Procédures de règlement pacifique des conflits collectifs en
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1. ryq il Article Proc dures de r glement pacifique des conflits collectifs en France Guy Caire Relations industrielles Industrial Relations vol 38 n 1 1983 p 3 27 Pour citer cet article utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 029324ar DOI 10 7202 029324ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 56 Proc dures de r glement pacifique des conflits collectifs en France Guy Caire L auteur d crit et interpr te le particularisme de la proc dure d arbitrage des conflits collectifs du travail en France qui offre l image contradictoire de l chec des modalit s officielles de r gle ment et de la vertu des2. Relat ind vol 38 no 1 1983 PUL ISSN 0034 379 X 4 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 No 1 1983 Des proc dures l gales ineffectives Un bon sp cialiste notait r cemment que l observateur est frapp par l ineffectivit des modes de r glement pr vus par le l gislateur Les proc dures officielles de m diation et d arbitrage ne sont plus que des branches mortes du droit Tous les juristes s accordent ais ment sur ce jugement m diation et arbitrage ne jouent plus actuellement qu un r le insignifiant dans les conflits du travail crit l un2 la m diation semble tre entr e dans une phase d hibernation et la Cour sup rieure d arbitrage est actuel lement en veilleuse crit l autref tandis qu un troisi me constate la failli te compl te de ces proc dures Ces constats ne s expliquent que par r f rence l histoire ant rieure de la l gislation en ce domaine et par comparai son avec ce qu apporte une enqu te comparative dans l espace Histoire C est la fin du XIX si cle que l tat garant de l ordre social a of fert aux parties en conflit des modes pacifiques de r glement Certes on ren contrait auparavant un certain nombre d initiatives spontan es allant dans le m me sens ce fut le cas d s 1843 dans l imprimerie parisienne o avait t constitu e une commission mixte charg e de r gler les diff rends ou en core dans l ind
3. PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 5 sion mixte paritaire nationale enfin devant une commission nationale inter professionnelle Les arbitres sont choisis par les parties ou d sign es par le Ministre du travail Une cour sup rieure d arbitrage sur recours des par ties contr le les d cisions des arbitres ou surarbitres pour incomp tence exces de pouvoir ou violation de la loi Cette p riode qui fut celle du Front Populaire est la seule de l histoire fran aise o l on peut consid rer que les proc dures de r glement pacifique des conflits aient eu quelque succ s De 1936 ao t 1939 sur 9810 conflits port s devant les commissions d parte mentales de conciliation 3583 accords taient intervenus sur 73 diff rends non tranch s au niveau d partemental et soumis la commission nationale de conciliation 8 donnent lieu un accord on compte 4253 sentences de surarbitres et la cour sup rieure d arbitrage a rendu quelques 1800 d ci sions jouant dans le d veloppement du droit du travail un r le de premier plant Les accords de conciliation et sentences obligatoires et ex cutoires sont en g n ral respect s L interpr tation la plus vraisemblable que l on puisse mettre en avant tient au contexte historique Au sentiment de con fiance qu prouvaient a priori les milieux syndicaux pour le pouvoir politi que correspondait en effet fort probablement le d sir des milieux
4. checs Il est vrai que les fiches de conflits tant remplies par les inspecteurs du travail eux m mes on pourrait penser qu il y a une tendance chez eux fut elle inconsciente a valoriser leur r le N anmoins la diff rence est trop importante et plus en core si on la compare aux conflits ayant fait l objet d une proc dure r gle mentaire de conciliation qui ont connu nous l avons vu environ 70 d checs pour ne pas en conclure a une contribution positive des services de l inspection du travail au r glement des conflits ESSAI D EXPLICATION Le probl me qui se pose nous est donc de tenter de rendre compte de l ineffectivit des proc dures officielles g n ratrice de leur d su tude in contestable et de l efficacit relative en m me temps que d un recours 15 Nous nous permettons sur ce point de renvoyer notre ouvrage La gr ve ouvri re ditions ouvri res 1978 16 C CASASSUS et S ERBES SEGUIN L intervention judiciaire et l emploi le cas du textile La documentation fran aise 1980 14 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 No 1 1983 constant voire croissant aux modalit s officieuses de r glement des con flits Puis d passant tude du pass au profit de l avenir de tenter d expo ser quelques id es prospectives L officiel versus l officieux Le peu d application des textes relatifs aux modes de r glement pacifi que des conflits et l intervention
5. professional relations system In the other case the Labour Inspector is well informed and can intervene effectively at the right moment The confidence with which he is regarded and his professional practices allow him to suggest possible compromises between opposing parties PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 27 As regards ideology there is strong opposition to forced procedures Employers are sensitive to the market economy and wish to preserve their independence and authority Trade unions are divided and afraid of loosing their right to strike and possibility of negotiating The adaptability of the Labour Inspector s role is much more compatible with compromise Remote procedures may not be in force again in spite of the collective negotiations and settlements of labour conflicts Law Project considered too far removed from present professional practices Could the Labour Inspector go further through institutionalization of his con ciliation functions or specialization in conciliation methods Probably not More than lack of means it is the difference between control and conciliation methods which separates interested opposing groups within Labour Inspection due to long established hierarchical and trade union problems This is especially the case when collective pay offs increase altering the relationships between the Minister of Labour and the Labour Inspector In summary in spite of the Fren
6. gale suppl tive dominant les proc dures de conciliation et de m diation Aux modes de r gulation h t ronomes des conflits du travail on pr f re ainsi des modes de r gulation autonomes C est que en effet malgr quel ques exemples illustr s m diation de J J Dupeyroux dans les r cents con flits aux usines Citroen Aulnay sous Bois et aux usines Talbot Poissy la 9 J BRUN et H GALLAND Droit du travail T 2 Les rapports collectifs Sirey 1978 p 544 10 La documentation fran aise 1975 PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 9 m diation telle qu elle est d finie par le Code du travail conna t des limites videntes bien mises en lumi re par H l ne Sinay la solution de la m dia tion restera notre sens crit elle toujours une solution isol e cir conscrite a certains conflits d importance relative et seules certaines person nalit s exceptionnellement ouvertes pourront surmonter les obstacles de leur t che Il serait illusoire d y voir un palliatif vraiment efficace la multi plicit des gr ves Quant l arbitrage l gal dont P Laroque avait exami n avec une grande pertinence les conditions de mise en oeuvre 2 G Lyon Caen a soulign les difficult s qu il pose et sur lesquelles nous aurons plus loin l occasion de revenir en d tail trois raisons commandent de n accueil lir qu avec prudence cette technique crit il a aucu
7. d j r dig signe du peu de foi en l institution Les bilans r guli re ment tablis par le minist re du Travail traduisent avec constance l inutilisa tion du dispositif l gislatif Ce qui est significatif c est cependant moins la d su tude de ces proc dures que le fait qu en marge des textes et de fa on empirique et non institutionnelle le recours des tiers s est d velopp Par fois l inspection du travail joue les bons offices rapproche les points de vue s efforce de renouer les fils de la discussion Parfois les magistrats d ci dent de surseoir une d cision et invitent les parties trouver elles m mes un compromis sous l gide d un expert Parfois de fa on plus formelle les pouvoirs publics d signent un m diateur choisi d ailleurs en dehors des listes officielles S il est un point qui fait l unanimit des praticiens de la n gociation c est bien que l intervention d un tiers dans le r glement d un conflit ne peut tre f conde que si elle se d roule empiriquement en dehors de toutes contraintes pr alables 22 Concernant le second point et non sans que soient clairement ex plicit s les probl mes que cela peut poser pour l inspection du travail la volont d autonomie chaque jour plus affirm e des partenaires sociaux la relance de la n gociation collective qu entend promouvoir le rapport Auroux nous semblent aller dans le sens d une d sinstitutionn
8. es pour la fonction de contr le nombre de conflits et nombre de commissions mixtes pour la fonction de conciliation nombre de consultants et nombre de lettres exp di es pour la fonction de conseil Sans doute pourrait on dis cuter de la pertinence des instruments utilis s dans la mesure o le temps consacr aux diff rentes interventions varie consid rablement d un quart d heure pour une information simple plusieurs jours pour un conflit Du moins le Tableau 1 permet il de mieux cerner la nature des activit s de l ins pection du travail Tableau 1 Nature des activit s de inspection du travail 1971 1978 exprim es en milliers d unit s 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 Nombre d tablissements visit s 291 286 273 276 272 269 203 214 Nombre d infractions relev es 468 526 541 569 618 616 739 837 Nombre de conflits collectifs 4 3 3 4 3 7 3 3 4 6 5 2 3 9 3 1 Nombre de commissions mixtes 3 2 2 9 2 9 3 0 3 3 3 1 2 7 2 5 Nombre de consultants 739 746 743 805 935 870 912 698 Nombre de lettres exp di es 469 461 500 516 649 628 691 726 Source minist re du Travail 12 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 Les variables discriminantes Sous l effet conjugu de la multiplication des textes des fluctuations de l activit conomique et des besoins exprim s par les partenaires sociaux les missions d volues l inspection du travail se sont donc multipli es Est il possible de trouv
9. et de magistrature une certaine l gitimation sociale Or force est de constater que ces repr sentations contradictoires cr ent aujourd hui un blocage au sein de l inspection un climat d insatisfaction est favoris Ce blocage se pose sur le plan relationnel il s pare dans un premier temps la 26 J BACHY Op cit p 133 22 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 No 1 1983 base de l inspection inspecteur et directeur d partemental de la haute ad ministration Mais surtout il coupe l inspecteur de l ensemble de sa hi rar chie 7 Ce clivage hi rarchique est aussi un clivage d ge et un clivage syn dical le SNITMO 30 recrute chez les directeurs la C F D T 35 chez les jeunes inspecteurs la C G T 25 chez les contr leurs du travail F O 10 tant aussi plut t repr sent e au sommet de la hi rarchie Cette attitude privil giant les fonctions de contr le s est traduite entre autres par le recours intent en Conseil d tat par la C G T et la C F D T contre le d cret de 1977 sur l organisation des services tendant largir la d fini tion des t ches de l inspection ces organisations syndicales consid rant ceci comme contraire l esprit et la lettre de la convention 81 de l O I T et toute une s rie de recommandations du B I T souhaitant que les fonctions d inspection ne se confondent pas avec celles d arbitre ou de conciliateur dans les conflits sociaux En trois
10. le succ s ou l chec de la n gociation s appr cie l issue de la premi re et sou vent unique r union o est tabli le proc s verbal de non conciliation De m me la proc dure fait obligation aux parties de donner un accord imm diat alors que la pratique de plus en plus r pandue est aujourd hui celle de la consultation pr alable des mandants avant conclusion de l accord Enfin les parties ont le sentiment justifi ou non de compara tre devant un tribu nal ayant appr cier leur comportement et ont tendance de ce fait radi caliser leurs positions Ces diff rentes consid rations ne sont pas destin es jeter le discr dit sur la proc dure l gard de laquelle on peut relever quel ques points positifs elle permet de d bloquer la situation dans des conflits particuli rement difficiles elle peut dans les conflits conomiques condui re aligner sur la moyenne la situation des entreprises retardataires les sug PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 15 gestions Ou propositions qui sont faites dans la commission peuvent fournir les bases d un accord ult rieur inversement la crainte d une comparution devant la commission peut inciter les parties l accord Dans ces deux der ni res hypoth ses on pourrait dire que l efficacit de la proc dure se situe en aval ou en amont et on pourrait d s lors d fendre l id e paradoxale que ces proc dures sont d
11. patro naux de voir stabiliser la pouss e revendicative de l poque travers des instances paritaires ou de caract re public permettant de r guler les con flits sociaux Suspendue pendant la dur e des hostilit s la loi du 31 d cembre 1936 ne fut pas remise en vigueur la Lib ration C est avec la loi du 11 f vrier 1950 relative aux conventions collectives que nait le r gime actuel R gime actuel Dans le droit positif trois proc dures coexistent une conciliation obli gatoire en cas d chec une m diation qui peut tre d cid e par l autorit publique et rev t alors un caract re obligatoire la possibilit pour les parties de s entendre afin de porter le conflit devant un arbitre La conciliation est obligatoire art L523 et s et R 523 1 et 3 Toutefois une jurisprudence constante d cide qu elle n est pas pr alable la gr ve D clench e avant tentative de conciliation la gr ve n est donc pas fautive SOC 24 mai 1955 sauf si la convention collective applicable d cide que 5 R SAVATIER Rayons et ombres d une exp rience sociale Dalloz 1939 Chronique p 9 6 F LUCHAIRE La cour sup rieure d arbitrage th se Caen 1943 P TISSIER R pertoire p riodique permanent de la C S A 1939 7 J BACHY Administration du travail et conflits collectifs C R E S S T 1977 p 92 6 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 toute gr ve doit tre pr c
12. proc dures informelles Pavane pour une infante d funte ce titre pourrait ais ment s appliquer une tude consacr e la proc dure d arbitrage des conflits collectifs du travail en France Ce qui frappe en effet c est combien les textes qui au fil du temps ont tent d organiser l arbitrage ont pu demeurer sans applica tion ce qui ne veut toutefois pas signifier que d autres pratiques aboutis sant dans les faits un r sultat similaire n aient pas pu intervenir C est du constat de ce paradoxe qu il nous faut partir pour pr senter un panorama aussi objectif que faire se peut de la situation fran aise Mais comme le montre rapidement la moindre enqu te comparative l chelle internatio nale d autres pays connaissent au contraire un recours relativement large cette proc dure C est dire que s en tenir au constat serait insuffisant et qu il nous faut avancer quelques explications du particularisme fran ais C est pour notre part cette double d marche descriptive et interpr tative que nous nous proposons d adopter CONSTAT L inventaire qui peut tre dress offre l image contradictoire de l chec des modalit s officielles de r glement des conflits d une part et de la vertu des proc dures informelles qui interviennent dans nombre de conflits d autre part CAIRE Guy Directeur Centre de recherches en sciences sociales du travail Univer sit de Paris Sud France
13. 981 De 1950 1957 la Cour a si g 9 fois 1974 1 s ance 1975 3 s ances 1976 1977 1 s ance 1978 1979 1980 1981 wel Sources minist re du Travail Peaceful Settlement Procedures in Collective Conflicts France Two facts appear when one attempts to report on results from arbitration and pro cedures to settle labor conflicts in France On one hand legal procedures are not very much used though this was not always the case In 1936 for example in a very particular situation they produced quite good results Compulsory conciliation and facultative arbitration established after 1950 are not very much used In the same way mediation based on American procedure introduced in 1955 was at first well accepted by social partners then in creasingly less On the other Labour Inspection is often used and efficient though it is only a substitute for legal procedure This can be proved by statistical analyses made on datas obtained from the Ministry of Labour compared with other variables such as size of enterprise reasons for and results of strikes etc To explain the failure of official procedures and the relative success of unof ficial ones two kinds of factors may be involved Technically official legal procedures are cumbersome slow and reinforce op positions rather than eliminate them Members of those institutions cannot consult people at the grass roots level as is more and more done in the French
14. GLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 17 tout ce qui impliquerait remise en cause de leur libert d action dans le d clenchement et la conduite des gr ves dans le d roulement des n gocia tions paritaires S il a pu y avoir a un certain moment quelque h sitation a l gard de l arbitrage du c t d organisations syndicales attach es une certaine conception des rapports sociaux actuellement la condamnation de l arbitrage obligatoire semble unanime La m fiance va m me plus loin F O s inqui te par exemple que la m diation puisse devenir un mode indis pensable de r glement des conflits crivant la suite des m diations Dupeyroux lors des deux retentissants conflits de l t 1982 la r p tition du m me processus avec les m mes solutions dans les m mes formes chez Talbot semblent tre une br che ouverte la normalisation d une pro c dure qui va l encontre des principes de la n gociation traditionnelle en tre les employeurs et les organisations syndicales Il ne faudrait pas que ce processus puisse se g n raliser Survivances d une tradition anarcho syn dicaliste attachement au marxisme la C G T ralliement la lutte des classes la C F D T doctrine du paritarisme F O pr f rences pour la pratique conventionnelle la C F T C ou ala C G C la r f rences doctri nales des uns et des autres expliquent fort bien ce rejet des proc dures obligatoire
15. Les sentences des arbitres peuvent tre d f r es pour exc s de pouvoir ou violation de la loi devant la cour sup rieure d arbitrage qui est une juridiction de cassation compos e du vice pr sident du Conseil d tat ou d un pr sident de section du Conseil d tat de 4 conseillers d tat et de 4 magistrats de l ordre judiciaire Le minist re du Travail publiant r guli rement une synth se chiffr e des interventions des diff rentes instances il est possible de dresser un bilan du fonctionnement de ces diff rentes proc dures Les tableaux 3 4 et 5 montrent la faible efficacit de ces proc dures de r glement des conflits Sur une moyenne d environ 3500 conflits qu on peut observer chaque ann e moins d une centaine font l objet d une proc dure de conciliation avec quel que 70 d checs la tendance au d clin de la proc dure officielle de conci liation semble d ailleurs s accentuer au fil des ann es La m diation qui avait pu sembler assez bien accept e par les partenaires sociaux lors de son instauration en 19558 conna t une volution analogue Quant la proc dure d arbitrage elle est de moins en moins utilis e tant au plan national qu au plan r gional Mise en perspective Sans entrer dans le d tail des dispositifs juridiques mis en place dans les diff rents pays on peut observer que d autres pays ont eu une exp rience g J DENOYELLE Deux exp riences r centes de m d
16. O 1982 n 1719 p 16 21 P VIANO art cit p 96 18 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 Perspectives d avenir Les facteurs techniques ou id ologiques rendent compte de l volution pass e des proc dures officielles ou officieuses Mais qu en est il de l avenir La situation d crite et les arguments invoqu s pour l expliquer sont ils donn es intangibles ou volutives On peut tenter d explorer le sort des proc dures officielles d une part et s interroger sur le devenir de l ins pection du travail d autre part Le sort des proc dures officielles On a soulign plus haut les difficult s juridiques que pouvaient susciter les proc dures officielles de r glement des conflits si l arbitrage est une solution adapt e aux conflits de nature juridique au contraire dans le cas de conflits conomiques les pouvoirs qui lui sont d volus sont exorbitants pouvant avoir sur l conomie nationale des r percussions importantes et obliger la puissance publique qui est l un des principaux employeurs se soumettre des d cisions d un tiers simple particulier les probl mes conomiques paraissent donc devoir davantage relever de la conciliation ou de la m diation que de l arbitrage obligatoire mais par contre la m diation ne semble pas tr s adapt e aux conflits juridiques ne jouant qu une sorte de conseil juridique en recommandant aux parties de saisir soit la juridiction comp
17. alisation plus marqu e encore que celle inscrite dans le projet de loi n 743 relatif la n gociation collective et au r glement des conflits du travail C est pourquoi nous reprenons volontiers notre compte les remarques de G Lyon Caen 28 S il en fallait une preuve suppl mentaire on la trouverait dans le relev syst matique des th ses de droit soutenues en France et concernant l arbitrage montrant bien que celui ci a surtout retenu l attention des sp cialistes dans la p riode du Front Populaire une th se en 1894 deux en 1896 une en 1898 deux en 1901 une en 1903 une en 1904 deux en 1906 une en 1908 une en 1911 une en 1921 une en 1922 cinq en 1938 trois en 1939 une en 1941 deux en 1942 une en 1945 une en 1956 une en 1974 29 Op cit p 391 24 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 c est plut t en s efforcant de rendre la n gociation permanente en multipliant les commissions paritaires de conflits dans les accords collectifs que l on parvient par la pr vention et le dialogue r gulier venir a bout des conflits En outre l existence de ceux ci est reconnue in vitable dans une soci t moderne Si l tat doit laborer la r gle du jeu c est dire le mode d emploi des proc d s de lutte il incombe aux interlocuteurs sociaux seuls de rechercher le r glement mettant toujours provisoirement fin un litige Une solution impos e et m me sugg r e aux pa
18. ant art L524 I et R 524 I et S ne pr voyaient l origine le recours un m diateur que si le conflit collectif portait sur les salaires surgissait l occasion de la n gociation ou de la r vi sion d une convention collective et rev tait une certaine ampleur ces limita tions ont t supprim es par la loi du 26 juillet 1957 compl t e par le d cret du 18 juillet 1958 Initialement facultative la m diation peut depuis 1957 rev tir un caract re obligatoire le pr sident de la commission r gionale de conciliation ou le Ministre du travail pouvant la demande de l une des parties comme de leur propre initiative engager la proc dure apr s chec de la conciliation Des listes de m diateurs sont tablies aux diff rents chelons apr s consultation des organisations syndicales les plus repr sen tatives par le Ministre du travail Le m diateur convoque les parties qui sont tenues de compara tre en personne il dispose de larges pouvoirs d in vestigation et est tenu en contrepartie au secret professionnel La recom mandation doit intervenir dans les quinze jours et tre motiv e s il s agit d un conflit juridique la recommandation doit inciter les parties saisir la juridiction de droit commun comp tente ou un arbitre s il s agit d un con flit conomique la recommandation sugg re une solution tenant compte des possibilit s financi res de l entreprise et des revendications des travail
19. autant plus utiles qu elles ne servent pas Ce sont au contraire parce qu elles servent que les proc dures non of ficielles se montrent efficaces ent rinant la d ja longue pratique qui fait de l inspection du travail le premier et au moins lorsque les conflits ne d pas sent pas une certaine dimension l unique recours dans les conflits Parce qu il est l interlocuteur naturel des parties il est tr s vite inform ou saisi par elles et peut par cons quent intervenir d s le d clenchement du conflit ou au moment le plus opportun Ses connaissances juridiques et sa pratique des relations professionnelles lui permettent d att nuer ou de lever les pr alables pos s par les parties La souplesse des modalit s de son interven tion est en elle m me gage d efficacit On peut d crire comme suit les ca ract ristiques et les diff rentes phases de son intervention l inspecteur apr s l avoir tablie doit sauvegarder tout instant la communication pour cela il lui faut au cours ou en marge des d bats diriger conseiller sugg rer proposer inciter calmer rectifier clarifier d montrer dire le droit voire le taire et finalement concilier le tout avec une ma trise m lant comp tence et psychologie diplomatie et fermet au gr des cir constances et des comportements Et c est la combinaison des r unions pl ni res des r unions s par es des navettes entre les partenaires des conver
20. ch tradition of using legal procedures empirical solutions are more and more acceptable as they are well received by social partners and compatible with the permanent negotiations of the French professional rela tions
21. d e d une conciliation SOC 6 mai 1960 encore que toute une partie de la doctrine conteste la validit de telles clauses A d faut de proc dures conventionnelles ou si celles ci n ont pas jou inter viennent des m canismes subsidiaires les proc dures r glementaires font in tervenir des commissions nationales r gionales avec ventuellement des sections d partementales comprenant en nombre gal des repr sentants d organisations de salari s et d employeurs et des repr sentants des pouvoirs publics et pr sid es soit par le Ministre du travail soit par le direc teur r gional du travail La proc dure est engag e par la partie la plus dili gente les parties sont tenues de compara tre en personne sous peine d amende La proc dure d bouche soit sur un proc s verbal de non concilia tion soit sur un accord de conciliation qui d pos au secr tariat des prud hommes a les effets d une convention collective Cet accord doit faire l objet d une proc dure d extension s il concerne une branche dans laquelle existe une convention collective tendue Proc dure interm diaire entre la conciliation et l arbitrage le tiers in tervenant n tant pas charg de trancher le diff rend la m diation imit e d une proc dure en usage aux tats Unis a t introduite en France apr s les graves conflits de Nantes et de Saint Nazaire par les d crets des 5 mai 1955 et 11 juin 1955 Les textes la concern
22. e La m diation dont la proc dure peut tre engag e directement par le minist re du Travail n est plus obligatoire le d lai dont dispose le m diateur est port de 15 jours un mois les parties qui rejettent la m dia 23 Propositions visant am liorer l efficacit de la m diation dans les conflits du tra vail Droit social avril 1977 pp 87 93 24 La n gociation collective en France Droit social novembre 1978 p 391 20 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 tion devront motiver leur d cision et celles qui ne l auront pas rejet e seront li es par la recommandation alors qu actuellement les propositions n ont de valeur que si elles sont accept es l unanimit L arbitre ne pourra statuer que sur les mati res d termin es par la proposition du m diateur ou figurant dans le proc s verbal de non conciliation Le devenir de l inspection du travail Pourrait on aller plus loin dans l intervention de l inspection du tra vail soit en sp cialisant une partie de ce corps dans les fonctions de concilia tion ainsi que le sugg rait H Touzard soit en institutionnalisant ces inter ventions qui se font le plus souvent la demande des parties mais dont les inspecteurs du travail prennent parfois eux m mes l initiative Ceci semble douteux c est incontestablement la souplesse de ce syst me qui en fait l ef ficacit ce qui explique que personne ne semble se soucier d u
23. e les services de l inspec tion du travail sont appel s le plus fr quemment intervenir lorsque s y produisent des conflits L explication la plus plausible est que l intervention des services est li e un manque d information tant du c t patronal que du c t des salari s sur la l gislation sociale et que par ailleurs c est par tir du seuil critique de 100 salari s seuil sup rieur aux seuils juridiques de la mise en place des institutions repr sentatives d l gu s du personnel ou comit s d entreprise que s amorce r ellement l implantation syndicale or dans un univers o du c t patronal le fait syndical est loin d tre pleine ment admis il en r sulte d in vitables conflits d ordre juridique La deuxi me variable est celle du motif des gr ves Alors que les gr ves se r partissent peu pr s par moiti entre les deux motifs retenus r mun rations autres 14 J BACHY Op cit pp 101 108 PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 13 motifs l intervention des services de l inspection du travail fait appara tre une diff rence peu significative 46 motifs salaires 54 autres motifs Sans doute toute gr ve est le r sultat le plus souvent d un ensemble de fac teurs de m contentement entre lesquels il est souvent difficile d tablir une hi rarchie de plus les motifs avanc s ne sont pas n cessairement les motifs r els et enfin no
24. er pour ce qui est de l aspect qui nous int resse savoir les conflits et leur mode de r glement un certain nombre de variables discrimi nantes Rappelons tout d abord la nature du mat riau statistique dont on dispose Les fichiers de conflits centralis s au minist re du Travail fournis sent quatre types d indications motifs des conflits salaires et classifications d une part autres conflits d autre part taille des tablissements malheureusement d termin e partir des seuls salari s temps plein l exception des vacataires et int rimaires ce qui n est pas sans poser un certain nombre de probl mes l heure o se d veloppent la pr carisation des emplois et l ext riorisation des fonc tions issue des conflits transaction donnant lieu a n gociation ou compromis ou absence de compromis intervention des services administratifs du travail sans que soit malheureusement pr cis si cette intervention a t express ment pr vue par la loi par exemple l occasion d un licenciement collectif ayant en tra n conflit ou si elle est purement informelle sans que soit non plus pr cis qui a fait appel aux dits services On peut d s lors croiser les diff rentes variables pour voir appara tre un cer tain nombre de faits significatifs 4 La premi re variable pertinente est la taille des tablissements Ce sont en effet dans les petits et moyens tablissements qu
25. i me lieu se pose la question des rapports de l inspection du travail et des pouvoirs publics En effet pour ce qui est des conflits du travail la r daction de l article 8 de la loi du 11 f vrier 1950 les pr cisions apport es par l article 4 du d cret du 26 mars 1964 placent l inspection du travail sous la d pendance de fait du pr fet Aussi lors qu intervient un conflit du travail peut se produire au gr des circonstan ces un jeu subtil de d l gation ou r tention de pouvoirs Si on ajoute que la solution des probl mes d emploi d pend le plus souvent de choix gouvernementaux on se rend compte combien d licate peut tre la position de l inspecteur du travail appel en conna tre L illustration des licencie ments collectifs peut permettre de pr ciser un peu la nature des probl mes qui se posent l inspecteur du travail est charg selon les termes m mes de la loi d appr cier la r alit du motif invoqu par l employeur s agit il uni quement de juger s il a bien motif auquel cas il s agit d une intervention purement formelle ou bien la formule implique t elle de se prononcer sur la validit m me du motif ce qui entra ne pouvoir d appr ciation sur le fond m me d une d cision patronale Dans ce dernier cas on voit ais ment le pro bl me politique qui peut se trouver pos les risques de pression de la hi rar chie ou les jeux d influence qui peuvent s exercer sur l
26. iation Droit social 1955 p 353 et s M RIBAS Le m diateur conseiller en relations professionnelles Chronique Dalloz 1955 p 139 et s M BYE Un exemple de m diation Droit social 1955 p 160 et s M BARJOT Cinq mois de m diation Droit social 1956 p 72 et s 8 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 diff rente Chez certains d entre eux il existe des fonctionnaires de la conci liation l chelon national ou r gional il en est ainsi en Su de o des conci liateurs aid s de bureaux permanents ont comp tence chacun dans le res sort de leur district leurs activit s tant coordonn es par un bureau de con ciliation de m me en Finlande on retrouve un conciliateur national et des conciliateurs de district aux tats Unis on a galement un corps de fonc tionnaires de la conciliation et de la m diation sp cialistes du r glement pa cifique des conflits du travail en Grande Bretagne il existe galement un service de conciliation relevant du minist re du Travail la Belgique dont le syst me de relations professionnelles est celui d un paritarisme tatis dispose d un corps de conciliateurs sociaux Dans d autres pays comme la Grande Bretagne on s efforce de juguler les conflits au niveau m me de l entreprise l aide de commissions de conflits qui se pr sentent presque toujours comme l manation des comit s d entreprise P riodiquement apr s une p r
27. inspecteur du travail au plan politique ou pr fectoral CONCLUSION Il est temps de conclure Nous pouvons ramasser les d veloppements qui pr c dent autour de deux propositions Le constat que nous avons 27 J BODIGUEL Les services ext rieurs du travail et de l emploi rapport R BOULIN Ministre du travail septembre 1979 pp 31 32 PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 23 dress montre la l thargie dans laquelle sont entr es les proc dures officiel les de r glement des conflits collectifs du travail et l efficacit relative dont font preuve au contraire en ce domaine les services de l inspection du tra vail L explication que nous avons propos e combinant l ments institu tionnels et sociologiques voire politiques tente de justifier les vertus du pragmatisme dans lequel contrairement a la tradition du juridisme souvent pr t e a la France se situe sans doute la solution aux probl mes pos s Concernant le premier point personne ne contesterait sans doute le ju gement de G Adam Faut il maintenir en survie apparente des institutions inutilis es et rejet es par tous les partenaires sociaux Ainsi le bilan des ins titutions officielles de conciliation m diation et arbitrage traduit un refus presque permanent des partenaires sociaux a leur gard n arrive t il pas que les parties se pr sentant la conciliation avec le proc s verbal de non conci liation
28. iode de crise sociale ressurgissent les propositions qui prenant appui sur les exemples trangers sugg rent la mise en place de proc dures plus contraignantes On en trouve des traces dans la doctrine il nous semble que si la gr ve doit rester l ultime et l giti me recours des travailleurs en revanche la tentative obligatoire de concilia tion pr alable et d arbitrage confi e des personnalit s dont la comp tence et l impartialit seraient incontest es s impose comme dans le pass Les lois de 1936 et de 1938 s taient parfaitement acclimat es dans les moeurs fran aises et un grand nombre de conflits avaient pu tre r gl s sans recours la force Les praticiens sont quant eux plus prudents Le comit d tude pour la r forme de l entreprise constitu l initiative du Pr sident de la R publique en juin 1974 et plac sous la pr sidence de M Sudreau s est pr occup de cet aspect des relations professionnelles Il en est r sult un chapitre 9 du rapport du comit actualiser les proc dures de solution des conflits du travail dans lequel on trouve une double recommanda tion r forme de la juridiction prud hommale depuis intervenue avec la loi n 79 44 du 18 janvier 1979 r forme des proc dures non juridictionnelles de r glement insertion dans les conventions collectives de proc dures con tractuelles de solution des conflits du travail laboration d une proc dure l
29. lectif dans une entreprise doit tre notifi au Pr fet qui en liaison avec l inspection du travail du secteur intervient en vue de trouver une solution amiable Mais cette intervention qui n est consid r e que comme suppl tive des autres proc dures officielles pr vues par les textes r glementaires ou con ventionnels est en fait d cisive Lorsque se produit un conflit d une certaine ampleur c est au niveau gouvernemental lui m me que se situe l interven 11 La gr ve Dalloz 1966 p 487 12 Les chances de l arbitrage obligatoire Droit social 1953 p 468 et s 13 Droit du travail Dalloz 1976 p 709 10 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 tion qui rev t alors une forme encore moins institutionnalis e L interven tion de l inspection du travail peut se mesurer de deux mani res compl men taires On peut tout d abord parmi les diff rentes t ches du corps essayer d estimer de mesurer l ampleur relative des fonctions de conciliation on peut ensuite essayer de voir quelles sont les variables explicatives qui peu vent s av rer pertinentes Les fonctions de l inspection du travail De nombreuses modifications ont affect le corps depuis sa cr ation par la loi du 2 novembre 1892 Ces modifications concernent le statut dont la derni re r forme date du 21 avril 1975 Elles concernent aussi l organisa tion du service marqu e d un double mouvement de croissance d une
30. leurs La recommandation si les deux parties l acceptent acquiert la m me autorit qu une convention collective en cas d chec la recommandation est transmise au Ministre qui doit en rendre publiques les conclusions et peut PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 7 galement en faire connaitre les motifs Cette publication qui se fait au Journal Officiel est destin e a faire jouer tout le poids ventuel de l opinion publique La proc dure d arbitrage art 525 1 et s et R 525 1 et s est facultative Les conventions collectives peuvent pr voir une proc dure contractuelle d arbitrage a d faut les parties peuvent d cider d un commun accord de soumettre a l arbitrage les conflits qui subsisteront l issue d une proc dure de conciliation Les pouvoirs de l arbitre sont limit s aux points qui lui sont soumis par le proc s verbal de non conciliation Il statue en droit sur les conflits relatifs l interpr tation et l ex cution des lois r glements con ventions collectives ou accords en vigueur c est dire sur les conflits juridi ques il statue en quit sur les conflits conomiques portant notamment sur les salaires ou conditions de travail la sentence arbitrale doit tre motiv e notifi e aux parties dans les 24 heures et d pos e au secr tariat des prud hommes Elle re oit force obligatoire et produit les m mes effets qu une convention collective
31. leurs du travail pour 10 millions d assujettis soit un inspecteur pour 15 000 salari s Mais il faut exclure les inspecteurs d tach s aupr s de l administration centrale pour effectuer tudes ou travaux divers ainsi que les directeurs r gionaux ou d partementaux qui n ont pas de com p tence directe pour visiter les tablissements on n a donc plus qu un in specteur pour 25 000 salari s alors que la l gislation est devenue plus com 25 J DESPAX et J P LISSIER La gestion du personnel aspects juridiques T 3 Les relations sociales dans l entreprise Cujas 1974 p 287 PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 21 Tableau 2 Les conflits du travail 1952 1978 P riodes Nombre moyen des Nombre moyen des Nombre moyen des conflits annuels effectifs touch s journ es perdues en unit s en milliers 1952 1958 1857 1183 9 2897 5 1958 1968 1699 1111 6 2484 3 1968 1978 3509 1852 9 3549 8 Source minist re du Travail plexe et que les t ches se sont consid rablement largies Se pose en second lieu la question de l attitude qu il convient d avoir face la diversit de ces t ches et surtout de leur ventuelle contradiction En effet l inspecteur agit la fois en tant que censeur que conseiller juridique que m diateur de fait sinon de droit ce qui ne va pas sans difficult s Entre la fonction de con tr le de l application de la loi et les bons offices y a t il c
32. mbre de gr ves ont un caract re expressif plus qu instru mental Par ailleurs la loi pr voit l intervention des services du travail dans toute une s rie de cas licenciements de repr sentants du personnel licenciements collectifs non respect des conventions collectives entraves au fonctionnement des institutions repr sentatives du personnel etc toutes situations g n ratrices de conflits du second groupe Il semble toutefois qu au moins dans la p riode r cente les conflits li s des probl mes d emploi aient requis une intervention accentu e de l inspection du travail appel e jouer davantage qu un r le de v rificateur de la l galit celui d interm diaire de fait entre les partenaires engag s dans le conflit cette intervention donnant par ailleurs souvent lieu une intervention de la hi rarchie et certains conflits pour l emploi pouvant m me remonter jusqu au minist re du Travail Il est noter que parall lement cette pro c dure de bons offices les travailleurs recourent galement de plus en plus l ordre judiciaire Une derni re variable explorer serait celle de l issue des gr ves De l analyse des fichiers pour 1977 et 1978 il ressort que sur 100 conflits dans lesquels il n y a pas eu intervention des services on a 36 transactions et 64 checs tandis que sur 100 conflits dans lesquels il y a eu intervention des services on a 58 transactions et 42
33. n des partenaires sociaux n est actuellement favorable cette intervention autoritaire d un tiers raison majeure et a elle seule lourde de cons quences b un syst me d arbitrage obligatoire risque par suite d tre inefficace faute de sanctions La sentence arbitrale tire son autorit de son acceptation ant rieure par les parties sinon elles en r cusent les conclusions quand celles ci leur d plai sent c en mati re de conflits conomiques l arbitrage social n a d arbitra ge que le nom l arbitre n est pas appel dire qui a raison ou qui a tort il est appel prendre une d cision r glementant les rapports sociaux et ayant de s v res r percussions conomiques On dit parfois qu il statuait comme amiable compositeur c est dire en quit et non en droit La formule est insuffisante Les conflits sociaux les plus aigus r pugnent se laisser en fermer dans un arbitrage au sens classique 13 Des proc dures informelles efficaces Les partenaires sociaux manifestant une r ticence tr s nette l gard de toute proc dure rigide et impos e on ne s tonnera pas dans ces condi tions de constater que ce sont en fait les proc dures les plus informelles qui s av rent les plus efficaces L inspection du travail joue cet gard un r le essentiel Sans doute la loi fait elle r f rence cette intervention possible l art L 523 1 du Code du travail pr voyant que tout conflit col
34. n r am nage ment des proc dures officielles de r glement Le seul fait d organiser une proc dure contraignante risquerait de faire perdre aux pratiques actuelles leur utilit L inspection du travail qui conna t les pratiques et les hommes qu ils soient chefs d entreprise personnel de direction responsables syndi caux sait choisir le moment de ses interventions Celles ci ne sont utiles que parce qu elles sont souhait es et parce qu elles arrivent leur heure Vouloir les imposer et en susciter la date de fa on autoritaire aurait pour principal effet de susciter la m fiance des parties au conflit et de rendre plus difficile la r alisation d un accord L inspection du travail on peut le pr voir restera longtemps encore impliqu e dans la gestion des conflits sociaux comme c est actuellement le cas Cette t che sera plus difficile en raison de la multiplication des conflits dont t moigne le tableau 2 en raison aussi du recours grandissant la consultation de la base rendant caduques les proc dures formelles et requ rant une intervention administrative plus complexe Or l adaptation de l inspection du travail ces t ches d ampleur crois sante pose selon nous trois s ries de probl mes En premier lieu un probl me de moyens Il y avait en 1945 200 inspecteurs pour 6 millions de salari s couverts soit un pour 30 000 salari s il y a actuellement 650 inspecteurs et directeurs et 1537 contr
35. oh rence Ce n est pas vident du tout lorsqu il s agit d aider concilier les points de vue l inspecteur utilise en effet un registre qui n est pas de m me nature que lorsqu il s agit de p naliser un employeur r calcitrant sur le respect d un texte de loi formel Chacun sait bien que pour mener une n gociation de fa on efficace il faut souvent d passer les positions de principe La solution la mieux adapt e n est pas forc ment celle qui est explicitement pr vue par la loi Au contraire pour faire respecter la loi mieux vaut ne pas faire d ex ception la rigueur est en effet le seul moyen pour l inspecteur d imposer son autorit Plus encore que de conduites schizophr niques ventuelles c est deux conceptions oppos es de la notion d ind pendance qui s affrontent La premi re est li e l image d un inspecteur du travail m diateur conci liant ind pendance et neutralit dans une vision qui est celle du maintien de la paix sociale et o les directives gouvernementales doivent n cessairement tre prises en compte La seconde con oit prioritairement l inspection du travail comme un agent de contr le charg de faire appliquer la r glemen tation du travail dans une vision o le Code du travail r tablit le d s quili bre de la situation conomique du salari l inspecteur applique le Code plus que les directives gouvernementales trouvant d ailleurs dans cette fonction d expertise
36. on qui les frappe est propor tion de leur charge respective de contrainte faisant que la conciliation est mieux accept e que la m diation l arbitrage tant pour sa part la proc dure la plus r cus e Grande en effet est la volont d autonomie des partenaires sociaux qui ne con oivent l intervention d une quelconque instance ext rieure qu partir du moment o ils ont l impression de pouvoir en tirer quelque avantage il est noter par exemple que la m diation tr s excep tionnellement utilis e pour r gler des conflits d entreprise ne trouve quel que application au niveau national que pour des conflits de branches fai ble syndicalisation services professions lib rales agriculture Par la m me les instances seront plus utilis es comme des tribunes que comme un lieu de recherche de compromis la diff rence de pays comme la Belgique la R F A les pays nordiques l id e qu un conflit puisse trouver sa solution dans le cadre d une instance ext rieure l entreprise n est pas admise par les partenaires sociaux le faible taux de syndicalisation la dispersion des for ces syndicales entre plusieurs centrales fortement concurrentes l individua lisme qui tend pr valoir dans les milieux patronaux et la faible structura tion des chambres patronales quelques exceptions pr s rendent tr s dif ficile toute g n ralisation de syst mes de n gociation ou de r glement des gr ves q
37. outir un compromis qui serait ent rin par le tribunal Sur le plan administratif l inspection du travail sait bien que dans la dis cr tion et la confiance hors de toute norme r glementaire son r le peut tre d cisif dans un conflit et qu il est vain de se demander s il s agit d une m diation ou d une conciliation peu importe la nature du catalyseur l es sentiel est la fonction qu il remplit 4 Le gouvernement n a tenu que partiellement compte de ces suggestions Le projet de loi n 743 relatif la n gociation collective et au r glement des conflits du travail n apporte que des modifications limit es aux proc dures ce que l expos des motifs justifie comme suit les innovations apport es aux proc dures de r glement des conflits collectifs du travail au demeurant limit es participent du m me souci de voir dans ce domaine galement la n gociation constituer la voie habituelle et normale pour r soudre les ten sions dans les relations professionnelles En particulier le recours la m diation est facilit en m me temps qu une plus grande efficacit de cette proc dure est donc recherch e en abandonnant la r gle de l unanimit entre les parties du conflit pour qu un accord dans ce cadre puisse porter effet La conciliation est largie aux entreprises publiques ainsi qu aux tablisse ments publics industriels et commerciaux statut d obligatoire elle devient facultativ
38. part de modification de sa structure d autre part En effet le corps qui n avait augment que de 26 en 22 ans 1950 1972 a connu une croissance de 37 en 5 ans 1972 1977 Parall lement alors qu en 36 ans le corps des inspec teurs est pass de 299 339 celui des membres de la hi rarchie est pass de 48 254 on a donc une hi rarchisation et une bureaucratisation incontesta ble d un corps dont la position sociale autrefois proche du mod le des pro fessions lib rales s est trouv e profond ment boulevers e Les fonctions elles m mes se sont transform es d abord charg s d assurer l application des r gles relatives l hygi ne et la s curit ainsi que la protection de cer taines cat gories de travailleurs les inspecteurs du travail ont maintenant la t che de surveiller l application de l ensemble des dispositions l gales relatives au travail art 3 de la convention 81 et art 6 de la convention 126 de l O I T c est dire comprenant outre la l gislation les contrats collec tifs et les sentences arbitrales Un autre glissement de fonctions s observe avec la publication en 1971 par le B I T d un nouveau guide de l inspec tion du travail Celui ci distingue cinq grandes cat gories de fonctions les trois premi res traditionnelles les deux derni res plus nouvelles responsabilit s et missions techniques contr le de l hygi ne et de la s curit pr vention de
39. r se limitant facili 22 Op cit p 146 PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 19 ter les communications entre les parties faire des suggestions et formu ler des recommandations dans une sorte de situation triangulaire ou les n gociateurs repr sentent leur camp respectif tandis que le m diateur repr sente le syst me social englobant les parties en conflit H Touzard propose de confier la responsabilit des proc dures de m diation et de con ciliation a des fonctionnaires dont ce serait la seule tache corps sp cialis ou partie de l inspection du travail y affect e et de donner ces agents une formation psychologique appropri e Un comit de r flexion pr sid par le professeur G Adam constatant que les institutions taient tomb es en d su tude retient l id e que toute institutionnalisation par la loi discr dite a priori la proc dure ainsi impos e Aussi est il propos de sup primer l ensemble de la l gislation concernant la conciliation la m diation et l arbitrage ainsi que toute liste d experts et de m diateurs Sur un plan juridique les dispositions pr vues par l article 12 du nouveau Code de proc dure civile offrent toute latitude aux tribunaux pour proposer aux parties une amiable composition Et rien n interdit comme en t moignent cer taines d cisions judiciaires r centes de sugg rer aux parties d ouvrir une n gociation et d ab
40. rties sera ici tou jours inadapt e 50 Tableau 3 Proc dure de m diation 1955 1981 Ann es R ussites checs Proc dure interrompue du 1 5 1955 au 31 7 1957 du 1 8 1957 au 31 12 1957 1958 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 ON No 35 3 os br de Gat GR Ay A eR a ee ee enero ERRE ON Wn Se N A nt D nt p p NO Mt Source minist re du Travail 30 Op cit p 711 PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE Proc dure de conciliation 1950 1981 Tableau 4 Commissions de conciliation r gionales et nationales Ann es Nombre de r unions Conciliation 1950 141 63 1951 170 55 1952 83 23 1953 67 15 1954 78 23 1955 193 63 1956 157 52 1957 202 57 1958 113 28 1959 96 28 1960 107 32 1961 93 33 1962 78 17 1963 52 16 1964 54 11 1965 50 18 1966 38 10 1967 32 15 1968 35 17 1969 27 11 1970 38 14 1971 32 14 1972 29 16 1973 21 13 1974 31 11 1975 36 13 1976 59 19 1977 34 7 1978 23 8 1979 35 10 1980 22 2 1981 31 3 Sources minist re du Travail Non conciliation 98 115 60 52 55 130 105 145 85 68 75 60 61 36 43 32 28 17 18 16 24 18 13 8 20 23 40 27 15 25 20 28 25 26 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 Tableau 5 R unions de la Cour sup rieure d arbitrage 1950 1
41. s accidents du travail responsabilit s juridiques application des dispositions l gales et conven tionnelles relatives l ensemble du statut et des modes de r mun ration des salari s et participation leur laboration responsabilit s administratives octroi de d rogations participation la vie d organismes consultatifs ou contentieux information des autorit s de tutelle r daction de rapports etc responsabilit s conomiques participation l laboration des plans de d veloppement PROCEDURES DE REGLEMENT PACIFIQUE DES CONFLITS COLLECTIFS EN FRANCE 11 responsabilit s sociales relations professionnelles au sein des entreprises et r glement des conflits L largissement des responsabilit s conomiques s est traduit dans la cr a tion de directions r gionales du travail et de l emploi parall lement la multiplication des cr dits dits d intervention fonds national pour l emploi cr dits de l Association pour la formation professionnelle des adultes etc la venue de la crise a accentu ces fonctions des services ext rieurs du minis t re du travail De m me les responsabilit s dites sociales se sont renforc es la mesure m me de l chec des proc dures de r glement officielles des con flits Pour mesurer l activit de l inspection du travail on dispose de six indi cateurs statistiques nombre d tablissements visit s et infractions relev
42. s de r glement des conflits La m fiance n est pas la m me l gard de l intervention de l inspec tion du travail dont l ind pendance est dans l ensemble reconnue et qui b n ficie d un certain capital de confiance li sa comp tence juridique son aura sociale sa pr sence sur les lieux de travail Ind pendance con fiance disponibilit et discr tion sur une telle base l inspecteur du travail peut asseoir de plano son intervention dans un conflit Exempte de tout for malisme ralentisseur de toute contrainte proc durale elle se conjugue au mieux avec la dynamique du conflit Rapide souple elle tient compte com me il convient des opportunit s et des n cessit s avec ce qu il faut quand il le faut de directivit Elle choue rarement 2 Du c t salarial cette in tervention est pleinement accept e condition que les modalit s en restent souples que le recours l administration soit laiss l appr ciation des par ties et ait un caract re facultatif qu elle ne se fasse pas dans des conditions o le rapport de forces est d favorable aux salari s Du c t patronal lin tervention n est admise que sous sa forme la moins contraignante concilia tion et conseil plut t que contr le et intervention et si existent par ailleurs des possibilit s de recours 19 J TESSIER Arbitrage facultatif ou obligatoire Droit social 1954 pp 468 482 20 FORCE OUVRI RE HED
43. sations de couloir des entretiens particuliers des renvois une autre s ance pour m nager les chances d apaisement les temps de r flexion pour per mettre la consultation de la base Puis moment ultime et d cisif ce sera la marche forc e la prolongation des d bats jusqu ce que accord s en suive Cet accord dont le m rite revient fondamentalement aux parties n cessite encore dans sa r daction l aide de l inspecteur du travail Un tex te clair pr cis pur de tout germe d interpr tation litigieuse se passe diffici lement d un conseiller le cas ch ant arbitre rompu aux pi ges du langage socio juridique aux ambiguit s voulues ou non des formules propos es rompu aussi aux formulations de compromis qui pousent avec une fid lit totale la limite extr me de l engagement des partenaires Il n emp che quel quefois que l application de l accord fasse probl me sur certains points le recours l inspecteur du travail est encore dans cette hypoth se tout naturel nul ne conna t mieux que lui la lettre et l esprit du texte 17 17 P VIANO Le r le de l inspecteur du travail dans le r glement des conflits collec tifs Droit social avril 1977 p 95 16 RELATIONS INDUSTRIELLES VOL 38 NO 1 1983 Le r le des facteurs id ologiques L id ologie intervient de son c t pour jeter le discr dit sur les proc du res officielles l gard desquelles la d saffecti
44. tente soit un arbitre On a galement relev les obstacles psychologi ques auxquels se heurtaient ces proc dures C est dans le cadre de ces consi d rations que s expliquent les propositions de r forme qui ont pu voir le jour Le comit Sudreau consid rant qu en la mati re l action de l tat ne peut tre que limit e et que pour tre efficace elle doit recueillir l accord des parties se propose de vivifier la conciliation le premier chelon de conciliation doit tre l inspecteur du travail dont c est une fonction essen tielle En cas d chec de ce premier stade le directeur d partemental d si gnerait un conciliateur Lorsque le conflit mettrait en cause un groupe d en treprises et prendrait une dimension nationale ce choix incomberait au directeur r gional du travail ou au Ministre lui m me Tout conciliateur devrait avoir la facult de s entourer de conseillers Sa mission consisterait a nouer le dialogue entre les parties Les d lais et les modalit s de proc dures sont superflus Il suffirait de sanctionner sous le contr le du juge le refus de communiquer les renseignements demand s Le conciliateur serait soumis au secret professionnel Le conciliateur aurait le droit de rendre public au terme de sa mission le contenu de ses propositions qu il y ait ou non conciliation S int ressant la m diation peu distincte en pratique de la conciliation le r le du m diateur ou du conciliateu
45. tr s accept e voire m me sollicit e de l ins pection du travail s expliquent selon nous par deux s ries de facteurs tech niques d une part id ologiques d autre part Le r le des facteurs techniques L insucc s des proc dures officielles vient tout d abord de leur lour deur de leur rigidit Il faut un certain temps pour r unir les membres des commissions de conciliation Or les conflits du travail tant volutifs la commission risque souvent d tre en porte faux dans ses interventions Sentant bien ce danger un certain nombre de conventions et d accords ont pr vu des d lais de saisine et de r ponse brefs par exemple 3 et 5 jours francs partir de la date de la premi re r union de la commission dans la convention collective des industries m tallurgiques m caniques et connexes de la r gion parisienne du 11 ao t 1965 Par ailleurs lorsqu il s agit d une conciliation l gale les membres de la commission doivent s informer sur les l ments du conflit Cela prend du temps Ils peuvent certes recourir leurs organisations respectives mais alors les oppositions qui existent dans l entre prise se trouvent transpos es dans la commission elle m me On n a pas manqu non plus de d plorer l insuffisance des moyens mis la disposi tion de la commission celle ci tant priv e notamment de tout moyen d ex pertise comptable Il faut ajouter qu il y a tendance consid rer que
46. ui soit permanent et plac de surcroit sous la responsabilit directe de l administration Il est significatif de voir la encore que la seule p riode o la conciliation et l arbitrage ont eu quelque r alit en France 1936 1939 comme on l a vu soit aussi une p riode marqu e par une phase provisoire d unit et de grande puissance syndicale et de r flexe de peur amenant pour la premi re fois de l histoire les milieux patronaux se regrouper au sein d une m me organisation 8 Cet ensemble de conditions favorables n tant plus r unies on comprend mieux pourquoi le projet de loi qui en 1950 se proposait de r introduire l arbitrage obligatoire souleva un toll g n ral conduisant par 137 voix contre 0 et 8 abstentions le Conseil co nomique mettre un avis d favorable D une mani re sans doute quelque peu sch matique tant les nuances s imposeraient en ce domaine on peut dire que le patronat attach l conomie de march et dont les valeurs dominantes sont celles de libre concurrence et d initiative priv e est d si reux de maintenir le secret des affaires et craint de voir compromettre son autorit par l intervention d un tiers du c t des ouvriers se manifeste la crainte que des proc dures contraignantes ne portent atteinte ce qui est consid r comme intangible le droit de gr ve d o les r serves l gard de 18 J BACHY Op cit pp 92 93 PROCEDURES DE RE
47. ustrie du livre ou les mines du Nord C est avec la loi du 27 d cembre 1892 qu est mise en place une proc dure facultative de concilia tion qui peut en cas d chec tre suivie d une proc dure d arbitrage dans laquelle le juge de paix joue un r le essentiel Cette proc dure d abord lar gement utilis e le sera de moins en moins au fil des ann es tandis que les syndicats connaissent une impr gnation anarcho syndicaliste et que les conflits prennent une certaine extension La guerre de 1914 1918 et l imm diat apr s guerre redonneront la proc dure une certaine vigueur mais par la suite et sauf dans certaines branches marine marchande chemins de fer o des textes sp ciaux les ont acclimat s les modes pacifiques de r glement des conflits tomberont en d su tude Les gr ves de 1936 conduiront nouveau le l gislateur intervenir La loi du 31 d cembre 1936 modifi e par celle du 4 mars 1938 et le d cret du 16 d cembre 1937 instaureront une proc dure obligatoire laissant cepen dant le soin d en r gler le d tail aux conventions collectives La conciliation intervient devant une commission d partementale puis devant une commis 1 J C JAVILLIER Les conflits du travail P U F 1976 p 112 2 J RIVERO et J SAVATIER Droit du travail P U F 1975 p 313 3 G H CAMERLYNCK et G LYON CAEN Droit du travail Dalloz 1976 pp 708 711 4 P D OLLIER Le droit du travail Colin 1972 p 429
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