r bref que toute forme de r duction du temps de travail est un processus en soi lib
81. s de l instauration de r gimes r ellement d mocratiques dans la plupart des pays du Sud ou de l Est m me si les formes ouvertes de dictature sont en r gression Le processus de mondialisation doit donc tre con u comme un processus minemment contradictoire et in gal Contradictoire parce qu il se heurte des contre tendances telles que la formation de la Triade in gal parce que ses implications sont tr s diversifi es pour les diff rents Etats C est un processus ouvert dans la mesure o il ne s cr te pas naturellement de nouvelles institutions supranationales ad quates au degr d internationalisation en particulier l int gration europ enne ne peut tre con ue comme un processus lin aire d mergence d un semi ou quasi Etat par g n ration spontan e ne serait ce que parce que le niveau europ en est d ores et d j d pass et sans doute 67 durablement fragilis Les Etats nationaux se voient en quelque sorte dessaisis de certaines de leurs fonctions naturelles ou mis en situation difficile pour les assumer sans que cela d bouche forc ment vers une supranationalisation Les Etats sont par ailleurs consentants et exag rent l envi leur n cessaire soumission aux contraintes de l conomie globale sans que leurs fonctions de r gulation sociale interne disparaissent Mais ce constat ne devrait pas mener l id e que la voie d un retour au fonctionnement classique de l Etat providence nationa
82. se modifier les param tres de cette micro situation comment va voluer mon salaire comment va voluer l assortiment des produits qui me sont offerts ainsi que leurs prix enfin que seront mes besoins demain Toutes ces questions d signent les insuffisances majeures de la th orie dominante qui n y r pond pas vraiment La matrice commune de ces questions renvoie une seule id e comment se reproduit la soci t dans laquelle je vis Cela d pend de toute une s rie de choix concernant l investissement d fini au sens large Les progr s de la productivit qui fondent l accroissement de la richesse des soci t s humaines ne s appliquent pas de mani re uniforme l ensemble des domaines Or autant on peut admettre que le consommateur est libre de d penser son revenu autant il est d muni lorsqu il s agit de peser sur les choix et les orientations de la soci t La domination du crit re du profit implique avant tout une faible capacit de contr le social sur les d cisions d investissement Soyons plus explicites Admettons qu une soci t produise un moment donn trois types de bien des aliments des maisons et des t l viseurs On peut classer de deux mani res ces diff rents biens Selon leur profitabilit ou plus exactement selon la dynamique probable de cette profitabilit en vertu de ce crit re qui renvoie en grande partie aux gains de productivit possibles ce sont les t l viseurs qui vont tre p
83. social n 9 10 sept oct Trotsky L 1975 La courbe du d veloppement capitaliste Critiques de l conomie politique n 20 avril juin Villa P 1994 Un si cle de donn es macro conomiques INSEE R sultats n 303 304 avril Vincent J M 1991 Capitalisme et socialisation rampante revue M n 49 oct nov Zarifian P 1991 Plan march autogestion revue M n 45 avril Zarifian P 1995 Le travail et l v nement L Harmattan Zarifian P et Palloix C 1988 La soci t post conomique Esquisse d une Soci t Alternative L Harmattan 132
84. stagnationnistes s il fallait effectivement rentabiliser ternellement le capital investi depuis l mergence du capitalisme le taux moyen de profit ne pourrait videmment que tendre vers z ro Le second correctif concerne l effet de la productivit sur la valeur des biens de capital que Marx signale d ailleurs parmi les contre tendances certes la production n cessite toujours moins de travail direct mais cela veut dire aussi qu il y a toujours moins de travail incorpor dans les machines et les quipements Enfin le capital variable c est dire la masse des salaires avanc s peut elle aussi augmenter en raison d une progression du salaire r el Si l on prend en compte ces trois correctifs on constate qu une stabilisation de la composition organique n a rien de d routant On peut m me aller jusqu avancer la proposition selon laquelle la tendance la hausse de la composition organique du capital nest une vidence pour Marx que dans la mesure o il raisonne implicitement salaire r el et ou productivit du travail faiblement croissants Dans ce cas de figure en effet l volution de la composition organique peut se ramener celle du seul capital par t te Passons maintenant au taux de plus value Il faut d abord signaler un biais que l on peut d celer dans nombre de d veloppements de Marx et qui consiste raisonner comme si le taux de plus value tait donn dans ces conditions la plus v
85. subi de mani re disproportionn e les effets de la contraction Les conomies sur les d penses publiques ont port sur des programmes visant prot ger les pauvres Les r formes ont exacerb les in galit s de revenus Summers et Pritchett 1993 Bien s r les deux experts s empressent d ajouter que cela aurait t bien pire sans ajustement il n emp che le doute est bien pr sent Le rapport de l UNICEF de 1987 sur l ajustement visage humain a jou un r le important et plac la Banque Mondiale sur la d fensive Elle a donc t contrainte de r nover son discours comme en t moigne ses derniers rapports consacr s la pauvret au d veloppement l environnement ou la sant 1993 Face la pauvret qui selon ses estimations frappe 1 1 milliards d tres humains gagnant moins d un dollar par jour et par personne la Banque Mondiale depuis la conf rence de Bangkok de 1991 57 pr conise un syst me de transferts et de filets protecteurs Elle qui a impos des r ductions drastiques dans les d penses budg taires change son fusil d paule recommande aujourd hui aux pays en d veloppement d am liorer les d penses publiques de sant Banque Mondiale 19983a C est un aveu m me si la Banque Mondiale ne renonce pas l id e que l on pourrait faire mieux tout en d pensant moins par exemple en faisant appel au secteur priv car cela peut faire baisser les co ts
86. transformations de la norme de consommation a t insuffisamment prise en compte par Marx On ne peut la fois dire que le capitalisme bouleverse constamment les m thodes de production bref qu il tend faire progresser r guli rement la productivit du travail et ne pas faire de l ad quation dynamique de la structure de la production la demande une question cl de la reproduction Cette question se pose donc non seulement en valeur mais en termes physiques en valeurs d usage Par cons quent la logique des sch mas de reproduction doit tre reli e non seulement l analyse de la formation du profit mais aussi celle du mode de reconnaissance et de satisfaction des besoins sociaux Deux grands r gimes d accumulation Pour clairer cette discussion on choisira de construire de mani re raisonn e des mod les purs en fonction du mode de partage de la valeur ajout e parce que c est lui qui synth tise le mieux les modalit s de la reproduction Ce choix ne d coule pas d un raisonnement abstrait mais il s appuie de mani re semi empirique sur les enseignements de l histoire concr te du capitalisme On distinguera donc deux cas polaires que l on conviendra d appeler respectivement Age d or et accumulation in gale Chacun d eux se d finit par rapport une norme salariale bien sp cifi e qui tablit le mode de partage de la valeur ajout e et des gains de productivit l Age d or du
87. travail Un r cent rapport officiel pourtant tr s favorable aux th ses n olib rales est oblig de prendre quelques pr cautions d ailleurs vite oubli es par la suite en d pit des difficult s m thodologiques que soul vent les travaux pr sent s il semble qu aujourd hui m me sur donn es fran aises on peut conclure une certaine sensibilit moyen terme de le demande de travail son co t Maarek 1994 En tout tat de cause une seule quation ne saurait d ailleurs suffire appr cier l effet sur l emploi de mesures de politique conomique visant r duire le co t du travail M me si la demande de travail est sensible son co t il faut encore s assurer qu une baisse trop importante du salaire n aurait pas un effet r cessif qui compenserait et au del les effets favorables sur l offre Il est difficile de trancher ce d bat sans un d tour par les mod les macro conom triques Imaginons en effet une baisse des salaires de 10 qui entra ne avec le bon coefficient dans l quation 44 d emploi une augmentation de 5 des effectifs Croire que ce calcul de coin de table implique qu une telle baisse des salaires va effectivement cr er des emplois dans la m me proportion c est faire preuve d un simplisme affligeant Il suffit de se poser deux ou trois questions pour voir que la baisse du salaire peut avoir bien d autres cons quences La baisse de 5 du co t unit
88. tre frapp par l in galit de d veloppement dans les diff rents secteurs de l activit humaine que l on 103 compare seulement le luxe de la moindre succursale de banque et l esp ce de mis re qui pr side au fonctionnement de nombreuses coles Que l on applique cette grille de lecture la r alit capitaliste et l on v rifiera ais ment que la soci t dans son ensemble ne consacre pas le m me effort tous les besoins La succursale de banque ou l cole maternelle sont deux mani res d allouer la richesse sociale et force est de constater que le choix ne rel ve pas du citoyen consommateur On peut penser par ailleurs qu il pr f rerait sans doute un d cor plus simple pour son coffre et un environnement plus stimulant pour ses enfants mais la question pour l instant n est pas l ce qui importe c est qu il n existe pas de moyen d mettre un quelconque avis sur ce type de choix Certes de nombreux besoins g n ralement collectifs chappent plus ou moins la logique de la rentabilit En ce sens il y a du plan dans l conomie de march le capitalisme est temp r mais il n en reste pas moins que c est la logique de la rentabilit qui imprime sa marque la dynamique de l accumulation On parle de r duire les d penses de sant pas les achats de voitures Il y a aussi du plan dans les grandes entreprises mais il s agit de plans individuels qui s opposent ceux des concurrents
89. une des caract ristiques du ch mage contemporain est au contraire qu il frappe largement des travailleurs disposant d une bonne qualification que ce soit parmi les jeunes mais aussi chez les plus de cinquante ans Les femmes qui on impose le temps partiel ne sont pas comp tentes la moiti du temps et l autre pas M me chose pour les int rimaires les contrats dur e d termin e etc Si cette th se tait vraie on ne comprendrait pas comment le plein emploi a jamais t possible une poque o le niveau moyen de formation tait moins lev Et surtout il est impossible de consid rer la situation comme fig e comme si aucune politique de formation n tait susceptible de r duire les ventuels manques de qualification Admettons m me qu il reste un noyau dur de r elle inemployabilit qui est d ailleurs en grande partie le r sultat d une longue p riode de ch mage de masse qui produit des trajectoires de marginalisation et d bouche sur des situations difficilement r versibles Le bilan du RMI montre ainsi que la d marche d insertion se heurte non seulement au durcissement du march du travail mais aussi des tats d authentique exclusion Il y a donc l un chantier ouvert l innovation sociale pour retrouver des moyens de r insertion mais l exp rience montre qu il ne s agit pas d une t che impossible condition de cr er des statuts suffisamment codifi s au lieu d utiliser
90. vrai que cette notion de volume peut devenir de plus en plus impalpable mesure que se d mat rialisent les services le volume de services financiers est difficile valuer dans la mesure o la valeur d usage n a pas de support mat riel Retirer de largent avec une carte de cr dit est un acte concret individualisable mais son prix ne l est pas puisqu il d pend d un abonnement annuel la carte de cr dit Les deux dimensions du probl me ne sont d ailleurs pas ind pendantes dans la mesure o les prix relatifs se forment en relation la productivit sp cifique d un secteur Dans le secteur manufacturier les choses sont assez simples les prix relatifs viennent r duire les carts de productivit de telle sorte que l on peut parler de tendance la per quation des taux de marge M me si la r percussion n est pas totale le march des biens fordistes est du coup soumis un double frein non seulement leur demande en volume tend saturer mais les gains de productivit plus lev s se traduisent par une baisse de leur prix relatif On peut donc dire qu il existe un transfert de l industrie vers les services qui assure la formation d un taux de profit g n ral de mani re conforme la perception classique de la concurrence Husson 1990 Ce sch ma doit tre cependant nuanc par exemple en ce qui concerne l automobile qui fait d une certaine mani re exception Certes la saturation mo
91. 2 7 Tableau 1 Deux d compositions de la consommation des m nages A En trois grands types de biens Structure Structure TCAM 1970 1994 1970 1994 BIENS TRADITIONNELS 35 6 24 0 1 0 Alimentation 26 0 18 3 2 Habillement 9 6 5 7 0 5 BIENS FORDISTES 23 6 23 9 27 Transports 13 4 16 4 3 6 Equipement maison 10 2 7 5 1 4 BIENS COLLECTIFS amp SERVICES 40 8 52 2 3 8 Logement 15 3 21 3 4 1 Sant 7 1 10 2 4 2 Loisirs 6 9 7 4 3 0 Autres 11 5 13 2 3 3 TOTAL 100 100 0 2 7 v B Selon la durabilit des biens Structure Structure TCAM 1970 1994 1970 1994 BIENS DURABLES 7 3 7 0 2 6 Automobile 2 6 3 4 3 9 T l vision 0 5 0 3 0 1 R frig rateur 0 3 0 2 0 3 BIENS SEMI DURABLES 18 8 13 6 1 3 BIENS NON DURABLES 40 1 33 4 1 9 SERVICES 33 9 46 0 4 0 TOTAL 100 0 100 0 2 7 Structure pourcentage de la consommation prix courants TCAM Taux de croissance annuel moyen du volume obtenu en d flatant par l indice de prix moyen Source INSEE Comptes de la Nation 1994 On a choisi ici d appeler biens fordistes ceux qui correspondent au transport o on retrouve l automobile et l quipement de la maison Cette cat gorie repr sente en permanence un petit quart de la consommation des m nages avec un dynamisme particulier de la fonction transports Un examen plus fin de la p riodisation permet de souligner une tendance l essoufflement puisque le poids de cette cat gorie
92. 8 3 2 5 2 6 1 9 5 6 1 4 7 4 1 9 Allemagne 4 5 1 7 1 4 0 6 2 6 1 0 3 8 1 4 France 5 3 2 2 0 6 0 7 3 7 152 5 6 1 8 Royaume Uni 3 9 2 0 0 3 0 2 2 6 1 4 3 8 2 1 21 J A 1960 1973 B 1979 1993 Secteur des entreprises taux de croissance annuels moyens en Source OCDE Perspectives conomiques n 57 juin 1995 Une version affaiblie de la loi de la baisse tendancielle On a montr plus haut pourquoi toute loi tablissant que le taux de profit doit math matiquement finir par baisser cause des modalit s de l accumulation du capital doit tre consid r e comme erron e L vidence historique des ondes longues le temps long du capital livre ainsi un message ambigu le taux de profit ne fait appara tre aucune tendance r guli re la baisse ni m me un profil identique d un demi si cle l autre Il augmente ou se maintient un niveau lev durant les phases d expansion il chute durant l entre deux guerres mais se retourne la hausse au milieu des ann es quatre vingt sans pour autant ouvrir une nouvelle phase expansive L volution du taux de croissance et le cas ch ant sa position relative vis vis du taux de profit permettent de caract riser chaque phase du capitalisme En particulier les retournements la baisse qui eurent lieu autour de 1925 et de 1975 sont pr par s par un recul significatif du taux de profit tandis que le red marrage des phases d expansion passe par un r tabliss
93. 90 The macro economic effects of Fund supported adjustment programs IMF Staff Papers vol 37 n 2 juin INSEE 1990 Consommation en hausse mais pas pour tous INSEE Premi re n 62 avril Kantorovitch L V 1963 Calcul conomique et utilisation des ressources Dunod Kondratieff N D 1992 Les grands cycles de la conjoncture Economica Lange O 1972 On the economic theory of socialism in Nove A et Nuti D M Socialist economics Penguin Larrouturou P 1995 Du temps pour vivre Flammarion Latouche S 1991 La plan te des naufrag s La D couverte Lebaube A 1993 Social par ici la sortie Le Monde Editions Le Boucher E 1992 La fin des espoirs lectroniques Le Monde 23 mai L nine 1917 La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer Oeuvres compl tes tome 25 Editions sociales Linhart D 1991 Le torticolis de l autruche L ternelle modernisation des entreprises fran aises Le Seuil Linhart D 1994 La modernisation des entreprises La D couverte Lipietz A 1984 L audace ou l enlisement La D couverte Lipietz A 1989 Choisir l audace La D couverte Lorenzi J H Pastr O et Toledano J 1980 La crise du XX si cle Economica Luxemburg R 1913 L accumulation du capital in Oeuvres Masp ro 1969 129 Maarek G 1994 Co t du travail et emploi une nouvelle donne Rapport du groupe Perspecti
94. Cette relation permet ais ment de calculer la progression du salaire r el compatible avec un maintien du taux de profit suax Cette grandeur que nous choisissons d appeler contrainte salariale d pend alors directement de la productivit globale des facteurs selon la relation fondamentale suivante Smax nco e La question que l on peut alors se poser est de savoir o sont pass es les deux grandeurs classiques de l analyse marxiste savoir le taux de plus value et la composition organique du capital Pour retrouver cette derni re grandeur il convient de raisonner en valeur et de rapporter le capital fixe nous laissons ici de c t le capital circulant au capital variable La composition organique en valeur s crit alors K p K N N w w p En termes alg briques on obtient alors la relation suivante Capital par t te Composition organique Salaire r el Cette formule nous permet alors d obtenir un premier r sultat en d composant cette nouvelle fraction On a d j dit qu il tait l gitime de consid rer que le capital par t te augmente de mani re continue La relation ci dessus montre que cette hausse n entra ne une hausse quivalente de la composition organique du capital que si elle n est pas compens e par une progression du salaire r el Rappel des notations composition organique du capital Q produit part des salaires e wN pQ R taux de profit coefficient de capital k K Q Smax c
95. La n cessit d une politique active des revenus pourrait alors appara tre Elle s opposerait videmment au principe tabli dans les ann es quatre vingt de la primaut des chelons d centralis s de n gociation salariale OFCE 1994 Ces interrogations correspondent bien au retournement de conjoncture qui se dessine au d but de 1996 Des emplois forc ment pr caires L Europe maastrichtienne devrait rester longtemps celle du ch mage et de la pr carit Tous les textes de r f rence comme le Livre blanc refusent explicitement la seule voie r ellement cr atrice d emplois savoir la r duction g n ralis e du temps de travail Au contraire l id e que le salaire doit augmenter moins vite que la productivit est pr sent e comme une norme autrement dit la part des salaires doit continuer baisser et les in galit s se creuser Le Livre blanc insiste par ailleurs sur l id e qu il n existe pas de rem des miracles ni le protectionnisme ni la fuite conomique en avant ni la baisse g n ralis e des dur es du travail ni la partage du travail ni la diminution drastique des salaires ni des coupes sombres dans la protection sociale pour nous aligner sur nos concurrents des pays en voie de d veloppement ne repr sentent des solutions viables Mais il se fixe en m me temps comme objectif de faire significativement reculer le ch mage en Europe gr ce la cr ation de 15 millions d emplois Toute
96. La rupture intervient au d but des ann es soixante dix elle se traduit par une chute simultan e du taux de profit et du croissance et ouvre une p riode de croissance ralentie mais qu il faut son tour subdiviser en plusieurs phases Cette pr sentation g n rale soul ve imm diatement une s rie de questions qui s cartent d j de la simple description peut on aller plus loin que cette simultan it entre taux de profit et taux de croissance La rupture co ncide t elle avec le choc p trolier de 1973 74 qui a lui m me pr c d la r cession g n ralis e de 1974 1975 Sur le premier point la r ponse est tr s claire la baisse du taux de profit s amorce durant le cycle pr c dant le choc p trolier l exception de la France Entre 1968 et 1973 le taux de profit passe ainsi de 16 3 14 2 en RFA de 11 9 11 2 en Grande Bretagne de 14 2 12 1 en Italie de 18 2 17 1 aux Etats Unis enfin de 26 2 20 3 au Japon La baisse du taux de profit s enclenche aux Etats Unis lors de la r cession de 1967 et se confirme avec la croissance z ro enregistr e en 1970 La plupart des autres pays connaissent un ralentissement marqu de la croissance en 1971 Cette chronologie vidente a t masqu e par l exception fran aise qui s explique par des circonstances un peu particuli res savoir ce que l on a appel les v nements de 1968 Ceux ci se sont traduits par une hausse des salaires qui est
97. Michel HUSSON MISERE DU CAPITAL UNE CRITIQUE DU NEO LIBERALISME Il faut aujourd hui d m ler ce paradoxe qui clate au d but des ann es quatre vingt dix le capitalisme a triomph mais c est pour s embourber dans un marasme dont on ne voit plus bien comment il pourrait sortir Il ne s agit donc pas de chercher pr dire le prochain effondrement d un syst me qui aurait fait son temps parce que l Histoire n avance pas de cette mani re rationnelle mais de commencer faire le point de la mani re la plus pr cise possible sur les conditions et les modalit s de son fonctionnement actuel La nature m me du capitalisme contemporain rend n cessaire une approche globale M me si cette ambition peut para tre d mesur e il s agit bien de rendre compte dans un m me mouvement de l touffement de la croissance et de la mont e du ch mage au Centre des destins clat s du Tiers monde et de la lente et contradictoire transition l conomie de march dans les pays de l Est C est peut tre cependant plus facile aujourd hui si l on r ussit montrer que l articulation des diff rents secteurs de l conomie monde s op re selon une logique suffisamment homog ne et convergente pour que l on puisse plus que jamais tudier le capitalisme contemporain comme un tout unifi et hi rarchis Cette d marche doit s inscrire dans un cadre th orique rigoureux qui permette de mettre en perspective
98. a r v lation quelque chose de fondamental est en train de se passer et nous ne nous en rendons pas compte Mais c est souvent pour retomber sur les clich s la mode dont le grand postulat de base s exprime ainsi la mutation informationnelle va poursuivre sa progression en empruntant des chemins encore in dits Mais on peut pr voir coup s r qu inlassablement elle produira toujours plus d objets de biens et de services avec de moins en moins de travail humain Robin 1995 Ce postulat s accompagne d un corollaire tablissant que compte tenu de la profondeur des transformations l oeuvre il serait absurde de compter sur la croissance pour relancer l emploi La seule issue passe alors par un nouveau projet de civilisation reposant sur deux piliers une r duction g n rale de la dur e du travail et un enrichissement du temps lib r Reprenons ces diff rentes tapes du raisonnement Le point de d part est une conception technologiste du mouvement conomique o la rar faction de l emploi et donc la mont e du ch mage seraient le produit direct des transformations des m thodes de production Or cette th se est fausse et 1l est relativement ais de le montrer Il suffit de consid rer le tableau 1 ci contre qui dresse un bilan du contenu en emploi de la croissance Tableau 1 De la production l emploi AVANT APRES 1960 1973 1982 1994 1 PIB 5 4 1 9 2 Productivit du travai
99. able l g ret Ainsi Dominique M da dans un livre tout entier centr sur l id e de la disparition de la valeur travail exp die la question au d tour d une phrase Dans le chapitre qu elle consacre la critique de l conomie elle expose ainsi sa position de principe Ne poussons pas l ang lisme jusqu croire que l on peut se passer d tre comp titif de produire et de consommer La survie d un pays est ce prix aujourd hui et cela ne peut tre contest M da 1995a On admettra que face une telle critique le discours dominant n est pas soumis rude preuve M me si sa th se s oppose assez largement celle de M da ce rabattement sans imagination sur le dogme conomique se retrouve galement chez Castel qui c t de passionnants d veloppements avance ce pi tre aphorisme une soci t ne peut pas plus ignorer le march que la physique ne peut ignorer la loi de la gravitation Castel 1995 Or le plein d veloppement des transformations soci tales positives inscrites dans la crise du travail s accommode mal de ce respect des m canismes conomiques centraux La n cessaire rupture Le seul moyen notre sens d clairer cette contradiction fondamentale entre la bonne nouvelle des gains de productivit et les trag dies sociales qu elle engendre consiste mobiliser le concept de rapport social Toute soci t est domin e par un mode de produ
100. accumulation capitaliste ne d pend donc pas uniquement de sa capacit satisfaire les conditions de reproduction autrement dit vendre ce qu il produit Sa dynamique d pend aussi et surtout de sa capacit orienter l accumulation du capital vers les sph res de production porteuses de gains de productivit Il y a l r p tons le une loi essentielle du d veloppement capitaliste qui renvoie une id e intuitive si la structure de la demande finale se d forme au profit de marchandises auxquelles sont associ s des gains de productivit plus lev s alors toutes choses gales par ailleurs la productivit moyenne augmentera plus vite La grande r ussite du fordisme r sulte donc non seulement de l insertion de l automobile dans la norme de consommation des salari s mais aussi du fait que les automobiles taient des marchandises susceptibles d tre produites avec des gains de productivit extr mement lev s un moment donn du temps l ad quation de la norme salariale r gle le probl me des d bouch s en volution elle assure la compatibilit entre un taux de croissance lev et les contraintes de rentabilit La tradition marxiste dominante a souvent th oris l mergence des crises comme l effet d une m canique implacable r sultat d une double tendance sous consommation des salari s concurrence croissante des capitaux d bouchant sur la perte d efficacit du capital Pote
101. accumulation doivent donc respecter globalement l ensemble des contraintes explicit es dans notre repr sentation savoir permettre la fois de faire appara tre des gains de productivit et une norme de consommation renouvel e et transformer une partie du travail improductif en travail productif Lorenzi Pastr Toledano 1980 Certes Boyer a su tr s t t reconna tre la non mergence du n o fordisme crivant il y a d j plus de dix ans On n a pas vu pour l instant l amorce d une recomposition significative des d penses des m nages ne serait ce que parce que la p n tration des nouveaux produits tarde bouleverser les aspects collectifs de la reproduction de la force de travail sant ducation et plus encore dessiner une nouvelle forme d organisation spatiale des activit s En outre la g n ralisation des politiques d aust rit salariale dict e par les contraintes de courte p riode limite ces mutations de tr s simples substitutions au sein d une consommation globale tr s faiblement croissante Boyer Mistral 1983 L volution d Aglietta est tout aussi significative L hypoth se n o 33 fordiste tait au d part assortie chez lui d un doute quant sa possibilit m me de r alisation le fait que cette transformation des fondements du r gime d accumulation intensive soit la seule issue durable la crise ne signifie pas 1pso facto qu elle soit possible d
102. acun dans la soci t de d passer la contradiction entre l conomique et le social et de r guler les rapports entre la soci t et l entreprise Cette situation nous a fait prendre pour R gle ce qui n a jamais t qu une exception historique On ne r sistera pas ici la tentation de rapprocher cette prise de position de ce qu crivait il y a un quart de si cle le grand th oricien de la croissance sir Roy Harrod Le plein emploi plus ou moins int gral devrait tre consid r maintenant comme un aspect institutionnel de l conomie britannique 11 semble avoir une qualit d autoreproduction Avec le d veloppement futur de la conscience sociale il pourrait bien se v rifier que par un changement de certains arrangements institutionnels le plein emploi absolu soit assur de mani re permanente Harrod 1969 A l poque un conomiste h t rodoxe qui se serait risqu sugg rer que les contradictions capitalistes continuaient agir se serait fait rire au nez Aujourd hui et avec la m me assurance on le regarde de haut pour cet attachement quasi conservateur un plein emploi pass de saison Le droit l emploi est ni au nom de notre chute dans la modernit Ainsi le rapport du groupe emploi du XI me Plan prend acte de ce que cette conjoncture a de r solument nouveau La p riode est r volue pour longtemps d une conomie en pleine croissance qui non seulement assur
103. aie unique g le leur cours ce niveau l Parmi les monnaies europ ennes importantes seul le franc a maintenu son cours vis vis du mark pour des raisons videntes de politique conomique y renoncer aurait signifi pour B r govoy et le gouvernement fran ais un aveu d chec clatant La seconde crise a eu lieu en juillet 1993 Cette fois c est l axe mark franc qui a t directement vis sous forme d une attaque des sp culateurs contre le franc Cette crise tr s profonde a conduit une perte de substance de ce qui restait du SME De nombreuses monnaies europ ennes comme la livre la lire l escudo et la peseta choisissent de fortes d valuations par rapport l axe mark franc Dans le nouveau syst me amend les monnaies peuvent dor navant fluctuer dans une marge de 15 en plus ou en moins du cours pivot contre 2 25 auparavant De taux de change quasi fixes on est ainsi pass des taux de change quasi flottants c est videmment un pas en arri re consid rable par rapport au sc nario maastrichtien qui visait des parit s fixes en 1999 Cette dispersion des taux de change se renforce d une d synchronisation des conjonctures et d une concurrence accrue des conomies europ ennes dans la mesure o les pays dont la monnaie s est d pr ci e r ussissent largir leurs parts sur le march mondial Depuis les d r glements du syst me mon taire international et notamment la baisse du do
104. aire peut notamment tre affect e un r tablissement des marges un d sendettement ou une baisse des prix et l impact sur le commerce ext rieur ne sera pas le m me dans chacun de ces cas La masse salariale distribu e va baisser imm diatement de 10 cette baisse tant progressivement compens e par un suppl ment d embauches mais avec quel d lai l effet sur la demande globale va tre tr s fort moins qu il ne soit compens par un gain en pouvoir d achat li la baisse des prix mais l encore avec quel d lai Quel sera l effet r sultant sur l investissement si l on tient compte d un possible r tablissement des marges et du recul de la demande Quel est finalement l effet sur l emploi si de semblables mesures de politique conomique sont prises simultan ment dans plusieurs pays Prise s par ment chacune de ces questions est relativement simple mais on arrive assez vite un degr de complexit qui justifie l usage d un mod le permettant de calibrer de mani re intellectuellement ma tris e l effet global des diff rents encha nements Un tel exercice a t effectivement men lors des d bats du XI me Plan qui ont conduit tester la proposition du Groupe Emploi d instituer une franchise de 1000 F pour le calcul des cotisations sociales des employeurs CGP 1993a Les estimations du nombre d emplois que cette mesure pourrait permettre de cr er moyen terme varient
105. ait le plein emploi de la population active mais ne pouvait continuer son mouvement qu en faisant appel de nouveaux travailleurs Le plein emploi ne constitue qu une fronti re entre deux types de situations concr tes le sur emploi qui se r sout par le recours de nouveaux actifs et le sous emploi en face duquel il n est pas de solution sym trique CGP 1993b Mais comment expliquer ce grand basculement L r side la question cl pourquoi ce qui tait possible il y a vingt cinq ans devient impossible dans une conomie qui a pourtant continu cro tre dans l intervalle Qu est ce qui conduit placer le plein emploi hors d atteinte de la politique conomique Les explications sont extr mement courtes Le texte du CJD se contente de 85 constater ce changement Force est de constater que ce mod le n est plus op rant aujourd hui Le progr s social parvient de plus en plus difficilement rattraper le progr s conomique et technique Force est de constater aussi qu il n y a l aucun principe explicatif Qu il y ait une scission de plus en plus marqu e entre progr s social et progr s conomique c est une vidence mais quelles en sont les racines Si on ne r pond pas cette question il manque un maillon d cisif dans l argumentation qui devient alors simple p tition de principes Le m me texte parle un peu plus loin d une contradiction perp tuelle entre le lib ralis
106. alaires plus lev e celle ci pouvant tre compens e par la baisse des charges financi res la r trocession des conomies r alis es sur le ch mage ainsi que par l effet de la relance sur le co t unitaire de production L objection de la comp titivit ne tombe pas pour autant dans la mesure o la relance de la consommation salariale risquerait de menacer l quilibre de la balance commerciale Il faut avoir des r ponses pr tes cette ventualit et aux objections qui en d coulent On peut par exemple envisager une relance en partie pr affect e c est dire o le revenu distribu sera forc ment d pens dans des secteurs faisant peu appel aux importations par exemple les 117 quipements collectifs et le logement Cependant la vraie r ponse moyen terme est l extension au niveau europ en d un v ritable plan de lutte contre le ch mage La dimension europ enne La soci t fran aise ne pr sente en effet aucune originalit majeure quant la crise dont elle est l objet C est pourquoi les solutions mettre en oeuvre doivent aussi bien tre avanc es d embl e au niveau europ en qui constitue dor navant leur cadre de coh rence C est particuli rement vrai dans le cas de la r duction du temps de travail assortie des clauses que le mouvement social un peu partout tend mettre en avant On peut donc ais ment tendre les conclusions de la discussion pr c dente Le principe g n ral
107. alue se d duit de la masse des salaires avanc s le capital variable en y appliquant une sorte de taux de marge d fini par avance La plus value tant strictement proportionnelle au capital variable il suffit que celui ci augmente moins vite que le capital constant pour que la baisse du taux de profit d coule de la hausse de la composition organique Si on abandonne le postulat d un taux de plus value constant est il possible de retrouver l intuition selon laquelle il ne peut augmenter que jusqu un certain point ou moins vite que la composition organique bref qu il ne s agit que d une contre tendance provisoire Cette intuition est fausse si le salaire r el est bloqu le taux de plus value peut augmenter ind finiment au rythme des gains de productivit Du c t de la production il n existe pas de limite physique d s lors que l on admet la possibilit de gains de productivit Sinon effectivement le seul moyen d accro tre le taux de plus value consiste allonger la dur e de la journ e de travail et ce processus de production de plus value absolue admet bien videmment une limite physique Or l tat normal du capitalisme est l augmentation de la productivit c est dire l obtention de plus value relative et ce processus n admet potentiellement aucune limite li e la dur e de la journ e de travail Prenons un exemple historique pour mieux clairer la port e de ce r sultat Sur le si
108. ance il y a l un vrai probl me conomique de compr hension de cette conjoncture dans la mesure o on aurait pu penser que les mesures d aust rit salariale n cessaires au r tablissement du profit devaient d boucher et dans d assez brefs d lais sur une nouvelle r cession g n ralis e Au d but des ann es quatre vingt dix le discours n olib ral peut se laisser aller un triomphalisme d autant plus d brid que la chute du mur de Berlin accompagne les bonnes performances conomiques Le krach boursier d octobre 1987 a t ma tris et a m me contribu doper l conomie mondiale alors que dans leur grande majorit les conomistes pensaient qu il allait d boucher sur une nouvelle r cession Dans ce contexte rares taient ceux qui mettaient en cause la p rennit de ces succ s en faisant remarquer que le ch mage ne reculait que mod r ment que l aust rit salariale maintenue ne pourrait pas ne pas d boucher sur un retournement du cycle de l investissement Il suffit ici de constater que les faits ont en quelque sorte tranch s entre les deux interpr tations de cette reprise Les titres successifs des rapports sur les Comptes de la Nation suffisent l illustrer de mani re assez cruelle En 1988 c est la croissance retrouv e puis une conomie plus forte en 1989 L ann e suivante la France est soumise l preuve des turbulences mondiales 1991 est une ann e en demi teinte D
109. ans le capitalisme Aglietta 1976 Son discours s est invers puisqu il insiste quelques ann es plus tard sur la n cessit pour le capitalisme d inventer les normes de consommation ad quates sa propre perp tuation Les techniques les plus avanc es n auront de chances s rieuses de d veloppement que si elles trouvent leurs d bouch s dans la production des objets industriels polyvalents dont la combinaison sera stimul e par l invention de nouveaux usages C est pourquoi investir dans la consommation c est dire r unir les conditions culturelles permettant cette invention est le principe essentiel qui relie l enrichissement de la d mocratie et la reprise de l investissement Aglietta Brender 1984 Notons au passage les dangers de ce renversement posant comme principe fondamental que la consommation doit s adapter aux exigences de la production qui d termine quels sont les bons besoins autrement dit ceux qui co ncident avec les crit res de fonctionnement d une conomie capitaliste L volution de la demande sociale La racine de cette erreur de diagnostic renvoie paradoxalement une conception trop technologiste que les r gulationnistes ont pourtant l habitude d imputer des auteurs marxistes comme Mandel En effet l existence d innovations technologiques centr es sur la micro lectronique porteuses la fois de nouvelles m thodes de production et de nouveaux produits ne garantit p
110. ans une division internationale du travail o les r les sont bien distribu s et qui b n ficient de taux de croissance lev s Mais ils ne sont pas pour autant en train de suivre une voie cor enne et le Mexique encore moins parce que les pays de second rang de la zone ont pour fonction de pourvoir le capital r gional en main d oeuvre bas salaires et non pas vocation acc der au rang de puissance industrielle La r ussite conomique majeure des derni res ann es est en r alit celle de la Chine qui a enregistr sur une d cennie une croissance de la production sup rieure 10 ce qui repr sente une performance exceptionnelle si on la pond re par la population concern e Ce succ s repose sur un m lange tr s sp cifique de lib ralisation de l conomie paysanne de d veloppement d un march int rieur de masse d effort volontariste l exportation partir de zones franches et enfin de r pression brutale Il repr sente durablement un potentiel dynamique pour la zone mais ne conduit pas modifier la logique g n rale de la division internationale du travail qui se met en place avec la mondialisation Rapports Nord Sud la grande dissym trie Il convient d avancer ici une proposition qui d clenche souvent les protestations des tiers mondistes mais dont les implications sont importantes Cette id e est la suivante l exploitation des pays du Tiers Monde est dans la configuration actuelle de l
111. apitaliste de nouveaux d bouch s distincts des deux l ments de la demande primaire consommation salariale et accumulation de capital autrement dit une troisi me demande Celle ci peut rev tir la forme de d bouch s acquis par r tr cissement des secteurs pr capitalistes au fur et mesure que les produits industriels p n trent la campagne il peut s agir d un largissement des d bouch s par la conqu te de nouveaux march s de forme coloniale il peut enfin s agir de la croissance des revenus non salariaux distribu s par exemple sous forme de revenus financiers On est donc amen distinguer l accumulation in gale extensive et l accumulation in gale intensive selon que le probl me des d bouch s intrins que ce mod le est 30 g r par l expansion du monde capitaliste ou plut t selon des modalit s diverses l int rieur m me de ce monde Dans ce dernier cas la r alisation des marchandises n est possible que si la r partition du revenu se d forme afin de compenser la baisse de la part des salaires il faut en effet que la part de plus value consomm e augmente de mani re contrebalancer le recul de la part des salaires S il fallait trouver un parrain ce mod le on pourrait songer Malthus en raison de l importance qu il donnait la consommation des classes improductives Une telle fonctionnalit tait d ailleurs explicitement envisag e par Ma
112. apr s avoir 35 augment au cours des ann es soixante dix a fini par se stabiliser de telle sorte que l automobile est devenue une industrie moyenne Biens traditionnels et biens fordistes repr sentent ensemble une petite moiti 48 du total de la consommation des m nages L autre moiti regroupe les d penses portant plut t sur des biens collectifs et sur les services savoir les postes logement chauffage et clairage sant et services m dicaux enfin l enseignement les loisirs les spectacles et la culture Dans la cat gorie autres l INSEE rassemble p le m le coiffure et parfumerie horlogerie et bijouterie h tels caf s et restaurants services financiers et action sociale Cet ensemble pr sente cependant des caract ristiques communes il s agit de services marchands ou alors de biens indivisibles qui correspondent une offre du secteur public et o la fraction socialis e de la d pense est importante comme la sant et ducation Cette cat gorie cro t plus rapidement que l ensemble 3 8 contre 2 7 et sa part dans la consommation des m nages augmente passant de 40 en 1970 45 en 1980 et enfin 52 en 1994 On peut retrouver les grands traits de cette volution en classant les biens selon leur durabilit La part des biens semi durables textiles vaisselle jouets etc et celle des biens non durables alimentation nergie pharmacie etc recule
113. arri re nationale et l une des difficult s de l Europe r side pr cis ment dans la difficult faire merger de grands groupes europ ens Divers indicateurs permettent de relativiser l ampleur quantitative du ph nom ne Ainsi le niveau moyen d implantation des firmes l tranger reste modeste puisqu en 1990 il repr sente respectivement 6 17 et 20 de la production des firmes industrielles japonaises allemandes et am ricaines Les flux d investissement direct l tranger ont certes progress vivement mais ils ne repr sentent apr s tout que 1 1 du PIB mondial en 1990 La part de la production manufacturi re contr l e par des firmes n appartenant pas au pays o elle est effectu e atteint aujourd hui 15 et m me si l on pr voit que ce chiffre devrait d passer les 20 en lan 2000 l extra territorialit est loin d tre devenue la norme Il existe une seconde raison pour laquelle il serait erron de consid rer que la mondialisation progresse de mani re lin aire et d bouche sur une r elle homog n isation de l espace conomique c est que ce mouvement transversal s accompagne d une restructuration verticale de l conomie monde autour des trois p les de la Triade On voit ainsi r appara tre des zones d influence qui sont aussi surtout en Asie des zones de division internationale du travail tendant une assez grande coh rence par stratifications successives autour de l conomie domina
114. as automatiquement la r surgence d une combinaison dynamique semblable celle qui a sous tendu l expansion d apr s guerre ni l mergence d un nouveau mod le de travail dans la sph re de la production Quant aux nouveaux produits il faut conform ment aux principes de l approche r gulationniste que ces nouvelles demandes repr sentent un volume suffisant qu elles se portent sur des biens ou services dont la production est susceptible de d gager de forts gains de productivit et qu elles n entrent pas en concurrence avec d autres formes de consommation Or aucune de ces conditions n est remplie aujourd hui ce qui n est d ailleurs qu un constat et non l effet d une loi historique immuable Le capitalisme contemporain est incapable en pratique tout au moins une chelle suffisante d ouvrir des d bouch s de masse fond es sur des marchandises produites avec une forte productivit Les biens qui ont constitu le support du fordisme savoir l automobile mais aussi les biens m nagers sont arriv s un point de saturation relative les taux d quipement ont suivi une courbe logistique qui ne progresse plus beaucoup Autrement dit la croissance des ann es soixante tait en un sens extensive le taux de croissance du march de l automobile tait tr s lev parce que chaque ann e de nouvelles couches sociales acc daient l automobile La situation actuelle est diff re
115. ase part enti re mais dans le cas fran ais en tout cas ce cycle d imm diat apr s guerre se situe tout fait dans le prolongement de l expansion du d but du si cle Nous nous rangeons plut t ici aux arguments de Jacques Mazier 1993 qui y voit principalement une p riode de rattrapage li la reconversion de l conomie de guerre tandis que Robert Boyer 1979 insiste plut t sur les l ments de mise en place du taylorisme tout en reconnaissant d ailleurs que l interpr tation en terme de rattrapage et celle en terme de blocage du sch ma d accumulation ne font que traduire deux aspects diff rents et finalement contradictoires d une m me r alit Cette question n est pas formelle car elle signale la diff rence de statut des deux guerres mondiales la premi re s inscrit dans une phase expansive alors que la seconde marque la fin d une phase r cessive Rappelons au passage que la fin de la Grande D pression de la fin du XIX me si cle n a t accompagn e d aucun conflit l chelle mondiale La Grande Crise des ann es 30 repr sente une rupture consid rable amorc e d j avec la r cession de 1925 La p riode qui est ainsi ouverte ne sera referm e d une certaine mani re que par le fascisme et la Seconde Guerre Mondiale Celle ci repr sente un changement absolument radical parce qu elle ouvre une p riode exceptionnelle que nous avons choisi apr s Joan Robinson 1972 ou Angus Maddi
116. ation formalis e peuvent se d ployer sans retenue Le ch mage proviendrait par exemple de incompl tude du contrat de travail selon la th orie dite du salaire d efficience les employeurs seraient oblig s de payer leurs salari s au dessus de leur productivit afin de s assurer leur enthousiasme au travail D autres situent plut t la source du ch mage dans la connivence qui s tablirait entre les patrons et les salari s disposant d un emploi sur le dos des ch meurs ces derniers appel s outsiders se verraient priv s d emploi cause des insiders Ou alors on se replie sur l id e que les allocations ch mage sont trop lev es et d couragent la recherche d emploi cette th orie baptis e job search inspire directement les prises de position r centes d organismes aussi vari s que OCDE ou de la Banque des R glements Internationaux On d pense une nergie invraisemblable calculer des taux de ch mage naturels ou d quilibre pour constater qu ils suivent de pr s l volution r elle du taux de ch mage qui ne perd donc rien de son myst re Mais la plus belle des trouvailles th oriques est sans doute celle qui consiste dire que le ch mage actuel d pend du ch mage pass une fois rebaptis e hysteresis elle peut donner lieu de superbes travaux mod lis s On pourrait ignorer ces innombrables variations autour d une lecture unidimensionnelle voire monomaniaque d
117. automobile notamment les travailleurs d un tablissement sont menac s de fa on permanente d une r affectation des programmes de production vers des sites plus grande flexibilit Europ anisation ou mondialisation Passer la monnaie commune c est en r alit mettre en place un morceau d Etat La monnaie est en effet l un des attributs constitutifs de l Etat et il n est pas d Etat authentique sans monnaie La monnaie repr senterait donc le passage oblig entre le march et l Etat entre l unification conomique et l unification organique Mais l encore cette pr sentation lin aire est trompeuse car elle ne tient pas compte d un fait crucial savoir le retard de l europ anisation institutionnelle sur la mondialisation des appareils productifs La vision lin aire de l unification europ enne correspondrait la r alit s il s agissait d une agr gation progressive d Etats homog nes conomiquement avec extension simultan e et coordonn e des march s des capitaux et des Etats Or les firmes europ ennes n ont pas d int r t particulier se fournir aupr s d entreprises europ ennes vendre sur des march s europ ens ou s associer des partenaires europ ens Leur objectif porte sur la maximisation de leur chiffre d affaires et en aucun cas sur l am lioration du solde commercial de leur pays d origine encore moins celui de l Union europ enne qui est un
118. aux n a aucune sp cificit europ enne et l industrie lectronique en fournit un bon exemple On peut constater que pour l essentiel les groupes europ ens passent des accords de coop ration avec des groupes japonais ou am ricains plus rarement entre eux Ainsi on peut rappeler qu apr s Philips Siemens a renonc la production des puces m moires 64 m gabits de la nouvelle g n ration pour cause de pertes et de subventions insuffisantes la production de masse est ainsi abandonn e IBM Le Boucher 1992 qui a par ailleurs conclu un accord avec Toshiba et Siemens De tels accords tendent videmment limiter la port e des logiques europ ennes de coop ration industrielle autour du programme Jessi ou le consortium Airbus Industrie Cette analyse nous conduit donc reprendre notre compte la conclusion de Lysiane Cartelier selon laquelle la mondialisation de la concurrence est un processus plus rapide que celui de l int gration europ enne Ce d calage explique l insuffisance voire l absence de v ritable base industrielle communautaire Dans ces conditions en l absence aussi de politique industrielle concert e les firmes europ ennes n ont aucune raison particuli re de pr f rer des partenaires europ ens dans leurs strat gies de croissance Cartelier 1991 La dimension europ enne est n anmoins pr sente dans un certain nombre de secteurs sp cifiques dans les banques et les assurances l Act
119. avec l expression classique de la loi de la baisse tendancielle du taux de profit qui n implique d ailleurs pas que ce dernier baisse constamment La loi joue moyen terme lorsque les raisons qui permettent d lever constamment la rentabilit durant la phase expansive finissent par s av rer contre productives et par d boucher sur une phase d pressive longue dans laquelle l conomie fran aise restait encore enlis e au d but de la Seconde Guerre Mondiale GRAPHIQUE 2 LE TAUX DE PROFIT ET SES COMPOSANTES FRANCE BASE 100 EN 1924 TAUX DE PROFIT TAUX DE MARGE EFFICACITE CAPITAL La seconde onde longue pr sente la fois des similitudes et des caract ristiques exceptionnelles De mani re tr s g n rale le taux de profit suit le m me cheminement il se stabilise un niveau lev et tend m me augmenter durant l Age d or Puis survient la crise qui se traduit par son effondrement Il faut signaler dans le cas fran ais la particularit du cycle 1968 1973 qui sous l impulsion des hausses de salaires se traduit par un regain de croissance accompagn d une progression de la profitabilit mais aussi avec un alourdissement tr s net de la composition du capital Les d calages sp cifiques associ es un tel profil ont pu masquer le r le central du taux de profit dans le d clenchement de la crise Mais le taux de profit n est pas une simple variable d enregistrement des contradictions capitaliste
120. b n ficier des conditions aussi bien conjoncturelles que structurelles que l on peut anticiper pour les ann es venir Compte tenu de la persistance des d faillances de fond du syst me dont les travailleurs ont exp riment les limites et que m mes les gouvernements en viennent reconna tre 123 en tant que telles on se trouve d une certaine mani re dans une situation de table rase o les illusions ont en partie disparu et o il devient possible de mettre en avant des exigences oppos es celles du syst me conomique dominant De ce point de vue on peut dire que les conditions sont r unies pour que le mouvement social passe au moins dans certains de ses secteurs d une attitude de d fense affaiblie par une certaine d moralisation l affirmation en positif de revendications et d exigences adress es au syst me et son mode de fonctionnement C est dans ce retournement dont le mouvement gr viste de novembre d cembre 1995 en France constitue sans doute un premier signe que peut prendre forme un projet alternatif aux d rives du capital Le temps perdu aura au moins servi aux travailleurs faire leur exp rience et mesurer la vacuit des autres issues au ch mage Chemin faisant le mot d ordre de r duction du temps de travail est ainsi en train de changer de consistance il est en passe de devenir l expression d une aspiration massive un autre fonctionnement de l conomie et de la soci t
121. balement le volume de travail conduit pour l essentiel modifier ses crit res de ventilation entre diff rentes cat gories de salari s selon l ge le sexe le niveau de qualification etc Une autre tude manant elle aussi du Minist re du Travail DARES 1995b estime que sur les deux derni res ann es les mesures de politique d emploi auraient cr 230 000 emplois et ainsi permis d viter 172 000 ch meurs si l on s en tient aux seuls emplois aid s Le rendement de ce type de mesures est donc faible pour baisser de 200 000 par an le nombre des ch meurs il faudrait cr er chaque ann e plus de 500 000 emplois aid s A ce rythme l le ch mage serait pong dans vingt ans Apr s plusieurs ann es de mise en oeuvre des dispositifs les plus divers il semble donc que la politique de l emploi n a pas r ussi r ellement enrichir le contenu en emplois de la croissance Elle a surtout contribu cr er entre le pur ch mage et l emploi standard ce que l on a pu appeler le halo des situations interm diaires d emploi pr caire En inventant de tels statuts l initiative publique a l gitim et encourag un projet de flexibilisation qui par bien des aspects est un projet de d construction du rapport salarial Un ch mage d adaptation aux technologies Les explications du ch mage plac es sous le signe du n olib ralisme se heurtent donc l exp rience pratique les mesures
122. bilit Il y a des p riodes o la distorsion n est pas trop grande ainsi les ann es d expansion de l apr s guerre Mais cette combinaison heureuse a puis ses effets et dans la p riode r cente on observe au contraire une inad quation croissante entre les aspirations des salari s et les choix conditionn s par la logique capitaliste L une des principales th ses de ce livre est de montrer que la base objective de ce divorce r side dans l volution des structures de consommation qui se d placent vers des produits peu susceptibles de gains de productivit Le capitalisme un optimum Les th oriciens n oclassiques les plus fameux pensent avoir d montr que le capitalisme fonctionne au mieux possible C est toute la discussion sur l quilibre et l optimum qui fonde ce que l on appelle la micro conomie et dont les th or mes renvoient une conomie fiction singuli re On consid re une conomie o la r partition est donn e en ce sens que chaque individu est caract ris par les services producteurs dont il dispose L un a de la terre l autre du travail l autre une machine celui ci poss de du bien et celui l a le sens de la gestion etc C est absurde mais c est pourtant la th orie micro conomique enseign e dans les coles d ing nieurs et les facult s d conomie dans la tradition inaugur e par Walras Dans cette repr sentation de l conomie les consommateurs consomment et les produ
123. bonheur conomique que l on nous promettait avec Maastricht et la r alit d aujourd hui est on ne peut plus d capante Ceux qui il y a si peu de temps th orisaient l envi sur les bienfaits de l Union conomique et mon taire UEM et toisaient du haut de leur morgue modernisatrice les opposants au Trait se font aujourd hui plus discrets L chec est d autant plus probant que le projet de construction structur autour du Trait de Maastricht s est bris l o tait suppos se trouver son point fort Beaucoup de critiques se bornaient l poque d noncer le caract re incomplet du Trait d accord pour la monnaie unique mais 1l faudrait rajouter un volet social Ce n est pourtant pas cette absence de volet social qui a fait capoter Maastricht mais justement ce qui en constituait la colonne vert brale c est dire le projet litt ralement fanatique de corseter les conomies de chacun des pays pour construire cette fameuse monnaie unique Rappelons bri vement les principaux pisodes et leur d nouement provisoire Les premiers craquements se sont fait sentir l automne 1992 quelques jours peine apr s la victoire serr e du oui au r f rendum en France Plusieurs monnaies ont alors d valu dont la livre la lire et la peseta C tait la sanction d une sur valuation de ces monnaies l int rieur du syst me mon taire europ en SME qui rendait peu plausible que la monn
124. c le gonflement du secteur informel Les salari s y ont en effet 32 un niveau de salaire tellement tir vers le bas que justement on d crit leur situation en disant qu ils ne peuvent acheter ce qu ils produisent Le terme de fordisme renvoie ainsi l intuition de Ford selon laquelle ses propres ouvriers pouvaient devenir ses clients La mont e de la consommation de masse est donc assur ment l un des facteurs expliquant les succ s de l Age d or Mais il faut introduire ici la seconde correspondance favorable et relativement in dite dans l histoire du capitalisme la nouveaut ce n est pas seulement la part croissante des marchandises capitalistes dans la consommation ouvri re c est qu il s agit en plus de marchandises produites avec de forts gains de productivit Ce point est d cisif parce que c est la productivit du travail qui en fin de compte calibre la croissance capitaliste et ceci est vrai aussi bien historiquement que transversalement par comparaison entre les diff rents capitalismes nationaux On ne reviendra pas en d tail sur l analyse r gulationniste de la crise qui consiste montrer comment l ensemble des dispositifs qui avaient permis l mergence du cercle vertueux fordiste est progressivement devenu contre productif On voudrait plut t insister ici sur le postulat harmoniciste qui constitue probablement l un des traits distinctifs de la th orie de la r gulation
125. ce des travailleurs mais elle a purement et simplement t abandonn e au profit de la d r glementation qui est une autre logique pratiquement inverse L o l harmonisation consiste organiser une convergence vers la situation la meilleure ou au moins vers un traitement moyen la d r glementation consiste mettre en concurrence les l gislations nationales Intervient alors un m canisme tout fait fondamental qui est l effet pervers type des politiques n olib rales et qu on retrouvera ce titre dans d autre domaines La mauvaise l gislation chasse la bonne L exemple le plus frappant est celui de la fiscalit sur les revenus du capital la d r glementation financi re rend possible une grande mobilit des capitaux qui les conduit se d placer vers les zones attractives faible taxation et induisent de cette mani re un mouvement d alignement vers le bas qui n est pas forc ment imm diat mais qui n admet aucune autre limite dans le cas d esp ce qu une absence totale de charges fiscales Le m me proc d est mis en oeuvre en ce qui concerne les l gislations sociales plac es en concurrence les unes avec les autres pour les tirer vers le bas On se rappelle les exemples fameux de Hoover partant en Ecosse et de Kelton se d pla ant en France mais de plus en plus cette mise en concurrence des salari s s effectue l int rieur m me de grands groupes multinationaux Dans les groupes de l
126. ce que par la mont e du ch mage qui en est apr s tout une forme extr me Si l on raisonne sur la p riode ouverte en 1982 on constate en m me temps un recul du volume de travail et une faible baisse de la dur e moyenne du travail calcul e sur les emplois temps plein Ceci implique que la r duction du temps de travail a bien lieu mais qu elle ne se r alise pas de mani re uniforme C est l extension du travail temps partiel qui en constitue la principale modalit La Direction de la Recherche du Minist re du Travail a r cemment propos une r valuation de la dur e du travail partir de sources plus d taill es et de la prise en compte des diff rents types d horaires DARES 1995a Cette tude montre que la dur e du travail moyenne a baiss de 2 9 sur l ensemble de la p riode 1987 1994 soit de 0 4 par an et que cette baisse moyenne doit pour l essentiel 1 9 tre imput e l augmentation du temps partiel le reste correspondant principalement un l ger recul des heures suppl mentaires Cette importance du r le jou par le temps partiel conduit introduire ici la dimension de la division sexuelle du travail dans la mesure o les femmes sont les premi res concern es par le temps partiel L volution de l emploi des femmes fait alors appara tre un tableau contrast la mont e du ch mage n a pas emp ch le taux d activit des femmes de progresser r guli rement puisqu il passe
127. cessus implacable de s lection et de reproduction d une hi rarchie de plus en plus artificielle L un des d fis majeurs que le capitalisme est incapable de relever c est bien l organisation de la coexistence entre ces secteurs et pays productivit diff rente Il s obstine au contraire dans un projet insens qui pr tend r sorber brutalement ces diff rences par une mise en concurrence g n ralis e Dans ce mouvement le capitalisme exclue les moins productifs et leur d nie le droit l emploi et la satisfaction de besoins l mentaires Il faudrait au contraire imaginer une allocation du travail diff rente que le libre change et les m canismes d un march totalement d brid ne peuvent tablir Il faudrait que la machine conomique soit conditionn e de mani re fonctionner avec un rendement moyen ventuellement inf rieur plut t que de chercher s aligner sur les performances les plus lev es Cela veut dire qu il faudrait imaginer une longue phase de transition organisant cette coexistence de secteurs faible productivit avec les secteurs ultramodernes et assurant 100 les transferts n cessaires de surplus de ces derniers vers les premiers sous forme de travaux d infrastructure de formation d investissements mat riels et immat riels etc La vraie modernit post capitaliste devrait probablement repr senter une combinaison paradoxale d ultra efficacit et de stabilisation progressive de m thod
128. commerciale tend se d grader Dans un cas la hausse des prix lui fait perdre de la comp titivit dans l autre l augmentation des importations et la saturation des capacit s d exportation viennent jouer sur les quantit s achet es et vendues Personne ne nie l existence de cette contrainte plus ou moins forte selon les pays Les le ons en tirer semblent assez simples il suffit de ne pas augmenter ses prix et ne pas faire cro tre son conomie plus vite que celle des voisins et concurrents Cette apparente sagesse a ceci de curieux que si tout le monde se montre raisonnable en m me temps on d bouche t t ou tard sur une situation 116 o plus personne ne conna t de croissance C est exactement ce qui se passe avec la r cession actuelle La mani re optimale de g rer la contrainte ext rieure n a donc rien d vident ou de naturel Si en plus on veut la fois tre comp titif et avoir une monnaie forte il faut comprimer les salaires et les effectifs encore plus que les voisins c est cela qui paie la monnaie forte d faut de sup riorit technologique particuli re Et c est la politique extr mement co teuse du point de vue du ch mage qui a t men e en France avec Barre entre 1978 et 1981 puis avec B r govoy entre 1985 et 1993 sous pr texte de co t du travail trop lev Au cours des derni res ann es la mod ration salariale a contenu la progression du salaire r el bien en dessou
129. conomie mondiale un facteur secondaire quant la d termination de la dynamique des pays capitalistes d velopp s En d autres termes les raisons des succ s et des checs du capitalisme au Centre ne d pendent pas principalement des ressources qu il peut tirer du Tiers Monde Ce point est d autant plus important tablir que depuis quelques ann es et avec un cynisme assez incroyable il se trouve des conomistes pour dire que le ch mage en Europe serait le r sultat de la concurrence des pays bas salaires et en particulier des fameuses d localisations Cette assertion doit tre combattue avec la derni re nergie car elle est tout simplement fausse Les importations en provenance des pays bas salaires repr sentent moins de 10 du total des importations d un pays comme la France De plus le commerce ext rieur fran ais r alise globalement des exc dents vis vis de ces pays L essentiel des changes fran ais dans une proportion de 80 est r alis avec les pays riches membres de l OCDE Cette campagne a quelque chose d assez cynique jusque l en effet les nouveaux protectionnistes ne s taient pas plaints de la baisse r guli re du cours des mati res premi res qui affectent tant la situation de nombreux pays du tiers 60 monde et parmi les plus pauvres Les protestations contre la mont e des taux d int r t qui est venue infliger depuis dix ans l invraisemblable fardeau de la dette ces m mes pa
130. cteurs produisent Les consommateurs rationnels d pensent leur revenu de mani re obtenir le maximum de satisfaction Quant aux producteurs tout aussi rationnels ils cherchent produire de la mani re la moins co teuse possible autrement dit maximiser leurs profits Gr ce aux march s et aux prix qui s y forment chacun peut changer ses services contre des marchandises et la situation qui en r sulte est un optimum en ce sens que c est la meilleure possible compte tenu des donn es du probl me Dans ces conditions tout syst me permettant au consommateur de s lectionner son panier de consommation favori et au producteur de calculer au mieux ses co ts conduit l optimum et dans un tel cadre th orique le capitalisme comme le socialisme peuvent y arriver aussi bien l un que l autre Certains comme le prix Nobel Debreu pensent avoir d montr scientifiquement la sup riorit du socialisme d autres comme Oscar Lange ont cherch au contraire d montrer math matiquement que les deux syst mes pouvaient par des voies diff rentes obtenir des r sultats identiques Lange 1972 Ce d tour par l conomie n o classique n est pas inutile car il permet de mieux situer la diff rence possible entre les deux syst mes conomiques Si l on prend comme donn e la dotation initiale de facteurs dont on parle dans les manuels et si l on accepte de raisonner dans un cadre d quilibre stati
131. ction qui d termine en m me temps ce que l on pourrait appeler le mode de satisfaction des besoins sociaux ainsi que la division et la r partition du travail social Cette structure fonctionne avec des r gles relativement rigides les l ments de transformation sociale qu il s agisse d innovations technologiques ou de l mergence d aspirations nouvelles ne peuvent s objectiver qu en venant s inscrire dans ce syst me de rapports sociaux dominants S il est une p riode de l histoire o pour reprendre la formule consacr e le d veloppement des forces productives tend entrer en contradiction avec les rapports de production c est sans doute celle que nous vivons Comment mieux exprimer en effet ce sentiment que tout est possible travailler moins et travailler tous 97 r pondre aux besoins l mentaires mais que dans le m me temps les lois inexorables du syst me capitaliste nous loignent de ce possible l Il faut relire non par f tichisme mais pour leur modernit les passages lumineux des Gr ndrisse o Marx d crit le capital comme tant malgr lui l instrument qui cr e les moyens du temps social disponible qui r duit sans cesse un minimum le temps de travail pour toute la soci t et lib re donc le temps de tous en vue du d veloppement propre de chacun Cet essor du temps libre est cependant contradictoire puisqu il tend r tr cir la base de fonctionnement du capitalis
132. de manoeuvre qui est g n ralement sous estim e Beaucoup de raisonnements conomiques font en effet comme si le ch mage tait gratuit Or tout recul du ch mage d gage des sources d autofinancement r duction des allocations ch mage et augmentations des cotisations salariales et des imp ts pay s par les nouveaux embauch s Le Minist re du Travail a publi r cemment une valuation du co t du ch mage ainsi d fini DARES 1994 Pour l ann e 1991 les indemnisations du ch mage proprement dites repr sentent 100 milliards de francs mais il faut rajouter 180 milliards de co ts correspondant aux manques gagner en cotisations sociales et en imp ts Toute politique anti ch mage d gage ainsi des ressources nouvelles pour les administrations publiques qui pourraient alors tre r troc d es sous forme de baisse de cotisations aux entreprises effectivement cr atrices d emplois Cet autofinancement n est pas int gral mais il pr sente l int r t suppl mentaire de pouvoir tre associ un dispositif simple qui permettrait la fois de contr ler la r alit des cr ations d emploi et de moduler l impact du passage aux 35 heures selon la situation financi re initiale et la taille des entreprises Pourtant le passage aux 35 heures ne suffirait pas assurer un retour imm diat au plein emploi tant est important le stock de sous emploi accumul la suite de politiques inadapt es ou adapt es d a
133. des travailleurs consommateurs L investissement rel ve pour l essentiel de d cisions priv es prises par les d tenteurs des moyens de production en fonction du crit re du profit Cela ne veut pas dire pour autant que les capitalistes peuvent produire n importe quoi et le vendre sans probl me c est l une des trouvailles de Marx d avoir montr au contraire qu il ne suffisait pas de produire la plus value mais qu il fallait encore la transformer en argent sonnant et tr buchant bref la r aliser Cela n est possible qu en ob issant d une certaine mani re la logique des besoins pour vendre une marchandise il faut que celle ci ait une valeur d usage bref qu elle corresponde un besoin social On ne saurait donc opposer un capitalisme producteur de valeurs d change sans utilit un socialisme 101 producteur de valeurs d usage non marchandes Les deux principes se combinent mais celui des besoins est domin sous le capitalisme Cette domination de la logique du profit ne signifie donc pas que le capitalisme serait absolument incapable de satisfaire les besoins humains mais tr s exactement ceci dans la liste des besoins satisfaire il s lectionne l ordre dans lequel il y r pondra en fonction de crit res qui lui sont propres et qui chappent tr s largement au contr le des consommateurs Entre les besoins sociaux et ce qui est finalement produit le capitalisme intercale un filtre celui de la renta
134. dire le double de la norme maastrichtienne Les dettes publiques en viennent repr senter des pourcentages importants du PIB et elles tendent s accro tre rapidement dans la mesure o elles sont autoentretenues en raison du niveau des taux d int r t Les causes d un tel mouvement qui va tellement l encontre du projet maastrichtien renvoient en partie aux effets conjoncturels de la r cession les d penses demeurent relativement inertes la conjoncture qui marque au contraire fortement le profil des recettes Sur la p riode de r cession entre 1990 et 1993 les d penses budg taires en Europe ont augment passant de 47 8 52 1 du PIB alors que les recettes passaient dans le m me temps de 44 2 45 8 du PIB Mais il ne s agit pas seulement de profil conjoncturel sur longue p riode aussi on constate que les d penses publiques prises au sens large c est dire en y incluant la protection sociale manifestent de fortes inerties soci tales qui s opposent dans la pratique l application de politiques n olib rales visant au retrait de l Etat En 1994 les ressources courantes des administration publiques repr sentaient un pourcentage du PIB sup rieur de six points ce qu il tait en 1978 Il est curieux de constater combien sont rares les tudes cherchant comprendre les raisons du d rapage budg taire et de l envol de la dette l exception notable de Creel et Sterdyniak 1995
135. domaine du travail temps partiel ou variable et en tenant compte de ces d veloppements de parvenir une distribution plus large des emplois et des revenus Cela implique une modification continue de la structure et du niveau du temps de travail pour s adapter aux nouveaux besoins en mati re d organisation du travail et d emplois Il s agit bien d accro tre le nombre d emplois pour des niveaux donn s de production tout en refusant une d marche contraignante venant du sommet visant introduire une semaine de travail plus courte par la voie l gislative La variable d ajustement permettant de cr er plus d emplois avec la m me croissance est donc bien la r duction de la dur e du travail mais sous la forme d une extension du travail partiel ou Variable L ensemble des contradictions laquelle se voit soumise l Europe de Maastricht d bouche donc sur un projet d essence n olib rale qui revient tendre la sph re de la pr carit afin de cr er des emplois mi temps Ce constat confirme que la r duction du temps de travail est bien au coeur de la question sociale en Europe mais qu elle s oppose frontalement la logique de Maastricht 83 TROISIEME PARTIE LES LENDEMAINS DE LA CRISE 84 CHAPITRE 6 LES CHEMINS DE TRAVERSE La crise du travail branle toutes les certitudes et conduit une remise en cause fondamentale des r f rences datant de l Age d or du capi
136. ductivit moyenne lev e Vouloir am liorer sa position en baissant ses salaires est une strat gie qui ne correspond pas la r alit du march mondial De toute mani re le d bat est aujourd hui d pass faute de commandes aucune exon ration de charges ne saurait convaincre les entreprises d embaucher D s lors que la r duction du temps de travail n est pas assortie d une baisse des salaires une telle mesure se heurte au moins potentiellement l argument de comp titivit La mani re de traiter cette question se d roule en plusieurs temps Il faut commencer par relativiser le raisonnement qui consiste dire qu une hausse des prix conduirait des pertes de march s et des r ductions d emploi de telle sorte que la r duction du temps de travail serait une politique de gribouille Si cet effet existe il n est pas du m me ordre de grandeur que le potentiel de cr ations d emploi d une r duction du temps de travail correctement men e Aucun mod le conom trique n est capable d exhiber une variante aussi n gative si elle tait disponible il va sans dire qu elle aurait t largement diffus e Mais notre hypoth se de travail est que le passage imm diat aux 35 heures peut tre financ sans augmentation des co ts unitaires de production La hausse des salaires peut tr s bien ne pas tre r percut e en hausse des prix Il faut imposer aux entreprises de fonctionner avec une part des s
137. duites et le redistribution du travail sont indissociables Cette d marche semble donc tr s voisine de celle du mouvement AC Agir ensemble contre le ch mage mais la diff rence appara t lorsque Gorz et Robin num rent les imp ratifs conomiques respecter ne pas majorer les co ts de revient des entreprises leur permettre de r duire leurs co ts salariaux par des investissements de productivit Apparemment l id e de planification est bien loin dans le secteur h t ronome ce sont toujours les m mes principes d efficacit qui s appliquent Donc le salaire peut diminuer avec la dur e du travail et m me il doit le faire 96 sous peine de voir les co ts de revient des entreprises augmenter Mais alors c est le revenu des travailleurs qui baisse En r alit ce n est pas le cas disent Gorz et Robin qui reprennent leur compte l id e d un deuxi me ch que ch re Guy Aznar 1993 Tout cela est un peu myst rieux alors que la dur e du travail est massivement r duite et que des emplois sont cr s rien ne change dans la r partition du revenu n1 les co ts de revient des entreprises n1 le revenu moyen des travailleurs la seule diff rence qu ils re oivent deux ch ques au lieu d un C est un peu la quadrature du cercle et un probl me vident se pose qui paie le second ch que La r ponse est convenue il faudra recourir la CSG sur tous les revenus y co
138. e notion parfaitement abstraite La strat gie des grands groupes consiste donc d une part 73 s implanter sur les march s les plus dynamiques et d autre part rechercher des associations avec des partenaires leur permettant de d gager une avance technologique ou d en b n ficier Cela permet de comprendre pourquoi les investissements europ ens sont ce point polaris s vers les Etats Unis alors que la Communaut n y r alise que moins du cinqui me de ses exportations manufacturi res ce pays re oit 60 de ses investissements ext rieurs En sens inverse d ailleurs l investissement international semble attir par l mergence du grand march pour le Japon ou les Etats Unis la part des investissements destination de l Union europ enne a augment plus vite que les exportations dans le cas am ricain De telles volutions montrent que les restructurations du capital s effectuent bien l chelle mondiale Une conclusion du m me ordre r sulte de l examen des fusions entre grands groupes Leur logique principale vise un recentrage sur les activit s les plus performantes par abandon des productions p riph riques et r duction du nombre d implantations Ce mouvement a pour principale contrepartie une polarisation renforc e entre les groupes multinationaux et les petites firmes locales de plus en plus inscrites dans des r seaux de sous traitance La logique industrielle d accords mondi
139. e Echange et projets 1980 La r volution du temps choisi Albin Michel Eichengreen B Tobin J et Wyplosz C 1995 Comment glisser quelques grains de sable dans les rouages de la sp culation internationale Probl mes conomiques n 2429 21 juin 127 Elson D 1991 Pour la socialisation du march Critique communiste n 106 107 avril mai Reproduit en partie dans Actuel Marx n 14 1993 Engels F 1878 Anti D hring Editions sociales 1963 ERT 1993 Vaincre la crise Table ronde europ enne des industriels Bruxelles Fitoussi J P 1995 Le d bat interdit Arl a Feh r F Heller A et Markus G 1983 Dictatorship over Needs Basil Blackwell Oxford Frank J et Tr goat J J 1984 Une politique active en mati re d emploi et de lutte contre le ch mage a marqu 1982 Bilan de l emploi 1982 Bulletin mensuel des Statistiques du Travail suppl ment au n 104 Gaspard M 1988 Les services contre le ch mage Syros Gissot C et M ron M 1995 Emploi et ch mage en mars 1995 INSEE Premi re n 389 juin Gorz A 1981 Adieux au prol tariat Le Seuil coll Points Politique Gorz A 1988 M tamorphoses du travail Qu te du sens Galil e Gorz A 1991 Capitalisme socialisme cologie Galil e Gorz A et Robin J 1994 Pour l emploi autrement Lib ration 24 f vrier Grahl J et Teague P 1990 7992 The Big Market Lawrence amp
140. e absurde Les ordres de grandeur sont relativement simples tablir il faudrait d gager aux environs de 300 000 350 000 emplois suppl mentaires par an pendant vingt ans pour esp rer radiquer le ch mage ou pendant dix ans quand m me si l on consid re qu un taux normal incompressible serait de l ordre de 6 Lebaube 1993 Dire que la r duction de la dur e du travail est l axe principal de la lutte contre le ch mage ce n est pas donc pas se satisfaire des faibles taux de croissance actuels qui pourraient effectivement tre plus lev s mais c est prendre la mesure des difficult s accumul es et comprendre la n cessit de mesures qui n talent pas inconsid r ment la r sorption du ch mage dans le temps Mais cela n implique pas non plus que l volution de l emploi soit absolument d connect e de la croissance Cette th se est sym triquement fausse et est sur le fond r actionnaire Elle est utilis e par exemple dans les analyses du patronat de la m tallurgie pour affirmer qu une r duction de la dur e du travail ne serait pas susceptible de cr er des emplois en raison des r serves de productivit disponibles L encore il est facile de montrer que les faits ont battu en br che cette approche En effet s il existait de telles r serves de productivit il n y aurait pas de cr ations d emploi lors des reprises il suffirait de faire travailler plus la main d oeuvre et
141. e d multiplier l aust rit n olib rale sous toutes ses formes Aust rit budg taire aust rit sociale avec les offensives contre la protection sociale et les services publics aust rit salariale enfin avec l argument de comp titivit et de d fense de la monnaie La meilleure mani re de dresser le constat de cette convergence sans Maastricht consiste examiner les projets labor s au niveau europ en commencer par le fameux Livre blanc Delors 1993 qui illustre bien le d placement du compromis europ en vers les positions n olib rales les plus syst matiques Celles ci s expriment r guli rement travers la Table ronde des industriels europ ens qui regroupe sous la pr sidence de J r me Monod PDG de la Lyonnaise des Eaux Dumez les patrons des principaux groupes europ ens tels que Gevaert Unilever Fiat Saint Gobain Laffarge Copp e Krupp Olivetti Hoffmann La Roche Volvo ICI Hoechst Thyssen Nestl Siemens Daimler Benz BSN BP Total Philips Pirelli etc Cet organisme a par exemple publi en d cembre 1993 un rapport intitul Vaincre la crise ERT 1993 Le message livr par les industriels est limpide Il s agit de renouer avec une croissance durable entra n e par les exportations et l investissement et cela passe par la priorit donn e la comp titivit La cause ultime du ch mage est trouver dans les rigidit s du march du travail en Europe salaires trop
142. e Unique joue r ellement un r le d entra nement qui peut d boucher sur des regroupements europ ens Dans l ensemble de l industrie les barri res avaient depuis longtemps t pour l essentiel supprim es ce qui donnait d ailleurs la fameuse ch ance de 1992 en pratique le ler janvier 1993 un caract re tout fait artificiel Restent les secteurs et pas seulement l armement qui sont li s aux march s publics C est sans doute leur gard que l Acte Unique introduit au moins potentiellement des transformations importantes C est l un des effets d offre principaux sur lesquels les experts bruxellois fondaient leur optimisme Selon leur optique lib rale de tels march s captifs constituent une entrave fondamentale la libre concurrence et par cons quent une source d inefficacit conomique majeure Mais en admettant m me que l on r ussisse supprimer les liens privil gi s entre Etats et industrie nationale on est en droit de se demander qui va tirer les marrons du feu et il est tonnant que cette question soit si rarement pos e Qu est ce qui garantit en effet que ce sont des entreprises europ ennes qui remporteront ces march s et qu elles ne vont pas rencontrer sur leur chemin des postulants extra communautaires Les performances des firmes ne co ncident donc plus avec celles des conomies nationales C est particuli rement frappant dans le cas fran ais o les succ s enre
143. e besoins fondamentaux L offensive id ologique men e contre l intervention de l Etat et la notion m me de service public a contribu renforcer ces tendances qu il s agit maintenant de renverser Si l on admet qu une soci t moderne doit garantir la sant et le confort de l ensemble de ses membres alors il convient de redonner une image positive aux modes de satisfaction socialis s d un certain nombre de besoins l mentaires Le secteur public entreprises nationalis es banques et collectivit s locales doit tre mis contribution y compris par la cr ation d entreprises publiques visant la satisfaction des besoins de masse dans des secteurs technologie moyenne et avanc e Ces principes apparaissent aujourd hui comme ayant perdu de leur l gitimit et l un des grands succ s de l offensive id ologique n olib rale est sans doute d avoir r ussi d consid rer comme autant d archa smes un certain nombre d aspirations l mentaires C est devenu la norme aujourd hui de vivre dans l ins curit et l in galit du point de vue de son revenu de son logement de l acc s la sant etc Mais il s agit l d une assez extraordinaire escroquerie dans la mesure o cette argumentation ne repose sur aucun l ment objectif Le pr tendu archa sme de l Etat providence ne devrait pas dissimuler la r alit du processus qui nous ram ne des rapports sociaux ant rieurs
144. e donn e r sulte en effet de la combinaison de facteurs externes l insertion dans l conomie mondiale et de facteurs internes structure de classes r partition du revenu formes de domination politique etc Les classes dominantes des pays du Tiers Monde trouvent en un sens leur compte la domination de leur propre pays et y participent Leur mode de vie est identique celui des couches privil gi es des pays les plus riches et la source de ce bien tre se situe pr cis ment dans les secteurs fortement exportateurs c est donc le meilleur mod le dont elles disposent dans la p riode historique actuelle Ces diff rents l ments se combinent diff remment dans chaque pays domin notamment en fonction des produits qu il exporte de son degr de d veloppement industriel Il faut sur tous ces points mener des analyses concr tes des capitalismes p riph riques et viter les g n ralisations Les rapports Nord Sud ne sont d ailleurs pas invariants et on peut de ce point de vue rep rer trois grandes p riodes depuis la Seconde Guerre Mondiale Durant les ann es soixante la croissance du Sud tend rattraper puis d passer celle du Nord Sur la p riode 1967 77 la croissance par t te est m me sup rieure au Sud et l on peut donc parler de rattrapage sans oublier bien s r de tr s profondes disparit s Cela tient l existence de processus r els de d veloppement l oeuvre dans les pays du Tiers monde puis l e
145. e il l a fait c est avant tout parce que les capitaux ne sont pas entr s au Mexique assez vite pour combler un d ficit commercial toujours plus grand Pourtant les conditions taient r unies pour rendre l espace mexicain attractif bas salaires d r glementation rentabilit lev e garanties offertes par l Alena et par la quasi indexation du peso sur le dollar Tout cela n a pas suffi 59 pour d cider les investisseurs qui ont pr f r se placer en Bourse mais ont relativement boud en tout cas par rapport aux besoins de financement l investissement productif C est dans ce cadre qu il faut situer les performances asiatiques afin de ne pas se tromper de g n ration La Cor e du Sud et Taiwan ont suivi une trajectoire propre qui leur a permis de s extraire de la cat gorie de pays d pendant le constat est vident quels que soient les crit res retenus niveaux de revenu structure de l appareil productif etc Mais cette trajectoire a t amorc e voil plusieurs d cennies selon un mod le en tout point oppos aux pr ceptes de la Banque Mondiale Hong Kong et Singapour sont deux centre commerciaux et financiers qui ne peuvent servir de mod les C est dans une large mesure le Japon qui continue structurer la zone selon un r seau tr s dense d changes et d investissement A la p riph rie de ce centre industrialis on trouve des pays comme la Malaisie la Tha lande ou les Philippines qui s int grent d
146. e la crise qui fait manifestement r f rence un monde imaginaire Mais cette vision conduit des recommandations de politique conomique tr s brutales et repr sente le substrat pr tendument scientifique de la pens e conomique dominante On est donc oblig de la prendre au s rieux et comme la critique scientifique d un dogme est au fond impossible le mieux est d avancer une critique fond e sur l observation de la r alit Le constat de d part est simple entre 1982 et 1994 la part des salaires dans la valeur ajout e des entreprises a baiss de 69 60 ce qui repr sente un d placement consid rable tandis que le taux de ch mage passait de 8 12 4 Comment expliquer que l aust rit salariale n ait pas eu les effets b n fiques attendus sur le ch mage A en croire la th orie dominante cette mod ration salariale aurait d pourtant entra ner la cr ation d emplois par de multiples canaux baisse de l inflation relance de l investissement am lioration de la comp titivit augmentation relative de la demande de travail La baisse de la part salariale La premi re cible des politiques de rigueur men es partir de 1982 83 tait l inflation pr sent e comme source de d s quilibre conomique et principal obstacle au retour la croissance Le th me de la d sindexation salariale est alors mis en avant afin de situer la source de l inflation dans un lien trop rigide et so
147. e la dur e du travail Revue de l OFCE n 44 avril Coutrot T et Husson M 1993 Les destins du Tiers Monde Nathan coll Circa Creel H et Sterdyniak H 1995 Les d ficits publics en Europe causes cons quences ou rem des la crise Revue de l OFCE N 54 juillet DARES 1994 Le co t du ch mage indemnis en 1991 Premi res synth ses n 75 novembre DARES 1995a Dur e du travail et conjoncture Premi res synth ses n 82 f vrier DARES 1995b Premier bilan de l emploi et du ch mage en 1994 Premi res Synth ses n 94 mai DARES 1995c Les salaires des jeunes l embauche Premi res synth ses n 93 mai Dehove M et alii 1981 Le mod le COPAIN Economie et Pr vision n 48 Delors J 1993 Pour entrer dans le XXI me Si cle Michel Lafon Ramsay Dobb M 1970 Etudes sur le d veloppement du capitalisme Maspero Dock s P et Rosier B 1983 Rythmes conomiques Crises et changement social une perspective historique La D couverte Masp ro Dock s P et Rosier B 1988 L histoire ambigu PUF Dr ze J H Malinvaud E et alii 1993 Growth and Employment The Scope of an European Initiative mimeo juillet Une version remani e a t publi e en 1994 dans European Economy Reports and Studies n 1 Durand M 1983 Ch mage et automation L impasse capitaliste Critique communiste n 23 novembr
148. e la rentabilit n est pas une condition suffisante pour obtenir un investissement dynamique La premi re partie du th or me de Schmidt tant invalid e par les faits la seconde portant sur les cr ations d emploi reste donc l tat virtuel d autant plus que la forme de l investissement industriel vise plus supprimer des emplois qu accro tre les capacit s Salaires et comp titivit ext rieure L une des objections majeures toute politique d emploi qui risquerait de gonfler directement ou indirectement la masse salariale est celui de la comp titivit En cherchant cr er des emplois au m pris de la contrainte ext rieure on risquerait d en perdre plus en raison de la d gradation de la comp titivit prix r sultant d une augmentation trop rapide des co ts salariaux unitaires En sens inverse on ne peut pas non plus esp rer cr er beaucoup d emplois gr ce un surcro t de comp titivit pour trois raisons principales La premi re est que ce type de politique qui consiste baisser les co ts salariaux unitaires gr ce une progression des salaires inf rieure celle de la 43 productivit ne modifie la comp titivit relative que si les pays concurrents n en font pas autant Or la France se situe de ce point de vue dans la moyenne Les donn es de la Commission Europ enne montrent que les co ts salariaux unitaires r els ont dans le cas fran ais baiss de 13 2 entre 1980 e
149. e pas une r f rence optimale D un point de vue moral d abord les conditions de fonctionnement du capitalisme contemporain impliquent une in galit croissante des revenus contrairement ce qui se passait durant les ann es d expansion Mais aussi d un point de vue plus technique les politiques d aust rit l individualisation des salaires vont en effet l encontre des volutions technologiques Il est m me possible de soutenir que le capitalisme contemporain est en train de mettre en place les conditions techniques d un nouvel galitarisme m me si son mode de d veloppement actuel tend au contraire vanter les vertus de l in galit et m me de l enrichissement sans cause Une soci t planifi e remettrait un peu de raison dans tout cela et pourrait combiner quit et efficacit Aujourd hui les salaires ne progressent plus tandis que les riches s enrichissent en dormant o est la motivation pour une implication r elle au travail Des r gles du jeu plus justes une r mun ration quitable travail gal salaire gal une progression du revenu de chacun garantissant qu on n est pas en train de jouer les dindons de la farce sociale au profit des poss dants tout cela conduirait non pas une fonctionnarisation mais au retour la dignit du travail Les nouvelles technologies sont porteuses d une dynamique ambigu Contrairement aux hymnes convenus au nouveau mod le de travail leur introduction dan
150. e profit implique que le salaire r el ne peut cro tre plus vite que la contrainte salariale qui s exprime en fonction de deux grandeurs cl s d une part le produit par t te la productivit du travail d autre part le produit par unit de capital encore appel productivit ou efficacit du capital Cette formule est intuitivement simple comprendre elle nonce que le salaire r el peut augmenter sans d grader le taux de profit dans la mesure o cet accroissement est compens par une augmentation de l une ou l autre des composantes de la productivit globale des facteurs Cette relation a t utilis e pour construire le tableau 2 qui propose une grille de lecture des grandes phases du si cle On constate que le ralentissement marqu de la productivit globale des facteurs qui caract rise les phases B provient simultan ment d un ralentissement de la productivit du travail et d une d gradation de l efficacit du capital La contrainte salariale se durcit et le niveau du taux de profit tend se d grader lorsque l on passe de la phase A la phase B De mani re significative le rythme de croissance tend s aligner sur la contrainte salariale ainsi d finie Tableau 2 Productivit et contrainte salariale ONDE LONGUE I ONDE LONGUE Il LE SIECLE 1896 1994 Productivit du 2 7 travail Productivit du 0 3 capital Productivit globale Contrainte salariale PIB Salaire r el Taux de c
151. e science occupe maintenant sa place la science de la pr vision de la n cessit conomique en conomie organis e la science qui vise obtenir ce qui est n cessaire de la mani re la plus rationnelle C est une science tout autre c est la technologie sociale la science de la production organis e du travail organis la science d un syst me de rapports de production o les r gulations de la vie conomique se manifestent sous de nouvelles formes o il n y a plus objectivation des relations humaines o le f tichisme de la marchandise dispara t avec la marchandise Pr obrajensky 1926 L id e d une gestion de l conomie prenant la satisfaction maximale des besoins sociaux comme crit re d efficacit tait d j pr sente chez les classiques du marxisme notamment dans un bref passage de l Anti D hring o Engels esquisse une th orie de l conomie socialiste Certes la soci t sera oblig e de savoir m me alors combien de travail il faut pour produire chaque objet d usage Elle aura dresser le plan de production d apr s les moyens de production dont font tout sp cialement partie les forces de travail Ce sont en fin de compte les effets utiles des divers objets d usage pes s entre eux et par rapport aux quantit s de travail n cessaires leur production qui d termineront le plan Les gens r gleront tout tr s simplement sans intervention de la fameuse valeur Engels 1878 La d
152. e situation d iniquit fiscale qui n est pas nouvelle historiquement mais qui vient redoubler la pression au d ficit en raison du niveau des taux d int r t C est un ph nom ne que l on observait d habitude dans des pays du Tiers monde o la faiblesse fiscale de l Etat et la n cessit de maintenir des taux d int r t lev s d bouchaient vers un gonflement autoentretenu du d ficit Le fait que le taux d int r t r el soit sup rieur au taux de croissance implique toutes choses gales par ailleurs une augmentation de la part des charges d int r t dans le budget Notons au passage que les rentiers gagnent sur les deux tableaux en tant dispens s d imp ts et en empochant les int r ts des emprunts que les Etats ont t oblig s de faire aupr s d eux des taux d int r t sans pr c dent dans l histoire du capitalisme Cette situation exprime l une des contradictions majeures du n olib ralisme qui ne peut au fond tre d nou e autrement que par une fuite en avant ce qui explique aussi bien l obstination des officines charg es de dessiner les politiques que la vanit des appels au bon sens et la relance concert e Il ne s agit videmment pas de d bats techniques sur la bonne politique conomique mener mais de l expression de conflits d int r ts qui opposent de fa on m di e mais terriblement concr te dans leurs implications les diff rentes cat gories sociales S il fallait
153. egistr la m me performance la conjoncture moyenne se caract rise donc par une bonne rentabilit cohabitant avec une croissance m diocre sauf en Grande Bretagne o le lien profit croissance n a jamais cess d tre v rifi Les trois phases de la p riode de crise peuvent finalement tre r sum es dans le tableau 3 ci dessous o les grandeurs sont des donn es stylis es calcul es en dehors des r cessions g n ralis es 20 Le taux de profit permet donc d tablir une p riodisation raisonn e des trente derni res ann es que l on peut relier la notion de contrainte salariale introduite ci dessus Le tableau 4 compare les deux phases de londe longue et fait appara tre une opposition tr s frappante entre ces deux p riodes Avant 1973 la productivit du travail augmentait en moyenne de 4 3 dans l ensemble des pays du G7 depuis 1979 elle n augmente plus que de 1 2 La baisse est tr s nette dans tous les pays m me aux Etats Unis qui partaient pourtant d une progression peu rapide cela relativise la th se du rattrapage qui devrait conduire un alignement des autres pays sur les Etats Unis mais pas un ralentissement suppl mentaire dans la puissance dominante Tableau 3 Une p riodisation 1965 1995 PHASE EXPANSIVE 1965 1973 Expansion forte Croissance lev e 5 Taux de profit lev 16 PHASE RECESSIVE 1976 1976 1979 Politique keyn sienne Croissance moyenne 3 Taux de pro
154. elle pr valent des conduites techniques trivialis es et hors de laquelle s tend l espace de l autonomie compl te Gorz 1981 Il faut donc une planification correctement calibr e Elle ne doit pas empi ter sur la sph re de l autonomie dans laquelle les individus s associent selon leur bon plaisir pour cr er le superflu Mais en revanche la planification centrale est n cessaire et ne doit pas donner aux d tenteurs des moyens de production et de distribution le soin de produire et de distribuer selon leur int r t Sinon souligne Gorz la soci t demeure divis e en une classe enti rement d pendante et une classe laquelle le contr le des moyens de production et d change assure la domination sur l ensemble de la soci t Cette pr cision importante appelle son tour de nouvelles interrogations quant au projet gorzien La premi re porte sur la nature sociale de cette planification si les d tenteurs des moyens de production doivent perdre le contr le sur les choix de production mais si l autogestion par les travailleurs des grands syst mes est impossible qui est l agent de cette planification Pour Gorz cette fonction ne saurait tre remplie ni par l Etat ni par les partis politiques C est de mani re tr s abstraite le politique comme lieu interm diaire entre l Etat et la soci t civile qui doit g rer les tensions in vitables entre exigences d autonomie et co
155. ellement de segmentation de scission de marginalisation ou encore de d connexion renvoient tous une m me tendance du capitalisme d limiter la sph re dans laquelle il peut se d velopper int gralement Ce processus est puissamment 62 l oeuvre au niveau mondial sous forme d une d connexion accrue entre Centre et P riph rie le monopole de fait sur les nouvelles technologies cr e une nouvelle base de d pendance et accompagne la formation d une structure imp rialiste tripolaire Mais le m canisme de fractionnement passe l int rieur m me des formations sociales Dans la grande majorit des cas l ajustement lib ral se traduit en effet dans les pays du Sud par la mise en place d un mod le que l on peut qualifier d excluant voire de dualiste parce qu il d limite une fraction de l conomie susceptible de se brancher sur le march mondial Le reste se trouve alors mis l cart en raison de niveaux insuffisants de productivit et de d veloppement technologique que l avantage de tr s faibles salaires ne suffit pas compenser du point de vue de la logique capitaliste Dans ces conditions il n est pas possible d amorcer la pompe en partant des besoins satisfaire sur place et d lever simultan ment la productivit et le niveau de vie dans l ensemble de la soci t Si d veloppement il y a c est donc d un d veloppement in gal et tronqu qu il s agit Cette volution n est
156. ement du taux de profit qui n est cependant pas une condition suffisante dans la p riode le plus r cente Cette analyse nous conduit donc avancer une version affaiblie de la loi qui consiste esquisser une synth se nos yeux l gitime entre l analyse marxiste et l apport r gulationniste Le premier l ment de cette synth se consiste insister sur le fait que les conditions de maintien de la rentabilit du capital sont complexes et mettent en jeu trois s ries d ajustements ou de r glages n cessaires Il faut accorder le rythme d obtention des gains de productivit celui de l intensification du capital il faut ajuster l ventuelle progression du salaire r el aux gains de productivit il faut enfin assurer des d bouch s croissant au m me rythme que la production R pondre ces exigences en grande partie contradictoires n est ni absolument impossible ni spontan ment garanti Le capitalisme n est pas un syst me promis l effondrement in luctable ni l harmonie ternelle Il convient donc de se tenir gale distance d un catastrophisme marxiste et d un harmonicisme r gulationniste C est d ailleurs relativement simple parce que les th ses tronqu es ne servent finalement rien avec le catastrophisme on ne comprend pas pourquoi le syst me a jamais r ussi fonctionner au del d un cycle du capital Quant l harmonicisme il insiste tellement sur les infinies r serves du syst me
157. enir sur le passage aux 39 heures en 1982 Malgr tout ce qu il peut avoir de sp cifique il constitue une exp rience en grandeur r elle Les estimations r alis es chaud Marchand ef alii 1983 Frank et Tr goat 1984 se situaient toutes dans une fourchette allant de 15 000 70 000 cr ations d emplois alors que les estimations issues des mod les se situaient plut t autour de 200 000 300 000 cr ations d emploi au bout de trois ans Oudiz et alii 1979 Cette diff rence entre les mod les et les effets mesurables de l ordonnance de 1982 renvoie notamment la non compensation salariale et la r duction de la dur e d utilisation des quipements et souligna ainsi l importance de ces deux param tres Mais il faut surtout prendre en consid ration les inflexions tr s nettes de la politique conomique qui ont imm diatement suivi le passage aux 39 heures blocage des prix et des salaires freinage de l activit conomique La r alit est une variante complexe dont la r duction de la dur e du travail n est qu un l ment Avec le recul du temps les estimations les plus restrictives sont d ailleurs l objet de r valuation Ainsi un travail r cent de l OFCE Gubian et alii 1992 propose un point de vue plus nuanc consistant remettre en cause l id e que les gains de productivit auraient absorb pour l essentiel l effet favorable sur l emploi de la r duction de la dur e du travail Une aut
158. ens e unique Ce cadre rigide m me s il se r clame de la flexibilit laisse peu de place une politique plus volontariste par exemple de relance concert e Les obstacles une relance europ enne L un des grands paradoxes de la voie maastrichtienne est qu elle pr tend aller vers l unification mais qu en r alit elle r duit les possibilit s de politique coordonn e M me des mesures qui dans un autre cadre et avec d autres rapports de force pourraient tre prises par chaque gouvernement sont en r alit hors d atteinte malgr les discours On peut citer la taxe dite de Tobin sur les capitaux sp culatifs la coordination des politiques commerciales voire une r duction du temps de travail g n ralis e Mais la plus significative concerne la relance concert e Malgr des sommets comme celui d Edimbourg malgr des d clarations renouvel es l incapacit de l Union europ enne mener une politique de relance est patente surtout apr s la r cession du d but des ann es quatre vingt dix qui s est tendue l ensemble de l espace n olib ral sans se voir opposer la moindre vell it de politique contra cyclique A priori c est pourtant cela que devrait servir la construction europ enne Il est donc particuli rement important d analyser les obstacles qui viennent s opposer une politique par e de toutes les vertus Elle semble en effet apporter une r ponse ad quate la r cessio
159. ent dans la douleur la n cessit C est ce qu expliquaient leur mani re Michel Albert et Jean Boissonnat d s 1988 L Europe de 1992 lance le March unique l assaut des Etats nationaux Elle va les d manteler Mais l anarchie qui en r sultera peut avoir deux cons quences Ou bien les peuples prendront peur et ils se r volteront contre ce d sordre reconstruisant ici ou l des fortins pour se prot ger Ou bien les responsables sauront construire les fondations d un Etat multinational minimum et un nouvel ordre na tra du d sordre Albert et Boissonnat 1988 Mais il existe aussi une autre conception que l on peut r ellement qualifier de fantasme n vrotique du n olib ralisme Devant la lenteur des avanc es des politiques d ajustement la contrainte mon taire est prise comme point d appui d un levier qui vient l autre bout peser sur le march du travail et acc l rer son fractionnement sous les imp ratifs dissolvants de la flexibilit C est pourquoi il ne faut pas forc ment juger Maastricht aux objectifs officiellement avanc s Les crit res de convergence sont pr sent s comme autant de conditions n cessaires au passage la monnaie unique mais on pourrait tout aussi bien les interpr ter comme les l ments constitutifs de cette v ritable n vrose n olib rale qui consiste appliquer toujours plus syst matiquement une politique autodestructrice moins qu elle ne soit qu
160. epuis le sens de la formule des rapporteurs s est tari et les titres ont disparu La r cession du d but des ann es quatre vingt dix est venue bousculer l optimisme n olib ral m me si elle ne m rite pas pleinement le terme de r cession g n ralis e Certes le recul a t tr s profond comparable voire sup rieur celui du milieu des ann es soixante dix et il n a laiss aucun grand pays l cart et surtout pas le Japon qui semble enlis dans une phase durable de faible croissance Mais la r cession diff re des pr c dentes en ce que les cycles nationaux sont moins nettement synchronis s ainsi la r cession tait d j en grande partie achev e en Grande Bretagne alors qu elle battait son plein en France C est dire que la mondialisation s accompagne d une plus grande cyclicit des conomies mais aussi d une relative autonomie des conjonctures et r gulations nationales En tout cas cette r cession ouvre une nouvelle phase marqu e par une d connexion sans pr c dent entre taux de profit et taux de croissance D un c t le mouvement ascendant du taux de profit n a pratiquement pas t ralenti par la r cession Dans nombre de pays le niveau atteint par le taux de profit est quivalent voire l g rement sup rieur ce qu il tait dans les ann es soixante m me si l Allemagne et surtout le Japon font cependant exception ce principe g n ral Comme la croissance n a pas enr
161. er le sens de cette distinction pour d boucher sur une apologie de l activit Il faut nous dit on se lib rer de la stricte notion d emploi pour retrouver le vrai sens du travail con u comme source d accomplissement et de lien social et de subsistance pour l homme On pourrait multiplier les r f rences montrant que ce discours est devenu un lieu commun et qu il est en passe de devenir une nouvelle exigence comme l explique un patron Comme la carri re ne pourra plus tre le seul crit re de valorisation sociale il faudra que les salari s trouvent d autres centres d int r t qu en consacrant moins de temps au travail productif proprement dit La valeur travail ne serait plus la seule digne d int r t de notre soci t Guillen 1994 On retrouve donc sous de multiples formes la m me th matique de la disparition du travail que Minc avait esquiss il y a d j quelques ann es Voil ce qu il crivait en 1982 A tout seigneur tout honneur c est le travail pierre angulaire du syst me conomique qui nous l avons vu bascule Concomitance hasard heureux ou relation de cause effet au moment m me o le travail productif classique se rar fie il ne constitue plus une valeur exclusive Le travail s tiole au moment o la valeur travail vacille Minc 1982 La transition douce une soci t post industrielle La th orie de la soci t post industrielle a fleuri so
162. es il convient d op rer une rupture radicale autrement dit consid rer l hypoth se centrale d un autre fonctionnement de l conomie 99 CHAPITRE 7 L HYPOTHESE SOCIALISTE Les performances du capitalisme contemporain dressent un tableau assez inqui tant que l on peut r sumer en quelques points Tout d abord le capitalisme mondial n assure plus un d veloppement int gral de l ensemble des pays qu il r git Un nombre croissant de pays s enfonce dans une grave r gression et les exemples de r ussite ne sont possibles qu en raison m me de leur caract re exceptionnel Les immenses potentialit s ouvertes par l automatisation en mati re de qualification et d enrichissement du travail voient leur port e limit e par un syst me conomique qui impose sa propre logique visant garantir le contr le et la subordination de la majorit des travailleurs Cette sous utilisation syst matique des potentialit s de la technologie vaut galement l chelle de la plan te la mise en concurrence syst matique tend dissocier l espace conomique mondial et constitue l un des principaux leviers tendant l exclusion de zones enti res du processus de d veloppement Enfin face au d fi que repr sentent les progr s de l automation qui viennent inexorablement miner ses crit res de fonctionnement le capitalisme tend r agir en faisant marcher l conomie l envers autrement dit en cherchant modeler le
163. es de production moyennement performantes Elle consisterait en une politique d am nagement de la plan te comme on a pu parler d am nagement du territoire visant une satisfaction optimale des besoins sociaux Ne tournons pas autour du pot Ce mode d organisation conomique et social a toujours t d sign par le terme de socialisme Les crimes commis en son nom dans les pays dits socialistes ne doivent pas conduire renoncer ce mot car ce serait admettre que le stalinisme est la seule incarnation possible d une alternative au capitalisme La question qui continue de se poser est de savoir si un meilleur syst me d organisation sociale est non seulement souhaitable mais possible Et l esquisse que l on peut en faire d coule naturellement de la critique du capitalisme contemporain du capitalisme r ellement existant Si l un de ses traits distinctifs est de refuser de produire ce qui ne s aligne pas sur les normes de rentabilit les plus avanc es alors le socialisme devrait au fond se d finir comme un syst me conomique permettant au contraire de produire m me si ce n est pas rentable au sens pr cis et troit de ce terme Notre critique du capitalisme est au fond autre chose qu une opposition de principe fond e seulement sur des convictions politiques voire morales et n exprime certainement pas la fascination pour un quelconque mod le Mais il se trouve tout simplement qu il y a aujourd hui beaucoup pl
164. es en pond rant les divers pays ou l observation de chacun des pays Ces pr cisions tant apport es on peut passer l examen du graphique 3 qui pr sente une p riodisation tr s claire de l conomie mondiale ou tout au moins de ce que l on appellera le G5 Etats Unis Japon Allemagne France Grande Bretagne et Italie Le graphique rapporte les volutions du taux de profit et du taux de croissance liss es en moyenne mobile sur trois ans de mani re effacer en partie les fluctuations conjoncturelles GRAPHIQUE 3 PROFIT ET CROISSANCE CINQ GRANDS PAYS LL O aa a W A x D lt TAUX DE CROISSANCE 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 PROFIT CROISSANCE Le premier constat porte sur le parall le remarquable qui relie les volutions du taux de profit et du taux de croissance avec une exception significative partir de la fin des ann es quatre vingt les derni res ann es se caract risent au contraire par un cart croissant entre un taux de profit en grande partie r tabli et un taux de croissance soumis de tr s fortes fluctuations conjoncturelles Sur l ensemble des trente derni res ann es on voit ensuite appara tre un avant et un apr s Avant la crise tout au long des ann es soixante les pays connaissent en moyenne une forte croissance entre 5 et 6 par an et un niveau de taux de profit galement lev
165. esoins sociaux vient s opposer la logique spontan e du capitalisme 39 Notre th se est que la p riode actuelle du capitalisme se caract rise par un foss croissant entre les deux s ries de crit res autrement dit par une difficult croissante assurer la correspondance entre ce que les gens veulent consommer et ce que le capitalisme veut produire Autrement dit l volution de la norme de consommation diverge par rapport aux exigences du maintien de la rentabilit Les d penses de consommation se portent spontan ment vers des secteurs qui ne sont pas aujourd hui porteurs de gains de productivit comme la sant et l ducation C est dans l incapacit actuelle du capitalisme r pondre ces besoins par une production de biens services industrialis s que r side son impossibilit ob ir l hypoth se n o fordiste l ad quation entre la demande de consommation et l offre rentable s op re avec une difficult croissante Cette grille d analyse a trouv r cemment une illustration frappante avec la prime Balladur l achat d automobiles au moment m me o se d veloppait le discours sur la ma trise des d penses de sant Ainsi quand un salari ach te une voiture 1l relance l conomie quand le m me se soigne 1l participe une croissance jug e excessive des d penses de sant Mais a t on jamais parl de n cessaire ma trise des d penses li es l automobile Qu
166. esures Le projet de SMIC jeunes a d ailleurs t soumis une critique pratique puisqu il a d tre retir la suite de manifestations de rue Le d bat n est donc pas cantonn la th orie pure Et il devrait l tre d autant moins que les mesures de r duction du co t du travail n existent pas seulement l tat de projet mais ont donn lieu depuis une quinzaine d ann es une succession de dispositifs instituant des exon rations de charges sociales Les exp riences existent donc et le recul est largement suffisant pour dresser un premier bilan C est ce que fait une tude r cente du Commissariat g n ral du Plan CGP 1995 qui montre qu la fin de 1994 ce sont 5 7 millions de salari s trois sur dix qui relevaient d un dispositif ouvrant droit exon ration totale ou partielle Ces mesures r pondent depuis le milieu des ann es quatre vingt une logique d abaissement permanent du co t moyen du travail et leur co t pour le budget de la S curit sociale devrait tre en 1995 de l ordre de 25 milliards de francs Mais les r sultats apparaissent tr s d cevants du point de vue des cr ations nettes d emplois Les tudes micro conomiques men es sur les mesures cibl es d exon ration temporaire montrent que l effet net varie entre 20 40 Le poids des effets de substitution est donc tr s important autrement 45 dit ce type de mesure plut t que d augmenter glo
167. ette dialectique entre libert et n cessit n est pas un pur dualisme pour qu advienne le royaume de la libert et le d veloppement des forces humaines comme fin en soi il faut que les principes de fonctionnement du travail n cessaire aient t boulevers s L mancipation humaine ne peut donc rester la porte des grands syst mes On ne peut tre lib r de l asservissement du salariat seulement mi temps tre exploit contraint un travail ali n ne serait ce que deux heures par jour c est tre asservi le reste du temps Bien s r on peut discuter de la possibilit m me d une telle lib ration et tirer comme le fait Gorz une morale pessimiste de l exp rience des pays de l Est la lib ration dans le travail est impossible et ne peut que prendre la forme caricaturale d une id ologie bureaucratique C est un d bat l gitime et le pessimisme a bien des arguments Mais une chose est sure en revanche le projet r ellement dualiste d abandonner ses ma tres actuels la sph re du travail h t ronome pour se lib rer en dehors du travail est le pire des mirages Le temps lib r ne peut devenir un temps libre que si sa logique r ussit contaminer l organisation du travail dans tous ses aspects Les ch meurs les pr caires les exclus ne sont videmment pas plus libres parce qu il sont moins longtemps salari s que les autres travailleurs Seule une frange boh me une s
168. f rents biens sont un sous produit et non une contrainte du processus de maximisation En d autres termes encore cette diff rence essentielle entre capitalisme et socialisme r side dans le mode d allocation des ressources et principalement l affectation du surplus Ce n est pas seulement les modalit s du calcul conomique qui changent mais sa fonction m me Sous le capitalisme c est l exigence de maximisation du profit qui d termine vers quels secteurs l conomie va porter l effort d investissement les priorit s du d veloppement social sont des contraintes pour ce calcul conomique Le socialisme se d finit au contraire comme la ma trise exerc e par l ensemble de la soci t sur ses propres priorit s auxquelles le calcul conomique est d sormais subordonn L conomique joue un r le d mesur dans le syst me capitaliste puisqu elle ne se limite pas s lectionner les moyens mais contribue centralement r v ler et calibrer les pr f rences sociales alors que le socialisme correspondrait un r tr cissement de la sph re de l conomique qui serait rigoureusement cantonn e une fonction d ajustement 104 des moyens des fins d termin es ailleurs Pr obrajensky avait particuli rement insist sur ce basculement lorsqu il expliquait Avec la disparition de la loi de la valeur dans le domaine de la r alit conomique dispara t galement la vieille conomie politique Une nouvell
169. ffet du recyclage des p tro dollars La hausse du prix du p trole de 1973 1974 a repr sent la formation d une rente qui a brusquement modifi le partage du surplus au niveau mondial La demande induite dans les pays producteurs de p trole ne pouvant augmenter brusquement le recyclage de leurs revenus suppl mentaires les p tro dollars a conduit les r injecter dans le syst me bancaire international qui s est mis brusquement pr ter principalement aux pays du Tiers monde ce qui a entra n une croissance importante de leur dette L ann e 1977 marque une rupture d cisive qui voit le taux de croissance moyen des pays du Sud baisser brusquement et d crocher de celui du Nord Dans les ann es quatre vingt que l on a appel la d cennie perdue on enregistre pour la premi re fois depuis longtemps un recul absolu du produit par t te dans des zones enti res En m me 61 temps c est l explosion de la dette d autant plus incontr lable qu elle est aliment e par la hausse des taux d int r ts tandis que l conomie mondiale freine des quatre fers Cette premi re phase s interpr te bien en r f rence avec le concept de d veloppement in gal et combin parce que ce dernier permet la fois de comprendre qu il y a eu industrialisation mais que la d pendance emp chait que celle ci d bouche sur une croissance autonome Cette industrialisation tait fond e sur la substitution d importations mais celle ci es
170. fficacit du capital peut certes ne pas avoir chang en ce sens qu on utilise proportionnellement le m me volume de capital par unit produite Mais comme le capital non utilis augmente et qu il faut bien le rentabiliser qu il soit ou non physiquement en activit le taux de profit fait reculer Et cette baisse est peu pr s proportionnelle l cart entre la croissance effective et la croissance potentielle d finie par le plein emploi des capacit s La liaison conjoncturelle entre profit et croissance est donc confort e de cette mani re ce qui rend possible des d calages dans le temps qui interdisent les conclusions h tives quant au sens de la causalit Autrement dit il serait de mauvaise m thode de conclure un quelconque ordre de pr s ance entre deux variables conomiques sur la seul base d une observation statistique semblable celle que nous sommes en train de aboutir Il est cependant possible d infirmer ais ment la th se du choc p trolier consistant dire que l entr e en crise est le r sultat d un choc exog ne venu perturber de l ext rieur des conomies au fonctionnement harmonieux A partir du moment o il s agit de choc exog ne la causalit structurelle ne peut tre invoqu e et cette explication tombe devant le seul constat que la baisse du taux de profit et le ralentissement de la croissance sont intervenus avant le choc en question Cette position va aujourd hui de soi
171. ffrirait ses citoyens Pour s en convaincre il suffit de constater que le mouvement g n ral des soci t s capitalistes n est pas d tendre le champ de la protection sociale et des services publics mais au contraire de les restreindre autant que faire se peut Le RMI appara t dans ce mouvement comme 91 une petite concession ou une exception plut t qu une extension nouvelle de la logique non marchande Le m me type de raisonnement vaut pour l id e de secteur d utilit sociale con u pour r pondre des besoins dont la liste est assez pr cis ment dress e soins aux personnes g es r novation de l habitat protection de l environnement garde des enfants etc On peut penser que des formes d organisation coop rative chappant la fois la lourdeur bureaucratique des grosses machines du service public et la logique marchande de l entreprise classique seraient les plus appropri es pour rendre ce type de services dits de proximit C est un th me r current chez les nouveaux th oriciens du socialisme Elson 1991 qui nous semble fondamentalement juste Mais cela ne doit en aucun cas nous conduire franchir le pas et voir dans les projets de petits boulots la pr figuration d un nouveau mode de satisfaction des besoins sociaux La caract ristique commune de toutes ces propositions si l on gratte un peu sous les bonnes intentions affich es est en pratique de cr er une sorte de sous sa
172. fin d tablir que la reproduction capitaliste tait tout simplement impossible ou en tout cas impossible sans la pr sence d une sph re 28 ext rieure non capitaliste On reconna t par exemple les termes du d bat ouvert par L accumulation du capital de Rosa Luxemburg Les sch mas de la reproduction ne suffisent cependant pas pour trancher ce type de question th orique Pour le faire il convient d encha ner plusieurs p riodes de production afin de voir si un quilibre initial que l on suppose r alis peut tre maintenu dans le temps Or cette question fait intervenir un trop grand nombre de param tres pour que la question puisse tre r solue en toute g n ralit Chaque fois que les sch mas de reproduction sont mis au service d une th se unilat rale on s aper oit qu en r alit on y a introduit un jeu d hypoth ses ad hoc implicites Si par exemple on suppose que le salaire r el est fixe et que la composition organique augmente r guli rement on trouve que la section des biens de production tend cro tre bien plus vite que celle des biens de consommation ce qui m ne videmment une situation absurde o on ne produirait plus que des machines servant produire des machines Si on rel che ce type d hypoth ses les travaux syst matiques pr sent s par Billaudot dans sa th se Billaudot 1976 et repris dans La crise du XX me si cle Lorenzi Pastr Toledano 1980 montrent quel degr de
173. fit bas 12 Il 1982 1989 Politique lib rale Croissance moyenne 3 Taux de profit moyen 13 IN 1990 1995 Politique lib rale Croissance m diocre 2 5 Taux de profit r tabli 15 Avant 1973 l efficacit du capital tait peu pr s constante l exception du Japon et de l Allemagne mais cette baisse tait compens e surtout au Japon par des gains lev s de la productivit du travail Dans la phase r cessive la tendance la baisse s est r pandue dans la plupart des pays avec il est vrai de tr s grandes fluctuations qui ne sont pas retrac es dans ce tableau Mais ce n est pas tr s important dans la mesure o la r sultante de cette double rupture est sans quivoque entre l Age d or et la p riode n o lib rale la productivit globale des facteurs marque un spectaculaire recul puisqu elle passe de 2 9 0 8 pour l ensemble des pays du G7 Cette rupture est visible dans chacun des pays m me si le dosage gt capital travail est diff rent La contrainte salariale s est donc consid rablement resserr e pour l ensemble des pays de l OCDE la croissance maximale du salaire r el compatible avec le maintien du taux de profit tait de 4 1 avant 1973 et de 1 2 apr s 1979 Tableau 4 Productivit et contrainte salariale Productivit Productivit Productivit Contrainte CHREVEU du capital globale CAE UEIG A A B A B A B Etats Unis 2 2 0 8 0 2 0 5 1 6 0 4 2 3 0 6 Japon
174. g n ralis e qui permet toutes et tous de travailler moins L objection la plus imm diate consiste dire que ce choix n existe pas et qu il reposerait sur une arithm tique simpliste Ce point de vue n est pas l apanage du patronat il est par exemple d velopp par Alain Supiot cette approche prend le travail comme une donn e simple et quantifiable dont le partage pourrait contribuer r soudre le ch mage alors qu il semblerait plus judicieux de commencer par s interroger sur la signification et les transformations du travail dans notre soci t Supiot 1993 Une telle critique ne nous semble pas recevable Non pas qu il soit inutile de s interroger sur les transformations du travail mais parce qu une telle m thode revient au bout du compte introduire par la bande une notion d inemployabilit assez largement arbitraire Qu est ce qui emp che en effet de dire que 10 de r duction du temps de travail c est 10 d emplois en plus et 10 points de ch mage en moins Outre la compensation salariale et la productivit induite sur lesquelles on reviendra il existe un argument du second ordre qui renvoie au fait que la cr ation de 100 emplois ne fait pas baisser de 100 le nombre de ch meurs parce qu elle incite se porter sur le march du travail des personnes qui s en taient retir es La population active augmente par exemple de 30 et le ch mage ne baisse que de 70 Cet effet de
175. gistr s par les grands groupes contrastent avec la fragilit persistante du tissu industriel fran ais Ce paradoxe se r sout ais ment si l on remarque que la politique des principaux groupes a t orient e principalement vers la conqu te 74 de march s ext rieurs Si l on consid re en effet les 50 plus grandes entreprises fran aises qui r alisent elles seules 40 des exportations on s aper oit que la part de la production export e a baiss passant de 33 en 1985 25 en 1990 Mais dans le m me temps la production d localis e s est accrue des groupes comme Michelin Air Liquide Atochem P chiney CGE Rh ne Poulenc Thomson r alisent pr s de la moiti de leur production ou m me plus l tranger On peut rappeler l exemple fameux de Renault devenu le deuxi me importateur fran ais d automobiles derri re Volkswagen Cette volution est le r sultat d une progression de l investissement international beaucoup plus rapide que sur le march int rieur et ce ph nom ne joue d ailleurs en sens inverse puisque 27 de l industrie fran aise est contr l e par des capitaux trangers Cette tendance l internalisation contribue expliquer les mauvaises performances de l conomie fran aise en mati re d emploi Ainsi entre 1979 et 1989 le nombre d emplois industriels est pass en France de 4 2 3 2 millions alors qu il a doubl dans les firmes fran aises l tranger
176. goisse si Gorz veut dire par l que ces rubriques ne doivent pas figurer au Plan aussi d mocratique soit il Mais si Gorz pense que ces r gions par essence secr tes ne conna tront leur plein d veloppement qu l int rieur de la sph re priv e alors nous ne pouvons pas le suivre dans cette conception naturaliste de l esp ce humaine Toutes ces dimensions de l individu ne sont bien s r pas d termin es m caniquement par son mode de socialisation mais comment nier l interaction dialectique entre les deux ordres de ph nom nes Existerait 1l donc un individu qu il suffirait de d gager de sa gangue marchande pour qu il acc de une pleine et enti re r alisation Notre conception consisterait plut t postuler que c est proportion de la ma trise qu il peut exercer sur la soci t dans laquelle il vit qu un individu peut r aliser ses potentialit s propres Nous rejoignons donc la r flexion que proposent Philippe Zarifian et Christian Palloix 1988 autour de la notion d individualit sociale Leur point de d part est un constat analogue celui de Gorz portant sur la possibilit mat rielle de d velopper un temps disponible au del de celui o se condensent les actes de travail temps disponible consacr la construction du rapport la soci t temps d appropriation de connaissances d ouverture sur le monde de vie affective de participation la vie civique de voyages e
177. hronis Seul le Japon est relativement pargn et dans une moindre mesure l Italie Avec les ann es quatre vingt on entre clairement dans une nouvelle p riode qui voit progressivement s installer les politiques n olib rales Thatcher arrive au pouvoir en 1979 Reagan en 1980 et dans tous les pays se mettent en place avec un d lai sp cifique en France des politiques visant non plus soutenir la demande mais restaurer le profit Le diagnostic port sur la crise a chang et les gouvernements choisissent de jouer sur les facteurs d offre plut t que sur les facteurs de demande Un nouveau coup d oeil au graphique 3 permet de constater que ces politiques atteignent leur objectif le taux de profit se met monter dans tous les pays avec une vigueur particuli re et surtout durable en France et en Italie avec un mouvement galement tr s net aux Etats Unis et en Grande Bretagne mais moins marqu en Allemagne et surtout au Japon Assez rapidement la reprise de la croissance semble tre au rendez vous mais avec des d lais d autant plus longs que le r tablissement du taux de profit est marqu Ainsi la France ne renoue vraiment avec la croissance qu en 1988 alors que le coup de fouet est plus imm diat en Grande Bretagne ou aux Etats Unis Cette seconde phase semble apr s l chec de la phase Kkeyn sienne tre couronn e de succ s puisque le r tablissement du taux de profit s accompagne d un retour de la croiss
178. i accompagne les progr s de la productivit et dont elle constitue l un des modes d utilisation La vitesse de ce mouvement peut varier avec les rythmes conomiques longs Ainsi la dur e du travail a baiss de 0 8 par an entre 1896 et 1931 de 0 4 entre 1949 et 1973 de 1 entre 1973 et 1979 de 1 2 entre 1979 et 1986 Marchand et Th lot 1991 Or et c est un v ritable paradoxe la dur e du travail est bloqu e depuis 1982 et la plupart des projections comme celles qui ont t r alis es dans le cadre du XI me Plan raisonnent dur e du travail constante L hypoth se d une croissance plus riche en emploi que l on trouve par exemple dans le Livre Blanc renvoie implicitement une extension du temps partiel Le temps choisi est une modalit de r duction du temps de travail qui repr sente une alternative une mesure g n ralis e explicitement r cus e dans la logique de la plupart des rapports officiels sur le sujet comme ceux de OCDE ou encore celui de la Table ronde des industriels European Round Table En d autres termes c est au moment o le ch mage s installe dans la dur e devenant le probl me social majeur que l on s interdit d utiliser l un des param tres cl s de la cr ation d emplois Il convient d examiner d autres arguments invoqu s pour justifier un tel choix Le contenu en emploi de la r duction du temps de travail Dans le cas fran ais cela suppose de rev
179. i faire enti rement porter la paternit du Livre blanc dans la mesure o le celui ci a t labor partir de propositions manant de chacun des gouvernements qui ont rivalis d imagination ultra lib rale Le diagnostic port par les organismes communautaires et internationaux ou le patronat converge donc autour de quelques id es cl qui constituent l id ologie n olib rale et que des conomistes de l OFCE ont parfaitement r sum e Le ch mage europ en serait caus essentiellement par les rigidit s du march du travail qui handicaperaient les entreprises europ ennes face la concurrence internationale Les salaires seraient trop lev s et en particulier les charges sociales trop fortes La hi rarchie des salaires ne serait pas assez ouverte et le travail non qualifi trop r mun r ceci expliquerait que le taux de ch mage soit plus fort pour les salari s peu dipl m s ou peu qualifi s Le ch mage serait trop bien indemnis ceci n inciterait pas les ch meurs rechercher activement un emploi et freinerait la baisse des salaires en p riode de r cession Les licenciements seraient trop difficiles les horaires ne seraient pas assez flexibles Il faudrait donc d r glementer le march du travail supprimer le salaire minimum r duire les prestations sociales Sterdyniak et alii 1994 Le n olib ralisme europ en est donc un dogmatisme pour lequel a t invent le terme de p
180. ici ce sont les perspectives strat giques que les uns et les autres peuvent en tirer et qui sont videmment tr s diff rentes La synth se que propose Philippe Herzog 1991 sous un titre un peu d concertant propose une d marche programmatique d ensemble que cette phrase r sume assez bien Il s agit de construire une soci t mixte de transition de l int rieur du capitalisme vers le communisme d ouvrir un chantier pour son d passement graduel afin de pousser plus loin ses acquis et ses conqu tes tout en faisant reculer ses tares On retrouve donc ici une nouvelle variante de gradualisme avec cette m me ambigu t fondamentale d un c t tout repose sur le postulat implicite selon lequel on peut progressivement imposer au capitalisme une nouvelle d finition de l efficacit de l autre l objectif demeure une soci t communiste fonctionnant autrement vers laquelle il serait possible de progresser avanc es apr s avanc es Herzog reste fid le l id e selon laquelle l application de nouveaux crit res de gestion permettraient de mettre un terme aux g chis engendr s par le fonctionnement actuel du capitalisme trop ax sur des crit res strictement financiers Il faut oser affronter les sacro saints crit res de la rentabilit capitaliste qui poussent r duire la masse salariale et les pr l vements sociaux afin de r mun rer un capital d j suraccumul Il faut imposer au cont
181. ie mondiale Tout ce qui ressemble une protection ou une discrimination l gard des pays niveau de d veloppement inf rieur doit tre pass au crible de la critique Les importations des pays bas salaires ont un impact mineur sur l conomie des pays riches mais les recettes qu elles engendrent rev tent une importance strat gique pour des pays que depuis de longues ann es on incite ou on contraint s orienter vers l exportation M me l id e de clause sociale liant le commerce au respect des droits de l homme et des libert s syndicales ou au non travail des enfants doit tre envisag e avec pr caution cette soudaine pouss e d humanisme peut tre r cup r e pour justifier le pire des protectionnismes celui des nantis Certes les conditions de travail et tout simplement d existence sont dans de nombreux pays du Tiers Monde la limite de l in humanit comme le rappellent r guli rement les rapports du Bureau International du Travail Certes cette concurrence de tous contre tous conduit les pays pauvres s enfermer dans leur r le de pourvoyeurs de main d oeuvre mal pay e sous peine de voir un concurrent occuper le terrain Mais deux distinctions au moins doivent tre introduites avec soin La premi re concerne le champ des clauses sociales Il y a d abord une d finition troite qui renvoie cinq droits l mentaires qualitatifs d finis par des conventions du Bureau Interna
182. industriels Documents du Centre d Etudes des Revenus et des Co ts n 106 Cette G 1992 Quelques l ments d valuation des effets sur l emploi de la r duction de la dur e du travail induite par l ordonnance de janvier 1982 note Banque de France n 92 50 1 24 juin Cette G ef alii 1993a Nouveaux emplois de services Les 10 services de solidarit Futuribles n 174 mars Cette G et alii 1993b Les effets sur l emploi d un abaissement du co t du travail des jeunes Document de travail INS E n G 9319 CFDT 1983 Politique industrielle quelques l ments de r flexion Note du secr tariat conomique 14 juin CFDT 1991 Emploi mode d emploi Suppl ment Syndicalisme Hebdo n 2370 12 septembre CGP 1993a L conomie fran aise en perspective Rapport du groupe Perspectives conomiques du XI me Plan La D couverte La Documentation Fran aise CGP 1993b Choisir l emploi Rapport du groupe Emploi du XI me Plan La Documentation Fran aise 126 CGP 1995 Le financement de la protection sociale La documentation Fran aise Chesnais F 1994 La mondialisation du capital Syros CJD 1994 L illusion du plein emploi Futuribles n 183 janvier Commission Europ enne 1993 Rapport conomique annuel Economie europ enne n 54 Confais E et alii 1993 Croissance fran aise l horizon 2000 haut niveau de ch mage ou r duction d
183. ionnement normal de l conomie c est pour cette raison galement la dur e du cycle est grosso modo quivalente la dur e de vie moyenne des quipements Afin de bien souligner cette diff rence avec le cycle mineur on convient de parler d ondes longues plut t que de cycles longs Le second type d explication fait jouer un r le sp cifique aux innovations technologiques dans la tradition s inspirant des travaux de Schumpeter Il existe sur ce point une abondante litt rature qui pose la question de savoir si le rythme d mergence des innovations peut rendre compte de la succession des ondes longues Pour certains il y aurait des grappes d innovation qui permettraient apr s un ventuel d lai d assurer une croissance conomique soutenue Chaque onde longue serait ainsi associ e une innovation ou la mise en place d un paradigme technologique majeur Le terme m me d innovation souligne le fait que le syst me conomique se transforme et qu il ne s agit pas seulement du jeu de m canismes invariants Mais cette explication ne fait que d placer le probl me en posant l existence d un cycle technologique long qui viendrait imprimer sa marque sur l conomie capitaliste et notamment sa propre temporalit Cette ext riorit est videmment peu satisfaisante ni la densit de l innovation ni l effort de recherche ni l application des innovations la production et la consommation ne peuvent tre trait
184. it conomique assez tonnante mais dont la p rennit n est pas assur e la vitesse de croissance permet de rendre supportable la polarisation sociale mais que se passera t il partir du moment o l on retrouvera des rythmes moins chevel s Pour la premi re fois sans doute dans son histoire le capitalisme ne peut mettre en avant qu une l gitimit restreinte en ce sens que la condition de son efficacit est que la majorit de l humanit n en profite pas Cette exigence ne s tait jamais sans doute exprim e avec une telle force et avec une telle amplitude puisqu elle impose sa marque y compris dans les pays les plus prosp res C est l ensemble des instruments de domestication du capitalisme qui sont remis en cause commencer par l intervention de l Etat Etat et mondialisation La mondialisation tend dissoudre l unit constitutive de l Etat et du capital national sous ses diff rents aspects Celui de la marchandise d abord Comme le souligne Petrella 1989 les produits sont de plus en plus extra territoriaux il devient impossible de leur attribuer une nationalit Reich 1993 utilise peu pr s la m me formule rares sont les produits qui ont une nationalit d termin e L appareil productif s autonomise de plus en plus du territoire march national et certaines firmes sont devenues parfaitement extra territoriales comme Nestl en ce sens que la firme suisse ne r alise qu u
185. it d appauvrir les gens et de cr er l ins curit sociale Il faut mettre des entraves toutes les formes de sp culation celle qui vise les monnaies mais celle aussi qui s attaque aux acquis sociaux De tels contr les font partie de l arsenal des soci t s d mocratiques et ne posent pas de probl mes particuliers de mise en oeuvre Pour contr ler les mouvements de capitaux on dispose par exemple des propositions de Tobin Eichengreen Tobin amp Wyplosz 1995 dont l id e de base est assez simple Puisque les sp culateurs 120 r alisent leurs profits sur des t tes d pingle en jouant sur d infimes diff rences de taux d int r t il suffit d une taxe tr s faible sur les transactions pour les en dissuader Cet instrument vise sp cialement les capitaux sp culatifs et elle serait peu pr s indolore sur les vrais investissements et le commerce Une autre proposition consisterait frapper d une taxe ou d un d p t obligatoire les pr ts libell s en monnaie nationale accord s aux non r sidents Mais ce type de r glementation doit r sulter d une initiative coordonn e si un seul pays l instaurait unilat ralement son march des changes verrait tout simplement son activit se d placer l tranger Reste la monnaie Il devrait aller de soi qu il s agit d un instrument que l on met au service d objectifs pr cis La d valuation ou la sortie du SME ne sont pas des buts en soi mai
186. ivement sur les services risque fort d impliquer une grave r gression sociale Dans le travail de serviteur il y a en effet quelque chose de plus que le simple rapport salarial ce que Gorz exprime avec acuit Les prestations qui ne cr ent pas de valeur d usage tout en faisant l objet d un change marchand public sont des travaux serviles ou travaux de serviteur C est le cas par exemple du cireur de chaussures qui vend un service que ses clients auraient pu aussi bien se rendre eux m mes en moins de temps qu ils n en passent assis sur leur tr ne face un homme accroupi leurs pieds Ils le paient non pour l utilit de son travail mais pour le plaisir qu ils prouvent se faire servir Gorz 1988 Telle est bien la logique visible aujourd hui avec le d veloppement des petits boulots et l offensive contre les rigidit s salariales en l occurrence le SMIC dans le cas fran ais Il s agit de baisser le co t du travail dans les services afin de rendre ceux ci vendables ceux qui b n ficient par ailleurs de la concentration des revenus Les principes de ce mod le ont t formul s avec une particuli re clart par un document du Minist re de l Economie Les entreprises expos es la concurrence internationale doivent viser la productivit la plus lev e Une politique de bas salaires risquerait de les laisser la tra ne du d veloppement technologique En revanche dans les secteu
187. l 5 3 2 1 3 1 2 Volume de travail 0 1 0 2 4 Dur e du travail 0 5 0 3 5 3 4 Emploi 0 6 0 1 6 Population active 0 8 0 5 Taux de croissance annuels moyens en Source INSEE Le tableau distingue deux sous p riodes l Age d or des ann es d expansion 1960 1973 et la phase n olib rale 1982 1994 On v rifie facilement qu elles s opposent du point de vue de la croissance celle ci est de 5 4 par an avant la crise et de 1 9 apr s On v rifie en passant que la mont e du ch mage ne saurait tre imput e la progression de la population active puisque celle ci est plus forte avant Mais le r sultat le plus frappant est que la productivit enregistre un ralentissement parall le celui de la croissance du PIB puisque son rythme de progression tombe de 5 3 avant 2 1 apr s Si la mont e du ch mage tait le produit direct de mutations technologiques et de changements radicaux dans l organisation du travail on aurait d au contraire observer une acc l ration de la productivit du travail dans les ann es r centes Il existe sans doute des probl mes de mesure mais la diff rence est tellement nette qu elle ne peut s y r duire Fondamentalement la baisse du rythme de cr ations d emploi doit tre imput deux inflexions d une part un recul du volume de travail qui r sulte lui m me d un ralentissement de la croissance un peu plus marqu
188. l reste ouverte il faudrait pour cela sceller une alliance sociale tellement polaris e par les th mes nationalistes qu il s agirait probablement d un ticket sans retour C est seulement dans la combinaison de tout mouvement social avec une logique d extension internationale que l on peut trouver une r ponse progressiste aux effets de la mondialisation Ainsi une r duction massive de la dur e du travail est un projet qui ne peut na tre d embl e l chelle europ enne mais c est bien sa g n ralisation l Europe toute enti re qui constitue la cl de son succ s Mais sur cette voie on se heurte au projet maastrichtien 68 CHAPITRE 5 LE PIEGE DE MAASTRICHT Apr s la signature de l Acte unique en 1988 le trait de Maastricht est entr en application le ler Novembre 1993 L Union europ enne est n e puis s est largie au ler janvier 1995 avec l entr e de la Finlande de l Autriche et de la Su de La Norv ge avait t un moment candidate mais le non l a emport au r f rendum Cette inscription dans la dur e permet dor navant de tirer des bilans par rapport aussi bien aux objectifs annonc s qu la m thode choisie Le bilan du Grand March La constitution du Grand March avait donn lieu des d clarations d finitives quant aux millions d emplois qui devaient tre cr s Le bluff a fait long feu et les promesses n ont pas t tenues Le Livre blanc paru en 1994 est bien oblig de
189. lais taient en effet explicitement conditionn s la mise en place de politiques conomiques visant d gager les entr es en devises n cessaires au paiement de la dette On peut analyser les plans d ajustement structurel de cette mani re toutes leurs mesures sont tourn es vers la maximisation du flux net de devises Peu peu cet objectif financier a t lev au rang de mod le universel non pas de paiement de la dette mais de croissance Or l exp rience montre que l ajustement ainsi d fini s oppose largement aux exigences d un authentique d veloppement Dix ans apr s la Banque Mondiale est en effet incapable d exhiber un bilan positif L une des tudes les plus syst matiques Khan 1990 conclut un impact limit et encore ses r sultats ne peuvent tre reproduits par des chercheurs ind pendants Une tude men e sur 24 pays africains conduit des conclusions tr s n gatives il faut attendre trop longtemps pour enregistrer des r sultats le secteur priv local est introuvable et les structures institutionnelles font d faut Il s agit l d une critique interne tr s forte qui vaut aussi pour les pays de l Est tous les programmes reposent en effet sur le postulat implicite selon lequel il existe une initiative priv e potentielle mais brid e qui va instantan ment remplir les espaces offerts par le retrait de l Etat et les privatisations Il y a l une incompr hension tr s profonde des racines socia
190. lariat dispens d un certain nombre de charges sociales bref un tiers statut entre salari et ch meur plut t qu un v ritable tiers secteur Enfin malgr le label r volution du temps choisi 1l n est pas possible d analyser la mont e du temps partiel comme le levier qui va r volutionner le rapport au temps de travail Ce processus est en effet parfaitement discrimin par sexe et cela devrait suffire refuser le terme m me de choix A partir du moment o la majorit des embauches de femmes se fait sur contrat dur e d termin e et ou temps partiel il s agit de tout autre chose qu une modulation positive du temps de travail Sur ces trois points dur e du travail revenu garanti tiers secteur la soci t que le capitalisme met en place va l encontre d une transformation sociale porteuse de progr s car elle repose sur trois piliers tr s diff rents l in galit croissante fonctionnelle la reproduction du capital c est la consommation des riches qui assure le dynamisme du syst me l exclusion qui rejette tout ce qui ne vient pas s inscrire harmonieusement dans ces sch mas enfin ce que l on pourrait appeler endiguement containment en anglais c est dire l ensemble des dispositifs assurant le contr le des fronti res au sens large du terme qui s parent gagnants et perdants Rien d tonnant ce que cette dynamique n aille pas dans le sens du d p risseme
191. le ratio investissement PIB ne montre une semblable tendance la hausse S1 l on table ainsi sur une aust rit budg taire affirm e et sur une mod ration salariale persistante on peut en fin de compte se demander d o viendra la demande l Europe peut elle compter sur la demande ext rieure comme moteur principal de la reprise Ne faut il pas se poser la question d un autre partage des gains de productivit plus favorable l emploi ou plut t d un retour la norme d une part salariale constante Sinon comme l indiquait l OFCE d s juillet 1994 le risque est ici que la reprise soutenue initialement par les remises niveau n cessaires de l appareil productif ne d bouche pas sur une croissance durable faute d une expansion continue de la consommation La croissance des ann es 1994 et 1995 pourrait alors pouser uniquement le mouvement du cycle de l investissement et retomber rapidement OFCE 1994 Et compte tenu des donn es que l on vient d voquer rapidement il est possible d tendre au niveau europ en la question que l OFCE avance 80 pour la France La question du partage entre salaires et profits devrait toutefois venir rapidement sur le devant de la sc ne Les m canismes de march peuvent en effet s av rer insuffisants pour rapprocher les volutions des r mun rations r elles de celles de la productivit du travail ce qui serait certainement souhaitable moyen terme
192. les de l efficacit conomique c est le produit d une vision technocratique et id alis e du capitalisme qui est le moule commun de formation des ajusteurs travers le monde Les choses se passent autrement Ainsi en Afrique l ajustement passe par une r duction de la masse salariale publique du nombre de fonctionnaires l limination des entreprises publiques non rentables la chasse aux subventions Or m me si l on admet que le poids excessif de l Etat est un facteur important du mal d veloppement ces programmes la hache ne sont pas la bonne mani re de proc der Les experts m connaissent totalement la fonction de revenu primaire des salaires des fonctionnaires qui irriguent l ensemble de l conomie travers des relations sociales de type communautaire En r duisant leur niveau on reste la surface des choses L am lioration du solde budg taire se paie d un v ritable d mant lement de ces r seaux de solidarit qui faisaient tenir la soci t et ouvre le champ la r volte de ces fonctionnaires un peu particuliers que sont les gendarmes et les militaires En appliquant aveugl ment les recettes des manuels les missionnaires de la Banque Mondiale jouent avec le feu Ce sont finalement deux conomistes de la Banque Mondiale qui ont nonc de la mani re la plus synth tique les effets sociaux des programmes d ajustement Ceux ci crivent ils n ont pas eu visage humain gt Les pauvres ont
193. les performances du capitalisme contemporain Il s agit de comprendre pourquoi il est incapable de renouer avec le fonctionnement harmonieux de l Age d or des ann es d expansion et pourquoi au contraire son mode de r gulation actuel se rapproche de celui qui pr valait des p riodes ant rieures de son histoire Le capitalisme n est plus un syst me conqu rant s tendant inexorablement p n trant tous les secteurs des soci t s et toutes les r gions de la plan te Il ne peut plus fonctionner qu en se recentrant sur un noyau dur performant conforme ses crit res et ses normes et en mettant l cart tout en maintenant son contr le dessus les domaines qu il ne r ussit plus plier ses exigences En ce sens on peut parler de mis re du capitalisme parce qu il a perdu la l gitimit qu il avait pu tirer en apparaissant comme un facteur de progr s universel Aujourd hui son triomphe repose sur le d ni de progr s l gard de larges secteurs sociaux qui s accompagne souvent de la mont e de formes nouvelles de mis re au sens le plus prosa que du terme Que ce syst me ait perdu de son dynamisme n implique en rien un quelconque d passement qu une interpr tation t l ologique du marxisme a toujours tendu pr senter comme in luctable Son mode actuel de fonctionnement tend modeler les rapports sociaux et politiques dans le sens d un creusement syst matique des in
194. lifi de ce type de probl matique Soit deux biens A et B auxquels sont associ s des gains de productivit potentiels respectifs de 12 et 3 par an Si la structure sociale de consommation est de 2 3 de A et 1 3 de B alors la productivit moyenne est de 9 Elle n est que de 6 si les proportions sont invers es 1 3 de A et 2 3 de B Si la r partition des besoins sociaux solvables est compatible avec la premi re structure l conomie peut toutes choses gales par ailleurs cro tre un taux sup rieur le taux de croissance est en ce sens d termin par la structure des besoins sociaux Le crit re de choix capitaliste va spontan ment tendre la r alisation de ce taux de croissance et il y aura une correspondance forte entre les exigences de rentabilisation et la structure des biens sociaux Les choses se passent tout autrement si les besoins voluent vers le second type de distribution Cette volution tend toutes choses gales par ailleurs baisser le taux de croissance compatible avec le maintien du taux de profit Les crit res d efficacit capitaliste vont conduire une structure de l accumulation d favorable la production de B et tendront au contraire privil gier la croissance de A ou d un nouveau produit A aux propri t s analogues Dans ce cas 1l y a conflit entre les principes de l efficacit capitaliste et la satisfaction optimale des besoins sociaux Ce conflit peut se r soudre de
195. lisation et la construction d institutions supranationales est particuli rement marqu dans le seul p le de la Triade qui ne soit pas structur autour d un Etat Nation savoir l Europe o ce retard est l un des l ments permettant de comprendre les contradictions du projet maastrichtien Husson 1993 Les vicissitudes du GATT peuvent elles aussi s interpr ter l image de ce d calage entre le r seau transversal des changes et l existence de logiques nationales ou r gionales Ce d calage entre le territoire du capital et ses institutions est en partie combl par le r le croissant jou par des institutions comme le FMI la Banque mondiale ou la nouvelle Organisation Mondiale du Commerce D autres structures sont moins formalis es comme les sommets du G7 ou les r unions exceptionnelles visant faire face une situation de crise La mani re dont a t g r le krach d octobre 1987 puis dans un autre registre la guerre du Golfe montre que si l on ne peut parler d ultra imp rialisme il existe un minimum de coordination m me si celle ci ne remplit videmment pas l int gralit des fonctions traditionnelles de l Etat Au del de toutes ses implications directes la mondialisation ne saurait rendre caduques l int gralit des fonctions de l Etat Ce serait limiter son intervention ses relations avec les entreprises nationales L Etat doit videmment faire plus que cela il s agit de reproduire ce que
196. listes perdent de leur sens et que le capitalisme ne peut plus contraindre l ensemble de la soci t fonctionner selon des crit res devenus triqu s parce qu il ne couvrent plus l ensemble des nouveaux probl mes pos s la technique conomique Pour la gratuit La perte de substance du crit re d conomie de temps de travail conduit cette autre id e Il faut prendre en tenailles la logique salariale marchande de l int rieur par la transformation du travail de l ext rieur par l extension d un revenu garanti servi en nature sous forme d une extension de la gratuit Il s agit l d une forme quitable de r partition des richesses produites et on pourrait aller jusqu dire que gratuit et quit sont deux concepts indissociables Une soci t socialiste devrait tendre imm diatement la dissolution des rapports marchands et prendre l initiative d tendre laire des services rendus gratuitement par la soci t ses membres en mati re de sant d ducation de garde des enfants de transports de loisirs etc Une grande partie de ces secteurs sont d ailleurs d j socialis s plut t que de faire machine arri re il faut g n raliser et placer sous contr le social ces proc dures L extension de la gratuit est par ailleurs coh rente avec la r duction massive du temps de travail la r cup ration du temps pour soi librement affect est encore la mani re la plus efficace de restreindre la sph
197. llar ont constamment exerc leur pression sur les monnaies europ ennes selon une m canique imparable le recul du dollar conduit une hausse du mark qui menace imm diatement le franc et freine la baisse des taux d int r t en Europe On aurait tort de rendre les sp culateurs responsables de cette crise ou en tout cas de consid rer la sp culation comme un ph nom ne parasite venant perturber la construction mon taire D abord parce que la d r glementation financi re et la libert illimit e de d placement des capitaux est l un 70 des principes fondamentaux de l unification europ enne n olib rale La pression exerc e par une masse croissante de capitaux extr mement volatils est th oriquement cens e garantir la rigueur mon taire et financi re et permettre une allocation optimale des ressources En r alit elle d bouche sur un court termisme chaotique Tout le monde sait videmment qu on est all trop loin et que le syst me est assez largement hors de contr le mais les surench res lib rales ont conduit supprimer syst matiquement tous les garde fous Il fallait y penser avant De toute fa on il n y a pas d un c t les maastrichtiens raisonnables et de l autre les sp culateurs irresponsables ce sont d une certaine fa on les m mes La sp culation est le fait de filiales financi res de grands groupes d investisseurs institutionnels etc qui ob issent une certaine rati
198. lle dont on ne voit pas pourquoi elle serait condamn e l inefficacit Une Banque Nationale d investissement des banques r gionales auraient ainsi pour fonction de distribuer le cr dit en fonction de la conformit des projets avec les objectifs du plan au niveau national ou r gional 106 Les conditions de l efficacit Comment dans un tel cadre g rer correctement les unit s de production et viter l orni re des pays de l Est Cette question est en r alit double Du c t de la technique la question est de savoir si l on disposera de prix permettant d appr cier l efficacit conomique de telle ou telle d pense La r ponse encore une fois ne peut qu tre positive la soci t planifi e se doit d tre rationnelle et donc d utiliser au mieux les ressources dont elle dispose En ce sens comptable les prix sont irrempla ables sauf postuler l abondance le prix d un bien repr sente la fraction de travail social qui a servi sa production Cette fonction peut d ailleurs tre relativement d connect e de lacte marchand on peut tenir des comptabilit s analytiques internes sans qu il y ait vraiment achat vente entre les tablissements d un m me groupe On peut y compris imaginer d affecter un prix qui pourrait ventuellement tendre vers linfini l usage de ressources naturelles m me si celles ci ne sont pas vendues L autre volet de la question de l efficacit d une conomie
199. logique fondamentale a toujours t la d r glementation au niveau europ en On ne peut en m me temps soutenir l offensive contre les r glementations sociales qui est au coeur de Maastricht sous pr texte de lui ajouter un suppl ment d me social Prenons l exemple de la r duction de la dur e du travail le probl me est trait par une directive qui limite 48 heures la dur e hebdomadaire du travail en m me temps qu est fortement r affirm le refus de principe d une r duction g n ralis e Cette situation d bouche sur ce que l on pourrait appeler le paradoxe europ en si l on vise moyen terme une soci t plus juste l chelle europ enne le pays qui inaugure ce chemin devra dans un premier temps se couper de l Europe telle qu elle est moins encore une fois d attendre mais jusqu quand que l Europe soit achev e pour envisager de la transformer Face ce paradoxe le mouvement social doit se positionner sur deux fronts pour l extension des revendications contre la menace du repli national Cela passe par une r flexion sur la notion de protection Chaque fois que l on d bat du libre change et du protectionnisme il faut en effet prendre soin d introduire une r serve quant au terme de protectionnisme d favorablement connot tre protectionniste c est forc ment tre mesquin ferm r trograde nationaliste tandis que le libre change serait synonyme d ouvertu
200. m me temps de la cr ation de complexes r seaux d alliances qui instituent des relations de coop ration visant notamment la mise en commun des normes ressources n cessaires la recherche de nouvelles technologies Entre les grands groupes les effets de concurrence et les relations de coop ration s entrecroisent au niveau mondial et l on peut avec Petrella parler de r ticulation oligopolistique Cette combinaison sp cifique ne laisse aux Etats qu un r le de plus en plus subordonn ils se voient charg s de couvrir le co t des infrastructures recherche fondamentale universit s transferts technologiques de mettre en place des incitations fiscales de garantir des d bouch s suffisants march s publics enfin d apporter un soutien aux entreprises nationales au niveau commercial ou r glementaire La densification des liens entre groupes se traduit par un r tr cissement de fait des march s concurrentiels Cette transformation du rapport Etat entreprises fait que les Etats tendent remplir leur propre r le social en d l guant de facto aux entreprises la t che de garantir le d veloppement socio conomique du pays l entreprise privatise ce r le social la comp tition conomique devient une confrontation entre Etats alli s avec des entreprises dont les r seaux d action et d alliances sont de plus en plus mondialis s Un tel renversement admet un effet pervers important dans la me
201. mbre de besoins et donc ne pas cr er les emplois correspondants plut t que d avoir le faire dans des conditions de rentabilit qui n atteignent pas les normes courantes On pr f re refuser une frange sociale de plus en plus tendue le droit l emploi faute de lieux propices l accumulation du capital Cette approche s inscrit de mani re coh rente dans le cadre th orique que nous venons de d finir grands traits Le m canisme essentiel est nos yeux la divergence croissante qui s installe entre la structure de la demande sociale et les exigences de rentabilit De ce point de vue on peut dire que la parenth se fordiste se referme et que le capitalisme retourne sa normalit historique qui consiste limiter au maximum la diffusion des gains de productivit que ce soit sous forme de hausses de salaires ou de baisse du temps de travail La mont e des in galit s est d s lors une pi ce ma tresse de ce sch ma puisque c est la condition permettant d assurer une croissance des d bouch s non salariaux La crise est donc une crise structurelle extr mement profonde qui exprime une perte progressive de l gitimit des crit res d efficacit capitalistes Compte tenu des possibilit s ouvertes par les niveaux de productivit d ores et d j atteints le calcul conomique prenant en consid ration les seuls crit res de rentabilit conduit aujourd hui une situation sous optimale L crasan
202. me Ce dernier en un sens a trop bien r ussi et c est pr cis ment la formule de Marx S il r ussit trop bien cr er du temps de travail disponible il souffrira de surproduction et le travail n cessaire sera interrompu parce que le capital ne peut plus mettre en valeur aucun surtravail Plus cette contradiction se d veloppe plus il se r v le que la croissance des forces productives ne saurait tre frein e davantage par l appropriation du surtravail d autrui Marx II Ce sont donc la forme et la direction impos es au d veloppement des forces productives par les rapports sociaux capitalistes qui emp chent toutes les potentialit s des mutations technologiques de se traduire en progr s sociaux pour l ensemble de l humanit et qui en font au contraire autant de leviers pour un vaste mouvement de r gression Ce ph nom ne est aujourd hui per u de mani re intuitive par une fraction croissante de la population tant est b ant le foss qui se creuse entre l ultra sophistication des techniques et la d gradation des conditions de vie pour la majorit On peut aller sur la lune mais on n arrive plus loger tout le monde Il y a donc quelque chose qui ne tourne pas rond Jamais sans doute dans toute son histoire le capitalisme ne s est autant qu aujourd hui montr incapable de mettre le potentiel conomique au service de la satisfaction des besoins sociaux Jamais non plus la crise n a remis en ca
203. me et l interventionnisme de l Etat Syst me qui a peut tre donn d excellents r sultats dans le pass mais qui fait aujourd hui de l emploi sa principale victime Il y a l un d but d interpr tation que l on pourrait s amuser transcrire en termes marxistes pour montrer que le ch mage est effectivement le produit d un syst me fond sur l appropriation priv e des moyens de production qui entre forc ment en contradiction avec les arrangements visant mettre en place un semblant de r gulation sociale Mais cela n implique pas pour autant que le plein emploi soit devenu en tant que tel une vieille lune C est certainement quelque chose que le capitalisme contemporain ne r ussit plus garantir cela n en fait pas forc ment une antiquit La d monstration n est pas probante Emploi et activit la dissociation du travail L tape suivante du raisonnement consiste d placer le probl me et y substituer une nouvelle affirmation si le plein emploi est hors d atteinte c est parce que la logique du travail salari est aujourd hui d pass e Il y a l un point absolument essentiel que l on retrouve par exemple dans le texte d j cit du CJD qui invite l entreprise et la soci t dans son ensemble s interroger d abord sur le sens du travail dans la vie des hommes repenser le rapport de l homme au travail et la vision que chacun se donne de sa place dans la soci
204. mi re est le taux de marge qui rapporte le profit la valeur ajout e et qui peut tre consid r comme une approximation du concept marxiste de taux de plus value Le second l ment est l efficacit du capital autrement dit le rapport produit capital en volume Il renvoie indirectement la notion de composition du capital mais pourrait tre plut t interpr t un indicateur de rendement de l accumulation Une baisse de l efficacit du capital signifie qu il faut pour obtenir un m me gain de productivit un accroissement toujours plus rapide du capital par t te C est ce qui se produit de mani re permanente durant le premi re onde longue l exception de l imm diat apr s guerre et l on peut donc parler de tendance l alourdissement de la composition organique Mais celle ci est largement compens e durant la Belle Epoque par une augmentation tr s marqu e du taux de marge qui correspond elle m me une progression du salaire r el largement inf rieure celle de la productivit Au bout d un certain temps cette tendance finit par s inverser d abord parce que le salaire r el se met augmenter un peu plus et ensuite parce que la productivit se ralentit Le retournement du taux de plus value vient alors s ajouter aux effets de la perte d efficacit du capital et finit par entra ner une forte d gradation du taux de profit qui s accompagne d un net recul de la production Ce sch ma est compatible
205. mier bilan du point de vue des effets sur l investissement Le constat est facile tablir le r tablissement du taux de marge des entreprises n a pas conduit un redressement de leur taux d investissement Ce dernier se situait au d but des ann es soixante dix un niveau historiquement lev de 22 Avec l entr e en crise 1l a r guli rement baiss pour atteindre un point bas de 17 en 1983 84 Mais dans la seconde moiti des ann es quatre vingt s est alors ouverte une phase qui semblait donner pleinement raison l analyse lib rale le taux d investissement se redressait en m me temps que le taux de marge jusqu atteindre 19 en 1990 Le d but des ann es quatre vingt dix repr sente alors un tournant important car il est venu trancher un d bat central de politique conomique portant sur la nature de cette reprise S agissait il conform ment aux th ses n olib rales du retour une croissance soutenue ou au contraire d un ph nom ne conjoncturel La suite des v nements est venu montrer que l on assistait en r alit un retour en force du cycle Les derni res ann es se caract risent alors par une configuration particuli re d un c t la r cession entra ne une baisse brutale du taux d investissement qui ne repr sente plus en 1994 que 16 de la valeur ajout e des entreprises de l autre le taux de marge r siste au recul de l activit Bref le r tablissement d
206. mique et politique sur les grands choix Samary 1988 Alors qu on r duit souvent la distinction entre capitalisme et socialisme une opposition entre march et plan le bin me pertinent serait plut t appropriation priv e d un c t d mocratie sociale de l autre C est la grande le on de l exp rience stalinienne la planification sans d mocratie sociale d bouche sur la bureaucratisation et l inefficacit Ce qui s est pass l Est montre que la fonction d allocation du surplus qui avait t retir e aux capitalistes priv s tait en r alit exerc e par une mince couche sociale auto proclam e organe d expression des besoins sociaux Des sociologues hongrois ont d ailleurs parl de dictature sur les besoins Feh r et alii 1983 On avait certes 105 supprim le march des investissements mais sans le remplacer par quoi que ce soit d autre Le garde fou essentiel du capitalisme selon lequel il faut vendre ce que l on produit avait t retir rendant possible une d rive de plus en plus incontr l e Le probl me de l efficacit d une conomie socialiste n est donc pas technico conomique mais minemment et directement politique Les priorit s que se donne la soci t y sont d termin es de mani re extra conomique et s imposent comme objectifs aux lois de la technique conomique alors qu au contraire les fins sociales du capitalisme n apparaissent qu apr s coup comme sous
207. miste du Livre blanc 2 d emplois par an on obtient 144 millions d emplois en l an 2000 soit environ 15 millions de plus qu aujourd hui et le taux de ch mage baisse tr s significativement un niveau de 5 de la population active Il faut cependant interroger cet optimisme du Livre blanc qui parle constamment de croissance plus riche en emplois La difficult majeure est bien de cr er 2 d emplois avec 3 de croissance ce qui correspond un ralentissement de la productivit par t te 81 Un tel sc nario soul ve immanquablement l objection de la comp titivit comment concilier une moindre croissance de la productivit et une am lioration de la comp titivit Le Livre blanc met lui m me le doigt sur cette difficult quand il crit le revenu tir des gains de productivit dans la production des biens ne sera pas suffisamment lev pour financer la cr ation d emplois dans le reste de l conomie Tout nouveau gain devra d sormais r sulter d une meilleure productivit dans le secteur des services lui m me C est une premi re contradiction Une autre surgit si on se rappelle que le Livre blanc pr conise une progression du salaire r el inf rieure d un point celle de la productivit Dans la mesure o la productivit n augmenterait que de 1 cette r gle revient dire que le salaire r el ne doit pas augmenter Une telle configuration qui suppose une croissance de l
208. mmation c est aussi le mode de consommation que la production cr e objectivement et subjectivement La production cr e donc le consommateur Marx II L id e d allocation des ressources pour reprendre une formule typiquement n oclassique est galement pr sente lorsque Marx introduit la notion de besoin social en relation avec la valeur d usage Le besoin social c est dire la valeur d usage l chelle sociale est ici d terminante pour fixer les quotas de la totalit du temps de travail social revenant aux diff rentes sph res de production particuli res Marx III Cependant cette prise en compte de l ad quation n cessaire entre besoin social et affectation des ressources ne se d gage pas suffisamment d une r f rence l quilibre Ainsi le dernier passage cit se situe pleinement dans une probl matique de variation des prix de march autour des prix de production une d pense de travail non conforme la r partition des besoins sociaux se traduit par un cart du prix par rapport au prix de production Mais cet cart a ici le statut d une fluctuation de court terme d un ajustement de l offre la demande Cette th matique de l ad quation entre offre et demande sociale n a pas t crois e avec l analyse de la dynamique capitaliste 29 autrement dit la n cessit de garantir cette ad quation travers les modalit s de l accumulation du capital et les
209. mpris financiers et surtout un imp t fortement modul sur la consommation Dans la mesure o les revenus financiers sont mis contribution et o l on module le suppl ment de TVA les salari s ne sont pas les seuls payer Mais ils paient quand m me la plus grosse part de telle sorte que le deuxi me ch que est pour l essentiel un virement qu ils se font eux m mes et que la r partition des richesses n est modifi e qu la marge On pourrait montrer sur d autres exemples que de mani re g n rale les propositions visant l institution d un revenu garanti renvoient toujours ce probl me de l articulation de la sph re du travail salari et de celle de l activit Et cette articulation est r gl e principalement par le mode de fonctionnement interne de la sph re h t ronome ce qui constitue un renversement d cisif par rapport au projet gorzien initial C est finalement dans la clause nonc e par Gorz et Robin selon laquelle il ne faut pas mayjorer les co ts de revient des entreprises que r side le centre de gravit du d bat sur la valeur travail m me si le lien n est pas au d part vident Une telle norme signifie en effet qu on abandonne la logique capitaliste marchande et son mode de calcul conomique le coeur de l appareil productif en expulsant aux marges les fameuses espaces d autonomie Ce point absolument d cisif est pourtant souvent abord avec une insouten
210. n l imagerie anti tatique d lib r ment diffus e Sur ce d rapage initial vient se greffer l inexorable mont e des int r ts de la dette de l Etat qui passent de 1 7 2 7 du PIB entre 1987 et 1994 Simultan ment la dette explose en raison d un effet de boule de neige que les pays du Tiers Monde ont appris conna tre dans le pass et qui consiste s endetter pour payer des int r ts qui sont ainsi aliment s par cette dette suppl mentaire La politique du franc fort vient par ailleurs acc l rer le m canisme en portant les taux d int r t des niveaux extr mement lev s Le processus de socialisation rampante Vincent 1992 qui avait vertueusement accompagn l expansion de l Age d or n a donc pas t significativement infl chi par l entr e dans la phase de l Aust rit La croissance des pr l vements obligatoires ne correspond pas une corruption bureaucratique de l conomie de march mais la mont e d aspirations populaires et l gitimes tenant la s curit sociale au sens large et la mise disposition de services publics Ce dispositif 79 ne convient plus aux exigences du capital aujourd hui mais sa vitesse de d mant lement est tr s faible et s inscrit dans les statistiques du d ficit budg taire Tout cela revient dire que pour financer les budgets on pr f re emprunter aupr s des riches plut t que de leur faire payer l imp t C est un
211. n 48 janvier Maurin E et Parent M C 1993 Productivit et co t du travail par qualification 18 me Journ e des Centrales de Bilan Mazier J Basl et Vidal J F 1993 Quand les crises durent Economica M da D 1995a Le travail Une valeur en voie de disparition Aubier M da D 1995b Le travail travers le temps travers les textes annexe au rapport Boissonnat Le travail dans vingt ans Ed Odile Jacob Michalet C A 1992 Globalisation et comp titivit S minaire les nouvelles armes du d fi industriel Mai 130 Mihoubi F 1994 L impact du co t des facteurs sur la substitution capital travail Document d tudes DARES n 3 Minist re du Travail novembre Minc A 1982 L apr s crise est commenc e Gallimard Minc A 1994 La France de l an 2000 Ed Odile Jacob OFCE 1994 Perspectives de l conomie fran aise en 1994 et 1995 Lettre de POFCE n 129 7 juillet Okishio N 1961 Technical Changes and the Rate of Profit Kobe University Economic Review vol 7 Oudiz G et alii 1979 R duire la dur e du travail quelles cons quences Economie et statistique n 111 mai PCF 971 Le capitalisme monopoliste d tat Trait marxiste d conomie politique Editions sociales Petrella R 1989 La mondialisation de la technologie et de l conomie Futuribles n 135 septembre Porter M 1990
212. n actuelle o la faiblesse de la demande joue un r le central que personne ne conteste elle semble pouvoir viter les inconv nients d une relance isol e en se situant d embl e au niveau d une Union int gr e relativement peu ouverte au commerce ext rieur La premi re raison pour laquelle cette voie est en r alit bouch e est que les conditions de mise en oeuvre d une telle politique ne sont pas r unies elle implique un degr de concertation et de l gitimit des instances supranationales bien sup rieur ce qui existe aujourd hui Pour que la relance r ussisse il faudrait que tous les pays acceptent de d marrer en m me temps de mani re coop rative Faute de quoi c est le pays qui relancerait le premier qui aurait perdu puisque ses voisins b n ficieraient travers le commerce intra europ en de cet effort initial Une telle situation rel ve de la th orie des jeux qui est souvent un moyen compliqu pour d crire des choses assez simples et ne remet pas en cause la d sirabilit abstraite d une telle relance toutes les simulations montrent que son effet serait positif m me du point de vue troit des seuls crit res retenus par Maastricht Mais ce qui manque finalement c est l acceptation des r gles et la reconnaissance commune de l arbitre On pourrait videmment contourner cet obstacle si la Communaut disposait 77 d un budget suffisamment important pour qu elle puisse mener en ta
213. n technologique sans partage une politique industrielle de remont e des fili res n est plus la port e des pays dits mergents M me les succ s enregistr s en ce domaine par la Cor e du Sud ne sont pas d finitivement acquis dans la mesure o la progression des salaires cor ens obtenus au prix de luttes ouvri res tr s dures commence provoquer des ph nom nes de mise en concurrence avec d autres pays voisins Cet exemple est une bonne illustration du d veloppement in gal et combin qui caract rise l conomie mondiale aujourd hui La strat gie des grandes firmes multinationales r ussit dans une large mesure combiner des niveaux de productivit lev s avec des mains d oeuvre bas salaires et le maintien du contr le technologique L conomie mondiale appara t comme un gisement quasi infini de force de travail bas prix les capitaux volettent ici et l et viennent se poser un endroit qui leur semble attractif ils d cident de s installer ou au contraire d aller chercher fortune un peu plus loin Mais leur vocation n est pas de couvrir l ensemble du champ ni d y transplanter l int gralit des technologies pour des raisons d chelle de production mais aussi de volont de contr le Du coup les perspectives de d localisations ne sont pas extensibles l infini et le cas mexicain fournit sur ce point aussi une le on de choses particuli rement claire si le mod le n olib ral a capot comm
214. nant puisqu elle combine le ch mage et l exc dent Cette caract ristique avait d ailleurs t en partie l origine de la sp culation contre le franc en juillet 1993 et montre que le mode d obtention de l exc dent commercial n est pas favorable l emploi Co t du travail et emploi Le discours dominant persiste cependant consid rer que le co t du travail est encore trop lev et qu une baisse suppl mentaire permettrait de cr er des emplois L effet attendu est celui d un choix de combinaison productive capital travail plus favorable l emploi si le co t relatif du travail baisse L accord semble se r aliser dor navant pour dire que le salaire direct se situe un niveau convenable mais que les charges sociales sont excessives Cette position pose alors deux types de question sur quels m canismes peut on compter pour dire qu une baisse du co t du travail est cr atrice d emplois Et surtout quel est l ordre de grandeur en attendre Le premier point est tr s controvers parce qu il est difficile dans le cas fran ais d exhiber une quation conom trique tablissant de mani re rigoureuse l existence d une forte sensibilit de l emploi au salaire Husson 1994b et 1995 a Les effets de substitution entre travail qualifi et travail non qualifi sont clairement mis en lumi re Maurin et Parent 1993 Mihoubi 1994 mais il n en va pas de m me de la substitution capital
215. nant une exp rience sociale de prendre des mesures de d connexion par rapport aux pressions du march mondial en opposition aux r gles constitutives de POMC et aux orientations des institutions europ ennes le soutien accord par avance de telles exp riences de mani re tendre et r percuter les acquis ventuels c est par exemple ce qui aurait du tre fait partir des luttes men es en Allemagne dans la premi re moiti des ann es quatre vingt sur la r duction du temps de travail Vers une alternative concr te La parenth se de l onde longue expansive de l apr s guerre est referm e Les possibilit s de revenir ce qui appara t aujourd hui comme un ge d or ont disparu et le capitalisme est d une certaine mani re retourn son mode de fonctionnement naturel caract ris par les in galit s l anarchie l ins curit sociale les guerres la faim et le d sint r t l gard de l environnement Mais ce retour en arri re se fait partir d acquis sociaux et de potentialit s technologiques qualitativement diff rentes par rapport toutes les poques ant rieures Aujourd hui il serait possible d assurer chacun des conditions d existence correctes et c est pourquoi la stabilisation du capitalisme sur la base de son fonctionnement actuel est impossible Dans ce contexte il n est pas absurde d envisager terme la reprise d un mouvement social qui pourrait
216. ne faible proportion de sa production ou de ses ventes en Suisse m me Pour citer encore une fois Reich Les firmes am ricaines sont d sormais comme les produits am ricains d connect es des Etats Unis Cette d connexion s tend assez logiquement cet autre attribut constitutif de l Etat qu est la monnaie Le probl me de la gestion de la contrainte mon taire se pose dor navant l Etat en des termes totalement nouveaux Jusqu ici la valeur de la monnaie pouvait se r gler en agissant sur la balance commerciale En restreignant la demande int rieure on am liorait la balance des paiements et on d tendait ainsi les pressions qu un d ficit commercial faisait peser sur le taux de change Aujourd hui dans la mesure o une proportion importante des changes ext rieurs d un pays donn sont en r alit des changes int rieurs aux grandes firmes l effet r sultant sur les soldes commerciaux et financiers d pend en fin de compte de consid rations de strat gies priv es Les fronti res de l Etat deviennent floues on ne sait plus par exemple comment interpr ter une balance des paiements et un divorce croissant peut appara tre entre la sant des entreprises et la dynamique conomique d un pays donn De mani re g n rale la coordination des unit s de production l extension du march les courants d approvisionnement des principales entreprises ne co ncident plus avec leur base nationale Et si l on p
217. ngue ainsi la sph re productive et la sph re financi re on s inqui te du gonflement non ma tris de la bulle financi re on d nonce l argent roi ou l argent fou on propose m me des crit res plus sains pour la gestion du capital Ce discours peut aller plus loin jusqu sugg rer une th orie de la crise o le gonflement de la sph re financi re et la mont e des taux d int r t seraient sinon sa cause ultime en tout cas l obstacle principal une v ritable sortie Une nouvelle euthanasie des rentiers permettrait elle seule en faisant cesser cette ponction parasite du financier sur le r el de renouer avec une logique de croissance soutenue On a vu certains dirigeants internationaux tenir un discours unanime et en partie seulement suivi d effet quant au niveau trop lev des taux d int r ts qui repr senterait le principal obstacle la reprise et alimenterait l instabilit mon taire internationale L un des effets majeurs de la mont e des taux d int r t est en effet de peser sur les d ficits budg taires en Europe et d alimenter une croissance des dettes publiques mais celle ci n est apr s tout que la contrepartie de la d taxation des revenus financiers Un tel point de vue demeure la surface des choses et lorsqu il s agit d analyses se r clamant du marxisme constitue de surcro t un oubli pur et simple de toute th orie de la valeur L int r t n est qu une des formes de la plus value et le
218. ns industriels Cette diff renciation se retrouve forc ment du c t de l emploi le secteur non industriel cr e 1 500 000 postes de travail sur cette m me p riode tandis que le secteur industriel en d truit 700 000 Les consommations interm diaires sont laiss es de c t de ce bilan mais leur emploi varie relativement peu 185 000 emplois de telle sorte que le chass crois entre l industrie et le reste est du point de vue des effectifs employ s l une des tendances dominantes de la derni re d cennie Tableau 2 Demande et productivit 1980 1990 TCAM INDUSTRIE Demande milliards F80 2276 2938 2 6 Emploi milliers 5903 5206 1 2 Productivit par t te milliers 386 564 3 9 F80 36 HORS INDUSTRIE Demande milliards F80 1111 1493 3 0 Emploi milliers 6768 8281 2 0 Productivit par t te milliers 164 180 0 9 F80 TCAM Taux de croissance annuel moyen Source INSEE Comptes de la Nation 1994 Une telle pr sentation soul ve classiquement le probl me du partage volume prix et donc de la d finition m me de la productivit notamment dans les services Le mode de consommation concret renvoie plut t des volumes combien d automobiles de coupes de cheveux par an etc et donc des valeurs d usage on n ach te pas pour 10000 francs d ordinateur individuel on choisit ou pas d effectuer un tel achat en tenant compte du prix et des gammes offertes Mais il est
219. nsion doit donc tre pr sent dans toute revendication mais cela restera un voeu pieux si le mouvement ouvrier ne trouve pas des formes ad quates d organisation La CES Conf d ration Europ enne Syndicale donne de ce point de vue l exemple de ce qui ne doit pas tre fait Dans la dialectique mobilisation n gociation le premier terme dispara t dans les antichambres bruxellois C est lui qu il faut r introduire en d veloppant et en inventant des formes d organisation Dans le d sordre comit s de groupes coordination de branches et f d rations syndicales coordinations r gionales organisation de travailleurs frontaliers pratiques l mentaires de rencontres et de mobilisations communes La journ e de gr ve et d action europ enne organis e dans les transports le 27 octobre 1992 montre que c est possible et que cette forme d action syndicale correspond un besoin objectif C est sans doute la lutte contre le ch mage qui peut fournir le creuset d une convergence internationale des mobilisations et des projets alternatifs Pour marquer cette volont d extension on pourrait imaginer une charte du mouvement ouvrier europ en affirmant quelques principes de r f rence par exemple le refus de tout protectionnisme cach vis vis des pays de l Est et du Sud et l affirmation de clauses sociales au sens strict respect des droits l mentaires sous contr le syndical l affirmation du droit tout pays me
220. nt de l conomie marchande puisqu elle vise au contraire assurer envers et contre tout sa domination sur l ensemble des relations sociales Le capitalisme antichambre du socialisme Le capitalisme n est pas une pure conomie de march dans la mesure o 1l introduit de gr ou de force de nombreux l ments de programmation voire de planification ainsi qu une logique de service public non marchande Zarifian insiste sur ce point allant m me jusqu crire que le capitalisme est un puissant vecteur de d veloppement de la planification Plus pr cis ment le capitalisme a selon lui d velopp deux nouvelles sources essentielles d efficacit l organisation syst matique du travail dans les lieux de production la coordination administr e et le pilotage strat gique de vastes ensembles d unit s op rationnelles services centres de recherche usines r seaux de distribution etc Zarifian 1991 Un constat du m me ordre peut tre dress en ce qui concerne l Etat et Jean Marie Vincent a raison d insister sur le fait que l offensive lib rale n a r ussi qu entamer partiellement la r alit et la l gitimit de son intervention dans la r gulation conomique tout simplement parce qu un retour en arri re total tait impossible dans l tat actuel des rapports de force entre classes cela veut dire que l Etat aujourd hui est l expression sans doute bureaucratique donc tr
221. nt de vue le concept de norme de consommation d velopp par Aglietta 1976 nous semble constituer un enrichissement de la th orie marxiste En poussant plus loin cette analyse on met assez rapidement le doigt sur une id e suppl mentaire qui est l un des points essentiels de la th orie de la r gulation c est que la structure de la consommation r troagit son tour sur les conditions de rentabilit Cette id e force d un cercle vertueux possible est en particulier au fondement de la notion de fordisme et peut s exprimer sous forme d une double correspondance Pour commencer les salari s ach tent ce qu ils produisent Cela peut sembler aller de soi mais 1l faut en fait supposer que le capitalisme domine suffisamment l ensemble de la soci t pour assurer galement les modalit s de reproduction de la force de travail Si par exemple les salari s industriels ont un niveau de vie tr s bas o la part des secteurs pr capitalistes artisanat paysannerie traditionnelle petite propri t fonci re est importante les salaires distribu s tendent sortir du circuit et ne pas se retrouver dans la demande adress e aux entreprises capitalistes Si l une des transformations majeures de ce si cle est la disparition progressive de ce type de situation dans les pays les plus riches elle repr sente aujourd hui un cas de figure tr s r pandu dans les pays du Tiers Monde et qui tend m me s tendre ave
222. nt fixes autrement dit la monnaie unique Mais il faut que soient satisfaits les fameux crit res et cela dans une majorit des pays membres soit huit sur quinze Ces crit res visent marquer le rapprochement des pays en mati re d inflation de taux d int r t et de taux de change Il faut notamment que le d ficit public soit inf rieur 3 du PIB et que la dette publique total n exc de pas 60 du PIB Aujourd hui seuls le Luxembourg et l Allemagne sont peu pr s dans les normes Pour l ensemble de l Europe PIME a m me r cemment d nonc le laxisme des Quinze en moyenne les d ficits public repr sentent 6 du 71 PIB niveau sans pr c dent depuis la cr ation de la Communaut europ enne Le ratio dette PIB a atteint 69 en 1994 Dans ces conditions il para t probable que le calendrier ne sera pas tenu Le projet de monnaie unique n a en effet de sens que s il ne se cantonne pas une fusion limit e un noyau dur regroupant la France l Allemagne et le B n lux Il faudrait en effet imaginer un syst me mon taire europ en organisant les relations entre la nouvelle monnaie unique et les autres monnaies europ ennes ce qui serait parfaitement absurde et marquerait un nouveau recul d une v ritable unification europ enne Les ch ances seront donc repouss es et cet aveu d chec risque de produire des crises politiques s rieuses Pourquoi s obstine t on devant l
223. nt que telle cette relance Ce n est pas le cas et c est d une certaine mani re vouloir mettre la charrue avant les boeufs que de demander l augmentation du budget communautaire pour pouvoir ensuite relancer On se heurte alors un second obstacle qui r side dans la priorit accord e de fait l aust rit budg taire et sur laquelle on reviendra plus bas Mais il faut insister ici pour dire que ces l ments d explication ne suffisent pas enti rement Il y a aujourd hui dans l application du credo n olib ral une part d irrationnel d obstination contre productive qui rel ve d un pur f tichisme financier au del m me de la d fense bien comprise des int r ts des rentiers Une relance serait pourtant le meilleur moyen de r duire les d ficits et de pousser les taux d int r t la baisse mais on s obstine inverser les d terminations et vouloir r tablir l quilibre budg taire et baisser les taux avant d envisager dans une tape ult rieure qui ne semble pas vouloir venir une politique plus dynamique Reste de toute mani re un obstacle encore plus d cisif qui renvoie notre analyse fondamentale de la crise et qui appara t bien quand on examine les diff rents projets en mati re d investissement Le Livre blanc se donne comme objectif central de stimuler l investissement qui devrait passer de 19 du PIB environ 23 ou 24 Les chiffrages du patronat sont tr s voisins puisqu ils
224. ntale pour laquelle la r cession a pu tre retard e r side dans la possibilit pour le capitalisme de repousser et de diluer la manifestation de cette contradiction La premi re fa on d atteindre ce r sultat a t la v ritable croissance cr dit que se sont permis les Etats Unis de Reagan l encontre m me des principes d orthodoxie dont se r clamait cette exp rience Les ann es quatre vingt se caract risent en effet par un creusement spectaculaire du double d ficit US d ficit budg taire l int rieur troitement coupl un d ficit commercial l ext rieur L Am rique reaganienne s est permis une politique conomique qui aurait fait pousser des cris d effroi aux experts du FMI charg s d encadrer les pays endett s du Tiers Monde Le bouclage du mod le a t assur principalement par lafflux de capitaux japonais et accessoirement allemands vers les Etats Unis Mais l obtention d un financement r gulier des d ficits am ricains na pu tre assur e qu un niveau extr mement lev des taux d int r t qui s est videmment g n ralis l ensemble des march s financiers moins de r aliser une d connexion totale l gard du march financier mondial aucun pays ne peut conserver un taux d int r t durablement inf rieur sans se trouver confront un mouvement de fuite des capitaux et de perte de valeur de la monnaie De ce point de vue on sait que la France pr sente un cas d cole puisq
225. nte Bien s r les grandes firmes ont d ploy des tr sors d imagination elles ont jou sur les gammes de mani re favoriser le multi quipement la grosse berline pour monsieur une petite voiture pour madame diff rencier les gammes en maintenant une pression la hausse des prix et des marges par un haut de gamme toujours plus sophistiqu enfin en introduisant de nouveaux produits comme le magn toscope ou l ordinateur individuel Mais tous ces efforts se r v lent insuffisants car ils mettent en oeuvre des masses sans commune mesure avec le poids de l automobile et parce qu ils introduisent une concurrence par la qualit extr mement co teuse en 34 capital renouvellement des mod les duplications des d penses d investissement etc qui p se sur la rentabilit globale On peut illustrer cette proposition partir de donn es concr tes portant sur la situation fran aise Le tableau 1 permet de pr senter l volution de la consommation des m nages partir d une premi re distinction entre fonctions de consommation Les biens traditionnels qui correspondent aux fonctions d alimentation et d habillement occupent une part d croissante de la consommation finale des m nages qui passe de 36 24 entre 1970 et 1994 Le volume du march obtenu ici en d flatant chaque poste de consommation par l indice g n ral des prix cro t donc moins rapidement que l ensemble 1 contre
226. nte de la zone Cette tendance plut t que de diluer le r le de l Etat ne fait que le renforcer autour de la gestion de rapports que l on pourrait qualifier de n o imp rialistes Husson 1995b L imp rialisme am ricain est ainsi en train de restructurer sa domination sur le continent am ricain notamment travers l Alena Accord de Libre Echange entre le Canada les Etats Unis et le Mexique La zone asiatique est la fois la mieux prot g e et int gr e du point de vue des processus productifs Alors que le Japon et la Cor e sont pr sents sur tous les march s mondiaux la p n tration de leur march int rieur est en pratique extr mement difficile L organisation par cercles concentriques des conomies de la r gion et la mani re dont la Chine s inscrit dans le dispositif conf rent l ensemble un dynamisme conomique et commercial que l on ne retrouve pas dans les autres grandes zones capitalistes 53 La mondialisation ne construit donc pas un espace homog ne elle accentue au contraire la polarisation des espaces nationaux autour de ce que Petrella appelle des m ga villes r gions qui dessinent selon lui une nouvelle phase hans atique de l conomie mondiale Cette volution tend limiter la mondialisation ou tout au moins lui donner une allure extr mement in gale Et cette accentuation du fractionnement spatial contribue par en bas peser sur les fonctions traditionnelles de l Etat
227. nth tique Son volution d coule du mode de partage de la valeur ajout e et de l efficacit du capital Son niveau d termine le taux d accumulation du capital et l volution de la productivit qui en d coule et cette derni re r troagit sur les composantes du taux de profit C est enfin une variable synth tique qui mesure la capacit du capital assurer la fois la rentabilit et l ad quation des d bouch s la production Sauf sur la derni re d cennie et c est un constat sur lequel il faudra revenir le taux de profit permet de retrouver le rythme conomique s culaire du capital et pouse de pr s les volutions du taux de croissance de la production graphique 2 II augmente r guli rement durant la Belle Epoque pour ne se retourner vraiment qu partir de 1925 Puis il d cro t r guli rement durant tout l Entre deux guerres La Seconde Guerre Mondiale permet un r tablissement significatif la diff rence de la Premi re qui n avait pas de ce point de vue repr sent une rupture et le taux de profit se maintient ensuite un niveau lev durant tout l Age d or L entr e en crise s accompagne d une chute brutale du taux de profit qui est compens e dans la seconde moiti de la phase n o lib rale partir du milieu des ann es quatre vingt Les deux ondes longues font cependant appara tre d importantes diff rences si l on examine s par ment les composantes du taux de profit La pre
228. ntiellement au moins la croissance de la productivit introduit un degr de libert et d termine la forme d expression de ces contradictions fondamentales les transformations simultan es des conditions de production et des normes de consommation donnent une fluidit qui peut permettre de satisfaire les conditions de reproduction dans la dur e dans un temps qui est celui de l onde longue La m canique statique doit donc se doubler d une dynamique de l incertitude et la th orie de la crise acquiert une dimension suppl mentaire 38 Finalement les conditions de reproduction du capital portent sur trois l ments la production de plus value doit assurer la mise en valeur du capital le revenu distribu doit permettre la r alisation de cette valeur en termes de grandes masses de valeur ces deux conditions classiques 1l faut enfin en ajouter une troisi me l ad quation entre ce qui est consomm et ce qui est produit de mani re rentable doit tre r alis e du point de vue cette fois des valeurs d usage Et il ne suffit pas que ces conditions soient r unies une fois de temps en temps mais elles doivent tre reproduites en dynamique Mais du coup appara t c t des contraintes primaires de rentabilit et de d bouch s un facteur suppl mentaire de crise qui r sulte de la possible d connexion entre la structure des besoins sociaux et les exigences de rentabilit On peut donner un exemple ultra simp
229. ntract s taux variable le seul moyen de faire face ces engagements tait de s endetter nouveau d o un m canisme de boule de neige qui a rapidement plong ce pays dans la crise financi re Le processus de financiarisation a donc beaucoup voir avec le mode de structuration de l conomie mondiale Il ne se r duit pas une pr f rence du capital pour les placements financiers sp culatifs au d triment de l investissement productif Certes les discours sur l conomie casino fournissent des descriptions utiles et des critiques op rationnelles mais qui ne vont pas suffisamment la racine des choses La limite principale de bien des approches m me celles qui se veulent critiques est de ne pas rompre avec un certain f tichisme de la finance Il est vrai qu une masse croissante de revenus semble fructifier ind pendamment de toute mise en oeuvre d un facteur de production direct que ce soit le capital productif le travail ou la terre Nous reprenons d lib r ment la fameuse formule trinitaire pour bien montrer que la croissance des revenus financiers peut appara tre comme parasitaire y compris au regard de l orthodoxie n o lib rale Qu il y ait une forme de capital financier on dit aussi souvent sp culatif qui rapporterait des revenus consid rables en opposition l activit productive seule l gitime telle est bien la repr sentation dominante qui a inspir toute une s rie d images on disti
230. ntraintes objectives Et Gorz de citer les associations les glises les universit s les clubs et les mouvements se donnant pour but non pas d exercer sur la soci t le pouvoir d Etat mais de soustraire celle ci la prise de celui l afin d largir l espace de l autonomie et de l autod termination qui est aussi celui des rapports thiques La boucle est boucl e et le scepticisme de Gorz d bouche alors sur un id alisme impr cis Qui dans ce tableau va r ellement retirer leur pouvoir aux d tenteurs des moyens de production et l exercer leur place Qui va assumer les choix de gestion des grands syst mes qui contribuent de tr s large mani re dessiner les limites possibles de la sph re de l autonomie Si celle ci se r duit la p riph rie des grands syst mes la r alit du pouvoir et des choix politiques ne sortira pas du champ de l h t ronome Transports logement protection sociale ducation d fense droit du travail etc les choix fondamentaux qui portent sur tous ces domaines ne peuvent tre clat s en une myriade de micro choix de proximit ou de voisinage sous peine d instituer une individualisation forc ment marchande rejoignant curieusement les objectifs n olib raux Qu on le veuille ou non ces choix sont par nature socialis s et les processus d cisionnels correspondants doivent comprendre un moment de centralisation On est m me en droit de penser que c
231. obilisatrice mais il faut aussi agir d s aujourd hui en avan ant des perspectives imm diates Ce serait en effet une erreur de penser qu il suffit de se retirer du monde et de b tir ex nihilo un projet de soci t id ale qui deviendrait alors par la vertu m me de son vidence un instrument de conviction et de mobilisation Les choses ne se passent videmment pas ainsi Une autre erreur sym trique consisterait croire qu il existe forc ment des raccourcis des arrangements l amiable permettant de contourner et de r gler en douceur les normes contradictions qui traversent nos soci t s La voie d une renaissance d un projet alternatif est donc exigeante il s agit de combiner une vision non dulcor e de la situation avec des perspectives imm diatement mobilisatrices Cette d marche refondatrice devrait pouvoir s articuler autour de deux id es la premi re consiste r affirmer que les travailleurs et l ensemble des citoyens ont des droits qui doivent tre tablis ou r tablis prot g s et traduits dans les faits La seconde id e est que l conomie doit tre mise au service des besoins sociaux et non l inverse Il faut donc r solument r affirmer un certain nombre de droits commencer par le droit l emploi pour chaque membre de la soci t c est dire la garantie que la contribution sociale de chacun puisse tre reconnue et correctement r mun r e due proportion Il faut ex
232. onalit et ont anticip sur les contradictions du montage maastrichtien Le besoin pour certains pays d ajuster les taux de change ou de baisser les taux d int r t rendait peu plausible le maintien des cours de r f rence et le levier de la sp culation a permis de rendre ces anticipations autor alisatrices Dans un contexte o l imbrication des march s est bien plus avanc e que les conditions d homog n isation mon taire la sp culation repose en fin de compte sur des divergences d appr ciation quant l articulation possible des politiques nationales Cette situation met aussi en lumi re ce qui est sans doute l une des difficult s essentielles sur lequel vient buter le processus de l UEM II s agit en somme de fixer pour l ternit des taux de change il va de soi qu mesure que l on approche des diff rentes ch ances il faut s attendre des manoeuvres de derni re minute pour ajuster les taux de change avant leur grande glaciation et simultan ment pour mener de gigantesques op rations sp culatives Le paradoxe n est donc qu apparent la perspective d une monnaie unique se r v le plus d stabilisante qu un syst me de taux fixes mais r ajustables Les m canismes de la sp culation tablissent une v ritable dictature de ce qu on appelle aujourd hui les march s qui semble ob ir une conomie politique int ressante d crypter Si on prend l exemple de la sp culation
233. ondie Husson 1994c 37 montre que l on peut m me parler de tertiarisation de l industrie dans la mesure o des gains de productivit tr s lev s quand on les calcule au niveau de la phase finale du processus productif impliquent en amont des d penses accrues de travail indirect qui contribuent expliquer le ralentissement de la productivit observ e dans les ann es quatre vingt en d pit des mutations technologiques et de l intensification du travail Crise et satisfaction des besoins sociaux Malgr la complexit de ces volutions et les difficult s m thodologiques on peut au total d gager trois tendances essentielles qui caract risent le capitalisme contemporain il y a simultan ment puisement de la demande des biens fordistes incapacit faire merger un volume suffisant de nouveaux biens fordistes incapacit enfin industrialiser pleinement une demande de services en forte progression Ce constat g n ral nous permet de mettre en avant une dimension importante de la phase r cessive actuelle A un stade donn du d veloppement des capacit s productives on peut toujours associer chaque type de consommation concr te deux caract ristiques non seulement le volume des d bouch s qu elle offre mais aussi un certain niveau de productivit ou plut t car le niveau absolu importe finalement peu une certaine vitesse potentielle d augmentation des gains de productivit L allure de l
234. onomie monde une masse salariale tendanciellement bloqu e un taux d accumulation fortement fluctuant et diff renci mais qui ne montre aucune tendance la hausse moyen terme et donc pour boucler le tout une part croissante de revenus recycl s vers une troisi me demande o l on retrouve un peu p le m le les classes dominantes et les rentiers du Nord et du Sud qui entretiennent des relations ambivalentes de rivalit pour l appropriation du surplus et de connivence quant son niveau global On retrouve donc dans les pays du Sud de mani re encore plus marqu e qu au Nord une polarisation sociale monstrueusement accrue qui encore une fois constitue la contrepartie d un mod le global dont la r gle du jeu consiste ne pas faire profiter les salari s des gains de productivit Que cette redistribution permette un dynamisme conomique g n ral dans certains pays et pour des p riodes plus ou moins longues c est une possibilit qui existe et qui existera On ne doit donc pas exclure l mergence de zones forte croissance mais par sa nature sociale cette croissance ne fonde pas un d veloppement dans la mesure o elle repose sur une redistribution 64 excluante et qu elle implique un mode de r partition r gressif des revenus On peut imaginer des contre exemples localis s mais la seule zone importante qui semble r ellement chapper cette logique est la Chine qui repr sente un mod le hybride d une efficac
235. ontrainte salariale capital w salaire par t te effectifs nero productivit globale des facteurs capital investi nK productivit du capital nk Q K niveau des prix ne productivit du travail n Q N valeur ajout e X variation relative de X C e k K N D D D O L accumulation de capital n entra ne donc pas forc ment une augmentation de la composition organique Cela va d une certaine mani re l encontre d un point de vue intuitif qui ne concerne pas la seule th orie marxiste et sous tend l ensemble des approches stagnationnistes Les soci t s capitalistes d velopp s apparaissent en effet comme des accumulations gigantesques d quipements et il semble aller de soi que le travail vivant repr sente une fraction d croissante de ce travail mort cristallis incorpor dans les infrastructures dans les machines dans les r seaux etc C est videmment vrai en termes physiques homog nes un capital par t te Mais la composition organique du capital doit tre mesur e en valeur et trois correctifs doivent tre introduits II y a d abord l amortissement conform ment la th orie de la valeur la valeur du capital fixe est progressivement transmise aux marchandises produites Chaque ann e la valeur globale du capital fixe augmente avec l investissement mais baisse proportion de la partie amortie Il faut donc se garder d une approche superficielle qui est la racine des repr sentations
236. op rant plus au profit du surtravail la r duction du temps de travail n cessaire permettra le libre panouissement de l individu Marx IT La distinction fameuse entre libert et n cessit introduite par Marx en un passage discursif situ vers la fin du Capital retrouve alors ou plut t acquiert une v ritable actualit La seule libert possible est que l homme social les producteurs associ s r glent rationnellement leurs changes avec la nature qu ils la contr lent ensemble au lieu d tre domin s par sa puissance aveugle et qu ils accomplissent ces changes en d pensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes les plus conformes la nature humaine Mais cette activit constituera toujours le royaume 98 de la n cessit C est au del que commence le d veloppement des forces humaines en soi le v ritable royaume de la libert qui ne peut s panouir qu en se fondant sur l autre royaume sur l autre base celle de la n cessit La condition essentielle de cet panouissement est la r duction de la journ e de travail Marx III Gorz n a pas tort de reprendre son compte ce passage mais cette r f rence ne nous semble l gitime qu une condition qui n est quand m me pas un d tail c est que si le royaume de la n cessit subsiste il est d barrass du mode de production capitaliste et g r rationnellement par les producteurs associ s Du coup c
237. orte de lumpen petite bourgeoisie croit sublimer sa trajectoire sociale en avan ant cette repr sentation sociale qui a quelque chose de v ritablement choquant et certainement de tr s m prisant sur le fond pour les victimes du ch mage capitaliste La r duction de la dur e du travail ne peut donc acqu rir un contenu mancipateur que si le temps de travail est lui m me lib r du joug capitaliste Cela devrait tre une vidence Il suffit en effet d observer que les formes actuelles de r duction plus ou moins forc e du temps de travail s accompagnent tout naturellement d un renforcement de la discipline qui vient peser sur le salariat d une d gradation des conditions de travail en un mot d une intensification terrible de l exploitation Seule une logique comptable peut croire que cette tendance est sans effet sur le contenu social du temps lib r La r duction du temps de travail quand elle est domin e par la logique capitaliste prend spontan ment la forme de l exclusion Faute d tablir cette ligne de partage les critiques les plus pertinentes adress es au syst me conomique c toient souvent le plus grand flou d s qu il s agit d esquisser les transitions possibles vers des mod les sociaux alternatifs La conclusion laquelle on parvient rationnellement est qu il convient de rompre radicalement avec la logique capitaliste s il s agit vraiment de lib rer les potentialit s accumul
238. ousse jusqu au bout ce raisonnement on en arrive affirmer que l Etat n a plus de politique industrielle possible mais qu il doit se contenter de rendre son territoire attractif L attractivit ne signifie pas forc ment bas salaires et faible niveau de protection sociale Elle peut renvoyer l existence d une demande solvable et sophistiqu d un tissu industriel dense firmes de grande taille soumises concurrence et PME performantes d une offre de facteurs efficients main d oeuvre qualifi e infrastructures 65 communications Porter 1990 Mais la fonction conomique principale de l Etat a bel et bien chang et consiste d sormais assurer les conditions g n rales de cette attractivit La gestion tatique du fractionnement Du coup ce sont de nouveaux rapports qui se nouent entre Etats et groupes mondiaux A partir du moment o comme le note Petrella la r ussite de nos entreprises sur la sc ne mondiale est une condition de succ s et de sauvegarde de l autonomie technologique et conomique du pays le r le respectif des unes et des autres tend se renverser de telle sorte que l entreprise est en train de devenir l organisation de gouvernance de l conomie mondiale avec l appui des Etats locaux Les formes de la concurrence internationale ont par ailleurs chang Par certains c t s elle n a jamais t aussi f roce mais elle s accompagne dans le
239. passant de 0 4 0 8 millions Au total le processus de mondialisation tend dominer la tendance l europ anisation les deux processus concern s ont une logique diff rente la croissance des interd pendances entre les pays de la CEE fait partie d une tendance g n rale l internationalisation qui ne respecte en aucun cas les fronti res g ographiques implicites de l int gration politique europ enne Grahl et Teague 1990 Un projet contradictoire L unification r pond videmment un besoin r el de coordination des gouvernements europ ens qui suppose la mise en place de fragments d Etat supranational Mais ce besoin se heurte un double d phasage Comme on vient de le voir la construction europ enne est en retard sur la mondialisation et sur l horizon des firmes il ny a pas construction par agr gation parall le des appareils productifs et des appareils d Etat Mais ce n est pas la seule difficult les fonctions assumer par l embryon d Etat ne peuvent tre que partiellement d plac es au niveau europ en parce que les fonctions de r gulation sociale imparties l Etat continuent tre assur es pour l essentiel au niveau national Il s agit donc plus d un syndic d Etats que d un Etat int gralement dot de tous ses attributs La voie maastrichtienne est donc contradictoire Elle sous estime le degr de diversification des situations nationales rapports de classe solidi
240. plicitement viser l abolition du ch mage qui est l instrument principal d une formidable discrimination sociale Tous les d bats sur le d passement du travail salari les merveilles de la pleine activit et du temps lib r ne doivent pas faire obstacle car ils ne pourront tre correctement pos s tant que tout le monde ne sera pas l pour en discuter C est pourquoi la r duction g n ralis e du temps de travail est l axe d une sortie galitaire de la crise sociale Il faut d fendre et tendre le principe de la protection sociale On ne doit pas laisser le terme de s curit aux s curitaires parce que l exigence de s curit est une dimension essentielle de toute civilisation Vivre dans l ins curit c est vivre repli sur soi dans l angoisse des autres et du lendemain Une soci t d velopp e et riche une bonne soci t se d finit par les garanties qu elle offre chacun Celle de pouvoir acc der une source de revenu mais aussi celle de pouvoir disposer d un logement de b n ficier de services de sant et d ducation de qualit d un environnement assurant des conditions de vie agr ables C est sur ce socle que peuvent s panouir ensuite les dons s exprimer les passions Fournir tous ses membres les conditions d une vie digne est tout fait la port e des pays les plus d velopp s C est pourquoi la raison conomique doit tre remise sur ses pieds il faut que le
241. plus que 18 du temps veill en 1980 on approche les 14 en 1990 Le temps de travail pour une journ e moyenne en 1986 r parti sur la population g e de 15 ans et plus est de 2h 31 Voil ce qu objectivement du point de vue de sa dur e repr sente le temps social dans la France d aujourd hui Il est des chiffres qui sont par eux m mes une v ritable r volution On retrouve le ton du grand initi pour annoncer une r volution des salari s qui ne se rendaient pas compte qu ils ne travaillaient que 11 de leur temps Incontestablement au plan qualitatif le temps libre est devenu rapidement le temps dominant dans la structure des temps sociaux Si rapidement que l on n a toujours pas pris la mesure du ph nom ne v ritable r volution r volution dans les temps sociaux Pour la premi re fois dans l histoire les individus et non plus une petite minorit dans les soci t s postindustrielles tout au moins ne sont plus soumis au contr le direct et le plus souvent oppressif d une institution d termin e On croit r ver et c est aussi l impression de Zarifian qui rel ve avec soin la quadruple n gation que recouvre cette id ologie du temps libre N gation de l h t rog n it des populations Ce raisonnement sur un individu moyen est la plus belle n gation de l existence m me de rapports sociaux n gation de l approche sociologique elle m me men e de l int
242. pports sociaux et notamment du rapport salarial accompagne n cessairement le progr s vers une soci t plus humaine qui ne repose pas sur la lutte de tous contre tous On ne peut d ailleurs fonder l efficacit d une conomie sur le droit absolu des chefs d entreprise faire absolument ce qu ils veulent de la force de travail Sans m me parler d quit cette pratique conduit une involution de la croissance conomique et repr sente un ferment extr mement dangereux de d composition sociale On a pu voir que l une des dimensions majeures de la crise actuelle renvoie l incapacit du capitalisme r pondre pleinement aux besoin sociaux dans toute une s rie de domaines principalement sant et assistance ducation logement transports Ces secteurs sont la cible favorite des programmes d conomie budg taire ce sont eux aussi auxquels on pense pour le d veloppement d entreprises interm diaires proposant leurs services par exemple d aide aux personnes g es ou de r habilitation des logements anciens Mais l cart entre les aspirations et la r ponse de la soci t marchande se creuse et accentue les effets de distorsion une demande potentielle importante ne r ussit pas tre solvabilis e cause m me de l volution dans la r partition des revenus En revanche sont encourag es de fait les d penses portant sur des biens industriels qui servent souvent compenser la non prise en compte d
243. pr s guerre dites aussi les Trente Glorieuses ont t particuli rement repr sentatives d un sch ma quilibr caract ristique de l Age d or avec une progression peu pr s parall le de la productivit du travail du salaire r el et du capital par t te Le taux de profit et la part des salaires tendent donc rester constants Jusqu l entr e en crise marqu e par la r cession de 1974 1975 la norme salariale consiste ainsi affecter la quasi int gralit des gains de productivit au salaire r el une petite part tant consacr e au financement de la r duction de la dur e du travail qui permet une cr ation d emplois compatible avec le maintien du plein emploi Ce mode de partage de la valeur ajout e avait t th oris sous le vocable de politique des revenus et m me explicit par certains contrats collectifs pass s dans le secteur public au d but des ann es soixante dix Les niveaux lev s de gains de productivit et de croissance assurent la p rennit d un contrat social forte l gitimit Apport et limites de l approche r gulationniste Les r gulationnistes ont avec raison insist dans leur description de la croissance d apr s guerre sur la n cessaire ad quation entre ce qui est produit l offre et ce qui est consomm la demande non seulement du point de vue de la masse globale mais aussi de la structure par produits bref du contenu en valeur d usage De ce poi
244. que alors les propositions n oclassiques sont difficilement r futables Le point crucial est que les soci t s modernes ne fonctionnent pas l quilibre ce sont des soci t s qui produisent un surplus dont l usage va d terminer les conditions g n rales de l quilibre de la p riode suivante On peut bien 102 laisser aux n oclassiques le monde imaginaire de l quilibre et raisonner en dynamique c est dire examiner comment la croissance de la production vient modifier le sort des uns et des autres C est encore plus vrai s agissant du capitalisme o l accumulation mod le constamment la trajectoire de toute une soci t La question n est alors plus tellement celle de la r alisation d un quilibre un moment donn du temps Encore une fois au sens que l on donne ce terme toute situation instantan e est sauf exception un optimum Mais tout change si l on raisonne dans la dur e Et c est cette distinction qu il s agit de bien tablir car elle se trouve la racine d un effet id ologique fondamental du capitalisme savoir l hymne la libert du consommateur Si jai 1000 F d penser c est vrai que les magasins m offrent un moment donn une offre illimit e Je peux d penser mon argent comme je veux et encore une fois rien ne m emp chant de le faire j obtiendrai un maximum de satisfaction mais un maximum local Sur plus longue p riode toute la question est de savoir comment vont
245. que celui de la productivit et d autre part une moindre r duction de la dur e du travail On peut v rifier que de faibles diff rences en pourcentage cumul es sur plusieurs ann es suffisent engendrer des performances tr s divergentes en mati re de ch mage En raisonnant de mani re comptable pour fixer les ordres de grandeur on peut ainsi montrer que si le processus de r duction de la dur e du travail avait continu un rythme quivalent celui de la p riode 1960 1980 le taux de ch mage aurait pu tre stabilis son niveau de 1982 Certes l ann e 1982 a enregistr une r duction sensible de la dur e du travail de l ordre de 5 avec le passage 47 une dur e l gale de 39 heures et la cinqui me semaine de cong s pay s Mais ce mouvement tait d j lui m me un rattrapage n cessaire destin absorber r troactivement les effets d un tr s net recul du volume de travail qui tait pass en quelques ann es de 1975 1980 de 37 34 milliards d heures Les d terminants du ch mage moderne La proposition selon laquelle le lien entre croissance et emploi serait distendu doit tre examin e la lumi re de ce constat Elle renvoie principalement l existence d un stock de ch meurs accumul depuis quinze ans pour r sorber cette masse consid rable de sous emploi il faudrait des taux de croissance qui sont hors d atteinte ou impliqueraient une croissance pour la croissanc
246. qui s inspirent de cette approche th orique ont t prises sans alt rer la mont e du ch mage de masse Pour comprendre celle ci il faut donc se tourner vers d autres conceptions L approche dominante il y a encore quelques ann es tait celle du d versement qui se ramenait un pronostic formul notamment par Sauvy 1980 certes l automatisation et les restructurations de l appareil productif d truisent des emplois mais elles les recr ent forc ment ailleurs Cette mani re de voir les choses conduisait consid rer le ch mage certes comme un inconv nient mais aussi comme le prix payer d une mutation technologique fondamentale et d une adaptation g n ralis e un nouveau mode de croissance de l conomie Dans ce sch ma les ch meurs sont principalement des inadapt s voire des imadaptables ils n ont pas les qualifications requises pour s int grer dans la nouvelle organisation du travail o l on postule que les emplois qualifi s occupent une place d terminante Pour r sorber un tel ch mage il faut du temps du temps pour former les travailleurs pour les recycler ou tout simplement du temps pour qu ils vieillissent Ce cat chisme sur la compensation a exerc sa domination tout au long des ann es quatre vingt et il est bien r sum par cette publicit de Philips de l poque Il faudra toujours des hommes moins qu avant dans les ateliers sans doute mais plus qu avan
247. r sumer d une formule ce qui se joue l ce serait revenu des rentiers contre protection sociale L intangible principe de l aust rit salariale Le maintien du taux de ch mage un niveau lev a au moins un m rite comme l explique l OCDE dans ses Perspectives conomiques de juin 1994 les hausses salariales sont rest es mod r es dans la zone de l OCDE refl tant dans une certaine mesure la persistance de taux lev s de ch mage C est pourquoi les gouvernements s accordent de fait sur le maintien de l aust rit salariale Le rapport conomique pour 1993 de la Commission europ enne l crit noir sur blanc l am lioration de la rentabilit est donc essentiellement attendre de la poursuite d une progression mod r e des r mun rations r elles par rapport la productivit du travail Le Livre blanc de la Commission d clare quant lui qu une progression du salaire r el inf rieure d un point celle de la productivit pourrait constituer une r gle empirique acceptable Delors 1993 Ce nouveau recul de la part des salaires dans la valeur ajout e serait la condition d une relance de l investissement puis de la croissance Mais cet encha nement vertueux n a pas fonctionn comme pr vu en une dizaine d ann es le partage du revenu s est modifi d environ sept points en faveur du revenu du capital l indice de rentabilit a augment d un tiers sans que
248. r les multinationales ce sont en th orie les branches de services distribution d eau et d lectricit transports et t l communications banques et assurances qui devraient attirer les mouvements de capitaux puisque les produits correspondants ne se d placent pas Mais ces branches taient pour la plupart des monopoles d Etat dans la plupart des pays ou taient r serv es des entreprises locales Tout cela a chang dans les ann es quatre vingt gr ce la privatisation et la d r gulation qui apparaissent ici comme les moyens de lever les obstacles la mondialisation Ce processus de mondialisation est d un point de vue qualitatif profond ment nouveau II tend conf rer aux firmes multinationales une autonomie nouvelle par rapport aux Etats et une telle r alit se distingue tout fait de l id e de Trust capitaliste d Etat avanc e en son temps par Boukharine 1917 le domaine d intervention et les int r ts conomiques des grands groupes ne co ncident plus n cessairement avec ceux de leur Etat d origine Cette tendance n est cependant pas achev e et dans le cas de puissances conomiques comme le Japon les Etats Unis et l Allemagne la coordination entre l Etat et les grands groupes reste active On peut m me dire que le mod le de la m gafirme d tach e de toute base nationale n est pas encore le plus fr quent Les plus grandes firmes mondiales continuent s appuyer sur une base
249. raire des crit res alternatifs valeur ajout e rapport e au capital avanc valeur ajout e disponible production nette des investissements qui pousseraient produire plus et mieux et r duire la charge des d penses en capital Herzog 1991 Toute la question est de savoir si l on peut concevoir une telle mixit des crit res Herzog est d accord pour constater que l exp rience de la gauche fran aise n a pas d bouch faute d une conception trop tatiste sur l conomie mixte telle qu il la con oit C est l intervention autonome des travailleurs partir d une logique autogestionnaire qui permettrait de faire avancer ces nouveaux crit res en conjugaison conflictuelle avec le taux de profit Mais qui donc va assurer la compatibilit de ces deux ordres de crit res Herzog oscille alors entre deux versions Par moment il parle de lutte de bataille d objectifs qu il faut imposer au patronat en raison de l argument qu il cite lui m me selon lequel une entreprise adoptant ces nouveaux crit res va prendre tous les coups dans la concurrence Mais d autres passages livrent une approche beaucoup plus consensuelle o ce sont les vertus de la coop ration qui sont mises en avant Herzog reproche au Parti Communiste de trop diaboliser le patronat et en vient m me esquisser une vocation de rassemblement sans rivages Qu on en juge N a t 1l pas vocation rassembler dans
250. ravail n cessaire sera interrompu parce que le capital ne peut plus mettre en valeur aucun surtravail Plus cette contradiction se d veloppe plus il se r v le que la croissance des forces productives ne saurait tre frein e davantage par l appropriation du surtravail d autrui Marx Il Cette citation renvoie une contradiction propre l automation qui surgit pour la premi re fois sans doute comme dimension significative de la crise Alors que les aspects plus classiques de la th orie marxiste suffisaient rendre compte des cycles et des crises de la premi re moiti de ce si cle c est l int gralit de la critique marxiste qu il faut mobiliser pour bien comprendre la port e de la crise actuelle En ce sens cette crise r actualise une dimension fondamentale de l oeuvre de Marx que l conomisme de la Seconde Internationale puis de la Troisi me Internationale stalinis e avait fait passer au second plan Pour bien saisir cet aspect des choses on peut passer un cas limite en imaginant une automatisation de la production peu pr s int grale o la d pense de travail serait r duite un minimum C est ce quoi tend le d veloppement des forces productives et c est presque une r alit dans certains secteurs de la production Mais comment se forme alors la plus value comment se fixe le salaire comment se r partissent les marchandises produites dans une telle situation Il est clair que les crit res capita
251. re tude Cette 1992 estime 145 000 le nombre d emplois cr s et r vise donc la hausse les travaux r alis s au lendemain de la mesure Depuis cette date les accords sur la r duction du temps de travail ne sont conclus que dans des situations bien particuli res par exemple lorsque le patronat consid re n cessaire de conc der une r duction de la dur e pour obtenir l acceptation d horaires atypiques n cessaires l allongement de la dur e d utilisation des quipements ou quand les repr sentants des salari s confront s des licenciements annonc s acceptent une compensation salariale partielle accompagnant la r duction de la dur e du travail Bloch London et alii 1994 L accent syst matique mis sur la d centralisation de la n gociation et du point de vue de l intervention publique sur des conventions avec les entreprises r pond au d part une exigence l gitime il faut se situer au plus pr s des conditions concr tes d organisation et de production et des situations de march particuli rement h t rog nes Mais le bilan des derni res ann es permet de mieux mesurer les cons quences d une telle option on se situe ainsi un niveau o sauf circonstances particuli res les acteurs locaux ne sont pas en mesure de percevoir directement l int r t d une r duction de la dur e du travail qui ne peut s appr cier qu un niveau plus global en raison m me des externalit s sociales qu
252. re de progr s voire d internationalisme Il faut pourtant refuser cette opposition simpliste tout simplement parce que loin de r pandre ses bienfaits universels le libre change prend aujourd hui le visage d plaisant du ch mage et de la mis re Il faut ensuite poser deux questions qu est ce que l on prot ge et contre qui 119 Cette interrogation permet d introduire une premi re id e force on ne peut en tout tat de cause raisonner de mani re semblable vis vis de pays sous d velopp s ou de pays niveau de d veloppement quivalent Il faut donc concevoir un protectionnisme compl tement dissym trique ne visant pas les m mes objectifs dans un cas ou l autre Il faut ensuite se demander ce qu il s agit au juste de prot ger Vis vis du tiers monde il faut imposer des r gles de conduite qui emp chent la spirale de la r gression de s enclencher Vis vis des pays de niveau comparable il s agit de prot ger une ventuelle exp rience de transformation sociale Le protectionnisme froid sans que rien ne change vise au fond prot ger les acquis du patronat il d bouche logiquement sur un repli national voire nationaliste qui repose sur l hypoth se d une suppos e convergence d int r ts entre patrons et salari s Or un tel montage ne correspond pas la r alit de l internationalisation et s appuie par ailleurs sur un diagnostic erron de la crise qui serait le produit de
253. re la satisfaction des besoins des travailleurs travers le monde au del de leurs conditions d existence concr tes Le bien tre des uns ne se nourrit pas de la mis re des autres et leur mise en concurrence d bouche en r alit vers une d gradation d ensemble R ciproquement une am lioration l chelle mondiale du sort des travailleurs pourrait donner lieu des rapports de coop ration tendant s pauler mutuellement l id e que l change profite tous prendrait alors tout son sens mais 1l y faudrait une r organisation radicale de l conomie monde La n cessit d un tel radicalisme n est pas de l ordre du souhait ou de l id ologie elle est au contraire 122 le produit de l volution d un syst me qui transforme les aspirations les plus raisonnables et les plus l mentaires la dignit et l quit en objectifs hors d atteinte Au niveau cologique enfin le bien tre l chelle mondiale ne peut pas non plus tre d coup en morceaux l effet de serre la diminution de la couche d ozone la d forestation etc n affectent peut tre pas tout le monde de la m me fa on au d but mais 1l arrive un moment o c est l avenir m me de l esp ce humaine qui est en question Les pr mices d un nouvel internationalisme Pour porter ces objectifs la coordination de l action internationale des travailleurs devient une exigence imm diate Le principe d exte
254. rement le salaire r el n augmente que tr s lentement La dynamique capitaliste correspond alors un cas de figure classique du point de vue de l analyse marxiste que l on peut mod liser de la mani re suivante On a une croissance qui s enroule autour d un rythme mod r de l ordre de 2 mais avec un cycle court et tr s marqu qui provoque des r cessions tous les quatre ou cinq ans 3 4 en 1901 puis 0 8 en 1906 et 3 2 en 1910 Le salaire r el progresse faiblement de 0 25 par an en moyenne entre 1896 et 1913 alors que la productivit augmente de 1 8 au cours de cette m me p riode pousant de tr s pr s l volution de la production Dans ces conditions la part des salaires baisse r guli rement tandis que le taux de profit s l ve de mani re continue tout en fluctuant au gr des cycles Le taux d accumulation est soutenu le capital par t te augmente mais l efficacit du capital autrement dit le rapport produit capital reste peu pr s constant Lorsque survient la Premi re Guerre Mondiale les indicateurs du capitalisme fran ais sont donc plut t bons et l articulation entre l conomie et la guerre se distingue compl tement des ann es trente de ce point de vue Mais le lien existe n anmoins dans la mesure o le mode de croissance du d but du si cle r sout mal le probl me des d bouch s que la croissance des salaires ne peut seule assurer La lutte entre grandes puis
255. revenir sur ces espoirs Cet objectif n tait pas un mirage mais les exemples donn s se r f rent tous la phase de reprise 1986 1990 Si l on consid re l ensemble du cycle le bilan est moins convaincant la r cession du d but des ann es quatre vingt dix a effac en partie les cr ations d emploi et le nombre de ch meurs comme le taux de ch mage ont recommenc augmenter voir tableau 1 Tableau 1 Croissance et emploi 1986 1990 1994 Emploi millions 126 134 130 Ch meurs millions 16 13 17 Taux de ch mage en 11 2 8 7 11 8 Source OCDE Il est donc difficile de soutenir propos des ann es 1986 1990 que l on a r colt les fruits du r ajustement structurel car ces fruits sont bien peu structurels et n ont pas r sist au retour d une mauvaise conjoncture Si huit millions d emplois ont t effectivement cr s entre 1986 et 1990 quatre millions ont t d truits depuis de telle sorte que le nombre de ch meurs est aujourd hui avec plus de 17 millions sup rieur ce qu il tait en 1986 le taux de ch mage ayant nouveau d pass les 11 Il n est d ailleurs pas possible non plus de consid rer la r cession ouverte partir de 1990 1991 comme un choc impr vu dont les causes seraient ext rieures au processus de construction europ en On invoque la r unification allemande et la mont e des taux d int r t mais il est beaucoup plus r aliste d inc
256. riminer les politiques dites de convergence qui men es simultan ment dans tous les pays europ ens ont engendr cette r cession ou en tout cas lui ont donn une ampleur sans pr c dent Ce n est pas un l ment rapport mais au contraire l indice d une contradiction pourtant simple comprendre L orientation n olib rale consiste pour chaque pays bloquer ses salaires pour devenir plus comp titif et vendre davantage ses voisins Quand plusieurs pays entretiennent entre eux des relations commerciales intenses de sorte que les achats des uns sont les ventes des autres 1l est in vitable que le succ s de ces politiques conduise globalement un touffement de la machine conomique C est ce qui s est pass et il faut consid rer que la r cession et le retour la case d part pour ce qui est du ch mage est le r sultat in vitable de la strat gie maastrichtienne 69 Ceux qui disaient que l on ne pourrait pas cr er d emplois sur la base d une aust rit g n ralis e avaient donc finalement raison L clatement de la monnaie unique On sait que Maastricht faisait de la marche vers une monnaie unique le levier principal de l int gration conomique Or force est de constater que cette voie a conduit en pratique une instabilit mon taire accrue Les pronostics les plus pessimistes ont t d pass s d une mani re tout fait tonnante La confrontation entre les hymnes au
257. rivil gi s et c est cette branche que toute la machinerie sociale capitaliste va chercher donner la priorit Cela ne signifie pas que les entrepreneurs vont cr er des besoins ex nihilo il faut encore que les consommateurs aient envie d acheter des t l viseurs qui d une certaine mani re r pondent donc un besoin mais qui n est pas forc ment le plus intense on y reviendra Donc le capital va s accumuler plut t dans l industrie des t l viseurs et c est l que les progr s de productivit vont se r aliser le plus rapidement Le prix relatif des t l viseurs va baisser les mettant la port e du plus grand nombre et ce mouvement de prix va renforcer le caract re prioritaire de cette branche Dans le m me temps le prix du logement va avoir tendance augmenter en termes relatifs et ce sera donc pour le plus grand nombre un besoin moins bien satisfait Et la boucle se boucle d ailleurs quand linaccessibilit relative d un meilleur logement suscite le besoin compensateur de t l vision Nul jugement de valeur dans cette description qui opposerait besoins nobles et besoins inf rieurs La critique ne repose pas ici sur une approche morale et n implique pas que l on dispose d une chelle de valeurs des besoins La constatation essentielle et suffisante est que le capitalisme d cide des ordres de priorit et s lectionne partir de ses propres crit res les besoins qu il entend satisfaire On ne peut qu
258. rofit d un individualisme m thodologique impressionniste et au bout du compte profond ment r actionnaire parce que le seul fondement objectif d une inemployabilit absolue renvoie un d terminisme biologique Il est donc parfaitement l gitime de raisonner sur le partage du travail condition d examiner conjointement les modalit s pratiques de sa mise en oeuvre notamment sous l angle de la formation C est pourquoi nous soutenons avec fermet l id e que cela a un sens de construire un indicateur tel que la dur e uniforme de travail assurant le plein emploi qui s obtient en divisant le volume de travail par la population active Husson 1994a En 1990 une r partition strictement galitaire du volume de travail entre l ensemble de la population active impliquant donc la suppression du ch mage et du temps partiel conduirait une dur e du travail quivalant 34 heures hebdomadaires au lieu des 39 heures actuelles Si l on prolonge ce calcul l horizon 2000 en supposant par exemple que le volume de travail reste constant et que la population active augmente de 0 5 on arrive avec ces hypoth ses relativement optimistes du point de vue de l emploi une nouvelle baisse de 5 de la dur e de r f rence Bref la dur e du travail assurant le plein emploi serait de l ordre de 32 heures par semaine en l an 2000 113 Cet objectif ne ferait que s inscrire dans une tendance s culaire qu
259. roissance annuels moyens en Sources Villa 1994 OCDE L apr s guerre Il convient maintenant de v rifier que ce sch ma d explication peut s tendre aux principaux pays du monde capitaliste Cet examen va tre men sur la p riode de l apr s guerre autour des deux grandeurs essentielles pour la dynamique du capitalisme le taux de croissance du PIB d une part le taux de profit d autre part Les donn es utilis es proviennent de l OCDE qui effectue un travail utile d homog n isation et publie r guli rement des s ries de taux de profit d sign es sous le terme de taux de rentabilit dans le secteur des entreprises La d finition m me de ces concepts pose des probl mes qui ne nous int ressent pas ici o il s agit de d crire les grandes volutions Comme il s agit de comparaisons internationales nous avons choisi l instar de Maddison 1995 un proc d apparemment simpliste mais non dou d avantages Il consiste calculer pour les principaux pays industrialis s une moyenne simple des grandeurs tudi s Autrement dit l Italie compte autant que les Etats Unis bien que la taille de ces conomies soit videmment diff rente mais cette mani re de faire vite de faire dispara tre les sp cificit s nationales ce qui est le cas chaque fois que l on pond re les diff rents pays par leur taille Ce proc d peut videmment tre contr l en rapportant ses r sultats des grandeurs globales obtenu
260. rs les moins expos s la concurrence internationale on peut pratiquer une politique de bas salaires plus favorables l emploi cit dans Husson 1991b Un tel sch ma fonde la n cessit d un accroissement des in galit s ce que le m me document a le m rite d expliciter en soulignant que les emplois de services aux m nages ne peuvent tre multipli s que si les salaires sont suffisamment bas pour maintenir des prix attractifs Ils ne peuvent donc se d velopper que si les salaires y sont tr s 90 diff rents de ceux du secteur expos Cela signifie une dispersion des revenus importante et croissante comme aux Etats Unis ou m me au Japon Ce mod le peut tre qualifi de n odualiste parce qu il ne peut fonctionner qu condition que soit institu e une dissociation entre les deux secteurs non seulement du point de vue de la productivit mais aussi des salaires C est pourquoi d ailleurs sa viabilit conomico sociale ne va pas du tout de soi Husson 1992 En tout tat de cause il repr sente de cause une r gression propos de laquelle Andr Gorz parle juste titre de contre conomie tertiaire pour souligner qu une division sociale des t ches compl tement absurde est ainsi mise en place Seule la pers v rance obstin e dans l id ologie du travail emp che les partisans de ce mod le de voir que si tout le monde travaillait moins tout le monde pourrait assumer se
261. rte de la planification dans la mesure m me o elle mane d conomistes orthodoxes r v le la profondeur de la crise du syst me capitaliste Ce d bat entre experts a l int r t de montrer qu il existe deux conceptions au moins de la relance europ enne D un c t la relance dure centr e sur les besoins en infrastructures d termin s par le patronat et ent rin e par Delors grands coups d hymnes la soci t communicationnelle De l autre une relance douce fond e sur la satisfaction des besoins l mentaires financ e de mani re planifi e en fonction de la valeur ou du rendement social des diff rents projets On voit bien o vont spontan ment les pr f rences du syst me et l on comprend qu il ne suffira pas de manifestes d conomistes aussi prestigieux fussent ils pour imposer un syst me conomique triqu et crisp sur ses crit res d autres modalit s de fonctionnement La chape de plomb de l aust rit budg taire 78 Pour les ann es venir l obstacle principal une relance concert e r sulte de la mont e des d ficits publics qui dans tous les pays ont plus ou moins largement d pass les 3 fatidiques fix s comme crit re par Maastricht La France en est officiellement 5 mais compte tenu des artifices de pr sentation la r alit se situe certainement au dessus Pour l ensemble de l Union europ enne on d passe les 6 c est
262. rx qui crivait par exemple ceci mesure que cro t la substance mat rielle dont la classe capitaliste et ses parasites s engraissent ces esp ces sociales croissent et multiplient L augmentation de leur richesse accompagn e comme elle l est d une diminution relative des travailleurs engag s dans la production des marchandises de premi re n cessit fait na tre avec les nouveaux besoins de luxe de nouveaux moyens de les satisfaire Enfin l accroissement extraordinaire de la productivit dans les sph res de la grande industrie accompagn e comme il l est d une exploitation plus intense et plus extensive de la force de travail dans toutes les autres sph res de la production permet d employer progressivement une partie plus consid rable de la classe ouvri re des services improductifs et de reproduire notamment en proportion toujours plus grande sous le nom de classe domestique compos e de laquais cochers cuisini res bonnes etc les anciens esclaves domestiques Marx III Cette typologie on l a dit n est pas avanc e au hasard Le r le d cisif imparti au mode de partage de la valeur ajout e correspond en effet l une des diff rences les plus clairantes entre les deux ondes longues La caract ristique centrale de la premi re onde longue est de ce point de vue une augmentation peu pr s continue de la part des salaires alors que la productivit du travail progresse assez r guli
263. s Il contribue son tour d terminer la croissance En premier lieu il influe directement sur le taux d accumulation autrement dit sur la croissance du stock de capital dans les deux ondes longues le taux d accumulation augmente dans la phase A puis chute dans la phase B C est l qu intervient l une des relations fondamentales de l conomie capitaliste que l on pourrait appeler fonction de production globale et qui associe un taux d accumulation donn un taux de croissance de la productivit du travail Cette relation est tr s lisible tout au long du si cle et c est l une des variables qui marque le plus les diff rentes phases En particulier la productivit du travail augmente plus rapidement dans les phases ascendantes que dans les phases descendantes voir tableau 1 Un petit d tour th orique est alors n cessaire pour bien comprendre ces interrelations il faut revenir de mani re un peu formalis e sur la d termination du taux de profit Ce d tour est d autant plus utile que le d bat sur la loi de la baisse tendancielle du taux de profit encombre depuis longtemps l analyse conomique d inspiration marxiste en faisant appara tre un certain nombre de contradictions logiques videntes La formulation arithm tique traditionnelle de la loi est manifestement erron e ou au moins tronqu e et c est ce que l on commencera par montrer Arithm tique du taux de profit Le mieux est de partir d
264. s ce travail le plus souvent h t ronome leur identit sociale ou leur accomplissement personnel Une telle position nous semble difficile argumenter pourquoi exclure que des individus exigeants et critiques qui disposent de la libert d aller et venir r ussissent trouver y compris dans le travail h t ronome une identit sociale et un accomplissement personnel C est que Gorz est persuad qu il n est pas possible d autog rer le processus social de production dans son ensemble ni m me les grandes unit s techniques qui le composent Il y a dans son approche un refus l gitime de la planification bureaucratique et de l imagerie stalinienne de l homme nouveau mais sa vision repose galement sur une th orie tr s objectiviste de l organisation Ce sont les grands syst mes qui par nature chapperaient la ma trise sociale l autogestion Gorz ne voit pas par exemple comment un conducteur de train de laminoir ou un ouvrier de raffinerie pourraient ne pas tre salari s comment leur produit pourrait tre en rapport imm diat avec leur besoin comment ils pourraient consid rer leur installation comme leur instrument de travail comment au lieu de se sentir appartenir la raffinerie au complexe sid rurgique ils pourraient consid rer ces installations comme leur propri t Gorz 1988 Mais si l on accepte un tel scepticisme comment alors comprendre que la sph re h
265. s ch mage Au bout du compte ce n est donc plus 8 8 ni 8 ni 6 mais 3 8 manquent donc 5 de financement Mais l n est pas le plus important car la question primordiale est ici celle de la productivit induite facile calculer la dur e du travail baisse de 18 et les effectifs augmentent de 10 de telle sorte que le nombre total d heures travaill es baisse de 10 32 39 10 Mais cela veut dire aussi que la productivit du travail doit augmenter de 10 et comme il s agit de gains instantan s li s la r organisation du travail cela implique une intensification proportionnelle consid rable puisqu elle quivaut quatre ans de gains de productivit moyen 115 Un constat tout aussi important d coule de l examen compar des tudes disponibles c est que le fameux probl me de la compensation salariale n est finalement pas aussi central qu on le pense d habitude Le fait de travailler 35 heures pay es 39 heures n a pas que les aspects n gatifs auxquels le bon sens conomique renvoie imm diatement ce d placement tend peser sur la comp titivit des entreprises mais repr sente aussi un coup de fouet la demande et l effet de cette relance compense en partie l augmentation du co t salarial Cette relance appara t en g n ral saine dans la mesure o elle s accompagne d une am lioration du solde ext rieur et du solde budg taire On a d ailleurs l une marge
266. s d un cadre macro conomique pour reprendre l expression la mode l OCDE mais d un ensemble de dispositifs d institutions de normes etc qui sont le produit de la lutte des classes consid r e au sens le plus large La mise en place d une nouvelle expansion n est donc jamais garantie elle fait partie du temps sp cifiquement historique et peut chaque fois emprunter des voies diff rentes Ainsi la fin de la grande d pression d il y a cent ans r sulte la fois de la remont e d un mouvement ouvrier dot de projets programmatiques clairs et de partis politiques offensifs de l expansion de l imp rialisme de la diffusion d innovations techniques comme le moteur explosion et l nergie lectrique Dock s et Rosier 1983 chap 4 La sortie de la grande crise des ann es trente a pris des formes barbares le fascisme et la guerre mais le capitalisme d apr s guerre est galement l h ritier du New Deal ou encore de l id ologie de la R sistance dans le cas fran ais C est aussi le produit du rapport de forces sociales tabli apr s la Guerre et de ce point de vue le produit indirect de la menace de l Union Sovi tique et des pays dits socialistes R duire cette configuration d apr s guerre la diffusion dans l industrie de la cha ne taylorienne serait videmment un aplatissement inacceptable La question qui est pos e ici est bien celle de l historicit du capitalisme et du positionnement con
267. s de celle de la productivit de sorte que les co ts salariaux unitaires ont baiss d un point par an entre 1980 et 1991 par rapport nos sept principaux partenaires CGP 1993b Le co t salarial a connu une volution tr s mod r e en France et cela n a pas emp ch la mont e du ch mage La derni re tude synth tique sortie peu de temps avant la liquidation du CERC confirme de ce point de vue trois r sultats incontestables En premier lieu le co t horaire de la main d oeuvre y compris charges sociales se situe en France dans une position interm diaire il est inf rieur de 25 par rapport l Allemagne mais sup rieur de 15 l Italie aux Etats Unis ou au Japon Ensuite on constate que le salaire relatif des ouvriers est particuli rement bas en France ce qui vient contredire l argument principal de ceux qui voudraient remettre en cause le SMIC Enfin il n existe pas de lien m canique entre salaire et performances conomiques les pays o les co ts salariaux ont progress le plus rapidement comme le Japon ou la RFA sont galement ceux qui au cours des trente derni res ann es ont d gag de tr s forts exc dents commerciaux CERC 1992 La baisse des salaires n est donc pas un moyen de cr er des emplois Pour tre comp titif il faut surtout avoir des produits de qualit des avances technologiques et cela suppose une main d oeuvre qualifi e et pay e en fonction d une pro
268. s des mesures prendre ventuellement si elles apparaissent comme un moyen d affronter la concurrence armes gales Un pays qui entreprendrait de r duire significativement son ch mage ne devrait pas voir an anti cet effort par la concurrence de pays qui pr f rent continuer laisser le ch mage servir de variable d ajustement Et le Tiers Monde Il est absolument exclu d organiser les rapports Nord Sud sans tenir compte de la profonde dissym trie qui distingue la concurrence entre les pays riches et celle qui les oppose aux pays pauvres Ces derniers ne repr sentent d ailleurs qu une part secondaire dans les importations europ ennes 14 en 1992 et le discours r cent sur leur responsabilit particuli re quant la mont e du ch mage en Europe est un pur cran de fum e Par rapport au Tiers Monde il faudra inventer un ensemble de dispositifs de r gulation abolition de la dette stabilisation et revalorisation progressive du cours des mati res premi res institution de montants compensatoires transferts de technologie et de formation subventions aux quipement et aux travaux d infrastructure co investissements accords d change fond s sur la r ciprocit r ouverture n goci e des fronti res l immigration voil les axes principaux de ce que l on pourrait appeler co d veloppement Le repli frileux la reconstruction de nouveaux rideaux de fer sont des r ponses absurdes aux d fis de l conom
269. s propres t ches domestiques ET gagner sa vie en travaillant Gorz 1988 C est le calcul conomique capitaliste sur la base du temps de travail salari qui est remis en question aujourd hui de mani re si profonde qu il est possible d affirmer aujourd hui que pour se perp tuer le capitalisme a besoin de faire marche arri re sur le chemin de l galit sociale Les fausses continuit s C est dans ce contexte que s est engag un d bat multiforme h sitant contradictoire sur les moyens de sortir de mani re progressiste de l impasse dans laquelle s enfonce le capitalisme Le rapprochement entre les potentialit s que comporte la situation objective actuelle et la r alit sociale qui se met en place depuis de longues ann es est une norme source d h sitations de doutes et d interrogations Comment comprendre que les bonnes nouvelles se transforment en catastrophes La premi re fa on de r pondre cette question consiste dire que les bonnes nouvelles n ont pas t suffisamment entendues Autrement dit qu il suffirait d avoir un regard suffisamment exerc pour discerner sur le fumier actuel les petites pousses nous annon ant les lendemains qui chantent Il suffirait d encourager leur d veloppement mais fondamentalement il n existerait aucune discontinuit entre les maux actuels et le d passement de la situation Cette approche reprend sous des formes renouvel es des th ses de t
270. s titres financiers repr sentent sous des formes juridiques tr s diverses un droit de tirage sur le surplus social L id e sous jacente selon laquelle il existerait pour les flux de capitaux des usages alternatifs soit l investissement productif soit la sp culation financi re ne peut tenir tr s longtemps si seulement on raisonne en termes de circuit Il faudrait en effet imaginer une 55 fuite dans le cycle du capital o dispara traient des sommes croissantes d argent qui d faut de s investir repr senteraient malgr leur caract re improductif un moyen de d tourner un flux croissant de revenu Quand on pousse jusqu au bout cette repr sentation fantasmagorique on arrive parler de grandeurs virtuelles comme si elles avaient un contenu en valeur gal leur image faciale Il est souvent dit par exemple que ce sont plus de 1000 milliards de dollars qui s changent chaque jour sur le march des changes et on alimente ainsi une repr sentation selon laquelle les courants d argent forment une esp ce de r seau parcourant la sph re financi re et renon ant redescendre dans la sph re productive En r alit le bouclage financier mondial remplit des fonctions sp cifiques m me s il n a pas que des avantages La mont e des taux d int r t a servi d instrument de coh rence conomique dans la r partition des revenus au niveau de chaque pays comme au niveau mondial Les taux d int r ts lev s ont t le
271. s un cadre 107 capitaliste a pour effet de tendre dualiser le march du travail et r server les cr ations d emplois des secteurs r gressifs bas salaires basse qualification domesticit sociale Mais en soi elles supposent l implication des travailleurs dans un travail de plus en plus collectif et rendent possible une interchangeabilit des postes de travail La sp cialisation flexible devrait donc aller de pair avec une polyvalence accrue des travailleurs qu ils soient ouvriers ou employ s Mais le capitalisme est incapable par nature d aller jusqu au bout de ces implications Il doit reproduire les conditions g n rales de l asservissement salarial et ne peut dans le m me mouvement faire exactement le contraire La modernisation des entreprises ne d passe pas le cadre triqu d un n o taylorisme Linhart 1994 Ce sont d normes gains de productivit qui sont perdus en raison des faux frais de l exploitation capitaliste La requalification g n rale de la force de travail serait en soi un objectif d une soci t planifi e et fonderait autrement que par l incitation salariale individuelle un autre mode de motivation Il s agit la fois de mobiliser les normes potentialit s des innovations technologiques et dans le m me temps de construire les conditions de viabilit d une authentique autogestion La polyvalence s oppose en effet imm diatement la division technique du travail et pl
272. sa mise en place Quant aux exigences de l efficacit conomique on ne voit pas tr s bien comment ni quelle ch ance le blocage des salaires et le rognage de tous les droits conduiraient une situation o l on pourrait esp rer vivre mieux 111 L axe de la r duction du temps de travail La revendication d une r duction du temps de travail est pour nous l axe central qui condense cette d marche visant jeter un pont entre n cessit s imm diates et projet de transformation sociale Ces deux aspects se renforcent mutuellement dans le contexte actuel les mesures d urgence ont besoin d utopie et r ciproquement aucun projet radical ne peut merger froid sans trouver un ancrage dans les pratiques quotidiennes La r duction du temps de travail se situe au coeur d une telle d marche et pourtant elle soul ve de multiples r serves et objections Cette grande id e ne se fraie son chemin qu avec lenteur et difficult parce que le contenu concret qu elle peut prendre est un enjeu ouvert du d bat social Il serait d ailleurs plus juste de consid rer qu il y a de toute mani re r duction du temps de travail et que la question est de savoir comment celle ci s op re Cette r duction peut s effectuer de mani re excluante certains travaillent beaucoup voire de plus en plus tandis que les autres sont emp ch s d acc der l emploi ou de mani re galitaire par une r duction uniforme et
273. sances pour la conqu te de ces d bouch s plonge donc ses racines dans un certain type de fonctionnement du capitalisme C est un peu plus tard apr s le bouleversement de la guerre que les limites intrins ques de ce mod le vont tre atteintes En France ce sera en 1925 que s effectuera le retournement qui se traduit par le passage la baisse du taux de profit Ses modalit s 31 peuvent tre qualifi es de classiques chute prononc e de la croissance qui se traduit par un ralentissement prononc de la productivit La m canique r cessionniste se met en marche la croissance du salaire r el fait baisser le taux de marge l accumulation se tasse l efficacit du capital cesse de cro tre puis commence reculer et le taux de profit entame une baisse continue On peut rejoindre les auteurs de La Crise du XX me si cle pour souligner que cette crise est analogue aux crises du XIX me si cle la d termination principale est ici la contradiction qui r sulte du blocage de la demande salariale et de l puisement des sources alternatives de d bouch s Ces difficult s embrayent ensuite sur l autre dimension de la crise celle de la rentabilit Encore une fois c est une crise classique dans ses d terminations et tr s conforme aux analyses de l auteur du Capital et c est par rapport ce mod le qu il faut appr cier le caract re exceptionnel de l Age d or puis de sa crise Les ann es d a
274. se A une phase B de l onde longue Les l ments qui permettent de mener cette analyse renvoient un petit nombre de concepts fondamentaux taux de profit partage de la valeur ajout e efficacit du capital productivit du travail etc qui sont des invariants du mode de production capitaliste Les modalit s de la crise sont videmment diff rentes mais renvoient fondamentalement la nature contradictoire du capitalisme Pour fonctionner correctement ce dernier doit la fois produire avec profit et vendre les marchandises ainsi produites Ces deux conditions sont contradictoires et ne peuvent tre durablement rendues compatibles parce que le capitalisme ne dispose pas d instruments de ma trise de l conomie permettant de r guler durablement ces contradictions Ce sont donc bien les rapports sociaux fondamentaux qui sont en cause chaque Grande Crise combine un probl me de d bouch s et un probl me de valorisation du capital S il y a quelque chose qu apporte la th orie marxiste c est bien la compr hension de cette nature double de la crise qui est au fond assez simple saisir Chaque capitaliste cherche r duire les salaires autant qu il peut sans se soucier des d bouch s globaux et cherche augmenter au maximum sa productivit face la concurrence Le caract re priv et conflictuel de ces choix conomiques ne conna t aucun principe durable qui en assure la compatibilit Au bout du compte les divers
275. ses serait consacr e des travaux socialement utiles dont Lipietz dresse ainsi la liste ceux qui sont actuellement fournis co t lev puisque non subventionn s par certains secteurs de l Etat providence lui m me soins de base aux malades aide aux convalescents ceux qui sont actuellement fournis par le travail contraint et gratuit des femmes ceux qui ne sont pas fournis du tout ou trop peu parce que ce serait trop cher 89 am lioration de l environnement en particulier des quartiers pauvres animation culturelle etc Lipietz 1989 Ce projet s adapte de mani re assez coh rente aux contraintes de rentabilit expos es plus haut mais dans les limites contradictoires de toute segmentation Il faut en effet que la faible productivit et la faible rentabilit d un tel secteur ne viennent pas contaminer le noyau dur de l conomie marchande Le tiers secteur ainsi d fini ne peut que rester cantonn dans une situation domin e et risque de jouer en permanence un r le de pression la baisse sur la condition salariale des deux autres secteurs Le projet de cr ation d emplois dans le cadre du plan banlieues annonc par le gouvernement Jupp entre parfaitement dans cette logique et si l on avait encore des doutes sur la nature du projet le terme de zone franche les aura dissip s en voquant irr sistiblement ces libres march s de force de travail prix r duits que les pays du Tiers
276. son 1982 d appeler l Age d or Les l ments de cette rupture sont bien r sum s dans le tableau 1 qui donne l volution de la croissance et de l emploi sur longue p riode Ce qui frappe imm diatement c est le caract re exceptionnel de la p riode 1949 1974 marqu e par une progression impressionnante de la production et de la productivit qui croissent l une et l autre de 5 par an pendant vingt cinq ans alors que le PIB n avait par exemple augment que d un peu plus de 50 entre 1896 et 1939 La production est multipli e par plus de 3 5 durant ces ann es dont a volontairement retir la p riode de reconstruction de l imm diat apr s guerre Il y a l videmment un changement qualitatif qui bouleverse de fond en comble les dynamiques sociales ce rythme l il suffit en effet de quatorze ans pour doubler le niveau de vie moyen Tableau 1 Production emploi productivit ONDE LONGUE I ONDE LONGUE IlI LE SIECLE A B 1895 1915 1925 1939 1949 1974 1974 1994 1896 1994 PIB 5 2 2 1 2 2 Productivit horaire 5 2 2 6 2 7 Volume de travail 0 0 0 5 0 4 Dur e du travail 0 4 0 7 0 6 Emploi 0 4 0 2 0 2 Taux de croissance annuels moyens en Sources Villa 1994 OCDE Dynamique du taux de profit Cette succession de phases peut s interpr ter partir de la dynamique du taux de profit Cette variable centrale est la fois une r sultante un d terminant et un indicateur sy
277. ssion autour de ces estimations divergentes n est pas seulement technique car elle permet de souligner le r le de param tres particuli rement d cisifs La simulation de l OFCE est ainsi assortie d une hypoth se centrale selon laquelle la r duction de la dur e du travail n engendre pas de gains durables de productivit qui viendraient en contrecarrer les effets sur l emploi C est un point essentiel dans le cas contraire la r duction du temps de travail risquerait en effet de n tre qu un levier permettant une intensification suppl mentaire du travail autrement dit d assurer la m me charge de travail sans embauches Il s agit d ailleurs l d une source importante de r ticence voire de m fiance des salari s notamment de l industrie qui ont connu un tel m canisme en 1982 et vivent dans un contexte de faible croissance et de r duction continue des effectifs L analyse d taill e des projets devrait permettre de mieux tablir la distinction entre la r duction du temps de travail et l am nagement du travail qui sous couvert de r duction cherche en fait s pargner des embauches et non cr er des emplois Cette r flexion devrait contribuer d gager une formulation optimale de la revendication permettant de d jouer les r ticences de convaincre et de mobiliser Il faut donc apprendre interroger de ce point de vue les projets de r duction du temps de travail qui fleurissent gauche et
278. stance aux d terminants invoqu s par Marx mais la question de savoir pourquoi la tendance finit par l emporter sur les contre tendances rel ve d une analyse historique concr te de l articulation de ces d terminations productivit r alisation S il fallait r sumer cette approche d une formule l emporte pi ce on pourrait dire que la grande crises des ann es 1930 est principalement une crise de d bouch s et celle du milieu des ann es soixante dix principalement une crise de la productivit Cette analyse conduit plusieurs propositions importantes Elle permet d abord de comprendre comment via la productivit et la contrainte de rentabilit le taux de croissance est li au niveau du taux de profit Tout ralentissement de la productivit se traduit par un ralentissement de la production parce que le syst me postule que le taux de profit doit tre maintenu c est ce qui permet on y reviendra de comprendre la mont e du ch mage de masse qui est proprement parler un ch mage capitaliste Cette pr sentation permet ensuite d tablir un lien entre la loi de la baisse tendancielle du taux de profit et la th orie des ondes longues Les r sultats empiriques pr sent s ici montrent qu une version plus assouplie de la loi est bien adapt e aux rythmes conomiques longs la baisse 23 tendancielle du taux de profit n est pas une tendance permanente la baisse c est ce qui fait passer d une pha
279. strielle pour la France Minist re de la Recherche et de l Industrie Aglietta M et Brender A 1984 Les m tamorphoses de la soci t salariale Calmann L vy Albert M 1982 Le pari fran ais Le Seuil Albert M et Boissonnat J 1988 Crise Krach Boom Le Seuil Aznar G 1993 Travailler tous pour travailler moins Syros Baby J 1949 Les lois fondamentales de l conomie capitaliste Editions G t le Coeur Banque mondiale 1993a Investir dans la sant Rapport sur le d veloppement dans le monde Banque mondiale 1993b Latin America and the Caribbean A decade after the debt crisis Barsoc C 1984 Les lendemains de la crise La Br che Bayet A 1995 L volution des salaires dans le secteur priv INSEE Premi re n 393 juillet Bazen S et Martin J 1991 L incidence du salaire minimum sur les gains et l emploi en France Revue conomique de l OCDE n 16 Bensa d D 1995a La discordance des temps Les Editions de la Passion Bensa d D 1995b Marx l intempestif Fayard Bertrand H 1979 Le r gime central d accumulation de l apr s guerre et sa crise Enseignements d une tude en sections productives sur la France de 1950 1974 Critiques de l conomie politique n 7 8 avril septembre Bertrand H 1983 Le syndicat peut il devenir un acteur conomique CFDT Aujourd hui n 60 mars avril Billaudot B 1976 L accumulation
280. sure o l Etat qui est cens repr senter l int r t g n ral dispose dor navant d une base plus troite que l entreprise mondialis e dont les int r ts orientent l action de ce m me Etat Petrella th orise cette inversion des r les Dans le cadre actuel de la mondialisation de la technologie et de l conomie ce sont les sujets vocation particuli re et porteurs d int r ts particuliers qui tirent et orientent l action des sujets vocation g n rale porteurs de l int r t public On assiste donc une dissociation croissante entre le pouvoir conomique mondialis et le pouvoir politique national Encore une fois la technologie joue ici un r le cl et induit une diminution de la participation et du contr le d mocratique du d veloppement scientifique technologique et conomique au niveau de chaque pays Par ailleurs cette volution ne s accompagne pas de l mergence d un Etat mondial dont la sph re de comp tence cro trait harmonieusement mesure que s tendrait la mondialisation Les points d application de ce constat sont nombreux ainsi il n existe l heure actuelle aucun Etat ou institution qui soit en mesure d assurer pleinement une fonction de r gulation des monnaies l chelle mondiale Les normes fluctuations du 66 dollar la brutale r valuation du yen l clatement du SME en sont autant d exemples Ce d calage entre la mondia
281. syst me conomique respecte cette contrainte avant toute autre consid ration Cet imp ratif passe par la d fense des salaires mais aussi de mani re urgente par l institution de revenus garantis d cents qui ne soient pas une simple aum ne Le raisonnement doit tre le suivant 110 si la soci t est si mal faite qu elle n est pas capable de donner un emploi chacun si elle pr f re se priver de leur travail alors il faut au moins qu elle leur garantisse les moyens d une existence d cente C est pourquoi le mouvement ouvrier doit reformuler un corps de revendications portant non seulement sur les salaires mais aussi sur les retraites et sur les revenus vers s ceux et celles que l on prive d activit C est la condition pour que soit pris en charge par le mouvement social le destin des exclus C est en m me temps une condition majeure de renaissance du mouvement syndical La furie n olib rale cherche faire croire que tout cadre juridique est par d finition un carcan qui bloquerait le dynamisme et l innovation sociale en maintenant de redoutables rigidit s responsables de tous nos maux La r alit est bien videmment diff rente le capitalisme contemporain est de moins en moins encadr et retourne une sorte d tat sauvage de telle sorte que nos soci t s constituent bien des gards une forme moderne de barbarie Il faut inverser ce processus parce que la codification des ra
282. t On se trouve alors devant une distinction fondamentale entre emploi et activit qui d finit deux logiques La premi re que nous appellerons logique de l emploi salari confond le travail et l emploi Elle pr ne une r gulation du syst me par une s rie de mesures qu il nous faudrait accepter afin que le plus grand nombre de personnes puisse avoir acc s l emploi salari La seconde logique de l activit est plus novatrice Elle op re une distinction entre le travail et l emploi A l heure o les mod les existants s effondrent les uns apr s les autres elle imagine un mode de r gulation bas sur la remise en cause des fondements m mes de notre soci t Cette approche revient au fond d douaner l entreprise de sa fonction d offrir des emplois en nombre suffisant notre intuition de longue date est qu il n est aucune mesure aucun plan anti ch mage qui puisse permettre aux entreprises d assurer le retour au plein emploi dans notre soci t Il suffirait donc d apprendre g rer cette c sure entre emploi et activit et remettre en cause une d finition homog ne de la notion m me de travail Parmi les distinctions possibles entre diverses acceptions du travail l une des plus significatives est celle que Gorz op re entre travail h t ronome et travail autonome La sph re de l h t ronomie regroupe l ensemble des activit s sp cialis es que les individ
283. t de la monnaie politique industrielle et d bouche sur une norme difficult politique avec un fractionnement accru des orientations et un projet d Europe tages qui tourne de fait le dos au projet d unification Ces difficult s r sultent d une surestimation des possibilit s de d placer significativement le niveau de gestion des affaires courantes Le volet social n tait pas totalement absent du projet initial mais se d finissait en creux comme une politique concert e d aust rit justifi e par les exigences de la construction europ enne et ses succ s escompt s Il y a encore peu les programmes d aust rit taient baptis s plans de convergence Avec un surprenant mim tisme ils poursuivaient les m mes objectifs r duction la masse salariale sous toutes ses formes salaire direct prestations sociales retraites etc d r gulation et flexibilit Depuis les objectifs n ont videment pas vari mais la m thode a chang apr s avoir red fini l axe de sa politique mon taire soit en d valuant Grande Bretagne Espagne Portugal Italie Gr ce soit en se crispant sur la d fense de la monnaie France et Allemagne chaque pays s est mis suivre sa voie nationale vers l aust rit L id e de pacte social a merg sans grand succ s l o des gouvernements lib raux de gauche taient en place Belgique Espagne avec une plus grande r ussite pour le gouvernement italien Dans les
284. t 1995 contre 13 6 pour la moyenne de l Union europ enne 9 8 au Japon et 0 8 aux Etats Unis Sur cette base r elle il faut ensuite que la politique de change ne vienne pas absorber le b n fice de l aust rit salariale Compte tenu de la complexit de cette question on ne dispose pas d tudes quantifi es syst matiques d autant plus que son traitement est par nature conventionnel Mais il va de soi que les r centes d pr ciations du dollar et de plusieurs monnaies europ ennes ont pour effet de r duire un avantage relatif d j bien mince Il y a enfin un troisi me l ment qui vient s intercaler savoir le comportement de marge des exportateurs qui peuvent ou non r percuter dans les prix les baisses de co t unitaire Les donn es publi es par INSEE montrent un comportement de marge plus offensif l gard des partenaires europ ens qu en direction du reste du monde Au total l am lioration de la comp titivit prix de l conomie fran aise est valu e par l INSEE un gain de 4 5 entre 1987 et 1994 ce qui est maigre L am lioration du solde ext rieur est cependant beaucoup plus nette ce qui indique qu elle repose pour l essentiel sur une mod ration de la croissance du march int rieur qui renvoie elle m me la mod ration salariale Mais l impact global sur l emploi est difficilement perceptible et on peut dire que l conomie fran aise pr sente un double visage assez ton
285. t en amont et en aval C est l ensemble de la soci t industrielle qui doit s adapter au progr s Les machines en s automatisant les hommes en voluant et en se requalifiant Cette th orie de la compensation avait d ailleurs t formul e l poque de Marx et celui ci en d non ait d j toute la frivolit dans Le Capital Quand une partie du fonds de salaires vient d tre convertie en machines les utopistes de l conomie politique pr tendent que cette op ration tout en d pla ant raison du capital ainsi fix des ouvriers jusque l occup s d gage en m me temps un capital de grandeur gale pour leur emploi futur dans quelque autre branche d industrie Nous avons montr qu il n en est rien qu aucune partie de l ancien capital ne devient ainsi disponible pour les ouvriers d plac s mais qu eux m mes deviennent au contraire disponibles pour les capitaux nouveaux s il y en a Marx II Livre 1 chap XXV La question est encore ouverte aujourd hui Et les faits ont conduit de l optimisme de Sauvy a un certain pessimisme faisant du ch mage la cons quence directe des mutations technologiques Ce discours est tenu avec une emphase particuli re par Jacques Robin qui nous annonce l existence 46 d une mutation technologique informationnelle m connue Le ton solennel propre aux grand initi s est souvent adopt dans ces textes qui fonctionnent sur le mode de l
286. t encore crire 1 Part des salaires Taux de profit Coefficient de capital Raisonnons autour de ces deux grandeurs pour en faire appara tre les d terminants La part des salaires d pend tr s simplement de l volution respective du salaire r el et de la productivit On peut en effet crire wN w p Salaire r el e soit part des salaires pQ Q N Productivit Les lois d volution de la part des salaires sont donc faciles noncer elle augmente chaque fois que le salaire r el augmente plus vite que la productivit 10 Si l un et l autre augmentent parall lement la part des salaires reste constante Le taux de plus value marxiste correspond grosso modo au compl ment un de la part des salaires il augmente chaque fois que les gains de productivit l emportent sur la progression du salaire r el Le maintien du taux de plus value est donc compatible avec une progression du salaire r el pour autant que celle ci est compens e par une augmentation quivalente de la productivit du travail Voyons maintenant l volution du coefficient de capital que l on peut son tour d composer en deux termes K K N Capital par t te k soit coefficient de capital Q Q N Productivit Le capital par t te mesure l intensit capitaliste des m thodes de production C est une mesure approch e de la notion marxiste de composition technique du capital c est dire pour
287. t ensuite une seconde distinction qui appara t quand on pose la question de savoir qui et comment fait respecter les conventions du BIT rappel es ci dessus Parler de clause c est r pondre implicitement que cela rel ve des trait s commerciaux et par cons quent de la comp tence d organismes internationaux comme l OMC Organisation Mondiale du Commerce Or cela ne va videmment pas de soi La lutte pour la d fense des droits l mentaires des travailleurs ne peut avoir comme seule r f rence les exigences d une concurrence quitable ils existent ind pendamment m me de l change international On ne peut demander l OMC qui est l ex cutrice du dogme n olib ral de faire une chose et son contraire autrement dit de s attaquer toutes les entraves mises au libre jeu de la concurrence et en m me temps de r glementer cette derni re Plut t que de clauses mieux vaut donc parler de normes sociales dans l organisation du travail et confier aux syndicats et aux ONG le soin de contr ler leur mise en oeuvre au lieu de vouloir r gler ce probl me par un addendum un Trait de commerce Les justifications d une annulation de la dette sont en revanche assez videntes Dans la plupart des cas la dette a d j t rembours e si on lui applique un taux d int r t normal au lieu des taux d int r ts proprement usuraires qui ont t impos s au tiers monde De plus cette dette a t largement
288. t progressivement venue buter sur ses limites que lon peut r sumer par r f rence aux sch mas de reproduction le cycle du capital ne r ussit pas boucler dans le pays lui m me en g n ral incapable de produire les moyens de production Le passage de l onde longue expansive londe longue r cessive s est produit pour des raisons principalement internes aux pays du Centre Cette crise s est ensuite combin e avec une crise sp cifique du mod le d industrialisation au Sud redoublant encore travers le poids de la dette la profondeur de la crise dans les pays d pendants Ceux ci sont d une certaine mani re encore plus domin s que dans les ann es trente o la crise s tait traduite par une d connexion qui avait permis certains pays notamment l Argentine puis le Br sil et le Mexique de mettre en place un mod le plus autocentr et de jeter ainsi les bases d une industrialisation Les d fenseurs du mod le d ajustement insistent sur l importance des flux de capitaux destination du Tiers Monde qui r tabliraient une relation plus saine entre le Nord et le Sud Ce retournement ne provient pas en tout cas d une baisse de la dette globale des pays en d veloppement qui repr sente 1750 milliards de dollars en 1993 contre 1600 deux ans plus t t La dette progresse et les charges d int r t se maintiennent dans le meilleur des cas Ce qui a chang c est un apport net important de capitaux que la Banque
289. talisme associ es notamment l Etat providence et au plein emploi Du point de vue des n olib raux les choses sont parfaitement nettes le plein emploi est dor navant hors d atteinte et l Etat providence trop co teux La concurrence mondialis e exige de renoncer ces vieilles lunes Malgr les efforts pour pr senter ces recettes comme ouvrant la voie une nouvelle modernit il est de plus en plus clair qu il s agit en r alit d un impressionnant retour en arri re Parall lement on voit aussi se d velopper des analyses extr mement diversifi es sur la fin du travail et les conclusions qu il faut en tirer quant l organisation sociale Il y a l un d bat tr s riche touffu et il faut videmment se garder des raccourcis encore plus des amalgames Mais il faut aussi s y retrouver et nous voudrions ici proposer quelques points de rep re La fin du plein emploi Le socle commun beaucoup de constructions est l id e selon laquelle le plein emploi est d sormais un objectif obsol te et m me une illusion pour reprendre le titre d un texte du Centre des Jeunes Dirigeants CJD 1994 tr s repr sentatif de ce discours Son point de d part semble faire cho notre th se sur l exceptionnalit de l Age d or Notre culture la plus imm diate s enracine dans la p riode de l apr s guerre celle des Trente Glorieuses o le plein emploi permettait de donner une place ch
290. tat souligne la n cessit de s interroger sur la nature des emplois qui viennent enrichir la croissance d autant plus que l volution spontan e de l conomie ne conduit pas un recul significatif du ch mage Les derniers travaux r alis s conjointement par l OFCE et le CEPI l horizon 2002 cr ditent la France comme d ailleurs beaucoup d autres pays d une croissance trop faible mais vertueuse Le taux de ch mage ne reculerait pas de mani re significative puisqu il se situerait 10 6 en 2002 contre 11 4 aujourd hui Cela fait d ailleurs plusieurs ann es que les pr visions moyen terme livrent un message analogue il y a deux ans par exemple les travaux prospectifs men s autour du XI me Plan convergeaient pour annoncer un taux de ch mage d grad moyen terme au mieux constant autour de 10 Or comme l indiquait juste tre le rapport du Groupe Emploi le maintien du taux de ch mage son niveau actuel ne constituerait pas un statu quo il signifierait notamment un durcissement du probl me du ch mage de longue dur e des difficult s croissantes d insertion des jeunes une r gression de la reconnaissance du droit des femmes l emploi enfin une dualisation accrue de l conomie Voil pourquoi il n est pas possible de s en satisfaire CGP 1993b Dans ces conditions l ajustement de l emploi passe forc ment par une r duction du temps de travail ne serait
291. tc mais Zarifian et Palloix dessinent une tout autre perspective L individualit sociale c est la forme par laquelle l individu d passe le caract re priv de son activit et pr tend s approprier de mani re active le sens des relations multiples qu il noue avec sa propre soci t en tant qu elle est en devenir et qu il participe son engendrement Elle condense le nouveau principe d une soci t alternative dans laquelle les personnes individualis es se d veloppent par les relations qu elles nouent intentionnellement entre elles et par une approche d association et non plus de domination avec les ressources participant la consistance naturelle du monde Cette perspective qui s oppose celle de Gorz nous semble mieux correspondre un possible d passement de la crise actuelle du capitalisme contemporain Les implications d un d bat Ce d bat abstrait n est pas d pourvu d implications concr tes car le sch ma dualiste gorzien s articule avec des propositions pratiques dont le lieu de coh rence se d place au cours du temps Andr Gorz et Jacques Robin ont ainsi sign un texte commun assez repr sentatif des ambigu t s de l id ologie du temps libre Gorz et Robin 1994 Ce bref manifeste avance l id e d une loi cadre instituant une semaine de travail de 32 ou 33 heures et fait r f rence un principe tr s juste selon lequel la redistribution des richesses pro
292. te majorit de la soci t pourrait atteindre un niveau de bien tre sup rieur moyennant une autre r partition des richesses La p riode de crise actuelle est donc la fois classique et in dite Ultra classique parce que la d r glementation en supprimant peu peu tout ce qui permettait d encadrer le fonctionnement du capitalisme tend r tablir le jeu normal de ses contradictions dont le retour du cycle est un sympt me significatif Compl tement in dite parce qu il s agit bien plus que d une perturbation conjoncturelle d une crise des principes essentiels du capitalisme une crise de la valeur travail pour aller vite Enfin cette crise rev t galement la forme in dite d une mondialisation renforc e 50 SECONDE PARTIE UN CAPITALISME MONDIALISE 51 CHAPITRE 4 LA FRACTURE PLANETAIRE Pour reprendre une formule de Marx La base du mode de production capitaliste est constitu e par le march mondial lui m me Marx Ill Le seul constat d une croissance du commerce international deux fois plus rapide que celle de la production ne peut donc suffire caract riser une phase nouvelle du capitalisme et encore moins distinguer le processus de mondialisation d un mouvement d internationalisation Ce sont d autres l ments qu il faut introduire et notamment la formation d un march mondial r ellement unifi une juxtaposition de march s nationaux se substitue progressivement un
293. tion ou d exclusion Comme il s agit de s en tirer seul contre les autres ce type de protectionnisme doit logiquement s approfondir et se g n raliser en un processus de guerre conomique qui a toutes les chances de d raper dans la guerre tout court Le protectionnisme que nous proposons est au contraire un protectionnisme d extension qui consiste se prot ger transitoirement dans la mesure exacte o les voisins n ont pas encore emprunt la m me voie L objectif est alors de s en sortir tous ensemble Ce qu on prot ge alors ce sont par exemple les 35 heures l gard de pays qui pourraient prendre le m me type de mesure Mais cette protection a vocation dispara tre en cas d extension Quant aux moyens mettre en oeuvre ils concerneraient principalement le contr le sur les flux de capitaux et la gestion de la monnaie Sur le premier point il devient de plus en plus vident que l on ne peut laisser les march s d cider dans la plus grande des libert s du destin de millions de salari s Gr ce la possibilit de d placer capitaux et lieux de production ils exercent une pression la baisse sur l emploi sur les conditions de travail et d existence des salari s qui conduit globalement des effets n fastes m me s ils ont avec eux une certaine logique conomique court terme Cette libert comme toute authentique libert doit tre codifi e afin qu elle ne signifie plus le dro
294. tional du Travail libert d association n 87 libert de n gociation n 98 interdiction du travail des enfants n 38 non discrimination fond e sur la race le sexe la religion l opinion politique etc n 111 et enfin interdiction du travail forc n 29 et 105 La n cessit de d fendre ces principes ne fait videmment pas discussion Mais il existe une conception beaucoup plus large de la clause sociale qui repose sur la notion de dumping social Dans la mesure o les pays du Sud et de l Est 121 b n ficient d avantages concurrentiels indus en raison de bas salaires et de syst mes de protection sociale moins avanc s il serait quitable d instituer un imp t visant effacer tout ou partie de cet avantage injustifi Les sommes ainsi pr lev es alimenteraient ventuellement un fond d aide aux pays concern s Il va de soi que cette conception ne peut tre autre chose qu un habillage du protectionnisme des hommes d affaires du Nord elle vise r aliser l union nationale des ouvriers et des patrons des pays riches au nom d arguments hypocrites M me d un point de vue conomique elle est en effet absurde les bas salaires refl tent pour l essentiel les diff rences de niveaux de productivit et toute taxe tendrait freiner les ventes des pays du Sud voire les liminer totalement en cas de mise niveau int grale des co ts salariaux Le terme de clause condui
295. titution d un projet de transformation sociale Dans un pays opulent comme le n tre c est la lutte imm diate pour une r duction massive du temps de travail qui nous semble constituer l axe central autour duquel peut prendre progressivement tournure une utopie concr te pour le XXI me si cle TABLE DES MATIERES INTRODUCTION PREMIERE PARTIE LA CRISE ET SA REGULATION Chapitre 1 Le temps long de l accumulation et du profit Chapitre 2 Reproduction et besoins sociaux Chapitre 3 G n ration ch mage SECONDE PARTIE UN CAPITALISME MONDIALISE Chapitre 4 La fracture plan taire Chapitre 5 Le pi ge de Maastricht TROISIEME PARTIE LES LENDEMAINS DE LA CRISE Chapitre 6 Les chemins de traverse Chapitre 7 L hypoth se socialiste Chapitre 8 La r duction du temps de travail un projet radical BIBLIOGRAPHIE PREMIERE PARTIE LA CRISE ET SA REGULATION CHAPITRE 1 LE TEMPS LONG DE L ACCUMULATION ET DU PROFIT Ce que nous connaissons sous le nom de grande d pression qui a d but en 1873 s est manifest brutalement en 1880 et 1889 et s est poursuivi jusqu en 1895 doit tre consid r comme la ligne de partage entre deux stades historiques distincts du capitalisme Dobb 1970 La premi re des ondes longues du XX me si cle a donc commenc il y a tout juste cent ans Cette co ncidence justifie d ouvrir ce chapitre par une rapide mise en perspective historique de la dynamique du capitalisme fran ais Une
296. toute la soci t des plus d munis jusqu aux chercheurs et aux cadres y compris les responsables d entreprise dans leurs fonctions de dirigeants du travail collectif de cr ation de 93 richesses et non pas dans les pratiques monopolisatrices et sp culatives C est en fait le vieux th me de l union contre les monopoles qui resurgit avec cette variante consistant s parer au sein d une m me couche sociale le bon grain la cr ation de richesses de l ivraie les monopoles et la sp culation Impossible mancipation du travail La position qui est la n tre dans ce d bat consiste dire qu il n est pas possible de faire cohabiter durablement des principes conomiques contradictoires et que l on ne peut donc surmonter les effets de la crise conomique actuelle en s vadant ou en se r fugiant en dehors du noyau dur de l conomie Toute la question est alors de savoir si cela ne revient pas d une certaine mani re reconna tre la toute puissance de l conomie A court terme il n y a pas mati re une discussion tr s large Il est clair pour tout le monde qu travers la crise des transformations soci tales profondes s op rent Castel 1995 Mais leurs effets positifs imm diats restent encore invisibles et nous partageons pleinement cette remarque fondamentale de Castel qui ajoute ceci Sont parfaitement visibles par contre des pi ges dans lesquels tombent les
297. ture permet de souligner le r le absolument central de la productivit du travail qui si tout se passe bien doit r aliser une double compensation Vis vis du salaire r el on l a vu l volution de la productivit d termine la part des salaires et vis vis du capital par t te elle d termine le coefficient de capital autrement dit le capital par unit de production Un cas particulier int ressant est de ce point de vue celui de l Age d or o salaire r el capital par t te et productivit du travail augmentent la m me vitesse Dans ce cas la part des salaires et le coefficient de capital restent constants et il en va donc de m me du taux de profit On v rifie donc bien que de mani re plus g n rale les conditions de stabilit du taux de profit d pendent de l volution relative de ces trois variables Il est possible de donner de ces conditions une expression encore plus pr cise et plus condens e Il convient pour cela d introduire une nouvelle notion celle de productivit globale des facteurs Cette derni re est tr s classiquement d finie comme une moyenne de la productivit du pond r e selon la part des salaires nero e ni 1 e nk On peut alors tablir que la variation relative R du taux de profit d pend de l volution de la productivit globale des facteurs nco ainsi d finie et de celle du salaire r el s selon la relation suivante R nero S 1 e e
298. u salaire net n a ainsi progress que de 0 3 par an pour les ouvriers qualifi s de 0 1 pour les ouvriers non qualifi s et les employ s et est rest constant pour les cadres et les professions interm diaires La progression du salaire net moyen est quant elle de 0 7 et refl te les seuls effets de structure La reprise de 1994 n infl chit pas ces tendances puisque le recul du pouvoir d achat varie entre 1 5 pour les cadres et 0 4 pour les ouvriers Bayet 1995 Le SMIC appara t comme un bon indicateur d volution moyenne du pouvoir d achat puisqu il a perdu 0 7 en 1994 apr s un recul de 0 8 en 1995 De ce point de vue les fameux 4 accord s en juillet 1995 ne sont donc qu un rattrapage La d valuation de la norme salariale prend des formes tr s vari es Elle passe aussi par la pression la baisse sur les salaires des jeunes l embauche qui ont ainsi perdu 6 3 de leur pouvoir d achat entre 1991 et 1994 ainsi que par la moindre progression au long de la carri re DARES 1995c Enfin la mont e du temps partiel accentue le recul salarial Quand on nonce par exemple que le salaire net moyen est en 1994 de 122 230 F par an 132 890 F pour les hommes et 103 510 F pour les femmes cette moyenne ne porte que sur les emplois temps complet et laisse donc de c t 15 des salari s parmi lesquels une crasante majorit de femmes Or la mont e du temps partiel est 42 justement un moyen non se
299. ue la d fense du franc au sein du syst me mon taire europ en implique le maintien d un taux d int r t lev mais aussi d un taux de change sur valu De mani re coh rente avec ces n cessit s de financement mais aussi avec la doctrine n olib rale qui coiffait le tout la d cennie quatre vingt a t marqu e par une d r glementation effr n e qui a sous tendu et m me amplifi le processus de mondialisation Contrairement aux pr visions de la th orie et pour les raisons que l on 54 vient de pr senter rapidement ce mouvement n a videmment pas fait reculer les taux d int r t r els qui se sont maintenus durablement des niveaux extr mement lev s pour lesquels n existe aucun pr c dent historique Ce bouclage a profit pleinement tous ceux qui ont pu vendre sur le march am ricain qu il tait facile de p n trer en raison de la hausse du dollar durant la premi re moiti des ann es quatre vingt Les succ s remport s par les Quatre Dragons du Sud Est Asiatique Hong Kong Cor e du Sud Taiwan et Singapour s expliquent en partie par l ouverture de cet norme d bouch Mais d autres y ont perdu en particulier tous les pays endett s brutalement confront s des taux d int r t d mentiels Un pays comme le Mexique qui s tait endett pour financer les quipements p troliers des taux de 6 ou 7 s est vu dans l obligation de payer 17 ou 18 d int r t sur des emprunts co
300. ulement de partager le travail mais aussi de baisser le salaire consid r comme un revenu A partir du moment o le temps partiel est objectivement impos et c est le cas dans une proportion bien sup rieure aux r ponses des enqu tes qui int grent la dure loi du march il s agit aussi d une r duction impos e de salaire Si l on refaisait les statistiques en refusant de laisser l cart celles et ceux qui ne disposent pas d un emploi temps plein on constaterait que le blocage salarial est encore plus net Aust rit salariale et investissement On se rappelle le th or me de Schmidt selon lequel les profits d aujourd hui sont les investissements de demain et les emplois d apr s demain Toute la politique dite de d sinflation comp titive a effectivement repos sur l hypoth se de cet encha nement vertueux qui conduisait pr senter la crise et la mont e du ch mage comme autant de moments p nibles mais n cessaires dans un processus de destruction cr atrice de mutations technologiques et de r tablissement du taux de profit permettant de renouer avec une croissance cr atrice d emplois Une mod ration salariale transitoire tait la condition n cessaire pour jeter les bases du red marrage d une conomie assainie Ce discours a toujours court comme si l effet des mutations devait s tirer ind finiment mais pr s de vingt ans se sont coul s et il est temps de dresser un pre
301. umulation de capital et les mutations technologiques ou par l impact de ces volutions sur l organisation du travail elle m me Mandel 1980 Cette analyse nous semble constituer le cadre d une synth se possible entre le marxisme et un certain nombre d analyses que l on peut qualifier de r gulationnistes comme celles de Dock s et Rosier Le reproche que ces deux auteurs adressent la position de Mandel assimil e l id e selon laquelle la lutte des classes serait exog ne nous semble reposer sur un quiproquo d autant plus que leur propre r cit de la succession de ce qu ils appellent ordres productifs fait une large place des bouleversements ext rieurs au fonctionnement stabilis d une forme tape du capitalisme Cette conception dissym trique nous semble au contraire tout fait fondamentale On a essay de montrer plus haut que le retournement la baisse renvoie en derni re instance aux rapports sociaux capitalistes et on s efforcera ensuite de montrer comment ces d terminations g n rales s exercent dans un contexte diff rent Mais justement le cadre d ensemble dans lequel se d veloppe le jeu des contradictions capitalistes n est pas le produit d une g n ration spontan e et ne saurait se ramener l irruption p riodique d innovations technologiques On peut parler de mode de r gulation d ordre productif mais l essentiel consiste souligner qu il ne s agit justement pa
302. upr matie contre l arriv e de concurrents nouveaux Cette tendance la mondialisation a t doublement renforc e au cours des ann es quatre vingt aussi bien par les mutations technologiques que par les politiques n olib rales La constitution d une conomie monde int gr e va en effet de pair avec une transformation des m thodes de production qui rendent possible la mise en place d une division internationale du travail souplement structur e en r seaux au lieu de la stricte segmentation que l on imaginait au d but des ann es quatre vingt Le caract re de plus en plus immat riel de la production de marchandises le d veloppement des moyens de communication de transfert des connaissances et de gestion instantan e des flux financiers du travail distance etc constituent le soubassement technologique de ce processus Du point de vue politique l orientation n olib rale dominante au cours de la derni re d cennie est parfaitement en prise puisque l un de ses objectifs est de lever tous les obstacles que la circulation des flux de marchandises et d argent pourraient rencontrer C est pourquoi la globalisation est aussi en grande partie une globalisation financi re rendue possible par la d r glementation quasi universelle des march s des capitaux et des monnaies 52 Ce processus est galement en phase avec les privatisations Comme l explique l ultra lib ral The Economist du 27 mars 1993 dans un dossier su
303. ur diversit ces positions suscitent forc ment des r actions contradictoires D un c t elles dissimulent mal la sinistre r alit du ch mage et de la pr carit il y a bien peu de choix dans ce temps libre Peu de d passement du salariat dans ce non travail C est faire injure aux vaincus de la soci t marchande que de vouloir en plus faire de leur crasement le signe qu une nouvelle soci t est en train de na tre Mais d un autre c t on sent bien que ces analyses touchent juste en ce sens qu elle nous parlent d une certaine mani re de ce qui serait effectivement possible et se trouve port e de main Il faut donc les analyser de plus pr s Dans ce discours les services occupent une place centrale parce qu ils apparaissent comme un r servoir d emploi ou plut t d activit C est la grande id e d un tiers secteur d utilit sociale ni priv ni public que d autres appellent conomie solidaire Au del des nuances le postulat de d part est qu il existe une nouvelle demande correspondant des besoins qui ne sont pas vraiment solvables Pour y r pondre 1l faudrait tendre un r seau d entreprises interm diaires entre priv et public dont d faut de d bouch s rentables la viabilit reposerait en partie sur de bas salaires et en partie sur des financements publics par exemple sous forme d exon rations fiscales et sociales L activit de ces entrepri
304. us de raisons d tre anticapitaliste qu il y a vingt cinq ans dans la mesure o comme on l a montr le syst me capitaliste fonctionne avec une l gitimit restreinte Et il n est pas mauvais de rappeler en passant que la mont e des luttes sociales partir du milieu des ann es soixante a co ncid avec une p riode florissante du capitalisme Il existe d ailleurs beaucoup de raisons qui permettent de comprendre pourquoi le cycle des luttes tend pouser Mandel 1995 celui du taux de profit l entr e en r cession finit par roder la combativit ouvri re et la perte de marge de manoeuvre des r formistes finit par engendrer l id e selon laquelle rien mest plus possible que de faire le gros dos Face un tel bilan la question de fond d un point de vue rationnel est d indiquer avec pr cision en quoi une hypoth tique organisation socialiste de l conomie conduirait des r sultats diff rents de ceux que nous connaissons aujourd hui Ce que l on a essay de montrer dans ce qui pr c de c est que la possibilit m me d une telle diff rence renvoie l existence de deux logiques gouvernant le mode de d veloppement des soci t s en d autres termes le mode d utilisation de leur surplus Deux crit res de choix conomiques sont en effet disponibles le crit re du profit et celui des besoins Sous le capitalisme c est le premier qui domine ce qui implique une faible capacit de contr le de la part
305. us des formes tr s diverses Elle constitue par certains aspects une variante de la th se du d versement dans sa version la plus simpliste l analyse consiste en effet dire que l on assiste un transfert de l activit humaine de l industrie vers les services analogue celui qui a r duit le place de l agriculture au profit de l industrie Mais en m me temps il ne s agit pas d un simple transfert en ce sens que les services apparaissent comme porteurs de qualit s particuli res la plus notable tant l immat rialit Nous entrerions dans une soci t o le travail de transformation de la mati re serait peu peu supplant par des activit s de circulation de l information La figure du prol taire serait donc soumise une double action dissolvante l ouvrier d industrie occupant une place de plus en plus marginale dans 88 l activit productive humaine et l application directe de l effort physique la transformation tendant elle m me dispara tre Les notions de marchandises et de travail deviendraient de plus en plus floues Cette approche se combine le plus souvent avec une extrapolation idyllique des effets de ce que l on a pu appeler la R volution du temps choisi Dans un livre collectif paru il y a plus de dix ans Barsoc 1984 nous nous amusions livrer un floril ge de citations emprunt e diff rents auteurs Nous les reproduisons ici parce que leur ambigu t fondamentale n
306. us largement la division sociale On rejoint ici la belle formule de Castoriadis selon laquelle le socialisme c est la transformation du travail Pour lui cette soci t se distingue principalement par la transformation de la nature et du contenu du travail ce qui signifie la transformation consciente de la technologie h rit e de fa on subordonner pour la premi re fois dans l histoire cette technologie aux besoins de l homme non pas seulement en tant que consommateur mais en tant que producteur Castoriadis 1957 Enfin la dimension r gionale de la planification est primordiale parce que c est un moyen de se rapprocher des personnes concern es par les d cisions ensuite aussi parce que le d veloppement actuel de l conomie repose de plus en plus sur une int gration r gionale r ussie Le Gosplan sovi tique qui imposait que telle commande pass e par une usine de L ningrad une autre transite par Moscou a pu fournir un contre exemple parfait en la mati re Mais l exemple yougoslave a montr qu il existe un exc s inverse possible Aucune soci t ne peut en effet fonctionner sur une base purement localiste sans se fractionner il y a des d cisions souvent les plus importantes qui n cessitent un temps de centralisation Une politique agricole ne peut pas tre d finie au niveau de chaque d partement elle n cessite des arbitrages des transferts des compensations au moins au niveau national La
307. us ont accomplir comme des fonctions coordonn es de l ext rieur par une organisation pr tablie Gorz 1988 alors que celle de l autonomie est celle de la libert La double nature du travail salari comme travail ali n mais aussi comme activit assurant une int gration sociale et une reconnaissance m me domin e est consid r e comme irr ductible et se d place en une partition physique entre travail et hors travail Ce sch ma analytique est troitement imbriqu avec un postulat plus normatif que Gorz a ramass en une formule lapidaire Contrairement ce que pensait Marx il est impossible que l individu co ncide totalement avec son tre social Gorz 19838 A partir de ce postulat le raisonnement de Gorz se d roule avec logique la sph re de l h t ronomie celle de 86 la n cessit des activit s salariales et marchandes tend se r duire cause du d veloppement de la productivit de telle sorte que le domaine du capitalisme se r tr cit peu peu Mais il n est pas vraiment possible de le faire fonctionner autrement et son d passement ne peut r sulter que de l expansion progressive de la sph re du travail autonome celle de la libert C est ce dualisme nouveau qu il faut aider mettre en place il s agit de r duire la sph re de la n cessit faute de pouvoir la supprimer et de subordonner la sph re de l h t ronomie celle de l autonomie La
308. use de mani re aussi profonde les ressorts essentiels de son fonctionnement C est en effet le principe m me d conomie du temps de travail qui perd de sa l gitimit et de son efficacit Les progr s de la productivit ont en effet conduit une situation o au moins potentiellement la soci t pourrait produire avec une d pense de travail toujours d croissante les marchandises assurant l ensemble de la population un niveau de vie correct Le temps de travail n cessaire tant progressivement r duit la soci t pourrait fonctionner autrement en d cidant d affecter le temps social sur la base d un autre principe que celui de la valeur Cette crise n est donc plus simplement le produit du couple surproduction suraccumulation elle d coule de la perte d efficacit du principe capitaliste d affectation du travail social C est notre sens la quintessence de la critique marxiste qui est ainsi restitu e telle qu un passage des Gr ndrisse la r sume Lorsque dans sa forme imm diate le travail aura cess d tre la grande source de la richesse le temps de travail cessera et devra cesser d tre la mesure du travail tout comme la valeur d change devra cesser d tre la mesure de la valeur d usage D s lors la production fond e sur la valeur d change s effondre et le processus imm diat de la production mat rielle se d pouille de sa forme et de ses contradictions mis rables Ne s
309. utres objectifs On peut dire pour simplifier qu il ne supprimerait dans le meilleur des cas autrement dit avec des mesures d accompagnement convenables que la moiti du ch mage L autre moiti devrait tre progressivement absorb e par une affectation prioritaire des gains de productivit venir la r duction du temps de travail de l ordre d une heure hebdomadaire chaque ann e On arriverait en l an 2000 un taux de ch mage quasi nul avec une dur e du travail de l ordre de 30 heures par semaine Ce sc nario para tra videmment utopique mais 1l constitue un point de r f rence incontournable Car la question n est pas tellement de savoir s il faut ou non r duire le temps de travail mais de savoir comment se fera cette r duction Soit de mani re discriminatoire en privant certains d un plein acc s l emploi et particuli rement les femmes vou es au temps partiel ou au contraire en r partissant de mani re galitaire les bienfaits d une progression globale de la productivit Tout le reste n est au fond qu habillage d un choix de soci t fondamental L argument de la comp titivit D s que l on cherche imaginer une politique conomique alternative on se heurte au fameux probl me de la contrainte ext rieure Il s agit d un m canisme assez simple dans son principe chaque fois que les prix ou la production d un pays augmentent plus vite que ceux des voisins sa position
310. uvent institutionnalis entre la progression des salaires et l inflation anticip e de telle sorte que l inflation s auto entretenait et m me s acc l rait En r alit la d connexion qu il s agissait d op rer n tait pas entre salaire nominal et prix mais surtout entre salaire r el et productivit Il est en effet frappant de constater que le ralentissement de l inflation co ncide avec 41 une baisse sensible de la part des salaires voir graphique 1 Le taux d inflation est ainsi ramen de 10 12 au d but des ann es quatre vingt 3 en 1987 tandis que la part des salaires baisse dans le m me temps de 68 60 de la valeur ajout e des entreprises ce qui repr sente videmment un d placement consid rable Ce rappel est d autant plus n cessaire que les discours n olib raux semblent aujourd hui prendre pour acquis que la France aurait de fait exprim une pr f rence pour le salaire contre l emploi Il est facile de v rifier que cette id e qui jouait un r le central dans le fameux rapport Minc 1994 ne correspond tout simplement pas la r alit GRAPHIQUE 1 INFLATION ET PART DES SALAIRES TAUX D INFLATION EN gt z W o W es lt T q 22 2 W A ia lt A 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 PART DES SALAIRES INFLATION Ce blocage salarial persiste sur l ensemble du dernier cycle Entre 1987 et 1994 le pouvoir d achat d
311. venable par rapport deux th ses polaires galement tronqu es D un c t on peut imaginer un ultra structuralisme insistant sur la permanence des rapports capitalistes et sur leur invariance travers les modification de la superstructure A vrai dire plus personne ne revendique r ellement une telle posture th orique qui constituerait une assez pi tre r plique l attitude inverse et vrai dire dominante insistant sur les transformations radicales d un syst me conomique que du coup il serait erron de baptiser capitaliste Et l articulation de ces deux th ses repoussoirs on trouve finalement cette vraie question le capitalisme a t il un stock in puisable de trouvailles gt pour reprendre une expression d Alain Lipietz garantissant qu il saura bien rebondir et inventer de nouvelles formes 26 assurant son dynamisme L Age d or avait sembl apporter une r ponse d finitive ces questions en inventant avec la soci t de consommation un mode de r gulation apparemment stable et une capacit se reproduire sans difficult C est de ce second point de vue qu il faut maintenant interroger le fonctionnement du capitalisme contemporain 27 CHAPITRE 2 REPRODUCTION ET BESOINS SOCIAUX Avec la notion de norme de consommation les r gulationnistes ont mis l accent sur un aspect important de l analyse de la reproduction sociale qui porte au fond sur l articulation entre valeur et valeur d
312. venue donner un coup de fouet la demande tandis que l accumulation de capital a fait un bond en avant L conomie fran aise a moins ressenti le ralentissement de 1970 1971 et a r ussi conserver un taux de croissance de l ordre de 5 La chute du taux de profit appara t particuli rement brutale dans le cas fran ais de m me que le ralentissement de la croissance On s est servi de cette simultan it pour en inf rer que l on ne pouvait expliquer la crise par une chute du taux de profit Outre que cet argument ne s applique vraiment qu au cas fran ais il renvoie une conception par trop simpliste de la causalit la cause serait ce qui vient avant Cet apparent bon sens s accommode mal d une causalit structurelle prenant en compte les nombreux effets en retour qui caract risent le jeu des d terminations conomiques On ne prendra ici qu un seul exemple de cette complexit parce qu il souligne un lien direct entre croissance et rentabilit du capital Le taux de profit rapporte classiquement le profit au capital Mais s agit il du capital install ou du capital utilis Dans l abstrait ou si l on raisonne sur longue p riode cette diff rence est accessoire mais elle peut devenir centrale dans une conjoncture donn e Si l activit conomique est basse une partie des capacit s de production donc du capital install n est pas utilis Cela en soi peut conduire une baisse du taux de profit L e
313. ves conomiques Commissariat G n ral du Plan La Documentation Fran aise Maddison A 1982 Phases of Capitalist Development Oxford University Press New York Maddison A 1995 L conomie mondiale 1820 1992 OCDE Malthus T R 1970 Principes d conomie politique consid r s sous le rapport de leur application pratique Calmann L vy Mandel E 1981 Introduction au Livre III du Capital Penguin Books Mandel E 1985 La crise Flammarion Mandel E 1995 Long Waves of Capitalist Development A Marxist Interpretation Verso Premi re dition en 1980 Cambridge University Press Editions de la Maison des Sciences de r Homme Marchand O et alii 1983 Des 40 heures aux 39 heures processus et r actions des entreprises Economie et statistique n 154 avril Marchand O et Th lot C 1991 Deux si cles de travail en France INSEE Etudes Marx K D Les luttes de classes en France 1848 1850 Oeuvres choisies tome 1 Editions du progr s 1955 Marx K I Fondements de la critique de l conomie politique Anthropos 1967 68 Marx K I Le Capital Editions sociales 1960 Marx K IV Un chapitre in dit du Capital 10 18 1971 Marx K V Oeuvres Economie I La Pl iade 1965 Marx K VD Oeuvres Economie II La Pl iade 1968 Mathieu C et Sterdyniak H 1994 L mergence de l Asie en d veloppement menace t elle l emploi en France Revue de l OFCE
314. yen terme est manifeste depuis une dizaine d ann es malgr des fluctuations d une tr s grande ampleur Mais le prix relatif de l automobile a beaucoup moins baiss que celui d autres biens si on prend la base 100 en 1980 il se situe l indice 95 en 1994 ce qui veut dire qu il est rest constant malgr d importants gains de productivit alors que dans le m me temps l indice du prix d un t l viseur est pass 40 et celui des biens durables en moyenne 78 Bref l automobile b n ficie par rapport d autres secteurs industriels d une rente relative r sultant de son extraordinaire position de force dans l conomie De mani re plus g n rale l opposition industrie services parfaitement justifi e du point de vue des structures de consommation ne doit pas tre tendue une diff rence syst matique dans l volution des productivit s Il n y a pas d un c t les secteurs industriels b n ficiant par nature de gains de productivit lev s et de l autre les services faible progression de la productivit En tout cas le ralentissement de la productivit du travail n est pas le r sultat d un effet de structure li la part croissante des services Ce ralentissement est au contraire perceptible galement au niveau de l industrie manufacturi re prise dans son ensemble avec de tr s fortes diff renciations sectorielles l int rieur Une analyse sectionnelle plus approf
315. ype r gulationniste ou harmoniciste On peut donner de ces vues trois illustrations qui permettent d en mesurer l ambigu t fondamentale Le RMI fournit un premier exemple d ambivalence D un c t tout le monde s accorde reconna tre qu il ne s agit que d un pis aller d un filet de s curit qui ne r sout en rien le probl me de l exclusion et se borne le traiter au moins en partie Mais d autre part des propositions tr s vari es fleurissent quant l id e de revenu garanti Si l on y regarde de plus pr s c est m me le socle commun de tous les projets alternatifs Chez ceux qui d finissent le socialisme comme une forme d organisation sociale r pondant aux besoins sociaux il y a bien l id e d une garantie pour chacun des membres d une telle soci t de voir ses besoins l mentaires satisfaits Droit l emploi droit au logement la sant ce sont autant de garanties qui peuvent passer par le versement d un revenu mon taire ou selon les cas par la mise disposition gratuite On peut donc discerner une dimension proprement subversive dans l id e d un revenu garanti largement d connect du travail fourni Certains peuvent aller jusqu sugg rer que le RMI est un premier coin ouvert dans la logique salariale Mais il faut tre cependant aveugle pour ne pas comprendre qu il existe une rupture qualitative entre le RMI et les garanties qu une bonne soci t o
316. ys n ont pas non plus occup beaucoup de place dans les m dias Il faut enfin rappeler que depuis plus de dix ans toutes les recommandations des institutions comme le FMI ou la Banque Mondiale ont consist pr coniser et m me imposer une priorit de fait aux exportations y compris aux exportations industrielles Maintenant qu un petit nombre de pays r ussit sur cette voie qui ne constitue d ailleurs pas un mod le quitable de d veloppement on voudrait leur interdire de vendre sous pr texte de dumping social Admettons au total pour donner un ordre de grandeur que ces effets de concurrence expliquent 10 du ch mage europ en Mathieu et Sterdyniak 1994 le coeur du probl me est bien ailleurs autrement dit renvoie des d terminations endog nes C est pour les m mes raisons qu il faut rejeter l id e similaire selon laquelle la prosp rit des ann es soixante reposait principalement sur le pillage du Tiers Monde La raison en est simple la source principale de richesse des pays imp rialistes c est le travail d pens sur place auquel est associ un niveau de productivit lev Cela n emp che videmment pas en sens inverse que les transferts de valeur p sent de mani re consid rable sur l conomie des pays domin s Mais la domination imp rialiste ne suffit pas non plus rendre compte de leur volution conomique et sociale Le fonctionnement concret du capitalisme dans une formation social

Misère du capital - Hussonet

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