et si on partageait - La Ligue de l`enseignement
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1. C est gr ce la richesse cr e par ce nouveau grand secteur des solutions quaternaires que pour ront se renouveler les services publics et sociaux les syst mes sociaux l conomie sociale C est aussi parce qu un nombre crois sant de particuliers travailleront dans ce nouveau secteur porteur de gains de pouvoir d achat et per mettant tous de vivre mieux que pourra se d velopper la consom mation collaborative de biens communs e Mich le Debonneuil Mich le Debonneuil est charg e d une mission sur l conomie quaternaire par le Premier ministre la Caisse des d p ts administratrice de l Insee et inspectrice g n rale des finances Son tude sur les solutions quaternaires pour aider sortir de la crise remis au CESE doit para tre en f vrier 2014 1 Un produit est un terme g n ral Les biens et les services sont deux grandes cat gories de produits Les solutions sont une nouvelle cat gorie de produits LES ID ES EN MOUVEMENT LE MENSUEL DE LA LIGUE DE L ENSEIGNEMENT N 216 F VRIER 2014 11 PERSPECTIVES Le crowdfunding un mod le en devenir En un peu plus de trois ans le financement participatif de projets par le biais d Internet a explos en France Sous forme de don de pr t ou d investissement en capital comme sur la plateforme Anaxago le secteur n en est qu au d but de sa croissance issKissBankBank Ulule Ba byloan2. CHANGER LE RAPPORT AUX PROJETS Horizontal collaboratif mais aussi affectif les atouts de s duc tion de ce mode de financement sont nombreux Car si le crowdfun ding ne r invente pas des m tiers qui existent depuis longtemps nous les r adaptons l ge d In ternet souligne Fran ois Car bone Et cela change le rapport aux projets concern s Chez Anaxago nous automatisons un certain nombre de choses pour que tout aille plus vite pour les investisseurs et pour l entreprise Nous d mo cratisons l investissement dans les jeunes entreprises sur les bases de la transparence du choix du sens et de la simplicit Ce qui pla t aux investisseurs c est de pouvoir en trer en contact avec l entrepreneur N A JAMAIS T AUSSI SIMPLE Investir et participer de vivre un peu une aventure par procuration contrairement aux modes de financement classiques qui font investir sur un panier d en treprises desquelles on ne verra que des courbes d volution Avec le crowdfunding m me si le financeur attend toujours un retour sur inves tissement l aventure humaine prend plus de place La proximit compte galement qu elle soit g ogra phique de m tier ou de c ur lorsque ce sont les proches du por teur de projet qui le soutiennent UNE R VOLUTION DU FINANCEMENT D ici dix ans pour le seul terri toire fran ais les pr visions s en volent 8 milliards d euros de vo lume po
3. Olivier Culmann Tendance floue DeSSIER CRC ooo o coocoo ococoo coocoo oc oooc ooo c ooo cococo cooo ccoo o ooo coocoo cocot conomie collaborative et si on partageait onsommation collaborative peer to peer financement participatif Do it yourself projets des objectifs et des mod les conomiques tr s diff rents Elle repose sur des principes simples l change d individu individu et l optimisation de l usage des biens qu ils soient mat riels voitures logements quipements ou immat riels connaissances comp tences article page 10 Des particuliers partagent d sormais leur voiture h bergent des inconnus se pr tent ou louent des appareils lectrom nagers et s changent des ser vices type garde d enfants contre r paration de robinet partir de ces initiatives qui remettent au go t du jour des formes d changes tr s anciennes certains se sont professionnalis s et ont cr de v ritables PME l image des sites de covoiturage susceptibles d in qui ter des acteurs conomiques traditionnels Privil gier l usage sur la propri t devenir fournisseur de biens ou de services cela ne fait pas des particuliers consommateurs des militants purs et durs puisqu il s agit autant de r aliser des conomies que de consommer diff remment moins mais mieux Pourtant l heure de l hyper consommation individuelle l conomie collaborative n en appara t pas moins comme un bol d air
4. quiper avec les nou veaux produits propos s D autre part il apportera r guli rement des gains de productivit gr ce l incorporation d innovations tech nologiques et des emplois qui pourront b n ficier de la distribu tion de ces gains de productivit sous forme de pouvoir d achat NI DES BIENS NI DES SERVICES Ce secteur est en train de se cr er Maintenant que lon est ca pable d avoir en temps r el toutes sortes d informations sur les besoins de chaque consomma teur et de d clencher en temps r el des actions pour y r pondre il est possible de satisfaire les be soins avec des produits radicale ment nouveaux Ces produits ne sont ni des biens ni des services Appelons les des solutions Une solution est une mise disposition de biens ou de per sonnes sur le lieu de vie du con sommateur en r ponse un be soin sp cifi par des informations individualis es et actualis es le concernant ou concernant son environnement Ce peut tre aussi un d clenchement d action dis tance dans les cas tr s simples o cela peut remplacer l intervention humaine mise en route du chauf fage distance etc On consid rera qu il s agit encore d une so lution lorsque le consommateur r agit lui m me une informa tion le concernant Ces solutions pourront tre vendues sous forme de bouquets les rassemblant de fa on r pondre toute une cat gorie de beso
5. Le premier touche la gouvernance in terne des associations Historiquement elle est construite sur un mod le d l gatif avec une s paration nette entre membres lus b n voles dot s du pouvoir de d cision et salari s permanents La culture du num rique telle qu elle existe dans le monde du logiciel libre et des communaut s de hacktivistes l image du collectif Telecomix intervenu notam ment en gypte en 2011 pour r tablir des connexions Internet tend au contraire fa voriser des logiques de d cision par consen sus et un mode de reconnaissance m ritocra tique Les d cisions sont soumises des d bats ouverts qui valorisent ceux dont l action est reconnue par leurs pairs Cer tains parlent m me de do ocratie Cette horizontalit et cette prime ceux qui font peuvent apporter un souffle neuf dans le mode d organisation des associations Ainsi le mouvement des Colibris qui se d fi nissent comme des individus qui inventent exp rimentent et coop rent concr tement pour b tir des mod les de vie en commun respectueux de la nature et de l tre humain a t il choisi une gouvernance in dite carac t ris e par un fonctionnement en cercles une prise de d cision par consentement et des lections sans candidats Un second changement concerne les sources possibles de financement des asso ciations Le crowdfunding en permettant la lev e massive de dons par le bia
6. Ces noms com mencent tre bien connus du grand public et du monde asso ciatif fran ais Regroup s sous la large banni re du crowdfunding de crowd la foule traduit en fran ais par financement participa tif pour mieux faire ressortir une certaine implication des contribu teurs diff rents m tiers sont distinguer FINANCER DES PROJETS D AVENIR L entreprise Anaxago est par exemple une plateforme d inves tissement en capital pour des en treprises porteuses d un projet d innovation Nous proposons des investisseurs de devenir ac tionnaires de jeunes entreprises qui souhaitent d velopper une innovation d usage un nouveau service ou technologique et qui ont un projet de croissance ex pose Fran ois Carbone cofonda teur d Anaxago et pr sident de Financement participatif France FPF l association r unissant les professionnels du crowdfunding fran ais Notre motivation tait d apporter du financement l o a nous pla t le plus et o il nous semble tr s utile c est dire dans des projets d avenir poursuit Fran ois Carbone Pleinement op rationnelle depuis septembre 2012 la plateforme a d j servi d interm diaire ses membres pour l inves tissement de 2 4 millions d euros Aujourd hui elle compte 15000 membres et sa croissance s l ve 30 par mois Ind niablement le concept pla t quelle que soit la branche de la grande fa
7. acteurs du secteur Loin des tribu naux engorg s et co teux la m diation permet la fois de r gler les litiges entre utilisateurs et pla teformes mais surtout ceux qui surviennent entre les utilisateurs La m diation permet aux per sonnes impliqu es dans un conflit de trouver par elles m mes la solution ce conflit C est un LES ID ES EN MOUVEMENT LE MENSUEL DE LA LIGUE DE L ENSEIGNEMENT N 216 F VRIER 2014 13 gt processus collaboratif confi dentiel rapide et efficace qui ne prive pas d un recours aux tribu naux si elle choue Le r gulateur est sollicit sur un mode d fensif par les acteurs tradi tionnels qui cherchent pr server leur monopole Les acteurs de l co nomie collaborative sollicitent le m me r gulateur sur un mode of fensif pour assouplir des normes qui apparaissent peu adapt es et fragilise leur d veloppement Le r gulateur et l autorit admi nistrative sont donc pris en tau entre les deux tentant de g rer les tensions que cr ent les nouveaux services de l conomie collaborative et s en remettant finalement bien souvent au juge qu il soit adminis tratif ou judiciaire pour dire le droit Un exemple r cent t moigne de cette attitude Il concerne les voi tures de tourisme avec chauffeur VTC et le d cret imposant un d lai d attente minimum de 15 mn entre la r servation et la prise en charge du client Pris contre lavis pourtant circo
8. d objets de lieux de services ou m me de savoir faire PRIVIL GIER L USAGE SUR LA PROPRI T Mutualisation en r seau des ressources poss d es par chacun et optimisation des usages sont au c ur de ces nouveaux ser vices qui fondamentalement remettent au go t du jour des logiques tr s anciennes si la colocation et le covoiturage ne sont pas des concepts nouveaux ceux de couchsur fing de crowdfunding de coworking de co lunching et bien d autres co le sont beau coup plus Aujourd hui les principes de troc de don et d change sont renouvel s par le pair pair P2P une technologie in formatique qui permet aux ordinateurs de communiquer en r seau d tre la fois client et serveurs et de partager ainsi simple ment des contenus multim dia fichiers musiques films t l phonie etc via Inter net Le syst me fonctionne d autant mieux que le nombre d ordinateurs de n uds est important dans le r seau rendant ainsi plus facile le partage de fichiers tr s demand s En favorisant l usage sur la propri t et en d pla ant les modes de consommation d un r flexe d achat neuf en magasins des solutions d emprunt de location ou d achat d occasion entre particuliers ces nouveaux r flexes sont de nature favoriser une co nomie plus durable Aussi est il possible de diff rencier plusieurs types d initiatives commencer par celles qui favorisent l usage partag et transformen
9. divers appareils souhait s par chaque consommateur orga niser l intervention de personnes pour livrer les appareils pour les connecter former les consomma teurs leur usage les entretenir et les enlever pour recyclage Mais c est surtout en mati re d accompagnement des particu liers dans leur vie quotidienne que les solutions vont changer ra dicalement les modes de consom mation Ce type de besoin a tou jours exist mais les produits pour les satisfaire sont rest s sous d ve CEST PAS TROP TOT oco J EN Mi MARRE DE lopp s car les technologies de la m canisation n taient pas adap t es pour le faire efficacement Ils sont rest s minimaux et canton n s des populations particuli res dans le cadre du particulier em ployeur ou de services sociaux d aide aux personnes fragiles en perte d autonomie Cest gr ce la richesse cr e par ce nouveau grand secteur que pourront se renouveler les services publics et sociaux les syst mes sociaux l conomie sociale 99 Pour comprendre ce que se ront ces bouquets de solutions il suffit de d crire les premiers que lon voit appara tre Ils sont d di s aux personnes en perte d autono mie En effet c est pour cette cat gorie de population qu appara t tout l int r t qu il y a plut t que d aller en maison de retraite vivre chez soi d une tout autre fa on pour y vivre plus longtemps en bonne sant La personne
10. du bon remboursement du pr t et du d veloppement de l activit Ce sont des partenaires essentiels pour le suivi des por teurs de projet qui sollicitent un microcr dit Les institutions remontent les profils d un cer tain nombre de micro entrepreneurs qu elles financent afin qu ils soient mis en ligne par la plateforme et visibles pour tre refinanc s par le grand public Sur chaque profil sont vi sibles la photo du micro entrepreneur sa situation familiale conomique et sociale le montant et la dur e du microcr dit sollicit et l activit d velopp e gr ce l emprunt Ainsi l internaute peut librement choi sir le profil qu il souhaite soutenir et lui faire un pr t souvent non r mun r afin d avoir plus d impact sur le terrain Dans le cas de la plateforme Babyloan le mon tant minimum du pr t est de 20 euros au quel il faut ajouter une petite commission pour le fonctionnement du site linter naute est rembours tous les mois et peut ensuite choisir d tre recr dit ou soutenir un autre micro entrepreneur Gr ce au grand public Gracelia quatorienne a d velopp son levage de cochons d Inde Nour en Palestine a achet un stock de v tements pour sa friperie ou Kokou au Togo a r par son filet de p che SE RECENTRER SUR L IMPACT SOCIAL L effet de levier de ce m canisme est consid rable car une somme investie peut une fois rembours e financer un deuxi me entreprene
11. g e ac c dera ces bouquets de solu tions gr ce une tablette tr s simple d usage et tr s r sistante dont l ergonomie et le design sont en train d tre co cr s par les usa gers volontaires dans les territoires pionniers Ces tablettes toujours pr tes l emploi proposent di verses applications en plus bien s r du t l phone d Internet et de ses services habituels Les applica tions propos es sur l cran sont choisies pour r pondre aux be soins fr quents et sp cifiques de la personne qui utilise la tablette Des changes seront pr vus entre les usagers qui le souhaitent mais aussi entre eux et les personnes en charge des solutions profession nels de sant intervenants ai dants famille Ainsi on pourra demander la personne en perte d autonomie de choisir son menu s informer sur sa sant De tels bouquets pourront tre adapt s pour toute autre cat gorie de la population par exemple pour des enfants mais aussi pour la population dans la pleine force de l ge pour d tecter des incen dies au domicile pour conna tre toutes sortes de param tres concer nant l environnement pour optimi ser l usage du chauffage pour mettre en veille tous les appareils qui consomment de l nergie quand on ferme la porte pour suivre les enfants sur les trajets de l cole pour communiquer avec les profes seurs des coles dialoguer avec les professionnels de sant
12. id e des contraintes juridico administratives auxquelles ils imaginent s exposer CCC ooo ooooooo lol o D velopper la microfinance Avec la baisse des fonds publics les institutions de microfinance IMF peinent trouver des ressources Dans ce contexte les m canismes de financement participatif leur offrent une alternative n Europe Babyloan est la plus im portante plateforme de crowdfunding dans le secteur de la microfinance avec plus de 16000 micro entrepreneurs soute nus dans 15 pays du monde dont la France gr ce une collecte de 7 millions d euros de pr ts solidaires cumul s aupr s des internautes AFFECTER DES FONDS UN PROJET IDENTIFI Les associations et ONG font depuis toujours appel la g n rosit des particu liers pour soutenir leur cause N anmoins ces derni res ann es les plateformes Inter net de crowdfunding qui permettent aux par ticuliers d affecter des fonds un projet identifi et non plus une cause de ma ni re globale ont chamboul nos compor tements solidaires En quelques clics on peut soutenir un porteur de projet et suivre en toute transparence la tra abilit de laf fectation des financements et s informer sur les projets les risques et les modes de fi nancement Les plateformes nouent des partenariats avec des institutions de microfinance lo cales Ces IMF accompagnent les micro entrepreneurs octroient les microcr dits et s assurent
13. Alternatives Son blog www demoinsenmieux com suivre www consocollaborative com www collaborativeconsumption com www ouishare net Entre le 5 et le 7 mai 2014 la seconde dition du OuishareFest Paris 1 Rachel Botsman What s Mine is Yours The Rise of Collaborative Consumption 2011 ditions Collins ETI LES ID ES EN MOUVEMENT LE MENSUEL DE LA LIGUE DE L ENSEIGNEMENT N 216 F VRIER 2014 Philippe Desmazes AFP POINT DE VUE Vers une conomie des solutions Avec l conomie collaborative et le peer to peer la distinction entre les producteurs et les consommateurs s estompe Le consommateur devient un producteur intermittent Porteuse de profondes transformations cette conomie a pourtant ses limites elle ne peut se d velopper qu la p riph rie d une conomie de march dont l offre est organis e par des professionnels L enjeu est alors de r inventer cette conomie Comment industrie fut longtemps ce grand secteur porteur de gains de productivit sur lequel se sont greff s les ser vices publics et le syst me de pro tection sociale Aujourd hui ce secteur est bout de souffle Les consommateurs des pays d ve lopp s sont sur quip s Ce sec teur ne cr e plus d emplois et ne fait plus r ver Il faut donc retrouver un grand secteur qui jouera le r le du sec teur industriel au si cle dernier D une part les m nages auront envie de s
14. ER 2014 15
15. Fonda think tank associatif www fonda asso fr et vice pr sidente du Conseil national du num rique Cette tribune est parue dans le suppl ment du Monde associations et fondations dat e du 3 d cembre 2013 Elle est disponible en version lectronique sur le site www lemonde fr EI LES ID ES EN MOUVEMENT LE MENSUEL DE LA LIGUE DE L ENSEIGNEMENT N 216 F VRIER 2014 Nous sommes en train de changer d re Le peer to peer pour le grand public c est d abord des plateformes de partage de musique ou de films la limite de la l galit Mais ce mod le marginal s est d velopp et commence appara tre comme une v ritable alternative l conomie de march telle quelle domine aujourd hui Entretien avec Michel Bauwens th oricien belge et cr ateur de la P2P Foundation Les Id es en mouvement Pour vous l conomie collaborative est une nouvelle conomie de march plus distribu e D autres parlent d hyperconsommation La collaboration entre pairs est en revanche vos yeux plus constructive Pouvez vous nous expliquer pourquoi Michel Bauwens Il est im portant de distinguer diff rents as pects ce qui nous oblige employer des termes conomiques mon avis l conomie collaborative ren voie deux formes distinctes de mutualisation Tout d abord la mu tualisation du savoir dans des nou veaux biens communs ou pour uti liser le langage des conomis
16. Il ne s agit plus d alternatives la consommation Louer devient la norme sur cer tains produits bricolage ou pu riculture l achat malin s allie la n cessit Les Fran ais veulent en avoir plus pour moins ce n est pas militant c est une nouvelle fa on de consommer Avec la crise les Fran ais hyper consom ment autrement et cultivent diff remment leur lien social Mais comme le note encore l Obsoco l engouement des m dias pour la consommation collaborative vient de l image offerte par la jeunesse et l esprit enchanteur des start up qui se cr ent dans le secteur Si ces pratiques vont se d velopper il existe encore un foss entre le bruit m diatique autour de ces initiatives et la r alit la consommation collaborative reste jeune et urbaine alors que les comportements mergents que nous obser vons touchent tous les Fran ais mixent les g n rations et les cat gories socioprofessionnelles note Nathalie Damery En attendant le travail effectu en France et l tranger par l association Ouishare ainsi que la vari t d initiatives qui voient le jour au quotidien dans l Hexagone participent chaque jour au formidable essor de cette nou velle conomie du partage et de la collabora tion So lets co e Anne Sophie Novel Anne Sophie Novel est conomiste journaliste et auteur de La vie share mode d emploi 2013 et Vive la cor volution 2012 avec St phane Riot aux ditions
17. Pour Mich le Debonneuil toutefois elle ne pourra se d velopper qu la p riph rie d une conomie de march dont l offre est organis e par des professionnels En revanche le d veloppement de solutions qui satisferont les besoins sp cifiques du consommateur dans sa vie quotidienne par la mise disposition de biens et de personnes permettra l mergence d un grand secteur de l conomie celui de l conomie quaternaire article page 11 Quelles que soient leurs formes et leur port e ces initiatives peuvent aujourd hui gagner en fluidit et se d velopper grande chelle gr ce la technologie informatique du peer to peer et au r seau Michel Bauwens voit par exemple dans la v ritable dynamique peer to peer o les communaut s ouvertes s auto organisent pour cr er de vrais biens communs une mani re de d passer le capitalisme en le mettant la marge article page 15 Autre pan de l conomie collaborative le crowdfunding litt ralement financement par la foule et traduit par financement par ticipatif D velopp avec Internet il permet de financer un projet artistique innovation micro entrepreneurs par la mise en commun d une multitude d apports individuels Fin 2013 entre 70 et 80 millions d euros ont t investis en France sur ces plate formes sous forme de dons de pr ts ou d investissement en capital L encore pas de r volution mais une r adaptation des m t
18. apitaux qu apporte le secteur priv Mais attention la dynamique peer to peer du commun o les communaut s ouvertes s auto orga nisent pour cr er de vrais biens communs est bien diff rente des places de march peer to peer o les individus ne construisent pas du commun mais entretiennent en g n ral des rapports marchands Il y a donc un vrai peer to peer com mun et un peer to peer mar chand qui ne se confondent pas La solution pour ceux qui souhaitent le d veloppement du peer to peer est de faire converger l conomie du commun avec l conomie coop rative 99 Le probl me essentiel est le sui vant nous pouvons aujourd hui construire le commun mais pas en vivre sans travailler pour des firmes classiques La solution pour ceux qui comme moi souhaitent le d veloppement du peer to peer est de faire converger l conomie du commun avec l conomie coop ra tive Ainsi les contributeurs de l co nomie du commun pourront cr er leur propre structure coop rative et donc vivre directement de leur tra vail Il existe des dynamiques peer to peer dans tous les secteurs de la soci t et de l activit humaine production consommation modes de gouvernances mod les de propri t En quoi cela constitue t il une r volution pour les conomies futures Dans mon interpr tation de l histoire humaine je m inspire de l analyse d un anthropologue Alan Page Fis
19. e l auto stop la participation un syst me d change local ou une Trade School pour changer savoirs et comp tences telles sont les initiatives qui reviennent sur le devant de la sc ne en trouvant de nouveaux publics via le web aujourd hui CONSOMMER AUTREMENT Les logiques qui sous tendent ces diff rents modes de contribution et d change se modulent galement pour les usagers selon leur esprit tant t solidaire tant t li un par tage de frais ou besoin de gagner du pouvoir d achat et de faire des profits Une tude r a lis e par l Obsoco en novembre 2013 prouve d ailleurs que les Fran ais entrent dans ces nouveaux modes de consommation pour des raisons purement conomiques Si 46 d entre eux souhaitent consommer moins il appara t que ces alternatives s ancrent d sor mais dans le corps social l exemple le plus parlant est celui de l automobile d sacralis e ramen e sa fonctionnalit en victime des arbitrages de consommation En 2013 17 des Fran ais ont lou une voiture le plus sou vent aupr s d un loueur professionnel mais 22 sont pass s par l autopartage type Au tolib et 21 aupr s d un particulier Un Fran ais sur quatre a utilis le covoiturage dont 10 r guli rement Pour Nathalie Damery pr sidente de l Obsoco les fronti res sont poreuses au jourd hui entre l univers marchand tradition nel et ces nouvelles formes de consomma tion
20. eurs connaissances juridiques et fiscales pour cr er et diffuser des solutions concr tes afin que tous puissent affiner leur compr hen sion du cadre juridique de ces ac tivit s marchandes ou non mar chandes S agissant des conditions g n rales d utilisation CGU colla boratives on ne peut pas encore s enthousiasmer devant ces contrats qui restent souvent indigestes non lus et ne permettent donc en aucun cas de v rifier le consentement de l utilisateur Les questions juri diques ne sont pas la priorit des plateformes et heureusement Mais le secteur aurait beaucoup ga gner am liorer la clart des infor mations donn es et simplifier consid rablement leurs CGU pour en liminer les clauses inu tiles au regard notamment des risques r els qu elles cherchent couvrir Les indigestes CGU pour raient ainsi avantageusement se transformer en foire aux questions FAQ collaborative par exemple Souhaitons que les CGU de viennent progressivement le r sul tat d un dialogue entre les utilisa teurs des services et les plateformes chacun cherchant s assurer qu il s est fait comprendre et que l accord est bien r el G RER LES CONFLITS DE FA ON COLLABORATIVE Le recours au droit tant rare ment une garantie satisfaisante dans les secteurs innovants le dialogue accompagn le cas ch ant par la m diation devrait s imposer comme le mode privi l gi de r solution des conflits des
21. ice de ShareLex Plus d infos sur www dunerivealautre net et www sharelex org 1 La diversit des plateformes a notamment t d crite par Michel Bauwens sur le blog de la P2P Foundation 2 La masse critique est la taille minimale qu une entreprise doit poss der pour s introduire ou se maintenir sur un march sans subir de handicap concurrentiel notable 3 www parlement et citoyens fr CR o Connexions participatives Modes de gouvernances horizontaux structures g om trie variable champs d action largis le num rique r invente le fonctionnement du collectif et ses fronti res ans surprise le num rique sous toutes ses formes s introduit massi vement dans le monde associatif comme il s immisce dans celui des entre prises et des administrations et dans la vie quotidienne de chacun d entre nous Certains effets de ce ph nom ne sont bien connus possibilit de communiquer massivement faible co t simplification des interactions entre les membres de l associa tion capacit porter des initiatives large chelle comme dans les forums sociaux mondiaux mobilisations impromptues au tour d un v nement smart mobs UN NOUVEL AGENCEMENT SOCIO TECHNIQUE Mais ces apports ne refl tent pas la profon deur des recompositions possibles du fait asso ciatif quand ses acteurs s emparent du num rique Quatre changements semblent merger de ce nouvel agencement socio technique
22. idu contribue au commun il peut aussi l utiliser gratuitement en revanche s il en profite sans contribuer il contri bue sous forme de paiement De cette fa on les commoners seront incit s favoriser leur propre pro duction sociale en lien direct avec la cr ation de valeur Il devrait galement tre possible de chan ger les formes l gales des entre prises qui occupent la sph re du march en op rant un d place ment des entreprises profit maxi mizers des product maximizers favorisant la synergie entre con sommateur et producteur Il faut que les entreprises ne soient pas structu rellement incit es tre des requins mais des dauphins La socialisation peer to peer a commenc dans le virtuel et s est traduite dans la vie mat rielle Il est maintenant question de faire sortir les pratiques des conditions d mergence Le P2P doit acqu rir la responsabilit de ses moyens de production On n en est pas loin Aujourd hui pour sauver le capi talisme il faudra int grer la tran sition cologique mais aussi les innovations qui viennent du peer to peer C est le d fi des ann es venir e Propos recueillis par Richard Robert 1 La P2P Foundation est une organisation internationale qui se consacre l tude la diffusion et la promotion des pratiques de peer to peer http p2pfoundation net LES ID ES EN MOUVEMENT LE MENSUEL DE LA LIGUE DE L ENSEIGNEMENT N 216 F VRI
23. iers l ge du web article page 12 En permettant la lev e massive de dons le crowdfunding appara t comme un v ritable levier de d ve loppement pour le microcr dit article page 13 mais aussi un outil au service des associations qui peinent aujourd hui trouver des financements via les collectes traditionnelles et les pouvoirs publics article page 14 Pinnovation financi re que constitue le crowdfunding n est pas sans soulever quelques interrogations notamment sur la p rennit de l engagement puisque l internaute donne pour un projet et non pour une association article page 14 Autre point l conomie collaborative notamment parce qu elle fait une place l exp rience du particulier se d veloppe aux fronti res des monopoles et se heurte aux barri res juridiques qui ont permis leur mergence article pages 12 13 14 Durable ou pas l conomie collaborative est en plein essor Faut il y voir une r volution Seul l avenir le dira Mais aujourd hui elle fait d j bouger les lignes Et ce titre elle peut sans aucun doute inspirer les acteurs traditionnels de l conomie et les associations l conomique collaborative recouvre des e Ariane loannides DANS CE DOSSIER e Enjeux Consommation collaborative une conomie du partage e Point de vue Vers une conomie des solutions e Perspectives Le crowdfunding un mod le en devenir Levier de d veloppement du microcr dit Ver
24. ins On est loin de l achat de biens et m me de services lan cienne En effet un service au sens de la comptabilit nationale est une mise disposition tempo raire de biens ou de personnes ayant des savoirs ou des savoir faire Les services l ancienne consistent en des mises disposi tion de biens individuels de fa on exceptionnelle location ou col lectifs chambres d h tel lits d h pital train dans des lieux d di s Quant aux mises disposition de personnes elles se font aussi dans des lieux d di s et dans des situa tions accidentelles ou temporaires panne pour les services apr s vente probl me financier renou vellement d assurance maladie pour les services de sant perte d autonomie pour les services de maison de retraite ducation pour les enfants Il s agit alors sou vent de services publics et sociaux Les solutions vont permettre d organiser la mise disposition de biens et de personnes sur les lieux de vie pour r pondre des besoins de la vie quotidienne de chaque consommateur Leur d veloppe ment cr era un nouveau secteur qui bouleversera autant notre co nomie que l industrie l a fait dans l conomie artisanale lors des pre mi re et seconde r volutions in dustrielles Les modes de production et les modes de vie en seront fonda mentalement modifi s Comme ces solutions d passent la distinction ancienne entre le secondaire et le ter tiaire
25. is des r seaux en ligne a ouvert une source compl mentaire et encore t nue de financement jusqu ici r serv e aux grandes organisations non gouvernementales ONG urgentistes Les plateformes pour le financement de pro jets solidaires se multiplient certaines sp ci fiquement destin es aux associations l image d Easycoz d autres plus g n ralistes comme Arizuka Aux Pays Bas gr ce la pla teforme Windcentrale des citoyens ont r colt en moins d une journ e les fonds n cessaires l achat de leur propre olienne Une diversification dont on ne peut que se r jouir mais qui risque aussi de modifier les choix d engagement des associations inci tant celles ci choisir des causes suscep tibles de s duire les foules ce qui ne co n cide pas n cessairement avec le crit re de l int r t g n ral La question d un risque de d sengagement de l tat est aussi pos e quand on observe le fonctionnement d une plateforme comme Citizinvestor sur laquelle les municipalit s soumettent la g n rosit des internautes les projets dont elles ont du mal boucler le financement Autre transformation classer sans h si ter du c t des bonnes nouvelles le num rique permet un changement d chelle de l action associative et ouvre les champs du possible de la cr ativit sociale C est bien entendu vrai en mati re de partage de savoir comme l illustre l encyclop die con
26. je propose de les qualifier de quaternaires Comme le secteur industriel a donn son nom l conomie industrielle on appellera co nomie quaternaire l conomie UNE CONOMIE DES SOWTIONS renouvel e par l arriv e de ce nou veau grand secteur des solutions quaternaires LA R VOLUTION DE L CONOMIE QUATERNAIRE Donnons quelques exemples pour mieux comprendre en quoi ces nouveaux produits vont r vo lutionner les modes de vie et de consommation Les biens tout d abord La cr a tion de valeur va se d placer vers l aval de la fabrication des biens neufs en assistant les consomma teurs dans l usage des biens tout au long de leur cycle de vie Des solu tions vont permettre de mettre la disposition des consommateurs sur leurs lieux de vie les biens qu ils avaient l habitude d acheter D sor mais ce sera la fa on courante de disposer des biens Ces mises disposition pren dront des formes diff rentes selon les types de biens Pour les v hi cules les solutions prennent la forme d auto partage lorsque les v hicules partag s sont g r s par une entreprise ou de covoi turage lorsqu ils appartiennent des consommateurs De m me les appareils lectrom nagers ne seront plus n cessairement ache t s Des solutions permettront de les mettre la disposition des consommateurs sur leurs lieux de vie l entreprise devra s informer sur les
27. ke Il distingue quatre types de relations humaines Ces der ni res sont pr sentes toutes les poques et dans toutes les r gions et souvent le mod le conomique dominant est bas sur l une de ces relations Les quatre types de rela tions d finissent donc quatre grandes poques Les civilisations tribales voluent d une dynamique des com muns vers une conomie du don comme l a d crite l anthropologue Marcel Mauss suivie par les mo d les d allocations hi rarchiques de type f odal et ensuite par les mo d les de march qui dominent ac tuellement Selon l hypoth se peer to peer la nouvelle dynamique est un re tour au mod le des communs pre mier mod le humain mais avec une diff rence monumentale l chelle Nous pouvons en effet au jourd hui faire vivre une dynamique des biens communs l chelle mondiale Donc dans le nouveau syst me qui se d veloppe encore aujourd hui l int rieur du mod le dominant du march c est le com mun qui est au c ur de la soci t des r seaux mondiaux de contribu teurs cr ent ensemble de vastes communs de connaissances de logiciels et de design Il s agit donc d un renverse ment Aujourd hui la comp tition prime et l int rieur des entit s comp titives on collabore dans le nouveau syst me on collabore dans la construction du commun et autour de cette collaboration se construit une comp titivit Le commu
28. mille du crowdfunding Les plateformes de don avec con trepartie en nature comme Kiss KissBankBank ou Ulule en France qui proposent surtout une partici pation financi re des projets ar 12 LES ID ES EN MOUVEMENT LE MENSUEL DE LA LIGUE DE L ENSEIGNEMENT N 216 F VRIER 2014 tistiques ou associatifs sont celles qui drainent le plus grand nombre de projets mais sur des enveloppes restreintes autour de 3000 euros en moyenne S agissant des plate formes de pr t dont certaines proposent de contribuer un fi nancement contre un taux d int r t et d autres plus proches de la microfinance comme Babyloan lire article page suivante des pr ts non r mun r s pour aider des micro entrepreneurs du Sud ou fran ais les enveloppes varient entre 3000 et 15000 euros pour un nombre de contributeurs plus r duit Quant aux plateformes d investissement en capital telles qu Anaxago l enveloppe moyenne se situe entre 150000 et 200000 euros pour un nombre d investis seurs plus faible encore Fin 2013 ce seront entre 70 et 80 mil lions d euros qui auront t inves tis sur les plateformes par plus de 600000 contributeurs Entre 2012 GO pesa SE FANEN ACTUALIT S CONCEPT CONTACT et 2013 la croissance a t de l ordre de 150 200 alors qu l chelle mondiale elle est autour de 100 l int r t des contribu teurs pour donner pour investir ou pour pr ter est tr s important
29. n floutage des fronti res du monde associatif Organi s s en r seaux selon des logiques de pou voir tournant entre pairs aliment s par des nergies b n voles de nombreux collectifs pr f rent rester informels le statut associa tif leur apparaissant comme superflu C est le cas par exemple de Savoirscoml col lectif engag autour du partage des biens communs de la connaissance Ceci facilite galement la mise en r seau avec d autres collectifs selon des articulations g om trie variable C est ainsi que peuvent s orga niser de grandes mobilisations internatio nales comme on a pu en observer en 2011 2012 contre le projet d accord com mercial anti contrefa con Anti Counter feiting Trade Agreement ou ACTA Le statut associatif a t cr pour prot ger et l gitimiser des acteurs informels Au jourd hui nous assistons au ph nom ne in verse sans qu aient t valu es les cons quences sur le caract re d cole de la d mocratie des associations Pour autant ces communaut s actives participent tr s exactement de l esprit associatif et de fait elles en amplifient la port e hors les murs En bousculant le monde associatif le num rique lui conserve son caract re as cendant au plus pr s des besoins d un monde en pleine transformation e Val rie Peugeot Val rie Peugeot est pr sidente de l association Vecam membre du conseil d administration de la
30. n est au centre le march thique et post capitaliste gravite autour du commun il est co cr par le commun L tat partenaire cr e les institutions et infrastruc tures communes pour faire fonc tionner tout le syst me l int rieur des communs ne r gnent ni le march ni la planification mais la coordination mutuelle grande chelle aussi bien pour la produc tion immat rielle que mat rielle l ensemble se configure ainsi con ception globale ouverte produc tion manufacturi re locale asso ciations coop ratives globales Jusqu o ira le peer to peer Va t il et peut il remplacer le capitalisme Ma conviction est que nous sommes en train de changer d re Leffervescence actuelle signale un mouvement d ampleur plus vaste et la bascule se fera partir du mo ment o l on observera ce qu on appelle en anglais le scaling le passage une chelle sup rieure Les dynamiques qu on observe aujourd hui dans les petits groupes seront t t ou tard mises l chelle D ores et d j elles ont gagn des mondes comme la production d nergie ou la fabrication d objets industriels avec les imprimantes 3D Le monde change vitesse Grand V Pour faciliter la transition de la production entre pairs vers un statut de v ritable syst me de pro duction il faudra des innovations juridiques Par exemple un nou veau type de licence serait envisa geable si un indiv
31. n responsables de la bonne ex cution du service De nombreuses plateformes pro posent des solutions d assurance afin de couvrir les cas de respon sabilit qui ne seraient pas pris en compte par les polices existantes Il n y a pas encore suffisamment de recul pour savoir si ces solu tions seront efficaces Comme il n existe pas de v rit juridique surtout en zone grise le bon sens de chacun et surtout le contrat sont donc au jourd hui sur ces trois points les r gulateurs naturels du secteur AM LIORER LA QUALIT DE L INFORMATION Entre l existence d une r elle zone grise juridique et la peur de ne pas atteindre suffisamment vite le graal de la masse critique les plateformes marchandes ont parfois des difficult s fournir leurs utilisateurs les informations qui leur permettraient de com prendre avec pr cision la situa tion juridique dans laquelle ils se trouvent en utilisant les services Ce constat ne s applique pas aux plateformes libres comme Wi kipedia puisqu elles sont gouver n es par leur communaut qui cla rifie elle m me ces informations C est aussi pour r duire l opa cit de l environnement juridique et proposer des solutions concr tes qu un projet comme ShareLex a commenc se d velopper aupr s des acteurs de l conomie collabo rative Sur le mod le des plate formes libres ShareLex invite ceux qui le souhaitent partager l
32. nstanci de l Autorit de la concurrence le r gulateur im pose un service de s automutiler pour ne pas concurrencer les ac teurs en place Ce d cret sera sans doute contest devant le Conseil d tat occasionnant pour tous une d pense d nergie et d argent pr ju diciable au final l ensemble des acteurs Dans cette situation et bien d autres des positions s affichent un militantisme refusant d en ren contrer un autre qui a tort par prin cipe Or le dialogue entre ceux qui se sentent concern s par le sujet permettrait d y voir plus clair d ex plorer la zone qui se situe entre des positions qui paraissent pourtant radicalement loign es Ce dialogue permettrait peut tre d entendre galement la voix des citoyens dans l int r t desquels chaque camp est sinc rement persuad d agir Cer tains outils existent d j comme la plateforme Parlement amp Citoyens permettant la participation de cha cun l laboration de propositions de lois Un dialogue plus local fait la fois de rencontres physiques et de partage en ligne permettrait peut tre au r gulateur de devenir le garant d une coute active de l ensemble de ceux qui se sentent concern s par le sujet et de b n ficier de la cr ativit de ceux qui souhaitent s impliquer dans le d bat public au del des int r ts particuliers e Anne Laure Brun Buisson Anne Laure Brun Buisson est m diatrice avocate cofondatr
33. outils nu m riques combin e une forme de n cessit conomique la font d un coup changer d chelle pas ser de l ombre la lumi re et entrer par cons quent dans le radar des entreprises traditionnelles du r gulateur et des administrations notamment fiscales L conomie collaborative no tamment parce qu elle fait une place l exp rience du particulier se d ve loppe aux fronti res des monopoles et se heurte aux barri res juridiques qui ont permis leur mergence les r glementations sectorielles qui conditionnent l acc s de nom breuses activit s dipl mes inscrip tion des registres appartenance un ordre et la propri t intellec tuelle qui limite l exploitation de cer taines ressources LES POINTS DE VIGILANCE JURIDIQUE L conomie collaborative in vente de nouvelles formes d inter m diation via la cr ation de pla teformes permettant l change de pair pair Ces plateformes per mettent les changes entre ceux qui d tiennent une ressource et ceux qui en ont besoin ou entre ceux qui souhaitent construire une ressource commune Lorsque l change est marchand elles s curisent aussi le paiement du ser vice rendu Dans le cas d changes mar chands consommation collabora tive les utilisateurs attir s par la possibilit d un revenu compl mentaire et souvent galement par l id e d une soci t plus conviviale peuvent tre effray s l
34. s un droit collaboratif Connexions participatives e Id e Peer to peer Nous sommes en train de changer d re R dacteurs en chef du dossier Ariane loannides et Richard Robert LES ID ES EN MOUVEMENT LE MENSUEL DE LA LIGUE DE L ENSEIGNEMENT N 216 F VRIER 2014 Fo Consommation collaborative une conomie du partage Nous assistons actuellement une v ritable co r volution covoiturage couchsurfing coworking crowdfunding troc ou encore peer to peer et co cr ation sont autant de facettes d une nouvelle conomie dont la cr ativit renouvelle progressivement notre quotidien Quels en sont les ressorts Pourquoi se d veloppe t elle si rapidement Qui consomme ainsi Et quelles perspectives cela ouvre t il out a commenc par un livre What s Mine is Yours dont le message a fait le tour du monde en d mocratisant le terme consommation collaborative Son auteur l Anglaise Rachel Botsman analyse en d tail l mergence d un nouveau mode de consommation Si Internet a boulevers nos modes d achat nous assistons aujourd hui une croissance exponentielle des formes de re vente de location de partage de troc d change permise par les nouvelles technologies et notam ment les technologies peer to peer explique t elle en analysant la multiplication des sites Internet sur lesquels les consommateurs changent louent ou ach tent entre eux toutes sortes
35. t les biens en services Dans cette approche servicielle les four nisseurs d acc s sont tant t des organisa tions priv es ou publiques tant t des par ticuliers propri taires qui optimisent et rentabilisent l usage de leurs possessions Exemple type l autopartage Les statis tiques indiquent qu une voiture reste l arr t entre 92 et 95 du temps Pourquoi dans ces conditions ne pas optimiser son taux d usage Les particuliers peuvent donc uti liser des sites comme Buzzcar Drivy De ways Livop ou encore Voiturelib pour louer leur voiture quand ils ne l utilisent pas Avec le r seau Citiz Mobizen ou Autolib Paris et maintenant Bordeaux le principe reste le m me avec une structure priv e qui met disposition une flotte de voitures aux parti culiers Viennent ensuite les dynamiques parti cipatives d achats group s ou de finance ment collaboratif qui rendent possible la r a lisation d un projet Des associations pour le maintien de l agriculture paysanne Amap la finance participative en passant par les dynamiques de production inspir es des lo giciels libres ou de l conomie coop rative les initiatives regroup es ici reposent sur le partage d un objectif commun entre les dif f rents contributeurs Ainsi MyMajorCompany Ulule Kiss KissBankBank BulbinTown Particeep Wiseed Bluebees ou Babyloan sont autant de plateformes sur lesquelles il est possible de financer
36. t sur la plateforme Kiva Ima ginons la m me proportion en Europe si 2 o des 740 millions d Europ ens ne pr taient ne serait ce que 20 euros sur une pla teforme et qu ils renouvelaient leur pr t chaque ann e apr s remboursement en cinq ans nous pourrions permettre envi ron 370000 micro entrepreneurs de cr er ou d velopper leur business et sortir petit petit de la pr carit e Florence de Maupeou Florence de Maupeou est directrice g n rale de Babyloan Networks www babyloan org 1 Les pr ts de montants modestes 400 en moyenne sont octroy s par les IMF aux personnes exclues du syst me bancaire traditionnel 2 Cr e en 2005 aux tats Unis Kiva est la premi re plateforme dans le secteur de la microfinance Elle a permis de lever plus de 500 millions de dollars de pr ts solidaires pour financer 1 2 million de micro entrepreneurs partout dans le monde Babyloan Outre les barri res monopo listiques voqu es plus haut quelques points de vigilance juri dique sont noter La fiscalit toute r mun ration doit tre d clar e aux services fis caux sauf quelques seuils de tol rance sp cifiques Le contrat entre pairs travail service b n volat auteur coau teur Le contrat entre la plateforme et les utilisateurs r partition des r les et responsabilit s Dans la tr s grande majorit des cas les plateformes sont des interm diaires no
37. tentiel du secteur Il est en passe de devenir un mod le de fi nancement part enti re ce titre le gouvernement a entrepris la demande des professionnels un as souplissement r glementaire qui en trera en vigueur d s 2014 ainsi que la cr ation d un statut pour les plate formes de financement participatif PT UITTIT DEVENIR ACTIONNAIRE D UNE STARTUP Dans son lan le crowdfunding peut il venir r volutionner le mode de financement des projets associa tifs Selon le pr sident de la FPE il est certain que pour les pouvoirs publics cela peut tre int ressant que des projets soient financ s par le priv On peut imaginer qu en cas de succ s de collecte pour cer taines associations il leur sera plus difficile d obtenir des subventions Mais ce sera un probl me de riche L autre possibilit que l on ren contre d j aujourd hui le finance ment priv rassurera le financement public qui suivra e St phanie Barzasi En savoir plus wWwWw anaxago com http financeparticipative org Vers un droit collaboratif CDR occo oco coocoo o cocco o ooo c oco coocoo stt i i Dans un monde pens par le prisme de la propri t et juridiquement structur en cons quence le d veloppement et la professionnalisation de l conomie collaborative via l mergence des plateformes provoquent quelques remous i l conomie collaborative existe de tr s longue date l utilisation des
38. tes dans de nouveaux communs commons de connaissances de logiciels et de design Ce sont par exemple le logiciel libre le design et les machines ouvertes La mu tualisation des infrastructures phy siques ensuite comme il s agit soit de biens non rivaux soit de biens rivaux leurs caract ris tiques et conditions d existence sont tr s diff rentes en conomie la no tion de biens rivaux d signe les biens dont la consommation par un agent emp che la consommation par d autres agents ainsi une pomme ne peut tre mang e qu une fois par une seule personne les biens non rivaux peuvent tre con somm s par plusieurs agents simul tan ment sans entra ner de perte Cr er des biens communs im mat riels est le plus facile et nous avons d j des communaut s et des coalitions entrepreneuriales tr s fortes dans ces domaines En g n ral bien que les communau t s soient puissantes et souvent organis es par le biais de fonda tions l conomie de ce secteur est toujours majoritairement capita liste mais il s agit d une forme de march qui respecte le commun ainsi que le co construit comme on le voit dans les rapports plut t harmonieux entre IBM et le logiciel libre Linux Dans la mutualisation physique comme dans la consom mation collaborative nous trou vons en majorit des start up mais avec des communaut s bien plus faibles car mat riellement plus d pendantes des c
39. tributive Wikip dia ou la cartographie participative OpenStreetMap Mais aussi d actions de proximit dans les territoires avec des pro jets men s entre voisins l chelle d un quar tier par l interm diaire d une plateforme en ligne comme celle de Change by Us New York Le wiki des recettes libres de Brest ou brest vise rendre visibles ces initia tives locales et partager leur mode d em ploi pour inspirer d autres collectifs et es saimer vers d autres villes num rique permet un changement d chelle de l action associative et ouvre les champs du possible de la cr ativit sociale 99 Citons aussi Safecast n au Japon apr s la catastrophe de Fukushima et qui solli cite les internautes pour recueillir des don n es de radioactivit et tablir des cartes ind pendantes Si ces projets int grent le num rique d s leur conception d autres sont port s par des associations pr nu m riques qui s emparent des technolo gies pour mener bien de nouveaux pro jets Ainsi ATD Quart Monde s est appuy sur des outils comme la vid o ou Skype pour aider des individus en grande fragilit reconstruire l estime d eux m mes et retisser des liens sociaux Au final le num rique permet d augmenter et de diversifier l innovation sociale et citoyenne FLOUTAGE DES FRONTI RES DE L ASSOCIATIF Enfin quatri me changement majeur le num rique participe d u
40. un projet dans une optique soli daire avec contrepartie mon taire ou non Depuis dix ans pas moins de six milliards de dollars ont t r colt s de la sorte dans le monde D ici 2020 les montants devraient atteindre les 1 000 milliards de dollars d apr s le magazine Forbes La redistribution caract rise la troisi me cat gorie de projets dans laquelle il est pos sible d int grer les logiques de troc dans une approche non marchande ou de revente dans une approche marchande On change une propri t un savoir contre un autre ou contre un quivalent temporel ou mon taire qui en refl te la valeur Livres CD DVD et jeux vid os font partie des objets qui se troquent le plus voir sur troc com ou gchangetout com Mais le d ve loppement de la consommation collaborative favorise l apparition de sites qui permettent de troquer des v tements Myrecyclestulf Co recyclage Vestiairedecopines KidiTroc etc de r coltes Lepotiron Nos jardins voire m me de revues et magazines l chelle d un voisinage Trocdepresse Arrivent enfin les initiatives de cohabita tion o prime le plaisir d agir ensemble On partage ainsi un lieu un moment une activit ou une exp rience La notion de propri t n entre pas en compte les contributeurs s at tachent favoriser un bien commun Du don via les r seaux locaux de Free cycle ou des zones de gratuit au plaisir de voyager en couchsurfing de la pratique d
41. ur puis un troisi me etc et ainsi conna tre plusieurs cycles de vie par exemple 100 euros pr t s sur 12 mois font 200 euros sur le terrain s ils sont nouveau pr t s au bout d un an Les sites apportent ainsi une ressource financi re tr s bas co t 3 4 g n rale ment aupr s des op rateurs de terrain pour que terme ceux ci puissent baisser les taux d int r t pratiquer aupr s des b n fi ciaires et avoir une action sociale d multi pli e En effet les IME pour octroyer des mi crocr dits doivent se financer aupr s des banques commerciales des taux qui peuvent monter jusqu 15 Ce co t est in vitablement affect aupr s des micro emprunteurs En apportant une ligne de fi nancement des taux bien plus bas les pla teformes de crowdfunding de microcr dit so lidaire contribuent au d veloppement d une microfinance centr e sur son impact social Aujourd hui il existe une trentaine de plateformes de ce type dans le monde les ressources issues des crowdfunding ne repr sentent qu une goutte d eau dans le secteur du microcr dit mais les sites de finance ment participatif affichent des taux de croissance deux voire trois chiffres ce qui laisse pr sager que le crowdfunding pourrait soutenir lessor de la microfinance hau teur de 10 du financement de l encours mondial des microcr dits d ici dix ans Aux tats Unis environ deux habitants sur 1000 pr ten
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