Didactique des langues, constitution de la parole et
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1. Parall lement aux discussions portant sur les objets indiqu s supra il tait n cessaire de reprendre l origine des notions usuelles convoqu s en DLE en se demandant par exemple ce qu il est advenu de la philosophie du langage lorsque la DLE s est empar e de la notion d acte de parole de m me pour la notion de besoin langagier et le serpent de mer que constitue ce qui est nomm g motivation En convergence avec le travail de th se en laboration de V ronique Dagues l origine de la notion de besoin chez J J Rousseau nous a permis de constater que des l ments fondateurs se trouvaient de nos jours totalement travestis et dulcor s Le s minaire de 2013 s est particuli rement int ress l origine du vocable apprenant d abord en Allemagne puis en France O Gr ard Le d bat de l poque qui concernait la question de la centration s il a disparu dans sa forme n a conserv qu une sorte d embl me mais il pour conserver la dimension On voit par l que l apprenant sinc re totalement dans le computationnalisme Suite autre s ance La cr ativit nous l entendons dans l orientation que lui donne Winnicott dans Conversations ordinaires Paris Gallimard 1988 il crit J ai maintenant cherch dans un dictionnaire au mot cr er et j ai trouv donner vie Une cr ation peut tre une production de l esprit humain Par vie cr atrice j entends le fait de ne pas tre tu ou annihil2. Searle la non prise en compte de l autre dans la th orie des actes illocutoires Exp rimenter autrui par le langage Poulain 1998 le probl me de la pragmatique c est qu elle tablit qu un acte de communication se produit si et seulement si l nonciateur identifie son allocutaire ce qu il lui dit et ce qu il veut lui faire faire en lui parlant En somme comme le dit Poulain on dirait quelqu un il pleut afin de lui faire prendre son parapluie et l on voit que l on est pas 48 loin de ce que Bernays avait mis au point dans les techniques de propagande qui deviendront publicit Contr ler le monde verbal pour contr ler le monde social et le monde psychique D une certaine fa on on retrouve cela dans l approche actionnelle l insistance du faire Le CECR configure un acteur social qui pr cise t on devra tre linguistiquement outill p 42 L cueil consiste croire ou du moins faire croire que nous serions entr s dans un processus totalement ma tris et ma trisable l acteur social pour communiquer aurait au pr alable d termin ses propres objectifs ses choix et les moyens qui vont lui permettre de mettre en uvre ce que Wissman et judet de la Combe ont nomm langue de service Il y aurait des comportements acqu rir il y aurait des savoirs faire des savoirs dire et m me un ou des savoir tre Dans cette conception on aurait des illustations de parler de parler pour ave
3. constitutif du sujet lorsque le segment de r el appr hend fait sens pour lui Autre fa on de revenir ce que formulait Fichte la suite de Kant En milieu institutionnel jusqu maintenant parce que les TICE perturbent cela un change se nouait entre 3 l ments l enseignant en tant que mis en position de m diateur en cela on retrouve ce que nous disait Saint Augustin l enseignant est celui qui met en signes en signe fait signe ceux qui apprennent et le savoir enseign qui lui m me est une version diff rente du savoir savant La conjugaison la relation de ces 3 entit s constituent le contrat didactique qui lui m me est ins r dans les syst mes d enseignement De fait l activit elle m me qui va faire que le contrat didactique prenne forme fonde un projet qui rassemble en un m me lieu Dans la schol des grecs l importance tait attach e la mise en pr sence de g n rations diff rentes pour combattre l hubris la d mesure que l on peut entendre comme le d bordement pulsionnel Pour y rem dier les grecs faisaient pratiquer des activit s physique la le pilastre la course etc mais galement un travail sur la voix Au XVIe si cle c est le classement par ge et la s paration des sexes qui sont importants Cela 35 pr figure la s paration entre lyc e de filles et lyc es de gar ons A noter que dans la p riode entre le XIIIe si cle et le XVIe si cle il y a peu d institutions proprement
4. derri re culturaliste On voit que 1984 n est pas loin 19 Suite autre s ance Je vais m vader de cette sc ne et convoquer Derrida dans l universit sans condition Derrida s interrogeait sur l avenir des Humanit s et pointait dans l acte accomplit par l enseignant dans son exercice de parole la mise en uvre des nonc s performatifs et constatifs Premi re objection ce qui a pr c d remettre au c ur du processus enseigner la parole Non pas en consid rant cette parole comme exercice d une menace sur la libert individuelle mais dans le sens de quelque chose qui fasse que l autre prouve du manque de l incertitude de l incompl tude qui le poussent chercher et non attendre sur un plateau quelque chose qui serait tout cuit qui n aurait qu tre ing r ce qui pourrait se traduire par gaver un lobotomis L autre l ment marquant de ce que nous livre Derrida c est qu il place l acte du c t du langage et plus particuli rement du c t de la parole or pr cis ment c est cette parole l et non la parlotte qui est corr lative de la disparition du sujet Le terme utilis par Derrida est tr s fort une profession de foi nous dit Le Grand Robert est une d claration qui a valeur de confession C est dire ce que l on croit et insensiblement l angle sous lequel Derrida voque l engagement convoque le sujet suppos savoir comme moteur de ce qui lie l enseignant et celui ou celle 20
5. ditant et ce avec une libert absolue dans le cheminement soit rebours en remontant du r sultat auquel on a bouti vers ses pr misses soit en allant de l avant depuis les pr misses dont nous sommes partis pour d duire les r sultats soit en partant du milieu remontant et d duisant en m me temps Celui qui en serait capable avec une ind pendance absolue l gard des expressions utilis es voil l auditeur que je pr f rerais ce qui serait le premier point Deuxi mement ce qu il y a de plus remarquable pour chacun en chaque heure de cours et de ce fait cela m me qu il retiendra le plus s rement c est ce quil y a appris de nouveau et ce qu il en a clairement compris Ce que nous comprenons v ritablement devient une partie int grante de nous m mes et dans le cas o c est une compr hension vraiment nouvelle elle aboutit une transformation de nous m mes et il n est pas possible que l on ne soit pas ou que l on cesse d tre ce que l on est v ritablement devenu Fichte consid re qu il laborait sa pens e sous les yeux des auditeurs et avec eux pour lui la transmission r side dans la parole Il parle de m diation temporelle et r fl xive et pour lui c est la r flexion qui pr munit le disciple de simplement r p ter m caniquement La critique du caract re de la reproduction m canique d un savoir est capitale 29 c est l opposition au savoir par c ur Il y a compr
6. faut apprendre parler et crire le but de ces trois disciplines est une culture raffin e L trange de cette citation appara t de nos jours dans l accolement de culture et de raffinement parce qu il ne va plus de soit qu acqu rir des connaissances participe de quelque chose qui fonde un sujet On peut mettre en rapport ces mots de Nietzche avec la rupture n cessaire qui consiste faire que l on entend ou l on voit quelque chose dont on avait pas id e en somme s extraire de sa propre situation mais ceci n est pas encore suffisant il y a de fait quelque chose qui s inscrit galement dans une continuit Toute parole est porteuse de ce qui la pr c de et l on retrouve la transmission telle que Saussure l entend non tel que la pens e calculante la con oit Incise partir de la question que pose Foucault comment le nouveau existe Abruptement on peut dire par le simple fait qu il n cessite une transgression c d une r organisation de ce qui est pos Ce qui est pos oblige une r interrogation sur ce qui est pos et c est par cons quent se confronter la question de la signification mais cette confrontation n cessite elle m me une construction dans le sens o la r alit en soi ne parle pas La r alit est parl e et de ce fait on voit qu il s agit d un pb de langage Mais dire que c est un pb de langage c est dire qu il y a de l autre a minuscule ou grand Autre 22 Il y a de
7. la physique du physicien De nos jours on a tendance d vier la question en recourant un leitmotiv qui s nonce dans une injonction restaurer le savoir et qui prend la forme d un appel recourir la motivation Le savoir savant a comme particularit d tre constamment travaill par le doute et par cons quent d tre instable et travaill constamment par le questionnement Il est par d finition un savoir en construction un savoir en devenir Il est d une certaine fa on dans l exercice d un je ne sais pas mais si je sais que je ne sais pas je sais d j quelque chose IL est en tension avec l ignorance constitutive Le savoir est la r sultante du processus d objectivation en tant que modalit de construction et d appr hension du r el Le r el la conjugaison du monde d autrui et de soi ceci fonde une v rit relative et temporaire partir de la n cessit d un d centrement qui s tablit sous la forme du dialogue dialectique Le dialogue suppose qu une opinion adverse a un sens qu il existe la v rit et son contraire et signification et v rit sont dissoci es A l oppos le mythe cumulait la fois une fonction d int gration sociale une fonction cognitive celle de dire le vrai qui pr existait et tait immuable Le monde tait d crit partir d une appr hension 39 imm diate D abord Platon pose que la v rit peut tre atteinte par un discours th orique Aristote pose un
8. oriquement le savoir savant est moins soumis la pression de la noosph re que le savoir enseign A relativiser aujourd hui car on doit y adjoindre le r le que joue les experts en tant que au nom de La nature du savoir enseign est d tre travaill e par une cohorte de trublions qui veulent y interf rer D abord les enseignants eux m mes qui peuvent tre constitu s en groupe de pression soci t des agr g s par exemple les influences politiques la fois li s aux institutions les rouages du syst me les corps disciplinaires inspecteurs etc mais aussi sous les effets de l opinion Les parents d l ves et les repr sentants de la soci t civile maire d put etc etc trop de f es autour du berceau Le savoir enseign a ceci de particulier qu il est comme le dit Bachelard du savoir en conserve Il est r ifi d une certaine fa on puisqu il se doit d offrir une relative stabilit Un exemple lorsque j tais en licence 2 enseignements d ancien fran ais taient propos s l un en conformit au programme des concours l autre en relation avec la recherche Le savoir enseign est soumis a une double exigence ne pas tre trop loign du savoir savant au risque 37 d tre totalement obsol te mais en m me temps le savoir enseign doit tre suffisamment loign du savoir des parents et c est l le n ud de la question parce que le savoir enseign s use il appara t un jour vi
9. atteindra un bon quelque chose ou un bien quelque chose Ce bien ou ce bon se traduisant en surtout tre conforme 14 Un enseignant serait celui qui fait accomplir des t ches et sa fonction serait l ordonnancement des t ches Les lignes sont aussi symptomatiques en ce qu elles reprennent les deux termes la mode communication et interaction La communication dans sa r duction de la transmission et il est entendu que tout ce qui a t d livr dans la forme ad quate touche son but Si l tudiant a jou au jeu du t l phone visiblement a ne l a pas marqu A cette emprise d une conception machinique de la communication est associ e l interaction L injonction se r sume un il faut que a bouge Il y a certainement une r duction m me de ce que recouvre les interactions dans l interactionisme mais le que a bouge prend des formes variables Une tudiante a propos une grille d observation pour observer des pratiques de classe qui comporte dans ces multiples descripteurs de prendre en compte la luminosit de la salle de classe la d coration et l environnement sonore Apprend on mieux par jour de grand soleil ou par jour de faible clart Apprend on mieux le jour ou la nuit avec plantes vertes ou sans avec les Daft Punk ou Beyonc On pourrait se poser ce genre de questions l infini mais elles ont comme faiblesse redoutable d occulter la dimension du sujet car en voulant appr hender les pratique
10. continuellement par soumission ou par r action au monde qui empi te sur nous j entends le fait de porter sur les choses un regard toujours neuf En relation avec ce propos la publication de Une langue venue d ailleurs d Akira MIzubayashi nous a donn la mati re du travail 2012 2013 Le r cit du voyage int rieur conduisant l appropriation de la langue trang re permettait de relier musicalit de la langue et place du d sir dans l apprentissage La question pos e est l objet de mon livre Cette ann e en nous aidant de Bruno MAURER Enseignement des langues et construction europ enne Le plurilinguisme nouvelle id ologie dominante Paris ditions des archives contemporaines 2011 et de Fran ois RASTIER Apprendre pour transmettre L ducation contre l id ologie manag riale Paris Puf 2013 nous nous proposons d interroger enseigner En ouverture ce travail nous nous appuierons sur un court texte de Kant Qu est ce que les lumi res Et le texte de Nietzche Le Cr puscule des idoles La s ance partira de la r flexion propos e par Heidegger dans la conf rence qu il avait donn e sous le titre Langue de tradition et langue technique 1989 Bruxelles Lebeer Hossmann tr fr 1990 Suite autre s ance Grosso modo le langage serait log dans l ext rieur le social et dans l int rieur le psychologique On peut reprendre ce propos la critique formul par Jacques Rappel puisque la question de
11. crire correctement un proc s d nonciation ilne suffitpas de noter les circonstances pr sentes de lacte de parole il faut aussi reconstituer l histoire de l nonciation Car chaque nonciation est 12 l aboutissement d une s rie de transformations d une nonciation premi re chaque nonciation poss de donc son histoire transformationnelle In Langages 17 Sur l nonciation 1970 Suite autre s ance Un tudiant crit L enseignant interagit avec les apprenants Il faut qu il y ait une bonne communication pour qu il y ait une bonne progression au niveau du d roulement du cours L enseignant joue le r le de facilitateur il instaure un climat de confiance pour qu il y ait une bonne communication Inutile de consid rer qu il s agit d une mauvaise copie mais plut t de constater que le propos est d une certaine fa on en reflet de ce qui est enseign en didactique de nos jours et en ce sens est sympt me de la fa on dont est envisag celui qui apprend le savoir et l enseignant Il y aurait et en cela on peut voir en arri re plan les pr conisations du Conseil de l Europe un mode d emploi suivre Etant entendu que le mode d emploi suivi ou la bonne m thode participe d un projet beaucoup plus g n ral sous l expression de transformer les gens en automates du bonheur selon l expression du pr sident am ricain Herbert Clark Hoover 1928 Il y a ce que F Ch telet nommait dans Les animaux
12. l apprentissage d une LE touche la constitution d une parole autre Anzieu rappelle qu il n y a de communication signifiante que par le poids de chair qu elle v hicule in Le corps et le signe dans l acte de parole Inconscient et Culture Vol 9 1977 Je laisse de c t le titre du film Cuisine et d pendances d pendances des cuisine Ce qui m int resse particuli rement dans une s quence du film c est que la demande qui provient du fait que le joueur de poker qui a contract une dette d honneur se trouve oblig de demander de l argent successivement sa s ur sa petite amie son beau fr re et l ami de sa s ur et de son beau fr re qui est h berg chez eux sans prononcer de lui m me le mot argent Ce qui m int resse c est que ordinairement dans l enseignement de la LE on va vers la transparence du dire le vous avez l heure correspond au quelle heure est il et non quelque chose qui surviendrait comme les carottes sont cuites quand pr cis ment on n est pas dans une cuisine et qu il n y a pas de carottes La sc ne est donc initi par le fait que Fred attend que Martine soit seule dans la cuisine pour pouvoir 2 parler avec elle Une premi re tentative a chou puisque Charlotte tait dans la cuisine Je note simplement un point d velopper s il y a un dialogue entre deux protagonistes il y a bien s r du tiers dans la mesure o nous spectateur sommes spectateur de la fiction q
13. l autre de l avant et du maintenant pour qu il puisse y avoir de l apr s C est le propos de Bachelard tournez le dos aux vidences L cueil videmment r side dans les mots puisqu ils sont charg s des pr suppos s de l avant Il y a donc un double mouvement dans la construction du savoir Partir de ce qui est pour aller vers ce qui n est pas encore et c est l que l on retrouve la position de l enseignement et de l apprendre Il n y a pas transmission dans le sens d un signal qui serait v hicul d un point A un point B mais transmettre ici signifie que la parole fasse cho perturbe ce qui est d j l De ce fait ce qui est dit n est pas n cessairement entendu il faut qu elle soit pol miqu e c d assimil e que ce qui est d livr entre en r sonnance avec les connaissances le v cu de celui ou de celle qui est destinataire de cette parole C est en cela qu il y a un effet d vastateur du processus d acc s la connaissance Apprendre ce n est pas tre s re c est travailler constamment ses incertitudes et l s origine la confusion on nous dit de nos jours qu apprendre c est faire ou plus exactement faire faire Comme si l accomplissement tait la fin du processus et en cela annule la dimension temporel de l acte lui m me Je zappe en cela la dur e n cessaire l appr hension L acte a d s lors sa finalit dans l accomplissement lui m me de l acte et ce sont toutes les sornettes que l on nous sert avec
14. les t ches Le simple fait d accomplir un acte serait 23 garant d une pr hension du savoir Arendt partir d Aristote pose la poi sis nulle autre finalit que l accomplissement de l acte le r sultat est tangible mais n entame en rien le producteur de l acte l acte reste ext rieur l agent qui le produit au contraire le cheminement qui fait la construction de la relation au savoir implique une transformation de la vie elle m me de celui qui se confronte l inconnu L inconnu parce qu il est nigmatique va provoquer une r organisation de la position du sujet En prouvant le manque l incompl tude l incertitude d clenche un processus qui va toucher aux formes d existence du sujet lui m me C est ce qu Arendt nomme vita activa Ce cheminement de pens e est chez Aristote Saint Augustin Montaigne Kant Hegel Rousseau Heidegger Freud Lacan etc En compl ment ce qui pr c de on jettera un il sur le petit opuscule intitul L enseignement des langues trang res face aux volutions des syst mes ducatifs Paris L Harmattan 2013 Ind pendamment d un remarquable passage de brosse reluire p 275 289 le num ro est exemplaire en ce qu il passe sous silence la question de l enseignement On d couvrira avec joie l utilisation d une dimension r ticulaire vis e comparatiste qui rejoindra certainement la multidimensionalit et formes d expressions qui masquent l inconsistan
15. mais une fa on de nommer ce que G Pommier a r sum sous l expression d un pr sent qui se propulse en consumant au fur et mesure son propre h ritage et se d sh rite au jour le jour Au plan conomique la marchandisation outrance et la pr gnance du divin march a investi la totalit de nos soci t s occidentales A l encontre de l imp ratif cat gorique de combattre les pulsions pour travailler l intellectualit Kant il semble que la pl onexie soit bien de l ordre d un renversement total des perspectives qui touche l humain Au d but du s minaire nous nous sommes attach s entendre ce dont la DLE ne parle pas l aide de certains s minaires de Lacan On trouve la trace de ces pr occupations dans les th ses de doctorat de Carla Tavares incidences subjectives dans l apprentissage d une langue trang re et de Maria Sandra Menella propos de la question du d sir dans l apprentissage d une langue trang re Ce que nous nommons effondrement est inconsistance de Munck Castoriadis Le Goff Castel d liquescence Matt i Henry Gauchet soci t de l information Dufour monde sans limites Lebrun Homme sans gravit Melman exercice de la manipulation Marzano ces marquages diff rents ont en commun d tre dans le prolongement de ce qu crivaient Arendt et Lyotard ou Derrida et traduisent les sympt mes de notre monde hypermoderne Dans ce qui gravite autour de l ducation et p
16. malades du consensus l homo communicans qu il d finit comme habitant une bulle d un espace hyper sympa sans 13 conflit ni conflit social archa que se flattant de positiver et de n exister que comme t nia cybern tique On entend par l le texte de Heidegger d j cit langue technique langue de tradition Evidemment Il y aurait un bon mode d emploi On retrouve cela dans des copies qui pr sente l volution de l enseignement des langues comme une marche rectiligne vers le progr s rejet de la m thodologie SGAV insertion du social gr ce au communicatif et d couverte de jours radieux avec l actionnelle et l utilisation des Tice qui sans ironie conduise vers l interculturalit L implicite tant contenu dans cette id e qu il y aurait n cessairement une bonne marche suivre Id e qui est au fondement du fonctionnement de la propagande et que l on retrouve dans le slogan publicitaire et qui garantie la r ussite ou le bon achat On retrouve l origine chez Bernays neveu de Freud qui en 1923 publie aux Etats Unis comment manipuler l opinion en d mocratie et qui fait tout d abord la richesse de l American Tabacoo Corp On suivrait un mode de fonctionnement comme on suit un GPS On a bien en arri re plan cette id e qu il y aurait des t ches accomplir Que tout acte d intellection se d compose en parties qu il s agit d inventorier et de recomposer Avec videmment le refrain qui est qu on
17. on pourrait comprendre elle a lieu si et seulement si les conditions n cessaires sont remplies Fichte pose une condition obligatoire il faut d abord que la parole soit pos e L enseignant n est pas d tenteur du savoir il est d positaire du savoir La transmission n est pas le transfert d une doctrine d une personne une autre mais le fait d veiller la capacit produire le chemin qui peut tre indiqu par l enseignant Il n y a pas transposition d un contenu mais un change entre un enseignant et un enseign 46 On peut l entendre comme entrecroisement du discours mythos avec le discours savoir logos Fichte professeur Iena livre des conf rences publiques qu il intitule Sur le Concept de la Doctrine de la science de 1794 1799 qui ont un norme retentissement sur les 900 tudiants de l universit de I na 500 viennent l couter accus d ath isme il devra s exiler Berlin Ce que Michelet et Fichte disent c est que dans la parole il s agit de relation entre tres humains cela signifie qu il y a plus que le contenu du message informatif il y a la mani re de dire il y a ce qui va provoquer la surprise l tonnement la r futation Autrement dit ce qui est soulign c est que la parole v hicule quelque chose qui n est pas encore connu Il y a l id e d un partage d un change Le parcours d ducation au cours des si cles avait pour caract ristique de joindre et de faire affronter de
18. que lui assigne les phon ticiens mais entendue comme constitutive du bruit du langage et dans sa relation au corps puisque le langage avant d tre langage est bruit Fichte nous a donn une condition obligatoire la n cessit que la parole soit pos e cette parole pos e devient op rante dans la mesure nous dit Lacan o quelqu un y croit Il y a donc un double mouvement d une part un sujet suppos savoir et un sujet 2 Lacan J Ecrits Paris Seuil 1966 p 299 50 suppos croire et c est dans ce sens que je place la parole attendue Pour en avoir une id e il suffit d observer que les adultes ont besoin que les enfants croient au P re No l pour que a marche Insister sur la croyance revient d placer le cadre usuel de d limitation du syst me interactif dans lequel on inscrit l change langagier le statut et les r les des protagonistes ne sont pas les l ments pr pond rants de la construction de l change mais bien quelque chose qui place corr lativement un sujet suppos savoir et un sujet suppos croire Le sujet suppos savoir fonde une dimension particuli re la parole en ce sens qu elle est attendue On peut l entendre dans le parler bon escient ou le parler propos de Bourdieu mais les rites les protocoles qui nous indiquent cela ne sont pas suffisant parce que les places elles m mes des protagonistes sont elles m mes contamin es par leur propre imaginaire Il y a ce que je dis c
19. Didactique des langues constitution de la parole et subjectivation Pr Patrick Anderson Rappel 2014 Au cours des ann es pr c dentes 2006 2011 dans le s minaire men l UFR nous avons observ ce qui appara t comme un r ductionnisme techniciste pour ce qui est de la question de l enseignement des langues trang res et particuli rement pour le fran ais langue trang re En nous appuyant sur ce que peut recouvrir le mythe du ma trisable le faire tel que rep r chez Arendt et la distinction op r e par Aristote nous avons soulign comme bien d autres l inscription du d sarroi comme caract ristique de notre contemporan it Pour la didactique du FLE le d sarroi prendrait la forme de ne pas pouvoir penser le sujet En d autres termes la disparition d lib r e du sujet dans sa dimension de parl tre occulte la question fondamentale du transfert et vient miner l acte d apprendre et d enseigner lui m me Les interrogations portent la fois sur un regard tourn vers la doxa et les options dominantes de la didactique des langues mais galement de tenir compte de ce que peut nous apporter l laboration lacanienne Pour ce qui nous occupe en 2013 2015 on consid rera que nous avons nous situer entre effondrement et cr ativit L effondrement a t successivement l objet des s ances men es entre 2006 et 2013 L effondrement ne concerne pas une sorte d apitoiement sur des temps r volus
20. Qu est ce qui nous est livr dans une forme que n aurait pas rejet Trissotin et qu il faut tenter de traduire en fran ais courant 1 Qu il se passe quelque chose dans une classe qui malheureusement a des occurrences qui ne peuvent pas 17 tre programm es et que ce qui se d roule se d ploie dans des temps multiples 2 Que des individus sont co pr sents 3 Que l acte d enseigner est un acte public et qu il s inscrit dans une dur e 4 et que l change vise former une forme de connivence En somme on nous dit que dans une classe il y a plusieurs individus ins r dans un m me espace temps qui se regardent et s observent et que a bouge et que dans ce mouvement il y a de l inattendu et de l impr visible or c est pr cis ment ce qu on ne veut pas on veut de la maitrise et du contr le Ainsi la premi re phrase de la citation pose imm diatement qu un enseignement est soumis un ensemble de contraintes fortes implicitement on en a une sorte de regret Comme les choses seraient limpides et tout le monde dans une forme de b atitude si l on pouvait tout contr ler On retrouve l l uvre la fabrique du consentement Retour au texte de l tudiant on peut constater qu il appartient la forme des textes de programmation vous effectuez 1 puis vous effectuez 2 pour obtenir 3 avec en plus une injonction du bien faire On voit par l que l ortho pie pr gnante tout au long du XIX me si cle est
21. articuli rement pour ce qui concerne l enseignement des langues c est avec l emprise de Avec la doxa dominante de la DLE nous assistons un effondrement L effondrement touche aux trois fondements de l apprendre enseigner on peut consid rer que les diff rents outils qui se veulent donner une rationalit l enseignement croise l instrumentalisation de la langue le communicatif actionnel la disparition des acteurs de la relation p dagogique L mergence de l apprenant et la disparition pure et simple du savoir dissolution dans les formes des savoir dire savoir faire et savoir tre Les ann es pr c dentes nous nous sommes pench s sur la question de la dissolution du savoir o pour reprendre le titre d Abensour amp al De la destruction du savoir en temps de paix partir de la place assign e la langue dans les discours dominants de la DLE puis nous avons envisag la mort du sujet de l apprendre lorsqu est advenu l apprenant Ceci explicitement dans le colloque international organis en janvier 2012 Besan on Deux soutenances de th se de doctorat se sont inscrites dans cette r flexion d une part la th se de Na ma Mati s interrogeant sur le r le de l alternance de langues en contexte d enseignement en Alg rie d autre part la th se de R my M tt tal s interrogeant sur ce que recouvre de nos jours le vocable communication en DLE et ce que peut signifier d oublier la question du malentendu
22. c l id e que comme pour des machines on a deux p les la langue tant r duite un code mais on placerait une sorte d att nuation du c t du parler de et du dire et c est pr cis ment cette dimension qui est occult e Parler nous dit Wittgenstein suppose l attente Parler c est faire advenir on fait advenir par des signes linguistiques un monde que l on peut d crire imaginer raconter nier rejeter mais qui fonde de l illusion dans le sens o chacun de nous 49 est pris dans les r ts du langage Avec la parole on fait m me surgir l absence c est la propri t de raconter et par l m me de faire croire Parler en quelque sorte c est s illusionner c est ce que les grecs nommaient fantaisie et qui nous a donn le cort ge de fant mes et de phantasmes parler c est transmettre des croyances des noms propres des g n alogies des obligations des rapports sociaux et avant tout la parole elle m me Cette parole l c est ce que Lacan nomme la parole vocante Lacan nous rappelle qu avant de communiquer la parole est vocation 2 Car la fonction du langage n y est pas d informer mais d voquer Ce que je cherche dans la parole c est la r ponse de l autre Ce qui me constitue comme sujet c est ma question La parole qui voque elle voque parce que nous dit Lacan ce que je cherche dans la parole c est la r ponse de l autre Cette parole vocante ce n est pas la parole entendue dans le sens
23. ce des propos tenus 24 Suite autre s ance Fichte arrive I na en 1794 et est nomm docteur de la facult de philosophie il ouvre un cours public imm diatement A partir des id es de Rousseau il a l id e d un ouvrage qui porterait sur la question de la libert de penser partir des id es de la R volution Fran aise En opposition au Prince de Saxe et l autel il avait t nomm sur recommandation de Goethe Il prononce ses conf rences qui ont un norme succ s mais il est chass d I na en 1799 sous l accusation d ath isme Il s installe Berlin et devient Grand orateur de la loge ma onnique en 1800 En 1804 il est nomm l universit d Erlangen et de 1792 1813 il publie de nombreux ouvrages Il meurt en 1804 2 ouvrages abordent la question de la transmission La destination du savant conf rences de 1794 Vrin 1994 La destination de l homme 1799 GF Flammarion 1995 Les consid rations sur la doctrine de la science qui seront r unies sous le titre Introduction berlinoises la philosophie 1809 1813 Poche GF 2014 Les tendances actuelles en DLE radiquent la relation construite partir de l oral c est dire dans l change Lyotard montrait que l enseignant est oblig dans l acte d enseigner de s extraire de son savoir suppos pour aller pr cis ment vers ce qu il ne conna t pas Et cette tension est provoqu e 25 pr cis ment parce qu il y a co pr sence On cherche au
24. d tes l universit est un lieu ouvert sans distinction d ge exemple dans le Lazarillos de Tormes A partir de la fin du XVIIIe si cle c est l ordre et la gestion du temps qui ont de l importance et c est ce qui sera codifier l poque napol onienne sous le mod le militaire censeur proviseur etc Ceci pour dire que le lieu est r v lateur du syst me d enseignement qui inclut des moyens officiels et officieux et des flux et qui assurent la formation de l ensemble des syst mes didactiques Le syst me d enseignement a un environnement la soci t environnement de structuration fort complexe On peut consid rer qu interf rent les parents les savants l instance politique d cisionnelle et ex cutive mais cet ensemble participe d un ensemble encore plus vaste qui peut tre caract ris comme noosph re La noosph re participe d un flux de savoir de l environnement vers les syst mes d enseignement Pendant fort longtemps le moyen dispensateur du savoir tait la parole Parole prise dans la dimension de l change pour faire aller l o l on ne s attend pas et pour aborder des choses qui premi re vue ne concernent pas C est la r ponse la question quoi a sert une autre caract ristique 36 de l cole elle est aussi la rupture avec le maternel et la n cessit d affronter le temps social On voit par l que doit s op rer une distinction entre savoir savant et savoir enseign Th
25. d une construction apr s coup vivre le principe c est le construire g n tiquement De plus la compr hension ne peut pas se communiquer elle a lieu d elle m me quand les conditions n cessaires sont remplies Enfin pourque le savoir transmettre puisse tre saisi par le disciple il faut que la parole du ma tre s an antisse et pourqu elle le soit il faut d abord qu elle soit pos e Le savoir pour tre transmis doit tre d abord dans la saisie du ma tre le ma tre n est pas un d tenteur du savoir mais un d positaire il est pour Fichte un m dium qui donne au savoir une forme d expression Il n y a pas transfert d une doctrine d une personne une autre mais il y a le possible de fournir des l ments veillant la capacit de produire librement le chemin qui ne peut qu tre indiqu par le Ma tre Toute transmission se fait dans le contexte oral mettant en rapport le ma tre et le disciple et toute transmission implique une compr hension qui met en uvre quelque chose de nouveau qui a d abord a t inconnu par le disciple Le rapport entre le ma tre et le disciple met en sc ne un jeu d int riorisation et un jeu d ext riorisation d appartition et d an antissement qui permet l engendrement de la compr hension Waquet de citer P Loraux in communication orale non indiqu e qui analyse la transmission dans le champ 31 philosophique grec elle est pour lui constitu e de trois moments un mo
26. e que je crois avoir dit ce que j ai dit mon insu ce que l autre a entendu ce que l autre a cru entendre ce que l autre a voulu entendre et tout ce qui aurait pu tre dit et tout ce qui aurait pu tre entendu Dans la parole il n y a pas que le dit il y a la coloration du dit la fa on de dire et corr lativement la fa on dont la parole sera prise Queneau le formulait prendre les mots dans leur valeur faciale La parole entendue n entre pas en r sonnance n cessairement avec l autre Elle n aura d effets que si elle est entendue mais non pas 51 au sens de per ue au sens de re u 5 5 comme pour la machine mais entendu au sens cathartique dans le sens o ce qui aura t entendu entrera en r sonnance avec le sujet c est ce qui fera cho en lui Apprendre une langue trang re nous dit on ce serait pouvoir transformer des op rations langagi res en tre capable de Nous en avons un exemple dans la perspective actionnelle ou parler ce serait dire en accomplissant un acte Le quand dire c est faire devient faire en disant et on peut observer que cette option correspond une d limitation particuli re du savoir n E Compl ment A partir du moment o la DLE et la Didactique du FLE se sont donn es pour objectif d amener ceux qui apprennent parler en classe les diff rentes m thodologies se sont heurt es chaque fois au truisme qui veut que pour parler il faut avoir quelque chose dire U
27. elle m me corr lative de la question de la transmission et c est Fichte qui partir de la lecture qu il fait du Banquet de Platon qu il croise la pens e de Kant livre une r flexion importante sur la place accorder la parole Fichte a dispens un enseignement essentiellement oral L important pour Fichte dans le rapport enseignant enseign c est la r effectuation par l enseign dans le sens que la connaissance doit tre engendr e par celui qui apprend sur la base des conditions de l engendrement livr es par l enseignant et que ceci passe par la 45 parole L oralit pour Fichte transmet quelque chose qui n est pas encore connu et cet inconnu c est pr cis ment ce qui va tre reconstruit partir d une recr ation de ce qui a t entendu Ce qui a t entendu ce qui est compris devient partie int grante du sujet Une compr hension nouvelle aboutit une transformation du sujet Pour Fichte il y a opposition avec ce qui est de l ordre d une r p tition d un savoir simplement appris par c ur Le par c ur occulte la nouveaut On peut penser la praxis d Aristote reprise par Arendt en opposition la po esis La question pos e par Fichte est la suivante Qu est ce qui fonde le savoir en tant que savoir et comment est il possible de se l approprier ou encore comment le savoir peut il tre vivant pour moi Pour Fichte la compr hension ne se communique pas on ne peut pas expliquer comment
28. ement partir des contributions de Fichte et de Michelet Cf s ances du s minaire on conservera d une part le fait que celui qui parle ne sait pas exactement ce qu il va dire et d autre part que la parole en mouvement est elle m me sous l influence de la r action ou de l absence de r actions verbales ou autres de l auditoire Ce qui est point c est l apport du in situ ce qui nous loigne de ce qui est promu de nos jours On oublie que l ensemble de la configuration aujourd hui pr gnante o l on nous dit parler c est communiquer 44 tait d j contenu dans la fa on dont Norbert Wiener concevait la communication La valeur de l change d une parole entre individus tait alors pr pond rante La parole tait au fondement de l acte d enseigner faire aller l o on ne s attend pas afin que celui qui apprend commence se poser des questions qui au premier abord ne le concerne pas Crois moi nous dit Kant et en cela il pr figure le sujet suppos savoir mais oses Oses t affranchir de toutes formes de tutelle pour devenir libre On voit ici que l autonomie n a pas tre revendiqu e elle est inscrite dans le processus apprendre Le deuxi me point qui concerne l enseignant qui est selon Saint Augustin celui qui met en signes et qui traverse la philosophie de l ducation c est la n cessit de combattre l hubris la d mesure Qui pour les grecs conduisaient la violence La question de la parole est
29. encore agissante IL y a somme toute l expression de v ux pieux puisque sous jacent est le bien faire Un enseignant en somme se 18 serait quelqu un qui veut le bien de l autre On piloguera pas l dessus Lacan en a donn un commentaire clairant Au fond son insu l tudiant red veloppe le personnage de Candide de Voltaire S ajoute cela l id e d un trac lin aire il y a assur ment une ligne droite parcourir on va d un point A un point B et on progresse et pas de place aux chemins de traverse J ajouterai cela que le plus navrant est que a donne une conception triste d apprendre et de la fonction de l enseignant A l poque de Brejnev en Union Sovi tique on avait dicter une r gle universitaire les chefs de d partement avaient droit une tasse de th accompagn e d un petit g teau le conf rencier avait droit une tasse de th mais s est pos le probl me du quoi aura droit le sous chef de d partement lorsque la cat gorie fut cr e il re u une tasse de th plac e sous une petite serviette blanche En compl ment ce qu a livr l tudiant une tudiante a propos une partition p n trante l utilisation de manuel d sign e comme approche culturaliste est oppos e l approche interactionniste qui r side dans l utilisation de documents authentiques C est dire que l o est le mouvement r side le salut bien qu il serait int ressant de savoir ce qui est cach
30. eux par rapport la soci t Ainsi des r sultats enseign s peuvent tre faux par rapport la recherche Il y a donc n cessit de restreindre la distance entre savoir enseign et savoir savant La noosph re tablit la compatibilit entre le syst me et l environnement Le contr le intervient par les effets qu elle va produire sur le savoir L instance politique assure un contr le par le truchement des programmes et des instructions officiels au contraire les m thodes qui occupe une place au sein de la noosph re constituent un moyen d action peu performant La noosph re va op rer par le biais de la manipulation du savoir c est elle qui va s lectionner les l ments du savoir savant qui vont tre d sign comme savoir enseigner L enseignant dans sa classe est relativement pargn par les effets du d s quilibre entre le syst me d enseignement et la soci t Le d s quilibre va se rencontrer sous la forme des l ves IL y a L usure du savoir c est le savoir devenu vieux par rapport la soci t et c est aussi la soci t devenue vieille travers ses enfants par rapport au savoir L usure du savoir est diagnostiqu comme crise de l enseignement On voit ici que cette question touche au probl me de la transmission 38 Autre probl me celui de la compatibilit de la d composition du savoir en tron ons autrement dit le savoir enseign de la 6 la terminale en physique est il conforme
31. ez Entrez Mode de fonctionnement de l vidence sur le mode cause cons quence si vous tes l c est parce que vous avez rendez vous si j ouvre moi m me la porte c est parce que ma secr taire est partie Le troisi me exemple provient du film le go t des autres Jaoui Bacri 2001 un l ment du film va m int resser en suivant des cours particuliers un chef d entreprise d couvre progressivement un autre univers que celui qu il a l habitude de c toyer et tombe amoureux de la com dienne qui pour des raisons alimentaires lui dispense des le ons d anglais La langue l anglais est plac en position d objet mais non l objet langue de la linguistique c est plut t la langue plus pr s de la parole dit Saussure force active et origine v ritable des ph nom nes La langue va tre envisag e en tant que fantasme r pondant deux positions diff rentes ce qu elle est pour celui qui dit vouloir l apprendre et ce qu elle est pour celle qui l enseigne La langue en tant que cause du d sir ce que Lacan nomme objet a Dans le d sir et son interpr tation S minaire VI Lacan d signe par a la partie du corps c d e en sacrifice symbolique Elle est en relation disjonction conjonction avec le sujet barr relation qui constitue le fantasme Elle organise le sc nario imaginaire du fantasme sur lequel le d sir se r gle l re s quence La secr taire 3 Mme Devaux est l pour vous ele est c t elle vousattend dep
32. ger de mille choses au lieu que la plupart du temps ils sont d nu s de tout jugement et ils seront en outre insupportables parce qu ils seront des semblants d hommes instruits au lieu d tre des hommes instruits Une autre d fense de l oral nous est donn par le philosophe allemand Fichte contemporain de Hegel Pour Fichte le concept d homme n est pas un ensemble de donn es scientifiques objectives biologiques psychiques ou sociales c est un concept id al vers lequel l homme se dirige au cours de sa vie et l humanit en g n ral au cours de l histoire L ducation n a de sens que par la perfectibilit humaine Perfectibilit analyser dans deux directions le point de d part la nature de l homme le point d arriv e l id al et les tapes de l histoire qu il implique En ce sens c est le savant qui doit tre l ducateur de l humanit Mais ce qui m int resse chez Fichte c est la place qu il accorde la parole C est d une part dans les Conf rences sur la destination du savant de 1794 rassembl sous le titre la destination du savant et particul rement dans La doctrine de la science de 1804 qu il crit Le bon auditeur serait pour moi celui qui serait capable de reproduire pour lui m me une fois rentr chez lui la conf rence qu il vient d entendre non pas d une mani re imm diate parce que ce serait de 28 la m moire m canique mais en y r fl chissant et en la m
33. hension lorsque le disciple entend et voit quelque chose dont il n tait pas en possession Alors comprendre devient partie int grante de nous m mes et donne lieu une transformation qui se tient dans la r ponse active qui est appropriation Id e forte qui place la transmissio in dans le sens d une dimension intersubjective Pour Fichte le savoir n est pas savoir d un objet mais savoir du savoir lui m me Il l appelle le savoir pur ou savoir absolu La question est comment ce savoir peut il tre appropri Pour Fichte il s agit de trouver un type de formulation un type d ext riorisation de la raison qui vite de poser dogmatiquement la raison et de lui accorder un statut purement hypoth tique Fichte pose deux principes un principe inf rieur de compr hension celui qui caract rise la conscience le penser c est le savoir secondaire et un principe sup rieur de compr hension qu il nomme liumi re ou savoir primaire Pourque la lumi re soit r alis e il faut que le concept soit ann anti et pour pouvoir tre an anti il doit tre pos Le type de compr hrension alors mis en uvre ne sera plus discursif comme l est l entendement mais il sera intuitif Il y a donc deux sens de compr hension le savoir primaire et le savoir secondaire mais il n y a pas de savoir absolu sans la m diation par le savoir secondaire Pour vraiment saisir dit Fichte il faut le vivre 30 Saisir quelque chose dans la conscience rel ve
34. hypoth se que ce n est pas la premi re fois et que ce n est pas la premi re fois non plus qu il demande de l argent sa s ur A partir de ces balises je voudrais reprendre l analyse d une s quence de Cuisine et d pendance de fa on d passer le cadre g n ralement donn dans les tudes portant sur les interactions verbales Point de d part qui croise Bakhtine serait de dire qu il y a de l informul dans les changes il y a ce que pr cise P cheux dans les processus d nonciation qui vont constituer l nonc peu peu la caract ristique de poserle dit et doncde rejeter le non dit P cheux ajoute Ainsi se trouve donc dessin en creux le champ de tout ce qu il aurait t possible au sujet de dire mais ce qu iln a pas dit ou de toutce quois opposece que le w sujet a dit in Mises au point et perspectives propos de l analyse automatique du discours Langages 37 mars 1975 Id e l encontre d une volont de ma trise que l on peut entendre comme le souhait fou d liminer le r sidu Le r sidu est ce qu a entendu Freud un autre bord du langage Ce que Miller nomme des propri t s in liminables et positives de l acte de parler C est dire que parler c estdire plus qu on ne sait ne pas savoir ce qu on dit dire autre chose que ce qu on dit parler pour nerien dire je renvoie au texte de Lacan intitul Radiophonie Pierre lanc encore une fois du c t des lingui
35. ie des interactions on le retrouve dans la citation pr lude la journ e du laboratoire DIDD qui est une bonne illustration du culte de l ignorance V Lang La professionnalisation des enseignants PUF 1999 16 l enseignement est un processus soumis un ensemble de contraintes fortes dont les caract ristiques sont la multidimensionnalit qui renvoie la diversit des registres de l activit et des v nements transmission des savoirs structuration des activit s p dagogiques valuation r gulation de l ordre la simultan it de ces v nements et actions l imm diatet car l action n attend pas l impr visibilit de ce qui peut survenir la visibilit qui souligne la dimension publique de l activit chaque action de l enseignant tant observ e et interpr t e par les l ves l historicit qui souligne la continuit et la dynamique de la relation dans la classe source d un modus vivendi Lang 1999 69 La r f rence du texte de Doyle Classroom organization and management in M C WITTROCK Eds Handbook on research on teaching 3 me dition pp 392 431 New York Mac Millan 1986 Texte qui marque son origine du c t du management Multidimensionnalit des v nements simultan it de ces v nements et actions imm diatet et impr visibilit quoi on ajoute une pinc e de visibilit et d historicit pour atteindre un modus vivendi
36. ment source archa que caract ris par une intensit d affect qui exprime une v rit brute non encore comprise un moment de transmission par l archive qui neutralise l affect et qui invente les v hicules de la transmissioi in du premier moment sans le comprendre un moment de compr hension de la source o s effectue une anamn se qui remonte la source Un exemple nous est donn crit Waquet par le grand physicien Niels Bohr qui voyait dans les conversations qui autorisaient reprises et corrections le moyen de livrer une pens e dans toute sa clart En 1913 N Bohr alors ag de 28 ans envoya Ernest Rutherford un texte dans lequel il formulait sa th orie des tats stationnaires en retour il re ut une lettre d objections plut t que de r pondre par un nouvel crit il fit depuis Copenhague o il se trouvait le voyage jusqu Manchesterafin de tirer les choses au clair selon son expression l dans des discussions il convainquit l minent physicien anglais du bien fond de ses conceptions En d cidant d aller en personne en Angleterre plut t que d envoyer une lette Bohr avait compar implicitemebnt ou explicitement on ne sait oral et crit et il avait tranch en faveur de la conversation celle ci valait mieux dans la communication de savoirune conviction qui on le sait l animla sa vie durant 32 Autre s ance Tout d abord un emprunt R Gori qui dans La fabrique des imposteurs
37. n symboliques Si l on suit les directives du CECR qui se garde bien de les donner sous la forme de directives parler ce 3 Mizubayashi A Une langue venue d ailleurs Paris Gallimard 2011 269 p 4 Association lacanienne internationale s ance des 28 et 29 mai 2005 Bentata H La voix de sir ne d une incarnation habituelle de la voix maternelle 55 serait uniquement accomplir des actes qui eux m mes pourraient tre quivalent dans diff rentes langues 56
38. ne tudiante remarquait judicieusement qu elle n apprenait pas le fran ais pour tre simplement capable de demander quelle heure le train partait Parler suppose l ant riorit de la parole sur le sujet mais il faut de l autre et de l Autre 52 n cessaire en tant que parlant L autre parental parle d j Cette ant riorit confronte celui qui se heurte au langage l nigme et c est la fonction de l adresse C est l adresse qui permet de rep rer d o le sujet parle Il s adresse l autre son semblable mais sa parole vise un autre et c est de cet autre qu il re oit son message Ce d tour pour dire que nous ne sommes pas le sujet plein le sujet ma tre de son dire des cognisciences Ce qui signifie que l on ne peut pas dissocier dans le parl tre ce qu il en est de la cognition et de ce qu il en est des affects Or c est pr cis ment cela de nos jours qu il n est pas question d entendre L humain habite le langage o il se trouve et o il va se loger IL y a une violence fondamentale li e la structure dans le sens o le petit d homme est victime de l attribution de l autre Tu es ceci ou cela Tu es ce que je dis que tu es et ce que le sujet est comme objet ne se confond pas avec ce qu il est comme tre biologique Ce que nous montre la psychanalyse c est que nous sommes plac s entre deux feux d un c t la perception de l autre et de l autre c t la violence qui l habite li e son e
39. p 168 cite Christopher Lash La culture du narcissisme 1979 Flammarion 2000 qui crit La psychanalyse clarifie le mieux les relations entre la soci t et l individu entre la culture et la personnalit lorsqu elle se limite pr cis ment un examen attentif de l individu C est quand elle est le moins soucieuse de le faire qu elle nous en dit le plus sur la soci t L application par Freud des principes psychanalytiques l anthropologie l histoire et la biographie peut tre n glig e avec bonne conscience par le sociologue mais ses investigations cliniques constituent une mine indispensable d id es lorsqu on a compris que l inconscient repr sente la modification de la nature par la culture la pression de la civilisation sur l instinct et Gori ajoute Si on veut comprendre Qu est ce qui nous arrive Comment en sommes nous arriv s l La clinique des singularit s est indispensable pour clairer les ph nom nes collectifs le collectif n est rien que le sujet de l individuel dit Lacan dans les Ecrits Dans le chapitre qui suit Gori ouvre ce chapitre avec ces mots de Winnicott J ai maintenant cherch dans un dictionnaire au mot cr er et j ai trouv donner vie Une cr ation peut tre une production de l esprit humain Par vie cr atrice j entends le fait de ne pas tre tu ou annihil continuellement par soumission o par r action au monde qui em
40. pi te sur nous j entends le fait de porter sur les choses un regard toujours neuf in Conversations ordinaires 33 Gallimard 1988 Rappel puisque la question de l apprentissage d une LE touche la constitution d une parole autre Et pour ne pas conclure sur ce point Todorov dans son introduction Bakhtine crit La sp cificit du monde humain comme l avait d j remarqu Montesquieu est que les hommes ob issent des lois et qu en m me temps ils agissent librement La conformit la loi les rend justiciables de la m me analyse que les ph nom nes de la nature D o la tentation d appliquer la connaissance des hommes les m thodes des sciences naturelles Mais s en contenter serait oublier le caract re double du comportement humain A c t de l explication par des lois pour parler le langage de la philosophie allemande du d but du XXe si cle qu emprunte Bakhtine il faut pratiquer la compr hension de la libert humaine C est l interpr tation comme dialogue qui seule permet de retrouver la libert humaine Le sens est en effet cet l ment de libert transper ant la n cessit Je suis d termin en tant qu tre objet et libre en tant que sens sujet Le sens est libert et l interpr tation en est l exercice 34 2015 L acte d apprendre est fonction de la saisie de quelque chose qui devient objet de savoir pour un sujet Autrement dit ce quelque chose devient
41. que chose qu il a re u de l Autre L enseignant de langue donne la langue comme quelque chose qui vient au del de lui A l oppos on nous dit g n ralement que tout commencerait avec la parole mais une parole d sincarn e qu il faut entendre r duite au code ni la vocalisation constitutive de l entr e en langue ni la transmission symbolique qui noue l Autre ne 54 sont interrog es Lorsqu on nous dit acqu rir une comp tence de communication on peut l entendre comme d poser un message comme on d pose un paquet la Poste Un exemple magistral contraire la doxa dominante de la DLE nous a t donn par Akira Mizubayashi 3 dans son ouvrage Une langue venue d ailleurs La parole advient dans la parole attendu du philosophe Arimasa Mori Ce philosophe a le double avantage de provoquer des effets en traduisant de fa on efficiente l agir de la parole et d ouvrir l exp rience d avoir renonc une certaine position sociale dans son pays pour venir en France et par cons quent de livrer une appr hension de l inconnu a nous dit l importance du dit dans le dire la parole entendue devient consistante Pour conclure je redonnerai la parole aux grecs qui d limitaient partir de la parole trois r alisations de la voix La voix en tant que cri dans la dimension du son pur la voix en tant que parole ouvrant la dimension de l imaginaire et la s duction et enfin la voix dans sa dimension de transmissio
42. qui apprend et Derrida d ajouter que c est une responsabilit assum e qui en appelle non pas des discours de savoir mais des discours performatifs qui produisent l v nement dont ils parlent L enseignant professe une d claration performative en quelque sorte Elle engage par un acte de foi jur e un serment un t moignage une manifestation une attestation ou une promesse C est bien au sens fort du mot un engagement Et il ajoute l enseignant donne un gage en engageant sa responsabilit Ce que nous dit Derrida est une fa on de demander qu est ce qui anime la parole que tu d livres puisque bien s r l enseignant n a pas acc s directement son propre d sir On voit par l que la parole est situ e dans un exercice de la libert Alors videmment Derrida r pond la foutaise qui consiste vouloir r duire cela dans le terme pompeux de multidimensionnalit et tous les it qu on peut imaginer n y changeront rien si ce n est d enfoncer des portes grandes ouvertes Suite Autre r f rence Nietzche dans le Cr puscule des idoles 1889 exposait les trois t ches pour lesquelles des ducateurs sont indispensables Il faut apprendre voir il faut apprendre penser il 1 Nietzche F 1889 Ce qui manque aux allemands in Cr puscule des idoles Volume VIII uvres philosophiques compl tes Archives G the Schiller de Weimar tr fr 1974 Paris Gallimard Folios essais 1988 p 56 21
43. r du mouvement dialectique que forge Hegel La dialectique est pens e de l tre et du devenir Elle est suivant sa formule l identit de l identit et de la non identit On le comprendra dans cet exemple l enfance devient adolescence tout en conservant quelque chose de l enfance Devenir c est cesser d tre ce que l on est tout en tant pas encore ce que l on sera Pour Hegel l homme est l tre qui est et n est pas ce qu il est Bachelard nous dit la v rit est fille de la discussion et non de la sympathie Discussion ici est pris dans le sens de dialogue dialogue avec les pairs et avec les crits ant rieurs En cela la connaissance se construit sur le d saccord c est dire qu un accord ne peut se faire que s il y a eu d saccord La construction de faits contredit ce qui a t pos ant rieurement Le savoir savant a dans son laboration rep rer les traces de la conscience pr scientifique et l obstacle r side d abord dans la langue qui est conservatrice d tat ant rieur de la connaissance Dans l laboration du savoir savant il y a ce que Bourdieu appelait le d senchantement Ce que Bourdieu nomme d senchantement peut s entendre comme l mancipation n cessaire l illusion de 41 transparence Le travail de la preuve Bachelard consiste un d collement du r el dans le sens o le r el en soi n est pas porteur de sens Pour qu apprendre puisse exister il faut qu il y ait
44. s contraires critique et na vet impossibilit et indiff rence singularit et universalit De nos jours l injonction est d un autre ordre l absence de clivage est observer dans la pr pond rance accord e la monstration Ce n est pas un hasard si l image a de nos jours une si grande importance elle participe d un mythe de la p dagogie montrer et en montrant faire croire comprendre Montrer reviendrait expliquer et m me avec les Tice la vue elle m me en 47 serait le garant Or on voit nous disait Nietzche ce qui a t nomm Ce d tour pour revenir la parole J entends parole dans le sens que lui assigne Saussure dans Les Ecrits de Linguistique g n rale et dans l extension que lui a donn Lacan Dans les enseignements de langues les tendances dominantes n entendent l exercice de la parole que dans une seule configuration parler ce serait bien transmettre de l information La parole est contenue dans une dimension purement informative allant de pair avec une d finition instrumentale de la langue L oubli fondamental dans l omnipr sence de la communication est le fait qu il ne s agit pas de transmission d informations mais que la parole suppose d tre adress e C est en ce sens que l on va convoquer l attendue Dire que la parole est adress e c est dire qu elle est allocutive et que c est par l A jautre que le sens de cette parole advient C est du reste le reproche adress Austin et
45. s de classe on en vient croire que tout r side dans le mesurable et le quantifiable Mesurer pour en faire quoi nous disait Bachelard Il y a quelque chose qui rompt avec ce que pointait Wittgenstein dans ce qu il 15 nomme forme de vie En parlant dit il avec d autres locuteurs sur une certaine d finition d une situation nous ne faisons pas que signifier un tat du monde nous cr ons des conventions qui permettent de percevoir des formes de vie c est dire un donn ultime qui manent des usages que nous faisons in situ des mots Il y accord dans ce que Wittgenstein nomme expressions de la vie dans et par le langage Par ailleurs un enseignant ici ce n est pas quelqu un qui cherche c est quelqu un qui d livrerait une sorte de parole fix e fix e dans le sens o il y a refus d une singularit de la parole elle est r duite du code et en ce sens interchangeable Un enseignant jouerait en quelque sorte au jeu de la patate chaude je l ai je m en d barrasse je te la repasse Cette conception par association d id es m voque l change entre Einstein et Freud dans lequel le premier se posait la question du mal et Freud voquait le recours qui consiste s ali ner sa propre libert et la remettre dans les mains d un autre Je suis certain que si l on disait cet tudiant qu il prouve le besoin d avoir un f hrer il tomberait des nues or pourtant Le il faut que a bouge forme amoindr
46. second 26 plan l oral dans l enseignement et de rappeler qu la fin du XIX me si cle les professeurs de lyc e et d universit n avaient pas le droit de lire leur cours Plus pr s de nous Derrida dans une conf rence prononc e en Italie donna deux versions publier une version crite et en italique la version improvis e dans l acte d effectuation de la conf rence Le journal Le Monde ne garda que la version crite et supprima pour la publication les ajouts en Italique Or les donn es en italique tait le mouvement de la pens e en laboration La m fiance li e l crit par rapport l oral est d j dans le Ph dre de Platon dans lequel Socrate relate l invention de l criture par le dieu gyptien Theuth Socrate dit Car cette connaissance par l crit aura pour r sultat chez ceux qui l auront acquise de rendre leurs mes oublieuses parce qu ils cesseront d exercer leur m moire mettant en effet leur confiance dans l crit c est du dehors gr ce des empreintes trang res non plus du dedans et gr ce eux m mes qu ils sez rem moreront les choses Ce n est donc pas pour la m moire mais pour la rem moration que tu as trouv un rem de Quant l instruction c en est la semblance que tu procures tes l ves et non point la r alit lorsqu en effet avec ton aide ils regorgeront de connaissances sans avoir re u d enseignement ils sembleront tre 27 bons ju
47. second principe celui qu une th orie doit avoir une coh rence logique et une n cessit rationnelle mais il faudra attendre les XVIe et XVIIe si cle pour obtenir la s paration entre la raison et la foi L exclusion de la croyance en une force surnaturelle d terministe explicative du monde Ici reportez vous au Discours de la m thode de Descartes L important est de souligner que d s lors merge une rupture entre l humain et le monde et que se pose alors la question de la relation entre la repr sentation et l objet Cette r volution s op re partir de la pens e de Descartes Je vais effectuer un saut Apr s Descartes on retiendra qu objectiver le r el c est pouvoir le poser en ext riorit soi le rendre tranger soi pour en rendre compte conceptuellement IL y a un double processus la fois d accommodation au r el et d assimilation du r el qui conduiront la construction de sch mes op ratoires C est partir de ce point qu il nous faut prendre en compte ce qui va tre introduit par Hegel sous la forme de la dialectique du discours Avec Hegel se forge un certain type d approche du r el la connaissance n est plus un donn mais un faire inscrit dans la dynamique de sa production dans la confrontation de points de vue divergents 40 L objet en tant que repr sentation d un segment du r el n existe que par la distinction qui en est faite par un sujet La n gation est elle m me au c u
48. stes qui on une th orie implicite d un sujet communicant c est dire d un sujet unifi dominante cognitive transparent lui m me dot d intentions claires et agissant de mani re parfaitement rationnelle Le deuxi me exemple provient du film de Patrice Leconte Confidences trop intimes 2004 avec S Bonnaire et F Luchini et pose la question suivante Que se passe t il lorsque quelqu un adresse un discours sciemment d lib rement une personne qui est suppos tre la place consacr e pour le recevoir Anna en se rendant chez un psychanalyste croit y trouver une coute et d pose du savoir en l Autre Anna se trompe en entrant chez William conseiller fiscal Lui ne sait pas qu elle ne vient pas chez lui et elle ne sait pas qu il n est pas psychanalyste En donnant l autre une place de suppos savoir Anna s engage de telle sorte que quelque chose s amorce qui pourrait correspondre un premier entretient Le grain de sable r side dans le fait qu il s agit d un acte insu et qui conduit a parle son propre insu D une certaine fa on la situation illustre ce que nous dit Lacan Une parole n est parole que dans la mesure exacte o quelqu un y croit Le d but de l change est marqu par l h sitation de William Bonsoir Bonsoir Co On avait rendez vous Je Oui 18 heures A 18 heures Excusez moi j ai du retard mais j ai pr venu que Entr
49. the language and the words Castella Ouais et c est votre m thode a Clara Yes it is Castella Ah d accord Bon Vous savez ce qu on va faire je vais r fl chir un peu et puis je vous recontacterai Parce que l en ce moment Clara C est fini l Castella Ben oui je vous rappellerai Clara Bon D accord L anglais recouvre deux positions il est objet a et de ce fait sera investi dans la fa on dont Castella va prouver le manque mais il est aussi r duit quelque chose d utilitaire Retour en arri re au tout d but Son secr taire lui nomme qui est Mme devaux Le professeur d anglais Castella dit Ah oui merde oui d tes lui de venir Ce merde contient ce que l anglais peut signifier virtuellement et ce qu il va tre dans ce qu il rel ve de la croyance d pos en l autre En laissant de c t statut et r le des protagonistes on dira qu il y a quelque chose qui place corr lativement un sujet suppos croire et un sujet suppos savoir Ce qui revient dire que les places nhe sont pas uniquement d limit es par l ordre social mais elles sont contamin es par les repr sentations des interactants Le ah oui merde est l l ment de transition entre le monde du travail et l univers de l anglais Cf in Langage amp inconscient n 3 2007 Freud insiste sur le fait que l nonciation pr sente d un nonc ne saurait tre comprise si l on se limite elle seulement Pour d
50. trement dit partir de son point d ignorance On peut l entendre dans la conjugaison du savoir logos et du savoir mythos mais pr cis ment on a tendance oublier que le savoir logos est travaill par le savoir mythos Dans un article publi dans la revue Esprit 23 me ann e f vrier 1955 intitul La parole est mon royaume Ric ur s interroge sur ce qu il fait sur ce qu il occupe comme fonction lorsqu il enseigne et de dire que pr cis ment Sa parole ne commence aucune action ne commande aucune action qui puisse tomber directement ou indirectement dans la production je parle ajoute t il pour communiquer ce que je cherche et pr cise t il cette communication par la parole d un savoir acquis et d une recherche en mouvement est ma raison d tre Mon r el et ma vie c est l empire des mots des phrases et des discours p 192 autre chose que nous livre Michelet dans son Cours du Coll ge de France p 55 1838 1844 t 1 p 519 520 La st nographie pourra reproduire tout le discours parl mais elle ne dira pas ce clignement de l il ce hochement de t te qui ach vent des phrases audacieusement commenc es communicant avec l imagination d une jeunesse ardente et tourment e Ce texte de Ric ur on le mettra en r sonnance avec ce que formulait Michelet Dans l histoire des rapports entre savoir et oralit que retrace F Waquet on voit que la sacralisation progressive de l criture a fait passer au
51. ui prend forme sous nos yeux Fred croise Charlotte dans le couloir A pr c d sa tentative qui s est sold par Martine Euh non non rien Le euh marquant l h sitation vais je lui parler ou non et le non non rien est interpr t par le spectateur comme il n y a rien puisque Martine n est pas seule Il dit il est long ce couloir hein Pour le spectateur du film l nonc de Fred ne correspond pas une observation qui porterait sur les dimensions du couloir ou l expression d une difficult le parcourir Il signifie la voie est libre Que faire alors de ce que nous dit Trognon propos des interactions conversationnelles il crit La forme prototypique de l usage du langage est le domaine fondamentale de la rationalit In Inter actions Halt 1993 Or l oppos consid rer que le sujet est divis c est consid rer qu il est assujetti l inconscient et que par cons quent a ne peut pas tre une question de calcul On peut l entendre dans cette expression de P cheux L inassert pr c de et domine l assert P cheux Op Cit L amorce de l change d bute ainsi I font chier i me l chent pas a fait deux fois aujourd hui une fois ici unefois chez moi c est oppressant le climat devient tr s lourd Appara t ici le sous jacent Fred est le fr re de Martine Martine sait qu il joue au poker on peut supposer qu elle suppose qu il a encore jou et qu il a perdu on peut faire l
52. uis un quart d heure je la 10 fais entrer Castella qui Sue Mme Devaux Weber Le professeur d anglais Castella Ah oui merde oui dites lui de venir Weber Bonjour Madame Mme Devaux Bonjour Les r pliques fixent la fa on dont on entre dans une langue Le sujet suppos croire est au fondement de l ordre symbolique Apprendre l anglais ou faire de l anglais est d limit par la place assign e par le sujet dans la les croyances attribu es l autre Virtuellement il serait bien que Castella sache l anglais mais dans le ici et maintenant la pr sence de Mme Devaux lui rappelle que l anglais doit s inscrire dans un temps d limit qui devra s ins rer dans la diversit des t ches quotidiennes Castella Asseyez vous Madame euh Clara Mademoiselle Devaux Castella oui Alors vous tes professeur d anglais c est a Clara je donne des le ons d anglais oui Castella Vous avez une m thode un peu marrante Clara Marrante je ne saurais pas vous dire si elle est sp cialement marrante Castella Et a va me prendre combien de temps en tout Clara I have to know your level first Castella Quoi Clara I have to know your level how much English you already speak Castella I have to Clara So you do nt speak English at all 12 Castella Euh oui Voil Clara Anyway I think it s better to start directly in English so you get used 11 to it to hear
53. une construction qui fasse qu il soit en position d objet et ainsi se constitue un triangle Sujet objet de savoir M diation Nous pouvons pr senter le processus d objectivation en tant que dialectique du r el selon le sch ma suivant M S SUJET O OBJET R R EL M M DIATION LE SUJET HUMAIN PRODUIT SUJET PRODUCTEUR DE LA CONNAISSANCE DU R EL ET TRANSFORM EN RETOUR DU PROC S COGNITIF QU IL R ALISE L OBJET DE CONNAISSANCE CONSTRUIT CIRCONSCRIT ET D FINI COMME OBJET D TUDE D SIR Dans le Sch ma S M O Sujet M diateur Objet L enseignant intervient deux niveaux Celui du rapport qu il tablit avec les objets d enseignement plac s en objet de savoir et celui qui le place comme intervenant M M tant la m diation par l interm diaire de l action didactique C est la distance qui interdit une int gration imm diate La m diation est la d termination de la structure de l objet interm diaire entre sujet et 42 objet Le processus d objectivation est donc le point central du rapport sujet objet Le sujet labore la r alit et agit conjointement tout en se constituant lui m me en tant qu tre humain Comment se construit ce processus d objectivation du r el humain Il entretient avec le r el un rapport double La connaissance r sulte de processus de construction humaine non d un transfert d une quelconque v rit qui serait d j l Le sujet agit et la connaissance r sulte d
54. une intervention active de la part du sujet sur l objet Autrement dit le processus d objectivation tablit une distance n cessaire entre le sujet et l objet et c est cette distance qui interdit une int gration imm diate Le processus d objectivation est la d marche constitutive cette d marche implique De circonscrire l objet c est la fonction de construction op ratoire ou de discrimination significative A cette fonction s ajoute une fonction de d termination empirique ou d abstraction qui d limite l ensemble des objets significatifs et leur donne une structure Enfin une fonction de synth se qui attribue un objet empirique une r alit construite 43 Tout ceci implique un processus de r ification et c est ce processus qui autonomise l objet en le rendant tranger La connaissance n est plus un donn mais un faire qui inscrit dans la dynamique de sa production et de sa reproduction Ce savoir l s loigne de l exp rience sensible et suppose un renoncement la saisie imm diate du monde et a pour cons quence de l obligation de rechercher des faits v ritables selon l expression de Bachelard CE Foucault Canguilhem Intervention dans le cadre du s minaire DIPRALANG EA 739 U Paul Val ry Montpellier III le 19 01 2015 De la parole entendue ou comment la DLE a radiqu l enjeu de la parole Pour aborder la question de la parole je vais d abord pratiquer un d tour du c t de l enseign
55. xistence m me Ainsi le sujet ne choisit ni ses parents ni son physique ni son anatomie m le ou femelle ni sa g n ration ni l poque o il na t Le langage n est pas simple outil il est ce qui subvertit la nature biologique de l humain et fait d pendre notre d sir de langue s 53 Autrement dit et ceci concerne apprendre la langue de l autre Pour que l appropriation puisse se r aliser il faut qu une place soit r serv e au sujet dans la langue autre afin qu il puisse parler la langue partir d une position d inclusion de son tre m me de locuteur et non rester comme tranger cette langue Si l enseignant sait m nager cet acc s c est dire s il am nage une place telle que celui qui apprend puisse s y inscrire comme sujet parlant alors ce dernier pourra s approprier la langue et l utiliser de fa on cr ative Incorporer des choses de l autre en soi c est occuper une place vide mais c est galement s identifier celui qui parle la langue trang re pour devenir autre Symboliquement il faut bien que le sujet devienne ce sujet autoris parler Saisir de l inconnu s entendra alors comme venir prendre place dedans non incorporer mais s incorporer Cette construction convoque celui qui donne la langue dans la mesure o elle institue pr cis ment l enseignant de langue dans cette position particuli re il est celui qui donne la langue mais galement dans cette position o l enseignant donne quel
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